L'homme de la terre plus vieille que le soleil

Exposition d'un choix d' oeuvres de la collection de Pedro Rubio Dumont

al'Inspecteur Epingle du 17 mai au 6 juin 1993
 Bar apart
Pour ceux qui font bande a part, comme dirait Godard. Les quelques-uns que leur nature, leurs
sentiments et leurs idees isolent...

Certains livres sonr de veritables lieux, superbes, refractaires, pour quelques-uns qui savent !es
decouvrir et y faire connaissance. Ainsi « Le Cabaret de la derniere Chance» et « Au-dessous du
volcan ». Certains lieux, pour quelques-uns ont le meme impactque cenains livres. Ainsi l'Asociacion
Espanola, ou depuis des annees quelques camarades boivenr, qu'accompagnent les ombres de Jack
London et de Malcolm Lowry, ce qu'elles signifienr ...

Un guitariste, un danseur. Flamenco. Des

disques, pas souvenr bons. Pedro Rubio
Dumonr,le cherami Pedro. II a vecu. Ilsaitavec
quels hommes vivre, et comment. Et !'Adam
Rios. Et Juan. Et Jose-le-Chinois-Pompidou.
Et la si belle Lucia. Et compagne exemplaire
Carmen. Et l'Indien qu'il faut Bamboula. Des
camarades. Jose Teran Martinez. Le fracassant
et genial Gaston Miron.« L'ailleurs-ici » Claude
Peloquin. Mousseau, Cornellier, Lamarche,
Gilles Groulx le Lynx Inquiet. Pierrot-le-Fou-
Leger. Jean-Marc Piotte, Pio-le-Fou d'un « Cri
du Peuple » Quebecois et Lise la sompmeuse,
Gaetan Tremblay et Huguette er dialectique
Lison, parri pris. David Dublin Brown, Claude
Gauvreau, Gilbert Langevin, Lafleur et
Larochelle - s'il vous plait! J'ai momre
l'Asociacion une premiere fois aMichel Auclair: ii yest retourne de lui-meme presque chaque nuit,
alors qu'il cournait un film pour Radio-Canada avec Louis-Georges Carrier. Michel Delahaye,
critique des Cahiers du Cinema : l'Asociacion. Les deux Michel m'ecrivent regulieremenr de Paris:
bien saluer le pere Pedro, boire une « sangria» aleur «salud ». Asociacion Espanola. Ou Marc Cottel
et Jose Bario et moi decouvrons quinze ans plus tard, un soir au bar, que nous vivions avec les memes
camarades et les memes filles, a Saint-Germain-des-Pres, sans nous conna1tre. Et evidemmenr !es
Freres Hebert et !'Obscene Nyctalope Louis Geoffroy et cas unique en ce monde d'aujourd'hui
Beberr-la-Tendresse. Et le Cacrus-ookpik, M ilicska mon amour. Et, elle y prit son premier Pernod,
l' amante, la camarade du Bison, Dianne, son american beauty of the Purple Sage ... Marie-Jose, Yves,
Tarass Boulba, Jazz libre Quebec...
C' est <;:a, l'Asociacion Espanola, Pedro. Un bar ou de memes hommes, de memes femmes, du monde
entier, depuis des annees boivent un litre de rouge ensemble. Paree qu'ils om des affinites, pour avoir
vecu des experiences identiques. Paree qu'ils eprouvenr le meme plaisir acelebrer des liens qui sont
la consequence d'un meme style de vie. Du romantisme pour declasses? Peur-erre. Ce peut etre une
ethique...Al'agedes drug-stores, des soirees en vase dos devanr la television et de rant de bars ala mode
qui ne durenr qu'une mode passagere, ii ya aMontreal, pour ceux capables de le percevoir, unbar
selon un style de vie commun aquelques-uns.
Patrick Straram
l'Asociacion Espanola
485 ouest, rue Sherbrooke
(coin rue Aylmer) Monrreal
Lise Gervais Michel-Thomas Tremblay Pierre Corneiller
C'est un cadeau d'elle, cette aquarelle II faisait des choses pleines de fantaisie,
avec des couleurs magnifiques, avec mais ii avait un cote introverti, la tete
cette force qui etait la sienne. Des le longue et triste, tout seul clans
debut de la Casa elle venait avec son son coin. Le tableau que j'ai de lui,
mari Yves Lasnier, qui avait une un dessin-collage bien clans son style,
galerie. Une femme magnifique, qui c'est une blague qu'il m'a faite.
avait beaucoup de caractere et de Extraordinaire. II dit un jour:
puissance, respectee clans le milieu, « Pedro, vous me devez $40 ». Moi,
cotee comme professionnelle. je n'ai jamais dit non a personne, alors
J'ai eu la chance de la cotoyer souvent la j'arrive et je lui donne ses $40. OK.
parce que jusqu'aux annees 75-76, elle Quelque temps apres, il revient avec
a frequenre la vieille Casa d' abord, ce poster et avec des dessins a sa fa~on,
comme vous aurres vous appelez ~a, avec un petir mot pour moi. Sur
ouis la nouvelle Casa. Avec moi, elle le poster, il y avait le $40 colle, je l'ai
C'est drole, longtemps je pensais
ltait chaleureuse, elle essayait de me encore.
parler en espagnol, et elle avait qu'il ne faisait rien, je le prenais pour
un dilettante qui posait aux Beaux-
toujours une fa~on de m'appeler Don
Arts ... mais quand ii est alle a Paris,
Pedro!
Les femmes etaient importances, en
ii est revenu un homme change,
peinture. En plus de Lise, ii y avait
ii a travaille, il a produit.
Comme je l'ai connu tres jeune, pour
Marcelle Maltais, Kitty Bruneau et
surtout Rita Letendre. T outes actives, moi c' est reste un petit bonhomme,
dynamiques, fortes; et Monique tout fier de son frere Dominique,
Groulx, qui ne peignait pas mais qui le musicien - Michel se plaisait a
l'emmener a l'Asociacion pour le faire
etait secretaire du groupe des
plasticiens et qui devait abriter de jouer, ii etait de~u de n'avoir pas ete
accepte comme musicien a l'Orchesrre
joyeuses engueulades entre Mousseau,
symphonique. Dominique venait avec
Molinari, Tousignant."'
son « papillon » et ii est reste avec nous,
ii a fini par faire Le Reel de la Casa.

