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Cours de Droit Des Affaires de Thomas DIATTA 2022

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Cours de Droit des affaires Dr.

Thomas DIATTA, UASZ


2021-2022

Droit des Affaires


Docteur Thomas DIATTA, enseignant-chercheur à l’UASZ
Résumé du cours

Ce cours a pour objectif de permettre aux apprenants de prendre connaissance


avec l’ensemble des règles encadrant le monde des affaires. Cet encadrement
juridique passe par l’édiction de normes destinées à régir l’entreprise, forme sous
laquelle on exploite ses affaires. L’entreprise est alors encadrée tant du point de vue
de sa structure que de ses activités.
Aujourd’hui, tout individu ou toute entité faisant des affaires le fait à travers
une entreprise qui peut être individuelle ou collective civile ou commerciale.
L’entreprise intervient dans un marché donné soit comme producteur soit comme un
distributeur.
Prérequis :
L’apprenant doit avoir une bonne base en introduction à l’étude du droit, en droit
des obligations et en droit des biens.

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INTRODUCTION

Le droit constitue d’une part l’ensemble des règles régissant la vie en société dont
l’inobservation est sanctionnée par la puissance publique : c’est le droit objectif. D’autre part, il
désigne un ensemble de prérogatives reconnues à un individu : ce sont les droits subjectifs.
En tout état de cause, les droits subjectifs sont retenus et consacrés par le droit objectif qui
promeut des règles applicables à tous. Ces règles dites règles de droit sont générales,
impersonnelles, contraignantes et hétéronomes. Elles tentent d’apporter des réponses à des
questions précises qui renvoient à des matières du droit. Ces dernières correspondent souvent à
des activités ou à des domaines de la vie ou de l’activité humaine (famille, commerce, vie politique,
agriculture, enseignement…).
Ces règles régissant une matière du droit peuvent être regroupées de manière à les exposer
de façon plus détaillée, plus accessible et lisible. On parle alors de codification du droit. Il existe
plusieurs codes en droit sénégalais : Code de la famille, Code des obligations civiles et
commerciales, Code pénal…).
L’existence de règles de droit spécialisées sur certaines questions de la vie en société
conduit à une certaine segmentation du droit en matières différentes. Ces matières du droit
appartiennent à deux grandes familles que sont : le droit privé et le droit public.
Le droit public comprend l’ensemble des règles applicables aux personnes publiques et aux
relations que ces dernières entretiennent avec les citoyens. Les personnes publiques sont l’Etat,
ses démembrements, les collectivités territoriales (communes…).
Le droit privé régit les rapports des particuliers entre eux. C’est le droit des personnes
privées. Il comprend plusieurs matières. On en citera les principales : le droit civil, le droit social,
le droit commercial ou le droit des affaires.
Le droit des affaires est l'une des branches du droit privé qui porte sur un ensemble de
droits relatifs aux affaires des entreprises tels que le droit des contrats, la propriété intellectuelle,
le droit des sociétés, la procédure commerciale, le droit fiscal, le droit pénal des affaires,
le droit de la consommation, etc.
Tout responsable d’entreprise doit posséder un minimum de connaissance en droit des
affaires. En fait, en dépit du fait qu’il ne soit pas spécialiste du sujet, il doit toujours avoir
le réflexe de penser au volet juridique lorsqu'il prend une décision managériale ou bien à l'occasion
de la définition d'une nouvelle stratégie. Il en sera ainsi, lorsqu’il sera amené à élaborer un contrat
en vue d'un partenariat commercial. Des questions séries de questions juridiques peuvent se révéler
: les clauses essentielles à obligatoirement insérer, la protection juridique des intérêts de
l’entreprise, les conséquences juridiques de l’accord envisagé, etc.
Aujourd’hui, la rédaction des documents commerciaux (factures, cgv...) obéit à des règles
précises et s'inscrit dans un cadre juridique bien déterminé. Il faut être sensibilisé à ces contraintes,
même si le recours à des experts juridiques est hautement conseillé.
Le droit des affaires couvre les principaux domaines juridiques des entreprises. Chaque
domaine requiert l’intervention d'un expert juridique spécialisé. Un décideur sensibilisé aux enjeux
légaux doit savoir faire appel le moment venu à l'homme de l'art.
En attendant de pouvoir un jour faire appel à l’homme de plus tard, il conviendra de revenir
essentiellement sur la vocation du droit des affaires qui régente les « affaires ».
Le mot "affaire" est polysémique. Une "affaire", c'est une activité économique : on peut
dire par exemple : "Il a créé une affaire avec l'aide de sa banque". Le mot peut désigner une
opportunité : "Ce fonds de commerce est vendu à un prix intéressant : c’est vraiment une affaire.
Dans le cadre de ce cours, c’est le premier sens qui va le plus nous intéresser. En réalité,
les « affaires » signifie le fait d’exploiter des activités économiques. L’activité économique est
définie par la loi n°1994-69 du 22 aout 1994 fixant le régime d’exercice des activités économiques

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comme une activité de production, de transformation, de distribution et de prestations de services.


Cette activité a pour finalité de réaliser des bénéfices ou des économies.
Les activités économiques s’exercent librement, sauf dans le cas ou pour des raisons de
sauvegarde de l’intérêt général, l’autorisation est requise de la puissance publique. Un décret fixe
les règles en matière d’autorisation. Les professionnels non soumis à la procédure de l’autorisation
doivent faire une déclaration de leurs activités conformément aux dispositions organisant le
registre du commerce ou le registre des métiers. En outre, des formalités particulières peuvent être
fixées pour l’obtention d’une carte professionnelle. Mais, la détention de la carte professionnelle
ne constitue pas une condition d’exercice de la profession.
L’exercice sans autorisation d’une activité économique soumise à ce régime est puni d’une
amende de 10.000 à 10.000.000 frs assortie d’une astreinte en régularisation ou cessation d’activité
qui ne peut dépasser un an. De même, l’exercice sans déclarations préalables des activités soumises
à ce régime est puni d’une amende de 10.000 à 10.000.000 frs assortie d’une astreinte en
régularisation ou cessation d’activité qui ne peut dépasser trois mois1.
Ainsi, le droit des affaires s’intéresse à l’exploitation des activités économiques. Cette
exploitation se réalise au moyen d’entités appelées : entreprises. Il n’existe pas de définition unique
de la notion « d’entreprise en droit ». Chaque discipline juridique a tendance a proposé sa propre
définition.
En droit du travail, l’entreprise est définie par l’article L. 3 du Code du travail comme toute
personne physique ou morale, de droit public ou de droit privé employant un ou plusieurs
travailleurs. D’après ce texte, elle comprend un ou plusieurs établissements formés d'un groupe de
personnes travaillant en commun en un lieu déterminé (usine, local ou chantier) sous une autorité
commune représentant l'entreprise.
En droit de l’investissement, le Code de l’investissement, en son article premier, définit
l’entreprise comme toute unité de production, de transformation et/ou de distribution de biens ou
de service à but lucratif, qu’elle qu’en soit la forme juridique, qu’il s’agisse d’une personne
physique ou morale.
En droit de la concurrence/Droit économique, l’Annexe n° 1 au Règlement n°
03/2002/cm/UEMOA relatif aux procédures applicables aux ententes et abus de position
dominante à l'intérieur de l'union économique et monétaire ouest africaine : notes interprétatives
de certaines notions Note 1, définit l'entreprise comme une organisation unitaire d'éléments
personnels, matériels, et immatériels, exerçant une activité économique, à titre onéreux, de
manière durable, indépendamment de son statut juridique, public ou privé, et de son mode de
financement, et jouissant d'une autonomie de décision. D’après ce texte, les entreprises peuvent
être des personnes physiques, des sociétés civiles ou commerciales ou encore des entités juridiques
ne revêtant pas la forme d'une société.
Une chose est sûre, à la lecture de ces définitions, c’est que globalement l’entreprise
exploite une activité économique. Elle demeure le cadre d’exploitation des affaires, par excellence
(Chapitre I). Elle évolue dans un environnement (Chapitre II).
Chapitre I- L’entreprise comme cadre d’exploitation des affaires
Pour exploiter une activité économique, l’on a tendance à recourir à l’entreprise. Cette
dernière fait l’objet d’une classification (Section I) et dans sa structure, elle peut prendre deux
formes juridiques (Section II).
Section I- La classification des entreprises
C’est une classification qui n’est pas nette et exhaustive, en raison du caractère hétéroclite
des entreprises. Mais, on peut tenter de les classer selon les activités qu’elles mènent (Paragraphe
I), leur taille et les personnes (Paragraphe II) qui les détiennent (Paragraphe III).

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-V. Les dispositions de la loi de 1994 sur les activités économiques.

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Paragraphe I- La classification des entreprises suivant leurs activités


En ce sens, elles sont classées suivant leur secteur d’activités (B) ou la forme de leurs
activités (A).
A- La classification des entreprises en fonction de la forme l’activité
Elle identifie les entreprises suivant les tâches économiques qu’elles accomplissent dans la
recherche de profit. C’est ainsi que l’entreprise peut être artisanale, commerciale, industrielle,
agricole ou de services.
L’entreprise artisanale exploite une activité consistant à effectuer un travail manuel pour
le vendre. L’entreprise commerciale pure exploite une activité d’achat et revente sans
transformation. L’entreprise industrielle exploite une activité consistant à transformer la matière
1ère et vendre des produits finis (ou semi-finis). L’entreprise agricole exploite une activité relative
à la cultiver la terre et vendre la récolte. L’entreprise de services exploite une activité consistant à
fournir un travail sans fabriquer d’objet et le vendre.
D’un point de vue juridique, ces activités sont souvent qualifiées d’activités commerciales
ou d’activités civiles.
B- La classification des entreprises suivant leur secteur d’activités
Elle tend à distinguer les entreprises appartenant à une même catégorie exploitant la même
activité économique. Cette classification s’appuie sur la notion de secteur économique, secteur
d'activité ou secteur d'activité économique qui est un ensemble d’activité économique, ayant des
traits similaires.
Traditionnellement la répartition de l’ensemble de l’activité économique est répartie en
trois grands secteurs économiques : primaire, secondaire, tertiaire. La classification de l’économie
en trois secteurs principaux selon la nature de l’activité résulte des travaux de l’économiste anglais
Colin Clark sur « Les conditions du progrès économique » (1947), repris par le théoricien français
Jean Fourastié.
Le secteur primaire regroupe l'ensemble des activités dont la finalité consiste en une
exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines, gisements. Cependant, la
classification n'est pas rigide, par exemple, les industries extractives peuvent être aussi classées
dans le secteur secondaire.
Le secteur secondaire regroupe l’ensemble des activités consistant en une transformation
plus ou moins élaborée des matières premières (industries manufacturières, construction).
Le secteur tertiaire se définit par complémentarité avec les activités agricoles et
industrielles (secteurs primaire et secondaire). Il se compose :
 du tertiaire principalement marchand (commerce, transports, activités financières,
services rendus aux entreprises, services rendus aux particuliers, hébergement-
restauration, immobilier, information-communication) ;
 du tertiaire principalement non-marchand (administration publique, enseignement,
santé humaine, action sociale).
Cette classification n'est pas rigide, l'agriculture par exemple ayant été à l'origine classée
comme du secteur secondaire (le cultivateur transforme des graines en produits consommables,
par exemple), par opposition à la chasse et la simple cueillette.
Aujourd’hui, on ajoute un quatrième secteur, le secteur quaternaire (communication,
informatique…).
Paragraphe II- La classification fondée sur la taille de l’entreprise
Elle oppose les grandes entreprises (A) et les petites et moyennes entreprises (B).
A- Les grandes entreprises
Aucune définition n’a été proposé en droit positif sénégalais. Tout ce que l’on peut dire
c’est qu’il s’agit d’entreprises ne répondant pas aux critères des Petites et moyennes entreprises.

