NPC Sept18 Marivaux
NPC Sept18 Marivaux
NPC Sept18 Marivaux
nrp Marivaux,
La Colonie, 4e
N° 659
lettres collège
supplément
www.nrp–college.com
L’histoire Les enjeux pédagogiques
Des hommes et des femmes réfugiés • Le genre de la comédie et le lexique du théâtre
sur une île déserte, ou presque. • Les valeurs portées par les personnages
de la pièce et leur confrontation
Un nouveau gouvernement à fonder.
• Une fiction au service de la critique sociale
C’est l’occasion pour les femmes
• Une utopie
de faire entendre leur voix
et de demander à participer aux lois. • Deux lectures d’images en couleurs
Marivaux,
La Colonie
Par Carole Guidicelli, docteur en études théâtrales et enseignante
Sommaire
Étapes Séances Fiches élève
1 Vue d’ensemble sur l’auteur et la pièce 1 Premiers pas dans La Colonie –
Lecture transversale, repères 3 Personnages en présence
Lecture 21
2 Une comédie politique ? (scène I)
Lecture analytique 4
3 Vers la guerre des sexes (scène II)
Lecture analytique, écriture 5 2 L’expression de l'ordre, de la défense
Étape I
et du conseil
Découvrir la 4 Le féminisme au cœur de la pièce (scène IX)
Conjugaison 23
pièce et ses Lecture analytique 7
enjeux
5 La condition féminine en jeu :
se mobiliser pour l’oral 3 Les figures de style : ornement et force du
Méthode, oral 9 discours
Langue (figures de style) 24
4 Les droits des femmes :
une longue lutte pour l’égalité
Repères 25
Éditeur : Nathan, 25 av. P. de Coubertin 75013 Paris – Directrice de la rédaction : Yun Sun Limet – Conseillère pédagogique : Claire Beilin-Bourgeois –
Directeur de la publication : Catherine Lucet – Directeur délégué : Delphine Dourlet – Fabrication : Isabelle Guerrier – Édition : Charlotte Dordor –
Édition Web : Alexandra Guidal – Iconographie : Gaëlle Mary – Marketing/Diffusion : Anne-Sophie Arlette, Laura Millet – Impression : Imprimerie de
Champagne ZI les Franchises 52200 Langres – Création de la couverture : Christophe Billoret – Création des pages intérieures : Élise Launay –
Réalisation maquette : Pierre-Yves Skrzypczak – Réalisation couverture : Alinéa, 40, rue des Bas-Bourgs 28000 Chartres – Publicité et partenariats :
Comdhabitude publicité, Directrice de la publicité : Clotilde Poitevin, 7 rue Émile Lacoste 19100 Brive. Tél. : 05 55 24 14 03 – Code article : 115050 –
N° d’édition : 102 45 425 – Dépôt légal : septembre 2018 – Commission paritaire : 0719T83332
Crédits photographiques : Couverture : Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et La Colonie), mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Aurélie
Ruby (Arthénice), Mathilde Monjanel (assemblée des femmes), Laure-Hélène Favennec (madame Sorbin) et Amélie Esbelin (Lina), Nouveau théâtre de
Montreuil, 2011, © Pierre GROSBOIS
Page 3 © ADOC-PHOTOS ; 5 © Pierre GROSBOIS ; 7 © Pierre GROSBOIS ; 8 © Leemage.com ; 11 © Pierre GROSBOIS ; 13 Photo © Centre Pompidou, MNAM-
CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost ; 14 Photo Marc-André Goulet ; 17 et 20 © Natalie Beder ; 28 © Justine Ducat.
Questions
Éléments de réponse
Un dialogue bloqué
Questions
5. Le silence de Timagène (l. 78 à 86) peut avoir plusieurs rai- 9. Malgré leur différence de classe sociale, Timagène et mon-
sons. Peut-être ne veut-il pas s’opposer à Arthénice et risquer de sieur Sorbin réagissent de la même manière. Ils rient quand ma-
la froisser ? Peut-être est-il du même avis que monsieur Sorbin ? dame Sorbin, puis Arthénice revendiquent le droit de faire des lois
Peut-être ne comprend-il pas l’enjeu du débat ? Quand Arthénice (l. 41-42 et l. 51) et n’acceptent pas de déléguer cette tâche aux
l’interpelle sur l’absence des femmes dans la concertation sur les hommes (l. 99-100). Tous deux dans la même situation (désignés
lois, il ne voit pas le problème (« J’avoue, Madame, que je n’entends pour rédiger les nouvelles lois), ils sont aussi modestes sur leur ca-
pas bien la difficulté non plus », l. 99-100). Arthénice décide alors de pacité à bien accomplir leur tâche et partagent la même conception
couper court à la conversation et de renvoyer Timagène, suivie dans de la place des femmes dans la société. Les deux personnages sont
cet exemple par madame Sorbin. en miroir l’un de l’autre, comme dans la scène les duos des couples
sont en écho l’un de l’autre, l’un sur le mode sérieux, l’autre sur le
mode comique.
Vers la guerre des sexes 10. Puisque les hommes refusent un vrai dialogue et se
moquent des aspirations des femmes, les femmes n’ont pas d’autre
Questions choix que de recourir à la menace et à préparer une guerre immi-
nente avec l’autre sexe. Madame Sorbin est la première à perdre
6. Observez les noms des quatre personnages. Qu’est-ce qui patience et à demander l’affichage d’une « ordonnance » (l. 15, 40).
permet de distinguer ceux qui appartiennent à la classe populaire Puis elle menace de nouveau (« on vous en donnera de la drôlerie »,
de ceux qui font partie de la noblesse ? l. 54) avant de faire taire son mari (« Paix, malhonnête », l. 67) et
de s’emporter contre lui (« En colère », l. 72). Enfin, elle refuse de
7. Comment Timagène s’adresse-t-il à Arthénice ? Quels sont
répondre à son mari qui cherche à en savoir plus sur ce que pré-
les indices qui montrent qu’il a reçu une éducation noble ? qu’il est
parent les femmes ; elle renouvelle la menace énigmatique avec
amoureux d’Arthénice ?
la mention du « placard au son de la trompe » (l. 117). De son côté,
8. Monsieur et madame Sorbin sont issus du peuple. Qu’est-ce Arthénice est venue en renfort de madame Sorbin lorsqu’elle était
qui, dans leur langage, trahit leur classe sociale ? moquée sur son projet de faire des lois, tandis que madame Sorbin
9. Montrez que malgré leur différence de classe sociale, Tima- venait l’épauler à d’autres moments. Toutes deux fonctionnent en
gène et monsieur Sorbin réagissent souvent de la même manière miroir, le point culminant de la crise venant à la page 25 où les deux
aux propos des femmes. duos, celui des nobles et celui des gens du peuple se répondent
10. Montrez que la situation s’envenime au fil du dialogue et (rupture et menace adressée aux hommes récalcitrants et mo-
que les femmes n’ont pas d’autre choix que de recourir à la menace. queurs).