Rosette Rohana
Les gens pensaienr qu' elle n' etait
capable de rien faire mais regardez-moi
ce dessin extraordinaire avec une
douceur incroyable qui a !'air de venir (( Ce n' est pas le peintre que je presente, c'est
d'une aucre epoque, d'un autre monde.
La technique, le talent elle les avait,
l'homme, c'est mon ami. Ces tableaux, souvent
et je me suis fache avec elle parce je les ai rec;us en cadeaux, je n' ai jamais regarde
qu' elle ne travaillait pas, ne produisait
pas. Une faineante qui se comentait ~a comme des oeuvres d'art. Si je les garde, c'est
d'etre belle. Tres belle, d'ailleurs.
pour la chaleur d'un copain, pour ce que c;a
me rappelle de lui. <;a fait trente ans et plus
que j' ai beaucoup de ces pieces-la chez moi,
que je vis avec. II ne faut pas les regarder avec
I' oeil du specialiste.))
Pedro Rubio Dumont
 Vittorio
J' ai plusieurs morceaux de lui. Dessins,
affiches. Il yen a une qu'il a faite pour
moi et qui a gagne un prix aux Etats-
Unis; <;:a s'appelle Viva Pedro, c'est
une tete de raureau avec un cercle
rouge.
Une autre, c'erait un portrait de
la premiere femme qui a ere ministre
de l'Espagne republicaine, c'etait une
intellecruelle, une artiste de Barcelone.
Elle devair donner une conference a
··-· ··--·• ·-···-·-·· · ··· ••-··••-·-· ...·· ·-· Concordia, mais les forces de l'ordre
. ···-- --· . -- - - -
de droite d'Espagne a ce moment-la
se sont mises d'accord pour bloquer
la place, alors on a fair une chaine avec
tous les amis, notammenr David
Brown, et la conference s' est donnee
clans une salle qu'on avair louee au
i Sheraton. Le tete noire, c' est la guerre
I
civile.
\ lei Jes chats de Vittorio, en train de
faire !'amour a la grecque. Un jour,

\ comme toujours ii avait des problemes,

il me cherchait mais je n' erais pas la ;
l il m'a laisse un dessin clans une ser-
viette de papier de restaurant, il disait :
« il y avait un bateau, qui piquait du
nez». ~a c'etait Vittorio.
11 avait aussi fair le poster du« Bal
_.·_,/ masque l'equinoxe du printemps
/
cosmique », le 2 mai 1964, a la Casa
s-o.s I I/ qui a ete decoree par Mousseau. Tout
PEDRO - ··
le monde etait deguise, Madeleine
n \J 1TTOR.{ O"

\
/
Rolland en Marlene Dietrich et
/
_, Patricia Nolin, comedienne - une tres
belle femme - etait en nonne. Le plus
.,r ,. .~
cocasse de tout, c' est que rout le
, I monde pensait que c' etait un travesti ;
elle a joue le jeu tome la soiree, elle est

~'; ~-lJ-J 1__

reparrie sans que personne l' air
reconnue!

:::::.~.:~---------- :============::::::::::::::=====--==-
- -- - -- -·--· •·
Carlos Labrosse Pellan Julian Quirante
Ce que j'ai est un poster avec un texte Un espagnol qui est passe par ici ;
de Peloquin. Alfred Pellan etait tres quand ii etaic aMontreal, ii ecait
petit de raille, c'est sa femme qui s'oc- toujours avec nous, c' est le seuJ que
cupait de ses affaires. II ne frequenrait je connais qui, comme Peloquin -
pas la petite Casa, mais ii venait a mais Jui n'etaic pas peintre -, faisait
la grande quand il passait en ville. de I' argent avec la peinrure. C' etait
Cerce histoire, c'esc du Pelo tout un bon peintre, et surrouc une sone
crache ; il est alle trouver Pellan, et de globe-trotter qui a fait le tour
il est revenu avec le poster; je suppose du monde.
qu'il l'a convaincu que c'etait un hon- J'ai de lui une Lutte des coqs. II ya
neur pour Jui de s'associer a Peloquin! quelques annees, un gars qui avait
une galerie sur la rue Crescent, le beau-
frere d'un ami, a essaye de me l'echan-
ger pour autre chose. C' est apres que
j'ai compris pourquoi: j'ai vu sur
Un vrai marginal, il y avait tout Paris-Match que clans une galerie
un contraste de sa personne physique de Marseille on l'avait cote a$45 000.
et de son apparence avec sa fa<;:on L' autre tableau, la femme bleue,
de rravailler, impossible a imaginer si c' etaic sa maitresse aux Philippines.
on ne connaissait que le personnage II y en a d' autres du V em.'zuela, de
qu'on voyait ala Casa. Je suis alle Saint- Domingue...
un jour dans son studio et j'ai ete
frappe par sa rigueur, sa proprete, par
I'ordre qu'il y avait dans ses tableaux.
L' ordre de Labrosse, c' etait excrao-
dinaire, <;:a ressort clans cette huile
que j' ai de Jui.
II venait me voir pour me dire qu' en L'homme de la terre plus vieille que le soleil
fin de la soiree, il fallait le laisser Pedro Rubio Dumont est un enfanr de la Revolution espagnole. Ne en Andalousie,
debouler !es marches de I'Asociacion, la cerre plus vieille que le soleil, il n'avait que quinze ans quand ii vie comber les
c' est ce qui le faisair dormir. Je le premiers combatrancs de la liberte. Cene vision l'accompagnera route sa vie.
laissais debouler, mais j'attendais que
C'est done le plus naturellement du monde qu'a l'epoque 01.1, a Montreal, Jes portes
les gens panent parce que je trouvais
des prisons se refermaient sur les oeuvres des artistes, ii ouvrir celles de !'Association
<;:a un peu fort !
Un jour, arrive en ville un grand ballet
a
espagnole ceux et celles qui !es creaienr.

