Cned Fourberies
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©Cned-2009
séance 1 — Séquence 8
Séance 1
Connaître Molière, l’auteur des Fourberies de Scapin
Dans cette séquence, tu vas étudier une comédie de Molière intitulée Les Fourberies de Scapin
et jouée, pour la première fois, en 1671.
Dans ton cahier, en haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le titre de la séquence.
Encadre-les.
Recopie ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance. Souligne-les.
A Connaître Molière
1- Apprends à mieux connaître la vie de Molière en reliant chaque question posée dans la
colonne A à sa réponse proposée dans la colonne B.
Colonne A Colonne B
En quelle année Molière est-il né ? [A] C’est Jean-Baptiste Poquelin.
Quel était le métier de son père ? [B] La troupe s’appelait « L’Illustre-
théâtre ».
Quel est le véritable nom de Molière ? [C] C’est Louis XIV.
Comment appelle-t-on le nom de
scène que Molière s’est choisi lorsqu’il [D] Il s’agit de Lully.
est devenu comédien ?
Quel était le nom de la troupe de
théâtre que Molière a fondée en 1643
[E] Il était à la fois directeur,
avec Madeleine Béjart ? dramaturge (car il écrivait les pièces),
metteur en scène et acteur.
Pendant combien de temps Molière [F] Il est né en 1622.
a-t-il joué en province avec sa troupe ?
Quels métiers exerçait Molière au sein
de la troupe ? [G] Il jouait à Versailles.
Quel est le nom de la capitale dans
laquelle Molière revient en 1658 ? [H] C’est un pseudonyme.
Quel roi donne une pension à Molière
en 1665, faisant officiellement de sa [I] Molière a été longtemps malade et
troupe la troupe du roi ? aucun médecin n’a pu le soigner.
Dans quel palais royal Molière jouait- [J] Les représentations provinciales ont
duré presque 12 ans.
il les comédies-ballets qu’il composait
pour le roi ?
Pourquoi appelle-t-on les pièces de [K] Il meurt en 1673.
Molière des « comédies-ballets » ?
Quel célèbre musicien du XVIIe siècle
a collaboré aux comédies-ballets de
[L] Il était tapissier du roi.
Molière ?
Pourquoi Molière se moque-t-il des [M] Les pièces associent le théâtre, la
médecins dans ses pièces ? danse et la musique.
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Séquence 8 — séance 1
2- Chaque réponse de la colonne B est précédée d’une lettre de l’alphabet. Sur le dessin
suivant, relie les lettres de l’alphabet selon l’ordre des réponses choisies.
Si tu as trouvé les bonnes réponses au premier exercice, tu verras apparaître le
dramaturge, inspiré du Portrait de Molière, conservé à Versailles, de Charles-Antoine
COYPEL, peintre du XVIIe siècle
Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé.
3- Voici un petit dialogue entre Molière et le roi Louis XIV.
a) Complète les informations manquantes en t’aidant de ce que tu as appris dans le
premier exercice.
Molière fut introduit dans la salle royale. Apercevant le roi sur son trône, il le salua
respectueusement.
« Cher Molière, lui dit solennellement Louis XIV, nous sommes heureux de vous
accueillir à la cour de ……………………
- Votre Majesté m’honore, répondit timidement Molière.
- Dites-nous, votre visage ne nous est pas inconnu. Connaissons-nous, par hasard, un
membre de votre famille ?
- Vous connaissez mon ……………, expliqua Molière. C’est votre ………………………
- Vous êtes le fils de Jean Poquelin ? demanda le roi. Quel est votre véritable nom ?
- ………………………………. Molière est un ………………………..
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séance 1 — Séquence 8
- Très bien, dit Louis XIV. Dites-moi, mon ami, accepteriez-vous que votre troupe,
appelée ………………………., devienne officiellement la troupe royale ?
- J’en serais très honoré, votre Majesté ! murmura Molière, à la fois surpris et heureux.
- Cela vous obligera à écrire des pièces pour la cour, notamment des …………………..
qui associent le théâtre, la danse et la ………………………..
- Je ferai selon vos désirs, acquiesça Molière.
- Parfait ! Vous travaillerez donc avec Monsieur ……………….., le compositeur de la
cour. »
Ayant dit ces mots, Louis XIV fit signe à Molière de se retirer.
b) Sur ton cahier, réécris ce dialogue en le présentant comme un dialogue de théâtre.
Reporte-toi à la séquence 5 si besoin.
Pour réussir cet exercice, tu dois :
- mettre les noms des personnages en majuscules au début des répliques
- ajouter des didascalies que tu écriras entre parenthèses
- soigner ton orthographe et ton écriture lorsque tu recopies le texte.
Avant de poursuivre, reporte-toi à la fin de la séquence pour évaluer les items de la compétence 1
du socle commun que tu as réussi à mobiliser dans cet exercice. Tu vas t’auto-évaluer en observant
ton dialogue.
Sois honnête dans ton auto-évaluation et ne t’inquiète pas si tu ne maîtrises pas encore certains
items. Tu pourras les acquérir au cours de l’année.
Ton travail d’expression écrite te permet d’évaluer trois items du socle commun :
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Séquence 8 — séance 1
Coup de pouce : Pour réaliser cet exercice, utilise les informations fournies dans ton ouvrage
ou dans une encyclopédie, qu’elle soit « papier » ou informatique.
Tu as un exemple : L’RMAOU INCEMDE = L’amour médecin
- 1659 : ESL SESCIREPEU CURISELDI = ………………………………………………
Dans la séance 2, tu vas commencer l’étude des Fourberies de Scapin. Si tu n’as pas encore lu
la pièce, lis au moins les deux premières scènes de l’acte 1.
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séance 2 — Séquence 8
Séance 2
Lire le début de la pièce
Dans cette séance, tu vas étudier le début des Fourberies de Scapin en travaillant sur les deux
premières scènes.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
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Séquence 8 — séance 2
OCTAVE – Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi
un orage soudain d’impétueuses réprimandes6.
