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1CHAP.1-Individu-Groupe Sociologie

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CHAP.

1: COMMENT SE CONSTRUISENT ET EVOLUENT LES LIENS


SOCIAUX ?

I- « L’HOMME EST UN ANIMAL SOCIAL » : ARISTOTE- LES POLITIQUES


L’individu vit au sein de groupes sociaux. Ces groupes sont constitués de personnes qui ont
entre elles des relations d'échange, affectives, cognitives, matérielles, etc.
Ces relations peuvent prendre la forme directe de contacts, de proximité physique et
d'échanges interpersonnels (au sein du groupe familial, des groupes d'amis ou de partenaires
professionnels).
Elles peuvent aussi prendre une forme indirecte de contacts, passant par des procédures
intermédiaires (téléphone, courrier, messagerie, médias), comme c'est le cas, par exemple,
des échanges sur un réseau social numérique entre les membres d'une association ou au
sein d'un groupe de militants (syndicat, parti politique).
La notion de groupe social se distingue d'un simple rassemblement de circonstances
(concert) ou d'un agrégat statistique de personnes ayant les mêmes caractéristiques
(catégorie des chômeurs, des jeunes, des retraités).
La notion de groupe social n'a de réalité que si les membres qui en font partie ont conscience
de cette appartenance. Les membres d’un groupe vont partager des valeurs ; des normes et
des croyances communes.

II- GROUPES PRIMAIRES, GROUPES SECONDAIRES


Les groupes ont des caractéristiques différentes et ne sont pas tous d'égale importance. On
distingue :
Les « groupes primaires », sont des ensembles sociaux de petite taille, à l'intérieur desquels il
existe des relations interpersonnelles directes, fréquemment en situation de face-à-face.
Ce sont des groupes relativement stables, dont les membres partagent des objectifs et des
intérêts communs et qui sont soudés par un fort sentiment d'appartenance. Au sein de la
famille, à l'intérieur des groupes d'amis, la cohésion est forte et la coopération est active.
Les « groupes secondaires », quant à eux, sont des ensembles plus larges où les liens sont
« fonctionnels », c'est-à-dire déterminés à l'avance et codifiés : c'est le cas, par exemple, des
relations entre collègues dans une entreprise, entre adhérents à un club sportif, un parti
politique, etc.

III- UNE RELATION AMBIVALENTE, APPARTENANCE OU REFERENCE


La proximité qui relie l'individu au groupe dépend des circonstances et des parcours de vie de
chacun :

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Groupe d’appartenance : Un individu peut développer, par rapport au groupe dont il fait partie
(sa classe ; sa catégorie sociale ou le parti politique auquel il adhère), un fort sentiment
d'appartenance. Il peut revendiquer alors cette appartenance à travers des comportements et
des codes de conduite (langage, système de pensée, coutumes) qui attestent de cet
attachement à son groupe.
Groupe de référence : une personne peut aussi, à l'inverse, s'identifier à un groupe auquel elle
n'appartient pas « objectivement », mais qu'elle aspire à rejoindre. Elle peut alors adopter les
valeurs, les normes et les codes de conduite de ce groupe de référence, et emprunter une
attitude de rejet vis-à-vis de son groupe d'appartenance : cette situation s'observe, par
exemple, dans les cas de mobilité sociale ascendante (par le biais de la carrière
professionnelle, carrière politique, par le mariage, etc.) ou dans les situations de migration
géographique vers des pays plus développés par exemple.