espagnol en rournee aux Etats-Unis et a a

Chaque nuit a la Casa on passait de!'obscurite la lumiere, du noir la couleur. On
apres le spectacle, je Jes invite a venir pouvait echapper a I'enfer global.
al'Asociacion. Mais il y avait Labrosse : Robert G. Girardin
« Pedro, laisse-moi debouler, sans <;:a
je peux pas dormir! » Au debut je ne
voulais pas, devant desfemmes tu sais,
•
mais ii m'a si bien eu qu'ensuite, La Casa Pedro, c' ecait uneile espagnole au milieu de la nuit. Tache glauque mordoree
la troupe venait tous les soirs ala que la buee tamise. La promesse d'un havre, a la fois tiede et doux, qui ecornait le coin
fermerure jusre pour le voir debouler! Crescenr-Maisonneuve pour le voyageur de I' ocean des nuits. On y venair par hasard.
Ensuire le hasard s'installair en sedenraire. Plus card quand on changeaic de vie, on
venait s'y retrouver face a un verre, juche sur un tabouret clans le demi-rond qui
enveloppait le bar.
Et puis ii y avaitPedro.Avecson nezgrec, sacalvitiediscrere, ses yeux en diamanrnoir,
son sourire d'ailleurs er son compler raye, Pedro est le dernier de ces grands hidalgos
qui vous font les honneurs de leurs chateaux d'Espagne.
Fram;:ois Piazza
Cocus & Co
V LB 1989
 Salut Pepine
Voila que tu te fais un peu moins visible
Comprime clans ton urne
tel un genie d'Aladdin clans sa lampe
Mais nous, <;:a ne nous trompe pas
On le sait que tu es la roujours
Accoude au comptoir de quelque bar d'Ailleurs
un ballon de biere a la main
a
un paquet de gitanes la gauche du coude
Lissant ta moustache pour en soigner la courbe-antenne
Un million d'idees Mouches de feu en folie
te tournant autour de la tete
Avec quelque part un brin du violon d'acicr de Dominique
sur trois vers genialement nazis de Pelo
Et la tardive et joyeuse Angela
dont !'accent savoureux et les mains-oiseaux
emplissent tout l'espace alentour
Et je te vois plus loin encore
Fondu clans un courant agite onctueux qui circule
D'une a l'autre tasca dans un Autre Madrid
d'un cote Pedro de l'autre SU hermano Javier
peut-etre aussi la Marijo et le Grand Fanal
ou encore Dadadavid et Lisa
ou Philippe le violoneux ou ton autrc frere Bravo
Lisant ces papiers gras sur le sol dalle
ces milliers de poemes voluptueux
En sirotant les chatos de blanco-illumination
Une autre fois c'est amour de la Gwendolyne-table
Cornes de cuivrc ec barbc fiere
une bouteille de J&B sur sa croupe de ceramique
Avec l'affreux Lucien, rue Saint-Marc
Sous I' oeil narquois du Grand Timonier
se penchant du mur vers la clairolante Yolande
« Solly Suh No Ticket No Laundly »
Ee le monde en devient tout d'un coup plus vivable
Pour sur que quelque part avec toi clans ta lampe
II y a tanc d' autres Esprits de notre Monrreal a nous
Celui d'avant !es complexes d'inferiorite
d'avant Boubou et ses machins rentables
Celui des delires createurs et innocents
Ct des drafts a dix sous a la Royale
a
ct des nuits carreaux rouges de !'Assoc'
la guitare de Bernabe en sourdinc
J e devine la clans le coin l' orignal Gauvreau
Fons;ant tete baissee, le cou trapu
le panache en avant de mots reinventes
Et Patrick pissant paisible sur le rapis du Queen E.
faisant comme toujours son cinema
fermement appuye sur Godard et Lowry
Et Goguen le bon peintre sans tambour ni trompette
trombonant !es mains sur la bouche
accompagnant ron orchestral crayon
Tout c;:a existe encore c' est certain
clans une dimension legerement differenre
II le faut Sans quoi cette planete est trop vide er rrop plate
Ce qu'il faudrait au fond c'est que tu reviennes un moment
mine de rien un de ces jours, happy hour
a la cinqua de la tarde
Juste pour nous montrer amieux frotter la lampe...
Yves Leclerc dit le Grand Fanal
le vendredi 27 avril 1990
ON A VOULU, ROCKY, STOPPERJUSQU'AU FOND DE TOUTE CHOSE notre
vie vivante contre l'existence-scagnacion nos parlures effrontees et gourmandes attendant
depuis crop longtemps de se faire entendre au milieu des belles-ecritures-qui-ne-fom-pas-
peur !es chants dantesques des Harley de nos motards n'ayant d'egard que pour ceu:x done
ils se sentent aimes sans condition au prix meme de leur mepris de rout et du neanc !es ais
insouciants de nos enfances que norre age soi-disant adulte n'a jamais voulu faire taire au
nom de l' emerveillement perpecue le boire et l'halluciner ala faced' une majorite silencieuse
(bof!) perdant route a.me aforce de trop vouloir la sauver nos happenings nos sauteries et
nos joyeuses palabres nocturnes da.ns Jes seules boites ou nous pouvions nous parquer sans
emraver leur circulation automobile(!) et qu'on nous a enleve ces derniers temps rout
comme on prive le monde grand et petit de verdures urbaines et de jolies maisonnettes -
pense aLa Hutte donr j'evoque plus loin !es dernieres respirations de son quart-de-siecle,
au Concinenral du coin sainte Catherine/saint Urbain, ere.
On a voulu stopper ... Un an a passe Rocky depuis la quinzieme station de cet antilivre. Le
temps d'accomplir un (aurre) miracle: deux annees ininterrompues de vie commune avec
mon O Capricorne de bonne femme. Pour mieux te faire sa.isir la portee de ce bandage
mutuel par ]'esprit comme par le corps, je te lis quelques lignes de Va voir au ciel si j'y suis
/ roman by Emmanuel Cocke, un de mes grands chums pour l' amour du ciel. Toi qui conn a.is
si bien nos petits conflits enderniques, notre incompatibilite d'humeur que seul le pot
parvient roujours a freiner voire a detourner vers de chaleureux sourires complices, cu
assimileras d'un trait cerre citation-de de !'Emmanuel.
« .. . Enrre nous le phenomene est dr6le. Yous etiez en perpecuelle discorde, ma.is mon amour
qua.nd meme jusqu'au bout des ongles, e'en era.it genant pour Jes aucres, le <liable et le bon
dieu ensemble, cu vois le tableau pour la societe ordinaire, clans le fond vorre force, ce qui
vous rapprochair, c'etait vorre desunion sans compromis. Er je suis certain que ru y penses
encore... ,,
Pierrot le fou Leger
Embarke mon amour c'est pas une joke!
Mainmise 1972
Pierre Duperre Mario Testa William Grenier
C'est lui qui a fait le decor du J'ai beaucoup de choses de lui mais C' etait un copiste, specialiste des
restaurant Drummond, aI' angle la plus cocasse, vous savez, !es carafes, reproductions. La copie de Goya
de Maisonneuve. Pour le plafond, les pots de vin des tavernes autrefois que j'ai ici a ete accrochee 20-25 ans
ii voulait une belle photo, I' affiche en France ; il m' en a donne un avec a!'Asociacion ; elle fair partie du decor
d'une grande exposition au Musee des une tete de robineux et le couvercle de la boheme monrrealaise, et de son
Beaux-Arts. Elle avait coute $25,000, avec un haut-de-forme qui fair histoire.
lui a si bien manoeuvre qu' on la lui a le bouchon, et le vin sort de la rere. Un jour, ii me die : Pedro, quel est
laissee pour 500$. Duperre etait plut6t J' ai aussi Le Lac noir, un paysage et le peinrre que tu aimes le plus? Moi,
un decorateur qu'un peinrre, mais c'est la piece curieuse avec les homards c' est !es peinrres espagnols (quoi de
quelqu'un de la vieille gang. Le paysage qu'il m'a apporree un jour. plus normal) et ce que j'aime le plus,
monrranr Ia nouvelle Casa, ii l'a fait Mais ii faut que je parle de son pere. c' est Goya, parce q ue c'est le premier
au milieu des annees 70. C' etait un italien de la vieille ecole vrai moderne, qui a renverse tous Jes
qui venait tous !es dimanches a canons, ru restes ahuri de voir la force
I'Asociacion ; endimanche tres propre, du bonhomme. II ya un tableau qui
Jacques Garnier
a
avec la canne et I'oeillet la bouton- me plaisait enormemenr - Les Caprices
niere, un tout petit homme qui avait - mais aussi la fusillade du peuple de
Ils etaienr deux freres ceramisres,
l' air de sortir tout droit d'un Fellini. Madrid par !es soldats de Napoleon,
a
installes Beloeil - l'Argile vivanre -
II m'avait donne une photo de que l' on appelle « le 2 de mai ».
clans une tres vieille maison. D'abord
a
artisans, ils Ont ete !es premiers
a
Mussolini cheval, je I' avais accrochee Un mois apres que je lui ai die ya,
clans le bar, <;:a faisait jaser. II me faisait il m'arrive avec le tableau fair d'apres
se transformer en designers pour
meme le salut fasciste la main levee. une carte postale de I' original, mais
industrialiser leurs creations. Pierre
etait mince et imberbe, Jacques costaud
A moi qui ai fait la guerre d'Espagne... corrige pour l'eclairage ramise de
la bo'ite. J' ai un Goya fait sur mesure
et barbu. Des fois ils descendaient
prendre un verre en ville... et comme pour l'Asociacion ! Aussi une oeuvre
ils n'avaient pas envie de rentrer originale, un paysage.
a Beloeil en pleine nuit, ils couchaient
chez des amis un soir, puis deux... puis
trois, quatre, cinq !
Plus card, Jacques s' est lance clans
la sculpture en ceramique. Il a fait
a
notammenr les groupes I' enrree
du Cegep du Vieux-Monrreal. La belle
tete que j'ai date de cette epoque.
Il y est ecrit :
« Pour un sillon fertile dans le champ

