Ousoul Al Fiqh NE
Ousoul Al Fiqh NE
Ousoul Al Fiqh NE
LES FONDEMENTS
DU DROIT
MUSULMAN
أصول الفقه
Ousoûl Al-Fiqh Al islâmî
Translittération de l’alphabet arabe
Consonnes
’ ء d د d ض k ك
b ب dh ذ t ط l ل
t ت r ر z ظ m م
th ث z ز ‘ ع n ن
j ج s س gh غ h ﻫ
h ح ch ش f ف w و
kh خ s ص q ق y ي
Diphtongues
أو aw
ـي ay aï
ـيـ iy
ـو ouw
Particularités
Au Nom d’Allâh,
Le Très Clément par essence,
Le Très Miséricordieux par excellence
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Livre I
LES SOURCES
DE LA RÈGLE
DE DROIT
Masâdir at-Tachrî‘
7
première
partie
LES SOURCE
DE LA RÈGLE DE DROIT
SUJETS D'ACCORD
Les fondements du droit musulman
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
DÉFINITIONS ET HISTORIQUE
DE LA SCIENCE
DE OUSOÛL AL FIQH
Définitions
Définition Littérale du terme : al asl
Ousoûl Al Fiqh est un mot composé de deux termes (lafz mourakkab) :
ousoûl et fiqh.
En réalité, on devrait employer la formulation : ousoûl lil-fiqh avec
l’adjonction de la particule « al-lâm ».
Ce n’est pas un kalâm : ensemble de paroles, qui en règle générale se
compose de trois mots ou plus, et qui aboutit à un sens complet (sujet,
verbe et complément).
Ce n’est pas une kalima : un mot.
Mais donc une lafzah, un nom composé.
Le singulier du terme est al asl et le pluriel est al ousoûl.
Significations du terme asl
- Dans la langue, c’est un terme qui désigne toute chose qui sert
comme base de construction (édifice).
C’est le support sur lequel on construit et cette construction peut
être d’ordre moral ou matériel (physique).
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Les fondements du droit musulman
On dit pour le sens moral : cette règle légale a comme base tel argu-
ment (mabnâhâ) ou bien la règle légale suivante contient tel argument.
Cet argument sur lequel s’est fondée la règle, c’est la base, l’origine
ou al asl.
- Le terme asl s’utilise aussi, d’après sa définition conventionnelle pour
désigner différentes choses :
* Pour désigner le sens de « preuve » : ad-dalîl.
On dit : « al aslou fî woujoûbi as-salâti qawlouhou Ta‘âlâ… »
La preuve selon laquelle la prière est obligatoire est la Parole de
Dieu (U) : « … ».
Donc al asl = ad-dalîl.
* Le terme asl désigne également al moustashabb, l’idée d’un accom-
pagnement en vue de faire perdurer quelque chose.
Il s’agit en Sciences des Fondements du Droit, du principe de la
présomption de continuité de la règle, qui désigne l’état initial ou de
départ qui ne change pas, tant que n’existe pas la preuve du contraire.
Donc, selon ce principe, sans la preuve du contraire, on demeure
dans sa situation d’origine, telle que l’état d’innocence en l’absence de
preuve d’accusation. Cela s’appelle en arabe : al barâ’atou al asliyyah.
L’état initial : le jugement (houkm) de la licéité d’une chose, sans
l’intervention de la preuve de son contraire, stipule sa permission. On
dit : al aslou f îl achyâ’i al ibâhatou.
Tant que les textes ne contiennent pas d’indications qui stipulent
l’interdiction, la permission demeure la norme.
Cet état initial, c’est ce qui est désigné par al asl.
* De même, le terme al asl s’utilise dans l’analogie légale (al qiyâs ach-
char‘î) pour désigner le cas en question ou la question principale
de l’analogie.
* Le terme asl peut aussi désigner le sens (le plus) plausible entre deux
avis (ou deux sens).
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Les fondements du droit musulman
Remarque :
A travers toutes ces définitions du terme asl, nous constatons qu’il
tourne autour du sens suivant de la construction (ou édifice) al binâ’ ;
la base ou l’origine de quelque chose.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
La conséquence :
- Le caractère obligatoire de la prière.
- Le caractère prohibé de la fornication.
Le Ousoûlî ne parle pas de comment faire la prière, ni de la punition
réservée à celui qui la délaisse, etc. Ceci n’est pas son domaine, mais
plutôt celui du faqîh (le juriste).
Ainsi, par comparaison au ousoûlî, le faqîh envisage, certes, le même
Texte mais selon un point de vue relatif à l’aspect pratique et social.
Par exemple, il en tire ces conséquences :
- Punition de celui qui ne prie pas.
- Sanction et punition pour celui qui commet la fornication.
Conclusion
La différence entre le ousoûlî et le faqîh , c’est que le premier nous
donne des règles de base, des formules telles que :
- L’impératif (al amr) = soit l’obligation de faire, sous telle circonstance ;
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Les fondements du droit musulman
Note importante :
On ne peut pas être un juriste érudit sans maîtriser la science de ousoûl
al fiqh.
Donc, ici nous parlons des règles de base globales (qawâ‘id koul-
liyya), qui vont servir à la prononciation de sentences juridiques… ou
à l’élaboration de règles secondaires du Droit.
Aboû Hâmid Al Ghazâlî donne à cette science la définition
suivante :
َ ال َلتِ َها َع َل تِ ْل َك
األ ْح َكام ِ الش ِع َّي ِة َو ِف ُو ُج
َ وه ِد َ اح ُث ِف َأ ِد َّل ِة
ْ َّ األ ْح َكا ِم ِ الع ْل ُم ال َب
ِ ُه َو
Traduction :
« C’est la science qui étudie les sources (preuves) des règles légales
selon leurs différentes manières d’indiquer ces mêmes règles » (Réf. Al
Moustasfâ Tome 1 - page 5.)
Puisque le Droit se réfère essentiellement au Coran et à la Sounna ainsi
qu’à deux autres sources qui en sont dépendantes, à savoir le Consensus
et l’Analogie, les Ousoûliyyoûn sont unanimes à considérer ces quatre
sources légales comme étant les sources des règles du Droit musulman.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
Le Coran est la première source de la règle du Droit, mais ses Textes à
dimension législative ne sont pas tous égaux. Car il existe des :
- Textes d’application générale (absolue),
- Textes stipulant l’impératif.
- Textes ayant pour fonction la spécification (takhsîs) d’une règle
générale, etc.
Donc, les Textes de la Loi n’ont ni la même teneur, ni le même
discours. Les demandes sont faites de manières différentes.
Le Ousoûlî étudie chacun des discours du Texte légal (Coran ou
Sounna) pour parvenir, via chacun ou l’ensemble, à l’élaboration d’une
règle globale.
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le mot « salâh »
Quand le Ousoûlî applique le procédé à ce terme, il établit au cours
de sa recherche une distinction entre la signification littérale de ce
terme et sa signification légale.
- Ainsi, du point de vue de la langue, elle signifie l’invocation
(ad-dou‘â’),
- Du point de vue légal, un acte cultuel bien défini, composé de for-
mules et de mouvements bien spécifiques.
De même, les Textes de la Loi sont de deux sortes :
- Explicite : al qat‘î
- Probant : az-zannî
Comment définir l’explicite du probant ? Comment aborder l’un
ou l’autre type de Texte ? Quelles sont les règles qui régissent cette
démarche ?
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Les fondements du droit musulman
Remarque :
La position de l’imâm Mâlik (?) sur cette question se résume à
cette célèbre citation : « Laisse-la (la question) jusqu’à ce qu’elle se
présente ! »
Ainsi, selon lui, la fiction juridique sous la forme de suppositions
pour répondre à des questions non encore survenues n’était pas d’ac-
tualité. Cela allait bien au-delà des besoins de la communauté.
Cette méthode n’était pas celle qu’avait adoptée l’école Hanafite,
notamment dans le domaine des transactions financières. Mais le
risque serait que cela devienne de la futilité.
Donc, il y a un besoin légal, et c’est pour cette raison que l’on
dit : « L’acte de légiférer est le fruit du besoin : at-tachrî‘ou walîdou al
hâjati ».
Puisque le besoin (législatif ) se fait sentir dans toute communauté
à travers son évolution historique, et les Musulmans le sachant, ils
ont pris conscience de la nécessité de l’ijtihâd et ont voulu protéger le
recours à celui-ci par des règles (par un code).
Cela pour qu’il soit préservé de l’erreur et aussi pour que les igno-
rants (ou les incapables) ne s’infiltrent pas dans ce domaine, d’où la
naissance de la science de Ousoûl d’Al fiqh.
Cette science est une science indépendante, mais elle a tiré profit de
beaucoup d’autres sciences, telles que :
Les sciences des lectures Coraniques : al qirâ’ât.
La science de l’abrogeant et de l’abrogé : an-nâsikh wal mansoûkh.
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Les fondements du droit musulman
Exemple 1 :
Ainsi, l’imâm ‘Alî (t) a fixé une nouvelle peine pour le buveur de
boissons enivrantes, qui s’y adonnait en public, et ceci en se référant à
la règle de la « fermeture des prétextes ou le Principe de précaution :
sadd adh-dharâ’i‘, nommée al-ma’âl (آل ُ َ = املla conséquence de l’acte). Il
a, en effet, considéré que l’individu ivre, en raison de son état d’ébriété,
risquait de calomnier (= la conséquence) ses concitoyens, aussi lui a-t-il
infligé la sentence du calomniateur (quatre vingt coups). Il a déduit
cette sentence en se basant sur une règle d’Ousoûl al fiqh sans savoir
que ça en était une.
Exemple 2 :
‘Abd Allâh Ibn Mas‘oûd (t) a dit :
«J’atteste par Dieu ! Que le verset de la sourate an-Nisâ’ as-soughrâ,(1)
a été révélé après le verset de la sourate An-Nisâ’ al koubrâ».
1. La petite sourate des femmes = Sourate le Divorce
2. La grande sourate des femmes3 = Sourate la Vache
3 La grande Sourate des femmes ici est la Sourate Al Baqara et non pas la Sourate
An-Nisâ’, car la première contient plus de règles concernant les femmes.
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Les fondements du droit musulman
Par cette déclaration, Ibn Mas‘oûd (t) fait appel à deux questions
de Ousoûl al fiqh :
La spécification du général (takhsîs al ‘âmm) et l’abrogation (an-nâ-
sikh wal mansoûkh).
Il n’a pas utilisé ces deux termes, mais en disant ‘après’, il a voulu
dire que les règles de la Sourate At-Talâq avaient spécifié et abrogé
certaines règles de la Sourate 2 : la Vache.
Il a donc fait allusion à deux domaines de ousoûl al fiqh sans utiliser
la terminologie des spécialistes de cette science.
Ceci illustre que déjà les Compagnons, ainsi que leurs Successeurs
(At-Tâbi‘oûn) avaient en tête l’idée de cette science.
Néanmoins, c’est à l’imâm Ach-Châfi‘î qu’est revenu l’honneur de
systématiser et codifier ce que ‘tout le monde savait’.
Exemple 3 :
Le calife ‘Oumar (t), en sa qualité de calife, quand il a désigné le juge
Chourayh (Tâbi‘î) à la magistrature de Koûfa, lui a recommandé ce
qui suit :
« Regarde dans le Livre de Dieu (U). Si tu trouves la réponse, n’in-
terroge personne d’autre. Si tu ne trouves rien, alors suit la Sounna du
Messager de Dieu. Si tu ne trouves pas de réponse dans la Sounna,
alors fait ton propre effort de réflexion (al ijtihâd) : fajtahid bi-ra’yika ».
De même, nous trouvons une indication du calife ‘Oumar (t) au
niveau de la recherche analogique dans sa lettre adressée à toute la
magistrature :
« ... ور ُ س
َ األ ُم ِ ِ… « » َو َقايwa qâyis al oumoûr… »
Donc, il recommande de recourir à l’analogie.
En somme, les Compagnons (y) ainsi que leurs successeurs se sont
toujours prononcés en se basant sur une règle qui allait devenir l’une
des sources de la règle de droit : al maslaha (le principe de l’intérêt).
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Les fondements du droit musulman
4 Edition arabe, page 455. Cet ouvrage a été traduit en français par Vincent
Monteil.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Conclusion
Après analyse, on constate que l’Imâm Ach-Châfi‘î a été le premier à
avoir codifié cette science, et ce qui l’y a poussé, c’est la propagation de
la controverse et des querelles juridiques (al jidâl).
Au lieu de se prononcer avec leurs arguments de manière posée, les
gens à son époque, prétendaient tous avoir raison. Ces disputes non
fondées ont fait craindre à l’imâm Ach-Châfi‘î le pire et pour protéger
les Textes, il prit la décision d’écrire cet ouvrage.
Les querelles se sont multipliées au sujet de :
- la relation de la Sounna avec le Coran,
- la valeur de l’avis du Compagnon,
- l’analogie et le domaine de son utilisation,
- les significations des termes et des particules, tel que : les débats sur
le terme ‘associé’ et leurs incidences sur les règles juridiques.
Après l’imâm Ach-Châfi‘î, les écrits vont se multiplier et vont naître
des courants de Ousoûl al fiqh (des écoles ou des tendances).
A : la méthode Ach-Châfi‘iyya
On appelle aussi cette école, surnommé le courant des Théologiens
ُ
scolastiques (Tarîqatou Al-Moutakalimîn), Al Ousoûliyyah ()األ ُصولِ َّي ُة.
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Les fondements du droit musulman
Méthodologie :
La tendance se réfère à la méthode de l’imâm Ach-Châfi‘î au niveau
de cette science, ceci comme suit :
Il convient de se référer aux sources de la Loi et à partir de ces
sources, d’élaborer des règles de base (appuyées sur des arguments) qui
vont, à leur tour, servir aux juristes pour déduire des règles secondaires ;
d’élaborer ou de systématiser des règles de base en s’appuyant sur des
arguments :
َ ِالع َّام ِة ُمؤَ َّيدَ ٌة ب
األ ِد َّل ِة ِ َتق ِْعيدُ ال َق َو
َ ُاعد
Donc, il s’agit d’extraire des règles de base à partir des sources, sur
l’appui d’arguments. Il faut que ces règles de base, déduites des sources,
soient argumentées, appuyées par des preuves.
C’est une tendance qui ne tient pas compte du Droit. Elle s’intéresse
avant tout à déduire des règles de base, appliquées dans le domaine du
Droit. Ils ne tiennent pas compte des avis de leur école juridique ni
de l’avis de leur Imâm. L’avis de l’Imâm sera examiné à la lumière de
ces règles. Si l’avis tient, il sera gardé et s’il ne tient pas, il sera rejeté.
Cette tendance donne la priorité à la règle de base sur la règle
secondaire.
Ousoûl Al Fiqh : règles de base qui doivent être appuyées par des
preuves (Coran, Sounna).
Fiqh : Le Fiqh dépend d’Ousoûl Al Fiqh. Les avis doivent toujours
être appuyés par des règles de base.
Ce sont les règles qui sont juge et qui décident si un avis est bon
ou mauvais. Si une règle secondaire n’est pas appuyée par une règle de
base, elle sera rejetée.
Cette école s’intéresse avant tout à l’aspect théorique et cette théo-
rie est argumentée.
Ce courant est formé essentiellement des Mâlikites et Châfi‘ites.
Les Hanbalites suivent cette méthode car ils n’ont pas un courant de
Ousoûl Al Fiqh très fort. Il n’y a pas vraiment d’ouvrages en Ousoûl Al
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Les fondements du droit musulman
ُ )الب َه
* Puis, il y a eu le livre Al-Bourhân (ان ُْ
10
de l’imâm Al-Jouwayinî,
surnommé Imâm Al-Haramayn, mort en 478H.
* Puis, il y eut le livre Al-Moustasfâ ()ا ُمل ْستَص َفى11 d’Aboû Hâmid
Al-Ghazâlî (M : 505H).
Ces quatre ouvrages sont les références de base (les piliers) de cette
tendance et même de toutes les tendances de Ousoûl Al Fiqh.
* Après cette génération, vint Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, mort en 606H,
qui a résumé ces quatre ouvrages dans son livre intitulé Al Mahsoûl.
* Il sera suivi par Sirâjou Ad-Dîn Al-Armawî qui va résumer le livre
de Ar-Râzî, dans son ouvrage intitulé At-Tahsîl.
* Après, on retrouvera Tâj Ad-Dîn Al-Armawî qui va lui aussi résu-
mer le livre Al-Mahsôul, et l’intituler Al-Hâsil.
* Ils seront suivis par l’imâm Al-Qarâfî (mort : 684H) qui rédigera
At-Tanqîhât. Cet ouvrage est la somme des livres Al Hâsil et
At-Tahsîl. Il va en faire une introduction à son fameux ouvrage de
Fiqh Malikite : Adh-Dhakhîratou.
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Les fondements du droit musulman
Remarque :
Cet ouvrage d’Ibn Al Hâjib est un résumé de l’ouvrage de Sayfou
Ad-Dîn Al-Âmidî (Mort : 631H), qui a écrit l’un des premiers
ouvrages de Ousoûl, Al-Ihkâm fî Ousôul Al-Ahkâm. (Il date de la
même époque que Ar-Râzi).
L’imâm Ibn Al-Hâjib va résumer son propre ouvrage dans le livre
Moukhtasar Al-Mountahâ.
Puis, tous les écrits qui viendront après ces ouvrages de référence
seront des commentaires ou des résumés.
Le meilleur résumé de l’ouvrage d’Ibn Hâjib est le livre de ‘Adoud
Ad-Dîn (Mort : 756H), intitulé Ach-Charh ‘alâ Al-Moukhtasar (le
commentaire sur Al-Moukhtasar).
Note :
La relation entre les différents ouvrages est illustrée dans la page
suivante.
31
Al-‘Oumdatou (ُ)اﻟﻌُﻣْدَة
() اﻹﺣﻛﺎم ﻓﻲ أُﺻول اﻷﺣﻛﺎم () ﻣُﻨْﺘَﮭَﻰ اﻟﺴﱡﺆْل وَ اﻷَﻣَﻞُ ﻓِﻲ ﻋِﻠْﻤَﻲْ اﻷُﺻُﻮلِ وَ اﻟﺠَﺪَل
Sayfou Ad-Dîn Al-Âmidî Imâm Ibn Hâjib
Références de base (631H)
ﺳَﯾفُ اﻟدﱢﯾن اﻵﻣِدِي اﺑﻦ اﻟﺤَﺎﺟِﺐ
Moukhtasarou Al-Mountahâ
Méthodologie :
La méthode des Hanafites consiste à élaborer les règles de Ousoûl
Al Fiqh en partant des ijtihadât de leurs imâms (ou de leurs érudits).
La science de Ousoûl Al Fiqh a été mise au service du Fiqh de leur
école (du droit), pour le justifier et pour l’argumenter. Les questions
secondaires pratiques jouent le rôle de base et non le contraire : « Al
fourôu’ou asloun, fahiya hâkimatoun wa laysa al ‘aksou ».
Dans la première tendance, nous avons vu que les règles de base
sont maîtresses. Dans cette tendance, c’est le Droit (le fiqh) qui va
déterminer les règles de base et en être la source. C’est donc Al Fiqh
qui est la référence.
C : Un courant intermédiaire
Le troisième courant est un courant intermédiaire qui se situe entre
la tendance Châfi‘iya et Hanafite, et dont les ouvrages combinent les
deux tendances.
Méthodologie :
Ils cherchent les règles de base du droit et les justifient par les règles
secondaires existantes à travers une application. Il y a une recherche
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Les fondements du droit musulman
via les Sources, les Textes, mais en même temps, il y a une justification
via les règles secondaires.
Cette tendance est principalement représentée par des Hanafites
postérieurs. En fait, ces Hanafites reconnurent que la démarche
Châfi‘ite était plus authentique, mais sans pour autant renier ou négli-
ger leur patrimoine juridique.
Ouvrages de référence
* Le livre de Ibn As-Sâ’âtî (Hanafite, mort en 694H), Badî‘ou
an-nizâmi al-Jâmi‘i bayna kitâbay Al-Bazdawî wa Al-Ihkâm lil
Âmidî
* As-Souboukî (Châfi‘îte, mort en 771H), Jam‘ al-Jawâmi‘
* Le livre d’Al-Hasan Ibn Châh Al-Finnârî (Mort en 886H).
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Les fondements du droit musulman
LES SOURCES DE
LA RÈGLE DE DROIT
ISLAMIQUE
Masâdir at-tachrî‘
al adillah ach-char‘iyya
LE SAINT CORAN
Introduction
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Les fondements du droit musulman
Définitions
Définition Littérale du terme Qour’ân
Le terme « Qour’ân », dans la langue, est synonyme de lecture (al
qirâ’atou). Cette signification se trouve au sein du saint Coran lui-
même, dans la Parole de Dieu (U) :
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Les fondements du droit musulman
Ainsi, le Coran est un livre dont les mots sont groupés et consti-
tue un ensemble de textes à lire. (Réf. voir Az-Zourqânî, Manâhil al ‘irfân fî
‘ouloûm al Qour’ân, tome 1 ; page 14)
Définition de base :
« C’est la Parole de Dieu descendue sur le Prophète (r), qui débute par
la sourate Al-Fâtiha (L’Ouverture), et se termine par la sourate An-Nâs
(Les Gens) ; elle nous a été transmise par la voie du tawâtour, généra-
tion après génération - par écrit et par voie orale - sans modification
ni changement, et qu’Allâh (U) a pris l’engagement de préserver (de
toute modification). Dieu Exalté a dit : ( En vérité, c’est Nous qui avons
fait descendre le Rappel et c’est Nous qui en sommes gardien.) (Ste 15/V.9)
D’autres ont rajouté : «… Et dont la lecture est en soi est un acte
d’adoration.»
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Les fondements du droit musulman
7- Sa langue ne peut pas être traitée d’étrange, dans le sens que tous
les termes du Coran sont connus.
8- Son style est concis et limpide.
9- L’Être dont ce texte émane est un Être Parfait ; c’est le Seigneur
qui a crée l’Univers et dont la science est complète.
10- Son style véhicule des sujets diversifiés (‘aqîda, charî‘a, guidance,
organisation sociale, etc.). Son style est unique et captivant et il a
abordé tous les domaines de la vie. Le saint Coran est une orga-
nisation textuelle qui englobe les mots et les sens dans un style
unique et défiant.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Il est clair que ces événements n’ont pas eu lieu en un seul moment,
mais en différentes circonstances.
Grâce à la descente fragmentée du Coran, les érudits ont pu
connaître l’abrogeant et l’abrogé (an-nâsikh wal mansoûkh).
Le but de cette descente fragmentée et de l’abrogation, c’est la gra-
dation dans la promulgation de lois.
Détails
1. Les règles traitant des questions dogmatiques
Ahkâmoun i‘tiqâdiyyah
Ce sont des règles qui s’intéressent à l’aspect dogmatique ; des
règles qui précisent ce que la personne responsable (al-moukallaf) doit
acquérir en fait de conviction au sujet des fondements de la foi (en
Dieu, en Ses Anges, en Ses Livres, etc.)
2- Les règles traitant des questions morales et éthiques :
Ahkâmoun khoulouqiyyah
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Les fondements du droit musulman
Ce sont des règles qui vont définir les vertus morales qui doivent
qualifier le comportement du moukallaf.
3- Les règles traitant des relations sociales et pratiques :
Ahkâmoun ‘amaliyyah
Ce sont des règles pratiques qui s’intéressent aux différents types
de comportement sociaux, aux paroles, aux transactions commerciales
conclues et aux relations conduites par al moukallaf autant vis-à-vis de
sa propre personne que vis-à-vis d’autrui.
Cet ensemble est ce qu’on appelle « Fiqh Al Qour’ân ». C’est l’en-
semble des règles qui concerne la science de Ousoûl al fiqh.
Cet ensemble de Ahkâm ‘amaliyyah se subdivise en deux.
Introduction
Les versets qui traitent des règles pratiques sont connus par les spécia-
listes sous le nom de « versets à dispositions légales ou juridiques » (Âyât
al ahkâm).
Certains érudits, anciens et contemporains, ont réservé des ouvrages
indépendants à ces versets, parmi lesquelles on retrouve :
- L’imâm Aboû Bakr Ar-Râzi Al-Hanafî, connu sous le nom de
Al-Jassâs (Mort en 370H) : Ahkâm Al-Qour’ân.
- L’imâm Ach-Châfi‘î (Mort en 204H) : Ahkâm Al-Qour’ân.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
L’imâm Ach-Châfi‘î a déduit la règle de l’interdiction de la masturba-
tion (al istimnâ’) de la sourate 23 /V6-7.
* Règles déduites en rattachant un verset à un autre ou à d’autres (mâ
istounbita bi-damîma).
Exemple :
Le rattachement du verset 15 de la sourate 46 au verset 14 de la sourate
31, a permis à ‘Alî et à Ibn ‘Abbâs (y) de définir la durée minimale
d’une grossesse à six mois.
Le premier verset fixe la durée maximale de l’allaitement à deux
ans (vingt-quatre mois), et l’autre verset indique que la durée de la
grossesse et de l’allaitement sont d’une durée de trente mois. En sous-
trayant la durée de l’allaitement légal de la durée globale, ils ont déduit
qu’une grossesse de six mois était légale. Le conjoint ne peut renier
l’enfant, ni accuser son épouse d’adultère.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
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Règles Légales Issues du Coran
Ahkâmoun I’tiqâdiyatoun
ٌأَﺣْﻛَﺎمٌ إِﻋْﺗِﻘَﺎدِﯾﱠﺔ
Ahkâmoun Khoulouqiyatoun
ٌأَﺣْﻛَﺎمٌ ﺧُﻠُﻘِﯾﱠﺔ
Ahkâmoun ‘Amaliyatoun
ٌأَﺣْﻛَﺎمٌ ﻋَﻣَﻠِﯾﱠﺔ
Madaniyyati wa Al-Jinâ-iyyati
ِأَﺣْﻛَﺎم اﻟﻣُرَاﻓَﻌَﺎتِ وَ اﻹِﺟْرَاءَاتِ اﻟﻣَدَﻧِﯾﱠﺔِ وَ اﻟﺟِﻧَﺎﺋِﯾﱠﺔ
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
18 Objections, c’est-à-dire qu’Allâh (U) n’en voudra pas à celui qui le fait.
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Les fondements du droit musulman
On n’y trouve pas de détails sur ce que nous devons faire, unique-
ment une règle de base. Ces principes vont servir à déduire des règles
secondaires et détaillées.
Exemples :
- Dieu (U) ordonne le respect de la règle (de base) de la consultation :
ach-choûrâ (Ste 42/V.38)
- Dieu (U) ordonne l’application du principe de la justice : al ‘adl
(Ste 16/V.90)
2. Un exposé général : bayân ijmâlî
Les règles sont exposées de façon générale et nécessitent qu’on les
détaille.
Exemples :
- L’ordre de s’acquitter de la Zakât.
- L’obligation d’accomplir le Hajj.
- L’obligation de recourir à la sentence pénale (al qisâs).
Nous constatons que ce genre de règles générales nécessite des
détails.
3. Un exposé détaillé : bayân tafsîlî
Cette catégorie représente la plus grande partie des règles dans le
Coran. La plus grande partie des règles juridiques Coraniques sont les
règles du dogme et de la morale tandis que les règles pratiques ont été
citées d’une façon globale dans le Coran et détaillées par le Prophète
(r) à travers sa Sounna. Car une des fonctions du Prophète (r) est de
détailler et d’expliciter les règles pratiques.
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Les fondements du droit musulman
La prise en considération
de l’argumentation coranique
Houjjiyat al Qour’ân
Le Coran est une source d’argumentation légale, une preuve légale
sujette d’unanimité.
Ses règles sont de stricte observance. Tout fidèle doit s’y soumettre
car Il est la Parole de Dieu, transmise par la voie d’at-tawâtour, qui lève
toute sorte de doute et de remise en cause.
La preuve qu’Il est d’origine Divine, c’est qu’Il a défié tous les
Hommes (pas uniquement les Arabes).
L’unanimité s’est faite autour du Coran, et sur le fait qu’on ne peut
recourir à une autre source sans avoir regardé (et épuisé) dans le Coran.
51
Les fondements du droit musulman
significations (zanniyya).
Détails :
1. L’évident : al qat‘iy
Il s’agit des règles qui ne peuvent supposer qu’un seul et unique sens
telles que les règles concernant le nombre de divorce, les femmes inter-
dites au mariage (al mahârim), les peines légales, les successions, etc.
Exemple :
Les règles légales concernant les successions (partage des héritages),
les peines légales (al houdoûd), expiations (al kaffârât)…
Illustration :
Dieu (U) dit : ( La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de
cent coups de fouet… ) (Ste 24/V.2)
Ici, le nombre « cent coups » ne peut signifier autre chose que ce
qu’il indique du point de vue numérique. Le sens est évident, il ne
nécessite aucune explication supplémentaire, ni aucune interprétation.
Dieu (U) dit aussi : ( …au fils, une part équivalente à celle de deux
filles… ) (Ste 4/V.11)
Ce verset indique la part de l’héritage pour le garçon et pour la fille
de manière claire.
2. Le probant : az-zannî
C’est celui qui suppose plus d’une interprétation. Soit, c’est un terme
qui suppose plusieurs sens (a), soit un terme qui peut suggérer un autre
sens (b).
Exemples :
- Le terme « qour’ » suggère deux sens (Voir Ste 2/ V.228) :
52
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
L’ABROGEANT
ET L’ABROGÉ
An-nâsikh wal mansoûkh
Définitions
Définition littérale du terme an-naskh
Ce terme a pour synonyme en langue arabe : al izâla, l’acte d’effacer ou
de déplacer et ar-raf‘ou, celui de lever quelque chose (la levée).
Illustration :
On dit en arabe : nasakhat ach-chamsou az-zilla : le soleil a effacé
l’ombre. Nasakhat ar-rîhou al athara : le vent a effacé les traces.
On utilise ce terme également comme synonyme de an-naqlou,
copier, reproduire.
Exemple :
On dit en arabe :
Nasakhtou al kitâba : j’ai recopié le livre.
*********
Dans le saint Coran, ce terme a été utilisé pour trois significations (deux
des sens linguistique précités et un sens selon la terminologie juridique).
A. Sens linguistiques
- al izâlatou, ar-raf‘ou = effacer, lever.
Dieu (U) dit : ( …Allâh efface ce que le Diable suggère… fayan-
sakhou Allâhou mâ youlqî ach-chaytânou…) (Ste 22/V.52)
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Les fondements du droit musulman
B. Sens légal
A l’exemple de la Parole de Dieu (U) : ( Si Nous abrogeons un verset
quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meil-
leur ou un semblable, mâ nansakh min âyatin aw nounsihâ na’ti bikhay-
rin minhâ aw mithlihâ… ) (Ste 2/V.106)
Il s’agit de la levée légale (l’abrogation) d’une sentence par un nou-
veau texte légal.
الز َم ِن
َّ ان ُ ل ْك ٍم َأ ْو َب َي
ُ ِ َر ْف ٌع
َ ِ الق ِر َء ُ بِ ُم ْح َك ِم
ُّ ِان أ ْو ب
السن َِن
Traduction :
La levée d’une règle ou la définition du temps
(de la descente d’une règle) ;
55
Les fondements du droit musulman
Note :
L’abrogation se fait par le Coran ou par la Sounna. Le Consensus ne
peut pas abroger !
Définition
An-naskh (l’abrogation), c’est le fait de lever, par la suppression, une
règle légale confirmée par un texte antérieur. Cette suppression va se
faire a posteriori, par un texte postérieur survenu après un laps de
temps ( ) (assez) important.
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Spécification Abrogation
ُاﻟﺗﱠﺧْﺻِﯾص ُاﻟﻧﱠﺳْﺦ
La deuxième règle vient tout de suite La deuxième règle vient après un laps de temps
après la première règle. qui permet aux gens de mettre en pratique
la première règle.
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
L’abrogation de la direction de la Qibla d’Al-Qouds vers Al-Ka‘ba
(Makka). L’abrogeant et l’abrogé traitent de la même question : la
Qibla.
2. L’abrogation peut se faire par un nouveau discours (texte), naskh
bi-khitâb jadîd
Une règle est levée et substituée par une nouvelle règle. L’abrogation
va engendrer une nouvelle règle.
Exemple :
Allâh (U) a indiqué que lors du partage d’un héritage, il faut laisser un
testament pour les héritiers. Ensuite, le Prophète (r) l’a abrogé par le
hadîth suivant : « Dieu a accordé à chacun la part qui lui revient de
droit, dès lors, il n’y a plus de testament pour un héritier ». (Rapporté
par Aboû Dâwoûd)
Nous constatons que le sujet est le même : la succession (l’héri-
tage) ; il y a une levée de la première règle qui a été substituée par une
autre règle (un nouveau texte).
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Les fondements du droit musulman
Les différents
types d’abrogation
1. L’abrogation qui intervient sur le texte uniquement.
La règle demeure d’application, mais le support textuel disparaît.
Donc, l’abrogation peut concerner le texte sans la règle.
Le texte va être levé mais pas la sentence (al houkm).
Exemple :
L’abrogation du verset concernant la lapidation dont le texte était « Le
vieux et la vieille, s’ils commettent l’adultère, lapidez-les, sanction de la
part de Dieu, et Dieu est Puissant, Sage ».
Ce verset faisait partie de la sourate At-Tawba (Ste 9), mais il
n’existe plus. Dans une autre version rapportée d’après ‘Oumar Ibn
Al-Khattâb, elle faisait partie de la sourate Al-Ahzâb (Ste 33).
Exemple :
Le verset 40 de la Sourate 2, instituant le deuil du veuvage (‘iddat
al wafât) à un an, a été remplacé par le verset 234 de la Sourate 2, le
limitant à 4 mois et 10 jours.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
L’abrogeant et l’abrogé
dans le saint Coran
Ceci est un résumé de ce que l’imâm As-Souyoûtî (?) a proposé dans
son livre « Al Itqân fî ‘Ouloûm Al-Qour’ân » Tome 2, page 28.
Il a dit concernant la question de l’abrogation : « On peut dire qu’il
existe quatre sortes d’abrogation dans le Coran (c’est son avis et il y a
divergence sur quelques points).
1. Une partie du Coran sans abrogation (ni abrogeant ni abrogé)
Cela concerne au total 43 sourates où il n’y a ni abrogeant ni abrogé :
Ste1, Ste 12, Ste 36, Ste 49, Ste 55, Ste 57, Ste 61, Ste 62, Ste 66, Ste
67, Ste 69, Ste 71, Ste 72, Ste 77, Ste 78, Ste 79, Ste 82, Ste 83, Ste
84, Ste 85, Ste 89, et toutes les Sourates qui suivent jusqu’à la fin du
Coran, excepté Ste 95, Ste 103, Ste 109 où il y a abrogation.
2. Une partie avec abrogeant (an-nâsikh) et abrogé (al mansoûkh)
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Note :
Le Consensus ne peut pas être abrogé par le Consensus !
Il y a un principe établi par les savants : le Consensus n’abroge pas et
n’est pas abrogeable. De même, l’Analogie ne peut abroger ni le Coran,
ni la Sounna, ni le Consensus.
Détails :
1. L’abrogation du Coran par le Coran
Remarques préliminaires
Il y a unanimité des savants de l’Islam que le Coran en entier ne peut
être sujet d’abrogation parce qu’Il est miraculeux, défiant par son style,
son contenu et sa forme.
C’est un Miracle éternel, et ses sentences sont définitives. Il est la
dernière Loi divine révélée aux Hommes.
Ses sentences sont d’application jusqu’à la fin des temps, de ce
fait son omniprésence est nécessaire. D’où la restriction de la règle
de l’abrogation. Car les savants désignent par le terme « an-naskh »,
la spécification et la délimitation dans l’application d’une sentence
(at-takhsîs).
Malgré la confirmation de l’abrogation, certains autres
savants n’ont pas admis l’abrogation du Coran par une autre
partie du Coran ; parmi eux, il y a Aboû Mouslim Al Asfahânî.
Mais la position de la Majorité de Ahl Al Ousoûl accepte l’abrogation
dans le saint Coran.
La majorité de Ahl Al Ousoûl confirme l’abrogation du Coran par
le Coran, parce qu’Ils sont égaux au niveau de la certitude quant à
63
Les fondements du droit musulman
Exemples :
Ste 2/V.180 a été abrogé par Ste 4/V.7.
Ste 2/V.240 a été abrogé par Ste 2/V.234.
Ste 58/V.12 a été abrogé par Ste 58/V.13.
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Les fondements du droit musulman
Hadith Sounna
Moutawâtir
ُاﻟﻣُﺗَوَاﺗِر
(1) (2)
Hadith Hadith
Machhoûr Hadith Ahad
ُاﻟﻣَﺷْﮭُور Moutawâtir ُاﻻَﺣَﺎد
ُاﻟﻣُﺗَوَاﺗِر
Hadith Hadith
Machhoûr Ahad
ُاﻟﻣَﺷْﮭُور ُاﻻَﺣَﺎد
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Les fondements du droit musulman
Remarque
L’avis des Zahirîtes n’est pas plausible, parce qu’en vérité, c’est le Coran
qui a abrogé la direction de la prière. Quant au Compagnon, il avait
annoncé qu’il y avait eu une Révélation instituant une nouvelle direc-
tion de la prière vers Bayt Al-Harâm.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Note :
Les Hanafites acceptent même que le hadîth al machhoûr (le notoire)
puisse abroger le Coran.
La Majorité cite, entre autres, l’exemple du verset se rapportant au
partage des successions (Ste 2/V.180) :
Dieu (U) dit : (On vous a prescrit, quand la mort est proche de l’un
de vous et s’il laisse des biens, de faire un testament en règle en faveur de
ses père et mère et de ses plus proches. C’est un devoir pour les pieux ).
Ils disent que cette règle a été abrogée par le hadîth du Prophète
(r) : « Dieu a accordé à chacun la part qui lui revient de droit, dès
lors, il n’y a plus de testament pour un héritier ». (Rapporté par aboû
Dâwoûd)
Remarque :
Selon Ibn ‘Abbâs (t), ce n’est pas ce hadîth qui a abrogé le verset, mais
plutôt le verset 7 de la sourate 4 (âyat Al mawarîth).
Dieu (U) dit :« Aux hommes revient une part de ce qu’ont laissé les père et
mère ainsi que les proches ; et aux femmes une part de ce qu’ont laissé les père
et mère ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup : une part fixée ».
Réf. Pour plus d’informations sur cette question, voir Az-Zourqânî « Manâhil Al
‘Irfân fî ‘Ouloûm Al-Qour’ân », Tome 2, pp : 237-244.
Voir aussi « Al Moudhakkira fî Ousoûl Al Fiqh »27 d’Ach-Chinqîtî, pp : 64, 65.
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Les fondements du droit musulman
La différence entre
la spécification et l’abrogation
Spécification Abrogation
ُاﻟﺗﱠﺧْﺻِﯾص ُاﻟﻧﱠﺳْﺦ
La deuxième règle vient tout de suite La deuxième règle vient après un laps de temps
après la première règle. qui permet aux gens de mettre en pratique
la première règle.
1. Similitudes
- Il existe une similitude entre les deux règles car chacune a le but de
limiter l’application de la règle ou certains de ses aspects.
- L’abrogation est une délimitation (tahdîd) de la règle par rapport au
temps (la règle est valable pour un certain temps).
- La spécification est une délimitation de la règle par rapport aux
individus interpellés.
2. Différences
- La notion de « at-tarâkhî » est une notion de temps et d’interven-
tion endéans ce temps. Cette condition est exigée pour l’abrogation
et signifie « l’écoulement d’un temps assez important » permettant
la mise en application de la règle avant son abrogation. Si le temps
est court, il s’agit d’une spécification. Car la spécification intervient
tout de suite. (Réf. ‘Abd Al-‘Azîz Al-Boukhârî (Mort en 330H : Kachf al
asrâr ‘alâ Ousoûl Al-Bazdawî).
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
d’après Abou Bakr (t), qui a fait référence à ceci quand Fâtima, la
fille du Prophète (r), est venue réclamer son héritage, après la mort
du Prophète (r).
Dieu (U) dit : ( Vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes
paternelles et tantes maternelles, filles d’un frère et filles d’une sœur…
A part cela, il vous est permis de les rechercher… ) (Ste 4/V.22-24)
Dans ces versets, Dieu (U) a énuméré les femmes interdites au
mariage, et puis a dit qu’autres que celles mentionnées sont permises.
Alors un hadîth a été énoncé pour spécifier des femmes qui ne sont
pas citées dans le verset, mais qui sont également interdites. Le hadîth
spécifie qu’on ne peut pas épouser une femme et sa tante en même
temps, ni deux sœurs en même temps. (Rapporté par Al Boukhâri, Mouslim,
At-Tirmidhî, An-Nasâ’î, Ahmad et Ad-Dârimî).
Conclusion
La citation suivante d’Ibn Hazm dans son livre « Al-Ihkâm fî
ousôuli al ahkâm » résume ce qu’est l’abrogation légale :
71
Les fondements du droit musulman
1. Le Texte (An-naqlou)
C’est le Texte même (Coran ou Sounna) qui stipule qu’il y a abroga-
tion ou ce sont les termes du texte qui indiquent qu’il y a abrogation
(dalâlatou al-lafz : l’indication du terme).
Exemple :
Le hadîth concernant l’interdiction de visiter les cimetières et les
tombes, rapporté par Ahmad et autres.
« Je vous avais interdis de visiter les tombes, vous pouvez les
visiter maintenant ».
C’est le texte même qui indique qu’il existait une interdiction qui
a été abrogée.
2. La voie du rapporteur
L’abrogation peut aussi être affirmée par la voie du transmetteur, qui
est le Compagnon qui dit : « J’ai entendu le Prophète (r) dire (ou
je l’ai vu faire), durant l’année de la prise de Mekka et je l’ai vu faire
autrement lors de son pèlerinage d’adieu ».
Cette chronologie des événements montre qu’il existe une abroga-
tion par la transmission du Compagnon.
3. Le Consensus
Le Consensus est un moyen légal pour confirmer l’abrogation. S’il y a
unanimité qu’il y a eu abrogation, c’est une voie tout à fait légale.
Note : Les voies principales de l’abrogation sont le Coran, la Sounna
ou la transmission du Compagnon. La transmission du Compagnon
est assujettie aux mêmes règles de sélection du hadîth.
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Les fondements du droit musulman
Introduction
Le noble Coran a été révélé en langue arabe pure et la Sounna a été
exprimée en langue arabe pure. Ceci veut dire que nous ne pouvons pas
comprendre les significations du Coran et de la Sounna sans connaître
les styles et les modes d’expression de la langue arabe.
Le but est de saisir le sens du Discours divin (khitâb Allâh).
Qu’est-ce que Dieu (U) veut de nous ?
On ne peut pas comprendre la Loi de Dieu (U) si l’on ne comprend
pas les termes qui l’ont exprimé.
On doit pouvoir faire la différence et la distinction entre les termes
des textes légaux, et savoir quand ces termes ont :
- Un sens général ou spécifique ?
- Un sens limité ou absolu ?
- Un sens associé ou unique ?
- Un sens explicite ou caché ?
- Un sens réel ou figuré ? Etc.
C’est pour cette raison qu’Ahl Al Ousoûl se sont intéressés à l’étude
des styles d’expression de la langue arabe.
Rappelons qu’une des conditions nécessaires pour être Ousoûlî, c’est
la maîtrise de la langue arabe.
Les ouvrages de cette discipline (Ousoûl Al Fiqh) ont été essentiel-
lement rédigés pour comprendre et saisir la signification Coranique ou
73
Les fondements du droit musulman
74
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Ils ont étudié le mot quand il est employé par :
- l’usage (al ‘ourf)
- la réalité (al wâqi‘)
- la Loi (ach-char‘)
Tout cela dans le but d’en saisir le sens. Ces études vont se faire par
la connaissance des règles lexicographiques : les lois de l’explication du
texte arabe.
Exemples :
Les sens seront étudiés avec détail dans les livres du raisonnement
analogique (Al Qiyâs).
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Les fondements du droit musulman
Détails
Définition
Il s’agit d’un terme imposé conventionnellement pour indiquer un sens
unique. Il n’admet pas d’interprétations explicatives.
Ce qu’il signifie est son sens.
Exemples :
- Le terme « insân » est spécifique pour le genre humain.
- Le terme « rajoul » est spécifique pour désigner dans l’espèce le mâle
humain.
- Le terme ‘Alî est un nom précis, unique.
Un grand nombre de termes dans le Coran sont du genre spéci-
fique. Ils ne sont pas sujets à l’interprétation.