IV. PROCESSUS D'INDIVIDUALISATION ET EVOLUTION DES FORMES DE SOLIDARITE


Émile Durkheim (1858-1917) a montré que :
Dans les sociétés traditionnelles (avant la révolution industrielle), le lien social était fondé
sur une « solidarité mécanique » qui soude les individus à son groupe d’appartenance, autour
de croyances, de valeurs et de normes partagées par tous et contraignantes pour
l’ensemble des membres du groupe.
L'individu n'existe que par le groupe d'appartenance, les fonctions sociales - Durkheim parle
de « la division du travail social »- sont peu différenciées (tout le monde est agriculteur ou
artisan) et la conscience collective l'emporte sur la conscience individuelle.
Dans les sociétés modernes, à l'inverse, l'individu prime sur le groupe. Les fonctions sociales
se différencient et la forme de solidarité change: de « mécanique », elle devient
« organique », à la manière des organes d'un corps qui, assument des fonctions différentes et
complémentaires. C'est désormais la complémentarité des fonctions qui assure la cohésion
sociale.
Ces sociétés modernes sont caractérisées par une montée de l'individualisme. Cette
expression s’entend comme une évolution vers l'émancipation de l'individu à l'égard des
contraintes collectives qui, dans les sociétés traditionnelles, encadrent la vie de chaque
individu.

V- LE NUMERIQUE ET LES NOUVELLES FORMES DE SOCIABILITE


L'émergence et la diffusion des instruments numériques d'échange et de contact a
bouleversé les modes de sociabilité traditionnelle : L'instantanéité des échanges que permet
le numérique ainsi que la portabilité des équipements ont aboli les distances et contracté le
temps de l'échange.
Ces réseaux offrent des opportunités nouvelles pour l’individu. Qu’il s’agisse de se faire
connaître, de trouver un emploi ou encore de rejoindre une communauté d’intérêts : les
réseaux sociaux constituent une source de liens sociaux très puissante.

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Mais, si le numérique a élargi les espaces de sociabilité, il a aussi redéfini la frontière entre la
vie privée et la vie publique : les différents modes de communication, SMS, Watsap, blogs,
tweets, forums de discussion, etc. construisent un espace où règnent l'exposition de soi et de
sa vie privée.
Les réseaux sociaux comportent aussi un danger de dépendance. Certains spécialistes
pointent du doigt l'addiction à ces modes de communication, qui peuvent conduire à
l’isolement social voire au suicide (l’exemple des « murés » au Japon).
D'autres études ont montré que les échanges numériques ne représentent pas
nécessairement un élargissement des liens sociaux. Ces liens virtuels se substituent au
contact physique entre les individus, au face à face, ce qui réduit la possibilité de
transmission directe des idées et « bloque » les liens affectifs possible entre individus.

VI- LIENS FORTS ET FAIBLES : UNE NOUVELLE COMPLEMENTARITE


Le sociologue américain Mark Granovetter a distingué :
 Les liens forts, qu’un individu entretient avec son entourage intime (famille, pairs, amis,
collègues de travail, etc.),
 Les liens faibles, noués de manière plus occasionnelle, souvent temporaire, avec un
réseau plus large mais plus distant.
Granovetter met en avant, dans certaines circonstances de la vie (recherche d’emploi, par
exemple), la force des liens faibles: plus étendus et plus diversifiés, ils sont plus efficaces
que les liens forts.
L'explosion de la sociabilité numérique et le développement des réseaux sociaux s'inscrivent
dans la logique de cette distinction.

VII- FACTEURS DE FRAGILISATION DU LIEN SOCIAL


Dans les sociétés contemporaines, l'affirmation du primat de l'individu et l'affaiblissement
de l'influence du groupe se traduisent par une fragilisation du lien social.
Certaines instances de socialisation, comme la famille, tout en conservant un rôle important
dans l'intégration sociale, voient leur mode de fonctionnement bouleversé : le recul du
mariage, l'émergence de nouvelles formes d'union, la fréquence des divorces et l'augmentation
du nombre de familles recomposées fragilisent le rôle de la famille, qui constitue
traditionnellement un rempart contre l'isolement social et la précarité.
L'école, elle-même, n'est plus la prescriptrice des valeurs collectives comme dans le passé
et joue un rôle, de plus en plus, mineur dans l'homogénéisation des pratiques sociales.
Enfin, la sphère du travail et de l'activité professionnelle voit son rôle intégrateur remis en
cause, à travers la persistance du chômage de masse et la précarité de l'emploi.
Ces éléments de rupture peuvent conduire certaines personnes à des formes de désaffiliation
sociale, (expression utilisée par le sociologue français Robert Castel). Ce concept désigne le

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parcours progressif vers des formes d'exclusion sociale d'individus en situation de
vulnérabilité sociale, psychologique ou économique.
Ces formes de désaffiliation peuvent avoir des causes diverses, mais il existe souvent, à
l’origine, une situation d'insécurité sociale (perte d’emploi), qui peut être aggravée par des
évènements personnels (divorce, veuvage).
Serge Paugam, sociologue français, a développé, quant à lui, le concept de disqualification
sociale : image négative des personnes en situation de rupture du lien social, notamment à
la suite d'une perte d'emploi. Ce processus entraine le repli sur soi, d'isolement social et la
stigmatisation par la société.