éléments de réponse
Rédaction
6. Les deux aristocrates, Arthénice et Timagène, sont désignés
par leurs prénoms (à consonance grecque) tandis que les deux per-
sonnages du peuple sont désignés par leur nom de famille. Sujet
7. Timagène s’adresse à Arthénice par son prénom (précédé Rédigez une scène théâtrale de conflit à notre époque dans
d’un adjectif épithète « Belle Arthénice ») lorsqu’il l’apostrophe, laquelle deux personnages s’opposent par arguments interposés
mais il l’appelle « Madame » et la vouvoie, ce qui traduit les rapports sur un sujet de société important.
sociaux habituels dans l’aristocratie, y compris dans une relation
amoureuse. La bonne éducation de Timagène transparaît aussi à Critères de réussite
travers la politesse dont il fait preuve en s’excusant de ne pas avoir
La scène est correctement construite si : elle contient un conflit
aperçu Arthénice plus tôt (« Pardon », l. 1), en prenant le temps
entre deux personnages à notre époque ; chaque personnage dé-
d’écouter ses interlocuteurs (l. 60, 68) et de leur répondre poliment
fend des arguments ; la forme respecte celle d’une scène de théâtre ;
et sans détour lorsqu’une question lui est directement posée (l. 20
les arguments respectent aussi une certaine logique (notamment
et suiv., l. 100).
par l’emploi de connecteurs argumentatifs et d’un lexique de l’argu-
Par ailleurs, on décèle un amoureux dans la façon dont il
mentation) ; l’opposition est exprimée clairement.
s’adresse à Arthénice (« Belle Arthénice », l. 1) et à travers la peine
La scène est bien écrite si : le texte produit respecte la syntaxe,
qu’il éprouve lorsqu’elle coupe court à la conversation et le congédie
la conjugaison, les accords (singulier / pluriel, féminin / masculin,
(l. 113-114), ainsi que dans son désir de régler au plus vite ce qu’il
sujet / verbe, participe passé) et la ponctuation.
pense être un malentendu avec elle (l. 121-122).
La copie est lisible et bien présentée.
8. Monsieur et madame Sorbin sont clairement identifiables
comme des gens du peuple par leur façon de parler : le tutoiement Oralisation
entre mari et femme, les apostrophes « ma femme » (l. 4) et « mon
mari » (l. 25), la trivialité de leur conversation ou de certaines de Les rédactions les plus réussies pourront être lues voire jouées
leurs expressions (l. 11, 30), leur emportement et la vivacité avec devant la classe en fonction de quelques indications données à des
laquelle ils peuvent se faire taire voire s’insulter (l. 34, 37, 67, 112), volontaires par l’auteur du texte.
leurs jurons (« Pardi », l. 38, 82).
Identifier des procédés rhétoriques et stylistiques et les inter- 3. Observez la première réplique d’Arthénice (l. 1 à 7). Par
préter. quelles expressions les hommes sont-ils désignés ? Quels sont les
torts des hommes envers les femmes, selon elle ?
Durée
4. Observez la deuxième réplique d’Arthénice. Quel est le
1 heure 30. défaut que les hommes attribuent aux femmes ? Est-ce justifié ?
Ê Fiche élève 3 Arthénice répète le verbe « décider » (l. 9-10) : sur quelle idée veut-
Les figures de style : ornement et force du discours, p. 24. elle insister ?
5. Comment Arthénice explique-t-elle que les femmes ac-
ceptent de se laisser convaincre de leur incompétence par les
hommes (l. 24 à 29) ?
6. Pour inciter les femmes à reprendre confiance en elles et à
La scène IX est centrale dans la pièce, par sa place d’abord, par tenir tête aux hommes, Arthénice entreprend de faire un portrait
sa longueur ensuite, par son contenu enfin, puisqu’elle porte le dis- élogieux de la femme (l. 43 à 77). Relevez-en les principaux élé-
cours féministe en lui donnant la forme d’un plaidoyer pro domo ments et dites quels sont les champs lexicaux et les figures de style
prononcé par Arthénice. qui sont employés.
Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et La Colonie), scène IX, mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Mathilde
Monjanel et Aurore James (assemblée des femmes), Laure-Hélène Favennec (madame Sorbin, au centre), Aurélie Ruby (Arthénice),
Amélie Esbelin (Lina), Nouveau Théâtre de Montreuil, 2011.
Des gradations soulignent l’effet que produisent les femmes sur les
hommes (« enchante », « imprime un respect », « inspire un amour » ;
« surprend », « occupe », « attendrit », « ravit »).
7. Les hommes enferment les femmes dans un rôle social qui
les arrange : tâches domestiques (« économie de leur maison »,
« soupers »), métiers du textile (« tisser », « quenouille ») et plaisirs de
l’amour (« bagatelle »).
8. Arthénice voit la coquetterie comme un piège tendu
aux femmes qui deviennent ainsi prisonnières de leur désir de
plaire. à côté du champ lexical de la coquetterie se trouve celui
de l’intelligence à travers les termes « sagacité », « intelligence »,
« profondeur d’esprit », et « esprit » (l. 125 à 130). La coquetterie
fait donc des dégâts car elle pousse la femme à mobiliser toute
son énergie et toutes les ressources de son intelligence à son
service (l. 121-122) si bien qu’elle se dénature et perd tout son
mérite (« avilissement »). On trouve aussi le champ lexical de
la folie et de la bêtise (« sots », « renverser de petites cervelles »,
« démence », « vices »). La conséquence ultime est qu’en succom-
bant à la coquetterie, les femmes ne récoltent que le mépris des
La Marchande de rubans, une jeune femme coiffée à hommes (« injures ») pour leur stupidité (l. 136-137).
domicile s’entretient avec une marchande portant une mouche
sur son visage à la mode du siècle, huile sur toile de Sigmund
Freudenberg, xviiie siècle, Paris, musée Cognacq-Jay. Les réactions des femmes
7. Quel est le rôle dans lequel les hommes enferment les
femmes dans la société ? Pour quelle raison (l. 82 à 108) ? Questions
8. Comment Arthénice voit-elle la coquetterie (l. 113 à 137) ?
Quels sont les autres champs lexicaux qui apparaissent à côté de 9. Quelles sont les réactions des femmes qui écoutent Arthé-
celui de la coquetterie ? Quels sont les dégâts de la coquetterie nice à la page 42 et en quoi sont-elles utiles à Arthénice ?
(l. 133 à 137) ? 10. Observez la réplique d’« une des femmes » (l. 12 à 17). Que
désigne le pronom « on » et comment cette femme explique-t-elle
éléments de réponse que les femmes ne se rebellent pas contre les hommes ?
11. Quelle est l’expression qu’emploie madame Sorbin à la page
1. Au sens strict, un plaidoyer (ou plaidoirie) désigne au tribunal
42 et qui prouve que ce qui a été dit par Arthénice et par « une
le discours argumenté et convaincu que présente l’avocat devant
des femmes » est vrai ? Comment madame Sorbin appelle-t-elle sa
un juge. Au sens large, le plaidoyer est un discours de défense en
réaction ?
faveur d’une personne ou d’un groupe, d’une cause, d’une institu-
tion, d’une idée, d’une politique... Ici, Arthénice présente un plai- 12. à la page 49, après avoir écouté le plaidoyer d’Arthénice, à
doyer en faveur de la reconnaissance de la valeur et des droits des quelle conclusion en arrive madame Sorbin ?
femmes par rapport aux hommes dans la société.
éléments de réponse
2. Le pronom « nous » désigne l’ensemble des femmes.
3. Les hommes sont désignés par l’expression « nos tyrans ». 9. Les réactions des femmes qui écoutent Arthénice (p. 42) jus-
Arthénice leur reproche d’opprimer les femmes et de se montrer tifient le propos d’Arthénice et lui permettent de rebondir dans le
injustes envers elles. sens de sa démonstration.
4. Les hommes reprochent aux femmes de « ne pas avoir le 10. Le pronom « on » désigne les hommes. La femme qui parle
sens commun », c’est-à-dire de manquer de bon sens, d’intelligence explique que les femmes ne se rebellent pas parce qu’elles ont
pratique. C’est injustifié, selon Arthénice. Celle-ci répète le verbe été conditionnées de génération en génération à croire qu’elles
« décider » pour insister sur le fait que ce sont les hommes qui ont n’avaient pas les compétences nécessaires pour remplir un autre
choisi de penser cela pour écarter délibérément les femmes de cer- rôle que celui que les hommes ont décidé de leur attribuer.
tains domaines. 11. Madame Sorbin emploie l’expression « je ne suis qu’une
5. Arthénice explique que les femmes se sont laissées femme », ce qui montre combien elle a été conditionnée pour dou-
convaincre par les hommes de leur incompétence dans certains ter de ses capacités. Quand elle en prend conscience, elle appelle
domaines par manque de confiance en elles. cela « moutonnerie », c’est-à-dire le fait de suivre sans s’interroger
6. Le portrait élogieux de la femme que dresse Arthénice (l. 43 la direction imposée.
à 77) passe par l’utilisation du champ lexical de la beauté associé 12. Madame Sorbin en arrive à la conclusion suivante : « Je fais
à des hyperboles (« le plaisir des yeux », « les grâces et la beauté », vœu d’être laide, et notre première ordonnance sera que nous tâchions
« le plus de charmes », « ces charmes », « des teints de lis et de rose »). de l’être toutes. »
Ruse d’amoureuse,
ruse de langage (scène XI)
3. Quelles informations importantes Lina donne-t-elle à Persi-
Support net à partir de la ligne 31 ?