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
- Le nombre de coups infligé au calomniateur : 80 coups.
- Le nombre de coups infligé aux fornicateurs célibataires : 100 coups.
Exemple :
La Parole de Dieu (U) : ( … doivent libérer un captif croyant… ) (Ste
58/V.3)
Le captif croyant peut être mâle ou femelle. Le spécifique est qu’il
(elle) soit croyant(e), et il est étendu, puisque ce captif peut être un
homme ou une femme.
Remarque :
Le spécifique étendu peut être limité, telle que la délimitation du terme
« wasiyya » dans les versets 11-12, de la Sourate 4.
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
Concernant l’expiation qui incombe à l’homme qui commet le délit de
« az-zihâr » : un mari qui dit à sa femme qu’elle lui est interdite telle
sa mère.
La Parole de Dieu (U) : ( Mais celui qui n’en trouve pas les moyens,
doit jeûner alors deux mois consécutifs avant d’avoir aucun contact
[conjugal] avec sa femme… ) (Ste 5/-V.4)
L’expiation est la libération d’un captif ou le jeûne de deux mois
consécutifs.
Le terme « consécutifs » est venu pour préciser ; c’est une spécifica-
tion de ce qui était déjà limité : le jeûne.
Remarque :
Lorsque l’impératif exprime un ordre venant du haut vers le bas, c’est
un ordre qui indique l’obligation. Il est exprimé par le mode de l’im-
pératif ou le mode de l’indicatif avec la particule (al-lâm).
A l’exemple de la Parole de Dieu (U) : ( …fal-yasoumhou : qu’il le
jeûne… ) (Ste 2/V.184)
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
Dieu (U) dit : ( …Et laissez tout négoce… ) (Ste 62/V.9)
L’ordre concerne une qualité légale différente :
- ordre à ne pas faire : an-nahy l’interdiction : al harâm
- ordre de faire : al amr l’obligatoire : al wâjib
A l’exemple de la Parole de Dieu (r) : (…Et n’épousez pas les femmes
associatrices tant qu’elles n’auront pas la foi… ) (Ste 2/V.221)
Définition
Il s’agit d’un terme qui désigne, en un même temps, plusieurs individus
ou objets tel le terme « qour’ » de la Sourate 2/Verset 228, qui indique,
à la fois, les menstrues (al hayd) et l’arrêt de l’écoulement du sang des
menstrues (at-touhr).
Ce genre de terme nécessite examen et vérification pour déterminer
(ou cerner) le sens voulu par le Législateur.
Quelles sont les causes qui sont à l’origine du terme associé ?
* La multiplication des langues arabes (pas dialectes !) Cette diversité
des langues arabes faisait que les tribus désignaient différemment
les choses, bien qu’il s’agisse de la même chose.
* Le terme a été institué pour désigner un sens original, et va être
conventionnellement utilisé pour désigner autre chose, et avec le
temps les gens oublient le sens commun et gardent dans leur esprit
cette diversification du sens.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
La Parole de Dieu (U) : ( Dieu et Ses Anges prient sur le Prophète… )
(Ste 33/V.56) ; l’indice indique que le sens de « as-salâh » dans ce verset
désigne le sens linguistique du terme, car le Prophète (r) ne peut
pas être sujet de prières, selon la définition conventionnelle du terme
« salâh ».
Exemples :
- La Parole de Dieu (U) : ( Le voleur et la voleuse… ) (Ste 5/V.38)
- Le Prophète (r) a dit : « Tout (man) individu qui jette les armes,
est en sécurité ». (Rapporté par Mouslim)
Le terme « man » est un terme générique qui désigne tout individu,
en l’occurrence qui a jeté les armes comme signe de cessation des hos-
tilités. Donc tout individu, sans distinction, qui jette ses armes peut
bénéficier de la sécurité.
Le générique réel (‘âmm moutlaq), c’est lorsqu’il n’y a aucun indice,
ni terme qui peut le spécifier. Car il peut y avoir un générique, mais qui
peut supposer une spécification (s’il y a un argument).
Exemple :
La Parole de Dieu (U) : ( … Et les femmes divorcées doivent observer
un délai d’attente de trois menstrues… ) (Ste 2/V.228)
28 Le terme « chay’, pluriel achyâ’, s’utilise pour ‘des choses’ (de toute sorte) en
général (animé et non animé).
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Les fondements du droit musulman
B. Al Moufassar : l’annoté
C. Al Mouhkam : l’évident (le fortifié)
Détails
A. An-Nass : Le péremptoire
Il s’agit d’un terme qui n’admet pas d’interprétation. Ce sont des
termes formels dont nul besoin de leur trouver des explications. En les
lisant, d’emblée leur signification est claire.
Exemple :
La Parole de Dieu (U) : ( … Allâh a rendu licite le commerce, et illicite
l’intérêt… ) (Ste 2/V.276)
Le sens réel, c’est ce qu’a indiqué le texte. Voir aussi Ste 5/V.3.
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Les fondements du droit musulman
B. Al Moufassar : l’annoté
C’est un terme qui indique d’évidence un sens premier : une qualité
légale et qui ne peut pas avoir un deuxième sens, puisqu’il est explicite.
Seulement, il se peut que le sens soit abrogé.
Exemple :
Dieu (U) dit : ( Combattez les associateurs sans exception, comme ils
vous combattent sans exception… ) (Ste 9/V.36)
Ce sens a été spécifié pour rester limité en cas de guerre.
Le terme est explicite, mais son premier sens n’est ni forcement
d’application, ni sans restriction, ni non abrogé.
Exemple :
L’interdiction d’épouser les épouses du Prophète (r). C’était ainsi à son
époque et après sa mort. Voir Ste 33/V.53.
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
Dieu (U) dit : ( Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main, en
punition… ) (Ste 5/V.38)
Le terme « voleur » a une signification évidente ; il s’agit d’un indi-
vidu pubère, saint d’esprit, qui a dérobé un objet de la valeur définie
d’un hirz , et sans qu’il n’y ait aucun doute.
30
84
Les fondements du droit musulman
Notre mère ‘Â’icha (Que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Le voleur
de nos morts est comme le voleur de nos vivants ».
Cet avis est aussi celui de l’imâm Mâlik, de l’imâm Ach-Châfi‘î, de
l’imâm Ahmad et d’Aboû Yoûsouf (le compagnon de l’imâm Aboû
Hanîfa), donc de la Majorité.
- L’autre tendance, qui est à l’opposé, est celle de l’imâm Aboû Hanîfa
et de son élève Mouhammad Al Hasan Ach-Chaybânî. Ils n’ap-
pliquent pas la peine de vol sur « an-nâbich », parce qu’ils disent
qu’il a pris un objet méprisé et délaissé.
A. Al Mouchkal : le problématique
Son sens réel ne se distingue pas des autres sens qu’il peut signifier.
Pour cerner son véritable sens, cela nécessite de l’analyse ainsi que de
la recherche d’indices et d’arguments.
C’est un terme qui a été institué dans son essence pour supposer
plusieurs sens à la fois, et qui font tous partie de sa nature. Ce qui nous
intéresse, c’est son sens dans un contexte spécifique, et cela nécessite de
la recherche ; un ijtihâd (un effort dans le sens large) pour distinguer
entre les plusieurs sens qu’il suggère.
Exemples :
- Dieu (U) dit : ( … ou que ne se désiste celui entre les mains de qui est
la conclusion du mariage… ) (Ste 2/V.237)
Il s’agit de celui qui possède l’autorité de conclure ou défaire le
contrat de mariage. Cette personne peut être :
- le conjoint : pour la Majorité, à savoir les Compagnons et leurs
Successeurs, les Hanafites, les Chafi‘îtes et les Hanbalites, le verset
a le sens suivant : « Excepté si le conjoint se désiste ».
- le tuteur : pour les Mâlikites, ainsi le sens est : « Excepté si le tuteur
se désiste ».
La conséquence de ces deux explications :
85
Les fondements du droit musulman
B. Al Moujmal : le collectif
Ce terme a un sens polysémique. Il désigne plusieurs sens. Il est plus
latent et plus problématique qu’Al Mouchkal. On ne peut saisir sa
signification que grâce à une explication émanant de celui qui initie le
discours. On ne peut le cerner par la raison et la recherche, mais pas
par une transmission de la part de l’interlocuteur. Il est à l’opposé du
« Moufassar » : l’annoté.
La cause de son ambiguïté réside dans la multiplication de ses sens,
qui se bousculent les uns les autres. Chaque signification bouscule
86
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le terme al mawâlî, pluriel de : al mawlâ, suppose deux sens :
- l’affranchisseur = al mou‘tiq
- l’affranchi = al mou‘taq
Supposons que quelqu’un ait laissé un testament après sa mort : « Je
lègue un tiers de mon patrimoine à mon mawlâ ». Cette personne a eu
un mawlâ (« affranchisseur ») qui l’a libérée ; il était donc lui-même
un affranchi. Néanmoins, à sa mort, il a laissé un mawlâ qu’il avait
affranchi. En conséquence, il était de ce fait également un affranchis-
seur. A qui doit-on céder ce testament : à son affranchisseur ou à son
affranchi ?
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Les ouvertures des Sourates (fawâtih as-souwar) : alif ; lâm mîm ;
ha mîm ; kâf ha ya ‘ayn sâd, etc.
Malgré toutes les explications données par les exégètes, il n’existe
aucune preuve des sens suggérés.
(Voir Az-Zourqânî : Manâhil al ‘irfân fî ‘ouloûm al Qour’ân)
- Les Attributs de Dieu (U) qui semblent indiquer des attributs com-
muns aux contingents (les créatures) telles que, la main, l’ouïe…
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
1. Al Mantoûq : L’énoncé
C’est ce qu’indique le terme dans une position de prononciation
(d’énonciation). En prononçant le terme, son sens est saisi. C’est ce
qu’on appelle le ‘sens textuel’ du terme, désignant un objet bien précis,
rien que lui.
Il peut aussi être défini comme le sens évident de l’énoncé. Ce terme
indique un sens de base mais peut être employé pour désigner un deu-
xième sens en la présence d’un indice.
Il peut avoir aussi un sens polysémique, indiquer plusieurs sens à
la fois.
Exemple :
La Parole de Dieu (U) : ( …alors ne leur dis point « Ouff »… )
(Ste17/V.23)
Dire « ouff » à ses parents est un péché majeur en Islam !
- Un autre exemple, le hadîth rapporté par Al Boukhâri, An-Nasâ’î,
Ad-Dâraqoutnî et autres :
Le Prophète (r) a dit : « Les troupeaux des ovins, qui sont laissés
libres dans les pâturages (al ghanam as-sâ’ima), sont assujettis à la
Zakât ».
La Zakât ne concerne pas uniquement les animaux engraissés.
Ici, le terme « as-sâ’ima » est clair ; c’est un énoncé évident (mantoûq
sarîh).
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
Dieu (U) dit : ( … alors ne leur dis point : « Ouff »… ) (Ste 17/V.23)
On a déduit par le biais de la signification implicite concordante à
l’énoncé, l’interdiction de frapper les parents.
C’est ce qu’Allâh (U) a voulu dire de manière implicite.
Le sens implicite, passé sous silence, mérite a fortiori la sentence
énoncée.
b - Mafhoûm al moukhâlafa. La signification implicite contraire
Le statut du sens compris dans le terme énoncé est contraire au sens
de base du terme énoncé.
La lecture du terme peut suggérer une signification qui est contraire
au sens de base.
Exemple :
Dieu (U) dit : ( … On vous a prescrit le talion au sujet des tués : homme
libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme … )
(Ste 2/V.178)
L’indication implicite contraire supposerait qu’on ne puisse pas tuer
un homme pour une femme. Mais les juristes en ont déduit un sens
contraire au sens de base ; l’homme peut être tué en cas de l’homicide
volontaire d’une femme. Ce sens a été fixé à l’aide du verset 45 de la
Sourate 5, dans lequel Dieu (U) dit : ( Et Nous y avons prescrit pour
eux vie pour vie… )
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
La Parole de Dieu (U) : ( … ou si vous avez touché (lâmastoum) aux
femmes et que vous ne trouviez pas d’eau, alors recourez à la terre
pure… ) (Ste 5/V.6)
Le terme lâmasa suppose deux significations :
- Le sens réel : le fait de toucher avec la main, le contact avec la main.
- Le sens figuré : les relations conjugales.
L’imâm Ach-Châfi‘î affirme qu’il n’existe pas d’indice qui puisse
dévier le terme de son sens réel vers son sens figuré. C’est pour cette
raison qu’il s’est prononcé pour l’invalidité des ablutions d’un homme
qui touche de la main d’une femme étrangère. C’est un argument pure-
ment linguistique.
L’autre position d’Aboû Hanîfa et d’autres juristes fait prévaloir le
sens figuré, celui des rapports sexuels.
L’imâm Aboû Hanîfa base son avis sur des hadîth authentiques qui
prouvent que le Prophète (r) avait l’habitude de toucher ses femmes
sans refaire ses ablutions. Ainsi, le terme lâmasa ne veut pas dire tou-
cher avec la main, mais signifie bien les rapports conjugaux.
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Les fondements du droit musulman
- Autre exemple avec le terme “al ghâ’it”. Dieu (U) dit : ( …si l’un de
vous revient du lieu où il a fait ses besoins… ) (Ste 5/V.6)
Le sens propre du terme “al ghâ’it”, c’est « lieu bas et creux ».
L’homme qui va faire ses besoins se dirige vers « al ghâ’it » (le lieu)
pour se cacher des regards.
Le terme est passé de son sens propre à un sens figuré pour dési-
gner les selles et non plus le lieu. Il y a eu un déplacement du son sens
propre du terme vers un sens figuré. Ce sens figuré s’est affirmé pour
se substituer définitivement au sens réel.
C’est le sens figuré qui a pris la place du sens réel pour devenir lui-
même le sens réel.
Dans ce cas où le sens figuré va dominer, on parle d’un sens propre
‘usuel’, mais il reste toujours un sens figuré par rapport à son sens
lexicologique original.
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Les fondements du droit musulman
LA SOUNNA
Définitions
Définition Littérale
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Remarque
Les savants de Ousoûl Al Fiqh vont plutôt choisir, d’un point de vue
linguistique, comme définition à la Sounna la conduite et l’habitude
(at-tarîqa).
Dans le saint Coran, le terme « sounna » a été cité au singulier et au
pluriel dans dix sourates. A seize reprises au pluriel « sounan » et pour
le reste au singulier « sounna ».
« As-sounna » ou « as-sounan » ont pour synonyme le terme
« nâmoûs », au pluriel : « nawâmîs ». Ce sont les lois que Dieu (U) a
établies pour régir la Création.
Définition Conventionnelle
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Les fondements du droit musulman
Note :
Cette définition nous informe que la Sounna a plusieurs fonctions ;
de promulgation et de confirmation de ce qui a été légiféré par le saint
Coran.
Nous remarquons qu’Ahl Al Ousoûl s’intéresse à la conduite
(Sounna) du Prophète (r) en sa qualité de législateur qui explicite la
Loi de Dieu (U), et qui établit les règles de base pour les érudits de sa
communauté après lui.
Exemple :
La parole du Prophète (r) : « Priez comme vous m’avez vu prier ».
(Rapporté par Boukhârî, Ahmad, Aboû Dawoûd et autres)
Remarques :
1. La Sounna pratique est plus explicite et évidente que la Sounna
orale, qui est plus abstraite et qui peut être sujette à interprétations.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Ibn ‘Abd Al-Barr dans son livre « Jâmi‘ bayân al ‘ilmi wa fadlih » 34
32 Ibn Hazm est le chef de l’école zahirite andalouse, et il est l’auteur du livre de
fiqh ‘Al Mouhallâ’, ainsi que d’autres éminents ouvrages dans les diverses branches
des sciences religieuses et de la littérature.
33 « Al fisq » signifie la perversité ou la mécréance. Al fâsiq, c’est le pervers ou le
mécréant.
34 Ibn ‘Abd Al Barr, savant de hadîth et juriste andalou Malikite, a regroupé
dans ce livre tout ce qui montre l’importance du savoir et ses mérites.
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Les fondements du droit musulman
- Le saint Coran :
La confirmation par les Textes Coraniques de l’obligation de suivre la
Sounna et d’obéir au Prophète (r).
Dieu (U) dit : ( Dis : « Obéissez à Allâh et au Messager. Et si vous
tournez le dos…alors Allâh n’aime pas les infidèles ! ) (Ste 3/V.32)
Dieu (U) dit aussi : ( Obéissez à Allâh, obéissez au Messager,
et prenez garde ! Si ensuite vous vous détournez…alors sachez qu’il
n’incombe à Notre Messager que de transmettre le message clairement ).
(Ste 5/V.92)
Dieu (U) dit : ( Et ils disent : « Nous croyons en Allâh et au Messager
et nous obéissons ». Puis, après cela, une partie d’entre eux fait volte-face.
Ce n’est point ceux-là les croyants. Et quand on les appelle vers Allâh et
Son Messager pour que celui-ci juge parmi eux, voilà que quelques-uns
d’entre eux s’éloignent..../…La seule parole des croyants, quand on les
appelle vers Allâh et Son Messager pour que celui-ci juge entre eux, est
de dire : « Nous entendons et nous obéissons. » Les voilà les bienheureux.
Et quiconque obéit à Allâh et à Son Messager, et craint Allâh et Le
redoute… alors, voilà ceux qui récoltent le succès. Dis : « Obéissez à Allâh
et obéissez au Messager…/… Et si vous lui obéissez, vous serez bien
guidés ». Et il n’incombe au Messager que de transmettre explicitement
(son message). ) (Ste 24, V.47-54)
Dans ces versets, Dieu (U) ne cesse de répéter qu’il faut Lui obéir,
comme il faut obéir au Prophète (r) et recourir à son Message.
Dieu (U) dit ailleurs : (Que ceux qui s’opposent à son commandement
prennent garde qu’une épreuve ne les atteigne ou que ne les atteigne un
châtiment douloureux ). (Ste 24/V.63)
Donc, c’est le saint Coran lui-même qui a confirmé cette vérité. Ce
n’est pas le Prophète (r) qui l’a dite, mais c’est Allâh (U) qui a décrété
dans les Textes révélés d’obéir à Son Messager et de le suivre.
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Les fondements du droit musulman
- La Sounna :
Le Prophète (r) a dit : « J’ai laissé parmi vous deux choses, si vous
vous y maintenez, vous ne serez point égarés : le Livre de Dieu et
la Sounna de Son Prophète… » (Rapporté par Mâlik, dans son Mouwatta’)
Ils citent aussi, le hadîth de Mou‘âdh (Qu’Allâh soit satisfait de lui),
dans lequel le Messager de Dieu (r) a ratifié son recours à sa Sounna,
s’il ne trouvait pas de réponse dans le Livre de Dieu. (Rapporté par Aboû
Dâwoûd)
- Le Consensus : Al Ijmâ‘
Le consensus continu, à travers toutes les générations de l’Islam,
confirme que tous les érudits de la Oumma ont toujours pris en consi-
dération la Sounna dans l’argumentation juridique, et dans la pratique
de l’Islam. S’il y a divergence, c’est au sujet de l’authenticité ou dans la
signification du Texte.
- Du point de vue rationnel :
Considérer la Sounna comme houjja (preuve) est chose naturelle parce
que le transmetteur du saint Coran ne peut pas transmettre une chose
en contradiction avec sa Mission et son Message.
C’est pour cette raison là qu’Ahl Al Ousoûl ont dit qu’elle est une
nécessité religieuse. On ne peut pas comprendre la religion sans se réfé-
rer au transmetteur. On ne peut pas dissocier le Prophète (r) comme
transmetteur de la Révélation et comme exécuteur de la Révélation.
L’imâm Ach-Châfi’î dans son ouvrage « Al Oumm » a réservé tout
un chapitre dans lequel il a exposé les dires des différentes tendances
qui rejettent la Sounna. Puis il a résumé en sept points (7), les argu-
ments des Sounnites pour justifier le recours à la Sounna :
A. Le principe de l’infaillibilité (al ‘isma) du Prophète (r).
La Sounna découle de l’état d’infaillibilité qui est l’une des qualités
obligatoires de la Prophétie. Tout ce qui émane du Prophète (r) doit
être considéré d’origine divine d’un point de vue rationnel et légal.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
G. Le Consensus
L’analyse de la vie des différentes générations antérieures et postérieures
prouve qu’elles se sont toutes référées à la Sounna, sans exception. S’il
y a eu des divergences, c’est très certainement sur l’authenticité d’un
texte ou sur sa signification et son indication.
Ainsi Aboû Bakr (t) disait au sujet de la Sounna : « Je ne délais-
serai pas quelque chose que le Prophète (r) avait l’habitude de faire,
et qu’à mon tour je ne mettrai pas en pratique. Très certainement,
j’ai peur qu’en délaissant quelque chose de sa Sounna, je m’égare ! »
(Rapporté par Al Boukhâri, Mouslim, Aboû Dawoûd et autres. Le Qâdî ‘Iyâd, l’a
rapporté aussi dans son livre Ach- Chifâ’)
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Les fondements du droit musulman
‘Alî (t). Pour eux, reconnaître la légitimité d’un autre que ‘Alî (t),
implique le rejet de leur transmission parce qu’ils sont considérés
comme « kouffâr ». Selon cette logique, ils ne peuvent pas accepter une
chose rapportée par des mécréants et ils ont leurs propres rapporteurs.
- Le deuxième groupe extrémiste est composé des Kharijites, qui
se limitent à une sounna rapportée par les leurs. Ils ont rejeté la
Sounna adoptée par Al Joumhoûr (la Majorité) parce qu’ils disent
que cette majorité a suivi des imâms (autorités) égarés.
Ils n’acceptent que les hadîth (ou versions de hadîth) de certains
Compagnons, et ils excluent les autres en disant qu’ils ont suivi des
tyrans. Ils mettent en cause leur honorabilité et leur fiabilité.
‘Abd-Ar-Rahmân Ibn Mahdî a dit : « Les Zindîq et les Kharijites
ont forgé le hadîth attribué au Messager de Dieu (r) : « Mettez tout
ce que l’on vous transmet de ma part à l’analyse du Coran. S’il est
conforme au Livre de Dieu (U), je l’ai assurément dit, et s’il s’y oppose,
certes, je ne l’ai pas dit. Comment pourrais-je diverger du Livre de
Dieu (U), alors que c’est grâce à Lui qu’ ‘Il m’a guidé ? »
Yahyâ Ibn Ma‘în a dit à son sujet : « C’est un hadîth forgé ! »
L’imâm Ach-Châfi‘î a dit : « Aucun rapporteur quelle que soit sa
valeur ne l’a rapporté ! »
- La position des Chi‘ites imamites
Une autre tendance refuse l’ensemble des hadîth qui ne vient pas de
leurs imâms infaillibles, par la lignée de Ahl Al Bayt. Parmi eux, il y a
les Chi‘îtes imâmites.
Leurs arguments :
Ces opposants à la Sounna disent que le Livre révélé suffit à lui-même.
Dieu (U) l’a fait descendre pour être la référence unique. Dieu (U)
n’a-t-Il pas dit : ( Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre… )
(Ste 6/V.38)
Dieu (U) dit aussi : ( Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre,
comme exposé explicite de toute chose… ) (Ste 16/V.89)
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
1. Al Moutawâtar
Du point de vue de la langue
Le mot tawâtour signifie l’arrivé d’individus, à la suite les uns des
autres avec un laps temps qui les sépare. C’est cet arrivage successif
avec rupture qu’on appelle ‘tawâtour’.
Ce sens est repris dans la Parole de Dieu (U) : ( Ensuite, Nous
envoyâmes successivement Nos messagers…, thoumma arsalnâ
rousoulanâ tatrâ … ) (Ste 23/V.44)
At-tawâtour signifie encore la succession, dans absolu, mais sans la
définition du comment = at-tatâbou‘.
Du point de vue légal
Il s’agit d’une information (khabar), d’après le Prophète (r), rap-
portée par un nombre important de personnes, d’après un nombre
important de rapporteurs, avec l’impossibilité qu’ils aient pu entre eux
s’accorder sur un mensonge.
Cette qualité est observée du début de la chaîne jusqu’à sa fin (le
moment de sa codification).
- Le Moutawâtar est de deux sortes :
Exemples :
- La parole du Prophète (r) : « Celui qui m’attribue des dires
mensongers volontairement, qu’il se réserve sa place en Enfer ».
(Rapporté par Al Boukhârî, Mouslim et autres)
Ce hadîth a été rapporté par soixante Compagnons.
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le hadîth du Prophète (r) : « Très certainement, ma communauté
ne sera jamais unanime sur une quelconque question d’égarement ».
(Rapporté par Ibn Mâjah)
Ce hadîth a été rapporté par des voies de transmission différentes,
et des versions différentes, mais toutes s’accordent sur un sens unique :
l’infaillibilité de la Oumma et sa préservation de l’égarement.
Autres exemples :
- le hadîth concernant le fait de lever les mains lors des invocations,
le hadîth du bassin (hadîth al hawd).
Ce genre de hadîth moutawâtar est nombreux dans la Sounna.
- Les conditions de son acceptation
L’acceptation du moutawâtar nécessite trois conditions :
A. Il faut que l’information concerne quelque chose de matérielle, de
physique, et non pas une chose morale ou abstraite, ni une pensée. On
peut la justifier par un dire ou un fait du Prophète (r).
B. L’information doit être transmise de la sorte suivante : « Nous
avons entendu… »
« Nous avons vu… »
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
2. Al Mach-hoûr : Le Notoire
Certains l’appellent aussi al hadîth al moustafîd. Ceci peut être traduit
en hadîth répandu.
C’est un hadîth qui est intermédiaire entre le hadîth al moutawâtar
et le hadîth al ahâd.
Le nombre de rapporteurs doit être de deux à son début puis à
chaque étape. Certains chiffrent ce nombre à trois rapporteurs.
Les Hanafites le considèrent comme une subdivision du hadîth
moutawâtar.
En réalité, le hadîth mach-hoûr est un hadîth ahâd qui s’est répandu
après les Compagnons (y), et qui a été rapporté par un nombre impor-
tant de rapporteurs qui n’ont pas pu s’accorder autour d’un mensonge.
Donc, si la condition du tawâtour ne s’est pas vérifiée au niveau de
la première génération, c’est pour ensuite se constituer à partir de sa
seconde.
Le Prophète (PSL)
Exemples :
- Le hadîth du Prophète (r) d’après ‘Oumar Ibn Al Khattâb (t) :
« Les actions procèdent uniquement des intentions…, innamâ
al a‘mâlou bin-niyyât…» (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
Ce hadîth était ahâd au début, puis il s’est répandu.
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Les fondements du droit musulman
Le Prophète (PSL)
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Les fondements du droit musulman
de les combattre, alors Dieu (U) révéla ce verset. (Voir Ibn Kathîr : Tafsîr.
Tome 4, page 309)
La cause de la révélation de ce verset résulte de l’initiative du
Messager de Dieu (r), qui a pris en considération une information
singulière pour prendre une décision à dimension juridique légale. Si
se rapporter au seul témoignage du Compagnon avait été interdit,
Dieu (U) l’aurait fait savoir à Son Messager (r).
La Parole de Dieu (U) : ( Ceux qui s’emploient à cacher aux humains
Nos messages de vérité, clairement exposés dans les Ecritures, ceux-là
seront maudits de Dieu et le seront de même des Hommes ). (Ste 2/V.159)
L’argumentation de ce verset est la promesse de Dieu (U) d’un
châtiment douloureux à ceux qui ne transmettent pas les règles de
guidance ; ce texte démontre donc l’obligation de manifester la Vérité
et les Commandements de Dieu (U). Ce que l’individu a entendu de
la bouche du Prophète (r), même s’il est isolé, est une guidance qu’il
est tenu de transmettre et ne pas garder secrète.
* Arguments de la Sounna :
- De nombreuses anecdotes prouvent que l’Envoyé de Dieu (r)
avait l’habitude de prendre en considération l’information singulière
de Ses Compagnons ou de confier, à l’un ou l’autre, la responsabilité
individuelle de la transmission des règles de l ‘Islam :
Exemples :
- Il a envoyé (r) ‘Alî seul, et Mou‘âdh Ibn Jabal au Yémen
- Il a envoyé (r) Mous‘ab Ibn ‘Oumayr à Médine avant l’Hégire pour
apprendre aux nouveaux Musulmans le Coran et les pratiques de
l’Islam.
Ceci confirme la valeur de l’information singulière et sa fiabilité. Ces
Compagnons ont agi en leur qualité de transmetteur entre le Messager
de Dieu (r) et les Musulmans auprès desquels ils étaient dépêchés.
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Les fondements du droit musulman
- Les savants sont unanimes que le hadîth ahâd est une preuve pour :
la fatwâ, la preuve testimoniale et les affaires courantes de la vie de
tous les jours.
La Majorité des fouqahâ’ prend en considération le hadîth ahâd
dans les règles secondaires pratiques, car le Coran, la sounna et la
raison l’approuvent et le justifient.
- Les Chi‘îtes, Al Joubbâ’î, Ibn Dâwoûd le zahirite, Al Qâsânî et cer-
tains innovateurs ont rejeté l’exécution et la prise en considération
du hadîth ahâd.
- Les conditions du transmis (le texte : al matn)
- L’imâm Mâlik a avancé une condition selon laquelle le hadîth ahâd
ne doit pas s’opposer à l’usage des gens de Médine.
Ils avancent également pour la transmission de ce hadîth qu’il a
été décidé par tous les spécialistes d’accepter la transmission de la
femme au même titre que celle de l’homme. Qu’est-ce qui justifie cette
analogie ?
- Conditions du transmetteur : ar-râwî
La Majorité a exigé que le transmetteur d’un hadîth ahâd satisfasse
aux quatre conditions suivantes :
- Al Islam : être Musulman
La transmission du hadîth ahâd par un non Musulman n’est pas
acceptée.
Concernant la personne « majhoûl al hâl » dont on ignore l’état de
son honorabilité morale et doctrinale, seuls les Hanafites refusent sa
transmission, tant qu’il n’y a pas de certitude.
Les autres s’accordent à dire que tout ignorer à son sujet (islam ou
pas, etc.), implique la possibilité qu’il soit Musulman et honorable.
Cette ignorance n’est pas une raison suffisante pour le mettre en cause
et rejeter sa transmission. Ils acceptent sa transmission (à condition
qu’il satisfasse à toutes les autres conditions).
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Les fondements du droit musulman
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ِﻗَﺎلَ إِﻣَﺎمُ اﻷَﻋْﺟَﻣِﯾنَ وَ اﻟﻌَرَب ... ْوَﻣُرْﺳَلٌ ﻗَوْﻟَﺔُ ﻏَﯾْرُ ﻣَنْ ﺻَﺣِب
ٍأَوْ اﻟﻛَﺑِﯾرُ ﻗَﺎلَ ﺧَﯾْرُ ﺷَﺎﻓِﻊ ... ﻋِﻧْدَ اﻟﻣُﺣَدﱢﺛِﯾنَ ﻗَوْلُ اﻟﺗﱠﺎﺑِﻌِﻲ
Traduction :
Le hadîth détaché, c’est la parole de celui qui n’était pas un Compagnon,
Quand il rapporte que L’imâm des Non arabes et des Arabes a dit :
Chez les mouhaddithîn, c’est la parole du Tâbi‘î
Ou le grand (Tâbi‘î) qui dit : le meilleur des intercesseurs a dit
Et il est pris en considération dans l’argumentation juridique, mais
certains,
Donnent préférence au hadîth mousnad, et d’autres disent le
contraire.
Commentaire :
Certains avancent que le hadîth détaché (al moursal) est la parole
de celui qui n’a pas accompagné le Prophète (r). Dans ce qu’il rap-
porte, il dit directement : « Le Prophète (r) a dit : « … ». Il saute
ainsi le Compagnon entre lui et le Prophète (r). Il rattache le hadîth
au Prophète (r), mais avec une boucle qui manque (au niveau du
Compagnon).
Ceci ne veut pas nécessairement dire que le hadîth est faible.
Cette omission peut avoir pour raison la certitude de la personne
quant à ce qu’elle rapporte.
Note : « L’imâm des non arabes et des arabes », c’est le Prophète (r).
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
Le hadîth par Ibn ‘Abbâs (t), le Prophète (r) a dit : « L’usure n’est
autre que l’usure de crédit. » (Rapporté par Mouslim) :
Quand les Compagnons ont interpellé Ibn ‘Abbâs sur ce hadîth, il
a dit « C’est Ousâma Ibn Zayd qui m’en a informé ».
Al-Barâ’ Ibn ‘Âzîb (t) a dit :
« Tout ce que nous vous avons rapporté, nous ne l’avons pas entendu
de la bouche du Prophète (r), cependant nous ne mentons pas ».
Par là, il veut dire qu’ils rapportent les hadîth les uns des autres.
Ce genre de hadîth détaché (moursal) est appelé « marâsîl as-Sahâba »
(les hadîth détachés d’après les Compagnons).
Ce genre de hadîth moursal est sujet d’unanimité au niveau de sa
prise en considération et de sa mise en pratique.
Cependant, il y a des divergences parmi Ahl Al Ousoûl quant à sa
prise en considération lorsqu’il provient d’autres rapporteurs.
Première tendance
Chez la majorité de Ahl Al Hadîth, il est rejeté parce qu’on ignore le
maillon qui manque dans la chaîne.
Les Zâhirîtes rejettent le hadîth al moursal qui a été rapporté après
les deux premières générations (après l’an 200H).
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Les fondements du droit musulman
Deuxième tendance
Selon cette tendance de la Majorité, il est pris en considération. C’est
l’avis le plus répandu d’après l’imâm Aboû Hanîfa, l’imâm Mâlik
et l’imâm Ahmad, certains Châfi‘îtes comme Al Âmidî et aussi les
Mou‘tazilites.
Ils considèrent le hadîth al moursal (de ce type) plus fort que le
hadîth al mousnad (l’élevé ininterrompu).
Note :
Le hadîth al mousnad, c’est le hadîth dans lequel on attribue un dire ou
une action à quelqu’un que l’on n’a pas rencontré. C’est quand quelqu’un
prétend avoir vu ou entendu une chose d’une personne qu’il n’a pas
rencontrée. Il dit « Le Compagnon a dit… » ou « Le Prophète (r) a
dit : « … », alors qu’il n’a rencontré ni le Compagnon, ni le Prophète
(r).
Donc cette tendance considère le hadîth al moursal plus fort que le
hadîth al mousnad selon le principe suivant :
« C’est celui qui attribue un hadîth à quelqu’un d’autre (man asnada)
et l’impute à autrui (n’engage pas sa responsabilité).
Tandis que celui qui détache un hadîth (man arsala), il engage
sa responsabilité quant à l’information qu’il relâche (détache) : man
asnada laka faqad ahâlaka, wa man arsala faqad takaffala laka. »
Ce principe explique la raison pour laquelle ils privilégient le
hadîth al moursal sur le hadîth al mousnad.
Celui qui attribue un dire à quelqu’un d’autre, il le lui impute :
« Foulân (Untel) a dit … ». Il n’assume pas de responsabilité propre.
Néanmoins celui qui détache le hadîth prend l’information à son
compte et, ainsi met en cause son honorabilité. Cela implique qu’il soit
sûr de son information.
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Les fondements du droit musulman
Troisième tendance
C’est la tendance qui donne la priorité au hadîth al mousnad, quand il y
a une opposition entre lui et le hadîth al moursal au niveau d’une règle
stipulée dans les deux hadîth ; cela parce qu’il existe la possibilité de
connaître celui qui s’attribue cette parole (dans le hadîth al mousnad)
et cela est meilleur à un hadîth où il manque un maillon (le hadîth al
moursal).
36 Sa’îd Ibn Al Mousayyib était un grand Tâbi‘î, mort en l’an 93H ou 94H.
123
Les fondements du droit musulman
Cinquième tendance
C’est la position d’Ibn Al Hâjib et d’Ibn Al Houmâm qui n’acceptent
que les marâsîl des imâm érudits, réputés pour leur précision.
Tâj Ad-Dîn As-Soubkî a dit : « Les imâm précis dans la trans-
mission sont les Compagnons, les Compagnons des Compagnons et
les Compagnons des Compagnons des Compagnons : As-Sahâba,
At-Tâbi‘oûn et Tâbi‘oû at-Tâbi‘în. »
124
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Dieu (U) dit : ( Et accomplissez la Salât, et acquittez la Zakât, et
inclinez-vous avec ceux qui s’inclinent ). (Ste 2/V.43)
- Dieu (U) dit aussi : ( Dieu a prescrit aux êtres humains, par déférence
envers Lui de se rendre en pèlerinage à Sa Demeure, pour quiconque
en a les moyens ). (Ste 3/V.97)
Ces versets ont été confirmés par le hadîth de l’Envoyé de Dieu
(r), relaté par ‘Abd Allâh Ibn ‘Oumar (t) : « L’Islam repose sur cinq
piliers : le témoignage qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allâh et que
Mouhammad est Son Messager, l’accomplissement de la prière,
125
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Dieu (U) dit : ( Mangez et buvez jusqu’à ce que vous distinguez la
ligne blanche de la ligne noire de l’aube… ) (Ste 2/V.187)
La Sounna a détaillé le début et la fin du jeûne. Le Prophète (r) a
expliqué ce verset, et ce qu’il signifie en fait de limites.
Il a expliqué que la ligne blanche désigne les premières lueurs de
l’aube naissante, et que la ligne noire désigne la nuit. (Rapporté par Al
Boukhârî et autres)
- Dieu (U) dit : ( Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main,
en punition de ce qu’ils ont commis, et comme châtiment de la part
d’Allâh… ) (Ste 5/V.38)
La Sounna a détaillé ce qu’est un vol, la valeur de l’objet volée et la
façon de couper la main.
- La Sounna légifère
La Sounna peut légiférer des règles qui ne sont pas dans le saint
Coran. La Sounna est ainsi une source de la Loi indépendante du saint
Coran.
Exemples :
- L’interdiction d’unir dans un mariage une femme et sa tante.
- La fixation de la part de la grand-mère lors de la distribution de la
succession à 1/6ème.
- La zakât de la rupture du jeûne (zakât al fitr).
- L’essuyage sur les chaussons (al mash ‘alâ al khouffayn).
- La diyya pour les membres coupés ou endommagés.
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le Coran parle du droit à l’héritage d’une façon générale.
Dieu (U) dit : ( Voici ce qu’Allâh vous enjoint au sujet de vos enfants :
au fils, une part équivalente à celle de deux filles. ) (Ste 4/V.11)
La Sounna a légiféré que les Prophètes (Paix sur eux) ne lèguent
pas d’héritage.
Il a dit (r) : « Quant à nous, les Prophètes, les nôtres n’héritent
pas de nous ; tout ce que nous laissons est distribué en aumônes ».
(Rapporté par Al Boukhârî, Mouslim et Mâlik)
- Dieu (U) a cité le testament en des termes généraux : (…S’il laisse
des frères et sœurs, le sixième reviendra à sa mère, cela après qu’on aura
exécuté les legs et payé les dettes du défunt… ) (Ste 4/V.11)
La Sounna a restreint la valeur du legs au tiers (1/3) de l’héritage.
- La Sounna élargie le champ d’application d’une règle légale
Exemple :
Le hadîth du Compagnon qui avait embrassé une femme qui lui
était étrangère, et qui pris de regret, en avait informé le Prophète (r), ce
qui a entraîné la révélation du verset : ( … Les bonnes actions dissipent
les mauvaises… ) (Ste 11/V.114)
Le Compagnon concerné demanda alors au Prophète (r) si ce
verset ne concernait que lui. Le Prophète (r) lui répondit : « Non,
c’est pour l’ensemble de ma communauté ! » (Rapporté par Al Boukhârî
et Mouslim)
127
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le hadîth du Prophète (r) : ( Pas de legs supplémentaire pour l’un
des héritiers légaux. ) (Rapporté par Aboû Dâwoûd)
Pour la Majorité des juristes, ce hadîth abroge le verset dans lequel
Dieu (U) dit : ( Il vous a prescrit, à l’article de la mort, si vous laissez
des biens, de tester au profit de vos pères et mère et de vos proches de la
manière reconnue et convenable. ) (Ste 2/V.180)
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- L’ordre de prier comme lui (Hadîth rapporté par Al Boukhârî)
- Le fait de suivre son exemple dans l’accomplissement des rites du
Hajj… (Hadîth rapporté par Mouslim, Ahmad et An-Nasâ’î)
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le jeûne continu sans rupture ni sahoûr (sawm al wisâl).
- L’obligation de s’acquitter de la prière du Douhâ.
- L’obligation d’accomplir les prières nocturnes (salât al qiyâm ou
at-tahajjoud).
- Son mariage avec plus que quatre femmes.
Ce genre d’actions est propre au Prophète (r). Il est interdit à sa
Communauté de l’imiter et de les exécuter. Cette affirmation est sujet
d’unanimité et a été énoncée par le saint Coran lui-même.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
L’ŒUVRE DES
GENS DE MEDINE
‘AMAL AHL AL MADÎNA
Définition
Il s’agit de l’unanimité ou de l’accord des érudits de la ville sainte de
Médine sur une question juridique à une époque précise.
On a rapporté, selon l’imâm Mâlik, que le Consensus des gens de
Médine est une source d’argumentation.
Il faut noter que ce sont surtout les Mâlikites qui prennent en
considération cette source ; pas les autres écoles.
Cependant, les Malikites ont divergé dans leur explication quant à
cette position de l’imâm Mâlik.
Parmi les avis qui ont été donnés pour expliquer cette position :
- Si les Gens de Médine rapportent une information (an-naql) d’après
le Prophète (r), on prend leur transmission en considération, même
si les autres érudits et rapporteurs ne sont pas d’accords.
- Certains ont dit que les gens de Médine étaient une référence au
niveau de leur transmission (an-naql).
- Ils sont une référence qu’il s’agisse d’une transmission ou d’un ijti-
hâd de leur part.
- S’il y a unanimité (ijmâ‘) entre eux sur une question, leur unanimité
a priorité sur toute autre unanimité.
Que veut dire cette unanimité (ijmâ‘) ?
Après analyse, il apparaît qu’il est question de l’unanimité des éru-
dits des trois premières générations de Médine :
132
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
La prise en considération du
consensus des gens de Médine
Houjjiyyat ijmâ‘ ahl al madîna
Il y a divergence entre les savants à ce sujet :
A. Avis de l’imâm Mâlik (?), le Consensus des Gens de Médine est
une preuve légale. Il s’est appuyé pour prouver la justesse de son avis
sur des Textes et des arguments rationnels.
L’imâm Mâlik cite de nombreux hadîth qui traitent des mérites de
Médine pour accorder la priorité à l’œuvre des Gens de Médine.
Le Prophète (r) a dit : « Médine rejette tout ce qui est vice,
perversité, à l’image de la cheminée du forgeron qui ôte les mauvaises
odeurs du fer ». (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim).
Le hadîth prouve que Médine et ses érudits sont préservés de l’er-
reur et de toute forme de vice ; ceci prouve l’authenticité de leurs avis.
L’imâm Mâlik rappelle que le Coran législatif a été révélé à Médine.
Ses habitants étaient les témoins de sa révélation. Les premiers textes
législatifs ont interpellé exclusivement les Gens de Médine. Et ils
étaient les héritiers de la Sounna du Prophète (r) qui s’était dévelop-
pée parmi eux.
Médine était la maison de l’émigration du Messager de Dieu (r).
Elle était le lieu de sa dernière demeure (sa tombe), le lieu de la descente
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Leur divergence au sujet de la femme atteinte de métrorragie (al
istihâda)
- L’appel et l’annonce de la prière (al iqâma et al adhân), etc.
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Les fondements du droit musulman
LE CONSENSUS
AL IJM‘
Le Consensus - Al-Ijmâ‘ est une forme d’ijtihâd, de réflexion juridique
rationnelle collective.
Introduction
L’idée du Consensus à l’époque des Compagnons
Après la mort du Prophète (r), le besoin s’est fait sentir d’apporter
des réponses à des questions nouvelles. Le Prophète (r) était infail-
lible, il recevait ses réponses par la voie de la Révélation ; aussi, les
Compagnons (y), par crainte de tomber dans l’erreur, ont choisi la voie
de la réflexion juridique de groupe.
Pour se protéger de l’erreur, ils ont construit une méthode de
réflexion de groupe.
Nous constatons que cette peur existait déjà chez eux dans la trans-
mission des hadîth. Les Califes vont accorder la préférence à la consul-
tation (ach-choûrâ). Ils stimulaient les érudits parmi les Compagnons
(Qu’Allâh soit satisfait d’eux) pour qu’ils apportent des réponses à des
questions qui n’avaient pas été soulevées par le saint Coran, ni par la
Sounna.
