9782707606921
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DE RECHERCHE
EN SCIENCES
SOCIALES
C O L L E C T I O N
j4FS
MÉTHODES
DE RECHERCHE
EN SCIENCES
SOCIALES
Jacqueline FREYSSINET-DOMINJON
Maître de conférences
à l'Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne
D . . .
méthodes
cours
exercices
corrigés
lexique
Montchrestien
Mes vifs remerciements à Christine Barats-Malbrel,
Jean-Gabriel Contamin, Anne-Catherine Wagner, ainsi
qu 'à Marielle, Jacques et Louis-Noël pour leurs
relectures critiques et leurs remarques pertinentes.
Soutenue dans la curieuse entreprise de mettre noir sur
blanc un enseignement de méthodes de recherche, j ' a i
également profité des nombreuses discussions dans le
cercle universitaire qui réunit enseignants et étudiants.
Avant-propos 3
Introduction 5
PREMIÈRE PARTIE : La d é m a r c h e d e r e c h e r c h e 7
Chapitre 1. Principes
Les points de repères méthodologiques 9
Chapitre 2. Pratiques
Trois approches de la rumeur 29
Fiche-conseil 315
Sujets c o r r i g é s 319
Bibliographie 331
Lexique 335
Index 343
Table d e s m a t i è r e s .................................................................. 347
AVANT-PROPOS
LA DÉMARCHE
DE RECHERCHE
Principes
Les points de repère
méthodologiques
1. La notion de méthode
SECTION 1
LA NOTION DE MÉTHODE
De manière générale, une méthode est une démarche consistant à suivre
avec application un chemin qui mène à un but fixé en respectant les étapes
intermédiaires1.
§1 m
DÉFINITIONS
B. D e l a m é t h o d e o u d e s m é t h o d e s ?
(2) M.Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, 1996, p. 317. En choisissant
d'utiliser le mot méthode au pluriel, l'auteur marque la diversité des approches possibles de
l'homme dans son environnement social. En outre, de façon pragmatique et convaincante,
elle récuse les distinctions inutiles entre « sciences humaines » et « sciences sociales » que
par ailleurs, le Centre national de recherche scientifique en France (CNRS), classe dans une
même rubrique, celle des « sciences de l'homme et de la société ».
W,W
RELATIONS ENTRE MÉTHODES ET DISCIPLINES
Pour autant, les relations entre méthodes et disciplines ne sont ni
exclusives ni fatales. Dire que les disciplines s'organisent autour d'un objet et
d'une méthode est sans doute vrai à leurs origines, ne serait-ce que pour se
distinguer et se légitimer par rapport aux autres branches de la connaissance.
Par la suite, chaque discipline s'épanouit en débordant de ses frontières
primitives et en forgeant de nouveaux outils de recherche.
Le résultat de ces évolutions est que d'une part, plusieurs méthodes
s'affrontent ou se complètent au sein d'une même discipline (au sens
institutionnel et universitaire du terme), d'autre part, une même démarche
méthodologique est utilisée dans des contextes disciplinaires différents.
• La justification de principe
Le choix de cette méthode est lié à une conception particulière de
l'approche sociologique des conduites sociales.
Les recherches en sociologie du monde étudiant sont orientées selon deux
grande tendances. La première part d'un point de vue strictement externe et
considère que les conduites des étudiants sont commandées par la recherche
de l'intérêt ou par des stratégies de classement. Dans ce cas, « l'important est
de mettre en évidence les grandes régularités et les correspondances
existantes entre les choix individuels et des facteurs objectifs comme
l'origine sociale ou des probabilités de succès ou d'échec. Les enquêtes
statistiques et les sondages sont tout à fait appropriés » 4.