Marivaux, La Colonie, scène XI, p. 56 à 58.
Éléments de réponse
Objectifs
– Comprendre la double (voire ici la triple) énonciation au 1. Au début, Lina, comme l’indique la didascalie initiale de la
théâtre. scène « un moment seule », se parle à elle-même (et bien sûr en
– Analyser le comique de la scène. définitive, elle s’adresse au public). Puis quand Persinet arrive et
– Jouer une scène de théâtre en fonction de consignes de jeu qu’il se met à lui parler (« Lina, ma chère Lina, contez-moi […] »),
simples. elle continue à faire comme si elle se parlait à elle-même. Mais le
Compétences contenu de son discours s’adresse en fait à Persinet. Elle trouve le
moyen de lui faire savoir qu’elle n’a pas le droit de lui parler ni de le
– Acquérir des éléments d’analyse d’œuvres théâtrales.
regarder (« on me l’a défendu ») et elle établit donc une convention
– Exploiter les ressources de la voix, de la respiration, du
avec lui : « il peut me parler, lui, on ne m’a pas ordonné de l’en empê-
regard, de la gestuelle.
cher ». Nous constatons qu’elle parle à mots couverts et désigne
Durée sa mère par le pronom « on », parce que, dit-elle, elle a peur d’être
1 heure 30 + 1 heure de mise en jeu. observée. Lina parle donc de Persinet à Persinet (à la 3e personne
du singulier), c’est-à-dire comme s’il n’était pas là (ou bien comme
Ê Fiche élève 5 si elle ne savait pas qu’il était là).
L’énonciation au théâtre, p. 26.
2. Dans ses répliques (l. 18 à 20 et 25-26), Lina emploie quatre
fois le conditionnel présent : « aurait », « laisserais », « donnerais »,
« faudrait ». Ce temps est employé chaque fois dans le cadre d’une
hypothèse (si Persinet allait mourir et que Lina soit la seule à pou-
Lina et Persinet sont les deux jeunes amoureux de la pièce et voir le sauver) et pour prouver à Persinet qu'elle l’aime vraiment.
sont promis l’un à l’autre. Avec la révolte des femmes, tous deux 3. Lina résume les derniers événements à Persinet : les femmes
voient leurs espoirs de mariage anéantis. Madame Sorbin, la mère se sont révoltées pour des raisons politiques (l. 31 et 33). Elles ont
de Lina, a exclu Persinet (pourtant favorable à leur cause) de l’assem- décidé constituer leur propre société et de voter leurs propres lois
blée de femmes. Elle a aussi ordonné à sa fille de ne plus le voir et de (l. 35-36). Toutes les femmes s’apprêtent à faire sécession d’avec
ne plus lui adresser la parole. Le jeune homme se désespère. Alors les hommes (l. 38-39). Elles cesseront pour cela de prendre soin
que Lina, postée à l’écart, est chargée de prévenir les femmes de la d’elles pour éloigner les hommes (l. 41-42). Ces décisions seront
fin de la réunion du Conseil, elle aperçoit son amoureux et imagine annoncées solennellement un peu plus tard au son d’une trompe
une ruse de langage pour l’informer des derniers développements et affichées publiquement (l. 42-43).
de la situation sans pour autant désobéir directement à sa mère.
C’est ce que permet l’énonciation théâtrale, dont l’élève examinera la
spécificité au cours de cette séance. Ce procédé renforce le caractère
touchant et drôle de la scène.
Une scène touchante et drôle
Questions
La ruse de Lina ou le jeu avec 4. Que ressent Persinet ? Quels sont les termes et les figures de
l’énonciation théâtrale style repérables dans ses répliques tout au long de la scène ?
5. Comment les répliques de Lina et celles de Persinet s’en-
Questions chaînent-elles ? Quels thèmes et champs lexicaux communs re-
trouve-t-on entre les répliques des amoureux ?
1. à qui parle Lina ? Pourquoi parle-t-elle de Persinet à la 3e per- 6. Que pensez-vous des deux amoureux ?
sonne du singulier alors qu’il est à côté d’elle ? Qui se cache derrière
le pronom « on » employé par Lina ? Éléments de réponse
2. Dans les répliques de Lina aux lignes 18 à 20 et 25-26, quels
sont les verbes conjugués au conditionnel présent ? Qu’est-ce que 4. Persinet utilise des termes très forts (hyperboles) pour expri-
Lina veut faire comprendre à Persinet ? mer sa situation (qu’il qualifie de « désastre ») et son état émotion-
Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et La Colonie), scène XI, mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Amélie
Esbelin (Lina) et Thomas Visonneau (Persinet) Nouveau Théâtre de Montreuil, 2011.
nel. Il emploie une gradation (« […] tout tremblant, je n’en puis plus, 6. Les amoureux nous frappent par leur discours naïf qui trahit
je me meurs », l. 5) et mêle le champ lexical de la mort à ceux de la la spontanéité et la simplicité de deux très jeunes gens qui sont pris
vie, de l’amour et de la guérison. Il ressent douloureusement le fait entre le respect qu’ils ont pour leurs aînés et leurs sentiments. Trop
que Lina ne s’adresse pas directement à lui et qu’elle ne le regarde faibles pour se faire vraiment entendre, ils subissent la situation
même pas : c’est ce qui renforce son désespoir (l. 13 à 17 et 29-30). et doivent soit ruser soit demander de l’aide à qui veut bien les
On retrouve dans sa bouche la métaphore du regard de la personne tirer d’affaire (c’est ce que va faire Persinet à la fin). Par amour, Lina
aimée comme « remède » (l. 22). Plus loin, Persinet passe de l’éton- trahit finalement la confiance de sa mère en dévoilant les plans
nement (l. 32) à la révolte naïve (l. 44-45). Indigné et malheureux à des femmes ; de son côté, Persinet, en allant prévenir les hommes,
la fin, il sort demander de l’aide aux autres hommes. provoque la chute des femmes. Néanmoins, les deux personnages
5. Entre les répliques de Persinet et celles de Lina, c’est d’abord sont drôles et touchants et apportent de la fraîcheur à la pièce.
un jeu d’hypothèse (« si je pouvais lui parler ») ou de question /
réponse (« me retrancher vos yeux ? » / « il est vrai qu’il peut me par-
ler »). Puis les répliques des amoureux s’enchaînent selon les mêmes
thèmes et reprennent parfois les mêmes mots (champs lexicaux Pour aller plus loin
de la vie, la mort, du regard). On a donc un duo d’amour (l. 15 à
30). Ensuite, à chaque information donnée par Lina apparaît une
Jeu théâtral
question de Persinet qui ressemble à une réaction incrédule (l. 32,
34, 36, 40). Enfin, dans le dernier mouvement de la scène (l. 41 à 53), Proposez à plusieurs duos d’élèves de travailler la scène de diffé-
alors que Lina est désespérée parce que les autres femmes l’obli- rentes manières, chaque duo suivant une consigne différente pour
geront à s’habiller « d’un sac » et à être « laide », Persinet s’arme de obtenir une mise en jeu différente. Un petit groupe d’élèves pourra
courage et lui réitère son amour avec ardeur (« Toujours à vous, mon observer chaque duo et noter ce que la consigne de jeu révèle
petit cœur »). chaque fois de différent sur les personnages et sur leur relation.
