Piraterie
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* Kamelia Kolli, LL.D. (Montréal). Chercheuse régulière, Centre de droit des affaires et
du commerce international (CDACI). Stéphane Rousseau, S.J.D. (Toronto). Professeur
titulaire de la Chaire en gouvernance et droit des affaires et Directeur du Centre de
droit des affaires et du commerce international (CDACI). Les auteurs tiennent à remer-
cier la Fondation du Barreau du Québec pour son soutien à la présente étude. Les au-
teurs remercient chaleureusement le professeur Vincent Caron de la Faculté de droit de
l’Université d’Ottawa, ainsi que Me Jérémie Torres-Ceyte, chargé de cours à
l’Université de Montréal, pour leur précieux conseils lors de la lecture d’une version pré-
liminaire de cet article. Nous remercions finalement les évaluateurs anonymes pour
leur lecture attentive et leurs commentaires.
Kamelia Kolli et Stéphane Rousseau 2017
Citation: (2017) 62:4 McGill LJ 1043 — Référence : (2017) 62:4 RD McGill 1043
1044 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
Introduction 1045
I. Le contrat de prestations logistiques : une notion issue
de la gestion des opérations logistiques de l’entreprise 1048
A. L’importance centrale du concept de « chaîne
logistique integrée et ouverte » dans l’organisation
moderne des entreprises 1049
B. Le recours à l’impartition des activités logistiques 1057
II. Qualifier juridiquement le contrat de prestations logistiques 1071
A. Le contrat de logistique et les autres catégories
contractuelles 1073
1. Le contrat de prestations logistiques et le contrat de
transit ou de commission de transport 1073
2. Le contrat de prestations logistiques et le contrat de
transport 1077
3. Le contrat de prestations logistiques et le contrat de
dépôt 1085
4. Le contrat de prestations logistiques et le contrat
d’entreprise ou de service 1088
B. L’analyse jurisprudentielle du contrat de logistique 1091
1. Isoler l’opération génératrice du dommage 1092
2. Appliquer la théorie de l’accessoire 1094
3. Considérer le contrat dans sa globalité 1097
Conclusion 1099
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1045
Introduction
L’organisation des activités des entreprises a pris un tournant majeur
depuis les années 1980 avec l’apparition de l’entreprise réseau1. Celle-ci a
éclipsé l’entreprise traditionnelle, hiérarchisée et unifiée dont l’idée fon-
damentale était l’intégration verticale complète des étapes de fabrication
et l’élimination des rivaux2. La concurrence est de nos jours d’une telle fé-
rocité qu’il est difficile pour une seule entreprise de supporter les coûts de
la gestion et du contrôle de toutes ses activités. Contrairement au modèle
d’entreprise dite « château »3, l’entreprise réseau mise sur la création de
relations commerciales stratégiques avec des entreprises spécialisées
dans différents maillons de la chaîne de fabrication (fournisseurs, distri-
buteurs et clients)4. En plus d’améliorer la conception, la production et la
commercialisation des produits, ces relations externes permettent égale-
ment à l’entreprise de se départir de certaines activités périphériques à
son cœur de métier. L’entreprise réseau est ainsi considérée comme
[une entreprise qui] se concentre sur les quelques activités qu’elle
maîtrise mieux que quiconque. [...]. Elle crée des partenariats avec
des clients « privilégiés » de manière à faciliter la conception de pro-
duits qui devancent les besoins du marché. Elle améliore ses proces-
sus de production en étroite association avec ses fournisseurs. Elle
confie à d’autres organisations, capables de les réaliser à moindre
coût, certaines de ses activités [...]. Elle mise sur ses relations straté-
giques, plutôt que sur sa taille imposante, pour faire sa marque.5
1 Voir Gilles Paché et Claude Paraponaris, L’entreprise en réseau : approche inter et intra-
organisationnelle, ADREG, 2006 à la p 13.
2 Pour plus d’information sur l’entreprise traditionnelle, voir Patrick Gianfaldoni et Ber-
nard Guilhon, « Coopération industrielle et théorie de la firme-réseau : une perspective
historique et spatiale » dans Jacques-Laurent Ravix, dir, Coopération entre les entre-
prises et organisation industrielle, Paris, CNRS, 1996, 141. Les principes sur lesquels
reposent les modèles américains (taylorien, fordien et sloanien) comparés aux principes
du modèle japonais ohnien-toyotien ainsi que l’évolution progressive vers l’entreprise
réseau sont expliqués par les auteurs.
3 L’expression « entreprise château » est empruntée à Diane Poulin, Benoit Montreuil et
Stéphane Gauvin, L’entreprise réseau : bâtir aujourd’hui l’organisation de demain,
Montréal, Publi-Relais, 1994 à la p 17 et s.
4 Voir Fabien Mariotti, Qui gouverne l’entreprise en réseau?, Paris, Presses de la Fonda-
tion nationale des sciences politiques, 2005 aux pp 21–22; Alessandra Marasco, « Third-
party logistics: A literature review » (2008) 113:1 Intl J Production Economics 127 à la
p 128.
5 Poulin, Montreuil et Gauvin, supra note 3 à la p 18. Un autre modèle encore plus pous-
sé tend à apparaître : celui de l’organisation virtuelle. Tant l’entreprise réseau que
l’entreprise virtuelle reposent sur des accords commerciaux et un recentrage vers le
cœur de métier. Cependant, l’entreprise virtuelle mise sur des alliances stratégiques
plus limitées dans le temps, une orientation client plus poussée, ainsi qu’une imparti-
tion plus importante (voir Benoit Aubert, Michel Patry et Suzanne Rivard,
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10 Voir Isabelle Bon-Garcin, Maurice Bernadet et Yves Reinhard, Droit des transports, Pa-
ris, Dalloz, 2010 aux pp 400–01. Après avoir rappelé que la logistique est une fonction
d’organisation de l’entreprise, les auteurs expliquent que :
les juristes y voient en fait et seulement des contrats composites, ou un en-
semble d’opérations imbriquées les unes dans les autres, et dans lesquelles le
transport est une phase obligée. Aussi la question classique qui se pose est de
savoir si l’on est face à une juxtaposition de contrats distincts obéissant cha-
cun à leurs propres règles ou si l’on peut y voir une convention unique com-
mandée par la prestation essentielle de l’entrepreneur (ibid [note omise]).
11 Nos recherches révèlent, en effet, que la doctrine québécoise n’a pas encore traité du
contrat de prestations logistiques. En ce concerne la doctrine française, l’on peut remar-
quer que ce sont surtout les spécialistes du droit des transports qui portent une atten-
tion particulière à la logistique et au contrat de prestations logistiques. Nous référerons
aux écrits des spécialistes reconnus au niveau international en droit du transport, qu’ils
soient francophones ou anglophones.
12 Voir Bon-Garcin, Bernadet et Reinhard, supra note 10 à la p 401. À juste titre, les au-
teurs soulèvent les questions suivantes : « Force est de constater que pour l’heure, les
solutions ne sont guère satisfaisantes pour la sécurité juridique des contractants. Mais
peut-on aller plus loin? Faut-il ou peut-on définir juridiquement les opérations de logis-
tique? ».
13 Voir Patrick Vlačič et Marko Pavliha, « Logistics Contract and Logistics Law: Is It an
Economic Imperative? » (2006) 41:1 Eur Transp L 7 à la p 20.
1048 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
ainsi pour point de départ la gestion stratégique des entreprises et, plus
particulièrement, la gestion des opérations logistiques (I). Il s’agit de
mieux comprendre les phénomènes organisationnels qui sont à la base du
contrat de prestations logistiques. Plus concrètement, cela implique de
pouvoir cerner le concept de logistique et d’identifier les activités qui sont
le plus souvent incluses dans un tel contrat. Ainsi, même si notre analyse
s’adresse avant tout aux juristes, il nous paraît incontournable d’exposer
certains principes qui régissent la chaîne logistique et qui ne relèvent pas
du droit, mais bien des sciences de la gestion14.
