ALLARD Marc Alexandre
ALLARD Marc Alexandre
ALLARD Marc Alexandre
par
Marc-Alexandre ALLARD
LE 11 NOVEMBRE 2020
Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé lors de l’élaboration et de la rédaction de ce
mémoire.
D’emblée, je veux remercier mon directeur de mémoire Mathias Glaus pour ses conseils
judicieux ayant permis de pousser mes réflexions et surtout pour ça patience et ça bonne
humeur en dépit de mes lacunes.
Je remercie spécialement Pierre Groleau, mon mentor dans le domaine des explosifs sans qui
tout ce travail aurait été impossible.
Merci à Philippe et Dominique pour leur support moral dans ce projet comme dans les autres.
Je remercie également mes parents Céline et Jean-Luc ainsi que mon frère David pour leur
soutiens et leur encouragements infaillibles en particulier lors de mes tempêtes verbales.
Marc-Alexandre ALLARD
RÉSUMÉ
Les sautages en milieux urbains sont de plus en plus fréquents dans nos sociétés. Qu’ils
s’agissent de travaux de réfection d’infrastructures, d’élaboration de réseaux de transport
souterrain ou d’un rapprochement des zones résidentielles des carrières ou des sites miniers,
une pression s’accentue sur l’industrie du forage et du sautage avec des normes de plus en plus
strictes et des attentes citoyennes grandissantes. Dans ce contexte, la capacité à estimer les
impacts de sautages devient un enjeu pour répondre au besoin de précision accrue des
nouveaux chantiers.
Dans le cadre de cette recherche, les données de sautage d’une carrière en milieu urbain sont
analysées sur quatre années afin d’intégrer l’effet de facteurs liés à la configuration des essais
de sautage sur les résultats de vibration qui en sont induite. Par ailleurs, un outil d’aide à la
réflexion a été développé afin de faciliter l’identification des valeurs des paramètres de forage
et sautage en regard aux conditions fixées. L’outil développé est, par la suite, testé sur une
étude de cas qui présentait des conditions aux limites d’acceptabilité.
Marc-Alexandre ALLARD
ABSTRACT
Blasting in urban areas is more and more frequent in our societies. Whether it concerns
infrastructure repair work, the development of underground transport networks or the bringing
together of residential areas, quarries or mining sites, pressure is increasing on the drill and
blast industry with increasingly strict standards and growing citizen expectations. In this
context, the ability to estimate the impacts of blasting becomes an issue to meet the need for
increased precision on new sites.
As part of this research, blasting data from an urban quarry are analyzed over four years in
order to integrate the effect of factors related to the configuration of blasting tests on the results
of vibration induced by blasting. In addition, a reflection aid tool has been developed to
facilitate the identification of the values for the drilling and blasting parameters with respect
to the set conditions. The tool developed is then tested on a case study that presented boundary
conditions of acceptability.
Processing of historical data from the quarry made it possible to establish a configurable
"direction" factor for each blasting configuration. The integration of this factor characterized
on the data of the years 2016-2018, demonstrated an improvement of the precision of the
vibration estimates of 15% when it is applied to the data series for the year 2019. The
structuring of the data associated with the development of the tool makes it possible to generate
sets of values for the identification of blasting parameters, facilitating decision-making for the
operator while ensuring that the risks of exceeding the threshold values are minimized.
INTRODUCTION .....................................................................................................................1
CHAPITRE 2 MÉTHODOLOGIE...................................................................................31
2.1 Adaptation du modèle d’estimation des vibrations aux conditions d’un site ..............31
2.1.1 Configuration du site et données associées ............................................... 31
2.1.2 Modèle d’estimation des vibrations .......................................................... 33
2.1.3 Intégration du facteur de correction « direction » à l’estimation de la
vibration .................................................................................................... 36
2.2 Élaboration d’un outil de paramétrage des critères de sautage ....................................38
2.2.1 Développement de l’outil d’élaboration des paramètres de forage et
sautage....................................................................................................... 39
2.2.2 Validation de l’outil par une étude de cas ................................................. 41
CONCLUSION ……………………………………………………………………………71
XIV
Page
Tableau 2.2 Variables de l’équation de prédiction des vibrations d’un sautage ..................34
Tableau 2.6 Variables des équations de prédictions des distances de projections de roc
d’un sautage......................................................................................................41
Tableau 3.4 Nombre de données analysées par direction en 2019 et impact du facteur
direction (FD) sur la courbe d’atténuation théorique de Oriard (2002) et du
site en 2016 et 2018. .........................................................................................55
Tableau 3.5 Calculs associés aux séquences de traitement des données permettant d’établir
les paramètres de forage et sautage ..................................................................61
Page
Figure 1.3 Illustration d’un patron de forage tirée de Alaattin, Huseyin et Halim (2016) 11
Figure 1.4 Impact de la séquence de mise à feu sur le front de dégagement d’un sautage 16
Figure 1.5 Exemple de courbe d’atténuation, tirée de Trépanier (2018, p. 12) .................18
Figure 3.1 Comparaison des résultats in situ de 2016 à 2018 entre la courbe
d'atténuation du sommaire considérant les vibrations en dessous des seuils
de détection, la courbe d’atténuation du sommaire sans les vibrations en
dessous des seuils de détection et la courbe d'atténuation théorique. ..............46
Figure 3.3 Comparaison des résultats d’enregistrements en fonction des positions des
trois sismographes ............................................................................................52
Figure 3.4 Comparaison entre les prédictions de vibrations de site avec les constantes
théoriques et celles sommaire du site en 2016 et 2018 en considérant l'ajout
du facteur direction pour prédire les vibrations réelles enregistrées en 2019 ..56
Les carrières ainsi que les chantiers de construction font partie intégrante des activités de
développement des infrastructures pour supporter l’évolution des sociétés modernes.
L’exploitation des carrières permet d’extraire les matériaux et les chantiers permettent
d’aménager l’espace ainsi que d’assurer la réfection ou la construction des infrastructures et
des bâtiments. Actuellement, l’utilisation d’explosifs est implicite dans l’exploitation des
carrières et primordiale pour une partie des travaux de construction. Pourtant, la fabrication
d’explosifs servants aux travaux civils d’envergure ne remonte qu’à l’avènement de la
nitroglycérine en 1847 par Ascanio Sobrero (Fant, 2006), bien que la poudre noire découverte
au 6e siècle fut utilisée plus tôt pour certains travaux.
L’utilisation des explosifs en génie civil eu pour effet d’augmenter l’efficacité des travaux et
le rendement des carrières en plus de permettre la réalisation d’infrastructures auparavant
inimaginable tel que des routes et tunnels traversant des montagnes ou, plus récemment, les
réseaux de métros. Avec le temps, les travaux aux explosifs se sont multipliés aux abords des
centres urbains et les milieux résidentiels se sont rapprochés des carrières créant une proximité
nouvelle entre les opérations de sautage et les citoyens. Au début des années 2000, au Québec,
entre 1000 et 1500 travaux aux explosifs étaient effectués chaque année à proximité d’ouvrages
de génie civil ou d’habitations (Martel et al., 2002).
Afin de limiter les risques reliés à l’utilisation des explosifs, des normes ont été établies afin
de règlementer ses différentes formes d’applications. Ces normes visent à proscrire son emploi
par des utilisateurs inexpérimentés ainsi qu’à encadrer son utilisation lors de travaux en raison
notamment de la proximité des citoyens, des infrastructures publiques ainsi que de
composantes environnementales (faune et flore).
Pour répondre à ces exigences, l’industrie du forage et sautage doit continuellement s’adapter
afin de conserver sa capacité à répondre aux besoins du génie civil. Ainsi, la majorité des
2
méthodes employées pour réaliser un sautage doivent être ajustées d’un chantier à l’autre en
fonction des particularités spécifiques du site et de ses environs. Dans ce contexte, les travaux
réalisés dans le cadre de la maitrise se sont intéressés à l’élaboration d’un outil d’aide à
l’évaluation des effets du processus de dynamitage en milieu urbain en visant les deux objectifs
spécifiques suivants :
• déterminer, par analyse de séries de sautage, les facteurs contrôlant les principaux effets
associés à un sautage;
• Élaborer un facteur permettant d’améliorer la capacité de prédiction des sautages;
• élaborer un outil de paramétrage des critères d’un sautage en fonction des conditions
limites à respecter dues au contexte du site.
Le présent document est organisé en quatre chapitres. Le premier aborde l’état des
connaissances dans le domaine du forage et sautage résumant les différents types d’explosifs,
les processus de sautage ainsi que les paramètres de contrôle des effets d’un sautage. Par la
suite, le deuxième chapitre présente la méthodologie employée pour le traitement des données,
l’estimation de nouveaux facteurs ainsi que le développement d’un outil d’optimisation des
paramètres de forage et sautage. Les résultats sont présentés dans le troisième chapitre, suivie
du quatrième qui amène une discussion sur le travail réalisé, les conditions d’applications, les
limites associées à la démarche et les perspectives associées. La conclusion finalise le
mémoire.
CHAPITRE 1
Dans un premier temps, la section présente un historique du développement des explosifs afin
de mieux situer les orientations actuelles dans le domaine. Dans un deuxième temps, la section
aborde les principes de fonctionnement des explosifs, à savoir leurs propriétés physiques ainsi
que les méthodes d’initiations.
1.1.1 Historique
En se fiant à la culture générale, l’utilisation des explosifs est associée à un aspect militaire et
à la création de diverses armes. Pourtant, à travers l’histoire, une multitude d’explosifs ont été
développés pour diverses applications.
Selon le sinologue Needham (1954), la poudre noire est le premier explosif utilisé par
l’homme. Sa découverte daterait du septième siècle en Chine durant la dynastie Tang (618-
907). Au fil du temps, les concentrations des composants de la poudre noire, soit le salpêtre, le
souffre et le charbon ont été modifiés en fonction du type d’utilisation visé. Depuis sa création,
la poudre noire et ses dérivés ont été utilisés pour des applications militaires, civiles et
récréatives telles que des feux d’artifices (Corréard 1835). Dans ce dernier cas, la couleur,
4
originellement blanche, est modifiée par l’ajout de différents composés chimiques tels que le
potassium et le cuivre (Wilson 2017).
La nitroglycérine [C3H5(NO3)3] inventée par Sobrero en 1847 est un explosif liquide plus
puissant que la poudre noire (Fant, 2006). Pourtant, les dangers rattachés à sa fabrication et sa
manipulation amènent Sobrero à s’opposer à son utilisation. Ce n’est que dans les années 1860
que Nobel commence la manufacture d’un mélange de poudre noire et de nitroglycérine afin
d’exploiter la capacité explosive du mélange (Fant, 2006). À la suite d’une série d’accidents
mortels, Nobel stabilise son produit en mélangeant la nitroglycérine avec une poudre siliceuse
afin de limiter les risques associés à sa manipulation. Il invente ainsi la dynamite en 1866 (Fant,
2006). La dynamite est encore aujourd’hui couramment utilisée sur les chantiers de forage et
de sautage.
Le trinitrotoluène ou TNT [C7H5N3O6] développé en 1863 par Wilbrand (Smith, 1918) est un
explosif ayant comme particularité de nécessiter une plus grande quantité d’énergie pour
amorcer sa réaction explosive. Cette particularité qui parait initialement négative est par la
suite très recherchée puisqu’elle permet une manipulation plus sécuritaire. Il est également
utilisé pour des applications militaires et le développement, par exemple, de torpilles en
permettant de traverser un blindage avant d’exploser (Smith, 1918).
