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NPC Sept18 Marivaux

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septembre 2018

nrp Marivaux,
La Colonie, 4e
N° 659

Nouvelle Revue Pédagogique

lettres collège
supplément
www.nrp–college.com
L’histoire Les enjeux pédagogiques
Des hommes et des femmes réfugiés • Le genre de la comédie et le lexique du théâtre
sur une île déserte, ou presque. • Les valeurs portées par les personnages
de la pièce et leur confrontation
Un nouveau gouvernement à fonder.
• Une fiction au service de la critique sociale
C’est l’occasion pour les femmes
• Une utopie
de faire entendre leur voix
et de demander à participer aux lois. • Deux lectures d’images en couleurs

Thème du programme en lien avec ce titre :

• 4e - Individu et société : confrontation de valeurs ?

Retrouvez sur www.carresclassiques.com :


• des pistes d’exploitation pédagogique
• le livret de l’enseignant téléchargeable gratuitement
Présentation

Marivaux,
La Colonie
Par Carole Guidicelli, docteur en études théâtrales et enseignante

Marivaux (1688-1763) est surtout connu


pour ses comédies centrées sur la surprise revendications sociales et politiques. Sous couvert de la comédie,
de l’amour ou sur une mise à l’épreuve Marivaux y exhibe habilement les mécanismes par lesquels des
affective, parfois cruelle, auxquelles sont revendications légitimes se trouvent raillées puis écartées grâce
aux stratégies de conservation du pouvoir en place, en l’occurrence
soumis les amoureux avant de pouvoir celui des hommes.
s’unir. La Colonie permet de découvrir un
autre aspect de son œuvre. Une séquence ambitieuse, ouverte sur le
programme d’histoire et d’éducation civique
Une pièce méconnue L’étude de La Colonie s’inscrit dans la thématique « Vivre en
Comédie en un acte, La Colonie (1750) renoue avec le procédé société, participer à la société », particulièrement sous l’angle
de l’utopie insulaire déjà employé dans L’Île des esclaves (1725) et « Individu et société : confrontations de valeurs » du programme
L’Île de la raison (1727). D’abord, dans L’Île des esclaves, Marivaux de français de la classe de 4e.
inversait les rapports de domination entre maîtres et serviteurs afin Elle permet aussi des passerelles avec le programme d’histoire
de livrer une leçon d’humanité. Puis L’Île de la raison montrait une de ce même niveau dont le premier axe thématique concerne
société de gens raisonnables dans laquelle les rescapés d’un nau- « le xviiie siècle : expansions, Lumières et révolutions ». En effet, les
frage, incapables de se conformer aux usages du lieu, se mettaient rapprochements ne manqueront pas d’apparaître entre les reven-
à rapetisser à proportion de leur déraison. Ils ne reprenaient leur dications des personnages féminins de Marivaux (égalité des droits,
taille humaine qu’avec l’habitude d’être gouvernés par la raison. accès aux fonctions politiques, judiciaires et militaires) et les dis-
Plus encore que ces deux précédentes pièces, La Colonie préfi- cours militants portés par des figures féminines révolutionnaires
gure les idées les plus audacieuses des Lumières et de la Révolution comme Olympe de Gouges et quelques autres.
française : la lutte pour l’égalité des droits entre les hommes et les à partir de cette pièce, les professeurs qui le souhaitent ont
femmes au sein d’une véritable société démocratique. donc la possibilité de développer des enseignements pratiques
interdisciplinaires, d’organiser un parcours citoyen autour de la
Voici ce que la pièce raconte : question des droits des femmes (par exemple avec la lecture de
Des hommes et des femmes ont pris la mer pour fuir la guerre la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
et l’occupation de leur pays par une puissance étrangère. Ils dé- Gouges) ou encore un parcours d’éducation artistique et culturelle
barquent sur une île où ils choisissent de s’établir. Mais les hommes sur cette question.
entreprennent de rédiger de leur côté une constitution sans y asso-
cier les femmes. Celles-ci réclament le droit de participer à l’élabo- Objectifs et organisation de la séquence
ration des lois et à occuper toutes les fonctions dans la nouvelle La séquence proposée est principalement l’occasion
société : fonctions politiques, juridiques et même militaires. Devant d’apprendre à analyser une pièce de théâtre sous trois aspects :
le refus réitéré des hommes d’entendre leurs revendications, elles composition, écriture dialoguée et passage à la scène. Cette
menacent de faire sécession et de fonder leur propre société. Afin séquence s’organise en trois étapes. La première permet d’entrer
de rétablir leur ascendant sur elles, les hommes usent d’une double dans la structure de la pièce (composition, exposition, conflit
stratégie. D’une part, ils les montent les unes contre les autres en dramatique) tout en insistant sur les résonances actuelles des
aiguisant les conflits de classe entre les femmes de la noblesse et enjeux socio-politiques qu’elle soulève. La seconde met l’accent
celles du peuple ; d’autre part, ils brandissent la menace d’une sur l’étude de l’argumentation, des ruses et des rapports de force
attaque imminente de la part de la population indigène de l’île dans l’œuvre jusqu’au retournement final. La troisième nous fait
alors que les femmes, désorganisées, se trouvent vulnérables. Les découvrir la réécriture contemporaine de La Colonie opérée par
femmes acceptent donc de retourner sous la coupe des hommes, Barbara Métais-Chastanier et Keti Irubetagoyena sous le titre La
lesquels promettent de les protéger et de veiller à leurs intérêts. Femme® n’existe pas.
Considérée comme l’une des premières pièces féministes de Chaque étape propose des questionnaires, fiches et exercices
l’histoire, La Colonie montre comment le théâtre donne la parole mobilisant les notions du programme et préparant les élèves à
aux femmes et de quelle manière il se prête à l’expression de leurs l’oral comme à l’écrit.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 1


Conformément aux dispositions sur le droit d'auteur (Code de la Propriété Intellectuelle),
la reproduction et la représentation de tout ou partie de ce numéro de la NRP notamment sur
les sites web contributifs, les blogs, sont strictement interdites et passibles de sanctions pénales et civiles.

Sommaire
Étapes Séances Fiches élève
1 Vue d’ensemble sur l’auteur et la pièce 1 Premiers pas dans La Colonie –
Lecture transversale, repères  3 Personnages en présence
Lecture 21
2 Une comédie politique ? (scène I)
Lecture analytique  4
3 Vers la guerre des sexes (scène II)
Lecture analytique, écriture 5 2 L’expression de l'ordre, de la défense
Étape I
et du conseil
Découvrir la 4 Le féminisme au cœur de la pièce (scène IX)
Conjugaison 23
pièce et ses Lecture analytique 7
enjeux
5 La condition féminine en jeu :
se mobiliser pour l’oral 3 Les figures de style : ornement et force du
Méthode, oral 9 discours
Langue (figures de style) 24
4 Les droits des femmes :
une longue lutte pour l’égalité
Repères 25

6 Ruse d’amoureuse, ruse de langage (scène XI) 5 L’énonciation au théâtre


Étape II Lecture analytique, jeu théâtral 10 Lecture analytique 26
Vers le 7 La révolte des femmes contre l’ordre social 6 Le dialogue au théâtre
dénouement : masculin (scène XIII) Lecture analytique 27
révolte, Lecture analytique 12
manipulation et
capitulation 8 La capitulation des femmes (scènes XVII et XVIII)
Lecture analytique, rédaction et création plastique 14

Étape III 9 Une réécriture contemporaine :


Réécrire et La Femme® n’existe pas (2018)
mettre en Lecture comparée  16
scène la pièce 10 La Femme® n’existe pas (2018) : la mise en scène 7 Jouer la révolte des femmes
aujourd’hui Jeu théâtral, mise en scène 19 Mise en scène 29

Corrigés des fiches élève 31

L’édition utilisée est celle de la collection « Carrés classiques » de Nathan.

Éditeur : Nathan, 25 av. P. de Coubertin 75013 Paris – Directrice de la rédaction : Yun Sun Limet – Conseillère pédagogique : Claire Beilin-Bourgeois –
Directeur de la publication : Catherine Lucet – Directeur délégué : Delphine Dourlet – Fabrication : Isabelle Guerrier – Édition : Charlotte Dordor –
Édition Web : Alexandra Guidal – Iconographie : Gaëlle Mary – Marketing/Diffusion : Anne-Sophie Arlette, Laura Millet – Impression : Imprimerie de
Champagne ZI les Franchises 52200 Langres – Création de la couverture : Christophe Billoret – Création des pages intérieures : Élise Launay –
Réalisation maquette : Pierre-Yves Skrzypczak – Réalisation couverture : Alinéa, 40, rue des Bas-Bourgs 28000 Chartres – Publicité et partenariats :
Comdhabitude publicité, Directrice de la publicité : Clotilde Poitevin, 7 rue Émile Lacoste 19100 Brive. Tél. : 05 55 24 14 03 – Code article : 115050 –
N° d’édition : 102 45 425 – Dépôt légal : septembre 2018 – Commission paritaire : 0719T83332

Crédits photographiques : Couverture : Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et La Colonie), mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Aurélie
Ruby (Arthénice), Mathilde Monjanel (assemblée des femmes), Laure-Hélène Favennec (madame Sorbin) et Amélie Esbelin (Lina), Nouveau théâtre de
Montreuil, 2011, © Pierre GROSBOIS
Page 3 © ADOC-PHOTOS ; 5 © Pierre GROSBOIS ; 7 © Pierre GROSBOIS ; 8 © Leemage.com ; 11 © Pierre GROSBOIS ; 13 Photo © Centre Pompidou, MNAM-
CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost ; 14 Photo Marc-André Goulet ; 17 et 20 © Natalie Beder ; 28 © Justine Ducat.

2 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
transversale,
Expression
Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux repères
écrite Séance 1
0

Vue d’ensemble sur l’auteur et la pièce


2. Le mot « colonie » renvoie à l’idée d’un territoire lointain, plu-
Support tôt exotique, administré de loin par une métropole auquel ce terri-
Marivaux, La Colonie, éd. Nathan, « Carrés Classiques », toire est rattaché. On peut aussi rattacher le mot à « colonialisme »
Collège, 2017. et « colonisation » (nettement plus négatifs, puisqu’ils évoquent la
conquête et l’occupation forcée d’une terre qui s’accompagne sou-
Objectifs
vent de la soumission voire du massacre de la population locale).
– Trouver des indices pertinents sur l’auteur, son époque et sa Le titre La Nouvelle Colonie évoque le fait de peupler un territoire
pièce à partir de la couverture et du paratexte. de nouveaux habitants, des colons (on peut penser à des noms de
– Comprendre la structure globale de la pièce et le système pays ou de villes auxquels des colons ont donné des noms mon-
des personnages. trant le lien avec leur ancienne patrie : la Nouvelle-Zélande, la Nou-
Compétences velle-Orléans…). Le sous-titre, La Ligue des femmes, montre bien
– Lire et fréquenter des œuvres littéraires. l’idée d’une union, d’une association motivée par un but déterminé.
– Situer une œuvre dans son contexte. 3. La photo montre deux femmes assises côte à côte en train
Durée de discuter et vêtues en costume du xviiie siècle. Hypothèses : les
femmes auront donc un rôle majeur ou seront à l’initiative de l’ac-
2 heures. tion dans la pièce.
Ê Fiche élève 1 4. Le mot « utopie » a été inventé par Thomas More au xvie
Premiers pas dans La Colonie – Personnages en présence, p. 21. siècle en Angleterre. Étymologiquement, il signifie « qui n’existe
nulle part ». C’est le titre d’un récit dans lequel il imagine une île
nommée Utopie où chacun pourrait s’épanouir car ce territoire
serait gouverné par le meilleur des régimes politiques possibles,
On commencera par demander aux élèves de donner quelques un monde tolérant envers toutes les religions, rationnel et juste.
informations sur Marivaux a minima en exploitant les informations L’utopie désigne aujourd’hui une société idéale, mais souvent vue
qui se trouvent dans leur « Carré Classique ». On pourra faire remar- par la plupart des gens comme un rêve inaccessible.
quer la date de la pièce, 1750, en plein milieu du xviiie siècle, solliciter
leurs connaissances dans le cadre du cours d’histoire par exemple, et
faire remarquer que l’œuvre du dramaturge ne fait pas partie, stricte-
ment parlant, du courant des Lumières. Toutefois, nous verrons que
les valeurs ainsi que les idées présentes dans La Colonie préfigurent
celles développées plus tard par Rousseau par exemple (Discours sur
l’origine de l’inégalité parmi les hommes, 1755) et encore plus tard par
Olympe de Gouges.

Questions

1. En examinant la couverture et les premières pages de votre


« Carré Classique » (notamment les titres et mots en gras), quelles
informations pouvez-vous trouver sur l’auteur et sur son époque ?
2. Qu’évoque pour vous le titre La Colonie ? Et le premier titre
choisi par Marivaux en 1729 (pour une première version de la
pièce) : La Nouvelle Colonie, ou la Ligue des femmes ?
3. En regardant la photo de couverture, quelles hypothèses
peut-on avancer sur le sujet de la pièce et ses personnages ?
4. À la page 9 de votre édition, La Colonie est présentée comme
une « utopie ». D’où vient ce mot et qu’est-ce qu’une utopie ?

Éléments de réponse

1. L’auteur, Marivaux, appartient au xviiie siècle, dit le « siècle


des Lumières ». Il s’est fait connaître sous le régime politique de la
Régence (1715-1723) et il a atteint le sommet de sa célébrité sous
le règne de Louis XV. Un club de femmes à Paris, gravure colorisée, 1792.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 3


Lecture
Séance 2 analytique Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux

Une comédie politique ?