Une fois les origines du contrat de prestations logistiques exposées,
nous nous concentrerons sur sa qualification (II). Cette recherche juri-
dique porte prioritairement sur le droit québécois. Cependant, puisque le
contrat de logistique est l’objet d’une partie de la doctrine française, et
qu’il fait de plus en plus l’objet de décisions jurisprudentielles en France,
il nous semble opportun de les rapporter et de s’y référer.
sont peu traitées par les juristes. Les analyses juridiques portant princi-
palement sur le phénomène de l’impartition sont limitées au droit de
l’informatique16 et au droit du travail17. L’exposé de ces deux concepts pré-
sente un double intérêt. Le premier est qu’ils sont tous deux à l’origine du
sujet qui nous préoccupe : le contrat de prestations logistiques. Le second
est qu’ils sont à la base de l’organisation moderne des activités de
l’entreprise.
16 Voir par ex André Vautour, « Quelques aspects d’un contrat d’impartition d’un système
de gestion de l’information » dans Services de la formation permanente — Barreau du
Québec, Développements récents en droit commercial, Cowansville (Qc), Yvon Blais,
1995, 41. En dehors du Québec, c’est la terminologie anglophone qui est utilisée, (même
par les auteurs francophones) pour référer à l’externalisation ou à l’impartition dans le
domaine de l’informatique. On retrouve souvent les expressions « contrat de facilities
management », « contrat d’infogérance », ou encore « business process outsourcing ».
Voir par ex Lionel Costes, dir, Lamy droit de l’informatique et des réseaux, Rueil-
Malmaison, Wolters Kluwer France, 2011 au para 3804; Frédérique Dupuis-Toubol et
François Vergne, « Le contrat de Facilities Management » [1993] 9 JCP E 225. En ce qui
concerne l’impartition et le droit de l’informatique, voir Christophe Paulin, dir, Lamy
logistique, « Étude 110 : Externalisation de la fonction logistique », Paris, Lamy, 2000
au para 6 [Paulin, « Externalisation »], qui soutient que :
Le facilities management est une forme particulière de sous-traitance
qui concerne plus particulièrement la production informatique.
Elle consiste à confier à un prestataire de services l’exploitation d’un
moyen de production ou de gestion déterminé. Ce type de sous-traitance
s’applique fréquemment à la production informatique où l’on confie à un tiers
la gestion de parc[s] d’ordinateurs, par exemple.
17 Voir par ex Marie-Hélène Constantin et Gilda Villaran, « Impartition et droit du tra-
vail » dans Poitevin, supra note 5, 283.
18 Jacques Pons et Pascal Chevalier, La logistique intégrée, Paris, Hermès, 1993 à la p 31.
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19 Voir Pascal Lièvre, « Un enjeu interne du développement de la logistique : lier les préoc-
cupations de la conception d’un cadre commun entre la gestion et l’ingénierie » (2006)
31:3 Gestion 97 aux pp 98–99.
20 Voir Pascal Lièvre, La logistique, 4e éd, Paris, La Découverte, 2007 aux pp 12–14.
21 Encyclopædia Universalis, « Logistique », par Gilles Paché.
22 Cette expression fut créée par le baron Antoine Henri Jomini, l’un des premiers concep-
teurs de la logistique, pour introduire le terme « logistique » (ibid).
23 Voir Lièvre, La logistique, supra note 20 aux pp 7, 9.
24 Notre exposé se limitera à résumer brièvement cette évolution. Pour une analyse détail-
lée de l’évolution historique de la logistique d’entreprise, voir Ronald H Ballou, « The
Evolution and Future of Logistics and Supply Chain Management » (2007) 19:4 Euro-
pean Business Rev 332; Graham C Stevens, « Integrating the Supply Chains » (1989)
19:8 Intl J Physical Distribution & Materials Management 3.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1051
25 Pour l’une des premières définitions de la logistique donnée par l’American Marketing
Association, voir Lièvre, La logistique, supra note 20 à la p 19 : « la logistique concerne
le mouvement et la manutention de marchandises du point de production au point de
consommation ou d’utilisation ».
26 Voir Joël Sohier, La logistique, 6e éd, Paris, Magnart-Vuibert, 2010 à la p 38. Dans ce
cadre, les activités étaient organisées en « flux poussé » avec une circulation de l’amont
vers l’aval.
27 Il existe une divergence entre les auteurs sur ce point. Certains considèrent que la lo-
gistique regroupe trois sous-systèmes, soit l’approvisionnement, la gestion de produc-
tion et la distribution physique (voir par ex Lièvre, La logistique, supra note 20 à la
p 21). D’autres estiment que la production est exclue et que, de ce fait, la logistique ne
concerne que les flux externes en aval et en amont de la production (voir par ex William
J Stevenson et Claudio Benedetti, La gestion des opérations : produits et services, 2e éd,
Montréal, Chenelière, 2007 à la p 686). Pour des ressources juridiques, voir par ex Pau-
lin, « Introduction », supra note 14 aux nos 1–2; Kenguep, supra note 9 à la p 89.
28 Voir Kenguep, supra note 9 à la p 89.
29 Voir Ronald H Ballou, Basic Business Logistics: Transportation, Materials Manage-
ment, Physical Distribution, 2e éd, Englewood Cliffs (NJ), Prentice-Hall, 1987 à la p 15;
James R Stock et Douglas M Lambert, Strategic Logistics Management, 4e éd, Boston,
McGraw-Hill, 2001 à la p 18.
30 Voir Darren Hall et Alan Braithwaite, « The Developement of Thinking in Supply
Chain and Logistics Management » dans Handbook Logistic Supply-Chain Manage-
ment, Ann M Brewer, Kenneth J Button et David A Hensher, dir, Amsterdam, Per-
gamon, 2001, 81 à la p 84.
1052 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
31 Voir Jacques Colin, « La Logistique : histoire et perspectives » (1996) 4:2 Logistique &
Management 97 aux pp 103–04; Lièvre, La logistique, supra note 20 à la p 28 et s.
32 Voir Stock et Lambert, supra note 29 à la p 4; Joël de Rosnay, Le macroscope : vers une
vision globale, Paris, Éditions du Seuil, 1975 à la p 91; Martin Christopher, « Marketing
and Logistics: A New Area of Management Concern » (1973) 2:2 Industrial Marketing
Management 131 à la p 134; Stevenson et Benedetti, supra note 27 à la p 17.
33 Voir W Edwards Deming, Out of the crisis, Cambridge (Mass), Massachusetts Institute
of Technology, Center for Advanced Educational Services, 1982.
34 Michael Porter, L’avantage concurrentiel, Paris, Dunod, 1999 à la p 67.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1053
« [Companies] have realised that the real competition is not company against company
but rather supply chain against supply chain ». Voir aussi Donald J Bowersox, David J
Closs et Theodore P Stank, « Ten Mega-Trends That Will Revolutionize Supply Chain
Logistics » (2000) 21:2 J Business Logistics 1.
39 Voir John T Mentzer et al, « Defining Supply Chain Management » (2001) 22:2 J
Business Logistics 1 à la p 18. Le supply chain management est défini comme étant
« the systemic, strategic coordination of the traditional business functions and the
tactics across these business functions within a particular company and across
businesses within the supply chain, for the purposes of improving the long-term
performance of the individual companies and the supply chain as a whole ». Voir aussi
Council of Supply Chain Management Professionals, « CSMP Supply Chain
Management Definitions and Glossary », CSMP, en ligne : <www.cscmp.org/
CSCMP/Educate/SCM_Definitions_and_Glossary_of_Terms/CSCMP/Educate/SCM_Def
initions_and_Glossary_of_Terms.aspx?hkey=60879588-f65f-4ab5-8c4b-6878815ef921>.
Le supply chain management a également été défini par le CSCMP comme suit :
Supply chain management encompasses the planning and management of
all activities involved in sourcing and procurement, conversion, and all logis-
tics management activities. Importantly, it also includes coordination and
collaboration with channel partners, which can be suppliers, intermediaries,
third party service providers, and customers. In essence, supply chain man-
agement integrates supply and demand management within and across
companies.
[...]
Supply chain management is an integrating function with primary responsi-
bility for linking major business functions and business processes within and
across companies into a cohesive and high-performing business model. It in-
cludes all of the logistics management activities noted above, as well as man-
ufacturing operations, and it drives coordination of processes and activities
with and across marketing, sales, product design, finance, and information
technology.
