Memoire Up
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Nous remercions de tout cœur, notre encadreur Dr DABA Daniel qui malgré ses
multiples occupations a toujours prêté l’oreille aux situations que nous lui avons posées, ses
conseils, orientations et ses remarques nous ont permis de mener à bien ce travail.
Nous disons infiniment à tous nos informateurs qui nous ont permis de constituer notre
corpus et de nous avoir appris tant de choses concernant notre culture.
Nous remercions du fond du cœur Mado Fissou pour son soutien multiforme et notre
bien aimé fils Bobodji Vlandam.
Nous remercions nos amis frères dont les échanges ont parfois soulevé une réelle
motivation et dont les noms n’ont pas été mentionnés ici.
Nous n’oublions pas nos camarades de promotion avec qui nous avons passé de bons
moments dont le regard dans l’amélioration de la qualité de ce travail a été très déterminant.
Sommaire
Résumé
Le présent travail portant sur l’étude des technolectes de l’activité agricole d’une langue
camerounaise de la famille adamawa-oubanguienne- le dii, a pour but de recenser de façon
générale, les unités lexicales servant de base et d’unités de communication se rapportant à cette
activité étant donné que les pratiques et techniques semblent assez dynamique. Dans la
communauté dii, la plupart des individus pratiquent l’activité agricole même pour les personnes
qui disposent d’une autre activité. La dénomination du peuple dii par l’expression « peuple
d’igname » est donc une lapalissade. La réalisation de cette étude est passée au travers de
l’observation de quelques aspects théoriques en linguistique de développement, les mécanismes
et procédés de construction des technolectes dans le cadre de cette activité. Ceci a été possible
par l’entremise de l’approche culturelle de la terminologie et l’approche ingénieriste. Ainsi,
une analyse sur la base de ces théories a permis de déceler que les termes techniques dans le
domaine agricole se construire par les mécanismes linguistiques de métaphore, de dérivation,
de composition, d’emprunt, les équivalents immédiats, les quasi équivalents, calque et les
expressions périphrastiques. Au terme de l’analyse de ces procédés qui permettent de
construire les technolectes de l’agriculture en langue dii, nous avons essayé de constituer une
base de données du lexique et d’un glossaire de l’agriculture dii-français.
TM : ton moyen
TB : ton bas
TH : ton haut
v : voyelle
vc : voyelle consonne
La mondialisation est un fait qui prend de l’ampleur et se matérialise de plus en plus à travers
le monde, aucun peuple où qu’il soit n’est à l’abri de ses effets et même de rester indifférent.
Dans ce contexte, la participation des uns et des autres est on ne peut plus capital, nous
n’imaginons pas que certaines communautés restent en marge. Chaque peuple se trouve
contraint de subir les exigences fixées de gré ou de force, par les orientations que prend
dorénavant notre planète. Il est dont crucial pour chaque communauté de s’adapter, de prendre
le train de la mondialisation ou alors de ralentir elle-même, son processus développemental. Au
Cameroun, c’est une situation ne concerne pas seulement l’économie des Etats mais, elle
s’intéresse également à la culture et à la langue. Les communautés doivent adapter leur langue
à l’évolution de la science et de la technique en s’appropriant au besoin des concepts et termes
particuliers, des nouvelles réalités qui sont en vogue et qui font déjà partie du quotidien
expressif des populations. L’urgence d’adapter nos langues aux transformations et mutations
technologiques tous azimuts est évidente. En fonction des domaines d’activités, nos langues
doivent s’adapter afin de s’arrimer à ces multiples mutations. C’est dans cette perspective que
nous nous intéressons particulièrement l’étude des technolectes de l’agriculture en langue dii.
Ce travail s’inscrit ainsi dans le cadre des sciences du langage en général et précisément dans
le domaine de la linguistique de développement, qui utilise certains outils de la lexicologie, de
la traductologie et de la terminologie. Il s’agit dans cette lancée, d’étudier les différents
mécanismes de traduction et nommer dans un domaine spécialisé un certain nombre de concepts
ou lexique qui font partie intégrante des éléments de communication des uns et des autres et qui
constituent un réel poids dans l’amélioration et la qualité de leur activités. Le terme technolecte
est un mot composé de technique/technologie et de lecte. Une technique en tant qu’adjectif,
renvoie en particulier à un métier, à un art. Selon le dictionnaire Larousse c’est un « ensemble
des procédés qu’on doit méthodiquement employer pour un art, pour une recherche dans un
métier. » Une technologie désigne une science, traité, étude ou recensement des techniques, des
machines, des outils etc... Un lecte pour sa part se définit selon Dubois et al (2002 : 275) en
faisant allusion à une langue « désigne l’ensemble de caractères linguistiques différenciés qu’on
peut regrouper en une structure et qu’on réfère à une couche sociale, à un groupe professionnel.»
parler des technolectes renvoie en quelque sorte à un langage technique propre à des
professionnels d’un métier. Pourtant, la conception du technolecte selon Messaoudi L. (2010 :
134) « le technolecte est conçu comme un ensemble d’usages lexicaux et discursifs, propre à
une sphère de l’activité humaine. » Plus loin encore, Messaoudi L. (2013) renchéri en précisant
que « le technolecte est un savoir-dire, écrit ou oral, verbalisant par tout procédé linguistique
adéquat, un savoir ou savoir- faire dans un domaine spécialisé. » Il faut rappeler que Hagège C.
(1982) fut le premier à utiliser le mot technolecte pour parler d’
Un ensemble de désignations spécifiques d’un certain domaine de l’activité
humaine : sciences et leurs applications. (Par ex. biologie et médecine, chimie
et pharmacopée…) art, vie politique et administrative, économique et
sociale…. Le technolecte est constitué des termes qui doivent posséder
idéalement les propriétés suivantes : être normalisés ; n’être pas connotés, être
monosémiques…
En d’autres termes, un technolecte est un ensemble d’éléments expressifs que les acteurs d’une
activité humaine utilisent dans le cadre de leurs communications. Plus loin encore Diki-kidiri
M. (2008) désigne le technolecte comme un discours de spécialité quand il dit que :
La langue est constituée d’un grand nombre de discours différenciés selon le
besoin d’expression et de communication. Ce qui donne lieu à divers sous-
ensembles appelés lectes (dialecte, sociolecte, idiolecte, basilecte, mesolecte,
acrolecte, etc.). La terminologie ayant pour objectif le développement et
l’enrichissement des langues naturelles et non la création des langues
artificielles spécialisées qui seraient différentes de celles-là, il est plus juste de
parler ici de technolecte ou de discours de spécialité plutôt que de “langue” de
spécialité.
L’agriculture est un mot qui vient du latin agricultura, composé à partir de ager « champ » et
de cultura « culture » fait partie de l’ensemble des activités économiques du secteur primaire
dont la finalité est l’exploitation des ressources naturelles. Cette activité consiste en un
ensemble de travaux dont le sol fait l’objet en vue d’une récolte des produits qui seront destinés
soit à la consommation, soit à la vente. Il désigne aussi selon Wikipédia « l’ensemble des savoir-
faire et activités ayants pour objet la culture des sols, et, plus généralement, l’ensemble des
travaux sur le milieu naturel…permettant les végétaux utile à l’être humain. » De même, le
dictionnaire Larousse en ligne défini l’agriculture en ces termes « ensemble des activités
développées par l’homme, dans un milieu biologique et socio-économique donné, pour obtenir
les produits végétaux et animaux qui lui sont utiles en particulier ceux destiner à son
alimentation. » Ce travail de linguistique de développement ayant recours à d’autre branches
de linguistique, nécessite également quelques clarifications concernant la traduction, la
terminologie et la lexicologie. S’agissant de la traduction, Dubois J. et al (2002 : 486)
définissent la traduction en ces termes :
La traduction consiste à « faire passer » un message d'une langue de départ
(langue source) dans une langue d'arrivée (langue cible). Le terme désigne à la
fois l’activité et son produit : le message cible comme « traduction » d'un
message source, ou « original ». Au sens strict, la traduction ne concerne que
les textes écrits…
Il est donc question en traduction de s’appuyer sur les textes écrits, puis adapter un
vocabulaire selon le contexte, des mots justes et équivalents. Plus loin encore, il faut préciser
qu’à partir du mot traduction, on a le verbe « traduire » qui se défini selon Dubois J.et al (ibid)
comme « énoncer dans une autre langue (langue cible) ce qui a été énoncé dans une langue
source, en conservant les équivalences sémantiques et stylistique. »
Mounin G. (1963 :4), pense pour sa part que la traduction est un contact de langues, est
un fait de bilinguisme. Autrement dit, la traduction est une action dont le but est de transformer
un discours ou des écrits entre les langues ou mieux encore le rendu de cette activité.
La terminologie, mot composé de « terme » et de « logos » s’entend selon le Petit Larousse
Illustré (1979) désigne l’ensemble des termes particuliers à une science, à un art. Elle s’inscrit
aussi comme discipline complémentaire et point essentiel à la linguistique de développement.
Dubois J. et al (2002 :481) à propos de la terminologie, disent que « toute discipline, et à plus
forte raison toute science, a besoin d’un ensemble de termes définis rigoureusement, par
lesquels elle désigne les notions qui lui sont utiles : cet ensemble de termes constituent sa
terminologie. » Ils s’ajoutent que : « on appelle également terminologie, l’étude systématique
de la dénomination des notions (concepts) spécifiques à de domaines spécialisés des
connaissances ou des techniques. » ce domaine de la linguistique se présente alors comme celle
qui veut exprimer dans les moindres détails, les concepts ou dénominations particulières à un
domaine ou une activité précise. Elle s’appuie sur les données culturelles pour donner un sens
exact aux unités à désigner dans une langue. Diki-kidiri M. (2008) pense que le but visé dans
un travail de terminologie peut être la standardisation, la normalisation, l’enrichissement et
l’instrumentalisation des langues naturelles propres aux communautés humaines.
La lexicologie pour sa part, est une discipline qui s’occupe des mots par rapport à leur valeur,
leur nature, à leur étymologie et la signification des unités lexicales de la langue. C’est une
étude qui s’intéresse également à la formation et à la description des unités lexicales. Dans ce
sillage, Polická A. (2014 :9) définit la lexicologie en ces termes : « étude scientifique du
lexique. Elle étudie les unités lexicales, les mots et les syntagmes figés d’une langue. Elle
s’intéresse à la fois au signe linguistique et aux relations qui existent entre le lexique et la
syntaxe. » Si la lexicologie est perçue comme tel, son objet d’étude est donc le lexique et la
description des unités de sens pertinent et les relations qu’entretiennent les différents sèmes.
2- Motivations
Pour réaliser ce travail, les principales raisons qui m’ont poussé à poser un regard sur l’étude
des technolectes de l’agriculture en langue dii sont les suivants. Dans un premier temps, mon
choix a été porté sur cette thématique en raison de notre situation dans le cadre de la formation
des élèves professeurs de l’école normale supérieure de Yaoundé entre 2016 et 2019. Dans ce
parcours qui a duré trois ans, et alors que nous faisions nos premiers pas dans les études de
linguistique africaines, l’une des responsables de l’enseignement d’une unité de valeur, intitulée
les pratiques culturelles communautaire lança une interrogation sur la dénomination des
volailles et outils agricoles traditionnels et modernes de nos communautés. La réponse du
deuxième volet de la question nous à sembler complexe et a tout de même attiré et attisé notre
attention sur la façon de nommer certains réalités que nous utilisons au quotidien, bien que
fabriqué ailleurs et qui font déjà partie intégrante de notre vie. Cette incapacité à produire ces
mots a suscité en nous l’envie de s’intéresser à la traduction et la communication des acteurs de
ce secteur au moment de faire référence à des réalités propres au domaine où ils exercent. La
rareté de ces documents, pouvant servir de point d’appui au fil du temps de formation, a aiguisé
mon besoin ardent de produire un travail sur les technolectes ou langues spécialisées dans le
domaine agricole en langue dii en faisant tout de même sa promotion puisque le dii fait partie
des langues enseignées au Cameroun.
Dans un second temps, nous voulons aussi nous inscrire dans le sillage des travaux qui
ont été effectué dans la langue dii et présenter un autre regard sur l’ensemble des phénomènes
qui s’intègrent comme tout ou partie de notre mode de vie. Le recensement d’un certain nombre
de faits agricoles car, l’agriculture d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier et intègre de nous
nouveaux paradigmes. On parle précisément d’agriculture de seconde génération qui intègre de
nouveaux concepts, des outils innovantes et de nouvelles techniques.
3- Objectifs
Un objectif désigne le but que l’on cherche à atteindre, ce que l’on vise. Dans le cadre
d’un travail de recherche, il se présente comme étant le point de chute ou l’aboutissement de
notre recherche. S’intéresser à l’étude des technolectes de l’agriculture en langue dii, nous
invite à mettre globalement à poser les bases de l’établissement d’un lexique, de recueillir un
certains nombres d’éléments expressifs utilisées dans un cadre professionnel ou mieux encore
établir une base de données contenant des concepts et termes en rapport avec l’agriculture, en
liaison avec l’évolution des sciences et techniques agricoles, afin de communiquer et désigner
sans difficulté des nouvelles réalités de l’agriculture en langue dii. Spécifiquement, il s’agira
pour nous de présenter dans un premier temps, les mécanismes et procédés de traduction en
langue dii. Dans un second temps, de montrer que le développement des technolectes est
proposition à prendre en compte dans l’adaptation et d’enrichissement du stock lexical des
langues et particulièrement à la langue dii.
4- Problématique
Quels sont les mécanismes, stratégies et procédés linguistiques employés dans la construction
des technolectes de l’agriculture en langue dii ?
Est-il possible d’établir un glossaire ou lexique des technolectes de l’activité agricole en langue
dii ?
5- Hypothèses
Après la présentation des différents problèmes que soulève notre travail, nous avons
jugé opportun de poser les balises ou pistes de solution aux différentes interrogations qui ont
été formulé.
Principalement, nous osons croire que les technolectes ou langues spécialisées adapté
aux nouvelles réalités du domaine agricole en la langue dii, serait constitué d’un mélange des
mots composés, équivalents directs, des quasi-équivalents, l’adaptation, de calque linguistique,
d’emprunts et de métaphore.
Un technolecte qui rend réellement compte des concepts dans le domaine spécialisé de
l’agriculture pourrait reposer sur les réalités socioculturelles des communautés,
6- État de la question
Depuis quelques décennies, les langues africaines s’affirment de plus en plus dans le
domaine de la science pour sortir du paradigme qui limitait les langues africaines uniquement
à la transmission orale des savoirs. Aujourd’hui, la situation semble ne plus être la même en ce
sens que, les travaux scientifique effectués sur les langues nationales et en langues nationales
apparaissent de plus en plus. Le présent travail de développement et de traduction des termes
et concepts spécialisés en agriculture dans la langue dii nous permet de recenser un ensemble
d’ouvrage, sociologique, anthropologiques, historique et linguistiques sur ou en rapport avec
cette langue.
Tourneux H.et Seignobos C. (1997) « origine et structure du lexique botanique peul du diamaré
(Cmr) » dans ce travail, il présente les différentes espèces végétales dans leur dénomination
scientifique avec les traductions en langue fulfulde. Ils montrent dans cet ouvrage que 11% du
lexique peul dans sa variante du diamaré est identique à celui du Sénégal et 18% de ce lexique
est issu des autres langues ayant été en contact avec les peul sur le chemin de la migration entre
le Cameroun et le Sénégal. Aussi, ils expliquent que le nom de ces espèces se forme par
composition et dérivation.
Taiwé F. (2017) dans son mémoire intitulé « analyse d’un ouvrage lexicographique
interlinguistique : le cas du dictionnaire tupuri-français-anglais de Suzanne Ruelland » procède
à l’analyse du sens tel que propose Suzanne Ruelland dans le dictionnaire tupuri-français-
anglais. Il commence par relever les incohérences et problèmes de sens dans la traduction de
certaines unités lexicales du tupuri vers le français. Il propose par la suite que pour rendre
compte avec exactitude du sens des unités lexicales, une emphase doit être mise sur la définition
des unités ayant une proximité sémantique afin de lever l’équivoque. Il finit par mettre sur pied,
un lexique ou une « version améliorée » ce dictionnaire.
Tourneux H. (2020) « les langues locales pour un développement local ouvert. » montre que
dans le Cameroun septentrionale, la population jeune représente environ 60%de la population,
et que l’éducation que ceux-ci reçoivent à l’école présente des limites car il y a une sorte de
déphasage entre ces jeunes et les parents. Il préconise donc l’enseignement des savoir culturels
locaux dans les écoles en présentant à la clé un exemple de leçon en fulfulde pour l’école
primaire.
Saadi F. (2021) « analyse lexicale du technolecte des artisans mécaniciens à El’Chat » in DIAA
recherches psychologiques et Educatifs. C’est un article qui traite du lexique en usage chez les
artisants et les mécaniciens dans la localité de El-Chat en Algérie. Après la présentation du
rapport entre technolecte et terminologie, l’auteur montre que les pratiques langagières de ce
domaine d’activité est un mélange des emprunts, l’alternance codique et le code mixing.
Messaoudi L. (2013) « l’étude des technolectes : quel intérêt pour le Maghreb ? » est un article
dans lequel l’autrice commence par définir la notion de technolecte en montrant l’intérêt que
l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont à travers l’étude des technolectes dans le milieu éducatif
et surtout universitaire car, certains étudiants ayant fait le parcours du secondaire avec une forte
dominance de la langue arabe n’arrivent à tirer leur épingle du jeu du fait que les enseignements
sont dispensés en français. Messaoudi propose dont quelques pistes de solution à la fin de
l’article pour essayer de régler le problème.