(scène I)
de la situation : elle parle d’elle-même à la troisième personne et
Support s’imagine en héroïne dont le nom marquera l’histoire (l. 25-26). Il y
La Colonie, scène I, p. 15 à 17. a un décalage entre ce désir de grandeur et son franc-parler popu-
laire. On sourit aussi de sa façon de parler du mariage : « Je n’ai qu’un
Objectifs
mari, qu’est-ce que cela coûte à laisser. Ce n’est pas là une affaire de
– Analyser une scène d’exposition. cœur » (l. 41-43). Ce personnage a donc un fort potentiel comique.
– Identifier une comédie féministe et politique.
Compétences La cause des femmes
– Mobiliser des éléments d’analyse d’une œuvre théâtrale.
Questions
– Identifier des références culturelles.
Durée 6. Que viennent de faire les femmes de l’île au début de
la scène ? Que prévoient-elles de faire à la fin de la scène si les
1 heure.
hommes ne les écoutent pas ?
7. Relevez les expressions qui montrent que le moment est his-
Une scène d’exposition torique et solennel. Parmi ces expressions, identifiez les figures de
style, les temps verbaux et les symboles employés.
Questions 8. Qui pourrait faire obstacle au projet de ces deux femmes ?
Est-ce que ces obstacles leur paraissent surmontables ? Justifiez
1. Que nous apprend le dialogue sur les personnages présents ?
votre réponse.
Justifiez votre réponse en citant des éléments précis du texte.
2. Où se trouvent les personnages et comment sont-ils arrivés éléments de réponse
là ? 6. Au début, nous apprenons que les femmes de l’île ont élu
3. à l’aide de la première page de la scène (page 15), dites par deux représentantes chargées de défendre leurs droits. à la fin de
qui et dans quel but les deux personnages ont été choisis. la scène, les femmes ont décidé, si leurs droits ne sont pas reconnus
4. Que se préparent à faire les hommes (aidez-vous de la ré- par les hommes, de mettre en place leur propre gouvernement.
plique de madame Sorbin page 16, l. 45 à 48) ? 7. Des hyperboles montrent que les femmes ont
5. Quels sont les indices qui montrent que la pièce est une conscience de vivre un moment solennel : « nous voici char-
comédie ? gées du plus grand intérêt que notre sexe ait jamais eu » (l. 8-9) ;
« plutôt mourir que d’endurer plus longtemps nos affronts »
Éléments de réponse (l. 20-21) ; « dans vingt mille ans, nous serons encore la nouvelle
1. Ce sont deux femmes : l’une, « madame Sorbin », appartient du jour » (l. 29-30), etc. Cette conscience pousse madame Sor-
au tiers état et l’autre à la noblesse. Elles se vouvoient, mais s’ac- bin à vouloir se « sacrifie[r] » (l. 25) afin de construire un avenir
cordent autour d’un même projet (l. 4-5 et 6-7). Elles se tiennent la meilleur pour les femmes. Arthénice est portée par la même foi
main, montrant leur volonté de s’unir pour réussir. Plus loin, nous en l’avenir, comme le montre l’utilisation du conditionnel pré-
apprenons que l’une est mariée (madame Sorbin) alors que l’autre sent et du futur : « Et quand même nous ne réussirions pas, nos
ne l’est pas (célibataire ? veuve ?) mais qu’elle est courtisée par « petites filles réussiront » (l. 31-32). Elles se préparent à vivre un
Monsieur Timagène ». tournant décisif dans leur relation avec le pouvoir masculin.
La « trompette » annonçant la décision des femmes (par opposition
2. Les deux femmes sont sur une île où elles ont fui avec les
au tambour choisi par les hommes) a valeur de symbole : c’est elle
hommes loin de leur pays parce le gouvernement y a été renversé
qui, dans la Bible, annonce le Jugement dernier ou provoque la
(l. 14-16).
chute de la ville de Jéricho.
3. Elles ont été élues représentantes des femmes de l’île, l’une
8. Deux obstacles pourraient faire fléchir les deux femmes :
pour la noblesse, l’autre pour le peuple. Leur but est de faire valoir
l’amoureux d’Arthénice, Timagène, et le mari de madame Sorbin.
les droits des femmes dans la nouvelle société qui va être mise en
Ils sont vite écartés : le « projet » est plus important que les senti-
place sur l’île.
ments d’Arthénice pour Timagène et le « mari » de madame Sorbin
4. Les hommes s’apprêtent à élire deux représentants chargés a peu de poids sur elle, car elle rappelle de façon très pragmatique à
de rédiger les lois et de proposer un nouveau modèle de gouver- son interlocutrice que les mariages, à l’époque, ne sont pas conclus
nement. Mais ils ont pris cette décision sans consulter les femmes. par amour.
5. Le personnage de madame Sorbin est drôle malgré le sérieux

4 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
analytique,
Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux écriture Séance 3

Vers la guerre des sexes


(scène II)
Support
La Colonie, scène II, p. 20 à 25.
Objectif
Analyser puis écrire un dialogue théâtral conflictuel.
Compétences
– Interpréter un texte littéraire.
– Pratiquer l’écriture d’invention.
Durée
1 heure 30 + 2 heures (rédaction) + 30 min (oralisation).
Ê Fiche élève 2
L’ expression de l’ordre, de la défense ou du conseil, p. 23.

Un dialogue bloqué
Questions

1. Qui provoque le dialogue ouvrant la scène et pourquoi ?


2. Comment comprenez-vous la réplique d’Arthénice à la ligne Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et
14 ? En quoi cette réponse est-elle ironique ? La Colonie), scène II, mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Ismaël
Tifouche Nieto (monsieur Sorbin), Cédric Boyer (Timagène),
3. Comment les deux hommes répondent-ils aux questions des
Aurélie Ruby (Arthénice), Nouveau Théâtre de Montreuil, 2011.
femmes (l. 1 à 40) ? à quoi voit-on qu’ils sont pressés de partir à
partir de la ligne 55 ?
pas le sens de la question, trop générale, de sa femme. Timagène
4. Qui est désigné par le pronom « nous », dans la réplique de répond franchement à Arthénice, dont les questions sont plus pré-
Timagène de la ligne 78 jusqu’à la ligne 86 ? cises, révélant ainsi que monsieur Sorbin sera probablement dési-
5. Pour quelles raisons Timagène reste-t-il silencieux (l. 79 à gné pour rédiger les nouvelles lois de l’île. Quand madame Sorbin
98) ? Quand il répond (l. 99-100), quel est son avis et en quoi cela demande quelle sera la contribution des femmes à cette rédaction,
est-il un problème pour Arthénice ? son mari s’emporte (« Tais-toi, avec tes femmes, il est bien question
de rire ! », l. 34-35) : il ne prend jamais les propos de son épouse
éléments de réponse au sérieux, répondant tantôt par la colère, tantôt par la dérision.
Monsieur Sorbin est pressé de couper court à la conversation dès
1. Arthénice et madame Sorbin provoquent le dialogue en ap- le début de la scène (l. 3-4) et plus encore à partir de la ligne 55
pelant Timagène et monsieur Sorbin à la fin de la première scène (« Laissons-là ces rieuses […] et allons-nous-en », l. 55 ; « remettons-
pour « savoir ce qui se passe » (p. 17). La scène II s’ouvre donc par les la à tantôt, le loisir nous manque », l. 65-66 ; « on nous attend »,
réponses des deux hommes à cet appel. l. 80 ; « allons, monsieur Timagène », l. 120). Il laisse régulièrement
2. La réplique d’Arthénice à la réponse naïve de Timagène sur paraître des marques d’impatience et considère cette conversation
le fait qu’il n’a jamais été question des femmes au cours des débats avec les femmes comme du temps perdu : pour lui, un sujet aussi
des hommes est ironique. « Pas un mot, c’est fort bien fait » est une grave que celui de faire des lois n’a pas sa place dans une conver-
antiphrase, Arthénice voulant ainsi montrer sa désapprobation et sation avec des femmes.
son dépit. 4. Le pronom « nous » (l. 78-86) désigne toujours « les hommes »
3. Madame Sorbin et Arthénice essaient de savoir ce qui se dit et il est employé par Timagène et monsieur Sorbin en excluant les
dans l’assemblée des hommes. Mais monsieur Sorbin ne comprend femmes.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 5


Lecture
analytique,
Séance 3 écriture Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux

5. Le silence de Timagène (l. 78 à 86) peut avoir plusieurs rai- 9. Malgré leur différence de classe sociale, Timagène et mon-
sons. Peut-être ne veut-il pas s’opposer à Arthénice et risquer de sieur Sorbin réagissent de la même manière. Ils rient quand ma-
la froisser ? Peut-être est-il du même avis que monsieur Sorbin ? dame Sorbin, puis Arthénice revendiquent le droit de faire des lois
Peut-être ne comprend-il pas l’enjeu du débat ? Quand Arthénice (l. 41-42 et l. 51) et n’acceptent pas de déléguer cette tâche aux
l’interpelle sur l’absence des femmes dans la concertation sur les hommes (l. 99-100). Tous deux dans la même situation (désignés
lois, il ne voit pas le problème (« J’avoue, Madame, que je n’entends pour rédiger les nouvelles lois), ils sont aussi modestes sur leur ca-
pas bien la difficulté non plus », l. 99-100). Arthénice décide alors de pacité à bien accomplir leur tâche et partagent la même conception
couper court à la conversation et de renvoyer Timagène, suivie dans de la place des femmes dans la société. Les deux personnages sont
cet exemple par madame Sorbin. en miroir l’un de l’autre, comme dans la scène les duos des couples
sont en écho l’un de l’autre, l’un sur le mode sérieux, l’autre sur le
mode comique.
Vers la guerre des sexes 10. Puisque les hommes refusent un vrai dialogue et se
moquent des aspirations des femmes, les femmes n’ont pas d’autre
Questions choix que de recourir à la menace et à préparer une guerre immi-
nente avec l’autre sexe. Madame Sorbin est la première à perdre
6. Observez les noms des quatre personnages. Qu’est-ce qui patience et à demander l’affichage d’une « ordonnance » (l. 15, 40).
permet de distinguer ceux qui appartiennent à la classe populaire Puis elle menace de nouveau (« on vous en donnera de la drôlerie »,
de ceux qui font partie de la noblesse ? l. 54) avant de faire taire son mari (« Paix, malhonnête », l. 67) et
de s’emporter contre lui (« En colère », l. 72). Enfin, elle refuse de
7. Comment Timagène s’adresse-t-il à Arthénice ? Quels sont
répondre à son mari qui cherche à en savoir plus sur ce que pré-
les indices qui montrent qu’il a reçu une éducation noble ? qu’il est
parent les femmes ; elle renouvelle la menace énigmatique avec
amoureux d’Arthénice ?
la mention du « placard au son de la trompe » (l. 117). De son côté,
8. Monsieur et madame Sorbin sont issus du peuple. Qu’est-ce Arthénice est venue en renfort de madame Sorbin lorsqu’elle était
qui, dans leur langage, trahit leur classe sociale ? moquée sur son projet de faire des lois, tandis que madame Sorbin
9. Montrez que malgré leur différence de classe sociale, Tima- venait l’épauler à d’autres moments. Toutes deux fonctionnent en
gène et monsieur Sorbin réagissent souvent de la même manière miroir, le point culminant de la crise venant à la page 25 où les deux
aux propos des femmes. duos, celui des nobles et celui des gens du peuple se répondent
10. Montrez que la situation s’envenime au fil du dialogue et (rupture et menace adressée aux hommes récalcitrants et mo-
que les femmes n’ont pas d’autre choix que de recourir à la menace. queurs).

éléments de réponse
Rédaction
6. Les deux aristocrates, Arthénice et Timagène, sont désignés
par leurs prénoms (à consonance grecque) tandis que les deux per-
sonnages du peuple sont désignés par leur nom de famille. Sujet
7. Timagène s’adresse à Arthénice par son prénom (précédé Rédigez une scène théâtrale de conflit à notre époque dans
d’un adjectif épithète « Belle Arthénice ») lorsqu’il l’apostrophe, laquelle deux personnages s’opposent par arguments interposés
mais il l’appelle « Madame » et la vouvoie, ce qui traduit les rapports sur un sujet de société important.
sociaux habituels dans l’aristocratie, y compris dans une relation
amoureuse. La bonne éducation de Timagène transparaît aussi à Critères de réussite
travers la politesse dont il fait preuve en s’excusant de ne pas avoir
La scène est correctement construite si : elle contient un conflit
aperçu Arthénice plus tôt (« Pardon », l. 1), en prenant le temps
entre deux personnages à notre époque ; chaque personnage dé-
d’écouter ses interlocuteurs (l. 60, 68) et de leur répondre poliment
fend des arguments ; la forme respecte celle d’une scène de théâtre ;
et sans détour lorsqu’une question lui est directement posée (l. 20
les arguments respectent aussi une certaine logique (notamment
et suiv., l. 100).
par l’emploi de connecteurs argumentatifs et d’un lexique de l’argu-
Par ailleurs, on décèle un amoureux dans la façon dont il
mentation) ; l’opposition est exprimée clairement.
s’adresse à Arthénice (« Belle Arthénice », l. 1) et à travers la peine
La scène est bien écrite si : le texte produit respecte la syntaxe,
qu’il éprouve lorsqu’elle coupe court à la conversation et le congédie
la conjugaison, les accords (singulier / pluriel, féminin / masculin,
(l. 113-114), ainsi que dans son désir de régler au plus vite ce qu’il
sujet / verbe, participe passé) et la ponctuation.
pense être un malentendu avec elle (l. 121-122).
La copie est lisible et bien présentée.
8. Monsieur et madame Sorbin sont clairement identifiables
comme des gens du peuple par leur façon de parler : le tutoiement Oralisation
entre mari et femme, les apostrophes « ma femme » (l. 4) et « mon
mari » (l. 25), la trivialité de leur conversation ou de certaines de Les rédactions les plus réussies pourront être lues voire jouées
leurs expressions (l. 11, 30), leur emportement et la vivacité avec devant la classe en fonction de quelques indications données à des
laquelle ils peuvent se faire taire voire s’insulter (l. 34, 37, 67, 112), volontaires par l’auteur du texte.
leurs jurons (« Pardi », l. 38, 82).

6 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux analytique Séance 4

Le féminisme au coeur de la pièce


(scène IX)
Support Le plaidoyer d’Arthénice en
Scène IX (extrait), p. 42 à 49 (l. 1 à 137). faveur des femmes
Objectifs
– Identifier un plaidoyer. Questions
– Comprendre et analyser les principaux éléments d’une argu-
mentation. 1. à l’aide d’un dictionnaire, définissez le mot « plaidoyer ». En
– Repérer et analyser des procédés oratoires (notamment des peut-on dire que le discours d’Arthénice est un plaidoyer ?
figures de style). 2. Que désigne le pronom « nous » tout le long du discours
Compétence d’Arthénice ?

Identifier des procédés rhétoriques et stylistiques et les inter- 3. Observez la première réplique d’Arthénice (l. 1 à 7). Par
préter. quelles expressions les hommes sont-ils désignés ? Quels sont les
torts des hommes envers les femmes, selon elle ?
Durée
4. Observez la deuxième réplique d’Arthénice. Quel est le
1 heure 30. défaut que les hommes attribuent aux femmes ? Est-ce justifié ?
Ê Fiche élève 3 Arthénice répète le verbe « décider » (l. 9-10) : sur quelle idée veut-
Les figures de style : ornement et force du discours, p. 24. elle insister ?
5. Comment Arthénice explique-t-elle que les femmes ac-
ceptent de se laisser convaincre de leur incompétence par les
hommes (l. 24 à 29) ?
6. Pour inciter les femmes à reprendre confiance en elles et à
La scène IX est centrale dans la pièce, par sa place d’abord, par tenir tête aux hommes, Arthénice entreprend de faire un portrait
sa longueur ensuite, par son contenu enfin, puisqu’elle porte le dis- élogieux de la femme (l. 43 à 77). Relevez-en les principaux élé-
cours féministe en lui donnant la forme d’un plaidoyer pro domo ments et dites quels sont les champs lexicaux et les figures de style
prononcé par Arthénice. qui sont employés.

Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et La Colonie), scène IX, mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Mathilde
Monjanel et Aurore James (assemblée des femmes), Laure-Hélène Favennec (madame Sorbin, au centre), Aurélie Ruby (Arthénice),
Amélie Esbelin (Lina), Nouveau Théâtre de Montreuil, 2011.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 7


Lecture
Séance 4 analytique Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux

Des gradations soulignent l’effet que produisent les femmes sur les
hommes (« enchante », « imprime un respect », « inspire un amour » ;
« surprend », « occupe », « attendrit », « ravit »).
7. Les hommes enferment les femmes dans un rôle social qui
les arrange : tâches domestiques (« économie de leur maison »,
« soupers »), métiers du textile (« tisser », « quenouille ») et plaisirs de
l’amour (« bagatelle »).
8. Arthénice voit la coquetterie comme un piège tendu
aux femmes qui deviennent ainsi prisonnières de leur désir de
plaire. à côté du champ lexical de la coquetterie se trouve celui
de l’intelligence à travers les termes « sagacité », « intelligence »,
« profondeur d’esprit », et « esprit » (l. 125 à 130). La coquetterie
fait donc des dégâts car elle pousse la femme à mobiliser toute
son énergie et toutes les ressources de son intelligence à son
service (l. 121-122) si bien qu’elle se dénature et perd tout son
mérite (« avilissement »). On trouve aussi le champ lexical de
la folie et de la bêtise (« sots », « renverser de petites cervelles »,
« démence », « vices »). La conséquence ultime est qu’en succom-
bant à la coquetterie, les femmes ne récoltent que le mépris des
La Marchande de rubans, une jeune femme coiffée à hommes (« injures ») pour leur stupidité (l. 136-137).
domicile s’entretient avec une marchande portant une mouche
sur son visage à la mode du siècle, huile sur toile de Sigmund
Freudenberg, xviiie siècle, Paris, musée Cognacq-Jay. Les réactions des femmes
7. Quel est le rôle dans lequel les hommes enferment les
femmes dans la société ? Pour quelle raison (l. 82 à 108) ? Questions
8. Comment Arthénice voit-elle la coquetterie (l. 113 à 137) ?
Quels sont les autres champs lexicaux qui apparaissent à côté de 9. Quelles sont les réactions des femmes qui écoutent Arthé-
celui de la coquetterie ? Quels sont les dégâts de la coquetterie nice à la page 42 et en quoi sont-elles utiles à Arthénice ?
(l. 133 à 137) ? 10. Observez la réplique d’« une des femmes » (l. 12 à 17). Que
désigne le pronom « on » et comment cette femme explique-t-elle
éléments de réponse que les femmes ne se rebellent pas contre les hommes ?
11. Quelle est l’expression qu’emploie madame Sorbin à la page
1. Au sens strict, un plaidoyer (ou plaidoirie) désigne au tribunal
42 et qui prouve que ce qui a été dit par Arthénice et par « une
le discours argumenté et convaincu que présente l’avocat devant
des femmes » est vrai ? Comment madame Sorbin appelle-t-elle sa
un juge. Au sens large, le plaidoyer est un discours de défense en
réaction ?
faveur d’une personne ou d’un groupe, d’une cause, d’une institu-
tion, d’une idée, d’une politique... Ici, Arthénice présente un plai- 12. à la page 49, après avoir écouté le plaidoyer d’Arthénice, à
doyer en faveur de la reconnaissance de la valeur et des droits des quelle conclusion en arrive madame Sorbin ?
femmes par rapport aux hommes dans la société.
éléments de réponse
2. Le pronom « nous » désigne l’ensemble des femmes.
3. Les hommes sont désignés par l’expression « nos tyrans ». 9. Les réactions des femmes qui écoutent Arthénice (p. 42) jus-
Arthénice leur reproche d’opprimer les femmes et de se montrer tifient le propos d’Arthénice et lui permettent de rebondir dans le
injustes envers elles. sens de sa démonstration.
4. Les hommes reprochent aux femmes de « ne pas avoir le 10. Le pronom « on » désigne les hommes. La femme qui parle
sens commun », c’est-à-dire de manquer de bon sens, d’intelligence explique que les femmes ne se rebellent pas parce qu’elles ont
pratique. C’est injustifié, selon Arthénice. Celle-ci répète le verbe été conditionnées de génération en génération à croire qu’elles
« décider » pour insister sur le fait que ce sont les hommes qui ont n’avaient pas les compétences nécessaires pour remplir un autre
choisi de penser cela pour écarter délibérément les femmes de cer- rôle que celui que les hommes ont décidé de leur attribuer.
tains domaines. 11. Madame Sorbin emploie l’expression « je ne suis qu’une
5. Arthénice explique que les femmes se sont laissées femme », ce qui montre combien elle a été conditionnée pour dou-
convaincre par les hommes de leur incompétence dans certains ter de ses capacités. Quand elle en prend conscience, elle appelle
domaines par manque de confiance en elles. cela « moutonnerie », c’est-à-dire le fait de suivre sans s’interroger
6. Le portrait élogieux de la femme que dresse Arthénice (l. 43 la direction imposée.
à 77) passe par l’utilisation du champ lexical de la beauté associé 12. Madame Sorbin en arrive à la conclusion suivante : « Je fais
à des hyperboles (« le plaisir des yeux », « les grâces et la beauté », vœu d’être laide, et notre première ordonnance sera que nous tâchions
« le plus de charmes », « ces charmes », « des teints de lis et de rose »). de l’être toutes. »

8 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Méthode,
Étape I. Découvrir la pièce et ses enjeux oral Séance 5

La condition féminine en jeu :


se mobiliser pour l’oral
2. Rechercher des idées, sélectionner une idée-clé ou une
Supports valeur et trouver des exemples
– Marivaux, La Colonie. La place de la femme peut être questionnée dans différents
– Internet. domaines (publicité, armée, sciences, cinéma…) et associée à des
valeurs diverses (égalité des chances, respect, tolérance, laïcité…).
Objectifs
Par exemple, croiser la question de la présence d’artistes issues de la
– Travailler en binôme ou trinôme. diversité avec la condition féminine peut être une piste intéressante
– Construire un projet dans un contexte donné, c’est-à-dire (cf. les actrices noires posant sur le tapis rouge à Cannes pour récla-
trouver une idée (ou une valeur) et décider d’une action à mer plus de visibilité, la parution de l’ouvrage Noire n’est pas mon
mener pour mettre à l’honneur cette idée ou cette valeur. métier signé par un collectif d’actrices de couleur).
– élaborer une argumentation et la mettre en forme.
3. Trouver une action (ou une série d’actions) à mener
– Défendre ses idées à l’oral et maîtriser les codes de la prise
Détailler l’action ou la série d’actions en la décrivant avec des
de parole en public.
mots précis (où, quand, quoi, comment, avec qui ?).
Compétences 4. Rechercher des arguments en faveur de son projet
– Exprimer une opinion argumentée.
5. Élaborer un plan
– Participer à des échanges oraux.
Discutez-en d’abord avec votre binôme, puis notez ensemble ce
Durée plan au brouillon. Pour vous aider, vous pouvez suivre le plan sui-
2 heures. vant : l’annonce de l’idée ou de la valeur que vous voulez défendre,
les raisons qui vous ont incités à choisir cette idée ou cette valeur,
Ê Fiche élève 4 la présentation de l’action (ou de la série d’actions) que vous vou-
Les droits des femmes : une longue lutte pour l’égalité, p. 25. driez réaliser, une phrase ou deux de conclusion pour convaincre
l’auditoire.
6. Mettre en forme son discours pour le rendre efficace
Trouvez le vocabulaire juste pour parler de votre projet, mettez
en ordre et en valeur les arguments pour les rendre plus convain-
cants, utilisez des phrases interrogatives pour interpeller et impli-
Après la fiche élève 4, éventuellement prolongée par la lecture
quer votre auditoire, utilisez des phrases exclamatives pour mettre
d’extraits de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
en valeur vos émotions et sentiments, choisissez les figures de style
d’Olympe de Gouges, nous proposons de travailler l’oral.
qui accrocheront l’auditoire et rendront votre discours plus persuasif.
Sujet 7. S’entraîner à parler en public
Ne lisez pas vos feuilles : elles ne doivent vous servir que d’aide-
Défendez oralement un projet pour la Journée internationale mémoire. Une astuce : n’écrivez que sur le verso de vos feuilles de
des droits des femmes, organisée par votre collège ou votre com- façon à ne pas avoir à les manipuler dans tous les sens. Regardez
mune. régulièrement toutes les personnes de l’auditoire. Parlez suffisam-
Imaginez que vous présentez oralement un projet pour cette ment fort pour être facilement entendu de tous. Ne parlez pas trop
journée : vous devrez convaincre l’administration du collège ou bien vite et faites deux secondes de pause après avoir formulé une idée
le conseil municipal de votre commune de voter pour votre projet importante et juste avant la conclusion.
et de vous donner les moyens de le réaliser.
Critères de réussite
Méthode de travail (en binôme ou trinôme)
– Nous répondons au sujet (projet adapté au contexte, discours
1. Prendre conscience du contexte oral).
Commencer par une petite recherche sur Internet avec les mots- – Notre projet présente une ou plusieurs actions.
clés : « Journée internationale des femmes » (appellation officielle – Notre discours justifie par des arguments le choix de l’action
de l’ONU) et « Journée internationale des droits des femmes » (ap- ou des actions proposées.
pellation choisie par la France). Cette journée, fixée le 8 mars, rend – Notre argumentation suit un plan.
hommage aux combats féministes historiques menés en Europe et – La mise en forme de notre discours le rend convaincant.
aux états-Unis. Elle permet de faire le point sur la situation actuelle – Nous maîtrisons les exigences de l’oral (voix, articulation, prise
des femmes dans la société et de définir des priorités pour renforcer en compte du public).
la parité femmes / hommes.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 9


Lecture
analytique, jeu
Séance 6 théâtral Étape II. Vers le dénouement : révolte, manipulation et capitulation

Ruse d’amoureuse,
ruse de langage (scène XI)
3. Quelles informations importantes Lina donne-t-elle à Persi-
Support net à partir de la ligne 31 ?
Marivaux, La Colonie, scène XI, p. 56 à 58.
Éléments de réponse
Objectifs
– Comprendre la double (voire ici la triple) énonciation au 1. Au début, Lina, comme l’indique la didascalie initiale de la
théâtre. scène « un moment seule », se parle à elle-même (et bien sûr en
– Analyser le comique de la scène. définitive, elle s’adresse au public). Puis quand Persinet arrive et
– Jouer une scène de théâtre en fonction de consignes de jeu qu’il se met à lui parler (« Lina, ma chère Lina, contez-moi […] »),
simples. elle continue à faire comme si elle se parlait à elle-même. Mais le
Compétences contenu de son discours s’adresse en fait à Persinet. Elle trouve le
moyen de lui faire savoir qu’elle n’a pas le droit de lui parler ni de le
– Acquérir des éléments d’analyse d’œuvres théâtrales.
regarder (« on me l’a défendu ») et elle établit donc une convention
– Exploiter les ressources de la voix, de la respiration, du
avec lui : « il peut me parler, lui, on ne m’a pas ordonné de l’en empê-
regard, de la gestuelle.
cher ». Nous constatons qu’elle parle à mots couverts et désigne
Durée sa mère par le pronom « on », parce que, dit-elle, elle a peur d’être
1 heure 30 + 1 heure de mise en jeu. observée. Lina parle donc de Persinet à Persinet (à la 3e personne
du singulier), c’est-à-dire comme s’il n’était pas là (ou bien comme
Ê Fiche élève 5 si elle ne savait pas qu’il était là).
L’énonciation au théâtre, p. 26.
2. Dans ses répliques (l. 18 à 20 et 25-26), Lina emploie quatre
fois le conditionnel présent : « aurait », « laisserais », « donnerais »,
« faudrait ». Ce temps est employé chaque fois dans le cadre d’une
hypothèse (si Persinet allait mourir et que Lina soit la seule à pou-
Lina et Persinet sont les deux jeunes amoureux de la pièce et voir le sauver) et pour prouver à Persinet qu'elle l’aime vraiment.
sont promis l’un à l’autre. Avec la révolte des femmes, tous deux 3. Lina résume les derniers événements à Persinet : les femmes
voient leurs espoirs de mariage anéantis. Madame Sorbin, la mère se sont révoltées pour des raisons politiques (l. 31 et 33). Elles ont
de Lina, a exclu Persinet (pourtant favorable à leur cause) de l’assem- décidé constituer leur propre société et de voter leurs propres lois
blée de femmes. Elle a aussi ordonné à sa fille de ne plus le voir et de (l. 35-36). Toutes les femmes s’apprêtent à faire sécession d’avec
ne plus lui adresser la parole. Le jeune homme se désespère. Alors les hommes (l. 38-39). Elles cesseront pour cela de prendre soin
que Lina, postée à l’écart, est chargée de prévenir les femmes de la d’elles pour éloigner les hommes (l. 41-42). Ces décisions seront
fin de la réunion du Conseil, elle aperçoit son amoureux et imagine annoncées solennellement un peu plus tard au son d’une trompe
une ruse de langage pour l’informer des derniers développements et affichées publiquement (l. 42-43).
de la situation sans pour autant désobéir directement à sa mère.
C’est ce que permet l’énonciation théâtrale, dont l’élève examinera la
spécificité au cours de cette séance. Ce procédé renforce le caractère
touchant et drôle de la scène.
Une scène touchante et drôle
Questions
La ruse de Lina ou le jeu avec 4. Que ressent Persinet ? Quels sont les termes et les figures de
l’énonciation théâtrale style repérables dans ses répliques tout au long de la scène ?
5. Comment les répliques de Lina et celles de Persinet s’en-
Questions chaînent-elles ? Quels thèmes et champs lexicaux communs re-
trouve-t-on entre les répliques des amoureux ?
1. à qui parle Lina ? Pourquoi parle-t-elle de Persinet à la 3e per- 6. Que pensez-vous des deux amoureux ?
sonne du singulier alors qu’il est à côté d’elle ? Qui se cache derrière
le pronom « on » employé par Lina ? Éléments de réponse
2. Dans les répliques de Lina aux lignes 18 à 20 et 25-26, quels
sont les verbes conjugués au conditionnel présent ? Qu’est-ce que 4. Persinet utilise des termes très forts (hyperboles) pour expri-
Lina veut faire comprendre à Persinet ? mer sa situation (qu’il qualifie de « désastre ») et son état émotion-

10 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
analytique, jeu
Étape II. Vers le dénouement : révolte, manipulation et capitulation théâtral Séance 6

Le Jeu de l’île (d’après L’Île des esclaves, L’Île de la raison et La Colonie), scène XI, mise en scène de Gilberte Tsaï, avec Amélie
Esbelin (Lina) et Thomas Visonneau (Persinet) Nouveau Théâtre de Montreuil, 2011.

nel. Il emploie une gradation (« […] tout tremblant, je n’en puis plus, 6. Les amoureux nous frappent par leur discours naïf qui trahit
je me meurs », l. 5) et mêle le champ lexical de la mort à ceux de la la spontanéité et la simplicité de deux très jeunes gens qui sont pris
vie, de l’amour et de la guérison. Il ressent douloureusement le fait entre le respect qu’ils ont pour leurs aînés et leurs sentiments. Trop
que Lina ne s’adresse pas directement à lui et qu’elle ne le regarde faibles pour se faire vraiment entendre, ils subissent la situation
même pas : c’est ce qui renforce son désespoir (l. 13 à 17 et 29-30). et doivent soit ruser soit demander de l’aide à qui veut bien les
On retrouve dans sa bouche la métaphore du regard de la personne tirer d’affaire (c’est ce que va faire Persinet à la fin). Par amour, Lina
aimée comme « remède » (l. 22). Plus loin, Persinet passe de l’éton- trahit finalement la confiance de sa mère en dévoilant les plans
nement (l. 32) à la révolte naïve (l. 44-45). Indigné et malheureux à des femmes ; de son côté, Persinet, en allant prévenir les hommes,
la fin, il sort demander de l’aide aux autres hommes. provoque la chute des femmes. Néanmoins, les deux personnages
5. Entre les répliques de Persinet et celles de Lina, c’est d’abord sont drôles et touchants et apportent de la fraîcheur à la pièce.
un jeu d’hypothèse (« si je pouvais lui parler ») ou de question /
réponse (« me retrancher vos yeux ? » / « il est vrai qu’il peut me par-
ler »). Puis les répliques des amoureux s’enchaînent selon les mêmes
thèmes et reprennent parfois les mêmes mots (champs lexicaux Pour aller plus loin
de la vie, la mort, du regard). On a donc un duo d’amour (l. 15 à
30). Ensuite, à chaque information donnée par Lina apparaît une
Jeu théâtral
question de Persinet qui ressemble à une réaction incrédule (l. 32,
34, 36, 40). Enfin, dans le dernier mouvement de la scène (l. 41 à 53), Proposez à plusieurs duos d’élèves de travailler la scène de diffé-
alors que Lina est désespérée parce que les autres femmes l’obli- rentes manières, chaque duo suivant une consigne différente pour
geront à s’habiller « d’un sac » et à être « laide », Persinet s’arme de obtenir une mise en jeu différente. Un petit groupe d’élèves pourra
courage et lui réitère son amour avec ardeur (« Toujours à vous, mon observer chaque duo et noter ce que la consigne de jeu révèle
petit cœur »). chaque fois de différent sur les personnages et sur leur relation.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 11


Lecture
Séance 7 analytique Étape II. Vers le dénouement : révolte, manipulation et capitulation

