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Recebido: 19-08-2023 | Aprovado: 19-12-2023 | DOI: https://doi.org/10.23882/rmd.24179

Le financement collaboratif comme source de

financement de l’entrepreneuriat au Maroc
Collaborative financing as a source of funding for
entrepreneurship in Morocco

Issam Izza,
Équipe de recherche : « Marketing-Management-Employabilité-Entrepreneuriat et
Innovation » (2M2EI). Université Sultan Moulay Slimane, Maroc
(i.izza@usms.ma)

Résumé : Les PME sont confrontées à plusieurs défis dont le plus important est le
problème d'accès aux financements traditionnels. C'est dans ce contexte que le
crowdfunding apparaît comme une alternative prometteuse de financement.
Cependant, malgré le potentiel du crowdfunding, il existe encore des défis et des
interrogations quant à sa mise en œuvre et à son efficacité au Maroc. Il est donc
essentiel de mener une étude approfondie.
Pour répondre à notre problématique principale à savoir : Est-ce que le crowdfunding
pourrait-il être un levier efficace de financement pour l'entrepreneuriat au Maroc ?
Nous avons utilisé la méthode descriptive qui se caractérise par la description du
phénomène étudié dans toute sa clarté.
Mots clés : Crowdfunding, financement collaborative, entrepreneuriat

Abstract: Small and medium-sized businesses face several challenges, the most
important of which is the problem of access to traditional financing. It is in this
context that crowdfunding appears to be a promising financing alternative. However,
despite the potential of crowdfunding, there are still challenges and questions
regarding its implementation and effectiveness in Morocco. It is therefore essential
to carry out a thorough study.
To answer our main problem: Could crowdfunding be an effective financing lever
for entrepreneurship in Morocco?
We used the descriptive method which is characterized by the description of the
phenomenon studied in all its clarity.
Keywords: Crowdfunding, collaborative financing, entrepreneurship

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Introduction:
Les petites et moyennes entreprises (PME) représentent, au Maroc, plus de
95% du tissu économique marocain. Par ailleurs, elles sont confrontées à plusieurs
défis dont leplus important est le problème d'accès aux financements traditionnels.
C'est dans ce contexte que le financement collaboratif également appelé le
crowdfunding, le financement par la foule, le financementparticipatif, le finance-
ment communautaire, le financement solidaire, etc. apparaît comme une alternative
prometteuse de financement est par conséquent devenu ainsi, un moyen de plus en
plus populaire pour financer l'entrepreneuriat.
Au Maroc, on parle de financement collaboratif, il commence à faire sujet
d’actualité, après adoption de la loi n°15.18 portant sur le financement collaboratif
qui a été publiée au Bulletin Officiel N° 6967du 8 Mars 2021.
Cependant, malgré le potentiel du crowdfunding, il existe encore des défis et
des interrogations quant à sa mise en œuvre et à son efficacité au Maroc. Notre
problématique est donc la suivante : Peut-on considérer le crowdfunfig comme
source de financement de l’entrepreneuriat au Maroc ?
Pour répondre à cette question, on va suivre le cheminement suivant : dans
un premier temps on va essayer de délimiter le concept d’entrepreneuriat au
Maroc, son état des lieux, l'importance et la place des PME dans l'économie
marocaine, ainsi que les défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs marocains
en termes d'accès au financement. Puis, dans un second temps, on va aborder le
crowdfunding de manière générale, en commençant par présenter l'émergence, la
définition et les fondements du crowdfunding, ensuite, nous mettrons en évidence
le mécanisme de fonctionnement de cette nouvelle alternative de financement, ainsi
que son état actuel à l'échelle mondiale et au Maroc. Et en dernier lieu, on
approchera la relation entre le crowdfunding et l'entrepreneuriat au Maroc, en
mettant en évidence les facteurs clés de succès du crowdfunding en faveur de
l'entrepreneuriat au Maroc, ainsi que les principaux goulots d’étranglement à son
développement. Pour terminer enfin, par l’appréciation des principaux avantageset
inconvénients de cette nouvelle pratique de financement en faveur de
l'entrepreneuriat.