Benatta F. (2021) « analyse linguistique du technolecte des agriculteurs de l’ouest algérien. Cas
de la région de Mascara. L’auteur explique comment les vendeurs de pièces de rechange
agricole mélange le français et l’arabe pour désigner les expressions agricoles par l’utilisation
des unités morphologiques et sémantiques.
Messaoudi L. (2013) « les technolectes savantes et ordinaires dans le jeu des langues au
Maroc. » in langues et sociétés, la maison des sciences de l’homme N° 143 pp 65- 83.Après
avoir présenté la différence entre technolecte savant et technolecte ordinaire, c’est la mise en
évidence des éléments qui rentrent dans la production des technolectes savants sont produits et
utilisés par les intellectuels ou universitaires d’un domaine professionnel alors que les
technolectes ordinaires par des acteurs divers.
Tourneux H. (2022) commet un article ayant pour titre « de la nécessité de se doter d’outils
lexicographiques adéquats pour le développement. » il montre dans ses écrits la nécessité pour
les langues africaines de se doter des ouvrages lexicographiques et les procédés de réalisation
d’un dictionnaire. Il commence par présenter son expérience haïtienne où avant de réaliser un
dictionnaire de créole, il fallait au préalable régler un problème d’orthographe de la langue.
Ensuite, il présente le cas des langues africaines où certains préconisent que l’ordre d’apparition
des mots dans le dictionnaire doit obéir à l’ordre de classement vertical ou horizontal du tableau
phonétique. Enfin, il finit en montrant que la lecture obéit à la vision, c’est pourquoi il faut se
servir du classement déjà connu, notamment celui du français ou de l’anglais en insérant les
lettres spécifiques à proximité des sons ou lettres apparentés.
D’après le recensement de ces travaux qui s’intéressent soit à la langue dii, soit à la
terminologie et lexicologie, nous relevons que des travaux spécifiques à la traduction-
terminologie en langue dii constituent une denrée rare qui mérite selon notre observation, une
attention particulière.
7- Cadre théorique
Le présent sujet sur lequel notre attention est focalisée, compte mettre en évidence et
donner une dénomination à certains termes agricoles en langue dii, présenter les voies et
moyens pour la construction des technolectes et une traduction qui sied aux données actualisés
du domaine agricole. Pour la réalisation de ce travail, il est capital de s’appuyer sur des théories
qui constituent une sorte de repère pour le domaine linguistique où nous posons les pieds. Une
théorie en linguistique s’entend comme, un discours scientifique à partir duquel l’on peut tenter
de donner une explication de la langue ou de l’une de ses manifestations. De ce fait nous
recourrons premièrement aux théories adaptés à la traduction, en deuxième lieu nous
présenterons également quelques théories qui rendent comptent de la terminologie.
Etant donné, que le sujet abordé s’intéresse à une langue, il est difficile de détacher à ce
terme l’élément culture. De cette appréhension, langue et culture forment un tandem
indissociable. Pour effectuer une analyse ou une étude des technolectes de l’agriculture en
langue dii, il est nécessaire d’interpeller l’approche culturelle de la terminologie établit par
Diki-kidiri M. (2008 : 17) qui pense qu’elle s’appuie sur les aspects culturels pour adapter avec
exactitude le maximum des termes y afférents, c’est pourquoi parle en ces termes « l’approche
culturelle de la terminologie qui part d’une investigation des valeurs du terroir est la méthode
qui permet le mieux de développer à la fois la langue, la culture, le savoir et le savoir-faire, en
minimisant au maximum les risques de déracinement. »
Le présent sujet s’inscrit également, dans le champ du développement linguistique, nous
pensons que la linguistique de développement telle que pensée par Metangmo-Tatou (2019),
qui estime que le développement ne se résume pas seulement en la résolution des problèmes
économiques. Il intègre notre capacité communicationnelle dans les différents domaines et
activités pastorales, agricoles, et sanitaire. Autrement dit, développer une langue pour elle c’est
pouvoir communiquer dans cette langue, en toute aisance dans les domaines de la vie courante.
8- Cadre méthodologique
Pour mener à bon port notre étude, l’approche qualitative est notre démarche de
préférence en ce sens qu’elle permet de choisir une qualité de personnes ressources capable de
nous donner les informations dont nous avons besoin dans cette étude. Alors, nous allons nous
rapprocher d’une dizaine d’agriculteurs pratiquant divers types d’activité agricole de la localité
de Mbé, en fonction des produits agricoles cultivés, nous allons nous entretenir avec eux puis,
collecter par écrit et au besoin par enregistrement les informations qui nous seront fournies à
propos des pratiques agricoles chez les dii. De façon concrète, nous allons déclencher une
conversation ou discussion et poser directement une question centrale à notre informateur
portant sur le processus d’élaboration ou de réalisation d’un champ en fonction des produits
agricoles. La réponse qui sera proposée par nos informateurs sera enregistrée, puis transcrit en
langue dii et traduit par la suite en langue française, d’où nous allons relever les termes et
expressions dont nous avons besoins et procéder par la suite aux analyses. Les termes seront
identifiés dans les constructions, afin d’avoir un sens réel du concept identifié. Par ailleurs, Les
éléments à étudier seront transcrit sur la base de l’alphabet générale des langues camerounaises
de Tadadjeu M. et Sadembouo E. (1979). Aussi, afin de ne pas tomber sous le coup cette
aphorisme italien qui dit que « toute traduction est fatalement infidèle et trahit », nous
chercherons à nous rassurer de la véracité de la traduction des constituants de notre corpus. Il
se fera par l’aide de quelques informateurs ou personnes ressources, membre du comité de
langue et de littérature dii et enseignants de langue dii dans les établissements de la ville de
Ngaoundéré. Il faut tout de même signalé que l’agriculture étant une activité qui se pratique
dans la nature, certains termes et expressions que nous avons relevé dans le dictionnaire de
langue dii écrit par Bohnhoff L. (2014) se rapporte également soit à l’environnement soit à la
végétation, mais l’emphase est mis sur l’agriculture proprement dite. Par-dessus ces éléments à
utiliser dans le cadre de la constitution de notre corpus, nous avons eu recourt à un catalogue
réalisé par le comité de langue dii, mettant en exergue le mécanisme d’utilisation des pesticides
pour les agriculteurs.
9-Intérêt
Le travail de description du nominal en langue dii que nous abordons dans cette étude,
présente un triple intérêt.
Premièrement, il s’agit d’un intérêt personnel en ce sens que nous avons relevé un défi
que nous avions précédemment fixé. Les zones d’ombres qui paraissaient à nos yeux ont été
éclairées. Aussi, il s’agit d’une fierté personnel pour avoir relevé le défi des difficultés qui
étaient les nôtre en tant que locuteur de la langue et par ailleurs enseignant de la langue dii.
Troisièmement, il faut aussi noter que ce travail porte un intérêt social, en s’ajoutant
dans le grand stock de littérature écrite sur la langue dii. Il nous permettra en tant que le locuteur
natif, de laisser une œuvre pour la postérité ou d’autres chercheurs découvrent les richesses que
portent nos langues faisant ainsi par ricochet.la promotion de la langue et la culture dii.
Pour réaliser ce travail, il est important de s’appesantir sur un certain nombre de points
qui nous faciliterons la compréhension du contenu de notre recherche. Ainsi, sur la base de
quatre chapitres nous permettrons d’y arriver.
Le peuple dii est groupe linguistique et ethnique du Cameroun qui habite la partie septentrionale
notamment les régions du Nord et de l’Adamaoua. Dans la région du nord, les dii se trouvent
dans les départements de la Bénoué précisément dans la localité de Gamba et ses environs, du
Faro aux alentours du carrefour Poli et du Mayo-rey partant du carrefour Guidjiba à Tchollire.
Il faut préciser que, cette région du Nord qui couvre une partie du paysage linguistique dii ne
constitue qu’en réalité le tiers de ce peuple. La seconde région qui regroupe le peuple dii se
retrouve administrativement dans le département de la Vina spécifiquement dans les localités
de Ngan-ha et de Mbé. Ces deux regroupements de la communauté dii dans cette région sont
souvent désigner par les membres de la communauté en faisant référence au relief qui couvre
ces localités. Ainsi, les dii qui habitent la localité de Mbé sont parfois désignés comme étant
des dii de la plaine car situés géographiquement après la falaise. Quant à ceux qui sont situés
avant la falaise en venant de Ngaoundéré sur la route nationale numéro un et couvrant les zones
de Borongo jusqu’à Ngan-ha, sont désignés comme étant les dii du plateau. Alors, dans la région
de l’Adamaoua, on retrouve les dii du plateau et les dii de la plaine et dans la région du Nord
on retrouve les dii de la cuvette.
La carte ci-dessous montre avec plus de détails la localisation de la communauté dii dans le
Cameroun.
Carte de la localisation des dii au Cameroun
Le peuple dii qui est connu aussi sous l’appellation de duru ou dourou, se situe à cheval entre
le grand-nord du Cameroun et la partie Sud du pays. A ce titre, il règne un climat de transition
entre les deux régimes climatiques : le régime équatorial et le régime tropical. Avec une très
longue saison sèche entre sept et huit mois pour une saison pluvieuse qui tourne autour de quatre
à cinq mois. Son réseau hydrographique est constitué d’un ensemble de cours parmi lesquels :
le fleuve Bénoué qui traverse une grande partie des villages dii.
1.3.Végétation et relief
Habitant deux régions contiguës au Cameroun, le peuple dii se trouve dans une zone sahélienne
où l’on retrouve les petits arbustes dont le sol est multiforme. Selon le plan de développement
communal de Mbé on retrouve plusieurs types de sol dans cette localité.
Au Cameroun, on retrouve d’une part les sociétés à pouvoir diffus encore appelés par abus
sociétés acéphales où l’autorité traditionnelle n’est pas assez puissante et fortement représenté.
D’autre part, on a les sociétés centralisées, où l’autorité traditionnelle est fortement crainte et
dispose d’un énorme pouvoir au sein de la société. Ces dernières catégories de sociétés se
retrouvent en majeur partie dans la partie septentrionale du pays. La communauté dii faisant
partie intégrante de cette portion du Cameroun ne déroge pas à cette règle. Pour les dii, l’autorité
suprême est le gbanàà « chef » ou encore le gbanii « chef suprême »son rôle étant entre autre
de d’administrer le territoire, de gérer les terres et l’économie. Avec l’invasion peule et son
impact sur la déstructuration des sociétés traditionnelles Camerounaises, les dii désignent aussi
leur chef comme le « lamido.» selon le PCD, le lamidot est assisté dans ses missions par :
Il est important de préciser que la société dii avant cette invasion peule avait une structure
pyramidale, où l’on retrouve les lignages à chaque strate. On a alors entre autre le lignage des
« gbanàà » (les princes), le lignage des « dɔŋ nàà » (les responsables de la circoncision), le
lignage des « naŋ » (les forgerons) et le lignage des « waa hág » (la communauté). Djida A.
(2020 : 30) précise que :
Le petit Larousse illustré (1979 : 258) définit la cosmogonie comme la théorie de formation de
l’univers. En d’autres termes c’est un récit, une étude ou mythe qui essaye de retracer l’origine,
les croyances d’un peuple ou de donner des explications. La communauté dii étant en contact
avec d’autres communautés fait montre d’une disparité et d’un dynamisme dans les croyances.
Selon les informations obtenues auprès du patriarche Teumbar D. les dii croyant en la force et
la puissance des ancêtres et personnes décédés. Pour eux, ces personnes avaient la capacité
d’interférer et d’influencer dans un quelconque sens sur la vie des membres de la communauté.
A ce titre, ils invoquaient le nom de ces ancêtres pour solliciter des faveurs ou des aides. Avec
l’arrivée des missionnaires et l’invasion peule les dii se sont convertis soit au christianisme, soit
à l’islam.
Il faut de ce fait préciser que, l’islam pénètre la communauté dii autour du XIXème siècle,
lorsqu’Ousman Dan Fodio confie à Modibo Adama la « conquête du fombina », qui représente
la partie Sud de leur invasion sous le prétexte du jihad pour répandre et convertir les populations
du Cameroun à l’islam. Cette religion a pénétré l’espace culturelle et linguistique dii jusqu’à
modifier un certains nombres d’aspects relatifs à l’organisation politique et religieuse. On note
avec Podlewski (1971 :35) que « le plateau comporterait 84% de musulmans [….] alors que la
plaine des environs de Mbé comprendrait 46% de musulmans… » En plus de cela, on peut
remarquer que certains villages dii sont à 95% musulmans à l’instar du village de Ndom-
benoue.
Le christianisme pour sa part, fait son entrée dans la communauté avec l’arrivée des
missionnaires venus évangéliser les populations du grand-Nord Cameroun. Parmi les
missionnaires on retrouve entre autre les norvégiens, les canadiens et américains. Ces
missionnaires en mission d’évangélisation dans la localité étaient soit des catholiques, soit des
protestants. Ils ont implantés des églises et ont amenés les dii à adhérer tant tôt à la branche
catholique, tant tôt à la branche protestante sous la bannière de l’église évangélique luthérienne
du Cameroun (EELC) avec des bases respectivement établis à Karna-manga et à Mbé. Il faut
relever que ces missionnaires au-delà de construire les lieux de cultes, ils ont construit des
centres de santé et des écoles. Aussi, un centre de littérature dii a été mis en place avec l’aide
des missionnaires norvégiens qui a permis de traduire au plan religieux, la bible en langue dii
et confectionner un catéchisme en langue dii, au plan littéraire, un syllabaire pour la lecture et
l’écriture de la langue dii a été également mis en place.
En plus de ces premières obédiences religieuses, on note de nos jours la présence des églises
dites « de réveil » qui entrent également dans la danse en vue de la conquête des fidèles afin de
transmettre également leur vision du christianisme.
2.3. L’économie
Pour survivre et avoir de quoi se nourrir, le peuple dii pratique divers activités liées à
l’économie. Cette dernière est définie selon le Petit Larousse illustré (1979 :344) comme « un
ensemble des activités d’une collectivité humaine relative à la production et consommation et
à la consommation des richesses. » Il s’agit en d’autres termes, de toutes les activités réalisées
par les membres de la communauté dii dont le but est de produire et subvenir aux besoins
alimentaires. Comme la plupart des économies du monde, l’essentiel des activités économique
pratiquées chez les dii est agricole. Cependant, on note également la pratique d’autres activités
telles que l’artisanat, la chasse et la pêche.
2.3.1. L’agriculture
Parlant de l’agriculture chez les dii est pratiquée par la quasi-totalité des membres de la
communauté à l’exception des forgerons. Elle est jusqu’ici une agriculture qui ne se fait pas
encore à l’échelle industrielle car, même si certains produits sont vendus, ils ne couvrent que
les besoins alimentaires et de premières nécessité selon les informations reçues chez Mr
Adamou G. la communauté dii cultive les féculents comme l’igname et le manioc, les céréales
à l’instar du mil, le maïs, l’arachide. Muller J-C. (1992 : 6) précise que :
La culture phare des dii est l’igname car selon le PCD (2014 : 37) elle est pratiquée sur environ
600 hectares de terre et est en tête des produits agricoles de la localité. Les autres communautés
ont tendance parfois à désigner les dii comme étant « un peuple d’igname » car plusieurs
variétés d’ignames dont l’origine mythique y est produite. Ce mythe raconte que les chasseurs
et leur femmes étaient allés chercher de quoi mangé en pleine brousse. Après avoir trouvé un
camp de base, les hommes se sont déplacés pour la recherche du gibier. Pendant leur retour, ils
constatèrent que les femmes et les enfants avaient épuisé les réserves alimentaires et se
plaignaient d’avoir faim. C’est ainsi qu’ils décidèrent d’aller chercher l’aliment qui est
consommé par les singes. Cet aliment était donc une sorte d’igname sauvage que les dii ont
désignée par « hąąb ». Après avoir constaté que cela rassasiait les uns et les autres, ils prirent
quelques échantillons pour aller domestiquer dans le village à leur retour. Après l’avoir fait, ils
constatèrent que cela était bon et avait un peu changé de forme, c’est alors qu’ils le désignèrent
comme étant « dub » pour dire igname.
2.3.2. L’artisanat
Au-delà d’être des agriculteurs, les dii sont connus également dans le domaine de l’artisanat
qui consiste en la fabrication des objets manufacturés. Dans ce secteur, les dii se distinguent
par le travail de la métallurgie ou encore de la forge qui se fait sous l’apanage de la caste des
forgerons « naŋ ». Cette caste partage quelques relations avec les potières avec qui ces derniers
peuvent contracter mariage. Les forgerons utilisent les peaux d’animaux et le fer pour fabriquer
respectivement les instruments de musique comme le tambour et les outils ou ustensiles comme
la houe, la machette, la pioche, les lances, couteaux etc…
Pour essayer de subvenir à leur besoin, les dii pratiquent aussi la pêche et la chasse, activités
dont le but est de capturer du poisson et du gibier. Pour le cas de la pêche, elle se pratique sous
plusieurs formes à savoir : la pêche à la nasse, la pêche à la ligne, le barrage et l’usage du filet.
Pour le cas de la chasse, elle se pratique dans la brousse et demeure archaïque, par l’entremise
des techniques telles que la chasse à courre et le piège. Selon le PCD (2014 :39)
Les activités économiques pratiquées par la communauté dii ne s’étalent pas encore à l’échelle
industrielle bien qu’on note l’utilisation des fertilisants et plusieurs autres types d’intrants dans
le cadre agricole pour essayer de booster la production, ces activités restent encore
traditionnelles et destinées à l’autosuffisance alimentaire.