La seconde tendance considère les étudiants d'un point de vue interne dans
leur situation vécue et leur expérience spécifique d'étudiants. Elle part du
principe que les conduites sociales ne sont purement réactives et contraintes
mais sont le fait d'acteurs sociaux, qui ont les capacités positives « de
• La procédure pratique
B. L e s u s a g e s t r a n s v e r s a u x d ' u n e m ê m e a p p r o c h e
méthodologique
A u - d e l à des q u e r e l l e s d ' é c o l e s et des effets de m o d e , on constate q u e
c h a q u e s c i e n c e sociale p u i s e l a r g e m e n t dans le lot c o m m u n et transversal des
t e c h n i q u e s et des m é t h o d e s du c h a m p scientifique c o m m u n . En c o n s é q u e n c e ,
un m ê m e outil d ' i n v e s t i g a t i o n est utilisé d a n s des disciplines distinctes.
U n e x e m p l e p a r m i d ' a u t r e s illustre le fait : celui des u s a g e s multiples de
l' a p p r o c h e b i o g r a p h i q u e des p h é n o m è n e s sociaux. R e n o u a n t avec la tradition
de l ' É c o l e de C h i c a g o au d é b u t du siècle, les histoires de vie collectées sous
f o r m e de récits o r a u x ou écrits fournissent, d e p u i s une q u i n z a i n e d ' a n n é e s , un
m a t é r i e l r e n o u v e l é p o u r d e s é t u d e s a x é e s sur l ' a n a l y s e d e s p r o c e s s u s et la
c o m p r é h e n s i o n du c h a n g e m e n t .
E n s c i e n c e s s o c i a l e s , la m é t h o d e r e p o s e sur un p a r a d o x e p u i s q u ' e l l e
s ' a t t a c h e à c o m p r e n d r e le c o l l e c t i f à travers l ' i n d i v i d u e l , et le social d a n s le
particulier. Pourtant, cette a p p a r e n t e c o n t r a d i c t i o n se d é n o u e si on a c c e p t e le
p r i n c i p e selon lequel apparaît dans c h a q u e p e r s o n n e la s y n t h è s e i n d i v i d u a l i s é e
et active d ' u n e société et q u e c h a q u e i n d i v i d u r e p r é s e n t e la r é a p p r o p r i a t i o n
singulière de l ' u n i v e r s e l social et h i s t o r i q u e qui l ' e n v i r o n n e .
L'École de Chicago (1915-1940)
Sous l'expression « École de Chicago », on entend un ensemble de
travaux de sociologie urbaine - spécialement sur l'immigration et
l'assimilation des migrants - menées au cours des années 1915-1940
dans le cadre de l'Université de Chicago et qui se caractérisent par le
primat de la recherche empirique appuyée sur une méthodologie originale
et multiple.
L'approche qualitative de la société urbaine se fait à partir d'études de
cas décrits dans des monographies de terrain ou de recherches
documentaires faisant appel à un matériel varié de « documents
inhabituels c'est-à-dire des lettres, des articles de journaux, des archives
de tribunaux, des sermons de prêtres, des brochures de partis politiques,
des notes provenant des société d'agriculture,... » *
L'étude emblématique The polish peasant in Europe and America de
W. Thomas et F. Znaniecki parue en 1918 repose sur cet éventail de
documents, en particulier des lettres écrites par des immigrés polonais
aux États-Unis à destination de leurs parents restés en Pologne et
« récupérées » auprès de ceux-ci.
Les études quantitatives, quoique moins typiques des travaux de ce
courant, furent utilisées en particulier pour l'étude du comportement
électoral des communautés ethniques étudiées.
'Lettre de W. Thomas (1912) à S. Harper, fondateur de l'Université de Chicago :
cité par A. Coulon, L'École de Chicago, PUF, 1992, p. 84.
SECTION 2
LE C Y C L E DE LA C O N N A I S S A N C E S C I E N T I F I Q U E
5. J. Peneff, La méthode biographique, Colin, 1990 ; G. Pineau, J.-L. Legrand, Les histoires
de vie, PUF, 1993 ; D. Bertaux, Les récits de vie, Nathan, à paraître ; V. Milliot, E. Neveu,
« Les "mémoires de la politique" », Mots, 32, 1992.
