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Enjeux Et Philosophie de L'histoire WORD

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Dechambre Léa 2022-2023

Enjeux et philosophie de l'histoire

Introduction

Tout d'abord, il y a des ambiguïtés dans l'expression "philosophie de l'histoire". En effet, on peut
considérer l'histoire comme un système, ex. Histoire rationnelle (Hegel), matérialisme historique
(Marx), histoire structurale (Gueroult), etc… ou bien on peut la considérer comme un paradigme
avec des régimes de temporalité [origine, discontinuité, nouveauté].
On va alors parler d'historiographie plutôt que de philosophie de l'histoire. Il n'y a pas de
questionnement épistémologique. L'objectif est ici d'explorer les conceptions de l’histoire, les
pratiques et les manières de faire des historiens : comment ils interrogent le passé, avec quels outils
et pour en comprendre quoi.

L'historiographie inclut différentes éléments;

- la représentation et la vision, on peut parler de paradigmes (c'est-à-dire des modèles analytiques)


- les méthodes qui sont adaptées à certains sujets
- l'étude des discours de historiens
- la question de la réflexivité des historiens sur leurs propres discours
- les différences en fonction des périodes et les différences à l'intérieur des périodes. Il y a certains
courants historiographiques qui mènent à l'invisibilité de certains sujets à une période donnée
comme par exemple, l'histoire des femmes = objet invisible. Les conditions sociales jouent là-
dedans comme pour l'histoire des masses qui a pris du temps à se faire. L’objet est parfois trop
sensible à un certain moment de l’histoire, on attend quelques années avant d’écrire dessus
comme l’exemple de la collaboration.
Lorsqu’un sujet devient potentiellement historiographique, il faut savoir que la possibilité de s’en
saisir est différente selon le contexte d’écriture (parfois lié au contexte politique). Le
positionnement sociologique et social d’un historien influence la production de celui-ci, la
manière de traiter un sujet sera donc influencée par ces différents positionnements.

Il existe trois dimensions dans l'historiographie qui sont liées mais toutefois autonomes;

1. L'historiographie comme état de la production historique


On parle ici de l'état de l'art. On peut citer comme maîtres de l'histoire en Belgique; Léon
Vanderkindere (1842-1906), Henri Pirenne (1862-1935), Paul Bonenfant (1899-1965), Jean

1
Dechambre Léa 2022-2023

Stengers (1922-2002). Faire l'état historiographique pour d'une recherche c’est faire le point sur tous
les travaux traitant d’un sujet donné.

2. L'historiographie comme succession de courants et de méthodes (Histoire de l'histoire)


On se pose la question de comment a-été écrite l'histoire. Comment à travers le temps, les
différentes façons de saisir et écrire l’histoire ont évolué, c'est l'histoire de l’histoire.
En voici plusieurs exemples;
a) La nouvelle histoire présentée par Jacques Le Goff: Sur le plateau d'Apostrophes en 1979,
Jacques Le Goff explique les principes de la "Nouvelle histoire", courant historiographique dont
il est un des piliers, tout comme Emmanuel Le Roy-Ladurie et Georges Duby, eux aussi invités
de l'émission
b) La micro-histoire (ou microstoria1) présentée par Carlo Ginzburg: ici, le regard analytique [qui
est différent], le rapport aux sources, l’administration de la preuve, le combat contre le
mensonge font pleinement partie de l’"expérience historienne".
c) L'école méthodique (Monod, Seignobos, Langlois): s'oppose aux historiens catholiques. L'école
des Annales se développera contre cette école.

On a donc ici une conception générale avec un format chrono-méthodologique.

3. L'historiographie comme étude des pratiques historiennes


C'est la pratique et non plus le discours qui intéresse les historiens. Ce dernier se préoccupe de ce
que disent les historiens ["l’histoire du discours (…) que les hommes ont tenu sur le passé, sur leur
passé "(Carbonell) ; "l’examen des différents discours de la méthode historique et des différents
modes d’écriture de l’histoire" (Bourdé, Martin)]. Alors que la pratique se demande ce que font les
historiens et comment ils le font, on réfléchit sur les pratiques des historiens, il y a une idée de
réflexivité. C’est moins une analyse dans le temps des historiens mais plutôt comment ils pensent
l’histoire, l’écrivent à travers le temps. Avec parfois de l’auto-histoire, comment en tant qu’historien
on met en place certains discours.
On distingue toutefois;

- les pratiques situées: on fait ici attention à situer les discours et les pratiques des historiens dans
leurs sociétés, à rattacher leurs écrits à des contextes, à des luttes académiques, à des enjeux
politiques, à des mondes sociaux. On situe donc jusqu'à une certaine limite car ceci peut être
critiqué.

- les pratiques réglées: l'historien n'est pas libre de faire ce qu'il veut. L'histoire est réglée par une
discipline, une certaine déontologie, ex. canons propres à l'écriture historique.
Selon Foucault, tout ce qui a été dit à une époque, a été dit. Il faut penser tous les acteurs comme
possédant une grammaire dans la tête mais peut-on penser un discours hors de la grammaire?

1
propose aux historiens de délaisser l’étude des masses ou des classes pour s’intéresser aux individus. En suivant le fil
du destin particulier d’un individu, on éclaire les caractéristiques du monde qui l’entoure. Les microhistoriens italiens
prônent une réduction d’échelle, afin d’examiner les phénomènes à la loupe.
2
Dechambre Léa 2022-2023

Nicolas Offenstadt s'écrit dans cette nouvelle conception. Il réfléchit sur les pratiques des historiens,
sur leurs propres pensées. Cette historiographie remplace le récit historique traité de manière
chronologique par les questions que se posent les historiens

On peut également se poser la question méthodologique de l'anachronisme. Est-ce possible de ne


pas en avoir pendant l'écriture de l'histoire? ex. erreur matérielle dans Gladiator de Ridley Scott en
2000; le plan de la Cathédrale Notre Dame de Paris dans Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-
Huit (1961) → l'action du film se déroule à la fin du règne de Louis XIII (donc avant 1643) pourtant
on peut y voir la magnifique flèche de Viollet le duc....réalisée en 1860 ; dans La ligne verte de
Frank Darabont (1999), cette histoire d’exécution se déroule en Lousiane en 1935. Le seul petit
problème est que la peine capitale par chaise électrique n’était pas la méthode employée par cet Etat
à l’époque. Ils privilégiaient la pendaison.

3
Dechambre Léa 2022-2023

Les écoles historiques

- Texte I: Romantisme
- Texte II:Historiographie et politique en Belgique
- Texte III: Origines de la France
- Texte IV: Henri Pirenne, histoire de la Belgique e
- Texte V: Les Annales
- Texte VI: Bloch et Pirenne

Différentes notions sont utilisées comme synonymes pour parler de 'courants', 'école', 'traditions',
etc… Ceci est assez récent (XIXème siècle) et surtout très scolaire. Mais alors que se passe-t-il à
cette époque qui explique cela?
Tout d'abord, il y a une dimension scientifique. En effet, l'histoire se constitue comme une
discipline scientifique et il existe différents moyens de traiter l'histoire. On mobilise alors un
registre scolaire avec différentes écoles possibles dans un soucis d'organisation. Ici, on suit la
trajectoire scientifique et professionnalisante de l'histoire.
C'est donc pédagogique, il y a un réel intérêt descriptif. Une école historique donnée renvoie à un
contexte socio-politique, ex. le romantisme est lié à la révolution et à la création des Etats-nations.
Il y a également un rapport aux sources historiques, ex. dans le courant romantique, il y a une
importance la littérature populaire → les sources sont ajustées au projet historiographique de
l'époque, ex. la Nouvelle histoire est liée à l'exploitation de sources sérielles (surtout économiques).
A cela, on peut ajouter que chaque courant a son mode d'écritures
particuliers/typiques, ex. raconter l'histoire ou plutôt analytique.
Il a donc des spécificités à certaines périodes. Toutefois, cette idée de 'courant'
reste problématique. On tranche de manière radicale les différentes écoles
alors que souvent cela est faux, une personne peut s'inscrire dans deux écoles
différentes.
Un exemple : Guy
Cette méthode est donc intéressante pédagogiquement, quand regardée de loin Bourdé, Hervé Martin,
Les écoles historiques,
mais est fausse quand on l'analyse de plus près. Il faut toutefois admettre que
Paris, Seuil, Points,
cela permet d'ordonner une histoire historiographique avec chaque fois une 1997
école qui se forme contre une école antérieure2. Les écoles sont pour certains
aussi une manière de se lier malgré leurs différences.
Ne pas appartenir à une école ne signifie pas ne pas être membre d'un courant historiographique ou
d'échapper à des classifications historiques.
La notion d'école est donc à manier avec délicatesse car elle est susceptible d'avoir des enjeux
multiples.

Le XIXème et l'école romantique en France et en Belgique

2
d'ailleurs le nom des écoles est souvent donné par leurs adversaires
4
Dechambre Léa 2022-2023

Le XIXème siècle a été qualifié de 'siècle de l'histoire' car il a jeté les fondements de
l'historiographie (qui est alors très européocentré). En voici les caractéristiques:

- Il y a une tendance à allier la philosophie et l'histoire. Cela suppose de mobiliser des références
philosophiques mais on ne parle pas ici de philosophie de l'histoire. La philosophie donnerait
donc aux historiens des outils pour penser le mouvement de l’histoire Au début du XIXème
siècle, la philosophie est synonyme d'histoire, on ne parle pas encore d'histoire positiviste.

- Il y a une bataille pour l'érudition et une fièvre documentaire: on veut construire les outils d'une
bonne documentation historique. On voit alors la mise en place d'institutions par les Etats
européens pour la recherche historique et archivistique, ex. Ecole des chartes en France pour
soutenir les futurs archivistes.

- Va arriver l'idée que la démarche historique doit être conçue comme une science positive avec
par exemple, un certain référencement. Un des acteurs de cette Révolution scientifique est
Léopold Von Ranke (1795-1885), un historien prussien. On veut que l'histoire soit l'égale des
autres sciences.

- On veut développer une méthode historique de façon à rendre incontestable la reconstitution


historique (on assiste tout doucement à une séparation entre philosophie et histoire)

Au XIXème siècle se succèdent trois courants successifs;

1. Les romantiques: ils s'opposent à l'Empire de Napoléon3


2. Les libéraux: ils travaillent pendant la Restauration et la considère comme liberticide
3. Les démocrates: ils critiquent les libéraux et la Monarchie de Juillet

On voit bien que la politique et l'histoire se mêlent. L'histoire est politisée

L'historiographie romantique peut être étendue jusqu'en 1848 et a pour caractéristiques;

• des récits populaires et des légendes (on se passionne réellement pour cela), ex. frères Grimm,
sagas scandinaves.
• des romans historiques qui font vibrer toute la société, ex. Walter Scott, Victor Hugo.
• la mode des pastiches architecturaux qui reproduisent 'à la manière' du gothique ou du style
troubadour
• une animation pour de fortes projections du passé, on valorise ce qu'il y avait avant. Les
romantiques vont jusqu'à valoriser les minorités. Le but est de "redonner au peuple ses libertés
anciennes". Il y a un arrière plan politique lourd.

Tout cela est pensable "grâce" à l'événement de la Révolution française. En effet, on pense en
fonction de cet événement historique. Il est a noté que ces différents points traversent l'ensemble de
la société et pas seulement les historiens mais cela a un effet sur leur travail.