5
Bien que l’arrivée de l’ANFO (ou Ammonium Nitrate and Fuel Oil) varie selon les sources
disponibles, son application dans les travaux de génie civil comme celle de son dérivé
l’émulsion débute en 1956 (Petes, 1983). L’atout principal de l’ANFO dans le domaine de la
construction est son faible coût de fabrication et sa manipulation facile en raison de son risque
limité de détonation involontaire ce qui le différencie des autres explosifs présentés
précédemment. Il est aujourd’hui, avec ses dérivés, le principal explosif utilisé à des fins
civiles.
Un explosif est un composé chimique ayant la propriété, sous une contrainte d’énergie, de
changer rapidement d’état pour former une quantité importante de gaz à haute température.
L’énergie pour initier la réaction explosive peut être sous forme de pression ou de chaleur. La
Figure 1.1 illustre la pression développée par un explosif durant sa réaction complète
(Hermans, 2005).
6
La vitesse du front de détonation permet de catégoriser les explosifs en deux grandes familles
soit les explosifs brisants créant une détonation et les explosifs à effet de souffle créant une
déflagration (USBM, 1996). Dans le cas d’un explosif brisant, le front de détonation avance
plus vite que la formation des gaz générés par la réaction tel qu’illustré à la Figure 1.1. La
vitesse de ce front de détonation et sa pression élevée engendrent ainsi une capacité élevée de
pénétration au sein du matériel encaissant.
Dans le cas d’un explosif déflagrant, la vitesse des gaz est plus rapide que celle du front de
détonation générant ainsi une pression moins élevée. Le résultat est un souffle avec une plus
faible capacité de pénétration dans le matériel encaissant. La poudre noire en est un bon
exemple. Bien que tous les explosifs soient prompts à dégager leur énergie dans la direction
offrant la plus faible résistance, les explosifs déflagrants ne développent généralement pas
suffisamment de pression pour endommager une surface s’ils n’y sont pas confinés (Hermans,
2005). Cette capacité permet d’ailleurs l’utilisation de la poudre noire dans les canons en
concentrant l’énergie explosive vers la propulsion d’un projectile. Ceci étant, si le degré de
confinement est suffisamment élevé, même les explosifs déflagrants sont capables de pénétrer
le matériel encaissant.
Les explosifs utilisés pour les travaux de génie civil sont généralement tous dans la catégorie
des explosifs détonants. Pourtant, la vitesse du front de détonation reste une variable
déterminante dans la sélection d’un explosif puisqu’une vitesse de détonation plus élevée a
tendance à mieux pénétrer le matériel encaissant et donc générer une meilleure fragmentation
(Hermans, 2005) alors qu’une vitesse plus basse a tendance à occasionner un meilleur
déplacement de la masse fragmenté. Cependant, cette vitesse idéale n’est généralement pas
atteinte en raison des divers facteurs qui la régulent tels que la présence d’impureté ou de vide
au sein d’une colonne explosive, donnant ainsi place à une vitesse effective moins importante
et diminuant alors la quantité d’énergie dégagée.
8
En raison des nombreux types d’explosifs disponibles pour les activités de forage et sautage,
il est pertinent de comparer leurs caractéristiques. En effet, un explosif idéal pour un travail en
carrière peut être inutilisable pour un chantier en ville ou même une autre carrière qui présente
des conditions différentes. Pour mieux visualiser ces principales caractéristiques, le Tableau
1.1 présente les caractéristiques intrinsèques aux différentes familles d’explosifs
commerciaux. Sachant que les caractéristiques retenues sont variables d’un produit à l’autre
ainsi que d’un fabricant à l’autre, les valeurs indiquées le sont à titre indicatif et correspondent
respectivement à l’émulsion Titan 1000G et à la dynamite Unimax de la compagnie Dyno
Nobel ainsi qu’au dérivé du TNT Riobooster DET et à l’ANFO Rioxam de la compagnie
Maxam. Leurs fiches techniques sont présentées à l’Annexe I.
Le choix du type d’initiation est déterminé par la quantité d’énergie qui est nécessaire pour
amorcer la réaction de l’explosif choisi. Les explosifs modernes peuvent être classés selon leur
sensibilité dans les deux grandes catégories suivantes : les explosifs sensibles aux détonateurs
et ceux non-sensibles aux détonateurs. Le détonateur est constitué d’une petite charge
explosive très sensible ainsi que d’un mécanisme permettant de déterminer le délai exprimé en
millième de seconde après lequel la charge explosive est initiée. Il permet d’établir une
séquence de mise à feu pour chaque charge explosive constituant le sautage (AEL, 2014).
9
Pour les explosifs qui ne sont pas suffisamment sensibles pour être initié par un détonateur
l’emploi d’une amorce est nécessaire. Une amorce est constituée d’un explosif sensible au
détonateur permettant de développer la quantité d’énergie nécessaire à l’initiation des explosifs
non sensible aux détonateurs (Dick, Fletcher et D’Andrea, 1983). La Figure 1.2 illustre
l’insertion d’un détonateur dans une amorce à base d’un dérivé du TNT.
Le confinement du forage dans lequel est inséré un explosif permet de conserver la pression
nécessaire à la détonation des explosifs tout au long d’une même charge explosive. À ce titre,
pour développer sa pleine vélocité, un explosif aura besoin d’un diamètre minimal appelé
diamètre critique (AEL, 2014). Le diamètre critique d’un explosif est lié à sa sensibilité. Ainsi,
un explosif plus sensible permet généralement un diamètre critique plus faible.
L’énergie d’un explosif (cal/g) définit la quantité d’énergie libérée pour un poids donné lors
de sa réaction complète. Ce chiffre est néanmoins trompeur puisque la puissance explosive est
généralement considérée pour un même volume d’explosif plutôt qu’un même poids. Cette
situation s’explique par les contraintes associées à l’utilisation des explosifs, notamment celui
10
du coût des forages pour confiner les explosifs. Ainsi, la densité et l’énergie d’un explosif sont
complémentaires lors de l’évaluation de sa puissance explosive (Dyno Nobel, 2010).
Pour ce qui est de la résistance à l’eau, bien que les sautages sous-marins soient relativement
rares, les sautages en conditions humides sont fréquents. Que ce soit en raison de l’infiltration
de l’eau de pluie dans les forages ou simplement de l’interception de veines d’eau souterraine,
la résistance à l’eau d’un explosif est un facteur à prendre en considération (Groleau, 2012).
Certains explosifs tels que l’ANFO sont solubles dans l’eau et perde donc leur efficacité en
condition humide. D’autres tels que des combinaisons d’émulsion et d’ANFO, ne sont pas
directement affectés par le contact avec de l’eau et peuvent conserver la majorité de leurs
capacités pendant plusieurs heures ou mêmes plusieurs jours. Finalement, certains explosifs
tels que les explosifs encartouchés ne sont théoriquement pas affectés par le contact avec l’eau
(Dyno Nobel, 2014).
1.2.1 Nomenclature
La nomenclature associée aux activités de forage et de sautage est spécifique au domaine. Cette
section présente d’une part les termes associés aux patrons de forage et, d’autre part, aux
activités de chargement des explosifs et de traitements des résultats de sautage. Les termes et
11
les définitions présentés sont en accord avec le « Blasting and Explosives Quick Reference
Guide 2010 » de Nobel (2010) et le « Surface Blasting Handbook » publié par AEL (2014). La
Figure 1.3 illustre la configuration des termes de référence d’un patron de forage.
Figure 1.3 Illustration d’un patron de forage tirée de Alaattin, Huseyin et Halim (2016)
Basé sur les éléments présentés à la Figure 1.3, la définition des différents termes en lien avec
un patron de forage est présentée au Tableau 1.2.
12
Les activités associées au plan de forage permettent la suite des opérations de chargements
d’explosifs. Le Tableau 1.3 présente les différents termes techniques employés pour décrire
les activités de chargement d’explosifs ainsi que le traitement des résultats une fois le sautage
effectué.
13
Les prochaines sections de ce chapitre se rapportent donc aux termes techniques élaborés dans
cette section.
Le plan de forage et sautage indique comment sont distribué les charges explosives au sein
d’une masse à fragmenter lors d’un ou de plusieurs tirs, ce faisant, il permet d’extrapoler les
résultats d’un sautage. Pour ce faire, il doit minimalement indiquer les informations suivantes:
le diamètre des trous de forage (mm), la hauteur de banc (m), la maille de forage (m), la hauteur
de sous forage (m), la hauteur de collet (m), les types d’explosifs et la densité des explosifs
(kg/m³) (Phelan, 2019).
Pour évaluer la validité de ces paramètres, les travaux de forage et sautages considèrent
généralement le facteur poudre d’un tir soit le ratio de kilogramme d’explosifs par mètre cube
de roc à fragmenter. Ce facteur permet d’estimer la quantité d’énergie dégagée lors du sautage
et donc d’évaluer approximativement un manque ou un surplus d’énergie en fonction du type
de sautage effectué et de la géologie du site. À titre d’exemple, le guide de Dyno Nobel (2010)
propose un facteur poudre variant de 0,15 kg/m³ pour une masse de roc « Very Soft » à 0,8
kg/m³ pour une masse de roc « Hard » lors de tir de banquette.
Bien que le facteur poudre soit un paramètre utile sur le terrain, il ne représente pas une
évaluation exacte de l’énergie disponible du sautage. En effet, tel que mentionné
précédemment (Tableau 1.1), les différents explosifs ne développent pas forcément une
15
quantité d’énergie équivalente pour une même masse. Dès lors, l’effet du facteur poudre d’un
tir chargé avec un explosif dense sera surévalué par rapport au même facteur poudre pour un
explosif plus léger ayant une énergie similaire.
Par ailleurs, le facteur poudre considère une distribution homogène de la charge explosive au
sein du massif rocheux à excaver. Or, une mauvaise distribution de celle-ci peut grandement
affecter les résultats d’un sautage tels que les vibrations, les projections de roc et les
surpressions d’air issues d’un sautage. Il est donc requis de considérer toutes les variables
présentées dans le plan de forage et sautage plutôt que de ne se fier qu’au facteur poudre
(Corkery et Cavers, 2013).
Dans la pratique, il arrive que plusieurs forages soient finalement trop proches les uns des
autres en raison de la trop forte énergie explosive dégagée ou encore d’une géologie fissurée
ou autrement altérée. Dans ce cas de figure, certains explosifs sont à risque d’une détonation
sympathique correspondant à une initiation non contrôlée de la colonne explosive adjacente.
Pour d’autres explosifs, ils sont plutôt à risque d’une désensibilisation « dead press ». Cette
situation survient lorsque la pression de la détonation adjacente n’est pas suffisamment
importante pour initier la colonne explosive, mais suffisante pour neutraliser l’explosif. Afin
de pallier à cette situation, certains explosifs sont conçus pour répondre au phénomène de
« dead press ». Ils sont généralement sélectionnés lors de sautages sous-marins prompts à ce
type de phénomène (Hermans, 2005).
Un même plan de forage et sautage peut être associé à plusieurs tirs. Il est donc important de
l’associé à un plan de tir précisant les particularités du sautage effectué. Celui-ci peut, par
exemple, contenir les informations suivantes : positionnement du tir, nombre de trous de
forage, charge maximale par délai ainsi que la séquence de mise à feu.