§ 1 m
LA R E C H E R C H E EN P R O J E T
T o u t e r e c h e r c h e s c i e n t i f i q u e s ' i n s c r i t d a n s un p r o c e s s u s c u m u l a t i f de
p r o d u c t i o n de c o n n a i s s a n c e s . Ses p r e m i è r e s p h a s e s s ' i n s c r i v e n t dans l ' o r d r e
d e la r é f l e x i o n , et d u q u e s t i o n n e m e n t i n t e l l e c t u e l . O n p e u t d i r e
q u ' e x p l i c i t e m e n t ou i m p l i c i t e m e n t elle m e t en jeu u n e théorie d o n t il s ' a g i t de
vérifier la validité, à partir de la f o r m u l a t i o n d ' h y p o t h è s e s .
A. L e s t h é o r i e s
La recherche scientifique vise à mettre à l'épreuve des théories ou, à
défaut de théories achevées, au moins des modèles théoriques partiels.
1. Définition
Une théorie est un système élaboré à p a r t i r d ' u n e conceptualisation
de la r é a l i t é p e r ç u e ou o b s e r v é e et c o n s t i t u é p a r u n e n s e m b l e de
propositions dont les termes sont rigoureusement définis et les relations
entre les termes posées pour être confirmées ou infirmées.
La théorie demande à être vérifiée quant à sa force d'explication de la
réalité. Dans ce sens, ou peut dire avec P. Bourdieu que « les théories sont des
programmes de recherche qui appellent non le « débat théorique » mais la
mise en œuvre pratique capable de les réfuter ou de les généraliser, ou mieux,
de spécifier ou de différencier leur prétention à la généralité » 6.
2. Exemple
Les analyses sociologiques du comportement électoral en démocratie
pluraliste offrent plusieurs modèles explicatifs du vote, dont un des plus
célèbre est celui de l' électeur rationnel. A l'opposé des théories déterministes
p r o p o s a n t une vision de « l ' é l e c t e u r c a p t i f », c o n d i t i o n n é par ses
appartenances géographiques, biographiques et sociales, on construit un
modèle stratégique de l'électeur calculateur. Devant une certaine offre
politique affichée avant le scrutin (candidats, partis, programmes), l'électeur
opère un calcul rationnel et adopte une stratégie de vote selon le principe du
rapport coût/avantage. Pour ce faire, il faut qu'il « identifie ses intérêts et
puisse les classer sur une échelle de préférence... {et} aussi qu'il bénéficie
d ' u n e information fiable sur le bilan des sortants et la crédibilité des
promesses de leurs opposants » 7.
Une théorie se juge à ses fruits. Si le modèle de l'électeur rationnel ne
rend pas compte de la totalité des motivations de vote, il présente l'avantage
de bien rendre compte de l'existence des « indécis » en période préélectorale -
qui attendent d'être suffisamment informés pour se décider - ainsi que de celle
des électeurs « volatiles » qui, d'une consultation à l'autre, changent de camp.
Ces deux catégories d'électeurs sont en effet, bien identifiées et caractérisées
grâce aux enquêtes par questionnaire avant et après les élections8.
3. Remarques
Pratiquement, les théories et modèles théoriques sont plus ou moins
élaborés, les concepts clés plus ou moins définis et les propositions plus ou
moins articulées. Dans tous les cas de figure, la tâche préalable du chercheur
est de faire le point sur l'état du savoir dans le domaine étudié en passant en
revue les travaux sur la question ou des questions similaires et sur les
méthodes employées dans ces recherches. Le résultat de cette investigation
préalable se matérialise en bibliographies, notes de lecture, synthèses et bilans
critiques.
6. P. Bourdieu, (avec L.J.D. Wacquant), Réponses. Pour une anthropologie réflexive, Seuil,
1992, p. 57.
(7) P. Braud, Sociologie politique. L.G.D.J., 1994, p. 300.