mêler de tout, être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois,
éléments de réponse ceux de finance, de judicature et d’épée. »
5. Les femmes s’expriment dès le début de la scène sur un ton 7. Les femmes s’insurgent contre le rôle qui leur est tradition-
péremptoire et même virulent. Leurs questions sont des façons nellement dévolu dans la société : celui de « filles » soumises à
d’interpeller les hommes et de leur demander des comptes à la l’autorité d’un père, puis de « femmes » placées sous l’autorité d’un
manière d’Arthénice : « […] vous allez faire des règlements pour la Ré- mari. Elles réclament par exemple de pouvoir entrer dans l’armée.
publique, n’y travaillerons-nous pas de concert ? à quoi nous destinez- Arthénice réfute l’argument souvent avancé par les hommes de la
vous là-dessus ? ». Les phrases exclamatives (« Battez tambour ! » or- peur des femmes face au danger. La faute en incombe selon elle à
donne madame Sorbin) et les verbes à l’impératif sonnent comme l’éducation donnée aux filles : « nous n’avons été poltronnes que par
une déclaration de guerre tandis que le ton devient belliqueux éducation ». Les femmes revendiquent aussi le droit d’exercer un
(« Lisez l’affiche, l’explication y est », « il n’y a rien à rabattre, sinon lisez métier (énumération des métiers d’« avocate », de « présidente »,
notre édit, votre congé est au bas de la page »). Arthénice s’exprime de « soldate »…). L’argument donné est celui de l’égalité, puisque
avec autorité, sur un ton très catégorique qui place les hommes les femmes estiment être égales voire supérieures aux hommes en
devant un ultimatum : « J’ai dit. Il serait inutile de me répondre, prenez termes de qualités et mêmes de défauts, comme le traduit l’emploi
votre parti […] suivez-moi, Madame Sorbin, sortons. » de superlatif « plus méchantes que vous ». Autre argument : s’il peut
paraître étrange au début que des femmes exercent certaines pro-
6. Les femmes réclament de pouvoir exercer des responsabilités
fessions, c’est simplement parce que nous n’y sommes pas habitués
dans des domaines qui, jusque-là, étaient réservés aux hommes
(« il n’y a que l’habitude à tout »). Autre argument encore : la parole
comme la justice, l’armée et les affaires. Ces revendications sont
est un « don » chez les femmes ; elles peuvent donc devenir de meil-
exprimées dans la réplique d’Arthénice : « […] nous voulons nous
leures avocates que les hommes. Dernier argument : même dans
les professions où les hommes semblent exceller comme celles des
« armes », du commerce, ou de la magistrature par exemple, les
femmes pourraient aisément être plus compétentes qu’eux.
Le comique de la scène
Question
éléments de réponse
Des grains de sable et des hommes (La Colonie suivie de L’Île des esclaves), mise en scène de Markita Boies, École supérieure de
théâtre, UQAM, Montréal, 2010.
ses mauvaises manières (« rusticité ») et son mauvais caractère nice », « sa raison, sa politesse, ses grâces et sa naissance ») et destiné
(« bien de la peine à s’accommoder de vous »). Celui-ci se fait donc le à provoquer l’hostilité de madame Sorbin. Son aparté avec Arthé-
porte-parole des préjugés des nobles vis-à-vis des gens du peuple. nice attise l’animosité de sa partenaire. Néanmoins, en ayant soin
2. Madame Sorbin a une double réaction au discours que de se présenter comme le simple relais de l’opinion des hommes, il
tient Hermocrate. D’abord, elle bouillonne de colère (exclamation s’évite des représailles. Puis il prend le parti de madame Sorbin en
« Tredame ! », répétition de l’adjectif « petit »). Ensuite, elle réagit soutenant l’abolition des privilèges au nom de sa propre apparte-
en radicalisant sa position : puisque les nobles n’ont aucune consi- nance au tiers état (« je suis bourgeois ») et de ses idées progressistes
dération pour elle, elle réclame l’abolition des privilèges (« […] la (« philosophe »). Il s’attache ensuite à flatter à outrance les qualités
gentilhommerie, je la casse pour ôter les petites conditions, plus de de raisonnement de madame Sorbin par une comparaison avec
cette baliverne-là »). Elle pousse cet élan révolutionnaire jusqu’à le philosophe Socrate et montre clairement son désaccord avec
appeler Arthénice « camarade », puis la désigne par son seul rang Arthénice.
(« la noble »). Le ton monte donc entre les deux femmes au cours de Cette manipulation particulièrement habile des deux femmes
la scène jusqu’au point de rupture. par la parole se double d’un effet de mise en scène.
Pour mémoire, l’abolition des privilèges ne sera votée que le 5. Pour accélérer le processus de réconciliation des femmes
4 août 1789. A posteriori nous pouvons donc affirmer que madame avec les hommes, rien de tel qu’un péril imminent : celui d’une
Sorbin préfigure l’esprit révolutionnaire de près de quarante ans. attaque par les indigènes de l’île. Hermocrate a donc eu soin de
3. Arthénice s’oppose ici radicalement à madame Sorbin pour la faire habiller quelques hommes en tenue de combat et de prévoir
première fois au cours de la pièce : c’est donc le signe que cette der- l’entrée en scène de Timagène annonçant la bataille. Cet effet de
nière vient de s’attaquer à une valeur fondamentale et intouchable surprise réveille le réflexe de peur auquel les femmes ont été condi-
(« Comment donc […] vous supprimez les nobles ? »). Elle affirme (au tionnées et les précipite dans le giron des hommes pour y trouver
futur) sa détermination à défendre le statut de la noblesse (« Je n’y protection. Les femmes renoncent ainsi à leur désir d’émancipa-
consentirai jamais ; je suis née avec un avantage que je garderai »). Sa tion (« Viens, mon mari, je te pardonne ; va te battre, je vais à notre
bienveillance pour son ancienne alliée se change en mépris (elle ménage » dit madame Sorbin à la fin de la scène XVIII).
désigne madame Sorbin par une périphrase ironique : « Madame Malgré l’engagement final de Timagène à tenir compte, désor-
l’artisane » et reprend à son compte le reproche de « rusticité » mais, des « droits » des femmes, la fin de La Colonie sonne néanmoins
formulé plus tôt par Hermocrate). Elle devient même insultante le glas du mouvement de libération de la femme né dans la pièce.
pour madame Sorbin (« Cette extravagante ! / cette harengère ! », Au temps de Marivaux, l’égalité entre les femmes et les hommes
« La Sorbin ! ») et finit par exprimer son dégoût envers elle à la scène était encore de l’ordre de l’utopie.
XVIII (« La brutalité de cette femme-là me dégoûte de tout »). Dès lors,
l’union sacrée entre les deux femmes et, à travers elles deux, celle
des femmes du tiers état et de la noblesse, est définitivement rom- Travail d’écriture et de création
pue sous l’effet de la stratégie d’Hermocrate. artistique
À la maison, au moins pour la partie plastique.
Hermocrate, fin stratège et
Sujet
manipulateur
Vous voulez représenter La Colonie avec des camarades. Imagi-
nez et réalisez une affiche pour le spectacle et rédigez à l’aide d’un
Questions logiciel de traitement de texte un petit texte présentant la pièce que
vous distribuerez au public le soir de la représentation.
4. Quel double jeu Hermocrate joue-t-il avec madame Sorbin
et avec Arthénice ? Développez votre analyse.
Critères de réussite
5. Quelle est la petite mise en scène conçue par Hermocrate
pour pousser les femmes à se réconcilier avec les hommes ? – Rédiger un texte de présentation de la pièce pour un lectorat
donné et dans un contexte déterminé.
éléments de réponse – Rédiger un texte qui ne dévoile pas tout et donne envie de
voir le spectacle.