Parler d’un peuple suppose l’existence d’une culture, dont les particularités culinaires,
vestimentaires et rituels permettent de distingués un peuple de l’autre. Le peuple dii se
singularise de ce point de vue par, les rites initiatiques, les danses et pratiques culinaires.
Certaines communautés du Cameroun sont connues au travers des festivals traditionnels qui
s’organisent durant l’année. La communauté dii pour sa part, se fait connaitre au Cameroun par
sa cérémonie phare qui est la circoncision et aussi le sȩw. La circoncision en même temps rite
initiatique est la plus grande cérémonie observée au sein de la communauté dii. Il s’agit en
même temps d’une cérémonie et une période d’apprentissage et de formation à la vie du jeune
garçon. Cette cérémonie comporte plusieurs phases à savoir : la phase préparatoire qui consiste
à présenter les différents enfants dont l’âge varie entre sept et quinze ans, candidats à la
circoncision, auprès des différents membres de leur famille, qui doivent s’investir et se préparer
pour la circonstance. La deuxième étape consiste en la préparation du matériel par les forgerons
et la caste des circonciseurs. La dernière étape est celle de la circoncision proprement dite dans
un endroit que les dii appellent « təə » où le prépuce des jeunes candidats à la circoncision sera
coupé. Après cette phase les nouveaux circoncis vont passer des mois en brousse en compagnie
de leurs parrains dans le but d’apprendre la vie. Muller J-C. (2002 :241) explique que : « la
circoncision continue de transformer les garçons en “hommes”en leur apprenant à endurer la
souffrance, à encaisser stoïquement les sévices et brimades des hommes qui les
accompagnent. » le passage avec succès de cette phase clôt la phase initiatique qui se termine
toujours par l’organisation d’une grande festivité où les différentes danses traditionnelles sont
exécutées. Il faut aussi noter que l’autorité traditionnelle est la seule qui passe deux rites
initiatiques notamment pour devenir un « véritable homme », et lors de son intronisation.
2.4.2. Le sȩw
Pour le cas du sȩw, c’est un rite qui concerne uniquement la gente féminine, dont le but est de
guérir les femmes qui souffrent d’une perte de poids sans réelle explication. Il commence par
la réalisation d’un diagnostic par l’usage d’un son de tam-tam. Lorsqu’une femme tombe après
l’écoute de ce son, il est dit qu’elle est atteinte du sȩw et il faut procéder à son traitement. Pour
le faire, il faut apprendre la langue des sȩw (langue connue uniquement par les personnes ayants
été touchées par cette maladie et la guérisseuse traditionnelle), se vêtir d’un pagne rouge et
mettre également une pommade rouge sur le corps. Fanta c (2001) pense la « gbaŋ sȩw » connue
comme la guérisseuse traditionnelle dispose d’un énorme pouvoir dans la gestion de cette
pathologie.
Les aspects relatifs à l’alimentation et à la danse constituent des éléments qui permettent
d’identifier une communauté. Entendu de généralement comme la façon de cuisiner un repas
selon les normes d’une communauté, l’art culinaire chez les dii se caractérise par des repas
fades et des repas salés. Pour ce qui est des repas fades, il existe un met particulier fait à base
des feuilles de melon et de gombo associé à la pâte d’arachide qui s’accompagne du couscous
qu’on désigne en langue dii par « wiʼmam » littéralement sauce de l’eau qui se mange sans sel.
On note aussi quelques repas tels que le « zèʼsiggɨ́ », le « wiʼ fɔ̀gɔ̀d » le « sii » etc… Pour le cas
des danses traditionnelles, nous relevons le « mbee » une danse populaire et la plus célèbre de
la communauté dii qui s’exécute lors des festivités relatives à la circoncision sous la bannière
d’un masque qu’on appelle « gə́g », le « nab sàbàà » est aussi une danse que les chasseurs
exécutent pendant leur départ pour la chasse, ou alors exécuté après une chasse fructueuse, le
« nab laʼ súú » littéralement danse du pilon est aussi une danse populaire qui s’exécute par la
plupart des jeunes
Il est clair qu’en ce qui concerne les modes de vie, la communauté s’identifie par la pratique
des rites initiatiques ou de circoncision, des recettes culinaires assez particulières et des
rythmes. Dans la société dii, la circoncision vous donne accès à une considération dans la
société et lorsque deux individus ont fait la même classe de circoncision, ils sont considérés
comme des congénères « dag dɔŋ ».
III- Historique et origine du peuple dii
Les différents récits relatifs à l’histoire du peuple dii montrent que ce peuple s’est déplacé de
plusieurs points du monde pour venir se retrouver dans la partie Nord de la région de
l’Adamaoua et la partie Sud de la région du Nord Cameroun. Alors, plusieurs mythes et récits
migratoires essayent de donner et retracer l’origine des dii.
Dans le but de retracer ses origines, le peuple dii tente de présenter des explications plus ou
moins logiques et vraies aux différentes questions qui s’y rapportent. Le Petit Larousse illustré
(1979 : 682) définit le mythe comme « récit populaire ou littéraire mettant en scène des êtres
surhumains et des actions imaginaires, dans lesquels sont transposées des évènements
historiques, réels ou souhaités, ou dans lesquels se projettent certains individuels ou certaines
structures sous-jacentes des rapports familiaux. »
Un premier mythe raconte que le peuple dii vivait sur une montagne appelé « gbaŋ sii »
littéralement chef guerre. Dans ce lieu, les dii, dormaient à l’intérieur des grottes et consommait
le mil. Un de nos informateurs rapporte que, cette position en altitude permettait de regarder à
distance en cas d’attaque ou tentative d’invasion pour trouver et préparer les moyens de la
défense. Dans un contexte de guerre et de soumission des peuples, du Nord-Cameroun par les
peuls et les exactions du monarque de Rey-Bouba, il a donc fallu aux dii de trouver refuge sur
une montagne et après avoir été conquis par les peuls, ils quittèrent cette montagne pour se
s’établir dans les différents villages du Nord et de l’Adamaoua. Cette situation est bel et bien
exposée par Muller J-C. (1992 :4)
Nos ancêtres vivaient autrefois sur cette montagne, nommée Mgbang Sii. Ils
étaient groupés en un certain nombre de villages tous égaux. Aucun ne
commandait à l'autre. Lorsque les Peuls de Rey-Bouba sont arrivés, ils
voulurent nous conquérir en nous affamant. Ils prirent l'habitude de couper nos
récoltes avant mûrissement. Mais nos ancêtres firent des réserves de la céréale
sàd, une plante dont les grains sont minuscules et qui est la première culture
connue des Dïï.
Un autre mythe fait relate qu’un premier groupe de dii seraient tombés du ciel avec de courtes
queues. Ils sont entrés en contact avec un deuxième groupe de personnes à savoir, qui étaient
des forgerons rencontrés dans ce site. Pour avoir la forme humaine, ou alors pour se transformer
en humains, ils demandèrent à ces forgerons de couper cette queue. Ce récit trouve tout son
sens lorsqu’on sait que, les dii se désignent souvent comme étant des, « nàʼà pɛ zuu ag » qui
signifie littéralement objet, chose, morceau tombé « ag » (idéophone). Ceci en référence ou à
l’image d’un objet qui tombe du ciel et chute directement sur le sol. Muller J-C (ibid.) rapporte
que les dii pensent que « Nos ancêtres sont tombés du ciel. Ils étaient alors nantis d'une queue.
Pour les rendre plus humains, le forgeron la leur coupa. Quelque temps plus tard, il les rendit
définitivement humains en les circoncisant. » Ce mythe met ainsi en évidence, le processus
d’humanisation, de la réalisation de certaines pratiques culturelles comme la circoncision et la
place et le rôle du forgeron dans la communauté dii.
Une autre histoire mythique démontre les transformations des chefferies dii, expliquant
clairement qu’un chasseur de retour d’une partie de chasse, se retrouva en pays dii où il offrit
aux populations les produits issus de la chasse qu’il a eu à effectuer. Après avoir offert ces
présents aux membres de la communauté, en retour et surtout pour le récompenser suite à ce
geste, on lui permit d’être chef dans la communauté. En plus, pour vraiment le maintenir on lui
a donné la possibilité de prendre des épouses sur le territoire.
Le Cameroun compte plusieurs groupes ethniques à savoir : les bantou, les semi-bantou et les
soudanais. Chacun des peuples du pays est naturellement issue de l’une de ces communautés.
Pour le cas des dii, l’histoire raconte que le peuple dii fait partie du grand groupe des peuples
qui se sont déplacés du Soudan pour immigrer et s’installer au Cameroun. Dans ce groupe de
peuple venus du Soudan, et installés au Cameroun, on retrouve les paléonégritiques, connu
également pendant l’invasion peule sous le terme de « kirdi ». Alors, fuyant les exactions peules
les dii se sont retrouvés dans la partie septentrionale du Cameroun, précisément dans le Sud de
la région du Nord Cameroun et la partie Nord de la région de l’Adamaoua.
Il est donc clair que retracer l’origine de la communauté ne saurait s’appuyer uniquement sur
un seul fait ou point de vue. Le retraçage de l’origine du peuple dii doit prendre en compte les
éléments mythiques et historiques.
Il est évident que le dii est une langue qui, au plan nationale, occupe le statut de langue nationale
ou maternelle. La langue dii, compte environs 50000 locuteurs d’après le catalogue ethnologue
en ligne, répartis dans les régions du Nord et de l’Adamaoua et dans les départements du Faro,
du Mayo-rey et de la Vina. Dans l’ALCAM, le dii est codé à [342]. En d’autres termes, ces
chiffres contenus entre les crochets démontre que, le dii fait partie des langues de la zone trois,
du groupe quatre et occupe le deuxième rang. Il faut aussi préciser que le terme « dii » est un
mot polysémique, qui renvoie d’une part à un glossonyme (nom de la langue) et à un
ethnonyme (nom de l’ethnie) et d’autre part, il peut renvoyer à « la souris », à la « couleur
noir », le fait de « marquer un temps d’arrêt » et désigner le village lorsqu’un locuteur veut
indiquer qu’il se rend dans son propre village, il peut dire mí zùù dìì qui signifit littéralement
« je vais au village » . Le dii compte environs sept dialectes qu’on peut repartir en en deux
groupes à savoir : les dialectes majeurs et les dialectes mineurs.
Dans ces grands groupes dialectaux de la langue dii, ils peuvent être repartis en dialectes
majeurs et dialectes mineurs que l’on retrouve dans le plateau de l’Adamaoua, dans la plaine
du et dans la Zone du Faro et du Mayo-rey.
Le deuxième dialecte majeur dans ce groupe linguistique est le dialecte mam beʼ, ce dialecte
est celui du centre et est considéré comme la langue de référence, dialecte de reférence ou
langue standard en raison du développement assez poussé de la variété, de son nombre de
locuteurs et de la littérature assez importante. En terme de populations, elle est la forme qui
dispose du plus grand nombre de locuteurs sur l’ensemble de la communauté dii. On retrouve
géographiquement cette variante dans la plaine de Mbé, precisement sur la nationale numéro
un, c’est à dire de la falaise de jusqu’au niveau du village Sellou Semba et de Mbé centre
jusqu’au niveau de Sassa mbersi. La carte ci-dessous met en exergue l’espace de vitalité de
cette variété de la langue dii.
Source: Base de données SIG, Dpt, UN
Figure.Carte représentant la plaine dìì
En plus de ces deux dialectes majeurs, il convient d’ajouter le paan, forme de langue utilisée
dans l’arrondissement de Gamba dont le poids des locuteurs est également important.
Sous-phylum : Niger-Congo
Famille : Atlantique-Congo
Sous-famille : Volta-Congo
Sous-branche : Adamawa
Groupe : Kobo-dii
Sous-groupe : Sud
Langue : dii/duru
Dialectes : Mam beʼ; saan; paan; naan; huun; mam nàʼà; goom
Les locuteurs natifs et plusieurs hommes de sciences essayent autant que faire se peut de
maintenir et de garder le dii en vie. Dans la réalisation de l’ALCAM, Binam B. (2012 : 201-
203) avaient déjà recensé une quarantaine d’ouvrages traitant de la linguistique, de
l’anthropologie, de la sociologie et l’histoire des dii. De plus, l’installation des missionnaires
norvégiens a facilité la création du comité de langue dii avec la mise en place d’un centre de
littérature dii, qui a contribué dans la traduction de la bible et les syllabaires en langue dii. A
cela, il faut ajouter que le dii est fréquemment utilisé dans le cadre des émissions à caractère
éducatifs, religieuses et ludiques diffusées à la CRTV radio Adamaoua et à la radio Sawtu
linjilla. Aussi, nous relevons avec l’insertion des langues nationales dans le système éducatif
camerounais, l’enseignement du dii dans certains établissements de la ville de Ngaoundéré.
Au terme de la présentation de chapitre dont la quintessence était la présentation géolinguistique
du peuple dii, nous avons pris la peine de passer au peigne fin la localisation géographique des
dii, l’organisation socioculturelle des dii, l’origine et l’histoire des dii et sa classification
linguistique. Après avoir parcouru ces différents points, nous localisation les dii au Cameroun,
dans deux régions à savoir le Nord précisément dans le Faro, la Bénoué et la Mayo-Rey et
l’Adamaoua zone ayant le nombre le plus élevé des locuteurs localisés dans le département de
la Vina dans les arrondissements de Nganha et de Mbé. Il apparait aussi, que la société dii
aujourd’hui, est une société fortement hiérarchisée, à sa tête on retrouve un chef, qui est assisté
par des notables. En marge de cette organisation, les dii organisent leur société autour de quatre
lignages à savoir les gbaŋ waa (les princes), les dɔŋ nàà (les responsables de la circoncision),
les nàŋ (les forgerons) les waa hag (le reste de la communauté). Les nons circonconcis quant à
eux n’ont aucune considération au sein de la société. Cette communauté pratique plusieurs
activés économique notamment l’agriculture, la chasse et la pêche, l’artisanat. Au plan culturel,
les dii pratiquent les rites d’initiations lors de la circoncision des jeunes garçons et le sȩw est
également pratiqué par les femmes dans le but de soigner certaines maladies. Le peuple donne
des explications relatives à son origine à travers certains mythes et aussi par histoire des
migrations des paléonégritiques au Cameroun. Pour la langue, le dii compte sept dialectes dont
trois dialectes majeurs et quatre dialectes mineurs. Le dialecte central étant le mam beʼ. Ainsi,
après cet aperçu geographique, culturele et linguistique des dii, il nécessite aussi de jeter un
regard sur les aspects de sa phonologie, sa morphologie.
CHAPITRE 2: RAPPEL DES QUELQUES REGLES PHONOLOGIQUES,
MORPHOLOGIQUES DE LA LANGUE DII ET ASPECTS THEORIQUES DE LA
LINGUISTIQUE DE DEVELOPPEMENT
Ce chapitre vise à présenter la langue dii sous trois aspects. Le premier point s’intéresse à la
phonologie et spécifiquement, aux différents graphèmes vocaliques et consonantiques de la
langue dii, les tons et les formes de syllabes de la langue dii. Le deuxième point tend à expliquer
les formes des mots aussi bien pour les verbes que pour les noms. Le troisième et dernier point
mettra en évidence les différentes approches et caractéristiques des technolectes.
Alors que la phonétique s’intéresse à l’étude des sons du langage en général, la phonologie est
cette branche de la linguistique qui étudie les systèmes sonores spécifiques aux langues. Dubois
et al (2002 : 362), allant dans le même ordre d’idées, définissent la phonologie en ces termes
« La phonologie est la science qui étudie les sons du langage du point de vue de leur fonction
dans le système de communication linguistique. Elle se fonde sur l'analyse des unités discrètes
opposées à la nature continue des sons. » En phonologie, les sons sont organisés en système
d’opposition et analysées en termes de phonèmes, traits distinctifs ou unités phonologiques.
Son but est de montrer que dans une langue, certains phonèmes peuvent être les variantes d’un
même phonème ou alors être considérés comme des phonèmes distincts. Dans une étude
phonologique, cherche à mettre en relief les unités segmentaires à savoir les consonnes,
voyelles et syllabes et les unités supra segmentaires entre autre, les tons, l’intonation et les
accents. Parler de la phonologie de la langue dii, c’est essayer de brosser entre autre, les
éléments de son répertoire alphabétique (consonnes et voyelles), les tons, les paires minimales
et les structures syllabique de la langue.
La langue dii compte dans son répertoire alphabétique environs 43 graphèmes ou lettres repartis
en 33 consonnes et dix voyelles, issues de l’API et de l’AGLC. En plus de ces 43 graphèmes,
d’autres caractéristiques phoniques s’ajoutent à ces lettres pour donner les lettres nasales et les
lettres longues. D’après Bohnhoff et al (2014 : 2) ces lettres sont les suivants :
a b ɓ d ɗ e ɛ f g gb h i ɨ k kp l m mb mgb n nd nz ŋ ŋg o ɔ ə
p r s t u ʉ v vb w y z ʼ ʼm ʼn ʼw ʼy
En outre, le système vocalique de la langue dii intègre aussi d’autres caractéristiques phoniques
au niveau des voyelles, afin de marquer certains traits distinctifs comme la nasalisation. D’après
les recommandations de l’AGLC, pour indiquer la nasalisation, il faut mettre la cédille sous la
voyelle. Les dix voyelles de base se réduisent en six pour se regrouper en voyelles nasalisées.
On peut donc classer les voyelles nasalisées dans le tableau suivant : a̧, ȩ, i̧ , o̧, u̧, ə̧.