30 SYLVESTRE – Les réprimandes ne sont rien, et plût au Ciel que j’en fusse quitte à
ce prix ! Mais, j’ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois
se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules.
OCTAVE – Ô Ciel ! par où sortir de l’embarras où je me trouve !
SYLVESTRE – C’est à quoi vous deviez songer avant que de vous y jeter.
35 OCTAVE – Ah ! tu me fais mourir par tes leçons hors de saison7.
SYLVESTRE – Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies.
OCTAVE – Que dois-je faire ? Quelle résolution prendre ? À quel remède recourir ?
Notes :
1- « Dures extrémités où je me vois réduit » = je suis dans une situation terrible et difficile.
2- « résolution » : intention, décision, projet.
3- « mandée » : appelée, on lui a demandé de venir.
4- « mandées par une lettre » : expliquées dans une lettre.
5- « ces cruelles conjonctures » : cette situation difficile et compliquée.
6- « fondre sur moi un orage soudain d’impétueuses réprimandes » : il va me faire sans
cesse des reproches violents.
7- « tu me fais mourir par tes leçons hors de saison » : tu m’ennuies par tes remarques qui
ne sont pas adaptées à la situation, qui arrivent trop tard.
A Le passé simple
As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes, sur ton cahier, en
rédigeant des phrases complètes.
1- Quels sont les personnages présents dans cette scène ?
2- À quel moment de la journée se passe cette scène ? Justifie ta réponse en citant le texte.
3- a) Explique, avec tes propres mots, la nouvelle que viennent d’apprendre les personnages.
b) Quel individu, qui n’est pas présent sur scène, a informé les personnages de cette
nouvelle ?
c) Comment cet individu a-t-il appris cette nouvelle ?
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séance 2 — Séquence 8
N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé. Lis ensuite le début et la fin de la deuxième
scène qui sont reproduits ci-dessous. Tu peux aussi écouter le début de cette scène à la piste 2 de
ton CD.
Acte I, scène 2
SCAPIN, OCTAVE, SYLVESTRE
1 SCAPIN – Qu’est-ce, seigneur Octave ? qu’avez-vous ? qu’y a-t-il ? quel désordre est-
ce là ? Je vous vois tout troublé.
OCTAVE – Ah ! mon pauvre Scapin, je suis perdu, je suis désespéré, je suis le plus
infortuné1 de tous les hommes !
5 SCAPIN – Comment ?
OCTAVE – N’as-tu rien appris de ce qui me regarde ?
SCAPIN – Non.
OCTAVE – Mon père arrive avec le seigneur Géronte, et ils me veulent marier.
SCAPIN – Eh bien ! qu’y a-t-il là de si funeste2 ?
10 OCTAVE – Hélas ! tu ne sais pas la cause de mon inquiétude.
SCAPIN – Non ; mais il ne tiendra qu’à vous que je la sache bientôt, et je suis
homme consolatif3, homme à m’intéresser aux affaires des jeunes gens.
OCTAVE – Ah ! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine4,
pour me tirer de la peine où je suis, je croirais t’être redevable de plus que ma vie.
[Scapin reconnaît qu’autrefois, il n’hésitait pas à utiliser la ruse pour tromper les autres mais que
des ennuis avec la justice l’ont contraint à tout arrêter. Octave raconte ensuite la double aventure
qu’il a vécue avec son ami Léandre, le fils de Géronte placé sous la surveillance de Scapin : ils
sont tous deux tombés amoureux de jeunes femmes qui n’appartiennent pas à leur classe sociale,
c’est-à-dire à la bourgeoisie. Léandre est amoureux d’une bohémienne et Octave d’une fille très
pauvre dont la mère vient de mourir. Comme Octave détaille beaucoup le portrait de cette jeune
fille, Sylvestre s’impatiente.]
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Séquence 8 — séance 2
15 SYLVESTRE, à Octave – Si vous n’abrégez pas ce récit, nous en voilà pour jusqu’à
demain. Laissez-le-moi finir en deux mots. (À Scapin) Son cœur prend feu dès ce
moment. Il ne saurait plus vivre qu’il n’aille consoler son aimable affligée. Ses
fréquentes visites sont rejetées de la servante, devenue la gouvernante par le
trépas5 de la mère : voilà mon homme au désespoir. Il presse, supplie, conjure :
20 point d’affaire. On lui dit que la fille, quoique sans bien et sans appui, est de famille
honnête et qu’à moins que de l’épouser, on ne peut souffrir ses poursuites ; voilà son
amour augmenté par les difficultés. Il consulte dans sa tête, agite, raisonne, balance,
prend sa résolution : le voilà marié avec elle depuis trois jours.
SCAPIN – J’entends.
25 SYLVESTRE – Maintenant, mets avec cela le retour imprévu du père, qu’on n’attendait
que dans deux mois ; la découverte que l’oncle a faite du secret de notre mariage,
et l’autre mariage qu’on veut faire de lui avec la fille que seigneur Géronte a eue
d’une seconde femme qu’on dit qu’il a épousée à Tarente.
OCTAVE – Et par-dessus tout cela, mets encore l’indigence6 où se trouve cette
30 aimable personne et l’impuissance où je me vois d’avoir de quoi la secourir.
SCAPIN – Est-ce là tout ? Vous voilà bien embarrassés tous deux pour une
bagatelle ! C’est bien là de quoi se tant alarmer ! N’as-tu point honte, toi, de
demeurer court à si peu de chose ? Que diable ! te voilà grand et gros comme
père et mère, et tu ne saurais trouver dans ta tête, forger dans ton esprit, quelque
35 ruse galante, quelque honnête petit stratagème, pour ajuster vos affaires ? Fi !
Peste soit du butor7 ! Je voudrais bien que l’on m’eût donné autrefois nos vieillards
à duper : je les aurais joués tous deux par-dessous la jambe, et je n’étais pas plus
grand que cela que je me signalais déjà par cent tours d’adresse jolis.
