Article Sur La Gouvernance
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Gérard Charreaux
University of Burgundy
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Ce texte est une version révisée d’un texte antérieur publié sous le titre « Le gouvernement des entreprises »
dans J. Allouche (Coord.), Encyclopédie des ressources humaines, Vuibert, 2e édition, 2006.
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« gouvernance » des entreprises a pris une place importante dans les préoccupations des
hommes politiques, des médias, et des chercheurs en sciences sociales (droit, économie,
gestion, science politique…). Cette place s’est accrue à la suite des perturbations entraînées
par les scandales (Enron, Worldcom, Parmalat…) du début du siècle, puis de la crise des
particulièrement aux États-Unis avec la loi Sarbanes-Oxley en 2002 puis, plus récemment, la
loi Dodd-Frank de 2010, sur la régulation financière. Au-delà des évolutions des législations
Mondiale ont pris position en matière de gouvernance. Enfin, on ne compte plus les articles
du développement économique.
La théorie de la gouvernance n’a pas pour objet d’étudier la façon dont les dirigeants
dirigeants, l’hypothèse implicite étant que ces derniers jouent un rôle substantiel dans les
performances des entreprises et, par suite, des économies nationales. L’origine du thème est
habituellement attribuée à Berle et Means (1932). Pour ces auteurs, dont l’analyse se situait
démembrement de la fonction de propriété qui est apparu aux États-Unis, au début du 20e
siècle, avec l’émergence d’une nouvelle forme d’organisation, la grande société cotée à
l’entreprise familiale traditionnelle, la fonction de contrôle - censée être accomplie par les
actionnaires - est séparée de la fonction décisionnelle qui reste l’apanage des dirigeants. Cette
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séparation, en raison d’une défaillance des systèmes de contrôle chargés de discipliner les
des actionnaires. Cette thèse allait être à l’origine d’un renforcement de la réglementation
s’inscrit ainsi, à l’origine, dans une perspective disciplinaire visant à définir les « règles du jeu
managérial ».
l’efficience. Dans ce dernier, toute organisation est supposée avoir pour but, via la
schéma s’applique quelle que soit la nature de l’organisation, à but lucratif ou non, publique
l’organisation.
partie. La seconde partie permettra de préciser les conséquences qui en découlent tant pour
que pour éclairer les principaux débats qui agitent le champ. Quel est le bon SG à mettre en
Quel objectif de gestion doit-on attribuer aux dirigeants ? Un tableau de synthèse confrontant
théories de la gouvernance
contractuelle de la firme issue des théories des droits de propriété, des coûts de transaction et
façon centralisée, l’ensemble des contrats nécessaires à la production. Son organisation et son
périmètre sont d’autant plus efficaces qu’ils permettent de réduire les coûts nés des asymétries
d’information et des conflits d’intérêts entre les différentes parties prenantes. La perspective
des problèmes liés. On oppose la vision financière qui assimile efficience et richesse des
actionnaires à la vision partenariale qui évalue l’efficience du point de vue de l’ensemble des
parties prenantes (stakeholders) affectées par l’activité de la firme. À la première est associé
partenarial. Dans les deux cas, la fonction des systèmes de gouvernance est de discipliner les
connaissance, occupe une place centrale, les « théories cognitives » - knowledge-based - des
organisations, qui constituent le second courant, distinguent ces deux notions et privilégient
ensemble fermé, objectif, de données relatives aux conséquences des événements possibles, la
coûts nés des asymétries d’information dans la perspective contractuelle, cette action passe
s’appréhende alors par sa capacité à influencer la création de valeur via le levier cognitif, par
gouvernance.
la création de valeur, les erreurs commises par les dirigeants dans leurs décisions, en raison
des biais comportementaux qui les affectent. La reconnaissance de ces biais conduit à
gérer les biais de façon à ce que les leviers disciplinaires et cognitifs soient les plus efficaces
possibles.