Zones d’articulation Antérieure Centrales Postérieures
Dégré
d’aperture Etirées Etirées neutres arrondies Arrondies
1er dégré Fermées i̧ u̧
2ème dégré mi-fermées ȩ o̧
ə̧
3ème dégré mi-ouvertes
Après observation de ces tableaux, il en ressort que le dii, contient dix voyelles brèves et six
voyelles brèves nasales, aux traits assez particuliers. On a alors parmi ces voyelles, d’abord
trois voyelles brèves antérieures (i, e, ɛ) respectivement du premier,deuxième et troisième dégré
aux caractéristiques labiales ettirées et deux voyelles brèves antérieures nasalisées (i̧ , ȩ) du
premier et deuxième degré. Ensuite, quatre voyelles centrales brèves dont deux de labialité neutre
(ə, a), respectivement à cheval entre le deuxième et le troisième degré et du quatrième degré et
deux autre voyelles du premier degré dont l’une est étirée et l’autre arrondie (ɨ, ʉ), et deux
voyelles centrales nasalisées (ə̧ , a̧), la première située entre le deuxième et le troisième degré
ni étirée, ni arrondie. Enfin, cinq voyelles postérieures dont trois voyelles brèves arrondies
respectivement du premier deuxième et troisième degré (u, o, ɔ) et deux voyelles nasalisées du
premier et deuxième degré d’aperture (u̧, o̧).
Au-delà des voyelles brèves et nasalisées que comprend la langue dii, on note également la
présence des voyelles longues, qui se matérialisent par le redoublement de la voyelle sur le plan
orthographique et l’ajout des « deux points » à la première voyelle sur le plan phonétique. Les
voyelles longues de la langue dii peuvent être nasales ou non. Le tableau suivant, met en
évidence toutes les voyelles longues du dii, 16 au total dont cinq voyelles antérieures longues
(i̧ i̧ , ii, ȩȩ, ee, ɛɛ) six voyelles centrales longues (ɨɨ, ʉʉ, ə̧ə̧ , əə, aa, a̧a̧) et cinq voyelles postérieures
longues (uu, u̧u̧, o̧o̧, oo, ɔɔ).
Zones d’articulation Antérieures Centrales Postérieures
Dégré
d’aperture Etirées Etirées neutres arrondies Arrondies
1er dégré Fermées i̧ :, i: ɨ: ʉ: u̧:, u:
2ème dégré mi-fermées ȩ:, e: o̧:, o:
ə:, ə̧:
3ème dégré mi-ouvertes ɛ: ɔ:
On peut à titre illustratif, identifier ces différentes voyelles brèves, nasalisées et longues dans
les mots qui suivent :
[ag] beaux-parents
[àddá] machette
[ą̀d] il fouille
[ąn] il brûle
[là:] il va
[á:wà] mesure/ tasse à mesurer
[ą̀:m] l’arachide
[ą:] grenier
- La voyelle /e/ et ses variantes : [e, ȩ, ȩ:, e:]
[beʼ] ciel
[veʼ] année
[hȩn] chose
[bȩ̀n] célibataire
[wakȩ́:] femme
[fȩ:] il achète
[yè:] il choisit
[zè:] buffle
- La voyelle /ɛ/ et ses variantes : [ɛ, ɛ:]
[fɛ́d] écaille
[gbɛ̀g] vingt
[bɛ́:g] la tombe
[nɛ:g] scorpion
- La voyelle /ə/ et ses variantes: [ə, ə̧ , ə̧: , ə:]
[bə́g] la hache
[dəg] canaris
[yə̧ŋ] la joue
[yə̧m] aveugle
[nə̀:g] le rêve
[ɓə̀:] aujourd’hui
[fə̧:] morve
[kə̧:] elle enfante
- La voyelle /i/ et ses variantes : [i, i̧ , i̧ :, i:]
[tíg] bouteille
[mí] 1sg
[hi̧ nà:] la route
[sì̧ʼ] il termine
[hí̧:] il aime
[zi̧ :] le varan
[si:] le ventre
[ki:] concession
- La voyelle /ɨ/ et ses variantes : [ɨ, ɨ:]
[hɨ:] le fer
[yɨ:] la nasse
[ɨ] celui qui
[zɨ́gɨd] canne à sucre
Pour la langue dii on recense 33 consonnes dont les points d’articulations et modes articulatoires
diffère d’une lettre à l’autre. On distingue dans cette langue, les consonnes simples et les
consonnes complexes (digraphes et trigraphes) parmi lesquelles [ p, b, mb, ɓ, f, v, m, w, vb, t,
d, nd, ɗ, s, z, nz, n, l, r, k, g, ŋg, y, ŋ, ʼ, h, kp, gb, mgb, ʼm, ʼn, ʼw, ʼy] qui se retrouvent dans le
tableau phonique ci-dessous.
labiodentales
alvéolaires
palatales
vélaires
glottales
labiovélaires
Modes
d’articulations
implosives sonores ɓ ɗ
occlusives
stops Sourdes p t k ʼ kp
sonores b d g gb
Mi- nasales Sourdes
sonores mb nd ŋg mgb
nasales Sourdes
sonores m n ŋ
Médianes/ Sourdes f s h
Constrictives
fricatives sonores V z nz j w
latérales Sonores l
Vibrantes roulées vb r
Pré-glottalisées ʼm ʼn ʼj ʼw
Il faut noter que la répartition de ces lettres est une adaptation des sons de l’API .la plupart de
ces phonèmes se matérialisent dans la langue dii de la même façon au plan orthographique tel
que le démontre le tableau ci-dessus, à l’exception du son [j] qui se représente /y/ dans la langue
dii. On peut donc à titre d’exemple et en fonction du type consonne avoir les mots ci-après.
[b]
[bab] champ
[ba’ad] le travail
[ba’] le jour
[bo’] aubergine
[b] se réalise comme une occlusive bilabiale, orale sonore
[t]
[túg] la forge
[tʉ̀g] dot
[tǫŋ] la houe
[tà’kpà:] chasseur
[t] se réalise comme une occlusive alvéolaire orale sourde
[d]
[də̀də̀g] le menton
[dìm] obscurité
[dèbtèrè] livre
[dágá] un
[d] se réalise comme une occlusive alvéolaire, orale sonore
[m]
[mam] eau
[mam hi̧:́ g] commencement de la saison des pluies
[mɛ̀:] marais, marigot
[mɛ̀n] soir
[m] se réalise comme une occlusive bilabiale, nasale sonore
[n]
[nan] quelqu’un, être humain
[nɔm] la mort
[nà’àm] cour de maison
[nà:g bún ní] cinquième mois de l’année dii
[n] se réalise comme une occlusive alvéolaire, nasale sonore
[f]
[fíyò] avocat
[fà:g] doute
[fəŋ] ongle, griffe
[fò:] il frotte
[f] se réalise comme une constrictive labiodentale, fricative sourde
[v]
[ve:] le feu
[vì:g] question
[vàg] rônier
[vam] la mouche
[v] se réalise comme une constrictive labiodentale, fricative sonore
[s]
[sápɛ́:m] vent
[sąn] minerai
[sè:] le temps
[səg] espace entre les sillons
[s] se réalise comme une constrictive alvéolaire, fricative sourde
[z]
[zà:] sillon
[zág] panthère
[zágád] racine
[zùm wa:] premier mois de l’année dii (avril)
[z] se réalise comme une constrictive alvéolaire, fricative sonore
[l]
[la’] bois
[lum] marché
[lí:d] fruit, graine
[lig] maison
[l] se réalise comme constrictive alvéolaire, latérale sonore
[r]
[ŋgurya] porc
[ré:tà] demi
[r] se réalise comme une constrictive alvéolaire, vibrante sonore
[j]
Selon la convention de la langue, ce phonème se matérialise par /y/ au sens orthographique.
[jè:] ici
[jɔ́gɔ́] demain
[jú:] tête
[jǫ̀:] il construit
[j] se réalise comme une constrictive palatale, fricative sonore
[k]
[ka:] village, ville, pays
[kum] huile
[kǫn] champignon
[kə́:] sac
[k] se réalise comme une occlusive vélaire, orale sourde
[g]
[ga:g] saison sèche
[gò’òy] cheval
[gò:m] faucille
[gą̀’] corne
[g] se réalise comme une occlusive vélaire, orale sonore
[h]
[hà:g] falaise
[hąg] grossesse
[hȩ̀:] poussée de la graine
[hȩ̀ŋ] clôture
[h] se réalise comme une constrictive glottale, médiane sourde
[w]
[wà:g] côte
[wąnɓo’] dix
[wɔ̀:d] quatrième mois de l’année dii (juillet)
[wayé:] homme
[w] se réalise comme une constrictive labiodentale, médiane sonore
[ɗ]
[ɗàg] calebasse
[ɗug] course
[ɗɔ̀gɔ̀m] avarice
[ɗá:] il monte
[ɗ] se réalise comme une occlusive implosive, bilabiale sonore
[ʼ]
[àʼá] grand mère
[bàʼá] père
[beʼ] ciel
[tàʼ] il tire
[ʼ] se réalise comme une occlusive glottale, orale sourde
[ŋ]
[naŋ] forgeron
[daŋ] bouillie
[nɔ̀ŋ] il mord
[vaŋná] rapidement
[ŋ] se réalise comme une occlusive vélaire, nasale sonore
Les consonnes digraphes
[mb]
[mbè:] mouton
[mbày] manioc
[mbù:] hyène
[mbìgì] marteau
[mb] se réalise comme une occlusive bilabiale, mi- nasale sonore
[nd]
[ndɔ́g] plaie ouverte
[ndà:] bœuf
[ndadʉ́] quatre
[ndag] il repique
[nd] se réalise comme une occlusive alvéolaire, mi-nasale sonore
[ŋg]
[ŋgó:] épi de maïs
[ŋgɔ̀rya] porc
[ŋgelobà] chameau
[ŋgą̀y] grande chauve-souris
[ŋg] se réalise comme une occlusive vélaire, mi- nasale sonore
[kp]
[kpag] feuille
[kpo:] singe
[kpù:] vipère
[kpə́rgə́d] tortue
[kp] se réalise comme une occlusive labiovélaire, orale sourde
[gb]
[gbǫ̀:nà:] vieillard
[gbɛ̀g] vingt
[gbɔ̀zàm] Nord
[gbɔ̀msɔ̀:g] ver de terre
[gb] se réalise comme une occlusive labiovélaire, orale sonore
[nz]
[nzùnnzú] mauvais esprit
[nzą:d] gluant
[nzɨd] nid d’œufs d’arraigné
[nz] se réalise comme une constrictive fricative, alvéolaire sonore
[vb]
[vbád] mensonge
[vbàgàd] bois croisé
[vbí:] fesses
[vbìd] il arrache
[vb] se réalise comme une constrictive labiovélaire, vibrante, roulée
[ʼn]
[ʼnɔ̀ʼɔ̀m] sésame
[ʼnɔ̀g] il tord
[ʼnáʼ] il piétine
[ʼnɔ̀ʼ] il assaisonne
[ʼn] se réalise comme une alveolaire nasale sonore
[ʼj]
[ʼjąm] mouillé
[ʼjȩ́ŋ] il imite
[ʼjɛ̀gɛ̀] caillou
[ʼją́:] faire la pâte
[ʼj] se réalise comme une palatale sonore
[ʼw]
[ʼwá:] il termine
[ʼwà:pád] tout
[ʼwə́gəd] coquille
[ʼwə́g] niche, ruche
[ʼw] se réalise comme une labiodentale sonore
Consonne trigraphe
[mgb]
[mgbàŋ] molaire
[mgbą́:] bière de mil ou maïs
[mgb] se réalise comme une occlusive mi- nasale, labiovélaire sonore
En d’autres termes, le ton est la hauteur relative de la voix humaine lors de la prononciation des
syllabes ou des mots qui affectent la signification des mots. Ce trait suprasegmental, est une
particularité des langues africaines et camerounaises au rang desquelles la langue dii.
Géneralement, on distingue deux grands types de tons à savoir: les tons ponctuels et les tons
modulées. Dans la langue dii, on ne relève que la présence des tons ponctuels notamment, le
ton haut (TH), le ton bas (TB), et le ton moyen (TM). Le ton TH est noté [ ́ ], et le TB est noté
[ ̀ ] et le TM [ ̄ ]. Cependant, comme le précise Bohnhoff L. (2014 ), après les travaux du
comité de langue et de littérature dii et dans le souci de l’économie linguistique, le ton moyen
reste sans indication sur les mots. Ceci dit, nous marquerons uniquement le TH et le TB. Nous
pouvons illustrer ces tons dans le tableau ci-après.
1.4.2. la syllabe
Dubois et al (2002 :459) en définissant la syllabe, disent que « On appelle syllabe la structure
fondamentale qui est à la base de tout regroupement de phonèmes dans la chaîne parlée. Cette
structure se fonde sur le contraste de phonèmes appelés traditionnellement voyelles et
consonnes. » Dans la langue dii, il existe plusieurs formes ou types de syllabes : les
monosyllabes et les plurisyllabes.
- Les disyllabes
Elles se présente sous forme de:
(cv-cv)
[ndàdú] quatre
[dágá] un
[dìgá] pioche
[gǫgǫ] pou
(cv-cvc)
[tàlàŋ] guêpe
[nɔ̀nɔ́b] fourmi
[gbɔ̀zàm] Nord
[pigim] derrière
(cvc- cv)
[góŋgà] vérité
[baʼad] travail
[kąʼad] froid
(cvc-cvc)
[kə̀ŋkə̀ŋ] poitrine
[kpərgə́d] tortue
[nàmbàm] maïs
[gúndɛm] sept
(v-cv)
[idʉ́] deux
[àgà] même
- Les trisyllabes
(cv-cv-cv)
[duguzè] papaye
[fáfáfá] longtemps
[sálabí] foulard
[mù:mú:ní] conte
(cvc-cv-cv)
[zùmɓarè] vendredi
[síntàlɨ]́ bouilloire
[kɛ́gdágá] neuf
- Les tetrasyllabes
(cv-cv-cv-cv)
[dùgùdúgú] douzième mois de l’année dii (mars)
Ainsi, les syllabes en lngue dii sont en majeur partie des monosyllabes et dissyllabes. On note
aussi la présence des trisyllabes et quelques rares tétrasyllabes.
II- Aspects de la morphologie de la langue dii
La morphologie est cette partie de la linguistique qui s’interesse à la forme et à la structure des
mots. Selon Dubois et al (2002: 311), la morphologie se définit de deux façons à savoir:
D’une part
la morphologie est la description des règles qui régissent la structure interne
des mots, c'est-à-dire les règles de combinaison entre les morphèmes racines
pour constituer des “mots” (règles de formation des mots, préfixation et
suffixation) et la description des formes diverses que prennent ces mots selon
la catégorie de nombre, de genre, de temps, de personne et, selon le cas (flexion
nominale ou verbale), par opposition à la syntaxe qui décrit les règles de
combinaison entre les morphèmes lexicaux (morphèmes, racines et mots) pour
constituer des phrases.
Et d’autre part,
« La morphologie est la description à la fois des règles de la structure interne des mots et des
règles de combinaison des syntagmes en phrases. » D’après ces propos de Dubois et les autres,
nous pouvons regrouper l’étude de la forme des mots en deux groupes : d’un côté l’étude de la
forme du nom et de l’autre, l’étude de la forme du verbe. Aussi, il est important de préciser que
la forme que prennent certains mots dépend parfois de certains processus morphologiques.
Ainsi, selon que la base ou le radical verbal se termine par les consonnes vélaires [ŋ] ou [ʼ] on
aura la forme infinitive |-ɨ|́ . Selon que la radical verbal se termine par une voyelle longue, on
aura à l’infinitif |-lé| ou |-lɨ́|. Lorsque le radical verbal se termine par la nasale [n] ou encore la
quand la voyelle finale est précédée d’un coup de glotte [ʼ], l’infinitif se matérialise par |-né| ou
|-nɨ|́ . On peut donc faire le constat à travers le tableau suivant.
2.3. La composition
Dans les mécanismes de formation de mots en langue dii, nous relevons la composition qui est
un mélange de différents morphèmes ou mots dérivés pour obtenir un nouveau mot. Ce mélange
ou combinaisons peut s’établir entre deux catégories grammaticales de nature différentes ou de
même nature.
On peut avoir les exemples ci-après
- Tʉ́d hǫ́d
mil herbe
n n
« riz »
- hǫ́d vȩ́ʼȩd
herbe fraîche
n adj
« vert »
- hǫ́d są́ʼąd
Herbe odeur
n n
« citronnelle »
- tǫŋ fààn
houe ramassage
n n
« pèle »
- taʼ kpàà
tirer arme
v n
« chasseur »
- tǫŋ kígi
houe rond
n adj
« pioche »
- ŋgóo nàmbam
épi maïs
n n
« épi de maïs »
Par le phénomène de composition, on peut noter les combinaisons de nom et nom, nom et verbe,
verbe et verbe, nom et adjectif dans le but d’obtenir ou de former un nouveau mot.
2.4. La réduplication
Il s’agit d’un processus morphologique, qui consiste à reprendre un même mot dans le but
d’obtenir un nouveau mot. Allant dans le même sens, Dubois J. et al (2002 : 403) précisent qu’ :
« on appelle réduplication le redoublement d’un mot entier. » Bitjaa K et Manifi A. (2022 :
182) ajoutent à ce titre que « c’est la reprise de tout morphème (réduplication totale) ou une
partie d’un morphème (réduplication partielle) dans la formation d’un mot. » comme pour dire
que ce processus morphologique se réalise sur la base d’un mot entier ou une portion de ce mot.