SYLVESTRE – J’avoue que le Ciel ne m’a pas donné tes talents, et que je n’ai pas
40 l’esprit, comme toi, de me brouiller avec la justice.
OCTAVE – Voici mon aimable Hyacinthe.
Notes :
1– « infortuné » : malchanceux, malheureux.
2– « funeste » : terrible, problématique.
3– « consolatif » : qui sait consoler, réconforter.
4– « forger quelque machine » : inventer une ruse.
5– « trépas » : mort, décès.
6– « l’indigence » : la pauvreté.
7– « Peste soit du butor ! » : quel idiot ! quel gros bêta !
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séance 2 — Séquence 8
C Écriture
Pour conclure cette séance, tu vas faire un petit exercice d’écriture. Voici le sujet :
En t’aidant de ce que tu as appris dans les deux premières scènes, rédige la lettre que le père
d’Octave a envoyée à son frère (l’oncle d’Octave).
Pour réussir cet exercice, tu dois :
- respecter les codes de présentation de la lettre
- reprendre les informations fournies dans les deux premières scènes sur le père d’Octave et
sur son retour
- vérifier ta conjugaison, tes accords et ton orthographe
Coup de pouce : Le père d’Octave s’appelle Argante (tu peux le voir en lisant la liste des
personnages qui précède la pièce).
Fais d’abord cet exercice au brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en
complétant le tableau suivant.
Les consignes sont respectées
Récapitulatif des consignes
Fait À faire
Tu as rédigé une lettre en respectant la présentation (date,
lieu d’écriture, nom du destinataire, signature)
Tu as repris les informations fournies par les deux premières
scènes sur Argante et son retour.
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Séquence 8 — séance 2
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta lettre sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Auto-évaluation du socle commun
Avant de refermer ton cours, reporte-toi à la fin de la séquence pour évaluer les items de la
compétence 1 du socle commun que tu as réussi à mobiliser dans cet exercice. Tu vas t’auto-évaluer
en observant ta lettre.
Sois honnête dans ton auto-évaluation et ne t’inquiète pas si tu ne maîtrises pas encore certains
items. Tu pourras les acquérir au cours de l’année.
Ton travail d’expression écrite te permet d’évaluer quatre items de la compétence 1 du socle
commun :
- écrire lisiblement un texte
- respecter les consignes d’écriture
- rédiger un texte bref
- utiliser les principales règles orthographiques
Dans la séance 3, tu travailleras sur la scène 3 de l’acte II. Si tu n’as pas encore lu l’ensemble de la
pièce, lis au moins la fin de l’acte I (scènes 3, 4 et 5) et le début de l’acte II (scènes 1 et 2).
66 — © Cned, Français 5e
séance 3 — Séquence 8
Séance 3
Étudier le quiproquo au théâtre
Dans cette séance, tu vas étudier un procédé comique qui est souvent utilisé par Molière : le
quiproquo. Pour cela, tu vas travailler sur la scène 3 de l’acte II.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Lis d’abord le résumé ci-dessous qui rappelle les principaux événements survenus dans les scènes
3, 4, 5 de l’acte I et dans les scènes 1, 2 de l’acte II. Ce sont les scènes que tu devais lire avant de
commencer la séance.
Octave et sa femme Hyacinthe supplient Scapin de les aider à échapper au mariage
qu’Argante, le père d’Octave, veut imposer à son fils. Scapin accepte. Il croise justement
Argante qui est déjà au courant de la situation et qui est furieux. Scapin invente alors une
histoire : Octave a été contraint de se marier par les parents de Hyacinthe qui l’ont menacé.
Néanmoins, Octave ne reconnaîtra jamais les faits car il refusera de passer pour un peureux.
Il faut donc qu’Argante se montre compréhensif, d’autant que la bêtise d’Octave est bien
moins grave que celle commise par Léandre, le fils de Géronte. En entendant cette explication,
Argante n’est plus en colère contre son fils mais contre la famille de Hyacinthe et il veut
toujours rompre le mariage. Argante discute ensuite avec Géronte qui lui reproche l’inconduite
d’Octave. Vexé, Argante dit alors à son ami que son fils a fait pire et qu’il l’a appris de Scapin.
Même si Géronte ne sait pas exactement ce qu’a fait Léandre, il lui fait des reproches dès qu’il
le voit, affirmant que Scapin lui a tout révélé.
Lis la scène 3 de l’acte II reproduite ci-dessous. Tu peux aussi écouter le début de cette scène à la
piste 3 de ton CD.
Acte II, scène 3
SCAPIN, OCTAVE, LÉANDRE
1 LÉANDRE, seul – Me trahir de cette manière ! Un coquin qui doit par cent raisons être le premier
à cacher les choses que je lui confie, est le premier à les aller découvrir à mon père ! Ah ! je jure
le Ciel que cette trahison ne demeurera pas impunie.
OCTAVE – Mon cher Scapin, que ne dois-je point à tes soins ! Que tu es un homme admirable !
5 et que le Ciel m’est favorable de t’envoyer à mon secours !
LÉANDRE – Ah ! ah ! vous voilà. Je suis ravi de vous trouver, Monsieur le coquin.
SCAPIN – Monsieur, votre serviteur. C’est trop d’honneur que vous me faites.
LÉANDRE, mettant l’épée à la main – Vous faites le méchant plaisant1 ? Ah ! je vous
apprendrai…
10 SCAPIN, se mettant à genoux – Monsieur !
OCTAVE, se mettant entre eux pour empêcher Léandre de le frapper – Ah ! Léandre !
LÉANDRE – Non, Octave, ne me retenez point, je vous prie.
SCAPIN, à Léandre – Eh ! Monsieur !
OCTAVE, le retenant – De grâce !
15 LÉANDRE, voulant frapper Scapin – Laissez-moi contenter mon ressentiment2.
OCTAVE – Au nom de l’amitié, Léandre, ne le maltraitez point !