La période charnière pour eux est le Moyen-Âge avec l'idée de faire de cette période, la matrice de
la modernité. On considère que le Moyen-Âge est porteur de valeurs et de certaines libertés

3
1815-1830: la Restauration
1830-1848: Monarchie de Juillet
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municipales et est donc démonstrateur de ce que va devenir le monopole et le pouvoir de la


bourgeoisie qui mènera au mouvement révolutionnaire. Le Moyen-Âge est alors considéré comme
le début de notre modernité, il nous appartient mais en même temps il est très différent de nous.

Il y a également un goût pour l'exotisme et les contrastes temporels avec un un intérêt pour la
question de l’originalité, de l’altérité qui permet de construire l’autre et le même. Il y a la nécessité
de faire une histoire qui légitime les nations, ex. la race "germanique".

Il y a un moment d'élargissement, on veut romancer l'histoire, prenons pour exemple le roman


national avec pour grande figure Augustin Thierry (1795-1856) et son Récit de temps mérovingiens
(1833).
Chateaubriand4 ou encore Lamartine témoigne du mélange des genres. Avec eux, on est face à un
triangle entre politique-littérature-histoire.

Les noms importants de cette époque sont pour le courant romantique François Guizot5 (1787-
1874), pour le courant libéral (ou la politique de l'histoire) Adolphe Thiers (1797-1877) et pour le
courant démocratique (ou comment écrire une histoire républicaine) Alphonse de Lamartine (1790-
1869), Edgar Quinet (1803-1875) et Louis Blanc (1811-1882).
Alexis de Tocqueville et Jules Michelet6 sont deux figures inclassables.

Contre le romantisme, se formera l'école méthodique avec une l'idée de science positive.

Pour ce qui est de l'historiographie en Belgique, sous le régime autrichien on crée l'Académie
Impériale et Royale des Sciences et des Lettres7 en 1772 afin d'éveiller les vocations historiques.
Cette dernière organisait des concours sur des questions historiques.

L'historiographie belge peut se décliner en quatre étapes;

1. Le temps des précurseurs


Les personnes font alors preuve d'érudition historique à travers les différentes institutions
mises en place dont l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles
rétablie sous la période française (1789-1826) en 1816. Cette érudition se témoigne
au travers de concours mis en place par ces mêmes institutions.
On encourage donc l'intérêt pour la recherche historique grâce aux travaux d'académiciens
qui sont toutefois encore au stade d'amateur. Ils forment également une classe
d'histoire et de littérature ancienne en 1816. Parmi eux, on peut citer;
- Louis-Dieudonné-Joseph Dewez et son Histoire générale de la Belgique depuis la
Conquète de César, 7 vol., 1805-1807 ; Chanoine Ernst (Histoire du Limbourg)
- Le Baron Frédéric-Auguste-Ferdinand de Reiffenberg et ses Archives philologiques 8
(1825-1832)
- Jean-Joseph de Smet et son Histoire de la Belgique (jusqu’à Waterloo) (1821)

2. Le temps des archivistes


Des personnes commencent à prendre en charge ce travail historique en faisant attention aux
archives, on les appelle alors les archivistes. Parmi eux, le français Louis-Prosper Gachard

4
précurseur avec ses trois genres historiques: "philosophique", "descriptive", "générale"
5
aussi un libéral
6
idée de faire resurgir la totalité du passé dans toute son intensité, de romancer l'histoire
7
en concurrence avec les Bollandistes
8
première revue d'histoire en Belgique
6
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(1800-1885) qui travaille aux Archives du royaume. Il est le chef de files de


l'érudition historique au XIXème siècle en organisant des dépôts d'archives, des
réalisations d'inventaires, etc… (classement et exploitation du document)9.
Sous son influence, la Commission royale d'histoire fondée en 1834 met à jour les
chroniques inédites belges et élargit son travail vers les archives administratives et la
publication de pièces d'archives.

Cela aura pour bilan la publication de textes et la réalisation de travaux historiques


(notamment dans le domaine de l'histoire des institutions et du droit). De plus, le
format de la synthèse historique prend le relais des académiciens, parmi elles;
- H. G. P. Mocke, Histoire de la Belgique (1839)
- T. Juste propose une histoire populaire de la Belgique (1840)
- H. Conscience, Geschiedenis van België (1845)

3. Le temps des professeurs (à partir de 1874)


On assiste ici à une réflexion méthodique, on se pose la question de comment être un bon
historien? On développe alors une histoire scientifique avec des séminaires à
10
l'allemande , etc… Ainsi, l'histoire devient une discipline universitaire avec une réelle
professionnalisation de travail d'historien. Parmi ces nouveaux
historiens; Godefroid Kurth (Liège), Léon Vanderkindere (ULB)11, Paul Fredericq
(Gand/Liège), etc…

En Belgique, il y a une véritable connexion entre le politique et l'écriture de l'histoire. On se pose


des questions quant à l'intérêt de faire une histoire de la nation belge (cf. texte Hasquin).
En effet, l'historien et l'histoire belge suivent la politique du pays qui a un impact sur
l'historiographie. Par exemple, on retrouve dans les travaux de l'époque cette haine anti-français, la
questions des langues et des races, etc… au fur et à mesure que ces sujets étaient mis en avant sur la
scène politique.

Le XXème et l'école des Annales

L'école des Annales peut être divisée en trois périodes selon ces plus grands contributeurs;
1. Marc Bloch et Lucien Febvre
2. Fernand Braudel
3. Jacques Le Goff et La Nouvelle Histoire

Le terme 'd'Annales' est une qualification positive, au contraire du nom donné à 'l'école
méthodique'. Les Annales c'est avant tout une revue, qui s'est construite comme une machine de
guerre contre l'école méthodique.

9
ces archives sont liées au pouvoir (documentation) et à l'exercice du pouvoir
10
petit groupe d'étudiant qui réfléchissent ensemble avec le professeur.
11
il est l'un des premiers à l'ULB à mettre en place des séminaires de recherche. Ses élèves ont souvent pris part à la
révolution, la proclamation des sciences humaines
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On utilise les expressions de histoire méthodique, histoire positiviste, histoire scientiste mais tous
renvoie à des idées et des concepts différents;

- Histoire méthodique: la méthode est au coeur des écrits et du discours. Le but est de rendre
l'histoire méthodique et non plus subjective comme elle l'était auparavant.

- Histoire positiviste: cela renvoie au courant philosophique d'Auguste Lecomte mais l'école
méthodique refuse cette association. On utilise tout de même cette notion car on s'intéresse à des
faits historiques posés que l'on peut contrôler avec une documentation (mais pas pour autant
positiviste au sens philosophique).

- Histoire scientiste: on renvoie ici à une vision qui saisit la science comme basée sur des sciences
naturelles. Pourtant, l'école méthodique cherche à faire passer l'histoire du côté de la science mais
pas pour autant naturelle12.

→ il vaut donc mieux utiliser l'expression 'école méthodique'.

Cette école refuse l'association entre histoire et philosophie que les romantiques faisaient. Selon
eux, ce sont deux choses différentes avec des méthodes et des travaux différents. Être historien c'est
voir sa méthode à soi avec une discipline et une profession propre. Charles-Victor Langlois et
Charles Seignobos l'explicite dans leur ouvrage Introduction aux études historiques.

De plus, pour l'école méthodique le support de travail doit être le document (pas forcément
seulement écrit), c'est-à-dire des sources primaires. L'histoire est la connaissance via les traces du
passées, il n'y a plus d'histoire par la pensée.

On a également l'idée que les différentes opérations historiques sont importantes et qu'il faut les
définir. Il y a les opération analytiques (critiques externes et internes des documents) et synthétiques
(la construction historique elle-même, c'est-à-dire lier les évènements entre eux, combler les
lacunes, mettre en texte des données, etc…).

Finalement, ce travail de mise en forme historique peut être imaginé mais toujours de manière
controlée avec une analogie raisonnable, une certaine éthique de l'histoire comme l'explique
Seignobos dans son Histoire sincère de la nation française.

En plus de Langlois et Seignobos, on peut citer parmi les grands figures également Ernest Lavisse
et Gabriel Monod.

L'école méthodologique n'est pas incompatible avec la politique. Ces historiens sont présent au
moment de la fondation de la République française et l'on veut alors donner à cette 'nouvelle' nation
une histoire nationale mais cette fois-ci vérifiée13 au contraire de Guizot. On veut alors réconcilier
les deux-France et on écrit de plus en plus de manuel scolaire.
Ces historiens de l'école méthodiques se retrouvent aussi dans les institutions du pouvoir, ce sont
des acteurs politiques dont on peut citer les noms de Lavisse, Seignobos et Charléty par exemple.

12
l'école des Annales rencontrera les mêmes problèmes face à la physique et à ses progrès
13
"mémoire nationale vérifiée" pour reprendre les termes de P. Nora.
8
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Toutefois, ce projet scientifique va être contesté et cette critique sera théorisée par François Simiand
sous le nom des "Trois idoles"; politique, individuelle et chronologique.

- politique: on reproche à l'école méthodique d'avoir pris comme moteur de l'histoire la décision
politique, ex. le roi a pris telle ordonnance. Ils se basent sur des sources politique et l'opposition
va alors se faire autour de l'histoire économique.

- individuelle: l'histoire est individualisée et non pas collective (idée de groupe).

- chronologique: c'est une histoire très scolaire avec une chronologie déterminée a priori où l'on a
plus qu'à insérer des événements.

On reproche également à l'école méthodique son côté politisé où l'on cherche a donné une histoire à
la République. Febvre dira à ce propos: "une histoire qui sert est une histoire serve".

Les détracteurs s'oppose aussi au culte du document où l'on part du principe que "c'est vrai car c'est
dans le document". Pour les critiques, cela est faux et il s'agit d'une construction plus subtile que
cela; le fait historique doit être élaborée.

L'école des Annales est née avec pour arrière plan disciplinaire les débats historiographiques
allemands aux alentours de 1890 avec Karl Lamprecht et Rank qui n'était pas d'accord sur le
comparatisme et sur le primat de l'individu en histoire. On porte ici son attention sur la culture qui
aurait un sens différent selon les cultures.

A cela s'ajoute l'émergence de la sociologie comme celle de Lecomte mais aussi celle de
Durkheim14 qui s'oppose à Tarde et Leplay. C'est d'ailleurs Durkheim qui influence le débat entre
Seignobos et Simiand entre 1901 et 1908 sur le régulier plutôt que le contingent, le collectif plutôt
que l'individuel et le comparatif plutôt que le monographique.

Il y a également un arrière plan politique avec la fin de la Grande guerre. En effet, il y a un lien
entre l'expérience traumatique de la guerre et la pratique historienne. Cette expérience de
psychologie collective aura un impact sur l'écriture de l'histoire et les historiens se poseront la
question de leur responsabilité face aux disparus.

De plus, on assiste à ce moment là à une crise de la raison, il y a un embrasement de la physique


avec la relativité et le quantique. D'après Einstein, il n'y a pas de chronologie unique qui se relie
physiquement, on ne peut donc pas aligner les personnes sur le même temps, il n'y a pas de
chronologie universelle. Alors si le temps n'existe pas, qu'est-ce que le temps historique? Il y a un
changement d'atmosphère mentale où les formes de déterminismes n'ont plus de sens également.

Il y a des mutations du métiers d'historiens avec différentes crises; la contestation par la géographie,
la sociologie ou encore le psychologique, la contraction du marché universitaire et de l'éditons
historiques, etc…

→ c'est donc dans ce contexte que se forme l'école des Annales avec une revue qui fait suite à de
nombreux débats. Henri Berr est à l'initiative de la revue avec la Revue de synthèse historique qui
existe depuis 1900 et qui deviendra la Revue de synthèse. Berr développe également une collection
14
et son projet de L'Année sociologique
9
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intitulée Evolution de l'Humanité, centre international de recherche. Il rassemble alors un tas


d'historiens pour contribuer à ce travail.