On peut donc avoir comme exemple en langue dii :
C’est un phénomène linguistique qui se manifeste en langue dii, par l’effacement de /w/ lorsque
cette dernière est précédée d’une consonne. Cette action d’effacer peut se matérialiser à l’oral
comme à l’écrit lorsque deux mots se suivent dans une construction syntagmatique ou dans une
phrase. Dans certains cas, l’effacement de la glide [w] entraîne le redoublement de la consonne
précédente. C’est ce que pense Dubois J. et les autres (2002) en présentant l’effacement comme
la suppression d’un constituant d’une phrase dans des conditions définies. Nous avons par
exemple :
- gbaŋ waa gbaŋaa
chef enfant « prince »
« prince »
- yą̀ʼą̀d waa yą̀ʼą̀daa
chien enfant « chiot »
« chiot »
- nag waa naggaa
main enfant doigt
« doigt »
- mam waa mammaa
eau enfant « sperme »
« sperme »
Avant d’aborder à proprement dit la notion de technolecte, il est on ne peut plus capital de
présenter un tant soit peu les approches utilisées dans le cadre d’une étude de technolecte et les
caractéristiques de ces technolectes.
Une étude plongée dans l’univers des technolectes fait intervenir le plus souvent des approches
capables de faciliter non seulement le déploiement sur le terrain, mais aussi l’analyse et la
manipulation des données obtenues. Il peut alors être question en réalité de la sociolinguistique,
de l’appartenance à un domaine spécialisée, les types de production spécialisée, le lexique
spécialisé et le niveau linguistique. En d’autres termes, les technolectes s’intéressent d’une
certaine façon, à l’étude du lexique d’un domaine d’activité spécialisé d’une langue. Il peut
regrouper d’une part les morphèmes lexicaux, qui portent seuls, une charge sémantique assez
compréhensible et les morphèmes grammaticaux qui ont toujours d’être en compagnie des
morphèmes lexicaux pour être sémantiquement compris. Ainsi, au niveau de ce lexique,
plusieurs procédés peuvent entrés dans l’obtention d’un lexique à savoir :
- La métaphorisation
Assal (1995, p. 22) cité par Diki-kidiri (2008) en parlant de la métaphore affirme que : « la
métaphore est à interpréter comme un processus de dénomination et de conceptualisation, en
aucun cas comme un procédé d’ornement stylistique ; c’est en cela qu’elle se détache de la
rhétorique ». Comme pour dire que, la métaphore est bel et bien une figure de rhétorique, mais
dans le cadre de la dénomination des termes, elle s’inscrit comme un aspect qui permet d’élargir
le vocabulaire de la langue. Il ajoute même que, « Pour nommer, quand il est impossible de créer
le vocable qu’il faut, la pensée se trouve contrainte à détourner du réservoir de la langue le vocable
préexistant qui convient, et qui sera transféré et transposé métaphoriquement pour désigner le
concept naissant » Assal (ibid)
- L’emprunt
C’est un moyen par lequel le stock lexical se dynamise. Ce mécanisme lexical, est dû au faite
du contact entre les peuples et cultures ou de la configuration géolinguistique des langues dans
un espace donné. Au Cameroun on dénombre environs 248 unités langues et deux langues
officielles, auxquelles il faut ajouter les langues dites véhiculaires en raison du nombre de
locuteurs et de l’espace d’expansion. Dubois J. et al (2002 :177) pour définir l’emprunt, utilise
ces mots « Il y a emprunt linguistique quand un parler A utilisé et finit par intégrer une unité
ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A
ne possédait pas ; l’unité ou le trait emprunte sont eux-mêmes qualifies d’emprunts. » autrement
dit, les emprunts utilisés dans les langues dont l’origine ou la source se trouve dans une autre
langue.
- La dérivation
Il est possible dans les langues d’obtenir ou de créer un nouveau mot sur la base d’un mot
existant. Ce processus consiste à créer un nouveau mot à partir d’un autre en ajoutant des
éléments au mot de base. Cet ajout peut être antéposé ou postposé. Certains auteurs ont réduits
ces mécanismes de création lexicale, permettant d’actualisé les langues en deux Diki-kidiri M
(2008 :73)
La formation des mots comporte ainsi deux volets internes à la langue : la
dérivation et la composition. La première opère en fléchissant un radical par
des morphèmes, la seconde en juxtaposant des lexies autonomes en les soudant
plus ou moins étroitement. La troisième base, l’emprunt, est externe parce
qu’elle recourt aux lexies d’une autre langue.
Le présent travail qui entend étudier les éléments de communication d’un domaine d’activité
spécialisé, recourt à la traduction. En effet, pour des besoins de communication et
d’information, au regard de l’évolution des sciences en générale et de l’agriculture en
particulier, nécessitent un transfert des connaissances sur le plan linguistique afin d’édifier ou
d’éclairer les populations et qu’ils s’approprient les termes techniques de leurs activités. Cette
appropriation par le mécanisme de la traduction a des étapes à suivre, les techniques et les types
biens définies.
Pour bien traduire un texte, il faut avoir recours aux trois étapes ci-après Ngo Bikoi (2011) la
compréhension, la déverbalisation et la réexpression. La première étape de compréhension
consiste à entrer en contact avec le texte source pour déceler le contenu sémantique. La
déverbalisation qui est une invite à opérer un transfert de la langue source vers la langue cible
en mettant de côté la structure des phrases, mais en s’intéressant au sens profond du corpus. La
réexpression vient clore ces étapes en restituant le contenu des termes de la langue source en
conservant la justesse du sens vers la langue cible. Cette opération pousse à mener plusieurs
types de traductions.
La traduction peut s’intéresser soit à la forme ou au fond des mots. La traduction qui s’appuie
sur la forme est souvent connue comme une traduction littérale et juxtalinéaire. De la langue
source vers la langue cible, les mots sont traduits textuellement ou encore mot à mot. Les
lexèmes de la langue cible considérés comme des équivalents, sont écrits en dessous de ceux
de la langue source. Le second type de traduction encore appelé traduction dynamique
s’intéresse quant à elle au sens exact du message contenu dans la langue source. Elle ne prend
pas toujours compte de l’ordre d’agencement des mots, mais s’appuie sur le fond sans mettre
la forme de côté.
Pour faire passer un message d’une langue à l’autre, l’activité de traduction utilise plusieurs
procédés qu’offre la linguistique :
- L’étoffement : est l’ensemble des moyens mis en exergue pour donner de l’ampleur à
une unité lexicale pour exprimer une idée.
- La transposition : est une action qui implique un changement de catégorie du mot tout
en conservant le sens.
- L’adaptation : est l’action d’ajuster des mots ou groupes de mots de la langue cible à la
langue source.
- L’emprunt : entre la langue cible et la langue source, les mots et expressions ont une
ressemblance formelle.
- Le calque : il consiste à traduire mot à mot, d’une langue vers une autre, toute en
maintenant l’ordre d’agencement des unités lexicales.
Les langues africaines en générale se trouvent dans une situation d’inconfort car elles sont
supplantées par les langues occidentales, langues ayant même un privilège statutaire sur les
langues africaines. Cette situation est observable dans la plupart des Etats au Sud du Sahara.
Cette situation qui met à mal le déploiement des langues africaines face à l’évolution de la
science et de la technique, ne facilite pas la tâche aux différents locuteurs au sein des
communautés qui sentent la nécessité de designer et d’intégrer les nouveaux éléments expressifs
dans leurs langues. Il est donc urgent que les langues africaines passent à la table de la science,
afin d’écarter l’idée qui a voulu laisser croire que les langues africaines n’étaient réservées que
pour les traditions orales. Tourneux H. (2008 :10) fait bien de préciser que « C.A. Diop eu l’idée
folle de traduire en wolof un résumé de la thèse de la théorie de la relativité d’Einstein. Il a eu
peu de chance que le résultat soit probant, mais l’objectif était de provoquer un électro choc
dans les esprits. » En d’autre termes Anta Diop, a essayé de déconstruire l’idée que les langues
africaines ne pouvaient pas faire de la science car n’ayant pas un vocabulaire assez riche en
traduisant toute une théorie de la relativité en langue wolof. Faire la linguistique de
développement nécessite de définir un certain nombre de termes qui s’y rapportent.
Aménagement linguistique
L’aménagement linguistique se fonde, du point de vue théorique, sur le
principe selon lequel les langues et les situations linguistiques ne satisfont pas
toujours les locuteurs et locutrices. Il peut alors se définir, dans un premier
temps, comme un ensemble d’efforts délibérés visant à l’aménagement des
langues au niveau de leur corpus ou de leur statut.
Capacitation
Est un processus au terme duquel elles [langues africaines] deviennent des
moyens privilégiés de circulation de l’information, d’acquisition des
connaissances, et de maîtrise progressive de l’environnement, faisant ainsi de
leurs locuteurs et locutrices de véritables acteurs et actrices de leur
développement.
Capital linguistique
Il concerne la répartition des rôles dans les interactions verbales; il peut induire
des inégalités d’accès à la parole dans l’espace public, et donc dans l’estime de
soi et la construction de l’identité. Or, la langue s’affirme incontestablement
comme un élément central et structurant de l’identité. Ainsi, le capital
linguistique constitue une dimension, non pas exclusive, mais essentielle dans
la construction de l’identité. Il s’entend comme l’ensemble des ressources
linguistiques dont dispose un individu pris isolément ou comme un être social
pour dire le monde, communiquer son expérience.
Développement
En linguistique on peut parler de « développement d’une langue » pour faire
mention des actions entreprises en vue de sa codification par exemple, s’il
s’agit d’une langue à tradition exclusivement orale, ou de son équipement en
terminologie scientifique et technique. En anglais, on parle de language
engineering activities, activités entreprises pour mener une langue du stade oral
au stade de langue standardisée, codifiée, munie d’une littérature, de glossaires
thématiques, etc. Ici, « développement » dans l’expression « linguistique du
développement » n’a pas ce sens, comme nous l’avons vu, mais il est bien
certain qu’un de ses moyens d’action consiste en la mise en œuvre d’opérations
d’ingénierie linguistique.
Ingénierie linguistique
Elle désigne aujourd’hui une partie de l’aménagement linguistique spécialisée
dans l’action sur le corpus. L’ingénierie linguistique peut donc intervenir au
niveau de la phonologie, de la graphie, de la morphologie, du lexique, de la
syntaxe.
Linguistique du développement
C’est une approche en sciences du langage qui a pour objectif d’analyser les
problèmes de développement sous le prisme du langage et dans l’optique de
réduire, entre autres, la dépendance communicationnelle en vue d’améliorer
les conditions de vie des populations et d’un meilleur contrôle de leur
environnement. Ses moyens d’intervention sont l’étude puis la mise en œuvre
de stratégies orientées vers une gestion optimale des répertoires, des fonctions
et des usages linguistiques.
Traduction-adaptation
Ce concept, qui apparaît sous la plume de Tourneux, trouve sa pertinence dans
le fait que la traduction d’un concept nouveau, surtout lorsque cette dernière
part d’une langue européenne vers une langue africaine (l’inverse est possible
aussi), nécessite bien souvent des réajustements prenant en compte l’arrière-
plan culturel liées aux langues source et cible pour une meilleure appropriation
dudit concept.
Terminologie culturelle
D’après l’inventeur de ce concept, Diki-Kidiri, la terminologie culturelle
renvoie à une terminologie spécialement pensée pour les langues en
développement. Elle vise principalement l’appropriation de nouveaux savoirs
et savoir-faire qui arrivent dans une société donnée.
Cette approche est encore connue tel que le pense Diki-kidiri M. (2008) permet d’enrichir et
d’actualisé les éléments expressifs dans un domaine de spécialité pour faciliter l’appropriation
des savoirs et savoir-faire innovantes pour les populations. Pour mener un tel travail, il
préconise un canevas à suivre en commençant par le cadre socio sectoriel dans le but de
circonscrire l’environnement pour déterminer les ressources à mobiliser. Aussi, définir déjà si
vocabulaire à développer sera pour un usage restreint, national ou international. De même, que
le domaine d’activité sera bien définit, il faudra envisager dans quelle mesure utiliser le lexique
spécialisé. Après ces préalables, il est nécessaire de procéder à la collecte des données dans une
langue et établir la liste des équivalents immédiats, quasi-équivalents et termes sans équivalents.
A l’issue de cette comparaison du lexique d’une langue à l’autre, il faut passer à la validation
du lexique et réaliser une banque de donnée de l’ensemble du vocabulaire rendant compte du
savoir-faire d’une activité. Par ailleurs, c’est une approche qui tend à privilégier l’enracinement
et le rendu des connaissances culturelles propre aux communautés pour s’ouvrir également aux
autres.
C’est une approche dont le but est d’agir directement sur la langue elle-même, pour qu’il ne se
trouve aucune difficulté à transmettre ou à recevoir un message dans une langue quelconque.
Cette approche a le mérite de s’intéresser à ce que nous souhaitons faire de la langue ou du
statut accordé aux langues. Métangmo-Tatou L. (2019) parle de « capacité des langues » étant
donné que les langues font face aux différentes transformations qu’on observe notamment dans
le domaine de la science et la technique. De ce point de vue, il est question de trouver les
ressources linguistiques capable de faciliter le renouvellement ou l’actualisation d’un
vocabulaire adapté à différents contexte ou situation de communication.
Un ensemble d’outils expressifs dans un domaine d’activité ne concerne pas seulement les
acteurs principaux de cette activité. Il fait intervenir à la fois les professionnels et les profanes
car, ceux-ci partagent en commun le même espace linguistique et culturel. Nous relevons alors,
deux principaux types de technolectes à savoir : les technolectes savants et les technolectes
ordinaires.
Il s’agit à ce niveau d’un ensemble d’outils expressifs que les hommes de sciences utilisent pour
aborder des notions relatives à des milieux professionnels. Cette façon de parler avec emphase
sur des unités linguistiques relatives à un domaine peut s’expliquer à travers le poids ou la place
qu’une langue occupe dans une communauté. Dans le cas présent de la communauté dii, le
constat qui se dégage est que, les langues véhiculaires et officiels qui sont fortement implanté
dans la localité amène parfois ces professionnels à avoir recours à ces langues pour désigner
quelques aspects et éléments propres aux activités en question. Haidar M. (2021) estime que,
les technolectes des sciences et techniques sont majoritairement véhiculées au Maroc par le
biais de la langue française. Par ailleurs, les technolectes savants se spécifient par les personnes
qui l’utilisent en l’occurrence, les hommes de sciences pouvant servir de courroie de
transmission entre le savoir savant et les personnes ayant très peu ou pas poussé les études.
Cette forme de technolecte reste adaptée dans les milieux éducatifs pour le fait que la langue
n’ayant pas souvent assez de facilité pour adapter son vocabulaire face à l’évolution des
sciences et des techniques au niveau d’un locuteur peu lettré. En parlant des technolectes
savants, Messaoudi L. (2013) affirment dans le même ordre d’idée que « les technolectes
savants traitent de savoirs théoriques, modernes, de disciplines scientifiques et de domaines
techniques universellement reconnus (par exemple, la physique, la chimie, les mathématiques,
l’industrie automobile, l’industrie pharmaceutique etc… » Les technolectes savants restent
alors de ce point de vue manipulé par les véritables professionnels à l’instar des ingénieurs, des
médecins et chercheurs. Aussi, il est important de préciser que les technolectes savants se
distinguent par l’évolution et la modernisation de certaines activités pratiquées par les
populations. Pour le cas, de l’agriculture, on assiste de plus en plus à la modernisation des
techniques et l’utilisation des intrants provoquant une sorte de transition entre les pratiques
culturales anciennes et les pratiques culturales modernes. Cette situation explique la nécessité
ou la présence d’une forme de technolecte propres à une certaine catégorie de personnes ayant
des compétences et connaissances avérées dans un domaine. Pour le dii par exemple, on assiste
à un renouvellement de ce vocabulaire par les mécanismes d’emprunts qui peuvent subir des
modifications ou altérations d’ordre morphologiques ou phonétiques, afin de mettre en exergue
le nom de certains produits utilisés dans le cadre des activités agricoles.
Exemple :
- Hɛ̀rbìsid (herbicide)
- gràmàzɔl (gramaxone)
- rɔ́ndɔ̀m ( roundup)
- làŋdrín (land drink)
- ìré (urée)
En dehors de cette forme de technolecte, nous relevons également l’existence des technolectes
ordinaires.
Il est vrai que les technolectes peuvent être une affaire des professionnels d’un domaine. Mais,
il faut aussi dire qu’ils interpellent d’autres acteurs n’ayant pas une connaissance technique
avérée en la matière, mais constituant une grande partie des acteurs exerçant dans des domaines
pressionnels, qui pour des besoins de communication dans l’exercice de leur métier, ont recours
aux technolectes ordinaires. Ces derniers font référence selon Messaoudi L (2013 : 69) à « les
technolectes ordinaires peuvent traiter aussi bien des savoirs locaux ayant trait, par exemple, à
l’agriculture, l’artisanat, ou au bâtiment que des savoirs modernes afférents à la mécanique
automobile, à l’électricité ou à la plomberie. » Messaoudi L. (ibid.) précise que ces technolectes
sont produits par :
– des acteurs divers, locuteurs dans la vie quotidienne, faisant face à des savoirs
et des savoir-faire en domaine spécialisé et étant dans l’obligation de les
verbaliser ; en usant d’appellations populaires locales, ne bénéficiant d’aucune
normalisation ;
– des acteurs dans l’apprentissage de savoirs locaux (agricole, artisanal) ou de
savoirs modernes (mécanique automobile, bâtiment, etc.) ;
– des assistants techniques (bac + 2) comme les adjoints techniques dans le
secteur agricole ou les assistants en informatique
Les paysans qui utilisent les technolectes ordinaires le font dans le souci de répondre aux
besoins communicatifs en situation de travail. Ces technolectes sont parfois produits
instinctivement par ces acteurs qui n’utilisent aucun mécanisme institutionnel de création
lexical. Ce constat peut être fait dii, à travers les expressions touchant du doigt, des réalités
auxquelles ces individus font face au quotidien. Ils peuvent le faire en utilisant un concept pour
désigner plusieurs objets ou matériaux dans le cadre de leur profession. C’est le cas de :
- Gam
Expression qui désigne de façon générique le médicament ou le remède. Lorsqu’il est employé
dans le cadre des activités agricoles, il renvoi en même temps aux pesticides sans distinction
aucune. Et aussi, pour singulièrement parler de l’engrais, de l’urée, les herbicides. Bref, ce mot
est utilisé pour faire référence aux intrants dans le cadre de l’agriculture moderne.