Remarque :
Cette réflexion juridique de groupe ne se fera pas en rupture avec les
Textes de la Loi.
Puisque Al Ijmâ‘ est une forme d’effort de réflexion juridique, on
utilisera la terminologie suivante :
Un consensus établi par un groupe sera appelé Al Ijmâ‘.
137
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Conclusion
Les juristes de toutes les époques remettent en cause ceux qui rejettent
le Consensus des prédécesseurs pieux, et plus précisément celui des
Compagnons, en raison de leur intégrité et des hadîth qui confirment
leur honorabilité.
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Les fondements du droit musulman
Définitions
Définition Littérale du terme
Al Ijmâ‘ du point de vue linguistique s’utilise pour désigner deux
significations :
- al ‘azm et at-tasmîm : prendre la résolution d’agir, se préparer à agir.
A l’exemple de la Parole de Dieu (U) : ( … Ainsi mettez tout en
œuvre contre moi ! Faites appel s’il le faut à l’assistance de vos divinités,
surtout ne vous faites aucun scrupule à mon égard…, …fa-ajmi‘oû
amrakoum wa chourakâ’akoum… ) (Ste 10/V.71)
C’est en ce sens que le Prophète (r) s’est exprimé au sujet de l’in-
tention du jeûne. Il a dit (r) « Celui qui n’a pas pris la résolution de
jeûner pendant la nuit n’a pas de jeûne, man lam youjmi‘ as-siyâma
bil-layl, falâ siyâma lah. » (Rapporté par Ahmad d’après Hafsa, et par Aboû
Dawoûd, At-Tirmidhî, et An-Nasâ’î.)
Remarque :
Ce hadîth a été utilisé comme argument par les Malikites pour exiger
la formulation de l’intention du jeûne (obligatoire) durant la nuit
(avant l’aube).
- Parmi les significations du terme retrouvons le sens de :
Al ittifâq : l’accord.
On dit en arabe : « ajma‘oû ‘alâ al amr : ils se sont mis d’accord sur
telle question. »
On se pose la question en matière de consensus sur la différence et
la relation présentes entre al ‘azm et al ittifâq.
- al ‘azm peut être initié par une seule personne.
- al ittifâq nécessite un groupe car il s’agit d’un accord.
Note :
Il y a divergence d’opinions sur la notion de groupe.
140
Les fondements du droit musulman
Définition Conventionnelle
- La définition de Mouhammad Ibn Hamza Al Ghifârî (Mort en
834H) dans son livre « Fousoûl Al-Badâ’i‘ fî Fousoûli Ach-Charâ’i‘»
est : « Le consensus, c’est l’accord des érudits d’une génération de la
Oumma de Mouhammad (r) sur une règle juridique ».
- La définition d’Al-Kamâl Ibn Al-Houmâm
Al-Kamâl Ibn Al-Houmâm (Mort en 861H) a dit dans son
« At-Tahrîr » : « C’est l’accord des érudits d’une génération de la
Oumma de Mouhammad sur une question légale ».
Analyse de la Définition
- Nous constatons que la première condition pour la réalisation du
Consensus, c’est l’accord (al ittifâq).
Cette condition va lever toute possibilité de divergence.
- Une deuxième condition exige que la provenance de l’accord vienne
des érudits et non pas de la masse (al ‘âmma) qui est exclue du
Consensus.
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Les fondements du droit musulman
A - Al Moujtahid : l’érudit
Ibn Hazm a dit dans son livre Al Ahkâm : « Ce sont les érudits, les
savants = al ‘oulamâ’».
Al-Bazdawî dans son livre Al Ousoûl a dit : « Certains les ont
appelés les gens de l’opinion ahlou Ar-Ra’y ».
Al-Âmidî dans son livre Al Ahkâm a dit : « Il s’agit de Ahlou
Al-Halli wal-‘Aqd ». Ce sont ceux qui sont capables de donner des
solutions et de prendre des décisions ».
Ce sont donc les érudits de la Oumma.
Ce sont ceux qui sont désigné par la Parole divine : ( …très
certainement y auront connaissance ceux qui ont aptitude à déduire… )
(Ste4/V.83)
Ceux qui savent déduire (les règles) et sont aptes à le faire, ce sont
les savants, les érudits.
Ibn Al-Hâjib dans son livre Al Mountahâ( ) a dit : « Si nous
37
142
Les fondements du droit musulman
Question :
Qui sont les Ahlou Al-Halli wal-‘Aqd ?
- Aboû Hâmid Al-Ghazâlî a dit dans son Moustasfâ : « Il s’agit de
tout érudit dont on accepte les avis juridiques (les fatâwâ)». (Réf.
Tome 1, page 115).
Il s’agit des érudits dont les avis juridiques sont acceptés favorable-
ment par les autres érudits.
Il y a cinq conditions pour l’érudition :
1 : La connaissance du Coran.
La connaissance de ses significations linguistiques et légales.
On n’exige pas la mémorisation du Coran dans sa totalité par l’érudit,
mais la connaissance de tous ses sujets et celle, en détail, des sciences
qui lui sont propres (abrogeant et abrogé, spécifique et général, son
absolu et son restreint, les causes de la Révélation, etc.)
2 : La connaissance de la Sounna et ses sciences.
Il doit maîtriser les chaînes (al asânîd) et les Textes (al moutoûn).
Il doit maîtriser la science des chaînes du hadîth et savoir l’analyser
de façon à faire la différence entre les chaînes justes ou fausses.
3 : La connaissance de toutes les questions sujettes au consensus.
L’érudit doit connaître toutes les questions antérieures, de l’époque
des Compagnons (y) jusqu’à celle des imâm moujtahid.
143
Les fondements du droit musulman
est une obligation pour tous les Musulmans, qu’il s’agisse des érudits
ou des autres ».
Il s’agit de maîtriser la langue arabe dont dépend la compréhension
des Textes légaux. Cela ne peut se faire que par la maîtrise de :
- la grammaire ; la conjugaison ; la science des idées (‘ilm al ma‘ânî) ;
la science de l’exposé (‘ilm al bayân) ; la philosophie de la langue ;
la sémantique (fiqh al-loughah), etc.
L’imâm Ach-Châtibî a classifié les spécialistes de la Loi par rapport
à leur maîtrise de la langue arabe.
Il a dit : « S’il est débutant dans la langue arabe, il est débutant
dans la compréhension de la Loi. S’il atteint un niveau moyen dans la
langue, il atteint un niveau moyen dans la compréhension de la Loi.
S’il arrive à la maîtrise de la langue, il en sera ainsi de la compréhension
de la Loi. Celui qui n’arrive pas à atteindre ce degré ne peut pas être
une référence, et ses dires (ses avis) ne sont pas acceptés ». (Réf. Voir Al
Mouwafaqât, Tome 4, page 114) (Voir aussi : Aboû Zahra, dans son livre Ousoûl
Al-Fiqh, pp : 380, 381)
144
Les fondements du droit musulman
C - Al ‘Asr : l’époque
Il est question de l’unanimité de tous les érudits d’une même géné-
ration ou d’une époque commune, ce qui correspond à l’équivalent de
l’écoulement d’un siècle.
Certains ont dit : «… En une époque quelconque : fî ‘asrin mâ.»
D’autres ont dit qu’il s’agissait d’une époque bien précise, bien
déterminée.
Ce qui nous importe dans cette partie de la définition, c’est la déli-
mitation et la limite que contient le mot ‘asr (époque). Lorsqu’on dit
‘asr, on identifie les érudits d’une époque bien précis. En Ousoûl al
Fiqh, cela veut dire qu’il existe une unité entre les érudits d’un même
temps : ittihâd az-zamân. Ils se rejoignent, ils se sont unis dans la
même époque. Il y a un temps commun à ces érudits qui est al ‘asr
(l’époque ou la génération).
Selon notre définition, l’époque commune est une condition néces-
saire pour que le Consensus puisse exister dans la réalité.
C’est une condition nécessaire pour confirmer les règles de Droit
déduites par le biais du Consensus. Cela veut dire qu’il s’agit d’un acte
légal posé en même temps par ceux qui en ont le droit, ou dirons-nous
plutôt l’obligation (les érudits). Car la continuité de l’ijtihâd est un des
objectifs de la Loi.
Il y a des divergences parmi Ahl al Ousoûl au niveau de la manière
de formuler cette condition.
Le Consensus (al ijmâ‘) fourni ainsi, a force de loi et se noue en
preuve pour ceux qui succèdent (les générations postérieures).
Le Consensus de chaque génération est une preuve pour la Oumma
toute entière, comme l’est le Consensus des Compagnons (Que Dieu
soit satisfait d’eux tous).
A. La Majorité (al joumhoûr) de Ahl Al Ousoûl considère que l’écou-
lement de toute la génération n’est pas une condition pour la prise en
considération du Consensus. Il suffit que tous les érudits (al moujta-
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Questions spéciales
1. Si les érudits d’une époque divergent en deux tendances, est-il
permis à la génération suivante d’exprimer un troisième avis ?
- La Majorité des savants interdit de s’écarter de ces deux avis expri-
més par la génération précédente.
- Certains Hanafites, certains Zahirîtes et les Chi‘îtes ont permis
d’exprimer un troisième avis, car les érudits antérieurs concernés
n’ont pas déclaré interdit une telle démarche, et rien dans les Textes
légaux ne s’y opposent.
2. Si les érudits d’une époque divergent sur une question légale, puis se
mettent d’accord, ce Consensus est-il correct ?
- Ce Consensus est légal car il a eu lieu selon l’ensemble des savants.
3. Si les érudits d’une époque ont divergé et si la génération suivante
se met d’accord sur cette même question, ce nouveau Consensus a-t-il
force de loi ?
- Aboû Al Khattâb et les Hanafites affirment qu’il s’agit d’un
Consensus légal. Cet avis est le plus plausible, car le Prophète (r)
a dit : « Il y aura toujours un groupe de ma Communauté sur la
voie de la Vérité… » (Rapporté Al Boukhârî et Mouslim)
- Le Qâdî Aboû Ya‘lâ et certains Chafi‘îtes infirment ce Consensus.
4. Si deux générations d’érudits s’associent à une même époque, doit-on
prendre en considération l’avis de la génération la plus récente ? Par
exemple : doit-on tenir compte de l’avis du Tâbi‘î (Compagnon des
Compagnons) qui a atteint le degré de l’érudition du vivant des
Compagnons du Prophète (r) ?
- La Majorité des Ahl Al Ousoûl estime que son avis doit être pris en
compte, car il fait partie de la Oumma de l’époque. Les Compagnons
du Prophète (r) eux-mêmes ont agi ainsi et ont légitimé l’ijtihâd
de leurs Tâbi‘în (Compagnons).
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Remarque
Il n’existe pas de divergences chez la Majorité des spécialistes de la
science des Fondements du Droit quant à ne pas tenir compte de l’avis
du Tâbi‘î qui n’a pas atteint le degré de l’érudition lors de l’établisse-
ment du Consensus des Compagnons du Prophète (r). Seuls ceux qui
exigent l’écoulement de l’époque toute entière prennent en considéra-
tion l’avis du Tâbi‘î.
La prise en considération
du Consensus
Houjjiyyat al ijmâ‘
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Les fondements du droit musulman
Bienfait d’Allâh sur vous lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui
réconcilia vos cœurs. Puis, par Son Bienfait, vous êtes devenus frères.
Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous
en a sauvés. Ainsi Allâh vous montre Ses Signes afin que vous soyez
bien guidés. ) (Ste 3/V.103)
- La Parole de Dieu (U) : ( Et quiconque fait scission d’avec le
Messager, après que le droit chemin lui soit apparu et suit un sentier
autre que celui des Croyants, alors Nous le laisserons suivre le chemin
qu’il s’est choisi, et Nous le brûlerons dans l’Enfer. Et quelle mauvaise
destination ! ) (Ste 4/V.115)
- La Parole de Dieu (U) : ( Parmi ceux que Nous avons créés, il y a
une Communauté qui guide (les autres) selon la Vérité, et par celle-ci
exerce la justice ) (Ste 7/V.181)
- La Parole de Dieu (U) : ( Sur quelque objet que portent vos différends,
c’est à Dieu seul de départager… ) (Ste 42/V.10)
Le sens du verset est que chaque fois que vous vous mettez d’accord
sur une sentence, vous êtes sur la voie de la rectitude.
- La Parole où Dieu (U) dit : ( Ô Vous qui avez cru ! Obéissez à
Dieu, obéissez au Messager, et ne rendez pas vaines vos œuvres )
(Ste 47/V.33)
En commentant ce verset, Ibn ‘Abbâs (t) a dit : « Ouloû al amr »
sont les savants ».
Dans le verset suivant, la preuve est qu’Allâh (U) a menacé de châ-
timent ceux qui s’éloignent de la voie du Prophète (r) et de la voie des
Croyants. Dieu (U) a lié, par la menace, la dissidence vis-à-vis de Son
Messager (r) et le schisme de la voie des Croyants.
Dieu (U) dit : ( Et quiconque fait scission d’avec le Messager, après
que le droit chemin lui soit apparu et suit un sentier autre que celui
des Croyants, alors Nous le laisserons suivre le chemin qu’il s’est choisi,
et Nous le brûlerons dans l’Enfer. Et quelle mauvaise destination ! )
(Ste 4/V.115)
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Tous ces groupes s’accordent à nier le Consensus tel qu’il est défini
par la Majorité. Ils affirment que ce genre de consensus ne s’est jamais
concrétisé et que sa transmission est impossible.
Ils avancent des arguments issus du Coran, de la Sounna ainsi que
des arguments rationnels tels que leur analyse du verset 59 de la sou-
rate 4 : « Ô les Croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager et à
ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous
disputez en quel que ce soit, renvoyez-le (fa-rouddoûhou) à Allâh et au
Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier… »
Et ils disent « ar-radd » dans ce passage coranique en situation de
litige s’effectue uniquement vers Dieu (U) et Son Messager (r), et non
pas par le recours à l’avis des érudits de la Oumma. Ceci prouve que
l’on n’a nullement besoin du Consensus.
Quant au verset 89 de la sourate 16, il est explicite puisqu’il affirme
que le Livre contient l’explication de toute chose. Dieu (U) dit : « …
Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite
de toute chose… »
Les opposants au Consensus se sont référés à la Sounna pour réfu-
ter la position du joumhoûr (la Majorité).
Ils ont cité, entre autres, le hadîth dans lequel le Prophète
(r) s’adressa à Mou‘âdh (t) quand il le dépêcha au Yémen, et dans
lequel Il l’interrogea sur ses recours textuels en cas de litige pour pro-
noncer ses sentences, à quoi Mou‘âdh répondit : la Parole de Dieu (U),
la Sounna de Son Messager (Paix sur lui, mais il n’a pas fait allusion
au Consensus. Le Prophète (r) ne lui a pas ordonné de s’y référer.
(Le hadîth a été rapporté par Aboû Dâwoûd, Ahmad, At-Tirmidî,
At-Tabarânî et Al Baghawî)
Ils ont cité aussi le hadîth du Prophète (r) : « Ne redevenez pas,
après ma mort, tels des mécréants vous entretuant entre vous… »
(Rapporté par Al Boukhârî)
Et le hadîth : «Vous allez suivre, pas à pas, les comportements de
ceux qui vous ont précédés (les non musulmans)… » (Rapporté par Al
Boukhârî et Mouslim)
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Les fondements du droit musulman
Note : * al ‘awl : c’est lorsque les parts des héritiers légaux dépassent la
valeur du patrimoine laissé par le défunt.
Remarque
Certains spécialistes ont remis en cause l’authenticité de cette infor-
mation car c’est le calife ‘Oumar (t) qui avait convié ‘Abd-Allâh Ibn
‘Abbâs (t) à l’assemblée de la consultation. Et le silence dans de telles
circonstances est non conforme à la Loi et c’est une forme de tromperie
qu’on ne peut attribuer à ‘Abd-Allâh Ibn ‘Abbâs (t).
Les opposants à ce genre de Consensus disent que le silence peut se
justifier par un désir de recherche de preuves supplémentaires ou par
la volonté de conduire une analyse plus profonde. Comment dès lors,
décide-t-on sans hésitation qu’il s’agit d’un accord unanime?!
-B. L’avis de la grande majorité des Hanafîtes et de l’imâm Ahmad
Le Consensus implicite est un Consensus légal, il est une preuve, et
il est une source légale sûre et certaine de la règle de Droit.
Leurs arguments sont les suivants :
- Les savants sont unanimes que le Consensus implicite est une source
sûre et certaine dans les questions dogmatiques. Par analogie, on y
inclut aussi les règles légales pratiques.
- Il est de coutume, dans les sphères juridiques, que les savants qui
ont le plus de notoriété et qui sont les plus âgés se prononcent
en premier sur les nouvelles questions ; les plus jeunes formulent
leur accord en acceptant l’avis s’ils ne trouvent pas utile de se pro-
noncer puisque l’avis a déjà été donné. Ils ratifient par leur silence
l’avis formulé.
Les savants de cette tendance ont émis des conditions pour l’accep-
tation du ijmâ‘ as-soukoûtî :
- Le silence de l’érudit doit être neutre. Il ne doit signifier ni le refus,
ni l’accord.
- L’avis formulé par certains érudits doit être répandu et connu par
tous les érudits de l’époque.
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L’appui du consensus
Quand on parle de l’appui du Consensus, on veut parler de la preuve ou
de l’argument utilisé par les érudits pour confirmer leur avis juridique.
La Majorité des savants ont exigé que le Consensus s’appuie sur
un Texte légal ou une analogie correcte. On ne peut pas tenir compte
d’un avis légal sans justificatif légal. L’effort juridique (al ijtihâd) sans
argument est faux et il est rejeté.
Dieu (U) dit : ( Ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance.
L’ouïe, la vue et le cœur : sur tout cela, en vérité, on sera interrogé )
(Ste 17/V.36)
Les savants qui forment le Consensus sont tenus d’argumenter leur
ijtihâd ; ils ne peuvent pas agir en toute indépendance des Textes de
la Loi de Dieu (U) d’où leur obligation d’avoir un appui qui justifie et
authentifie leurs avis juridiques.
L’appui qui justifie les avis juridiques est le moyen qui unit les
savants. Il est aussi la limite qui préserve les savants de tomber dans
l’erreur de s’opposer aux Textes légaux.
Il faut rappeler que l’avis de l’érudit est soit la compréhension d’un
Texte légal, soit la déduction d’une règle de droit par le biais de l’ana-
logie, soit une déduction à partir des règles globales de Loi, de l’esprit
de la Loi ou en référence aux Buts fondamentaux de la Loi. L’effort
160
Les fondements du droit musulman
juridique est aussi une déduction appuyée par l’une des preuves légales,
à l’exemple de l’appréciation de l’érudit (al istihsân), de l’usage (al ‘ourf),
de la présomption de la continuité de l’application de la règle (al isti-
shâb), etc.
Al Qâdî ‘Abd Al Jabbâr et Al Âmidî n’exigent pas de justificatif
pour le Consensus, car Allâh (U), disent-ils, peut inspirer à Son servi-
teur la réponse qui convient et le diriger vers la vérité.
La Majorité rejette cet avis et le juge non fondé car la Loi de Dieu
(U) ne peut être assujettie à l’inspiration des personnes sans référence
au Législateur légal (le Prophète de Dieu (r) et à la Révélation. Cette
perspective ouvre la porte à la voie de la passion qui est une démarche
interdite.
161
Les fondements du droit musulman
Quelques exemples
de Consensus communautaire
Ibn Hazm a recensé dans son ouvrage « Marâtib Al Ijmâ‘ », dans
plus de cinquante huit chapitres du Droit, les différentes sortes de
Consensus établis par la Oumma tout au long de son histoire jusqu’à
son époque. Nous en citons quelques Exemples :
1- Les savants sont unanimes que l’eau stagnant en grande quantité
est pure purifiante, tant qu’aucun de ses trois éléments, à savoir sa
couleur, son odeur et son goût n’ait pas été altéré.
Cette quantité, par principe, une fois remuée ne laisse pas paraître
l’effet du mouvement sur les côtés.
2- Les savants sont unanimes qu’aucune personne responsable n’est
dispensée de l’acquittement des prières obligatoires, et qu’il est
interdit de les reporter en dehors du temps légal, même en cas
d’excuse légale. La personne est tenue de s’en acquitter selon sa
capacité quel que soit la circonstance.
3- Les savants sont unanimes que l’enterrement des Musulmans est
une obligation.
4- Les savants sont unanimes qu’il n’est pas permis de réclamer le
retrait du gage (ar-rahn) déposé sans contre partie.
5- Les savants sont unanimes que celui qui dispose d’un dépôt en est
garant jusqu’à ce qu’il le restitue entièrement.
6- Les savants sont unanimes que celui qui vend un produit qui ne lui
appartient pas, sans le consentement de son propriétaire, a conclu
une vente invalide.
7- Les savants sont unanimes que celui qui revivifie une terre morte
sans propriétaire et qui ne contient pas de minerais qui puissent
être d’utilité publique, peut s’approprier cette terre sans que le Chef
de l’Exécutif ne puisse la lui retirer.
162
Les fondements du droit musulman
163
Les fondements du droit musulman
L’ANALOGIE
AL QIYÂS
Définitions
Définition linguistique du terme Al Qiyâs
Il existe trois significations, dans la langue arabe, au terme qiyâs.
1. Qiyâs au sens d’égaler, de mesurer : al mousâwât ou at-taswiya.
Le qiyâs consiste à placer au même niveau, à établir une égalité phy-
sique ou morale entre deux choses ou deux éléments ou deux entités,
en les mesurant l’une par rapport à l’autre.
- Sur le plan physique ou matériel, on dit : « Untel cherche à savoir
si une chaussure équivaut à une autre et pour ce faire mesure l’une
par rapport à l’autre : qâsa an-na‘la bi an-na‘li. »
- Sur le plan moral, on dit : « Untel n’est pas comparable à untel :
Foulân lâ youqâsou bi-foulân. »
On ne peut pas le placer sur le même pied d’égalité qu’untel, on ne
peut le mesurer à lui car il est plus honorable.
2. Le terme qiyâs peut signifier l’évaluation : at-taqdîr.
On dit : « J’ai évalué, j’ai mesuré ce vêtement par coudée ; cette
évaluation implique l’utilisation d’un moyen (d’une mesure) ».
3. Ce terme s’utilise pour s’assurer de l’égalité entre deux choses en
revenant au sens de l’évaluation mais dans l’absolu.
On dit : « J’ai mesuré cette chose à …, et il s’est avéré qu’elle lui était
égale. »
164
Les fondements du droit musulman
Remarque
Dans la terminologie des spécialistes des Fondements du Droit musul-
man (Ahl al Ousoûl), le terme qiyâs sous sa forme verbal est transitif,
il s’utilise alors avec la particule « ‘alâ », ce qui signifie : rattacher une
chose à une autre. On dit : « qistou ach-charâba ‘alâ al khamr : j’ai rat-
taché la sentence appliquée à cette boisson, (du point de vue de son
interdiction) à celle des boissons enivrantes ».
Son interdiction est le résultat d’un rattachement, d’une liaison
entre sa sentence et la sentence légale des boissons enivrantes. (Réf. Al
Jawharî, As-Sihâh, tome 3, page 968. Ibn Manzoûr : Lisân Al ‘Arab, tome 6, page
187)
165
Les fondements du droit musulman
Remarque
L’Analogie s’opère toujours par la recherche des causes communes.
Il faut que les deux questions proposées aient une cause (‘illa) com-
mune. L’érudit qui s’adonne à l’ijtihâd en recourant à l’Analogie doit
connaître toutes les questions principales (al masâ’il al asliyya) des
Textes légaux (Coran et Sounna), et en avoir fixé les causes.
166
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
A. Le saint Coran
Dieu (U) dit : ( …Que cela soit pour vous un exemple édifiant ô vous
qui êtes doués de clairvoyance. ) (Ste 59/V.2)
La Parole de Dieu (U) « …Fa‘tabiroû… » : Tirer leçon de quelque
chose, ne peut se faire qu’en recourant à l’Analogie.
Parce que le terme « al i‘tibâr » est un dérivé du verbe ‘abara,
‘ouboûroun, qui signifie passer d’un côté ou d’un endroit à l’autre, et
l’Analogie consiste à transférer une sentence d’un lieu à un autre.
169
Les fondements du droit musulman
B. La Sounna
- Le hadîth de Mou‘âdh (t) quand il a été envoyé par l’Envoyé de
Dieu (r) au Yémen, et dans lequel le Prophète (r) l’a interrogé
170
Les fondements du droit musulman
Remarque
Malgré la mise en cause de l’authenticité de ce hadîth par les opposants
à l’Analogie, la Majorité le prend en considération, à cause de la multi-
plication des voies de sa transmission. En plus, la Oumma a considéré
unanimement son contenu conforme à la Loi de Dieu (U).
- Un autre argument de la Sounna cité par la Majorité de Ahl al
Ousoûl, le hadîth rapporté par Al Boukhârî, Mouslim et autres.
« Un bédouin se présenta devant le Prophète (r) pour expliquer
le pourquoi de son reniement de l’enfant basané dont sa femme a
accouché.
Le Prophète (r) lui dit : « As-tu des chameaux ? »
L’homme répondit par l’affirmative.
Le Prophète (r) lui demanda : « Y en a t-il parmi eux un de couleur
foncée ? »
L’homme dit : « Oui ! »
Le Prophète (r) lui dit : « Comment peux-tu expliquer cette
couleur différente ? »
L’homme dit : « En raison de l’hérédité ! »
Le Prophète (r) lui dit alors : « Si cet enfant ne te ressemble pas,
cela est dû certainement à des raisons d’hérédité familiale !»
On constate dans ce hadîth que le Messager de Dieu (r) a utilisé
la méthode de l’Analogie en comparant les résultats héréditaires parmi
les chameaux et la relation génétique entre cet enfant né de couleur
foncée et son père.
- Hadîth rapporté par Aboû Dâwoûd et Al Hâkim qui l’a authentifié.
171
Les fondements du droit musulman
C. Le Consensus
Il est question du Consensus des Compagnons (y), qui ont toujours
eu recours à l’Analogie. Aucun ne l’a réfuté ou contesté.
Ainsi ‘Oumar (t) a écrit dans sa lettre de justice destinée à Aboû
Moûsâ Al Ach‘arî (t), et aux juges : « Puis, je te recommande d’être
clairvoyant, bien clairvoyant lors des dépositions, quand il est question
d’un type de litige pour lequel il n’y a de jugement ni dans le Coran, ni
dans la Sounna. Procède par analogie (al Qiyâs), uses de comparaisons
entre les cas qui se ressemblent, et opte dans ton jugement pour un
raisonnement qui t’aide à déduire le jugement qui satisfasse le plus
Dieu, et qui te semble être le plus proche de la vérité.» (Réf : Ibn Al
Qayyim, A’lâm al mouwaqqi’în, tome 1, page 63)
Ibn Al Qayyim a dit à ce sujet : « L’unanimité est acquise auprès des
savants, que ce qui est analogue à la vérité, est vérité : Al ijmâ’ou hâsi-
loun ladâ ahlou al ‘ilmi, anna nazîra al haqqi haqqoun ; et que ce qui est
similaire au faux est faux. Il n’est donc pas permis à quiconque de nier
l’analogie, car il s’agit, en vérité, de comparaison (mouqârana) entre les
choses, puis de reproduction. » (Réf : Ibn al Qayyim : A‘lâm al mouwaqqi‘în.
Tome 1. p 205 et suivantes)
Autre exemple prouvant le recours à l’Analogie par les Compagnons,
et qui est sujet à unanimité. La décision d’Aboû Bakr (t) de com-
172
Les fondements du droit musulman
173
Les fondements du droit musulman
A. Le saint Coran :
Parmi les arguments coraniques, ils citent, entre autres, les versets
suivants :
Dieu (U) dit : ( (Satan) ne vous commande que le mal et la turpitude,
et de dire contre Allâh ce que vous ne savez pas ). (Ste 2/V.169)
Dieu (U) dit aussi : (…Nous n’avons rien omis d’écrire dans le
Livre… ) (Ste 6/V.38)
174
Les fondements du droit musulman
B. La Sounna
Le hadîth rapporté par Al Hâkim dans son Moustadrak où Le
Prophète (r) a dit : « Ma Communauté se divisera en soixante-
dix et quelques sectes. La plus égarée d’entre elles se composera
d’individus qui recourent à l’analogie et qui se prononcent selon leur
propre opinion, ainsi ils rendront licite l’illicite et illicite le licite ».
Les Opposants affirment que ce hadîth est une preuve évidente
pour le rejet de l’Analogie.
Remarque
Les Supporters du Qiyâs affirment que l’Analogie dont il est question
dans ce hadîth, et qui est mise en cause, est celle qui suit la passion.
- Le Prophète (r) a dit : « Ma Communauté agira conformément
au Livre, puis elle le délaissera pour la Sounna, puis elle le
délaissera pour l’Analogie ; lorsqu’elle agira ainsi, elle sera
égarée.» (Rapporté par Aboû Ya‘lâ)
175
Les fondements du droit musulman
Remarque
Les Savants ont mis en cause l’authenticité de ce hadîth. Ibn Hazm
a dit, que ‘Abd Ar-Rahmân Al Waqâsî est un rapporteur rejeté, et il a
confirmé que ce hadîth a été jugé unanimement faible.
C. Le Consensus
Les négateurs du Qiyâs affirment que les Compagnons du Prophète
(r) sont tous d’accord sur le rejet de l’Analogie, et que certains d’entre
eux ont dénigré le recours à ce mode de déduction des règles légales.
Ils citent pour illustration de leur avis la citation d’Aboû Bakr (t)
qui a dit : « Quel ciel pourrait me couvrir et quelle terre pourrait me
contenir si je m’exprime dans la religion selon ma propre opinion ! »
(Réf : Ibn Al Qayyim, A‘lâm al mouwaqqi‘în, tome 1, page 54)
De même le calife ‘Oumar Ibn Al Khattâb (t) a averti les
Musulmans contre le recours à l’Analogie, et il a dit : « Prenez garde
à la moukâyala ! »
On lui demanda : « Qu’est ce qu’al moukâyala ? »
Il répondit : « Al mouqâyasa ! » (Réf. Al faqîh wal moutafaqqih, tome 1,
page 282)
176
Les fondements du droit musulman
Autres Exemples :
- l’éjaculation volontaire et la sortie du sperme (al maniy) engendre
l’annulation du jeûne, tandis que la sortie de l’urine ou du liquide
prostatique (al madhy) ne l’annulent pas, alors que tous ces élé-
ments proviennent du même orifice !
- l‘usurpation (al ghasb) d’un bien en grande quantité n’engendre pas
la coupe de la main, alors que le vol (as-sariqa) est sanctionné par
cette peine légale.
Remarque :
Tous ces arguments ont été réfutés par la Majorité, soit par la remise
en cause de l’authenticité de l’information, soit par la remise en cause
de l’interprétation donnée, soit à cause du faux contexte dans lesquels
ils ont été considérés.
177
Les fondements du droit musulman
*********
détails
178
Les fondements du droit musulman
Al asl est le cas principal cité dans le Texte légal. Par exemple, la
question de la boisson enivrante (al khamr) est un asl. Son interdiction
est confirmée par les Textes de la Loi.
La condition principale de ce cas majeur (al asl) est de ne pas être,
lui-même, un cas secondaire issu d’une analogie établie à partir d’un
autre cas principal (un autre asl).
A chaque fois que l’on a une analogie, on se réfère au Coran, à la
Sounna et au Consensus.
179
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le Prophète (r) : « Tout Produit enivrant est interdit : koullou
mouskirin harâm ». (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
Si l’érudit décide de faire une analogie entre le vin (al khamr) et
le raisin sec bouilli (an-nabîdh), prétextant que la cause commune
est l’ivresse (al iskâr), l’analogie dans ce cas est inutile car le terme
« mouskir : enivrant », dans le hadîth englobe aussi, par principe,
« an-nabîdh ».
Cette opération analogique est une perte de temps. Le hadîth étant
explicite sur le sujet.
* La règle du cas principal doit être intelligible ; on doit pouvoir la
cerner par la raison. Elle n’est pas abstraite. On ne peut pas procéder à
l’Analogie sur une chose insaisissable, telles que les pratiques cultuelles
(al ‘ibâdât). C’est pour cette raison que l’on parle de hikma dans al
‘ibâdât (sagesse), et non pas de ‘illa (cause).
* Elle doit faire partie des règles de Droit pratique. On ne peut
pas effectuer d’analogie sur des questions dogmatiques, morales ou
cultuelles. Car on ne peut pas déduire de nouvelles règles pour le
Dogme ou de nouvelles pratiques cultuelles ou de nouvelles règles
morales par l’analogie.
Le domaine de la science des Ousoûl Al Fiqh ne concerne que les
règles pratiques (al ahkâm al ‘amaliyya).
* Cette sentence ne peut pas être propre au Prophète (r), ni faire
partie de ses spécificités.
Exemple : Son acceptation (r) du témoignage unique d’Aboû
Khouzayma Al Ansârî (t), alors que la règle légale coranique exige la
présence de deux témoins instrumentaires.
180
Les fondements du droit musulman
Exemple :
L’avis des Hanafites, réfuté par la Majorité, qui autorise la femme
pubère à conclure son mariage sans le consentement, ni la présence
d’un tuteur a été construit par analogie sur son droit de conclure des
contrats de transactions financières.
Pour la Majorité, il s’agit d’une analogie tronquée (qiyâs ma‘a al
fâriq), car les contrats de transactions financières, dont la femme peut
disposer librement, ressortent du droit privé alors que le mariage
dépend du droit familial. C’est un contrat qui engage les familles par
un lien d’alliance et qui implique le tuteur dans le mariage.
* Ce cas nouveau ne doit pas devancer dans l’ordre chronologique le
cas principal, al far‘, qui doit toujours être postérieur à al asl. Une
analogie, sur des questions relatives aux ablutions, ne peut pas se
construire sur des règles propres au tayammoum, car les ablutions,
ayant été prescrites et légiférées en premier (avant le tayammoum),
ont le statut du cas principal al asl.
* La règle que l’on transpose au cas nouveau ne doit pas être plus
forte que la règle du cas principal. La sentence ou la règle du cas
principal doit convenir au cas nouveau (al far‘) et être du même
genre et de la même force que celle appliquée au cas principal (al
asl). Elle doit lui être égale et semblable. (Réf : Aboû Hâmid Al Ghazâlî,
Al Moustasfâ)
4 : La Cause : Al ‘Illa
181
Les fondements du droit musulman
Introduction
Les spécialistes de la Méthodologie du Droit (Ousoûl al Fiqh) défi-
nissent l’Analogie d’induction scientifique précise : « al Qiyâs istiqrâ’oun
‘ilmiyyoun daqîq ».
Celle-ci se base sur deux principes fondamentaux :
1. Le principe de la causalité (al ‘illiyya)
La règle de la cause et son effet stipulent que toute chose a une
cause ; autrement dit que l’existence d’une règle (houkm) dépend de
celle d’une cause : « likoulli ma‘loûlin ‘illa »
2. Le principe de la fréquence ou de la régularité dans les événements
(al ittirâd)
Ce principe signifie que la cause produit en permanence les mêmes
effets ; que la cause présente dans des circonstances identiques produit
nécessairement le même causé (al ma‘loûl).
Selon Ahl Al Ousoûl, al Qiyâs permet d’établir de façon formelle et
catégorique, par la recherche et la déduction, la cause du cas principal
et de fixer la même cause dans le cas nouveau.
Les moyens et la méthode de la recherche de la cause ont été définis
par Ahl Al Ousoûl qui les ont appelés : masâlik al ‘illa.
182
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
184
Les fondements du droit musulman
3. La cause doit être confirmée par une voie légale, comme sa règle
(al houkm), pour être correcte, et non rejetée par les Textes de la Loi
ou par le Consensus.
185
Les fondements du droit musulman
Exemple :
- Peut-on considérer le contrat de mariage comme une cause donnant
à chacun des deux conjoints, placés sur le même pied d’égalité, le
droit de prononcer le divorce ?
Cette cause semble correspondre au houkm, car le contrat est un
accord entre les deux partenaires, aussi doit-il en résulter, dans l’absolu,
les mêmes droits pour chacun. Cependant, Le Législateur a annulé
ce wasf (qualificatif ), et ne l’a pas retenu, et il a donné la priorité à
l’homme en matière de divorce. Le Messager de Dieu (r) a dit : « La
prononciation du divorce appartient à celui qui a demandé la main
et qui a la responsabilité (familiale)». (Rapporté par Ibn Mâjah, d’après Ibn
‘Abbâs, et par Ad-Dâraqoutnî, d’après Ibn Louhay‘a)
Remarque
Ahl Al Ousoûl rejette toute cause, même si elle est fréquente (mout-
tarida), s’il n’y a pas correspondance et concordance entre cette cause
et sa sentence.
6. La ‘illa doit être unique dans le cas principal (mouttahida fil asl)
Aucune seconde cause ne peut s’associer à la première dans le cas prin-
cipal, et aucune autre, s’y opposer.
186
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Al iskâr (l’ivresse) est à l’origine de l’interdiction de la boisson eni-
vrante : tel le vin. Si le vin enivrant se transforme en vinaigre (al khall),
il n’est plus enivrant et la sentence le concernant n’existe plus, car la
cause de l’interdiction a disparu et la sentence à son tour. Le statut de
cette nouvelle boisson, bien qu’elle soit issue du vin, est la licéité (al
hilliyya).
187
Les fondements du droit musulman
Préambule
La réalisation d’une analogie ne se limite pas uniquement à la recherche
de l’élément (la cause) qui justifie la transposition de la sentence du cas
principal vers le cas nouveau. L’effort du spécialiste de Ousoûl al fiqh
consiste aussi à s’assurer de l’existence de cette cause, de sa validité et
légalité (char‘iyya).
Ainsi, les érudits de cette science ont mis sur pied des règles qui
leur permettent de fixer et de connaître la cause légale, parmi lesquelles
nous analyserons celles qui suivent :
Al Âmidî a dit : « les voies de la cause sont de deux sortes, des voies
ou des règles issues des Textes (masâlik naqliyya), et des voies issues de
l’ijtihâd, appelées masâlik ‘aqliyya.»
188
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- La Parole de Dieu (U) : ( C’est pourquoi Nous avons prescrit pour
les Enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable
d’un meurtre ou d’une corruption sur terre, c’est comme s’il avait
tué l’humanité toute entière… : Min ajli dhâlika katabnâ ‘alâ banî
Isrâ’îla… ) (Ste 5/V.32)
- La Parole de Dieu (U) : ( Le butin provenant des biens des habitants
des Cités, qu’Allâh a accordé sans combat à Son Messager, revient à
Dieu, au Messager aux proches parents, aux orphelins, aux pauvres
et aux voyageurs en détresse, afin que les biens ne soient pas partagés
entre les seuls riches d’entre vous… : kay lâ yakoûna doûlatan bayna
la aghniyâ’i minkoum… ) (Ste 59/V.7)
Pour d’autres exemples, voir aussi les Sourate 2/V.222 ; Sourate
3/Verset 159 ; Sourate 4/V.160 ; Sourate 5/Verset 90 ; Sourate 20/
Verset 14 ; Sourate 14/V.78 ; Sourate 28/V.13 ; Sourate 51/Verset 56 ;
Sourate 57/V.23
- Le Prophète de Dieu (r) a dit : « Certes, (innamâ) je vous avais
interdit de faire provisions de la viande du sacrifice à cause (min
ajli) des pèlerins, mais maintenant mangez-y et faites en des pro-
visions… » (Rapporté par Mouslim)
- Le Prophète de Dieu (r) a dit : « Certes, (innamâ) la permission
a été institué, avant d’entrer chez les gens, pour préserver (les
intimités) du regard ». (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
La cause est évidente grâce aux particules de la motivation (houroûf
at-ta‘lîl), telles que :
Al-lâm ; al bâ’ ; anna ; inna ; kay ; in ; idhan ; min…
189
Les fondements du droit musulman
Exemple :
- Concernant le pèlerin mort en état de sacralisation à la suite d’une
chute, le Messager de Dieu (r) a dit : « Ne le parfumez pas ! Car
il sera ressuscité, le Jour du Jugement dernier, alors qu’il répète
la formule de la « talbiyya ». (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
Exemple :
- La Parole du Prophète (r) : « Celui qui revivifie une terre inculte,
délaissée, elle est à lui : fa-hiya lahou… » (Rapporté par Al Boukhârî,
Mouslim, Ahmad et autres)
Par Exemple :
- L’unanimité acquise par les prédécesseurs pieux (as-salaf) que le
bas-âge (as-sighar) est la cause de la tutelle sur l’enfant.
- L’unanimité à accorder, en priorité, la tutelle sur l’orphelin en bas-
âge au frère issu des deux parents, avant de l’accorder au demi-frère.
190
Les fondements du droit musulman
III. Les voies les plus importantes pour cerner les causes
déduites
I. As-sabr wa at-taqsîm
* Du point de vue linguistique, le terme as-sabr est synonyme de al
ikhtibâr = tester, mettre à l’épreuve, évaluer.
Le terme at-taqsîm signifie al hasr et al jam‘ = la délimitation, la
réunion, le recensement et le groupement de quelque chose.
* Du point de vue conventionnel, il s’agit de réunir toutes les causes
supposées d’une sentence, puis de les tester une à une, pour dis-
tinguer celle qui convient et répond aux différentes conditions
stipulées. Ensuite, l’érudit procède à une élimination des causes à
déconsidérer jusqu’à la fixation de la cause correcte.
L’imâm Al Baydâwî dans son « Minhâj » a dit : « On aurait dû
appeler cette voie « at-taqsîm et as-sabr », plutôt que « as-sabr et at-ta-
qsîm », car logiquement, on procède d’abord à une sélection des diffé-
rentes causes, puis à leur élimination une à une jusqu’à la bonne ».
La recherche de la ‘illa par la voie de la déduction nécessite de
l’expérience de la part de l’érudit, la connaissance des Textes de la Loi,
la maîtrise de la langue arabe, la connaissance approfondie et globale
de la science de Ousoûl al fiqh et des Textes juridiques.
Le Ousoûlî se base dans sa réflexion sur la logique mise sur pied
par les Musulmans, qui s’appuie sur les principes de la motivation (al
‘illiyya) correcte et précise, avec une terminologie qui lui est propre.
Les savants musulmans ont mis sur pied ce procédé analytique sans
avoir pris modèle sur la logique aristotélique. (Réf. Ibn Taymiyya, Al Qiyâs
fî Ach-Char‘ al islâmî)
191
Les fondements du droit musulman
Exemples :
Concernant les catégories citées dans le hadîth sur l’interdiction de
l’usure de surplus (ribâ al fadl), quelle est la cause de son interdiction
au sujet des aliments stipulés dans le hadîth de ‘Oubâda Ibn As-Sâmit.
Le Prophète (r) a dit : « Ne vendez pas du blé contre du blé, ni de
l’orge contre de l’orge, ni des dattes contre des dattes et ni du sel
contre du sel… » (Rapporté par Mouslim)
S’agit-il d’aliments ? De produits pesés (nourriture) ? De provisions ?
Les érudits diffèrent dans leurs compétences et analyses, d’où diver-
gence en la matière. Ces divergences dans la fixation de la ‘illa déduite
est l’une des causes de la divergence juridique.
192
Les fondements du droit musulman
Détails
1. Cause concordante agissante : al mounâsib al mou’aththir
Il s’agit d’un qualificatif que le Texte ou le Consensus désigne
comme la cause qui opère un effet évident sur la sentence ou son genre.
Exemples :
- L’ivresse (al iskâr) est la cause qui est à l’origine de l’interdiction du
vin. Il existe une concordance et un impact de la ‘illa sur la règle.
Cette cause agit sur al houkm et concorde également avec la pré-
servation de l’un des cinq universaux : la préservation de la raison.
2. Cause concordante assortie : al mounâsib al moulâ’im ou al
mou‘tabar
Il s’agit de tout qualificatif (wasf) que le Texte légal n’assimile pas
à une cause, mais qui est pourtant retenu parce qu’il figure parmi les
règles qui sont motivées par Le Législateur à travers des sentences
secondaires. Le Législateur a légiféré, conformément à ce qualificatif,
des règles secondaires qui appartiennent à son genre, sans pour autant
l’avoir textuellement mentionné ou en avoir fait allusion.