(8) Dans la discussion de ce modèle stratégique systématisé par l'américain A. Downs, (An
american theory of democracy, New York, Harper, 1957) P. Braud émet des réserves sur
deux points. La nature des discours politiques de « séduction tous azimuts » n'est pas très
favorable au sérieux et à la rationalité du choix des citoyens. En outre, est critiquable la
notion même de marché, lieu symbolique où s'ajusterait l'offre des professionnels de la
politique et la demande des électeurs. L'analogie est de l'ordre de la métaphore plutôt que de
celui des concepts savants. (P. Braud, op. cit., pp. 301-303).
B. Les hypothèses
L'étape de la formulation d'une hypothèse ou d'un faisceau
d'hypothèses, quelle qu'en soit la forme plus ou moins rigoureuse, est un
moment crucial de la démarche de recherche scientifique.
1. Définitions
• En toute rigueur, l'hypothèse est l'énoncé d'une relation de cause à
effet entre deux ou plusieurs phénomènes sous une forme permettant la
vérification dans la réalité.
Dans cette perspective stricte, les hypothèses sont des transpositions
directes d'une proposition théorique et spéculative dans le monde empirique et
pratique. En appelant variable tout caractère ou facteur susceptible de varier,
l'hypothèse se définit techniquement comme un énoncé formel des relations
attendues entre au moins une variable indépendante (considérée comme
éventuellement explicative) et une variable dépendante (ou variable à expliquer).
• Plus largement, l'hypothèse est une proposition supposée dont les
origines ne découlent pas nécessairement d'une théorie strictement constituée.
Elle peut être le résultat d'observations pratiques de la vie courante. Par
exemple, des observations pratiques faites sur « la liaison apparente entre les
résultats scolaires obtenus par un enfant et le niveau socio-culturel de la
famille » peuvent susciter des hypothèses liées au niveau d'attente des parents
(plus élevé dans le cas où ceux-ci sont plus haut dans l'échelle socio-
culturelle ?), des enseignants (plus exigeants avec certains enfants ?), ou des
enfants eux-mêmes (désireux de se conformer à une norme familiale ?)9.
Elle peut également être le fruit de découvertes fortuites non
directement liées à l'objet principal de certains travaux scientifiques. Les
fameuses analyses de Pavlov sur le conditionnement animal ou humain ont été
menées après que ce dernier ait supposé que certaines sécrétions peuvent être
déclenchées non par la nourriture elle-même mais par une stimulation
quelconque régulièrement associée pendant un certain temps à cette nourriture
et que cette hypothèse ait été vérifiée par la suite10.
§
LA R É A L I S A T I O N D E LA R E C H E R C H E
A. L e s d o n n é e s : p r o d u c t i o n e t t r a i t e m e n t
S o u s ce terme, il faut c o m p r e n d r e ici toutes les stratégies de p r o d u c t i o n
e t d e t r a i t e m e n t d ' i n f o r m a t i o n s , m e n é e s d a n s u n c a d r e et d e s o b j e c t i f s
s c i e n t i f i q u e s . L ' i n v e n t a i r e d r e s s é p a r R. G i g h l i o n e et B. M a t a l o n p o r t e à
q u a t r e le c h o i x d e s m é t h o d e s à la d i s p o s i t i o n d e s c h e r c h e u r s en s c i e n c e s
sociales : e x p é r i m e n t a t i o n , o b s e r v a t i o n , e n q u ê t e , é t u d e des t r a c e s " .
1. L ' e x p é r i m e n t a t i o n
L ' e x p é r i m e n t a t i o n est la r e p r o d u c t i o n a r t i f i c i e l l e e t r é p é t a b l e d ' u n
p h é n o m è n e d a n s d e s c o n d i t i o n s telles q u ' o n en m a î t r i s e t o u s les p a r a m è t r e s .
Codifiée p a r C l a u d e B e r n a r d ( 1 8 1 3 - 1 8 7 8 ) au milieu du XIXe siècle dans
ses procédures en laboratoire à p r o p o s de la recherche b i o l o g i q u e et médicale,
elle sert de référence de principe d a n s la recherche scientifique en sciences de
l ' h o m m e et de la société, q u e les c h e r c h e u r s s ' e n inspirent ou s ' e n distinguent.