Le modèle financier trouve son origine dans la théorie de l’agence, notamment dans
l’article très célèbre de Jensen et Meckling (1976). Cet article avait deux objectifs, d’une part,
proposer une théorie contractuelle de la firme fondée sur la théorie des droits de propriété,
dans la version particulière associée au modèle de l’« équipe de production » et sur la notion
de relation d’agence, d’autre part, montrer comment cette théorie pouvait contribuer à
Si, au départ, les deux auteurs considèrent que la firme est un nœud de contrats,
l’équipe), leur objectif limité – expliquer la structure de financement –, les conduit à ne retenir
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qu’un modèle simplifié réduit à deux relations d’agence. La première relation lie les
dirigeants aux actionnaires, la seconde, la firme (représentée par les dirigeants et les
Cette première modélisation, qui plaçait au premier rang l’analyse de la relation entre
un dirigeant qui ouvrait son capital et les actionnaires – les actionnaires jouant le rôle du
comme propriétaires – créanciers résiduels – que les seuls actionnaires1, elle n’inclut dans les
SG que les mécanismes visant à aligner les intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires,
des dirigeants. Cette fonction de protection allait s’élargir ultérieurement pour prendre en
compte les éventuels excès des actionnaires détenant le contrôle des firmes vis-à-vis des
minoritaires.
intentionnellement par les parties ou imposés par le législateur, d’autre part, de mécanismes
« externes » représentant la discipline exercée par les marchés. Dans le modèle financier, les
– et externes comme le marché des dirigeants et le marché des prises de contrôle ont pour
fonction de réduire les coûts d’agence nés des conflits entre dirigeants et actionnaires.
voire la réputation, permettent de résoudre les conflits d’intérêts entre la firme et les
créanciers financiers.
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Un droit ou un gain est « résiduel » s’il n’est pas prévu et défini explicitement par les contrats ou par la loi.
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la configuration peut varier selon les types d’organisation. Dans les firmes managériales,
selon Fama (1980), le mécanisme dominant serait le marché des dirigeants lequel s’appuierait
réputation et leur valeur sur le marché managérial. L’action du marché des dirigeants serait
confortée par des mécanismes internes comme la hiérarchie, la surveillance mutuelle entre
membres de l’équipe dirigeante et, surtout, le conseil d’administration. Cet organe, pour être
management) pour des raisons d’accès à l’information et des administrateurs externes dont
l’indépendance serait garantie par l’existence d’un marché actif des administrateurs. La
discipline exercée par le conseil se ferait principalement par la voie incitative, en associant la
l’éviction des dirigeants. Le marché des prises de contrôle, mécanisme particulièrement lourd
des questions aussi variées que les rémunérations des dirigeants, le rôle, la composition
le marché financier, le droit d’expression et la protection des petits porteurs, le rôle des
des réseaux d’administrateurs… L’efficacité des différents mécanismes, évaluée sur la base
rendues possibles par la constitution des banques de données financières. Même si les
résultats obtenus sont souvent ambigus - par exemple, le lien entre performance boursière et
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fonctionnement des organisations et pour améliorer leur gestion. Dans une perspective plus
indexées sur les cours boursiers, et, par conséquent, la très forte croissance de la richesse des
dirigeants et des inégalités dans les économies capitalistes modernes. Les excès en matière de
rémunérations managériales sont une des questions de gouvernance qui soulèvent le plus de
débats tant sur le plan éthique que sur le rôle néfaste qu’ils semblent avoir joué dans le
réalisme au vu du rôle minime joué par les actionnaires dans le financement des entreprises
ou, encore, la relation ambiguë liant les mécanismes disciplinaires des dirigeants à la
de la firme comme noeud de contrats entre les différentes parties prenantes. L’aménagement
statut de créancier résiduel exclusif des actionnaires. Cette remise en cause conduit à
que si elles perçoivent une partie de la rente. Pour Zingales (1998), la gouvernance n’influe
sur la création de la rente qu’à travers la répartition. Autrement dit, le SG n’est qu’un
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ensemble de contraintes régissant la négociation qui a lieu ex post entre les différentes parties
détention effective des droits de décision résiduels et de l’appropriation des gains résiduels.