4. Hermocrate tient tantôt le discours de la noblesse quand – Rédiger un texte bref, précis, sans faute et bien présenté.
il s’adresse à Arthénice, tantôt le discours du tiers état quand il – Maîtriser les fonctions de base d’un logiciel de traitement de
penche du côté de madame Sorbin. Tirant toujours son épingle du texte.
jeu, il fait en sorte de les monter l’une contre l’autre sans que jamais – Produire une affiche qui corresponde aux contenus et aux
ne leur vienne l’idée de se liguer contre lui. Sa stratégie consiste enjeux de la pièce.
d’abord à adopter l’attitude modeste de celui qui vient négocier – Choisir la technique le plus adaptée à ses capacités et à ses
un traité de paix pour le camp des vaincus (« Vous l’emportez Ma- désirs (collage, photographie, feutre, peinture, pastel, dessin assisté
dame », « vous triomphez d’une résistance », « vous avez part à tous les par ordinateur…).
emplois »). Cette ruse s’accompagne d’un discours flatteur adressé – Faire preuve de créativité dans la réalisation plastique de
à Arthénice (grâce à l’énumération de ses qualités : « la noble Arthé- l’affiche.
Éléments de réponse
Supports et outils
– Marivaux, La Colonie. 1. Le symbole « ® » signifie « registered trademark », c’est-à-dire
– Internet. signale que le nom de produit qui le précède est une marque dépo-
– Extraits du dossier pédagogique du spectacle La Femme® sée, comme ici le nom « Femme » avec une majuscule. L’auteure es-
n’existe pas (2018). saie de nous faire comprendre que la Femme, le concept, l’identité
n’existent pas en tant que tels mais sont un produit, une invention
Objectif de la société de production et de consommation.
Identifier les partis-pris d’une réécriture. 2. « La Femme n’existe pas » est une phrase prononcée par le
Compétences psychanalyste Jacques Lacan pour contester les théories de Freud
– Faire dialoguer entre elles des œuvres littéraires. selon lesquelles la différence sexuelle serait fondamentale pour
– Lire des documents variés. expliquer la constitution du psychisme humain.
Durée 3. Plusieurs hypothèses possibles pour expliquer ce nouveau
titre : par honnêteté car ce n’est pas exactement le texte de Mari-
1 heure 30.
vaux ; parce que le titre La Colonie est moins évocateur que celui
qu’elle a choisi ; parce que son titre met l’accent sur l’idée que la
notion de genre est construite par la société, notamment détermi-
née par la société de consommation.
La Femme® n’existe pas, mise scène de Keti Irubetagoyena, avec Grace Seri (Lina), Théâtre Variable n°2, photogramme de Nathalie
Beder, répétition, 2017.
MADAME SORBIN.
En un mot
Ressources pour l’enseignant
Barbara Métais-Chastanier, Il n' y a pas de certitude suivi de La
on se sacrifie Femme n'existe pas, éditions publie.net, 2018.
on entre dans la bataille
plutôt mourir que d’endurer plus longtemps nos affronts.
Document 1
ARTHÉNICE. Deux exemples de slogans peints sur les banderoles des
Mais je vous garantis un nom immortel. femmes lors du spectacle :
– « La femme® est un objet à usage unique ou répété.
MADAME SORBIN. Il existe des versions plus résistantes, lavables, ou pouvant être rechar-
Nous toutes gées, on les appelle “épouse”. »
dans vingt mille ans – « L’intérêt de l’usage unique est le moindre coût
nous ferons encore la Une de production et la réactivation de la consommation.
têtes d’affiche et gros titres parce que nous aurons essayé. C’est un produit que l’on appelle ”putain”. »
ARTHÉNICE.
Document 2
Et quand bien même nous ne réussirions pas aujourd’hui nos
petites-filles réussiront demain. « Note d’intention de l’écriture » par Barbara Métais-Chastanier
Barbara Métais-Chastanier, Il n' y a pas de certitude suivi de […] La réécriture que j[e] propose [de La Colonie] avec La
Femme® n’existe pas ouvre ces enjeux sur le présent, joue de
La Femme n'existe pas, éditions publie.net, 2018.
l’anachronisme, du rapprochement ou du plus grand écart.
Interpellée par la possibilité de lire La Colonie comme une
Questions fable où serait mise en scène la question de l’agir, du droit
1. Relevez dans le texte au moins une phrase ou une proposi- et de l’organisation sexuelle et politique, je me suis prise
au jeu de la greffe pour faire sonner les triples rapports
tion susceptible de servir de slogan dans le cadre d’une manifes-
de domination que maille le texte de Marivaux : violences
tation.
de genre, rapports de classes et, plus souterraines mais
2. Quel niveau de langue emploient madame Sorbin et Arthé- présentes à travers la fiction des sauvages habitant l’île,
nice ? Qu’en déduisez-vous ? discriminations racistes.
3. Quels sont les abus que subissent les femmes ? L’identité y apparaît pour ce qu’elle est : une circonstance,
4. Quels sont les éléments qui rattachent ce texte à l’époque une stratégie et, le plus souvent, un rapport de force qui ne
contemporaine ? dit pas son nom. L’échec de la révolte menée par Arthénice
et Madame Sorbin découvre le fait que « la » femme n’existe
5. Qu’est-ce qui est comique dans ce texte ? pas car celles qui fondaient leur alliance sur la fusion
(« Il n’y a plus qu’une femme et qu’une pensée ici ! ») sont
Éléments de réponse obligées de constater à l’issue de la fable que les dissensus
l’emportent.
1. Quelques slogans possibles : « On n’est pas des délinquantes
on est des militantes », « plutôt mourir que d’endurer plus longtemps C’est ce récit de l’échec de la lutte des femmes qu’interroge
nos affronts » et « sur cette île tout est possible ». la réécriture : comment s’y prennent les dominants pour
forcer les dominés à consentir à leur propre domination ?
2. Arthénice emploie constamment un niveau de langue sou- Quelles stratégies mettent-ils en place ? Comment s’y
tenu alors qu’il arrive à madame Sorbin d’utiliser des expressions prennent-ils pour naturaliser leurs privilèges ?
familières (« botter le cul du patriarcat »). Ces différences traduisent
[…] Non content de mettre l’accent sur le caractère
la différence de classe sociale entre les deux femmes. construit et historique de l’identité de genre, [Marivaux]
3. Parmi les abus que subissent les femmes figurent les pose les conditions de son exercice de domination.
« agressions verbales ou sexuelles », les « violences conjugales » quo- S’il s’agit de défaire la croyance dans des normes naturelles,
tidiennes, « le harcèlement et l’humiliation dans la rue ou au travail ». La Femme® n’existe pas est à la fois un pied de nez à l’échec
4. Ce texte se rattache à l’époque contemporaine par plusieurs que se propose la pièce et un jeu grinçant et amusé avec la
aspects : la façon dont sont nommés les abus subis par les femmes fiction révolutionnaire qu’invente Marivaux : une anatomie
(termes contemporains), les expressions renvoyant au pouvoir des des formes politiques de la domination.
médias dans la société (« la Une », « têtes d’affiche et gros titres »), la
mention du fœtus et la référence implicite au droit à l’avortement
(« on se soucie de la vie comme d’un fœtus »).
5. Le comique transparaît à travers les mots (le jeu de mots
entre « fétu » et « fœtus »), les gestes suggérés (« botter le cul du
patriarcat »), les caractères (madame Sorbin, personnage truculent
en contraste avec Arthénice, personnage plus précieux).
Ê Fiche élève 7 1. Quels sont les personnages présents à l’image dans la scène
Jouer la révolte des femmes, p. 29. de la conversation téléphonique ?
2. Comment l’acteur qui interprète Arthénice parvient-il à
construire l’image d’un personnage féminin ?
Regardez plusieurs fois la présentation vidéo du spectacle
(www.theatrevariable2.com/la-femme-nexiste-pas/) et analysez les 3. Comparez le jeu de l’acteur jouant Arthénice et de l’actrice
choix de l’équipe artistique en répondant aux questions. jouant madame Sorbin. Que remarquez-vous ?