- hȩ́e
- yą̀gą̀ gàn
- yą̀gą̀ zum
Le premier mot est utilisé par les agriculteurs dans le cadre de leur activité, précisément dans
le processus de préparation d’un champ, pour indiquer ou désigner un tas d’herbes à brûler
après avoir défricher. Les deux autres expressions visent à expliquer ou montrer des étapes dans
la réalisation des sillons pour un champ d’igname. Ils renvoient respectivement au sommet du
sillon d’igname et à l’espace qui a été aménagé et labouré sans la réalisation des sillons
d’igname. Ainsi, ces mots et expressions rendent compte ou mieux facilitent la communication
entre les agriculteurs et les autres acteurs, qui dans le cadre de leur profession se comprennent
mieux.
2.1. La métaphore
En dehors du domaine de la rhétorique qui voudrait que la métaphore soit une comparaison sans
éléments de comparaison, la métaphore constitue également un pan qui permet de nommer et
créer des termes dans le souci d’améliorer la communication entre les individus dans un champ
d’activité bien précis. On peut alors dans ce contexte, prendre appuie sur des une analogie ou
des images existantes afin d’innover et de nommer de designer certains objets. Cette situation
de métaphorisation s’illustre dans langue dii par des exemples ci-après.
hą̀ą̀b pour désigner “l’igname sauvage” en réalité, lorsque les dii ont découvert l’igname
d’après certaines sources orales, ils ont utilisé ce terme pour faire allusion à quelque chose qui
permet de se rassasier ou encore, une solution à la famine. On pourrait alors avoir à partir de ce
mot, le terme hą̀ʼqui signifit “il se rassasit”. Lorsque les dii consommait ce féculent, ils
constatèrent que cette chose permet de mettre un terme à la famine c’est pourquoi à partir de
hą̀ʼ “rassasier” on peut avoir hą̀ą̀b etymologiquement pour désigner ce qui rassasit, pour donner
lieu à la dénomination “ d’igname sauvage”
dʉb qui a pour signifié “igname”. C’est un mot qui renvoie à l’image ou la conception que les
dii ont de ce produit. Pour eux, après avoir consommé “l’igname sauvage”, le peuple a constaté
que ce produit agricole qui permettait de se rassasier est bien, ils ont donc pour la circonstance
utilisé le terme duu “bien” pour dire que, le produit s’est transformé en quelque chose de bien
qui plutar deviendra dʉb “igname”
tǫŋ fą̀ą̀n “la pelle” une expression utilisée chez les dii pour désigner littéralement la houe qui
ramasse. Lorsque les agriculteurs travaillent, pour réaliser les sillons, on utilise la pelle. Cet
outil permet aux ouvriers de puiser la terre et de superposer les uns sur les autres pour élever
les sillons.
tǫŋ hág “houe ordinaire” dans le processus de réalisation d’un champ chez les dii, on a recours
à multiples outils de travail au rang desquels la houe. Les travaux chamṕetres en questions sont
réalisés par toutes les couches sociales (enfants, jeunes, adultes et vieillards). La houe qui est
particulièrement utilisée par les viellards est désignée par le terme Tǫŋ hág pour faire reférence
littéralement à la houe du sol. Car, ceux qui utilisent cette forme de houe s’assayent en
travaillant de temps en temps.
ndàà “la charrue” cette expression désigne à la base un animal qui permet de pratiquer
l’agriculture notament le boeuf. Dans l’imagerie dii, ou en contexte agricole, le terme ndàà
renvoit à la charue, car pour remuer parfois la terre, certaines personnes utilisent le boeuf et
utilisent en même temps ce terme pour indiquer l’utilisation de la charrue dans l’élaboration
d’un champ. En dehors de ce mécanisme qui spécifie les éléments expressifs du domaine
agricole, on note également la création lexicale.
ąą “le grenier” pour les locuteurs dii, c’est un mot qui s’emploie de façon générique pour
désigner le lieu ou l’on réserve les provisions et les semences. Or, dans cette langue, la semence
est désignée par le mot ą́ą́. Le grenier est donc conçu dans l’imagerie dii, comme cet endroit où
se conserve les graines ou les semences.
Gam “ engrais ” ce terme s’utilise en dii pour désigner la quasi-totalité des fertilisants et autres
produits chimiques qui sont utilisés dans le cadre des activités agricoles. A la base, il désigne
le médicament ou le remède. Etant donné que, ces produits sont le plus souvent utilisés pour
donner de la force aux produits agricoles, le peuple dii se réfère à l’action du médicament sur
la santé des personnes, pour désigner ce soit les pesticides en général ou les engrais.
Bab dòò “travail de groupe” lorsque les agriculteurs dii travaillent, il y a des moments où,
plusieurs personnes, sans distinction de sexe et d’âge, sont convoquées dans le but d’apporter
leur aide afin que les travaux de son champ avancent rapidement. Pour cette circonstance, le
propriétaire du champ fait à manger et apporte la boisson (dòò) pour ces gens qui viendront
travailler avec lui au champ. Ce genre de travail est connu dans la communauté comme étant
bab dòò traduit littéralement comme champ boisson, c’est pour dire qu’il y aura dans ce champ
de la boisson.
Nàà “ octobre” ce lexème est utilisé en langue dii pour désigner le mois d’octobre, septième
mois de l’année dìì. En fait, pour les dii, nàà renvoit d’abord à la richesse ou l’abondance. Dans
la communauté, elle traduit la période où les produits des champs ont déjà atteint la maturité et
sont prêt, soit pour la vente, soit pour la consommation. C’est une période de récolte des
produits où il n’y a pas de pauvreté, ni de famine.
Huʼ « haricot » est une unité lexicale utilisée pour nommer un le haricot. Ce produit porte ce
nom en raison de sa transformation lors de la cuisson. En fait, lorsque le haricot est cuit, il
gonfle «huʼ ». C’est donc en regardant le haricot gonfler que les communautés l’on désigner
sous le terme huʼ.
Etant donné que les sociétés et les technologies évoluent, il est important que les langues
élargissent le vocabulaire pour ne pas être limité lors des conversations. Ces mots par ricochet
maintiennent la langue dans un état de vitalité. Diki-kidiri M. (2008 : 228) en faisant allusion à
la création lexicale affirme que :
La vitalité d’une langue est souvent rapportée à sa capacité de générer de
nouveaux mots immédiatement acceptables par les locuteurs, parce que
conformes à des règles de formation reconnues dans la langue. Chaque famille
de langue, voire chaque langue, a ses propres règles de formation des mots,
quand bien même elles peuvent être ramenées aux grands types classiques que
sont la dérivation, la composition, la siglaison, la flexion, la troncation, etc.
A ce titre, il convient de préciser que les mécanismes de création lexicale en langue dii sont
entre autre la dérivation, la composition, la flexion.
2.2.1. La dérivation
Dubois et les autres (2002 :136) pour définir la dérivation disent que « La dérivation consiste
en l’agglutination d’éléments lexicaux, dont un au moins n’est pas susceptible d’emploi
indépendant, en une forme unique. » il s’agit dans ce cadre d’un ajout des morphèmes qui
peuvent être des préfixes lorsqu’ils se situent à la gauche du mot, et des suffixes lorsqu’ils se
positionnent à droite. Manifi M et Sadembouo E. (2012) distinguent deux forment de
dérivations : L’une directe, lorsque le mot dérivé et le mot source partagent la même base ou
une ressemblance formelle en maintenant une proximité sémantique et la dérivation indirecte
quand les mots gardent la similarité sur quelques aspects formelles, mais le sens du mot reste
distant du sens premier. De façon explicite on parle de dérivation sous deux angles, d’un côté,
quand la forme et le sens du mot source et du mot dérivé présentent une similitude et de l’autre
côté quand le mot source et le mot dérivé ont une ressemblance au plan de la forme et une
distance au plan sémantique. Dans la langue dii, nous relevons les exemples suivants :
2.2.2. La composition
En linguistique, pour créer des mots, il est possible d’unir une ou plusieurs unités pour obtenir
un mot nouveau, ayant un référent bien déterminé. Ce procédé linguistique permettant d’élargir
le vocabulaire ou le lexique d’une langue en associant plusieurs composantes est désigné
comme étant la composition. La composition pour Diki-kidiri M. (2008) se fait par
juxtaposition des nominaux (avec ou sans fonctionnel) ou d’un substantif dérivé du verbe et
d’un nominal. Par ailleurs, Selon Dubois et al (2002 : 106)
Par composition, on désigne la formation d’une unité sémantique à partir
d’éléments lexicaux susceptibles d’avoir par eux-mêmes une autonomie dans
la langue. Ace titre, la composition est généralement opposée à la dérivation,
qui constitue les unités lexicales nouvelles en puisant éventuellement dans un
stock d’éléments non susceptibles d’emploi indépendant.
Autrement dit, par opposition à la dérivation qui tend à créer un mot à partir d’un autre, la
composition consiste à mettre en commun, des unités lexicales ayant une autonomie
sémantique, mais lorsqu’ils sont associés à d’autres unités, permettent de désigner une chose,
une personne, un animal etc… Pour Manifi A. et Sadembouo (2014 :7)
La composition consiste à combiner des morphèmes, des mots et souvent des
phrases […], il s’agit beaucoup plus d’associations syntagmatiques, autrement
dit de groupes unifiés formés de deux ou plusieurs mots offrant le maximum
de cohésion.
Pour eux, ce procédé ne met pas seulement en commun les mots mais peut aller au-delà en
combinant les syntagmes afin d’obtenir de nouvelles unités lexicales dans les langues. Pour les
cas de l’agriculture en langue dii, nous relevons entre autre les mots composés ci-dessous :
Tableau : la composition
2.2.3. La flexion
Elle met en exergue l’action ou l’état de ce qui est fléchi. Entendu comme procédé de création
lexicale, traduit les différentes modifications que subit un terme. La flexion est pour Dubois et
al (2002 :204)
Le petit Larousse illustré (1979 :436) précise que la flexion est « l’ensemble des modifications
que subit un mot dans sa terminaison, selon le rôle qu’il joue dans la phrase. » Il s’agit à ce
niveau d’effectuer l’ajout de certains morphèmes à la base verbale ou à la base nominale pour
apporter des précisions par quelques traits ou en élargissant le sens du mot. Ces modifications
agissent dans la plupart des cas sur le signifiant. On peut donc avoir comme exemple :
2.2.4. L’emprunt
C’est également un moyen par lequel les langues ont recourt pour renouveler le stock lexical
ou le vocabulaire. Ce phénomène traduit généralement la configuration sociolinguistique d’un
milieu donné. Il consiste à utiliser, ou à emprunter un lexème dans une autre langue et l’intégrer
comme nouvelle unité lexicale de la langue. Manifi A. et Sadembouo E. (2014 :8) s’inscrivent
dans ce même ordre d’idée en faisant allusion à l’emprunt quand ils disent que :
Ce procédé consiste pour une langue à introduire dans son lexique des termes
venus d’autres langues. Le plus souvent, les mots issus de ce mécanisme
subissent des adaptations ; l’altération de la prononciation n’est qu’un
phénomène normal.
Par ailleurs, il s’agit pour les locuteurs de résoudre un problème de communication en utilisant
dans les langues ayant un contact avec la communauté, soit du point de vue de son statut de
langue officiel, langue véhiculaire ou du point de vue de sa proximité géographique avec la
communauté. On aura par exemple :
Ce tableau illustrant l’emprunt lexical en dii, démontre que la langue dii emprunte en grande
partie au français, l’une des langues officielles du pays. Ensuite, le fulfulde langue issue de
l’invasion des peuls dans le septentrion, et ayant un statut de langue véhiculaire dans la localité
car, utilisée à la fois par une grande majorité des locuteurs natifs dii, et d’autres personnes de
langue maternelle différente, pour pouvoir se comprendre mutuellement. Aussi, la langue dii
emprunte également très peu au mbum, au pidgin et à l’anglais.
En faisant alors la comparaison des données de notre corpus, nous avons relevé les équivalents
immédiats qui suivent :
Il arrive des situations où, dans un terme on relève plusieurs sèmes. Ces différents sèmes
renvient plus ou moins à ce que nous désignons comme des quasi-équivalents. Un quasi-
équivalent est définit selon Diki-kidiri M. (ibid.) en ces termes « Nous appelons “quasi-
équivalents ” des termes qui renvoient à des notions partiellement équivalentes hors contexte. »
il peut s’agir d’une part, des quasi-synonymes qui sont rendus par même terme polysémique
en langue dii.
Français dii
Tracteur, gallion gaadùrù
Marécage, marais, marchais Mɛ̀ɛ̀
Vent, air sápeem
Coton, fil sùgùd
Macabo, taro ɓád
Semence, bouture hȩn ą́ą́
Eau, pluie mam
Sème, plante, ensemence bà
Pesticides, herbicides, engrais, fertilisant gam
Banane, plantin kǫ̀n
Forêt, brousse Kɔ̀d
Sillon, ligne de semis, billon zàa
Espace, lieu bàbàl
Sillon, champ yą̀gą̀
D’autre part, il peut s’agir d’un terme en français, qui est rendu par plusieurs synonymes en
langue dii.
Français dii
creuser Lə̀ə̀lɨ,́ ą̀ą̀lɨ́
tige Tág, dǫ̀ǫ̀
fendre Sèʼɨ,́ yèʼɨ́
pulvériser Pɛ̀nnɨ,́ ɓəəlɨ́
sol Hág, hád
semence ą́ą́, hȩn ą́ą́, lúgúd
entasse Múd, tǫ́ŋ
Saison de pluie Yɛ́g, mam hįįg
brousse Hǫ́g, kɔ̀d
Tableau : quasi-équivalents
Ces quasi-équivalents qui viennent d’être recenser rendent comptent de la polysémie qui a court
dans les langues. Le constat qui se dégage ici est que, certains termes et expressions issue du
français ont plusieurs synonymes dans la langue dii. Inversement, certaines unités lexicales de
la langue dii désignent plusieurs réalités, lorsqu’on effectue un transfert vers une autre.
2.5. Le calque
Ce procédé fait partie intégrante des techniques de traduction qui consiste traduire mot à mot
un terme où le syntagme est emprunté à la langue source. De ce fait, pour Dubois et al (2002 :73)
Le calque semble donc être une sorte d’emprunt, à la particularité que le mot issue de la langue
source est littéralement traduit dans la langue cible afin d’obtenir sémantiquement les mêmes
éléments. Manifi A. et Sadembouo E. (2014 :6) s’inscrivent dans cette logique en disant que :
On peut retrouver le calque linguistique dans les expressions se rapportant à l’agriculture qui
suivent :
Les unités lexicales calquées peuvent à l’issue de ce tableau obéir aux critères morphologiques
lorsque c’est la structure formelle du mot calqué qui est mis en exergue pour que dans les deux
langues, il s’établit des similitudes observables. Il peut également s’agir d’un calque tourné
beaucoup plus vers le critère sémantique, ou encore rechercher les ressemblances sur le plan du
sens entre la langue source et la langue cible.
La composition fait partie des procédés de création lexicale, est l’un des mécanismes
d’enrichissement et de renouvellement du vocabulaire de la langue. La composition comme
procédé linguistique, peut mettre en commun plusieurs catégories grammaticales. Il peut
donc s’agir de la mise en commun de deux noms, d’un nom et verbe, d’un verbe et d’un
nom, de deux verbes, d’un nom et d’un adjectif, d’un verbe et d’un adjectif, etc…
Ce type d’unité lexicale de la langue dii est identifiable dans la syntaxe de plusieurs
mots composés. La composition nom+nom est la mise en commun de deux unités nominales
qui peuvent appartenir à un même domaine ou non. On peut alors avoir les cas suivants pour
matérialiser ce phénomène.
Le procédé de composition qui met ensemble deux noms en langue dii ne spécifie pas
les noms à mettre en commun. Il peut s’agir de deux noms n’ayant aucun rapport avec
l’agriculture comme il peut aussi s’agir de deux noms ayant trait à l’agriculture dont l’unité
lexicale désigne une réalité ou une pratique agricole en cours.
Cette forme morphologique des unités lexicales se manifeste par l’adjonction d’un verbe à
un nom, afin d’obtenir un mot nouveau.
Il s’agit dans cette combinaison de la mise en commun pour un même terme, d’un verbe et
d’un nom pour former un nouveau terme qui peut être un verbe, un nom, un adverbe ou un
adjectif. Dans le cadre de l’activité agricole dans la communauté dii, on peut ainsi
retrouver :
Au-delà de ces formes de mots et expressions mettant en commun au moins deux mots de
catégorie grammaticales différentes ou identiques, la structure syntaxique de ces technolectes
liés à l’agriculture présente aussi des constructions syntaxiques particulières.