Le statut de propriétaire peut alors être étendu à l’ensemble des participants au nœud de
sera incité à produire des efforts que s’il perçoit une partie de la rente organisationnelle.
Le rôle clé du capital humain associé aux compétences des salariés spécifiques à la
firme (Blair 1995, 1999) dans la formation de la rente organisationnelle est explicitement
reconnu, tout spécialement dans les secteurs de la nouvelle économie (Rajan et Zingales,
2000). Cette spécificité rend, cependant, ce capital particulièrement vulnérable aux tentatives
protéger la valeur de ce capital qui dépend des rentes que peuvent s’approprier les salariés. La
personnes mutuellement spécialisés (Zingales, op. cit. ; Rajan et Zingales, 2000). Enfin,
également sur les compétences particulières offertes, spécialement dans des relations de
coopération de longue durée, par certains fournisseurs, sous-traitants ou clients. Une telle
approche suppose que les relations entre la firme et les différentes parties prenantes ne sont
pas simplement marchandes, mais sont co-construites de façon à créer de la valeur selon la
d’intérêts entre parties prenantes ignore cependant la dynamique productive. Si le lien entre
compétences et rente organisationnelle est reconnu, le levier principal reste la mise en place
processus productif qui joue un rôle souvent central dans la création de valeur n’est pas
étudié. Pour l’appréhender, il est nécessaire de faire appel aux théories cognitives de la firme.
firme, théories des ressources et des compétences,…) rompent radicalement avec ce dernier.
Les théories cognitives reposent sur une vision radicalement différente du processus
de création de valeur dans la mesure où elles conduisent à accorder une importance centrale à
la construction des compétences et aux capacités des firmes à innover, à créer leurs
en accordant un intérêt quasiment exclusif aux conflits d’intérêts, à l’appropriation des rentes,
cependant, que le déterminant principal de cette création ne réside pas dans la conciliation des
intérêts (perspective disciplinaire), mais se situe dans les dimensions cognitives de la création
de valeur. L’argument cognitif est mobilisé de différentes façons, soit comme moyen de
faciliter la coordination qualitative et de réduire les coûts des conflits cognitifs, soit comme
également à influencer la création de valeur dans ses dimensions cognitives, par exemple en
gouvernance ne doit pas conduire, pour autant, à négliger la dimension disciplinaire : les deux
Si la gouvernance agit sur les dirigeants par le biais des leviers disciplinaires et
cognitifs, le courant comportemental qui s’est développé en économie et en droit (Jolls et alii,
1998) permet de comprendre que l’efficacité de ces leviers est tributaire des biais
De nombreux commentateurs des deux dernières crises mettent en avant, pour les
particulièrement celles des dirigeants, seraient affectées par des biais cognitifs et émotionnels,
occasionnels ou systématiques. Ces biais pourraient être à l’origine de pertes de valeur plus
importantes que celles liées à l’opportunisme. L’étude de l’incidence de ces biais sur les
nombreux développements. Ces biais permettent également de mieux appréhender les erreurs
managériales.
façon soit à éviter que ces biais ne se manifestent – fonction de débiaisage –, soit à corriger
leurs effets lorsqu’ils sont négatifs. Ces biais, s’ils affectent les décisions des dirigeants,
formation de bulles spéculatives sur le marché financier peut nuire par l’euphorie qu’elle
donné (efficience statique), dans les approches les plus larges, faisant la synthèse entre les
aider les dirigeants sur le plan cognitif et à les contraindre à répartir la valeur créée de telle
façon que les différentes parties prenantes ne soient pas spoliées et contribuent à la création de
valeur. La définition de la gouvernance doit être suffisamment neutre pour appréhender les
des dirigeants et détermine leur latitude (Charreaux, 1997), satisfait à cette exigence. Elle
oriente, cependant, l’analyse des SG, tant sous l’angle explicatif, que sous l’angle normatif et
prescriptif.
