Document Sans Titre-76
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Dans le poème Le Mal, Rimbaud exprime son empathie pour les soldats : “Pauvres
morts” qui ont disparus dans le feu de la bataille : “croulent les bataillons en
masse dans le feu”, et qui ne font plus qu’un “tas fumant”.
De même dans le Dormeur du Val, il met en scène un jeune soldat dans un cadre
paisible et bucolique, et on apprend par la suite que le soldat est mort : “Il dort
dans le ciel, la mains sur la pointrine/ Tranquille. Il a deux trous rouges au côté
droit”. Si Rimbaud dénonce la folie et l’absurdité de la guerre, il désigne surtout les
responsables, notamment dans le Mal. Il pointe du doigt le “roi” qui “raille” les
soldats mais surtout Dieu qui est indifférent au malheur des hommes : “Il est un
Dieu qui rit aux nappes damassées (...) et se réveillle quand les mères
ramassées dans l’angoisse (....) lui donnent un gros sous lié dans leur mouchoir”.
Dans ce passage, la cupidité de Dieu y est dénoncée. Dieu ne se réveille qu’à la fin
de la messe, quand les mères angoissées par le sort réservé à leurs enfants partis
sur le champs de bataille, versent de l’argent avec l’espoir de les sauver.
L’indignation du poète est ainsi saisissante à l’égard des massacres de la guerre et
de Dieu qui profite honteusement de la misère humaine.
Rimbaud qui a passé son enfance aux côté des bourgeois de Charleville, prend
plaisir à en esquisser la silhouette grossière à la manière d’un Daumier. Dans “A la
musique” par exemple, il dépeint leur embonpoint, signe de leur richesse, mais
aussi, mais aussi symbole de leur immobilisme, de leur conservatisme et de leur
bêtise : “Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs / Portes les
jeudis soirs leur bêtises jalouses”. Inversement, le poète fait preuve d’empathie
pour les pauvres, victimes de la bourgeoisie et du pouvoir, que ce soient “les vieilles
qui s’en vont pleurant sous leurs bonnets” (Le Forgeron) ou les “cinqs petits” qui
guettent le boulanger dans le froid dans les Effarés. Dans ce poème :
Rimbaud dénonce la misère des enfants, rappelant les vers des Contemplations
“Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?”, mais surtout le roman de
Victor Hugo, Les misérables, publié en 1862 et admiré par Rimbaud qui déclare
dans la Lettre du voyant adressée à Paul Demeny en 1871 : “Les Misérables sont
un vrai poème”.
7. Il est précurseur par certains thèmes nouveaux en poésie
(ex : vagabondage, amour : érotisme sensuel peinture de la
petite bourgeoisie)
“ Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées (...) J’allais sous le
ciel, Muse ! Et j’étais ton féal” Ma Bohême
“Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs / Celle là ce n’est pas
un baiser qui l’épeure!” Ua Cabaret-vert
Rimbaud pastiche les auteurs qui l’ont précédé, il les détourne, les imite avec ironie,
ou leur rend hommage. On retrouve du bovarysme dans la décevante éducation
sentimentale de « Roman » : dans ce poème, Rimbaud s’inspire de Flaubert et en fait
une sorte de synthèse poétique.
Dans cette lettre, Rimbaud exprime son désir de liberté, il est en quête d’incnnu et
de modernité, il explique que “le poète se fait voyant par un long, immense et
raisonné dérèglement des sens”. C’est pour cette raison que dans son recueil,
Rimbaud joue avec les mots comme un enfant.
Ma Bohème “frou-frou”
Le Forgeron “merde”
Toutefois, il revisite les codes au lieu de s’y asservir. Il crée dans ce jeu
avec la contrainte, c’est le geste de l’émancipation qui devient créateur.
Il revisite les règles de la forme fixe qu’est le sonnet, en déplaçant les
rimes suivies à la fin du sizain, dans “Le Mal”, où en liant
syntaxiquement les quatrains et les tercets dans “La Maline”. Il
subvertit la musique de l’alexandrin, recourant fréquemment à des
enjambements qui donnent des airs de prose au vers noble : “je
contemplai les sujets très naïfs/De la tapisserie”, “Au Cabaret-Vert”
ou à des rejets qui mettent brutalement en lumière tel ou tel adjectif :
“il dort dans le soleil, la main sur sa pointrine/Tranquille”, “le
dormeur du Val”. Finalement, s’il respecte le rythme de l’alexandrin,
c’est pour mieux s’en moquer, comme dans “A la musique” où il
devient aussi pesant que les bourgeois engoncés dans leurs habitudes :
“sur la place taillée en mesquines pellouses,/Square où tout est
correct, les arbres et les fleurs”. Enfin, il subvertit les thèmes
traditionnels. L’amour n’est plus idéalisé mais chargé d’un érotisme
sensuel : “Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,/-Celle
là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure !-”, “Au cabaret-vert”.
11.La satire, un moyen pour s’émanciper poétiquement