40 Il est pertinent de s’attarder à l’étude des relations contractuelles entre l’entreprise Al-
can et ses fournisseurs, en portant attention à la norme d’immunités réciproques dans
leurs relations commerciales. Voir Jean-Guy Belley, Le contrat entre droit, économie et
société : étude sociojuridique des achats d’Alcan au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Cowans-
ville (Qc), Yvon Blais, 1998 à la p 162 et s; Jean-Guy Belley, « L’entreprise,
l’approvisionnement et le droit : vers une théorie pluraliste du contrat » (1991) 32:2 C de
D 253 à la p 279 et s [Belley, « L’entreprise, l’approvisionnement, le droit »]. Voir aussi
Paulin, « Introduction », supra note 14 au no 1. Lorsqu’il définit la logistique, Christophe
Paulin donne l’exemple suivant :
Une entreprise, par exemple le fabricant d’un produit, va s’approvisionner en
matières premières auprès de ses fournisseurs, matières qui devront être
transportées et stockées en attente de leur utilisation. Une fois fabriqué, le
produit devra également être temporairement entreposé, puis conditionné,
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1055
seau avec des matières, des pièces ou des sous-ensembles qui serviront à
la fabrication du produit. Ils forment le sous-système d’approvisionne-
ment (ou logistique amont). Les producteurs qui sont au centre de cette
chaîne sont chargés de la transformation ou de l’assemblage du produit.
Ils composent le sous-système de production (ou logistique interne). Les
distributeurs, les grossistes et les détaillants s’occupent, quant à eux, de
la mise à disposition des produits auprès du client final. Ils interviennent
dans le sous-système de distribution (ou logistique aval). La coordination
des flux physiques (de matières et de produits) repose sur la circulation
des informations entre ces acteurs (flux d’informations) en partant du
client final41. Ce processus est finalement matérialisé par des contrats
commerciaux qui lient l’entreprise productrice se situant au centre du ré-
seau composé des autres organisations auxquelles elle recourt (flux de
transactions)42.
livré aux grossistes, puis aux détaillants, jusqu’au consommateur final. Dans
le même temps, des informations circulent, généralement en sens inverse de
la circulation des biens. Les détaillants, les grossistes, vont passer des com-
mandes. Le fabricant commandera également les matières nécessaires,
s’adressera à ses sous-traitants. De multiples ordres, de fabrication, de
transport, seront donnés. Des informations sont alors échangées sur les be-
soins de chacun. Du fournisseur de matières premières jusqu’au consomma-
teur, circulent ainsi des flux de marchandises ou d’informations. Se constitue
ainsi une véritable chaîne, la chaîne logistique ou, selon le terme anglo
saxon, plus prisé, la supply chain (ibid).
41 C’est toujours la demande client qui déclenche les activités de la chaîne logistique. La
production ne peut être lancée que si une demande existe. Voir Christopher, Supply
Chain Management, supra note 38 à la p 104. L’auteur y explique que, « wherever pos-
sible no activity should take place in a system until there is a need for it. Thus no prod-
ucts should be made, no components ordered, until there is a downstream require-
ment ». Voir aussi Michael Hugos, Essentials of Supply Chain Management, 3e éd, Ho-
boken (NJ), John Wiley & Sons, 2011 à la p 28 qui precise : « The business strategy a
company employs starts with the needs of the customers that the company serves or
will serve. Depending on the needs of its customers, a company’s supply chain must de-
liver the appropriate mix of responsiveness and efficiency ».
42 Sur la place accordée à la fonction juridique dans l’organisation de ces relations com-
merciales, voir Belley, « L’entreprise, l’approvisionnement, le droit », supra note 40 à la
p 270 et s. La nécessité d’accorder plus de place aux juristes dans la prise de décisions
logistiques a également été soulevée. Voir Remko van Hoek, Alexander E Ellinger et
Mark Johnson, « Great Divides: Internal Alignment Between Logistics and Peer Func-
tions » (2008) 19:2 Intl J Logistics Management 110 aux pp 123–24, où les auteurs ex-
pliquent que :
To minimize risk and move product effectively within global supply chains,
logistics managers are highly dependent on guidance from the firm’s legal
departments. Firms are also increasingly reliant on the efficacy of relation-
ships with suppliers and third-party service providers. Logistics managers
often serve as interfaces and therefore must rely on direction from their legal
counterparts to ensure that relationships with these external parties are ap-
1056 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
Entreprise
Sous-système de
production
Distributeurs, grossistes,
Fournisseurs détaillants
Sous-système Sous-système de distribution Consommateurs
d’approvisionnement (En amont et en aval de la
production)
Flux d’informations
Flux physiques
Sourcing » dans Ann M Brewer, Kenneth J Button et David A Hensher, dir, Handbook
of Logistics and Supply-Chain Management, Oxford, Pergamn, 2001, 253 à la p 253).
49 Voir Jacques Roy, « L’impartition de services logistiques : une pratique de plus en plus
répandue à travers le monde » (2004) 29:2 Gestion 66 à la p 67. Le professeur Roy in-
siste sur le fait que « l’impartition des services logistiques est un phénomène mondial
qui ne représente pas une mode, mais plutôt une tendance lourde dans la gestion de la
chaîne logistique. Il s’agit d’ailleurs d’une des principales tendances observées dans la
littérature portant sur la logistique » (ibid).
50 Voir Bérengère Gosse, Caroline Sargis-Roussel et Pierre-Antoine Sprimont, « Les chan-
gements organisationnels liés aux stratégies d’externalisation : le cas d’une entreprise
industrielle » (2002) 5:1 R Finance Contrôle Stratégie 101 à la p 104.
51 Notons au passage que le Code civil du Québec fait référence à la sous-traitance à
l’article 2101, qui permet à un entrepreneur ou à un prestataire de service de recourir à
un tiers pour exécuter un contrat qu’il a conclu avec un client.
52 Voir Constantin et Villaran, supra note 17 à la p 283. En droit du travail, c’est le terme
« sous-traitance » qui est utilisé pour référer aux
différentes formes de « faire faire » qui s’offrent à une entreprise : concession
des fonctions essentielles, cession des activités périphériques, contrats por-
tant sur des biens ou des services déjà produits à l’interne ou, à l’inverse, sur
des biens ou des services dont la production n’est pas ou n’est plus assurée
par des salariés du donneur d’ouvrage. Les tribunaux ont considéré que le
concept de sous-traitance incluait également la transmission d’un droit de
gérer ou d’exploiter un service (ibid [note omise]).
53 Voir Roy, supra note 49 à la p 73, n 1.
54 Voir Paulin, « Externalisation », supra note 16 au para 4.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1059
entre les deux notions repose sur le fait que dans le cas de l’impartition,
l’impartiteur partage les risques et la responsabilité des résultats de
l’activité qui lui a été confiée. En revanche, le sous-traitant se limite à
l’exécution des tâches qui lui ont été confiées suivant les instructions de
son client qui le supervise55. Il n’assume ni le risque, ni la responsabilité
économique finale de l’activité sous-traitée56.
En droit, la sous-traitance se caractérise par l’existence de deux ni-
veaux de rapports contractuels distincts qui se succèdent. Un premier
contrat (le contrat principal) est conclu entre une entreprise et son client.
Ensuite, un autre contrat est conclu entre l’entreprise et un sous-traitant
pour l’exécution de tout ou partie de la prestation. Elle est définie comme :
l’opération par laquelle un entrepreneur confie, sous sa responsabili-
té, à une autre personne (le sous-traitant), tout ou une partie de
l’exécution du contrat d’entreprise conclu avec le maître de l’ouvrage.