La ville de Strasbourg devient à cette époque un lieu de réponse aux ambitions allemandes de
l'entre-deux guerre et on "francise" alors au maximum l'endroit. C'est alors un lieu de culture avec
de nombreux intellectuels de différentes disciplines tels que Bras, Halbwachs, Piganiol, Bloch,
Febvre, Blondel, etc.. Et c'est la confrontation de ces différentes influences qui mène à la création
des Annales d'histoire économique et sociale en 1929.

C'est une revue de combat car elle assume son goût pour la polémique historiographique et sa
critique de l'institutions historiques;

• Le goût pour la polémique historiographique : marque de fabrique que les deux hommes (Bloch
et Febvre) impriment très tôt à la revue, et qui va délimiter le fameux "esprit des Annales". Ils
signent, l’un et l’autre, énormément de comptes-rendus (Marc Bloch en a parfois publié 200 en
une seule année). Et c’est via ces comptes-rendus, davantage encore que via les articles publiés
dans la revue, que la ligne intellectuelle se fixe. Les critiques sont franches, souvent sévères.

• La critique de l’institution historique : M. Bloch, L. Febvre et leurs successeurs manifestent un


goût, plus général, pour la critique des institutions universitaires, qu’il s’agisse d’attaquer l’École
des chartes, le concours de l’Agrégation, ou encore le Congrès des sciences historiques. Le
recrutement des contributeurs sort régulièrement et délibérément du milieu universitaire (en
confiant des articles à des individus n’appartenant pas au monde savant, experts de toutes sortes,
banquiers, etc.) et s’emploie parallèlement à intégrer des scientifiques étrangers.

L'école des Annales refuse l'histoire bataille et privilégie l'histoire-problème avec des questions de
recherches. On refuse alors la narration, le providentialisme et l'idéologie.

On rejette également l'histoire politique et événementielle mais toutefois avec un fort encrage dans
le présent. L’historien doit s’inspirer, aux yeux des Annales, des problèmes posés par le présent, et
une partie importante des publications des Annales est consacrée à des thématiques d’histoire
contemporaine, voire d’histoire du temps présent. Néanmoins, le refus de l’histoire politique
engendre une forme de cécité des historiens des Annales à l’égard de l’URSS ou du fascisme, mal
compris dans les années 1930.

Finalement, on veut promouvoir un nouveau territoire documentaire. Dans la perspective de l’école


des Annales, l’historien ne peut se contenter des sources écrites mais doit inclure des séries
statistiques, plans, parcellaires, monnaies, etc.

Cela va mener à des nouveaux travaux, ex. Braudel et son ouvrage La Méditerranée qui permet à un
espace de devenir le 'héros' d'un récit historique.

Henri Pirenne (1862-1935)15 est l'un des inspirateurs de Bloch.

15
L'œuvre d'Henri Pirenne qui lui procura, bien au delà du monde des historiens, la grande notoriété fut l’HISTOIRE
DE LA BELGIQUE. Elle comporte sept volumes parus à Bruxelles, dont le premier vit le jour en 1900, le dernier en
1932. L'idée venait de Lamprecht. A l' Historikertag allemand de Leipzig en 1894, c'est lui qui engagea Pirenne à écrire
une histoire de son pays pour la Geschichte der europäischen Staaten dite de Heeren-Uckert, qu'il dirigeait. Pirenne
hésita, puis accepta
10
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- L histoire de la Belgique. Il rédige, dans le cadre de la collection l’Histoire des États européens
de Lamprecht, une Histoire de Belgique, en 7 tomes. Il y poursuit l’objectif de montrer que la
Belgique n’est pas une création artificielle, ex nihilo, mais le résultat d’un long processus de
définition depuis le Moyen Âge. L’ouvrage va rencontrer un succès éditorial et faire d’Henri
Pirenne, en Belgique, l’équivalent de Jules Michelet en France.

- L’histoire des villes. Pirenne explore et assoit l’idée que le rôle des villes a constitué un des
ciments de l’unité du pays. Il réalise, pour cela, différentes études de cas; 1889. Histoire de la
constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge; 1893. L origine des constitutions urbaines; etc.
Pour Pirenne, les facteurs économiques ont joué un rôle déterminant dans la naissance des villes.
La Belgique est une terre de villes médiévales. Topographiquement, Gand, Bruges, Bruxelles,
Louvain, Liège sont au confluent de deux rivières ou au croisement de deux routes. Mais, dans
son analyse du fait urbain en Belgique, Pirenne rompt avec la doxa, les grandes villes ne dérivent
pas de petits marchés ruraux, mais de grands courants économiques. C’est dans le prolongement
de cet intérêt, qu’il faut situer les travaux d’H.P. sur l’histoire de l’industrie drapière. Henri
Pirenne est le fils d’un industriel, qui a réalisé la plus grande partie de sa carrière à Gand, la cité
textile belge par excellence.

- Le passage de l’Antiquité au Moyen Âge. L’édition post-mortem, en 1937, à l’initiative de sa


veuve, de Mahomet et Charlemagne, constitue un événement scientifique majeur. Pour Pirenne,
l’Islam est une clef majeure d’explication de la bascule de l’Antiquité vers le Moyen Âge. Sa
thèse est que l’invasion germanique n’a pas mis fin à la civilisation antique. Wisigoths, Vandales,
Burgondes, Ostrogoths, étaient trop peu nombreux. Ils vont rester disséminés au milieu de
populations romanisées. Ils ont repris et déformé la civilisation romaine, mais n’on pas imposé
leur civilisation.C’est l’invasion arabe qui a changé la donne, faisant de la Méditerranée une mer
musulmane, brisant les flux économiques d’une rive à l’autre, et engendrant un déplacement du
centre de la civilisation vers le nord-ouest de l’Europe, avec la naissance d’une nouvelle culture,
moins avancée, et une économie principalement rurale.

En 1931, Pirenne écrit La Tâche de l'historien où il synthétise sa méthode comme suit;

1. Une histoire interdisciplinaire: l’histoire est apparentée à la sociologie et la psychologie mais,


en même temps, s’en distingue nettement.
2. La commune humanité: idée d’une unité de l’humanité, d’une continuité de la nature humaine,
unité et continuité qui seules rendent l’exercice historique possible
3. L'horizon de la synthèse: trace la perspective, pour tout historien de l’histoire universelle, qu’il
considère comme un horizon impératif, à la différence de la spécialisation thématique, qu’il ne
considère que comme une regrettable nécessité
4. La nécessité d'une histoire comparée

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Débats historiographiques: la vérité → cf. synthèse sur le groupe Messenger


- Texte VII: Anachronisme
- Texte VIII: Vérité

Bruno Latour a parlé du paradoxe du "diagnostic rétrospectif" qui exprime la difficulté de montrer
historiquement quelque chose.

EX: Ramsès II serait mort de la tuberculose alors que celle-ci n'a été découverte qu'en 1882. La
question es de savoir si cela a du sens de mettre en relation ces deux découvertes. Serait-ce une
analyse anachronique? Faut-il analyser Ramsès II dans les termes de son époque où la tuberculose
n'existait pas comme notion?
Mais alors, quand commence l'histoire de la tuberculose? Il y a 3000, était-ce une forme différence
de tuberculose?

D'un point de vue strictement historique, on ne peut pas dire que Ramsès II est mort de la
tuberculose. l'Histoire n’est que le moment de découverte de choses qui existaient mais qui étaient
cachées. Mais cette vision n’est pas satisfaisante car elle présuppose que le virus de 1882 et celui
l’antérieur sont les même. On est ici face à un problème de dénomination (version extrême
d’anachronisme). Il s'agit d'une prise de position contre l'histoire découverte.

Film L'image manquante de Rithy Panh:


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En utilisant des figurines d’argile et des images d’archives, R. Panh témoigne des atrocités
commises par les Khmers Rouges au Cambodge entre 1975 et 1979. On a pas d'images pour cet
évènement, il est même basé sur l'absence totale de matière historique, alors est-ce un film
historique? Est-ce que cela a du sens?

Auparavant, on voulait faire émerger le 'vrai' passé (= le passé pour vrai) en reconstituant
intégralement le passé, en faisant une différence historique via la lutte contre les contes et les
légendes.
Aujourd'hui, on assiste à une perspective déflationniste de la vérité historique. Autrement dit, une
intention véritive de l'historien;
"l'histoire comme narration qui se fonde sur une recherche menée selon un ensemble de méthodes
critiques et scientifiques, et qui s’efforce de s’approcher de la vérité de ce qui s‘est passé, sans
interposer dans ses récits les inventions fantastiques qui caractérisent la littérature de fiction". "Le
présupposé du travail historique est que tant le chercheur que le lecteur croient que ce travail est
mené par une intention véritative, même s’il s’agit d’une vérité provisoire, partielle, non absolue ou
définitive" (E. Castelli Gattinara).

L'historien n'est pas dans une connexion intime avec son sujet mais va plutôt vers la fiction
juridique, c'est-à-dire que ce n'est pas exactement la vérité mais qu'on en tire des conséquences
comme si, ex. l'adoption.

1. La vérité comme fiabilité et témoignage de sens

Il existe différents régimes de vérité. Le premier est lié à la fiabilité et au témoignage des sens,
c'est-à-dire qu'il y a un contact direct abbé les événements ou via les indices.
On peut prendre pour exemple le diptyque Blitz (2010) de Connie Willis où des historiens de
Oxford en 2060 retournent en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale.

Black out de Connie Willis et L'homme qui mit fin à l'histoire16 de Ken Liu sont deux livres basés
sur un réécriture de l'histoire avec un accès sensoriel au passé. Le but est d'être au plus proche mais
cela efface aussi les évènements du passé.

2. La vérité comme authenticité des sources (authenticité-pouvoir vs authenticité-sources)

Ceci renvoie au sens classique de la vérité et l'authenticité se trouve par les sources.

"De tous les poisons capables de vicier un témoignage, le plus virulent est l’imposture. Celle-ci, à
son tour, peut prendre deux formes. C’est d’abord la tromperie sur l ’auteur et la date, le faux au sens
juridique du mot. Toutes les lettres publiées sous la signature de Marie-Antoinette n’ont pas été
écrites par elle, il s’en trouve qui ont été fabriquées au XIXe siècle. Vendue au Louvre comme
antiquité scitho-grecque du IIIème siècle avant notre ère, la tiare dite de Saïtaphernès avait été
ciselée en 1895 à Odessa. Vient ensuite la tromperie sur le fond. César, dans ses Commentaires,

16
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et
unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l'observateur
d'interférer avec l'objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de
l'histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d'État.
Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l'Unité 731 se livra à l'expérimentation
humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près
d'un demi-million de personnes… L'Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous
silence par les forces d'occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention
révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l'Histoire.
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dont la paternité ne saurait lui être contestée, a sciemment beaucoup déformé, beaucoup omis. La
statue qu’on montre à Saint-Denis comme représentant Philippe le Hardi est bien la figure funéraire
de ce roi, telle qu’elle fut exécutée après sa mort mais tout indique que le sculpteur se borna à
reproduire un modèle de convention, qui n’a d’un portrait que le nom" Marc Bloch, "A la poursuite
du mensonge et de l’erreur", Le chapitre III, 2 de Apologie pour l histoire ou métier d historien
(1949).

Au Moyen-Âge, un document authentique était un document certifié par une autorité. Ainsi,
l'histoire pouvait être composée de documents faux historiquement mais authentifiées par les
autorités grâce à la présence d'un seau. (Notes)
La question du faux ne se pose pas de la même façon à l'époque mais cette version va être contestée
aux XVIème et XVIIème siècle et l'authenticité se base alors sur le fait que les sources sont sûres de
leur datation, ex. fausse donation de Constantin par Lorenzo Valla.