Le fait de prendre en compte « al mounâsib al mou‘tabar » dans la
motivation (at-ta‘lîl) est prouvé par l’induction (al istiqrâ’) et l’analyse
de l’ensemble des règles légales, qui indiquent que toute règle légale
a pour finalité un intérêt (maslaha) pour les Hommes. La prise en
considération de ce genre de ‘illa est donc une maslaha légale.
Si l’érudit a un doute probant (zann) que tel qualificatif concordant
est la cause de telle sentence, cette concordance est retenue et acceptée
comme l’une des voies de la cause légale.
193
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- La priorité accordée au frère germain sur le demi-frère, en matière
d’héritage, a servi par analogie à lui accorder la priorité sur la
prise en charge de l’enfant en bas âge (al walâya), en raison que le
Législateur lui a toujours accordé, dans les autres sentences secon-
daires, la priorité.
- La difficulté, que partage la femme indisposée et le voyageur, est
à l’origine de la dispense de la compensation des prières passées
pour la femme en menstrues, de la diminution des prières de quatre
raka‘âtes à deux pour le voyageur et de leur dispense de l’acquitte-
ment du jeûne.
La difficulté est bipolaire en raison du voyage et en raison du
cycle menstruel. La dispense de la prière est une sorte de sentence.
Néanmoins, cette sentence de l’exemption de la prière se différencie
d’un individu à l’autre, c’est pourquoi la notion de la difficulté est com-
prise dans l’absolu. Ceci a donné naissance à des sentences concor-
dantes et agissantes. Dans le sujet abordé, la difficulté est concordante
à la sentence d’allégement ou de dispense, et elle a été retenue parce
que le Législateur, qui l’a intégrée dans ce genre de qualificatif (la dif-
ficulté dans l’absolu), qui a agi sur cette sorte de sentence (la dispense
ou la diminution de nombre de raka‘âtes).
Pour mieux expliciter cette voie, on peut dire ce qui suit :
Il s’agit d’une voie de déduction de la cause que le Texte légal lui-
même ne peut pas directement prouver, mais qui a été appuyée par un
ensemble de textes à travers des questions du même genre.
Il s’agit, d’une part, d’une cause qui est concordante (mounâsiba)
d’autre part d’une cause qui est assortie (mou‘tabara) à l’un des sujets.
Dans notre exemple, il est question de la compensation ou de la
dispense.
C’est une cause qui agit (il en résulte la même sentence) de la même
manière dans différentes situations. La cause étant la difficulté (al
machaqqa).
194
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le frère et la sœur germains sont égaux dans la filiation. Ce qua-
lificatif concorderait à la décision de leur accorder des parts iden-
tiques dans la succession. Mais le Législateur contredit cet état de
fait et dit (U) : ( …Au frère revient une part égale à celle de deux
sœurs… ) (Ste 4/V.176)
- L’imposition du jeûne à deux mois successifs (qualificatif ) pour le
riche qui a rompu volontairement son jeûne concorde (mounâsib)
au statut du riche qui ne peut être sanctionné que de la sorte. L’élève
de l’imâm Mâlik (?), Yahyâ Ibn Yahyâ Al-Laythî, a sanctionné un
prince andalou, qui avait rompu volontairement son jeûne du mois
de ramadan, en lui imposant un jeûne de deux mois consécutifs.
Yahyâ avait voulu sanctionner et réprimander le prince par une
difficulté, car la libération d’un captif, ou le don de nourriture à
soixante pauvres, lui était aisée.
Cette motivation de Yahyâ est en apparence concordante mais non
prisée. Dans le hadîth relaté par Aboû Hourayra (t), l’Envoyé de
Dieu (r) indiqua au campagnard, qui avait eu des relations sexuelles
volontaires avec sa femme durant le jeûne du mois de ramadan, que
l’expiation s’établissait selon l’ordre suivant : la libération d’un captif,
le jeûne de deux mois successifs ou le don de nourriture à soixante
pauvres. (Rapporté par Les Six)
Nous citons une quatrième catégorie de cause déduite, mais qui est
un sujet de divergence parmi Ahl Al Ousoûl.
195
Les fondements du droit musulman
196
Les fondements du droit musulman
Cela fait partie, a-t-il dit, de la règle : « Les choses nécessaires lèvent
les interdits : ad-daroûrât toubîhou al mahzoûrât ».
Dans son livre «Al Moustasfa», l’imâm Al Ghazâlî a limité l’uti-
lisation d’al maslaha al moursalah et a imposé des conditions à son
utilisation :
* qu’elle soit l’une des cinq nécessités ou les Cinq Universaux (ad-da-
roûriyyât al khams). Si elle fait partie des utilités (al hâjiyyât) ou des
commodités (at-tahsîniyyât), elle n’est pas prise en compte ;
* qu’elle soit globale et concerne tous les musulmans ;
* qu’elle soit catégorique ou quasi-catégorique.
Remarque
On dit que, seule l’école Malikite valide le recours à al maslaha al
moursalah, mais l’imâm Chihâb Ad-Dîn Al Qarâfî Al Mâlikî dément
cette rumeur et dit : « Si tu étudies les écoles quand elles comparent,
rassemblent ou séparent deux affaires, tu remarqueras qu’elles ne pro-
posent pas d’argument explicite justifiant l’une ou l’autre démarche
juridique, mais qu’elles se limitent à la circonstance et à la concordance
(al mounâsaba), et c’est cela qu’on appelle «al maslaha al moursalah», et
ceci prouve qu’elle existe dans toutes les écoles ».
Quant à l’imâm Ach-Châtibî, il propose d’autres conditions, au
nombre de trois :
* l’intérêt libéré ou courant doit être raisonnable en soi ;
* al maslaha al moursalah doit être conforme aux objectifs de la Loi ;
* al maslaha al moursalah doit préserver une chose nécessaire ou éviter
un interdit religieux.
Attention : l’intérêt doit être réel et concret, et surtout pas imaginaire,
autrement qu’il ne doit pas se baser sur des désirs, une conception
erronée de la question, un imaginaire, des intérêts personnels, etc.
197
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Si des ennemis utilisent des prisonniers musulmans comme bou-
clier, il est permis de leur tirer dessus si la capitulation risque d’en-
gendrer une occupation totale du pays.
- La mise sur pied du cadastre, la frappe de la monnaie et même
l’assemblage du Coran par les Compagnons (y) a été décidée sur
la base de ce principe.
Remarque
On constate que Tanqîh al manât ressemble à As-sabr wa at-taqsîm,
cependant il existe une différence entre les deux. Dans la voie du tanqîh
al manât, le Texte légal indique la cause, mais elle n’est pas toujours
évidente. Elle se trouve mélangée à d’autres causes incorrectes.
Le travail de l’érudit consiste, dès lors, à l’extraire par élimination
des autres. Dans as-sabr wa at-taqsîm, en raison de l’absence totale de
toute indication dans le Texte, l’érudit va déployer un effort dans la
198
Les fondements du droit musulman
Exemple :
- La motivation de l’expiation que le Prophète (r), a prononcée à l’en-
contre de l’homme qui a eu des rapports avec son conjoint durant
le jour du jeûne du Ramadan. (Rapporté par les Six)
L’homme concerné par cette sentence était un campagnard et le
rapport sexuel avait eu lieu avec son épouse. Ces aspects personnels
ont été écartés par les érudits qui se sont focalisés sur la véritable cause.
La sentence n’a été motivée ni par l’identité de l’homme, ni par le
rapport sexuel (tout rapport est interdit durant le jeûne du mois de
ramadan) ; la question est impersonnelle. La cause de l’expiation (al
kaffâra) est la rupture du jeûne par un rapport sexuel.
Exemple :
La recherche, par la voie du sabr et du at-taqsîm, de l’exacte cause de
l’interdiction de l’usure de surplus (ribâ al fadl), dans le hadîth de
‘Oubâda Ibn As-Sâmit suppose ces questions : s’agit-il d’aliments ?
De pesée ou de provisions ?
199
Les fondements du droit musulman
Exemple :
- Le fait de prouver que la nuisance (al adhâ) qu’engendrent les mens-
trues (al hayd), stipulées par le Texte légal (Ste 2/V.222), est la
cause de l’interdiction des rapports sexuels durant cette période, et
également au moment des lochies (an-nifâs).
Exemple :
Doit-on interdire une boisson chaque fois qu’il y a ivresse (la cause) ou
peut-on l’interdire en se suffisant de l’interdiction générale et courante
après définition de la cause ?
200
Les fondements du droit musulman
Exemple :
- La Parole de Dieu (U) : (…Afin qu’ils y trouvent certains profits
matériels, et qu’ils rendent grâce à Dieu… ) (Ste 22/V.28)
La sagesse : bénéfices matériels et spirituels.
- La Parole de Dieu (U) : ( Accomplis strictement la prière : la prière
préserve des turpitudes et des actes blâmables… ) (Ste 29/V.45)
La sagesse : la prière empêche le croyant de commettre des turpi-
tudes et des vices.
La grande majorité de Ahl Al Ousoûl s’oppose à ce que l’analogie
se base sur la sagesse. Cependant, certains le permettent lorsque la
sagesse est précise (moundabita).
L’imâm Ibn Taymiyya et son élève, l’imâm Ibn Al Qayyim et d’une
façon générale, les Hanbalites ont eu recours à la sagesse pour établir
des analogies.
201
Les fondements du droit musulman
Détails
202
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Dieu (U) annonce un châtiment douloureux à ceux qui consomment
injustement les biens des orphelins dont ils sont les tuteurs. (Ste 4/V.10)
Cette sentence est appliquée de la même manière au cas nouveau :
gaspiller les biens de l’orphelin.
Exemple :
L’analogie des pommes avec le blé, en vue d’interdire leur échange
contre d’autres pommes, pour éviter le cadre de l’usure de surplus,
suggère que leur cause commune, selon l’imâm Ach-Châfi‘î, c’est leur
statut de nourriture.
Pourquoi la cause est-elle faible dans ce cas-ci ?
L’interdiction de l’usure de surplus (at-tafâdoul), lors de l’échange
du blé contre du blé, a trois causes possibles : l’alimentaire, le pesage
ou le produit. Ces différentes causes recensées s’appliquent moins aux
pommes, pour lequel on ne recense qu’une éventuelle cause commune
au blé : il s’agit d’un aliment.
Même démarche concernant l’analogie du jus de raisin sec fermenté
(an-nabîdh) sur le vin pour l’interdire.
203
Les fondements du droit musulman
Détails
Exemples :
- L’analogie construite sur la libération d’une partie d’une personne
captive, par l’un des deux associées, engendre nécessairement la
libération de l’ensemble de la personne. Celui qui l’a libérée com-
pensera son associé, sur ses propres biens, pour sa part non libérée.
- La libération des femmes captives, par analogie à celle des hommes
captifs, stipulée dans le Texte, a pour cause le désir de liberté commun
aux deux ; le Législateur a, Lui-même, loué cette démarche pour
abolir l’esclavagisme.
Il n’y a pas de différence dans la captivité. Le Législateur ne prend
pas en considération le sexe dans l’acte d’affranchissement des captifs.
204
Les fondements du droit musulman
205
Les fondements du droit musulman
206
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- L’analogie concernant an-nabbâch (le déterreur de morts pour les
voler) à qui, on applique la peine légale du vol. La cause commune
est le vol des biens privés cachés.
- L’analogie qui sanctionne l’homosexualité sur base de la fornication.
La cause commune est la pénétration (al îlâj).
- L’analogie, entre l’homicide avec préméditation et l’homicide invo-
lontaire, pour permettre le paiement de la diyya (le prix du sang),
au lieu de la peine de mort. La cause commune est la mort affligée
à la victime.
B- Les Hanafites ne permettent pas l’Analogie dans ces domaines de
la Loi, tout comme pour les questions dogmatiques et cultuelles.
Les Hanafites ont justifié leur position sur la mise en évidence de
la valeur probante des sentences issues de l’Analogie. On ne peut pas
se baser sur le probant, disent-ils, pour fixer des sentences pénales,
dont les accusations peuvent être mises en cause par le moindre doute,
tel que l’a spécifié le Messager de Dieu (r), qui a dit : « Repoussez
l’application des peines légales, dès qu’il y a un moindre doute. »
Rapporté par Ibn‘Adiy, d’après Ibn Mas’oûd)
C- Les Malikites, certains Hanafites et les Chafi‘îtes et un grand
nombre de Ahl Al Ousoûl, se sont opposés à ce que les empêche-
ments à l’application d’une sentence (al mawâni‘), la cause d’une
sentence* ou sa condition soient fondés sur l’analogie.
D’autres savants (Hanafites, Chafi‘îtes et Hanbalites) ont permis
ce genre d’analogie, et ont proposé des exemples, tel que l’Analogie
établie sur la propreté du lieu, condition de la validité de la prière, pour
exiger la propreté de la protection (as-soutra).
* Note : Il n’est pas question, ici, de la cause « al ‘illa », mais de la règle
stipulative (houkm wad‘î), qui s’appelle aussi as-sabab.
207
Les fondements du droit musulman
Remarque
Le débat diverge sur les noms issus des sens. Certains le permettent,
et d’autres s’y opposent.
- Concernant les questions d’usage (al ‘âdât), les savants sont unanimes
à refuser de prendre en considération l’habitude d’une personne,
des critères physiques ou caractériels propres à la personne comme
références analogiques. Car elles sont imprécises et peuvent ne pas
se reproduire chez une autre personne.
Rappelons que l’analogie correcte nécessite une précision dans le
qualificatif commun : al ‘illa. Ceci est impossible à obtenir dans ce
domaine.
208
Les fondements du droit musulman
Exemple :
On ne peut définir la durée minimale ou maximale des menstrues ou
des lochies d’une femme sur la base d’une analogie établie sur leur
durée chez une autre femme.
Choix d’illustrations :
1. La remise en cause de la présence du houkm dans la question prin-
cipale (al asl) ou l’opposition contre l’existence du houkm dans al far‘.
Exemples :
- L’opposition des Malikites et des Zahirîtes contre l’avis des Chafi‘îtes
qui confirment, par analogie, l’obligation de laver l’ustensile si un
porc vient s’y abreuver ou le lécher.
Le hadîth de l’obligation du lavage de l’ustensile après le léchage
d’un chien (Rapporté par Mouslim).
Les Malikites et les Zahirîtes s’opposent à la sentence de l’obliga-
tion du lavage de l’ustensile à cause du chien. C’est que le lavage à sept
reprises de l’ustensile, disent-ils, est exigé uniquement par dévotion en
exécution de l’ordre du Prophète (r). Dire que le lavage est obligatoire
209
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Les Chafi‘îtes et certains Malikites affirment que le respect de l’ordre
(at-tartîb) dans les ablutions est obligatoire. Ils ont exigé l’ordre par
analogie sur la prière.
Les Hanafites et certains Malikites se sont opposés à cette affirma-
tion, considérant que la ‘illa citée pour le renouvellement des ablutions
et l’exigence de l’ordre, n’existe pas dans le cas principal de la prière.
L’incident (al hadath) n’invalide pas la prière, il invalide uniquement la
tahâra, qui par son invalidité a engendré l’invalidité de la prière.
- L’opposition quant à l’existence de la ‘illa dans le cas secondaire (al
far‘).
Exemple :
- Les Malikites permettent le louage (al ijâra) du service d’une
personne pour qu’elle accomplisse le pèlerinage à la place d’une
personne morte. Ils ont dit que le pèlerinage était un acte que l’on
pouvait faire à la place de quelqu’un d’autre, donc par analogie, le
louage de ce service est permis, comme il est permis pour la loca-
tion du service d’un couturier.
- Les Hanafites s’opposent à cette analogie parce que la cause (la
location du service) est inexistante dans la question du hajj.
210
deuxieme
partie
LES SOURCES
DE LA RÈGLE
DE DROIT SUJETTES
AUX DIVERGENCES
Les fondements du droit musulman
L’APPRÉCIATION
DE L’ÉRUDIT
AL ISTIHSÂN
L’appréciation de l’érudit ou le Rationnel spontané, est basé sur le prin-
cipe de l’équité et la recherche de l’intérêt pour les gens (al maslaha).
Définitions
Définition littérale
Ce terme est calibré suivant le mode de « istif‘âl » : istihsân. C’est un
dérivé du terme « al housn » : ce qui est jugé beau : le beau ou le bon.
On dit en arabe : « istahsana kadhâ : ‘addahou hasan, i‘taqadahou
hasan : le fait de considérer telle chose bonne ou appréciable. Il croit
que c’est quelque chose de bon. Il est quasi sur, mais pas sur et certain.
Ceci se dit d’une opinion, d’un avis ou de quelque chose : « istahsana
al qawla, ar-ra’ya, at-ta‘âma, ach-charâba : il l’a jugé bon, il a apprécié :
le discours, l’opinion ou l’avis, la nourriture ou la boisson.
Dans le saint Coran, il y a, en effet, l’utilisation de ce terme selon
le sens littéraire, telle que la Parole d’Allâh (U) : ( Annonce la bonne
nouvelle à Mes serviteurs ; ceux qui prêtent l’oreille à Mes Paroles,
puis suivent ce qu’elles contiennent de meilleur…. : fabach-chir ‘ibâdi
al-ladhîna yastami‘oûna al qawla fayattabi‘oûna ahsanahou… )
(Ste 39/V.17-18)
Dans la Sounna, ce terme a été utilisé aussi. Le Prophète (r) a dit :
« Ce que les Musulmans jugent, qu’il est bon (hasan), il est bon (hasan)
aux « Yeux » d’Allâh (U). » (Rapporté par l’imâm Ahmad)
Chez les juristes, on trouve une utilisation du terme « istihsân »,
selon le sens littéral.
213
Les fondements du droit musulman
On dit, par exemple : « les fouqahâ’ ont trouvé bien (hasan) ou ils
ont apprécié, que le prix du bain public ne soit pas évalué, proportion-
nellement à la quantité d’eau utilisée : istahsanoû doukhoûl al hammâm
min ghayri taqdîri ‘iwadî al mâ’. »
Définition Conventionnelle
- L’imâm Aboû Al Hassan Al Karkhî a donné la définition suivante
de l’istihsân : « C’est l’application à un cas juridique semblable à
une autre, une solution différente de ce que l’analogie stipule, et
ce pour des raisons de justice et d’équité. » (Réf : Charh Ousoûl Al
Bazdawî. Tome 4, page 3)
- As-Sarkhasî propose la définition suivante : « Al Istihsân consiste
à écarter la solution qui découle d’une analogie correcte, au profit
d’une autre solution considérée plus apte à répondre aux besoins
du bien commun (al maslaha al ‘âmma). » (Réf : Al Mabsoût. Tome 10,
page 145)
Donc, on ne peut parler d’istihsân qu’à la suite d’une analogie.
- Ibn Al ‘Arabî, juriste malikite, a dit : « L’appréciation consiste à
délaisser le résultat soutenu par la preuve, et se permettre de ne pas
l’adopter, à cause d’une opposition entre la règle prouvée et une
autre preuve dans certaines de ses exigences. Et ce délaissement est
de différentes sortes :
- un délaissement du résultat de l’analogie, pour l’usage (al ‘ourf) ;
- un délaissement en faveur d’un Consensus (al ijmâ‘) ;
- un délaissement du à un intérêt (al maslaha) ;
- un délaissement pour faciliter ou repousser une difficulté. »
L’appréciation de l’érudit est une forme d’analogie latente en faveur
de laquelle on a délaissé le résultat d’une analogie explicite pour une
raison d ‘intérêt, appréciée par l’érudit.
214
Les fondements du droit musulman
La prise en considération
de l’Appréciation
Houjjiyyat Al Istihsân
215
Les fondements du droit musulman
216
Les fondements du droit musulman
217
Les fondements du droit musulman
pour le bain, et non pas par rapport à la quantité d’eau usée, ni par
rapport au temps passé dans le bain.
Par Analogie : Le fait de remettre l’analyse et la prise en considéra-
tion des serments aux usages établis…
218
Les fondements du droit musulman
219
Les fondements du droit musulman
Remarque :
Malgré toutes ces objections de l’imâm Ach-Châfi‘î, nous constatons
que les érudits de l’école chafi‘îte ont eu recours à cette source pour
solutionner certains problèmes.
- Parmi les arguments des opposants, l’attitude des Compagnons
(Qu’Allâh soit satisfait d’eux), qui ne se sont jamais permis d’ap-
précier sans preuve une quelconque règle. Ils étaient stricte dans
leur recours aux Textes ou à applique la règle de la similitude
(l’Analogie).
Même Mou‘âdh (Qu’Allâh soit satisfait de lui), quand il a été inter-
rogé par le Prophète (r) sur sa règle de conduite face aux nouvelles
questions, il a parlé d’ijtihâd, et non pas d’appréciation.
220
Les fondements du droit musulman
Il apparaît que la divergence entre les deux tendances, est une diver-
gence au niveau des termes.
Ainsi Al Qaffâl le chafi‘îte a dit : « Si l’appréciation consiste à se
prononcer sur la base d’une appréciation par goût et sans argument à
l’appui, elle est jugée invalide et rejetée. Personne parmi les érudits ne
l’accepte, et n’a agit dans ce sens. Mais si al istihsân, c’est le fait de se
détourner d’une sentence vers une autre, car la preuve et l’argument
sont plus forts, cette forme d’appréciation, personne ne l’a remise en
cause et ne s’en est détournée. » (Réf : Ach-Chawkanî : Irchâd al fouhoûl, page
212. Voir aussi : At-Taftazânî : At-Talwîh. Tome 1, pp : 81-82)
Malgré ce débat, nous constatons qu’Al Istihsân a été pratiqué
par tous les imâm. Le recours à Al Istihsân n’est pas l’exclusivité des
Hanafites. Il paraît que la position des Hanafites vis-à-vis d’al istihsân,
ainsi que des formulations de leurs imâms, qu’ils ne considèrent pas
l’istihsân une source indépendante de la règle de Droit, mais il s’agit,
plutôt, d’une voie d’exception dépendante de l’analogie légale. Il est
comme des rênes à l’analogie, cat ils craignent, qu’à force de se fieur et
de s’aligner sur les résultats de l’analogie, en toute situation, que cela
ne mène à voiler une des finalités essentielles de la Loi : la facilité et la
recherche de l’équité et de l’intérêt.
En vérité, toutes les écoles et les imâms ont usé de l’istihsân. Al
‘Amidî (chafi‘îte) a rapporté, dans son ouvrage ‘Al Ihkâm fî ousoûl al
ahkâm’, un certain nombre d’avis juridiques de l’imâm Ach-Châfi‘î,
émis sur la base d’Al Istihsân. Limâm Ach-Châfi‘î s’oppose, en vérité,
à l’ijtihâd par le biais de l’Isithsân, qui ne se réfère pas à un texte solide
et aux preuves qui conviennent.
221
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Les Hanafites se sont prononcés sur la pureté du restant du breuvage
(sou’r) des rapaces, tels que : le vautour, l’aigle ou le corbeau…
Suivant le raisonnement analogique, on devrait se prononcer pour
leur impureté par analogie sur le sou’r des fauves et des carnivores, à
l’exemple du : lion, le loup ou les guépards. Car la sentence concernant
le sou’r, suit la sentence prononcée au sujet de la chair de ces bêtes.
C’est-à-dire : toutes les bêtes dont la chaire est illicite à la consomma-
tion, le restant de son breuvage l’est aussi. Puisque la salive de ces bêtes
se mélange avec l’eau, engendrant ainsi sa souillure, d’où l’interdiction
de se servir de leur sou’r.
Mais par appréciation, on n’a pas suivi le résultat de l’analogie, car
les rapaces boivent avec leur bec, qui est un os sec. En plus l’os du mort
est jugé pur, à fortiori celui du vivant l’est aussi. L’eau n’est pas souillée
à la rencontre du bec. Par là, on lui accorde le même statut que le sou’r
de l’être humain. Cependant, l’utilisation de leur sou’r (le restant de leur
breuvage) est jugé makroûh (répréhensible), car les rapaces consom-
ment de la charogne, il y a un risque que leur bec ne soit souillé.
Nous constatons, par cette illustration, que l’appréciation, qui est
une analogie latente dans cette question, est plus évidente que l’analo-
gie normale. (Réf : As-Sarkhasî : Al Ousoûl, Tome 2, page 203)
Dans le premier cas, Al istihsân est donné prioritaire par rapport à
l’Analogie
222
Les fondements du droit musulman
2 : Istihsân dont l’effet est évident, mais les effets négatifs cachés
Dans ce ca, la priorité est accordée à l’analogie
Remarque :
La prise en considération d’Al istihsân n’est pas tributaire de son évi-
dence, mais par rapport à ses effets.
223
Les fondements du droit musulman
récitation coranique, sur celle de la prière, est une analogie avec diffé-
rence (qiyâs ma‘a al fâriq). Car l’inclinaison et la prosternation, dans la
prière, ont exigé individuellement par une demande spécifique, ce qui
n’est pas le cas de la prosternation de la récitation, qui a pour finalité
la glorification d’Allâh (U) qui peut être exprimée par tout ce que le
Législateur a appelé acte de dévotion, y compris l’inclinaison. (Réf :
As-Sarkhasî : Al Ousoûl)
Exemple :
Le testament est légiféré par appréciation (istihsânan), alors que le rai-
sonnement analogique la rejette. Car le testament (al wasiyya) signifie,
la validité des agissements du défunt sur ses biens, alors que la mort
met fin, légalement, à ce droit, et c’est Allâh (U) qui dispose de ses
biens puisqu’Il a fixé la répartition par le biais de toutes les sentences
se rapportant aux successions. Cependant, le Texte, lui-même donne
appui à cette appréciation, qui permet au défunt de céder, après sa
mort, une part de ses biens à d’autres personnes que les héritiers légaux.
Allâh (U) : ( …Mais s’il a des frères, à la mère alors le sixième de ce
qu’il laisse, après exécutions du testament qu’il aurait fait ou paiement
d’une dette… ) (Ste 4/V.11)
224
Les fondements du droit musulman
Le Prophète (r) a dit : « Allâh vous a fait don d’un tiers de vos
biens. » (Rapporté par Ibn Mâjah)
Si nous nous appliquons à une application stricte de l’analogie, ce
testament est caduc et ne peut être pris en considération, mais l’énon-
ciation par le Législateur du testament permet à l’érudit par appré-
ciation de valider le testament en s’appuyant sur les Textes de la Loi
(Coran et Sounna).
Exemples :
- La fixation du prix du bain public par appréciation sans tenir compte
ni de la durée, ni de la quantité d’eau utilisée.
L’analogie rendrait cette disposition illégale due à l’ignorance et
au risque éventuel subi par le propriétaire. Mais cette sentence a été
délaissée par appréciation unanime, car les gens ont pris l’habitude
d’agir de la sorte, cela offre plus de facilité.
- La validité du contrat d’al istisnâ‘ : il s’agit d’un contrat ayant pour
sujet la fabrication d’un produit dont les éléments et les caractéris-
tiques, le prix ont été définis, sans avoir défini dans le temps la date
de la livraison. Selon l’analogie ce contrat est invalide, car l’objet du
contrat (le vêtement ou le produit) est inexistant au moment de la
conclusion du contrat.
Cette transaction est validée par istihsân, car l’unanimité est établie
à son sujet depuis toujours sans qu’il y ait eu contestation ou mise en
cause.
225
Les fondements du droit musulman
Exemple :
La permission recourir à la levée d’une impureté des puits ou des bas-
sins par vidange.
L’analogie exige que l’on vide totalement ces lieux suite au contact
avec la souillure, car on en peut obtenir une purification de ces lieux
par le vidange ou en déversant de l’eau pure. La vidange d’une partie
de cette eau ne lève pas la souillure qui a affecté le restant, mais vu le
besoin de l’eau et sa rareté dans certaines régions, les érudits ont, par
appréciation et par nécessité, la purification de ces lieux par ce moyen,
car la nécessité a un impact juridique direct dans la suspension ou la
levée de la sentence légale.
Exemple :
Ce genre d’appréciation intervient dans tout ce qui est communément
établi par usage dans les habitudes des gens, qui pare principe s’oppose
à une analogie ou à une règle de base.
Exemples :
- Le fait de mettre en waqf ou houbous le mobilier malgré l’inexistence
d’un texte en la matière, mais les gens ont coutume de le faire.
- Celui qui jure de ne pas consommer de la chair (lahm : viande), puis
consomme du poisson. Le saint Coran a appelé le poisson : de la
chair (viande).
Allâh (U) dit au sujet de la mer : ( …Cependant de chacune vous
mangez une chair fraîche… ) (Ste 35/V.12)
Par appréciation, et selon l’usage, cette personne n’est pas assujettie
à l’expiation, car les gens dans leurs usages n’appellent pas le poisson :
lahm (viande).
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
- La sentence prononcée engageant la responsabilité du couturier,
du teinturier ou d’autres corps de métier. La personne est garante
(dâmin) du bien qui lui a été livré pour confection ou fabrication,
en cas de perte, de destruction d’altération ou de dommage. Cette
sentence est prononcée en opposition à la règle issue de l’analogie
qui lève toute responsabilité qu’en cas de négligence ou non-respect
des règles.
Par appréciation, les érudits ont institué l’obligation de la garantie
qui incombe à ces hommes de métier, et ils ne sont dégagés de toute
responsabilité qu’en cas d’incidents généralisés ou de forces majeures :
incendies graves ou intempéries généralisés.
Les érudits se sont détournés de la sentence issue de l’analogie pour
protéger les biens des gens, et à cause de la multiplication de délits et
la propagation de ce phénomène en société.
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des biens offerts pour Allâh (U) : aux nécessiteux. Par le versement
de la totalité des biens, la personne s’est acquittée de la part obli-
gatoire qui ne représente qu’une petite partie de l’ensemble donné.
Il n’y a pas donc besoin de mentionner (la part de la zakât) avec
précision pour le singulariser.
- Ach-Châfi‘î et Ahmad ne le dispense de la zakât, car il n’a pas
spécifié la part obligatoire. L’imâm An- Nawawî a dit : « Il n’a pas
formulé l’intention de l’acquittement de l’obligatoire, à l’exemple
de celui qui accomplie cent raka‘ates surérogatoires, sans formu-
ler l’intention de l’acquittement de la prière prescrite, il en reste
redevable. »
7 : L’imâm Mâlik, par appréciation, accorde le droit à la chouf‘a (droit
de reprise) à pour la personne qui a été chargée de gérer une terre
(al ‘âriya) sans pour autant qu’elle soit sous sa propriété.
8 : L’imâm Ach-Châfi‘î a fixé, par istihsân, la valeur de la mout‘a accor-
dée à la femme à la suite du divorce, à 30 dirhams, et que pour la
chouf‘a, la période d’intercession soit de 3 jours.
9 : Les Imâms ont divergé au sujet du brigandage quand il a eu lieu
à l’intérieur de la cité ou dans ses environs, doit-on l’assimiler au
banditisme ?
- L’imâm Mâlik, l’imâm Ach-Châfi‘î et la grande majorité des
Compagnons de l’imâm Ahmad, que le banditisme à l’intérieur
des cités ou dans le désert ou sur les chemins sont tous assimilés
au même délit et sa sanction est la même appliquée pour al hirâba
(le brigandage)). (Voir Ibn Rouchd : Bidâya, tome 2, page 445 ; Ach-Châfi‘î :
Al Oumm, tome 6, page 140 ; Ibn Qoudâma : Al Moughnî, tome 4, page 319)
- Quant à l’imâm Aboû Hanîfa et l’imâm Ahmad, par Istihsân, ils
ont fait la distinction entre le brigandage des grands chemins et celui
commis dans les cités. Car disent-ils, en ville il y a la possibilité de faire
appel à l’aide des autorités et le risque est moindre et les conséquences
sont moins graves. Pour cela on les assimile à des voleurs et non pas à
des brigands.
10 : Exemples de l’usage de l’Istihsân chez l’imâm Ahmad :
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Les fondements du droit musulman
Conclusion
Al Istihsân n’est pas une source de la règle de Droit indépendante, car
ses sentences se fondent en principe sur une analogie (qiyâs) implicite
(khafiy) à laquelle on donne la priorité sur une analogie explicite (jaliy)
ou évidente. En vérité, il s’agit de l’application de la règle d’al istithnâ’
(l’exception) de la règle commune ou universelle à cause d’un intérêt
commun recherché.
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Les fondements du droit musulman
LE PRINCIPE DE L’INTERÊT
RELÂCHE
Al Istislâh
Ou Al Maslaha Al Moursalah
Dénomination
- Ibn Al Hâjib a désigné cette source par le terme : al mounâsib al
moursal. C’est-à-dire : l’élaboration de la règle sur la base du quali-
ficatif qui lui convient, à savoir, dans ce sujet : la notion de l’intérêt.
- Aboû Hâmid Al Ghazâlî : al istislâh.
- Al Jouwaynî (imâm Al Haramayn) : al istidlâl.
- Az-Zarkachî : al istidlâl al moursal
- Ibn Rouchd l’a nommé pour sa part : al-qiyâs al-moursal.
- Certains savants l’ont nommé : Qiyâs al-maslaha.
Historique
On considère historiquement que les Malikites sont les inventeurs du
principe d’al maslaha al moursalah et de ce terme, quand le besoin s’est
fait sentir dans l’argumentation légale par d’autres procédés, et quand
l’ijtihâd ne pouvait pas se justifier par l’analogie en l’absence totale de
textes légaux.
Ensuite vint l’Imâm Aboû Hâmid Al Ghazâlî, au 5ème siècle de l’Hé-
gire, et il a inventé, dans son ouvrage, Al Moustasfâ, d’autres termes
conventionnelles, à l’exemple du terme : al istislâh, pour désigner al
masâlih al moursalah. Cheykh Az-Zarqâ’ a dit, à son sujet, qu’il s’agit là
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Les fondements du droit musulman
d’un terme bien choisi pour désigner cette source. (Voir. M.Az-Zarqâ’ : Al
Istislâh wal masâlih al moursalah. Page 59)
Les Hanafites n’ont pas effectué des recherches objectives au sujet
des masâlih al moursalah, avec une méthodologie précise et évidente,
qui permet au chercheur de bien délimiter leur position. Ils ont fondé
leur fatâwâs essentiellement sur l’appréciation de l’érudit (al istihsân).
(Réf : M.Az-Zarqâ’ : Al Istislâh wal masâlih al moursalah, page 59)
Les Hanafites ont jugé al maslaha al mourslah, comme une part de
l’Istihsân. C’est ce qu’ils ont nommé, dans leur division de l’Istihsân :
Istihsân ad-daroûra (appréciation pour cause de nécessité).
Quant aux Malikites, ils ont défini la théorie de la maslaha al mour-
salah et lui ont accordé une dimension plus générale qu’al istihsân. Car
al istihsân, selon eux, n’est qu’une exception de l’analogie, quand l’in-
térêt exige de s’en éloigner (l’analogie) pour éviter le problème qu’elle
cause (l’analogie), dans certaines situations.
Ainsi, nous constatons que les Malikites ont considéré al masâlih
al moursalah comme une source indépendante. L’imâm Mâlik était le
leader des érudits et juristes qui recouraient en fréquence au principe
de l’Intérêt relâché.
Définitions
Définition Littérale
Ce terme est synonyme au terme : manfa‘a.
Il sous entend tout ce qui peut être source de bien et d’utilité (naf‘).
On dit que l’on juge quelque chose utile ou bénéfique : istaslaha telle
chose : c’est-à-dire : la juger bonne et utile.
Ainsi tout ce qui peut être utile ou qui contient une utilité ou
peut être source d’utilité, s’appelle : maslaha. (Réf : Dr Mouhammad Sa‘îd
Ramadân Al Boûtî, Dawâbit al maslaha, p 23)
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Les fondements du droit musulman
Pour Ibn Manzoûr, toute chose qui contient un bienfait soit par
l’acquisition et la mise en pratique d’une action ou en repoussant et
en préservant d’un dommage et d’une nuisance, mérite d’être appelé :
maslaha. (Voir : Ibn Manzoûr : Lisân al ‘Arab, article : salaha).
Il apparaît, de point de vue langue, qu’al maslaha et al istislâh sont
synonymes, puisqu’ils indiquent, tous deux, tout ce qui peut être utile
et favorable, ainsi il y a opposition entre leur signification et la signifi-
cation du terme : mafsada et madarra : nuisance et le dommage.
Définitions Conventionnelles
«C’est un principe général, qui consiste à réaliser l’intérêt et à repousser
la nuisance (ou le dommage).» (Réf : Aboû Hâmid Al Ghazâlî : al Moustasfâ)
« C’est la prise en considération de l’intérêt (al maslaha) des gens
et la réalisation de la justice. » (Réf : Ibn Rouchd : Bidâyat, tome 1, page 284)
Pour Mouhammad Sa‘îd Ramadân Al Boûtî, al maslaha (l’intérêt)
que le Législateur Sage vise, c’est celui qui a pour but de sauvegarder
la religion des gens, leur vie, leur raison, leurs descendances et leurs
biens, et repousse tout ce qui peut les mettre en cause.» (Voir : Dawâbit
al maslaha)
Nous constatons que le Dr El Boûtî s’intéresse, à travers cette deu-
xième définition qu’il nous propose, à un type d’intérêts : les cinq uni-
versaux (al koulliyyât al khams).
Le cheykh Abd Al Wahhâb Khallâf, dit qu’il s’agit, là de l’un des
moyens de législation les plus fertiles là où il n’existe pas de texte. (Réf :
Ousoûl al fiqh. Texte arabe; page 386)
Donc, al istislâh ou al maslaha al moursalah, c’est le fait d’utiliser
comme argument (dalîl), les «intérêts courants ou relâchés», qui ne
sont ni interdits ou refusé, ni autorisés par aucun Texte légal.
Il s’agit d’un intérêt qui veille à préserver les finalités de la Loi, confor-
mément à la définition de l’intérêt légal (al maslaha ach-Char‘iyya).
Ainsi, il apparaît de cet échantillon des définitions des Ousoûliyyoûn,
que l’on ne peut considérer maslaha, tout intérêt supposé, mais qui ne
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Les fondements du droit musulman
cadre pas avec la règle de l’intérêt tel qu’il est défini par la Loi ; tout ce
qui ne va pas dans le sens des objectifs définis par la Loi ; tout intérêt
tiraillé entre des Textes qui prouvent sa non prise en considération
ou sa prise en considération par Le Législateur ; tout intérêt à lequel
s’oppose un Texte légal ou une analogie correcte. Dans tous ces cas, il
ne s’agit plus d’un intérêt relâché selon les définitions précitées.
La prise en considération
de l'Intérêt relâché
Houjjiyyat Al Istislâh
Nous avons recensé trois tendances :
Cependant, il y a unanimité qu’on ne peut recourir à al Istislâh pour
fixer les pratiques du Culte, les peines légales, les actes d’expiation, les
prescriptions légales et tout ce qui a été déterminé par La Loi.
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Arguments rationnels
Cette tendance appuie sa thèse par le fait que toutes les règles légales
ont été légiférées dans le but de préserver ou de réaliser l’intérêt des
gens. Lorsqu’on est en présence d’un Texte légal, un Consensus ou une
Analogie, la règle de l’intérêt est omniprésente, et dans ce cadre légal,
la priorité est accordée à la règle légale issue de ces Sources. Mais lors-
qu’on se trouve devant des situations où il y a absence de règles issues
des Sources, et que l’on a une certitude rationnelle qu’il y a intérêt de
se prononcer d’une certaine manière, cette certitude est requise et sert
de base pour justifier la sentence. En l’absence de Textes légaux, la prise
en considération de la source probante (al maslaha al moursalah) est
requise par Allâh (U), car là où il y a un intérêt, il y a la Loi d’Allâh
(U). (Réf : Abd Al Wahhâb Khallâf, Masâdir At-Tachrî‘..., page 90)
Les supporters de l’intérêt relâché, insistent sur le fait, que bien
qu’on ne recourt à ce principe, qu’en l’absence d’un Texte, ce genre d’in-
térêt n’est considéré que par rapport à la catégorie générale ou genre (al
jins) : al masâlih, à laquelle il appartient, ce qui veut dire, que quelque
part, il a également un fondement dans les Textes légaux.
Autres arguments
- Les changements survenus dans la vie des gens et les différences
entre les époques, les lieux et les circonstances nécessitent diffé-
rentes appréciations. Les érudits sont obligés de prendre en consi-
dération ces changements en recourant au principe de l’intérêt
indéterminé pour résoudre les problèmes des gens, qui risque, en
l’absence d’une telle démarche, de devenir difficile et insuppor-
table, alors que la Loi est sensée être capable de résoudre tous les
problèmes en toute époque et en tout lieu !
- L’intérêt indéterminé ou relâché, fait partie des finalités de la Loi
(maqâsid Ach-Charî‘a), qui a pour principe la continuité de l’ijtihâd
et la réalisation des intérêts des gens.
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gie) qui, par nature, nécessite un lien très proche avec le texte afin
d’en extraire la raison d’être (‘illa) sur laquelle repose le raisonnement
analogique.
Selon Al Isnawî : « Al Ghazâlî, ne prend en considération, al mas-
laha al moursalah, que si elle est nécessaire, globale (générale) et caté-
gorique.» (Réf : Charh as-Sou’l ‘alâ al Minhâj, tome 3, page 136)
Al Ghazâlî ne juge pas al maslaha al moursalah comme étant une
source indépendante, mais plutôt, al masâlih ne sont sujets d’ijtihâd
qu’en cas de nécessité, et en ayant pour appui les Textes de la Loi. Car
seul les Textes (Coran et Sounna) et le Consensus, peuvent indiquer
les Objectifs de la Loi. Celui qui ne s’appuie que sur le principe de
l’intérêt sans appui de la Loi est dans l’erreur, dit Al Ghazâlî.
Pour Al Ghazâlî, celui qui apprécie (istahsana), il légifère (charra‘a),
celui qui prend en considération al istislâh, il explicite la Loi (charaha).
A partir de là, nous pouvons dire qu’Al Ghazâlî suit la méthode de
l’imâm Ach-Châfi‘î et s’aligne sur sa position, mais d’un autre côté il
fait partie de la Majorité, puisqu’il confirme al maslaha al moursalah.
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At-toûfî et sa théorie
Son nom est Najm Ad-Dîn Aboû Ar-Rabî‘ Soulaymân Ibn ‘Abd Al
Qawiy Ibn ‘Abd Al Karîm At-Toûfî As-Sarsarî, juriste, il était de ten-
dance hanbalite. Il est né dans le village de Toûf ou de Toûfâs en l’an
656H, de la région de Sarsar en Irâk. Il est arrivé à Baghdâd en l’an
691H, puis il l’a quitté pour Damas en l’an 704H. Il a visité l’Egypte
et s’était installé pour quelque temps dans les Lieux saints (Mecca et
Médine). Il est mort dans Al Khalîl, en Palestine en l’an 716H.
Il a suivi l’enseignement d’un nombre important de machâyikhs et
devenu une référence en Sciences du Coran, le Hadîth, Al Ousoûl, Al
Fiqh, la langue arabe et la littérature.
La doctrine de At-Toûfî se résume au fait de favoriser l’intérêt sur les
Textes légaux, excepté dans le culte et les règles fixées par le Législateur
quantitativement. Il proclame que les intérêts islamiques sont plus
forts comme preuves et sont capable d’outrepasser des Textes légaux et
le Consensus. La raison est capable, toute seule, de cerner al maslaha
et le mal dans le domaine des mou‘âmalât (les relations sociales). On
peut dire que cet avis est très proche de celui des Mou‘tazilites, si ce
n’est pas le même !
L’expérience et l’usage permet à la raison de mieux définir al mas-
laha que les Sources légales !
Cette tendance de At-Toûfî s’oppose à l’avis de la Majorité des
savants, qui affirme que l’intérêt et le bien, et en opposition le mal et
la nuisance, ne peuvent être connus sans l’appui des Textes de la Loi,
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Détails :
1 : Si al-maslaha se fonde sur une indication textuelle (donc extraite
du Coran ou de la Sounna ou du Consensus), on l’appelle maslaha
mou‘tabara (accréditée) et sa prise en compte ne peut pas être discutée.
A l’exemple des cinq universaux (al koulliyyât al khams) et les sentences
qui ont été prescrites pour leur préservation.
2 : Si, au contraire, la maslaha invoquée est en contradiction avec un
texte indiscutable (nas qat‘î), on l’appellera moulghât (discréditée) et
elle ne pourra être prise en compte. Elle est n’est pas réelle (haqîqiyya),
mais supposée (wahmiyya). Tels que la répartition en parts égaux de
l’héritage entre femmes et hommes, au nom de l’égalité, autrement que
ce qui a été stipulé par la Loi (Voir Ste 4/V11).