L e c h e r c h e u r établit un plan d ' e x p é r i e n c e d o n t il définit les conditions,
délimite les causes et p r é v o i t les effets. U n e x e m p l e f a m e u x en p s y c h o l o g i e
s o c i a l e , est d o n n é p a r S t a n l e y M i l g r a m q u i r é a l i s e u n e s é r i e d e d i x - h u i t
sessions e x p é r i m e n t a l e s sous la c o n d u i t e d ' u n expérimentateurl2. Celui-ci met
2. L ' o b s e r v a t i o n
C o m p a r é e à la m é t h o d e p r é c é d e n t e de l ' e x p é r i m e n t a t i o n et p a r
opposition avec celle-ci, l ' o b s e r v a t i o n peut être définie c o m m e r e g a r d
s y s t é m a t i q u e p o r t é s u r u n e s i t u a t i o n sans q u e celle-ci soit modifiée.
P r é c i s o n s q u e c e t t e d é f i n i t i o n r e s t r i c t i v e de la n o t i o n d ' o b s e r v a t i o n
c o r r e s p o n d , d a n s d ' a u t r e s s y s t è m e s d e t e r m i n o l o g i e à ce q u i e s t n o m m é
o b s e r v a t i o n d i r e c t e (voir e n c a d r é infra).
L e s i n f o r m a t i o n s sont c o l l e c t é e s p a r l ' o b s e r v a t e u r à p a r t i r d ' u n p l a n
d ' o b s e r v a t i o n p r é v o y a n t les faits p e r t i n e n t s à e n r e g i s t r e r . P a r e x e m p l e , u n e
r e c h e r c h e sur les lieux de convivialité d e s p e r s o n n e s â g é e s peut c o n c e v o i r des
p l a n s d ' o b s e r v a t i o n des c a f é s précisant, d u r a n t u n laps de t e m p s d o n n é , les
e n t r é e s et sorties d e s clients, h a b i t u é s ou non, les t y p e s de c o n s o m m a t i o n s , de
c o n v e r s a t i o n s , de j e u x , le c o m p o r t e m e n t des serveurs, etc. C e p e n d a n t , il faut
s o u l i g n e r q u ' u n e d e s s p é c i f i c i t é s d e la m é t h o d e e s t de l a i s s e r l a r g e m e n t
o u v e r t e la possibilité de c o n s t a t e r l ' i n a t t e n d u et d ' e n r e g i s t r e r l ' i m p r é v u , d a n s
la situation précise o b s e r v é e .
3. L ' e n q u ê t e
L ' e n q u ê t e est u n e p r o c é d u r e de r e c h e r c h e c o n s i s t a n t à recueillir
d a n s u n b u t de généralisation des informations verbales p a r interrogation
d ' u n e p o p u l a t i o n d ' i n d i v i d u s . L ' e n q u ê t e u r q u e s t i o n n e des personnes
choisies sans « a v o i r le désir explicite de m o d i f i e r la situation », ce qui ne veut
pas dire sans effet du tout.
L a v o g u e des e n q u ê t e s p a r s o n d a g e a u p r è s d ' é c h a n t i l l o n s représentatifs
de la p o p u l a t i o n , s p é c i a l e m e n t les e n q u ê t e s d ' o p i n i o n à p r o p o s d ' é v é n e m e n t s
ou de faits de société et les s o n d a g e s p r é - é l e c t o r a u x l a r g e m e n t diffusés dans la
p r e s s e e x p l i q u e la p a r t i c u l i è r e visibilité s o c i a l e de ces t e c h n i q u e s .
L ' i m p o r t a n c e d e s e n q u ê t e s p a r entretien de r e c h e r c h e n ' e s t pas m o i n s grande.