4. La différence de leur jeu a-t-elle seulement pour fonction
d’opposer des comportements « féminins » et « masculins » ?
L’actualisation 5. Quels sont les personnages présents dans la scène de dia-
logue amoureux ?
Questions
6. Tous les personnages de La Colonie sont des Européens ve-
1. À quelle époque appartiennent les costumes des acteurs et nus s’implanter sur une île peuplée de « Barbares » qu’on ne voit
actrices ? jamais. Quel sens donnez-vous au fait de faire jouer Lina par une
actrice noire ?
2. Donnez quelques exemples d’objets contemporains présents
sur la scène.
Éléments de réponse
3. Donnez des exemples d’expressions contemporaines dans
les extraits entendus. 1. Les personnages présents sont Arthénice (à gauche) et ma-
4. Donnez un exemple de jeu entre deux significations diffé- dame Sorbin (à droite).
rentes d’un même mot, l’une propre à l’époque de Marivaux, l’autre 2. L’acteur se sert d’abord de son costume (il porte un serre-
à l’époque d’aujourd’hui. tête et des boucles d’oreille, une large ceinture noire ferme l’imper-
5. Quelle impression se dégage de ces choix ? méable, les manches de l’imperméable sont retroussées), mais aussi
de certaines attitudes corporelles (le port très droit, le cou allongé,
Éléments de réponse la tête légèrement inclinée, à 1’15’’), du maquillage (visible aussi à
1’15’’), ou du mouvement des bras (à 2’10’’).
1. Les costumes appartiennent tous à l’époque contemporaine. 3. L’acteur a un jeu « féminin », l’actrice un jeu « masculin » :
2. Plusieurs objets contemporains sont présents sur scène elle appuie fortement ses bras et ses mains sur la table, se couche
comme la bombe de peinture, le téléphone, les banderoles, et plus presque sur elle pour s’emparer du téléphone. Ses gestes expriment
généralement le mobilier (chaises, tables, etc.). la force et la volonté, son visage montre directement ses émotions,
FI
e
aux besoins des élèves.
Nombre de pages
Arthénice
Madame Sorbin
Monsieur Sorbin
Timagène
Lina
Persinet
Hermocrate
Troupe de femmes,
tant nobles que du
peuple
Autre femme
Autre(s) homme(s) /
quelques hommes
en armes
1
abonnés numériques. Adaptable
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e
aux besoins des élèves.
3. à partir du tableau, répondez aux questions suivantes.. e. Que pouvez-vous dire de la présence en scène
d’Hermocrate ? Quelle hypothèse pouvez-vous avancer
a. Qui sont les personnages les plus présents sur scène ? pour déterminer le rôle de ce personnage dans la pièce ?
Qu’en concluez-vous ? ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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f. En fonction du nombre de scènes et de pages, que
b. Quels personnages apparaissent toujours ensemble sur remarquez-vous sur la longueur moyenne des scènes ?
scène ? Qu’en concluez-vous ? Quelles sont les scènes les plus longues ? Où sont-elles
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . situées ? Qu’en concluez-vous ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................ .. .. .. .. .. . .
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............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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d. Quand les hommes apparaissent-ils le plus ? Qu’en
concluez-vous ? ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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aux besoins des élèves.
L’expression de l’ordre,
de la défense et du conseil
Conjugaison
L’impératif
1. ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
Conjuguez à l’impératif les verbes suivants.
a.
Être : . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
Le subjonctif présent
4.
Conjuguez les verbes suivants au subjonctif présent. j. Faire : .. .............................................................................. . . . . . . . . . . . .
a.
Être : . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
k. Valoir : ............................................................................. . . . . . . . . . . . .
b. Avoir : .. . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
l. Voir : ................................................................................. . . . . . . . . . . . .
c. Pouvoir : .. . . . . . . . . . . ......................................................................... . 5. Recopiez à part la réplique de Lina, soulignez les
verbes conjugués au subjonctif présent, puis conjuguez-
d. Aller : .. . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . les à l’impératif avec les modifications nécessaires.
e. Savoir : . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . – Ma chère mère, c’est comme vous l’avez dit, que nous
soyons dames et maîtresses par égale portion avec ces mes-
f. Vouloir : . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . sieurs ; que nous travaillions comme eux à la fabrique des lois,
et puis qu’on tire, comme on dit, à la courte paille pour savoir
g. Donner : .. . . . . . . . . . ......................................................................... . qui de nous sera roi ou reine ; sinon, que chacun s’en aille de
son côté, nous à droite, eux à gauche, du mieux qu’on pourra.
h. Finir : . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
i. Boire : .. . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
3
abonnés numériques. Adaptable
FI
e
aux besoins des élèves.
Définitions
Emplois
2.
Soulignez les figures de style employées dans chaque f. Il est vrai que nous, les femmes, sommes des astres.
exemple et nommez-les. .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
a.
Ne suis-je pas l’élu du peuple ? Ne suis-je pas votre mari et g. Nous disons que le monde est une ferme, les dieux là-
le chef de la famille ? haut en sont les seigneurs, et vous autres hommes, depuis
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ . que la vie dure, en avez toujours été les fermiers.
b. Gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; faites ceci, .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
mon homme ; faites ceci, ma femme.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ . 3. Trouvez des exemples de figures de style que vous
c. Personne n’est tigre, il n’y a que vous ici qui portiez des utilisez ou que vous entendez employer.
griffes. a. Un exemple de périphrase : .......................................... . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
d. D’où vient que madame Sorbin me chasse ? J’en suis
b. Un exemple de métonymie : .. ....................................... . . . . . . . . . . .
encore tout tremblant, je n’en puis plus, je me meurs.
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .
e. Regardez-la : c’est le plaisir des yeux, les grâces et la c. Un exemple de personnification : . . ............................... . . . . . . . . . . .
beauté déguisées sous toutes sortes de formes se disputant .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
à qui versera le plus de charmes sur son visage et sur sa
d. Un exemple d’allégorie : ............................................... . . . . . . . . . . .
figure.
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .
FI
e
aux besoins des élèves.
................................................................................................. . . . . . . . .
1. Répondez aux questions suivantes (sur une feuille à
part pour a. et b.). ................................................................................................. . . . . . . . .
a. Qui était Olympe de Gouges et pour quel texte d. Qu’appelle-t-on aujourd’hui « la parité » entre les femmes
concernant les droits des femmes est-elle connue ? et les hommes ?
b. Quelles autres femmes ont joué un rôle important ................................................................................................. . . . . . . . .
pendant la Révolution française ?
................................................................................................. . . . . . . . .
c. Donnez une définition du mot « féminisme ».
. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................................................................... . ................................................................................................. . . . . . . . .
. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................................................................... . ................................................................................................. . . . . . . . .
Lexique
5
abonnés numériques. Adaptable
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aux besoins des élèves.
L’énonciation au théâtre
Lecture analytique
FI
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aux besoins des élèves.
Le dialogue au théâtre
Lecture analytique
La progression du dialogue
1. a. Dans l’extrait ci-dessous, soulignez les répétitions de Scapin. – Vous ne le déshériterez point.
mots d’une réplique à l’autre. Argante. – Je ne le déshériterai point ?
Scapin. – Non.
Octave. – Comment se porte, mon bon Monsieur, Argante. – Non ?
cette gracieuse mélancolie ? Scapin. – Non. […]
Cœlio. – Octave ! ô fou que tu es ! tu as un pied de Argante. – Qui m’en empêchera ?
rouge sur les joues ! D’où te vient cet accoutrement ? Scapin. – Vous-même.
N’as-tu pas de honte en plein jour ? Argante. – Moi ?
Octave. – Ô Cœlio ! fou que tu es ! tu as un pied Scapin. – Oui. Vous n’aurez pas ce cœur-là.
de blanc sur les joues ! D’où te vient ce large habit Argante. – Je l’aurai. [...]
noir ? N’as-tu pas de honte en plein carnaval ? Scapin. – La tendresse paternelle fera son office.