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soit pas basé sur les désirs, la mauvaise conception, l’imaginaire, les
intérêts personnels etc.
Il est important de signaler ici, que les jugements basés sur l’inté-
rêt, demeurent tant que l’intérêt existe. S’il disparaît, le jugement doit
changer en conséquence, parce que le jugement dépend de sa cause.
La très grande majorité des Ousoûliyyoûn s’accordent à dire qu’il
n’y a pas d’ijtihâd (donc, ni maslaha, ni istislâh, ni qiyâs, ni istihsân
et ni besoin d’ijmâ‘) en ce qui concerne le culte (al-‘ibâdât), dont les
prescriptions et les modalités nous sont connues grâce à la Révélation
et doivent être appliquées telles qu’elles ont été révélées au Prophète
(r) et enseignées et expliquées par lui. De même, lorsqu’il existe dans
les sources des injonctions claires et détaillées (seules peu de prescrip-
tions correspondent en fait à ce critère), celles-ci doivent être appli-
quées (sans que soit négligée, bien entendu, une vision d’ensemble des
objectifs du droit islamique et de la situation sociale, comme nous
l’expliquons).
1-Les Malikites, les Hanbalites, Aboû Yoûsouf et Mouhammad :
l’ouvrier ou l’artisan est toujours garant du produit qu’on lui confie.
Cette disposition est prise par crainte, que si on limitait leur respon-
sabilité aux cas de négligence, il y aura le risque de porter atteinte aux
biens d’autrui. L’imâm Mâlik s’est basé dans cet avis sur le principe de
l’intérêt relâché. En vérité, l’objet détruit entre les mains de l’artisan,
à l’origine, celui-ci n’en est nullement responsable conformément à
la Sounna du Prophète (r). Mais compte tenu, que les artisans sont
devenus très négligents et ne sauvegardent plus les droits des gens,
l’imâm s’est prononcé autrement dans le but de préserver les droits.
Quant à l’imâm Ahmad et Aboû Yoûsouf et Mouhammad, qui par-
tagent la même opinion que l’imâm Mâlik, ils se sont appuyés sur l’avis
des Compagnons sur cette question.
2-L’imâm Mâlik a jugé que le gage déposé par l’endetté sera considéré
comme un dépôt (al amânah), s’il s’agit d’un bien dégradable dont
on connaît la nature, et c’est un gage dont il est garant de la valeur,
s’il s’agit d’un bien dont il ignore la dégradation. L’avis des Malikites
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LA PRÉSOMPTION DE
CONTINUITÉ DE LA RÈGLE
Al Istis-HÂb
Introduction
Al Istishâb c’est une procédure juridique (que l’on peut désigner comme
étant la “présomption de continuité”) qui consiste à conserver le carac-
tère juridique déjà établi d’une action/chose en raison de l’absence d’un
quelconque argument permettant de déterminer un changement de
statut.
L’Istishâb, c’est-à-dire le principe qui traite de l’état d’une chose,
approuvée ou désapprouvée dans le présent et l’avenir, par référence
au caractère positif ou négatif qu’elle avait dans le passé. Il s’entend à
l’état inhérent à la chose à l’égard de laquelle on recherche le point de
vue de la Loi.
Définitions
Sens propre du terme : «istishâb»
On dit en arabe : istashabtou al kitâb : hamaltouhou souhbatî : je l’ai pris
avec moi. Dans le sens d’al istishâb, il y a l’idée d’une relation inces-
sante : continue, qu’on ne peut défaire, séparer.
Il est question d’istishâb al hâl : lorsqu’on s’attache à une situation
ou à une confirmation sans s’en défaire.
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Les fondements du droit musulman
Définition juridique
D’après Ibn Al Qayyim : « Al Istishâb c’est la continuité de la confir-
mation de ce qui a été affirmé ou de ce qui a été renié jusqu’à ce qu’une
preuve vienne infirmer cette confirmation et indique le changement de
la situation juridique établie. » (Réf : A‘lâm al mouwaqqi‘în, tome 1 page 339)
Ainsi l’istishâb apparaît comme étant une attitude juridique qui
consiste à entériner une sentence confirmée dans un temps postérieur,
tant qu’il n’y a pas de preuve de changement engendrant une modifi-
cation de la règle ou de la sentence en vigueur.
- Selon Ibn Taymiyya dans Ses Fatâwas : « Al Istishâb est la dernière
source de Droit auquel se réfère l’érudit quand il n’y a pas d’autres
arguments légaux. » (Réf : Al Fatâwas al Koubrâ, tome 29, page 116)
- L’imâm Mâlik Ibn Anas a dit : « Une chose garde son statut initial
jusqu’à preuve du changement. » (Réf : Al Qarâfî : At-Tanqîh, page 347)
Il résulte de ses définitions :
Qu’il s’agit d’un moyen ou d’une procédure permettant le maintien
d’une règle de droit ou son infirmation.
I : La Première tendance
Elle qui considère al Istishâb comme une source dans l’absolu de la
règle du Droit, qu’il s’agit d’une affirmation de la règle ou de son
infirmation.
Cet avis est celui de la Majorité, composée essentiellement de
l’imâm Mâlik, les Compagnons de Ach-Châfi‘î, des Hanbalites et des
Zahirites.
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Les fondements du droit musulman
Leurs arguments
A : Les Textes légaux
Le Prophète (r) a dit : « Le Diable vient semer le doute parmi l’un
d’entre vous en lui disant tu as perdu tes ablutions, qu’il ne prenne
pas en compte cela tant qu’il n’a pas entendu un bruit ou senti une
odeur ! » (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
Le Prophète d’Allâh (r) en sa qualité de législateur (moucharri‘)
a pris en considération l’état initial et a prononcé une sentence de la
continuité de l’état de purification, jusqu’à preuve contraire : la perte
des ablutions.
B : Le Consensus (Al Ijmâ‘)
- Ainsi la présomption de continuité de la règle est confirmée dans le
cas où un individu doute s’il a divorcé (verbalement) sa femme ou
non, il y a unanimité que le lien matrimonial n’est pas défait et que
la vie commune continue.
- La règle légale, si elle est confirmée c’est parce qu’elle est bénéfique
et représente un intérêt (maslaha). Il y a unanimité que la maslaha
légale n’est pas limitée dans le temps. Donc, l’ancienne règle est
toujours utile dans l’avenir et son application perdure.
II : La Deuxième tendance
Cette tendance considère la présomption de la continuité de la règle,
comme une preuve dans la négation primordiale (an-nafy al aslî), mais
elle ne peut confirmer une règle légale. C’est-à-dire, qu’elle est accep-
tée comme preuve légale pour nier une nouvelle situation, non pas
pour faire perdurer la prise en considération d’une sentence (règle)
qui engendrera des effets nouveaux : houwa houjjatoun li-addaf‘î lâ
lil-ithbâti.
Cette position est celle de certains Hanafites, comme As-Sarkhasî,
Al Bazdawî.
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
L’épouse du disparu, les Hanafites ont repoussé par le recours à al isti-
shâb, qu’il soit considéré mort, pour qu’il n’en découle pas une nouvelle
règle.
On utilise al Istishâb pour réfuter les dires qui prétendent qu’il y a
un changement de situation : istishâb al hâl.
Leurs arguments
L’effort juridique (ijtihâd) sur la base d’al Istishâb donne lieu à une cer-
titude probante (zann ghâlib). Cette certitude probante n’est pas assez
fort pour lever une règle existante pout instituer une nouvelle. C’est
la raison pour laquelle on lui accorde de l’importance pour repousser
une sentence dans le but de préserver l’existent et pour que les choses
restent comme elles l’étaient. : Inna al istishâba yakf î f î ad-daf‘î wa
baqâ’i mâ kâna ‘alâ mâ kân.
III : La Troisième tendance
Ce n’est pas une source de la règle du Droit, ni pour confirmer (le
maintien de l’application d’une règle), ni pour infirmer la continuité
d’un état juridique. C’est l’avis des Hanafites et de l’imâm Ach-Châfi‘î.
Leurs arguments
- Les actes de purification tout comme les interdits et les obligations
sont tous des sentences légales qui ne peuvent être confirmées que
s’ils sont appuyés par des preuves légales, définis par les Textes de
la Loi : Coran, Sounna ou par le biais du Consensus et l’Analogie.
Al Istishâb n’en fait partie.
- Le fait de s’attacher à Al Istishâb peut mener à une opposition aux
sources de la Loi. Ainsi, par Istishâb, celui qui use du tayammoum,
s’il trouve l’eau refait ses ablutions, mais selon al istishâb, s’il trouve
l’eau alors qu’il est entrain de prier, il arrête sa prière et refait ses
ablutions.
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Tout individu est censé être innocent, non coupable sauf par une
preuve tangible. Il incombe à l’accusateur d’apporter la preuve de la
culpabilité de l’accusé et non pas à l’accusé d’apporter la preuve sur
son innocence.
Un autre exemple si le contractant dans le contrat d’al moudâraba*
affirme ne pas avoir fait de bénéfices, son avis ne peut être mis en
cause jusqu’à la preuve du contraire, car le principe dans un contrat de
moudâraba est l’absence de gain jusqu’à ce qu’il y ai activité et preuves.
* Note :
Al moudâraba est un contrat d’association dans lequel une partie des
associés apporte le capital et l’autre partie y participe par le travail.
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Conclusion
Al Istishâb est, en vérité, le principe qui traite de l’état d’une chose
approuvée ou désapprouvée dans le présent et l’avenir, par référence
au caractère positif ou négatif qu’elle avait dans le passé. Il s’entend à
l’état inhérent à la chose à l’égard de laquelle on recherche le point de
vue de la Loi.
Plusieurs règles du droit pénal et civil sont issues de ce principe,
telles que :
- Le licite (le permis) ne peut être interdit que par une preuve légale
qui prouve le changement de son statut juridique.
- Toute règle qui n’a pas l’objet d’une preuve légale nouvelle, garde sa
sentence initiale.
- La certitude ne peut être annulée que par une preuve aussi sûre et
certaine.
Toute chose que le législateur n’a pas interdit ou a permis, reste
comme telle et garde sa sentence de base, jusqu’à la preuve du contraire.
Chez Ahl Al Ousoûl, la continuité dans la prise en considération du
(sens) générique (al ‘âmm), c’est-à-dire un texte reste général, jusqu’à ce
qu’intervient une spécification (takhsîs).
260
Les fondements du droit musulman
L’AVIS DU COMPAGNON
Qawl As-SahÂbî
Introduction
Les mérites des Compagnons (Qu’Allâh soient satisfait d’eux)
Les savants de l’Islam, parmi nos prédécesseurs pieux se sont tous
accordés à affirmer l’honorabilité à tous les Compagnons du prophète
(r). On ne peut mettre en cause leur honnêteté ni leurs transmissions.
Allâh (U) a fait l’éloge des Compagnons dans de nombreux versets
du saint Coran.
Allâh (U) dit : ( Mouhammad est le Messager d’Allâh ! Ceux qui sont
avec lui (ses Compagnons), sont sévères à l’égard des incroyants, pleins
de compassion entre eux. Tu les vois, en cours de prières, qui s’inclinent
et se prosternent humblement, recherchant grâce et assentiment auprès
du Seigneur. On les reconnaît à ce signe distinctif : la trace de leurs
pratiques pieuses, emprunte sur leurs fronts. Voici dans la Thorah et
l’Evangile la parabole qui les dépeint : tel un grain qui émet ses jeunes
pousses, puis gonflé de sève, se dresse fièrement sur ses tiges, à la grande
joie du laboureur ; tel ils apparaissent dans leur force face aux infidèles
courroucés. A ceux d’entre eux qui croient et font œuvre pie, Allâh promet
pardon et récompense infinie. ) (Ste 48/V18)
Le Messager d’Allâh (r) a stipulé ceci dans le hadîth rapporté
par Al ‘Irbâs Ibn Sâriya, en disant : « Suivez ma Sounna, ainsi que
celle de mes successeurs bien guidés, après moi. Attachez-vous à
elle et maintenez-la ! Et prenez garde à l’innovation ! » (Rapporté par
At-Tirmidhî)
Anas a rapporté aussi que l’Envoyé d’Allâh (r) a dit : « Allâh m’a
élu et a élu pour moi des Compagnons, des frères et des beaux-
parents. Un temps viendra où ils seront insultés et calomniés ; ceux
261
Les fondements du droit musulman
qui feront cela, ne mangez pas avec eux, ne buvez pas en leur com-
39
pagnie, n’en faites pas des parents par Alliance (par le mariage), ne
priez pas sur eux lorsqu’ils meurent, et ne vous joignez pas à eux
pour la prière.» (Rapporté par Al ‘Ouqaylî)
Le Prophète (r) a dit encore : « La meilleure génération (de
l’Islam) c’est la mienne, puis celle qui suivra puis celle qui succédera. »
(Rapporté par Al Boukhârî)
Définitions
A partir des définitions, deux tendances se dégagent :
1 : Définition des savants du Hadîth et des Théologiens scolastiques
(Al moutakallimoûn).
Ils accordent le statut de Sâhib (Compagnon) à tout individu qui a
rencontré l’Envoyé d’Allâh (r) ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, a
cru en lui et est mort musulman.
- Selon Ibn Al Madînî (cheykh d’Al Boukhârî), le Sahâbî (le
Compagnon) est tout individu musulman qui a vu le Prophète
(r), ne serait-ce qu’une fois et pour un laps de temps très court.
Certains savants du Hadîth ont rajouté : sain d’esprit et pubert.
- Aboû Bakr Ibn Fourk a proposé la définition suivante : Il s’agit
d’une personne qui s’est assis en compagnie du Prophète (r), dans
plusieurs réunions privilégiées et ne faisait pas partie des personnes
qui se sont présentées avec les délégations reçues par le Prophète
(r) l’année de la reprise de la Mecque.
- On a interrogé Anas Ibn Mâlik (Qu’Allâh soit satisfait de lui) :
« Es-tu l’un des derniers Compagnons de l’Envoyé d’Allâh (r)
encore en vie ? »
39 Ntr : il est question de toute sorte de boisson permise, et non pas d’alcool.
262
Les fondements du droit musulman
263
Les fondements du droit musulman
264
Les fondements du droit musulman
Traduction :
Celui qui a vu le Prophète tout en étant musulman
et l’a accompagné,
Même s’il n’a pas transmis d’informations d’après lui.
On a dit aussi : c’est celui qui l’a accompagné durant une année et
a participé à des batailles avec lui,
Cet avis est attribué à Ibn Al Mousayyab
On reconnaît à quelqu’un l’accompagnement
par le fait qu’il est reconnu,
Ou par voie de tawâtour et l’affirmation
de l’un de ses compagnons.
Et si celui qui se proclame être Compagnon est un honorable cela
est agréé,
Car tous les Compagnons sont honorables,
Cependant, certains rejettent ceux qui ont participé,
A la grande crise (al fitna), les plus grands rapporteurs sont six
Anas, Ibn ‘Oumar, la véridique (‘Â’icha)
265
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Prise en considération
de l’avis du Compagnon t
Al Âmidî a dit : « Tous les savants sont unanimes que les avis des savants
parmi les Compagnons (Qu’Allâh soit satisfait d’eux) se valent, et on
ne peut réfuter l’avis de l’un d’entre eux par l’avis d’un autre, même s’il
est plus savant ou qu’il soit un imâm, un calife ou un mouftî. Les savants
ont divergé quant à la prédominance de l’avis du Compagnon a prio-
rité sur celui du Tâbi‘î érudits. Les Ach‘arites, les Mou‘tazilites, l’imâm
Mâlik Ibn Anas, Al Fakhr Ar-Râzî, Al Barda‘î (hanafite), Ach-Châfi‘î
dans une de ses opinions, tout ce groupe accordent la priorité à l’avis
du Compagnon sur l’Analogie. Un autre groupe lui accorde unique-
ment priorité en cas d’opposition avec l’Analogie. Un autre groupe le
prenne en considération dans l’argumentation lorsqu’il s’agit des avis
d’Aboû Bakr et de ‘Oumar (Que Dieu soit satisfait d’eux. Ils citent
à l’appui de leur position, le hadîth du Prophète (r), qui a dit : « Je
vous recommande de suivre mes Deux successeurs.. » (Rapporté par
At-Tirmidhî et autres)
Il y a aussi ceux qui limitent cette prise en considération aux Quatre
Califes bien guidés (y), car le Prophète (r) a dit : « Attachez-vous
à ma Sounna et à la sounna des Califes bien guidés après moi. »
(Rapporté par Aboû Dâwoûd, At-Tirmidhî et Ibn Mâjah).
Al Moukhtâr a rejeté l’avis des Compagnons, quant à Al Bazdawî
et As-Sarakhsî (hanafites), ils prennent en considération l’avis du
Compagnon sans restriction. » (Réf : Al Âmidî : Al Ahkâm).
267
Les fondements du droit musulman
La Sounna
Le Messager d’Allâh (r) a dit : « Allâh (craignez-Le) ! Allâh
(craignez-Le) ! En ce qui concerne mes Compagnons ! Ne les
prenez pas pour cibles, après moi ! Celui qui les aime, de mon amour
je l’aimerai; celui qui aura éprouvé de l’inimitié envers eux, ma haine
lui sera accordée. Celui qui leur porte préjudice, il cherche par là à
me nuire ! Quant à celui qui me nuit, il a, en vérité, cherché à nuire
à Allâh ! Celui qui veut nuire à Allâh, Allâh risque de faire tomber
sur lui Sa Colère, à tout moment ! » (Rapporté par At-Tirmidhî)
Le Messager d’Allâh (r) a stipulé ceci dans le hadîth rapporté
par Al ‘Irbâs Ibn Sâriya, en disant : « Suivez ma Sounna, ainsi que
celle de mes successeurs bien guidés, après moi. Attachez-vous à
elle et maintenez-la ! Et prenez garde à l’innovation ! » (Rapporté par
At-Tirmidhî)
La prise en considération de leur avis en priorité, se justifie par la
probabilité, qu’il s’appuie sur une information reçue de la bouche du
Prophète (r), d’une compréhension déduite par l’observation répétée
des agissements du Messager de Dieu (r).
Et s’il s’agit d’opinion personnelle, celle-ci elle est plus plausible
et plus proche de la vérité que les avis d’autrui. Les Compagnons ont
eu le mérite de l’accompagnement du Prophète (r), d’avoir reçu son
enseignement directement et d’être témoins directs de la Révélation,
qui les interpelait dans leur langue et s’adressait à eux en premier
lieu… » (Réf : An-Nasafî : Kachf al asrâr. T 2, page 101)
268
Les fondements du droit musulman
Le Consensus
Les Compagnons se sont accordés sur le principe de la divergence
entre eux. Dès lors, pourquoi doit-on contraindre les érudits parmi
Suivants (At-Tâbi‘oûn) à se confirmer à cette règle et à leurs avis?
L’argumentation rationnelle
Le Compagnon moujtahid n’est pas infaillible. Ses avis sont sujets à
l’erreur comme tout autre humain. Ainsi, les érudits parmi les Tâbi‘în
ne sont pas tenus à s’aligner sur leurs avis. L’avis du Compagnon ne
peut évincer l’Analogie, car il n’a même pas le statut du l’information
marfoû‘ (élevé).
Exemples
* Chourayh (Qu’Allâh lui accorde miséricorde) a divergé avec ‘Alî
(Qu’Allâh soit satisfait de lui), qui validait le témoignage du fils en
faveur du père, alors que Chourayh le rejetait.
* Masroûq a divergé avec Ibn ‘Abbâs (Qu’Allâh soit satisfait d’eux)
concernant l’expiation du vœu d’un homme à égorger son enfant.
Ibn ‘Abbâs a fixé l’expiation à 100 chameaux, et Masroûq à un
bélier, et il a dit : « Son fils n’est pas meilleur qu’Ismâ‘îl, qu’Allâh
(U) a racheté contre un bélier! » Ibn ‘Abbâs (Qu’Allâh soit satisfait
269
Les fondements du droit musulman
de lui) est revenu sur son avis et s’est aligné sur celui de Masroûq
(Qu’Allâh lui accorde miséricorde).
* Anas Ibn Mâlik (Qu’Allâh soit satisfait de lui) avait l’habitude de
renvoyer les gens à Al Hassan Al Basrî (Qu’Allâh lui accorde misé-
ricorde), pour répondre à leurs interrogations. Il disait aux gens :
« Interrogez notre maître Al Hassan !»
L’imâm Ach-Chawkânî a dit : « En vérité, l’Avis du Compagnon
n’est pas source d’argumentation : car Allâh (U) n’a envoyé pour
cette Oumma qu’un seul Prophète (r), et nous n’avons qu’un unique
Messager (infaillible), un seul Livre et toute la Oumma est appelée à
ne suivre que le Livre de Dieu et la Sounna du Messager. » (Réf : Ach-
Chawkânî : Irchâd al Fouhoûl, page 214).
270
Les fondements du droit musulman
Les Malikites
Al Mouwatta’ de l’imâm Mâlik renferme une multitude d’avis des
Compagnons.
Dans sa lettre adressée à Al-Layth Ibn Sa‘d en Egypte, l’imâm Mâlik
l’incite à ne pas formuler des avis s’opposant à ceux des Compagnons.
Il a même qualifié cette démarche comme une forme d’égarement, et
il se réfère à la sourate 9, verset 100 et à la sourate 39, verset 18 pour
appuyer ses avis. (Réf : M. al Qattân : Târîkh at-tachrî‘, pp : 348-349)
Vient ensuite, la cinquième source qui repose sur l’opinion expri-
mée par l’un des Compagnons du Prophète (r). Car l’interprétation
de celui-ci est plus valable que celle des autres imâms ou savants en
raison du fait qu’il est plus proche de l’ère du Prophète (r) et qu’il a
reçu ses connaissances de la bouche même de l’Envoyé d’Allâh (r), et
qu’il a reçu ses connaissances de la bouche même de l’Envoyé d’Allâh
(r). Ainsi, ses effets d’interprétation doivent, assurément, avoir plus de
rapports avec la vérité.
Après les pratiques des habitants de Médine, l’imâm Mâlik tient
compte de l’avis du Compagnon étant précisé que celle-ci ne s’en-
tendent pas des paroles exprimées d’habitude par le Compagnon
comme : « Telle chose fait partie de la Sounna » ou « Du temps de
l’Envoyé d’Allâh (r), on voyait telle ou telle chose », car cela entre dans
271
Les fondements du droit musulman
le cadre des paroles rapportées mot pour mot et non celui des pratiques
ou des opinions personnelles du compagnon.
Ibn Al Qayyim a dit : « L’imâm Mâlik accorde la priorité à l’avis des
Compagnons sur l’Analogie.» (Réf : A‘lâm al mouwaqqi‘în, tome 1, page 36)
Cette même information a été rapportée par Ibn Qoudâma le han-
balite. (Réf : Rawdat an-nâzir, page 162)
Pour l’imâm Mâlik, l’avis du Compagnon peut spécifier le général :
takhsîs al ‘âmm. (Réf : Rawadat an-nâzir, page 162)
L’avis du Compagnon ne peut atteindre le statut du hadîth marfoû‘,
que s’il résulte d’un raisonnement basé sur un Texte légal.
Ainsi, par exemple pour définir la prière médiane : as-salât al woustâ,
l’imâm Mâlik s’aligne sur l’avis de ‘Alî Ibn Abî Tâlib et d’Ibn ‘Abbâs
(Qu’Allâh soit satisfait d’eux), qui ont stipulé, qu’il s’agit de la prière
du Soubh. (Réf : Rawadat an-Nâzir, page 163)
272
Les fondements du droit musulman
pas que les avis des Tâbi’în (Compagnons des Compagnons) aient en
eux-mêmes valeur de preuve.
L’imâm Ahmad ?
I y a deux avis, qui nous sont rapportés d’après cet Imâm. Le premier
est semblable à celui de l’imâm Ach-Châfi‘î. L’autre est semblable à
celui des imâm Aboû Hanîfa et Mâlik.
Cependant, Ibn Al Qayyim dans Son I’lâm (T1/P30) ; il tranchait
que l’imâm Ahmad prenait en considération l’avis du Compagnon.
Il plaçait l’avis du Compagnon tout de suite après la Sounna dan son
argumentation. Il lui accordait la priorité sur le hadîth relâché (mour-
sal) et le hadîth faible (da‘îf).
Conclusion
Les Compagnons (y) jouissent d’un statut spécial. Cependant, de
nombreux savants ne considèrent pas leurs avis, comme étant une
source indépendante de la Loi. Donc, il y a des divergences quant à sa
prise en considération.
Ibn Al Hâjib a dit : « L’avis du Compagnon ne peut être utilisé
comme argument pour réfuter l’avis d’un autre Compagnon, ni pour
réfuter l’avis d’un autre érudit d’une autre génération. » (Réf : Ibn Al
Hâjib : Moukhtasar al Mountahâ, page 219).
Mais nous avons en contre partie, l’autre tendance qui est la plus
confirmée qui s’attache à l’Avis du Compagnon et en fait une référence
indiscutable.
L’imâm Ach-Châtibî a dit dans ses Mouwâfaqât : « Les
Prédécesseurs pieux (as-Salaf) et leurs Successeurs (al khalaf) éprou-
vaient de la crainte à diverger des avis des Compagnons (Qu’Allâh soit
satisfait d’eux). Ils font référence à leurs avis quand il y a divergences
entre leurs avis. Ils s’y référaient pour appuyer le leur. Selon eux, les
Compagnons sont une référence incontournable dans la Loi. Il est
obligatoire de les suivre, de se conformer et de s’aligner sur leurs avis. »
(Réf : Al Mouwâfaqât, tome 4 ; page 77)
273
Les fondements du droit musulman
L’USAGE
Al ‘Ourf
Introduction
En l’absence de Textes, il y a une zone de vide que l’on peut appeler
Zone de vide juridique, les savants sont unanimes que l’on peut recou-
rir, entre autres, à l’Usage ou la Coutume pour trouver des réponses
juridiques à des cas bien définis.
Quand on dit usage ou coutume, on vise par cela les pratiques et les
usages dont les gens se sont habitués dans leur vie, que ce soit un usage
verbal ou oral ou un usage de travail et d’action, général ou particulier.
Quand l’Islam est arrivé, il a soit confirmé les coutumes existantes
des Arabes, soit les a infirmé, soit enfin les a adapté à ses principes et
ses orientations. La Charî‘a a laissé beaucoup de choses à l’appréciation
de la coutume, sans les limiter catégoriquement, comme le dit le saint
Coran : ( A charge pour lui de pourvoir à la nourriture et à l’habillement
de la mère d’une manière convenable. ) (Ste 2/V.233)
* et aussi la Parole d’Allâh (U) : ( Les femmes divorcées ont droit à
une honnête indemnité d’entretien.) (Ste 2/V.241)
Dans ce cas précis, la coutume qui sert à déterminer la dépense pour
la femme et l’indemnité pour la divorcée.
Définitions
Définition littérale
Le terme ‘Ourf est un dérivé du terme ma‘rifa : la connaissance.
274
Les fondements du droit musulman
Définition Conventionnelle
‘Abd Allâh Ibn Ahmad An-Nasafî (hanafite) a donné la définition
suivante du ‘Ourf : « L’usage (al ‘Ourf) et l’habitude (al ‘Âdah), c’est ce
qui est répandu et devenu notoire parmi les gens et qui l’ont accepté
comme un fait, car il a été agréé par les natures saines et s’est ancré dans
les âmes par l’appui de la raison. » (Réf : An-Nasafi : Al Moustasfâ)
Ibn ‘Âchoûr a dit : « Al ‘Ourf c’est ce que les gens ont pris l’habitude,
la plus part du temps, de faire ou de délaisser en parole ou en action. »
(Réf : Hâchiyat at-tawdîh wa at-tashîh, tome 1, page 248)
Az-Zarqâ’ a dit : « Al ‘Ourf est l’habitude, en parole ou en action,
de la grande majorité de gens au sein d’un groupe. » (Réf : Al Madkhal al
fiqhî al ‘Âmm. Tome 2, page 840)
275
Les fondements du droit musulman
Traduction :
Et l’usage, de point de vue légal, est considéré ;
Ainsi la sentence (al houkm) sur sa base est élaborée. »
- L’imâm Ibn al ‘Arabî (Malikite) a dit : « Al ‘Ourf est une source de
la Loi à laquelle on doit se référer dans l’énoncé des jugements. »
- Al Qarâfî (Malikite) affirme que les juristes sont unanimes que
l’Usage est une des sources de la pensée juridique de l’imâm Mâlik.
(Réf : At-Tanqîh, page 447)
- L’imâm As-Souyoûtî (Chafi‘îte) a dit : « La sentence qui est issue
du ‘Ourf, est confirmée par un argument légal. » (Réf : Al achbâh wa
an-nazâ’ir)
276
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
La Sounna
Les juristes ont vanté la coutume sur laquelle ils en ont fait source d’un
bon nombre de leurs sentences.
Pour confirmer son importance, ils se sont basés sur ce qui a été rap-
porté par Ibn Mas‘oûd (Qu’Allâh soit satisfait de lui), que le Prophète
(r) a dit : « Ce que les musulmans jugent bon, il l’est aussi auprès
d’Allâh. » (Rapporté par Ahmad, Al Bazzâr, At-Tabarânî et At-Tayâlousî)
Le Prophète (r) a dit : « Vous êtes envoyés pour faciliter et non
rendre [les choses] difficiles. » (Rapporté par At-Tirmidhi, d’après Aboû
Hourayra)
Parmi les arguments avancés par les Malikites, le hadîth de
Hind Fille de ‘Outba, épouse d’Aboû Soufyân. Elle s’était plainte au
Prophète (r) de l’attitude d’Aboû Soufyân, qui restreignait au maxi-
mum les dépenses familiales jusqu’à la laisser dans le besoin ainsi que
ses enfants. Le Prophète (r) lui dit : «… de prendre de ses biens,
sans sa permission, selon les usages, ce qui lui suffirait à elle et à ses
enfants (bil ma‘roûf). » (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
Il lui a permis (r) de prendre comme nafaqa (pension alimen-
taire), ce qui est nécessaire, conformément aux usages (selon ce qui est
convenu…). Le hadîth est explicite quant à la prise en considération
du ‘Ourf.
278
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Remarque :
Certains savants ont mis en cause al ‘Ourf, ils ont discuté l’argument
proposé par la Majorité et disent :
Le verset 199 de la sourate Al Baqara, proposé comme argument,
est mecquois et en cette période il n’y avait pas encore de sentences
légales, donc le verset met plutôt t l’accent sur l’importance des bonnes
vertus auxquelles il faudra faire appel dans les relations avec autrui.
L’Usage indiqué dans le verset, c’est l’Usage que la Loi de Dieu (U)
ratifie et juge bon. Donc, il ne s’agit pas d’un usage indépendant de la
Loi. Le fait que le Prophète (r) a informé que sa mission consiste à
modifier les mœurs de la Jâhiliyya, est une preuve explicite que l’Usage
n’est pas et ne peux pas être une source indépendante de la Loi de Dieu
(U).
Quant au hadîth d’Ibn Mas‘oûd (t), il est plutôt une citation du
Compagnon et l’imâm Az-Zayla‘î a affirmé trois voies pour cette cita-
tion, touts s’arrêtent au niveau d’Ibn Mas‘oûd (t).
Mais d’autres savants ont jugé ce hadîth marfoû‘, tout en confirmant
l’honorabilité et la fiabilité à tous ses transmetteurs.
Les opposants disent aussi, que dans le cas, où l’on accepte cette
information comme étant un hadîth du Prophète (r), on ne peut
affirmer qu’il vise l’Usage, mais plutôt le Consensus (al Ijmâ‘) des
Musulmans (al ‘Oulamâ’).
Conditions de la prise en
considération du ‘ourf
Pour que l’Usage soit pris en considération, il doit répondre aux condi-
tions suivantes :
- L’Usage (al ‘Ourf) n’est pris en compte qu’en cas d’inexistence de
Texte confirmé ou de Consensus sûr, ou s’il n’en résulte pas un
préjudice sûr ou probable. Les jugements basés sur l’Usage change
280
Les fondements du droit musulman
L’importance de l’Usage
La Charî‘a a volontairement laissé beaucoup de questions à l’apprécia-
tion de l’Usage. Elle ne s’est pas prononcée à leur sujet d’une manière
catégorique pour que la Loi ne soit pas figée, vu l’évolution de la vie des
Hommes dans certains de ses aspects. Elle a laissé le soin à l’Usage cor-
recte (valide) pour qu’il détermine les sentences qui leur conviennent,
fixe les limites et les détails.
Ainsi, le Législateur (U) n’a pas défini la valeur de la pension due
à la femme divorcée. Allâh (U) dit : ( A charge pour lui de pourvoir à
la nourriture et à l’habillement de la mère d’une manière convenable. )
(Ste 2/V.233)
Le Législateur (U) dans ce cas, et dans bien d’autres, a émis une
sentence, mais ne l’a pas précisé : ceci prouve qu’Il a volontairement
laissé un vide juridique à l’Usage de le définir selon l’intérêt des gens.
(Réf : Ibn Qoudâma : Al Moughnî : tome 3, page 505)
Il est évident que l’érudit ou le juge ne peuvent négliger les bons
usages. Cette importance du ‘Ourf a motivé, par exemple, les change-
ments des avis de l’imâm Ach-Châfi‘î après son départ de l’Iraq pour
281
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
1 : Usage Général :
C’est ce que tous les gens, partout, et sans exception, ont adopté sans
distinction. Il peut être un usage verbal ou pratique. Il est adopté par
la grande majorité absolue des gens, d’un pays.
2 : Usage particulier
Cet Usage concerne des us et coutumes sujets d’accord entre les habi-
tants d’une ville ou d’un village, d’une région, d’une religion, d’un corps
de métier : les commerçants ou les agriculteurs ou les éleveurs…
283
Les fondements du droit musulman
la langue. Chaque fois que ce terme est prononcé dans l’absolu sans
précision, il renvoie vers le sens préétabli par l’Usage courant.
Exemples
- Le terme « walad » : dans la langue arabe, indique aussi bien l’enfant
qu’il soit garçon ou fille. Dans l’Usage, il désigne plus particulière-
ment le garçon.
- Le poisson n’est pas de la viande (al-lahm), alors que dans la langue
arabe on intègre le poisson dans la catégorie des viandes. Dans
l’usage « al-lahm » est autre que poisson.
- « Darâhim » : désigne toute sorte de monnaie. De point de vue
langue, le dirham est une pièce de monnaie en argent ayant des
caractéristiques bien précises.
- Dans cet Usage oral on inclut aussi les mots ou termes que les
gens ont institué par usage dans le domaine des transactions, de la
formulation des contrats et des ratifications.
Les termes concernant les donations (al hibât), les dons pieux (al
waqf), les serments (al qasam), les vœux (an-noudhoûr), les termes uti-
lisés pour énoncer un divorce…
Remarque
En plus de l’Usage verbal, qui est la conséquence de l’accord conven-
tionnel entre les gens, il y a un Usage verba légal (‘Ourf loughawi char‘î).
Il s’agit de termes à qui le Législateur (U) a conféré un sens autre que
le sens littéral. Tels que les termes : as-salâh ; al qadhf ; az-zakâh….
Démonstration
Le terme : As-salâh :
L’imâm An-Nawawî (?) a dit : « As-salâh », du point de vue de la
langue, signifie l’invocation ad-dou‘â’. Et la prière légale a été appelée
salâh, parce qu’elle contient du dou‘â’. Cet avis est celui de la majorité
des linguistes. » (Réf : Al Majmoû‘. Tome 3, page 3.)
284
Les fondements du droit musulman
Exemples
- Vendre et acheter sans prononcer la formule de « at-taradî » (l’ac-
ceptation), mais c’est l’acte qui détermine qu’il y a eu acceptation
de part et d’autre du contrat et de l’accord.
- Le fait de différer une partie du mahr (la dot). Le versement se fera
en deux parties. L’Usage accepte le principe qu’une partie de la dot
soit différée.
C’est l’Usage qui fixe la valeur de la nafaqa due à une femme à la
suite d’un divorce.
On inclut dans cette catégorie, l’usage vestimentaire et alimentaire.
Les relations civiles. Les mimiques et les attitudes (la retenue et son
expression).
Le mode de paiement des salaires lorsqu’il n’est pas défini et lais-
ser sa fixation à l’usage. La procédure de paiement d’une commande
(acompte ou différé)…
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Définitions
Définition littérale
Sadd Adh-dhrâ’i‘ : terme composé
Composé du mot sadd : fermeture de la faille, le fait de boucher le
la brèche, la fente. (Réf : Ibn Manzoûr : Lisân al ‘Arab. Article : sadada).
En langue arabe, le terme dharî‘a, pluriel est dharâ’i‘, indique l’idée
de ‘al imtidâd’ et ‘al harakah’ : de l’extension, l’allongement, et le mou-
vement vers l’avant.
Tous les sens dérivés reviennent à ce sens originel.
Ainsi, le terme dhirâ‘ : bras (coudée), désigne le membre qui se situe
entre le coude et les extrémités des doigts du milieu de la main. Adh-
dhirâ‘ a été appelé ainsi, car il y a une extension vers l’avant et lorsqu’il
bouge, il tend toujours vers l’avant.
- Quant au terme dhar‘, Al Jawharî (linguiste) a dit : il est à rattacher
au sens de ‘al bast’ : l’extension et l’allongement.
- Le terme dharî‘a a été utilisé dans la langue pour exprimer le sens
du terme ‘sabab’ : la cause et le moyen.
- Le terme sabab a le sens de : corde (al habl), la voie (at-tarîq), et
est utilisé pour désigner tout ce qui peut être un moyen menant à
quelque chose.
289
Les fondements du droit musulman
290
Les fondements du droit musulman
Définition Juridique
Al Qarâfî a dit : « Nous interdisons tout acte permis en soi, qui peut
mener vers une nuisance ou à une désobéissance. Ceci est la tendance
de l’imâm Mâlik. » (Réf : At-Tanqîh, page 448)
Ibn Al Qayyim : « Il s’agit de tout ce qui sert de moyen et de voie
pour parvenir à quelque chose. Quand on dit : « chose », on ne vise
pas quelque chose de générale dans l’absolu. Ce que l’on comprend du
contexte du discours indique, c’est qu’il s’agit de dharî‘a en matière de
règles légales (al ahkâm ach-char‘iyya), visant des actes d’obéissance ou
de désobéissance. » (Réf : A‘lâm, tome 3, page 147)
Ibn Al ‘Arabî : « Toute action apparemment permise, utilisée pour
parvenir à ce qui est défendu par la Loi. »
Ibn Al Qayyim : « Compte tenu qu’on ne parvient à réaliser nos
objectifs que par des motifs et des moyens qui nous y mènent, ces
motifs et ces moyens sont étroitement dépendants des objectifs et
subissent le même traitement. L’aversion pour les moyens menant à
l’interdit et aux péchés et leur interdiction se mesurent d’après le degré
de réalisation de ces objectifs et tous deux sont intentionnels. Il y a
l’interdiction propre à l’objectif et celle également des moyens. »
Adh-Dharî‘a pourrait avoir un sens plus général, mais toujours cerné
par le contexte et les indices,. Il peut signifier le moyen en vue d’une
chose licite ou illicite. Si l’expédiant mène au licite, alors il est permis,
s’il est mène à l’illicite, alors il est interdit. »
Donc, one peut déduire de ces définitions que Sadd adh-dharâ’i‘
consiste à fermer et à condamner les voies d’accès ; fermeture des
voies qui peuvent conduire au mal. Ecarter le préjudice. Empêchement
d’utiliser un moyen légal en vue d’atteindre un objectif prohibé.
Eviter les causes. Quand un acte licite peut avoir des conséquences
illicites, on doit s’en abstenir.
291
Les fondements du droit musulman
Il s’agit d’un Principe qui prévoit que les moyens sont considérés
comme justiciables lorsqu’ils aboutissent à la réalisation d’une bonne
action. Au contraire, s’ils ont pour résultat un dommage ou un mal, ils
doivent être reconnus comme non justiciables.
Selon l’imâm Ach-Châtîbî, le principe des dharâ’i‘, est une règle
globale (qâ‘idah koulliyya), une source sure et certaine en soi, qui se base
sur le principe d’empêcher les moukallaf de s’adonner à un permis pour
ne pas parvenir à commetre un interdit. »
Il s’agit d’une règle globale déduite par le procédé d’al istiqrâ’
(l’induction), il en résulte une loi cadre, conforme au sens établi par
l’induction.
Selon Al Qarâfî c’est une méthode (manhaj) référant en matière de
mise en pratique des règles légales en général, et non pas une méthode
à laquelle on recourt dans la conception et dans la théorie du Droit. Il
dit : « C’est ce qui déduit par induction du sens général des Textes par
une formulation générale. »
292
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
294
Les fondements du droit musulman
La Sounna
Les hadîth qui défendent d’insulter les parents d’autrui au risque
qu’ils n’insultent en retour ses propres parents. (Rapporté par Al Boukhârî
et Mouslim)
Le Législateur (r) a interdit que l’on demande la main d’une
femme durant sa période de viduité, pour fermer la voie au risque de
la consommation durant la période de viduité. (al ‘idda).
Le Prophète (r) a défendu que l’on combine un contrat de vente
avec un emprunt, pour fermer la voie au ribâ (l’Usure).
Il a (r) interdit la tête à tête (al khoulwa) avec une femme étrangère,
pour fermer la voie devant la fornication.
Les savants qui ont pris en considération adh-dharâ’i‘, soit en les
fermant ou en prônant l’obligation de les ouvrir en cas d’obligation,
ont analysé les conséquences des actes et dont on cherche par leur
biais de s’adonner à un interdit. A l’exemple de celui qui épouse une
femme divorcée à trois reprises, (sans consommation), dans le but de
la rendre licite à son ex époux. Celui qui agit avec cette intention,
cherche, en vérité, à détruire et à mettre en cause la Loi de Dieu (U)
et Ses Commandements, Son action est rejetée et considéré nulle.
295
Les fondements du droit musulman
dération adh-dhrâ’i‘ qui mènent vers le Bien, ainsi que ceux qui sont
probants (zanniyya), qui mènent vers la nuisance ; mais la moindre
supposition n’annule pas.
Les dharâ’i‘ qui mènent d’une manière sure et certaine vers l’inter-
dit, sont défendus.
Si nous résumons la position de cette tendance :
Wasîla (dharî‘a) une maslaha (intérêt) Permise.
Wasîla (dharî‘a) zanniyya (probante) mafsada (nuisance ou
dommage) n’est pas défendue.
Wasîla (Dharî‘a) nuisance défendue.
Wasîla engendrera peut être une nuisance = sujet de divergence.
Argument :
Allâh (U) dit : ( Certes, la conjecture ne saurait tenir lieu de vérité. )
(Ste 53 /V.28)
C’est-à-dire : le probant ne saurait se substituer à ce qui est sûr et
certain.
1 : Imminent
Moyen ou voie qui mène très certainement à la nuisance. Il est défendu
sans nul doute. Cependant, il arrive que le mal engendré est du à un
acte légalement admis par principe. A savoir il en résulte, en général,
plus de bien que de mal.
296
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le fait de creuser un puits sur le chemin des gens acte admis, mais
s’il mène vers une nuisance, car il empêche le passage des gens ou le
risque d’y tomber il devient interdit.
2 : Fréquent
Telle que la vente du raisin à une personne pour en faire du vin
doit être prohibée. Dans ce cas, le risque d’issue fâcheuses est « kathîr
» (fréquent) et doit être évité.
3 : Rare
Exemple d’occurrence rare (nâdir) : la culture de vigne, bien qu’elle
sert à fabriquer l’alcool, sa plantation n’est pas interdite, car elle pré-
sente de nombreux avantages qui éclipsent le faible risque de dégats.
Lors de la vente, on se demande si l’acheteur en fera un usage interdit
ou autre. L’imâm Ach-Châfi‘î. Il s’agit de supposition probante.
La troisième catégorie est centrée sur l’intention de la personne
plutôt que sur le résultat possible. En raison de l’importance de
l’intention.
Les quatre écoles divergent quant à leurs recours au « sadd adh-dha-
ri‘a » : les Hanbalites et les Malikites s’en réclament le plus fréquem-
ment. La raison en est la différence de leur méthodologie pour établir
l’intention d’une personne.