Elle suppose donc nécessairement une relation à trois personnes, is-
sue de la superposition de deux contrats d’entreprise distincts.57
savoir celles qui constituent son cœur de métier. Ces activités créatrices
de valeur doivent alors être préservées et exploitées tandis que les autres
activités seront imparties. Plusieurs modèles et matrices de décisions ont
été proposés72. En guise d’exemple, James Quinn propose de classifier les
compétences de l’entreprise en trois grandes catégories : les activités dis-
tinctives (core competencies) qui permettent à l’entreprise de se distinguer
de ses concurrents; les activités essentielles (essential non-core competen-
cies), à savoir, celles qui sont exigées par les clients ou qui viennent ren-
forcer la première catégorie d’activités (activités distinctives); les activités
non-essentielles (non-core competencies) qui sont celles qui ne contribuent
pas à la stratégie de l’entreprise et qui peuvent donc être transférées à des
prestataires externes73.
Dès lors que la direction de l’entreprise et ses gestionnaires considè-
rent qu’une activité ou un ensemble d’activités logistiques seraient exécu-
tées de manière plus efficiente à l’externe et, en même temps, qu’elles ne
constituent pas des éléments déterminants de la compétitivité de
l’entreprise, ils les confieront en tout ou partie à un prestataire externe.
En somme l’impartition repose, d’une part, sur le recentrage sur le cœur
de métier et, d’autre part, sur la création d’un réseau de prestataires ex-
ternes avec lesquels l’entreprise noue des relations contractuelles étroites
pour la gestion des activités non créatrices de valeur.
Le recours à l’impartition a ainsi favorisé l’apparition et la multiplica-
tion des tiers fournisseurs de services logistiques, communément appelés
TPL ou 3PL, abréviations de third party logistics provider74. Ces entités
(3) The relationship between seller and buyer in the supply chain.
75 Voir Paul R Murphy et Richard F Poist, « Third-Party Logistics: Some User Versus
Provider Perspectives » (2000) 21:1 J Business Logistics 121 à la p 121, qui définissent
le 3PL ainsi : « A relationship between a shipper and third party which, compared with
basic services, has more customized offerings, encompasses a broader number of service
functions and is characterized by a longer-term, more mutually beneficial relationship »
[note omise]. Ils insistent sur le fait que les 3PL tissent des relations contractuelles à
plus long terme avec leurs clients.
76 Voir Alan Rushton et Steve Walker, International Logistics and Supply Chain Out-
sourcing: From Local to Global, Londres, Kogan Page, 2007 à la p 5. Parmi les activités
typiques du 3PL on peut citer le transport vers l’entreprise, l’entreposage, le transport
depuis l’entreprise, la facture et paiement de fret, courtage en douane, le transport de
fret, et les procédures de dédouanement (voir ibid).
77 Voir Hugh M Kindred et Mary R Brooks, Multimodal Transport Rules, La Haye, Klu-
wer Law International, 1997 à la p 14.
78 Voir François Fulconis, Gilles Paché et Gérard Roveillo, La prestation logistique : ori-
gines, enjeux et perspectives, Cormelles-le-Royal (Fr), EMS, 2011 aux pp 48–49; John J
Coyle et al, Transportation: A Supply Chain Perspective, 7e éd, Mason (Ohio), South-
Western Cengage Learning, 2011 à la p 399.
1064 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
79 Pour plus d’information sur l’apparition et l’évolution des prestataires de services logis-
tiques, voir Jacques Pons, « Petite histoire de la prestation logistique : 1 à 5 ... » (2003)
11:2 Logistique & Management 3.
80 Nous nous limitons à reporter les motifs d’impartition les plus fréquemment cités par la
littérature spécialisée. À cet égard, voir Browne & Allen, supra note 48 aux pp 259–60;
Jané & De Ochoa, supra note 56 aux pp 6–7; Halley, « Sous-traitance », supra note 55 à
la p 48. Voir aussi Yves Martin, La sous-traitance au Québec, Montréal, École des
hautes études commerciales, 1992 à la p 15. Le recours à l’impartition est parfois syn-
thétisé en trois grandes catégories par certains auteurs, qui utilisent le terme générique
de sous-traitance. La première catégorie est la « sous-traitance de spécialité » qui con-
cerne les tâches ou les activités qu’une entreprise n’est pas apte à accomplir elle-même
par manque de moyens financiers ou d’expertise. La seconde est la « sous-traitance
d’économie » qui vise la réalisation d’économies d’échelle. La troisième catégorie réfère à
la « sous-traitance de capacité » qui vise les situations dans lesquelles une entreprise ne
dispose pas d’une capacité de production suffisante pour faire face à une demande.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1065
81 Voir Mindy Long, « 2016 Third-Party Logistics Study: The State of Logistics Outsourc-
ing » (2015) Campgemini Consulting Annual Third-Party Logistics Study à la p 12. Si-
gnalons que l’étude se base sur 267 répondants dont 46% basés en Amérique du Nord.
Les répondants proviennent de diverses industries et notamment de l’industrie manu-
facturière, de l’industrie de la vente de détail, de l’industrie pharmaceutique ou encore
de l’industrie agroalimentaire. Pour plus détails sur l’échantillonnage, voir ibid à la
p 50 et s.
82 Le processus d’externalisation comporte de nombreux risques d’échecs dès la prise de
décision, en passant par le déploiement de la stratégie d’externalisation jusqu’à
l’exécution des activités (voir Henrik Brandes, Johan Lilliecreutz et Staffan Brege,
« Outsourcing: Success or Failure? Findings from Five Case Studies » (1997) 3:2 Eur J
Purchasing & Supply Management 63).
1066 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
83 Pour plus d’informations sur ces différents risques, voir Jennifer Laabs, « The Dark
Side of Outsourcing » (1998) 77:9 Workforce 42. Sur le processus décisionnel de
l’impartition et les erreurs souvent commises par les gestionnaires, voir Halley, « Sous-
traitance », supra note 55 aux pp 49–51.
84 Voir Long, supra note 81 à la p 12, où Les auteurs soutiennent la proposition suivante :
« Although only 35% of shippers indicate they are returning to insourcing many of their
logistics activities, this figure is higher than the 26% reported last year. Also, the same
number, 35%, of 3PL providers agree that some of their customers are returning to in-
sourcing ».
85 Québec, Conseil de la science et de la technologie, Avis : l’innovation dans la chaîne lo-
gistique des marchandises, Québec, Gouvernement du Québec, 2010 à la p xv [CST, In-
novation].
86 Voir Roy, supra note 49 à la p 66 et s.
87 Voir Industrie Canada, L’état de la logistique : le rapport canadien 2008, Ottawa, IC,
2008 à la p 6.
88 Voir Alain Halley, Étude portant sur les activités de sous-traitance chez les entreprises
canadiennes : une comparaison des quatre grandes régions du pays, Montréal, Groupe
de recherche Chaîne sur l’intégration et l’environnement de la chaîne
d’approvisionnement, 2000 aux pp 8–9. L’étude a été réalisée entre les mois de juin et
juillet 2000 auprès de 1952 petites et moyennes entreprises canadiennes dont 41,6%
installées du Québec, 34.5% de l’Ontario et les autres provenaient des provinces de
l’Atlantique (6%) et des provinces de l’Ouest (17.9%). L’étude met en évidence les obser-
vations suivantes:
les entreprises du Québec (ainsi que celles de l’Atlantique à un niveau com-
parable) recourent dans des proportions moindres que les entreprises de
l’Ontario et des provinces de l’Ouest à des sous-traitants en amont [la sous-
traitance en amont fait référence à la décision d’une entreprise de donner
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1067
Entreprise cliente
Producteur
Contrat de logistique
Impartition de certaines
activités logistiques
PSL
Gestion des
opérations
logistiques
i i
La théorie des groupes de contrats a été mise en évidence par la doctrine française à
partir des années 1970. Voir Teyssie, supra note 7 aux pp 8–9; Mireille Bacache-Gibeili,
La relativité des conventions et les groupes de contrats, Paris, Librairie générale de droit
et de jurisprudence, 1996 au para 4. Voir aussi Jean Marc Mousseron, dir, Technique
contractuelle, 4e éd par Pierre Mousseron, Jacques Raynard et Jean-Baptiste Seube,
Paris, Francis Lefebvre, 2010 à la p 126 et s. Sur la réception de cette théorie en droit
québécois, voir notamment Pierre-Gabriel Jobin et Nathalie Vézina, Baudouin et Jo-
bin : Les obligations, 7e éd, Cowansville (Qc), Yvon Blais, 2013 aux pp 584–89; Pierre-
Gabriel Jobin, « Comment résoudre le casse-tête d’un groupe de contrats » (2012) 46:1
RJT 9. La théorie des groupes de contrats déborde du cadre de notre article. Comme on
l’a souligné en introduction, cette première étude a une visée exploratoire. Elle s’attache
d’abord à décrire la pratique commerciale qui a donné naissance au contrat de presta-
tions logistiques. Par ailleurs, nous avons choisi de nous consacrer à la question de la
qualification et non pas à celle du régime juridique de ce contrat. Il serait néanmoins in-
téressant qu’une future étude soit consacrée à la théorie des groupes de contrats relati-
vement au fonctionnement de la chaîne logistique.