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B- Les Petites et moyennes entreprises


Elles sont régentées par la loi la loi d’orientation 2020-02 du 07 Janvier 2020 relative aux
petites et moyennes entreprises (PME) (JO du 20 Janvier 2020)2 qui fixe le cadre général de la
politique de promotion des PME au Sénégal. Ce texte promeut la création, le développement et la
croissance des PME. Il a redéfini la PME, déterminé son statut et a formalisé l’agrément au statut
de la PME. Il a aussi pris en compte le statut de l’entreprenant, consacré de nouveaux modes de
financement des PME, mis en place le conseil national et un fonds de promotion des PME.
Aujourd’hui, la PME est définie comme toute personne physique ou morale autonome,
commerçante ou productrice de biens et/ou services marchands, et dont le chiffre d’affaires hors
taxes annuel n’excède pas deux milliards (2.000.000.000) de FCFA ; toute PME dont plus de 25%
du capital est directement détenue par une entreprise privée ou publique perd cette qualité au sens
de la loi, à l’exception des sociétés de capital-risque et des investisseurs institutionnels.
Le plafond de chiffre d’affaires, pour être PME, était de cinq milliards (5 000 000 000) de FCFA
dans la loi abrogée, il est rabaissé à deux milliards (2 000 000 000) dans la nouvelle loi, pour
harmoniser avec les dispositions des chartes communautaires des PME de l’UEMOA et de la
CEDEAO. Par ailleurs le critère lié au nombre d’emploi est supprimé.
Sont désormais comprises dans la PME : l’Entreprenant, la Très Petite Entreprise (TPE),
la Petite Entreprise (PE) et la Moyenne Entreprise (ME).
L’Entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple
déclaration faite au greffe du tribunal, exerce une activité professionnelle civile, commerciale,
artisanale ou agricole3.
La Très Petite Entreprise (TPE) est toute personne, hors entreprenant, physique ou morale,
exerçant une activité professionnelle, civile, commerciale, artisanale, agricole, industrielle ou de
prestataire de services, dont le chiffre d’affaires annuel déclaré hors taxes est inférieur ou égal à
cent millions (100.000.000) FCFA.
La Petite Entreprise (PE) est toute personne physique ou morale, exerçant une activité
professionnelle, civile, commerciale, artisanale, agricole, industrielle ou de prestataire de services,
dont le chiffre d’affaires annuel hors taxes est supérieur à cent millions (100.000.000) FCFA et
inférieur ou égal à cinq cent millions (500.000.000) FCFA.
La Moyenne Entreprise (ME) est toute personne physique ou morale, exerçant une activité
professionnelle, civile, commerciale, artisanale, agricole, industrielle ou de prestataire de services,
dont le chiffre d’affaires annuel hors taxes est supérieur à cinq cent millions (500.000.000) FCFA
et inférieur ou égal à deux milliards (2.000.000.000) FCFA.
En tout état de cause, la PME peut être une PME de Droit communautaire, PME de droit
sénégalais ou PME nationale.
La PME de droit communautaire est toute entreprise individuelle, ou une société,
immatriculée dans un des pays membres de la CEDEAO et de l’UEMOA dont le chiffre d’affaires
annuel hors taxes est inférieur ou égal à deux milliards (2.000.000.000) FCFA.
La PME de droit sénégalais est toute entreprise individuelle ou une société, immatriculée
au Sénégal dont le capital est détenu par une ou des personnes physiques ou morales quelle que
soit leur nationalité et dont le chiffre d’affaires annuel hors taxes est inférieur ou égal à deux
milliards (2.000.000.000) FCFA.
La PME nationale, elle, est toute entreprise individuelle ou une société de droit sénégalais
dont le capital est détenu à 51%, au moins, par une ou des personnes physiques de nationalité

5
2
- Elle a abrogé la loi d’orientation n° 29-2008 relative à la promotion et au développement des PME du 28 juillet
2008.
3
- Par ce statut on vise les entrepreneurs informels qui ne sont pas immatriculés au registre du commerce.
L’entreprenant pourra payer une prime fixe qui couvre ses obligations fiscales et sa couverture maladie, retraite et
accidents professionnels.

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sénégalaise ou par une ou des personnes morales de droit sénégalais et dont le chiffre d’affaires
annuel hors taxes est inférieur ou égal à 2.000.000.000 FCFA.
Par ailleurs, l’agrément au statut de PME peut être conféré à toute entreprise qui remplit
les conditions et qui en fait la demande. Cet agrément est nécessaire pour bénéficier des avantages
de la loi. Il sera octroyé par le ministère en charge des PME4 selon des modalités qui seront fixées
par voie réglementaire.
Paragraphe III- La classification des entreprises suivant les personnes les détenant
On s’intéresse ici aux personnes qui contrôlent l’entreprise. En ce sens, on oppose
entreprises privées et entreprises publiques (A), on oppose aussi entreprises nationales et
entreprises étrangères (B) et entreprises familiales et entreprise patrimoniales (C).
A- Les entreprises publiques et les entreprises privées
Il faut opposer les entreprises publiques (1) et les entreprises privées (2).
1- Les entreprises publiques
Une entreprise publique est une entreprise qui appartient en totalité ou en majorité à l'Etat
ou à des collectivités territoriales et sur laquelle ils peuvent exercer une influence prépondérante.
En droit sénégalais, elle est régie par la loi d'orientation n° 2022-08 du 19 avril 2022 relative au
secteur para public, au suivi du portefeuille de l'Etat et au contrôle des personnes morales de droit
prive bénéficiant du concours financier de la puissance publique. Cette loi ne propose pas une
définition précise, ni de statut unique de l’entreprise publique. Cependant, pour être une entreprise
publique, celle-ci doit disposer d'une personnalité morale et d'une autonomie financière. Elle doit
aussi faire partie du secteur public et exercer une activité industrielle ou commerciale.
Si l’on s’en tient aux dispositions de cette loi, on peut avoir comme entreprises publiques :
établissements publics à caractère industriel et commercial et les sociétés publiques.
Les sociétés publiques sont au nombre de deux : les sociétés nationales et les sociétés à
participation publique majoritaire. Dans ces sociétés, les pouvoirs publics détiennent la majorité
du capital, disposent de la majorité des voix dans les organes de décision et peuvent désigner plus
de la moitié des membres de l'organe de direction, d'administration ou de surveillance de
l'entreprise…
Selon l’article 6 de la loi de 2022, les établissements publics à caractère industriel et
commercial (EPIC) sont des personnes morales de droit public investies d'une mission de service
public présentant un caractère marchand ou exercée avec une contrepartie financière. Ils n'ont pas
de capital, mais ils ont vocation à réaliser un profit. Les EPIC peuvent, après avis conforme du
Comité de Suivi du Secteur parapublic vise à l'article 47 de la loi, prendre des participations dans
les sociétés de droit privé. Leurs ressources proviennent essentiellement de leurs activités propres.
Les EPIC peuvent bénéficier de subventions publiques.
Exemples d’entreprises publiques : PETROSEN, MIFERSO, SENELEC, DEM DIKK…
2- Les entreprises privées
Une entreprise privée est une entreprise qui appartient en totalité ou majoritairement à des
personnes physiques ou morales.
La distinction entre entreprise privée et entreprise publique est principalement juridique.
Si le capital appartient majoritairement à une personne publique, Etat, collectivités locales, etc.
l'entreprise est considérée comme publique et relève d'un régime juridique différent.
Alors que l'entreprise publique assure des missions de service public pour satisfaire l'intérêt
général, l'entreprise privée produit ou vend des biens ou des services avec pour finalité de réaliser
des bénéfices tout en cherchant à assurer sa pérennité.
Demeurent des entreprises privées : les commerçants et artisans, les entreprises ayant un
seul propriétaire, les sociétés (SA, SARL, etc.), les coopératives, les mutuelles.

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- art. 4 Loi 2020.

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B- Les entreprises nationales et les entreprises étrangères


On oppose les entreprises étrangères (1) et nationales (2).
1- Les entreprises étrangères
Il n’existe pas de définition de cette notion en droit sénégalais. Sont dénommées «
entreprises étrangères » toutes les entreprises ne comportant pas d'établissement dans un pays
donné et qui emploient du personnel salarié relevant du régime social de ce pays.
2- Les entreprises nationales
C’est une entreprise ayant la nationalité d’un Etat donné et contrôlée pour l’essentiel par
des nationaux.
C- Les entreprises familiales et les entreprises patrimoniales
Les entreprises patrimoniales recouvrent une réalité plus large que celle des entreprises
familiales. Alors que les dirigeants des premières sont des personnes physiques sans liens
familiaux, les dirigeants des secondes sont nécessairement unis par des liens de parenté et sont le
plus souvent les descendants du fondateur de l’entreprise5. Ces deux catégories d’entreprise
reposent certes sur un creuset commun : leur capital est détenu majoritairement, dans l’idéal
théorique, par leurs dirigeants, ce qui constitue un trait distinctif majeur par rapport aux autres
formes d’organisations privées, notamment les firmes managériales, dont le capital est dispersé, et
les firmes contrôlées, dont le capital est détenu par une autre entreprise ou un autre groupe6.
Section II- La forme juridique de l’entreprise
D’un point de vue juridique l’entreprise peut prendre la forme individuelle, on parle alors
d’entreprise individuelle (Paragraphe I) ou la forme collective, on parle de groupement d’affaires
(Paragraphe II).
Paragraphe I- L’entreprise individuelle ou entreprise en nom propre
C’est l’entreprise dirigée par une seule personne physique qui est au service de son propre
intérêt. Il y a une confusion de patrimoine de l’entrepreneur et de l’entreprise. En fonction de
l’activité économique qu’elle exploite, elle est soit commerciale (A) soit civile (B). Cette entreprise
doit faire l’objet d’une formalisation (C).
A- L’entreprise commerciale individuelle : le commerçant
C’est l’entreprise exploitant une activité économique commerciale. L’entrepreneur
exploitant cette activité est appelé commerçant. Il est important de savoir comment devient-on
commerçant et quels sont les effets qui en découlent (1) ? Comment se perd la qualité de
commerçant ? (2).
1- L’acquisition de la qualité de commerçant
Celui qui fait de l’accomplissement d’acte de commerce par nature sa profession, est
commerçant7. La loi a défini les conditions d’acquisition de la qualité de commerçant (b) ainsi que
les effets qui s’y attachent (b).
a- Les conditions d’acquisition de la qualité de commerçant
Elles concernent d’une part des conditions objectives : accomplissement d’actes de
commerce par nature à titre de profession (i) et d’autre part des conditions subjectives : la capacité
commerciale (ii).
i- L’accomplissement d’actes de commerce par nature à titre de profession
Pour devenir commerçant, il faut d’une part accomplir des actes de commerce par nature
et d’autre part le faire à titre de profession.
L’acte de commerce par nature est celui par lequel une personne s’entremet dans la
circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service
avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. Demeurent des actes de commerce par nature, entre

5 7
- T. POULAIN-REHM, Qu'est-ce qu'une entreprise familiale ? Réflexions théoriques et prescriptions empiriques, in
La Revue des Sciences de Gestion 2006/3 (n°219), pages 77 à 88.
6
- Charreaux, 1991 cité par T. POULAIN-REHM, ibid.
7
- Art 2 AUDCG.