La révolte des femmes contre l’ordre


social masculin (scène XIII)
Support
Marivaux, La Colonie, scène XIII, p. 65 à 68. 4. Quelle est la réaction finale des hommes en constatant que
les femmes les excluent de leur nouvelle société ?
Objectifs
– Analyser par quels procédés se manifestent les rapports de éléments de réponse
force au théâtre.
– Repérer et analyser les éléments d’une argumentation. 1. Les réponses des hommes sont sans détour voire expédi-
Compétences tives (« à rien »). La voix de cet « autre homme » qui prend la parole
résume la mentalité de l’époque et traduit l’emprise des hommes
– Repérer les éléments de cohérence d’un texte.
sur les femmes : « C’est-à-dire à vous marier quand vous serez filles, à
– Percevoir un effet et en analyser la source.
obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre mai-
Durée son ». Les hommes n’envisagent pas que le sort des femmes change
2 heures. (« C’est votre lot »).
Ê Fiche élève 6 2. Les hommes réagissent avec ironie au projet des femmes de
Le dialogue au théâtre, p. 27. prendre part à l’exercice de la justice. Leur objection est plus mo-
queuse et méprisante que convaincante : « Vous n’y songez pas, la
gravité de la magistrature et la décence du barreau ne s’accorderaient
jamais avec un bonnet carré sur une cornette […] ». En somme pour
eux, l’habit de magistrat ne peut pas être endossé par une femme
La scène XIII montre l’exacerbation du conflit entre les femmes car il n’est pas assez coquet pour elle ; ou bien, si les femmes étaient
et les hommes jusqu’au point de rupture. Menée par madame Sor- magistrates, elles s’habilleraient avec trop de coquetterie, ce qui
bin et Arthénice, l’assemblée féminine décide de rompre tout com- discréditerait la justice. Donc l’objection, d’ordre vestimentaire, est
merce avec les hommes parce qu’ils refusent d’entendre ses reven- superficielle, comme si les femmes ne méritaient même pas que les
dications légitimes en matière d’égalité. Les femmes sont décidées hommes prennent la peine de leur répondre sérieusement.
à fonder de leur côté une nouvelle société.
3. L’homme fait allusion aux cornes de cocu que certaines
La fiche 6 (préparée de préférence à la maison) permet aux
femmes feraient porter à leurs maris (elles leur seraient infidèles).
élèves de constater que le rapport de force penche ici clairement
en faveur des femmes. 4. Après la stupéfaction (« Voulez-vous bien vous expliquer,
Il reste à faire découvrir aux élèves de quelle façon, sous couvert Madame ? » demande Timagène), le sarcasme et la colère (« Mais,
de la comédie, la révolte des femmes fournit ici le prétexte à interro- qu’est-ce que c’est que cette mauvaise plaisanterie-là ? Seigneur Tima-
ger le rôle qui leur est dévolu dans la société du xviiie siècle et à ouvrir gène, donnez vos ordres, et délivrez-nous de ces criailleries », déclare
le débat pour le faire évoluer. Hermocrate), les hommes sont désemparés devant la détermina-
tion des femmes qui quittent la scène en les plaçant devant un
ultimatum.
L’entêtement masculin ou le
refus catégorique de reconnaître
les droits des femmes Des revendications féministes
fermes et argumentées
Questions
Questions
1. Que répondent les hommes aux questions des femmes sur
la reconnaissance et l’utilité de leurs droits au début de la scène ? 5. Sur quel ton s’expriment les femmes dans la scène ? Justifiez
Commentez ces réponses. votre réponse.
2. Comment réagissent les hommes à la demande des femmes 6. Que réclament les femmes et dans quelle réplique cela est-il
d’exercer dans le domaine de la justice ? Leur objection vous paraît- résumé ?
elle convaincante ? 7. Contre quel rôle social traditionnel les femmes se révoltent-
3. Que sous-entend « un homme » dans la réplique « Et ce ne sera elles ? Quels arguments avancent-elles pour revendiquer de nou-
pas la seule coiffure que nous tiendrons de vous […] » ? veaux droits et un nouveau rôle dans la société ?

12 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
Étape II. Vers le dénouement : révolte, manipulation et capitulation analytique Séance 7

mêler de tout, être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois,
éléments de réponse ceux de finance, de judicature et d’épée. »
5. Les femmes s’expriment dès le début de la scène sur un ton 7. Les femmes s’insurgent contre le rôle qui leur est tradition-
péremptoire et même virulent. Leurs questions sont des façons nellement dévolu dans la société : celui de « filles » soumises à
d’interpeller les hommes et de leur demander des comptes à la l’autorité d’un père, puis de « femmes » placées sous l’autorité d’un
manière d’Arthénice : « […] vous allez faire des règlements pour la Ré- mari. Elles réclament par exemple de pouvoir entrer dans l’armée.
publique, n’y travaillerons-nous pas de concert ? à quoi nous destinez- Arthénice réfute l’argument souvent avancé par les hommes de la
vous là-dessus ? ». Les phrases exclamatives (« Battez tambour ! » or- peur des femmes face au danger. La faute en incombe selon elle à
donne madame Sorbin) et les verbes à l’impératif sonnent comme l’éducation donnée aux filles : « nous n’avons été poltronnes que par
une déclaration de guerre tandis que le ton devient belliqueux éducation ». Les femmes revendiquent aussi le droit d’exercer un
(« Lisez l’affiche, l’explication y est », « il n’y a rien à rabattre, sinon lisez métier (énumération des métiers d’« avocate », de « présidente »,
notre édit, votre congé est au bas de la page »). Arthénice s’exprime de « soldate »…). L’argument donné est celui de l’égalité, puisque
avec autorité, sur un ton très catégorique qui place les hommes les femmes estiment être égales voire supérieures aux hommes en
devant un ultimatum : « J’ai dit. Il serait inutile de me répondre, prenez termes de qualités et mêmes de défauts, comme le traduit l’emploi
votre parti […] suivez-moi, Madame Sorbin, sortons. » de superlatif « plus méchantes que vous ». Autre argument : s’il peut
paraître étrange au début que des femmes exercent certaines pro-
6. Les femmes réclament de pouvoir exercer des responsabilités
fessions, c’est simplement parce que nous n’y sommes pas habitués
dans des domaines qui, jusque-là, étaient réservés aux hommes
(« il n’y a que l’habitude à tout »). Autre argument encore : la parole
comme la justice, l’armée et les affaires. Ces revendications sont
est un « don » chez les femmes ; elles peuvent donc devenir de meil-
exprimées dans la réplique d’Arthénice : « […] nous voulons nous
leures avocates que les hommes. Dernier argument : même dans
les professions où les hommes semblent exceller comme celles des
« armes », du commerce, ou de la magistrature par exemple, les
femmes pourraient aisément être plus compétentes qu’eux.

Le comique de la scène
Question

8. Quels sont les différents types de comique que l’on retrouve


dans la scène ? Donnez-en des exemples précis.

éléments de réponse

8. Différents types de comique sont représentés dans la scène.


l Le comique de situation repose ici sur l’inversion des rôles : le
sexe opprimé impose au final sa volonté, comme le montrent la
répartition des répliques, le fait qu’Arthénice cloue le bec de l’as-
semblée masculine (« il n’y a rien à rabattre, sinon lisez notre édit,
votre congé est au bas de la page »), qu’elle coupe la parole à Tima-
gène et sorte sans se soucier de ce que les hommes ont à répondre.
Marivaux exagère les propos et le comportement des femmes pour
qu’elles prêtent elles aussi à rire ; en définitive, elles risquent d’attra-
per les mêmes défauts que ceux qu’elles reprochent aux hommes,
comme l’arbitraire des décisions ou la rudesse.
l Le comique de caractère se manifeste à travers le personnage
d’Arthénice, devenue autoritaire. Il s’exerce aussi à travers le sté-
réotype de la femme bavarde (« langue assez bien pendue ») que
les femmes utilisent ici à leur avantage : celles-ci sont donc aussi
capables d’autodérision.
l Le comique de mots est présent notamment avec la mention des
bonnets « carrés » qui deviennent « octogones », le sous-entendu
sur l’infidélité et par des traits d’humour (le rapprochement entre
le « pistolet » et « l’éventail », la référence inattendue mais exotique
et amusante au « perroquet »).
Grève chez Citroën-Javel pour la défense des droits acquis,
photo de Willy Ronis, Paris, 1938.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 13


Lecture
analytique,
Séance 8 rédaction Étape II. Vers le dénouement : révolte, manipulation et capitulation

La capitulation des femmes


(scènes XVII et XVIII)
retournement de situation inattendu qui conduira à la capitulation
Support des femmes et au rétablissement de l’ordre social masculin anté-
Marivaux, La Colonie, scènes XVII et XVIII, p. 81 à 85. rieur. En virtuose de la manipulation, Hermocrate parvient en effet
à ses fins en dressant les femmes de conditions différentes les unes
Outils / matériel
contre les autres.
– Un ordinateur doté d’un logiciel de traitement de texte.
– Une imprimante.
Objectifs L’opposition de classe sociale,
– Repérer et analyser la stratégie d’Hermocrate.
– Repérer et analyser les caractéristiques de ce dénouement.
facteur de division entre les
– Rédiger un texte de présentation de la pièce destiné au pro- femmes
gramme de salle du spectacle La Colonie.
– Concevoir et réaliser une affiche de spectacle. Questions
Compétences
1. Quelle classe sociale madame Sorbin représente-t-elle ?
– Pratiquer des activités d’écriture sous des formes variées.
Comment cette femme est-elle présentée par Hermocrate ?
– Utiliser l’écrit pour apprendre.
2. Quelles sont les deux réactions de madame Sorbin en enten-
Durée
dant ce qu’Hermocrate dit d’elle ?
2 heures.
3. Quels sont les éléments du texte qui permettent de dire
qu’Arthénice est attachée aux privilèges de la noblesse ? Comment
Alors que la rupture avec les femmes semble inévitable et que réagit-elle quand madame Sorbin demande la suppression de ces
Timagène, monsieur Sorbin et Persinet sont tous pris au dépourvu, privilèges ?
Hermocrate se présente comme l’homme providentiel. Le plan
qu’il improvise à la fin de la scène XVI prévoit notamment de jouer éléments de réponse
sur l’imminence du danger d’une attaque par les « sauvages » de
l’île. Pour le reste, nous n’en savons pas plus. Néanmoins, dès le 1. Madame Sorbin représente le tiers état, donc les classes
tout début de la scène XVII, nous voyons Hermocrate à l’action populaires. Hermocrate la décrit avec un vocabulaire péjoratif et
et constatons sa redoutable efficacité. Préparons-nous donc à un lui reproche son statut social peu élevé (« petitesse de condition »),

Des grains de sable et des hommes (La Colonie suivie de L’Île des esclaves), mise en scène de Markita Boies, École supérieure de
théâtre, UQAM, Montréal, 2010.

14 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
analytique,
Étape II. Vers le dénouement : révolte, manipulation et capitulation rédaction Séance 8

ses mauvaises manières (« rusticité ») et son mauvais caractère nice », « sa raison, sa politesse, ses grâces et sa naissance ») et destiné
(« bien de la peine à s’accommoder de vous »). Celui-ci se fait donc le à provoquer l’hostilité de madame Sorbin. Son aparté avec Arthé-
porte-parole des préjugés des nobles vis-à-vis des gens du peuple. nice attise l’animosité de sa partenaire. Néanmoins, en ayant soin
2. Madame Sorbin a une double réaction au discours que de se présenter comme le simple relais de l’opinion des hommes, il
tient Hermocrate. D’abord, elle bouillonne de colère (exclamation s’évite des représailles. Puis il prend le parti de madame Sorbin en
« Tredame ! », répétition de l’adjectif « petit »). Ensuite, elle réagit soutenant l’abolition des privilèges au nom de sa propre apparte-
en radicalisant sa position : puisque les nobles n’ont aucune consi- nance au tiers état (« je suis bourgeois ») et de ses idées progressistes
dération pour elle, elle réclame l’abolition des privilèges (« […] la (« philosophe »). Il s’attache ensuite à flatter à outrance les qualités
gentilhommerie, je la casse pour ôter les petites conditions, plus de de raisonnement de madame Sorbin par une comparaison avec
cette baliverne-là »). Elle pousse cet élan révolutionnaire jusqu’à le philosophe Socrate et montre clairement son désaccord avec
appeler Arthénice « camarade », puis la désigne par son seul rang Arthénice.
(« la noble »). Le ton monte donc entre les deux femmes au cours de Cette manipulation particulièrement habile des deux femmes
la scène jusqu’au point de rupture. par la parole se double d’un effet de mise en scène.
Pour mémoire, l’abolition des privilèges ne sera votée que le 5. Pour accélérer le processus de réconciliation des femmes
4 août 1789. A posteriori nous pouvons donc affirmer que madame avec les hommes, rien de tel qu’un péril imminent : celui d’une
Sorbin préfigure l’esprit révolutionnaire de près de quarante ans. attaque par les indigènes de l’île. Hermocrate a donc eu soin de
3. Arthénice s’oppose ici radicalement à madame Sorbin pour la faire habiller quelques hommes en tenue de combat et de prévoir
première fois au cours de la pièce : c’est donc le signe que cette der- l’entrée en scène de Timagène annonçant la bataille. Cet effet de
nière vient de s’attaquer à une valeur fondamentale et intouchable surprise réveille le réflexe de peur auquel les femmes ont été condi-
(« Comment donc […] vous supprimez les nobles ? »). Elle affirme (au tionnées et les précipite dans le giron des hommes pour y trouver
futur) sa détermination à défendre le statut de la noblesse (« Je n’y protection. Les femmes renoncent ainsi à leur désir d’émancipa-
consentirai jamais ; je suis née avec un avantage que je garderai »). Sa tion (« Viens, mon mari, je te pardonne ; va te battre, je vais à notre
bienveillance pour son ancienne alliée se change en mépris (elle ménage » dit madame Sorbin à la fin de la scène XVIII).
désigne madame Sorbin par une périphrase ironique : « Madame Malgré l’engagement final de Timagène à tenir compte, désor-
l’artisane » et reprend à son compte le reproche de « rusticité » mais, des « droits » des femmes, la fin de La Colonie sonne néanmoins
formulé plus tôt par Hermocrate). Elle devient même insultante le glas du mouvement de libération de la femme né dans la pièce.
pour madame Sorbin (« Cette extravagante ! / cette harengère ! », Au temps de Marivaux, l’égalité entre les femmes et les hommes
« La Sorbin ! ») et finit par exprimer son dégoût envers elle à la scène était encore de l’ordre de l’utopie.
XVIII (« La brutalité de cette femme-là me dégoûte de tout »). Dès lors,
l’union sacrée entre les deux femmes et, à travers elles deux, celle
des femmes du tiers état et de la noblesse, est définitivement rom- Travail d’écriture et de création
pue sous l’effet de la stratégie d’Hermocrate. artistique
À la maison, au moins pour la partie plastique.
Hermocrate, fin stratège et
Sujet
manipulateur
Vous voulez représenter La Colonie avec des camarades. Imagi-
nez et réalisez une affiche pour le spectacle et rédigez à l’aide d’un
Questions logiciel de traitement de texte un petit texte présentant la pièce que
vous distribuerez au public le soir de la représentation.
4. Quel double jeu Hermocrate joue-t-il avec madame Sorbin
et avec Arthénice ? Développez votre analyse.
Critères de réussite
5. Quelle est la petite mise en scène conçue par Hermocrate
pour pousser les femmes à se réconcilier avec les hommes ? – Rédiger un texte de présentation de la pièce pour un lectorat
donné et dans un contexte déterminé.
éléments de réponse – Rédiger un texte qui ne dévoile pas tout et donne envie de
voir le spectacle.
4. Hermocrate tient tantôt le discours de la noblesse quand – Rédiger un texte bref, précis, sans faute et bien présenté.
il s’adresse à Arthénice, tantôt le discours du tiers état quand il – Maîtriser les fonctions de base d’un logiciel de traitement de
penche du côté de madame Sorbin. Tirant toujours son épingle du texte.
jeu, il fait en sorte de les monter l’une contre l’autre sans que jamais – Produire une affiche qui corresponde aux contenus et aux
ne leur vienne l’idée de se liguer contre lui. Sa stratégie consiste enjeux de la pièce.
d’abord à adopter l’attitude modeste de celui qui vient négocier – Choisir la technique le plus adaptée à ses capacités et à ses
un traité de paix pour le camp des vaincus (« Vous l’emportez Ma- désirs (collage, photographie, feutre, peinture, pastel, dessin assisté
dame », « vous triomphez d’une résistance », « vous avez part à tous les par ordinateur…).
emplois »). Cette ruse s’accompagne d’un discours flatteur adressé – Faire preuve de créativité dans la réalisation plastique de
à Arthénice (grâce à l’énumération de ses qualités : « la noble Arthé- l’affiche.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 15


Lecture
Séance 9 comparée Étape III. Réécrire et mettre en scène la pièce aujourd’hui

Une réécriture contemporaine :


La Femme® n’existe pas (2018)

Éléments de réponse
Supports et outils
– Marivaux, La Colonie. 1. Le symbole « ® » signifie « registered trademark », c’est-à-dire
– Internet. signale que le nom de produit qui le précède est une marque dépo-
– Extraits du dossier pédagogique du spectacle La Femme® sée, comme ici le nom « Femme » avec une majuscule. L’auteure es-
n’existe pas (2018). saie de nous faire comprendre que la Femme, le concept, l’identité
n’existent pas en tant que tels mais sont un produit, une invention
Objectif de la société de production et de consommation.
Identifier les partis-pris d’une réécriture. 2. « La Femme n’existe pas » est une phrase prononcée par le
Compétences psychanalyste Jacques Lacan pour contester les théories de Freud
– Faire dialoguer entre elles des œuvres littéraires. selon lesquelles la différence sexuelle serait fondamentale pour
– Lire des documents variés. expliquer la constitution du psychisme humain.
Durée 3. Plusieurs hypothèses possibles pour expliquer ce nouveau
titre : par honnêteté car ce n’est pas exactement le texte de Mari-
1 heure 30.
vaux ; parce que le titre La Colonie est moins évocateur que celui
qu’elle a choisi ; parce que son titre met l’accent sur l’idée que la
notion de genre est construite par la société, notamment détermi-
née par la société de consommation.