100 La diversité des services offerts par les prestataires logistiques dans le but de répondre
à tout prix aux besoins des clients finit par créer une grande confusion non seulement
pour les juristes mais également pour les opérateurs eux-mêmes (voir Bask, supra
note 74 à la p 474).
101 Sur la question de la classification des contrats, voir Didier Lluelles et Benoît Moore,
Droit des obligations, 2e éd, Montréal, Thémis, 2012 au para 130 et s.
102 La possibilité d’introduire des règles propres au contrat de prestations logistiques avait
été envisagée en France mais l’idée a vite était abandonnée. Voir Marie Tilche, « Le
mouton à cinq pattes » (2011) 3357 Bulletin Transports Logistique 164 à la p 164 :
Il avait été envisagé de l’inclure [la logistique] dans l’article L.441-6 du Code
de commerce (délais de paiement) avant de reculer devant la difficulté. Le
spectre était si large qu’il aurait fallu un décret pour la définir, ce qui aurait
pris un certain temps… Lui donner une stature à part entière avait aussi été
1072 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
105 Voir Yehuda Hayuth, Intermodality: Concept and Practice, Structural Changes in the
Ocean Freight Transport Industry, London, Lloyd’s of London Press, 1987 à la p 127. À
l’instar des NVOCC (non-vessel-operating common carrier by water), les intermédiaires
sont souvent dépourvus de flotte de transport, ce qui leur procure une grande liberté
quant au choix des modes à utiliser pour répondre aux besoins de leurs clients.
1074 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
106 Voir Jan Ramberg, The Law of Transport Operators in International Trade, Stockholm,
Norstedts Juridik, 2005 à la p 100; Coyle et al, supra note 78 à la p 400; Issa Baluch,
Transport Logistics: Past, Present, and Predictions, Dubai, Winning Books, 2005 aux
pp 138, 140. Sur les changements intervenus dans l’industrie des transports et la con-
currence féroce entre les transporteurs et les intermédiaires, voir Yosef Sheffi, « Third
Party Logistics: Present and Future Prospects » (1990) 11:2 J Business Logistics 27.
107 Notons, pour information, qu’en France le décret n° 2013-93 du 5 avril 2013 a consacré
un contrat-type de commission de transport. Pour plus de détails, voir Isabelle Bon-
Garcin, « Auxiliaires » [2013] 3 R Dr Transport Mobilité 16 aux pp 16–18; Isabelle Bon-
Garcin, « Contrat type commission de transport » [2013] 2 R Dr Transport Mobilité 5;
Jean-Michel Jacquet, Philippe Delebecque et Sabine Corneloup, Droit du commerce in-
ternational, 3e éd, Paris, Dalloz, 2015 à la p 462.
108 Suite aux décisions de la Cour suprême dans les affaires ITO et Chartwell, le statut du
transitaire (qui intervient notamment dans l’organisation du transport maritime) est
apprécié non pas à l’aune du Code civil du Québec, mais à l’aune des règles de common
law (voir ITO—Int’l Terminal Operators c Miida Electronics, [1986] 1 RCS 752, 28 DLR
(4e) 641 [ITO]; QNS Paper c Chartwell Shipping, [1989] 2 RCS 683, 62 DLR (4e) 36
[Chartwell]). Voir aussi André Braën, Le droit maritime au Québec, Montréal, Wilson &
Lafleur, 1992 à la p 317. Pour un traitement récent du droit applicable au transport
maritime, voir Jean Pineau et Guy Lefebvre, Le contrat de transport de marchandises :
terrestre, maritime et aérien, éd remaniée, Montréal, Thémis, 2016 à la p 287 et s.
109 Voir Pineau et Lefebvre, supra note 108 à la p 229. Pour un aperçu de la diversité des
régimes juridiques auxquels sont soumis les intermédiaires de transport à l’échelle in-
ternationale, voir Kamelia Kolli, Droit du transport intermodal international de mar-
chandises : une perspective « supply-chain management », Montréal, Thémis, 2016 à la
p 321 et s [Kolli, Droit du transport intermodal].
110 Voir Association des transitaires internationaux canadiens (ATIC), « Conditions géné-
rales de l’Association des transitaires internationaux canadiens inc. » Toronto, ATIC,
juin 2016, en ligne : <www.ciffa.com/wp-content/uploads/2014/07/CIFFA-June-2016-
STC-FRENCH_Layout-1-1.pdf> [ATIC, « Conditions générales »].
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1075
111 Voir William Tetley, Marine Cargo Claims, vol 2, 4e éd, Toronto, Thomson Carswell,
2008 aux pp 1718–23.
112 Voir Pineau et Lefebvre, supra note 108 à la p 230.
113 Voir Braën, supra note 108 à la p 317.
114 Voir Panalpina inc c Verrerie Empire Trading inc (1992), AZ-92031188 (Azimut), 1992
CarswellQue 1367 (WL Can) (CQ civ).
115 Voir Pineau et Lefebvre, supra note 108 à la p 229.
116 Voir Braën, supra note 107 à la p 319.
117 Voir Tetley, supra note 111 aux pp 1699–1700 [notes omises]:
a) the manner in which the forwarder characterizes its obligations in the con-
tract documents;
b) the manner in which the parties have dealt with each other in the past;
c) whether a bill of lading was issued;
d) the manner in which the bill of lading (if issued) was signed;
1076 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
dans l’affaire Bertex Fashions inc. v. Cargonaut Canada inc.118, ainsi que
dans l’affaire SDV Logistiques (Canada) inc. c. SDV Logistique interna-
tionale119.
Le statut et les obligations assumés par le transitaire transporteur
semblent, a priori, se rapprocher de celles du prestataire de services logis-
tiques120. Son offre de service a grandement évolué pour inclure un service
logistique adapté au besoin de ses clients. Il s’occupe de l’organisation des
flux de matières dans la chaîne de transport et propose en sus d’autres
services de valeur ajoutée. Architecte de la chaîne de transport, il en as-
sume tous les risques. Pourtant, le degré de complexité des opérations as-
sumées par les deux acteurs n’est pas le même. Le transitaire transpor-
teur reste cantonné à l’organisation des transports, et les autres services
ne sont qu’accessoires. Son rôle fondamental est circonscrit à la régulation
e) whether the terms on the rear of the bill of lading (which typically identify
the forwarder as a mere agent) are or are not consistent with the terms on
the front of the bill;
f) whether the shipper knew which carrier would actually carry the goods;
g) the mode of payment: Did the forwarder charge an amount calculated up-
on the freight and other expenses and then charge a further amount or a per-
centage as its fee? Or did the forwarder charge an all-inclusive figure?
A similar list of criteria which may be useful in ascertaining if the forwarder contracted
as a carrier includes:
a) whether the forwarder performed part of the transport using his own em-
ployees;
b) whether the customer or its agent received a bill of lading issued by anoth-
er party;
c) whether the customer chose the carrier;
d) whether the documentation given to the customer prior to his delivery of
the goods for transport gave a reasonable explanation of the role played by
the freight forwarder;
e) whether there was a course of dealings prior to the shipment in question;
and
f) how the forwarder charged for his services (and, in particular, whether the
charge was characterized as freight).
Pour un commentaire de ces critères, voir Peter Jones, FIATA Legal Handbook on
Forwarding, Montréal, Yvon Blais, 1991 à la p 17 et s.
118 [1995] FTR 192, 55 ACWS (3e) 857.