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autres : l’achat pour revendre des meubles ou immeubles, les opérations bancaires, boursières, de
change, de courtage, d’assurance et de transit ; les contrats entre commerçants pour les besoins de
leur commerce ...
A côté de ces actes de commerce par nature, il y a les actes de commerce par la forme dont
l’accomplissement ne confère pas la qualité de commerçant.
La profession est l’activité habituellement et indépendamment exercée par une personne et
par laquelle elle tire l’essentiel de ses revenus économiques. Elle suppose une habitude (répétition
d’un acte) et une certaine indépendance.
ii- La capacité commerciale
La capacité, d’un point de vue juridique, est l’aptitude à avoir des droits et à pouvoir les
exercer. Pour être commerçant, il faut avoir cette capacité, notamment celle d’exercer ses droits.
En droit commercial, elle est exigée soit pour protéger celui qui veut devenir commerçant soit pour
protéger la profession commerciale.
Dans la protection de celui qui veut devenir commerçant, l’Acte Uniforme portant droit
commercial général refuse aux incapables (mineurs comme majeurs incapables) d’exercer la
profession commerciale. De même, il décrète que le conjoint du commerçant ne peut avoir la
qualité de commerçant que s’il accomplit sa profession séparément de son conjoint.
Dans la protection de la profession, l’AU interdit à certaines personnes d’exercer la
profession commerciale en raison d’une incompatibilité, d’une interdiction. Certaines fonctions
sont incompatibles avec la profession commerciale. Il en est ainsi de la fonction d’avocats, de
fonctionnaire, d’expert-comptable…
En outre, il est interdit à certaines personnes d’accomplir la profession commerciale du fait
d’une interdiction prononcé par un juge ou par une juridiction professionnelle. Il y a aussi
l’interdiction par l’effet d’une condamnation définitive à une peine privative de liberté pour un
crime de droit commun, ou à une peine d’au moins 3 mois d’emprisonnement non assortie de sursis
pour un délit contre les biens, ou une infraction en matière économique ou financière.
b- Les effets de l’acquisition de la qualité de commerçant
La qualité de commerçant confère des droits (i) et des obligations (ii).
i- Les droits du commerçant
Ils sont deux ordres : la liberté de prouver par tous les moyens et le droit à une prescription
plus courte.
Les actes de commerce se prouvent par tous moyens même par voie électronique à l’égard
des commerçants. Tout commencement de preuve par écrit autorise le commerçant à prouver par
tous moyens contre un non-commerçant. Les livres de commerce et les états financiers de synthèse
constituent des moyens de preuve.
Les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre
commerçants et non-commerçants, se prescrivent par 5 ans si elles ne sont pas soumises à des
prescriptions plus courtes. La prescription se compte par jours et non par heures. Elle est acquise
lorsque le dernier jour du terme est accompli.
ii- Les obligations du commerçant
Le commerçant est astreint à deux types d’obligations : tenir une comptabilité et
s’immatriculer au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM).
Tout commerçant tenir une comptabilité (livres de commerce) conformément l’Acte
uniforme relatif au droit comptable et à l’information financière.
En outre, toute personne physique dont l’immatriculation est requise par la loi doit, dans le
premier mois de l’exercice de son activité, demander au greffe de la juridiction compétente ou à
l’organe compétent dans l’Etat Partie, dans le ressort de laquelle son activité se déroule, son
immatriculation au RCCM. Toute personne immatriculée au RCCM est présumée, sauf preuve
contraire, avoir la qualité de commerçant.

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2- La perte de la qualité de commerçant


En pareille occurrence, une formalité doit être accomplie, à savoir : la radiation à
l’inscription au RCCM (a). Cela emporte un certain nombre d’effets (b).
a- La radiation à l’inscription au RCCM
Quel que soit la cause de cessation de l’activité commerciale (décision volontaire ou décès),
le commerçant ayant cessé ses activités doit être radié au RCCM. A défaut de radiation, il est
considéré comme un commerçant de fait au même titre que celui qui n’est pas immatriculé au
RCCM.
La radiation au RCCM est demandée par le commerçant ou ses ayants droit ou est réalisée
d’office par le greffier ou le responsable de l’organe.
La radiation RCCM est demandée au greffe ou à l’autorité compétente soit par :
- le commerçant dans le délai d’1 mois à compter de la cessation de son activité.
- les ayants-droit du commerçant dans le délai de 3 mois à compter du décès.
Cette radiation doit également être accomplie pour les succursales et établissements.
La radiation d’office intervient après décision du tribunal compétent ou de l’autorité
compétente, statuant à bref délai, si la radiation n’a pas été demandée dans les délais prévus. Le
tribunal ou l’autorité est saisie par la requête du greffe ou de l’organe ou par celle de tout intéressé.
Le greffier ou le responsable de l’organe compétent délivre un accusé d’enregistrement qui
mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date. Le greffier ou le responsable de l’organe
compétent procède d’office à la radiation du commerçant.
b- Les effets de la cessation de la qualité de commerçant
La radiation emporte la perte des droits résultant de l’immatriculation.
B- L’entreprise individuelle civile
Elle exploite une activité civile et elle peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir d’une
entreprise artisanale (1), agricole (2) ou d’une profession libérale (3).
1- L’entreprise artisanale
Elle est réglementée par le Code de l’artisanat de l’UEMOA adopté en 2014. Elle exerce
une activité artisanale définie par l’article 1 du code comme toute activité d'extraction, de
production ou de transformation de biens et/ou de prestations de services. Demeure exclue de cette
activité l’agriculture, la pêche, le transport, l'achat pour revendre et les prestations intellectuelles.
Les activités artisanales se subdivisent en 3 catégories : artisanat de production ou de
transformation ; artisanat de services ; artisanat d'art.
Selon l’article 23 al. 1 du code : « Est entreprise artisanale, toute activité de nature
artisanale exercée par un ou plusieurs artisans structurés », c’est-à-dire ceux exerçant sur un
marché avec un local aménagé bien identifiable et repérable. L'entreprise artisanale doit satisfaire
aux critères suivants :
- avoir au plus 25 compagnons artisans, en dehors des aides familiales ;
- avoir un chiffre d'affaires hors taxes annuel inférieur ou égal à 30 millions et un
investissement inférieur ou égal à 20 millions de francs CFA ;
- tenir une comptabilité conforme aux dispositions du Système Comptable Ouest
Africain(SYSCOA), sauf option pour le système normal dans les conditions fixées par
le SYSCOA.
Toutefois, une entreprise artisanale ayant excédé les seuils ci-dessus fixés peut conserver
le statut d'entreprise artisanale, lorsqu'il s'est avéré que son activité principale est de nature
artisanale et son dirigeant est titulaire de la qualification artisanale.
2- L’entreprise agricole
Elle exploite une activité agricole. L’agriculture est un ensemble d’activités développées
par l'homme, ayant pour objet principalement la culture des terres en vue de la production des
végétaux utiles à l'homme et à l'élevage des animaux et accessoirement l'élevage des animaux.

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Aux activités de culture et d’élevage, la loi n° 2004-16 du 4 juin 2004 portant loi d’orientation
agrosylvo-pastorale ajoute l’exploitation forestière, la pêche, l’artisanat rural, etc.
Cette activité économique a généralement un lien direct avec la terre qui relève
traditionnellement du droit civil.
Les personnes exerçant les métiers de l’agriculture peuvent se regrouper au sein
d’organisations professionnelles agricoles, telles que les fédérations, syndicats, organisations
interprofessionnelles, etc. Ces organisations professionnelles agricoles regroupent les personnes
physiques et morales qui souhaitent s’unir pour assurer la défense de leurs intérêts communs et la
fourniture de services à leurs membres.
Les organisations professionnelles agricoles s’organisent librement, soit sur une base
géographique, au niveau local, régional, national et éventuellement sous régional, soit en fonction
de leurs productions, filières et services.
3- Les professions libérales
Elles sont exercées par des personnes physiques ayant essentiellement une activité
intellectuelle. Ces personnes ne sont nullement des commerçants.
D’abord, elles recueillent des honoraires et ne recherchent pas des bénéfices. Ensuite, elles
exercent une activité essentiellement intellectuelle. Enfin, elles jouissent de la confiance
personnelle de leurs clients ce qui explique l’incessibilité de leur clientèle.
C- La formalisation de l’entreprise individuelle
La formalisation de l’entreprise individuelle passe par l’obtention de documents auprès des
autorités étatiques : le registre du commerce, l’avis d’immatriculation au NINEA et la déclaration
d’établissement. Pour ce faire, l’entrepreneur individuel se présente au Bureau d’Appui à la
Création d’Entreprise (BCE) de l’APIX avec ses documents de constitution, un rendez-vous lui
est donné 24h plus tard pour les retirer. Il devra préalablement fournir un certain nombre de
pièces et payer des frais de constitution.
PIECES A FOURNIR
S’il est de nationalité sénégalaise :
1. Deux (02) copies de la carte d’identité nationale ;
2. Un extrait du casier judiciaire datant de moins de 3 mois ou une déclaration sur l’honneur,
disponible au BCE, renseignée et signée par le requérant ;
3. Le certificat de résidence délivré par la police ou la mairie du lieu de résidence, sur
présentation de l’attestation de domicile, délivrée par le chef de quartier ;
4. Le certificat de mariage (le cas échéant) ;
5. Deux (02) timbres fiscaux de 2000 FCFA (pour le Registre de Commerce et pour le
NINEA).
S’il est étranger :
1. Deux (02) copies du passeport pour les étrangers ;
2. Le casier judiciaire du pays d’origine de moins de 3 mois pour les étrangers
3. Le certificat de résidence (délivré par la police ou la mairie) ;
4. Le certificat de mariage (le cas échéant) ;
5. Deux (02) timbres fiscaux de 2000 FCFA (pour le Registre de Commerce et pour le
NINEA).
FRAIS DE CONSTITUTION
 10.000 FCFA de frais de greffe pour les entreprises individuelles sans nom commercial,
 20 000 FCFA pour les entreprises individuelles avec nom commercial dont :
 10 000 FCFA pour l’enregistrement du nom commercial auprès de l’Organisation
Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) ;
 10 000 F CFA pour les frais de greffe.
Toutes les entreprises individuelles qui ne se sont pas formalisées sont des entreprises
informelles.

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Paragraphe II- L’entreprise sociale : les groupements d’affaires


C’est un regroupement de personnes physiques qui exploitent une activité économique. On
a d’abord la société créée en vue de réaliser un partage du profit généré. La société peut être définie
comme un contrat ou acte unilatéral par lequel l’on affecte des biens ou une industrie à
l’exploitation d’une activité à nos risques et périls dans le but d’en tirer profit pécuniaire. La société
peut être commerciale (A) ou civile (B), coopérative (C), publique (D). Il y a aussi le GIE (E) et
l’association (F).
A- La Société commerciale
Elle est définie et réglementée par l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du GIE. Sa formation requiert le respect de certaines conditions (2). Mais il faut
d’abord connaître les types de sociétés qui peuvent être créées (1).
1- La classification des sociétés commerciales
Il existe trois types de classification : selon la forme ou l’objet (a), les risques encourus (b)
et selon la distinction société de capitaux et société de personnes (c).
a- La classification selon l’objet ou la forme
Les sociétés sont commerciales soit par la forme soit par l’objet. Relativement à la
forme, elles ne peuvent revêtir que l’une cinq des formes prévues par la loi. A ce propos, nous
avons la : Société en Nom Collectif (SNC), Société en Commandite Simple (SCS), Sociétés à
Responsabilité Limitée (SARL), Sociétés Anonyme (SA) et Société par Action Simplifiée
(SAS). Sont sociétés commerciales suivant leur objet : les sociétés en participation, les sociétés
de fait et les sociétés créées de fait ayant une activité commerciale. Ceci emporte à faire la
distinction entre les sociétés ayant la personnalité morale (sociétés commerciales par la forme) et
celles ne l’ayant pas (les sociétés commerciales par leur objet).
Les associés d'une société commerciale sont soumis à une responsabilité limitée (SA,
SAS, SARL) ou illimitée et solidaire (SNC, SCS) et ceux des sociétés civiles sont soumis à une
responsabilité illimitée et solidaire. De ce point de vue on peut faire la distinction entre sociétés à
responsabilité limitée et société à responsabilité illimitée ; société de capitaux et sociétés de
personnes.
b- Sociétés à risques illimités et sociétés à risques limités
Demeurent des Sociétés à risques illimités certaines commerciales par la forme (SNC et
SCS) ainsi que les sociétés sans personnalité juridique. Elles sont ainsi qualifiées en ce que les
associés sont solidairement et indéfiniment responsables des dettes de la société à l'égard des
créanciers sociaux. Cela signifie que ces derniers pourront demander à un associé de payer la
totalité de la dette, sans devoir préalablement poursuivre la société. En outre, chaque associé doit
pouvoir faire confiance aux coassociés : il faut donc l'accord de tous pour une cession des parts de
la société. En cas de décès d'un associé ou dans une hypothèse d'incapacité d'un associé, la société
est en principe dissoute (déséquilibre dans les engagements).
Dans les sociétés où la responsabilité est limitée (SA, SAS, SARL), les associés ne sont
responsables des dettes sociales qu'à concurrence de leurs apports.
3- Sociétés de personnes et sociétés de capitaux
Dans les sociétés de personnes (SNC, SCS, et sociétés sans personnalité morale), les titres
sociaux sont représentés en parts sociales, les membres sont appelés « associés ». Ici, la fortune
et la personnalité des associés valent autant ou plus que les apports mis en commun lors de la
constitution de la société. Elles sont basées sur l'intuitu personae. Les associés se regroupent, car
ils se connaissent, se font confiance et s'apprécient mutuellement. Les parts sociales ne peuvent
être cédées qu'avec l'agrément de tous.
Dans les sociétés de capitaux (SA et SAS), les titres sociaux sont appelés actions et les
membres : « actionnaires » dans les SA ou associés dans les SAS. Ici, seul l’argent compte et pas
les qualités personnelles des actionnaires. Les actions sont soumises au principe de libre cessibilité.