On passe donc d'un mode d'autorité vertical à un mode d'autorité horizontal. On assiste alors à une
ouvertures de sources potentielles pour l'historien, surtout avec la fin de l'école positiviste. (Notes)

Peut-on faire une histoire à partir d'un document unique ou faut-il quelque chose de sériel. Pour
certain courants historiographiques c'est bien le cas et surtout pour la micro-histoire.

Questions des archives perdues + notes

3. La vérité comme objectif de la recherche scientifique: l'administration de preuve

L'histoire est ici considérée comme une science, les faits parlent tout seuls. En effet, il suffit de les
établir avec rigueur. L'histoire est considérée comme une vérité que tous peuvent et doivent
reconnaître objectivement.

L'histoire sociale quantitative devient alors un nouveau laboratoire de l'histoire et la question


centrale est celle de la conservation documents (leur qualité, la classification et leur accessibilité).

Parmi cette historiographie, on retrouve la micro-histoire qui implique l'individu dans l'histoire. En
effet, il s'agit d'un retour de l'acteur dans son quotidien avec un changement d'échelles; c'est une
autre façon de voir les choses et non pas un zoom.
Il y a ici une exigence de la preuve, on se 'bat' contre les formâmes narratives de l'histoire.

4. La vérité comme compréhension des actions et des valeurs d'une époque

Le but ici est de trouver le sens des actions des acteurs, au nom de quelle valeur agissent-ils?
Cela se produit dans un contexte de basculement de la plupart des sciences humaines. On introduit
de nouveau une forme de subjectivité mais on se demande si celle-ci n'est pas une forme
d'anachronisme?

L'anachronisme, considéré comme un péché par Marc Bloch, recoupe plusieurs choses;

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- L'anachronisme documentaire: est basé sur le fait qu'un document utilisé est faux, par faux on
entend construit postérieurement. Le problème est la source elle-même, elle est synonyme de
faux-historique et l'une de ses formes est l'anachronisme.

- L'anachronisme au coeur de l'analyse: on parle ici de contamination avion du document par des
hypothèses extérieures à celui-ci, c'est-à-dire des biais de lecture de la source. Il y a une
obsession des historiens positivistes d'être au plus près de la vérité interne de la source et donc de
faire des projections contemporaines dessus. C'est ce qu'on appelle l'historicisme absolu.

- L'anachronisme pour rechercher dans le passé des signes avant coureurs du présent: Nicole
Loraux dans Eloge de l'anachronisme en histoire parle du fait que chercher dans notre présent
des éléments du passé est un problème d'inactualité, c'est-à-dire un passé qui ne passe jamais
complètement.
L'enjeux ici est la coupure entre le passé fixe qui serait exhumé et un présent à partir duquel on
saisit le passé. Le problème de l'anachronisme vient du fait de l'inséparabilité du présent et du passé
car ces deux temps se chevauchent

Sur le concept d'Histoire de Walter Benjamin et Devant le temps de George Didi-Huberman sont
deux réflexion sur l'histoire et l'anachronisme. Le passé et le présent auraient différents rapports de
successivité. Ces travaux pensent que le passé est contemporain du présent, qu'il se constitue en
même temps. A chaque présent de l'histoire, une question différente se poserait et on redécoupe le
passé alors en fonction, ex. Histoire des femmes, de l'environnement et la compréhension de
l'histoire vient rétrospectivement, ex. cure psychanalytique.
Pour certains historiens, l'anachronisme est bénéfique pour l'histoire et il faut savoir en jouer de
manière productive. Quand bien utilisé, l'anachronisme passe de péché à producteur d'une meilleure
compréhension historique.

5. Des archives au tribunal: historiens et faussaires

Toutefois, l'anachronisme peut également être problématique et même contraire à la loi. C'est le cas
du négationniste qui est une épreuve pour la vérité historique. Auparavant on parlait de
'révisionnisme' mais on a laissé tomber car il s'agissait d'un élément de base de la recherche
historique or ici, on parle de négation des faits.

On peut découper l'histoire du négationnisme en trois phases;

1. Période l'après deuxième guerre mondiale: un ensemble de phases vont conduire à un


élargissement de son audience. Avant, seulement un petit groupe d'auteurs néo-fascistes ou anti-
stalinien de gauche reniait la Shoah. C'était une lecture à la fois de droite et de gauche mais par
un petit groupe.

2. Années septante: des travaux émergent par des anti-sionistes d'extrême gauche et d'extrême
droite et pas seulement en France (phénomène mondial, surtout aux Etats-Unis). Une des
figures est Robert Faurisson, un historien réputé. C'est à cette époque qu'à lieu le premier
procès.
3. 1990-2000: on assiste à une accélération du processus et des débats sur le devoir de mémoire
car les acteurs meurent petit à petit. A cette époque émerge les premières loi contre le
négationniste (1995 en Belgique), ce qui permet de freiner la chose mais aussi de l'objectiver. $

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Depuis le début du XXIème siècle, la question du négationniste s'élargit à d'autres choses que le
crime nazi mais reste toutefois cantonnée à quelques crimes de masse.

Finalement, il y a très peu d'auteurs négationnistes mais on instrumentalise le passé avec la même
stratégie, c'est-à-dire en récusant en bloc la totalité des témoignages et des documents en disant
qu'ils sont faux; c'est une impossibilité technique d'après eux.
Leurs propos sont faux au sens aurique et condamnable mais cela pose aussi la question de la place
du juge en histoire.

Enjeux historiographiques: la comparaison → cf. Synthèse Camille


- Texte IX: Comparaison
- Texte IX: Histoire sociale et comparative
- Texte X: Histoire comparée
La question de la comparaison est connectée à d'autres questions plus larges.
1. La tyrannie du national
La comparaison cherche à sortir de cette tyrannie car l'obsession national entrainerait des biais sur
la façon d'écrire l'histoire. En effet, on a utilisé l'histoire au service de la nation afin de renforcer sa
légitimité et sa présence, ex. roman national.
Cette question n'est pas simplement une question du XIXème siècle et aujourd'hui vient surtout la
question de la tyrannie occidentale et du piège de l'ethnocentrisme. L'occident a ordonné l'histoire
autour de lui. Ceci a été dénoncé par Jack Goody, il explique que l'histoire est écrite du point de vue
de l'occident et ce, même pour les autres parties du monde dont l'histoire est écrite sous l'angle de
l'occident. Quelque soit le sujet, l'Europe se place au centre.
Un réponse à cela a été l'histoire croisée ou l'histoire globale. Pour lutter contre cette
européanisation de l'histoire, on tente de redonner une dignité à l'histoire des autres endroits du
monde via une histoire déconnectée de l'Europe. Cependant, ceci n'est pas le but de Goody qui
pense plutôt à une histoire globale avec différentes articulations entre les espaces;
"J’entends par là une manière de conceptualiser et de présenter le passé où l’on part des événements
qui se sont produits à l’échelle provinciale de l’Europe – occidentale, le plus souvent – pour les
imposer au reste du monde". Revenant sur les divers mécanismes de confiscation de l’histoire, Jack
Goody propose de développer une approche anthropologique qui permet d’aborder la question du
développement des sociétés comme "un phénomène d’interaction et d’évolution au sens social
plutôt que comme une succession idéologiquement déterminée d’événements purement européens".

Pour illustrer cet ethnocentrisme et cette distorsion historique, on peut prendre pour exemple la
cartographie et la différence qu'il existe entre la protection de Mercador et la projection de Gall
Peters où les continents sont remis à leur juste taille.

16
Dechambre Léa 2022-2023

→ SLIDE 6

Une autre réponse à cet ethnocentrisme est le livre de Romain Bertrand L'histoire à parts égales.
2. Du comparatisme en histoire au modèle circulatoire
Pour contrebalancer cette "tyrannie du national", la technique de la comparaison s'est mise en place.
Le but est de répondre à certains biais historiographiques et historiques.
La comparaison en tant que norme institutionnalisée est assez tardif et ne se développe qu'à partir
du XXème siècle. Parmi les figures de ce courant on peut citer;

- Henri Pirenne et son ouvrage De la méthode comparative en histoire


- Marc Bloch avec Pour une histoire comparée des sociétés européenne
- La thèse allemande du Sonderweg, dans les années 60-70 mais il s'agit d'une lecture plus radicale
où la comparaison se retrouve au service de la confirmation d'une identité allemande, c'est donc
l'effet inverse du but premier.
La comparaison peut être de longue portée ou pas du tout. L'histoire économique d'après la
deuxième guerre mondiale va utiliser et valoriser cette méthode. Cette question constitue les jalons
d'une histoire universelle ou est utilisée comme un élément heuristique (pour vérifier certaines
thèses soutenues dans l'idée de les testées expérimentalement et critiquer les pratiques historiennes).
Le problème est qu'il est compliqué de comparer car il faudrait que les choses soient plus ou moins
distinctes ce qui implique une régidification des objets traités, c'est-à-dire qu'on durcit les
spécificités.

Contre les biais nationaux et ethno centraux, une histoire comparative est apparue avec des outils
particuliers. Le but est alors de voir l'histoire dans son rapport aux autres. L'identité nationale se fait
alors dans les interactions avec les autres, dans ses rapports sociaux.
Cette historiographie date surtout du XIXème siècle17 mis existait déjà durant l'Antiquité mais de
manière moins réflexives.

Progressivement, la comparaison est vue comme décevante de par l'addition de monographies sans
articulations et d'une structure de travail avec des difficultés qui lui sont propres, à savoir;

• Que va t-on comparer: il faut comparer des choses qui peuvent l'être, c'est-à-dire souvent avec un
point commun. Toutefois, on peut rencontrer des faux amis, par exemple un nom peut paraître
comme un point commun mais en réalité il s'agit de deux choses très différentes.

• L'impressionna que ce n'est pas possible alors qu'il s'agit un réalité d'une méconnaissance sur le
sujet. Les choses ne sont pas spontanément comparatives, il y a besoin d'un travail historique en
amont.

17
Henri Pirenne, « De la méthode comparative en histoire » (Ve Congrès international des sciences historiques, 1923)
ou encore -Marc Bloch, « Pour une histoire comparée des sociétés européennes », Revue de synthèse historique, 1928.
17
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• La comparaison est voulue afin d'échapper aux biais vu précédemment (nationalisme et


ethnocentrisme) mais pour cela, il faut durcir les spécificités pour les rendre comparables, ce qui
finalement renforce les biais.
Il y a également des problèmes pratiques;

• parler la langue du sujet

• maitriser les historiographies

• etc…
La réponse historiographique aux problèmes vu ci-dessus a été de dépasser la vision comparer et de
chercher à sortir de ces difficultés. S'est alors construite l'idée de transferts entre les différents
éléments de la comparaison, selon un certain prisme du pays qui importe (output-input). C'est une
alternative à la comparaison en bloc, ex. Michel Espagne, Les transferts culturels franco-allemands,
PUF, Paris, 1999; Michael Werner, Bénédicte Zimmermann (dir.), De la comparaison à l'histoire
croisée, Seuil 2004; Antoine Vauchez , « Le prisme circulatoire. Retour sur un leitmotiv
académique », Critique internationale, 2013/2 (N° 59), p. 9-16.
Toutefois, cela reste assez binaire (de A à B) donc on va ouvrir encore plus avec une idée de
circulation dans tout les sens, via un prisme circulatoire, ex. les idées réformatrices via la circulation
des gens dans le monde.