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I. Entrepreneuriat au Maroc : définition et état des lieux

Le Maroc a accéléré le rythme des réformes économiques et sociales ces der-
nières années, avec des progrèssignificatifs réalisés à différents niveaux. Dans cette
dynamique économique et sociale, l'entrepreneuriat estconsidéré comme l'un des
piliers du développement économique, social et humain.
Faciliter la création de nouvelles entreprises est devenu une préoccupation im-
portante pour les institutionspubliques. La création de nouvelles entreprises est de-
venue une alternative efficace pour lutter contre le chômage et la précarité. Selon le
Haut Commissariat au Plan, 93% du tissu économique est constitué des TPME.

1. Définition, formes et importance de l’entrepreneuriat :

1.1. Définitions de l’entrepreneuriat :
Après avoir cité plusieurs définitions, nous pouvons dire que l'acceptation par
l'entrepreneur des risques impliqués dans la création d'une nouvelle activité, et sa
connaissance des opportunités disponibles sur lemarché, est le principal moteur der-
rière la création de l'entreprise.
1.2. Le principal acteur de l’entrepreneuriat : L’entrepreneur :
Nous pouvons dire que l’entrepreneur est une personne qui sait mobiliser des
ressources financières dans uncontexte d’incertitudes et de risques, et les moyens
nécessaires pour réaliser un profit comme prévu. Tout en coordonnant les moyens
nécessaires, en sachant organiser, prévoir, contrôler, commander et surtout mettre
en action un processus innovant.
1.3. Les formes de l’entrepreneuriat :
Selon la littérature, le terme entrepreneuriat est très vaste et peut prendre di-
verses formes de création d’entreprise: L'entrepreneuriat ex-nihilo ; La reprise d'en-
treprise ; L'intrapreneuriat ; L'extrapreneuriatou l'essaimage ; L'entrepreneuriat par
franchise ; L'auto-entrepreneuriat ; L'entrepreneuriat social.
1.4. L'importance de l’entrepreneuriat :
Il joue un rôle très important dans : La création d'emplois ; La création
d’entreprises et le renouvellement du parc ; L’innovation ; Mutations structurelles,
politiques, économiques etsociales ; La création de la valeur ajoutée ; La distribu-
tion des revenus.

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2. L'entrepreneuriat au Maroc : entre état des lieux et importance des PME :

2.1. État des lieux de l'entrepreneuriat au Maroc :
Selon les rapportsde GEM (Global Entrepneurship Monitor) l'entrepreneuriat
au Maroc présente certains aspects à savoir :
- L’indice national du contexte entrepreneurial (INCE) du Global Entrepre-
neurship Monitor :
Le rapport mondial sur l'entrepreneuriat indique qu'en 2020, les évaluations
d'experts au Maroc ont abouti àunindice national du contexte entrepreneurial (INCE)
du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) de 3,8 le classant, ainsi, au 39ème rang
sur 44 économies. En 2021, ce score est passé à 3,9 mais l'augmentation du nombre
d'économies et l'amélioration des environnements dans d'autres pays, ont placé le
Maroc au 41ème rangsur 50 économies. Puis, en 2022, des améliorations à tous les
niveaux ont permis au Maroc de passer à un score de 4,3 le plaçant donc au 35ème
rang sur 51 économies.
-Les niveaux d'activité entrepreneuriale totale aux premiers stades:
Les niveaux d'activité entrepreneuriale totale aux premiers stades, sont passés
de 12 % en 2019 à 9 % en 2020 et de 8 % en 2021 à 5 % en 2022.
Les résultats montrent que le niveau d'activité entrepreneuriale global aux pre-
miers stades au Maroc a régulièrement diminué au fil des ans. En 2019, ce pour-
centage était de 12 %, indiquant une présence relativement élevée d'entrepreneurs
potentiels et d'entrepreneurs en démarrage. Par contre, en 2020, cette proportion est
descendue à 9 % à 8 % en 2021. Les données pour 2022 montrent une chute signi-
ficative de 5 %.
Les résultats montrent une tendance baissière du niveau d'activité entrepreneu-
riale au fil des années. En 2019, le taux était de 11,4%, indiquant un niveau relati-
vement élevé d'engagement entrepreneurial dans lepays. Tandis qu’en 2020, cette
proportion est descendue à 7,1% puis à 6,1% en 2021. Les données pour 2022 mon-
trent encore une chute significative de 4 %.
2.2. Programmes de promotion de l'entrepreneuriat au Maroc :
Plusieurs programmes d'entrepreneuriat (Crédits jeunes promoteurs, Mou-
kawalati, Innov Start ….) mis en place par le Maroc ont pour vocation d’encourager
l'activité entrepreneuriale, decréer des opportunités économiques et de favoriser