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Q: LES RESEAUX SOCIAUX NUMERIQUES SONT-ILS TOUJOURS SOURCE DE LIENS
SOCIAUX ?

Document.1

Facebook semble avoir un effet de compensation sur les écarts de sociabilité : les individus
disposant d’un moindre réseau de connaissances, car bénéficiant d’un capital culturel faible
(diplôme), trouvent sur Facebook plus d’opportunités de se créer de nouvelles
connaissances…….Les professions libérales et intellectuelles supérieures ont une probabilité plus
faible de se faire de nouveaux amis que les ouvriers […], alors que dans le monde réel, ces
professions sont généralement pourvues d’un fort réseau d’amis.

Dang Nguyen Godefroy, Lethiais Virginie, « Impact des réseaux sociaux sur la sociabilité. Le cas
de Facebook », Réseaux, 2016/1 (n° 195)

Document 2.
En réalité, les espaces informationnels ne se substituent pas mais s’articulent aux espaces
matériels. Ce que montre le témoignage de Hekebolos, star des blogs politiques aux États-Unis,
[…] De son vrai nom Dante Apollo Atkins, Hekebolos, brillant jeune homme de 26 ans, est
devenu délégué national des jeunes du Parti démocrate. Son activité sur Internet a polarisé son
engagement politique et l’a intensifié. Et il est le premier à reconnaître la place croissante
qu’occupent aujourd’hui les nouvelles technologies dans les campagnes électorales. Pour autant,
l’activisme numérique ne se substitue pas au travail de terrain du militant politique : le porte-à-
porte, le tractage… Internet est une tribune influente. Mais pour faire basculer l’élection
présidentielle de 2008 en faveur de Barack Obama, Hekebolos n’a pas hésité à faire du porte-à-
porte, aussi ingrat que cela puisse être, car c’était en la circonstance la stratégie la plus efficace.
Militantisme de terrain et activisme numérique se complètent et font bon ménage.

Catherine Halpern, « Une réinvention du lien social », Sciences Humaines n°220, Novembre 2010

Document. 3

Au Japon, le phénomène des otaku, les « murés », a nourri le spectre d’usagers des réseaux
complètement désocialisés. À partir des années 1980, on découvre ces jeunes cloîtrés chez eux
qui se consacrent entièrement à leur passion. Dans un pays qui valorise la communauté et craint
l’individualisme, ils sont vite apparus comme une menace pour la vie sociale. En réalité, leur
isolement n’est pas aussi massif qu’on l’a prétendu et leur mode de vie marque surtout l’envie de
rompre avec un cadre social qui leur pèse. Car en dépit des craintes, Internet ne remplace pas la
communication en face-à-face. Bien souvent, comme en témoigne l’usage professionnel, il permet
plutôt de poursuivre l’échange, de maintenir le contact entre les réunions, de fournir des
informations.

Catherine Halpern, « Une réinvention du lien social », Sciences Humaines n°220, Novembre 2010

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Comment les réseaux sociaux influencent-ils le lien social ?

Lien social et réseaux sociaux : isolement ou renforcement du lien social ?

Si l’émergence des réseaux sociaux inquiète du fait des risques soulevés ainsi que des utilisations néfastes
qu’ils ont sur les gens, il importe aussi de réfléchir aux usages positifs qu’ils nous permettent de
développer au service du lien social. Dans un premier temps nous verrons que les réseaux sociaux sont
importants et nous aident à renforcer le lien social. Dans un second temps, nous remarquerons que
paradoxalement, ils fragilisent le lien social .