3. Histoire globale, histoire mondiale?


Une autre stratégie pour aller au delà des biais vus précédemment est l'histoire globale/mondiale ou
encore, connectée.
Ce courant naît vers 1963 avec un ouvrage fondateur, celui de William Mc Neil, The Rise of the
West. A history of the Human Community. Le but est alors d'examiner des circulations mais avec un
changement d'échelle, c'est-à-dire un niveau plutôt macro.
Attention toutefois, le but n'est pas de faire une histoire universelle, au contraire, on veut échapper à
une histoire qui ferait de l'Asie, de l'Afrique, etc… des témoins muets de l'histoire européenne. On
veut plutôt leur redonner une parole historique.

Il y a une oscillation entre entre world et global. Par exemple, dans l’historiographie de langue
anglaise, le "global" met l’accent sur les phénomènes d’interdépendance accrue, sur les processus
d’intégration à l’échelle planétaire, et le 'mondial' peut être seulement un synonyme d’international
ou de transnational. La nuance entre les deux notions est fréquemment négligeable, parfois plus
affirmée, ex. : le Journal of World History (1990) se présente comme "une nouvelle tribunal pour
l’histoire globale".

On constate que le "global" se penche souvent sur le contemporain en s’interrogeant sur les origines
des processus d’expansion du capitalisme ou de généralisation de l’État-nation alors que le
"mondial/world" fréquente surtout l’histoire antique et moderne.

Dans tous les cas, l’accent sur le mondial et le global est une façon;

- de dépasser les compartiments nationaux dans la recherche historique, de redonner une visibilité
à tous les phénomènes d’interrelations et de connexions, ne plus traiter les frontières comme
imperméables.
18
Dechambre Léa 2022-2023

- d'éviter d’écrire une histoire du monde seulement du point de vue de l’Occident.


En bref, l'histoire du monde ne saurait être réduite à "l’ascension de l’Ouest et de l’occidentalisation
du reste", Jack Goody, Le vol de l’histoire (2010), Gallimard, 2015. On assiste ici à une conversion
du regard.

Voici des exemples de décentrements extra-européens des chronologies et des questions;

- Contre les philosophies de l’histoire et la Supériorité occidentale : Kant, Hegel, Renan


- Un prolongement critique de l’histoire générale des "civilisations" ? (O. Spengler, A. Toynbee
- "Provincialiser l’Europe" ? (Dipesh Chakrabarty)
- Réinterroger la généralisation de la domination occidentale . Le cas de la technologie militaire.

Encore dans cette logique, on retrouve l'histoire connectée. L'objectif ici est de rendre leurs droits à
des sociétés oubliées. C'est une démarche micro-historique qui se veut respectueuse des deux
sociétés étudiées sans tomber dans l'asymétrie comme c'était le cas auparavant, ex. Romain
Bertrand, L'histoire à parts égales.

19
Dechambre Léa 2022-2023

Documentaire historique

- Texte XI: Documentaire


- Texte XII: Genre documentaire
- Texte XIII: Histoire et image
Le documentaire historique a un but la vulgarisation pour un public plus important

Samuel Tilman est docteur en histoire, créateur de la maison de production Éclectique18. Sa rigueur
scientifique en histoire l'a aidé à écrire des scénarios. Il est également metteur en scène au théâtre.
Son métier, il l'a appris en autodidacte.
Daniel Cattier est, quant à lui, réalisateur de documentaire, ex. Les routes de l'esclavage. Il est
historien et politologue de formation, spécialisé dans l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud
Est. termine actuellement une maitrise en science de la communication.
Son intérêt pour le documentaire/film arrive très tôt mais il sait que cela nécessite une formation et
grâce à Samuel, il met le pied à l'étrier (bien qu'il avait déjà fait de la narration visuel auparavant).

A propos de la question du diffuseur. Les projets viennent souvent de commande de chaine


télévisée comme Arte ou France Télévision. Donc, ce qu'on voit à l'écran est le fruit d'une tension
entre producteur/réalisateur et diffuseur (qui ne savent pas toujours ce qu'ils veulent, ex. un film
pour un centenaire mais sans savoir quoi exactement). Les tensions peuvent être liées à un diffuseur
trop intrusif, du fait que le réalisateur est de plus en plus tributaire de personnes qualifiées pour
autre chose, à savoir faire de l'audience! Ce sont des personnes diplômées en sciences politiques, en
communication, etc…
Pour éviter ces tensions, on fait au préalable un contrat avec le diffuseur mais cela ne fonctionne pas
toujours
Les producteurs sont des interfaces entre auteurs et diffuseurs, ils cherchent le financement. Celui
qui a un pouvoir important, c'est-à-dire celui qui tient la bourse décide de ce qui se fait et ce qui ne
se fait pas. Le producteur a donc moins de liberté d'aller en opposition avec le diffuseur.
Un documentaire est aussi le fruit de son époque. Il y a une subjectivité de l'auteur et une
subjectivité de l'état des connaissances sur période de création, sur la période "étudiée", ex. le film
18
= boite de production dont premier film sur base des archives du Congo belge qui s'abimait au musée de Tervuren
(début 2000')
20
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Kongo a été fait il y a plus de 10 ans par homme blanc avec des archives, et ces mêmes archives
utilisées par un congolais d'aujourd'hui donneraient un tout autre film.
Kongo n'est pas une commande, on cherche ici une autre façon de raconter l'histoire, celle de la
présence étrangère au Congo. Le projet fut proposé à la RTBF pour les 50 ans de l'indépendance. La
télévision est friande des anniversaires.

Pour faire un film avec des archives, on a besoin de documentalistes qui sont alors le premiers
filtres. Leur travail est d'aller chercher des documents (textes scientifiques19, archives visuelles ou
sonores20) et d'aller dans des banques de données, cela dépend tout de même du budget parce que
l'achat des droits peut coûter cher, on négocie alors les prix.
Pour ce qui est de la sélection des informations et de comment les choisir, ceci est très subjectif.
Cela se fait en fonction de ce qui touche l'auteur, des négociations avec le diffuseur, de la question
de savoir si cel soutient l'argumentation, du coût de la documentation ou de l'animation, etc… Il
faut conserver le côté historique et être sûr que ça plaira au public.

Black heart, white man est un condensé des trois épisodes de Kongo en 1h30. Le teaser du début
pose des vraies questions, comme lorsqu'on introduit un mémoire. On donne les questions
auxquelles le film va répondre. L'objectif ici est d' accrocher le spectateur.
Le choux des images est fort avec l'humiliation de Lumumba, le rapport blanc/noir. Les images
permettent de poser des questions que la voix off ne dit pas.
Il est important de noter que pour ces réalisateurs, leur métier est tout sauf de la voix off, car il
s'adresse ce qui parle à la subjectivité du spectateur21. On veut créer de l'émotion de par le choix
narratif. Ici cela se fait sur base d'archives, de films de propagande que l'on veut se réapproprier
sans reproduire les stigmates de l'époque etc… mais il y a toujours des failles, et on pourra
reprocher des choses dans 15 ans)
Qu'est ce qu'on peut et ne peut on pas montrer? Rôle de l'animation? En Afrique, le rapport à la
mort est différent. Ce que l'on montrer, parle de l'auteur, plus que du diffuseur. Pour eux [les
réalisateurs], il est important de faire du hors champs, car imaginer la violence est plus fort que de
la montrer frontalement.
Le documentaire historique perd-t-il de la crédibilité de par son animation? Pour répondre à cette
question, il faut prendre en compte le contexte et l'époque de réalisation, ici, c'était il y a 10 et on
était au début de ce type de format avec des archives et des animations).
Samuel Tilman, au contraire, se méfie plus des images d'archives qui peuvent être facilement
manipulée. Il est important d'apprendre à déconstruite l'image.
L'historiographie = est déjà un point de vue sur l'histoire. Pour le diffuseur, le but est de faire de
l'audience et que ce soit balisé (il faut une forme de consensus parce qu'il y a toujours des sujets à
controverse, donc des historiens accompagnent le projet et balise. Il faut trouver un équilibre entre
tous cela. On ne fera jamais, à priori, passer une contre-vérité (plus touchy dans zone grise de
l'histoire).

19
ce pourrait être fait par des étudiants en histoire
20
documentaliste + spécialisé, parfois avec une formation en histoire
21
documentaire mais processus de cinéma
21
Dechambre Léa 2022-2023

Le dernier Gaulois est un film de commande pour France 2 en Prime Time22. Le but était
d'explorer les grandes étapes du patrimoine français dont la Gaule, c'était un appel à projet. On veut
de l'animation et une double voix. A la fois une voix narrative dans la sensation, l'épic et une voix
scientifique. l'archéologie a été intégrée afin de faire de nouvelles choses comme déconstruire les
clichés de l'histoire écrite par les gagnants, les sources écrites de César et les clichés véhiculés sur la
Gaule, ex. moustaches.

Genre et pouvoir dans la France moderne

- Texte XXIII: Puissance maternelle et puissance politique


- Texte XXIV: Maternité et nationalité
- Texte XXV: Absolutisme
Fanny Consandey reprend en main l'histoire politique moderne sous l'angle du genre. L'histoire
politique n'était plus vraiment le type d'histoire bien vue mais est revenue à la mode aujourd'hui.
Pour ce qui est de l'histoire du genre, on peut commencer l'historiographie dans les années septante,
ce qui coïncide avec le courant féministe post-68. Le tout premier colloque a lieu durant cette
période. Toutefois, le milieu français est resté réticent à ce type d'histoire venant des Etats-Unis et
considérée comme une réponse à une demande sociale.
Quand finalement, l'histoire des femmes s'est faite un chemin en France, il y avait finalement très
peu d'historiens (hommes).
Dans les années 70-80, l'histoire dominante est celle économique et sociale et l'histoire des femmes
qui est alors proposée et celle du travail et des ouvrières. Cependant, cette historiographie d'un
groupe déterminé va évoluer et on va de plus en plus s'intéresser à une anthropologie historique, ex.
anthropologie de la famille.
Ensuite, les femmes vont être vues comme des éléments de rapports sociaux. On passe alors d'une
histoire féministe à une histoire de genre, ce qui implique une histoire de plusieurs genres dans leurs
rapports sociaux.
L'histoire du genre introduit une nouvelle manière de faire cette histoire. C'est stratégique car cela
introduit surtout un nouvel espace de réflexion pour les hommes, les historiens. Cela implique
également une rupture avec une approche où l'on divise hommes et femmes sur des bases
biologiques. A présent, le genre est considéré comme construit socialement.
On peut prendre pour exemple les textes sur l'histoire de la sexualité de Laqueur qui expliquent que
la vision des deux sexes comme ontologiquement séparés est une invention du XVIIIème siècle.
Avant cela, la représentation de la société mettait les deux catégories sur un même continuum, il n'y
avait pas de différence de nature mais de physique qui ne distinguait pas radicalement les deux
sexes. Autrement dit, la division radicale entre les hommes et les femmes est une construction
historique.
Scott a écrit en 1996 un article sur l'usage de la catégorie de genre en histoire.
Finalement, cette histoire du genre s'adapte assez bien à une histoire politique. On ne voit plus
aujourd'hui les femmes en politique comme des accident de l'histoire et il n'est donc plus possible
de ne faire une histoire politique que des hommes.