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l'innovation. Or, on constate que les entrepreneurs se heurtent toujours à de nom-

breux obstacles. Les statistiques mentionnées plus haut, montrent un déclin signifi-
catif de l'activité entrepreneuriale ces dernières années. En 2019, le taux était de
11,4%, indiquant un niveau relativement élevé d'engagement entrepreneurial dans
le pays. Alors qu’en 2020, cette proportion est passée à 7,1% puis à 6,1 % en 2021.
Les données pour 2022montrent une chute aussi significative de 4 %.
2.3. L'importance des PME au Maroc:
Les PME marocaines représentent plus de 95 % du nombre total d’entreprises
en activité et contribuent, selon les estimations, à plus de 20 % du PIB et à plus de
30 % des exportations créant, ainsi, une part importante des emplois informels.
D’après la fédération de la PME (affilié à la CGEM), la PME marocaine repré-
sente plus de 95% des entreprises, participe à 50% des salaires, contribue à 31%
des exportations, 40% dans la production et 51%au sein des investissements maro-
cains, enfin elle participe à 20% dans le PIB marocain, alors que cette parton la
trouve dans certains pays de 60%.

3. Le financement comme le principal défi auquel font face les entrepreneurs

marocains :
Le financement est considéré comme la pierre angulaire de la gestion finan-
cière d'une entreprise, et il joue un rôle crucial dans la promotion et le développe-
ment économique.
Il va sans dire que, la survie d'une entreprise dépend largement de sa capacité
à gérer efficacement sesfinances, en particulier en ce qui concerne la façon dont elle
gère ses ressources. D’autant plus que, le déficit de financement des petites et
moyennes entreprises se manifeste au niveau des marchés bancaire et financier1.
Grosso modo, La plupart des études s'accordent que les problèmes de finance-
ment figurent parmi les obstacles les plusimportants qui entravent la création et le
développement des PME dans l'économie nationale.

1
Selon l’HCP, les TPME sont les plus confrontées au problème de financement, 69% d’entre elles
ont, en effet, souffert des difficultés d’accès au financement.

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Il est donc nécessaire de diversifier les formes et les sources de financement

PME, compte tenu de leur difficulté et leur limitation, ainsi que des garanties exi-
gées par le financement classique, notamment par lesbanques et les institutions fi-
nancières spécialisées. De nombreuses formes de financements innovants sontap-
parues, adaptées aux caractéristiques de ces établissements, parmi ces nouvelles
formes de financement, on trouve le financement collaboratif (le crowdfunding) via
des plateformes d’Internet. C’est un aspect quiva être abordé au cours du deuxième
chapitre.

II. Le crowdfunding en général

Après avoir présenté les concepts d'entrepreneuriat et de PME et leurs impor-
tances, de telle sorte que la catégorie d’entreprise : PME est considérée comme
l'épine dorsale des économies développées et des paysen développement, à la lu-
mière de sa contribution significative à la production des revenus et à la création
d'emploi. Par ailleurs, cette catégorie d’entreprise fait face à un certains nombre de
défis qui empêchent sa croissance et son expansion, dont le plus important est la
difficulté d'accéder au financement fourni par les institutions financières tradition-
nelles représentées par le secteur bancaire. Suite, essentiellement, aux risques éle-
vés de prêt lié aux manques de garanties. D’où, la nécessité de développer de nou-
veaux mécanismes de financement appropriés pour ce type de projets. C’est dans
ce contexte que le financement collaboratif a vu le jour comme nouvelle forme de
financement.