Il p a r a î t a u c o n t r a i r e q u e c e t a u t r e t y p e d ' a p p r o c h e p a r e n q u ê t e n o n
s t a n d a r d i s é e des faits s o c i a u x p r e n d u n e part de plus en plus i m p o r t a n t e dans
la g a m m e des m é t h o d e s de p r o d u c t i o n d e s d o n n é e s à des fins de r e c h e r c h e
scientifique. B i e n s o u v e n t , m a l g r é ses d é f a u t s , l ' e n q u ê t e est le seul m o y e n
d ' o b t e n i r des i n f o r m a t i o n s sur u n e g r a n d e variété d e c a r a c t è r e s p e r s o n n e l s ,
d ' o p i n i o n s et de c o m p o r t e m e n t s d ' u n m ê m e individu, i m p o s s i b l e à o b t e n i r par
l ' o b s e r v a t i o n ou en laboratoire.
4. L ' é t u d e d e s t r a c e s
D a n s ce c o n t e x t e , l e s t r a c e s s o n t t o u s l e s d o c u m e n t s , s o u r c e s
statistiques, textes, images, objets, p r é e x i s t a n t à la r e c h e r c h e , s i m p l e m e n t
i n v o q u é s e t n o n p r o v o q u é s c o m m e m a t é r i e l d ' a n a l y s e . P o u r R. G h i g l i o n e
e t B. M a t a l o n , l ' é t u d e d e s t r a c e s p e u t ê t r e c o n s i d é r é e c o m m e u n e f o r m e
d ' « o b s e r v a t i o n d i f f é r é e q u i p a r n é c e s s i t é n e s a i s i t p a s d i r e c t e m e n t le
p h é n o m è n e intéressant mais u n i q u e m e n t certaines de ses c o n s é q u e n c e s » sous
u n e f o r m e verbale, iconique, m o n u m e n t a l e , etc.
L a qualité m a j e u r e des traces est d ' ê t r e saisie p a r des m é t h o d e s dites
n o n r é a c t i v e s qui s u p p r i m e n t d ' e m b l é e l ' é p i n e u x p r o b l è m e de l ' i n t e r a c t i o n
entre le s u j e t - c h e r c h e u r ( e x p é r i m e n t a t e u r , o b s e r v a t e u r , e n q u ê t e u r ) et le sujet
ou l ' o b j e t a n a l y s é . C e l a ne veut p a s dire q u e la q u e s t i o n d e s i n t e r f é r e n c e s
s u b j e c t i v e s n ' e x i s t e n t pas. Le matériel est l ' o b j e t d ' u n c h o i x , son m o d e de
t r a i t e m e n t aussi. D e p l u s , c o m m e le s i g n a l e les a u t e u r s q u e n o u s c i t o n s ,
« c e r t a i n e s traces c o m m e p a r e x e m p l e les statistiques officielles sont elles-
m ê m e s des produits sociaux d o n t la validité peut être q u e s t i o n n é e » l3.
L'observation
Éclairages terminologiques
* L ' o b s e r v a t i o n d é f i n i e c o m m e é t a p e d a n s le p r o c e s s u s d e r e c h e r c h e
Du point d e v u e d e la p r o c é d u r e à suivre pour m e n e r u n e r e c h e r c h e , le
t e r m e d'observation e s t e m p l o y é d a n s un s e n s large ou étroit.
L'observation, intermédiaire entre les h y p o t h è s e s et la généralisation
Au s e n s large du t e r m e , l'observation qualifie l'étape d e confrontation
a u réel, e n t r e l'opération d e formulation d e s h y p o t h è s e s e t celle d e la
généralisation s o u s forme d e résultats confirmés et extrapolables, de lois
scientifiques, etc.
O b s e r v a t i o n d e s d o n n é e s contre traitement d e s d o n n é e s
Au s e n s plus étroit, par opposition à celles du traitement, l'observation
d é s i g n e les d i v e r s e s m o d a l i t é s d e c o l l e c t e / p r o d u c t i o n d e s d o n n é e s :
l'administration d e s q u e s t i o n n a i r e s d a n s le s o n d a g e d'opinion, la conduite
d e s e n t r e t i e n s a v e c d e s i n f o r m a t e u r s d a n s l ' e n q u ê t e d e t e r r a i n , la
consultation d'archives, les relevés statistiques, etc.