22
explique la narration très subjective (pour toucher enfants, famille) mais équilibre avec aspect + scientifique
22
Dechambre Léa 2022-2023

A propos du texte Puissance maternelle et puissance politique: Fanny Consandey est l’autrice d’un
ouvrage consacré à l’historiographie de l’absolutisme avec Robert Descimon. L'absolutisme est une
notion polémique et paradoxale. Le roi juge en premier ressort et en même temps, cet exercice de
l’autorité absolue se fait dans le respect d’un certain nombre de contraintes.
Les femmes ne peuvent accéder à la fonction suprême, on va leur accorder plus facilement la
fonction de régente, c'est paradoxale car ce serait en rasions de leur imbécilité23 qu’elles accèdent au
pouvoir. On suppose qu’elles sont les mieux placées pour prendre soin de leurs fils. C’est aussi une
épouse. Cela renforce sa position de pouvoir en lui donnant un rôle politique important. A
L'époque, on considère qu'une mère est la plus habile à prendre soin du futur roi. Etant la femme de
son mari mort, elle parle en son nom mais elle ne peut pas revendiquer le pouvoir pour elle. Sa
faiblesse se transforme alors en pouvoir d’agir. L'histoire du genre se saisit de cette reine dans un
jeu complexe d’interaction avec les autres groupes.

Fanny Consandey:
Elle est directrice d'étude à l'EHESS et son dernier ouvrage s'intitule Reine et mère, famille et
politique dans la France d'Ancien Régime.

Son livre est une commande de Fayard. Au début l'éditeur voulait la biographie d'une reine mais
Fanny Consandey a refusé et plutôt proposé de faire un portrait de groupe sur les relations que les
reines entretenaient avec leurs enfants/ et sur les relations internes à la famille royale. Elle remet ainsi
en question ce sujet avec comme perspective des sources d’histoire politique (car ce sont les seules
qu'on a concernant la famille royale). Cela fait qu’on a beau essayé de se détacher d’une politique en
étudiant les sentiments,… on retombe toujours sur ce sujet car c’est de là que viennent les sources.
Même les correspondances privées reviennent toujours à ça.

Le paysage historiographie sur ce qu'est l’histoire des femmes dans l’Ancien Régime, et en particulier
des "grandes dames", se fait essentiellement par des journalistes ou des personnes qui ne sont pas
historiennes, ex. Elisabeth Badinter qui ne fait pas un travail d'historienne. Ces personnes savent
raconter des histoires mais les historiens connaissent vraiment le contexte derrière. Il y a donc un
décalage entre ce que les journalistes retiennent de l'Ancien régime et ce que les historiens savent de
cette période. Les gens pensent ainsi que les rois, reines etc… sont des gens comme nous, les
journalistes les font penser comme si ils pensaient comme nous alors que non. Ils n'évoluent pas de
la même façon, c'est période différente, par exemple, la mort n'est pas intégrée de la même manière
comme pour la perte d'un enfant mais on écrit ces évènements avec les yeux d'aujourd'hui.
L'histoire est alors toujours abordée du point de vues des individus (émotions etc… dans un monde
assez mal compris) On voit les personnages évoluer comme s’ils étaient n’importe qui, et des
n’importe qui d’aujourd’hui alors qu’ils évoluaient dans un monde différent avec des contraintes
différentes.

Le rapport aux sources est toujours compliqué pour un historien; les sources peuvent avoir été gardées
ou non et si oui, il faut se demander pourquoi, il y a des sources qui ont disparues, etc… La plupart
des sources ont une intentionnalité (jusque dans la conservation) donc il faut avoir une certaine
approche, une approche critique, une certaines manière de les aborder. Elles ne sont pas transparentes.

23
catégorie juridique de l’époque = sexe faible, faiblesse d’esprit
23
Dechambre Léa 2022-2023

On a pas vraiment de synthèse sur ce que représente le positionnement de la famille royale.

Une partie de l'historiographie de l’histoire des femmes dans l'Ancien Régime insiste beaucoup sur la
spécificité de la condition de la femme dans cette société et sur le rapport de domination de la
condition masculine/du genre masculin sur la condition féminine/du genre féminin.

Selon Fanny Cosandey, il faut réussir à comprendre en rapport de complémentarité, comment


s'articule le féminin et le masculin, il faut regarder la position de chacun.

Quand on regarde un arbre généalogique, si on regard les rapports de successions de rois en rois, on
s'aperçoit que l'on perd beaucoup d'informations sur la lignée féminine. On exclu les femmes du
rapport généalogique donc on pense qu’elle n’avait pas de rapport dans la vie royale/politique. Ce qui
est intéressant c'est de réinjecter les femmes dans une histoire politique qui fait la part entre homme
et femme et qu'on a oublié à cause de la loi saliques (on pensait alors que femmes étaient exclues de
vie politique mais cela est faux)

Le but du livre est de replacer la question de la famille royale et de ses relations dans son contexte
politique (on a une clé d’interprétation logique, efficace, etc) car c'est le seul contexte que l'on puisse
vraiment interpréter. Ce sont des gens qui pensent dans un système d’interrelation (familiale,
publique, collective, vis-à-vis du royaume, etc…, leurs intérêts et les intérêts du royaume sont
toujours mêlés. Ce livre est destiné au grand public mais également à la communauté scientifique.

L'autrice veut replacer les reines-mères dans une perspective politique avec une démonstration du
fonctionnement de la monarchie française, des enjeux qu’il peut y avoir, de la naissance à la mort, des
femmes qui arrivent dans le royaume et deviennent mère des futurs héritiers. On ne s'intéresse pas à
une personne en particulier, cette histoire DOIT s’inscrire dans un tableau plus large qui balaye trois
siècles. On parle des mariages, des naissances et de la vie à la cour mais également de la question
politique de la régence de la mort mort et de la transmission. C’est une véritable création de circuit
et cela fait que les dynastie se perpétue, c’est une boucle. Les familles royales sont au cœur du
fonctionnement politique de la monarchie.

À la Révolution Française, la suppression du principe monastique a été une nécessité car la monarchie
a été incapable de se reformer

Les familles royales sont en générale bien documentées, on connait tous les enfants nés, filles comme
garçons, (pas le mort-nés et les fausses couches), on a leur date de naissance et de mort. Fanny
Cosandey a refait la généalogie des filles et des garçons, et montre que le stock d'enfants disponible
pour faire des mariages d'alliances est finalement assez réduit. En effet, on voit que c'est un tout petit
monde et qu'ils se marient tous entre eux. Derrière cela, il y a l'enjeu de la circulation des héritage, et
un enjeu sur la transmission de la couronne.

Quand on fait une étude démographique et une étude des mariages en même temps, on s'aperçoit que
les rois se marient avec des princesses étrangères de maison souveraine pour leur conditions et , de
préférence, les aînées car ce sont les plus hautes dans l’ordre de succession (si les femmes sont dans
la succession)

Une des spécificité de la France (cela n'existe pas ailleurs en Europe) est que les filles n’héritent pas
et ne transmettent pas leurs droits à leurs enfants, c’est comme ça que les Bourbons sont arrivés sur
le trône d’Espagne car l'héritage s'est passé par la grand-mère.

24
Dechambre Léa 2022-2023

Il y a beaucoup de mariage entre le Portugal et l'Espagne, chacun espérant que la branche d'à côté va
s'éteindre.

Ils sont tous cousins, le circuit est relativement court et fermé, toujours les mêmes familles qui font
des alliances et des mariages, cela donne une multiplication des chances de reprendre les droits des
princesses étrangères mariées en France (mais pour cela il faut des enfants car les droits leurs sont
transmis, et non aux maris, d'où l'importance de la maternité). Ce n'est jamais une femme qui transmet
à son mari, toujours une mère à son enfant.

Il y a parfois une fragilité des transmissions. Par exemple, Philippe II d'Espagne a eu beaucoup
d’enfants de part ses 4 mariages mais finalement, il y a un seul héritier pour relever la couronne. Un
autre exemple est Henri II en France) qui a eu 10 enfants avec Catherine de Médicis mais sur les 4
princes qui ont atteint l’âge adulte, trois décèdent (François II meurt à 18 ans, Charles IX meurt à 24
ans et a une fille, le troisième fils meurt sans enfants). C’est important d’avoir cela en tête car eu x
l’avaient aussi d'où l'intérêt de prendre des filles qui allaient pouvoir faire une belle transmission. Un
mariage réussi est un mariage qui assure la perpétuation et qui donne des enfants (garçons pour les
succession et filles pour les alliances). Les alliances diplomatique se font par le mariage des filles.

Pour comprendre le rôle des reines et des mères, il faut comprendre les enjeux du mariage et de la
natalité et les contraintes du choix des épouses dont le nombre est assez limités (toute petite dizaine
de princesse susceptible d'épouser des rois de France, et une petite dizaine de prince à marier
également car il n'y a pas tant de famille et certains enfants sont mis dans des établissement
ecclésiastiques. De plus, il vaut mieux que les époux aient le même âges pour avoir le plus d'enfants
possible. Ce paysage annonce déjà la question des transmissions et des héritages, on la voit dans la
rédaction des contrats de mariage qui précise les conditions de la transmissions. En France, l'aîné
reçoit tout et les autres garçons un domaine.

Les catholiques se marie entre eux et les protestants aussi, il y a parfois des conversions forcées mais
quoi qu'il en soit cela réduit encore réduit le stock de mariages possibles.
On prend toujours l'aîné de la famille. Même quand une princesse est fiancée, on continue à regarde
si il y n'a pas un meilleur plan. Il y a sans cesse une activité diplomatique autour des mariages qui se
recompose. Se jouent aussi les questions d’influences, ex. les espagnols et les Habsbourg cherchent à
récupérer le duché de Toscane alors qu'il veut affirmer son autonomie et regardant vers la France
(Marie de Médicis change plusieurs fois de fiancé, elle se marie finalement en décembre 1600 au roi
de France et donne naissance au dauphin en septembre 1601, c'est un exemple de ce qui est vraiment
attendu (rapidité, naissance d’un héritier, etc…).

Quand on divorce, il n'y a pas de remariage possible donc on procède plutôt à une rupture des noces.

Tant qu’elle n’ont pas d’enfants, les femmes sont soupçonnées d’être des agents de leurs pays
d’origine, qu’elles ne sont pas dévouées au pays auquel elles doivent donner un héritier. D'autant que
certaines continuent à correspondre avec leur famille d'origine. Mais c'est risqué d'être enceinte, elles
peuvent mourir en couche donc c'est redouté. On le sait par les correspondances et les mémoires (de
la reine, du médecin).

Le dauphin part vite de Versailles pour la campagne où il est élevé avec ses frères et soeurs dans des
nurseries séparées de la cour, la mère ne revoit son enfant à la cours que 8 ans plus tard (sinon que
des visites de temps en temps de sa part). Donc il n'y a pas de familiarité particulière, la vie de famille
arrive plutôt vers le XVIIIème siècle. Mère et fils sont plus proche pendant la régence de la reine.

25
Dechambre Léa 2022-2023

Les textes sur l’amour maternel ont toujours une dimension politique. Le roi nomme sa mère régente
du gouvernement du royaume, la mère est toujours au côté de son fils, elle fait son éducation politique,
les liens se resserrent et la cohabitation est ici quasi-permanente. Souvent même quand ils atteignent
la majorité (à 14 ans) il demande à leur mère de continuer de les épauler.