1. Définition et fondements du crowdfunding :

Le principe du crowdfunding ou du financement collaboratif est de collecter
des fonds auprès d'un grand nombre de contributeurs, généralement grâce aux
grandes évolutions offertes par le développement des réseaux sociaux, l'internet et
les sites web. Les entrepreneurs présentent leur projet sur la plateforme en ligne et
les contributeurs peuvent choisir de soutenir financièrement le projet en faisant un
don ou en investissant dans l'entreprise.
1.1. La définition du crowdfunding :
Il n'existe pas une définition commune Pour ce concept. Cependant, nous pou-

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vons dire que le crowdfunding est tout simplement un mode de financement, qui se
fait souvent par le biais d’internet, où la personne souhaitant obtenir le financement
nécessaire pour réaliser son projet, présente à un grand public son idée ou son projet
via des plateformes spécialisées.
1.2. Les fondements du crowdfunding :
Les principaux fondements du crowdfunding sont la participation active ; la
diversité des sources de financement ; la transparence ; l’effet de réseau ; la disci-
pline ; la collaboration.

2. Le fonctionnement du Crowdfunding :
2.1. Les modèles du crowdfunding :
Ce type de financement peut être réparti en trois catégories, en fonction des
objectifs que les plateformes definancement collaboratif cherchent à atteindre.
2.1.1. Le financement par le don : les contributeurs font un don sans attendre
de contrepartie en retour. Cela peut être utilisé pour financer des projets à caractère
social, culturel ou environnemental. Il existe deux types de financement collaboratif
en don :
• Le don simple sans contrepartie (Donation-based) ;
• Le don avec récompense (Reward-based).
2.1.2. Le financement par le prêt (le crowdlending) : les contributeurs prê-
tent de l'argent à l'entrepreneur, qui s'engage à le rembourser avec intérêts à une
date ultérieure. On distingue deux types :
• Le prêt non rémunéré : Le contributeur récupère seulement ses fonds et ne
perçoit pas d’intérêt.
• Le prêt rémunéré : Les contributeurs prêtent aux entreprises et aux porteurs
de projet contre unremboursement monétaire sous la forme d'intérêts, selon les mo-
dalités convenues préalablement entre lesparties prenantes.
2.1.3. Le financement en capital ou l’investissement (crowdequity) : les
contributeurs investissent dans l'entreprise et deviennent ainsi actionnaires. Ils peu-
vent donc espérer obtenir un retour sur investissement si l'entreprise se développe
avec succès. C’est donc, un Crowdfunding basé sur les actions. La foule a la possi-
bilité d'investir dans une entreprise dans la plupart des cas une startup en échange
d'actions de cette entreprise.

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2.2. Les acteurs et le processus d’une opération du crowdfunding :

2.2.1. Les acteurs du crowdfunding :
Le financement collaboratif est basé sur une relation entre trois parties : les
entrepreneurs qui sont porteursde projets en manque d'argent, les investisseurs qui
ont de l'argent à investir et les plateformes de financement collaboratif qui servent
d'intermédiaires entre les porteurs de projets et les bailleurs de fonds.
2.2.2. Le processus d'une opération du crowdfunding :
Le processus de financement de projets via des plateformes de financement
collaboratif passe par les étapes de base suivantes :
Etape 1 : Préparation du projet de financement ;
Etape 2 : Présélection des projets par les plateformes de crowdfunding ;
Etape 3 : Présentation des détails des projets éligibles via les plateformes de
crowdfunding ;
Etape 4 : Financement du projet ;
Etape 5 : Réalisation du projet ;
Etape 6 : Remboursement du prêt et rendement des actions.