Cœlio. – Quelle vie que la tienne ! Ou tu es gris, ou Argante. – Elle ne fera rien. [...]
je le suis moi-même. Scapin. – Mon Dieu, je vous connais, vous êtes bon
Octave. – Ou tu es amoureux, ou je le suis moi- naturellement.
même. Argante. – Je ne suis point bon, et je suis méchant,
Cœlio. – Plus que jamais de la belle Marianne. quand je veux.
Octave . – Plus que jamais du vin de Chypre. Molière, Les Fourberies de Scapin, I, 4, 1671.
Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne, I, 1,
1833.
b. Que remarquez-vous sur la façon dont les répliques
b. Quel est l’intérêt de ces répétitions et que peut-on dire de s’enchaînent ?
la relation entre ces deux personnages ? .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... c. Quels sont les types de phrase que l’on trouve dans ce
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... dialogue ? Pourquoi différents types de phrase sont-ils
employés ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . .......................................................................
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
2. a. Lisez l’extrait ci-dessous puis soulignez les mots qui se
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
répètent d’une réplique à l’autre.
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Quoi ! je n’aurai pas pour moi les droits
de père et la raison de la violence qu’on a faite à mon .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
fils ?
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Scapin. – C’est une chose dont il ne demeurera pas
d'accord. d. Dans ce dialogue, quelle est la relation entre les deux
Argante. – Il n’en demeurera pas d’accord ? personnages ?
Scapin. – Non.
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Mon fils ?
Scapin. – Votre fils. [...] .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Et je veux, moi, pour mon honneur et
pour le sien, qu’il dise le contraire. [...] .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Scapin. – Il ne le fera pas, vous dis-je. .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Il le fera, ou je le déshériterai.
Scapin. – Vous ? .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Moi. [...]
6
abonnés numériques. Adaptable
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aux besoins des élèves.
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
3. Ouvrez votre livre à la scène XIII (pages 65 à 68) et
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
répondez aux questions suivantes.
a. Qui prend la parole dans la scène ? Qui est présent sans .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
parler ? .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
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. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
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aux besoins des élèves.
1. Guidés par la voix de votre professeur, vous suivrez les puis d’été sur une plage au sable qui vous ralentit. Ensuite le
consignes des exercices suivants, puis prendrez quelques vent se lève, la pluie arrive doucement puis de plus en plus
minutes pour noter vos impressions ou observations. fort et un seul élève a un énorme parapluie sous lequel vous
a. Réveiller son corps et le décontracter vous réfugiez tous. De plus en plus serrés les uns contre
Tous en cercle, commencez par décontracter lentement les autres, vous finissez par ne constituer qu’un seul tronc
la tête et la nuque par une série de balancements de la d’arbre dont, peu à peu, de petites pousses et quelques
tête, devenue très lourde, d’avant en arrière et de droite à feuilles vont se déployer jusqu’à composer une image figée :
gauche jusqu’à la faire rouler d’une épaule à l’autre. Pour celle d’un bel arbre qui reverdit et fleurit au printemps.
décontracter le visage, effectuez de légers massages ou
frottements du bout des doigts (comme pour vous laver) Observations / impressions : ............................................ . . . . . . . . . .
sur le front, les tempes, les paupières, le menton et les ............................................................................................... . . . . . . . .
joues en finissant par l’émission de séries de sons du type
ba, be, bi, bo, bu, fa, fe, fi, fo, fu, ga, gue, gui, go, gu, etc. Pour ............................................................................................... . . . . . . . .
les épaules, procédez par rotations douces d’avant en ............................................................................................... . . . . . . . .
arrière et inversement. On fera de même pour le reste du
corps (coude, poignets, mains, taille, hanches, genoux, ............................................................................................... . . . . . . . .
chevilles et pointes des pieds). On pourra finir par une série
............................................................................................... . . . . . . . .
de frottements ou de tapotements depuis les chevilles
en remontant le long des cuisses, du ventre, du torse ............................................................................................... . . . . . . . .
et jusqu’au sommet du crâne comme pour une douche
............................................................................................... . . . . . . . .
énergique.
............................................................................................... . . . . . . . .
Observations / impressions : .................................................... . c. S’échauffer et se concentrer
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... Marchez en formant un grand cercle en essayant peu à peu
de trouver un rythme de marche commun juste en écoutant
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... les pas des autres, sans parler. Quand le groupe marche
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
à l’unisson, votre professeur désigne un leader en lui
touchant brièvement l’épaule. Ce leader propose un geste
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... qui est répété à l’identique par l’élève qui le suit dans le
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
cercle et ainsi de suite par tous jusqu’à ce que l’enseignant
désigne un autre leader qui lance un autre geste qui
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... s’ajoute au premier et ainsi de suite…
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
Observations / impressions : ............................................ . . . . . . . . . .
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
............................................................................................... . . . . . . . .
b. Se familiariser avec l’espace et le groupe
Marchez tranquillement au hasard pour explorer l’espace ............................................................................................... . . . . . . . .
dans toutes les directions possibles (diagonale, en ligne ............................................................................................... . . . . . . . .
droite, en dessinant des boucles, en avant, à reculons) sans
heurter les autres. Au signal de votre professeur, marchez ............................................................................................... . . . . . . . .
de plus en plus vite pour éviter qu’un vide ne se crée à un
............................................................................................... . . . . . . . .
endroit de l’espace (sans quoi une catastrophe pourrait se
déclencher : tremblement de terre, bombe…). Au signal, ............................................................................................... . . . . . . . .
revenez progressivement à une marche tranquille dans
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l’espace. Puis, guidé par la voix de votre professeur, vous
imaginez que vous marchez sous une chaleur de printemps,
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abonnés numériques. Adaptable
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aux besoins des élèves.
Se répartir le texte
2. Choisissez un élément dans chacune des catégories a, — « Qu’on nous donne des armes, nous serons plus méchantes
b et c, et apprenez-le par cœur. que les hommes ».
a. Une condamnation des agissements des hommes envers — « Le mariage n’est qu’une servitude pour les femmes et nous
les femmes : l’abolissons ».
— « Plutôt mourir que d’endurer plus longtemps nos affronts ». — « Je fais vœu d’être laide et notre première ordonnance
— « Toujours des hommes et jamais de femmes ». sera que nous tâchions de l’être toutes pour nous venger des
hommes ».
— « N’attendons pas que les hommes se corrigent d’eux-
mêmes ». c. Une justification argumentée :
— « Apprenez que nous nous révoltons ». — « On nous crie dès le berceau : vous n’êtes capables de rien,
ne vous mêlez de rien, vous n’êtes bonnes à rien qu’à être sages.
b. Une revendication féministe :
On l’a dit à nos mères qui l’ont cru, qui nous le répètent ; on a les
— « Nous voulons nous mêler de tout, être associées à oreilles rebattues de ces mauvais propos ».
tout, exercer avec vous tous les emplois, ceux de finance, de
— « Jusqu’ici nous n’avons été poltronnes que par éducation ».
judicature et d’épée. »
contre Robespierre et le régime de la Terreur. 2. a. Figaro parle au Comte et le Comte à Figa- – Moi. […] SCAPIN. – Vous ne le déshérite-
b. Autres femmes ayant joué un rôle important ro, sauf pendant les apartés où ils s’adressent rez point. ARGANTE. – Je ne le déshériterai
sous la Révolution française : madame Roland chacun à eux-mêmes. Au-delà, un auteur point ? SCAPIN. – Non. ARGANTE. – Non ?