SCAPIN – Monsieur, que vous ai-je fait ?
LÉANDRE, voulant le frapper – Ce que tu m’as fait, traître ?
OCTAVE, le retenant – Eh ! doucement !
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Séquence
Séquence10
8 — séance 3
20 LÉANDRE – Non, Octave, je veux qu’il me confesse lui-même tout à l’heure la perfidie3 qu’il m’a
faite. Oui, coquin, je sais le trait que tu m’as joué, on vient de me l’apprendre, et tu ne croyais
pas peut-être que l’on me dût révéler ce secret ; mais je veux en avoir la confession de ta propre
bouche, ou je vais te passer cette épée au travers du corps.
SCAPIN – Ah ! Monsieur, auriez-vous bien ce cœur-là ?
25 LÉANDRE – Parle donc.
SCAPIN – Je vous ai fait quelque chose, Monsieur ?
LÉANDRE – Oui, coquin, et ta conscience ne te dit que trop ce que c’est.
SCAPIN – Je vous assure que je l’ignore.
LÉANDRE, s’avançant pour le frapper – Tu l’ignores !
30 OCTAVE, le retenant – Léandre !
SCAPIN – Eh bien ! Monsieur, puisque vous le voulez, je vous confesse que j’ai bu avec mes amis ce
petit quartaut4 de vin d’Espagne dont on vous fit présent il y a quelques jours, et que c’est moi qui
fis une fente au tonneau, et répandis de l’eau autour pour faire croire que le vin s’était échappé.
LÉANDRE – C’est toi, pendard, qui m’as bu mon vin d’Espagne, et qui as été cause que j’ai
35 tant querellé la servante, croyant que c’était elle qui m’avait fait le tour ?
SCAPIN – Oui, Monsieur, je vous en demande pardon.
LÉANDRE – Je suis bien aise d’apprendre cela ; mais ce n’est pas l’affaire dont il est
question maintenant.
SCAPIN – Ce n’est pas cela, Monsieur ?
40 LÉANDRE – C’est une autre affaire qui me touche bien plus, et je veux que tu me la dises.
SCAPIN – Monsieur, je ne me souviens pas d’avoir fait autre chose.
LÉANDRE, voulant le frapper – Tu ne veux pas parler ?
SCAPIN – Eh !
OCTAVE, le retenant – Tout doux !
45 SCAPIN – Oui, Monsieur, il est vrai qu’il y a trois semaines que vous m’envoyâtes porter, le
soir, une petite montre à la jeune Egyptienne que vous aimez. Je revins au logis, mes habits
tout couverts de boue et le visage plein de sang, et vous dis que j’avais trouvé des voleurs qui
m’avaient bien battu et m’avaient dérobé la montre. C’était moi, Monsieur, qui l’avais retenue5.
LÉANDRE – C’est toi qui a retenu ma montre ?
50 SCAPIN – Oui, Monsieur, afin de voir quelle heure il est.
LÉANDRE – Ah ! ah ! j’apprends ici de jolies choses, et j’ai un serviteur fort fidèle,
vraiment. Mais ce n’est pas encore cela que je demande.
SCAPIN – Ce n’est pas cela ?
LÉANDRE – Non, infâme ; c’est autre chose encore que je veux que tu me confesses.
55 SCAPIN, à part – Peste !
LÉANDRE – Parle vite, j’ai hâte.
SCAPIN – Monsieur, voilà tout ce que j’ai fait.
LÉANDRE, voulant frapper Scapin – Voilà tout ?
OCTAVE, se mettant au-devant – Eh !
60 SCAPIN – Eh bien ! oui Monsieur, vous vous souvenez de ce loup-garou, il y a six mois, qui
vous donna tant de coups de bâton, la nuit, et vous pensa faire rompre le cou dans une
cave où vous tombâtes en fuyant.
LÉANDRE – Hé bien ?
68 — © Cned, Français 5e
séance 3 — Séquence 8
© Cned, Français 5e — 69
Séquence 8 — séance 3
70 — © Cned, Français 5e
séance 3 — Séquence 8
Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé. Lis ensuite
soigneusement le « Je retiens » suivant et mémorise-le. Recopie-le dans ton cahier si cela t’aide à
l’apprendre.
j e retiens Le quiproquo
Un quiproquo se produit lorsqu’une personne se trompe sur ce qu’on lui dit, lorsqu’il y a un
malentendu entre les personnages. Le mot « quiproquo » vient du latin « quid pro quod », qui
signifie, mot à mot, prendre un « quoi » pour un « ce que », c’est-à-dire prendre une chose
pour une autre.
Exemple : Dans la scène 3 de l’acte II, il y a un quiproquo entre Léandre et Scapin. En effet,
Léandre veut que Scapin confesse qu’il a trahi le secret de son amour pour une bohémienne.
Mais, comme Scapin ne sait pas ce que lui reproche Léandre, il confesse d’autres délits.
© Cned, Français 5e — 71
Séquence 8 — séance 4
Séance 4
Étudier les renversements de situation
Dans cette séance, tu vas étudier un procédé théâtral que Molière utilise souvent pour faire avancer
l’intrigue et pour faire rire les spectateurs. Il s’agit des renversements de situation. Pour cela, tu vas
travailler sur la scène 4 de l’acte II. C’est la suite directe de celle que tu as étudiée dans la séance 3.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
72 — © Cned, Français 5e
séance 4 — Séquence 8
LÉANDRE – Voudrais-tu m’abandonner, Scapin, dans la cruelle extrémité où se voit mon amour ?
SCAPIN – Me venir faire à l’improviste3 un affront comme celui-là !
30 LÉANDRE – J’ai tort, je le confesse.
SCAPIN – Me traiter de coquin, de fripon, de pendard, d’infâme !
LÉANDRE – J’en ai tous les regrets du monde.
SCAPIN – Me vouloir passer son épée au travers du corps !