B. La généralisation
La généralisation est l'opération intellectuelle par laquelle on passe
de propositions spéciales à de plus généralesl4. Dans le cycle de la
recherche, ce qui a été validé et prouvé dans la phase de production traitement
de données particulières est pensé comme applicable à un ensemble.
1. Le principe
Dans les sciences de la nature et sous certaines conditions, le résultat
d'une expérience, éventuellement renouvelée ou menée parallèlement à une
expérience témoin, est généralisé à la classe de faits à laquelle appartient le fait
soumis à expérience. Quand Pasteur veut faire la démonstration de
l'impossibilité d'apparition du vivant par génération spontanée (théorie encore
admise à l'Académie des sciences de Paris dans les années 1860), il organise
une expérience en laboratoire : à côté des classiques ballons de verre servant de
témoins où, au contact de l'air se développent des micro-organismes,
l'expérience se déroule dans des récipients où est assuré une totale stérilité du
milieu liquide, support de l'expérience. L'absence de toute formation
d'organismes vivants dans ce milieu aseptique apporte confirmation du bien-
fondé de l'hypothèse. Appuyé sur ce constat expérimental, Pasteur procède à
une généralisation des résultats à l'ensemble de la reproduction du vivant. Par
contrecoup, la vieille théorie de la génération spontanée est invalidée.
2. La situation des sciences sociales
En sciences sociales, les modalités de la généralisation varient avec les
techniques de production et de traitement des données. L'exemple le plus
caractéristique est celui de l' enquête par sondage sur un échantillon
représentatif d'individus dont les informations sont produites de façon
standardisées (par questionnaire structuré) et les résultats extrapolés à
l'ensemble de la population mère.
À l'opposé sur l'échiquier des méthodes, l' étude de cas procède par
approche monographique d'objets particuliers : une école, un ministère, une
tribu, un village. Choisi comme exemple typique d'un fait social donné,
chaque cas est examiné dans sa totalité et sa profondeur avec le même objectif
final de totalisation objective.
L a d e r n i è r e p h r a s e de ce p r o p o s c o n s t i t u e un c o n s t a t d é s e n c h a n t é sur les
possibilités de r e c h e r c h e scientifique en sciences sociales m a i s aussi bien u n e
j u s t i f i c a t i o n lucide de l ' e n t r e p r i s e de f o r m a t i o n a u x m é t h o d e s et t e c h n i q u e s
qui la font a v a n c e r .
CHAPITRE 2
Pratiques
Trois a p p r o c h e s d e la r u m e u r
CHAPITRE 4
L'échantillon. Choisir la population d'enquête 89
Section 1 Présentation d'ensemble 91
A. Principes généraux 91
B. Terminologie de base 94
Section 2 Le sondage probabiliste 95
§1 Principes et procédures 96
A. Le tirage systématique 97
B. Exemple : un sondage aléatoire dans la commune
de Champigny 97
§2 Procédés pour améliorer le tirage des échantillons ... 98
A. Le tirage par grappe 99
B. Le tirage par degré 100
C. L'échantillon stratifié 100
§3 Un exemple de « manipulation » de la technique de
sondage 101
A. La contestation des résultats d'une enquête
périodique pour le compte du Centre d'étude
des supports de publicité 101
B. La fraude au sondage 102
Section 3 Le sondage empirique, la méthode des quotas . 104
§1 Principe 104
A. Définition 104
B. Conditions nécessaires 105
§2 Procédure de construction de l'échantillon par quotas . 106
A. Description des opérations préalables au travail
de terrain 106
B. Exemple : un plan de sondage pour la ville
de Grandmont 107
C. Le travail sur le terrain ................................................ 108
CHAPITRE 5
Le traitement d e s d o n n é e s
Produire d e s r é s u l t a t s 111
CHAPITRE 6
La réalisation d e l'entretien. Travail d e terrain 143