Cette étape permet de faire découvrir une réécriture contem-


poraine de La Colonie par une jeune auteure, Barbara Métais-
Quelques aspects de réécriture
Chastanier, sous le titre La Femme® n’existe pas, texte qui a été mis en Relisez la scène I de La Colonie (p. 15 à 17), puis lisez la scène 1
scène par Keti Irubetagoyena (compagnie Théâtre Variable n° 2). On de La Femme® n’existe pas de Barbara Métais-Chastanier ci-après.
pourra lire avec profit aux élèves des extraits des notes d’intention Répondez ensuite aux questions.
de l’auteure et de la metteuse en scène afin de mieux cerner les en-
jeux de ce projet. De plus amples renseignements sur la démarche ARTHÉNICE.
de création de la compagnie Théâtre Variable n° 2 ainsi que sur les Ma sœur
thématiques engagées qu’elle aborde sont disponibles sur son site car vous l’êtes
www.theatrevariable2.com. puisque les femmes de votre rang viennent de vous confier le
même pouvoir que m’ont confié les femmes de la
noblesse
Le titre donnons-nous la main
unissons-nous
et n’ayons qu’un seul et même esprit toutes les deux
Questions et toutes ensemble.

1. En vous aidant d’Internet, dites ce que signifie le symbole MADAME SORBIN.


« ® ». Pourquoi, selon vous, ce symbole suit-il le mot « Femme » Il n’y a plus qu’une femme et qu’une pensée ici.
avec une majuscule ? Qu’essaie de nous faire comprendre l’auteure,
selon vous ? ARTHÉNICE.
2. Toujours en vous aidant d’Internet, trouvez d’où vient cette Nous sommes chargées de la plus grande mission que notre
phrase : « La Femme n’existe pas «. Qui a écrite ou prononcée ? sexe n’ait jamais eue
et cela dans les circonstances les plus favorables
3. Pourquoi, à votre avis, Barbara Métais-Chastanier a-t-elle pour discuter avec les hommes des droits qui sont les nôtres.
choisi ce titre plutôt que de reprendre celui de Marivaux ?

16 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Lecture
Étape III. Réécrire et mettre en scène la pièce aujourd’hui comparée Séance 9

La Femme® n’existe pas, mise scène de Keti Irubetagoyena, avec Grace Seri (Lina), Théâtre Variable n°2, photogramme de Nathalie
Beder, répétition, 2017.

MADAME SORBIN. ARTHÉNICE.


On n’est pas des délinquantes on est des militantes. Nous avons été acculées muselées meurtries.

ARTHÉNICE. MADAME SORBIN.


Nous sommes décidées à changer les choses Nous avons toutes été ces femmes
et nous édifierons un nouveau nouveau monde et nous l’avons toutes payé très cher.
vivable pour tous Aujourd’hui nous avons gravi une première marche en nous
habitable par tous. organisant et en faisant de nous des citoyennes.
La deuxième marche est toute proche
MADAME SORBIN les hommes finiront bien par nous entendre
Toutes ! et nous changerons leurs lois
pour botter le cul du patriarcat.
ARTHÉNICE. Je ne veux plus d’un monde
Tou… tes. où les filles grandissent en apprenant à redouter
ce qu’elles y subiront comme femmes.
MADAME SORBIN. Cette victoire
Exactement. je la dédie à ma fille
Il en faut un tout neuf et l’heure est venue Mesdames. et à la jeunesse :
Nous allons enfin sortir de l’infériorité ridicule c’est pour elle que nous luttons
qu’on nous a imposée depuis le commencement. pour que personne ne doute jamais que sur cette île tout est
Nous allons enfin construire un monde possible !
où les femmes ne subiront plus d’agressions verbales ou
ARTHÉNICE.
sexuelles
Vous sentez-vous le courage qui répond à la dignité de ce
où les femmes ne seront plus victimes quotidiennes de
combat ?
violences conjugales
où les femmes ne connaîtront plus le harcèlement et MADAME SORBIN.
l’humiliation dans la rue ou au travail. À partir d’aujourd’hui Mesdames on se soucie de la vie
Nous avons été traitées avec mépris comme d’un fœtus.
nous avons vécu le dénigrement
nous avons éprouvé dans nos corps ce prix qu’on fait payer ADINE.
aux victimes Fétu
et qu’elles payent leur vie durant. Fétu Madame Sorbin.

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 17


Lecture
Séance 9 comparée Étape III. Réécrire et mettre en scène la pièce aujourd’hui

MADAME SORBIN.
En un mot
Ressources pour l’enseignant
Barbara Métais-Chastanier, Il n' y a pas de certitude suivi de La
on se sacrifie Femme n'existe pas, éditions publie.net, 2018.
on entre dans la bataille
plutôt mourir que d’endurer plus longtemps nos affronts.
Document 1
ARTHÉNICE. Deux exemples de slogans peints sur les banderoles des
Mais je vous garantis un nom immortel. femmes lors du spectacle :
– « La femme® est un objet à usage unique ou répété.
MADAME SORBIN. Il existe des versions plus résistantes, lavables, ou pouvant être rechar-
Nous toutes gées, on les appelle “épouse”. »
dans vingt mille ans – « L’intérêt de l’usage unique est le moindre coût
nous ferons encore la Une de production et la réactivation de la consommation.
têtes d’affiche et gros titres parce que nous aurons essayé. C’est un produit que l’on appelle ”putain”. »
ARTHÉNICE.
Document 2
Et quand bien même nous ne réussirions pas aujourd’hui nos
petites-filles réussiront demain. « Note d’intention de l’écriture » par Barbara Métais-Chastanier
Barbara Métais-Chastanier, Il n' y a pas de certitude suivi de […] La réécriture que j[e] propose [de La Colonie] avec La
Femme® n’existe pas ouvre ces enjeux sur le présent, joue de
La Femme n'existe pas, éditions publie.net, 2018.
l’anachronisme, du rapprochement ou du plus grand écart.
Interpellée par la possibilité de lire La Colonie comme une
Questions fable où serait mise en scène la question de l’agir, du droit
1. Relevez dans le texte au moins une phrase ou une proposi- et de l’organisation sexuelle et politique, je me suis prise
au jeu de la greffe pour faire sonner les triples rapports
tion susceptible de servir de slogan dans le cadre d’une manifes-
de domination que maille le texte de Marivaux : violences
tation.
de genre, rapports de classes et, plus souterraines mais
2. Quel niveau de langue emploient madame Sorbin et Arthé- présentes à travers la fiction des sauvages habitant l’île,
nice ? Qu’en déduisez-vous ? discriminations racistes.
3. Quels sont les abus que subissent les femmes ? L’identité y apparaît pour ce qu’elle est : une circonstance,
4. Quels sont les éléments qui rattachent ce texte à l’époque une stratégie et, le plus souvent, un rapport de force qui ne
contemporaine ? dit pas son nom. L’échec de la révolte menée par Arthénice
et Madame Sorbin découvre le fait que « la » femme n’existe
5. Qu’est-ce qui est comique dans ce texte ? pas car celles qui fondaient leur alliance sur la fusion
(« Il n’y a plus qu’une femme et qu’une pensée ici ! ») sont
Éléments de réponse obligées de constater à l’issue de la fable que les dissensus
l’emportent.
1. Quelques slogans possibles : « On n’est pas des délinquantes
on est des militantes », « plutôt mourir que d’endurer plus longtemps C’est ce récit de l’échec de la lutte des femmes qu’interroge
nos affronts » et « sur cette île tout est possible ». la réécriture : comment s’y prennent les dominants pour
forcer les dominés à consentir à leur propre domination ?
2. Arthénice emploie constamment un niveau de langue sou- Quelles stratégies mettent-ils en place ? Comment s’y
tenu alors qu’il arrive à madame Sorbin d’utiliser des expressions prennent-ils pour naturaliser leurs privilèges ?
familières (« botter le cul du patriarcat »). Ces différences traduisent
[…] Non content de mettre l’accent sur le caractère
la différence de classe sociale entre les deux femmes. construit et historique de l’identité de genre, [Marivaux]
3. Parmi les abus que subissent les femmes figurent les pose les conditions de son exercice de domination.
« agressions verbales ou sexuelles », les « violences conjugales » quo- S’il s’agit de défaire la croyance dans des normes naturelles,
tidiennes, « le harcèlement et l’humiliation dans la rue ou au travail ». La Femme® n’existe pas est à la fois un pied de nez à l’échec
4. Ce texte se rattache à l’époque contemporaine par plusieurs que se propose la pièce et un jeu grinçant et amusé avec la
aspects : la façon dont sont nommés les abus subis par les femmes fiction révolutionnaire qu’invente Marivaux : une anatomie
(termes contemporains), les expressions renvoyant au pouvoir des des formes politiques de la domination.
médias dans la société (« la Une », « têtes d’affiche et gros titres »), la
mention du fœtus et la référence implicite au droit à l’avortement
(« on se soucie de la vie comme d’un fœtus »).
5. Le comique transparaît à travers les mots (le jeu de mots
entre « fétu » et « fœtus »), les gestes suggérés (« botter le cul du
patriarcat »), les caractères (madame Sorbin, personnage truculent
en contraste avec Arthénice, personnage plus précieux).

18 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Jeu théâtral,
Étape III. Réécrire et mettre en scène la pièce aujourd’hui mise en scène Séance 10

La Femme® n’existe pas (2018) :


la mise en scène
Supports et outils 3. On entend beaucoup d’exemples d’expressions contempo-
– Marivaux, La Colonie. raines : « Ferme ta bouche », « faire la grève du cul », « stop », « la
– La présentation vidéo du spectacle La Femme® n’existe pas : connerie, voilà ce qu’il y a après ».
www.theatrevariable2.com/la-femme-nexiste-pas/. 4. Le jeu porte sur deux sens du verbe « entendre » :
– Extraits du dossier pédagogique du spectacle La Femme® – « J’avoue, Madame, que je n’entends pas très bien ce que vous
n’existe pas (2018). voulez dire. » Ici, « entendre » a le sens de « comprendre ».
Objectifs – « Ah, vous n’entendez pas ? Eh bien, tant pis pour vous. », Ici,
– Repérer et analyser les principaux choix d’une mise en « entendre » a le sens de « percevoir par l’écoute », ce qui conduit
scène. l’actrice à se rapprocher du téléphone.
– Analyser et recouper des informations issues de ressources 5. La pièce est transposée à l’époque contemporaine. Les ex-
audiovisuelles et textuelles. traits du texte de Marivaux qui ont été conservés créent des effets
Compétences de décalage entre le xviiie siècle et aujourd’hui.
– Analyser des images et une vidéo en relation avec un spec-
tacle théâtral.
– Travailler sur la mise en scène et la théâtralisation. Les personnages
Durée
1 heure 30. Questions

Ê Fiche élève 7 1. Quels sont les personnages présents à l’image dans la scène
Jouer la révolte des femmes, p. 29. de la conversation téléphonique ?
2. Comment l’acteur qui interprète Arthénice parvient-il à
construire l’image d’un personnage féminin ?
Regardez plusieurs fois la présentation vidéo du spectacle
(www.theatrevariable2.com/la-femme-nexiste-pas/) et analysez les 3. Comparez le jeu de l’acteur jouant Arthénice et de l’actrice
choix de l’équipe artistique en répondant aux questions. jouant madame Sorbin. Que remarquez-vous ?
4. La différence de leur jeu a-t-elle seulement pour fonction
d’opposer des comportements « féminins » et « masculins » ?
L’actualisation 5. Quels sont les personnages présents dans la scène de dia-
logue amoureux ?
Questions
6. Tous les personnages de La Colonie sont des Européens ve-
1. À quelle époque appartiennent les costumes des acteurs et nus s’implanter sur une île peuplée de « Barbares » qu’on ne voit
actrices ? jamais. Quel sens donnez-vous au fait de faire jouer Lina par une
actrice noire ?
2. Donnez quelques exemples d’objets contemporains présents
sur la scène.
Éléments de réponse
3. Donnez des exemples d’expressions contemporaines dans
les extraits entendus. 1. Les personnages présents sont Arthénice (à gauche) et ma-
4. Donnez un exemple de jeu entre deux significations diffé- dame Sorbin (à droite).
rentes d’un même mot, l’une propre à l’époque de Marivaux, l’autre 2. L’acteur se sert d’abord de son costume (il porte un serre-
à l’époque d’aujourd’hui. tête et des boucles d’oreille, une large ceinture noire ferme l’imper-
5. Quelle impression se dégage de ces choix ? méable, les manches de l’imperméable sont retroussées), mais aussi
de certaines attitudes corporelles (le port très droit, le cou allongé,
Éléments de réponse la tête légèrement inclinée, à 1’15’’), du maquillage (visible aussi à
1’15’’), ou du mouvement des bras (à 2’10’’).
1. Les costumes appartiennent tous à l’époque contemporaine. 3. L’acteur a un jeu « féminin », l’actrice un jeu « masculin » :
2. Plusieurs objets contemporains sont présents sur scène elle appuie fortement ses bras et ses mains sur la table, se couche
comme la bombe de peinture, le téléphone, les banderoles, et plus presque sur elle pour s’emparer du téléphone. Ses gestes expriment
généralement le mobilier (chaises, tables, etc.). la force et la volonté, son visage montre directement ses émotions,

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 19


Jeu théâtral,
Séance 10
? mise en scène Étape III. Réécrire et mettre en scène la pièce aujourd’hui

l’image d’un groupe de femmes engagées dans l’action de manière


spontanée (leur mobilier est provisoire), mais aussi avec une grande
détermination (l’espace est tout entier occupé, jusque sur le sol, par
des mots d’ordre, des citations et des slogans).
3. La dimension exotique de l’île est ici rappelée principalement
par quelques éléments de costumes : fleurs et plumes dans les che-
veux, motifs de l’ensemble porté par madame Sorbin. On peut ajou-
ter le jeu sur la chaleur, suggéré par le fait qu’Arthénice et madame
Sorbin s’éventent toutes deux dans le dernier plan.
4. La réécriture proposée par la compagnie Théâtre Variable
n° 2 transpose dans l’époque contemporaine l’action de la pièce de
Marivaux. Elle souligne par là que les luttes féministes sont toujours
d’actualité. Mais elle rappelle aussi, par ses choix de distribution,
qu’il n’existe pas une « identité » féminine (ce que suggérait déjà
Marivaux) et que les comportements considérés comme masculins
La Femme® n’existe pas, mise scène de Keti Irubetagoyena, et féminins sont des constructions culturelles et sociales.
avec Nicolas Martel (Arthénice) et Julie Moulier (madame
Sorbin), Théâtre Variable n°2, photogramme de Nathalie Beder,
répétition, 2017..