(née Jeanne Marie Phlipon, 1754-1793) est une communique avec son public via des acteurs SCAPIN. – Non. […] ARGANTE. – Qui m’en
salonnière acquise aux idées des Lumières et qui parlent pour des spectateurs. b. Figaro empêchera ? SCAPIN. – Vous-même. AR-
une personnalité politique. Elle joua un rôle et le Comte s’adressent l’un à l’autre : tutoie- GANTE. – Moi ? SCAPIN. – Oui. Vous n’aurez
majeur pendant la Révolution française (égé- ment de la part du Comte (« t’», « tu ») et de pas ce cœur-là. ARGANTE. – Je l’aurai. [...]
rie du parti girondin). Elle prit une part active la part de Figaro le vouvoiement, apostrophe SCAPIN. – La tendresse paternelle fera son
à la carrière administrative puis à l’ascension rappelant la noblesse de son interlocuteur office. ARGANTE. – Elle ne fera rien. [...] SCA-
politique de son mari jusqu’à sa nomination (« Monseigneur) et l’emploi de la 3e personne PIN. – Mon Dieu, je vous connais, vous êtes
comme ministre de l’Intérieur. Elle finit guilloti- de majesté (« Monseigneur a changé »). bon naturellement. ARGANTE. – Je ne suis
née. Moins connues : Claire Lacombe (1765- ?) Apartés : didascalie « à part » ; impératifs point bon, et je suis méchant, quand je veux.
est une actrice féministe et une militante révo- « Voyons », « jouons », « travaillons » pour Figaro ; b. Les répliques s’enchaînent soit par un jeu de
lutionnaire récompensée pour avoir pris part didascalie « à part », emploi de la 3e personne question/réponse, soit par une reprise de mot
à l’assaut du palais des Tuileries le 10 août du singulier comme si Figaro n’était pas là à l’identique (« non »), soit par une réponse par
1792 avec un bataillon de Fédérés. En 1793, (« Il ») pour le Comte. c. L’aparté permet ici de reprise de mots mais dans une phrase néga-
elle fonde avec Pauline Léon la Société des mettre en valeur la stratégie des deux person- tive. c. Phrases déclaratives (affirmatives ou
républicaines révolutionnaires. Pauline Léon nages, chacun cherchant à être plus malin que négatives), interrogatives, phrases nominales
(1768-1838) est une révolutionnaire française l’autre en le mettant à l’épreuve. Il crée aussi (parfois constituées d’un seul mot). L’emploi de
qui participe à la prise de la Bastille, veut que une certaine complicité avec le spectateur et différents types de phrase permet d’obtenir un
les femmes aient le droit de porter une arme accentue le comique de caractère de la scène. dialogue plus varié et plus vivant. d. C’est une
et milite en faveur de la création d’une garde 3. a. George Dandin se parle à lui-même scène d’opposition (ou de confrontation) entre
nationale féminine. Anne-Josèphe Théroigne (monologue) ; un acteur l’interprétera pour un maître, Argante, et son valet, Scapin. Celui-
de Méricourt (1762-1817) est une femme poli- un spectateur selon la volonté d’un auteur de ci essaie de dissuader son maître de sanction-
tique révolutionnaire originaire de Liège. Elle s’adresser à son public. b. Dandin s’adresse à ner son fils.
est la première femme à occuper les tribunes lui-même en prononçant deux fois son nom 3. a. Arthénice, Hermocrate, Timagène, un
de l’Assemblée. Fervente républicaine, elle re- complet et en s’interpellant à la 2e personne du autre homme et madame Sorbin prennent
vendique l’égalité des droits pour les femmes : pluriel. c. Par ce choix, l’auteur nous informe successivement la parole tandis que Persinet,
droit à s’occuper de politique, de porter une sur la situation du personnage éponyme au Lina et une autre femme restent silencieux.
arme… Accusée en pleine assemblée de début de la pièce (exposition) et nous livre son b. La scène compte 26 répliques pour 73 lignes.
soutenir le parti girondin, elle est insultée et état intérieur (un personnage perturbé par la Les femmes prononcent 16 répliques pour 54
agressée violemment par des femmes du parti situation au point de s’interpeller lui-même lignes. La scène est donc très déséquilibrée et
jacobin qui l’humilient publiquement. Elle ne avec son nom complet, comme s’il se dédou- ce sont donc les femmes qui y parlent le plus.
s’en remettra jamais et passera le reste de sa vie blait ?). c. Ce sont les femmes qui ont le dessus dans
internée dans un asile. c. Le « féminisme » peut la scène puisqu’elles ont le dernier mot (elles
FICHE 6
être défini comme un ensemble de principes et coupent la parole à Timagène, l’homme au sta-
de prises de position dont l’objectif est de faire tut social le plus élevé) et sortent devant des
reconnaître et d’étendre les droits des femmes
Le dialogue au théâtre hommes impuissants à réagir.
pour améliorer leur situation dans la société. 1. a. OCTAVE. – Comment se porte, mon bon
d. La « parité » entre les femmes et les hommes Monsieur, cette gracieuse mélancolie ? CŒLIO. FICHE 7
désigne l’équivalence parfaite, l’égalité absolue – Octave ! ô fou que tu es ! tu as un pied de
de valeur et de traitement entre les femmes et rouge sur les joues ! D’où te vient cet accou- Jouer la révolte des femmes
les hommes. trement ? N’as-tu pas de honte en plein jour ? Il n’y a pas de correction type pour cet exercice.
2. 1. e. – 2. j . – 3. d. – 4. l. – 5. g. – 6. f. – 7. a. – OCTAVE. – Ô Cœlio ! fou que tu es ! tu as un Le professeur pourra à sa convenance laisser
8. c. – 9. k. – 10. i. – 11. b. – 12. h. pied de blanc sur les joues ! D’où te vient ce un moment aux élèves après chaque exercice
3. a. Une avocate. b. Une présidente. c. Une large habit noir ? N’as-tu pas de honte en plein pour noter leurs observations et impressions
soldate. d. Une juge. e. Une auteure ou une carnaval ? CŒLIO. – Quelle vie que la tienne ! ou bien leur demander d’attendre la fin de la
autrice. f. Une professeure. g. Une doctoresse Ou tu es gris, ou je le suis moi-même. OCTAVE. séance pour le faire.
ou une docteure. h. Une conductrice. i. Une – Ou tu es amoureux, ou je le suis moi-même. L’intérêt est de sensibiliser les élèves à plusieurs
ingénieure. j. Une chauffeure. k. Une pilote. CŒLIO. – Plus que jamais de la belle Marianne. composantes essentielles de la pratique théâ-
l. Une chirurgienne. m. une (femme) médecin. OCTAVE. – Plus que jamais du vin de Chypre. trale comme la place du corps dans l’espace, la
b. Les répétitions (parallélismes de construc- nécessité de constituer un groupe soudé qui
FICHE 5 tions) soulignent l’effet de double entre les s’écoute, évolue selon un rythme commun et
deux personnages masculins (miroir inversé). instaure une communication précise et har-
L’énonciation au théâtre 2. a. ARGANTE. – Quoi ! je n’aurai pas pour monieuse entre ses membres et avec le spec-
1. a. Octave (le maître) parle à Silvestre (son va- moi les droits de père et la raison de la vio- tateur. En fin de séance, le temps d’échange
let), deux acteurs vont les interpréter pour des lence qu’on a faite à mon fils ? SCAPIN. – C’est sur les impressions et observations des parti-
spectateurs, pour qu’un auteur s’adresse à son une chose dont il ne demeurera pas d’accord. cipants est primordial.
lectorat / public. b. Indices : alternance de ques- ARGANTE. – Il n’en demeurera pas d’accord ?
tions et de réponses (confirmation par Silvestre SCAPIN. – Non. ARGANTE. – Mon fils ? SCA-
de ce qu’Octave sait déjà), tutoiement du maître PIN. – Votre fils. […] ARGANTE. – Et je veux,
et vouvoiement de la part du valet. c. Ce choix moi, pour mon honneur et pour le sien, qu’il
permet à l’auteur de transmettre des informa- dise le contraire. […] SCAPIN. – Il ne le fera
tions essentielles aux spectateurs sur les per- pas, vous dis-je. ARGANTE. – Il le fera, ou je
sonnages et leur situation (scène d’exposition). le déshériterai. SCAPIN. – Vous ? ARGANTE.