principe, souvent associé du principe d’efficience, est parfois interprété de façon trop
restrictive. Il n’implique pas que les SG existants sont efficients dans l’absolu. Selon le
principe de remédiabilité, leur efficience est relative. Elle tient compte des coûts d’adaptation
et des limites cognitives et s’apprécie comparativement aux systèmes concurrents. Elle est
actuels sont conditionnés par cette évolution, celle-ci a été guidée par la rationalité des acteurs
- même si cette dernière est limitée et entachée par les biais comportementaux - et le sentier
complexité, supposant, au moins de façon sommaire, une cohérence systémique. Même, dans
renforcer ou atténuer la discipline exercée par d’autres mécanismes comme, par exemple,
complexité qui lui est associée (présence d’effets de seuil, de non-linéarités…) expliquent les
difficultés économétriques rencontrées pour confirmer, par exemple, les liens supposés unir la
perspectives pour prendre en compte non seulement son utilité pour sauvegarder les intérêts
des autres parties prenantes (perspective partenariale), mais également ses fonctions
nouvelles stratégies mais, également, via leurs propres réseaux, à accéder à d’autres
ressources. Enfin, ils peuvent contribuer à prévenir les erreurs liées aux biais
Les modèles non financiers permettent de mieux comprendre la diversité des rôles et
des compositions des conseils d’administration sur le plan international. Dans les pays à
difficilement par l’objectif de contrôle du dirigeant. En revanche, leur utilité reste entière pour
aider à définir et à mettre en œuvre la stratégie ainsi que pour corriger les éventuels biais
comme un organe collectif chargé de protéger la création de valeur et d’assurer une répartition
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équitable de la rente entre les différentes parties prenantes. On peut ainsi mieux expliquer la
place occupée dans certains SG, par les représentants des salariés, voire par les représentants
de certaines banques et autres fournisseurs, mais aussi la présence très fréquente des cadres
internes et des dirigeants d’autres sociétés, dont l’expertise peut servir d’autres fins que celles
concerne pas le seul conseil d’administration. Si on adopte une vision stratégique fondée sur
les ressources et compétences, les analyses traditionnelles des prises de contrôle s’en trouvent
également transformées. Si elles sont des mécanismes permettant de discipliner les dirigeants
dans la gouvernance financière, elles peuvent s’interpréter comme des vecteurs d’acquisition
rôle du droit ne se limite plus à la seule réduction des coûts d’agence, il trouve également une
permettant de gérer les conflits entre investisseurs financiers et dirigeants. Dans une
perspective intégrative, la configuration des SG s’élargit pour inclure tous les mécanismes
influençant les dirigeants dans leurs efforts pour concevoir et diriger les processus de création
et de répartition de la valeur. Les SG, plus complexes, incluent des mécanismes protégeant
des parties prenantes autres que les actionnaires - en particulier, les salariés -, mais
accomplissant également des fonctions cognitives, comme, par exemple, les institutions
éducatives. L’analyse comparative des SG nationaux accorde alors une place centrale à la
question de la cohérence systémique entre les différents types d’institutions pour expliquer
15
2001).
différents SG nationaux afin de prévoir leur évolution et, éventuellement, d’orienter leur
quelles voies ils agissent sur la valeur actionnariale dans une perspective disciplinaire, c’est-à-
dire via le contrôle opéré par les actionnaires, les conseils d’administration, les offres
publiques. Les analyses proposées sont, très majoritairement, de type transversal et portent,
pas toutefois les investigations de nature politico-historique comme celles menées par Roe
(2003) qui justifie la prédominance de la firme managériale aux États-Unis, ainsi que sa rareté
dans les nations d’Europe continentale, en invoquant l’influence du contexte politique sur les
nature historique et processuelle, s’appuyant éventuellement sur des études de cas, sont plus
fréquentes dans les analyses partenariales et cognitives qui visent à expliquer l’évolution des
matière de gouvernance. Autrement dit, y a-t-il un SG optimal unique et, dans l’affirmative,
faut-il tenter d’importer ce système dans les différentes économies nationales, en imposant,
par exemple, les mêmes règles de « bonne gouvernance » à l’ensemble des entreprises ?