jusqu’à la grimace (2’10’’). L’acteur au contraire a un jeu réservé et le


souci de conserver toujours l’élégance. Le dernier plan, dans lequel
Ressource pour l'enseignant
ils s’éventent tous les deux à cause de la chaleur, montre leur dif-
férence. Document
4. La différence de leurs jeux montre aussi la différence des Extrait de la « Note d’intention à la mise en scène » par Keti
classes sociales : l’élégance d’Arthénice suggère l’image d’une aris- Irubetagoyena
tocrate, la gestuelle plus spontanée et plus brutale de Madame Le parti pris scénographique qui gouverne l’esthétique
Sorbin celle d’une femme d’artisan. générale du spectacle s’appuie sur la réalité concrète
5. Lina et Persinet sont les personnages présents dans la scène d’une insurrection : il fait de l’espace de représentation un
de dialogue amoureux. bâtiment occupé, à l’image des salles transformées à tout-
va en lieux de réunions et de prises de décisions lors des
6. Le fait de faire jouer Lina par une actrice noire accentue le fait révoltes ouvrières ou étudiantes.
que « la Femme » n’existe pas, mais que seules existent des femmes, Le décor est donc minime, ou plutôt : tout est décor. Et la
à la fois différentes entre elles (par la classe sociale, par la couleur création lumineuse ne fait que soutenir imperceptiblement
de peau) et toutes tenues à l’écart du pouvoir. l’éclairage de service resté allumé. Des affiches sont
placardées çà et là, des tables et des chaises servent
d’estrades improvisées. Entrant dans la salle, les spectateurs
La scénographie deviennent cette foule silencieuse et complice à laquelle
s’adressent les insurgées dans leurs harangues.
Travaillant sur un grotesque des couleurs et des formes,
Questions les costumes tranchent sur ce qui les entoure : dans ce
décor ingrat, ce sont eux qui construisent l’espace scénique
1. Quels éléments de décor relevez-vous dans les extraits filmés ? et créent le spectacle, la fiction. Ils sont faits de nippes
2. Quelle est l’impression produite par ces éléments ? juxtaposées, dans la tradition des carnavals populaires.
3. Quels sont les éléments qui rappellent la dimension exotique de Plus qu’à une époque historique donnée, c’est à l’acte de
l’île dans la pièce de Marivaux ? déguisement même qu’ils font référence.
Comme un clin d’œil aux jeux de rôles chers à Marivaux,
4. Quelles conclusions pouvez-vous tirer de ces éléments d’analyse ? la distribution (à majorité féminine) s’amuse de ces
travestissements et du trouble provoqué par l’androgynie
Éléments de réponse des interprètes.
Elle use, au début du spectacle, de tous les codes et
1. Une table pliante avec des sièges, un tableau blanc avec un accessoires permettant de distinguer les femmes des
ordre du jour, des banderoles, des lettres au sol constituent les élé- hommes, les nobles des gens du peuple. À mesure que la
ments du décor. révolte s’accroît, néanmoins, et dès l’instant où chaque
2. L’action semble se passer dans le local de réunion d’un interprète jongle d’un genre à l’autre pour incarner tour
groupe de militantes politiques : il est question d’une assemblée à tour la ligue des femmes et l’assemblée des hommes,
générale (dont l’ordre du jour est sur le tableau), on prépare les ban- les normes vestimentaires volent en éclats, incitant les
deroles d’une manifestation, on estécrit des slogans. Cela donne spectateurs au vif plaisir de la transgression.

20 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


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1
abonnés numériques. Adaptable

FI

e
aux besoins des élèves.

Premiers pas dans La Colonie


Personnages en présence
Lecture
La liste des personnages
1. Rendez-vous à la page 14 où figure la liste des c. Combien de générations trouve-t-on dans la pièce et qui
personnages de La Colonie et répondez aux questions représente la jeune génération ?
suivantes. ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
a. Combien de femmes la pièce comporte-t-elle ? Combien
............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
d’hommes ? Qui sont les plus nombreux ?
. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .

. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . d. Que signifie le mot « amant » à l’époque de Marivaux ?


. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .

b. Combien de classes sociales sont représentées ? Qui les ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .


compose ?
e. Quels sont les personnages amoureux ?
. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
............................................................................................. . . . . . . . . . . . .

La présence des personnages en scène


2. Remplissez le tableau suivant à l’aide du livre en indiquant X pour les personnages parlants et (X) pour les personnages
muets.
Scènes I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII Total

Nombre de pages

Arthénice

Madame Sorbin

Monsieur Sorbin

Timagène

Lina

Persinet

Hermocrate

Troupe de femmes,
tant nobles que du
peuple
Autre femme

Autre(s) homme(s) /
quelques hommes
en armes

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 21


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aux besoins des élèves.

3. à partir du tableau, répondez aux questions suivantes.. e. Que pouvez-vous dire de la présence en scène
d’Hermocrate ? Quelle hypothèse pouvez-vous avancer
a. Qui sont les personnages les plus présents sur scène ? pour déterminer le rôle de ce personnage dans la pièce ?
Qu’en concluez-vous ? ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
f. En fonction du nombre de scènes et de pages, que
b. Quels personnages apparaissent toujours ensemble sur remarquez-vous sur la longueur moyenne des scènes ?
scène ? Qu’en concluez-vous ? Quelles sont les scènes les plus longues ? Où sont-elles
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . situées ? Qu’en concluez-vous ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................ .. .. .. .. .. . .

............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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............................................................................................. .. .. .. .. .. . .

c. Quel est le seul personnage qui circule entre le groupe de ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .


femmes et le groupe d’hommes ? ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
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............................................................................................. .. .. .. .. .. . .

............................................................................................. .. .. .. .. .. . .
d. Quand les hommes apparaissent-ils le plus ? Qu’en
concluez-vous ? ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. .. .. .. .. .. . .

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22 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


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L’expression de l’ordre,
de la défense et du conseil
Conjugaison
L’impératif
1. ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
Conjuguez à l’impératif les verbes suivants.
a.
Être : . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .

b. Avoir :.. . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . d. Prenez une décision et suivez-moi. ............................ . . . . . . . . . . . .


c. Aller : . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . ............................................................................................. . . . . . . . . . . . .

d. Savoir : .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . e. Faites la révérence à Monsieur Sorbin et retirez-vous.


............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
e. Vouloir : . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
f. Voler : . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
f. Apprenez-nous un peu la raison de cela. ................... . . . . . . . . . . . .
g. Finir : . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
............................................................................................. . . . . . . . . . . . .
h. Boire : .. . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

i. Faire : .. . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . 3. Complétez (si nécessaire) la terminaison des impératifs


dans les phrases suivantes.
2. Soulignez les verbes conjugués à l’impératif dans les
a. Donn…………-nous la main, uniss…………-nous et
phrases suivantes, puis conjuguez-les au singulier.
n’ay………… qu’un même esprit toutes les deux. (1re
a. N’attendons pas que les hommes se corrigent d’eux- personne du pluriel)
mêmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
b. Ne vous inquit……… point, Mesdames. All…… vous
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . mettre à l’abri. (2e personne du pluriel)
c. Va…. porter ta face d’homme ailleurs ! (2e personne du
b. Allez voir ce qui se passe. Courez, Persinet, rappelez-les,
singulier)
hâtez-vous. . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
d. Di….-nous donc ce que c’est. (2e personne du pluriel)
. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
e. Et toi, attend…… ici et ne t’avise…… pas de parler à
c. Timagène, donnez vos ordres et délivrez-nous de ces cris. Persinet. (2e personne du singulier)

Le subjonctif présent
4.
Conjuguez les verbes suivants au subjonctif présent. j. Faire : .. .............................................................................. . . . . . . . . . . . .
a.
Être : . . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
k. Valoir : ............................................................................. . . . . . . . . . . . .
b. Avoir : .. . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
l. Voir : ................................................................................. . . . . . . . . . . . .
c. Pouvoir : .. . . . . . . . . . . ......................................................................... . 5. Recopiez à part la réplique de Lina, soulignez les
verbes conjugués au subjonctif présent, puis conjuguez-
d. Aller : .. . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . les à l’impératif avec les modifications nécessaires.
e. Savoir : . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . – Ma chère mère, c’est comme vous l’avez dit, que nous
soyons dames et maîtresses par égale portion avec ces mes-
f. Vouloir : . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . sieurs ; que nous travaillions comme eux à la fabrique des lois,
et puis qu’on tire, comme on dit, à la courte paille pour savoir
g. Donner : .. . . . . . . . . . ......................................................................... . qui de nous sera roi ou reine ; sinon, que chacun s’en aille de
son côté, nous à droite, eux à gauche, du mieux qu’on pourra.
h. Finir : . . . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

i. Boire : .. . . . . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 23


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Les figures de style : ornement


et force du discours
Langue (figures de style)

Définitions

1. Associez le nom de chaque figure de style avec sa définition.


1. La représentation concrète d’une idée abstraite. a. L’allégorie : .......................................................
2. L’exagération d’une caractéristique par un adjectif au superlatif, par un
b. La périphrase : .............................................
adverbe d’intensité ou par des mots au sens très fort et souvent au pluriel.
3. Présente un objet ou un animal comme une personne. c. Le parallélisme : ...........................................
4. Fait se succéder deux groupes de mots avec la même construction
d. La métonymie : ............................................
grammaticale.
5. La répétition d’un mot ou d’une expression au début d’une série de phrases e. L’hyperbole : ..................................................
ou de vers.
6. Une énumération de mots dont le sens est de plus en plus fort. f. L’anaphore : .....................................................
7. Désigne un objet par sa provenance ou par l’une de ses parties ou bien le g. La personnification : ................................
contenu d’un objet par son contenant.
8. Remplace un mot par un groupe de mots qui en définit une caractéristique. h. La gradation : .................................................
9. Rapproche deux éléments qui présentent un point commun, sans l’aide d'un i. La métaphore : ................................................
mot-outil de comparaison.

Emplois

2.
Soulignez les figures de style employées dans chaque f. Il est vrai que nous, les femmes, sommes des astres.
exemple et nommez-les. .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
a.
Ne suis-je pas l’élu du peuple ? Ne suis-je pas votre mari et g. Nous disons que le monde est une ferme, les dieux là-
le chef de la famille ? haut en sont les seigneurs, et vous autres hommes, depuis
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ . que la vie dure, en avez toujours été les fermiers.
b. Gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; faites ceci, .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
mon homme ; faites ceci, ma femme.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ . 3. Trouvez des exemples de figures de style que vous
c. Personne n’est tigre, il n’y a que vous ici qui portiez des utilisez ou que vous entendez employer.
griffes. a. Un exemple de périphrase : .......................................... . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
d. D’où vient que madame Sorbin me chasse ? J’en suis
b. Un exemple de métonymie : .. ....................................... . . . . . . . . . . .
encore tout tremblant, je n’en puis plus, je me meurs.
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .

e. Regardez-la : c’est le plaisir des yeux, les grâces et la c. Un exemple de personnification : . . ............................... . . . . . . . . . . .
beauté déguisées sous toutes sortes de formes se disputant .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
à qui versera le plus de charmes sur son visage et sur sa
d. Un exemple d’allégorie : ............................................... . . . . . . . . . . .
figure.
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .

24 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


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Les droits des femmes :


une longue lutte pour l’égalité
Repères
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Les femmes dans l’histoire

................................................................................................. . . . . . . . .
1. Répondez aux questions suivantes (sur une feuille à
part pour a. et b.). ................................................................................................. . . . . . . . .
a. Qui était Olympe de Gouges et pour quel texte d. Qu’appelle-t-on aujourd’hui « la parité » entre les femmes
concernant les droits des femmes est-elle connue ? et les hommes ?
b. Quelles autres femmes ont joué un rôle important ................................................................................................. . . . . . . . .
pendant la Révolution française ?
................................................................................................. . . . . . . . .
c. Donnez une définition du mot « féminisme ».
. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................................................................... . ................................................................................................. . . . . . . . .

. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................................................................... . ................................................................................................. . . . . . . . .

Les droits et la place des femmes en France


2. Associez chacun des événements ou des droits acquis par les femmes à la bonne date.
1. Le droit de vote est accordé aux femmes françaises ainsi que le droit d’être élues. .................................... a. 1882
2. Marie Curie reçoit le prix Nobel de physique. .................................... b. 2012
3. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. .................................... c. 1985
4. La loi Veil légalise l’interruption volontaire de grossesse (IVG). .................................... d. 1791
5. Les programmes scolaires deviennent identiques pour les filles et garçons et un baccalauréat unique est créé. ................. e. 1944
6. Les femmes mariées obtiennent le droit de travailler sans l’autorisation de leurs époux et d’ouvrir un compte en f. 1965
banque en leur nom propre. ....................................
g. 1924
7. L’école primaire gratuite et laïque devient obligatoire pour les filles comme pour les garçons. ....................................
h. 2004
8. Les époux deviennent égaux dans la gestion des enfants et des biens de la famille. ....................................
i. 1980
9. Édith Cresson devient la première femme nommée à la fonction de Premier ministre. ....................................
10. Marguerite Yourcenar devient la première femme élue à l’Académie française. .................................... j. 1903
11. Une loi est votée pour protéger les femmes du harcèlement sexuel. .................................... k. 1991
12. Une loi relative au divorce introduit la procédure d’exclusion du conjoint violent hors du foyer familial. ................................ l. 1975

Lexique

3. Certains noms, notamment de métiers, n’existaient à f. Un professeur Æ une ........................................................... . . . .


l’époque de Marivaux qu’au masculin. Aujourd’hui, avec la
g. Un docteur Æ une ............................................................... . . . .
féminisation d’un grand nombre de professions, ces noms
se mettent à exister au féminin. Mettez au féminin les noms h. Un conducteur Æ une ........................................................ . . . .
masculins ci-dessous.
i. Un ingénieur Æ une.. ............................................................ . . . .
a. Un avocat Æ une......................................................................
j. un chauffeur Æ une ............................................................. . . . .
b. Un président Æ une.. ...............................................................
c. Un soldat Æ une . ..................................................................... k. un pilote Æ une ................................................................... . . . .

d. Un juge Æ une.. . . ..................................................................... l. un chirurgien Æ une............................................................. . . . .


e. Un auteur Æ une ..................................................................... m. un médecin Æ une. ............................................................ . . . .

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 25


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L’énonciation au théâtre
Lecture analytique

Qui parle et à qui ?

