Fmr1 Vocabulaire Notation
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notation
Laurent Beauguitte
1 Ce qu’est un graphe
Des points et des lignes
Un graphe G = (N , L ) se définit mathématiquement comme un en-
semble fini de sommets N 6= ∅ et un ensemble fini (mais éventuellement
vide) de liens L . Le nombre d’éléments dans N et L est respectivement
noté N et K. Un graphe se définit par son ordre (order ) soit le nombre de
1. Degré et degree, graphe et graph etc.
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sommets, et par sa taille (size) définie par le nombre de liens. Il est courant
cependant de parler de grands graphes quand ils comportent de nombreux
sommets.
Les synonymes les plus courants de sommmets sont points, nœuds, ac-
teurs. Les termes anglais sont nodes, vertex (pluriel vertices), actors ou
points. Pour les liens, on rencontre les termes edges, ties, lines ou encore
relations.
Dans un graphe non planaire G de taille N , le nombre de liens K est au
minimum de 0 et au maximum
N (N − 1)/2. Un graphe GN,K est dit complet
(complete) si K = N2 = N (N − 1)/2, il est noté KN .
0 0 0
Un sous graphe (subgraph) G = (N , L ) de G est un graphe tel que
0 0
N ⊆ N et L ⊆ L .
Un sommet qui n’est adjacent à aucun lien est dit isolé (isolate). Lors-
qu’un graphe est constitué de plusieurs sous-graphes non connectés les uns
aux autres, ces sous-graphes sont nommés composants (component). Un com-
posant formé d’un seul sommet est dit trivial. Si enlever un sommet s d’un
graphe G augmente le nombre de composants du graphe, s est appelé point
d’articulation (cutpoint ou, plus rarement, cut-vertex ). Si enlever un lien l
d’un graphe G augmente le nombre de composants du graphe, l est appelé
isthme (bridge).
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Figure 1 – Quelques propriétés d’un graphe
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Graphe orienté et non orienté
Le fait de prendre en compte ou non la direction des liens crée la différence
entre graphe orienté (directed graph ou digraph) entre graphe non orienté
(graph). Rappelons-le, par défaut pour les mathématiciens anglophones, un
graphe est non orienté ; par défaut pour leurs collègues francophones, il est
orienté.
Si le graphe est non orienté, la matrice d’adjacence correspondante est
symétrique. En effet, tout lien lij entraîne la présence du lien lji . Si le graphe
est orienté, la matrice d’adjacence correspondante est (le plus souvent) non
symétrique.
La prise en compte de la direction des liens a des conséquences métho-
dologiques importantes pour mesurer les propriétés du graphe.
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Figure 2 – Trois modes de représentation pour un même objet
tous les sommets sont incidents au même nombre k de liens : on parle alors
de graphe k-régulier (k-regular ). Or, quasiment tous les graphes issus de
données empiriques sont irréguliers. Il semble que l’étiquette ‘complexe’ soit
très utilisée chez les physiciens, moins utilisée dans d’autres disciplines 5 .
Si le graphe comprend deux ensembles de sommets A et B et que chaque
lien a une extrémité dans A et l’autre dans B, on parle de graphe biparti
(bipartite graph). Il est possible d’imaginer des graphes tri ou quadriparti,
mais les méthodes d’analyse disponibles restent en grande partie à créer.
3 Modes de représentation
Il existe trois grands modes de représentation des graphes ; les listes de
liens, les matrices d’adjacence (adjacency ou connectivity matrix ) et le graphe
proprement dit, à savoir sa représentation graphique. Ces trois modes sont
strictement équivalents et la figure 2 montre trois fois le même graphe.
La forme ‘liste de sommets, liste de liens’ peut paraître étrange, elle
est pourtant souvent utilisée pour deux raisons complémentaires : certains
logiciels (Pajek notamment) demandent ce type de format de données en
entrée, et elle est la plus économique en terme de volume. Ajoutons également
qu’elle est la plus proche de la définition mathématique donnée plus haut.
La forme matricielle est elle extrêmement utile pour calculer certains
indicateurs tant au niveau local (sommet ou lien) que global (graphe dans
son ensemble).
Il est possible enfin de représenter un graphe via une matrice dite d’inci-
dence de taille N × K : dans ce cas, les sommets sont en lignes, les liens sont
en colonnes et les cases contiennent un 1 lorsque le sommet s est incident au
lien l, un 0 dans le cas contraire.
5. Le terme n’est par exemple quasiment jamais utilisé dans la revue Social Networks.
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4 Du graphe au réseau (social)
Utiliser le graphe pour symboliser un réseau (le plus souvent technique)
ou un réseau social est fréquent, cela oblige pourtant à choisir les méthodes,
outils, et concepts adaptés.
Le passage du niveau graphe au réseau se fait dès le moment où on
ajoute des informations portant sur les sommets (un nom, des coordonnées,
une masse) et/ou sur les liens.
Lorsque l’on étudie un réseau ayant une existence matérielle tangible
(réseau routier, réseau hydrographique), il est fréquent que l’on ait recours
aux graphes planaires. Ce choix a priori logique est pourtant discutable.
Il suffit d’ajouter quelques tunnels et ponts à un réseau routier pour qu’il
perde son caractère planaire. . . Lorsqu’on étudie des flux (de marchandises,
de personnes, d’informations), il est fréquent en revanche de les symboliser
à l’aide de graphes non planaires.
Le choix entre ces deux types de graphes n’est pas anodin, car les mesures
et méthodes mobilisables pour ces deux types de graphes ne sont pas les
mêmes.
Il importe également de souligner que si le graphe peut prétendre modéli-
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ser toutes formes de relations, l’image produite n’est toujours qu’une image
parmi d’autres possibles et qu’elle est la conséquence de choix (seuillage, al-
gorithme de visualisation) rarement explicités.
Conclusion provisoire
Ce petit balayage terminologique n’a pas la prétention d’être complet.
D’autres disciplines mobilisent le vocabulaire et certains outils de la théorie
des graphes, comme les réseaux de neurones en intelligence artificielle, les
réseaux bayésiens qui associent graphes et probabilités, et il en est sans
doute d’autres.
Il est important (et cette phrase reviendra souvent) de se souvenir que la
complexité apparente du (des) vocabulaire(s) est uniquement due à l’utili-
sation par des disciplines différentes de termes identiques pour désigner des
outils différents, et à l’utilisation de termes différents pour désigner des outils
identiques.
Références
[1] C. Bergé. Graphes. Gauthier-Villars, 2 edition, 1973.
[2] S. Boccaletti, V. Latora, Y. Moreno, M. Chavez, and D.U. Hwang. Com-
plex networks : Structure and dynamics. Physics Reports, 424(4-5) :175–
308, 2006.
6. Le terme modèle est utilisé ici comme représentation simplifiée de la réalité.
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[3] P. Haggett and R.J. Chorley. Network analysis in geography. Edward
Arnold, 1969.
[4] P. Mathis. Graphes et réseaux. Modélisation multiviveau. coll. « Infor-
mation Géographique et Aménagement du Territoire ». Lavoisier, 2003.
[5] S. Wasserman and K. Faust. Social Network Analysis. Methods and Ap-
plications. coll. ‘Structural analysis in the social sciences’. Cambridge
University Press, 1994.
[6] D.B. West. Introduction to graph theory. Prentice Hall Upper Saddle
River, 2001.
3 Modes de représentation 5