Le positionnement du tir permet de délimiter la zone de travail ainsi que de déterminer les
distances entre le sautage et les différents éléments à protéger. L’identification du nombre de
16
trous de forage et de leur disposition permet de planifier les variables opérationnelles telles
que le temps de chargement, la taille de l’équipe de travail, la quantité d’explosif, le ou les
chemins d’accès et la zone d’exclusion autour des opérations de chargement. La charge
maximale par délai sert dans la prévision des résultats du tir.
La séquence de mise à feu d’un plan de tir permet de déterminer l’orientation du déplacement
de la masse fragmentée lors du sautage, soit le front de dégagement et son étalement (AEL,
2014). Une séquence de mise à feu indique en millième de seconde l’ordre de détonation des
charges explosives au sein du tir. La Figure 1.4 illustre l’effet de la séquence de mise à feu sur
le front de dégagement d’un tir.
Figure 1.4 Impact de la séquence de mise à feu sur le front de dégagement d’un sautage
La Figure 1.4 considère l’initiation du trou en haut à gauche à 0 ms. Les rangées présentées
sont verticales, donc chaque délai entre trous représente la différence de temps d’initiation
entre un trou et celui au-dessous duquel il se trouve. La différence de temps entre les rangées
représente le délai entre un trou et celui directement à sa gauche.
Bien que l’objectif premier d’un sautage soit généralement la fragmentation du roc ou d’un
autre matériel encaissant, l’énergie développée lors d’un tir se dissipe sous plusieurs forment.
17
Parmi ses formes; la vibration dans le sol, la projection de roc ainsi que la surpression aérienne
ou marine. Ces sous-produits sont généralement perçus comme étant des éléments nuisibles en
raison de leurs impacts parfois difficile à prévoir.
Ces impacts pouvant aller du dérangement des citoyens avoisinants jusqu’à la mise en danger
de ceux-ci ainsi que des infrastructures à proximité de la zone de sautage. L’étude de ces
paramètres s’avère pertinente afin d’améliorer les prévisions et ainsi minimiser les écarts entre
les prévisions et les résultats obtenus à la suite d’un sautage (Jonsén, 2012). En effet, une
estimation fiable des effets d’un sautage permettra d’ajuster les paramètres lors de
l‘établissement du plan de forage et de dynamitage tout en minimisant les incertitudes et
l’obligation d’adopter une approche trop conservatrice et souvent plus onéreuse.
Lors d’une mesure de vibration, des sismographes sont utilisés pour mesurer à la fois la vitesse
des particules dans les trois dimensions (vertical, longitudinal et transversal), mais aussi leurs
fréquences (longueur d’onde). La fréquence d’une vibration est dérivée des équations de
fourrier puisqu’un sautage est généralement constitué d’une multitude d’évènements (Thomas,
Bernard, 2012).
D’un point de vue opérationnel, sur plusieurs chantiers du Québec, seule la vitesse des
particules est considérée. Cependant, l’équation 1.1 permet de constater que le déplacement
des particules engendré par une même vitesse de vibration est grandement affecté par la
fréquence de celle-ci. Dès lors, pour protéger une structure, il faut de considérer le déplacement
des particules, soit la distance maximale qu’elle atteindra par rapport à son point d’origine
(Dowding, 1980).
18
𝑉 (1.1)
=𝐷
2𝜋𝑓
Avec :
V : vitesse en mm/s
F : fréquence en Hz
D : déplacement en mm
En pratique, le déplacement des particules d’un sautage n’est que rarement considéré. Les
chantiers s’intéressent donc principalement à la formule empirique de prédiction des vibrations
d’un sautage. Celle-ci provient d’une régression linéaire telle qu’illustrée à la Figure 1.5. Elle
est obtenue en rapportant la vitesse des particules (vibrations) obtenues par plusieurs sautages
en fonction de la distance scalaire. La Figure 1.5 représente donc les résultats de vibrations de
sautages enregistrés pour un seul site.
1000
Courbe 50%
Courbe 95%
100
Vitesse de particules (mm/s)
10
0,1
1,00 10,00 100,00 1000,00
Distance scalaire (kg0,5/m)
En étudiant le type de courbes de la Figure 1.5, la formule empirique décrite à l’équation 1.2
est établie par une courbe de tendance afin de mettre en relation divers facteurs d’un sautage
avec les vibrations engendrées par celui-ci. Elle est mondialement reconnue et adoptée au
Québec par le ministère de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques
(MELCC) ainsi que le ministère de l’Environnement, de la protection de la nature et des parcs
de l’Ontario (MOECP, 1985).
𝑊 , (1.2)
𝑃𝑃𝑉 = 𝐾( )
𝐷
Avec :
PPV: Peak Particle Velocity (ou vitesse maximale des particules) en mm/s
K : constante sismique
W : charge par délai en kg par délai
D : distance en m
n : constante d’atténuation
La valeur K obtenue est dépendante de plusieurs facteurs dont ; la géologie, le type de sautage,
la qualité du patron de forage, la qualité du chargement, la séquence de mise à feu, etc. Elle est
donc dépendante à la fois de facteurs humains et géologiques. De manière générale, les
éléments facilitant le déplacement du roc fragmenté auront tendance à diminuer la valeur K et
vice-versa. Dans la littérature, il est reconnu de considérer une valeur K de 1725 pour les
calculs théoriques avant d’obtenir une constante basée sur les résultats du site (Oriard, 2002).
La valeur N représente l’atténuation sismique et est donc strictement relié à la géologie du
terrain. Un même site peut tout de même posséder plusieurs valeurs N pour des secteurs et des
directions différentes en raison de l’hétérogénéité géologique du terrain. Pour cette constante,
la littérature suggère une valeur de 1,6 pour les calculs théoriques avant d’obtenir une constante
basée sur les résultats du site (Oriard, 2002).
pour les différents sites et types de sautages étudiés afin d’améliorer le coefficient de
corrélation (Siskind et al., 1980).
La courbe supérieure de 95% permet de fixer les conditions limites pour prédire les vibrations
obtenues suites à un sautage lorsqu’un dépassement des vibrations permises n’est pas tolérable
(Trépanier, 2018). Dans le cas où les vibrations prédites surpasseraient celles permises,
plusieurs options sont applicables pour limiter les vitesses de particules obtenues suites au
sautage.
Afin de limiter la charge par délai (W) ainsi que la valeur K, la séquence de mise à feu doit
être adéquatement ajustée. Une séquence de mise à feu bien conçu devrait permettre un
déplacement adéquat de la masse tirée, mais aussi chacune des charges explosives du sautage
dans une direction optimisant leur distribution énergétique au sein de la masse rocheuse à
fragmenter en considérant que chaque charge doit fragmenter un volume de roc proportionnel
(Dick, Fletcher et D’Andrea, 1983).
Dans la planification d’un sautage, les vibrations des charges devraient être décalées dans le
temps afin de minimiser l’amplitude du phénomène de vibration et limitant leur propagation
aux structures environnantes. Le principe est de créer une rafale de vibrations à basse amplitude
plutôt qu’une seule vibration à plus grande amplitude (Siskind et al., 1980). Par analogie, le
comportement est similaire au lancement d’une grosse roche dans l’eau comparativement à
21
plusieurs petites roches d’une masse totale équivalente; la grosse roche engendre une plus
grande vague et a donc un potentiel d’impact plus élevé.
Les détonateurs non-électrique (avec tube de choc) servant à mettre en place la séquence de
mise à feu sont conçus avec un délai fixe et peu précis qui nécessite régulièrement le recours à
une séquence de mise à feu avec répétition de délais. Dans certains cas, il faut donc utiliser des
détonateurs électroniques permettant un haut niveau de flexibilité, mais à un coût deux à cinq
fois plus élevé que les détonateurs classiques. Ceux-ci peuvent être programmés avec
n’importe quel délai (Davey Bickford, 2006).
La réduction de la charge par délai présente l’avantage de réduire les vibrations engendrées
par le sautage tel que décrit dans l’équation 1.2. Dans la planification du plan de forage et de
dynamitage, la réduction de la charge par délai peut être atteinte par une technique connue sous
le nom de chargement étagé et couramment utilisée dans les chantiers de construction ou les
carrières en milieu urbain. Elle consiste à diviser la colonne explosive au sein d’un même trou
de forage en plusieurs segments avec de la pierre concassée (bourre) et en initiant chaque
segment individuellement. Cette technique complique la séquence de mise à feu en ajoutant
plusieurs délais par trou. De plus, puisqu’elle réduit la charge explosive totale par forage, il est
parfois nécessaire de resserrer la maille de forage ce qui augmente les coûts d’exploitations.
Afin de délimiter une zone de matériel à extraire, des barrières artificielles peuvent être créées
soit avec une série de forages rapprochés, soit en utilisant des explosifs pour fissurer le roc
dans un axe défini (Uysal et Cavus, 2013). En agissant sur les phénomènes de propagation des
ondes sismiques au même titre qu’une anomalie géologique, cette technique permet d’affecter
les valeurs de K et de N. Les barrières artificielles sont généralement utilisées en dernier
recours en raison de leur coût élevé en comparaison des autres techniques de régulation (Uysal
et Cavus, 2013).
22
Le contrôle des projections de roc lors d’un sautage constitue un enjeu sur le plan
environnemental, mais également au niveau de la sécurité, et ce particulièrement lorsque les
sautages sont effectués en milieu urbain (Blanchier, 2013). Au moment de l’élaboration des
paramètres de forage et dynamitage, une analyse des distances de projections maximale peut
être entreprise dans chaque direction par rapport au sautage et tenir compte également des
différences d’élévations. Cette analyse différencie les structures à protéger des zones
potentiellement habitées ou abritant du personnel. Il est généralement accepté d’allouer le
double de la distance de projection prévue pour délimiter la distance minimale pour les
équipements et le quadruple pour le personnel. Les calculs d’estimation des projections de roc
et les distances d’exclusions sont basés sur les formules balistiques semi-empiriques issues de
Richard and Moore (2002).
, (1.3)
𝑚 ,
𝑉 =𝑝 sin 2𝜃
𝑆𝐻
Avec :
V0 : vitesse initiale en m/s
p : constante de projection
m : charge explosive linéaire en kg
SH : fardeau ou épaisseur de bourre en m
𝜃 : angle de projection (Launch Angle) en °
D’un point de vue opérationnel, une valeur approximative est attribuée au roc en prenant
compte de ces différentes caractéristiques (p). Cette valeur se situe généralement entre p = 13
pour un sol peu compétent (exemple : schiste) et p = 27 pour un très solide (exemple : granite).
À la suite des premiers tirs, cette valeur est ajustée pour refléter le comportement réel. Les
facteurs de chargement sont considérés, soit la charge par mètre (m) et la distance la plus faible
entre le fardeau et le collet du trou (SH) ainsi que l’angle de projection (θLA).
23
Une fois la vitesse de projection initiale connue, les distances maximales de projection
horizontale (équation 1.4) et verticale (équation 1.5) sont calculées selon différents angles de
projection pour déterminer les limites sécuritaires en fonction de la profondeur de l’excavation.