119 2006 QCCA 750 au para 31 (disponible sur CanLII).
120 Voir François Collart Dutilleul et Philippe Delebecque, Contrats civils et commerciaux,
10e éd, Paris, Dalloz, 2015 au para 775. Les auteurs préconisent l’assimilation du com-
missionnaire de transport au logisticien. Cette proposition repose cependant sur le sta-
tut particulier du commissionnaire en droit français.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1077
126 Voir art 2030 CcQ : « Le contrat de transport est celui par lequel une personne, le
transporteur, s’oblige principalement à effectuer le déplacement d’une personne ou d’un
bien, moyennant un prix qu’une autre personne, le passager, l’expéditeur ou le destina-
taire du bien, s’engage à lui payer, au temps convenu ». Le ministre de la justice a préci-
sé que « [c]et article définit le contrat de transport et met en relief l’objet du contrat, soit
le déplacement d’une personne ou d’un bien. [...] L’article énonce qu’il n’y a contrat que
moyennant un prix qu’une autre personne, passages, expéditeur ou destinataire,
s’engage à payer au transporteur [...] » (Québec, Ministère de la Justice, Commentaires
du ministre de la Justice : le Code civil du Québec, t 2, Québec, Publications du Québec,
1993 aux pp 1276–77 [Commentaires du Ministre]). Ces caractéristiques permettent de
distinguer le contrat de transport d’autres conventions, comme le contrat de louage de
choses et de service, et plus particulièrement, le contrat de location d’un véhicule avec
chauffeur. Dans ce dernier contrat, une partie fournit à l’autre le moyen matériel
d’exécuter le déplacement de la marchandise, en lui procurant un véhicule et les ser-
vices d’un conducteur. Ainsi, alors que dans le cas du contrat de transport, le transpor-
teur conserve la gestion et la maîtrise de l’opération, dans le contrat de location de véhi-
cule avec chauffeur, c’est le locateur qui les assume. Voir St Paul Fire & Marine Insu-
rance Company c Vallée, 2015 QCCQ 1891 (disponible sur CanLII).
127 Voir art 2040 CcQ. En transport maritime la période s’étend de la prise en charge
jusqu’à la délivrance ou, au niveau international, du chargement jusqu’au décharge-
ment. Sur la notion de prise en charge, voir Pineau et Lefebvre, supra note 108 aux
pp 47 et s, 196 et s. Pour une définition de la livraison, voir Reid, supra note 58, sub
verbo « Livraison » (définissant la livraison comme l’« [o]pération juridique par laquelle
le transporteur remet au destinataire, qui l’accepte, la marchandise qu’il est chargé de
lui apporter »). L’acte de livraison peut prendre diverses formes selon les circonstances
et la nature de la marchandise, voir Garfield Container Transport inc c Chubb Insu-
rance Co of Canada, [2002] RRA 277 au para 25 (disponible sur CanLII) (CA Qc), [Gar-
field]. Dans son analyse de l’étendue de la période de transport, la Cour d’appel, invitée
à préciser la notion de livraison et de l’expression « in due course of transit », a considé-
ré que « dans la mesure où la cargaison est sous le contrôle du transporteur en route
vers la livraison, il importe peu qu’il y ait des interruptions dans le transport ou que
surviennent certains incidents pourvu que ces pauses ou ces incidents s’inscrivent dans
la continuité du transport, en soient un accessoire et que le délai provoqué par ces sus-
pensions soit court » (ibid).
128 Voir Sarela Express inc c US Logistique Trans-pro inc, 2007 QCCQ 10339 (disponible
sur CanLII); 154995 Canada inc c Express Golden Eagle inc, 2009 QCCQ 3649 aux pa-
ra 43–46 (disponible sur CanLII).
129 Voir art 2049 CcQ. Voir aussi Société d’assurances générales Northbridge c Garage Mar-
cel Simard inc, 2015 QCCS 4959, 261 ACWS (3e) 186 . En ce qui concerne le retard à la
livraison, le transporteur devra prouver la force majeure afin de s’exonérer (voir art
2034, al 2 CcQ; Méritex Transport International inc c Corporation Transport Vitesse,
2003 CanLII 13962, AZ-50228745 (Azimut) (CQ civ pet cré)).
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1079
130 Voir art 2031 CcQ (« [l]e transport successif est celui qui est effectué par plusieurs
transporteurs qui se succèdent en utilisant le même mode de transport; le transport
combiné est celui où les transporteurs se succèdent en utilisant des modes différents de
transport »).
131 Voir art 2051 CcQ (« [e]n cas de transport successif ou combiné de biens, l’action en res-
ponsabilité peut être exercée contrat le transporteur avec qui le contrat a été conclu ou
le dernier transporteur »). Le Ministre de la justice a précisé dans ses commentaires que
cet article « consacre une pratique répandue au Québec », en permettant d’exercer le re-
cours soit contre le cocontractant soit contre le dernier transporteur (Commentaires du
Ministre, supra note 126 à la p 1290). Signalons par ailleurs qu’en cas de sous-traitance
en cascade, c’est-à-dire, lorsqu’un transporteur contractuel se substitue un autre trans-
porteur pour exécuter en tout ou partie son obligation, la personne qu’il se substitue est
réputée être partie au contrat de transport (voir art 2035 CcQ). Ainsi, le chargeur dis-
pose d’un recours contractuel contre le transporteur de fait. Voir Bombardier Produits
récréatifs inc c Entreprises Express GYC inc, 2006 QCCA 1520 (disponible sur CanLII).
Cette décision a été infirmée par la Cour d’appel pour défaut d’intérêt juridique à agir
de Bombardier; c’était à son client d’intenter l’action contre le transporteur puisqu’il
était seul propriétaire des marchandises suivant les termes du contrat de vente F.O.B.
(free on board) (voir Kingsway, compagnie d’assurances générales c Bombardier Pro-
duits récréatifs inc, 2010 QCCA 1518, [2010] RJQ 1894 [Kingsway]). Voir aussi Smith c
Agility Logistics co (Geologistics co), 2009 QCCS 1915 (disponible sur CanLII) [Agility];
Coiffure La Dominicaine c Cargo Zone inc, 2009 QCCQ 6112 (disponible sur CanLII)
[Cargo Zone]; Transport Brazeau inc c Noranda inc, [1990] RRA 393 (disponible sur
CanLII) (CA Qc) [Noranda]; County Line Trucking ltd c La Souveraine, compagnie
d’assurances générales, 2015 QCCA 1370 (disponible sur CanLII).
132 Pour une explication des différentes hypothèses, voir Pineau & Lefebvre, supra note
108 à la p 126 et s. Voir aussi American Home Assurance co c Brazeau Transport inc,
(1995) CarswellQue 327 (WL Can), AZ-95021129 (Azimut) (CS).
1080 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
133 Relevons au passage que la place de plus en plus importante prise par la logistique
dans le transport routier en France soulève des problématiques relatives à la notion de
déplacement en droit français (voir, Encyclopédie juridique Dalloz : répertoire de droit
commercial, 2e éd, « Contrat de transport » par Barthélémy Mercadal au no 12). Ceci ne
semble pas encore être le cas au Québec eu égard aux études de terrain (sus-
répertoriées) démontrant le recours plus limité à l’impartition des opérations logis-
tiques.
134 En matière terrestre, la phase d’exécution du contrat de transport s’étend de la prise en
charge de la marchandise par le transporteur jusqu’à sa livraison au point de destina-
tion. Au-delà de cette période et dans un délai de quinze jours suivant l’avis donné au
chargeur, si le transporteur conserve la garde de la marchandise, il n’agit qu’à titre
d’entrepositaire dans le cadre d’un dépôt à titre gratuit. Il n’est alors soumis alors qu’à
une obligation de diligence (voir Pineau et Lefebvre, supra note 108 à la p 61). Cepen-
dant, la prise en charge n’est pas forcément liée au chargement du véhicule et de la
même manière, la livraison ne correspond pas toujours au déchargement. Pour plus
d’informations sur la prise en charge, voir Agility, supra note 131. Pour plus
d’informations sur la notion de livraison, voir Noranda, supra note 131; Transport Jean
Bégin inc c GCAN Insurance Company, 2008 QCCA 2461, 175 ACWS (3e) 1195 .