Les moments de - maternité sont des moments politiques et non pas des moments familiaux. Un autre
moment fort est la mort de la reine, elle règle ses affaires patrimoniales et transmet à ses enfants
comme elle le souhaite sauf ce qui a été verrouillé par le contrat de mariage, ex. ses domaines en
cadeau de naissance. C'est important car elle transmet beaucoup à ses filles

Les bâtards peuvent aussi être un instrument de pouvoir car on leur lègue des domaines etc… et
peuvent devenir duc de duché etc…

Actualité de l'historiographie de la Révolution française

- Texte XV: Commerce et Révolution


- Texte XVI: Historiographie années 2010
- Texte XVII: Révolution

1. Définir un objet historique: c'est quoi la Révolution française?


26
Dechambre Léa 2022-2023

Le but est ici de remettre en cause des catégories. On distingue deux révolutions françaises; celle de
1789 et celle de 1792 qui met un terme à la monarchie constitutionnelle pour une République.
On assiste, lors de la Révolution Française, à un basculement institutionnel, à une rupture. Faire
l'histoire de cette Révolution, c'est faire l'histoire de cette rupture, de cette mutation politique.
La Révolution française est paradoxale, elle est à la fois l'aboutissement des Lumières et un épisode
de violence intense avec, par exemple, l'introduction de la guillotine. La volonté de transformations
politiques est accompagnée d'une guerre civile. Cette dernière notion de 'guerre civile' a mis du
temps à être acceptée.
Ceci oblige à s'interroger sur la question du temps et de l'espace. Ce sont les contemporains de la
Révolution, c'est-à-dire dès 1789, qui ont crée le récit de cet événement. Les vainqueurs écrivent
l'histoire (début de l'historiographie), ex. prise de la Bastille comme grand événement et aujourd'hui
considéré comme une émeute d'Ancien Régime. On pose des dates comme le 14 juillet pour
marquer l'événement de la Révolution et l'Assemblée nationale de 1792 crée également une histoire
des deux révolutions comme on
peut le voir sur la ligne du temps ci-
dessous;

On crée cette histoire afin d'essayer de comprendre les événements. Aujourd'hui les dates clés
posées ci-dessus sont questionnées par les historiens, surtout depuis le bicentenaire. Ils interrogent
également la notion d'événement qui serait une notion construite.
Il ne faut donc pas être dupe du récit des contemporains. Il faut se poser des questions telles que La
Révolution commence-t-elle vraiment en 1789 et se termine en 1799?. Même les contemporains
n'ont jamais vraiment été sûrs de la date de fin.
Selon François Furet (1980), la Révolution s'étend entre 1770 et 1880 avec la stabilisation politique
de la troisième République. Ces dates restent toutefois discutées et discutables.
Aujourd'hui, on s'accord plutôt sur la décennie 1789-1799.
Alexis de Tocqueville (1856) a crée un schéma de l'esprit des français; l'histoire de France serait
une longue marche vers l'Etat centralisé. Les historiens se détachent tout de même de cette
conceptions, ex. Les Lilliputiens de la centralisation (Michel Briard).
Le cadre, l'espace peut également être remis en cause. Bien que la Révolution est un phénomène
national, elle a, pendant très longtemps, été inconsciemment considérée comme parisienne. Il a fallu
attendre le bicentenaire pour voir apparaître un ouvrage de synthèse sur la régionalisation de la
révolution.
La Révolution française est considérée comme LA révolution. Cette conception date des
révolutionnaires qui se considéraient comme les modèles à suivre. Ceci est encore très présent dans
l'historiographie du XIXème siècle et dans les différents pays qui considèrent leur révolution
comme la meilleure. Aujourd'hui on tend plutôt vers une perspective comparative.
27
Dechambre Léa 2022-2023

2. Une bataille historiographique de 200 ans: enjeux politiques et idéologiques


On distingue plusieurs historiographies;

- l'historiographie catholique
- l'historiographie pro-révolutionnaire
- l'historiographie contre-révolutionnaire

L'historiographie contre-révolutionnaire considère la Révolution comme un mal. Il s'agit des


royalistes 24 et des catholiques25. Cette historiographie commence dès la Révolution et les
catholiques considèrent cette dernière comme un complot contre l'Eglise des protestants ou des
franc-maçons, etc… cette historiographie existe encore aujourd'hui.
Au début du XIXème siècle, on assiste à une historiographie libérale qui fait la différence entre
'bonne' (bourgeoise) et 'mauvaise' (jacobins et radicaux) révolution.
En 1847, Michelet (historien national) et Louis Blanc, et plus tard Edgar Quinet, écrivent une
histoire républicaine où même les plus radicaux sont vus comme importants.
Le pendant universitaire de ce courant historiographique est développé par Alphonse Aulard, au
service de la troisième République. Il s'agit du roman de Michelet en plus sourcé.
Au début du XXème siècle se développe une historiographie socialiste avec
Jean Jaurès. La Révolution est alors vue comme une leçon politique pour les
militants. On voit la Révolution Française comme précurseur de la révolution
bolchevique. A l'université,
c'est A. Mathiez26 qui écrit le côté académique de cette historiographie qui
domine l'université française à partir de 1930. Entre 1930 et 1950 Lefebvre
prend le relais, et Albert Saboul entre 1960 et 1970. C'est une histoire
socialiste militante.
Cette historiographie est contestée à l'étranger. En 1950, Albert Cobban, un
historien libéral anglais contre le socialisme publie plusieurs ouvrages à ce
propos comme The debate of the French Revolution (1789-1800) ou encore The social
interpretation of the French Revolution.
En France aussi on s'oppose à cette historiographie socialiste, François Furet27 prend le contrepied
de l'histoire socialiste tout en gardant sa trame.
Un grand débat aura lieu lors du bicentenaire entre Furet et Soboul.

Michel Volvet, communiste, va essayer de dépasser ce débat avec un renouveau historiographique


par le biais de l'histoire des mentalités, de l'histoire culturelle. Jean-Clément Martin a fait avancer le
débat en intégrant la géopolitique, cf. Nouvelle histoire de la Révolution française, Penser les
échecs de la Révolution française; ces deux livres parlent du débat historiographique et propose de
tout simplement l'arrêter.

24
la Révolution est une oeuvre de destruction
25
exécution et massacre des catholiques
26
élève puis ennemi de Aulard
27
ancien communiste
28
Dechambre Léa 2022-2023

3. La recherche aujourd'hui: état des connaissances et perspectives


Aujourd'hui, on assiste à une ouverture sur le monde, un intérêt est alors porté aux colonies et
surtout Haiti avec le Révolution des esclaves qui débouche sur l'indépendance du pays. On discute
ainsi des conséquences de cet événement sur les Amériques (débat dans l'historiographie nord-
américaine autour de la race et de la justice sociale).
On se concentre également plus sur la circulation des personnes et des textes avec en critère de fond
la question de la traduction, des acteurs de la circulation et de leurs idées mais également des autres
républicanismes (plus anciens chez les anglais).
On décentre aussi le regard avec d'autres points de vues, ex. histoire environnementale où l'on
repense la temporalité et l'espace), histoire des animaux. On renouvelle également du très classique
comme la loi révolutionnaire (comment circule-t-elle, comment est-elle reçue, comment est-elle
adoptée).
On s'intéresse aux acteurs de l'Etat méconnus mais aussi au rôle de l'Eglise pro-révolutionnaire.
On remet aussi en perspective des personnages importants. C'est le cas de Robespierre, chef de file
des montagnards, un personnage emblématique dont on a fait le bouc émissaire des violences de
1793-1794. Ce sont ceux qui l'ont tué qui ont crée le concept de Terreur en 1814 afin de se dégager
de leurs propres responsabilités. Cela fait de Robespierre un personnage clivant; saint ou diable?
Cela amène également à réfléchir sur la notion de 'Terreur', un concept polémique crée après sa
mort qui donne une interprétation biaisé du personnage.
Il est important également de faire l'histoire de la contre-révolution mais ce fut pendant longtemps
assez suspect de travailler dessus à l'université.

Histoire environnementale

- Texte XVIII: Histoire environnementale


- Texte XIX: Environnement
- Texte XX: US Environmental
L'acte de naissance de l'histoire environnementale coïncide avec la sortie du livre de Rachel Carson,
Silent Spring28, en 1962. Ce dernier parle du problème de la réduction du nombre d'abeilles pour
l'écosystème. Ce livre a réellement animé une activité militante.
En 1970 a lieu le premier Earth Day.
Dans les années soixante, on assiste aux premiers mouvements environnementalistes et ils se
cristallisent. Toutefois, ces différents mouvements sont chacune orientés vers un objet en particulier
et ne se rassemblent alors pas. Parmi ces différents mouvements, on retrouve par exemple un
mouvement anti-nucléaire ou pro-biodiversité, etc…

28
vite traduit dans différentes langues
29
Dechambre Léa 2022-2023

Nash est l'un des pionniers aux Etats-Unis de l'histoire environnementale. Toutefois, tout le monde
n'est pas d'accord avec lui.
La New Left History est une revue de gauche d'histoire sociale crée par des historiens de
Cambridge. Cette revue a eu un rôle majeur dans la conscientisation et propose ire historie dite
bottom-up. Parmi les grandes figures de ce courant, on retrouve E.P. Thompson et Eric Habsbawn.
E.P. Thompson parle beaucoup de la question de l'agency (agentivité en français) qui est la capacité
à sortir de sa catégorie sociale, en ayant une posture active (et non pas passive). Thompson l'évoque
pour parler de la classe ouvrière anglaise, il sort ainsi d'une lecture marxiste déterministe. Ce sujet
fera débat avec Eric Habsbawn.
Beaucoup de revues apparaissent aux Etats-Unis en mentionnant l'idée de wilderness 29 , qui a été
critiquée car il s'agirait d'une conception sociale selon certain scientifique.
Dans les années 70, la question de l'histoire environnementale est également posée en Inde et 10 ans
plus tard, les questions impériale et coloniale arrivent dans ce champs d'étude. On tend de plus en
plus vers une histoire globale.

L'histoire environnementale se stabilise via des revues, des auteurs qui se démarques, des
institutions et des oppositions.
La publication de revues sur l'histoire environnementale implique la mise en place d'associations, de
sociétés savantes. De plus, la reconnaissance académique implique l'approbation par les pairs,
l'internationalisation, le recrutement de chairs et surtout un nouvel enseignement.

L'histoire environnementale nous montre que les enjeux d'actualité (ou autre) peuvent faire émerger
un sujet qui se trouve sous nos yeux depuis toujours. Cette histoire pose aussi la question de ce que
signifie "faire-discipline" de manière générale.
L'histoire environnementale est paradoxale, c'est à la fois les sujet le plus général, le plus partagé
mais également un sujet avec énormément d'oppositions.

Il y a clairement dans ce champs historique qu'est l'environnement, une réelle importance de


l'historiographie américaine, pourquoi là plutôt qu'ailleurs? On ignore alors ce qui a été fait avant
dans d'autres parties du monde et on peut légitimement se poser la question de savoir pourquoi les
historiographies de l'histoire environnementale ne se sont pas rencontrées.

Une centralité a été accordée aux grands récits avec une certaine vision tragique, la troisième
génération de chercheurs essaye de s'en échapper.

Séance avec Renaud Bécot

29
= sauvagerie
30
Dechambre Léa 2022-2023

Renaud Bécot travaille sur la période de la deuxième moitié du XXème siècle et sur les espaces que
sont le Québec, l'Italie et l'Angleterre.
L'histoire environnementale est un courant historiographique car il aspire à transformer les récits
d'historiens dans l'ensemble de l'historiographie.
Qu'est-ce que l'histoire environnementale? Selon John McNeill, l'histoire environnementale signifie
beaucoup de choses pour beaucoup de personnes mais pour lui, il s'agit de l'histoire des relations
mutuelles entre l'espèce humaine et la nature. C'est ici une définition très large.
Les sujets de l'histoire environnementale peuvent être;

- les acteurs non-humains: animaux, insectes, substances, objets → on veut montrer l'importance
de leur rôle

- les milieux naturels qu'on remet au premier plan

Il y a une catégorisation en trois segments de l'histoire environnementale d'après Donald Worster;


1. L'histoire naturelle de la matérialité: travaux qui s'intéressent à l'évolution animale ou à la
climatologie historique, sans forcément faire des liens avec l'humanité. Les acteurs sont ici
présentés sans interactions avec l'humain.
2. Les systèmes sociaux de production: l'utilisation des ressources, la pollution industrielle, etc…
3. L'histoire des idées sur l'environnement, sur les constructions socioculturelles.