3. Etat des lieux, évolution et perspectives du Crowdfunding :

3.1. Au niveau mondial :
Le crowdfunding est considéré comme l'un des canaux de financement en
croissance ces dernières années.Par exemple durant la période entre 2011 et 2015,
le volume total du crowdfunding ne dépassait pas 1,5 milliard de dollars américains
en 2011, alors que sa valeur en 2015 est d'environ 34,44 milliards.
La banque mondiale, ainsi que le site américain du crowdfunding (Findly –
L’industrie du CF)2 estiment que le crowdfunding pourrait atteindre 300 milliards
de dollars de collecte en 2025 à l’échelle mondiale.
3.2. Au Maroc :
On va essayer de résumer le développement du crowdfunding à partir de ses
débuts au Maroc, en l’occurrence 2014 :
2014 : Les débuts : Happy Smala lance la première plateforme de crowdfunding
de type don avec contreparties pour les projets sociaux et culturels au Maroc.

2
Massolution, Rapport 2015CF, The Crowdfunding Industry Rapport 2015CF.

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2015 : Démarrage des travaux sur le projet de loi et lancement de la plateforme

de don pour les associations « Cotizi.ma ».
2017 : Happy Smala et le Centre marocain pour l’innovation et l’entrepreneu-
riat social (MCISE), lancent la plateforme de prévente « Wolouj » pour les projets
innovants et à fort impact dans la région MENA.
2018 : Premier pas vers l’établissement de la loi : Dépôt du projet de loi au
secrétariat général du gouvernement par le ministère de l’économie et des finances. Cette
année a connu également le lancement de « Ciwa », la plateforme de « Dar’t » en ligne.
2019 : En septembre 2019, le projet de loi du crowdfunding est à l’ordre du jour du
Conseil de gouvernement. L'inauguration de la plateforme de mise en relation avec les
investisseurs, « Flowingo ».
2020 : En janvier 2020, la Chambre des représentants du Maroc vote à l’unanimité
pour l’adoption de la loi du crowdfunding. Une nouvelle plateforme de don
« DealKhir.ma » s’ajoute à l’écosystème, une nouvelle façon d’acheter en soutenant
gratuitement des projets solidaires grâce à l’achat en ligne.
2021 : En mars 2021, la loi 15.18 pour le financement collaboratif est publiée au
bulletin officiel. Les régulateurs démarrent ainsi les travaux sur les décrets d’application.
2022 : En juin 2022, les régulateurs partagent les premières versions des dé-
crets d’application. Et à la fin dumême mois, Happy Smala et ESSEC Afrique pu-
blient le baromètre du crowdfunding 2019-2021.
Selon ce baromètre du crowdfunding, sur la période 2019-2021, environ 3,7
millions de dirhams (MDH) ont été collectés par les projets marocains, 171 projets
marocains financés sur 13 plateformes internationales. Par campagne, le montant
maximum mobilisé a atteint 317.867 dirhams, tandis que le plus grand nombre de
contributeurs par campagne s’est élevé à 1.198.
Le baromètre Marocain du crowdfunding renseigne également sur l’impact des
projets financés. Dans ce cas, 40% du montant collecté a été utilisé pour financer
des projets sociaux, 22% pour démarrer des activités économiques et 10% pour
soutenir des projets éducatifs.

Le cadre réglementaire du crowdfunding au Maroc (loi n°15.18) :

La loi n° 15-18 fixe le cadre juridique des sociétés de financement collaboratif

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(SFC)3. En effet, elle secompose de 70 articles, la loi établit un système réglemen-