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Cependant, dans cette opposition sociétés de capitaux et sociétés de personnes, la SARL


demeure une sociétaire intermédiaire dite hybride. Elle a certains éléments de l’intuitu personae
des sociétés de personnes : représentation des titres sociaux représentés en parts sociales
impliquant leur difficile cession. Elle se rapproche aussi des sociétés de capitaux en raison de la
responsabilité limitée des associés.
De même, dans la pratique, les praticiens prévoient des règles de sociétés de personne à
des sociétés de capitaux et vice versa : les statuts des sociétés de personnes comprennent souvent
des clauses de continuation de la société malgré le décès ou l'incapacité d'un associé ; les sociétés
de capitaux contiennent souvent un fort intuitu personae se manifestant par la stipulation de clauses
d'agrément, de préemption, d'exclusion.
D’un autre point de vue, cette distinction est très importante en matière fiscale surtout pour
les impôts directs. Les sociétés de capitaux sont en principe soumises à l'impôt sur les sociétés
(prise en compte du résultat social), de même que les sociétés de personnes dont les associés ont
opté pour l'imposition à l'impôt sur les sociétés. A défaut, les sociétés de personnes seront soumises
au régime de l'impôt sur le revenu (prise en compte des produits nets de l'associé, réalisés ou non
dans la société).
B- La formation de la société commerciale
La société est une manifestation de volonté commune (société pluripersonnelle) ou
unilatérale (Société unipersonnelle) (1) aboutissant à la création d’une personne morale à travers
la procédure d’immatriculation (2).
1- La création de la société commerciale par une manifestation de la volonté
La société commerciale est un acte juridique dont la validité dépend du respecter des
conditions de validité (a) dont l’inobservation est sanctionnée (b).
a- Les conditions de formation de la société commerciale
Pour valablement créer une société commerciale, il faut non seulement respecter des
conditions de fond mais aussi des conditions de forme.
 Les conditions de fond (conditions de validité)
Elles sont au nombre de trois : l’obligation d’apport, la vocation aux résultats sociaux et
l’affectio societatis. Le non-respect de ces conditions entraîne l’annulation de la société même si
la régularisation est possible, sauf si l’objet social est illicite.
 L’obligation d’apports
L’apport constitue l’opération par laquelle une personne met à la disposition d’une société
un bien, une somme d’argent, une industrie. De cette définition découle trois types d’apports :
l’apport en numéraire, l’apport en nature et l’apport en industrie.
L’apport en numéraire correspond à la somme d’argent mise à la disposition de la société
et l’apport en nature aux biens meubles ou immeubles et les droits qui s’y attachent. L’apport en
industrie correspond à un ensemble de connaissances techniques, professionnelles ou de
prestations de service mis à la disposition de la société.
Ces apports posent le problème de leur souscription (promesse) et de leur libération
(exécution de la promesse).
 La vocation aux résultats sociaux
Les résultats sociaux sont partagés entre les pertes et les bénéfices, qu’ils soient positifs ou
négatifs. S’il s’avère que l’une des parties n’a pas vocation à toucher une partie des bénéfices ou
supporter une partie des pertes, le contrat n’est pas valable. Cela permet de distinguer la société de
structures voisines notamment l'association.
La part de chaque associé dans les bénéfices et sa participation aux pertes se détermine à
proportion de sa part de capital social. Mais, la loi permet prévoir une répartition des bénéfices
non proportionnelle voire inéquitable. On peut favoriser des associés au détriment des autres. Il y
a une limite : « toutefois la stipulation attribuant à un associé la totalité du profit ou l'exonérant

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de la totalité des pertes, celle excluant un associé totalement du profit ou mettant à sa charge la
totalité des pertes », est interdite. C'est une clause léonine, réputée non écrite.
 L’affectio societatis
L'affectio societatis est un terme juridique désignant la volonté claire et non équivoque de
collaborer de manière effective, dans un intérêt commun sur un pied d’égalité, et en vue de
partager les résultats sociaux. Si le consentement est exigé lors de la conclusion du contrat,
l’affectio societatis doit être présente pendant toute la durée de vie de la société. Faute d’affectio
societatis, il n’y a pas de société. Cela permet de sanctionner les sociétés fictives.
 Les conditions de forme
Il est exigé pour la constitution de toute société commerciale un écrit : les statuts. Toutefois,
une société peut ne pas en être dotée (société commerciale de par son objet). Mais, il faut connaître la
nature juridique des statuts.
 L’établissement des statuts
Ils doivent être établis sous certaines formes. Ils sont établis, sauf dispositions nationales
contraires, soit par acte notarié ou par tout acte offrant des garanties d’authenticité c’est-à-dire qu’il
doit être déposé auprès d’un notaire au rang de minutes soit par acte sous seing privé. Dans ce dernier
cas, il est dressé autant d’originaux qu’il est nécessaire pour le dépôt d’un exemplaire au siège social
et l’exécution des diverses formalités requises. Un exemplaire des statuts établi sur papier libre est
remis à chaque associé sauf pour le cas des S.N.C et S.C.S où un exemplaire original est remis.
Les statuts doivent être signés par les parties personnellement ou par l'intermédiaire d'un
mandataire muni de procuration spéciale.
Ils doivent obligatoirement contenir 13 mentions dont : la forme de la société, sa
dénomination suivie, le cas échéant, de son sigle, la nature et le domaine de son activité, son siège
social, sa durée, l’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par
chacun d’eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport, l’identité
des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci, le montant du capital social, le nombre
et la valeur des titres sociaux émis, les stipulations relatives à la répartition du résultat, à la constitution
des réserves et à la répartition du boni de liquidation, les modalités de son fonctionnement.
 La nature juridique des statuts
Les statuts constituent soit le contrat de société, en cas de pluralité d’associés, soit l’acte de
volonté d’une seule personne, en cas d’associé unique. Cependant, en dépit de leur nature, ils ne
peuvent déroger aux dispositions de l’AU. Mais, il est prévu que l’AU peut autoriser expressément
l’associé unique ou les associés, le remplacement des dispositions de l’AUR par des clauses statutaires
ou que ces clauses peuvent les compléter. Est réputée non écrite toute clause statutaire contraire à une
disposition de l’AU.
En outre, les statuts peuvent faire l’objet d’une modification. La modification est réalisée
suivant les règles propres à chaque type de société. Lors de cette modification, les engagements d’un
associé ne peuvent, en aucun cas, être augmentés sans le consentement de celui-ci.
b- La sanction de l’inobservation des conditions de validité de la société commerciale
En cas d’inobservation des conditions de validité, des sanctions sont prévues par l’Acte
Uniforme. Il s’agit de l’annulation de la société.
Est théoriquement nulle toute société dont l’un des éléments constitutifs fait défaut. C’est
pourquoi elle est soigneusement encadrée et elle produit des effets. La loi détermine des causes de
nullité et des contions d’exercice de l’action en nullité de la société.
La nullité d'une société ne peut résulter que d'une disposition légale. Ainsi, elle peut
découler de la violation de certaines règles de constitution de la société ; les interdictions,
incapacités ; illicéité de l’objet social, absence ou apport fictif ou interdit.
Lorsque la condition violée protège l’intérêt général, ce sera une nullité absolue et tout
intéressé pourra agir ; si la règle violée protège un intérêt particulier, ce sera une relative : la
personne protégée peut demander la nullité de la société. Le délai de prescription de l’action en
nullité est de 3 ans à compter de l'immatriculation de la société. Il n’y a pas de prescription lorsque

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l’objet social est illicite. Lorsque la nullité de la société est prononcée, elle met fin, sans
rétroactivité, à l’exécution du contrat. Toute société nulle est en principe dissoute puis liquidée.
La nullité peut faire l’objet d’une régularisation opérée par les associés lorsque le juge saisi
d’une action en annulation leur accorde un délai de 2 mois pour le faire. La régularisation peut
résulter aussi du rachat, autorisé par le juge, des titres sociaux de la personne protégée.
2- L’immatriculation de la société en vue de l’acquisition de la personnalité morale
Pour accéder à la personnalité morale, la société commerciale a besoin d’être immatriculée
au RCCM. En vue de l’immatriculation, la publicité de la constitution doit être faite, en plus du
dépôt des pièces, par l’exécution d’une formalité : la « déclaration de régularité et de conformité
». Cette déclaration est signée et déposée au RCCM par les fondateurs et les premiers dirigeants.
Elle indique toutes les opérations effectuées en vue de constituer régulièrement la société et atteste
que cette constitution a été réalisée en conformité avec les dispositions de l’AU. Elle est exigée à
peine de rejet de la demande d'immatriculation.
L’immatriculation est faite est faite au RCCM dans le mois de constitution de la société
auprès du greffe de la juridiction dans le ressort de laquelle est situé le siège social. À compter de
son immatriculation, toute société jouit de la personnalité morale dont la durée est de 99 ans. La
prorogation ou la transformation est possible sans qu’il ne soit créé une personne nouvelle.
Dans un délai de 15 jours suivant l’immatriculation, un avis doit être inséré dans un journal
habilité à recevoir les annonces légales dans l’État du siège social.
L’immatriculation permet à la société d’avoir une dénomination sociale, un siège social,
une nationalité et un patrimoine.
 Formalisation de la création de quelques sociétés commerciales à l’APIX
Pour la création d’une SARL
La constitution d’une Société à Responsabilité Limitée (SARL) se fait en deux étapes :
Chez le Notaire
 L’établissement des statuts
 Ils doivent être signés par tous les associés fondateurs ou leurs mandataires justifiants d’un
pouvoir y afférant.
 La signature du procès-verbal de constitution
 La délivrance d’une déclaration de conformité
 Le dépôt du Capital
 Le capital doit, être déposé chez le notaire ou dans un compte bancaire, dénommé
« Compte de société en formation ». Le capital est libéré immédiatement après
l’immatriculation de la société au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
(RCCM).
 Seuls les apports d’une valeur supérieure à 5 000 000FCFA doivent
obligatoirement faire l’objet d’une évaluation par un commissaire aux apports
Frais de notaire : 400 000 FCFA environ pour un capital de 1 000 000 FCFA
Au Bureau d’Appui à la Création d’Entreprise (BCE) de l’APIX
 L’enregistrement des actes constitutifs
 L’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
 L’immatriculation au NINEA
 La publication au Journal d’annonces légales
Les pièces à fournir
1. Un casier judiciaire datant de moins de 3 mois ; ou une déclaration sur l’honneur,
disponible auprès du notaire, renseignée et signée par le Gérant ou le casier de moins de 3
mois du pays d’origine (pour les étrangers)
2. La photocopie de la carte d’identité des associés
3. Droits d’enregistrement : 25 000 FCFA
Pour la création d’une SA

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La constitution d’une Société Anonyme se fait en deux étapes