LÉANDRE – Je t’en demande pardon de tout mon cœur ; et, s’il ne tient qu’à me jeter à tes
35 genoux, tu m’y vois, Scapin, pour te conjurer encore une fois de ne me point abandonner.
OCTAVE – Ah ! ma foi, Scapin, il se faut rendre à cela.
SCAPIN – Levez-vous. Une autre fois, ne soyez point si prompt.
LÉANDRE – Me promets-tu de travailler pour moi ?
SCAPIN – On y songera.
40 LÉANDRE – Mais tu sais que le temps presse !
SCAPIN – Ne vous mettez pas en peine. Combien est-ce qu’il vous faut ?
LÉANDRE – Cinq cents écus.
SCAPIN – Et à vous ?
OCTAVE – Deux cent pistoles.
[Scapin promet alors d’utiliser la ruse pour tromper les pères de Léandre et d’Octave afin d’obtenir l’argent
dont ils ont besoin. Il leur demande d’aller chercher Sylvestre pour qu’il l’assiste.]
Notes :
1 – avanie : insulte.
2 – adresse : habileté, esprit rusé.
3 – à l’improviste : sans que j’y sois préparé.
A Un événement inattendu
As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes, sur ton cahier, en
rédigeant des phrases complètes.
1- Quel personnage apporte une mauvaise nouvelle à Léandre ?
2- a) De quelle jeune fille parle ce personnage ?
b) Qui est cette jeune fille pour Léandre ?
c) Que va-t-il arriver à cette jeune fille ?
3- Quelles sont les conséquences de cette nouvelle pour Léandre ? Réponds à cette question
en expliquant
- d’une part, la conséquence sur la vie sentimentale de Léandre ;
- d’autre part, la conséquence sur sa relation avec Scapin.
4- a) Que doit faire Léandre pour résoudre ce problème ?
b) Qui promet finalement d’aider Léandre ?
Compare tes réponses avec celles du corrigé. Lis ensuite le « Je retiens » suivant et mémorise-le
avant de poursuivre. Recopie-le dans ton cahier si cela t’aide à l’apprendre.
© Cned, Français 5e — 73
Séquence 8 — séance 4
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » qui suit.
74 — © Cned, Français 5e
séance 4 — Séquence 8
C Expression écrite
Pour conclure cette séance, tu vas écrire une petite scène entre Léandre et Scapin qui
racontera un nouveau renversement de situation. Voici le sujet :
Scapin a obtenu les cinq cents écus dont Léandre a besoin mais il les a gardés pour lui.
Léandre, qui vient d’apprendre cette nouvelle fourberie, est furieux et veut se venger. Sous
une forme théâtrale, écris cette scène d’une quinzaine de lignes. N’oublie pas de dire, à la
fin, si Scapin garde l’argent ou le donne à Léandre.
Pour réussir cet exercice, tu dois :
- présenter ton texte sous forme théâtrale (noms des personnages en majuscules devant les
répliques, répliques, didascalies entre parenthèses)
- mettre en scène Scapin et Léandre
- raconter un nouveau renversement de situation entre la scène 4 que tu as étudiée et la
scène que tu écris
- vérifier ta conjugaison, tes accords et ton orthographe
Fais d’abord cet exercice au brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en
complétant le tableau suivant.
Les consignes sont
Récapitulatif des consignes respectées
Fait À faire
Tu as respecté la présentation du texte de théâtre (noms des
personnages en majuscules devant les répliques, répliques,
didascalies entre parenthèses).
Tu as mis en scène Scapin et Léandre.
Tu as respecté le sujet : Scapin a obtenu les cinq cents écus dont
Léandre a besoin mais il les a gardés pour lui.
Tu as raconté un nouveau renversement de situation entre la scène
4 que tu as étudiée et la scène que tu écris.
Tu as vérifié l’accord de chaque verbe avec son sujet.
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta scène sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Auto-évaluation du socle commun
Avant de refermer ton cours, reporte-toi à la fin de la séquence pour évaluer les items de la
compétence 1 du socle commun que tu as réussi à mobiliser dans cet exercice. Tu vas t’auto-évaluer
en observant ton dialogue théâtral.
Sois honnête dans ton auto-évaluation et ne t’inquiète pas si tu ne maîtrises pas encore certains
items. Tu pourras les acquérir au cours de l’année.
Ton travail d’expression écrite te permet d’évaluer quatre items de la compétence 1 du socle commun :
- écrire lisiblement un texte
- respecter les consignes d’écriture
- rédiger un texte bref
- utiliser les principales règles orthographiques
Dans la séance 5, tu travailleras sur un extrait de la scène 6 de l’acte II. Si tu n’as pas encore lu les
scènes 5 et 6, n’oublie pas de le faire avant de commencer la prochaine séance.
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Séquence 8 — séance 5
Séance 5
Étudier les personnages de comédie
Dans cette séance, tu vas travailler sur un extrait de la scène 6 de l’acte II afin de faire un bilan sur
les personnages de comédie.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
76 — © Cned, Français 5e
séance 5 — Séquence 8
A Les valets
As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes, sur ton cahier, en
rédigeant des phrases complètes ou en soulignant des informations dans le texte quand on te le
demande.
1- a) Quel rôle joue Sylvestre dans cette scène ?
b) Souligne en bleu les didascalies qui t’indiquent que Sylvestre joue un rôle.
c) Que veut faire le personnage joué par Sylvestre à Argante ?
d) Quelles sont les trois raisons qui motivent l’action de ce personnage ?
e) Quelle action imite Sylvestre ?
f) Quel type de comique est utilisé par Sylvestre lorsqu’il fait cette action ? Reporte-toi à
la séance 4 de la séquence 5 si tu as besoin d’aide.
g) Dans les répliques de Sylvestre, souligne en rouge les exclamations familières qui
montrent la colère du personnage joué par Sylvestre. Encadre en rouge les expressions
insultantes dont il se sert pour désigner Argante.
h) Quel type de comique est utilisé ici par Sylvestre ? Reporte-toi à la séance 3 de la
séquence 5 si tu as besoin d’aide.