𝑉 sin 𝜃 (1.5)
ℎ = +𝐻
2𝑔
Avec :
R2 : distance horizontale maximale en m
V0 : vitesse initiale en mm/s
𝜃 : angle de projection (Launch Angle) en °
H : hauteur de banc en m
h2 : distance verticale maximale en m
Sur un terrain plat, la projection horizontale sera maximale à 45°, mais si la zone de dynamitage
est plus basse que le milieu à protéger, des projections de 50°, 55° et 60° peuvent envoyer des
projectiles de roc plus loin. Plusieurs autres éléments peuvent influencer la distance de
projection. C’est d’ailleurs ce qui explique que deux tirs théoriquement identiques puissent
résulter en des distances de projection différente (Dick, Fletcher et D’Andrea, 1983).
Les équations 1.3, 1.4 et 1.5 prennent en considération un roc homogène ce qui ne correspond
généralement pas avec le terrain où un changement de lithologie, une fissure et/ou de
l’altération du roc peuvent causer une modification des propriétés du roc. À ce niveau, les
prédictions de projection de roc devraient être revues à la suite de la réception des logs de
forages. Pour des fins de calculs, certains experts du domaine (Groleau, 2018) suggèrent de
considérer chaque mètre de roc de mauvaise qualité comme un demi-mètre de roc compétent.
Ainsi, un collet de deux mètres dont le premier mètre est altéré devrait être ajusté à 2,5 m.
24
Par ailleurs, la face libre des sautages doit être inspectée avant le début des opérations de
chargement. Cette inspection permet de s’assurer qu’il n’y ait pas d’anomalie géologique, mais
aussi de confirmer l’épaisseur de fardeau réel tout au long de la face libre. En cas de fardeau
plus mince que prévu, un deuxième type d’explosif moins énergétique doit être considéré afin
d’éviter une augmentation de la distance de projection de roc.
Le type de bourre utilisé joue également un rôle quant à sa capacité à retenir l’énergie
explosive. Le matériel idéal comme bourre est composé de pierre concassée nette d’une taille
approximative de 10 à 20 % du diamètre de forage (Dyno Nobel, 2010).
Finalement, il est possible de confiner un sautage pour restreindre son déplacement et ainsi son
potentiel de projections de roc à l’aide de remblais ou de matelas pare-éclats (Figure 1.6) lourds
composés de caoutchouc. Lorsque bien confinée, cette énergie explosive est redistribuée tout
en augmentant la fragmentation du roc et la création de vibrations. Par contre, si le confinement
n’est pas homogène, le surplus d’énergie est à risque de créer des projections plus importantes
qu’initialement prévues.
Connaitre et comprendre les particularités d’un site est primordial à l’optimisation d’un plan
de forage et sautage. Pour ce faire, les sautages doivent être adaptés à la géologie du site ainsi
qu’à son entourage. Alors que la géologie influence des aspects techniques d’un sautage dans
le but d’obtenir les résultats recherchés, l’entourage du site indique les limites à considérer
dans l’élaboration des plans et dans la mise en œuvre des travaux.
Les caractéristiques numériques de la géologie à considérer sont la densité du roc, son module
de Young et sa résistance en tension et compression. Ensemble, ils permettent d’estimer
comment une masse de roc homogène réagit aux contraintes exercées sur lui lors d’un sautage.
Les paramètres du plan de forage et sautage y sont donc reliés lors des simulations de résultats
de sautage dans plusieurs simulateurs (Bernard, 2009).
Bien qu’indispensable pour déterminer les paramètres de forage et sautage idéal pour un site,
les caractéristiques numériques de la géologie d’un site sont rarement exactes lors de
l’élaboration d’un tir spécifique. En effet, la géologie d’un site étant une image de son passé,
elle est remplie de cicatrices et de particularités la rendant unique. Un granite ne définit donc
pas l’ensemble des caractéristiques d’un site, mais seulement sa composition chimique et ces
paramètres pour un bloc homogène.
La présence d’anomalie géologique peut modifier le type de sautage effectué dans certains
secteurs touchés. Par exemple, la présence d’une faille ou joint majeur devrait être considérée
afin d’éviter de finir un tir à mi-chemin à travers celle-ci ou d’en adapter les paramètres si cette
situation est inévitable. Lorsqu’elles ne sont pas prises en comptes, les anomalies géologiques
peuvent affecter la qualité des parois obtenues lors de sautage ce qui menace la stabilité du
site, mais surtout la sécurité des gens qui y travaillent (Cebrian, 2013).
26
La présence d’altération est aussi à considérer lors du chargement d’un tir puisqu’elle diminue
la compétence du roc dans la région affectée. Tel que décrit dans la section de la projection de
roc, une altération non considérée au niveau du collet ou de la face libre peut résulter en une
projection importante et potentiellement dangereuse.
La géologie du site influencera aussi la propagation des ondes sismiques engendrées par un
sautage. Typiquement, un roc plus dense et plus rigide occasionnera une vitesse sismique plus
élevée, la présence d’eau, d’anomalies géologiques et de changements de lithologies auront
aussi un impact notable sur la propagation des ondes sismiques. Les ondes sismiques sont
réfléchies ou réfractées lors de changements d'élasticité et/ou de densité de leur milieu de
propagation (Ozer and al, 2012). De plus, selon les recherches du « Incorporated Research
Institutions for Seismology » (IRIS, 2018) les vibrations transmises par le roc auraient
tendance à avoir de plus haute fréquence et basse amplitude que ceux transmis par un mort
terrain saturé en eau. Or les hautes fréquences s’atténuant plus rapidement avec la distance. La
composition du terrain entourant un site agit donc sur la constante d’atténuation des vibrations
de ce site.
De plus, les angles de clivage naturel de la géologie doivent être considérés afin d’établir
l’alignement des tirs et ainsi de maximiser la qualité des résultats d’un sautage. Ce point peut
faire la différence entre un mur final droit et sécuritaire ou un mur instable, et ce pour deux tirs
ayant les mêmes paramètres de forage et sautage (Cebrian, 2013).
Au niveau de l’entourage d’un site, la proximité entre les travaux de dynamitage et les citoyens
s’accentue au fil du temps en raison de la volonté des politiques de densifier les milieux urbains
et d’accroitre les capacités des infrastructures à supporter les activités humaines : tunnels de
métro ou routier et fondations. Cette proximité est propice à générer des tensions entre le
confort des citoyens et le désir de productivité des gestionnaires de projet. C’est à ce niveau
que l’entourage d’un site de forage et de sautage prend son importance (Lusk, 2006).
27
Le seul respect de l’intégrité physique tant des infrastructures en place que des personnes n’est
pas un critère suffisant à l’acceptation d’un plan de forage et de sautage. L’acceptabilité sociale
des opérations nécessite l’identification et l’évaluation des mesures de mitigations des
vibrations, et de projection de rocs en fonction de la présence de citoyens en périphérie des
travaux. Bien que cette étape ne soit pas toujours considérée, la hausse des plaintes liées aux
travaux de forage et de sautage amène les instances gouvernementales à légiférer (Lusk, 2006).
Les normes établies dans le domaine du forage et sautage varient selon les pays, mais aussi
selon les domaines d’applications. Elles sont généralement basées sur des études d’essai
destructif de structures ou sur des standards de perceptions humaines. Puisqu’aucun consensus
international ou même canadien n’existe à ce niveau, les normes à respecter en vue de la
protection d’une même habitation ne sont pas les mêmes pour une mine, une carrière ou un
chantier de construction (Loeb et Tannant, 2012).
Les normes du United States Bureau of Mines (Siskind et al., 1980) présentées à la Figure 1.7
sont le résultat de nombreuses études destructrices effectuées sur des structures afin d’évaluer
les risques de dommage à des bâtiments.
28
Cette norme de 1980 considérait donc déjà l’impact de la fréquence sur la capacité destructrice
des vibrations, sachant qu’une vibration à basse fréquence induit un plus grand déplacement
qu’une même vibration à haute fréquence. Les courbes de perceptions humaines sont un autre
aspect présenté à la Figure 1.7. Elles indiquent la sensibilité des humains aux vibrations de
hautes fréquences (Siskind et al., 1980). Par ailleurs, le USBM recommande une limite
sécuritaire de surpressions d’air de 128 dB afin de minimiser les effets sur les infrastructures.
La limite à ne pas dépasser pour les bris de fenêtres, élément le plus sensible, est de l’ordre de
150 dB.
29
Inspirées des normes de l’USBM, les normes environnementales appliquées au Québec pour
les travaux de sautage de toute opération minière sont définies dans la Directive 019 sur
l’industrie minière (MELCC, 2012). Le Tableau 1.4 représente les limites de vibration à
respecter à tout point d’impact se trouvant à moins d’un kilomètre des opérations de sautages.
Les normes établies dans l’industrie minière du Québec sont donc un peu plus sévères qu’aux
États-Unis pour les fréquences au-dessus de 25 Hertz ce qui permet une meilleure coexistence
avec les citoyens. Cependant, elles dépassent toujours les limites de la courbe intolérable de la
perception humaine (Figure 1.7). Pour ce qui est des surpressions d’air, la limite est toujours à
128 décibels.
La Ville de Montréal limite quant à elle les activités de forage et sautage du domaine de la
construction à ses propres standards. Le Tableau 1.5 indique les vitesses de particules
maximales pour des fréquences données selon la Direction de l’eau potable de la Ville de
Montréal, il s’adresse aux immeubles d’habitation et bâtiment semblables de par leur utilisation
ou leur construction ainsi qu’aux égouts, aqueducs et services d’utilité publique.
30
Pour le secteur des carrières, l’ancienne réglementation québécoise applicable jusqu’en 2018,
limitait les vibrations à 40 mm/s sans égard à la fréquence. Cette limitation était problématique
au niveau de la perception humaine, mais aussi, dans certaines situations, pour les structures
résidentielles avoisinantes. La nouvelle règlementation québécoise (Règlement sur les
carrières et sablières du Québec, 2018) fixe la limite à 10 mm/s pour toutes les gammes de
fréquences. Elle autorise toutefois un dépassement des vibrations jusqu’à 15 mm/s pour un
maximum de 10% des sautages effectués par la carrière. Cette nouvelle limite permet de
répondre aux préoccupations associées à la protection des structures et aux conforts des
citoyens.
CHAPITRE 2
MÉTHODOLOGIE
2.1 Adaptation du modèle d’estimation des vibrations aux conditions d’un site
Pour ce premier volet de la méthodologie, la section initiale porte sur les techniques de collecte
d’information de sautage en carrière. La deuxième introduit les méthodes de traitement des
données de sautage en vue d’en analyser les résultats et la dernière porte sur la démarche suivie
afin d’ajouter un facteur « direction » dans l’estimation des vibrations émise par un tir.
sautages effectués sur ce site sont tous de même nature, soit considérant des patrons de forages
et des types d’explosifs équivalents.
Dans le cadre de ce projet de recherche, deux autres facteurs ont été considérés soit la zone
dans laquelle le sautage a été effectué et le positionnement du sismographe qui a enregistré
l’événement. Les zones de sautages évaluées doivent permettre d’isoler les secteurs exploités
différemment ou possédant des topologies distinctes. La position des sismographes sert à
examiner l’impact de sa distance et de la géologie dans lequel se propage l’onde sismique.
Sur la base des données collectées, puisque ce mémoire vise avant tout à établir des liens
généraux et non spécifiques à certains tirs, les données aberrantes doivent être retirées afin de
ne pas influencer les moyennes avec une situation particulière étant survenue sur un tir. Par
exemple, les enregistrements relevés comme problématique pour diverses raisons dans le
rapport de sautage tel que les données résultantes d’une problématique lors du chargement, de
la mise à feu ou encore d’une erreur d’installation du sismographe sont considérées comme
aberrantes.