1. Lisez cet extrait puis répondez aux questions suivantes.


Le Comte, à part. – Il veut venir à Londres ; elle n’a
Octave. – Ah fâcheuses nouvelles pour un cœur pas parlé.
amoureux ! Dures extrémités où je me vois réduit ! Figaro, à part. – Il croit que je ne sais rien ;
Tu viens, Sylvestre, d’apprendre au port, que mon travaillons-le un peu dans son genre.
père revient ? Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, acte III,
Sylvestre. – Oui. scène 5, 1778.
Octave. – Qu’il arrive ce matin même ?
Sylvestre. – Ce matin même. a. Qui parle et à qui ?.......................................................... . . . . . . . . .
Octave. – Et qu’il revient dans la résolution de me .............................................................................................. . . . . . . . . .
marier ?
Sylvestre. – Oui. b. à quels indices le voit-on ?............................................ . . . . . . . . .
Octave. – Avec une fille du seigneur Géronte ? .............................................................................................. . . . . . . . . .
Sylvestre. – Du seigneur Géronte.
Octave. – Et que cette fille est mandée de Tarente ici .............................................................................................. . . . . . . . . .
pour cela ? c. Que permet ce type de communication à l’auteur ?
Sylvestre. – Oui.
Octave. – Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle ? .............................................................................................. . . . . . . . . .
Sylvestre. – De votre oncle. .............................................................................................. . . . . . . . . .
Molière, Les Fourberies de Scapin,
3. Lisez cet extrait puis répondez aux questions suivantes.
acte I, scène 1, 1671.
a. Qui parle et à qui ?................................................................... George Dandin. – Ah ! qu’une femme demoiselle
est une étrange affaire, et que mon mariage est une
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ............................................................ ............ leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent
b. à quels indices le voit-on ?..................................................... s’élever au-dessus de leur condition, et s’allier,
comme j’ai fait, à la maison d’un gentilhomme ! […]
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................
George Dandin, George Dandin, vous avez fait une
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ........................................................................ sottise la plus grande du monde. Ma maison m’est
effroyable maintenant, et je n’y rentre point sans y
c. Que permet ce type de communication à l’auteur ?
trouver quelque chagrin.
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ........................................................................ Molière, George Dandin, acte I, scène 1, 1668.
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ........................................................................
a. Qui parle et à qui ?.......................................................... . . . . . . . . .
2. Lisez cet extrait puis répondez aux questions suivantes. .............................................................................................. . . . . . . . . .

Figaro, à part. – Voyons-le venir, et jouons b. à quels indices le voit-on ?............................................ . . . . . . . . .


serré […]
.............................................................................................. . . . . . . . . .
Le Comte. […] – J’avais quelque envie de
t’emmener à Londres, courrier de dépêches… mais .............................................................................................. . . . . . . . . .
toutes réflexions faites… c. Que permet ce type de communication à l’auteur ?
Figaro. – Monseigneur a changé d’avis ?
Le Comte. – Premièrement, tu ne sais pas l’anglais. .............................................................................................. . . . . . . . . .
[…]
.............................................................................................. . . . . . . . . .
Figaro. – Diable, c’est une belle langue que
l’anglais ; il en faut peu pour aller loin. […] et si
Monseigneur n’a pas d’autre motif pour me laisser
en Espagne…

26 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


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Le dialogue au théâtre
Lecture analytique

La progression du dialogue
1. a. Dans l’extrait ci-dessous, soulignez les répétitions de Scapin. – Vous ne le déshériterez point.
mots d’une réplique à l’autre. Argante. – Je ne le déshériterai point ?
Scapin. – Non.
Octave. – Comment se porte, mon bon Monsieur, Argante. – Non ?
cette gracieuse mélancolie ? Scapin. – Non. […]
Cœlio. – Octave ! ô fou que tu es ! tu as un pied de Argante. – Qui m’en empêchera ?
rouge sur les joues ! D’où te vient cet accoutrement ? Scapin. – Vous-même.
N’as-tu pas de honte en plein jour ? Argante. – Moi ?
Octave. – Ô Cœlio ! fou que tu es ! tu as un pied Scapin. – Oui. Vous n’aurez pas ce cœur-là.
de blanc sur les joues ! D’où te vient ce large habit Argante. – Je l’aurai. [...]
noir ? N’as-tu pas de honte en plein carnaval ? Scapin. – La tendresse paternelle fera son office.
Cœlio. – Quelle vie que la tienne ! Ou tu es gris, ou Argante. – Elle ne fera rien. [...]
je le suis moi-même. Scapin. – Mon Dieu, je vous connais, vous êtes bon
Octave. – Ou tu es amoureux, ou je le suis moi- naturellement.
même. Argante. – Je ne suis point bon, et je suis méchant,
Cœlio. – Plus que jamais de la belle Marianne. quand je veux.
Octave . – Plus que jamais du vin de Chypre. Molière, Les Fourberies de Scapin, I, 4, 1671.
Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne, I, 1,
1833.
b. Que remarquez-vous sur la façon dont les répliques
b. Quel est l’intérêt de ces répétitions et que peut-on dire de s’enchaînent ?
la relation entre ces deux personnages ? .............................................................................................. .. .. .. .. .. .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... .............................................................................................. .. .. .. .. .. .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... .............................................................................................. .. .. .. .. .. .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... c. Quels sont les types de phrase que l’on trouve dans ce
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ....................................................................... dialogue ? Pourquoi différents types de phrase sont-ils
employés ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . .......................................................................
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
2. a. Lisez l’extrait ci-dessous puis soulignez les mots qui se
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
répètent d’une réplique à l’autre.
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Quoi ! je n’aurai pas pour moi les droits
de père et la raison de la violence qu’on a faite à mon .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
fils ?
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Scapin. – C’est une chose dont il ne demeurera pas
d'accord. d. Dans ce dialogue, quelle est la relation entre les deux
Argante. – Il n’en demeurera pas d’accord ? personnages ?
Scapin. – Non.
.............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Mon fils ?
Scapin. – Votre fils. [...] .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Et je veux, moi, pour mon honneur et
pour le sien, qu’il dise le contraire. [...] .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Scapin. – Il ne le fera pas, vous dis-je. .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Il le fera, ou je le déshériterai.
Scapin. – Vous ? .............................................................................................. .. .. .. .. .. .
Argante. – Moi. [...]

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 27


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La jeunesse de don José


et sa rencontre de l’amour
Les rapports de force dans le dialogue
c. Qui a le dessus dans la scène : les hommes ou les
Rappel femmes ? Justifiez votre réponse.
Pour comprendre comment s’organise un dialogue,
il faut observer quels personnages prennent .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
successivement la parole, si l’un d’entre eux mobilise .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
la parole ou si elle est également répartie entre les
différents rôles. .............................................................................................. . . . . . . . . . . .

.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
3. Ouvrez votre livre à la scène XIII (pages 65 à 68) et
.............................................................................................. . . . . . . . . . . .
répondez aux questions suivantes.
a. Qui prend la parole dans la scène ? Qui est présent sans .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
parler ? .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . .............................................................................................. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... . .............................................................................................. . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ........................................................................ .............................................................................................. . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

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. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

b. Comment se répartissent les répliques en fonction


des deux sexes ? Qui parle le plus ? Appuyez-vous, pour
répondre, sur le nombre de répliques et de lignes.
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

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. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .

. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ........................................................................ La Colonie, mise en scène de Francis Azéma, avec


. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ......................................................................... .
la Troupe du Pavé (de gauche à droite : Fanny Gaebel,
Mirabelle Maquet, Mona Bouyer et Aïda Griffol, théâtre du
. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . ........................................................................ Pavé, 2018.

28 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


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Jouer la révolte des femmes


Mise en scène, théâtralisation
Cette fiche nécessite un grand espace dégagé, de préférence une salle aménagée pour la conduite d’un atelier de pratique théâtrale.

Se mettre en condition pour jouer

1. Guidés par la voix de votre professeur, vous suivrez les puis d’été sur une plage au sable qui vous ralentit. Ensuite le
consignes des exercices suivants, puis prendrez quelques vent se lève, la pluie arrive doucement puis de plus en plus
minutes pour noter vos impressions ou observations. fort et un seul élève a un énorme parapluie sous lequel vous
a. Réveiller son corps et le décontracter vous réfugiez tous. De plus en plus serrés les uns contre
Tous en cercle, commencez par décontracter lentement les autres, vous finissez par ne constituer qu’un seul tronc
la tête et la nuque par une série de balancements de la d’arbre dont, peu à peu, de petites pousses et quelques
tête, devenue très lourde, d’avant en arrière et de droite à feuilles vont se déployer jusqu’à composer une image figée :
gauche jusqu’à la faire rouler d’une épaule à l’autre. Pour celle d’un bel arbre qui reverdit et fleurit au printemps.
décontracter le visage, effectuez de légers massages ou
frottements du bout des doigts (comme pour vous laver) Observations / impressions : ............................................ . . . . . . . . . .
sur le front, les tempes, les paupières, le menton et les ............................................................................................... . . . . . . . .
joues en finissant par l’émission de séries de sons du type
ba, be, bi, bo, bu, fa, fe, fi, fo, fu, ga, gue, gui, go, gu, etc. Pour ............................................................................................... . . . . . . . .
les épaules, procédez par rotations douces d’avant en ............................................................................................... . . . . . . . .
arrière et inversement. On fera de même pour le reste du
corps (coude, poignets, mains, taille, hanches, genoux, ............................................................................................... . . . . . . . .
chevilles et pointes des pieds). On pourra finir par une série
............................................................................................... . . . . . . . .
de frottements ou de tapotements depuis les chevilles
en remontant le long des cuisses, du ventre, du torse ............................................................................................... . . . . . . . .
et jusqu’au sommet du crâne comme pour une douche
............................................................................................... . . . . . . . .
énergique.
............................................................................................... . . . . . . . .
Observations / impressions : .................................................... . c. S’échauffer et se concentrer
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... Marchez en formant un grand cercle en essayant peu à peu
de trouver un rythme de marche commun juste en écoutant
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... les pas des autres, sans parler. Quand le groupe marche
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
à l’unisson, votre professeur désigne un leader en lui
touchant brièvement l’épaule. Ce leader propose un geste
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... qui est répété à l’identique par l’élève qui le suit dans le
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
cercle et ainsi de suite par tous jusqu’à ce que l’enseignant
désigne un autre leader qui lance un autre geste qui
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....................................................................... s’ajoute au premier et ainsi de suite…
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
Observations / impressions : ............................................ . . . . . . . . . .
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .......................................................................
............................................................................................... . . . . . . . .
b. Se familiariser avec l’espace et le groupe
Marchez tranquillement au hasard pour explorer l’espace ............................................................................................... . . . . . . . .
dans toutes les directions possibles (diagonale, en ligne ............................................................................................... . . . . . . . .
droite, en dessinant des boucles, en avant, à reculons) sans
heurter les autres. Au signal de votre professeur, marchez ............................................................................................... . . . . . . . .
de plus en plus vite pour éviter qu’un vide ne se crée à un
............................................................................................... . . . . . . . .
endroit de l’espace (sans quoi une catastrophe pourrait se
déclencher : tremblement de terre, bombe…). Au signal, ............................................................................................... . . . . . . . .
revenez progressivement à une marche tranquille dans
............................................................................................... . . . . . . . .
l’espace. Puis, guidé par la voix de votre professeur, vous
imaginez que vous marchez sous une chaleur de printemps,

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 29


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Se répartir le texte
2. Choisissez un élément dans chacune des catégories a, — « Qu’on nous donne des armes, nous serons plus méchantes
b et c, et apprenez-le par cœur. que les hommes ».
a. Une condamnation des agissements des hommes envers — « Le mariage n’est qu’une servitude pour les femmes et nous
les femmes : l’abolissons ».
— « Plutôt mourir que d’endurer plus longtemps nos affronts ». — « Je fais vœu d’être laide et notre première ordonnance
— « Toujours des hommes et jamais de femmes ». sera que nous tâchions de l’être toutes pour nous venger des
hommes ».
— « N’attendons pas que les hommes se corrigent d’eux-
mêmes ». c. Une justification argumentée :
— « Apprenez que nous nous révoltons ». — « On nous crie dès le berceau : vous n’êtes capables de rien,
ne vous mêlez de rien, vous n’êtes bonnes à rien qu’à être sages.
b. Une revendication féministe :
On l’a dit à nos mères qui l’ont cru, qui nous le répètent ; on a les
— « Nous voulons nous mêler de tout, être associées à oreilles rebattues de ces mauvais propos ».
tout, exercer avec vous tous les emplois, ceux de finance, de
— « Jusqu’ici nous n’avons été poltronnes que par éducation ».
judicature et d’épée. »

S’écouter et s’adresser aux autres


3. S’écouter 4. S’adresser aux autres
En ligne, choisissez une phrase comme « Jusqu’ici nous Marchez tous dans l’espace dans toutes les directions
n’avons été poltronnes que par éducation » et répétez-la possibles. Puis quand vous croisez le regard de quelqu’un,
l’un après l’autre, tous une fois de manière neutre. Puis immobilisez-vous pour prendre le temps de lui dire une
répétez-la tous l’un après l’autre en chuchotant avant phrase apprise du texte. Selon que cette personne est loin
de la chuchoter une dernière fois tous ensemble sans ou près, choisissez de la lui chuchoter ou de la lui crier.
avoir convenu d’un signal préalable. Refaites l’exercice Renouvelez l’exercice plusieurs fois en écoutant ce qui se
en changeant de volume, d’intonation, etc. Répétez-la passe autour de vous pour que l’exercice ne se transforme
plusieurs fois en attribuant à chacun une syllabe de la pas en énorme brouhaha.
phrase. Observations / impressions :
Observations / impressions : ....................................................
.............................................................................................. . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . .......................................................................
.............................................................................................. . . . . . . . . .
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.............................................................................................. . . . . . . . . .

Jouer un chœur de femmes révoltées


5. Jouer Vous prendrez la parole tour à tour pour communiquer les
Laissez-vous guider par votre professeur qui répartira les phrases apprises en fonction du signal que votre professeur
prises de parole de chacun. Il vous proposera par exemple vous enverra à chacun à la manière d’un chef d’orchestre.
de commencer par vous regrouper au centre de l’espace L’objectif est de produire un effet de crescendo et de finir
et le plus serré possible. Dans le silence, vous essaierez de par une phrase prononcée tous ensemble.
vous écouter respirer pour trouver une sorte de rythme Observations / impressions : ........................................... . . . . . . . . .
commun à votre respiration. Progressivement, vous
.............................................................................................. . . . . . . . . .
commencerez très lentement à taper des pieds à l’unisson,
puis à avancer. Le son produit pourra rappeler celui d’un .............................................................................................. . . . . . . . . . . .
roulement de tambour qui accompagne le déplacement
.............................................................................................. . . . . . . . . .
d’un groupe. Vous finirez par occuper tout l’espace et vous
vous immobiliserez de façon à composer une belle image. .............................................................................................. . . . . . . . . .