Chez le Notaire
 L’établissement des statuts.
 Ils doivent être signés par tous les associés fondateurs ou leurs mandataires justifiants d’un
pouvoir y afférant.
 La signature du procès-verbal de constitution
 La délivrance d’une déclaration de conformité
 Le dépôt du Capital
 Le capital doit, être déposé chez le notaire ou dans un compte bancaire, dénommé
« Compte de société en formation ».
 Le compte est débloqué immédiatement après l’immatriculation de la société au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).
Frais de notaire : Environ 700 000 FCFA pour un capital de 10 000 000 FCFA
Au Bureau d’Appui à la Création d’Entreprise (BCE) de l’APIX
 L’enregistrement des actes constitutifs
 L’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
 L’immatriculation au NINEA
 La publication au Journal d’annonces légales
Les pièces à fournir
1. Un casier judiciaire datant de moins de 3 mois ; ou une déclaration sur l’honneur,
disponible auprès du notaire, renseignée et signée par le Gérant ou le casier de moins de 3
mois du pays d’origine (pour les étrangers)
2. La photocopie de la carte d’identité des associés
Droits d’enregistrement : 1% du Capital si celui-ci est supérieur à 10 000 000 FCFA. En
cas d’apport immobilier, prévoyez une surtaxe de 3% de la valeur de l’apport pour les droits
d’enregistrement.
B- La Société civile
La société est civile lorsqu’elle a une activité civile. Elle est régie par le COCC en ses
articles 765 à 810-15. Il faudra préciser la spécificité de la société civile (1) avant d’envisager sa
formation (2).
1- Les caractéristiques de la société civile
Une société civile est société constituée par des associés ayant une forte relation entre eux,
soit parce que leurs intérêts sont intimement liés, soit parce qu’ils collaborent effectivement et
personnellement à la poursuite du but social (fort intuitu personae). Elle est particulière par rapport
à la société commerciale (a) et de par ses différentes formes (b).
a- La différence entre les sociétés civiles et les sociétés commerciales
Elle se mesure d’abord à travers les activités de la société qui sont de nature civile. Il s’agit
entre autres de : l’agriculture, les professions intellectuelles ou libérales (avocats, notaires,
médecins, architectes…), l’immobilier.
Elle se perçoit aussi par rapport aux dettes. Les associés de la société civile peuvent être
poursuivis sur leurs biens personnels comme les sociétés commerciales de personne. Comme ces
dernières, elles ne peuvent créer de titres négociables librement transmissibles. Dans ces sociétés
la propriété des parts résulte d’une inscription sur un registre.
Enfin, en cas de litige, les juridictions civiles sont compétentes, et non le tribunal de
commerce. D’un point de vue fiscal, les sociétés civiles sont généralement soumises à l’impôt sur
le revenu, bien qu’une option pour l’impôt sur les sociétés soit souvent possible.
b- Les différentes formes de sociétés civiles
Il faut distinguer les sociétés civiles simples des sociétés civiles professionnelles.
Les sociétés civiles simples
Elles se rapportent à un ensemble d’opérations civiles, on distingue ainsi :

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La SCI (société civile immobilière), la SEL (société d’exercice libéral), la SEP (société en
participation), la SCEA (société civile d’exploitation agricole), la SCM (société civile de moyens).
Les sociétés civiles professionnelles (SCP)
Selon l’article 810-1 du COCC, il peut être constitué entre des personnes physiques,
exerçant une même profession libérale ou exploitant un office public ou ministériel, une société
civile professionnelle qui jouit de la personnalité morale.
La société civile professionnelle a pour objet l'exercice en commun de la profession de ses
membres, nonobstant toute disposition législative ou réglementaire réservant aux personnes
physiques l'exercice de cette profession.
2- La formation de la société civile
Il faut distinguer les règles générales (1) et celles propres à la SCP (2).
a- Les règles générales
Elles se rapportent à l’exigence d’un consentement, d’apports et de la vocation aux résultats
sociaux.
L’exigence d’un consentement est posée par l’article 767 du COCC. Cet article demeure
aussi le siège de l’exigence de l’affectio societatis. D’après ce texte : « La société suppose la
volonté des parties de constituer le fonds social et de participer, dans un intérêt commun, à l'activité
de la société ; La société ne doit pas être fictive ».
S’agissant des apports, l'associé doit réaliser son apport dans les conditions prévues par le
contrat. Ils peuvent être faits en biens (apport en nature) ou en industrie. L’apport est intangible,
d’après l’article 778 du COCC. En effet, l'associé ne peut en aucune façon reprendre tout ou partie
de son apport.
L'apport en biens peut être fait soit en propriété, soit en jouissance (Art. 768 COCC). Si
l'apport est fait en nature, l'associé est tenu à garantie envers la société dans les mêmes conditions
qu'un vendeur. Il supporte les risques dans les mêmes conditions du droit commun (Art. 775
COCC). L'apporteur en industrie ne doit à la société que l'activité objet de son apport. Mais, sauf
clause contraire, il lui doit intégralement toute cette activité.
En cas de retard dans la réalisation de l'apport, l'associé qui n'a pas réalisé son apport à
l'époque fixée par le contrat répond du préjudice causé à la société par son retard. Si l'apport
consiste en une somme d'argent, il devient de plein droit débiteur des intérêts moratoires du jour
où ces deniers auraient dû être versés. Dans les autres cas le juge fixera lui-même le montant de
l'indemnité.
Concernant la participation obligatoire des associés aux bénéfices et aux pertes, elle est
exigée par l’article 769 du COCC. Cet article sanctionne par la nullité d’ailleurs toute clause
léonine.
Pour les bénéfices, le contrat de société détermine la part de chaque associé (Art. 780
COCC). Les bénéfices doivent être distribués en tout ou en partie au moins une fois l'an. Le
bénéfice est réel lorsque la valeur de l'actif social est supérieure à celle du capital social formé de
tous les apports en biens. Dans le cas contraire, il y a perte.
S’agissant des pertes, d’après les articles 784 et et 785 du COCC, le contrat de société
détermine la participation de chaque associé aux pertes et dans le silence de celui-ci, la répartition
se fera dans les mêmes proportions que celle des bénéfices.
Pour ce qui est de cette répartition des pertes par rapport aux tiers, lorsque l'actif social ne
permet pas d'acquitter intégralement les dettes de la société, les créanciers ont, quelles que soient
les dispositions du contrat, une action contre les associés tenus chacun conjointement du passif
social pour une somme et part égales, sans qu'il soit tenu compte de l'importance et de la nature de
leur apport.
b- Les règles propres à la société civile professionnelle

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Pour les sociétés civiles, le COCC a posé le principe de la libre constitution de la SCP.
Mais, il faudra respecter les textes en la matière. A ce titre, elles établissent par écrit leurs statuts
qui fixent librement la durée de la société qui ne peut excéder 99 ans.
La raison sociale de la société civile professionnelle est constituée par les noms,
qualifications et titres professionnels de tous les associés ou des noms, qualifications et titres
professionnels de l'un ou plusieurs d'entre eux suivi des mots "et autres".
Elle doit figurer dans tous les documents et correspondances de la société avec la mention « Société
civile professionnelle », en caractères lisibles, suivie de la profession de ses membres. Le nom
d'un ou de plusieurs anciens associés peut être conservé dans la raison sociale à condition d'être
précédé du mot "anciennement" et qu'il existe, au nombre des associés, une personne qui ait exercé
la profession, au sein de la société, avec l'ancien associé dont le nom serait maintenu (Art. 810-4
COCC).
Les associés doivent consacrer à la société toute leur activité professionnelle et s'informent
mutuellement de cette activité sans que l'on puisse leur opposer la violation de secret professionnel
(Art. 810-5 COCC).
Le capital social est divisé en parts égales. La répartition des parts sociales est mentionnée
dans les statuts compte tenu des apports en numéraires et de l'évaluation faite des apports en nature.
Les parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés avant la signature des statuts.
Celles qui représentent des apports en nature doivent être libérées intégralement dès la constitution
de la société (Art. 810-6).
C- La société coopérative
Elle est régie par l’Acte uniforme OHADA du 15 décembre 2010 relatif au droit des
sociétés coopératives. Il faudra opérer une présentation de la société (1) avant de revenir sur les
règles l’encadrant (2).
1- La présentation des sociétés coopératives
Elle impose une définition des sociétés coopératives (a) et leur classification (b).
a- La définition des sociétés coopératives
L’article 4 de l’acte uniforme de l’OHADA sur les sociétés coopératives (AUSCOOP),
définit la société coopérative comme un « groupement autonome de personnes, volontairement
réunies, pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs
au moyen d’une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est
exercé démocratiquement et selon le principe coopératif ». En effet, la coopérative est un type de
société à objet civil ou commercial8, selon le cas, qui a été créée dans le but d'éliminer le profit
capitaliste, soit par la mise en commun de moyens de production, soit par l'achat ou la vente de
biens en dehors des circuits commerciaux.
Elles sont alors parmi les entreprises de l’économie sociale et solidaire (Exemple, mutuelle,
association et fondation) en cela qu’elles ne sont pas seulement basées sur le profit mais aussi sur
l’homme. Elles se soucient non seulement d’assurer leur rentabilité, mais également de répondre
aux besoins de leurs membres et d’améliorer leur qualité de vie. Elles procurent divers avantages
incontestables, tels que le partage des coûts ou le versement des ristournes ainsi que le partage des
excédents en fin d’exercices. La finalité première de la société coopérative est de soutenir
l’entreprise et de rendre des services individuels et collectifs à ses membres.
b- La classification des sociétés coopératives
On distingue les Société coopérative simplifiée (SCOOPS) et les Société coopérative avec
conseil d’administration (COOP – CA).
La société coopérative simplifiée est constituée entre cinq personnes physiques ou
morales au minimum. Sa constitution est décidée par une assemblée générale constitutive. Elle est

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8
- C’est l’activité entreprise par la coopérative (V. AUSCOOP Art.5 ; Art. 20 et Art.21).

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désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie en
caractères lisibles, de l’expression « Société Coopérative Simplifiée » et du sigle « SCOOPS ».
La société coopérative avec conseil d’administration est constituée entre quinze
personnes physiques ou morales au moins. Elle est désignée par une dénomination sociale qui doit
être immédiatement précédée ou suivie, en caractères lisibles, de l’expression « Société
Coopérative avec Conseil d’Administration » et du sigle « COOP-CA ».
2- La création de la Société coopérative
La création de la Société coopérative obéit à des règles de constitution (a) et
d’immatriculation (b).
a- La constitution
Elle se rapporte en une somme d’actes à accomplir, il faut : rassembler les initiateurs sur la
base d’un lien commun (profession, activité, identité d’objectif,…) ; ouvrir le registre des membres
; rédiger le projet des statuts avec l’aide d’un notaire ou d’un spécialiste du droit coopératif. (cf.
Art. 17 de l’Acte Uniforme) ; souscrire le capital social en totalité et en libérer au moins un quart
pour la société coopérative avec Conseil d’Administration avant la tenue de l’AGC ; convoquer
l’Assemblée Générale Constitutive (AGC) ; constituer et déposer dans le mois de sa constitution,
tous les éléments constitutifs du dossier d’immatriculation à la section départementale en charge
de la tenue du registre dans le ressort territorial de la coopérative.
b- L’immatriculation
Toute société coopérative doit être immatriculée au Registre des Sociétés Coopératives
institué dans chaque Etat Partie. Elle requiert son immatriculation, dans le mois de sa constitution,
au Registre des Sociétés Coopératives.
Aucune société coopérative ne peut être immatriculée à plusieurs registres ou à un même
registre sous plusieurs numéros. Dès que la demande du requérant est en état, l’autorité
administrative chargée de la tenue du Registre des Sociétés Coopératives lui attribue un numéro
d’immatriculation et mentionne celui-ci sur le formulaire remis au déclarant ; elle transmet ensuite
au Fichier National un exemplaire du dossier individuel et des autres pièces déposées par le
requérant.
La conséquence de l’immatriculation est l’acquisition de la personnalité juridique. En effet,
toute société coopérative jouit de la personnalité juridique à compter de son immatriculation au
Registre des Sociétés Coopératives. Toutefois, l’exercice de son activité est soumis aux règles qui
régissent cette activité.
C- Les sociétés publiques
La loi de 2022 a prévu les types de sociétés publiques (1) et a défini les règles qui leur sont
applicables (2).
1- Les types de sociétés publiques
Il y en a deux : les sociétés nationales (a) et les sociétés anonymes à participation publique
majoritaire (b).
a- Les sociétés nationales
Selon l’article 9 de la loi de 2022, les sociétés nationales sont des sociétés par actions de
droit privé dont le capital est intégralement souscrit par l'Etat et, le cas échéant, par d'autres
personnes morales de droit public. Dans tous les cas, la participation directe de l'Etat est supérieure
à 50% du capital social.
b- Les sociétés anonymes à participation publique majoritaire
D’après l’article 10 de la loi de 2022, les sociétés à participation publique majoritaire sont
des sociétés par actions de droit privé dans lesquelles une ou plusieurs personnes morales de droit
public possèdent directement ou indirectement plus de 50% du capital social.
La participation d'une personne publique au capital social de ces sociétés par l'intermédiaire
d'un organisme est calculée comme suit : si la puissance publique possède plus de 50% du capital
social de l'organisme intermédiaire, sa participation est décomptée pour une valeur égale à la part