De plus, les sismographes peuvent être programmés pour ne pas enregistrer les vibrations en
dessous d’un certain seuil afin d’éviter de saturer leur mémoire de trop d’évènements anodins.
Lorsque le sismographe se déclenche en raison de la surpression d’air, mais que la vibration
est en dessous du seuil de détection, il considère une vibration à ce seuil. Les enregistrements
de vibration au seuil de détection des sismographes peuvent donc être considérés comme
aberrants puisque leurs vibrations exactes ne sont pas connues. Ils ne sont cependant pas
écartés d’emblée pour tester différents traitements de données.
Le Tableau 2.1 recense les données enregistrées pour cette étude en classifiant le nombre de
données spécifiques par années, zone de sautage et position des sismographes tout en précisant
le nombre de données totales, aberrantes, sous les seuils de détection et valides pour chaque
33
catégorie. Les données valides représentent le nombre de données totales en soustrayant les
données aberrantes et sous les seuils de détection.
L’impact d’un facteur sur les vibrations d’un sautage a été déterminé en se basant sur l’équation
de prédiction des vibrations d’un sautage, soit l’équation 1.2.
𝑊 , (1.2)
𝑃𝑃 𝑉 = 𝐾( )
𝐷
Le Tableau 2.2 explicite les différentes variables énumérées dans l’équation 1.2.
34
Dans l’équation 1.2, les variables W et D sont déterminées en s’appuyant sur les plans de tir
alors que la variable PPV est enregistrée par les sismographes en fonction lors du sautage. Une
fois ces variables connues, elles sont utilisées pour monter un graphique exprimant les valeurs
K et n de l’ensemble de données testé à l’aide d’une courbe de tendance.
En isolant les données des sautages correspondent à un facteur particulier, il est ainsi possible
de développer plusieurs courbes de tendances et de comparer leur coefficient de corrélation
(R²) ainsi que les variations des constantes K et n pour les différents facteurs analysés. Le
Tableau 2.3 indique les différents ensembles de facteurs analysés en référence aux données
recensés dans le Tableau 2.1.
35
Une fois les données compilées selon chacun des facteurs évalués, leur analyse est effectuée
sous forme de graphique ou de tableau. Dans le cadre de cette recherche, la méthode
comparative est utilisée pour évaluer une courbe d’atténuation sommaire pour le site étudié.
Cette courbe sommaire est ensuite comparée aux courbes issues de l’isolement des différents
facteurs considérés ainsi qu’au valeurs fixes de 1725 pour K et de 1,6 pour n (Oriard, 2002).
Ces courbes pouvant évaluer les résultats de vibrations pour un ensemble de sautage permettent
de comparer l’effet des différents facteurs sur la dispersion des résultats. Un paramètre de
forage et sautage ayant un impact sur les résultats de vibrations doit permettre de modifier le
36
niveau de corrélation une fois isolée. Il a donc été possible de comparer les courbes
d’atténuation du site et d’en distinguer les facteurs ayant un impact notoire.
Considérant que la constante sismique K peut varier en fonction des secteurs et des techniques
d’exploitations au sein d’un même site, un facteur « direction » a été intégré pour estimer les
valeurs de vibration. Ce facteur considère la direction du front de dégagement du tir ainsi que
la topologie du terrain afin de corriger la constante sismique K.
Pour ce faire, la totalité des sautages valides récoltés entre 2016 et 2018 ont été triés selon un
nouveau facteur, soit le critère « direction ». Ce nouveau facteur considère la position du
sismographe en fonction de la direction du front de dégagement de la masse fragmentée. À ce
titre, l’identification du facteur de correction repose sur cinq directions possibles telles
qu’illustrées à la Figure 2.1.
La topologie du terrain a aussi été considérée pour ce facteur afin de tenir compte du chemin
réel traversé par les vibrations à travers le sol. La Figure 2.2 illustre les différentes situations
rencontrées sur le terrain en expliquant le facteur direction qui serait associé à chacune des
positions du sismographe.
Une fois la variable direction calculée pour tous les sautages, la méthode d’analyse décrite
dans la section 2.1.2 est utilisée pour établir un écart moyen pour chaque FD. Pour déterminer
l’impact de ce nouveau critère dans la précision des prévisions de sautage, il a été testé avec
une nouvelle série de données comportant une géologie et des paramètres de forage et sautage
similaires issue des 90 enregistrements de sautages (72 valides) de 2019 réalisés sur le même
site.
Le développement de l’outil est divisé en deux sections. La première section comprend les
informations sur les contraintes environnementales et techniques nécessaires à caractériser le
site évalué, alors que la seconde porte sur les processus de traitement des données. Les
contraintes environnementales doivent permettre d’établir les limites à respecter selon les
distances et sensibilités des différentes zones à protéger. Le Tableau 2.4 présente les
contraintes environnementales considérées.
Les contraintes techniques permettent d’évaluer les caractéristiques des travaux à effectuer,
elles sont donc attachées aux capacités de l’entrepreneur effectuant les travaux plus qu’au
matériel à fragmenter. Le Tableau 2.5 présente les contraintes techniques considérées.
40
Afin de tenir compte qu’un site peut être défini en plusieurs secteurs, il est attendu, dans le
développement de l’outil que les paramètres explicités au Tableau 2.4 et au Tableau 2.5
puissent être divisés en plusieurs jeux de données.
Les vibrations représentent pour plusieurs chantiers le facteur limitant pour leurs opérations en
raison des normes établies. La seconde section de cet outil, soit les processus de traitement des
données doit donc se basé sur l’équation 1.2 afin de produire des paramètres de forage et
sautage initiaux en accord avec les limites de vibrations.
Une fois les paramètres initiaux établis, l’outil doit déterminer les critères de projection de rocs
suivants : vitesse initiale (Équation 1.3), distance horizontale maximale (Équation 1.4) et
distance verticale maximale (Équation 1.5).
, (1.3)
𝑚 ,
𝑉 =𝑝 sin 2𝜃
𝑆𝐻
𝑉 sin 𝜃 (1.5)
ℎ = +𝐻
2𝑔
41
Le Tableau 2.6 explique les différentes variables énumérées dans les équations 1.3, 1.4 et 1.5.
Tableau 2.6 Variables des équations de prédictions des distances de projections de roc d’un
sautage
Variable Définition Unité
V0 Vitesse initiale de la projection de roc m/s
p Constante de projection de roc -
m Charge explosive linéaire kg/m
SH Valeur minimale entre le fardeau et l’épaisseur de bourre m
𝜽𝑳𝑨 Angle de projection (Launch Angle) °
H Hauteur du banc sauté m
R2 Distance horizontale de projection de roc maximale m
h2 Distance verticale de projection de roc maximale m
La distance de projection de roc ainsi calculé doit être plus petite que la moitié de la distance
avec les structures à protéger et le quart de la distance avec les citoyens à protéger (Richard,
Moore, 2002). Le cas échéant, le processus de traitement des données doit comprendre une
option de modification des contraintes techniques afin de satisfaire les contraintes
environnementales.
Pour confirmer la pertinence de l’outil, une étude de cas est effectuée en condition réelle dans
une carrière en milieu urbain nécessitant un ajustement quant à ses paramètres de forage et
sautage. L’étude de cas s’appuie sur un sautage ayant généré une vibration de 18,1 mm/s à la
résidence la plus proche. Bien que cette vibration respectait les normes des carrières et sablières
applicables jusqu’en 2018, elle ne répond plus aux exigences de 10,0 mm/s de la nouvelle
norme (Règlement sur les carrières et sablières du Québec, 2018). Le Tableau 2.7 indique les
paramètres utilisés lors de l’élaboration de ce sautage. Ces paramètres comprennent
l’utilisation de la technique du chargement étagé.
42
La Figure 2.3 présente les résultats du sautage à la base de cette étude de cas ainsi que sa
séquence de mise à feu.
Pour évaluer cette situation à l’aide de l’outil développé, il est nécessaire d’établir la constante
sismique (K) de ce secteur. En considérant la distance du tir, la charge par délai, la vibration
évaluer à 13,5 mm/s et une constante d’atténuation générale n à 1,6, une constante K à 1761 a
été déterminé selon l’équation de prédiction des vibrations (1.2).
CHAPITRE 3
RÉSULTATS
Cette première partie du chapitre des résultats a pour objectif d’évaluer des facteurs à même
d’améliorer les prédictions de vibrations. Pour ce faire, cette partie sera divisée en trois
sections. Une première section établit une courbe d’atténuation pour le site évaluer afin de
servir de base comparative pour la suite. Une seconde évalue l’impact de divers facteurs
considérés et la dernière établit la validité du facteur direction.
À cette première étape du traitement des données enregistrées in situ, il s’agit d’établir la
relation entre la mesure de vibration et la distance scalaire (relation entre la charge explosive
détonée par délai et la distance entre le sautage et le point de mesure) exprimée sur une échelle
logarithmique pour l’ensemble du site étudié. La compilation des données sommaires, soit sur
l’ensemble des événements enregistrés, a pour but premier de déterminer une courbe
d’atténuation représentative du site exploité afin de servir de base comparative à l’étape de
l’analyse de l’effet des différents facteurs qui influencent les estimations des vibrations. La
Figure 3.1 présente les courbes de tendance sommaire établie à partir des 277 données valides
et 42 données en dessous des seuils de détection enregistrées au cours des trois années 2016 à
2018 ainsi que la courbe théorique « construite » à partir des paramètres généraux proposés
par Oriard (2002).
46
y = 1725x1,6
y = 1069x1,45 R² = 0,30
y= 336x1,15 R² = 0,42
10
Vibrations en mm/s
1
0,1
0,008 0,016 0,032
Distance Scalaire en (𝑘𝑔0,5)∕𝑚
Figure 3.1 Comparaison des résultats in situ de 2016 à 2018 entre la courbe d'atténuation du
sommaire considérant les vibrations en dessous des seuils de détection, la courbe
d’atténuation du sommaire sans les vibrations en dessous des seuils de détection et la courbe
d'atténuation théorique.
La courbe d’atténuation sans les données en dessous des seuils de détection présentée à la
Figure 3.1 est représentative des données qui seraient considérées sur un chantier, soit toutes
les données à l’exception des données aberrantes et de celles en dehors des champs évalués.
Pourtant, son coefficient de corrélation (R² = 0,42) est relativement faible ne permettant pas
une estimation fiable des vibrations pour les sautages à venir. Puisque les sautages effectués
sur ce site sont de même nature, ce facteur de corrélation pourrait indiquer une géologie
hétérogène expliquant ainsi la faible corrélation.
47
La Figure 3.1 révèle également une différence notable entre la constante sismique K (336) et
celle d’atténuation n (1,15) de la courbe sommaire sans seuil par rapport aux constantes de la
courbe théorique K (1725) et n (1,6). Néanmoins, les deux courbes se croisent dans le champ
de vibrations enregistrées indiquant que leurs prédictions, bien qu’imprécise, sont
sensiblement équivalentes pour des distances scalaires du même ordre que celui des résultats
obtenus. La constante d’atténuation n, soit la pente de la courbe d’atténuation, est donc la
différence majeure ce qui pourrait s’expliquer par la suppression des résultats de vibrations en
dessous des seuils de détections des sismographes. Cette absence adoucit artificiellement la
pente en enlevant les résultats les plus faibles ce qui induit des prévisions de vibration plus
élevées pour les distances scalaires basses.