Les unités lexicales se rapportant au savoir-faire agricole en langue dii, se compose d’une
grande partie des mots composés se structurant comme des syntagmes. Ce dernier tel que le
pense Saussure et les autres structuralistes, désigne l’assemblage dans la chaîne parlée. Bitjaa
K. et Manifi A. (2022 :321) indique que : « En linguistique structurale, un syntagme est donc
un groupe d’éléments linguistiques formant une unité dans une organisation hiérarchisée, […]
En générale, un syntagme a deux composantes : le noyau, appelé aussi tête (qui détermine sa
nature et sa fonction) et d’éventuels satellites (subordonnées). » en d’autre termes, on parle de
syntagme quand il s’agit de la mise en commun d’un ou de plusieurs terme dont l’un et le plus
important permet de déterminer la nature du syntagme et l’autre élément juste pour
accompagner la construction syntaxique. Dans le contexte de ce travail, nous avons recensé
comme unités lexicales des mots composés ayant la structure des syntagmes nominaux. Le
syntagme nominal étant cette construction ayant pour élément principal, un nom. Dans le même
sens, Bitjaa K. et Manifi A. (ibid.) définissent le syntagme nominal comme : « une séquence
qui résulte de l’association d’au moins deux termes dont l’un est le nominal, centre du syntagme
et l’autre son complément (expansion). » les syntagmes nominaux dont nous faisons allusions
dans cette étude au syntagme de détermination de type génitival et de type épithétique. La
première forme est constituée de deux éléments, le déterminé et un déterminant qui peut être
non- réduit ou réduit. La seconde structure syntagmatique met en évidence la relation directe
entre le noyau et le mot qui l’accompagne. Bitjaa K. et Manifi A (2022 :324)
Nous allons nous intéresser ici à au syntagme génitival réduit et au syntagme épithétique de
type qualificatif.
épi maïs
Ces unités syntaxiques sont constituées d’une juxtaposition des substantifs dont le second
dépend absolument du premier.
Par ailleurs, dans ces constructions, il peut s’agir d’une simple juxtaposition des unités
nominales. C’est le cas dans les exemples suivants :
Tel que défini par Bitjaa K. et Manifi A, le syntagme épithétique a plusieurs mécanismes de
détermination parmi lesquels la détermination qualificative. Cette détermination qualificative
est défini selon ces auteurs comme étant:
En d’autre termes, le syntagme qualificatif est la mise en commun de deux unités nominales
dont le second est un qualificatif ou à défaut un nom qui joue le rôle de qualificatif. Dans les
termes techniques renvoyant au milieu agricole, nous avons les exemples ci-après :
Arachide gros
Arachide tacheté
Arachide rougeâtre
Concombre frais
Concombre chaud
Patate rougeâtre
Arbre fruit
Manioc aigre
En tenant compte de ce qui précède, il faut préciser que ce chapitre s’est appesanti sur la
construction des technolectes de l’activité agricole en langue dii. Une analyse approfondie nous
a permis de recenser tour à tour les types de technolectes, les mécanismes de construction des
technolectes et la structure syntaxique des technolectes.
Pour ce faire, nous avons d’abord aborder les types de technolectes, qui a conduit à la
présentation de deux types de technolectes dont la première est désignée comme des
technolectes savants et la seconde comme des technolectes ordinaires. Le premier type fait
allusion au savoir-dire verbalisant des experts et professionnels chevronnés dans le domaine
tandis que la seconde s’intéresse aux usages langagiers dans un domaine techniques, renvoyant
spécifiquement au savoir-faire agricole par les autres acteurs de la société.
En fin, une analyse de la structure syntaxique des technolectes met en évidence d’une part la
structure morphologique des mots composés. Il a donc été identifié plusieurs types de
combinaisons pour former les unités lexicales de l’agriculture au rang desquels le nom+nom,
le nom+verbe, le nom+adjectif. D’autre part, la structure syntaxique des mots composés a
permis de relever des syntagmes nominaux de type génitival réduit et le syntagme épithétique
de type qualificatif. Ainsi, après l’observation des mécanismes de construction des
technolectes, comment peut-on procéder à la réalisation d’un lexique ou glossaire des
technolectes de l’agriculture dii-français ?
CHAPITRE 4 : Proposition d’une ébauche de lexique et de glossaire des technolectes de
l’agriculture dii-français
Ce chapitre est une proposition pour l’établissement une ébauche de lexique et d’un glossaire
des technolectes de l’agriculture dii-français. A l’issue de l’étude des mécanismes et procédés
de mise en œuvre des technolectes se rapportant à l’agriculture en langue dii, nous voulons
constitués à partir de ces termes une base de données technolectales bilingue dii-français. Une
esquisse de lexique et de glossaire qui met en évidence le lexique et les expressions utilisées
dans le cadre de la dénomination de certaines pratiques agricoles, les produits agricoles, les
végétaux, et les outils agricoles. Nous proposons pour le faire, d’une part, de regrouper en
fonction de certains indicateurs le lexique de cette activité et d’autre part, de réaliser un
glossaire des termes en dii avec des gloses, accompagnés des explications en langue française
pour permettre de mieux comprendre le contenu des termes présentés.
Nous présentons un lexique issu des termes identifiés dans notre corpus d’étude, qui est réparti
en quatre points à savoir : les produits agricoles, les outils, les techniques agricoles, les intrants,
l’environnement, la végétation et les ressources humaines.
adda machette
Bə́g hache
ɗeewa kuu gǫǫn gam emballage
diga pioche
gaduuru tracteur
gòòm faucille
màsin moulin
Są̀ą̀m lʉ́gʉ́d combinaison
Są̀ą̀m nag gants
Tɛgɛ a tìd doo pɛɛg bottes
Tig gam hȩn pɛnne pulvérisateur
tǫŋ houe
Tǫŋ fą̀ą̀n pelle
Tǫŋ hȩn kə̀ə̀nɨ râteau
Tǫŋ hȩn kəənɨ́ râteau
Tǫŋ kigi pic
Tǫŋ nàʼà Lame de houe
Tǫŋ ndàà charrue
Zəŋ tuteur
- Les techniques agricoles
ą̀nnɨ́ brûler
bà Sème, plante, ensemence
Baʼad travail
Baalɨ́ cultiver
Bab baalɨ́ agriculture
Bab dòò Travail de groupe
Balɨ́ planter
Dù hǫd wáá pailler
Dù hǫ́d wáá pailler
gam ɓəəlɨ́i pulvériser
Gǫ̀ǫ̀lɨ́ emballer
hȩn mbiilɨ́ économie
Hǫ́d baalɨ́ désherber
Lə̀ə̀lɨ́, ą̀ą̀lɨ́ creuser
kpą̀gą̀ terre retourné avec les herbes en bas
Lʉggɨ́ dʉb kan dʉb Ecart entre pieds d’igname
Mam tuulɨ́ arroser
Múd hád butte
Ndagɨ́ repiquer
Nɛ́ʼɨ́ Labour
Pɛ̀nnɨ́, ɓəəlɨ́ pulvériser
Sąą hád Choix du sol
Choisit sol
Səgənɨ́ égrener
Sèʼɨ́, yèʼɨ́ fendre
yą̀gą̀ Sillon, champ
zàa Sillon, ligne de semis, billon
zȩ̀ȩ̀lɨ́ racler
- Intrants
ąą grenier
ą́ą́, semence
gam Pesticides, herbicides, engrais, fertilisant
- environnement et végétation
bab champ
bàbàl Espace, lieu
Gaʼad chenille
gaag Saison sèche
Hád ʼmàŋ Sol vierge
Hád sàgàd sable
Hág, hád sol
hǫ́d herbe
Kɔ̀d Forêt, brousse
Ramené à l’essentiel, ce quatrième chapitre avait pour but de constituer une base donnée du
lexique et d’un glossaire des termes techniques du domaine agricole en langue dii. S’agissant
de la du lexique des technolectes de l’agriculture, il a été possible de regrouper ces termes selon
une certaine nomenclature. Ainsi, nous avons mettre ensemble les expressions relatives aux
outils agricoles, aux activités et techniques agricoles, aux intrants, à la végétation et à
l’environnement, aux produits agricoles et aux ressources humaines de cette activité.
Concernant le glossaire, nous avons pris la peine de réunir l’ensemble des technolectes du
domaine agricole en langue dii, auxquels nous avons trouvé des équivalent suivie des
explications ou gloses.
CONCLUSION GENERALE
Notre travail dans le cadre de cette recherche portait sur l’étude des technolectes de l’agriculture
en langue dii. Pour aborder cette question, nous avons structuré notre réflexion en quatre
niveaux.
A l’entame, pour étudier une langue comme le dii, nous avons pris la peine de passer en revue
la situation géographique, historique, sociale, culturelle et économique de la communauté dii.
A ce niveau, il apparaît que le peuple dii, se localise dans les régions du Nord et de l’Adamaoua
au Cameroun. Spécifiquement dans les départements du Mayo-rey, de la vina et du Faro. Ce
peuple est surtout connu car situé en grande partie sur la route nationale N°1 et pour la pratique
de l’agriculture, activité principale, notamment la culture de l’igname, c’est la raison pour
laquelle ce peuple est aussi désigner comme étant un « peuple d’igname ». Dans ce groupe
ethnique, on retrouve environs six dialectes dont le dialecte central et de référence est le Mam
bé’ ; dialecte que nous utilisé dans le cadre de ce travail, surtout que nous avons mené notre
terrain pour recueillir les données dans la localité de Mbé, lieu de vitalité de cette variété. La
communauté dii s’identifie également par la pratique de certains rites à l’instar de l’initiation
qui conserve encore tout son sens, permettant aux jeunes de passer de l’enfance vers l’âge
adulte, cérémonie et rituel culturel phare de cette communauté. La langue dii fait partie des
langues utilisées pour l’expérimentation du projet de l’enseignement des langues nationales au
Cameroun, son alphabet emprunte des caractères du répertoire alphabétique de l’AGLC. Dans
ce répertoire alphabétique de la langue dii, on dénombre 43 graphèmes dont 33 consonnes et
dix voyelles de base. Ces voyelles de la langue dii ont des traits phonétiques particuliers qui
peuvent transformer ces voyelles en longues ou nasalisées. En plus de ces caractéristiques, la
langue dii est une langue dont la hauteur tonale peut influencer sur le sens du mot. Un détour
au niveau de la classification linguistique montre que la langue est une langue du phylum Niger-
Kordofan et de la famille Adamawa-oubanguienne.
Après avoir observé où se trouve le peuple et ses pratiques culturelles, le deuxième chapitre de
travail s’est intéresser à la mise en relief d’une part de quelques règles morphologique et
phonologiques de la langue dii et d’autre part de quelques aspects théoriques se rapportant à la
linguistique de développement. Pour le rappel des règles phonologique et morphologiques, nous
avons présenté les sons simples de la langue dii, les digraphes et trigraphes sans oublié les trois
tons de la langue (haut, bas et moyen). Aussi, la langue dii est une langue dont le maximum de
syllabes est quatre pour quelques très rares unités lexicales, les trisyllabes et une bonne partie
des dissyllabes et monosyllabes compose la grande partie du lexique de la langue dii. Au plan
morphologique, la langue dii forme son pluriel par postposition du morphème « vʉ » après les
unités nominales. Cette postposition concerne également la structure des verbes qui à l’infinitif
se matérialisent par l’adjonction des morphèmes liés. La composition, la réduplication la
dérivation se présentent aussi comme des mécanismes de formation des mots en langue dii.
S’agissant des technolectes et les aspects de la linguistique de développement, il apparait que
pour l’analyse des technolectes un passage par la métaphore, les emprunts et la dérivation est
on ne peut plus capital. Pour traduire nos textes, un recours aux procédés de traduction comme
l’étoffement, la transposition, l’adaptation, l’emprunt et le calque ne peuvent pas être mis de
côté. En linguistique de développement, plusieurs concepts de base se rapportant à cette
nouvelle branche de la linguistique ont tour à tour été clarifié, au même titre que les principes
et fondements de la linguistique de développement dont le but est que l’individu puisse être
épanouis non seulement en matière de bien économique mais plus encore à pouvoir
communiquer en toute aisance quel que soit le milieux où il se trouve. Cette linguistique utilise
l’approche culturelle développée par Diki-kidiri M. et l’approche ingénieriste tel que pense
Métangmo-Tatou vise à capacité les langues.
Le troisième chapitre de ce travail est une immersion dans la les mécanismes de construction
des technolectes pour rendre compte des éléments expressifs liés à l’agriculture en langue dii.
Pour le faire, un préalable sur la présentation sur la présentation des technolectes savants utilisé
par les professionnels de ce domaines les technolectes ordinaires employés par toutes les
couches sociales pour communiquer et désigner les réalités se rapportant à cette activité. La
construction des technolectes tel que nous l’avons observé dans ce travail se fait par les procédés
linguistiques tels que la métaphore, la dérivation, la composition, la flexion, le phénomène
d’emprunt, le équivalents immédiats, quasi-équivalents, calque et des expressions
périphrastiques. Au-delà de ces mécanismes de construction lexicale des technolectes identifiés
dans le cadre de ce travail, nous relevons dans la structure de ces unités technolectales plusieurs
formes de composition contenu dans ces unités lexicales notamment l’association de deux
noms, d’un nom de d’un verbe et vice versa, d’un nom et d’un adjectif ou vice versa. Par
ailleurs, la structure de ces unités tel que recensé montre la présence de plusieurs formes de
syntagmes nominaux par simple juxtaposition des unités nominales ou encore la détermination
de l’un par l’autre.
La question principale qui porte l’empreinte de ce travail était : comment se construisent les
technolectes du domaine agricole en langue dii ? Cette question principale a donné lieu à
plusieurs sous-questions comme les préalables à une étude des technolectes et la linguistique
de développement, les procédés linguistiques employés dans la construction des technolectes
et une possibilité de réalisation d’une ébauche de lexique et d’un glossaire de l’activité agricole
dii-français. Nous avons eu recours à l’approche culturelle et l’approche ingénieriste servant
de cadre théorique pour nous servir de guide afin de parvenir aux résultats. Après une analyse
des mécanismes et procédés linguistiques dans la construction des technolectes, notre
hypothèse principale semble se vérifier en ce sens que la métaphore, les équivalents immédiats,
les quasi-équivalents, les emprunts, les mots composés et le calque sont fréquemment utilisées
pour désigner certaines réalités du domaine agricole. Ces procédés de création lexicale dans les
langues nous as permis de poser les jalons d’une base de donnée des unités lexicales bilingue
dii-français. Cela s’est matérialiser par l’élaboration d’une ébauche de lexique et d’un glossaire
de l’activité agricole dii-français.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Dorif n°21- langues, linguistique et développement en milieu francophone
Annexes
/les pesticides/
1- I tʉ gam ʼyɛ ya dʉʉlɨ́, i tʉʼ ʼwaapád. A mbàà bə́ʼ kan hȩn lálɨ́ sá, tóó tée kaʼ waa voolɨ́
Vous garder médicament poser où bien, vous fermer tout. Pr 3sg rester proche avec
chose manger neg, peut-être à côté enfant dem
sá.
neg
/garder le produit dans un endroit propice, fermer tout. Rester loin des aliments, et
hors portée des enfants/
1- I záŋga hȩn kʉʉ bíndà ʼyɛ́d ví tíŋ gammé yȩ dʉʉlɨ́ nàʼà, ma i dəŋ gam ɓəəlɨ́.
Vous lire chose qu’eux écrire metre vous devant médicament ci bien, puis vous
commencer médicament appuyer
/bien lire la notice avant de commencer à pulveriser/
2- I dɔ́ są̀ą̀m ɨ́ ka maa dɔ́lɨ́ sey gam ɓəəlɨ́lɨ́ má nɔ (i gboʼ fȩmee víí, i dɔd są̀ą̀m nag, i dɔ́
Vous porter habit suffit porter quand appuyer médicament (vous porter chapeau votre,
vous porter habit main, vous porter
są̀ą̀m lʉ́gʉ́d, a wáá doo, kan tɛ́gɛ́ a tid doo pɛ́ɛg víí ʼwaapád).
Habit long, qui couvre pied, avec chaussure qui perdre orteil votre tout)
/vous devez porter un vêtement approprié pendant la pulverisation (mettre un
casque, porter les gants, porter une combinaison et les bottes)/
3- Sey kíí dɨ gam aalɨ́ tíggí moo pɛnné tée, i gág dʉʉlí nàʼà.
Quand vous prog médicament verser bouteille pour soufler alors, vous attention bien
4- I tíd tíg gam hȩn pɛnné víí a ɗiin kan hȩn bab waa naʼ, moo gam à màà hȩn tą́ʼȩ́ yȩ vʉ
Vous arrêter bouteille médicament chose soufler votre loin neg chose champ peu, pour
médicament suffire chose pousser ci pl
ʼmáʼ.
net
/vous devez tenir le pulvérisateur pas loin, afin que le produit touche bien les
plantes/
5- I kɛ dəə mbi ɗeewa lee kʉʉ gǫǫn gam wulɨ́ yȩ vʉ hágá ʼwaapád, ya ka hǫn baʼad kɔ́lɨ́
Vous creuser trou mettre papier vide qu’ils emballer médicament la-bas pl à terre tout,
où voir neg travail faire
wʉlɨ́ né má nɔ.
la-bas neg alors
/vous devez enterrer tous les emballages dans un endroit non utilisé/
6- I woo mam kan tąm są̀ą̀m, tée ví dɔ́ są̀ą̀m tóó kə́d, tée ví lá hȩn, pig woolɨ́ tée ví zɔ̀ mam,
Vous laver eau avec sel habit, puis vous porter habit autre différent, puis vous manger
chose, après celà vous boire eau,
tóó tée tą̀m.
peut-être cigarette
/se laver avec du savon, et porter de nouveaux vêtements, puis manger, boire de
l’eau, peut-être fumer/
7- Sey kaa dɨ gam pɛnné babbɨ́ tée, ba lán hȩn né, ba zɔn mam né, ba zɔn tąm né ą́m.
quand on prog médicament soufler au champ alors, on manger neg chose pas, on boire
neg eau pas, on boire neg cigarette pas aussi.
