Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Livre Blanc Diplomatie Et Territoires Cle01a131

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 222

-

Ministère des Affaires étrangères et du Développement international


Commission nationale de la coopération décentralisée
L’action extérieure des collectivités territoriales (AECT) française est
essentielle au rayonnement, à l’attractivité et à la solidarité internationale
de la France.
Afin d’améliorer le partenariat entre l’État et les collectivités territoriales
et pour une plus grande efficacité et cohérence de l’action extérieure de
la France, le ministère des Affaires étrangères et du Développement inter-
national (MAEDI) publie le Livre blanc Diplomatie et territoires.
Analyse et synthèse inédite des évolutions, des enjeux et des outils de sou-
tien à l’AECT, fruit d’une consultation large dans le cadre de la Commission
nationale de la coopération décentralisée (CNCD), le Livre blanc formule

Diplomatie et territoires

Diplomatie et territoires Pour une action extérieure démultipliée


21 propositions concrètes :
- pour développer une nouvelle offre de services proposés aux collectivités ;
- pour faciliter l’accès aux financements de l’action internationale des
collectivités ;
- pour mettre en place un nouveau cadre institutionnel afin de mieux Pour une action extérieure
démultipliée
connecter les territoires, le MAEDI et les opérateurs internationaux.

Commission nationale de la coopération décentralisée


Instituée par la loi du 6 février 1992, la CNCD rassemble à parité les
représentants de 8 associations nationales de collectivités locales, des
ministères concernés par l’action extérieure des collectivités territoriales 21 propositions
et de 6 opérateurs du MAEDI. Elle peut formuler toutes propositions
visant à améliorer et renforcer les modalités d’exercice de l’action exté-
rieure des collectivités territoriales.
pour un nouveau partenariat
Son secrétariat général est assuré par la Délégation à l’action extérieure MAEDI/Collectivités territoriales
des collectivités territoriales du ministère des Affaires étrangères et du
Développement international.

Diffusion
Direction de l’information
légale et administrative
La documentation Française
Tél. : 01 40 15 70 10
www.ladocumentationfrancaise.fr
Imprimé en France

ISBN : 978-2-11-145296-1
DF : 1RO45120
Prix : 9 €
9:HSMBLB=YZW^[V: La
documentation
dF
Française
DIPLOMATIE
ET TERRITOIRES
POUR UNE ACTION EXTÉRIEURE
DÉMULTIPLIÉE

21 PROPOSITIONS
POUR UN NOUVEAU PARTENARIAT
MAEDI/COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES


ET DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL
COMMISSION NATIONALE
DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE

La Documentation française
« Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représenta-
tion, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce
soit (reprographie, micro-filmage, scannérisation, numérisation...), sans le consentement
de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon
sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
Il est rappelé également que l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger
l’équilibre économique des circuits du livre.
© Direction de l’information légale et administrative, Paris, 2017.
ISBN : 978-2-11-145296-1
Sommaire
PRÉFACE................................................................................................................. 5
Jean-Marc Ayrault

AVANT-PROPOS..................................................................................................... 7
Christian Masset
Bertrand Fort

INTRODUCTION..................................................................................................... 9

PARTIE I
L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
FRANÇAISES S’INSCRIT DANS UN MOUVEMENT
INTERNATIONAL................................................................................................ 11
Chapitre I
Les collectivités locales apportent une contribution importante
au rayonnement et à l’influence de leur pays........................................... 13
Chapitre II
Les réformes successives en France accroissent le poids
et le rôle des collectivités territoriales dans la politique nationale
et étrangère de la France............................................................................... 31

PARTIE II
L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES :
UN ENJEU MAJEUR D’ATTRACTIVITÉ ET DE RAYONNEMENT
POUR LES TERRITOIRES ET POUR LA FRANCE....................................... 39
Chapitre I
Les motivations des collectivités territoriales à l’international............ 41
Chapitre II
Une capacité de projection démultipliée.................................................... 53
Chapitre III
Un enjeu fort pour l’attractivité des territoires........................................ 67
Chapitre IV
Les interactions avec l’environnement géographique direct
des territoires sont croissantes...................................................................... 75