À ce niveau, l’ajout de la courbe d’atténuation sommaire avec les résultats sous les seuils de
détection des séismographes permet d’obtenir une pente plus prononcée et ainsi une courbe se
rapprochant de la courbe d’atténuation théorique, ce qui valide l’intérêt de considérer les
constantes théoriques pour l’ouverture d’un nouveau site de forage et sautage. Cependant, le
coefficient de corrélation de cette nouvelle courbe (R² = 0,30) indique qu’elle est moins
représentative des résultats généraux obtenus sur le site et n’est donc pas retenue.
Une comparaison a été effectuée entre les trois années (2016 à 2018) d’enregistrement des
données afin d’évaluer si une tendance était observable. Le Tableau 3.1 présente les équations
des courbes de tendances pour chacune des trois années.
Les données collectées aux années 2016 et 2018 sont comparables avec des facteurs de
corrélations plus élevées que celui du sommaire des trois années. En revanche, les données de
2017 sont plus erratiques avec un faible coefficient de corrélation. Dès lors, la combinaison
des données de 2016 et 2018 permet d’obtenir un échantillon de près de 60% des données
récoltées avec un taux de corrélation plus élevé que celui du sommaire des trois années. Ce
taux de corrélation suggère un lien, bien qu’indirect, entre la distance scalaire et les vibrations
induites par un sautage. La courbe d’atténuation sommaire de 2016 et 2018 servira donc de
base comparative à l’étape d’analyse des différents facteurs influençant les résultats de
vibrations.
3.1.2 Évaluation de l’impact des facteurs spécifiques sur les vibrations de sautages
Dans le cadre de cette section, deux facteurs spécifiques sont analysés quant à leur impact sur
les vibrations enregistrées lors d’un sautage, soit : (1) la zone du sautage et (2) la position du
sismographe enregistrant la vibration. La zone de sautage permet de mesurer l’impact
cumulatif de la direction du front de dégagement d’un sautage et de la topologie du terrain. La
position du sismographe considère la géologie du terrain entre le sautage et le sismographe
ainsi que la variation de la distance des sautages.
La zone A identifiée à la Figure 3.2 se situe proche d’un ancien centre de concassage de la
carrière ce qui explique qu’il soit légèrement surélevé par rapport au reste de la topologie du
site (le roc alentour ayant déjà été excavé dans les années antérieures). Les sautages qui y sont
effectués sont réalisés dans des directions variables selon les besoins. Il apparait qu’un lien
direct par le roc entre le sautage et les sismographes est rare. La zone B est le palier le plus bas
de la carrière. Des tirs de plus grande ampleur y sont effectués et un lien direct à indirect peut
y être tracé entre eux et les sismographes en fonction de la direction du front de dégagement
du tir. La zone C correspond au mur final adjacent à la ville où les sismographes sont installés.
Tous les tirs effectués dans cette zone peuvent donc être reliés en ligne directe avec les
sismographes. La direction du front de dégagement de ces tirs est toujours le même.
50
Pour ce qui est des positions de sismographe présenté à la Figure 3.2, la position 1 est la plus
proche des sautages effectués à cette carrière à une distance variant de 100 à plus de 600 mètres.
Le sismographe de l’emplacement 1 est situé sur une faible épaisseur de mort terrain avant
d’atteindre le roc de la montagne. Pour le deuxième emplacement de sismographe, l’épaisseur
de mort terrain sur lequel il est installé est de quelques mètres avant le roc et sa distance aux
zones de tir est moins variable allant de 400 à 675 mètres. Dans le cas du sismographe 3, il
rassemble des données à distance de 425 à 700 mètres des sautages et se situe au pied de la
montagne sur une épaisseur importante de mort terrain.
Le Tableau 3.2 compare les vibrations projetées pour une même distance scalaire de la courbe
d’atténuation obtenue pour les sautages de 2016 et 2018 aux courbes des zones A, B et C
comprenant respectivement 57, 155 et 65 données.
Distance Vibration
scalaire 2016 & 2018 Zone A Zone B Zone C
, (mm/s)
(𝑘𝑔 ) ∕𝑚
0,010 1,5 1,6 1,9 2,1
0,012 2,0 1,8 2,2 2,6
0,014 2,4 2,0 2,4 3,2
0,016 2,8 2,2 2,7 3,8
0,018 3,3 2,4 3,0 4,4
0,020 3,8 2,5 3,2 5,1
0,025 5,0 2,9 3,8 6,8
, , , ,
𝑦 = 571𝑥 𝑦 = 28𝑥 𝑦 = 70𝑥 𝑦 = 864𝑥
R² = 0,50 R² = 0,03 R² = 0,20 R² = 0,69
Les distances scalaires utilisées pour le Tableau 3.2 représentent un éventail englobant plus de
90% des données récoltées pour le site entre 2016 et 2018 afin d’éviter d’extrapoler les données
récoltées à l’extérieur de leur zone d’influence réelle.
51
Une première observation en regard des résultats du Tableau 3.2 est la diminution du
coefficient de corrélation dans la zone A et B par rapport au facteur de corrélation (R² = 0,50)
obtenu au sommaire des années 2016 et 2018. Ce facteur diminue presque à 0 dans la zone A
indiquant que la corrélation entre la distance scalaire et la vibration n’est pas valable dans
toutes les circonstances de terrains et/ou directions de front de dégagement des sautages. La
zone B représente aussi ce phénomène à plus petite échelle puisqu’une partie des tirs ont été
effectués selon une orientation et une topologie permettant un lien direct entre les
séismographes et le tir.
Pour ce qui est d’évaluer l’incidence du positionnement de chaque sismographe sur les
vibrations enregistrées, la Figure 3.3 compare les 88 enregistrements perçus à l’emplacement
1, les 90 de l’emplacement 2 et les 99 de l’emplacement 3. Elle illustre également leur courbes
d’atténuation respectives.
52
y = 10024x2.02 , R² = 0,66
16
y = 388x1.19 , R² = 0,15
y = 108x0.88 , R² = 0,03
8
Vibrations en mm/s
4
1
0,009 0,027
Distance Scalaire en (𝑘𝑔0,5)∕𝑚
Figure 3.3 Comparaison des résultats d’enregistrements en fonction des positions des trois
sismographes
L’hypothèse proposée au niveau des données du sismographe 3 est que la présence importante
de mort terrain modifie la distribution des vibrations dans cette zone. Tel que mentionné dans
l’état des connaissances, un mort terrain saturé en eau a pour effet de diminuer les fréquences
et d’augmenter l’amplitude des vibrations. Les sautages enregistrés ne considérant pas les
épisodes de pluie ou de fonte des neiges des jours précédant le sautage, il serait donc logique
d’observer une fluctuation dans l’amplitude des vibrations enregistrées selon les conditions
météorologiques du moment. Cette dernière information semble validée par la constante
d’atténuation élevée du sismographe 1 soit n = 2,02 par rapport au n = 1,28 du sommaire des
années 2016 & 2018 de la carrière. En effet, ce sismographe étant situé presque directement
sur le roc et les vibrations en haute fréquence s’amenuisant plus rapidement à grande distance,
les distances de 100 à plus de 600 mètres de ce sismographe ont eu l’occasion de bien capter
ce phénomène. Cette dernière donnée suggère aussi que la courbe d’atténuation réelle des
vibrations soit plus complexe qu’une simple exponentielle.
L’objectif de cette section est d’attribuer une valeur au facteur direction puis de déterminer sa
validité et son potentiel d’amélioration des prédictions de vibrations induite par sautage. Pour
ce faire, l’ensemble des données valides de 2016 à 2018 sont réévalués en cinq catégories
distinctes, soit les cinq directions considérées et une courbe d’atténuation est calculée pour
chacune de ces directions. Le Tableau 3.3 indique les vibrations projetées pour les cinq
directions selon leur courbes d’atténuations. Il compare ensuite l’écart en pourcentage entre
ces vibrations et celles du sommaire des sautages de 2016 & 2018 de la carrière puis indique
un écart moyen pour chaque direction.
54
Une première donnée notable sur le Tableau 3.3 est le coefficient de corrélation relativement
élevé des courbes d’atténuations pour les directions 1,2 et 3. Ce résultat comprenant toutes les
données y compris celles de la zone A et celles enregistrées par les sismographes 2 et 3. Cette
augmentation du coefficient R² démontre une corrélation entre la direction du front de
dégagement, la position des sismographes et les vibrations enregistrées.
Dans le Tableau 3.3, la direction 4 et 5 montre une diminution du nombre de données ainsi que
du facteur de corrélation. Cette diminution est due à deux éléments. Premièrement,
l’orientation générale des sautages dans cette carrière vise à minimiser les faces libres en
direction du centre urbain où se situe les sismographes, ainsi la majorité des sautages
enregistrés représentent des directions de sautage 1,2 ou 3. De plus, les quelques sautages
effectués avec des directions 4 et 5 sont plus affectés par la limite du seuil de détection des
sismographes en raison de leurs résultats de vibration plus faible.
Le Tableau 3.3 indique une diminution systématique des vibrations projetées avec
l’augmentation du facteur direction. Selon ce tableau, une vibration théorique enregistrée à X
mm/s par l’équation empirique de prédiction des vibrations serait perçue 38% plus élevé
55
directement derrière ce sautage (direction 1) alors qu’elle serait perçue 54% plus faible
directement en face de celui-ci (direction 5) impliquant un effet significatif du facteur direction
sur l’estimation de la valeur de vibration. L’amplitude de ce facteur peut donc partiellement
expliquer l’effet disparate des vibrations analysées dans la zone A possédant des variations
importantes au niveau de son facteur de direction. Pour fin de calcul, la constante sismique K
est ajustée par le pourcentage du facteur direction.
Une nouvelle série de données a été étudiée à partir des sautages de 2019 réalisés dans la même
carrière afin d’évaluer l’effet de l’introduction du facteur de direction sur la prévision des
valeurs enregistrées. Le Tableau 3.4 présente le nombre d’enregistrements de 2019 classés
selon leurs directions ainsi que l’impact prévu du facteur direction sur les équations de
prévisions des vibrations.
Tableau 3.4 Nombre de données analysées par direction en 2019 et impact du facteur
direction (FD) sur la courbe d’atténuation théorique de Oriard (2002) et du site en 2016 et
2018.
Direction 1 Direction 2 Direction 3 Direction 4 Direction 5
Nb de données 26 23 15 8 0
,
Théorique 𝑦 = 1725𝑥
, , , , ,
Théorique FD 2381𝑥 1863𝑥 1484𝑥 1311𝑥 794𝑥
,
2016&2018 𝑦 = 571𝑥
, , , , ,
2016&2018 FD 788𝑥 617𝑥 491𝑥 434𝑥 263𝑥
9,00
Vibrations enregistrés en mm/s
8,00
7,00
6,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Figure 3.4 Comparaison entre les prédictions de vibrations de site avec les constantes
théoriques et celles sommaire du site en 2016 et 2018 en considérant l'ajout du facteur
direction pour prédire les vibrations réelles enregistrées en 2019
La Figure 3.4 montre un rapprochement significatif entre la courbe réelle des vibrations
enregistrées en 2019 et les courbes issues des prédictions prenant en compte le facteur direction
(courbe rouge). À ce niveau, l’écart médian en absolu entre les vibrations projetées et
enregistrées permet de quantifier la précision de chaque fonction.