des mauvais signes

Symbole mandate par le printemps,
defends nos desirs
II fut un temps de paille
Une douce etincelle etait mere de nos jeux
Que cendre s' envole a travers nos chaines
Que la parole ouverre, 6 folie nue
Baise le front des enfants libres
Merci "Hobo Quebec"
er liberons Pierre-Paul Geoffroy
Vive le Quebec. »
 Pacte avec ma poesie Les hors-la-joie
Je n'ecrirai plus de poemes ayant la hanche fine qui !es sauvera des eaux mornes ou morres
et au rythme cardiaque hache comme une viande !es echoues la-bas par un temps de defaice
non je n'ecrirai plus de poemes au souffle doux qui leur pretera main forte et liberte
comme aurrefois quand j'erais auteur de reves qui leur defendra de tomber de comber
j'ai fini pour toujours de separer !es vents
et de guider mes mots sur des pages si haures ils ont cru aux talismans d'aventure
que meme l'avenrurier s'y perd en paraboles ils ont gage n'onr rien gagne
j'ai fini pour toujours de signaler mon ame a part la misere Ont tout
comme un feu rouge a l'enrree de la nuit perdu meme l'orgueil que naviguair leur rete
je ne dirai plus que la stricce verire
la belle comme la vilaine verire qui !es sonira de ce petrin de boue
et cant pis pour ces paroles blanches !es englues la-bas par tant de defaices
qu'ont prononcees mes levres ouverres sur le monde qui leur pretera main douce d'amitie
apropos du bonheur ou du malheur de vivre qui les ramenera vers l'aubergc de joie
jadis quand j'etais oublie dans ma neige
mais je ne veux parler qu'aux arbres du jardin Gilbert Langevin
laissez-moi leur parler en langage feuillu Symptomes
j'ai marche si longtemps sans en savoir la suite Atys, 1963
laissez-moi saluer leurs ombres clans la nuir
Juan Garcia
Corps de gloire
l"Hexagone • Retrospective, 1989
Peter Gnass Caselles Monique Dussault
Un grand copain, sculpreur et Un Montrealais espagnol d'origine,
dessinateur. Costaud comme tous brave bonhomme qui a eu le malheur
!es sculpteurs et bon vivant. C' est son de se trouver coince clans une rafle
ex-femme Gaecane Belanger qui m'a au moment ou la police ne rigolair pas
fait avoir cela. avec la mari. II a passe quelque chose
comme 7 ans de « vacances » en
Colombie britannique, c'esc de la que
Armand Vaillancourt j'ai m;:u un jour un grand morceau,
bien emballe, je me demandais de qui
c;:a pouvaic venir. Je commence a debal-
ler tout c;:a, et je crouve un portrait
de Manolete, a l'epoque le plus grand
matador. Caselles, c' etait un co pain a
Pierrot Leger, a Claude Gauvreau,
aroute la vieille bande. Quelle belle femme, ii y a creme ans
er encore plus aujourd'hui. Le sourire
comme une accalmie et une volonte
d' acier. Sa vie a I' air de couler tout
doucemenc, on croit qu'elle ne fair
rien, er soudain elle nous sore
des choses fabuleuses ; j' ai deux rres
belles gravures et un poeme-affiche
Une force de la nature; ii y aurait cent avec Patrick Straram.
anecdotes a raconter, mais je n'ai pas
besoin d'enrichir encore sa legende.
J'ai apporre une petite sculpture de
metal, petite mais rout ce qu'il ya
de lui sur le marche est maintenant
hors de prix. II a donne bien des pieces
que !es gens om vendues par la suite.
Situation
Chacun son gout, mais pour moi,
Fonde sur une recherche de l'Autre-Realite dans l'Arriere-Reel par un Possible absolu.
vendre un cadeau qu' on m' a fait est
un sacrilege. Mouvemenr de penetration d'un Ailleurs dans !'Homme cosmique, a parcir du reel
Armand, c'est aussi un esprit libre et conrinuellemenr remis en question; l'evolucion de ce mouvemenr s'opere a partir des
un coeur bien ne, coujours prec a payer Dessous er de zones infinimenr profondes et voilees dans une realire prise sous ses deux
formes d'exisrence: (ailleurs et ici).
le gros prix pour l'honneur de defendre
les causes auxquelles ii croit. Tout le A partir aussi des Dessous des sciences psi et para, du coomos, du reel, de la magique et
comraire du « sculpreur officiel »•. . et de l'Eveil...
pourranc ce qu'il fair est naturellement A partir des Dessous clans les fibres memes de ce qui est er de ce qui est latent : done, qui
monumental! sera aussi, et beaucoup plus miraculeusemenr, parce que possibilise a l'avance par
!'existence meme de la Recherche.
Nore : Jamais rien n'esr rouc afair ce que !'on a pu delimiter erronemenr comme etant
Yves Gabriel-Brunet definitif Mouvemenr de la possibilisation d'une sorce d'humanisme, ou encore d'une
Le Poete par excellence - je ne l'ai zone encore inconnue de la sensibilite de la matiere.
jamais appele autremenr que Poere.
