Arret 002-2022 BBL Vs ADRA
Arret 002-2022 BBL Vs ADRA
Arret 002-2022 BBL Vs ADRA
Contre
Société CTC-ADDRA "All Deal Driving Real Negoce
Arrangement" dite CTC-ADDRA
(Conseils : SCP AQUEREBURU et PARTNERS et
Maître Jean-Claude AVIANSOU, Avocats à la Cour)
STATUANT A NOUVEAU
Attendu, selon les énonciations de l’arrêt attaqué, que le 1er juillet 2011,
la société BRASSERIE BB LOME SA dite BB LOME et la société CTC-
ADDRA « All Deal Driving Read Négoce Arrangement » SARL ont signé un
contrat de distribution par lequel, la première livre à la seconde des boissons en
boîte ; que le contrat prévu pour durer une année prévoit en son article 18 une
clause compromissoire ; qu’à l’issue de cette période, ledit contrat a été
renouvelé plusieurs fois et sur les mêmes bases et cela jusqu’au 31 décembre
2016 ; qu’au-delà de cette date, les parties ont poursuivi leurs relations
commerciales sans signer un avenant ; qu’informée du fait que CTC-ADDRA
était poursuivie par l’Office Togolais des Recettes en abrégé OTR pour des
infractions d’importation de produits de BB LOME, sans déclaration en douane,
la société BB LOME a demandé à celle-ci de lui fournir des explications sur cet
état de fait ; qu’estimant que la cocontractante ne s’est pas exécutée BB LOME
a, par courrier du 10 novembre 2017, décidé de suspendre les relations
commerciales ; que la société CTC ADDRA ayant vainement sollicité la levée
de cette mesure de suspension a, par exploit du 28 août 2018, fait attraire la
société BRASSERIE BB LOME devant le Tribunal de première instance de
première classe de Lomé pour voir déclarer celle-ci responsable de rupture
abusive du contrat et la condamner au paiement de la somme de 196 104 295 F
CFA à titre de manque à gagner depuis la suspension du contrat et celle de deux
milliards à titre de dommages-intérêts ; que par jugement n° 289/2019 rendu le
24 avril 2019, cette juridiction, après avoir rejeté les exceptions d’incompétence,
de nullité et la fin de non-recevoir soulevées, a condamné la société BB LOME
au paiement de la somme de 650 000 000 F CFA à titre de dommages-intérêts
toutes causes de préjudices confondues ; que sur appel de cette société, la Cour
d’appel de Lomé a rendu l’arrêt objet du présent recours en cassation ;
4
Sur le moyen unique tiré de la contrariété des motifs équivalant au
défaut de motifs portant sur les articles 11 et 13 de l’Acte uniforme relatif
au droit de l’arbitrage
Attendu qu’en l’espèce, la Cour d’appel constate d’une part, que la clause
compromissoire insérée dans le contrat de distribution ne saurait recevoir
application en raison du fait que ledit contrat arrivé à terme n’a pas fait l’objet
d’avenant par écrit et que les relations entre les parties résultent désormais d’un
contrat non écrit à durée indéterminée et, d’autre part, fait application de la
clause d’exclusivité contenue dans le même contrat en son article 9, pour retenir
que la société ATC-ADRA était tenue par ladite clause ; qu’il en résulte une
contrariété de motifs équivalant à une absence de motifs ; qu’il y a lieu en
conséquence de casser l’arrêt déféré et d’évoquer au fond en application de
l’article 14 alinéa 5 du Traité instituant l’OHADA, sans qu’il soit besoin
d’examiner les autres branches du moyen unique ;
Sur l’évocation
5
commerciale du Tribunal de première instance de première classe de Lomé dont
le dispositif est ainsi libellé :
Que c’est dans ces entrefaites que l’intimée l’a attraite devant le Tribunal
de première instance de Lomé pour la voir condamner à des dommages-intérêts
pour rupture abusive ;
7
Attendu que la Brasserie BB LOME SA se fondant sur la clause
compromissoire insérée dans la convention de distribution de boissons en
boîtes en date du 1er juillet 2011 et sur les dispositions des articles 4 alinéa 1er,
11 et 13 de l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage, soulève
l’incompétence du juge étatique au profit de la Cour d’arbitrage de la Chambre
du Commerce, d’Agriculture et d’Industrie du Togo en abrégé CATO ;
Qu’elle conclut que les deux parties n’étaient plus liées par un contrat et
que la CTC-ADDRA n’a pas la qualité alléguée de cocontractant et doit par
conséquent être déclarée irrecevable en son action conformément à l’article 29
du Code de procédure civile ;
Que, d'autre part, les états financiers sur lesquels le premier juge fonde son
évaluation du prétendu préjudice n'en valent pas ; qu'en effet, il ressort de la
confrontation entre les prétentions de la CTC-ADDRA SARL ressorties de son
exploit d'assignation et les chiffres relevés dans ses bilans déposés à l'OTR,
qu'elle baigne dans une contradiction qui justifie les inquiétudes de la Brasserie
BB LOME SA et fonde ses prétentions ; que l'exploit d'assignation indique pour
l'année 2017 un bénéfice de 23.049.255 F CFA, alors que le bilan à la page 15
mentionne une perte de 168.141.493 F CFA ; que pour l'année 2016, un bénéfice
de 31.638.855 F CFA est mentionné dans l'assignation, alors que dans le bilan,
c'est un bénéfice de 19.048.814 FCFA ; qu'il en est de même pour les années
2015 et 2014 ; que ces écarts n'ont d'autres explications que les opérations
illégales constatées et poursuivies par l'OTR comme étant des actes d'importation
sans déclaration à la douane de ses produits ; que ces chiffres incluant des actes
frauduleux sans déclaration, ne sauraient donc servir de base d'évaluation d'un
quelconque préjudice que la CTC-ADDRA SARL aurait subi du fait de la
suspension ; qu'il s'ensuit que la condamnation prononcée par le premier juge n'est
pas fondée et que le jugement entrepris doit être infirmé ;
Que par ailleurs, en dehors du fait que la brasserie n'a pas respecté les
règles de rupture d'un contrat commercial à durée indéterminée, il ne saurait être
retenu à son encontre une quelconque faute d'exécution de la convention qui la
liait à la brasserie BB LOME SA à compter du 1er janvier 2017 ; que c'est donc
à bon droit que le premier juge affirme que « la lettre du 10 novembre 2017
constitue ni plus ni moins une rupture potestative et abusive du contrat à durée
indéterminée entrée en vigueur le 1er janvier 2017 entre les parties » ; qu’il échet
de confirmer le jugement déféré sur ce point ;
10
Attendu que sur son appel incident relatif au montant de la condamnation,
la CTC-ADDRA SARL relève que c’est en vain que l’appelante principale
soutient l’absence de contrat entre les parties et prétend qu’il n’existe pas une
relation d’exclusivité entre elles en ce que, du fait de la particularité des produits
qu’elle commercialise et qui l’oblige à s’approvisionner uniquement chez la
BRASSARIE BB LOME SA, il appert clairement qu’il existe une relation
d’exclusivité entre les parties ;
12
Sur les dépens
Se déclare compétente ;
Statuant à nouveau
Ainsi fait, jugé et prononcé les jour, mois et an que dessus et ont signé :
Le Président
Le Greffier
13