II- Enregistrement 1
ą̀n nùŋ kìlɨ́ mǫǫ dʉb tée, vʉ hąąn mí sèy dʉb vunnɨ́ né.
Si je connais l’histoire de l’igname, je ne suis pas né quand l’igname faisait ses débuts.
Sey dʉb vunnɨ́ ká dɨ wòò tíŋ, mǫǫ kan seeya ɨ́nii vòòlɨ́ wʉyʉ kan kì mǫǫ dʉb yɛ̀.
L’origine de l’igname date de longtemps, c’est parce que je me suis rapprocher des aînés que
j’ai connu l’histoire de l’igname.
hȩn yɛ̀ hį́į́ bɨ ǫ̀ nen naa, ví ám ɨ̀ gbɔ̀ ɨ́nii víí vʉ sá. ɨ̀ vì vʉ mǫǫ sèè téé an ɓám kan mǫǫ ʼmàŋ.
Ceci veut dire que, vous aussi ne laissez pas vos aînés. Si vous leur demandez de vous raconter
les histoires anciennes ça fera un mélange avec de nouvelles histoires.
Ká maa, kaa bàà víí ʼwaapád bà ɓùùn kɔ́ ɨ́ ka hǫ̀ ví yɛ̀ nʉ. vʉ mǫǫ bà lumdè ɨ̀, kaa pə́gənɨ́ waa
dèèdèè dèèdèè kuu ɓígin mà kuu sʉg mbàà ma nʉ. kaa pèè kuu sʉg mbàà kuu bàà hȩn bab
vòò.
Avant, nos villages n’étaient pas aussi peuplé qu’aujourd’hui. C’était des petits camps, où les
personnes vivaient en petit groupes
Yɛ́g ka pɛ hȩn bab ka làà sí ʼwaanɨ́ téé nan pèè vʉ sʉg, vʉ kin, ya vòòlɨ́, tàʼkpàà vʉ, waa vʉ
kan wakȩ́ȩ́ vʉ sʉg vʉ làà hǫ́ggɨ́ tíí, mǫǫ gaag à pɛ téé gim à dɔ́ kaa sá.
A l’approche de la saison des pluies et que les réserves alimentaires finissent déjà, les
populations s’entendent pour aller en brousse avant l’arrivée de la saison sèche.
Vʉ ʼyɛm hȩn waʼɨ́ gʉggɨ́ ya ɗiilɨ́, téé vʉ sʉg mbàà kan hȩn lálɨ́ vòò vʉ (zum, hȩn sənɨ́ ą̀ą̀m yɛ̀
vʉ) vʉ pàŋ naggɨ́. wakȩ́ȩ́ vʉ mbàà dàà, wayée vʉ dɔ́ là hǫggɨ́. Kuu fíʼa máá, wakȩ́ȩ́ vʉ gbɔ́
dàm bà hȩn lálɨ́ bà ʼwaa suʼʉ́.
Ils marchèrent durant des kilomètres afin de trouver un espace où camper avec (la farine, les
choses à grignoter, les arachides) et les femmes restent attendre pendant que les hommes vont
à l’intérieur de la brousse. A leur retour, les femmes se sont plaint que la nourriture est finie.
Mà wayée vʉ hį́į́ hȩn lálɨ́ ʼwaa aa ? ɛ̀n ka kɔ́ mà kíí ǫn né lá ? wayée vʉ luu vu làà ka’adɨ́ vʉ
vín mǫǫ. Aga yɛ̀ ba ɗìì ví kan kaa ʉ́, hȩn kaa yaa ví kɔlɨ́ pèè, ba ʼwaan ví lá né. Vʉ tàà mǫǫ,
vʉ ǫ̀, ba làà hǫ̀ ví hȩn kpoo kuu lá kuu gbɔ̀ kùn wòò kuu nɔɔ né yɛ̀ nʉ̀.
Les hommes ont donc répondu que pourquoi vous ne l’avez pas dit plus tôt ? Ils se concertèrent
et prirent la résolution de se rendre en brousse, pour chercher ce que les singes mangent pour
survivre.
Kuu lúú làà kɔ̀d tíŋ máá, vʉ làà màà hą̀ą̀b, kpoo vʉ lá mà gbɔ̀ kùn wòò ya ʼwaapád, vʉ təgə
nɔ́ɔ́ vʉ hǫn kpoo nɔm né. Mà vʉ ǫ̀ ą̀ą̀ vɨ́ la ʉ́. Vʉ ą̀ą̀ hą̀ą̀b pèè vʉ fìʼa mà vʉ ǫd wakȩ́ȩ́ vʉ ò də̀ə̀
téé nan tóó à lá sá. Vʉ də̀ə̀ yǫ́ ma vʉ ǫ̀ nɔ́n ąn dəŋ lá lá ? nan tóó lá, vʉ yàà mam vʉ pugu zɔ̀
mà zəʼ. pig wòò máá vʉ hǫ̀ bà hąʼʉ́ mà ka zəʼ yɛ̀ nʉ̀.
Etant en brousse, ils trouvèrent une sorte d’igname sauvage que les singes mangeaient et jetaient
les épluchures qu’ils ont creusé et rapporter au campement. Ils demandèrent aux femmes de
préparer et de que personne ne mange. Après la préparation, quelqu’un s’est proposé de manger
puis à bu de l’eau et a roter, signe qu’il est rassasié et l’on appelé hą̀ą̀b quelque chose qui
rassasie.
Vʉ ǫ̀d wakȩ́ȩ́ vʉ o lá ʉ́, vʉ dəŋ sí hą̀ą̀b pèè lálɨ́. hȩn pèè kuu lá wu téé vʉ hąʼʉ́ mà vʉ pú wʉ
yéé hą̀ą̀b. Vʉ pàŋ hą̀ą̀b pèè liggɨ́ mà vʉ sʉg hád vʉ ndag, vʉ dù laʼ ɛ́d wʉ mɔn hǫggɨ́ yɛ̀ . mbàà
dàà veʼ daga, veʼ idʉ́ mà vʉ ǫ̀ bà hȩn pèè duu ʉ́. Hą̀ą̀b pèè tii sí duu ʉ́ mà vʉ pú wʉ yéé dʉbbɨ̀.
Ils demandèrent aux femmes de manger cet igname sauvage qui permettait aux gens de se
rassasié. Ils ramenèrent cette igname sauvage au village, puis faisaient les mottes de terres pour
planter l’igname sauvage en mettant des morceaux de piquets à côté. Après quelques années,
ils se sont rendu compte que l’igname sauvage s’est transformée et est devenu bien. L’igname
sauvage étant devenu bien, ils l’on appelé dʉb pour dire quelque chose de ben.
Kuu làà dəə sèè ya kuu lə̀ə̀ hą̀ą̀b pèè mà vʉ màà gə́ə́ hą̀ą̀b dùù tą́ʼʉ́. Mà vʉ sèʼe dʉb pèè vʉ
dùù bà. Bà kuu hǫ̀ ya hą̀ą̀b ka mbàà hǫggɨ́ mà kuu yaa kaalɨ́ maa, vʉ yèè hád, ya ɨ́ ka duu
ma nʉ, ya mam ka mbàà bəʼ, vʉ sòò ya gbɔ̀msɔ̀ɔ̀g ka zaga víd gbɔ̀, téé vʉ sá yą̀gą̀ wulɨ́. ɨ́ tóó
vʉ kɔ́ zaŋ waa, tóó vʉ ɓɛ̀ gàdùrù, tóó vʉ lə̀ə̀ téé vʉ gaŋ yą̀gą̀.
Quand ils rencontrèrent l’igname sauvage, ils se rendaient compte que les morceaux qui
restaient dans le trou repoussaient, ils ont donc pris la peine de fendre l’igname en morceaux
afin de replanter en choisissant le sol propice à la culture de l’igname, où les on retrouve les
excréments de verres de terre, puis on réalise les billons. Certains utilisent la ficelle, d’autres le
tracteur, pour creuser le sol et soulever les billons.
Téé vʉ ǫ̀, ban ɛ́ ví luggɨ́ dʉb kan dʉb nen ná ?àgà yɛ̀ kaa bà ví dʉb yɛ̀ téé ban ɛ́ ví zəŋ wòò
télá ? dʉb dágá dɨ kan zəŋ dágá. ɓə̀ə̀ yɛ̀ nan tóó vʉ baa ɛ́ dʉb idʉ́ zəŋ dágá am. Kuu yaa dʉb
ləəlɨ́ téé hȩn tóó bàà vúd hàʼad wòòlɨ́, vʉ bèè tʉʼ ɨ̀, vʉ tǫ̀ʼ, vʉ pʉ́ nan dʉb ləəlɨ́ yɛ̀ vʉ. kuu lə̀ə̀
téé vʉ ɛ́ dʉb ʼwaapad dáŋ dəə wòòlɨ́.
Après, ils se demandèrent la distance à établir d’un pied d’igname à l’autre. Puis ils mettent les
tuteurs. Chaque pied a un tuteur. Aujourd’hui, certains utilisent un tuteur pour deux pieds
d’igname. Lorsqu’on vient récolter l’igname, on se fait aider par d’autres personnes, et chaque
igname creuser est déposé près de son trou.
III- Enregistrement 2
Tʉd maa hȩn wòò kam hǫ̀ yɛ nà, vʉ ɛ́ hȩn wòò vʉ ǫ̀ bà ą́ą́ wòò nʉ̀, ą́ą́ maa hȩn kuu ɛ́ mam
hį́į́g à màà ò làà bà ma nʉ. vʉ bèè wʉ am tʉ́d lugudɨ̀.
Le mil que tu vois là, on concerve la graine pour pouvoir semer dès le début des pluies on
l’appelle également la semence.
Vʉ ɛ́ hȩn yɛ̀ dìgà kuu dəŋ seelɨ́ ɨ́ tóó ma nʉ. vʉ yèè tʉ́d kin vʉ ɛ́ kaʼ kàà. Lugu dɨlɨ́, tʉ́d zɔlɔm
dɨlí, tʉ́d yȩ́ȩ́ dɨlɨ́, tʉ́d dɨ kə́kə́d ya tąąna a yǫ̀gǫ.
Vʉ yèè ɛ́ duulinàʼà, sèy kuu ʼwaa suu téé tʉ́d ɨ́ yȩn kin duulinàʼà maa vʉ gbɔ́ wʉyu mà vʉ lan
ya bàlɨ́ yɛ̀ nʉ̀.Nan ɨ́ kuu gàà baʼad woo maa vʉ kagan tʉ́d gɛlɨ́i né, vʉ dəŋ yeelɨ́ tʉ́d kɔɔgɨ́.
On effectue un choix minutieux pour sélectionner les grosses et bonnes graines qu’on va battre
pour transporter en direction du champ pour les semis. Ceux qui maîtrisent ce travail
commencent la sélection des semences depuis le lieu où les épis ont été déposés.
Pig wòò téé, vʉ sʉg nan vʉ kɔ́ dòò. Sèy tʉ́d gbɔlɨ́ téé am hį́į́ téé mɔ́ bèè gə́g, mɔ́ ǫ̀d gbanàà
bin gbɔ́ tʉ́ddɨ̀. Nan tóó vʉ kɔ́ a yǫ̀gǫ mǫǫ bɨ túʼud gbanàà bɨ bàà tʉ́d ɓùù ʉ́.
Après celà, on rassemble les personnes et on apprête le vin pour la circonstance. C’est le
moment de battre le mil. On peut en cas de besoin faire intervenir le masque pour créer une
bonne ambiance autour en signe de prestige.
Kuu gbɔ́ tʉ́d ʼwaa téé vʉ làà ɛ́ tóó ąąlɨ́, vʉ mbìì mǫǫ wakȩ́ȩ́ u lɨ́d ʼwaasá.
Lorsqu’on finit de battre le mil, on garde une partie dans le grenier pour économiser et limiter
le gaspillage par les femmes.
IV- Enregistrement 3
Vʉ yèè hag dʉb ʉ́. Dʉb sán ye ʼyaga waa né, dʉb hį́į́ mɛ̀ɛ̀ ʉ́, a maa yągą wòò à lʉg à wʉlɨ́.
Dʉb hį́į́ ya had ka yąn kan hád sàgàd ma nʉ̀, téé vʉ sə̀g ya wòò vʉ ɛ́ dàà.
On procède au choix du sol pour l’igname. L’igname ne propère pas où on retrouve les cailloux,
l’igname prospère prés du marécage mais ses billons doivent être bien long. L’igname prospère
plus où le sol est mélangé avec du sable, puis protège son espace.
Yąg sɔgɔd ka kɔ́ suu téé, vʉ bàà ya wòò, yągą wànɓóʼ à, gbɛ̀g à? Téé vʉ dù hǫd wáá ya bàbàl
suu à mbàà kan sígíd ɨ̀. Téé kaʼ ɨ́ naʼ ɛnà, dȩ là téé vʉ kɔ́ vee ą̀n mǫǫ vee ɨ́ tóó à làà yaa hǫgɨ́
téé a màà ya ɨ́ yɛ̀ maa sá.téé vʉ sòò màgírmá vòò, vʉ ɓú, vʉ dù ya náʼ, téé waa vʉ ɓɛ̀ ɓoʼ vʉ
gbɔ́, téé vʉ dùù wáá a mbàà kan sígíd.
Après quelques temps, on cultive cet endroit, soit dix ou vingt billons puis on paille pour que
l’endroit reste humide et on repousse les herbes de l’autre côté pour éviter les feux de brousse.
Alors on utilise le trident pour piocher la terre et les enfants utilisent les morceaux de bois pour
aplatir la terre puis on paille à nouveau pour maintenir le champ humide.
Téé vʉ làà paa nan uu yaa màà bɨ yągą sálɨ́i. Vʉ kɔ́ bab dòò vʉ sʉg nan vʉ mǫǫ sálɨ́ ya bà
kuu ɓú yɛ̀ nʉ, mǫǫ yągą maa zàá à naʼ mbàà ɨ́ yǫ̀gǫ. Kuu ɓú téé vʉ fąą hád wòò vʉ hàʼ. Ka
naʼ yȩn ná ya wòò né téé, nan tóó vʉ dùù lə̀ə̀ kan tǫŋ kigi. Kuu sá yągą ʼwaa suu téé vʉ laa
ą̀ą̀ yągą sèè ʼwaapád. Vʉ sèʼ dʉb vʉ wáá ɛ́ dàà sapeem à pɛ̀d hąą ka ʼwɔ́ sʉʼʉ́ téé vʉ hɔ̀ɔ̀ zəŋ,
wakȩ́ȩ́ vʉ kan waa vʉ yàà mam tuu mɛ̀nné.
Puis, on convoque des personnes pour réaliser les billons. On organise un travail de groupe pour
élever les billons sur l’espace qui avait été pioché. Les billons d’ignames doivent être bien grand
et quand on n’a pas atteint la grosseur voulu, on pioche à nouveau le sol avec le pic. Après la
réalisation des billons, on va chercher les semences dans l’ancien champ d’igname qui seront
fendues et disposé pour que le vent puisse passer dessus et les femmes et les enfants apprêtent
les tuteurs et arrosent les creux le soir.
Yɔ́gɔ́ wòo téé ba làà ví sí dʉb balɨ́i. ɨ dəə kɛlɨ́ vʉ kɛ̀, wayéé vʉ bà dùù. Hǫ́d ba kuu ɛ́ pèe ka
tą̀ʼ dɔ̀g təg yɛ̀ téé vʉ dù zəŋ dʉb dágá kan zəŋ dágá. Mam tuulɨ́ à mbàà wòò túm mǫǫ baʼad
dʉb wòò baʼad gaagɨ̀.
Le jour d’après est réservé pour le repiquage des ignames. Certains sont chargés de faires les
creux et les hommes plantent et on recouvre chaque avec les herbes pour éviter le soleil, puis
on recherche les tuteurs pour chaque pied d’igname. L’arrosage doit être fait régulièrement.
Dʉb ka tą́ ʼ téé, mɔ́ kàʼ haʼad ɛ́ dɔ̀g zəŋɨ́. Kpag dʉb ka yȩ̀ȩ̀ téé, dʉb làà sí dɔlɨ́i. Sèy kuu làà
dʉb zəgədnɨ́ yɛ̀ téé vʉ ą̀ą̀ hąą zɔ́gɔ́n vʉ gənnɨ́. Ku vùd dʉb téé vʉ sòò hád vʉ mbɨ́d. Dʉb tííb
maa lálɨ́i dʉb pąʼ maa ą́ą́ ɨ̀
Lorsque l’igname commence à fleurir, on entoure ses feuilles sur les tuteurs. La couleur
rougeâtre des feuilles d’igname indique que les ignames sont déjà à maturité. En allant creuser
les ignames, on creuse sans casser jusqu’au bout. Lorsqu’on retire l’igname on referme le trou.
L’igname de la première récolte est destinée pour l’alimentation et la seconde pour la semence.
Table de matières