INFRA exige I' experimentation arout prix sur tout ce qui est er sur rout ce qui n'est pas
II etait le mari de Monique Dussault
rout afair encore; ii exige un regne de la recherche.
clans le temps. J'ai apporre un poeme-
affiche qu'il m'a dedicace. Claude Peloquin
Manifesre infra
l'Hexagone, 1967
Yvon Shwartz Peter Wheeler Graham McKeen
Un jeune peintre juif de l'Ouest qui C'est un Allemand qui faisait de la Personne ne I' associe avec la peinture ;
etait toujours a l'Asociacion. II passait, peinture presque en secret: personne c' etait un Ecossais fetard et barbu et
vendait ses affaires. Puis il est disparu, ne savait sauf moi a l'epoque. Pour un pianiste de jazz, un grand pianisce
decede tres jeune, meme pas 30 ans, gagner sa vie, il enterrait !es mons quand il le voulait mais qui trouvait
de leucemie. Ce Clown qui vient au cimetiere de Core-des-Neiges. plus interessanr de toucher !es femmes
de lui, je riens ace qu'il soit present, (et !es boureilles) que le piano.
parce qu'il merite beaucoup, et Sa gravure sur bois du docceur
je pense qu'il ya une foule d'amis Bethune, il I' a faire pour moi parce
Germain Perron
qui vont etre contents de le voir. qu'il savait que le personnage me
Petit, barbu, vif-argent. D essinateur,
fascinair - ii a fair la guerre d'Espagne.
peintre, decorateur de theatre.
Dans le fond, je pense que pour
Ces jours-ci on est faches, parce que
Graham, faire <;a erait une maniere
Serge Lemoyne je Jui ai dit que j'allais presenter de Jui
de se punir, ou de faire amende
deux tableaux figuratifs (des bouquets
honorable. L'occasion c'ctait la trois
de fleurs) et ii pretend qu'ils ne sont
millieme fois (ou la quaue millieme,
pas de lui parce qu'il en a home.
peur-erre) qu'il me promettait
Moi, je pense que c'est parmi !es bons
solennellement de lacher la vie de
tableaux qu'il a fairs, mais I'autre jour
boheme et de se rememe au piano!
ii m'a telephone pour me faire du
chanrage : « Toi, tu vas pas presenter
<_;a! » Evidemment, ils sont la. J' aide lui
pas mal de choses qui me plaisent,
sa mere adorait Edith Piaf, il en a fait
au crayon un portrait magistral.
Un talent fou et une imagination
comme un feu d'arrifice; le cochon,
ii pouvait faire n'impone quoi, et bien.
C' est le gars dont j' ai eu le plus de
pieces, mais je m' en suis fair piquer
quelques-unes. Paree qu'en-dehors
de l'Asociacion, j'avais une chambre Dans le collier de mes amities
ace moment-la clans !'Est, et la j' ai
Pedro Rubio Dumont. II est la aussi, un jour ou je debarque a Madrid.
perdu plusieurs tableaux de Lemoyne.
Pour faire la surprise et me donner la ville.
]'en ai donne aussi, dont un a Fran<;ois
Chapados, I' avocat qui a failli plusieurs Son Madrid
fois erre ministre de Ia Justice. II m' en Pour faire la surprise. L'accueil. Et le don. Avec taus !es rires de la rejouissance.
est reste quelques-uns, que la ville Pour me conduire hors tourisme.
de Montreal m'a empruntes pour Tout ce que nocre barbarie americaine apprend d'un Europeen quand ii est de
Terre des Hommes, et Quebec pour le la qualite Pedro. Avec la fidelire a la poursuite d'un sentiment commence cant
Musee d'An contemporain et le Musee d'annees auparavant.
du Quebec. II y en a un qui a passe II die clans unbar done je tairai le nom pour qu'il reste un lieu preserve, ii die :
au feu clans la Casa. Celui qui est la, "II faur aller a Seville. Venir en Espagne et ne pas allcr a Seville, ce seraic
c' en est un qui a survecu a l'incendie, comme apprendre une langue sans vouloir passer par l'apprentissage de sa
une ac1ylique de I'epoque de I'horloge grammaire. Seville est la grammaire de l'Espagne»
du Zirmate. Lemoyne, c' etait celui Je suis allee a Seville et j'ai longe le « Guadalquivir des etoiles ».
qui voulait toujours erre le premier a Jene vous dirai pas comment est Seville. Allez-y pour savoir que Pedro a une
essayer !es nouveaux outils, !es nouvel- experience de la vie et du monde done ii ya mille bonheurs a profiter.
les techniques. Et ii a la peau du coeur er de !'intelligence bien douce.
Dans le collier de mes amities, Pedro est la pierre precieuse du centre.
Denise Boucher.
le 10 mai 1993.
Jean-Louis Lamarche Andre Dufour
Que! personnage! Moi je me suis
roujours bien enrendu avec lui, mais
pas tout le monde. Dans !es annees 60,
ii a eu son heure de gloire parce qu'il a
donne un coup de coureau clans un
tableau qu'il n'appreciait pas au Musee
des Beaux-Arts.
a
II a fair une gravure dediee moi,
et ii a gagne un prix avec.