La courbe de tendance des constantes théoriques sans le facteur direction avec un écart médian
de 36% par rapport aux vibrations réelles est la moins précise des fonctions au niveau de la
57
prédiction des résultats. Puisque cette formule est utilisée indifféremment pour diverses
géologies, types de sautages et de chantiers, il va de soi que sa précision est limitée.
Pour ce qui est de la courbe sommaire des années 2016 et 2018 sans le facteur direction, malgré
l’utilisation des données de cette même carrière durant les années précédentes l’écart médian
des vibrations projetées avec les résultats réels est de 34%. Les résultats d’un site requièrent
un niveau de traitement plus important afin d’être employés avec précision lors de l’estimation
des constantes d’un site.
La courbe théorique avec le facteur direction montre une augmentation de la qualité des
résultats, non seulement avec son écart médian à 26% soit 10% moins d’écart que sans le
facteur direction, mais aussi avec la pente de sa courbe se rapprochant de la pente des résultats
obtenus. Cela indique une précision généralement plus élevée indépendamment des différentes
distances scalaires. Ces résultats étant basés sur les constantes internationales, ce niveau de
précision est donc potentiellement transposable pour d’autres ouvrages de nature équivalente
dans le domaine du forage et sautage.
La courbe sommaire avec facteur direction a obtenu un écart médian de 19% entre ces
prédictions et les résultats réels enregistrés, soit suffisamment précis pour répondre aux
demandes de la majorité des chantiers prouvant ainsi l’efficacité du facteur direction.
Le processus de traitement décrit dans cette section permet d’obtenir un patron de forage adapté
aux restrictions d’un site. Les scénarios qu’il présente doivent répondre à diverses limites afin
de laisser à l’utilisateur le choix du scénario adéquat à sa situation. Les limites considérées sont
un diamètre de forage précis, une excavation de la hauteur finale avec l’exploitation d’un seul
banc et une excavation selon un chargement étagé. Cet agencement est adéquat pour une
première série de limites puisqu’il représente des limites communes soit le type de foreuse
disponible, le besoin de réaliser les travaux avec un seul banc d’excavation et la maximisation
de la production selon des limites de vibrations sévères.
59
La
Figure 3.5 présente le schéma logique du processus de traitement des données par l’outil
développé en partant des contraintes environnementales et techniques entrées par l’utilisateur
jusqu’au calcul d’un patron de forage. Les chiffres inscrits en bas à droite des cellules indiquent
les étapes comportant un calcul.
60
Figure 3.5 Schéma logique du processus de traitement des données associé à la planification
de patron de forage et sautage
Le Tableau 3.5 explique les calculs effectués lors du traitement des données par l’outil
d’élaboration des paramètres du patron de forage et sautage.
61
Tableau 3.5 Calculs associés aux séquences de traitement des données permettant d’établir
les paramètres de forage et sautage
Calcul Équation Explication
Isoler la variable W en considérant la limite
1 Équation 1.2 de vibration à respecter pour la variable
PPV.
Volume =
2 Détermine le volume d’explosif par charge.
𝑊 ⁄𝐷𝑒𝑛𝑠𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑙′𝑒𝑥𝑝𝑙𝑜𝑠𝑖𝑓
Isoler le diamètre du cylindre en
additionnant la hauteur du collet et en
3 Volume d’un cylindre
soustrayant le sous-forage. La hauteur de
banc totale est considérée.
Isoler la hauteur du cylindre en additionnant
4 Volume d’un cylindre la hauteur du collet et en soustrayant le sous-
forage.
𝑀𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑓𝑜𝑟𝑎𝑔𝑒 Isoler un patron de forage carré, soit avec un
5 ,
= (𝑊 ⁄(𝐻𝑥𝐹𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑝𝑜𝑢𝑑𝑟𝑒)) fardeau et un espacement égal.
6 Équation 1.3 Isoler la vitesse de projection de roc initiale.
Si ℎ est plus petite que la différence
d’élévation entre le sautage et le site à
7 Équation 1.5
protéger, les projections de roc sont
respectées.
Si R2 est plus petite que la moitié de la
distance avec les structures à protéger et le
8 Équation 1.4 quart de la distance avec les citoyens à
protéger, les projections de roc sont
respectées (Richard et Moore, 2002).
Le processus de traitement des données explicitées au Tableau 3.5 permet d’obtenir différents
patrons en fonction des contraintes du site et des informations disponibles. Ainsi, la constante
sismique (K), la constante d’atténuation (n), la constante de projection (p), le diamètre de
forage, le ratio de collet et le ratio de sous-forage ne sont pas nécessaires à l’obtention d’un
patron de forage et sautage, bien qu’ils permettent d’augmenter la précision des calculs.
62
Pour confirmer l’applicabilité de l’outil, un test a été effectué en condition réelle dans une
carrière en milieu urbain nécessitant un ajustement quant à ses paramètres de forage et sautage.
Cette carrière indique qu’un de leur secteur d’exploitation a enregistré une vibration de sautage
à 18,1 mm/s en 2017, soit au-dessus de leur limite désirée de 10,0 mm/s. Les valeurs présentées
au Tableau 3.6 sont obtenues à la suite d’une analyse détaillée dans la méthodologie à la section
2.2.2.
Le Tableau 3.6 exprime les contraintes telles qu’affichées pour l’utilisateur avec les cellules
bleues représentant les intrants nécessaires aux calculs et les cellules vertes représentant les
intrants permettant d’améliorer la précision de l’outil. La colonne A considère un diamètre de
forage à 100 mm alors que la colonne B considère un diamètre de forage de 90 mm. La distance
des zones, la hauteur à excaver et la constante de projection sont établies selon les données
fournies par le site.
63
Le Tableau 3.7 présente les paramètres des trois patrons de forage et sautage générés en
fonction des contraintes présentés au Tableau 3.6.
Les options présentées dans le Tableau 3.7 sont identifiées en bleu ou vert selon l’emploi ou
non des intrants de même couleur, c’est-à-dire que les options vertes ne sont disponibles que
si les intrants verts du Tableau 3.6 sont entrés. La première option, soit les paramètres pour un
diamètre de forage de 100 millimètres (colonne A) sans chargement étagés demande à la fois
un resserrement de la maille de forage (3,2 x 3,2 m à 2,4 x 2,4 m) et la diminution de la moitié
de la hauteur des bancs exploités (10,6 m à 5,1 m). Cette option ne fut pas conservée puisqu’elle
représente une trop grande perte au niveau de la productivité et du coût d’exploitation.
La deuxième option soit l’excavation de la pleine hauteur de banc avec un diamètre de forage
variable a été rejetée en raison du risque trop élevé de déviation des forages. En effet, plus le
diamètre de forage est petit, plus il est à risque de déviation en raison de la pression qui s’exerce
sur ces tiges d’acier. Pour cette raison, un forage de plus de 10 m avec un diamètre de forage
64
de 50 mm (48 selon l’outil) est plus à risque de déviation qu’un forage ayant un diamètre de
100 mm.
Finalement, la troisième option fut présentée soit celle du chargement étagé. Cependant, bien
que le résultat était théoriquement satisfaisant, la diminution de la hauteur de banc à 8,2 mètres
restait trop grande au niveau des coûts d’exploitation. À la suite de discussions, une diminution
du diamètre de forage a été considéré afin d’augmenter la hauteur de banc. L’entrepreneur
étant en mesure de forer sur un diamètre de 90 mm tout en conservant les mêmes équipements
sur le terrain, le scénario de la colonne B a donc été évalué.
DISCUSSION
Ce chapitre porte sur la mise en application des résultats de cette recherche ainsi que les
perspectives de développement dans le domaine du forage et sautage. La structure du chapitre
est séparée en deux sections. Une première section aborde l’aspect opérationnel des résultats
de cette recherche ainsi que les limites d’utilisation du facteur direction et de l’outil développé.
La deuxième section vise à développer les connaissances du domaine en proposant des projets
ayant le potentiel d’ajouter aux résultats de cette étude.
Dans le cadre de processus d’amélioration continue des travaux de forage et sautage en milieu
urbain, la capacité d’augmenter la précision des prédictions de vibrations comporte de
nombreux avantages pour un gestionnaire. En effet, une meilleure précision permet de limiter
les pertes de temps associés à un dépassement des normes, mais aussi à augmenter la
production basée sur des limites trop conservatrices. Au cours de cette recherche, deux
éléments ont été développés en ce sens soit, le facteur direction et l’outil de paramétrage des
patrons de forage et sautage.
Dans le cas du facteur direction, il est basé sur des sautages provenant tous d’une même carrière
effectuant des sautages de nature similaire les uns aux autres. Cette particularité est
avantageuse lors de la comparaison des sautages puisqu’elle permet d’isoler plus précisément
certains facteurs clés parmi une multitude éléments contributeur. Pourtant, elle limite aussi la
portée des résultats obtenus. Par exemple, les travaux d’élaboration de puits et de tunnel
représentent une partie majeure des travaux de sautage en ville. Malheureusement, ils sont
difficilement associables aux tirs de banquette effectués en carrière puisqu’ils comportent leurs
66
propres particularités. Or, bien que les résultats du facteur direction ne soient pas intégralement
transposables pour d’autres sites, ils permettent de constater l’importance de considérer la
topologie du site et le sens du front de dégagement des sautages. En effet, sur le site des
sautages étudiés, la précision des prédictions des vibrations de sautage a augmenté de l’ordre
de 15 % à la suite de l’application de ce facteur.
Dans le cas de l’ouverture d’un site de forage et sautage ne disposant pas encore de
suffisamment données pour déterminer les valeurs du facteur direction pour ce site. Un
gestionnaire pourrait comparer les données du facteur direction décrites dans cette recherche
avec les résultats obtenus dans un site de nature semblable au site à ouvrir. Cela lui permettrait
aussi d’évaluer la transférabilité pour son nouveau site avec un ordre du pourcentage d’erreur.
En ce qui concerne les valeurs attribuées au facteur direction dans cette étude, deux limitations
principales sont observées. Tout d’abord, le manque de données attribuées aux directions 4 et
5 pose un doute sur la précision du facteur direction dans ces situations. En raison de la quantité
limitée de données récoltées dans ces directions, le facteur direction devrait être considéré
conjointement à des valeurs conservatives pour prédire des vibrations selon les directions 4 et
5. De plus, l’application du facteur dans sa forme actuelle s’applique directement sur la
constante sismique (K) plutôt que la constante d’atténuation (n) et ne tient donc pas compte de
la distance scalaire du sautage. Or, les résultats présentés montrent une variation du
pourcentage d’écart du facteur direction selon les distances scalaires considérées. Ainsi,
l’utilisation des valeurs présentées du facteur direction devrait se limiter à des distances
scalaires comparables à ceux de cette étude.
Dans le cas de l’outil d’aide au paramétrage des travaux de sautage, son utilisation à permis
lors d’une étude de cas d’optimiser les patrons de forage et sautage afin de maximiser la
production du site tout en conservant une précision de prédiction des vibrations de sautage
avec une marge d’erreur de moins de 10 %. Pour ce qui est des limites de cet outil, trois points
majeurs sont à considérer.