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détenue par l'organisme intermédiaire lui-même ; dans le cas contraire, la participation publique
est calculée au prorata de sa participation au capital social de l'organisme intermédiaire.
Ces sociétés sont différentes des Sociétés à participation publique minoritaire qui ne font
pas parties des entreprises publiques. Ces sont des sociétés dans lesquelles la participation publique
directe ou indirecte, calculée selon les modalités définies à l'alinéa 2 de l'article 10 de la présente
loi, est inférieure à 50% du capital social (V. art. 13).
NB : La notion de participation s’avère importante dans la qualification des sociétés
publiques. Les articles 11 et 12 de la loi de 2022 ont apporté des précisions en ce sens. D’après
l’article 12, les participations financières correspondent aux actions détenues par toute personne
morale de droit public ou par une société publique dans le capital d'une autre société par actions
de droit privé. Elles comprennent les participations financières directes et indirectes. Les
participations financières directes sont souscrites par l'Etat alors que celles indirectes sont
souscrites par les autres personnes morales de droit public ou par les sociétés publiques.
Les participations financières directes et indirectes détenues dans les sociétés publiques et
les sociétés à participation publique minoritaire représentent le portefeuille de l'Etat (Art. 11).
2- Les règles applicables aux sociétés publiques
Elles sont également partagées avec les autres entités du secteur parapublic9 et elles sont
relatives à la création (b), l'organisation et le fonctionnement des sociétés publiques (b).
a- La création des entreprises publiques
La création des sociétés publiques doit respecter une condition commune aux autres entités
du secteur parapublic et au droit commun des sociétés commerciales.
La condition commune est l’étude d’opportunités. Il ressort des termes de l’article 16 de la
loi de 2022 que la création d'une entité du Secteur parapublic est subordonnée à la réalisation par
la tutelle technique d'une étude d'opportunité complétée le cas échéant, d'un plan d'affaires
indiquant la nécessité, la pertinence et la viabilité de l'établissement à créer.
La création des sociétés publiques est soumise au droit commun des sociétés commerciales,
d’après l’article 18 de la loi de 2022. Leurs statuts sont conformes aux dispositions de l'Acte
uniforme relatif au droit des Sociétés commerciales et du Groupement d'intérêt économique
(AUSGIE) de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA),
sous réserve des dispositions particulières prévues par la loi10. Cependant, la création de la société
nationale est autorisée par la loi. Les statuts de la société nationale sont conformes à des statuts-
types fixés par décret. Ils sont approuvés par arrêté du Ministre chargé des Finances.
b- L'organisation et le fonctionnement des sociétés publiques
Suivant la loi de 2022, les entités du secteur parapublic disposent de deux organes : l'organe
délibérant ; l'organe exécutif. Dans le cas des sociétés publiques, l'Assemblée générale des
actionnaires complète ces deux organes. Ainsi, pour les sociétés publiques, il y a trois organes :
l'organe délibérant, l'organe exécutif et l'Assemblée générale des actionnaires.
Organe délibérant : il comprend, au plus, douze membres y compris, les administrateurs
indépendants dont le nombre ne peut excéder le tiers des membres. Les conditions de nomination
des membres de l'organe délibérant sont fixées dans le texte portant organisation et fonctionnement
de l'organisme. La durée du mandat des administrateurs est de trois ans, renouvelable une fois.
Toutefois, le mandat cesse de plein droit lorsque l'administrateur perd la qualité en raison de

9 19
- Le secteur parapublic comprend : les établissements publics, à l'exception des ordres professionnels et des chambres
consulaires ; les agences et autres structures administratives similaires ou assimilées ; les sociétés nationales ; les
sociétés à participation publique majoritaire.
10
- V. aussi l’Acte Uniforme Droit des sociétés commerciales : Art. 1 al. 1 : « Toute société commerciale, y compris
celle dans laquelle un État ou une personne morale de droit public est associé, dont le siège social est situé sur le
territoire de l'un des États parties au Traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique (ci-après désignés
« les États parties ») est soumise aux dispositions du présent Acte uniforme » ; Art. 916 al. 1 : « Le présent Acte
uniforme s'applique aux sociétés soumises à un régime particulier sous réserve des dispositions législatives ou
réglementaires auxquelles elles sont assujetties ».

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laquelle il a été désigné ou lorsqu'il s'est abs- tenu de participer à trois séances consécutives, sauf
cas de force majeure dûment justifié. Le mandat d'administrateur peut également, prendre fin par
la révocation à la suite d'une faute grave. La cessation de plein droit du mandat est prononcée par
l'autorité qui a pouvoir de nomination. Au sein de chaque organe délibérant, les salariés de l'entité
sont représentés par un administrateur qui bénéficie d'une voix délibérative.
Par ailleurs, le conseil d'administration des sociétés à participation publique majoritaire est
composé d'administrateurs qui représentent l'Etat et des représentants des actionnaires
minoritaires. Dans tous les cas, le nombre des membres ne peut être supérieur à douze.
L'organe délibérant statue sur toutes les mesures concernant la gestion de l'organisme,
notamment : le plan stratégique de développement ; le règlement intérieur ; le programme
pluriannuel d'actions et d'investissements; le contrat de performances ou contrat d'objectifs et de
moyens ; le budget ; les acquisitions et aliénations de patrimoine…
Le président de l'organe délibérant des entités du secteur parapublic est nommé par décret,
selon l’article 29.
Organe exécutif : il assure l'administration générale de la structure. Un directeur général
ou directeur, chef de l'organe exécutif, nommé par décret, est placé à la tête de chaque entité du
secteur parapublic.
Le chef de l'organe exécutif assure l'administration générale de la structure et veille à
l'exécution des décisions prises par les organes délibérants et les autorités de tutelle. Il a la qualité
d'employeur du personnel recruté au sens du Code du Travail. Il représente l'organisme en justice11.
E- Le groupement d'intérêt économique
C’est dans les articles 869 et suivants que l’Acte Uniforme parle du Groupement d’Intérêt
Economique. Il suppose qu’il y ait des personnes ayant déjà une activité économique. Nous
reviendrons sur ses traits distinctifs (1), son existence (2) et son fonctionnement (3).
1- Les traits distinctifs du GIE
Ils se rapportent d’abord à sa définition. Selon l’article 869 alinéa 1er : « Le Groupement
d’Intérêt Economique est celui qui a pour but exclusif de mettre en œuvre pour une durée
déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou à développer l’activité économique de ses
membres, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activité ». Cette activité doit se rattacher
à l’activité économique de ses membres, et ne doit avoir qu’un caractère auxiliaire à cette activité
économique.
Ensuite, le GIE n’est pas nécessairement commercial. En fait, il tire son caractère de la
nature de son activité. Si l’activité est commerciale, il est commercial, mais si l’activité est civile,
il est civil. Il doit certes se faire immatriculer, mais l’immatriculation ne fait pas naître une
présomption de commerçant. L’immatriculation confère la personnalité morale.
De même, le but du GIE n’est pas le partage de bénéfices. C’est ce qui ressort même de
l’article 870 alinéa 1er qui met en avant ce caractère non lucratif en ces termes : « Le GIE ne donne
pas lieu, par lui-même, à la réalisation et au partage de bénéfices ».
Enfin, le GIE peut émettre des obligations, d’après les dispositions de l’article 875. Il doit
respecter les conditions générales d’émission des obligations : être exclusivement constitué de SA
ou de SAS.
2- L’existence du GIE
Il conviendra de revenir sur la constitution (a) et la fin du GIE (b).
a- La constitution du GIE
Le GIE peut se constituer sans capital selon les termes de l’article 868 alinéa 2. C’est une
structure à risque illimité comme les sociétés de personnes. La Responsabilité des membres
constitue la garantie des créanciers.

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- V. Art. 32 loi 2022.

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Il doit avoir un objet économique et être licite. En fait, un GIE ne peut être constitué que
s’il est la prolongation de l’activité des membres. Il ne peut donc pas se substituer aux membres
et ôter à ceux-ci leur activité propre.
S’agissant des membres du GIE, il en faut au moins deux, personnes Physiques ou Morales
ou les deux en même temps. Ils doivent exercer une activité commerciale ou civile ou même une
activité libérale. Les membres peuvent entrer dans le GIE au moment de la constitution comme en
cours de vie sociale. Ils doivent avoir la pleine capacité civile. Ils ne sont pas tenus de faire des
apports. Ils ne sont pas commerçants même s’ils sont indéfiniment et solidairement responsables.
Pour la constitution du GIE, il faut toujours écrit qui représente le contrat qui devra
respecter les conditions de formation de tout contrat. Cet écrit doit comporter des mentions
obligatoires : la dénomination du groupement, les noms, raisons sociales ou dénominations
sociales, forme juridique, adresse du domicile ou du siège social et s’il y a lieu, les numéros
d’immatriculation de chacun des membres, la durée du groupement, l’objet, l’adresse du siège du
groupement… L’écrit doit faire l’objet de mesures de publicité, et ces mesures sont celles des
sociétés. Tous les documents qui émanent des sociétés membres et qui vont aux tiers doivent
comporter la dénomination du groupement, suivi des mots "Groupement d’Intérêt Economique"
ou du sigle "GIE". S’il y a modifications du contrat, ces modifications doivent être établies et
publiées sous les mêmes formes que le contrat.
b- La fin du GIE
Il faudra revenir sur les causes et les effets de la dissolution.
S’agissant des causes, elles sont d’abord de plein droit : arrivée du terme, réalisation ou
extinction de l’objet, survenance d’une incapacité, d’une faillite personnelle ou d’une interdiction
de diriger, gérer, administrer ou contrôler une entreprise, sauf clause de continuation prévue dans
le contrat ou décision de continuation prise à l’unanimité. Il y a aussi le décès ou la dissolution
d’un membre d’un GIE.
Il y a enfin les cas de dissolution décidée par les membres en assemblée ou par le Tribunal
pour juste motif.
Les effets de la dissolution sont relatifs à la liquidation. Cette liquidation s’effectue selon
les stipulations du contrat. En cas de silence du contrat, un liquidateur est nommé par l’Assemblée
des membres. A défaut, il est nommé par le Président de la Juridiction Compétente. Le Liquidateur
paie les dettes après avoir réalisé l’actif, et il répartit l’excédent d’actif entre les membres dans les
proportions prévues par le contrat. En cas de silence du contrat, la répartition se fait par parts
égales.
3- Le fonctionnement du GIE
Il faudra revenir les membres (a) et sur la gestion du GIE (b).
a- Les membres du GIE
Il faudra d’abord revenir sur leurs situations individuelle ou collective.
La situation individuelle des membres se rapportent à leurs droits et obligations. Pour leurs
droits, on a le : droit de profiter des services du groupement, droit de vote, droit de quitter le
groupement (ce droit de retrait est admis par l’article 876. Pour les obligations, il y a
essentiellement l’obligation aux dettes du groupement. Il y a la responsabilité indéfinie des
membres qui est prévue par l’article 873, alinéa 1er : « Les membres sont tenus des dettes sur leur
patrimoine propre ». Selon l’article 873 un membre qui entre dans le groupement peut être exonéré
des dettes nées avant son entrée, si le contrat le permet. Et dans ce cas, la décision d’exonération
doit être publiée. Cela veut dire à contrario que si le contrat ne prévoit rien, le nouveau membre
est tenu non seulement des dettes nées après son entrée, mais aussi de celles nées avant.
Concernant la situation collective des membres, elle est relative à la réunion en Assemblée
des membres. Les décisions sont prises à l’unanimité si les règles de quorum et de majorité ne sont
pas fixées dans le contrat. Pour ce qui est règles de tenue, l’Acte Uniforme prévoit que l’Assemblée
est à la demande d’un quart des membres, et lors de l’assemblée, le vote se fait par tête, et chaque