Colette Hebert
Une peimre momrealaise, qui a fair
un portrait de son mari jouanr de
Un des etres que j'ai beaucoup la guirare.
beaucoup aimes. J'ai de lui un tableau
et un collage. Au physique, c'etait
le parfait boheme famelique: ii etait
mince comme une ombre, toujours
affame, toujours malade (un emphyse-
me) et malgre s;a une force de caractere,
une force terrible. Des qu'il pouvait
acheter des couleurs, ii pcignait.
On se voyait tres souvent tous !es deux.
J'ai ete le parrain de son premier fils,
a
puis ii est parti avec lui Vancouver,
avec une Anglaise ; on s' est telephone
tres souvent parce qu'on s'aimait
beaucoup tous les deux, et on rigolait
beaucoup. En revenam ii voulait
vendre sa maison pour aller vivre en Pedro : d' ou tu viens?
Grece, s;a lui aurair prolonge la vie
de 4, 5 ans mais c'etait crop complique
Je viens de la terre plus vieille que le soleil - c'est de Garcia Lorca - j'ai grandi
a.Madrid, mais je suis ne enAndalousie. J'ai faitlaguerre civile a.Madrid avec
- ii en est morr.
Jes republica.ins, j'avais 15 ans. On m'a mobilise, je me suis retrouve au from
Avec Langevin le poete et Gauguer-
avec !es communisres, !es a.narchisces, rout le monde ensemble conrre Franco.
Larouche le sculpreur, c'erait un
Qua.nd la guerre a fini, on m'a mis clans un camp de concentration, pas
rriumvirar. Moi, j'acherais ses tableaux,
longtemps heureusemenr; la nuit clans les caves, ii fair plus froid qu'a
je trouvais qu' on ne I' a pas train\ Montreal, la pluie et route la merde er j'avais 18 ans.
com me ii le meritait. Sauf Bernard
Janelle, au Gobelet, qui avait fair Pourquoi je suis a Monrreal? Ce sont Jes livres qui nous menenc. A 12 ans,
une exposition de Jean-Louis. j'erais le bibliothecairede mon ecole primaire, j'ava.is la rage de lire- je ne sais
pas combien de livres j'ai ala maison, j'ai des livres parrou t a terre, ma femme
est fachee avec moil - ... a l'ecole done, c'esr moi qui eta.is charge de classer
!es bouquins er je ne sais pas pour quelle raison, j'ai pique Maria Chapdelaine,
Jacques Giroux et Le demier des Mahicans.
Lui aussi, c'est un vieux de la vieille, Apres deuxans decamp, Franco m'aenvoyedansl'armee duMaroc. Pendant
un gars ralentueux, intelligent, belle la Deuxieme guerre mondiale, l'&pagne franquiste eta.it du core d'Hider et
allure, bon gars;on mais ii aimait ttop de Mussolini ... jusqua ce qu'on voie que les allies allaienr gagner. Plus tard,
!es femmes ... et quelques autres choses je suis passe en France, puis en Belgique, puis au Mexique. Et finalemenc, c'est
aussi, s;a lui faisair perdre du temps. peut-erre le souvenir de Maria Chapdelaine qui m'a emmene aMontreal avec
Pepine, mon frere de tout sauf de sang...
Guy Borremans Maurice Agnan
Peintre et patron de galerie, c' est
un gars qui a fait une fortune en art
et clans !es antiquites. Tiens, ii va etre
fache que je dise ya, mais ii a
des millions quand meme. Maurice,
tu te faches mais c' est la verite, mon
cochon! II ne veut pas que personne
le sache, il joue toujours !es bohemes.
Il m'a fait avoir du Dali a uncertain
moment. J'ai un superbe Dragon a sept
tetes de Dali, mais qui n'est pas ici -
de fait, c'est Lucia qui a dit: « Pas
question que ya sorte de la maison ! »

Gauguet-larouche
II transportait tous !es malheurs
Costaud, barbu, grand boheme et
grand photographe. Une image qu'il a Pierre Hevaert du monde. C'etait un tourmente,
faite clans !es iles, a Palma de Majorque II a ete president de !'Association qui avait toujours des drames clans sa
vie. II me disait: « Pedro, le monde
quand ii vivait la-bas. C' est une des sculpteurs de Quebec. Ce que j'ai,
ii me I' a laisse dans son testament ; est bien ma! fait. Si on pouvait se faire
immense photo de sa femme nue,
comme une sculpture, prise clans sa femme Theresa m' a apporte le I' amour a nous-me me, pense a tous !es
une carriere de pierre aux formes croquis qu'il a fait d'une sculpture qui ennuis que ~a nous eviterait. » Ce que
fantastiques. On ne sait plus ou a ete des annees sur la rue Crescent. j'ai garde de lui, c'est la maquette qu'il
a realisee d'une sculpture beaucoup
commence la chair, ou finit la pierre, II etait Beige et moi j' avais passe 3 ans
ii m'a dit qu'il avait gagne un prix en Belgique apres la guerre, alors, on plus grande qu'il devait faire sur la
quelque part. se taquinait tous !es deux, on se parlait Rive sud; je n'ai jamais su s'il avait pu
avec l'accent, on etait bons amis. la realiser avant sa mort.