30 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Corrigés

Corrigés des fiches élève


5. Ma chère mère, c’est comme vous l’avez
FICHE 1 FICHE 2 dit, que nous soyons dames et maîtresses par
égale portion avec ces messieurs ; que nous
Premiers pas dans La Colonie L’expression de l’ordre, de la travaillions comme eux à la fabrique des lois,
– Personnages en présence défense ou du conseil et puis qu’on tire, comme on dit, à la courte
paille pour savoir qui de nous sera roi ou reine ;
1. a. Quatre hommes et trois femmes 1. a. Être : sois, soyons, soyez. b. Avoir : aie, sinon, que chacun s’en aille de son côté, nous
(rôles principaux). Un peu plus de ayons, ayez. c. Aller : va, allons, allez. d. Savoir : à droite, eux à gauche, du mieux qu’on pourra.
femmes (« Troupe de femmes ») si l’on sache, sachons, sachez. e. Vouloir : veuille, vou- à l’impératif : Ma chère mère, c’est comme
tient compte des figurantes. b. Deux lons/veuillons, veuillez. f. Voler : vole, volons, vous l’avez dit, soyons dames et maîtresses par
classes sociales : la noblesse et le tiers état volez. g. Finir : finis, finissons, finissez. h. Boire : égale portion avec ces messieurs ; travaillons
(« artisan », « peuple »). Pour la noblesse : bois, buvons, buvez. i. Faire : fais, faisons, faites. comme eux à la fabrique des lois, et puis tirons,
Arthénice, Timagène, Hermocrate. Pour le tiers 2. a. N’attendons pas que les hommes se comme on dit, à la courte paille pour savoir qui
état : monsieur et madame Sorbin, Lina, Persi- corrigent d’eux-mêmes. N’attends pas que de nous sera roi ou reine ; sinon, allons chacun
net. c. Deux générations, les parents (monsieur les hommes se corrigent d’eux-mêmes. b. de son côté, nous à droite, eux à gauche, du
et madame Sorbin) et les jeunes (Lina, Persi- Allez voir ce qui se passe. Courez, Persinet, mieux qu’on pourra.
net). d. « Amant » signifie à l’époque « qui aime rappelez-les, hâtez-vous. Va voir ce qui se
et est aimé en retour ». e. Persinet est l’« amant passe. Cours, Persinet, rappelle-les, hâte-toi. FICHE 3
» de Lina. c. Timagène, donnez vos ordres et délivrez-
2. nous de ces cris. Timagène, donne tes ordres et Les figures de style :
délivre-nous de ces cris. d. Prenez une décision
Scènes
I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII Total
et suivez-moi. Prends une décision et suis-moi.
ornement et force du discours
Nombre de pages 3 5 1 2 2 2 1 1 8 1 3 2 3 4 1 2 3 1 45
Arthénice x x x x x x x x x x x x (x) x x x 16
e. Faites la révérence à Monsieur Sorbin et reti- 1. a. 1. – b. 8. – c. 4. – d. 7. - e. 2. – f. 5.
Madame Sorbin x x x x x x x x x x x x x x x x 16
rez-vous. Fais la révérence à Monsieur Sorbin et - g. 3. – h. 6 – i. 9.
Monsieur Sorbin x x x x x x 6 retire-toi. f. Apprenez-nous un peu la raison de 2. a. Ne suis-je pas l’élu du peuple ? Ne suis-je
Timagène x x x x x x x 7 cela. Apprends-nous un peu la raison de cela. pas votre mari et le chef de la famille ? Ana-
Lina x x (x) x x x x x (x) (x) x (x) 12 3. a. Donnons-nous la main, unissons-nous et phore. b. Gouvernez, gouvernons ; obéissez,
Persinet x x x x (x) x x x 8 n’ayons qu’un même esprit toutes les deux. obéissons ; faites ceci, mon homme ; faites
Hermocrate x x x (x) x x (x) 7
b. Ne vous inquiétez point, Mesdames. Al- cela, ma femme. Parallélismes de construction.
Troupe de femmes, tant
nobles que du peuple
x (x) x x 4 lez vous mettre à l’abri. c. Va porter ta face c. Personne n’est tigre, il n’y a que vous ici qui
Autre femme
x (x) x (x) (x) (x) 6 d’homme ailleurs ! d. Dites-nous donc ce que portiez des griffes. Métaphore (filée). d. J’en
Autre(s) homme(s) /
quelques hommes x x (x) (x) (x) (x) 6
c’est. e. Et toi, attends ici et ne t’avise pas de suis encore tout tremblant, je n’en puis plus,
en armes parler à Persinet. je me meurs. Gradation. e. Regardez-la : c’est
X : présence. (X) : présence muette 4. a. Être : que je sois, que tu sois, qu’il/elle/ le plaisir des yeux, les grâces et la beauté se
on soit, que nous soyons, que vous soyez, déguisant sous toutes sortes de formes à qui
3. a. Madame Sorbin et Arthénice sont pré- qu’ils/elles soient. b. Avoir : que j’aie, que tu versera le plus de charmes sur son visage et
sentes presque en permanence sur scène. Ce aies, qu’il/elle/on ait, que nous ayons, que sur sa figure. Hyperboles. f. Il est vrai que nous,
sont donc les personnages principaux. b. Elles vous ayez, qu’ils /elles aient. c. Pouvoir : que je les femmes, sommes des astres. Métaphore.
apparaissent toujours ensemble car elles sont puisse, que tu puisses, qu’il/elle/on puisse, que g. Nous disons que le monde est une ferme,
unies par un projet commun. c. Persinet est le nous puissions, que vous puissiez, qu’ils / elles les dieux là-haut en sont les seigneurs, et vous
seul à circuler entre le groupe des femmes et puissent. d. Aller : que j’aille, que tu ailles, qu’il/ autres hommes, depuis que la vie dure, en avez
celui des hommes (et c’est lui qui provoque la elle/on aille, que nous allions, que vous alliez, toujours été les fermiers. Allégorie.
coalition masculine après son duo avec Lina qu’ils / elles aillent. e. Savoir : que je sache, que 3. a. Périphrase : la capitale de la France (Paris).
scène XI). d. Les hommes apparaissent massi- tu saches, qu’il/elle/on sache, que nous sa- b. Métonymie : boire un verre. c. Personnifica-
vement vers la fin de la pièce, après être appa- chions, que vous sachiez, qu’ils / elles sachent. tion : la bouche d’égout. d. Allégorie : la Fau-
rus au début (scène II) pour l’exposé du conflit. f. Vouloir : que je veuille, que tu veuilles, qu’il/ cheuse (la mort).
C’est le moment de la coalition masculine, du elle/on veuille, que nous voulions, que vous
complot pour déjouer le projet des femmes. vouliez, qu’ils/elles veuillent. g. Donner : que FICHE 4
e. Hermocrate n’apparaît qu’à partir de la je donne, que tu donnes, qu’il/elle/on donne,
scène XII. On peut supposer que son entrée en que nous donnions, que vous donniez, qu’ils Les droits des femmes : une
scène va produire un retournement de situa- / elles donnent. h. Finir : que je finisse, que tu
finisses, qu’il/elle/on finisse, que nous finis- longue lutte pour l’égalité
tion qui va permettre la résolution du conflit
et conduire au dénouement. f. La Colonie se sions, que vous finissiez, qu’ils/elles finissent. 1. a. Olympe de Gouges (née Marie Gouze en
compose de 18 scènes généralement courtes. i. Boire : que je boive, que tu boives, qu’il/elle/ 1748) était une femme de lettres et l’une des
Comme chaque scène est délimitée par l’en- on boive, que nous buvions, que vous buviez, premières féministes de l’histoire. C’était aussi
trée ou la sortie d’au moins personnages, les qu’ils/elles boivent. j. Faire : que je fasse, que une anticolonialiste et une antiesclavagiste
mouvements de scène sont nombreux. Cela tu fasses, qu’il/elle/on fasse, que nous fas- qui prenait position à travers des manifestes
fait ressortir les scènes plus longues : II, IX, XIV sions, que vous fassiez, qu’ils/elles fassent. k. politiques. Le plus connu est la Déclaration
et XVII. La plus longue scène, la IX, se situe au Valoir : que je vaille, que tu vailles, qu’il/elle/ des droits de la femme et de la citoyenne datée
centre de la pièce (donc de l’action) et ne com- on vaille, que nous valions, que vous valiez, de 1791. L’article 1 y stipule que « la femme
prend aucun personnage masculin. On peut qu’ils/elles vaillent. l. Voir : que je voie, que tu naît et demeure égale à l’homme en droits. ».
donc supposer qu’elle exprime les idées fémi- voies, qu’il/elle/on voie, que nous voyions, que Olympe de Gouges est guillotinée en 1793
nistes de la pièce. vous voyiez, qu’ils/elles voient. surtout en raison de ses prises de position

SEPTEMBRE 2018 MARIVAUX, LA COLONIE supplément NRP COLLÈGE 31


Corrigés

contre Robespierre et le régime de la Terreur. 2. a. Figaro parle au Comte et le Comte à Figa- – Moi. […] SCAPIN. – Vous ne le déshérite-
b. Autres femmes ayant joué un rôle important ro, sauf pendant les apartés où ils s’adressent rez point. ARGANTE. – Je ne le déshériterai
sous la Révolution française : madame Roland chacun à eux-mêmes. Au-delà, un auteur point ? SCAPIN. – Non. ARGANTE. – Non ?
(née Jeanne Marie Phlipon, 1754-1793) est une communique avec son public via des acteurs SCAPIN. – Non. […] ARGANTE. – Qui m’en
salonnière acquise aux idées des Lumières et qui parlent pour des spectateurs. b. Figaro empêchera ? SCAPIN. – Vous-même. AR-
une personnalité politique. Elle joua un rôle et le Comte s’adressent l’un à l’autre : tutoie- GANTE. – Moi ? SCAPIN. – Oui. Vous n’aurez
majeur pendant la Révolution française (égé- ment de la part du Comte (« t’», « tu ») et de pas ce cœur-là. ARGANTE. – Je l’aurai. [...]
rie du parti girondin). Elle prit une part active la part de Figaro le vouvoiement, apostrophe SCAPIN. – La tendresse paternelle fera son
à la carrière administrative puis à l’ascension rappelant la noblesse de son interlocuteur office. ARGANTE. – Elle ne fera rien. [...] SCA-
politique de son mari jusqu’à sa nomination (« Monseigneur) et l’emploi de la 3e personne PIN. – Mon Dieu, je vous connais, vous êtes
comme ministre de l’Intérieur. Elle finit guilloti- de majesté (« Monseigneur a changé »). bon naturellement. ARGANTE. – Je ne suis
née. Moins connues : Claire Lacombe (1765- ?) Apartés : didascalie « à part » ; impératifs point bon, et je suis méchant, quand je veux.
est une actrice féministe et une militante révo- « Voyons », « jouons », « travaillons » pour Figaro ; b. Les répliques s’enchaînent soit par un jeu de
lutionnaire récompensée pour avoir pris part didascalie « à part », emploi de la 3e personne question/réponse, soit par une reprise de mot
à l’assaut du palais des Tuileries le 10 août du singulier comme si Figaro n’était pas là à l’identique (« non »), soit par une réponse par
1792 avec un bataillon de Fédérés. En 1793, (« Il ») pour le Comte. c. L’aparté permet ici de reprise de mots mais dans une phrase néga-
elle fonde avec Pauline Léon la Société des mettre en valeur la stratégie des deux person- tive. c. Phrases déclaratives (affirmatives ou
républicaines révolutionnaires. Pauline Léon nages, chacun cherchant à être plus malin que négatives), interrogatives, phrases nominales
(1768-1838) est une révolutionnaire française l’autre en le mettant à l’épreuve. Il crée aussi (parfois constituées d’un seul mot). L’emploi de
qui participe à la prise de la Bastille, veut que une certaine complicité avec le spectateur et différents types de phrase permet d’obtenir un
les femmes aient le droit de porter une arme accentue le comique de caractère de la scène. dialogue plus varié et plus vivant. d. C’est une
et milite en faveur de la création d’une garde 3. a. George Dandin se parle à lui-même scène d’opposition (ou de confrontation) entre
nationale féminine. Anne-Josèphe Théroigne (monologue) ; un acteur l’interprétera pour un maître, Argante, et son valet, Scapin. Celui-
de Méricourt (1762-1817) est une femme poli- un spectateur selon la volonté d’un auteur de ci essaie de dissuader son maître de sanction-
tique révolutionnaire originaire de Liège. Elle s’adresser à son public. b. Dandin s’adresse à ner son fils.
est la première femme à occuper les tribunes lui-même en prononçant deux fois son nom 3. a. Arthénice, Hermocrate, Timagène, un
de l’Assemblée. Fervente républicaine, elle re- complet et en s’interpellant à la 2e personne du autre homme et madame Sorbin prennent
vendique l’égalité des droits pour les femmes : pluriel. c. Par ce choix, l’auteur nous informe successivement la parole tandis que Persinet,
droit à s’occuper de politique, de porter une sur la situation du personnage éponyme au Lina et une autre femme restent silencieux.
arme… Accusée en pleine assemblée de début de la pièce (exposition) et nous livre son b. La scène compte 26 répliques pour 73 lignes.
soutenir le parti girondin, elle est insultée et état intérieur (un personnage perturbé par la Les femmes prononcent 16 répliques pour 54
agressée violemment par des femmes du parti situation au point de s’interpeller lui-même lignes. La scène est donc très déséquilibrée et
jacobin qui l’humilient publiquement. Elle ne avec son nom complet, comme s’il se dédou- ce sont donc les femmes qui y parlent le plus.
s’en remettra jamais et passera le reste de sa vie blait ?). c. Ce sont les femmes qui ont le dessus dans
internée dans un asile. c. Le « féminisme » peut la scène puisqu’elles ont le dernier mot (elles
FICHE 6
être défini comme un ensemble de principes et coupent la parole à Timagène, l’homme au sta-
de prises de position dont l’objectif est de faire tut social le plus élevé) et sortent devant des
reconnaître et d’étendre les droits des femmes
Le dialogue au théâtre hommes impuissants à réagir.
pour améliorer leur situation dans la société. 1. a. OCTAVE. – Comment se porte, mon bon
d. La « parité » entre les femmes et les hommes Monsieur, cette gracieuse mélancolie ? CŒLIO. FICHE 7
désigne l’équivalence parfaite, l’égalité absolue – Octave ! ô fou que tu es ! tu as un pied de
de valeur et de traitement entre les femmes et rouge sur les joues ! D’où te vient cet accou- Jouer la révolte des femmes
les hommes. trement ? N’as-tu pas de honte en plein jour ? Il n’y a pas de correction type pour cet exercice.
2. 1. e. – 2. j . – 3. d. – 4. l. – 5. g. – 6. f. – 7. a. – OCTAVE. – Ô Cœlio ! fou que tu es ! tu as un Le professeur pourra à sa convenance laisser
8. c. – 9. k. – 10. i. – 11. b. – 12. h. pied de blanc sur les joues ! D’où te vient ce un moment aux élèves après chaque exercice
3. a. Une avocate. b. Une présidente. c. Une large habit noir ? N’as-tu pas de honte en plein pour noter leurs observations et impressions
soldate. d. Une juge. e. Une auteure ou une carnaval ? CŒLIO. – Quelle vie que la tienne ! ou bien leur demander d’attendre la fin de la
autrice. f. Une professeure. g. Une doctoresse Ou tu es gris, ou je le suis moi-même. OCTAVE. séance pour le faire.
ou une docteure. h. Une conductrice. i. Une – Ou tu es amoureux, ou je le suis moi-même. L’intérêt est de sensibiliser les élèves à plusieurs
ingénieure. j. Une chauffeure. k. Une pilote. CŒLIO. – Plus que jamais de la belle Marianne. composantes essentielles de la pratique théâ-
l. Une chirurgienne. m. une (femme) médecin. OCTAVE. – Plus que jamais du vin de Chypre. trale comme la place du corps dans l’espace, la
b. Les répétitions (parallélismes de construc- nécessité de constituer un groupe soudé qui
FICHE 5 tions) soulignent l’effet de double entre les s’écoute, évolue selon un rythme commun et
deux personnages masculins (miroir inversé). instaure une communication précise et har-
L’énonciation au théâtre 2. a. ARGANTE. – Quoi ! je n’aurai pas pour monieuse entre ses membres et avec le spec-
1. a. Octave (le maître) parle à Silvestre (son va- moi les droits de père et la raison de la vio- tateur. En fin de séance, le temps d’échange
let), deux acteurs vont les interpréter pour des lence qu’on a faite à mon fils ? SCAPIN. – C’est sur les impressions et observations des parti-
spectateurs, pour qu’un auteur s’adresse à son une chose dont il ne demeurera pas d’accord. cipants est primordial.
lectorat / public. b. Indices : alternance de ques- ARGANTE. – Il n’en demeurera pas d’accord ?
tions et de réponses (confirmation par Silvestre SCAPIN. – Non. ARGANTE. – Mon fils ? SCA-
de ce qu’Octave sait déjà), tutoiement du maître PIN. – Votre fils. […] ARGANTE. – Et je veux,
et vouvoiement de la part du valet. c. Ce choix moi, pour mon honneur et pour le sien, qu’il
permet à l’auteur de transmettre des informa- dise le contraire. […] SCAPIN. – Il ne le fera
tions essentielles aux spectateurs sur les per- pas, vous dis-je. ARGANTE. – Il le fera, ou je
sonnages et leur situation (scène d’exposition). le déshériterai. SCAPIN. – Vous ? ARGANTE.

32 supplément NRP COLLÈGE MARIVAUX, LA COLONIE septembre 2018


Des tests pour connaître son type de mémoire
et sa personnalité afin d’exploiter son potentiel
pour réviser le brevet.

Des fiches avec des méthodes pour s’organiser,


mémoriser et réviser autrement.

Des exercices d’application dans toutes


les matières du brevet.

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