PARTIE III
LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES BÉNÉFICIENT DE SOUTIENS
VARIÉS AFIN D’AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION
EXTÉRIEURE........................................................................................................ 83
Chapitre I
Un dispositif institutionnel national multiforme pour accompagner
au mieux les collectivités territoriales......................................................... 85

Diplomatie et territoires 3
Sommaire

Chapitre II
L’action extérieure des collectivités territoriales bénéficie également
d’un soutien européen important................................................................. 101

PARTIE IV
21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION ENTRE
L’ÉTAT ET LES COLLECTIVITÉS EN MATIÈRE D’ACTION EXTÉRIEURE... 111
1. Développer une nouvelle offre de services proposés aux collectivités. 113
2. Faciliter l’accès aux financements disponibles pour l’action
internationale des collectivités territoriales............................................... 129
3. Développer un nouveau cadre institutionnel de partenariat
pour mieux connecter les territoires, le MAEDI
et les opérateurs internationaux........................................................... 135

ANNEXES............................................................................................................. 145
Annexe 1. Liste des associations nationales thématiques de collectivités
territoriales travaillant en partenariat avec le MAEDI............................................. 147
Annexe 2. Circulaire du 2 juillet 2015 du ministre des Affaires étrangères
et du Développement international et du ministre de l’Intérieur aux préfets
et hauts-commissaires.............................................................................................. 148
Annexe 3. Lettre du ministre des Affaires étrangères aux présidents de conseils
régionaux sur les conseillers diplomatiques auprès des préfets de régions........... 151
Annexe 4. Loi no 2014-773 du 7 juillet 2014 d’orientation et de programme
relative à la politique de développement et de solidarité internationale (extraits).. 153
Annexe 5. Les opérateurs du MAEDI.................................................................... 155
Annexe 6. Les réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA)....................................... 167
Annexe 7. Les collectivités d’outre-mer : collectivités du Pacifique, collectivités
françaises d’Amérique, collectivités de l’océan Indien........................................... 169
Annexe 8. La Mission opérationnelle transfrontalière (MOT)................................ 177
Annexe 9. La coopération transfrontalière............................................................ 179
Annexe 10. Panorama des instruments financiers de l’Union européenne
pour la politique européenne de développement.................................................. 182
Annexe 11. Le rôle des collectivités territoriales dans la mise en œuvre
du nouveau cadre de développement durable....................................................... 189
Annexe 12. L’aide publique au développement des collectivités territoriales
françaises.................................................................................................................. 191
Annexe 13. Les schémas régionaux de développement économique,
d’innovation et d’internationalisation (SRDEII)........................................................ 210
Annexe 14. Dispositifs de mobilité européenne et internationale des jeunes
– Volontariat............................................................................................................. 212

Liste des abréviations............................................................................................... 215