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membre dispose d’une voix. L’Assemblée est habilitée à prendre toutes décisions, y compris celle
de la Dissolution anticipée ou de la Prorogation. Toutes ces décisions sont prises dans les
conditions prévues par le contrat.
b- L’administration du GIE
Le GIE est administré par une ou plusieurs Personnes Physiques ou morales. S’il s’agit de
Personne Morale, elle désigne un représentant permanent. Celui qui administre est appelé
Administrateur. Dans les rapports avec les tiers, celui-ci n’engage le Groupement que pour les
actes qui entrent dans l’objet de celui-ci, et toute limitation de pouvoir est inopposable aux tiers.
Sous réserve de ces règles, le contrat ou à défaut l’Assemblée, organise librement l’Administration
du Groupement. Il appartient également aux membres de nommer soit dans les statuts, soit en
assemblée, les Administrateurs en déterminant leurs attributions, leurs pouvoirs et les conditions
dans lesquelles ils peuvent être révoqués.
F- L'association
Elle est régie par le COCC. Elle est définie comme le contrat par lequel deux ou plusieurs
personnes mettent en commun leur activité, et au besoin, certains biens, dans un but déterminé
autre que le partage de bénéfices (Art. 811). Il faudra revenir sur sa formation (1), sa personnalité
morale (2).
1- La formation de l’association
Il y a d’abord la libre formation de l’association (a) et la formation de son contrat (b).
a- La libre formation de l’association
D’après l’article 812 du COCC, l'association se forme librement sans aucune formalité que
celle de la déclaration préalable et de l'enregistrement de cette déclaration.
L'autorité administrative compétente ne peut refuser l'enregistrement que pour des motifs
de légalité et notamment :
- Si les statuts ne sont pas conformes aux dispositions de l'article 814 ;
- Si l'objet de l'association est illicite ou s'il résulte de présomptions graves et concordantes
que sa constitution est en fait destinée à porter atteinte à l'ordre public ;
- Si l'association constitue en fait la reconduction d'une association dissoute par l'autorité
judiciaire ou par le pouvoir exécutif dans les conditions prévues par l'article 816 ci-après.
Le refus d'enregistrement doit être motivé; il peut faire l'objet du recours pour excès de
pouvoir devant la Cour suprême. Les associations étrangères sont soumises à autorisation
préalable, conformément à la loi.
b- Le contrat d’association
Les règles de formation sont prévues par les articles 813 et 814 du COCC. D’après l’article
813 du COCC, les règles générales sur la formation du contrat s'appliquent à l'association.
L’association doit avoir des statuts et un objet social. Pour ce qui est des statuts, ils doivent
prévoir le nom et l'objet de l'association, le siège de son établissement, les conditions dans
lesquelles se réuniront l'assemblée générale et le conseil d'administration, les noms, adresse,
nationalité et profession des membres fondateurs.
Concernant l'objet de l'association, il doit être défini avec précision et concerner une seule
activité ou des activités étroitement connexes ; en particulier, les associations autres que les partis
politiques légalement constitués ou les groupements qui leur sont rattachés ne peuvent avoir un
objet politique et doivent interdire toute activité politique.
Pour ce qui est de la formation de l’association, il est interdit toute discrimination fondée
sur la race, le sexe, la religion sauf en ce qui concerne les associations à caractère exclusivement
religieux, ou les opinions politiques, sauf en ce qui concerne les partis politiques ou les
groupements qui leur sont rattachées.
Par ailleurs, les associations à but d'éducation populaire et sportive, les associations à
caractère culturel, ainsi que les associations de participation à l'effort de santé publique peuvent
être soumises par décret à des obligations particulières concernant les modalités de déclaration et

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de leur enregistrement, le renouvellement obligatoire de la déclaration ainsi que les clauses qui
doivent être insérées dans leurs statuts.

2- La personnalité morale de l’association


Il conviendra de revenir sur l’acquisition de la personnalité morale (a) et de sa perte (b).
a- L’acquisition de la personnalité morale
Elle s’acquiert par une déclaration auprès de l’autorité administrative. Il résulte des
dispositions de l’article 818 du COCC que « Dès sa constitution, l'association devra être déclarée
par dépôt de ses statuts auprès de l'autorité compétente ». Les statuts sont déposés en double
exemplaire. Il sera donné récépissé de ce dépôt aux déclarants.
Les modifications survenues dans l'administration de l'association et celles qui seraient
apportées aux statuts seront publiées dans la même forme.
Cette acquisition confère à l’association une capacité juridique. En effet, l’association dont
les statuts ont été régulièrement déposés et dont la déclaration a été enregistrée possède la
personnalité morale ; elle peut recevoir les cotisations de ses membres et acquérir à titre onéreux,
tous les biens, meubles ou immeubles nécessaires à son fonctionnement. Elle ne peut acquérir à
titre gratuit que par libéralité d'un de ses membres.
Une association déclarée peut être reconnue d'utilité publique par décret. Elle peut
bénéficier de subventions publiques et être autorisée à recevoir des dons et legs de toute personne.
Par ailleurs, il faut signaler que tout membre d'une association formée pour une durée
indéterminée peut s'en retirer à tout moment, après paiement des cotisations échues et de celles de
l'année courante (Art. 815).
b- La dissolution de l’association
L’article 816 du COCC a consacré les causes de dissolution et l’article 817 revient sur la
liquidation.
L'association est dissoute par une décision unanime de ses membres ou suivant les
dispositions prévues dans les statuts. Elle peut être dissoute par décision du tribunal dans le ressort
duquel se trouve le siège social : pour nullité du contrat et pour mésentente entre les associés. C’est
le cas aussi pour méconnaissance grave ou répétée des obligations prévues à l'article 814 du
COCC, que cette méconnaissance résulte des statuts eux-mêmes ou de l'activité réelle de
l'association. Dans ce dernier cas cependant, le tribunal peut simplement constater la nullité des
clauses, délibérations, actes ou décisions contraires aux dites obligations. En outre, l'association
est dissoute si elle poursuit en fait un but lucratif.
Les associations ne peuvent être dissoutes par le pouvoir exécutif que dans les cas prévus par
l'article 821 du COCC ou par les lois particulières.
Les règles de liquidation sont prévues par l’article 817 du COCC. D’après ce texte, sous
réserve des dispositions législatives particulières, les biens de l'association dissoute sont dévolus
ou liquidés conformément aux statuts. A défaut de disposition statutaire, il est pourvu à la
liquidation des biens de l'association dissoute par décision judiciaire prise soit à la requête de tout
intéressé, soit à la diligence du ministère public.
Chapitre II- L’entreprise dans l’environnement des affaires
Pour pouvoir mener ses activités à bien, l’entreprise jouit de moyens d’actions (Section I).
L’on peut parfois retrouver dans le monde des affaires une concentration d’entreprises (Section
II).
Section I- Les moyens d’action de l’entreprise
Ils concernent le personnel de l’entreprise (Paragraphe I) et les biens affectés à l’entreprise
(Paragraphe II).
Paragraphe I- Le personnel de l’entreprise
On distingue les dirigeants d’entreprise (A) des salariés (B).

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A- Les dirigeants d’entreprise ou chef d’entreprise


Le dirigeant est un membre de l'entreprise, qui en assure la conduite et qui dispose donc de
responsabilités légales et stratégiques de premier plan. Il dirige une entreprise individuelle (1) ou
collective (2).
1- Les dirigeants d’entreprise individuelle
C’est un véritable chef qui est à la fois propriétaire et dirigeant de l’entreprise. Il ne rend
compte à personne. Il agit jusque dans les limites imposées par la loi.
2- Les dirigeants d’entreprise collective
Il conviendra de revenir sur le statut juridique du dirigeant et sur son rôle.
S’agissant du statut juridique du dirigeant, selon la nature juridique de l'entreprise qu'il
dirige, le dirigeant est président (SAS), président-directeur général, Directeur Général, Conseil
d’Administration ou Administrateur Général (SA), gérant (SNC, SCS et SARL). Ce dirigeant
n'est pas un salarié classique, mais un mandataire social. Il en découle un certain nombre de
conséquences vis-à-vis de ses mandataires : leur rendre compte à ses mandataires des résultats de
son action, être révoqué à tout moment par eux (ad nutum ou sous conditions). Vis-à-vis de
l’entreprise s'il commet de graves erreurs de gestion amenant son arrêt, sa responsabilité
personnelle peut être mise en œuvre et le tribunal de commerce prononçant la liquidation peut
l'appeler en comblement de passif sur ses biens propres.
S’agissant de son rôle, le chef d'entreprise dispose d'une marge d'initiative pour diriger et
conduire l'entreprise dans la limite des compétences qui lui sont attribuées par les instances
décisionnaires de l'entreprise. Il a un pouvoir de représentation de l’entreprise tant dans les rapports
entre associés que dans les rapports avec les tiers. Et tous les actes qu’il accomplit engagent la
société.
B- Les travailleurs salariés de l’entreprise
Partie intégrante de l’entreprise, le droit a régenté les conditions juridiques des salariés (1)
avant d’étudier la représentation des salariés (2).
1- Les conditions des salariés
Est considéré comme travailleur, quels que soient son sexe et sa nationalité, toute personne
qui s’est engagée à mettre son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la direction
et l’autorité d’une autre personne, physique ou morale, publique ou privée.
Le travailleur peut conclure plusieurs sortes de contrats : Contrat à durée indéterminée,
Contrat à durée déterminée, contrat d’engagement à l’essai, contrat d’apprentissage…
Le travailleur est protégé en ce que lorsque l’employeur décide de mettre fin à son contrat
de travail, il doit disposer d’un motif sérieux : motif personnel (fautes) ou économique (situation
économique difficile de l’entreprise) et observer un préavis de licenciement. A défaut de motif, le
licenciement est abusif. En tout état de cause, en cas de licenciement le salarié a droit à une
indemnité de licenciement.
2- La représentation des salariés
Pour assurer la représentation des salariés dans l’entreprise, le législateur a mis en place,
l’institution des Délégués du Personnel. Ils doivent être impérativement désignés dans tout
établissement comportant au moins 11 salariés. Ce seuil est apprécié sur une période de 12 mois
consécutifs ou non au cours des trois dernières années précédentes. Cependant, par voie
conventionnelle, rien n’empêche l’employeur de mettre en place une telle institution alors même
que ce seuil ne serait pas atteint. L’employeur est tenu d’organiser les élections de DP, qu’il le
veuille ou non, que les salariés le souhaitent ou pas.
Les délégués du personnel ont pour mission principale, la représentation des travailleurs.
Pour exercer correctement cette mission, ils disposent d’un certain nombre d’attributions légales
qui peuvent être enrichies par les conventions collectives. Ils peuvent à ce titre : présenter à
l’employeur toutes les réclamations individuelles et collectives non satisfaites sur l’ensemble du
droit social ; communiquer à l’employeur toutes suggestions utiles tendant à la bonne marche de

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l’entreprise. Ils sont aussi consultés pour avis, lors de l’élaboration du règlement intérieur et des
licenciements pour motif économique, sauf dispositions conventionnelles plus favorables.
Les délégués du personnel sont protégés. En effet, pour être licenciés, il faut
obligatoirement obtenir une autorisation préalable de licenciement de l’Inspecteur du Travail. Tout
licenciement d’un délégué opéré sans autorisation ou en dépit du refus de l’Inspecteur du Travail
est nul. Cela emporte sa réintégration du délégué dans son emploi et dans sa qualité de représentant
et tous les salaires doivent lui être payés allant de la date du départ de l’entreprise jusqu’à sa
réintégration.
Paragraphe II- Les biens affectés à l’entreprise
Ces biens permettent l’exploitation d’une activité économique par l’entreprise. Ils se
rapportent au fonds de commerce (A) et des capitaux (B).
A- Le fonds de commerce
Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au
commerçant d'attirer et de conserver une clientèle. Avant de revenir sur son exploitation (1) et sur
sa cession (3), il faudra étudier les éléments constitutifs du fonds de commerce (2).
1- Les éléments constitutifs du fonds de commerce
Il y a les éléments nécessaires et les éléments secondaires.
 Les éléments nécessaires du fonds de commerce
Le fonds comprend nécessairement la clientèle et l’enseigne ou la clientèle et le nom commercial,
sans préjudice du cumul de la clientèle avec l’enseigne et le nom commercial.
 Les éléments facultatifs du fonds de commerce
Le fonds de commerce peut comprendre différents éléments mobiliers, corporels et incorporels,
notamment les éléments suivants : les installations, les aménagements et agencements ; le matériel
; le mobilier ; les marchandises en stock ; le droit au bail ; les licences d’exploitation ; les brevets
d’inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de
propriété intellectuelle nécessaires à l’exploitation.
2- L’exploitation du fonds de commerce
Le fonds de commerce peut être exploité directement ou en exécution d’un contrat de
location-gérance. L’exploitation directe peut être le fait d’un commerçant, même s’il est
entreprenant, ou d’une société commerciale.
La location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire du fonds de commerce,
en concède la location, en qualité de bailleur, à une personne locataire-gérant, qui l’exploite à ses
risques et périls. L’entreprenant ne peut être locataire-gérant.
Le locataire-gérant a la qualité de commerçant, et est soumis à toutes les obligations qui en
découlent. Il doit se conformer aux dispositions réglementant l’immatriculation au RCCM
3- La cession du fonds de commerce
La cession du fonds de commerce obéit aux règles générales de la vente, sous réserve des
règles commerciales et des textes spécifiques à l’exercice de certaines activités commerciales. La
cession du fonds porte nécessairement sur les éléments nécessaires.
En l’absence de cession simultanée des éléments précités, la cession d’autres éléments,
demeure possible mais n’emporte pas cession du fonds de commerce, quelles que soient les
dispositions convenues dans l’acte constatant la cession.
La vente d’un fonds de commerce peut être réalisée soit par acte sous seing privé, soit par
acte authentique. Le vendeur du fonds de commerce est tenu de mettre le fonds cédé à la disposition
de l’acheteur à la date prévue dans l’acte de cession.
B- Les capitaux de l’entreprise
On distingue d’une part les fonds propres (1) des fonds extérieurs (2).