135 Voir Garfield, supra note 127 au para 25.
Voir aussi Cargo Zone, supra note 131 au para 39, où l’entreposage tempo-
raire des marchandises n’a ni résilié ni interrompu le contrat de transport
puisqu’en l’espèce le transitaire était un intermédiaire incontournable sans
lequel la livraison n’aurait pas pu avoir lieu. Dans ce cadre, le tribunal a es-
timé que les prestations de transitaire ont eu comme conséquence d’intégrer
le transitaire au contrat de transport. Voir aussi Metrans Warehousing co c
Saveroche Enterprises inc, 49 QAC 47, [1992] RRA 472. La décision portait
sur un contrat de transport de marchandises dont la livraison a été repous-
sée de six jours par le chargeur. Durant cette période, les marchandises ont
été volées dans les entrepôts du transporteur. La Cour a considéré que le
contrat de transport a dans ce cadre été suspendu temporairement et la na-
ture des relations qui se sont établies au cours de cette période additionnelle
est celle du dépôt modifiant ainsi le statut du transporteur à celui de déposi-
taire.
136 Voir Agility, supra note 131 aux para 26–27. La Cour rappelle que, pour que la mar-
chandise soit « en transit », il est nécessaire que le chauffeur ait un contrôle exclusif de
la marchandise au moment du vol. La Cour s’appuie sur les commentaires du Ministre
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1081
de la justice, qui énoncent que « le début de la période de transport n’est donc pas syno-
nyme de mise en mouvement du moyen de locomotion : il est plutôt lié au moment où le
transporteur acquiert la garde du bien à transporter » (Commentaires du Ministre, su-
pra note 126 à la p 1283).
137 Voir Pineau et Lefebvre, supra note 108 à la p 48. Voir par ex Noranda, supra note 131;
Marcel Croteau inc c Chubb du Canada compagnie d’assurance inc, [1997] RRA 182
(disponible sur CanLII) (CS Qc). Voir aussi Harrison c Cuirs Sal-Tan inc, 2007 QCCA
884, 165 ACWS (3e) 1112.
138 Christophe Paulin, « Qualification de contrat de transport : revirement de jurispru-
dence? » [2013] D 884.
139 Voir Kembeu, supra note 104 à la p 452, où l’auteur considère que le contrat de presta-
tions logistiques
se différencie du contrat de transport en ce que son objet n’est pas limité au
déplacement, mais inclut entre la prise en charge et la livraison de la mar-
chandise, la réalisation par le prestataire d’opérations convenues avec le
donneur d’ordres, notamment la réception des marchandises, le contrôle vi-
1082 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
144 Voir par ex Tout en Fruit c SDV Logistiques (Canada) inc, 2003 CanLII 33004, EYB
2003-40861 (REJB), autorisation de pourvoi à la CA refusée, 200-09-004482-037 (4 juin
2003). Il est à noter que, en dépit de son développement fulgurant, le transport inter-
modal ne bénéficie pas d’un régime juridique propre. L’approche segmentée qui caracté-
rise le droit des transports a pour effet de dépecer la chaîne de transport pour sou-
mettre chaque opération à un régime particulier. C’est la localisation du dommage qui
permettra de déterminer quel régime juridique sera appliqué. Voir Henri Schadee, « Pe-
tite polémologie sur le dernier projet de Convention internationale sur le transport in-
ternational combiné de marchandises » (1970) 22 Dr marit fr 540 à la p 540 (« la respon-
sabilité du transporteur varie [...], comme la couleur du caméléon, avec l’élément où il se
trouve au moment où survient le dommage »). Ainsi, les caractéristiques propres au sys-
tème de transport intermodal sont aujourd’hui occultées par les textes juridiques en vi-
gueur tant au niveau interne qu’au niveau international. Les textes ne traitent pas des
dernières technologies comme la conteneurisation. Très peu d’États ont réformé leur
droit des transports pour y inclure des dispositions traitant du transport intermodal
(voir Tetley, supra note 111 à la p 2276). Les pays qui l’ont fait incluent l’Allemagne, les
Pays-Bas, la Chine, l’Inde, l’Argentine, le Brésil et le Mexique. Au niveau international,
le débat dure depuis les années 1970 et aucune solution concrète ne semble se dégager.
Pour répondre au besoin de l’industrie, des modèles de contrats ont été élaborés par les
associations professionnelles ou les organisations internationales. Ces modèles ne cons-
tituent pas des solutions en tant que telles, mais ont au moins le mérite d’essayer
d’atténuer la confusion et la complexité juridique qui freinent le commerce internatio-
nal. Pour plus de détails sur l’ensemble de ces questions tant au niveau international
que régional (Amérique du nord et Union européenne), voir Katsivela, supra note 142;
Kindred et Brooks, supra note 77 à la p 31 et s; Kolli, Droit du transport intermodal,
supra note 109 aux pp 129 et s, 308 et s.
145 Kolli, Droit du transport intermodal, supra note 109 à la p 349. La définition de la Con-
vention des Nations Unies sur le Transport Multimodal International de Marchandises,
24 mai 1980, art 1 (non en vigueur) sert souvent de référence pour qualifier le transport
multimodal. L’article prévoit que
le transport de marchandises effectué par au moins deux modes de transport
différents, en vertu d’un contrat de transport multimodal, à partir d’un lieu
situé dans un pays où les marchandises sont prises en charge par
l’entrepreneur de transport multimodal jusqu’au lieu désigné pour la livrai-
1084 (2017) 62:4 MCGILL LAW JOURNAL — REVUE DE DROIT DE MCGILL
En outre, l’article prévoit que le dépositaire qui exige le dépôt, est tenu,
comme s’il demandait un paiement, d’une obligation de résultat dont il ne se
libère qu’en prouvant la force majeure. Ce serait le cas de la personne qui re-
quiert le dépôt d’effets personnels comme confition d’accès à un lieu (Com-
mentaires du Ministre, supra note 126 aux pp 1440–41).
Voir aussi Royal et Sun Alliance du Canada, société d’assurances c St-Onge, 2011
QCCS 1934, 201 ACWS (3e) 556; Aviva, supra note 153; Drouin c Robillard, 2005
CanLII 9539, EYB 2005-88376 (REJB) (CQ civ); Royal & Sun Alliance du Canada c
MCT Terminal & Transport inc, 2002 CanLII 3784, 2002 CarswellQue 3451 (WL Can)
(CQ civ) [Royal].
156 Voir Royal, supra note 155 au para 3.
157 Supra note 135.
158 Voir Cargo Zone, supra note 131 au para 39.
159 Supra note 127.
160 Voir Cargo Zone, supra note 131 au para 39. Le transitaire Cargo Zone agissait comme
intermédiaire dans l’exécution du contrat de transport. Il intervenait à deux niveaux.
D’abord, il était chargé de l’organisation du transport entre l’arrivée de la marchandise
à Montréal (Dorval) jusqu’au local commercial du chargeur à Montréal, ce qui impli-
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1087
165 Voir Hamilton c Perreault, [1945] CS 264, 1944 CarswellQue 258 (WL Can) (Qc).
166 Sur la distinction entre contrat d’entreprise ou de service et contrat de travail, voir
Jacques Deslauriers, Vente, louage, contrat d’entreprise ou de service, 2e éd, Montréal,
Wilson & Lafleur, 2013 au para 1967 et s; Vincent Karim, Contrats d’entreprise (ou-
vrages mobiliers et immobilers : construction et rénovation), contrat de prestation de ser-
vices et l’hypothèque légale, 3e éd, Montréal, Wilson & Lafleur, 2015 aux para 46–56.
167 Voir art 2099 CcQ. Voir aussi Comtois c Martin & associés, 1995 CarswellQue 1792
(WL Can), EYB 1995-73047 (REJB) (CQ civ (div pet cré)); Joyal c Malenfant, SOQUIJ
AZ-50087272 (CS Qc), autorisation de pourvoi à la CA rejetée, 2002 CanLII 62048.