© Cned, Français 5e — 77
Séquence 8 — séance 5
Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » qui suit.
B Le maître
1- Surligne en jaune une réplique de Scapin affirmant qu’Argante est courageux.
2- a) Quel est le véritable sentiment d’Argante quand il voit Sylvestre ?
b) Surligne en bleu deux didascalies qui prouvent ta précédente réponse.
3- Bien qu’il accepte de donner de l’argent, Argante semble quelqu’un d’avare. Explique
pourquoi, en relevant une information dans le texte et une information dans ton livre, à
la fin de la scène 6 de l’acte II (qui n’est pas reproduite dans ton cours).
Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé. Lis ensuite
soigneusement le « Je retiens » suivant et mémorise-le.
j e retiens
Les figures d’autorité dans les comédies
Dans les comédies de Molière, les figures d’autorité sont les pères, le roi et ceux qui exercent
des professions importantes comme les médecins, les hommes de lois et les hommes d’église.
Les figures d’autorité sont souvent des opposants aux héros, c’est-à-dire qu’ils tentent de les
empêcher de réaliser leurs projets. C’est pourquoi les figures d’autorité sont souvent tournées
en ridicule dans les comédies.
Dans la séance 6, tu vas apprendre à conjuguer le subjonctif présent. Profite de cette pause dans
l’étude du texte pour poursuivre ta lecture de la pièce, si tu ne l’as pas encore terminée.
78 — © Cned, Français 5e
séance 6 — Séquence 8
Séance 6
Conjuguer le subjonctif présent
Dans cette séance, tu vas apprendre à conjuguer le subjonctif présent.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
j e retiens
Subjonctif présent
Le subjonctif est un des modes personnels utilisés en français pour conjuguer les verbes (les
autres modes personnels sont l’indicatif et l’impératif). Le subjonctif comporte quatre temps :
deux temps simples (le présent et l’imparfait) et deux temps composés (le passé et le plus-que-
parfait).
Pour former le subjonctif présent des verbes de tous les groupes, on prend le radical de la
troisième personne du pluriel de l’indicatif présent puis on ajoute les terminaisons suivantes :
-e, -es, -e, -ions, -iez, -ent
EXEMPLE : finir = 3e personne pluriel de l’indicatif présent ils finissent
Au subjonctif présent : [Il faut que] je finisse ; tu finisses ; il finisse ; nous finissions ; vous
finissiez ; ils finissent
Coup de pouce :
Pour trouver le subjonctif présent, on fait précéder le verbe de la locution « il faut que ».
Généralement, la forme correcte vient spontanément à l’esprit.
1- Dans ton cahier, conjugue au présent du subjonctif et à toutes les personnes les verbes :
jouer, tromper, partir, venir, rendre.
2- Conjugue au présent du subjonctif et à toutes les personnes les verbes : crier, rire,
essayer, croire, en complétant le tableau suivant avec les formes manquantes.
© Cned, Français 5e — 79
Séquence 8 — séance 6
b) Dans la deuxième colonne, encadre le radical de chaque verbe que tu dois utiliser pour
les conjuguer au subjonctif présent.
2- Dans ton cahier, conjugue les sept verbes suivants au présent du subjonctif et à toutes les
personnes : faire, vouloir, pouvoir, savoir, aller, avoir, être.
Dans le corrigé, vérifie avec attention ta conjugaison. Apprends ensuite la conjugaison de ces
verbes. Tu dois mémoriser les radicaux des verbes irréguliers.
80 — © Cned, Français 5e
séance 7 — Séquence 8
Séance 7
Connaître les emplois du subjonctif présent
Dans la séance 6, tu as appris à conjuguer le subjonctif présent. Tu vas maintenant apprendre à
l’utiliser et à connaître ses emplois.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Lis à présent le début de la scène 7 de l’acte II qui est reproduit ci-dessous. Tu peux en écouter le
début à la piste 6 de ton CD :
Acte II, Scène 7
GÉRONTE, SCAPIN
1 SCAPIN, feignant de ne pas voir Géronte – Ô Ciel ! ô disgrâce imprévue ! ô misérable père !
Pauvre Géronte, que feras-tu ?
GÉRONTE, à part – Que dit-il là de moi, avec ce visage affligé ?
SCAPIN, même jeu – N’y a-t-il personne qui puisse me dire où est le seigneur Géronte ?
5 GÉRONTE – Qu’y a-t-il, Scapin ?
SCAPIN, courant sur le théâtre, sans vouloir entendre ni voir Géronte – Où pourrai-je le
rencontrer pour lui dire cette infortune1 ?
GÉRONTE, courant après Scapin – Qu’est-ce que c’est donc ?
SCAPIN, même jeu – En vain je cours de tous côtés pour le pouvoir trouver.
10 GÉRONTE – Me voici.
SCAPIN, même jeu – Il faut qu’il soit caché en quelque endroit qu’on ne puisse point
deviner.
GÉRONTE, arrêtant Scapin – Holà ! es-tu aveugle, que tu ne me vois pas ?
SCAPIN – Ah ! Monsieur, il n’y a pas moyen de vous rencontrer.
15 GÉRONTE – Il y a une heure que je suis devant toi. Qu’est-ce que c’est donc qu’il y a ?
SCAPIN – Monsieur…
GÉRONTE – Quoi ?
SCAPIN – Monsieur votre fils…
GÉRONTE – Hé bien ! mon fils…
20 SCAPIN – Est tombé dans une disgrâce la plus étrange du monde.
GÉRONTE – Et quelle ?