297
Les fondements du droit musulman
Autres Exemples :
L’interdiction de la vente de raisin à celui dont on sait qu’il va le trans-
former en vin : interdiction à la femme de travailler en dépit du profit
qu’elle en tirerait, si son travail l’amène à se mêler aux hommes ou
à s’isoler avec eux. Le préjudice prédominé n’est pas pris en consi-
dération. Ce sont les préjudices autorisés ou obligatoires comportant
un avantage prédominant telles : l’autorisation d’amputer un membre
malade pour sauvegarder la vie de la personne légalement responsable :
l’autorisation de mentir pour réconcilier des personnes qui se sont dis-
putées. Dans pareils cas on choisit le préjudice le moins grave pour
écarter le pire. Sa fonction est pratiquement d’empêcher l’usage des
moyens légaux pour parvenir à des fins illégaux.
- Ach-Châfi‘î n’accordait aucune part d’héritage à la femme divorcée
au cours de la dernière maladie de son époux. Il dit qu’il n’y a aucune
preuve de ce que le mari l’ait répudiée simplement pour l’empê-
cher d’hériter. Pour les autres, ils considèrent les circonstances pour
établir la preuve. Le fait que le mari ait déclaré la répudiation au
cours de sa dernière maladie est une indication de ce qu’il désirerait
ce faisant empêcher sa femme d’hériter, cette intention injuste est
annulée en accordant à cette dernière sa part de l’héritage en dépit
du divorce.
- L’imâm Mâlik dans l’avis notoire de l’école, invalide le mariage qui
a eu lieu durant la maladie de l’époux dont le décès est imminent.
L’avis de l’imâm Mâlik se fonde sur le principe de précaution et la
298
Les fondements du droit musulman
Conclusion
Ce concept est basé sur la tendance de la Charî‘a à prévenir le mal (dar’
al mafâsid) et à favoriser ce qui est bénéfique et utile (jalb al masâlih).
Le Principe de précaution est un prolongement de la maslaha al
moursalah. Elle constitue l’une des sources du madhhab Mâlikite et des
Hanbalites.
Elle signifie que lorsqu’on est en face d’un cas où s’opposent un
avantage et un préjudice, de telle façon que si l’on veille à chercher
l’avantage, le préjudice se concrétise et si l’on veille à écarter le pré-
judice lorsqu’on fait quelque chose ou qu’on y renonce. C’est que les
préjudices sont prompts à se répandre et que leurs effets se propagent
rapidement dans la société.
299
Les fondements du droit musulman
300
Les fondements du droit musulman
LES LÉGISLATIONS
ANTÉRIEURES
Char‘ou Man Kâna Qablanâ
Introduction
Ce sujet montre la relation étroite qui lie l’Islam aux messages divins
antérieurs.
Allâh (U) dit : ( Nous t’avons fait une révélation comme Nous
f îmes à Noé et aux Prophètes après lui. Et Nous avons fait révélation à
Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, à Jésus, à Job, à Jonas,
à Aaron et à Salomon, et Nous avons donné le Zabour à David. ) (Ste
4/V.163)
Le Message de l’Islam est le dernier message adressé par Allâh (U)
à l’humanité entière, le saint Coran et la Sounna ont rapporté les récits
des Prophètes précédents (Paix sur eux), mais aussi, ils ont évoqué des
aspects des lois antérieures.
Vu l’unité des messages divins et leur origine commune, est-ce que
les Musulmans sont-ils tenus de les prendre en considération dans leur
législation et de s’y référer ?
De point de vue méthodologique, nous sommes appeler à répondre
à deux autres questions, si l’on veut trouver réponse à notre problème :
1 : Est-ce que le Prophète (r) était-il appelé, avant sa mission, à
suivre une loi antérieure lors de sa quête et dans ses dévotions ?
Car s’il s’avère, qu’il était chargé de suivre une quelconque loi, et que
celle-ci n’a pas été abrogée par son message, il en résulte l’obligation de
sa prise en considération et de sa mise en pratique.
301
Les fondements du droit musulman
Remarque :
- Il faut rappeler qu’il n’y a pas d’unanimité entre les érudits musul-
mans que la Loi islamique a abrogé d’une façon globale toutes les
lois antérieures.
- De point de vue de l’analyse rationnelle (al imkân al ‘aqlî : le pos-
sible rationnel), rien n’empêche que le Prophète (r) suivait des
prescriptions d’une loi antérieure à son message. De même, il est
possible que les Musulmans soient appelés à suivre certains com-
mandements de lois antérieures.
Notre analyse ne va pas porter sur le possible rationnel, mais sur
ce qui a eu lieu vraiment, et ce qu’indiquent les Textes fondateurs de
l’Islam (Coran et Sounna) à ce sujet.
302
Les fondements du droit musulman
303
Les fondements du droit musulman
Allâh (U) dit : ( Certes, les hommes les plus dignes de se réclamer
d›Abraham, sont ceux qui l›ont suivi, ainsi que ce Prophète-ci, et ceux qui
ont la foi. Et Allâh est l›allié des croyants. ) (Ste 3/V.68)
304
Les fondements du droit musulman
- Allâh (U) a bien précisé que celui qui cherche foi, arbitrage et gui-
dance en dehors de l’Islam sera le Jour du Jugement dernier parmi
les perdants.
Allâh (U) dit : ( Et quiconque désire une religion autre que l›Islam,
ne sera point agrée, et il sera, dans l›au-delà, parmi les perdants. ) (Ste
3/V.85)
- Il n’y a pas de divergence entre les Savants de la Oumma que tout
ce qui nous a été transmis à travers les disciples des lois antérieures
n’est pas une source d’argumentation pour nous. Car les Textes
fondateurs ont subi des modifications confirmées historiquement,
ainsi que par les études comparatives des religions.
- Nous n’avons pas de preuves qu’il resterait des traces des pratiques
des lois antérieures authentiques, d’où l’impossibilité du taklîf.
Quant aux pratiques du Prophète (r), on ne peut être affirmatif en
l’absence de preuves sûres et certaines.
- Le Prophète (r) a bien indiqué qu’il a été envoyé à tous les
Hommes, alors que chaque Prophète était envoyé à son propre
peuple. (Rapporté par Al Boukhârî, Mouslim et An-Nisâ’î)
Ahmad a rapporté dans son Mousnad, qu’un jour le Prophète (r)
a aperçu ‘Oumar (t) tenant dans sa main un texte de la Thora, il s’est
mis dans un état de colère et dit : « Qu’est ce que tu fais ! Ne suis-je
pas venu avec une loi explicite et pure ? Si Moûsâ m’avait rattrapé, il
n’aurait pas d’autre choix à faire que me suivre ! »
- Si le recours aux lois antérieures était obligatoire pour le Prophète (r)
et pour ses disciples, on aurait été informé par le Prophète (r) lui-
même, car il avait pour mission la transmission des Ordres de Dieu
(U) à Ses serviteurs. De même les Compagnons (y) n’ont jamais
évoqué cette source comme référant dans leur argumentation.
- Lorsque le Prophète (r) dépêcha Mou‘âdh Ibn Jabal (t) comme
juge au Yémen, ce dernier s’était limité, dans sa réponse, au Livre de
Dieu (U), à la Sounna de Son Messager (r) et à sa propre opinion.
305
Les fondements du droit musulman
Il n’a pas évoqué les lois antérieures comme une source de la Loi
pour justifier ses sentences.
- Il y a unanimité que seule la loi islamique transmise par le pro-
phète Mouhammad (r) qui doit être mise en application par les
Musulmans en tous les temps et dans tous les lieux.
Autres questions
Règle antérieure citées par nos Textes :
Il ya différentes attitudes :
* Règles antérieure citée par nos Textes mais accompagnée d’indices
qui expriment la négation de la levée de la responsabilité (taklîf)
N’est pas à prendre en considération ;
A l’exemple de la Parole de Dieu (U) : ( Aux Juifs, Nous avons
interdit toute bête à ongle unique. Des bovins et des ovins, Nous leurs
avons interdit les graisses, sauf ce que portent leur dos, leurs entrailles
ou ce qui est mêlé à l’os. Ainsi les avons-Nous punis pour leur rébellion.
Et Nous sommes bien véridiques. ) (Ste 6/V.146)
* Règle que nos Textes ont reprise sans mettre en cause leur authen-
ticité, et il y a absence de preuves d’abrogation ou mention de taklîf
à notre égard.
A l’exemple des versets de la loi du talion.
Allâh (U) dit : ( Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il
y a guidance et lumière. C›est sur sa base que les Prophètes qui se sont
soumis à Allâh, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires
des Juifs. Car on leur a confié la garde du Livre d’Allâh, et ils en sont les
témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez Moi. Ne vendez
pas Mes Enseignements à vil prix. Ceux qui ne jugent pas d’après ce
qu’Allâh a fait descendre, les voilà les mécréants. Nous avons prescrit
dans la Thora, à ceux qui pratiquaient le judaïsme : Vie pour vie, œil
pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures
306
Les fondements du droit musulman
tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela
lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allâh a
fait descendre, ceux-là sont des injustes. ) (Ste 5/V.44-45)
* Notre Loi n’a pas abrogé le dogme du Monothéisme pure prôné
par d’autres Lois. Celle-ci est venue confirmer la foi, les vertus
morales ; à l’exemple de l’interdiction de la fornication, du vol….
* Les sentences qui ne sont pas confirmées par nos Textes : ni par le
saint Coran, ni par la Sounna du Prophète (r), il y a accord à ne
pas les prendre en considération.
* De même tout ce qui a été abrogé par notre Loi :
Exemple : le fait de se tuer pour obtenir l’absolution de ses péchés.
* Les règles et les sentences mentionnées dans les lois antérieures et
confirmées par nos Textes, sont à prendre en considération : Avis
unanime.
Exemple : la prescription du jeûne.
Allâh (U) dit : ( Ô les croyants ! Le jeûne vous est prescrit comme il
l’avait été aux confessions antérieures, ainsi atteindriez-vous la piété. )
(Ste 2/V.183)
* Dans le cas où notre Loi n’a pas mentionné l’abrogation de ses sen-
tences issues de lois antérieures, la question est sujette de détails et
de divergence entre nos savants.
* Si dans notre Loi, il y a citation de lois antérieures à l’Islam, nous
devons les prendre en considération. Cependant, les références à
cette prise en considération ce sont nos Textes uniquement. On
peut les prendre en considération en l’absence de Textes de notre
Loi qui s’y opposent ou qui les remettent en cause. En plus leurs
arguments sont sans fondement.
Cet avis est celui de la grande Majorité des Malikites, les Hanafites,
y compris Aboû Hanîfa, certains Chafi‘îtes et l’un des deux avis attri-
bué à l’imâm Ahmad.
307
Les fondements du droit musulman
Conclusion
Après analyse des avis des partisans et des opposants, nous constatons
que Char‘ou man kâna qablanâ, n’est pas une source de la règle de Droit
indépendante. Même s’il y a prise en considération, cela se limite à des
questions de fouroû‘ très limitée, et nécessite un appui et une recon-
naissance de notre Loi (Coran et Sounna).
« Les lois antérieures ne sont pas considérées Notre, que si elles
sont reconnues par notre Loi, sinon elles ne font parties de notre
Législation : Char‘ou man kâna qablanâ char‘oun lanâ idhâ thabata
bi-char‘inâ, wa illâ fa-innahou laysa bi-char‘in lanân. »
Remarque :
La remise en cause et la non prise en considération inclut les versions
et les transmissions connues sous l’intitulé, des « Isrâ’îliyyât ».
308
Livre II
LA RÈGLE DE
DROIT LÉGALE
Al Houkmou Ach-Char‘îyyou
Les fondements du droit musulman
PRÉAMBULE
Ce chapitre s’intéresse à l’analyse du Discours d’Allâh (khitâbou Allâh)
-Exalté- adressé aux personnes moukallaf (responsables).
Ce Discours divin est formulé à travers les règles légales, qui sont
de deux sortes :
Introduction
Il faut rappeler que le but de l’étude des fondements du Droit (al Ousoûl)
c’est la connaissance des qualifications légales. Par cette connaissance,
on vise à une meilleure application des règles de la Loi. Tout cela pour
mieux adorer Allâh (U).
Les spécialistes de la science de Ousoûl al fiqh étudient les points
suivants avant d’aborder la question des règles de Droit :
I- Le Législateur : al Hâkim ;
II- L’objet de la prescription : al mahkoûmou fîh ;
III- La personne concernée par la prescription : al mahkoûmou ‘alayhi ;
IV- La prescription : la règle de Droit : al houkmou (at-taklîf î et
al-wad‘î).
313
première
partie
LA RÈGLE DE DROIT
PRESCRIPTIVE
Al Houkmou
Ach-Char‘iyyou At-Taklîfî
Les fondements du droit musulman
LE LÉGISLATEUR
Al HÂkim
Celui qui a légiféré, institué ces règles de Droit c’est Allâh (U).
Nous ne connaissons pas d’autre Législateur que Lui. Dans le saint
Coran, Allâh (U) affirme cette Vérité à maintes reprises. Il a dit, entre
autres : ( L’autorité n’est qu’à Allâh Seul : inil-houkmou illâ li-llâhi.)
(Ste 6/V57)
( Juge alors parmi eux d’après ce qu’Allâh a fait descendre : wa an
ouhkoum baynahoum bimâ anzala Allâh.) (Ste 5/V49)
Allâh (U), du fait qu’Il est le Seigneur (Ar-Rabb), qu’Il est L’Adoré
(al Ma’loûh), qu’Il a toutes les qualités de perfection (Sifâtou al kamâl),
qu’Il est exempt de tout défaut (Mounazzah), Il est L’Omniscient (al
‘Alîm), Le Sage (al Hakîm), qu’Il jouit d’une Volonté illimitée (Irâdatoun
moutlaqatoun) et que cette Volonté est agissante (fâ‘ilatoun) intervient
dans la direction de la Création, pour tout cela, Allâh (U) a le droit de
disposer de Sa Création dont Il est l’Informé par excellence.
Allâh (U) dit : ( Ne connaît-Il pas ce qu’Il a créé, alors que c’est Lui,
Le compatissant, Le Parfaitement Connaisseur : alâ ya‘lamou man kha�-
laqa wa houwa Al-Latîfou al Khabîrou.) (Ste 67/V14)
La reconnaissance de ce Législateur unique est la conséquence
parfaite de notre croyance en l’Unicité divine. Car l’Unicité signifie
la reconnaissance de Son Existence unique, qu’Il est le Seul Créateur
et Ordonnateur. Tout subsiste par Lui et Il décide de tout souveraine-
ment. Tout ce qui se passe, à tous égards, est l’effet de Sa Volonté (U).
La reconnaissance d’Allâh (U) et de Sa Seigneurie sur Sa Création
implique la soumission totale à Sa Loi et ne rien Lui associer.
Allâh (U) dit : (Ni les cieux ni la terre n’ont de mystère pour Lui. Il
sait si bien tout voir, tout entendre ; ils n’ont aucun maître hors Lui, et Il
n’associe personne à Ses Arrêts : wa lâ youchrikou f î houkmihi ahadan.)
(Ste 18/V.26)
317
Les fondements du droit musulman
Pour confirmer cette Vérité, le cheykh Mouhammad al-Amîn Ach-
Chinqîtî (Qu’Allâh lui accorde miséricorde) a écrit dans son commen-
taire sur ce verset : « Tous les lecteurs récitent « wa lâ youchrikou » ;
excepté Ibn ‘Âmir qui a récité « wa lâ touchrik » Le sens est qu’Allâh
(U) n’associe personne avec Lui dans son acte législatif. Le comman-
dement revient à Lui Seul, d’où les prescriptions suivantes : « al halâlou
mâ ahallâhou Allâh wal harâmou mâ harramahou Allâh ta‘âlâ.»
Ainsi, selon la majorité des lecteurs, le verbe « wa lâ youchrik » est
précédé de la particule « al-lâm » de la négation. Allâh (U) nie qu’Il
s’est donné des associés dans l’acte législatif.
Selon la deuxième lecture, le verbe « touchrik » est précédé de la
particule « al-lâm » de « an-nahy», qui a le sens de l’interdiction, ainsi
le sens est : « N’associe personne à Allâh au niveau de la référence et
de l’agir. Il est Le Seul Législateur.»
Les sens qui ont été repris dans ce verset se retrouvent dans tous les
versets qui soulèvent la question de la législation et du commandement
qui reviennent à Allâh (U) Seul.» (Réf : M. A. Chinqîtî : Adwâ’ al Bayân.
Tome 1, p. 292)
Allâh (U) est Le législateur par excellence, car la raison humaine est
incapable de cerner les vraies significations des choses. Ces jugements
sont probants et non pas sûrs et certains ; d’où la nécessité de se référer
à une source sûre et certaine qui est La Révélation (al wahy). Allâh (U)
est Le Seul capable de cerner toute la vie de l’homme comme entité
ou comme besoin.
318
Les fondements du droit musulman
L’OBJET DE LA PRESCRIPTION
Al Mahkoûmou Fîh
Il s’agit des actions des personnes responsables (af‘âl al moukallaf în)
concernées par les qualifications légales. L’action demandée et régle-
mentée en rapport avec l’injonction prescriptive (taklîfî) ou stipulative
(wad‘î), ne peut-être qu’une action connue et déterminée par le res-
ponsable, elle peut être soit obligatoire, conseillée, interdite, déconseil-
lée ou autorisée.
319
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le fait de réunir les deux opposants en même temps : tel que la
demande de faire et celle de ne pas faire un acte.
On ne peut demander à al moukallaf de prier et de ne pas prier en
même temps ! Car la capacité humaine ne peut joindre l’impossible.
(Réf : Al Ghazâlî : Al Mankhoûl, page 25)
B : Al moustahîl al ‘âdî : l’impossible ordinaire
L’impossible ordinaire, bien qu’il s’agit de quelque chose que l’on
peut imaginer, de point de vue rationnel, elle est impossible de réaliser
dans la réalité, car cela est en dehors de la capacité humaine.
Exemple :
Le fait de demander à quelqu’un de porter un rocher sur son pouce.
320
Les fondements du droit musulman
Remarque :
Certaines personnes ont imputé cette position (le taklîf par l’insup-
portable : bimâ lâ youtâq) à l’imâm Al Ach‘arî (Qu’Allâh lui accorde
miséricorde). Bien que l’on ne trouve pas une position claire de sa part
à ce sujet. Cependant, l’imâm Al Jouwaynî, Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî et
Ibn As-Soubkî ont adopté cette position en se basant sur deux règles,
qu’ils affirment tirer de la pensée d’Al Ach‘arî, à savoir : que l’homme
ne peut agir que par la qoudra dont il dispose, et cette qoudra ne lui
appartient pas, et la deuxième règle, c’est que les actes des hommes sont
créés par Allâh (U), et delà, il est clair que l’homme est moukallaf de
ce dont il n’a aucune capacité à y avoir accès.
L’étude des avis de l’imâm Al Ach‘arî nous donne la constatation
suivante :
L’imâm Al Ach‘arî divise la capacité de l’individu en deux sortes :
A : Une capacité (qoudrah) qui accompagne l’acte, et qui n’est pas
sujette à la responsabilité.
B : La deuxième, concerne l’acquisition de l’acte par le moukallaf (al
kasb), et que cela s’exprime par la résolution prise qui rend évident
l’acte. Contrairement à ce qui a été affirmé par les trois savants
précités qui considèrent que les actes humains sont créés par Allâh
(U) et de là, ils ont fait d’Al Ach‘arî un jabrite, ce qui n’est pas le
cas, puisque ce dernier a mis sur pied la théorie d’al kasb (l’acquisi-
tion des actes), qui rend la personne responsable de ces actes devant
Allâh (U) et les Hommes.
Les savants divisent la capacité comme suit :
321
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le fait de jouir d’une bonne santé pour l’acquittement de la prescrip-
tion du hajj.
2- Une capacité qui rend aisé l’acquittement de l’acte : qoudratoun
mouyassiratoun. Elle va rendre l’acquittement aisé. C’est un plus
supplémentaire à la capacité (al qoudra), qui donne l’aptitude de
l’acte. Elle est exigée dans quasi toutes les prescriptions financières.
Exemple :
La Zakât est due dès que l’on dispose du minimum imposable (an-ni-
sâb) et l’écoulement de l’année lunaire (al hawl). Mais il s’y ajoute une
autre condition la disponibilité des biens ou l’absence de dettes, car
s’il arrive que les biens dépérissent sans la volonté du propriétaire, il y
a levée de l’obligation de l’acquittement de la Zakât, et si la personne
est endettée, comment peut-on lui réclamer d’enrichir le pauvre par
l’absence de richesse, puisqu’il y a endettement ?
Remarque :
Les actes d’expiation (al kaffârât) d’ordre matériel ne sont pas concer-
nés par cette qoudratoun mouyassirah, car ils concernent les riches et les
pauvres, donc on ne peut faire d’analogie avec la Zakât ; car al ‘illa (la
cause de la sentence) n’est pas la même.
322
Les fondements du droit musulman
La difficulté
Al Machaqqah
Le Législateur a demandé aux personnes interpellées légalement par
les Textes de la Loi (al-moukallafoûn) de fournir un effort pour s’ac-
quitter d’une obligation. Donc il est question d’une certaine charge
et difficulté exigée par Le Législateur, car on définit le taklîf comme
suit : « at-taklîfou houwa talabou mâ f îhi koulfatoun : al-koulfatou hîya
al-machaqqatou.»
Nos juristes ont divisé cette koulfa ou machaqqa (charge, difficulté)
en deux sortes :
Exemple :
Le froid ou la chaleur qui dure pendant une journée de Ramadan ne
lève pas l’obligation du jeûne.
De même, les douleurs qui résultent de l’application des peines
légales ne sont pas une raison par leur levée.
B : Une difficulté qui permet de suspendre les actes d’adoration dans
la grande majorité des cas. Cette difficulté a trois degrés :
1 : Machaqqa ‘azîma ou fâdihah : la grande difficulté exorbitante
accablante, telle que celle qui risque de porter dommage à l’inté-
grité physique et à la vie du moukallaf.
Exemple :
Le fait de suspendre le jeûne durant un jour pendant la chaleur est
intense, car si la personne n’arrêtait pas de jeûner, elle risquerait de
mourir de soif.
323
Les fondements du droit musulman
Remarque :
La suspension dans ce cas-ci est limitée dans le sens que la personne
lève le danger sans pour autant continuer à consommer de la boisson
tout au long de la journée. Elle doit refaire son jeûne (al-qadâ’).
2 : Machaqqatoun khaf îfah : difficulté légère, elle permet, éventuel-
lement, la suspension de l’acte d’adoration, mais elle est légère.
Telle qu’un mal de tête ou le changement d’humeur ou une légère
blessure.
Ach-Châtibî a dit à leur sujet : « L’accomplissement de ces actes
d’adoration et l’acquisition des intérêts qui en résultent sont plus
importantes que ce genre de mafâsid (dommage ou nuisance), qui n’ont
aucun effet sur les intérêts des hommes.»
3 : Machaqqatoun moutawassitah : difficulté moyenne. L’évaluation
de ce genre de difficulté est laissée à la personne responsable, à son
honnêteté, sa foi, à la qualité de sa relation avec Allâh (U).
L’imâm Ach-Chawkânî (Qu’Allâh lui accorde miséricorde) a dit :
« you‘tabarou ma‘ahâ fî haqqi koulli insânin bimâ younâsibouhou wa mâ
yasihhou ma‘ahou badanouhou likhtilâfihâ fî al-mahâlli : (ahwâl al-mou-
kallîfîn) : Ce qui sera pris en considération par rapport à chaque indi-
vidu est ce qui lui convient pour préserver l’intégrité de son corps, car
cette difficulté, son évaluation diffère par rapport à l’état d’un individu
à un autre.»
Ainsi, il ne s’agit pas d’une difficulté définie.
Pour mieux expliciter la notion de difficulté, nous allons proposer
une autre subdivision de la difficulté :
1 : Une difficulté qui sort de l’ordinaire : machaqqatoun khârijatoun
‘an al mou‘tâd. C’est une difficulté qui perturbe l’individu, ne rend
pas la pratique aisée. La personne ne se sent pas capable de s’ac-
quitter de l’ordre. Cette sorte de prescription peut être intégrée
dans la sorte du « at-taklîfou bimâ lâ youtâq». Ainsi, dans la question
qui traite de l’insupportable.
324
Les fondements du droit musulman
Remarque :
Il résulte de cette analyse que, celui qui cherche la difficulté dans sa
pratique, sa démarche est non conforme au Vouloir du Législateur.
Ainsi, si nous prenons l’exemple du jeûne, on constate, qu’il est, en
vérité, une restriction, une limitation à la liberté de l’homme à ses plai-
sirs et désirs : boissons, nourriture et relations conjugales. Cependant,
cette restriction est une difficulté aisée engendrant une certaine soif et
une certaine faim.
Allâh (U) n’a nullement besoin d’affamer ou d’assoiffer Son ser-
viteur. En vérité, le but du jeûne c’est une maslaha physique et morale
dont va tirer profit le serviteur.
En contrepartie, Le Législateur a interdit sawm al-wisâl (jeûne
continu) et a recommandé de s’empresser de rompre son jeûne.
L’individu qui s’impose un jeûne continu impose à son corps une souf-
france interdite par Le Législateur, et pour laquelle il sera sanctionné.
325
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le malade incapable de jeûner ou le pèlerin qui ne peut accomplir le
rite ni à pied, ni par un quelconque autre moyen de transport qu’avec
une très grande difficulté. Ce genre d’individus est le seul à être inter-
pellé par les permissions « ar-roukhas ».
Ce genre de personnes responsables a le choix de profiter de la
permission ou de s’acquitter de l’obligation. Cet individu n’échappe
pas à deux situations :
* Il sait ou il a un doute probant que par l’acquittement de cette
obligation, il va causer à son corps ou à son esprit un « haraj »
(difficulté, mal ou une gêne).
Cette démarche n’est pas recherchée par La Loi. Ainsi, le Prophète
(r) : « C’est loin dêtre un signe de piété le jeûne durant le voyage :
laysa mina al-birri as-siyâmou f î as-safari.» (Rapporté par Al Boukhari,
Mouslim, An-Nasâ’î et Ahmad).
Nous parlons ici d’un voyage qui causera, à coup sûr, une difficulté.
On inclut dans cette catégorie, l’ensemble des actes dont on ignore
le degré de nuisance ; mais dès qu’on s’adonne à l’acte, on constate le
dommage. Ainsi, le jugement est le même.
Quand al moukallaf croit théoriquement qu’il ne subira pas de
dommage ; mais quand il passe à l’acte il en résulte une difficulté
inhabituelle et hors norme. Cette sorte de difficulté accorde le droit
à la roukhsa de la suspension de l’acte, car l’ensemble des textes de La
326
Les fondements du droit musulman
327
Les fondements du droit musulman
Introduction
Les droits se divisent en trois catégories :
A : Droit exclusif d’Allâh (U) : Haqqoûn khâlisoun li-Allâh
B : Droit spécifique des serviteurs : Haqqoun lil‘ibâdi faqat
C : Droit lié associé Allâh (U) et le serviteur : Haqqoun mouchtara-
koun bayna Allâh wal ‘abd
détails
I : Droit exclusif d’Allâh (U) : Haqqou Allâh (Ta’âlâ)
Il s’agit de ce type de droits dont résulte un intérêt général pour tous
l’Univers (avec toutes ses composantes). Il n’est pas approprié à une
catégorie de personne bien précise et on l’a attribué à Allâh (U) vu son
importance et le danger qui s’ensuit dans son délaissement, et à cause
de l’exhaustivité de ses avantages et mérites.
Et ces catégories sont très nombreuses :
* Telles que les pratiques purement cultuelles : la prière, le jeûne,…
* Les pratiques où il est question de responsabilité financière, telle
que la zakât.
* Un droit érigé par Le Législateur et qui ne concerne pas les indi-
vidus, à l’exemple du pourcentage à payer sur les trésors enfouis
(ar-rikâz)
328
Les fondements du droit musulman
Exemple :
La personne engage sa responsabilité lorsqu’elle reçoit en prêt une voi-
ture ou un ustensile ou un appareil… Elle est garante de ce droit (haqq)
du prêteur, mais qui peut le lever et le libérer de ce dû.
L’imâm Al Qarâfî le malékite (Qu’Allâh lui accorde miséricorde)
a dit : « Toute chose qui peut faire le sujet de dispense ou de décharge
de la part de l’homme, c’est ce que nous appelons le droit du servi-
teur : fa-koullou mâ lil ‘abdi isqâtouhou fahouwa alladhî na‘nî bihi haqqou
al-‘abd.» (Réf : Al Fouroûq, tome 1, page 141)
Exemple :
La dispense d’une dette
Le cheykh Mouhammad Sa‘îd Ramadân Al-Boutî (Qu’Allâh lui
accorde pardon et miséricorde) a dit à ce sujet : « Ahl al-Ousoûl ont
stipulé, que le serviteur a le choix, dans certaines qualifications légales,
de libérer, dispenser ou d ene pas réclamer son droit qui lui garantit
gain de cause.
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Les fondements du droit musulman
Remarque :
L’intention doit être omniprésente dans chaque acte accompli, pour
qu’il soit considéré comme un acte de dévotion et d’adoration adressé
de la part du serviteur à Son Seigneur (U).
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Les fondements du droit musulman
LA PERSONNE CONCERNÉE
PAR LES PRESCRIPTIONS
Al Mahkoûmou ‘Alayhi
Al Moukallaf
Il s’agit du moukallaf (la personne responsable). Cette personne, homme
ou femme, Ahl al Ousoûl ont exigé, pour que son interpellation soit
légale, une certaine aptitude et la garantie de conditions auxquelles il
ou elle doit satisfaire.
Ce chapitre est désigné par les Spécialistes sous l’intitulé de :
« Mabâhithou woujoûbi al ahliyyati wa al adâ’i »
Etudes des conditions de l’aptitude légale et de l’acquittement.
De même y sont exposés « ‘awâridouhâ al khalqiyyati wal-khoulou-
qiyyati : Les incidences physiques et morales de l’aptitude légale.
Al Ousoûliyyoûn ont aussi appelés ces incidentes : « ‘awâridouhâ
as-samâwîyyati wal-mouktasabati : Les empêchements ou incidents
innés et acquis.
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Les fondements du droit musulman
Définition conventionnelle
L’aptitude légale est de deux sortes :
A : Ahliyyat al woujoûb : Aptitude ou capacité d’exigibilité.
B : Ahliyyat al adâ’ : Aptitude ou capacité d’acquittement.
********
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Détails
* Al ‘aql - Al bouloûgh : la raison et la puberté
La raison est le moyen par lequel l’individu peut saisir le sens du
discours, connaître les choses. Et vu que cette capacité diffère d’un
individu à un autre selon sa force ou sa faiblesse, surtout dans les pre-
mières années d’évolution de l’individu, nos avants ont proposé l’ana-
lyse suivante :
Dans son évolution, l’être humain passe par cinq étapes :
1 : Avant sa naissance, lorsqu’il n’est qu’un embryon dans le ventre
de sa mère.
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Les fondements du droit musulman
41 Remarque : les juristes ont divergé quant à cette délimitation ; de même, ils ont
fait la différence entre la maturité physique et la maturité mentale. La différence dans
leur appréciation de ce qu’on a appelé la responsabilité juridique.
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Les fondements du droit musulman
- Le sommeil : an-nawm
- L’oubli : an-nisyân
L’avis le plus plausible dans cette question, c’est que les personnes
qui se trouvent dans cette situation ne perdent pas ahliyyat al woujoûb,
ils sont aptes. L’oubli et le sommeil n’influencent pas aussi ahliyyat al
adâ’. Il s’agit d’un incident passager qui libère la personne des sanctions
quant aux Droits d’Allâh (U). Le sommeil reporte l’interpellation
jusqu’au réveil.
Ibn Qoudâma (hanbalite) dans son ouvrage « Rawdatou an-Nâzir »
écrit : « Quand à l’oubli, s’il s’agit des droits des serviteurs (hommes),
il faut compenser ; alors que lorsqu’il s’agit du Droit d’Allâh (U) non
accompli ou altéré par un oubli, la responsabilité est levée.»
Leur argument est le hadîth rapporté par Al Bayhaqî, Ibn Mâjah
et Al Hâkim. Le Prophète (r) a dit : « Allâh ne tient pas rigueur à
ma communauté ce qu’elle fait par erreur ou par oubli ou sous la
contrainte. »
Le Prophète (r) a dit aussi : « La responsabilité est levée pour
l’endormi jusqu’à son réveil, l’enfant jusqu’à ce qu’il soit pubert et
le fou jusqu’à ce qu’il retrouve la raison. » (Rapporté par Ahmad dans son
Mousnad)
D’autres juristes ont dit :
« Il n’y a pas de suspension du taklîf, il y a seulement une absence
ou une levée de la sanction, et la preuve est établie par le Consensus
puisqu’il il y a toujours une demande de compensation (qadâ’), qui est
sujet d’unanimité.»
Certains juristes malikites ont essayé de combiner les deux avis et
ont dit :
« L’absence du sommeil et de l’oubli est une condition pour la
demande d’acquittement et non pas pour l’exigibilité de l’acte : (chou-
roûtou ’adâ’in lâ chouroûtou woujoûbin).»
- L’évanouissement : al ighmâ’ou
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« L’ivrogne, d’une façon générale est dans un état plus grave que
celui de l’endormi, car ce dernier peut être réveillé à tout moment et
même plus grave que certains fous qui, eux, peuvent saisir une grande
partie de nos paroles ».
L’imâm Al Ghazâlî reprend cette discussion dans ‘al Mankhoûl’ :
« Quant à l’ivrogne, on ne lui adresse pas le discours en état d’ivresse,
mais la sentence reste toujours d’actualité et la prière est reprise par un
nouvel ordre. »
Remarque :
Les drogues sont interdites (hadîth rapporté par Ahmad, dans son
Mousnad, d’après Ibn ‘Oumar et Oumm Salama - Qu’Allâh soit satis-
fait d’eux-).
Al Qarâfî (Malikite) rapporte l’unanimité à ce sujet.
Les drogues sont assimilées à l’ivresse, mais leur nuisance est plus
grave et plus destructrice que la boisson enivrante.
Selon Al Bazdawî et Ibn Taymiyya, le consommateur de la drogue
est sanctionné par la même peine pour ivresse.
42 Al-Mankhoûl : p.28
43 T.1 p.54
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44 P.32
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- L’erreur : al-khata’ 45
45 Remarque : Quand on parle d’erreur, elle ne peut pas concernée ce qui est
communément établi et connu par tous les croyants. Pas de négligence ! Il y a un
minimum d’infos sur l’Islam qui doit faire partie de la seconde nature des croyants.
Nous ne parlons pas des exceptions.
Ex : les rites des ablutions.
46 Ibn Mâjah, Al Bayhaqî et autres.
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Les fondements du droit musulman
Exemple :
Faire des plaisanteries sur le Coran ! Ceci est un manque de respect
vis-à-vis du Livre d’Allâh et donc vis-à-vis d’Allâh (U).
B : Plaisanterie ayant pour but d’informer, de faire passer une infor-
mation plaisante : al ikhbârou
On n’en tient pas compte au niveau juridique
Exemples :
Une personne dit en s’adressant aux autres :
« Je me suis marié ! J’ai divorcé ! » ; Alors qu’il s’agit de mensonge.
Cela peut toutefois nuire à son honorabilité de la au niveau moral.
L’homme ne peut pas dire à son épouse, même en plaisantant : « Je
te divorce !»
C : Plaisanterie à travers laquelle on cherche à réaliser un acte :
hazloun min qabîli al-’inchâ’
Exemple :
Les plaisanteries que le Prophète (r) a dénoncées dans un hadîth, et
qui vont servir de base pour tous les juristes. Le Prophète (r) a dit :
« Trois choses dites sérieusement sont sérieuses et leurs plaisante�-
ries sont sérieuses : le mariage, le divorce et la révocation à la suite
47
du divorce.»
Ce genre de plaisanterie a pour effet la réalisation du sujet de la
plaisanterie, y compris le divorce ou la vente annoncée… Il n’y a pas
de levée de la responsabilité.
- La mécréance : al koufrou
Ahl al Ousoûl ont divergé selon trois avis sur cette question :
47 Version rapportée par Abû Dawoûd, At-Tirmidhî, Ibn Mâjah. D’autres ver-
sions où « ar-rij‘atou » a été remplacé par l’affranchissement de l’esclave (al-‘itâqou)
dans une version encore (ar-rij‘atou) a été remplacé par « al-yamînou » (serment)
346
Les fondements du droit musulman
as-sihha) .49
347
Les fondements du droit musulman
Définitions
Définition littérale
On dit : hakama lahou, wa hakama ‘alayhi bikadhâ : idhâ mana‘ahou min
khilâfihi
C’est lorsqu’on empêche quelqu’un de s’adonner à un acte contraire
que celui énoncé.
Exemple :
Quand on demande à quelqu’un de sortir : le sens est l’empêcher de
rester : hakamtou ‘alayhi bilkhouroûj. 50
Traduction :
Ô les Banoû Hanîfa empêchez vos simples d’esprit de dire du mal de
nous,
Car je crains pour vous ma colère !
* Ici, sa colère s’extériorisait par le biais de sa langue.
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Les fondements du droit musulman
Traduction :
Chaque jour, nous avons de la part de Ma‘add,
Soit des insultes ou un combat ou un dénigrement,
Alors, nous empêchons par les rimes celui qui nous dénigre,
Et nous frappons (par nos épées) lorsque le sang se mêle.
Définitions Juridiques
« Al houkm c’est le fait de confirmer un ordre, faire preuve d’un ordre se
rapportant à quelqu’un ou à quelque chose ou sa négation par rapport
à quelqu’un ou à quelque chose.
Exemple : vous dîtes Untel est debout et Untel n’est pas debout. »
Ce houkm se subdivise d’après les Textes de la Loi et de la réalité
en trois sortes :
- Houkmoun ‘aqlîy : sentence rationnelle
Les jugements ou sentences où la raison se prononce dans le sens
de négatif ou de positif.
Exemples :
- Le tout est plus grand que la partie
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Les fondements du droit musulman
Explication de la Définition
1. « Khitâbou Allâhi (ta‘âlâ) » : il s’agit de Sa Parole (U), que certains ont
appelé « al-kalâm an-nafsî » : la Parole de l’Être qui est immatérielle.
Remarque :
Au niveau des humains, la parole immatérielle c’est ce qu’on imagine
dans notre subconscient, et que l’on n’arrive pas à articuler.
La Parole d’Allâh (U) est une parole inarticulée. Nous faisons la
différence entre une parole inarticulée et une parole prononcée ; car
celle-ci traduit dans le concret cette parole intérieure qui se situe au
niveau de notre conscience.
Attention, La Parole d’Allâh (U) n’est pas composée de sons, ni
articulée.
« Al-kalâm : la Parole » est une vérité, et c’est l’un des Attributs
d’Allâh (U).
350
Les fondements du droit musulman
Remarque importante :
On ne peut dire que la langue arabe est une parole éternelle ; c’est une
langue créée « kalâmoun lafzî ».
Tout ce que la Sounna nous a rapporté qu’elle soit « qawliyya, fi‘liyya,
taqrîrîya » constitue des créneaux et des indications sur le Discours
d’Allâh (U).
De même, on a appelé « al-‘ijmâ‘ » et « al-qiyâs » sont des dalîl, car
chacun d’entre eux indique une qualification parmi celles qui sont vou-
lues par Allâh (U), car l’érudit, à travers son ijtihâd ne fait que dévoiler
les qualifications légales (al-kachfou ‘an al-ahkâmi), et n’a pas un rôle de
légiférateur, il ne peut instituer des lois (wa lâ yaqoûmou bi inchâ’i). Il
fait ainsi un travail de réflexion, à partir de Textes, de déduction.
Donc, toutes les règles de Droit considérées comme telles dans
notre Charî‘a, ainsi que les règles de base déduites des Textes, for-
ment ce que nous avons appelé « khitâbou Allâhi (ta‘âlâ) », par lequel
Il interpelle Ses serviteurs. Ce discours d’Allâh a été dévoilé soit par
l’indication verbale « biddalîli al-lafzî » : il s’agit ici du Coran et des
hadîths (parole du Prophète –Paix sur lui-) ou ce discours a été dévoilé
par la Sounna pratique (actions et approbations du Prophète- Paix sur
lui-) ; et une autre partie a été dévoilée par le moyen de la déduction
suite à un Consensus de la communauté (les érudits) ou par la réflexion
rationnelle et analogique (al ijtihadou al-qiyâsî)
351
Les fondements du droit musulman
Tous les versets, tel que Ste 3/V.18 et ceux qui lui ressemblent ne
peuvent être inclus dans les versets contenant une qualification légale.
On ne peut donc inclure tous les versets traitant de l’Entité divine
ou de la création, du Jugement Dernier, comme faisant partie des sen-
tences légales ayant pour sujet les actes des personnes moukallaf.
Les versets contenant un houkm ach-char‘î indique un ordre de faire
ou ne pas faire adressé au responsable.
Remarque :
« Al-houkmou ne concerne pas l’être de l’individu comme entité, mais
ses actes : Al-houkmou ach-char‘î lâ yatanazzalou ‘alâ adh-dhawâti bal
‘alâ al af‘âli. »
3. « bitarîqi al’iqtidâ’i »
Al iqtidâ’ : at-talab : al amr : c’est la demande ou l’ordre, qui est de
deux sortes :
A : Talaboun îjâbiyyoun ou woujoûdiyyoun (awjada : concrétiser)
(quelque chose de positif )
On donne naissance à quelque, à un acte. C’est une demande de
faire (talabou fi‘l).
352
Les fondements du droit musulman
4. « at-takhyîr »
Nos savants ont dit que c’est une situation où il y a égalité entre al-fi‘l
et at-tark : la demande de faire et de ne pas faire l’acte.
Il y a égalité entre les deux demandes.
C’est-à-dire qu’on a libéré l’acte du moukallaf, qui a le choix entre
faire et ne pas faire ; et c’est ce que nous appelons al moubâh ou al halâl :
le permis ou le licite.
C’est la raison pour laquelle certains Ousoûliyyoûn n’ont pas consi-
déré al moubâh comme une qualification légale. Alors que d’autres le
considèrent comme telle, puisqu’il fait partie du Discours d’Allâh (U).
353
Les fondements du droit musulman
5. « aw al wad‘i »
Il s’agit de ce qu’Allâh (U) a institué comme une cause, une condition
ou un empêchement de l’acte.
Exemple : la Parole d’Allâh (U) : ( Allâh vous enjoint concernant
vos enfants aux mâles sont accordés deux parts… ) (Ste 4/V.11)
A travers, ce verset, Allâh (U) a institué le lien de parenté comme
étant la cause sabab donnant droit à l’héritage.
Le discours stipulatif (al khitâb al wad‘î) ne contient pas une
demande de faire ou ne pas faire, et il n’est pas question de choix ou de
préférence. C’est plutôt l’institution de causes (asbâb char‘iyya) pour des
mousabbabât (effets légaux), institués par le Législateur (U).
C’est ce qu’Allâh (U) a institué comme cause, condition ; le respon-
sable en tant que personne n’est pas pris en compte ( ). 52
Préambule
A : La position de la Majorité
La Majorité de Ahl al Ousoûl ont fixé al-houkmou ach-char‘îyyou
at-taklîfîyyou (la règle de Droit prescriptive) au nombre de cinq :
354
Les fondements du droit musulman
DETAILS :
* Si la demande est ferme (jazm) [qat‘î] : al iqtidâ’= talaboun=
Jazmoun qat‘î : fardoun : fi‘loun wâjiboun : woujoûdî
- Jazmoun qat‘î : fardoun fi‘loun harâm : ‘adamî.
* Si la demande est probante (jazm zannî) dans son indication (zannî)
al iqtidâ’.
- Talaboun zannîyoun : al-wâjib : fi‘loun woujoûdî
- Karâhatou tahrîm : fi‘loun wajiboun ‘adamî
Pour ces derniers (les Hanafites), le Fard est plus élevé qu’Al Wâjib.
* Après, ils ajoutent la demande qui n’est pas ferme, al-iqtidâ’ ou al-lâ
jazmiyyou.
S’il s’agit de faire c’est Al Mandoûb. Et s’il s’agit de ne pas faire c’est
Al Makroûh.
C’est une demande d’acquittement d’un acte (talab). Elle englobe :
355
Les fondements du droit musulman
356
Les fondements du droit musulman
L’OBLIGATOIRE
Al Îjâb - Al Wâjib Ou Al Fard
Définitions
Définition Littérale
Wajaba : lâzama. Al woujoûb : allouzoûm : se dit, lorsqu’une chose
tombe et reste inerte, perd tout mouvement, de sorte qu’elle reste
‘‘coller” de sa chute. Elle ne peut le quitter. A l’exemple du mort qui
tombe et qui ne bouge plus, car il y a absence de tout mouvement.