taire complet des activités de financement collaboratif, le dispositif comprend no-
tamment :
- La mise en place du statut managérial de la plateforme de financement colla-
boratif (PFC), en l’occurrence la SFC ;
- La définition du dispositif d’agrément par l’administration des SFC et la su-
pervision de ses activités, assurées par Bank Al Maghrib pour les activités de prêt
et de don et l'Autorité Marocaine des Marchés de capitaux (AMMC) pour les acti-
vités d’investissement en capital ;
- Définir les procédures et modes de création et de fonctionnement des PFC ;
- La définition des engagements et obligations de la SFC, notamment en ma-
tière d’information du public, de publicité, de reporting, etc ;
- Définition des règles à suivre dans la pré-vérification du projet à financer,
sécurisation des transferts et protection des donateurs ;
- Définir des plafonds pour chaque projet et le montant d'argent levé par chaque
donateur pour les diverses formes de financement ;
- Définitions de règles spécifiques pour chacune des trois formes de finance-
ment collaboratif.
In fine, on peut dire que le crowdfunding constitue l'une des sources innovantes
de financement pour les PME. Ce mécanisme alternatif gagne en popularité auprès
des entrepreneurs marocains, mais son développement est freiné par de nombreux
facteurs. Dès lors, la prochaine étape de notre travail consistera à s'intéresser aux
avantages et limites du crowdfunding comme solution de financement de l'entre-
preneuriat. Ainsi qu'à analyser les facteurs clés de succès du crowdfunding et les
principaux freins à son développement au Maroc.

III. Le crowdfunding comme solution pour l’entrepreneuriat au Maroc

Le financement collaboratif a connu un essor de développement dans le monde
ces dernières années. Celapeut être attribué à la révolution de la technologie et des
moyens de communication.

3
LOI N°15-18 régissant les activités de financement collaboratif au Maroc; No 7014 – 10 moharrem
1443 (19-8-2021) B.O 1199.

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Le processus de financement collaboratif comprend de nombreux acteurs, il

comprend les investisseurs, lesporteurs de projets qui recherchent des financements,
ainsi que des plateformes de financement.

1. Les facteurs encourageant ou décourageant l’adoption du crowdfun-

ding comme source de financement :
1.1. Les facteurs clés de succès du crowdfunding en faveurs de l'entrepre-
neuriat au Maroc :
Il est prévu que le marché du financement collaboratif connaîtra une croissance
importante dans les prochaines années au Maroc, sous certaines conditions, à savoir :
- Le développement de la technologie financière, technologies de l’information
et de la communication.
- Une diaspora résidente à l’étranger (MRE) importante : sont souvent finan-
cièrement stables et disposent d'une capacité de contribution élevée.
- Facteurs sociales et culturels : La générosité et la culture des citoyens maro-
cains ainsi leur attachement à la religion et ses principes qui prônent l’entraide.
- Le facteur du marché : le financement est devenu difficile, avec une demande
de prêts plus faible. Cela a entraîné un élargissement du déficit de financement dans
le secteur bancaire. Ce qui a incité les entrepreneurs à envisager d'autres alternatives
de financement plus largement accessibles et à un coût moindre.
1.2. Les principaux obstacles au développement du crowdfunding au Maroc :
- La faible culture autour du crowdfunding : Il y a une certaine méconnaissance
ainsi que de fausses idées sur le concept, les gens ne savent pas comment fonctionne
le financement collaboratif et comment participer en tant que donateur (contribu-
teurs) ou chef de projet (porteur de projet).
- Le faible taux de bancarisation : Alors que le taux de bancarisation au Maroc,
a augmenté de manière remarquable ces dernières années (78% en 2020), l'alpha-
bétisation limite l'utilisation des instruments de paiement scripturaux et limite aussi
l'inclusion financière au Maroc.
- Le manque de confiance des parties prenantes : Les principales raisons de
cette méfiance sont la sécurité des transactions et la multiplication des escroqueries
en ligne.

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- Plafond défini : Selon la loi 15-18, le montant collecté pour un projet de fi-
nancement collaboratif ne peut dépasser les 5 millions de dirhams. De plus, les con-
tributions cumulatives d'une personne individuelle pour un projet spécifique sont
plafonnées à 250 000 dirhams.