Simon Venne,
Pedro et
Madeleine Rolland
 La conclusion perdue
a
<;:am' apprendra. Journaliste, on travaille roujours la derniere minute. <;:a nous prend
la pression du deadline, !'adrenaline qui monte, l'horloge qui nargue. Mais pour Pedro
Rubio Dumont, j'avais fait une entorse ames principes: le texte de conclusion acette
expo, croyez-le ou non je l'avais fait d'avance. Un bon bout de temps d'avance. Une
nuit, rue Mackay en rencrant d'une de ces interminables discussions avec Pepine et
a
Emmanuel Cocke ... c;:a devait etre vers 68, une OU deux annees pres.
<;:a m'apprendra. Paree que bien su.r, ce papier je l'ai perdu. Quand Robert Myre m'a
appele pour me le redemander I'autre j our, j' ai cu beau bousculer un paquet de dossiers,
evencrer une demi-douzaine de vieux cartons, soulever un nuage de poussiere, rien a
faire. Envole. Al ors tout ce que vous allez avoir, c' est les petits bouts que je me rappelle.
L'idee de base, principalement. Simple: la Casa, c;:a n'a jamais existe. Physiquement,
j'encends. C'ecait puremenc une projection spatio-temporelle de l'interieur du crane
de Pedro Rubio Dumont. Le seul bar virtue! de la planece. Avec les nappes rouges,
la guitare de Bernabe, les tac-a-tac-a-tac des talons de Marie-Jose. Virtue!, tout c;:a.
Les grognements de Mousse. Les declamations de Pelo. Les ancennes de Pepine.
Les alchimies de Pierrot. Le volcan virtue! d'un virtue! Patrick. Le ...
Pas besoin d'en menre encore. Dans le crane de Pedro Rubio Dumont, qui luisait
a
comme un oeufsous !es lampes jaunes de fumee, ii y avait tout ce qui vivait Montreal.
Rien de plus, rien de moins. Tout ce qui peignait, qui tournait, qui jouait, qui chantait ,
qui politiquait, qui trois-colombait, qui posait des bombes, qui avait le meilleur hasch
en ville, qui baisait acorps perdu parce que c' etait le brefparadis terrestre apres le peche,
pendant la pilule et avant le sida.
Si vous regardez bien ces tableaux, ces dessins, ces gravures, ces affiches, ces sculptures
sur les murs de l'Inspecteur Epingle, c'est ce que vous allez y voir. Entre les lignes, a
l'incerieur des masses, de l'autre cote des couleurs. Voyez comme ~ grouille, c;:a
fourmille, c;:a gueule, c;:a cree. Cerce expo, c'est la Casa toute crachee ... et pas plus qu'elle.
Elle ne peut avoir d' existence independante. Elle aussi a sa realite seulemem clans le
crane de Pedro Rubio Dumont. Dans son coeur aussi, sans doute un peu. Com me nous
toUS.

<;:a nous apprendra.

Yves Leclerc
le 10 mai 1993
 Le Montreal culturel de 1965

MILTON

e
@)
Discotheque
Taverna
@ Bar, cafe, terrasse

0 Restaurant

0
•
®
Cabaret

Boite

LA GAUCHETIERE □ Galerie

ST-ANTOINE ■ Theatre

0 II Cinema

~ Studio

CRAIG Im Ubrairie

All-American Bar-cafe Dorchester et Drummond Cafe des Artistes Restaurant Dorchester et Mackay
Asociacion Espanola Bar-cafe Sherbrooke pres d'Aylmer Castel du Roy Restaurant Drummond
Carmen Bar-cafe Stanley, plus haut que Burnside Chez Pierre Restaurant 1263 Labelle
Club des Arts Bar-cafe Bishop au-dessus de Maisonneuve Chez son Pere Restaurant Saint-Laurent et Craig
El Co,tijo Bar-cafe Clark pres de Sherbrooke Desjardins Restaurant Mackay en bas
La Paloma Bar-cafc C1ark pres de Sherbrooke Dinty Moore's Restaurant Drummond et Sainte-Catherine
Montreal Press Club Bar-cafe Hotel Mont-Royal Hutte suisse Restaurant Sherbrooke et Durocher
Pam-Pam Bar-cafe Stanley pres de Sainte-Catherine La Chaumine Restaurant Saint-Sauveur
Yacht Club Bar-cafc Drummond et Sainte-Catherine Le 400 (chez Lelarge) Restaurant Dorchester
Butte a Mathieu Bofte achansons Val-David Le Bouvillon Restaurant C6te-des-Neiges
La Catastrophe Boite achansons Guy, au-dessus de la Taverne Royale Le Caveau Restaurant Victoria pres de Sherbrooke
Le Bistro Bofte achansons Gatineau Le Colibri Restaurant Mansfield pres de Burnside
Le Chat Noir Bo1te a chansons Sherbrooke et Jeanne-Mance Le Paris Restaurant Sainte-Catherine pres de Guy
Le Cochon borgne Bo1te a chansons Sainte-Catherine et Sanguine! Le Petit-Poucet Restaurant Sainte-Adele
Le Patriote Bofte a chansons Sainte-Catherine vers Papineau Luxor Restaurant Sainte-Catherine pres de Crescent
Le Saranac Boi:te achansons Nord de la ville Montreal Pool Room Restaurant Saint-Laurent pres de Dorchester
Casa Loma Cabaret Sainte-Catherine et Saint-Laurent Mr Neptune Restaurant Mansfield pres de Burnside
Chateau Madrid Cabaret quelque part dans l'Esr Paesano Restaurant C6te-des-Neiges
Fawzia Ameer Cabaret Sherbrooke et Durocher Pied de Cochon Restaurant Mansfield pres de Sainte-Catherine
Harlem Paradise Cabaret Saint-Antoine pres de la Montagne Vito Restaurant C6te-des-Neiges
Perchoir d'Haiti Cabaret Metcalfe, sud de Sainte-Catherine Disques London Studio Guy et Sainte-Catherine
Rockhead Paradise Cabaret Saint-Antoine pres de la Montagne ONF Studio Metropolitain Quest
Stork Club Cabaret Guy pres de Ste-Catherine Radio-Canada Studio Dorchester et Mackay
Elysee Cinema Milton et Clark RCA Studio Lagauchetiere et Amherst
Loew's Cinema Sainte-Catherine et Union Taverne Sainte-Catherine et Crescent
Black Bottom Club de jazz Saint-Antoine pres de la Montagne Kent Taverne
Tete de !'Art Club de jazz Mansfield, pres de Sainte-Catherine Novo Rex Taverne de la Montagne, sud de Sainte-Catherine
Bastille Discotheque de la Montagne en bas Rymark Taverne Stanley pres de Dorchester
L'Empereur Discotheque Mackay et Dorchester Taverne Royale Taverne Guy, entre Sainte-Catherine et Saint-Luc
L'Oree du Bois Discotheque Dorchester et Mackay Toe Blake Taverne Sainte-Catherine pres de Guy
La Licorne Discotheque Mackay Bourgetel Terrasse de la Montagne et Maisonneuve
La Rose Rouge Discotheque Mackay en haut de Maisonneuve. Le Bistrot Terrasse de la Montagne au nord de Maisonneuve
Georges Delrue Galerie d'art 2 l 04 Crescent, Comedie-Canadi.:nne Theatre Sainte-Catherine et Saint-Urbain
Hans Gehrig Galerie d'art 1184 Mackay L'Egregore Theatre Dorchester dans !'Est
Walter Schluep Galerie d'art 1482 Sainte-Catherine ones! Le Gesu Tbeatre Bleury au nord de Dorchester
Auberge Saint-Tropez Restaurant Crescent an sud de Sainte-Catherine Le Rideau-Ve1i Theatre Saint-Denis pres de Gilford
Ben's Restaurant Metcalfe et Burnside (Maisonneuve) Th~atre-Club Theatre Saint-Luc a l'ouest de Guy
Bodega Restaurant Avenue du Pare
 En garouine avec Pedro