67
D’emblée, l’outil se limite actuellement à fournir 3 patrons distincts. Bien que ces patrons
soient choisis pour représenter des situations communes, ils ne sont pas suffisamment
versatiles pour être déployés sur tous les chantiers. De ce côté, maintenant que le processus de
traitement est établi, une multitude de nouveaux patrons pourraient être ajoutés pour répondre
au besoin.
La deuxième limite de cet outil est plus restrictive. Il ne peut pas dans sa forme actuelle
répondre au besoin d’un novice en ce qui concerne l’élaboration d’un patron de forage et
sautage. En effet, cet outil ne distingue pas les patrons de forage absurdes puisqu’il se contente
d’appliquer les équations en fonction des contraintes indiquées. Ainsi, puisque l’outil cherche
la combinaison optimale, plusieurs patrons suggérés ne seront pas applicables sur le terrain et
il en revient donc à l’utilisateur d’user de son jugement. L’application actuelle de cet outil est
donc principalement orientée vers l’accélération des calculs et l’ajout de perspective pour un
utilisateur possédant une connaissance de base du domaine des explosifs.
La troisième limite observée avec la mise en application de cet outil est l’impact du type
d’explosif utilisé. En effet, les propriétés d’un explosif à l’autre ont un impact important sur
les résultats d’un sautage. Cependant, seule la densité de l’explosif utilisé est considérée dans
les équations de l’outil développé ce qui néglige donc la puissance relative au poids de
l’explosif. Par exemple, dans le cas des deux explosifs principalement rencontrés en carrière
soit l’ANFO et son dérivé l’émulsion, l’ANFO possède une densité autour de 840 kg/m³ alors
que l’émulsion pure est autour de 1 200 kg/m³. Pourtant, la puissance relative au poids de
l’ANFO étant plus grande que celle de l’émulsion leur énergie pour un même volume est
similaire alors que la différence selon l’outil développé sera de l’ordre de 40% autant pour la
prédiction des vibrations que pour les projections de roc. Pour éviter cette situation, il faudrait
développer de nouvelles équations pour qu’elles soient basées sur la puissance relative au
volume d’un explosif plutôt que sur sa densité. En attendant, il en revient à l’utilisateur de
considérer un facteur poudre conséquent du type d’explosif prévu.
68
Plusieurs aspects appartenant au domaine du forage et sautage en milieux urbains n’ont pas été
abordés lors de cette recherche. Plus spécifiquement, l’impact des surpressions d’air et le
facteur humain ne furent pas ou peu abordés. Les surpressions d’air sont parfois négligées lors
de l’élaboration de sautage. Pourtant, ils représentent un des facteurs principaux des plaintes
enregistrés en milieux urbains. Les surpressions d’airs sont souvent perçues par les citoyens
comme une vibration puisqu’elle produit la sensation d’une vibration à l’intérieur de leur
résidence ce qui incite souvent les efforts à s’orienter vers les vibrations plutôt que les
surpressions d’air. Il est donc important pour un expert d’être en mesure de différencier une
plainte liée aux surpressions d’air d’une liée aux vibrations puisque les techniques minimisant
l’une n’auront pas nécessairement d’effets bénéfiques sur l’autre. Une recherche axée vers les
facteurs de corrélations entre les pratiques de forage et de sautage et les surpressions perçus
permettrait donc une amélioration au niveau de la collaboration entre les citoyens et les travaux
aux explosifs.
Pour ce qui est du facteur humain, bien que les limites de vibrations puissent être revues à la
baisse par rapport aux normes en vigueur pour améliorer les relations avec le voisinage, elles
ne seront pas nécessairement suffisamment basses pour satisfaire les citoyens les plus anxieux.
Pour tout travail avec des explosifs dans un environnement proche des citoyens, il est donc
conseillé de faire preuve d’ouverture avec les résidents du milieu. Une communication honnête
des risques et des méthodes de protections qui leur sont associés pourrait représenter une
défense efficace face aux préoccupations des citoyens.
Afin de tenir compte du facteur humain et des surpressions d’air induites par sautage, une étude
serait de mise. Cette nouvelle recherche pourrait être effectuée dans une mine ou carrière située
à proximité des zones urbaines. Pour la moitié des citoyens volontaires du site étudié, un
programme de communication et d’information sur les sautages effectués serait mis en place.
69
Puis, à l’aide de sondage, les réactions des citoyens informés seraient comparées aux autres
afin de quantifier la valeur ajoutée du programme de communication. De plus, cette recherche
pourrait enregistrer les surpressions d’air à l’aide de sismographe durant l’exploitation normale
du site. Une fois collectées, ces informations pourraient être traitées de façons similaires aux
traitements des vibrations dans le cadre de cette recherche afin d’isoler les facteurs notables au
niveau des surpressions d’air et de la perception humaine.
Lors de l’analyse des données des différents sismographes, deux questions sont ressorties des
résultats de corrélations. La pente prononcée (n = 2,02) des résultats du sismographe 1 par
rapport aux autres sismographes amène la question suivante: l’atténuation des vibrations dans
le sol est-elle réellement une fonction exponentielle? Quant à la deuxième question, amenée
par les résultats de vibration disparates du sismographe 3; la propagation des ondes sismiques
sur une épaisseur importante de mort terrain est-elle affectée par la météorologie?
Au niveau de l’atténuation des vibrations, les résultats analysés dans cette recherche suggèrent
plutôt une relation plus complexe. D’ailleurs, d’autres éléments de la littérature semblent aussi
s’enligner vers une relation plus complexe tel que la déformation cassante versus élastique du
roc à courte portée, la diminution plus rapide des hautes fréquences à longue portée et le
changement des caractéristiques du médium de transport des vibration (IRIS, 2018).
Cette question pourrait engendrer un changement dans l’élaboration des plans de forage et
sautage. En effet, lors des travaux de sautages, il est rare de disposer d’un sismographe pour
chacune des zones à surveiller, soit par manque de budget ou simplement par manque
d’accessibilité. Ainsi, les vibrations sont généralement enregistrées à un point puis extrapolées
à la zone voulue en suivant l’équation de prévision des vibrations de sautage (elle-même basés
sur une fonction exponentielle). Si cette équation est fausse à courte ou à longue distance, les
travaux basant leur suivi des vibrations sur de telles extrapolations de lectures sismiques en
seront affectés. En d’autres mots, les vibrations enregistrées à grande distance représenteraient
mal celles propagées à courte distance et vice-versa.
70
Dans l’objectif d’évaluer ce phénomène, une nouvelle recherche pourrait analyser les ondes
sismiques induites par des sautages à l’aide d’une série de sismographes à distance variable
enlignée selon une même direction. Du même coup, si cette étude était réalisée sur une
épaisseur de mort terrain variable, l’analyse de la météorologie précédant les tirs pourrait tester
l’hypothèse selon laquelle la présence d’eau dans le sol affecte la fréquence et l’amplitude des
ondes sismiques induite par sautage.
CONCLUSION
Les travaux ayant recours aux explosifs à proximité des zones urbaines génèrent un besoin
pour une amélioration de la capacité de prédiction des résultats sautages. Ce besoin est ressenti
lors de la planification de travaux tant pour respecter les différentes normes que pour améliorer
productivité des opérations. Ce mémoire propose donc deux améliorations aux capacités
prédictions des vibrations induites par sautage, soit le facteur direction instauré dans ce
mémoire à partir de l’analyse de 319 enregistrements sismiques de sautage et un outil de
paramétrage.
L’analyse des résultats obtenus dans le cadre de ce mémoire a permis d’observer que la
corrélation entre la distance scalaire et les vibrations enregistrées pour l’ensemble d’un site
était limitée. Bien que la distance scalaire reste à ce jour le facteur le plus précis pour prédire
les vibrations d’un sautage, le sommaire des sautages analysés ne démontre qu’une corrélation
partielle variant de 0,3 à 0,5 entre celle-ci et les vibrations obtenues. Pour cette raison,
l’utilisation d’un ou plusieurs autres facteurs influençant cette relation est nécessaire à
l’obtention de prédictions de vibrations précises.
Parmi les facteurs qui pourraient expliquer un manque de corrélation directe, un des mieux
connus pour sa variabilité entre chaque site est la géologie. Bien que ce facteur est
théoriquement contenu dans les constantes K et n considérés par la formule de prévision des
vibrations de sautage, la qualité de l’analyse sommaire des données récoltées entre 2016 et
2018 à la carrière étudiée ne devrait pas être réduite de façons importantes par ce facteur
puisque les données y sont récoltées dans la même situation géologique. Bien qu’un certain
niveau de variation des caractéristiques géologiques locales serait attendu, il ne peut pas
expliquer une réduction aussi importante de la corrélation. Afin d’obtenir des prédictions de
vibration précises, il est conclu que les résultats de vibrations d’un site ne devraient pas être
tous considérés dans un même ensemble lors de l’évaluation des constantes K et n. Chaque site
72
devrait donc évaluer séparément les vibrations de ses sautages selon les zones d’opérations
ainsi que les types de sautages qu’il effectue.
Dans ce contexte, le facteur direction présenté pourrait être considéré lors de l’utilisation de
l’équation de prévisions des vibrations d’un sautage. En effet, la capacité du facteur direction
à considérer à la fois la topologie du terrain et la direction du front de dégagement d’un sautage
permet une augmentation de la précision de l’estimation des vibrations (19% d’écart médian
par rapport à 34% sans le facteur direction). La quantité de données analysées a permis
d’évaluer avec un degré de précision adéquat l’impact de ce facteur, ainsi que d’en confirmer
sa validité à l’aide d’une nouvelle série de données indépendantes. De plus, le facteur direction
a permis de prédire avec précision (26% d’écart médian) les résultats de vibrations de l’année
2019 au site de l’étude, et ce en considérant les constantes théoriques, soit une constante
sismique (K) de 1725 et une constante d’atténuation (n) de 1,6. Les constantes théoriques
n’étant pas spécifiques à la carrière de cette étude, les résultats de l’application du facteur
direction sont potentiellement transposables à de nouveaux sites. Bien qu’il devra être ajusté
pour les différentes situations et types de sautage, le facteur direction représente un progrès
majeur dans le domaine puisqu’il confirme une croyance répandue dans le domaine tout en lui
accordant une valeur quantifiable.
Finalement, l’outil de paramétrage des patrons de forage et sautage mis au point permet d’offrir
de nouvelles pistes de solutions et un travail efficace pour un utilisateur expérimenté. Lors de
l’étude de cas testant ces capacités, cet outil à permis d’élaborer un nouveau patron de forage
permettant de réduire les vibrations induites par les sautages d’une zone spécifique de 13,5 à
8,0 mm/s au point d’enregistrement. Les vibrations des trois sautages subséquents effectués
dans cette zone ont varié de 7,4 à 8,1 mm/s, soit une marge d’erreur de moins de 10%.
Cependant, dans son état actuel, il n’est pas apte à permettre l’élaboration de paramètres forage
et sautage à un utilisateur novice. Vu les responsabilités professionnelles reliées à l’élaboration
des plans de forage et sautage, il reste fortement recommandé à toute personne intéressée par
73
le domaine de suivre une formation théorique et pratique auprès d’un professionnel compétent
avant d’utiliser cette outil.
ANNEXE I
Blanchier, Alain. 2013. Quantification of the levels of risk of flyrock. Londre, Angleterre
Cam, T & Bernard, S. 2012. Uses for Blasting Instrumentation - Practical Applications.
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