On veut réhabiliter les éco-systèmes et les éléments naturels comme des acteurs historiques qui
participent à l'histoire. On veut montrer leur capacité d'agir. Ceci remet en cause la division entre
société humaine et nature et remettre en cause une certaine lecture progressiste de l'histoire, cf.
histoire décliniste.
Cette division en trois segments est encore valable aujourd'hui mais en réalité, le mieux est de
travailler à l'intérieur de ces trois catégories.

Les deux premières générations d'historiens environnementaux sont souvent définies par
l'historiographie américaine.
Il est admis que l'histoire environnementale a commencé à se développer à la fin des années
soixante aux Etats-Unis et surtout dans les universités californiennes. Les premiers porteurs de cette
histoire sont souvent associés à des mouvements environnementalistes.
La premier travail sur l'histoire environnemental serait Wilderness and the American Mind de
Roderick Nash qui revisite le récit national américain et son lien avec l'environnement. Le fait qu'il
touche un plus grand public s'explique par sa discussion dans le livre de la thèse de la frontière30.
En 1969, Nash enseigne le premier cours d'histoire environnementale. Ensuite, on assiste à
plusieurs autres travaux d'histoire qui s'intéressent à la question de la crise écologique.

30
la nation américaine se serait construite en allant toujours vers l'ouest, ceci serait déterminant de la culture américaine
31
Dechambre Léa 2022-2023

Au début des années septante, on observe la publication de travaux qui prennent en compte la
dimensions matérielle. Cela s'inscrit sans la question de l'histoire sociale de ces années là qui veut
participer à réhabiliter les acteurs oubliés de l'historiographie.
On peut prendre deux livres comme exemple de cette tendance;

- The Columbian Exchange : Biological and Cultural Consequences of 1492, Alfred Crosby
- Dust Bowl: The Southern Plains in the 1930s, Donald Worster

les historiens de la première génération, dans les années septante donc, ont trois points communs;
1. Ils revisitent les événements déjà traités par d'autres historiographie.
2. Ils écrivent des récits pessimistes avec une tendance à voir toute intervention humaine comme
un ensemble de processus de dégradation des écosystèmes préexistants à l'humain → d'où l'idée
d'historie 'décliniste'.
3. Ils présentent la perturbation des écosystème comme le produit de dynamiques économique
(capitaliste ou colonialiste).

Cette historiographie est très américaine, c'est-à-dire que ce sont des américains qui travaillent sur
l'espace américain. Alors quid de la France?
Certains américains ont voulu montrer qu'en France également se créée une historiographie de
l'histoire environnementale mais cela repose sur un quiproquo. En effet, les travaux faits en France
ne rentre pas dans le projet de l'histoire environnementale car ils séparent l'homme et la nature or le
but de l'histoire environnementale est bien de montrer les interactions entre ces deux systèmes, ex.
Histoire du climat depuis l'an de Emmanuel Le Roy Ladurie. Il n'y a donc pas de filiation française.

Ailleurs en Europe, on observe des traditions dans d'autres domaines proches de l'histoire qui
peuvent être liées à cette histoire environnementale;

- en Italie, la géographie des paysages prend un tournant environnemental


- aux Pays-Bas, on observe des travaux sur les aménagements hydraulique.

Dans l'Europe des années nonante, il y a de plus en plus de travaux environnementalistes comme
celui de Richard Grove, Green Imperialism qui traite des scientifiques, biologistes, etc…enrôlés
dans les missions coloniales pour préserver la flore31 mais en excluant les autochtones de ces
endroits.
Grove contribue à la construction d'une structure d'histoire environnementale en Europe avec la
création de revues et l'organisation de congrès. Au même moment aux Etats-Unis se forme une
deuxième génération d'historien environnementaux, c'est à partir de là que commence les liens avec
l'Europe.
Le programme de cette deuxième génération est fixé par l'ouvrage de William Cronon, Uncommon
Ground. Ce livre rassemble des historiens et des sociologues de l'environnement, ces derniers sont
spécialistes de la justice environnementale avec des travaux dans des quartiers populaires victimes

31
= justification coloniale
32
Dechambre Léa 2022-2023

de la pollution industrielle. Ainsi, la définition de l'environnement est ici plus attentive aux
inégalités d'exposition à des facteurs pathogènes dû à, par exemple, la pollution industrielle. Il y a
une attention plus forte aux différentes expériences sociales.
On intègre également des sociologues et des philosophe des sciences.
Conon conteste l'idée de 'Wilderness'. En effet, il conteste la notion de 'nature sauvage' car selon lui,
cela n'existe pas, il s'agit d'une construction sociale. Toutefois, il ne nie pas pour autant la
matérialité des écosystèmes. Pour Conon, il faudrait une hybridation entre approches naturelles et
approches socio-culturelles. La deuxième génération est une génération d'hybridation.
Conon propose alors la notion de "seconde nature"; on vivrait dans une nature reconstruite par
l'espèce humaine qui est en interaction avec des écosystèmes forcément anthropoisés.
La deuxième génération accélère l'agenda de rencontre entre l'histoire environnementale et l'histoire
sociale. Une attention forte est portée à la trilogie des inégalités sociales, à savoir genre-classe-race.
Ces travaux devenus classiques aujourd'hui ne l'était pas aujourd'hui.
La deuxième génération diversifie aussi ses objets d'étude.
Deux ouvrages symboliques de cette génération sont Nature's Metropolis: Chicago and the Great
West de William Cronon et The Organic Machine: The Remaking of the Columbia River (Hill and
Wang Critical Issues) de Richard White.

On commence à parler de troisième génération au début des années 2010. Cette génération est
caractérisée par le fait d'être confrontée à l'émergence des grands récits sur l'origine du
réchauffement climatique qui ne viennent pas des sciences sociales.
Dans cette génération, il y a des débats sur l'utilisation de terme "anthropocène" retrouvé dans ces
grands récits qui vient de la géologie et qui, donc, s'inscrit dans un temps très longs, en histoire.
Ce qui marque cette troisième génération est la confrontation au récit de l'anthropocène et la volonté
de dire son désaccord par rapport à ce terme car il s'inscrit dans un temps long mais en acceptant
être intéressée par sa proposition théorique qui est de dire qu'on ne peut plus écrire l'histoire comme
avant à l'heure du réchauffement climatique. Des propositions alternatives sont les notions de
capitalocène et de plantationocène.
Une attention plus forte est portée au fait de mener des enquêtes qui croisent différentes échelles
spatiales tout en regardantes aux différentes inégalités sociales. De plus, il y a une volonté de
prolonger la pluridisciplinarité de manière plus forte. Finalement, la troisième génération porte une
attention plus marquée aux publics qu'elle veut toucher. Il y aune réelle volonté de sortit des cases
académiques et ce, pas seulement en histoire environnementale, ex. intervention dans l'espace
public.

33
Dechambre Léa 2022-2023

Histoire et Bande dessinée

- Texte XXI: BD
- Texte XXII: BD
- Texte XXIII: La balade nationale - les origines
Il faut noter la différence entre texte illustre et bande dessinée
Le tome 1 de l'Histoire dessinée de la France, "La balade nationale" pose la question des origines
de la France sans pour autant produire un nouveau récit. Cette BD rend accessible le problème
historiographique.
cf. cours "Grand courant de la littérature" sur Maus.

Intervenant:
L'Histoire dessinée de la France s'inscrit dans l'histoire longue des écrits historiques en bande
dessinée.
Entre 1838 et 1844 est publiée l'Histoire de France illustrée. En 1872 et 1876, l'Histoire de France
racontée à mes petits enfants. Au cours de ce XIXème siècle, ce sont surtout des récits illustrés.

En 1922, l'Histoire de France par Lavisse prône les illustrations dans l'enseignement et dans les
années vingt, arrive la bande dessinée. Cette dernière a pour conséquence de donner les moyens
d'écrire, de manière nouvelle, l'histoire, ex. Mickey à travers les siècles.

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Dechambre Léa 2022-2023

Le succès des édition Larousse avec l'Histoire de France illustrée est dû à plusieurs facteurs;

- la qualité des dessins


- sa bonne et grande réputation d'éditeur scolaire
Ces livres avaient trois caractéristiques principales, dont l'Histoire dessinée de la France essaye de
se détacher;
1. Le choix d'un dessins "réaliste"
2. Un scénario confié à des scénaristes de BD, et non pas à des historiens
3. Une vision de l'histoire qui est différente de l'actualité historiographique32

I. Apprendre à lire les images


Depuis longtemps, l'historien montre des images comme des cartes, des plans, des arbres
généalogiques, des schémas, de l' iconographie de l'époque, des archives, etc… Tout cela peut se
mettre en bande dessinée mais surtout la bande dessinée peut reproduire des images aujourd'hui
perdue, ex. le palais de Charlemagne à Aix-la-Chapelle.

Avec la bande dessinée, on peut tenter de communiquer l'expérience du récit, d'immerger le lecteur
dans la réalité du passé. On peut également changer la vision populaire des choses afin de ne pas
être prisonnier des éléments du passé. On peut avoir une vision métaphorique de l'image.
Avec de grandes économies de moyens, la bande dessinée peut faire tout les effets spéciaux
possible qui sont si chers au cinéma. Tout est possible avec la bande dessinée. De plus, le lecteur
peut choisir le rythme de sa lecture, à l'inverse du cinéma.
La seule véritable contrainte de la bande dessinée est de placer du texte dans les bulles car cet
espace est limité.

La bande dessinée est un art du dessin et du récit qui permet de remettre en question l'image
populaire de l'histoire, ex. Vercingétorix jetant ses armes aux pieds de César.
→ cf. Scène de Childéric et son père slide.

II. Produire un autre récit


La variété des styles graphiques participent à cette nouvelle production, elle permet d'exprimer par
la seule image, toute une méthode.
On ne raconte pas la même histoire en fonction de où on place son origine, il y a de l'interprétation.
L'auteur est obligé d'inventer un récit.

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Dechambre Léa 2022-2023

La fantaisie et l'invraisemblance de l'Histoire dessinée de la France s'oppose aux règles du roman


historique. On peut ainsi facilement diviser ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, ce qui garantit
l'exactitude. La bande dessinée implique également l'humour sous toutes ses formes, ce qui traduit
un certain rapport à la connaissance. Il faut toutefois trouver le juste équilibre.

Les citations sont toujours précisées et sources et il y a également des pages de notes à la fun du
livre. On applique la même processus pour les images.

III. Raconter ce que l'on ne sait pas


Au cinéma, les reproductions historiques doivent être exactes mais les historiens sollicités pour cela
son parfois ignorant de certaines choses car la documentation est incomplète. Une solution est alors
d'inventer mais la bande dessinée peut mettre en évidence tout ce qu'on ne saut pas, ex. Passage
avec Marseille → slide.
La question de la méthode historique est également une question politique, ex. Image de
Vercingétorix → slide, c'est une interprétation politique de l'histoire.
Montrer ce qu'on en sait pas, c'est une manière de garantir l'exactitude de ce que l'on sait.

Les historiens sont dans l'Histoire dessinée de la France sont des co-écrivains avec les dessinateurs.
Ces historiens sont en général assez enthousiastes à l'idée du projet, ils ont entre 35 et 60 ans.
La science de la bande dessinée, c'est la science du découpage.

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