Les réseaux sociaux sont importants et permettent de préserver le lien social. En effet, ces derniers nous
permettent de communiquer à distance avec nos proches ce qui nous aide à garder un lien plus ou moins
fort avec ces personnes. Par exemple, lorsqu’elles sont dans l’incapacité de se déplacer et que je le suis
aussi, les réseaux sociaux vont nous permettre de rester en contact, et donc de préserver le lien social
présent entre nous.

De plus, lorsque des personnes veulent se rassembler pour une cause universelle, et que ces personnes
viennent du monde entier, les réseaux sociaux sont favorables aux lien social. Effectivement ils sont un
bon instrument de mobilisation pour des causes, ils nous permettent de rester en lien avec toutes les
personnes se battant pour un mouvement, ce qui est bénéfique car cela permettra à des personnes venant
des quatre coins du monde de s’engager. Les réseaux sociaux constituent également une source de
souvenirs pour certaines personnes.

Assurément, les réseaux sociaux nous permettent de conserver des photos, des vidéos, des messages ce
qui signifie beaucoup pour certaines personnes et qui permet de cultiver le lien social au sein d’un groupe.
Ensuite, certaines personnes trouvent qu’il est plus facile d’échanger avec les réseaux sociaux par
exemple pour une personne timide, réservée. Ces derniers sont donc une chance pour développer le lien
social pour ces personnes. Enfin, grâce aux réseaux sociaux, certains on le sentiment d’appartenir à une
communauté, ce qui va leur faire ressentir une sorte de reconnaissance et une impression de ne pas être
délaissé, seul.

Malheureusement, il n’y a pas que de bons côtés aux réseaux sociaux. En effet, les réseaux sociaux
peuvent également fortement fragiliser le lien social et parfois même l’empêcher ou encore le détruire. Il
est vrai que lorsqu’on découvre un réseau social, nous éprouvons une certaine envie à en découvrir plus.
Cependant, sans même que l’on s’en rende compte, on l’y passe de plus en plus de temps sans s’arrêter et
cette envie de change en addiction. Cette addiction vient du fait de la facilité d’usage ; il est plus simple
de regarder un film via les réseaux que de se déplacer avec ses amis afin de le voir : là est l’erreur. C’est
certainement plus simple mais ce n’est pas pour autant mieux, au contraire.

Cette réaction de se dire « c’est plus simple pourquoi chercher plus dur » nous isole et nous empêche
donc de créer des liens avec les gens. De plus, les réseaux sociaux nous font suivre des influenceurs. Ces
derniers nous montrent leurs vie « parfaite » et « passionnante » et donc une vie idéalisée. Cela peut créer
un complexe d’infériorité car on trouvera notre vie, qui est plutôt simple, très banale et très ennuyeuse
comparé à celles des influenceurs. Ce complexe va obliger beaucoup de gens à se renfermer sur eux-
mêmes et donc à s’isoler.

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Enfin, les réseaux sociaux sont favorables à des liens virtuels. Ces liens virtuels signifient généralement
qu’il n’y a pas de contact physique entre les individus, pas de face à face. Cela a pour conséquence une
transmission moins directe des idées car plus on passe de temps sur ces réseaux, moins on est capable de
communiquer en face à face, ce qui « bloque » de certaines façons liens affectifs possible entre individus.

Les réseaux transforment la réalité ce qui provoque chez certaines personnes, une incapacité à vivre dans
la vie réelle et leur fait perdre le gout d’avoir de vraies relations. En effet suite à cela on peut avoir du mal
à atteindre nos objectifs et, par désespoir, cela peut entraîner certaines personnes au suicide ou encore à
être victime de cyberharcèlement ce qui pousse à l’isolement social.

Les réseaux sociaux sont une arme à double tranchant. Ils permettent à l’individu de s’intégrer rapidement
et massivement, mais ces intégrations étant souvent trop nombreuses ou trop superficielles, deviennent
source d’anomie. Selon moi, les effets des réseaux sociaux sur les liens sociaux se différencient en
fonction des types d’usagers et d’usages.

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