SCAPIN – Je l’ai trouvé tantôt, tout triste de je ne sais quoi que vous lui avez dit, où vous
m’avez mêlé assez mal à propos, et cherchant à divertir cette tristesse, nous nous sommes
allés promener sur le port. Là, entre autres plusieurs choses, nous avons arrêté nos yeux sur
25 une galère turque assez bien équipée. Un jeune Turc de bonne mine nous a invités d’y entrer
et nous a présenté la main. Nous y avons passé, il nous a fait mille civilités2, nous a donné la
collation3, où nous avons mangé des fruits les plus excellents qui se puissent voir, et bu du vin
que nous avons trouvé le meilleur du monde.
GÉRONTE – Qu’y a-t-il de si affligeant à tout cela ?
30 SCAPIN – Attendez, Monsieur, nous y voici. Pendant que nous mangions, il a fait mettre la galère
en mer, et, se voyant éloigné du port, il m’a fait mettre dans un esquif4, et il m’envoie vous dire
que, si vous ne lui envoyez par moi tout à l’heure cinq cents écus, il va nous emmener votre fils en Alger.
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Séquence 8 — séance 7
A Comprendre le texte
As-tu bien lu ? Pour le vérifier, fais l’exercice suivant. Tu auras besoin, pour cela, de feutres ou de
crayons de couleur.
1- Comme tous les navires de l’époque, les galères, qui servaient à transporter les prisonniers
et les esclaves, étaient des bateaux à voiles. Dans le dessin ci-dessous, tu peux remarquer
que certaines voiles ne sont pas totalement coloriées. C’est à toi de le faire en coloriant,
de la même couleur que la voile qui contient la question, la voile qui contient la réponse
correspondante.
82 — © Cned, Français 5e
séance 7 — Séquence 8
Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé.
© Cned, Français 5e — 83
Séquence 8 — séance 7
b) Choisis la bonne réponse. Même si la réplique de Scapin est une phrase interrogative,
selon toi, elle permet d’exprimer:
un ordre ;
une défense ;
un souhait.
N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé. Lis ensuite soigneusement le « Je retiens »
suivant et mémorise-le avant de poursuivre. Recopie-le dans ton cahier si cela t’aide à l’apprendre.
j e retiens
Les emplois du subjonctif présent
Si un verbe conjugué à l’indicatif inscrit l’action dans le réel, un verbe conjugué au subjonctif
peut exprimer une action imaginaire.
EXEMPLE : Géronte aimerait que Scapin change de place avec Octave et qu’il soit l’otage des
galériens turcs.
Le subjonctif peut aussi exprimer un souhait.
EXEMPLE : Pourvu que Géronte soit généreux et paie la rançon !
Fais d’abord cet exercice au brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en
complétant le tableau suivant.
84 — © Cned, Français 5e
séance 7 — Séquence 8
Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta lettre sur ton cahier. Lis ensuite dans le
corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.
Avant de refermer ton cours, reporte-toi à la fin de la séquence pour évaluer les items de la
compétence 1 du socle commun que tu as réussi à mobiliser dans cet exercice. Tu vas t’auto-évaluer
en observant ta lettre.
Sois honnête dans ton auto-évaluation et ne t’inquiète pas si tu ne maîtrises pas encore certains
items. Tu pourras les acquérir au cours de l’année.
Ton travail d’expression écrite te permet d’évaluer quatre items de la compétence 1 du socle
commun :
Avant de commencer la séance 8, lis la fin de la scène 7 ainsi que la scène 8 de l’acte II et les
scènes 1 et 2 de l’acte III.
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Séquence 8 — séance 8
Séance 8
Jouer le personnage de Scapin
Dans cette séance, tu vas travailler sur la dernière réplique de Scapin de la scène 2 de l’acte III. Il
faut que tu comprennes ce que dit et ce que fait Scapin afin de pouvoir jouer ce passage.
Avant de commencer, prends ton cahier. Recopie en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Lis à présent le texte ci-dessous qui résume les scènes 7 et 8 de l’acte II et les scènes 1 et 2 de l’acte
III que tu devais lire avant de commencer la séance :
Scapin finit par convaincre Géronte de lui donner cinq cents écus pour sauver Léandre du
galérien turc. Il donne ensuite l’argent qu’il a escroqué aux deux vieillards aux deux jeunes
hommes. Ainsi, Octave peut assurer l’avenir de son mariage avec Hyacinthe et Léandre
peut acheter la liberté de Zerbinette, qu’il espère ensuite épouser. A présent, les problèmes
des quatre amoureux sont presque résolus. Mais Scapin estime qu’il n’en a pas fini pour
autant avec les deux pères, notamment avec Géronte dont il veut toujours se venger après
que celui-ci l’a un instant compromis auprès de Léandre. Il raconte donc un nouveau
mensonge à Géronte : le frère de Hyacinthe, accompagné de plusieurs de ses amis soldats,
voudrait le tuer vu qu’à cause de lui, Argante veut rompre le mariage de Hyacinthe et
d’Octave. Il invite alors Géronte à se cacher dans un sac pour échapper à ses poursuivants.
Une fois Géronte enfermé dans le sac, Scapin se fait passer pour les soldats : il imite leurs
voix et donne des coups de bâton sur le sac en faisant croire que ce sont des coups portés
par les ennemis de Géronte.
Écoute, sur ton CD, à la piste 7, l’enregistrement de la dernière réplique de Scapin qui est
reproduite ci-dessous :
Acte III, Scène 2
GÉRONTE, SCAPIN
1 SCAPIN, lui remettant la tête dans le sac – Prenez garde, voici une demi-douzaine de soldats tout
ensemble. (Il contrefait plusieurs personnes ensemble.) « Allons, tâchons de trouver ce Géronte,
cherchons partout. N’épargnons point nos pas. Courons toute la ville. N’oublions aucun lieu.