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croissance du PNB par tête – des économies anglo-saxonnes sur les trois dernières décennies.
Toutefois, les résultats des études portant sur des périodes plus longues laissaient apparaître
que d’autres types de systèmes nationaux semblaient au moins aussi performants. Selon le
courant juridico-financier (La Porta et alii, 1998, 2000), qui domine la réflexion en macro-
attribuées aux systèmes juridiques fondés sur la Common Law qui, comparativement à ceux
dont le socle est le droit civil, offriraient une meilleure protection aux investisseurs financiers
Cette thèse, très caricaturale, a fait l’objet de vives critiques et est le plus souvent infirmée par
le long terme. Le test d’une telle hypothèse passe par l’étude – notamment historique – du
l’action sur l’efficience à travers la résolution des conflits d’intérêts. Ils ont principalement
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cherché à identifier les spécificités des systèmes anglo-saxons, germano-nippons et, parfois,
latins, en opposant les systèmes accordant une place centrale aux mécanismes de marché – le
capitalisme d’investisseurs –, aux systèmes fondés sur les réseaux – le capitalisme relationnel.
À l’intérieur de ces travaux, la protection juridique des investisseurs financiers occupe une
marchés (marché financier, marché des dirigeants, marché des biens et services,…) sont
supposés jouer un rôle disciplinaire central, la qualité présumée du système juridique facilitant
performance boursière, via les mécanismes incitatifs que constituent les systèmes de
passif ex post au détriment du contrôle actif ex ante. Laissant une forte latitude aux dirigeants,
la capacité préventive de ce système serait faible. Par ailleurs, accordant moins d’importance
aux réseaux et à la construction de relations de long terme avec les différentes parties
importante, sa flexibilité et son adaptabilité seraient supérieures à celles des autres types de
systèmes.
aux relations avec l’ensemble des parties prenantes, seraient principalement régulés par les
Semblant offrir une meilleure capacité préventive - ce qui semble confirmé par la récente
plus performants dans les secteurs économiques traditionnels. Inversement, leur rigidité
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impliquerait une moins bonne capacité curative et une moins grande adaptabilité. Par ailleurs,
les risques de stratégies d’appropriation de rentes aux dépens des membres situés hors
réseaux.
Chaque système présenterait ainsi des avantages et des inconvénients, plus ou moins
sensibles selon les conjonctures économiques et la nature des activités, ce qui justifierait la
performants dans les périodes de stabilité. Ces conclusions restent cependant grossières et
différents SG nationaux sur les processus de création de valeur. Par exemple, le lien présumé
d’analyses (Rajan et Zingales, 2000 ; Aoki, 2001) montrent que l’émergence des nouvelles
managériale.
actionnariale repose sur des hypothèses peu réalistes. Une vision globale de l’efficience,
conforme à la théorie actuelle des droits de propriété, devrait prendre en compte l’ensemble
des parties prenantes, et conduit à retenir un objectif de nature partenariale, qui pose,
Une autre façon de justifier l’objectif de valeur actionnariale est de prétendre, à l’instar
de Jensen (2001), qu’il émerge de façon endogène des pratiques organisationnelles, à la suite
d’un processus de sélection naturelle d’essais et d’erreurs, parce qu’il est le plus apte à assurer
d’objectifs multiples. L’unicité de cet objectif n’exclurait pas que les dirigeants prennent en
considération les intérêts de l’ensemble des parties prenantes. Dans sa formulation d’une
théorie « éclairée » de la maximisation de la valeur et des parties prenantes, Jensen insiste sur
trois points. Premièrement, si le critère de recherche de valeur financière permet une mesure
de la performance des dirigeants, il n’informe pas sur la façon de concevoir une stratégie
ne saurait se faire sans entretenir de bonnes relations avec l’ensemble des parties prenantes.