Allâh (U) dit au sujet des bêtes immolées durant le Hajj : ( …fa
idhâ wajabat jounoûbouhâ… : et une fois que la bête est abattue…) (Ste
78 / V.36)
Allâh (U) parle ici de la bête sacrifiée, lorsqu’elle tombe inerte,
on peut estimer qu’elle est morte, alors coupez-la et nourrissez-en les
pauvres.
Définition Conventionnelle
Al Wâjib ou Al Îjâb :
On a défini l’obligatoire comme suit : « Il s’agit de l’acte que Le
Législateur a exigé son acquittement d’une façon formelle et ferme….»
(Réf : Ibn Hazm : Al Ihkâm ; tome 3, page 321)
L’obligatoire est une demande (talab), dont les preuves provenant
du Législateur, exigeant l’acquittement de l’acte, sont plus effectives
et plus élevées que l’indication de ne pas faire. Il y a absence totale de
toute autre supposition. « Cette position ne laisse pas de possibilité
à aucune remise en question et implique forcément l’interdiction du
délaissement de l’acte obligatoire.» (Réf : Ad-Dabboûsî al hanafi : Taqwîm
al adillah fî Ousoûl al fiqh, page 49).
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à votre salut ! Que vous importe que d’autres s’égarent, si vous êtes
sur la Voie de Dieu ! )
- L’ordre explicite à l’impératif. Exemple : la Parole de Dieu (U),
sourate 16/Verset 90 : ( Inna Allâha ya’mourou bil ‘adli wal ihsâni
wa îtâ’i dhî al qourbâ… : Dieu prescrit l’équité, la charité, l’assistance
bienveillante aux proches… )
- Les procédés stylistiques de la langue arabe indiquant la demande
formelle de l’acquittement de l’acte. Exemple la Parole de Dieu (U),
sourate 3/Verset 97 : ( Wa lillâhi ‘alâ an-nâsi hajjou ala bayti : Dieu
a prescrit aux Hommes, par déférence envers Lui, de se rendre en
pèlerinage à Sa Demeure, pour quiconque en a les moyens… )
- La racine du verbe indiquant le sens de l’obligation. Exemple : la
Parole de Dieu (U), sourate 2/Verset 182 : ( Yâ ayyouhâ alladhîna
âmanoû koutiba ‘alaykoumou as-siyâmou… : Croyants ! Le jeûne
vous est prescrit … )
- Le fait de décrire le délaissement de l’acte comme une rébellion, une
perversité ou la menace par une sanction grave dans ce bas-monde
et dans l’au-delà. Exemple la Parole de Dieu (U) : ( Fawayloun
lil-mousallîn alladhîna houm ‘an salâtihim sâhoûn : Malheur à ceux
qui négligent leur prière… ) (Ste 107/V.4-5)
- L’usage explicite du terme farada ou wajaba. Exemple la Parole
de Dieu (U), sourate 66/Verset 2 : ( Qad farada Allâhou lakoum
tahillata aymânikoum : Dieu a institué pour vous un moyen légal de
vous délier de certains de vos serments. )
361
Les fondements du droit musulman
La classification de l’obligatoire
La classification de l’obligation (al îjâb) se fait par rapport à différentes
considérations :
I : Obligatoire par rapport au temps de l’acquittement : Wâjib biha-
sabi waqti al adâ’.
Ce wâjib se divise en deux sortes :
1- Obligatoire large, étendu : Wâjib mouwassa‘, moutlaq.
2- Obligatoire restreint, limité : Wâjib mouqayyad, moudayyaq.
II : Obligatoire par rapport à la quantité qui lève la responsabilité
du moukallaf : Wâjib bihasabi al-miqdâri al-ladhî tabra’ou bihi
dhimmatou al moukallaf.
Il se divise en deux :
1- Obligatoire quantité définie : Wâjib mouhaddad
2- Obligatoire quantité non définie : Wâjib ghayr mouhaddad.
III : Obligatoire par rapport à l’acte exigé : Wâjib bihasabi al fi‘li al
ma’moûri bihi
Il se divise en deux sortes :
1- Obligatoire désigné, délimité : Wâjib mou‘ayyan ou mouta‘ayyan
2- Obligatoire au choix : Wâjib moukhayyar
IV : Obligatoire par rapport à l’interpellé : Wâjib bihasabi al-ma’moûr
Il est de deux sortes :
1- Obligatoire individuel : Wâjib mou‘ayyan ou fard ‘ayn
2- Obligatoire collectif ou solidaire : Wâjib kifâya ou kifâ’î ou fard
kifâya
362
Les fondements du droit musulman
Développement
I : L’Obligatoire par rapport au temps de l’acquittement :
wâjib bihasabi waqti al adâ’.
1- Obligatoire large, étendu : Wâjib mouwassa‘ moutlaq.
Il s’agit de l’obligation dont Le Législateur a demandé l’acquittement
sans fixer le temps. Le moukallaf a le droit de s’en acquitter quand cela
lui semble bon ; il doit bien entendu formuler l’intention de le faire un
jour (doit prendre une résolution interne).
Cependant, il est préférable de s’en décharger au plus vire, car la
mort survient par surprise.
Exemples :
- L’acquittement des kaffârât (les expiations). Cette expiation est
toutefois exigée de la personne sans concession ; cela ne lève aucu-
nement l’obligation.*
Remarque :
La Majorité recommande de s’acquitter des compensations en pre-
mier, avant le surérogatoire. Tandis que les Chafi‘îtes exigent l’acquit-
tement de la compensation, avant tout autre acte surérogatoire : car
c’est une dette.
- La compensation du jeûne de Ramadan.
- Le Hajj pour celui qui possède les moyens. Il est obligatoire dans
le temps (‘alâ at-tarâkhî) et non pas tout de suite (‘alâ al fawr). La
personne a le droit de s’en acquitter à n’importe quel moment de
sa vie. Bien que les hadîth incitant à son accomplissement au plus
vite sont très nombreux.
363
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Les cinq prières, le jeûne de Ramadan, les jours des rites du Hajj.
En l’absence d’une excuse légale, si al moukallaf ne respecte pas ce
temps défini, il est jugé en état de péché (âthim).
Selon les Hanafites, ce genre d’obligation restreint (mouqayyad) se
subdivise en trois catégories :
DETAILS :
Exemple :
Le temps de la prière du ‘Asr est limité, cependant cette durée limitée
est relativement étendue (plus d’une heure). On pourrait durant cette
durée effectuer plusieurs fois cette prière.
Ainsi, celui qui a commis une erreur pendant sa prière, il a la pos-
sibilité d’une reprise (al i‘âda) durant le temps légal.
364
Les fondements du droit musulman
Remarque :
Il résulte de cette subdivision par rapport à cette obligation dont le
temps d’acquittement est fixé que, lorsqu’il s’agit d’un wâjib mouwassa‘,
l’intention est requise (dans le temps légal du soubh, je suis obligé de
formuler l’intention pour différencier cet acte obligatoire de tout autre
acte surérogatoire permis durant ce temps étendu.)
Quand il s’agit d’un obligatoire et qui est restreint dans le temps,
il est permis de s’en acquitter sans formuler l’intention ; car l’acte se
dirige vers quelque chose de précis :
« Al-wâjibou bihasabi waqti al adâ’i al-moudayyaqi yajoûzou al-qiyâ-
mou bihi bimoutlaqi an-nîyati aw bidoûni nîyatin »
A l’exemple du jeûne du mois de Ramadan.
365
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Le pèlerinage, ce rite est limité dans le temps, à savoir les mois du Hajj
(Ste 2/V.197). La personne ne peut pas accomplir plus qu’un hajj par
an (moudayyaq) : cependant d’un autre côté le hajj est composé d’un
certain nombre de rites qui n’occupent pas toute la période du hajj.
Le pèlerin peut les accomplir à répétition (mouwassa‘). La possibilité
d’accomplir plusieurs tawâf ; renouveler sa ‘Oumra….
Pour les Malikites, Les Chafi‘îtes et les Hanbalites, Al Wâjib se
divise en deux sortes : Wâjib moudayyaq (restreint, limité) et Wâjib
mouwassa‘ (étendu, large).
Pour la Majorité, dès que l’entrée du temps légal est annoncée, l’acte
devient obligatoire, ensuite, il devient au libre choix dans le reste du
temps légal qui lui est accordé.
Questions diverses
L’acte obligatoire qui est accompli par al moukallaf, est considéré
comme tel, soit par rapport au temps indiqué ou par rapport à l’acte.
L’intérêt de l’acte peut résider dans le temps de l’acquittement qui
lui a été assigné, mais l’intérêt (al maslaha) peut être dans l’acte lui-
même sans tenir compte du temps fixé.
366
Les fondements du droit musulman
Exemple :
La prescription du jeûne du mois de Ramadan : Allâh (U) en a fait le
mois officiel pour s’acquitter du devoir du jeûne.
Le fait qu’Allâh (U) a fixé le temps de ce devoir, c’est qu’il y a une
maslaha ; cependant si on fait abstraction de la notion du temps dans
cette obligation (jeûne), l’acte lui-même contient un intérêt.
Le jeûne de Ramadan est un acte défini dans le temps, et il y a un
intérêt dans l’acte lui-même et dans le temps qui lui est réservé.
Chaque fois que l’individu s’acquitte d’un acte dans le temps indi-
qué, il s’agit d’un adâ’.
367
Les fondements du droit musulman
Exemple :
La situation du voyageur, qui a le choix entre le jeûne et la rupture.
Le qada’ du voyageur est aussi majâzî (au sens figuré) ; car al qada’ al
haqîqî, consiste à compenser un acte dont le temps légal est déterminé,
mais il y a eu négligence de la part du moukallaf.
Il y a un autre cas de figure de adâ’.
Il s’agit d’un acquittement sujet de divergence : adâ’oun moukhta-
lafoun fihi
Exemple :
Le cas du malade. Est-il appelé à accomplir son jeûne ?
Il est sûr que, si son jeûne risque de lui causer un dommage phy-
sique réel, l’acquittement dans le temps légal ne lui est pas réclamé.
Dans le cas où il décide de jeûner, quel statut accorde-t-on à cet
acquittement ?
Est-ce un jeûne valide ou un jeûne invalide ?
Certains juristes ont validé son jeûne, tout en signifiant qu’il a
commis un péché : sahha sawmouhou wa ‘asâ.
Pour les Zahirites, son jeûne est invalide, car il a commis un inter-
dit. L’acte est jugé inexistant : on ne peut chercher la proximité d’Allâh
(U) en désobéissant à Ses Ordres et à Sa Sagesse. Ils exigent la com-
pensation du jeûne (al qadâ’).
368
Les fondements du droit musulman
Exemples
- Al ma’moum al masboûq (le suiveur retardataire) qui rejoint l’imâm
dans une partie de la prière, et il lui reste de compléter sa prière :
cet accomplissement individuel s’appelle qadâ’.
- L’imâm Ach-Chafi‘i (Qu’Allâh lui accorde Sa miséricorde) exige
le qadâ’ des Sounan (sounatoun mou’akkadah) : c’est-à-dire al fajr
et al witr, car il les considère comme ayant une cause (entrée d’un
temps qui lui a été défini) ; donc on doit les reprendre. (Cfr. L’imâm
Al Qarâfî : Al Fouroûq. Al Farq n° 66.)
369
Les fondements du droit musulman
Cette attitude est interdite, car l’acte est jugé inexistant (ma‘doûm),
de point de vue légal. Une des conditions (chart) pour la validité et
l’acceptation de l’acte n’a pas été observée.
Cependant, la Loi peut déroger à cette condition (règle). Ceci fait
partie du réalisme de la Loi et de sa prise en considération des situa-
tions d’exception (al istithnâ’).
Ainsi, la permission est accordée pour le versement de la Zakât
avant l’avènement de sa date légale (al hawl), en cas d’un besoin urgent
par l’un des bénéficiaires légaux.
370
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- La prière : le nombre a été définie (cinq prières obligatoires). -De
même, les cycles (raka‘âtes) qui la composent.
- Ceci s’applique aussi à la zakât et au jeûne…Les diyyât (le prix
du sang), le remboursement des dettes, la remise des dépôts (al
amânât).
Ce genre d’obligation est déterminé en lui-même et ne nécessite
pas ni le consentement de la part des gens, ni le recours à une autorité.
La responsabilité n’est pas levée tant qu’il n’y a pas eu un acquittement
selon les normes déterminées par le Législateur.
Exemples :
- Le fait de secourir le nécessiteux en état de détresse.
Le fait de lui venir en aide est obligatoire, mais il n’y a pas de déli-
mitation de la quantité à fournir.
- Dépenser pour la Cause de Dieu (U).
Cependant, il y a certaines questions qui ont été sujettes à des
divergences parmi nos érudits. Doit-on les inclure dans l’obligatoire
déterminé ou le non déterminé ?
Exemple :
La nafaqa (la prise en charge de l’épouse). La valeur est-elle définie ou
non définie ?
Les juristes s’accordent sur le statut obligatoire de la nafaqa. Mais
dans le cas où l’épouse est fortunée ou dispose d’un salaire, a-t-on le
droit de définir la nafaqa due par l’époux ou non ?
371
Les fondements du droit musulman
Remarque :
L’aide à la proche parenté, sauf les parents : leur prise en charge est
obligatoire, fait partie des actes de bienfaisance. C’est une aide indé-
finie, comme toutes les oeuvres de bienfaisance (la solidarité sociale,
l’aumône…)
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
La prière ; le jeûne du mois de Ramadan ; la restitution du bien usurpé,
etc.….
Question de Ousoûl :
Ahl Al Ousoûl ont divergé si l’ordre peut concerner un acte ambigu
parmi d’autres désignés.
Cette question est sujet de désaccord entre Al Ousoûliyyoûn de
tendance sounnite et mou‘tazilite.
- Les Sounnites disent que rien n’empêche cette possibilité, ni de
point de vue linguistique, ni rationnel et ni canonique.
Allâh (U) le peut. L’usage de la particule « aw », dans l’exemple
précité pour l’expiation d’une parjure, indique explicitement le choix.
Allâh (U) ne spécifie pas ce qu’Il préfère, il y a takhyîr, alors qu’il s’agit
d’obligations.
Selon les Sounnites, l’ensemble des juristes est unanime à ne pas
exiger l’ensemble des actes obligatoires qui constituent l’expiation.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Question de Ousoûl :
375
Les fondements du droit musulman
1- Obligatoire individuel :
Wâjib mou‘ayyan ou wâjib ‘aynî ou fard ‘ayn
Il s’agit de l’obligation dont le Législateur a demandé l’acquittement
de la part de chaque moukallaf. Le discours s’adresse à tout le mode
sans spécification (takhsîs), ni exclusion. Tels que : l’obligation de la
prière, du jeûne, le respect des engagements et l’exécution des contrats.
376
Les fondements du droit musulman
Exemples :
La fonction de juge, médecin ainsi que tous les métiers et fonctions
nécessaires à l’organisation sociale ; l’obligation d’ordonner le Bien et
d’interdire le mal ; les témoignages ; les prières funéraires ; le combat
pour la cause de Dieu ; la fatwa ; la spécialisation dans les sciences
islamiques…
377
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Zayd (Untel) est le seul capable d’entre le groupe de s’acquitter d’une
tâche (médecine, enseignement…). Cette charge, qui fait partie du
devoir collectif, sera considérée pour Zayd comme une obligation qui
s’adresse à lui personnellement. Son refus de l’assumer sera considéré
comme un refus de s’acquitter d’un fard ‘aynî, et il sera coupable de la
négligence d’un devoir.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
LE RECOMMANDÉ
Al Mandoûb ou Al Moustahabb
Définitions
Définition Littérale
On dit : « Nadaba al-qawma ilâ al amri, yandoubouhoum nadban : hath-
thahoum wa da‘âhoum ilayhi : un groupe l’inciter et le convier à faire...
Le poète arabe a dit :
lâ yas’aloûna akhâhoum hîna yandoubouhoum
li-nnâ’ibâti ‘alâ mâ qâla bourhânâ
Traduction :
Ils n’interrogent pas leur frère, quand il fait appel à eux,
au moment des épreuves de justifier sa demande.
On dit aussi :
« Nadabahou ilâ al amrin : da‘âhou ilayhi, fastajâba » : le fait d’inter-
peller quelqu’un au sujet de quelque chose, alors il répond favorable-
ment à la demande ou à l’appel.
Quant à la chose à laquelle on convie ou invite la personne, s’ap-
pelle : al mandoûb.
On constate, qu’il y a absence de contrainte.
Définition Conventionnelle
« Al fi‘lou al-ladhî youmdahou fâ‘ilouhou wa lâ youdhammou târikahou :
l’acte, que Le Législateur a demandé l’acquittement sans contrainte, ni
obligation. Celui qui s’y adonne sera loué et récompensé, quant à celui
382
Les fondements du droit musulman
Analyse de la définition :
* « Youmdahou fâ‘ilouhou » : Celui qui s’y adonne sera loué.
On remarque que, par cette précision, on a exclu du domaine du
Mandoûb, al Moubâh (le Permis). Acte qui n’est pas sujet ni à l’éloge, ni
au dénigrement et ni au blâme. De même, on a écarté du cadre de cette
définition : al Harâm (l’Interdit) et le Répréhensible (al Makroûh), car
celui qui les délaisse est sujet à l’éloge et sera félicité.
* «Wa lâ youdhammou târikahou » : on exclut l’Obligatoire (al Wâjib).
En écartant l’Obligatoire, le Permis, l’Interdit et le Répréhensible,
très certainement, il ne reste que le Recommandé (al Mandoûb).
On a dit dans notre définition, qu’il s’agit d’un fi‘l : action dans un
sens général = il s’agit de n’importe quel acte, et non pas dans un sens
précis ou particulier. On y intègre les paroles, car la parole est considé-
rée comme un acte, de point de vue légal.
Ainsi, ce que nous suggère notre nafs (kalâm an-nafs) : la parole
interne fait partie du recommandé, car celui qui a pris la résolution,
en son fort intérieur, d’accomplir un acte, et ne l’a pas fait, il lui sera
comptabilisé comme une bonne action (hasanah).
Le fait de méditer sur la création de Dieu (U) fait partie de l’évoca-
tion (dhikr) de Dieu (U). C’est un acte recommandé, qu’il s’agit d’évo-
cation verbale ou interne (par le cœur).
On a dit aussi : Al mandoûb est un acte dont la demande d’accom-
plissement est prépondérante (meilleure) qu’à son délaissement, à
l’exemple de la rédaction du contrat de la dette en présence de témoins.
(Voir Ste 2/V.282)
383
Les fondements du droit musulman
384
Les fondements du droit musulman
Statut du mandoûb
Est-ce qu’al-Mandoûb est assujetti à un ordre ?
385
Les fondements du droit musulman
Question de Ousoûl :
Est-ce qu’al Mandoûb fait partie du taklîf
(Acte dont on doit s’acquitter) ?
Pour Al Isfirâyînî, il ne fait pas partie du domaine du taklîf.
La Majorité considère al Mandoûb faisant partie du taklîf.
Explication :
En vérité, la divergence n’est que verbale. Elle se situe au niveau des
termes utilisés ; au niveau de la définition donnée au terme taklîf.
- Certains l’ont définie comme suit : « at-taklîfou houwa ilzâmou mâ
f îhi koulfa : C’est le fait d’astreindre les personnes de s’acquitter
d’un acte dont ils sont chargés.»
Cependant, cette définition du taklîf, exclue le Mandoûb du domaine
du taklîf, car elle stipule qu’il est question d’ilzâm (contrainte), alors
que tout le monde s’accorde que le recommandé n’est pas du domaine
de l’acquittement ferme et contraignant.
- Quant à ceux qui ont expliqué at-taklîf, comme étant : « at-taklîfou
mâ fîhi koulfatoun : la responsabilité c’est tout ordre qui suppose une
charge » ; ils n’ont pas tenu compte de la présence de la contrainte
dans la demande. Ceux-là ont jugé al Mandoûb sujet de taklîf. (Réf :
Al Qarâfî : Al Fouroûq, farq 85)
386
Les fondements du droit musulman
Exemple 1 :
Quand la pluie est forte et l’obscurité est totale et qu’il y a crainte de se
déplacer pour chaque prière. Dans ce cas-là, il est permis de grouper
les prières d’al Maghreb et al-‘Ichâ’.
Le fait de grouper ces prières a nécessité que l’on donne priorité au
Mandoûb (le regroupement) sur al Wâjib (respect de l’entrée du temps
légal pour chaque prière).
387
Les fondements du droit musulman
Exemple 2 :
Le fait d’accorder un délai supplémentaire à l’endetté est du domaine
de l’obligation. Cependant, le fait de suspendre la dette définitivement
est du domaine du Mandoûb.
Allâh (U) dit : ( Si votre débiteur est dans la gêne, attendez à meilleure
fortune. Si vous saviez pourtant comme il vous serait préférable de
renoncer à vos droits ! ) (Ste 2/V.280)
Exemple 3 :
La prière dans la Mosquée sainte à Mecca, la mosquée du Prophète
(r) à Médine, et à la mosquée sainte d’Al Qouds sont meilleures que
les prières célébrées dans d’autres lieux.
Exemple 4 :
La prière à la suite de l’utilisation du siwâk est meilleure que de 70
prières faites sans avoir usé de siwâk !
Exemple 5 :
Refaire une prière obligatoire accomplie individuellement, avec le
groupe à la mosquée, est recommandée, car la prière en groupe est
meilleure que la prière individuelle de 27 degrés.
Cependant Ibn Ach-Chât a répondu à tous ces arguments.
Il a démontré que l’Obligatoire a priorité dans tous les cas sur le
Recommandé. Ainsi la préférence accordée à la prière dans les trois
mosquées saintes, ne modifie, en aucun cas, le statut de la prière. Elle
est toujours obligatoire, quelque soit l’endroit où elle sera célébrée. La
manière ou le lieu lui donnera une certaine excellence, mais son statut
demeure le même.
Certains caractères apparentés à la prière lui donnent du mérité,
grâce au Mandoûb, mais la prière reste Obligatoire.
388
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le lavage des mains, le rinçage de la bouche et le nettoyage du nez
(al madmadah et al istinchâq…), ne font pas partie des actes obliga-
toires des ablutions : ce sont des actes recommandés. Ils font partie
des actes introductifs aux ablutions (mouqaddimât al woudoû’).
- L’appel à la prière et son annonce (al adhân et al iqâmah) sont au
service de la prière (khâdimât).
- Le siwâk et la toilette, le fait de retarder le sahoûr et de s’empresser
de rompre son jeûne à l’heure, font partie des actes qui parachèvent
et complètent l’Obligatoire (moutammimât).
Ce genre de recommandé rejoint l’Obligatoire, c’est ce qu’on
appelle : Sounna mou’akkadah, selon la terminologie malikite, et
Sounnat al houdâ, selon les Hanafites.
Même s’il n’est pas obligatoire en soi, il acquiert le statut de l’obli-
gatoire dans l’ensemble.
Si on le délaisse intentionnellement, il en résulte péché et sanction
et mise en cause de la validité de notre pratique cultuelle, car il y a
désobéissance au Prophète (r).
L’imâm Ach-Châtibî a dit dans ses Mouwâfaqât, Tome.1 :
389
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Les prières des Deux Fêtes (salâtou al-‘idayn), l’Appel à la prière (al
adhân), la prière en commun (salâtou al-jamâ‘a). C’est ce que nous
avions appelés : Sounna mou’akkadah.
2 : Sounna dont la mise en pratique est bon et son délaissement est
permis. Il s’agit d’actes et de comportements propres au Prophète (r),
et qui n’ont pas une dimension juridique. Tels que, sa manière de mar-
cher, de s’asseoir, son amour pour les vêtements de couleur blanche,
son usage du henné, etc.
390
Les fondements du droit musulman
Conclusion
Nous pouvons délimiter al Mandoûb en trois sortes :
1 : Mandoûb appelé : Sounna mou’akkadah ou Sounna al houdâ, chez les
Hanafites. Cette sorte est recommandée partiellement et acquiert le
statut de l’obligation dans l’ensemble. Celui qui la délaisse son hono-
rabilité est mise en cause et mérite réprimande, blâme et la sanction.
2 : Recommandé, appelé nâfila ou moustahab, chez certains juristes. Ce
sont les actes que le Prophète (r) a mis en pratique avec assiduité, et
qu’il a délaissé très rarement, tels que : la prière du Douhâ, les prières
accompagnatrices des prières obligatoires (ar-rawâtib), le jeûne du
lundi et du jeudi. Celui qui s’y adonne en sera récompensé et celui qui
les néglige ne sera pas sujet ni à la sanction, ni à la réprimande.
3 : Une catégorie d’actions que le Prophète (r) a accompli par habi-
tude en sa qualité d’un être humain, qui a ses propres goûts. On appelle
cette catégorie : sounnat az-zawâ’id. Celui qui les met en pratique, par
amour et imitation du Prophète (r), en sera récompensé. Il n y a pas
de grief pour les délaisser et ne pas les mettre en pratique.
*****
Il est très rare que le Mandoûb soit recommandé partiellement et
recommandé dans l’ensemble. En général, il est recommandé en soi,
obligatoire et demandé dans l’ensemble.
391
Les fondements du droit musulman
LE PERMIS – LE LICITE
Al Moubâh –Al Halâl
Définitions
Définition littérale
Ce terme est tiré du verbe : abâha ach-chay’a ’ibâhatan : azharahou :
rendre évident, apparent.
On dit : bâha bi-sirrihi : dévoiler, divulguer son secret le rendre
apparent.
Le terme ibâhah, s’utilise pour désigner le sens de la permission :
al idhnou.
Et on dit : bâha ach-chay’a abâhahou : idhâ jahara bihi : le manifester
en public, le dévoiler et le manifester publiquement.
On dit aussi : abahtouka ach-chay’a : ahlaltouhou laka : je t’ai accordé
la permission de t’adonner à quelque chose.
On constate que le sens à tous ses dérivés : az-zouhoûr - al izhârou
≠ as-sirrou.
Manifester quelque chose, la rendre apparente et la dévoiler ≠ secret.
Définition conventionnelle
Ahl al Ousoûl ont divergé dans leurs définitions du Moubah.
- Certains l’ont défini comme suit : « Al Moubâh c’est l’acte dont les
deux extrémités (les deux sentences, ou les deux demandes (at-ta-
lab) : faire et ne pas faire sont égaux. »
C’est-à-dire : il y a impossibilité de faire valoir l’une des demandes
sur l’autre.
392
Les fondements du droit musulman
393
Les fondements du droit musulman
Question de Ousoûl
Est-ce qu’al Moubâh est une règle de droit prescriptive ?
Al Ousoûliyyoûn et les juristes se sont accordés pour dire qu’elle en est
une ; mais elle n’est pas sujet d’une demande du Législateur.
Seul Al Ka‘bî (mou‘tazilite) et ses partisans, qui affirment l’inexis-
tence du moubâh. Ainsi, les sentences légales sont au nombre de quatre :
al wâjib, al mandoûb, al harâm et al makroûh.
Ce groupe stipule qu’une chose ne fait partie de la Loi, que si elle fait
partie d’une demande d’exécution ou d’une demande de délaissement.
Remarque :
Ce désaccord est du aux divergences dans la définition du moubâh et
du sens qu’on lui donne.
Celui qui a considéré al moubâh comme étant un acte où il y absence
de grief, de récompense et de sanction, ne l’a pas inclu parmi les règles
légales. C’est la position d’Al Ka‘bi et ses partisans.
La Majorité a expliqué al Moubâh, comme étant une information
ou une permission de la part du Législateur (Dieu -Exalté-), Qui lève
toute sorte de responsabilité et annonce l’absence de récompense et
de sanction au cas où l’on s’adonne ou on s’abstient à de tels actes. Ce
courant a inclu al Moubâh parmi les Cinq règles de Droit prescriptives.
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Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Nous considérons les contrats et les transactions financières, où il y
a absence de preuves concernant leur nullité, comme valides.
- Al ‘ibâdât : la Majorité des savants, excepté l’imâm Malik, jugent les
ablutions, déjà effectuées, valides en cas de doute. Car la certitude
ne peut être mise en cause par le doute : al-yaqînou lâ youzâlou
bi-ach-chakki. Donc le doute n’invalide pas les ablutions.
7 : La présence, (sur la même question), d’un ordre absolu (al amrou al
moutlaq), faisant suite à une interdiction absolue (an-nahyou al mout-
laq) : ceci est un indice qui va transporter l’obligation de ne pas faire
vers la permission dans l’absolu.
Exemple :
Le Prophète (r) a dit : « Je vous avais interdit de visiter les tombes,
désormais faites-le, car ces visites adoucissent les cœurs, remplissent
les yeux de larmes et rappellent le Jour du jugement dernier. » (Hadîth,
jugé hasan, rapporté par Ahmad et Al Hâkim, d’après Anas).
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
ANALYSE :
- Nous pouvons noter ce qui suit :
- L’avis de la première tendance est fondé juridiquement ; alors que
celui de la seconde tendance est fondé au niveau spirituel.
- Il faut savoir que les permis ne sont pas tous sujets de demande
de délaissement, car si l’on accepte ce postulat, toutes les sortes
de permis seront levées, alors que la réalité prouve que la Loi isla-
mique admet le principe du permis et l’a entériné.
- Prétendre que l’abandon du Moubâh est source de bienfait, et que
le fait de s’y adonner est source de nuisance, est non fondé. Car si
ce moubâh devient un moyen (dharî‘atoun, wasîlatoun) menant à
un interdit, il deviendra alors interdit sur la base du principe de
sadd adh-dharâ’i‘. C’est ainsi que nous comprenons la phrase d’Ibn
‘Omar (y) : « Nous avions l’habitude de délaisser ce qui n’est pas
cause de dommage, par crainte de tomber dans ce qui est domma-
geable (interdit) !»
- Prétendre qu’al Moubâh va engendrer la durée du jugement est
une affirmation injustifié. L’imâm Ach-Châtibî a dit, à ce sujet :
« Le jugement ne concerne, en vérité, que la voie de l’exécution de
l’acte ou de sa non-exécution, et si ce jugement concerne la voie
du permis nous ne pouvons pas parler de voie d’exécution et de
délaissement. »
Il y a égalité entre l’exécution et la non exécution, d’où l’absence de
jugement.
- Al Moubâh fait partie des choses qu’Allâh (U) a accordées par bonté
à Ses serviteurs. Si nous supposons qu’il contienne des éléments
qui nécessitent le délaissement, il renferme aussi ce qui nécessite le
non délaissement. »
Ach-Châtibî cite ensuite la Parole d’Allâh (U) : ( Dis : « Qui a
interdit les vêtements seyants ainsi que les bonnes nourritures qu’Allâh
a conçus pour Ses serviteurs ? » Dis : « L’usage en est des plus licites pour
les croyants en cette vie, mais dans l’Autre, ils en auront le privilège
401
Les fondements du droit musulman
402
Les fondements du droit musulman
LE RÉPRÉHENSIBLE
LE BLÂMABLE
Al Makroûh
Définitions
Définition Littérale
De point de vue langue le terme ‘ al makroûh’ est l’opposé du terme : al
mahboûb : l’apprécié. Le terme makroûh est un dérivé du terme karîha.
On désigne la guerre, par le terme : al karîha ; car elle est détestée
par principe.
On dit d’un chameau difficile et qui refuse d’obéir : jamaloun
karîhoun.
Le terme karâha et kourh ont pour synonyme : al machaqqah : la
difficulté.
On désigne par le terme kourh, ce que la personne impose à sa
propre personne, il la contraint.
Quant au terme karh, c’est l’acte auquel s’adonne la personne lors-
qu’elle est contrainte (moudtarr idtirâr).
Dans le saint Coran, Allâh (U) dit : ( Il vous est prescrit de
combattre, et vous l’avez en aversion… : wa houwa kourhoun lakoum. )
(Ste 2/V.216)
La Parole d’Allâh (U) : ( Et Nous avons enjoint à l’homme de la
bonté envers ses père et mère : sa mère l’a péniblement (avec difficulté)
porté et en a péniblement accouché; et sa gestation et sevrage durant
trente mois : hamalthou karhan… ) (Ste 46/V.15)
403
Les fondements du droit musulman
Lorsque le terme est avec damma )(ك ْر ٌه ُ : kourhoun. C’est un nom
(ism). Il désigne ce que la personne s’impose et contraint sa propre
personne à faire.
َ , c’est un substantif (masdar). Il
Lorsqu’il est avec al fatha )(ك ْر ٌه
exprime une contrainte externe imposée.
Définition conventionnelle
* Selon les Hanafites, c’est ce que le Législateur a demandé de délais-
ser d’une manière ferme et contraignante.
Mais selon une autre définition chez les Hanafites, conforme à
celle des autres Ousoûliyyoûn : C’est l’acte que le Législateur n’a pas
exigé le délaissement d’une manière ferme et inflexible.
Lorsque les Hanafites utilisent ce terme « al makroûh » sans préci-
ser, il renvoie vers l’Interdit, sauf s’il est indiqué qu’il s’agit de makrôuh
tanzîh, alors, il désigne l’acte dont le délaissement est meilleur : il est
synonyme de khilâf al awlâ.
En vérité, c’est al makroûh, tel qu’il est défini par les autres Ecoles.
* L’imâm Aboû Hâmid Al Ghazâlî (chafi‘îte) l’a défini comme suit :
« Al Makroûh c’est tout acte défendu sans blâmer celui qui s’y
adonne. » (Réf : Al Mankhoûl, p : 137)
* On a dit aussi : « Al Makroûh c’est l’acte dont l’abstention de faire
domine la mise en pratique. »
L’essence du makroûh
Selon la Majorité, il s’agit de l’acte dont le délaissement prévaut sur
l’exécution.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Le statut du makroûh
Sas nul doute, que celui qui s’adonne à un acte répréhensible ne mérite
pas la sanction, mais plutôt, le blâme, le dénigrement et la désapproba-
tion. Tel est l’avis de la Majorité.
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
(je n’aime pas telle chose) et, en vérité, ils désignaient l’interdiction.
Par pudeur envers Allâh (U), ils évitaient l’usage du terme interdit,
car Seul Allâh (U) est habilité à se prononcer de la sorte.
Ainsi, pour interdire les ablutions dans des ustensiles en or et en
argent, il disait : « Wa youkrahou an youtawadda’a f î âniyatin mina
Adh-dhahabi wal fiddati : il est défendu de faire ses ablutions dans des
ustensiles en or et en argent. »
3 : En cas de délaissement d’un acte qui est très recommandé et qui
prévaut entre d’autres actes. Tel que le délaissement de la prière
du Douhâ. Ce tark est jugé makroûh, non pas parce qu’il y a une
demande de délaissement de l’acte, mais plutôt parce que l’acte a
du mérite. Le délaissement du méritoire (al awlâ) est jugé makroûh.
(Réf : Al Mahsoûl tome 1, page 104)
409
Les fondements du droit musulman
L’INTERDIT
Al Harâm - Al Mahzoûr
Définitions
Définition linguistique du terme
On dit en arabe : al harâmou, al hirmou, al harimou, plur : al houroum :
al mamnoû‘ ; l’interdit, le défendu. Il s’agit de l’opposé du halâl : le
licite ou le permis.
Quant au terme : Al hirmou : al man‘ou al hirmatou al hir-
mânou : il s’agit de l’interdiction, qui est l’opposé du tahlîl : la permis-
sion ou la licité.
Le poète Zouhayr ibn ’abî Soulmâ a dit :
Wa in atâhou khalîloun yawma mas’alatin
Yakoûnou lâ ghâ’ibou al mâli wa lâ hirmou
Traduction :
Lorsque son ami intime s’adresse à lui un jour de besoin,
On ne le voit pas retenir son argent et s’empêcher de le lui accorder.
Ce terme est une sifah (une qualité), mais il ressemble à un ism fâ‘il
(participe), car c’est une qualité qui dérive de l’expression harouma
ach-chay’ou et al harâm al mamnoû‘.
Le poète Imrou’ou Al Qays a dit :
Jâlat litasra‘anî faqoultou lahâ ’aqsirî,
410
Les fondements du droit musulman
Traduction :
Elle est apparue pour m’abattre, je lui ai dit arrête !
je suis un individu dont la mise à mort est interdite.
****
Dans le Saint Coran, ce terme est utilisé dans le sens d’al-man‘
(l’empêchement) :
Allâh (U) dit : ( Nous lui avions interdit (harramnâ ‘alayhi) aupa-
ravant (le sein) des nourrices. ) (Ste 28/V.12)
«Le Seigneur dit : ( Cette terre sera interdite (mouharramatoun
‘alayhim) pour quarante ans. Durant tout ce temps, ils seront condamnés
à errer. Ne te tourmente pas lesquels ils erreront sur la terre. Ne te tour-
mente pas pour ce peuple pervers ! ) (Ste 5/V.26)
( Il est défendu (wa harâmoun) [aux habitants] d’une cité que Nous
avons fait périr de revenir [à la vie d’ici-bas].) (Ste 21/V.95)
Définition conventionnelle
Ibn Qoudâma a dit : « L’Interdit c’est l’acte dont le délaissement
donne lieu à la récompense, et la mise en pratique engendre sanc-
tion et punition.» (Réf : Ar-Rawdat An-Nâzir, charh Mohammed ’Al Amîn
Ch-chinqîtî » p.22)
On a dit aussi que : « l’Interdit c’est ce que le Législateur a demandé
de délaisser de manière ferme et containte. »
C’est une définition de l’interdit-même, l’essence-même, puisque
elle s’intéresse au Discours d’Allâh (U). C’est ce que l’on appelle les
sentences ou les qualifications légales (al houkmou ach-char‘iyyou).
L’imâm Al Fakhr Ar-Râzî a dit dans « al Mahsoûl » :
« L’Interdit c’est l’acte que la Loi a dénigré celui qui s’y adonne. »
411
Les fondements du droit musulman
412
Les fondements du droit musulman
- az-zajr
- al-qabîh
Cet ensemble de termes sont elles forcément des synonymes ?
L’imâm Al Qarâfi a répondu à cette question, dans son livre inti-
tulé : « Nafâ’isou al ousoûl…», il a dit :
* « Al ma’siyah de point de vue langue, signifie : ach-chiddah, al
imtinâ‘ : la robustesse, la dureté, la solidité, la force et la puissance.
D’où le terme al ‘asâ : le bâton, à cause de la fermeté et de la solidité
de toutes ces composantes. Elles forment un tout solidaire, fort et
inséparable.
Il ya dans ce sens l’idée de refus (al imltinâ‘), à cause de l’isti‘sâ’ou,
al ‘isyân : de la solidité, de la fermeté d’une conviction. On constate
toujours la présence de notion de difficulté opposée à notre démarche.
A partir de ces significations, on a appelé celui qui refuse avec entê-
tement, sans fléchir : al ‘âsî : le rebelle. Il refuse d’obéir à Allâh (U).
Donc, al ma‘siyah : veut dire le refus : al imtinâ‘. Et al moumtani‘ c’est
l’Interdit (al Harâm).
* Al Mahzoûr, Ce terme est plus intense qu’al Mouharram, par rap-
port à la menace formulée à son sujet.
Ce terme exprime l’idée d’encerclement, que nous trouvons dans
le terme arabe al hazîrah : l’enclos, que l’on installe autour du trou-
peau pour l’empêcher de sortir et pour le protéger de l’agression exté-
rieure. A l’exemple de la Parole dAllâh (U) : ( Les Dons de ton Seigneur
ne seront refusés à personne : Wa mâ kân ‘atâ’ou Rabbika mahzoûran.)
(Ste 17/V.20)
L’Interdit au sujet duquel Allâh (U) a formulé une menace de sanc-
tion est à l’exemple de l’enclos qui empêche, qui protège le troupeau
des bêtes sauvages (al-mahzoûr), aussi protège l’individu du danger de
s’adonner à un acte que Le Législateur a interdit.
* « Adh-dhanbou : al ithmou le péché (juridiquement).
413
Les fondements du droit musulman
Traduction
Nous prenons une part (d’eau), vous prenez une part.
Si vous refusez, nous prendrons tout le puits par la force.
* « Az-Zajrou : c’est l’empêchement en usant de paroles dures et
menaçantes.
* « Al Qabîh : Toute chose qui répugne les âmes pures. C’est l’opposé
du beau. C’est le laid, le répugnant.
Allâh (U) dit : ( Et au jour de la Résurrection, ils ne seront point
secourus. Poursuivis de Notre malédiction en ce monde, ils seront,
dans l’au-delà, parmi les méprisés-les rejetés, les haïs, les maudits- (al
maqbouhîn). ) (Ste 28/V.41-42)
414
Les fondements du droit musulman
Toute chose qui est rejetée est qabîh et loin du bien, fait partie des
maqâbih. » (Fin de l’argumentation d’Al Qarâfî).
On dit : « Qabbaha Allâhou foulânan : ab‘adahou min rahmatihi =
Untel, Allâh (U), l’a éloigné de Sa Miséricorde, Il l’a maudit !
Exemples :
Allâh (U) dit : ( …Ne contraignez pas vos jeunes esclaves à se pros-
tituer alors qu’elles veulent rester chastes : wa lâ toukrihou fatayâti-
koum ‘alâ al-bighâ’i…) (Ste 24/V.33)
415
Les fondements du droit musulman
La classification de l’interdit
Il y a deux sortes d’Interdits
I : L’Interdit en soi : al harâmou li-dhâtihi
II : L’Interdit pour une cause externe : al Harâmou li-ghayrihi
*****
I : L’Interdit en soi : al harâmou li-dhâtihi
Il s’agit de l’interdit par essence. C’est ce que le Législateur (Ach-
Châri’ou : Allâh (U) ou Son Prophète (r)) a interdit initialement et
à l’origine, et non pas en tenant compte de ses conséquences ou d’une
cause externe à lui.
Exemple :
La consommation des boissons enivrantes ou la consommation de la
bête morte (al maytah).
Cette catégorie d’interdits est interdite en soi, avant même de la
consommer et son interdiction est plus grave et plus ferme.
Cet Interdit, (al harâmou li-dhâtihi), cause le dommage et le mal et
empêche la réalisation du bien et de l’intérêt (al maslahah).
416
Les fondements du droit musulman
L’acte interdit en soi est à l’origine du mal et non pas parce qu’il
mène à quelque chose qui engendre le mal. A l’exemple de : l’assassinat
(al qatl), l’association (ach-chirk), la fornication (az-zinâ)…Tous ces
actes causent du dommage et font perdre un intérêt.
II : L’Interdit dû à une cause externe : Al Harâmou li-ghayrihi
Il s’agit de l’Interdit dont la proscription ne concerne pas le sujet
même. Cet interdit n’engendre pas le mal en soi ou prive la réalisation
d’un intérêt par lui-même, mais il est un moyen qui mène à l’Interdit. Il
acquiert le statut de l’interdite à cause d’un élément qui lui est externe.
Cet Interdit est de deux sortes :
A : Acte interdit, car il cause un mal ou fait perdre un intérêt :
Exemples :
- Le fait de regarder, avec insistance, un homme ou une femme
étrangère.
- Al khoulwah (tête à tête) avec une femme ou un homme étranger.
- Le voyage de la femme sans mahram.
Ces situations ont été interdites parce qu’elles peuvent mener vers
la fornication, qui est interdite en soi.
- L’interdiction d’épouser une femme, en même temps que sa tante.
Acte, qui dans son accomplissement, en résultera haine et rancune,
et peut être la cause de conflits surgissant entre nièces et tantes
menant à la destruction des liens familiaux et des liens de parenté
(silat ar-rahim).
- De même, il est interdit à la personne, en état de sacralisation (ihrâm),
de contracter un mariage, car cela pourrait le mener vers l’interrup-
tion de son rite par la cohabitation avec son épouse, malgré le fait
que la cohabitation entre époux n’est pas interdite en soi.
B : Acte qui n’est pas considéré un mal en soi, et il n’est pas un moyen
en soi qui mène à un mal, mais il s’agit d’un acte qui a subi lors de
son accomplissement un incident risquant de l’invalide.
417
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Le fait de surenchérir sur le prix conclu par un autre (al-bay‘ou ‘alâ
al-bay‘i) ou le fait de demander la main de la femme déjà fiancée
(al-khitbatou ‘alâ al-khitbati).
- La prière dans la maison usurpée (maghsoûbah) ou avec un vêtement
volé. Les Hanbalites invalident cette prière.
Ce genre d’Interdits, n’annulent pas l’acte, ils l’altèrent et peut être
corrigé, selon l’avis du Joumhoûr.