Visitons tout. Furetons de tous les côtés. Par où irons-nous ? Tournons par là. Non, par ici. À
5 gauche. À droite. Nenni. Si fait. » (À Géronte, avec sa voix ordinaire.) Cachez-vous bien. « Ah !
camarades, voici son valet ! Allons, coquin, il faut que tu nous enseignes où est ton maître. – Eh !
messieurs, ne me maltraitez point. – Allons, dis-nous où il est. Parle. Hâte-toi. Expédions. Dépêche
vite. Tôt ! – Eh ! messieurs, doucement. (Géronte met doucement la tête hors du sac et aperçoit la
fourberie de Scapin) – Si tu ne nous fais trouver ton maître tout à l’heure, nous allons faire pleuvoir
10 sur toi une ondée de coups de bâton. – J’aime mieux souffrir toute chose que de vous découvrir mon
maître. – Nous allons t’assommer. – Faites tout ce qu’il vous plaira. – Tu as envie d’être battu ? – Je
ne trahirai point mon maître. – Ah ! tu en veux tâter ? Voilà… - Oh ! » (Comme il est prêt de
frapper, Géronte sort du sac et Scapin s’enfuit.)
As-tu bien compris le texte que tu as écouté ? Pour le vérifier, réponds aux questions suivantes,
sur ton cahier, en rédigeant des phrases complètes ou en soulignant les informations dans le texte
quand on te le demande. N’hésite pas à relire le texte pour t’aider.
86 — © Cned, Français 5e
séance 8 — Séquence 8
© Cned, Français 5e — 87
Séquence 8 — séance 8
Conseils :
- Entraîne-toi plusieurs fois avant ta représentation.
- N’hésite pas à écouter l’enregistrement de la réplique sur le CD : cela peut t’aider pour comprendre
comment différencier les voix des soldats.
88 — © Cned, Français 5e
séance 9 — Séquence 8
Séance 9
Déjouer les fourberies de Scapin
Dans cette séance, tu vas travailler sur l’ensemble de la pièce afin de vérifier que tu en as bien compris
l’histoire. N’oublie pas que tu dois en avoir terminé la lecture avant de commencer les exercices.
Léandre annonce alors à tous que Zerbinette fait, en réalité, partie d’une grande Acte III,
A
famille napolitaine. Elle avait été enlevée par les Égyptiens à l’âge de quatre ans. scène ……
Sylvestre aperçoit Zerbinette et Géronte. Il explique alors à la jeune femme Acte III,
B
qu’elle vient de révéler au père de son amant comment il avait été trompé. scène ……
Maintenant que son mariage avec Octave est officiel, Hyacinthe prie son
père d’accepter que son frère Léandre se marie avec Zerbinette mais Géronte Acte III,
C
ne le souhaite pas. Il est furieux contre Zerbinette qui s’est moquée de lui. scène ……
De plus, Zerbinette est une fille sans famille.
Scapin fait semblant d’être sur le point de mourir afin d’obtenir le pardon
Acte III,
D d’Argante et de Géronte. Ceux-ci le lui accordent. Ils ne se vengeront pas des
scène ……
fourberies de Scapin.
Après avoir compris que Scapin se moquait de lui en le frappant avec un
bâton alors qu’il était caché dans un sac, Géronte croise Zerbinette qui rit Acte III,
E
de bon cœur. Il la sermonne parce qu’il pense qu’elle se moque de lui, mais scène ……
Zerbinette dément.
Géronte apprend alors par la nourrice, appelée Nérine, que sa fille n’est pas Acte III,
F
morte mais qu’elle est mariée avec un certain Octave, fils du seigneur Argante. scène ……
Zerbinette explique alors à Géronte comment Scapin a trompé le père de
Léandre pour obtenir les cinq cents écus dont il avait besoin pour la racheter Acte III,
G
aux Égyptiens. Géronte comprend qu’il a été trompé par son fils et par scène ……
Scapin et il promet de se venger.
Grâce à un bracelet, Argante reconnaît que Zerbinette est la fille qu’on lui Acte III,
H
avait autrefois kidnappée. scène ……
Argante et Géronte se désolent d’avoir tous deux été les dupes de Scapin qui est Acte III,
I
parvenu à leur soustraire respectivement deux cents pistoles et cinq cents écus. scène ……
Sylvestre prévient Scapin que si les événements semblent s’arranger entre
Acte III,
J les pères et les fils, en revanche, les vieillards veulent toujours se venger de
scène ……
Scapin.
Alors que les pères, les fils et les filles sont heureux, Carle vient annoncer à Acte III,
K
tous qu’un terrible accident est arrivé à Scapin et qu’il va mourir. scène ……
Argante a un autre motif de désolation : il croit que sa fille est perdue.
Acte III,
L Il vient en effet d’apprendre qu’elle a quitté Tarente depuis longtemps et
scène ……
qu’elle est probablement morte à bord du bateau qui l’amenait à Naples.
2- En t’aidant de ton livre des Fourberies de Scapin, indique, à côté de chaque résumé, dans
quelle scène de l’acte III se passe l’action racontée. Attention, plusieurs résumés peuvent
correspondre à une seule scène.
© Cned, Français 5e — 89
Séquence 8 — séance 9
Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé.
Tu as fini d’étudier la comédie de Molière intitulée Les Fourberies de Scapin. N’hésite pas à réviser les
différents « Je retiens » de la séquence avant de faire le bilan de tes connaissances dans la dernière séance.
90 — © Cned, Français 5e
séance 10 — Séquence 8
Séance 10
Je m’évalue
Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela va te
permettre de faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le
devoir. Complète maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu as oublié quelque chose ou si tu
n’es pas sûr de toi, tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes
réponses. Il est très important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.
………………………………., - ………………………..............……….
© Cned, Français 5e — 91
Séquence 8 — séance 10
92 — © Cned, Français 5e
séance 10 — Séquence 8
Quand tu estimes avoir maîtrisé un item, mets une croix en vert dans la case correspondante.
Certains items sont évalués plusieurs fois dans la séquence. Il est possible que tu n’aies pas maîtrisé
un item dans une séance et qu’il soit maîtrisé dans une autre séance. C’est normal. Cela te montre
les progrès que tu réalises.
© Cned, Français 5e — 93