168 Voir Me François Beauchamp et Me Hélène Mondoux, « La nature et l’étendue du con-
trat d’entreprise ou de service » dans École du Barreau, Contrats, sûretés, publicité des
droits et droit international privé, Cowansville (Qc), Yvon Blais, 2010, 25 à la p 26; Hill-
Clarke-Francis ltd c Northland Groceries (Quebec) ltd, [1941] RCS 437, 1941 Cars-
wellQue 28 (WL Can) [Hill-Clarke-Francis].
169 Voir art 2101 CcQ. Pour l’analyse des règles relatives à l’adjonction d’un tiers, voir Ka-
rim, supra note 166 au para 459 et s.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1089
170 L’obligation d’agir au mieux des intérêts du client est évaluée en fonction des circons-
tances de l’espèce, voir ibid au para 304.
171 Voir Reid, supra note 58, sub verbo « Prudence ». Me Hubert Reid précise que la combi-
naison des termes prudence et diligence dans le Code civil du Québec a pour objectif de
« forcer les personnes qui posent des actes dans l’intérêt d’autrui à le faire conformé-
ment à la norme de conduite objective et abstraite de la personne avisée, placée en sem-
blables circonstances ».
172 Voir art 2100 CcQ :
L’entrepreneur et le prestataire de services sont tenus d’agir au mieux
des intérêts de leur client, avec prudence et diligence. Ils sont aussi tenus,
suivant la nature de l’ouvrage à réaliser ou du service à fournir, d’agir con-
formément aux usages et règles de leur art, et de s’assurer, le cas échéant,
que l’ouvrage réalisé ou le service fourni est conforme au contrat.
Lorsqu’ils sont tenus au résultat, ils ne peuvent se dégager de leur res-
ponsabilité qu’en prouvant la force majeure.
Sur la notion de respect des règles de l’art, voir Deslauriers, supra note 166 aux pa-
ra 2057, 2062. Le professeur Deslauriers explique qu’elle est de l’essence même du con-
trat de service : « Cette obligation est imposée par la loi et revêt un caractère d’ordre
public » (ibid au para 2057). Il souligne aussi que « [l]es règles de l’art peuvent évoluer
selon le développement des techniques et des besoins du client » (ibid au para 2062).
Voir aussi Karim, supra note 166 aux para 311–18.
173 Voir Beauchamp et Mondoux, supra note 168 à la p 27. Voir aussi Pierre Cimon, « Le
contrat d’entreprise ou de service » dans Réforme du Code civil : Obligations, contrats
nommés, t 2, Sainte-Foy (Qc), Presses de l’Université Laval, 1993, 801 à la p 806 (« [i]l
faut donc se reporter à la jurisprudence et à la doctrine existantes voulant que
l’intensité de l’obligation dépende d’abord de la nature du contrat, de son objet et de sa
complexité »).
174 Voir Deslauriers, supra note 166 au para 2071.
175 Voir ibid au para 2085 (« [l]e prestataire de services tenu à une obligation de moyens,
doit démontrer qu’il a pris les moyens pour réaliser son contrat ou son engagement
comme prévu, et que le cas échéant, il a pris les dispositions voulues pour éviter les re-
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tards et minimiser les inconvénients qui pourraient en résulter » [note omise]). Sur
l’interprétation de cette notion, voir Karim, supra note 166 au para 298 et s; Jobin et
Vézina, supra note 99 à la p 48 (l’obligation de moyens y est décrite comme étant « celle
pour la satisfaction de laquelle le débiteur est tenu d’agir avec prudence et diligence en
vue d’obtenir le résultat convenu, en employant tous les moyens raisonnables, sans tou-
tefois assurer le créancier de l’atteinte du résultat » [note omise]).
176 Voir art 2102 CcQ (« [l]’entrepreneur ou le prestataire de services est tenu, avant la
conclusion du contrat, de fournir au client, dans la mesure où les circonstances le per-
mettent, toute information utile relativement à la nature de la tâche qu’il s’engage à ef-
fectuer ainsi qu’aux biens et au temps nécessaires à cette fin »). Même si cet article ne
vise expressément que le prestataire de services, l’obligation d’information et de rensei-
gnement est bilatérale et réciproque (voir Deslauriers, supra note 166 au para 2044;
Karim, supra note 166 au para 498).
177 Voir Hill-Clarke-Francis, supra note 168.
178 Voir Transport Sigouin inc c Temlam inc, 2008 QCCS 3153 (disponible sur CanLII).
179 Voir Paulin, « Contrat », supra note 98 au para 8.
180 Art 1710 C civ.
181 Voir CA Lyon, 7 février 2008, Société Cinétic c Géodis Overseas (2009) 3284 Bull Trans-
ports & Logistique 511. La Cour y a qualifié de contrat d’entreprise un contrat pré-
voyant plusieurs prestations dont le démontage de machine, l’emballage, l’empotage, le
transport maritime et le transport terrestre.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1091
194 Voir Cass com, 7 septembre 2010, n°09-14.936 (non publié), en ligne : <www.legifrance.
gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000022814777> [Cass com 09-14.936].
Voir aussi Christophe Paulin, « Qualification du contrat de transport et application de
la prescription annale » (2010) 11 R Dr Transports, comm 217; Marie Tilche, « Re-
cherche statut… » (2010) 3333 Bull Transports & Logistique 535.
195 Cass com 09-14.936, supra note 195.
LE CONTRAT DE PRESTATIONS LOGISTIQUES 1097
196 Voir Cass com, 22 janvier 2008, n° 06-18.822 (non publié), en ligne : <www.
legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT
000018011405&fastReqId=641083996&fastPos=1>.
197 Voir ibid :
Mais attendu que, répondant aux conclusions des assureurs qui soute-
naient que le transport litigieux s’intégrait dans une prestation globale qui
n’était pas régie par les dispositions de la CMR, la cour d’appel, qui a relevé,
par motifs propres et adoptés, que la prestation essentielle confiée à la société
Lupprians par la société ECS consistait en un transfert en France de divers
matériels avec, principalement, une série d’opérations de manutention, de
stockage et de tri et, accessoirement, de transport, et souverainement retenu
que ce transport ne représentait qu’une faible part des prestations contrac-
tées, a pu en déduire […] que le litige n’était pas soumis aux dispositions de
la CMR.
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ment prend la moindre part, le régime juridique des transports doit être
écarté198.
Dans un autre arrêt de la cour d’appel de Paris, l’approche globale a
également été favorisée pour analyser un « contrat de prestations de ser-
vices », qui prévoyait un ensemble de prestations composites confiées à
une entreprise externe199. Le contrat portait sur : la réception, le stockage,
la prise en charge, la préparation de commandes, le contrôle des prépara-
tions, la constitution des chargements, les transports, les livraisons, les
enlèvements et la mise en route des produits. La cour avait d’abord tenté
de déterminer la prestation la plus importante en se focalisant particuliè-
rement sur le transport. Elle s’était vite aperçue que les prestations sont
équivalentes, et ce d’autant plus que, la plaquette publicitaire du presta-
taire précisait qu’il intervenait sur la totalité des prestations de la chaîne
logistique que cela soit au niveau du sous-système d’approvisionnement
ou celui de la distribution physique200. La cour d’appel avait finalement
opté pour la qualification contrat de prestations de services considérant
que
la qualification du contrat de prestation de services litigieux doit être
déterminée par ses prestations essentielles, [q]ue ce contrat [...] est
un contrat complexe, regroupant divers services au sein desquels la
livraison de la marchandise n’est pas essentielle, n’apparaissant que
comme l’aboutissement des opérations de stockage et de gestion dans
les entrepôts de la [Société Y ...].201
Conclusion
L’objectif premier de cet article a été d’exposer les origines et les carac-
téristiques du contrat de prestations logistiques pour impulser une ré-
flexion autour de ce nouveau contrat complexe.
Le contrat de prestations logistiques puise ses racines dans la chaîne
logistique des entreprises. La logistique n’a cessé de gagner de
l’importance dans la stratégie concurrentielle des entreprises. Elle est, de
nos jours, une activité économique incontournable. Elle repose sur une
approche globale et systémique puisque la performance des entreprises
dépend de l’interaction de leurs activités internes et externes.
202 Ibid.
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