Exemples :
- Dans le cas d’un mariage où l’on a émis comme une condition non
conforme à la Loi : L’homme qui dit à un autre : « Je te donne ma
sœur en mariage à condition que tu me donnes en contrepartie ta
sœur aussi en mariage !»
On peut rectifier cette situation, en annulant la dite condition.
- Le contrat de vente conclu lors de l’appel de la prière du vendredi ;
valide pour la Majorité (avec répréhension) et invalide pour les
Hanbalites et les Zahirites.
Conséquences
- Tout ce qui est interdit pour lui-même (Mouharram li-dhâtihi) ne
peut être permis qu’en cas de nécessité vitale (ad-daroûra).
A l’exemple de la consommation du vin, qui devient permise, pro-
visoirement, pour sauvegarder la vie. La préservation de la vie est prio-
ritaire par rapport à la préservation de la raison (cause principale pour
l’interdiction des boissons enivrantes).
Tout acte inclus dans cette catégorie, implique la nullité et l’inva-
lidité (al boutlân). Il n’est pas pris en considération et ses effets n’ont
aucune valeur. C’est un acte jugé inexistant sur le ; plan légal : néant.
Al Mouharram li-ghayrihi est permis qu’en cas de besoin unique-
ment (al hâjah)
418
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- Dévoiler une partie de la ‘awrah pour une raison médicale.
Les juristes considèrent cela comme permis, car le fait de se dévoi-
ler n’est pas interdit en soi (on peut le faire quand on est seul ou en
présence du conjoint), mais il est interdit, car il y a le risque qu’il mène
vers une mafsadah ; d’où permis en cas de besoin.
Tout acte inclu dans cette catégorie, implique l’altération de l’acte,
qui peut être éventuellement corrigé.
419
deuxieme
partie
LA RÈGLE DE DROIT
LÉGALE STIPULATIVE
Al Houkmou Ach-Char‘îyyou Al Wad‘îy
Les fondements du droit musulman
PRÉAMBULE
Discours du Législateur (U) ou de Son Prophète (r), instituant à Ses
demandes (talab) : Al Wâjib, Al Harâm… des Conditions (Chouroût),
des Causes (Asbâb), des Empêchements (Mawâni‘), un état de validité
(Sihha) ou d’invalidité (Boutlân).
Dans ce discours stipulatif (khitâb wad‘î), il n’y a pas de différence
entre un acte dont la demande est formelle, et contraignante (al ilzâm),
et entre un acte non contraignant et non formel (ghayrou moulzim).
De même, on ne fait pas la différence entre le demande de faire (al
fi‘lou) et de ne pas faire (at-tarkou).
Exemple :
Le fait de dire que l’assassinat est un empêchement de l’héritage (mâni’
mina al mîrâth) est une règle de Droit stipulative (houkm char‘î wad‘î).
On parle de ce qui entraîne une situation.
Dans toute règle légale où il n’y a pas de demande (talab), et où il
n’y a pas de takhyîr, s’appelle khitâb wad‘î ou houkm wad‘î.
Parmi les signes distinctifs entre les règles de Droit prescriptives
et les règles de Droit stipulatives, c’est que le Discours stipulatif soit
il tombe sous la capacité (qoudra) du moukallaf, mais le sujet n’en sera
pas concerné, tels que : le nisâb de la Zakât (le minimum imposable) et
la disponibilité des moyens financiers et physiques pour l’accomplis-
sement du Hajj : soit il ne tombe pas sous la capacité du moukallaf et
n’en dépend pas, tel que : le mouvement du soleil pour définir le temps
légal pour chaque prière. Ces deux chouroût (conditions) ne sont pas
dépendantes de l’homme. Soit, elle tombe sous la coupe du moukallaf
et sa capacité. Il lui sera ordonné de s’en acquitter, tels que : les ablu-
tions, la prière ou le délaissement des Interdits.
Le Discours stipulatif (Khitâb al wad‘î) est plus étendu et plus
général que le Discours prescriptif (Khitâb at-taklîfî), car chaque règle
prescriptive est accompagnée d’une règle stipulative.
423
Les fondements du droit musulman
LA CAUSE
As-Sabab
Définitions
Définition littérale
As-sabab désigne la corde, et toute chose qui te fait parvenir à une
chose quelconque.
Le poète Zouhayr a dit :
ومن هاب أسباب املنية يلقها* * * ولو رام أسباب السامء بسلم
Wa man hâba asbâba al maniyyati yalqahâ
Wa law râma asbâba as-samâ’i bi-soullami
Traduction
Celui qui craint les causes menant à la mort, les rencontrera assurément ;
Même s’il tend vers les firmaments du ciel avec une échelle.
Définition conventionnelle
As-sabab (la cause) est un qualificatif (wasf) évident (apparent) et précis
que le Législateur a institué et en a fait un signe (‘alâmah) prouvant
l’existence d’une règle de Droit. Ce qui mène à dire, que l’existence
du Sabab est déterminante dans l’existence (l’application) ou la non
existence (la non application) de la règle (al mousabbab).
Ainsi l’essence du Sabab est la suivante : c’est l’élément dont l’exis-
tence implique l’existence et l’absence implique la non existence.
424
Les fondements du droit musulman
Exemples :
- La paternité (al oubouwwa) et la filiation (al bounouwwa), l’une ne
peut exister sans l’autre et vice vers ça.
- La prière du Zouhr ne peut s’accomplir que lorsque le soleil est
au Zénith. On ne peut la prier avant ce moment, car la cause est
inexistante.
On ne peut s’adonner à un acte et donner naissance à un mousabbab
si son sabab est inexistant.
On ne peut pas parler de conséquences d’un acte sans sa cause agis-
sante (al mou’aththirou fîhi). Ainsi celui qui prie le Zouhr avant l’entrée
de son temps légal, sa prière est invalide.
Une règle légale de base est née de ce principe :
« Celui qui délaisse ou se dispense d’un devoir avant que l’obli-
gation légale d’acquittement n’entre en vigueur, il n’en est nullement
dispensé : Koullou man asqata haqqan qabla woujoûbihi fa-houwa lâ
yasqoutou ‘anhou. »
L'essence du sabab
- Lorsqu’on analyse As-Sabab, on constate une concordance entre
As-Sabab et son Mousabbab (sa conséquence), cependant, il arrive
que l’on ne puisse cerner la relation entre As-Sabab et sa consé-
quence. Par exemple, Allâh (U) a décrété que la peine de l’homi-
cide volontaire est la peine de mort ; celle du vol est la coupe de la
main ; la peine de la consommation des boissons enivrantes sur la
voie publique, les coups.*
Dans toutes ces règles de Droit, nous constatons une concordance
entre As-Sabab et Al Mousabbab. Chaque fois qu’il y a concordance
entre eux, on appelle As-Sabab : ‘Illa.
- Selon Ahl al Ousoûl, tout Sabab est une ‘Illa et toute ‘Illa n’est pas
forcément un Sabab.
425
Les fondements du droit musulman
426
Les fondements du droit musulman
Question de Ousoûl
Ahl al Ousoûl ont divergé concernant la realtion entre As-Sabab et
al ‘Illa.
Certains ont fait de la ‘Illa un qasîm (une part) du Sabab. Elle en
dépend et fait partie de son entité. (Voir schéma 1)
D’autres ont fait de la ‘Illa, un qism ou un far‘ (une branche) du
Sabab. (Voir schéma 2)
Ces deux schémas expliquent la différence entre un qasîm et un
qism.
Schéma 1
Asl
Qasim
Part
427
Les fondements du droit musulman
Schéma 2
Asl
B D
A
C
qism : branches (a.b.c.d)
Exemple :
- Asl : Père et mère.
- Qism ou far‘ : fils et fille.
- Qasîm : les fils et les filles, les uns par rapport aux autres, et sont des
parties intégrantes du tout (l’ensemble) : la famille (al Asl).
(Voir figure, ci-dessous).
Note :
J’émets une réserve par rapport à la traduction de ce terme. Al jald :
flagellation et fouettement ; car il ne s’agit pas de coup de fouet, car
à l’époque du Prophète (r), le buveur a été frappé, en présence du
Messager de Dieu (r) par les Compagnons avec leurs vêtements et
leurs sandales
428
Les fondements du droit musulman
Al Asl
père et mère
429
Les fondements du droit musulman
Illustration :
L’obligation de la Zakât est une règle prescriptive. Mais la Cause
(sabab) de l’acquittement : an-nisâb, est un houkm wad‘î ; l’écoulement
de l’année lunaire (al hawl) est une Condition (Chart) est un houkm
wad‘î et la dette (ad-dayn) est un Mâni‘ (Empêchement) est un houkm
wad‘î.
Exemples :
- La fornication (Az-zinâ), les homicides (al qatl), le vol (as-sariqa),
l’usurpation (al ghasb), la destruction volontaire des biens d’autrui
(al itlâf)… Leurs mousabbabât seront les sanctions, les peines ou la
compensation des dommages causées (ad-damân).
430
Les fondements du droit musulman
Exemples :
Le contrat d’al ijâra (la location). Le locataire doit s’acquitter d’un
loyer mensuel ou autre, selon l’accord conclu. En contrepartie, il jouit
de l’usufruit du bien.
C’est ce qui résulte, en général, des causes obligatoires.
Conclusion
- Les Causes interdites sont des causes menant aux nuisances et aux
dommages (al mafâsid). Tandis que les Causes sujets demande du
Législateur sont des causes qui mènent à l’intérêt et au bien (al
maslahah et al khayr).
- Les Causes (al asbâb) naissent, en vérité, de l’action de l’Homme,
mais le causé (al mousabbab) dépend de la Volonté d’Allâh (U).
Puisque l’Homme, à travers, son agir, tend à la réalisation des mou-
sabbabât, le Législateur Sage lui a demandé de prendre en considé-
ration al asbâb (les Causes) qui tombent sous la coupe de sa capacité
uniquement. Car le Législateur ne peut demander, ni imposer à Son
serviteur l’Impossible (al moustahîl) et ce qui sort de sa capacité (mâ
lâ qoudrata lahou ‘alayhi) et ni l’insupportable (ma lâ tâqata lahou bihi).
Dans son commentaire de la Parole d’Allâh (U) suivante :
« Considérez vos terres labourées : Serait-ce vous qui y faites germer
431
Les fondements du droit musulman
les semences ? Ou est-ce Nous qui faisons lever le grain ? » (Ste 56 (al
Wâqi‘ah)/V.66-67) ; Al Aloûsî a dit : dans son Tafsîr, intitulé : Roûh
Al Ma‘ânî (l’Esprit des Sens) : « En vérité, c’est Allâh ‘(U) qui est Le
Semeur, Le Laboureur et Le Producteur. Il (U) demande à Se servi-
teurs de mettre en action les Causes établies par Sa Volonté.
Remarque
Le Taklîf c’est la mise en action des asbâb par la personne responsable,
quant aux causées (al mousabbabât), elles dépendent de la Volonté
d’Allâh (U) et de Ses Décrets.
- Quand on parle de règles stipulatives (ahkâm wad‘iyya ou ja‘liyya)
initiées et instituées par Allâh (U), elles sont du domaine du taklîf
et donnent naissance forcément à leurs mousabbabât, dont le mou-
kallaf est tenu responsable.
Ainsi celui qui contracte mariage, et stipule comme condition de
ne pas subvenir aux besoins financiers de son conjoint, cette condition
est invalide, car Allâh (U) a institué comme obligation (mousabbab),
du contrat de mariage (sabab), l’obligation de la nafaqa. Personne ne
peut déroger à cette règle, qui est une règle stipulative, ni la modifier
et ni la mettre en cause.
- Si la Cause (as-sabab) ne remplie pas toutes ses conditions, il sera
considéré inexistant. Ses conséquences ne seront pas prises en
considération. A l’exemple de celui qui émet une condition non
conforme, qui met en cause la validité d’un contrat (as-sabab).
432
Les fondements du droit musulman
LA CONDITION
ACH-CHART
Définitions
Définition littérale
De point de vue langue, le terme chart est le synonyme du terme : al
‘alâmah (signe).
Allâh (U) dit : (Qu’est-ce qu’ils attendent sinon que l’Heure leur
vienne à l’improviste ? Or ses signes avant-coureurs (achrâtouhâ) sont,
certes, déjà venus. Et comment pourront-ils se rappeler quand elle leur
viendra (à l›improviste).) (Ste 47/V.18-19)
Abou Al Aswad Ad-Dou’alî a dit :
La’in kounta qad az‘amta bis-sarmi baynanâ
Faqad ja‘alta achrâtan awwalouhou tabdoû
Traduction
Si tu as pris la résolution de rompre tout lien avec nous,
Nous avons, déjà, senti quelques signes qui l’annonçaient.
Définition conventionnelle
Al Qarâfî a dit : « Ach-Chart est l’élément (qualificatif, prédicat) mani� -
feste qui, s’il fait défaut, cela donne lieu à l’inexistence de l’acte, et s’il
est présent cela ne nécessite pas forcément l’accomplissement de l’acte
ou sa non exécution. » (Réf : Al Fouroûq, tome1, al farq 3)
433
Les fondements du droit musulman
Exemple :
L’ablution est une condition (chart) pour l’accomplissement de la
prière. En son absence, la prière ne peut être célébrée, et s’il y a tahâra
(ablution), l’individu n’est pas forcé de prier, ni de ne pas prier.
Explication de la Définition :
« S’il fait défaut, cela donne lieu à l’inexistence de l’acte. »
Al Qarâfî a voulu, par cette délimitation, marquer la différence
entre la Condition (Ach-Chart) et l’Empêchement (Al Mâni‘).
Al Mâni‘ exige, en sa présence, la non application de l’acte : la
dette empêche le paiement de la Zakât.
Alors que la présence de la Condition (Acha-Chart) est nécessaire
pour l’existence de l’acte (ex : ablutions prière).
La deuxième limite est pour ne pas confondre Ach-Chart avec
As-Sabab, dont l’existence exige l’existence du Mousabbab et l’inexis-
tence engendre l’inexistence du Mousabbab. Ce qui n’est pas le cas de
la Condition :
« … si la Condition est présente, cela ne nécessite pas forcément
l’accomplissement de l’acte ou sa non exécution. »
434
Les fondements du droit musulman
2 : Ach-Chart al ja‘lî
La deuxième catégorie de Causes, c’est ce qu’Allâh (U) a laissé au
moukallaf le choix d’initier ou de poser. On l’appelle « Chart ja‘lî » :
Condition improvisée ou posée ou établie par les hommes. C’est-à-
dire : des Conditions linguistiques (Chouroût loughawiyya) qui se
transforment en Asbâb char‘iyya.
54 Note : bien sûr, cette application ne peut avoir lieu, que dans le cadre d’une
procédure judiciaire légale correcte et complète.
435
Les fondements du droit musulman
Exemple :
L’homme dit à son épouse : ‘Si tu quittes le foyer, tu es divorcée !’
Cette Condition (Chart ja‘lî loughawî) : ‘ne pas quitter le domicile
conjugal’, a eu comme conséquence le divorce, elle est (Ach-Chart) et
Cause légale (Sabab char‘iy) au divorce.
Exemples :
- L’homme qui impose, comme condition, à sa future épouse de ne
pas travailler en dehors du foyer.
Cette condition est valide, et en cas de sa ratification, l’épouse est
tenue de la respecter.
- Les conditions que s’imposent les commerçants entre eux et sont
conformes à la Loi.
B : Une condition qui fait partie des éléments de l’acte, comme l’exi-
gence de l’écoulement de l’année lunaire pour l’acquittement de la
Zakât.
C : Des Conditions non conformes au Vouloir du Législateur.
Exemples :
- Le fait d’émettre la condition de ne pas disposer des biens achetés
après la conclusion du contrat ;
- La condition de ne pas subvenir aux besoins de l’épouse.
Ces conditions sont nulles, car elles sont en opposition avec la Loi.
Le Prophète (r) a dit : « Les Musulmans doivent s’en tenir
aux conditions auxquelles ils se sont engagés, à l’exception d’une
condition qui rend illicite un permis ou rend permis un illicite. »
(Rapporté par Ach-Châfi‘î) (Réf : Ach-Châtibî : Al Mouwâfaqât, tome1, pp :
580-300)
436
Les fondements du droit musulman
437
Les fondements du droit musulman
Exemples :
L’inclinaison (ar-roukoû‘) est un roukn de la prière, elle fait partie de
son entité. L’existence et la validité de la prière en dépend.
- Les ablutions est une Condition (Chart) pour la validité de la prière,
mais elles se situent en dehors de l’essence de la prière et de son
entité.
- Le consentement mutuel : la demande et l’acceptation dans le contrat
de mariage, sont deux roukn. Elles font partie de l’essence-même
du contrat.
- La présence des deux témoins est une condition de validité du
contrat, mais cet élément se situe en dehors de son essence.
438
Les fondements du droit musulman
Exemples :
La préméditation (al ‘amd) est la Condition pour juger l’acte d’ho-
micide volontaire, et l’homicide volontaire est as-sabab justifiant la
condamnation à mort.
- Al Hirz (le bien doit être dans un endroit fermé ou lieu : sac, poche,
maison, boutique…), est un Chart pour l’acte de vol soit considéré
comme tel.
Le vol est la Cause (as-sabab) qui justifie de l’application de la
peine légale. Le fait que le bien soit dans un hirz renforce le délit de
l’agression sur le bien d’autrui, tandis que le bien jeté ou exposé sans
surveillance n’a pas le statut de l’inviolabilité.
Le fait d’exiger al hirz, comme condition à l’application de la peine
légale, complète la Cause : le vol application de la sentence.
- L’écoulement du hawl sur le nisâb, est un Chart pour le nisâb, et
an-nisâb est as-sabab pour l’acquittement de la Zakât.
L’écoulement de l’année (al hawl) complète as-sabab : an-nisâb.
- Al hawl : Chart
- An-nisâb : Sabab
- Az-Zakât : Mousabbab
‘C’est cet élément dont l’absence va à l’encontre de la Sagesse justi�-
fiant la Cause.’ (Réf : Ach-Châtibî : al Mouwâfaqât, tome 1, p : 268)
439
Les fondements du droit musulman
Remarque
Ces Conditions sont formulées par les particules de la Condition
(houroûf ach-chart) إن، إذا، متى، ما، ك ّلام: koullamâ ; mâ ; matâ ; idhâ ; in),
suivies de la particule man () َم ْن, suivie par le signe de la Condition,
c’est-à-dire : le verbe.
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Les fondements du droit musulman
L’EMPÊCHEMENT
Al Mâni‘
Définitions
Définition linguistique du terme
Al man‘ : c’est ce qui empêche, repousse, écarte une chose pour ne pas
avoir lieu ou pour ne pas se réaliser.
Al Mâni‘ (l’empêchement), de point de vue langue, désigne ce qui
se pose, s’intercale comme obstacle (hâjiz) devant la réalisation de
quelque chose, donc il est synonyme à al hâjiz (obstacle).
Définition conventionnelle
« C’est le qualificatif présent, précis et évident, dont la présence
implique d’une manière capitale une sagesse (hikma), qui consiste à ce
que l’opposé de la sentence soit maintenu, alors que cela ne mettra pas
en cause la sagesse du Mousabbab. »
- On a dit aussi : « Al Mâni‘ est le qualificatif dont la présence
engendre la disparition du fi‘l et l’absence ne nécessite pas forcé-
ment l’accomplissement de l’acte ou sa non exécution. »
- Al Qarâfi l’a défini comme suit : « C’est le wasf (le qualificatif ) dont
l’existence signifie la présence d’un sens qui s’oppose à la sagesse du
Sabab ou à celle du houkm. » (Réf : Al fouroûq)
Exemple :
La présence du hayd empêche l’accomplissement de la prière et du
jeûne, et lève en même temps la sentence : woujoûb as-salât ou wou-
joûb as-sawm. L’absence du cycle menstruel (la purification cyclique :
441
Les fondements du droit musulman
Exemple :
An-nisâb (le minimum imposable) est la Cause de l’obligation de l’ac-
quittement de la Zakât. Il indique un état d’aisance (al ghinâ). Cet état
d’aisance ne peut pas exister en la présence d’une dette équivalente,
supérieure aux biens ou au nisâb.
La dette est l’empêchement (al mani‘), quant à l’obligation de l’ac-
quittement de la Zakât.
Remarque :
On constate qu’il y a une nette différence entre :
- Al Hikma : la sagesse l’aide des gens aisés aux besogneux
- As-Sabab : la Cause An-Nisâb (le minimum imposable).
- Al Houkm : la sentence ou la règle de droit : Al Woujoûb (l’Obligation)
- Ach-Chart : la Condition al Hawl (l’écoulement d’une année
lunaire).
Imaginons, qu’il y ait hawl et nisâb, mais une dette (dayn) est pré-
sente pas de Zakât, car la dette qui est un mâni‘, qui est venue
442
Les fondements du droit musulman
Autre Exemple :
Le crime de parricide
La Cause de l’héritage lien consanguin doit donner naissance
à la solidarité et à l’affection entre les ascendants et les descendants et
tout autre ascendant légitime…
Celui qui assassine son parent, agit de manière non conforme à
la Sagesse son action devient un mâni‘ pour accéder à ce droit
(l’héritage).
Traduction
Il n’y a pas de responsabilité, qu’à condition de disposer pleinement
de ses facultés.
443
Les fondements du droit musulman
Remarque
Pour les Malikites, les Chafi‘ites et les Hanbalites, la personne qui
consomme volontairement des produits qui lui font perdre ses aptitu-
des intellectuelles n’est pas concernée par l’empêchement.
Chez les Hanafites, la perte de la raison, (volontaire ou involon-
taire) est une raison, qui empêche la demande et l’acquittement, car
on est en présence d’une situation où l’empêchement se trouve associé
à la demande.
Dans de pareils cas, la responsabilité est levée et la demande est
suspendue. Il lève les devoirs et les droits.
B : Mâni‘ qui peut se trouver associé à un talab d’acquittement
(ijtimâ‘ al mâni‘ ma‘a at-talab)
Il est de deux sortes :
a : Mâni ‘ qui lève définitivement at-talab
Ainsi, la prière est une obligation qui incombe à tous les croyants
(hommes et femmes). Dans le cas de la femme menstruée (ha’id) ou en
état de lochies (nifas), le Législateur, dans toute Sa Sagesse, l’a dispen-
sée de cette obligation et a levé la responsabilité la concernant, même
que selon certains érudits, elle commet un péché si elle accomplie la
prière (ou le jeûne).
Selon un autre groupe, sa pratique sera considérée non avenue. Et
elle est tenue de compenser le jeune, mais pas la prière.
Cette compensation (al qada’), à la suite du hayd, a été sujet de
divergence entre les savants :
Cet acquittement, alors qu’il y a eu suspension de demande, est-il
du au premier talab, d’avant les menstrues et qui a été suspendu à cause
du Mani‘ ou s’agit-il d’une nouvelle demande d’acquittement issue
d’un nouveau discours ?(Réf : Al Qarâfi, al Forouq)
b : Mâni‘ qui ne lève pas le principe du talab, mais lève l’obliga-
tion (mâni‘ al houkm man‘ adâ’)
444
Les fondements du droit musulman
Il y a deux sortes :
- La levée de l’obligation est au choix entre faire et ne pas faire.
La féminité lève l’obligation de la prière du vendredi, mais cela
n’empêche pas qu’il lui est recommandé d’y participer. La femme est
au libre choix.
Ce genre de Mani‘ a levé l’obligation et l’a substituée par le libre
choix (at-takhyir).
- La levée de la culpabilité du péché.
Cela est évident dans le cas du voyageur et du malade. Il leur est
permis de ne pas jeuner et le raccourcissement des prières pour le
premier
On intègre dans cette catégorie, toutes les permissions (ar-roukhas),
qui sont des empêchements de demande et non des empêchements
d’accomplissement.
Question de Ousoul :
445
Les fondements du droit musulman
446
Les fondements du droit musulman
LA VALIDITÉ ET LA NULLITÉ
As-Sihhatou Wal Boutlan
Définitions
Définitions linguistiques
A : As-sihhâh : synonyme de « as-salâmah » : intégrité, la justesse.
Absence de tout désordre. L’opposé de l’instabilité.
As-sihha est le contraire d’al marad : la maladie et de la faiblesse.
447
Les fondements du droit musulman
Exemple :
La personne qui accomplit sa prière du Zouhr, après avoir ses ablu-
tions, sa prière est jugée valide. Simplement, après acquittement, elle
se rend compte de la présence d’impureté sur ses vêtements. Malgré la
validité de sa prière, dans sa forme, on exige d’elle une reprise (i‘âdah)
dans le temps, sans qu’elle en soit sanctionnée (pour la reprise).
Certains juristes, exigent une reprise, après l’écoulement du temps
légal, sous la forme d’une compensation (qadâ’).
Dans les deux situations, la personne a agi conformément à la
Loi c’est le signe de la validité de la prière. Lorsque la reprise ou la
compensation s’impose, cela devient aussi une condition de validité.
Questions diverses
Que veut dire as-sihhah dans le domaine des habitudes (al‘âdât) et
des relations et transactions (al mou‘âmalât) ?
1 : Dans le domaine des habitudes (al‘âdât)
Il s’agit de l’ensemble des agissements qu’accomplit l’individu dans
sa vie de tous les jours conformément aux usages établis. Et comme
l’a énoncé l’imâm Ach-Châtibî, leur validité est tributaire des consé-
quences qui en résultent et de leur conformité aux utilités instituées ou
conformes au Vouloir du Législateur. (Réf : Al Mouwâfaqât)
2 : Dans le domaine des relations et transactions (al mou‘âmalât)
Ce domaine vise l’ensemble des contrats qui nous lient aux autres. Leur
validité ou nullité est jugée par rapport à ce qu’il en résulte comme
droit et engagement qui rencontrent des finalités que le Législateur a
instituées.
448
Les fondements du droit musulman
Exemples :
La vente en résulte des engagements et des devoirs : soit la livraison
de la marchandise ou le paiement, ceci au cas de la validité du contrat
et de sa conformité.
Dans le cas où le contrat n’est pas valide, en l’absence, par exemple,
de l’aptitude de l’un des deux contractants (al ahliyyah), le contrat sera
jugé inexistant, de même ses conséquences.
- Conséquences qui résultent de l’acte, y compris, l’acte ordinaire,
dans l’Au-delà.
Toute action accomplie par l’homme, si elle fait partie du domaine
du permis, a une incidence et une conséquence religieuse.
Dans le cas où il sera l’expression d’une dévotion, l’acte, même
ordinaire, Allâh (U), par bonté et générosité de Sa Part, l’agréé et en
récompense celui qui s’y adonne.
Si l’on vise nuisance et dommage, même si en apparence l’acte est
jugé bon, il sera estimé mauvais, et ce par rapport à ses conséquences :
la récompense sera plutôt sanction et blâme.
Même si l’acte est jugé valide dans sa forme, l’intention (an-niyya)
sous- jacente occupe une place de haute importance, dans sa prise en
considération, son acceptation et la récompense qui en procède dans
l’Au-delà.
La niyya est une condition dans la validité des actes rituels, car sans
l’intention, ils ne peuvent exister, ni être considérés comme tels. C’est
l’intention qui marque la différence entre al ‘âdah et al ‘ibâdah.
Les actes faisant partie du domaine des ‘âdât et des mou‘âmalât,
le principe de validité ou d’invalidité dépend des conditions et des
éléments constitutifs du contrat ou de l’acte.
B : La Nullité ou l’Invalidité : Al boutlân
Al boutlân chez Ahl al Ousoûl est utilisé pour signifier l’absence
des effets d’un acte (âthârouhou) ou d’une pratique par rapport à l’acte
lui-même.
449
Les fondements du droit musulman
Quand on dit, que telle pratique est invalide (bâtilah), cela veut dire
qu’elle ne lève pas la responsabilité d’acquittement ; donc il n’y a pas
de dispense de la compensation (al qadâ’) toute pratique accomplie
d’une manière non conforme (temps, forme, conditions ….) est consi-
dérée comme non accomplie, et elle ne dispense pas d’al qadâ’, car elle
est invalide (fâsidah ou bâtilah).
Donc, la base essentielle de l’invalidité est sa non-conformité aux
prescriptions du Législateur.
Nous savons, que de point de vue légal, la Loi nous demande
d’éviter ce qui nous est interdit ou défendu, mais aussi d’exécuter les
obligations. Parmi ces dernières, nous pouvons citer les piliers de la
prière (arkân as-salât). Dès lors, tout individu qui néglige ces piliers
volontairement, sa prière est jugée invalide. Cette invalidité requiert la
compensation de cette pratique en toute circonstance.
Cependant l’invalidité peut résulter d’un élément extérieur par
lequel la pratique sera qualifiée.
A l’exemple de la prière à l’intérieur d’une maison usurpée (dâr
maghsoûbah).
La Majorité stipule que la prière est valide, mais le prieur usurpa-
teur a commis un acte défendu par la Loi. Les Hanbalites jugent cette
prière invalide.
Si l’adoration a été accomplie avec un manque dans ses éléments,
en cas où le manquement est intentionnel, elle est invalidée, dans le cas
contraire, elle est jugée altérée et peut être corrigée. Quant à la manière
de la corriger, elle est sujet de divergence entre les Juristes.
Al boutlân dans le domaine des transactions, veut dire que le
contrat perd ses effets (conséquences) jugés non-avenus, même s’il y
a consentement mutuel (tarâdî) entre les contractants. Le contrat est
jugé inexistant. Car tout contrat établi hors normes légales est caduc.
De même, tout contrat établi dans les normes définies par la Loi, il en
résulte, en plus de ses intérêts terrestres, une récompense dans l’au-delà
et vice versa.
450
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Contrat stipulant la vente de boissons enivrantes. Il est invalide à cause
du contrat-même.
Exemples :
- Contrat invalidé à cause d’un qualificatif externe, en dehors du
contrat. Telle que l’accord entre un homme et une femme de
contracter mariage sans annonce ou en libérant l’homme de toute
responsabilité familiale. Certains juristes annulent ce contrat, et
d’autres le corrigent en l’annonçant ou en levant cette condition
jugée illégale.
La Majorité annule ce contrat avant sa conclusion et le corrigent,
si le mariage est déjà consommé.
- L’achat (prêt) d’un dirham contre deux dirham. La forme du contrat
est valide. Il s’agit d’un accord établi entre deux contractants
consentants. Mais, selon l’avis plausible et fondé de la Majorité
(Malikites, Chafi‘îtes et Hanbalites), ce contrat est illégal : il est
interdit, car il y a du surplus (ziyâdah) usure.
Les Hanafites valident ce contrat en le corrigeant par le retrait du
dirham (du surplus).
451
Les fondements du droit musulman
Exemple :
Allâh (U) dit : ( Allâh vous prescrit de restituer (de rendre) « an
tou’addoû » les dépôts à leurs propriétaires.. ) (Ste 4/V.58)
- De point de vue conventionnel :
C’est l’exécution d’un acte d’adoration durant le temps fixé par la
Loi. Tout l’intérêt réside dans son accomplissement durant ce temps
spécifié par le Législateur.
L’auteur de Marâqî as-sa‘oûd a dit à ce sujet :
452
Les fondements du droit musulman
ِ
األداء ُق ِرنا ٍ
ْ .. بوقت ُع ِّينا
رش ًعا هلا باسم ِفعل العبادة
Fi‘lou al‘ibâdati bi-waqtin ‘ouyyinâ
Traduction
Exécuter l’adoration dans le temps fixé par la Loi,
Et le nom d’acquittement lui est attribuée.
Remarques
* Al adâ’ et al qadâ’ peuvent concerner un même acte d’adoration, à
l’exemple des Cinq prières. Elles s’accomplissent durant le temps
légal (adâ’) et sont compensées (qadâ’), après écoulement du temps
légal.
* De même, il ne peut y avoir que qadâ’, à l’exemple du jeûne de rat-
trapage de la femme menstruée.
* Certains actes d’adoration ne sont concernés que par al adâ’. A
l’exemple de la prière du Vendredi, qui ne peut être rattrapée.
* Certaines pratiques pour lesquelles al adâ’ et al qadâ’ sont interdits,
tel que le jeûne des jours des fêtes.
453
Les fondements du droit musulman
LA PRESCRIPTION
ET LA PERMISSION
Al ‘Azîmah War-Roukhsah
I : La prescritption : Al ‘Azîmah
Définitions
Définition Linguistique
Al ‘azmou : la résolution, la fermeté, synonyme : al jiddou : le sérieux.
On dit : Ceci est une affaire sérieuse : hâdhâ amroun jiddoun.
Toute chose prise avec résolution et fermeté, on dit d’elle : une
‘azîmah ( )العزم العزيمةet le pluriel est : عزائم
On dit : Untel n’a pas de ‘azîmah : il est instable. Il n’est pas quelqu’un
de résolu : tranchant dans ses décisions.
D’autres disent que al ‘azmou consiste à habituer son nafs à agir et
à être réguler dans ses actions.
N’a-t-on pas dit, que l’âme est semblable un nourrisson, s’il s’habi-
tue à l’allaitement, il ne sera jamais sevré !
D’autres ont dit : al‘azîmah est une intention (résolution) ferme et
appuyée.
Allâh (U) dit : ( Qui y‘a-t-il mieux de faire lorsque la guerre est
décidée (prescrite) : ‘azama, que de tenir ses engagements envers Dieu,
sans réticence ? ) (Ste 47/V.21)
454
Les fondements du droit musulman
Allâh (U) dit : ( En effet, Nous avons auparavant fait une recom-
mandation à Adam; mais il oublia et Nous n’avons pas trouvé chez lui
de résolution ferme « ‘azman ». ) (Ste 20/V.115)
Le Prophète (r) a dit : « Ne soyez pas parmi les faibles, vous
dites : si les gens font bien nous faisons de même, s’ils agissent mal,
nous procéderons de la même manière ». Forcez-vous (wattinoû),
plutôt, à être des gens résolus, à agir en bien là où les autres font du
mal. » (Rapporté par At-Tirmidhî)
Le Prophète (r) a dit : « La prière du vendredi est un devoir
prescrit (‘ouzmatoun). » (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
Définition conventionnelle
C’est l’ensemble des sentences qu’Allâh (U) a légiféré initialement
pour qu’elles servent de règles générales pour toutes les personnes res-
ponsables (al moukallafoûn) en toute situation, sans exclure certains
individus, ni certaines situations.
Ces sentences, appelées : ‘azâ’im, sont des règle prescriptives, qui
ne sont pas procédées par d’autres, et ce sont des règles abrogeantes
(nâsikhah). Cela revient à dire qu’elles sont les seules à prendre en
considération.
Exemples :
L’interdiction des boissons enivrantes, l’interdiction de la fornication,
l’interdiction de l’usure, l’accomplissement de la prière, l’acquittement
de la Zakât… ce sont des règles qui s’appliquent à tous les individus
et en toute circonstance : ahkâm koulliyya.
Il peut toutefois survenir certains individus se trouvent dans des
situations d’incapacité ou de levée de taklîf ; le Législateur a prévu, pour
ces cas particuliers ou pour ces situations particulières, des sentences
particulières (jouz’iyyah) ou spécifiques (khâssah) afin de lever cette
gêne et cette difficulté.
455
Les fondements du droit musulman
II : La permission : Ar-Roukhsah
Définitions
Définition Linguistique
Ce terme est synonyme de : al-lîn (la douceur), et an-nou‘oûmah (le
confort).
Certains linguistes disent qu’il est synonyme de : la facilité (as-sou-
hoûlah) et l’aisance (al yousr).
On dit : ‘roukhsou as-sa‘ri souhoûloun f î ach-chirâ’ : lorsqu’il y a
baisse des prix il y a facilité d’achat.
Définition conventionnelle
- « C’est le fait de permettre la mise en pratique d’un interdit ou
la dispense d’une prescription, tout en maintenant le statut de
l’interdiction ou de l’obligation le concernant. »
- Certains Ousoûlî ont avancé la définition suivante : « Il s’agit de
modification de la sentence légale d’une rigueur vers une facilité
due à une justification légalement admise, alors que la motivation
de la sentence initiale est toujours présente. »
- On a dit aussi : « C’est la substitution de la sentence légale initiale,
et ce pour un opposant confirmé (légalement) et plus plausible. »
Exemple :
Consommer la bête morte, alors qu’al mâni‘ (l’empêchement) najâs-
sah : l’impureté, qui est à l’origine de son interdiction, est toujours pré�
-
456
Les fondements du droit musulman
sent ; Allâh (U) dit : ( Vous sont interdits la bête morte, le sang, la chair de
porc,...) (Ste 5/V.3), et quant à l’opposé plus plausible, il est énoncé dans
la Parole d’Allâh suivante : ( Envers ceux qui se trouvent contraints, en
temps de disette, et sans intention sacrilège, à consommer des aliments
interdits, Allâh est Absoluteur et Miséricordieux. ) (Ste 5/V.3)
La sentence légale initiale a pour finalité une maslahah sure et cer-
taine. La sentence particulière va prédominer sur la règle légale géné-
rale pour une maslahah plus plausible dans ce cas précis.
Exemples :
- Le raccourcissement des prières pour le voyageur.
- La dispense du jeûne du ramadan pour le malade…
Avertissement :
La permission accordée ne modifie pas le statut de l’interdit ! Car la
roukhsah est limitée dans le temps.
Al Âmidî a dit : «Ar-Roukhsah a pour cause la présence d’une
machaqqah. Il n’y a pas de mesure spécifique pour préciser son inten-
sité et sa prise en considération. C’est pour cette raison qu’elle n’est pas
unique pour tous, alors le Législateur s’est suffit de l’absence de doute
et de l’avis fondé pour qu’elle se substitue à la règle légale d’origine. »
457
Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
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Les fondements du droit musulman
Allâh (U) dit aussi : ( Ceux qui suivront l’Envoyé, le Prophète illettré
annoncé pour eux explicitement dans le Pentateuque et l’Evangile, qui
leur recommande ce qui le Bien, interdit le Mal, déclare licites pour eux
les bons aliments, illicite ce qui est impur, des les déliera de leurs chaînes
et leur ôtera leur pesant carcan. Ceux qui ont cru en lui, l’auront soutenu,
secouru, et auront suivi la Lumière descendue avec lui, ceux-là connaî-
tront la félicité. ) (Ste 7/V.157)
4 : Tout ce qui a été institué par largesse et bonté de la part du
Législateur (Clément et Miséricordieux) à Ses serviteurs. Par principe
de taysîr. Cela inclut tous les permis (al moubâhât).
460
Les fondements du droit musulman
Remarque :
Cette analyse des Hanafites ne s’appuie sur aucun argument et irréel
et plutôt fictif.
Ar-roukhsah est établie comme une règle légale de droit stipulative
(houkm wad‘î), car la nécessité est la cause (sabab) d’al ibâha de l’inter-
dit, et ce fait, la roukhsah est un empêchement légal à l’application de
la sentence due à une cause (sabab). (Réf : Ibn Amîr Al Hâj : At-Taqrîr wa
at-tahrîr, tome 2)
461
Les fondements du droit musulman
462
Les fondements du droit musulman
Résumons :
- Il apparaît avec évidence de cet exposé, que le fait de disposer à la
légère des permissions est légalement blâmable.
- Lorsque les raisons légales justifiant le recours à la roukhsah sont
réunies, le fait de refuser d’en disposer est une ingratitude et un
rejet d’un don de Dieu (U). Car la roukhsah prend en considération
les Droits de Dieu (U) et ceux du serviteur aussi.
- Lorsqu’il y a lieu de disposer de la roukhsah en raison d’une inca-
pacité, cela n’est pas assimilé à une permission, mais plutôt à une
levée du taklîf.
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Bibliographie
Références de base
- Le saint Coran.
- Les Sihâh
- Les Sounan
Dictionnaires
- Ibn Manzoûr : Lisân al ‘A rab, article : salaha. Dâr al Ma‘ârif.
Le Caire.
- Al-Jawharî : As-Sihâh. Dâr al ‘ilm lil-malâyîn. Beyrouth. 1990
Ouvrages
- Aboû Hâmid Mouhammad Al Ghazâlî :
* Al Moustasfâ. Edition al Amîriyya. Boûlâq. Le Caire. 1904
* Al Mankhoûl min ta‘lîqât al Ousoûl. Dâr al Fikr. Damas. 1980
- ‘Abd Al Ghani ‘Abd Al Khâlih : Houjjiyat As-Sounna. Dâr al Wafâ’. Al
Mansoûra. Egypte.
- Al Jîzânî Mouhammad Ibn Houssayn : Ma‘âlim Ousoûl al fiqh ‘inda Ahli
As-Sounna wal Jamâ‘a. Dâr Ibn al Jawzî. Riyâd. 1996.
- ‘Oubayd Al-Hâdî Al-Mansôurî Al-Azharî : Yatîmatou Az-zamân.
Tunis. 1933
- Ibn Khaldoun Abd Ar-Rahmân : Al Mouqaddima. Edition Ach-Cha‘b.
Edition arabe
- Al Jassâs Abou Bakr : Al Fousoûl fil Ousoûl. Edition Ministère des Affaires
Islamiques. Koweit ; Série : Tourâth al islâmi 14. 1994
- Al Karkhî : Al-Ousôul. Edit Jawî Press. Karachi.
- Al-Bazdawî : Kanzou al wousoûl ilâ ma‘rifati ‘ilm al-Ousoûl, Jâwîd Press.
Karachi.
- Al Boukhârî Abd Al Azîz Ahmad : Kachf al asrâr ‘an Ousoul al
Bazdawî. Dâr al Kitâb al ‘arabî. Beyrouth.
- Aboû Zahra Mouhammad :
* Ousoûl Al Fiqh. Dâr al Fikr al ‘Arabi. Le Caire.
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Table des matières
LIVRE I 7
L’ABROGEANT ET L’ABROGÉ 54
Définitions........................................................................................ 54
Les différents types d’abrogation........................................................ 58
L’abrogeant et l’abrogé dans le saint Coran.......................................... 60
L’abrogation dans les sources de la loi : Coran et Sounna..................... 62
La différence entre la spécification et l’abrogation............................... 69
Les fondements du droit musulman
LA SOUNNA 95
Définitions........................................................................................ 95
la prise en considération de la Sounna en matière d’argumentation
juridique.......................................................................................... 100
Les différents type de Sounna pris en considération
par Ahl Al Ousoûl........................................................................... 106
La relation de la sounna avec le coran et son rôle dans la légifération.. 124
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Les fondements du droit musulman
L’USAGE 274
Introduction.................................................................................... 274
Définitions...................................................................................... 274
Prise en considération du ‘ourf........................................................... 276
Les arguments légaux qui valident Al ‘Ourf........................................ 277
Conditions de la prise en considération du ‘ourf................................. 280
L’importance de l’Usage.. .................................................................. 281
Les différentes sortes de ‘ourf............................................................ 282
474
Les fondements du droit musulman
Règles et sentences déduites sur base du ‘Ourf et de son évolution. . .... 286
Différence entre la Coutume (al ‘âdah) et l’Usage (al ‘ourf)................. 287
Différence entre l’Usage et le Consensus (al ijmâ‘)............................. 287
LIVRE II 311
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Les fondements du droit musulman
LA PERSONNE CONCERNÉE
PAR LES PRESCRIPTIONS 333
Les conditions de l’aptitude légale et ses empêchements. . ................... 334
L’OBLIGATOIRE 357
Définitions...................................................................................... 357
Comment peut-on déduire l’acte obligatoire?. . ................................... 360
La classification de l’obligatoire........................................................ 362
Développement................................................................................ 363
Questions diverses.. .......................................................................... 366
Questions diverses de ousoûl............................................................ 378
LE RECOMMANDÉ 382
Définitions...................................................................................... 382
Les dénominations du mandoûb......................................................... 384
Statut du mandoûb.. ........................................................................... 385
Classification des actes recommandés................................................ 386
Questions diverses de ousoûl............................................................ 389
L’INTERDIT 410
Définitions...................................................................................... 410
Autres termes désignant l’Interdit (al harâm) . . ................................... 412
Les voies de confirmation de l’interdit ............................................. 415
La classification de l’interdit.. ........................................................... 416
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Les fondements du droit musulman
LA CONDITION 433
Définitions...................................................................................... 433
Les différentes sortes de conditions.. ................................................. 434
Différence entre la Condition et al‘Illa
et entre la Condition et le Roukn (pilier)........................................... 437
Différentes sortes de Conditions par rapport au Sujet de
(al Machroût). . ................................................................................. 439
Quel est le statut de la Condition ?................................................... 440
L’EMPÊCHEMENT 441
Définitions...................................................................................... 441
Les différentes sortes d’empêchements.............................................. 442
477
Dos couverture