informationnelle (au sens fort) des marchés financiers peuvent conduire à détruire de la
valeur. La création de valeur ne lui semble pas subordonnée à l’existence d’une mesure
facilement observable et ne doit pas être, stricto sensu, confondue avec le critère de
Ce qui importe, c’est que les dirigeants disposent d’un objectif unique, les orientant sans
néoclassique. Elle repose sur des arguments cognitifs et évolutionnistes. Le critère de valeur
partenariale proposé par Charreaux et Desbrières (op. cit.) participe de la même démarche et
peut prétendre également constituer un objectif unique de gestion pour les dirigeants. Pas plus
que le critère de valeur financière sur le long terme, qui n’est pas non plus directement
question de l’objectif à imposer comme norme de gestion aux dirigeants ne s’identifie pas
nécessairement à la mesure externe de l’efficience qui peut être fournie, par exemple, par le
marché financier. Les cours boursiers reflètent les informations des acteurs du marché et les
modèles cognitifs qu’ils utilisent pour traduire cette information dans les cours. Tant
l’information dont ils disposent, que les modèles, plus ou moins conscients, qu’ils utilisent,
sont nécessairement imparfaits et le lien qui unit la valeur boursière aux mesures
recommandées reste mal compris comme l’a très bien illustré l’exemple des sociétés de la
nouvelle économie. La seule conclusion qui semble émerger est qu’il faut être prudent avant
de vouloir imposer aux dirigeants, à travers des règles de bonne gouvernance, un objectif de
gestion tel que la valeur actionnariale, si, comme le prétend Jensen, les objectifs sont le
produit de la sélection. Les effets pervers provoqués par les systèmes de rémunération mis en
place pour inciter les dirigeants à poursuivre cet objectif sont considérés par de nombreux
Conclusion
Les théories de la gouvernance ont connu une évolution substantielle les conduisant
financier, vers des modélisations plus complexes et, a priori, plus réalistes, faisant intervenir
production qu’à la dimension répartition. Cette évolution guidée par celle des théories de la
capital humain et la gestion des ressources humaines, dans la mesure où les compétences
souci d’intégrer, dans la gouvernance, les dimensions comportementales peut également être
Cette évolution a des implications importantes tant sur les plans explicatif que
normatif pour la recherche sur la gouvernance. Sur le plan explicatif, les développements
les résultats obtenus conduisent à considérer prudemment les propositions visant à réformer
témoignent les difficultés rencontrées lors des réformes entreprises dans certains pays de
même, les succès rencontrés par certaines économies émergentes, sur la base de SG ayant des
interrogations.
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actuellement être apportée (Yoshikawa et Rasheed, 2009), deux niveaux d’analyse semblent
devoir être distingués, celui des systèmes nationaux et celui des firmes.
Au niveau des SG nationaux, tant les rigidités culturelles et politiques que le caractère
que l’hypothèse de convergence forte, au sens formel, est peu plausible et, ce, d’autant plus
qu’on considère les dimensions non disciplinaires. Le fait que les différents systèmes, à
l’instar de qui s’est passé pour le système américain lorsqu’il a dû réformer ses modes de
production, semblent avoir une capacité d’adaptation fonctionnelle (Gilson, 2004) qui leur
permet de conserver une structure formelle différente, représente un argument fort en faveur
conféré par les marchés financiers tant pour lever des fonds à un coût avantageux que pour
l’avantage compétitif lié à la possibilité de procéder à des acquisitions en payant avec ses
propres titres. Cette diffusion serait en outre facilitée par l’isomorphisme institutionnel qui
semble expliquer la proximité des contenus des différents codes nationaux de bonne
gouvernance (Zattoni et Cuomo, 2008), alors que leur lien avec la performance est loin
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