1- Les fonds propres de l'entreprise

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Les fonds propres, aussi appelés capitaux propres, sont, en comptabilité, les ressources
financières d'une société appartenant à ses associés. En finances, la notion de capitaux propres
symbolise la trésorerie de l'entreprise toujours disponible au sein de celle-ci. Au plan comptable,
inscrits au passif, ils se composent du capital social, des réserves et du report à nouveau et du
résultat net de l'exercice comptable. En comptabilité, voici la formule mathématique des fonds
propres : Capitaux propres = (capital social) + (résultat de l'exercice comptable) + (réserves
financières et reports des dividendes non redistribués).
Le capital social est la somme des apports en nature et en numéraire, à l’exception de
l’apport en industrie. Ce capital social est soit fixe soit variable. Les réserves constituent des
prélèvements sur le bénéfice. Il y en a trois : réserves légales, statutaires et facultatives. Le report
à nouveau correspond aux bénéfices qui n'ont pas été redistribués en dividende.
La loi oblige les sociétés à détenir un montant minimal de capitaux propres au moins égal
à la moitié du capital social, dans le cas contraire la société doit procéder à une assemblée générale,
décider de son sort : régulariser sa situation dans les 2 ans ou dissoudre la société.
2- Les capitaux extérieurs
Ils se rapportent aux prêts participatifs, aux emprunts obligataires et crédits bancaires.
Le prêt participatif est une opération de crédit réalisée entre les entreprises (banques ou
autres sociétés) ou entre ces dernières et l’Etat. Le prêt participatif est un prêt de longue durée dont
la rémunération peut être partiellement indexée à certains indicateurs de performance du
bénéficiaire. Il peut ainsi faire l'objet d'une participation aux bénéfices en contrepartie d'une
limitation des garanties demandées.
Il est rangé dans la catégorie des quasi-fonds propres et non des emprunts. En fait, c’est
une créance de dernier rang, c’est-à-dire qui ne peut être remboursée que si l’ensemble des
créanciers chirographaires de l’entreprise a été désintéressé mais avant les associés.
L’emprunt obligataire est une dette émise par une personne morale (une entreprise privée,
une société publique, un Etat ou une collectivité publique) pour se financer auprès d’investisseurs,
appelés les obligataires. Les obligations sont des titres financiers assimilables à une dette pour
l’entreprise qui émet les titres. Lors d’un emprunt obligataire, l’émetteur et le souscripteur signent
un contrat obligataire pour formaliser le prêt qui fixe notamment la maturité et le taux d’intérêt.
Le recours à l'emprunt obligataire permet de se financer en dehors du circuit bancaire classique.
Le crédit bancaire est une somme d'argent avancée par une banque. Ce crédit
s'accompagne d'intérêts à payer, c'est-à-dire que l'emprunteur rembourse une somme d'argent qui
s'ajoute au montant initial emprunté. Les intérêts sont justifiés par le risque pris par l'organisme
prêteur : en cas de défaillance, les intérêts servent à couvrir les pertes ; l'inflation qui cause une
dévaluation de la monnaie : les intérêts servent à récupérer la somme d'argent initialement prêtée ;
le fait que l'activité bancaire a besoin de se rémunérer pour pratiquer son activité de prêt.
Prêt d’honneur : Crédit à taux zéro ou à taux réduit et éventuellement sans garantie
Section II- La concentration d’entreprises
Elle se définit comme l’augmentation de la taille de l’entreprise. Elle peut se faire suivant
des techniques sociétaires (Paragraphe I) ou selon des techniques financières (Paragraphe II).
Paragraphe I - La concentration suivant les techniques sociétaires
Ces techniques opèrent un transfert de patrimoine à une autre entreprise (B). Parfois, elles
n’opèrent pas ce transfert (A).
A- Les techniques n’emportant pas transfert du patrimoine d’une entreprise à une autre
Il s’agit de plusieurs opérations : création de groupe de sociétés (1), participation dans le
capital (2) et filialisation (3).
1- Le groupe de sociétés
C’est l'ensemble formé par des sociétés unies entre elles par divers liens qui permettent à
l'une d'elles de contrôler les autres. Le contrôle d'une société est la détention effective du pouvoir
de décision en son sein. Une personne physique ou morale est présumée détenir le contrôle d'une

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société : si elle détient plus de la moitié des droits de vote, soit directement ou indirectement ou
par personne interposée, soit en vertu d'un accord ou d'accords conclus avec d'autres associés.
2- La participation dans le capital d’une autre société
Lorsqu'une société possède dans une autre une fraction de capital égale ou supérieure à
10%, la première est considérée comme ayant une participation dans la seconde. La participation
peut être réciproque ou croisée.
3- La société mère-filiale
Définition. Une société est société mère d'une autre société quand elle possède dans la
seconde plus de la moitié du capital. La seconde société est la filiale de la première. Elle peut être
filiale commune de plusieurs sociétés mères si son capital est possédé par lesdites sociétés.
En tout état de cause, la filiale est naturellement une société sous la dépendance ou le contrôle
d’une autre. Elle doit être distinguée de la succursale et du bureau de représentation.
La succursale. C’est une forme d’établissement secondaire commercial ou industrie1 ou
de prestations de services d’une autre société ou personne physique qui sans avoir de personnalité
morale jouit d’une autonomie pour traiter avec des tiers. Elle constitue un prolongement sur un
autre territoire d’un établissement principal, maison mère. Contrairement à la filiale, elle n’a pas
de personnalité morale propre et dépend de la maison mère.
Mais, la succursale comme la filiale, elle doit se faire immatriculée. De même, pour ne pas encourir
radiation, lorsqu’elle appartient à une personne étrangère, elle doit être apportée à une société de
droit, préexistante ou à créer, de l'un des Etats parties, 2 ans au plus tard après sa création. Elle
peut être dispensée de cette obligation par un arrêté du ministre chargé du commerce pour une
durée ne dépassant pas 2 ans.
Le bureau de représentation ou de liaison. C’est un établissement appartenant à une
société et chargé de faire le lien entre cette dernière et le marché de l'Etat partie dans lequel il se
situe. Il n’est pas permanent car constituant le plus souvent un établissement temporaire sans
autonomie de gestion et sans activité propre. Il a pour objet d'étudier le marché sur un autre
territoire contrairement à la succursale qui a pour objet une activité commerciale. Cependant, le
bureau de représentation ou de liaison comme la succursale doit être immatriculé au RCCM. De
même, il peut être transformé en succursale.
B- Les techniques emportant transfert du patrimoine d’une entreprise à une autre
Elles concernent d’une part la fusion et la scission (1) et d’autre part l’apport partiel d’actif
(2).
1- La fusion ou la scission
Il s’agit deux opérations de restructuration de la société répondant à un impératif économique qui
provoquent sa dissolution sans sa liquidation.
La fusion : c’est l’opération par laquelle la société est volontairement dissoute par transfert
global de la totalité de son patrimoine soit à une autre société déjà existante qui l’absorbe (fusion
absorption) soit à une société nouvelle (fusion combinaison).
La scission : c’est une opération par laquelle une société fait simultanément apport de la
totalité de son patrimoine à d’autres sociétés en les répartissant entre elles.
On peut combiner fusion et scission : la fusion-scission consiste pour une société soit à
faire apport de son patrimoine à des sociétés existantes, soit à participer avec celles-ci à la
constitution de sociétés nouvelles.
En tout état de cause, la fusion et la scission partagent les mêmes conditions et les mêmes
effets. Elles s’effectuent à travers deux actes successifs : la préparation du projet de fusion ou de
scission et sa ratification par les assemblées générales des sociétés intéressées.
La fusion ou la scission entraine la dissolution sans liquidation des sociétés qui
disparaissent et la transmission universelle de leur patrimoine aux sociétés bénéficiaires, dans
l'Etat où il se trouve à la date de réalisation définitive de l'opération. La société absorbante recueille
tous les biens et toutes les créances et est tenue des dettes de la société absorbée. Mais, les contrats

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conclus intuitu personae par la société absorbée ne sont pas concernés. Les associés des
sociétés qui disparaissent acquièrent la qualité d'associés des sociétés bénéficiaires dans les
conditions déterminées par le contrat de fusion ou de scission.
2- L’apport partiel d’actif
L'apport partiel d'actif est l'opération par laquelle une société fait apport d'une branche
autonome d'activité à une société préexistante ou à créer. Contrairement à la fusion ou la scission,
la société se contente simplement de faire un apport d’une partie de son patrimoine pour recevoir
en contrepartie des titres de la société bénéficiaire de l’apport. L'apport partiel d'actif est soumis
au régime de la scission.
Paragraphe II- Les techniques financières
Elles sont nombreuses et variées. Elles consistent d’une part à des offres publiques
d'acquisition ou offres publiques d’échange (A) et d’autres techniques (B).
A- Les offres publiques d'acquisition ou offres publiques d’échange
Ce sont des opérations consistant pour une société donnée à proposer un transfert d’actions
détenues par une autre société cotée en bourse. Elles se présentent sous deux variantes : Offre
publique d’achat (OPA) Offre publique d’échange (OPE).
L’Offre publique d’achat est une proposition d'achat, pour une durée limitée, de toutes
les actions détenues par les épargnants à un prix supérieur à celui de la Bourse. Dans l’Offre
publique d’échange l’acheteur propose d’acheter les actions de la société convoitée en les
échangeant avec ses propres actions à un taux avantageux. Dans ce cas, au lieu de récupérer un
paiement en espèces comme avec une OPA, l'actionnaire qui détient des titres de la société ciblée,
récupère à la place des titres de la société initiatrice.
Ci-dessous, une image présente le parcours d’une offre publique d'acquisition, en droit
français. Elle définit les principaux acteurs : l'initiateur, qui lance une offre sur une société cotée
en bourse, la cible, la société cotée dont les titres font l'objet de l'offre, et l'AMF, qui vise
l'opération en veillant au bon déroulement de l'offre12.

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- V. https://www.amf-france.org/fr/espace-epargnants/savoir-bien-investir/etre-un-actionnaire-
individuel/comprendre-et-participer-une-operation-financiere.

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B- Les autres techniques de financement


On peut citer, entre autres : la cession directe et le ramassage en bourse.
La « cession directe » consiste pour le propriétaire ou l’actionnaire majoritaire vend son
paquet d’actions directement à celui qui veut l’acheter.
L « Ramassage en Bourse » est un achat progressif de paquet d’actions en Bourse.
Lorsqu'un Investisseur souhaite acquérir une participation significative, voire le Contrôle d'une
société cotée, il utilise le ramassage en Bourse. Cette technique consiste à acheter les titres au
Cours de Bourse à des vendeurs inconnus, et ceci par interventions successives sur le Marché. Elle
trouve sa limite dans les seuils réglementaires et statutaires qui, une fois franchis, obligent
l'Investisseur à révéler son identité et (pour certains seuils) à déclarer ses intentions, voire à lancer
une Offre obligatoire.

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