Lundi, le 17 mai 20h30 Mardi, le premier juin 21h

\.:
\ a la soiree du vernissage Une Semaine dans la vie de camarades
Dominique Tremblay (Premiere partie)
de Jean Gagne et Serge Gagne
120 minutes, 16 mm, 1976
Film chronique d'un voyage enquete a travers le Quebec et la
Contre-culture. La Semaine de Ia Rencontre intemationale de la
Contre-culturetenue aMontreal, aIa Bibliotheque nationale, du 21
Mercredi, le 19 mai 21h au 26 avril 1975, sert de pre-texte aux allees et venues d'Edgar AZ
Plamondon questionnant sur la culture comme maniere de vivre et
Normand Perron et Liette Lomez production d'evenements createurs au fiI de rencontres comme
celles que !'on fait par hasard et par necessite.

Mercredi et jeudi, les 26 et 27 mai 21h

Stephen Faulkner

du lundi 31 mai au vendredi 4 juin 21h

l:INSPECTEUR

et ~~
~~(,V

presente

Mercredi, le 2 juin 21h

Cinema Une Semaine dans la vie de camarades
de la derniere chance (Deuxieme partie)
de Jean Gagne et Serge Gagne
UNE ANTI-HISTOIRE DE L'AMERIQUE - 4 120 minutes, 16 mm, 1976

lundi, le 31 mai 21h

En Garouine avec Philippe Gagnon

de Louis Hebert
25 minutes, 16 mm, 1974
Un film-reportage qui tente de cerner le chanteur folkloriste
musicien violonneux Philippe Gagnon qui veut musica!iser le
monde avec sa roulette specialement construite a cet effet. Sa
Garouine - c'est ainsi qu'il a surnomme sa maison-mobile - est
I'instrument de communication, J'outilautour duquel serencontrent
Jes cultures.

La Tete au neutre
de Jean Gagne
73 minutes, 16 mm, 1973
Film carnavalesquequi, en utilisant Jes dessins d~Windsor McKay,
propose un regard decapant sur la problematique amerindienne.
 En garouine avec Pedro

Jeudi, le 3 juin 21h Samedi, le 5 juin 21h

Un fou ra cree LE GROS CHIAR DES ZENGUEULEZ-VOUS

d 'Alain-Arthur Painchaud et Benoit Ranger Parole en fusion. Une soiree poesie musique pour Jes athletes
13 minutes, 16 mm, 1990 de l'ecoute animee par Alain-Arthur Painchaud et Pierrot le Fou
Une fiction clin d'oeil de solidarite cri de liberte folle. Leger avec Ia participation attendue de Andre Duchesne, Mara
Tremblay, Rejeanne Bujold, Claude Prefontaine, Gilbert Lange-
Jene suis pas un rocker, j'ecris vin, Denise Boucher, Michel Bujold, Janou Saint-Denis, Gaston
de Robert Desfonds Miron, Christiane Tremblay, Michel Plume Latraverse, Gaz
Moutarde, Gilles Groulx, Christine Germain, Rene Lussier, Patrice
8 minutes, 16 mm, 1988
Desbiens, Rocky, Claude Dubois, Carlos Labrosse, Paul Cham-
Avec Yves Boisvert, poete maudit sur les rues d'une ville suicide.
berland, Gaetan Tremblay, Lucien Francoeur, Denis Boucher le
Loup ardent et TOUSLESZOTRES.
A VOS risques et perils
de Jean Gagne
90 minutes, 16 mm, 1980
Chaque jour on passe 2 ou 3 heures devant sa television a se faire
dire que c'est ailleurs que <;a va mal... une lecture, une ecoute
differente, questionnante.

Vendredi, le 4 juin 21h

Splash
de Georges Leonard et Claude Laflamme
13 minutes, 16 mm, 1981
Un documentaire film d'art sur une musique du groupe Sonde:
avec des employes - complices d'une intervention illegale du
groupe Inter X Section - performeurs, sculpteurs, peintres.
Prix du jury au Festival International des Films sur !'Art, Montreal
1981.
Selectionne au 29ieme Festiual du Film, Sydney, Australie, 1982.
Selectionne au 36ieme Festival du Film, Cortina, Italie, 1983.

La Couleur encerclee
de Jean Gagne et Serge Gagne
100 minutes, 16 mm, 1985

Realise avec la participation de Pierre Pepin, Robert Myre,

Christiane Tremblay, Dominique Tremblay, COCAGNE, Real
Capuano, L'ATTACQ, Yves Leclerc, Denise Boucher, Robert
G. Girardin, Reynald Connolly, Cinema libre, Espace global,
Richard Brouillette, Jes photos de Errol Gagne, Vittorio, Guy
Beaupre, Christiane Tremblay et le service de reproduction

Du travail de la creation: des obstacles, de la censure, du com-

merce de l'art, des choix restreints par un conformisme insidieux.
Un film pour nous ra ppeler que Jes petites emotions sontles grands
capitaines de nos vie.
Prime a la qualite de la SGC, 1987.
Un jour la peinture de Van Gogh, armee defievre et de bonne sante,
reviendra jeter en !'air la poussiere d 'un monde en cage que son
coeur ne pouvait plus supporter. entre De5 PiM et Duluth 3822, boul. St-Laurent • 982,9435 Ouvelf le 5amedi