2. Apports et limites du crowdfunding comme source de financement de

l’entrepreneuriat :
2.1. Les avantages du crowdfunding pour les entrepreneurs :
- Le crowdfunding permet aux entrepreneurs d’accéder plus facilement et
rapidement au financement, et surtout d’être moins dépendant des sources de finan-
cement classiques tels que les banques ou les investisseurs.
- La formation d’ambassadeurs du projet, parce qu’ils se sont personnellement
investis, est un atout extrêmement précieux.
- La Validation du projet : le crowdfunding permet de tester l'intérêt et la de-
mande pour un produit ou un service avant même son lancement. Si un projet ne
parvient pas à trouver suffisamment de contributeurs, cela peut être un signe qu'il
n'y a pas de marché pour celui-ci.
- C'est un outil de communication et marketing : la plateforme de crowdfun-
ding permet de promouvoir le projet et de créer une communauté de supporters qui
pourraient devenir des clients fidèles par la suite.
2.2. Les inconvénients du crowdfunding pour les entrepreneurs :
- Concurrence accrue : avec la popularité croissante du crowdfunding, de plus en
plus de projets sont présentés aux contributeurs, ce qui rend la concurrence plus féroce.
- Risque de dépendance à la plateforme : si un entrepreneur réussit à financer
son projet grâce au crowdfunding, il peut devenir dépendant de cette source de fi-
nancement et avoir du mal à trouver d'autres sources de financement par la suite.
- Risque de ne pas atteindre l'objectif de financement : si un projet ne parvient
pas à atteindre son objectif de financement, les contributeurs ne seront pas débités
et l'entrepreneur ne recevra pas les fonds.
- Paiements de commission : Chaque plateforme fixe une commission, qui peut
aller de 2% à 25% du montant collecté. Cela ne peut être ignoré, car enlever une
moyenne de 10% des fonds reçus peut déstabiliser la mise en œuvre du projet.

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Conclusion
Cette recherche nous permet de conclure qu'au-delà du financement d'entreprises
et de projets, le financement collaboratif est un véritable outil de développement éco-
nomique et social. En fait, cela permet aux entrepreneurs de faire connaître leurs pro-
jets et d'accroître leur crédibilité sur le marché. Le recours au crowdfunding permet
un accès rapide au marché, ainsi que des tests ciblés de produits, ce qui permet d'éco-
nomiser du temps et de l'argent. Le crowdfunding semble être une alternative très
intéressante, vu que les jeunes entrepreneurs ont de plus en plus du mal à lever des
fonds via les voies de financement classiques. Toutefois, il est indispensable d’étu-
dier son attractivité, d’une part, maintenir les forces et renforcer les faiblesses, et
d’autre part bénéficier de ses opportunités et se protéger de ses menaces.
Ainsi, nous pouvons dire que le crowdfunding pourrait constituer un levier ef-
ficace de financement pour l'entrepreneuriat au Maroc Étant donné que le finance-
ment collaboratif est un mécanisme qui est relativement nouveau au Maroc, il est
donc, essentiel de lui accorder de l'attention et de chercher à le développer. Ceci
passe essentiellement par une sensibilisation accrue aux avantages du crowdfun-
ding, qui est nécessaire pour encourager les investisseurs et les propriétaires de
PME et des startups à utiliser cette méthode de financement. En effet, des cam-
pagnes de sensibilisation peuvent être menées par des acteurs clés tels que les asso-
ciations d'entrepreneurs et les institutions financières.
De plus, il faut veiller à la mise en place d'une législation qui favorise le finan-
cement participatif. Cela peut se faire en définissant clairement les règles et les pro-
cédures réglementaires appropriées régissant les plateformes de financement colla-
boratif, en facilitant la création de plateformes de financement participatif et en of-
frant des incitations fiscales aux investisseurs, afin de protéger les droits des diffé-
rents participants à ce processus.
Sans oublier, le développement d'une infrastructure en ligne solide4, à travers
des connexions Internet fiables et rapides, ainsi que des systèmes de paiement en
ligne sécurisés.
Ainsi que mettre l’accent sur l'innovation de telle sorte que les projets entre-

4
Elément crucial pour faciliter le fonctionnement des plateformes de crowdfunding.

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preneuriaux innovants aient tendance à attirer l'attention des investisseurs poten-

tiels. Ce qui aura pour conséquence l’encouragement des entrepreneurs à proposer
des idées novatrices et donc stimuler le succès du crowdfunding au Maroc.

Références :
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