4 Diplomatie et territoires
PRÉFACE

Ces dernières années, la contribution des territoires


à l’action internationale de la France n’a cessé de
prendre de l’ampleur, tout en se diversifiant.
Aujourd’hui, la majorité des collectivités locales fran-
çaises, quelle que soit leur taille, sont engagées dans
l’action internationale, dans un nombre croissant de
pays et de secteurs. Les conseils régionaux et dépar-
tementaux, les métropoles et les grandes villes, les
communes et les intercommunalités, sont désormais
des acteurs incontournables hors de nos frontières.
Il s’agit d’un atout de tout premier plan pour l’attrac-
tivité de la France et pour la solidarité internationale.
© Ministère des Affaires étrangères
Depuis 2014, ce rôle s’est accompagné de change- et du Développement international/
ments institutionnels importants. La répartition des Frédéric de La Mure
compétences a été modifiée entre niveaux de collec-
tivités, avec la création des métropoles et la réorganisation de la carte des
régions. Ce faisant, le rôle des territoires français sur la scène internationale
a été largement transformé. Ces évolutions affectent également les Outre-
mer, dont l’insertion régionale s’accélère, ainsi que les territoires frontaliers
qui font face à une situation et à des enjeux spécifiques.
Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international
(MAEDI) coordonne l’action extérieure de l’État et veille à la bonne arti-
culation avec celle des collectivités territoriales, dans un souci d’efficacité
et de cohérence.
C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité que les enjeux et les outils d’ac-
compagnement par l’État et ses opérateurs de l’action extérieure des
collectivités territoriales soient analysés et recensés de façon à proposer
des solutions concrètes pour améliorer cet indispensable partenariat.
C’est tout l’objectif de ce Livre blanc, qui a fait l’objet de consultations
très larges dans le cadre de la Commission nationale de la coopération
décentralisée (CNCD) et a été adopté par cette dernière à l’unanimité le
23 novembre 2016.
Je souhaite que ce travail puisse se poursuivre avec la mise en œuvre des
préconisations proposées dans ce document inédit. Elle saura, je l’espère,
inspirer et guider l’action de l’ensemble des acteurs qui œuvrent, à tous les
échelons, aux intérêts et à l’influence de la France dans le monde.

Jean-Marc Ayrault
Ministre des Affaires étrangères
et du Développement international

Diplomatie et territoires 5
AVANT-PROPOS

En 2013, André Laignel avait formulé, à la demande des associations


nationales de collectivités locales représentées à la Commission nationale
de la coopération décentralisée (CNCD), dans un rapport qui a fait date,
40 propositions et recommandations pour un élan nouveau de l’action
extérieure décentralisée.
Si plusieurs d’entre elles, de nature technique, sont d’ores et déjà en
application, certaines renvoyaient à une refondation de l’action de l’État
en matière de soutien à l’action extérieure des collectivités territoriales,
qui intègre les réformes territoriales majeures résultant des lois NOTRe et
MAPTAM ainsi que de la nouvelle carte des régions.
Dans la lignée du rapport Laignel, et de la réforme territoriale de 2014-2015,
ce Livre blanc Diplomatie et territoires, dont le ministre des Affaires étran-
gères et du Développement international (MAEDI) a demandé la rédaction
à ses services, rassemble l’état de la question et présente 21 propositions
concrètes, visant à améliorer le partenariat entre l’État et les collectivités
territoriales, au profit d’une plus grande efficacité de notre action extérieure.
Il s’agit d’une synthèse inédite, fruit d’une consultation large dans le
cadre de la CNCD et auprès des présidents du Sénat et de l’Assemblée
nationale. Plus qu’un état des lieux, ce document revêt également une
dimension prospective, s’agissant notamment de l’avenir des relations entre
les collectivités territoriales et l’État, avec au premier chef, le MAEDI, ses
opérateurs et les postes diplomatiques.
Le format de ce Livre blanc ne permet toutefois pas de prétendre à l’ex-
haustivité dans la présentation des modalités d’intervention extérieure des
collectivités : les lecteurs intéressés par ses développements pourront se
référer utilement aux publications thématiques du MAEDI et des associations
de collectivités. L’objet premier de ce document est avant tout d’aborder les
conditions d’amélioration du partenariat entre les collectivités territoriales
et l’État.

Christian Masset
Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères
et du Développement international

Bertrand Fort
Secrétaire général de la Commission nationale
de la coopération décentralisée

Diplomatie et territoires 7
INTRODUCTION

L’action extérieure des collectivités locales entre dans une nouvelle phase.
Prenant son essor avec le mouvement des jumelages après la Seconde
Guerre mondiale, cette action crée des liens humains, culturels et écono-
miques de proximité entre la France, ses territoires et le monde, entre les
Français et le monde. Les collectivités locales ont mis en place au fil du
temps, et de manière de plus en plus active, des politiques d’attractivité,
des coopérations décentralisées et des projections à l’étranger.
Les relations internationales entre collectivités territoriales (CT) revêtent
de nos jours des formes diverses et répondent à des objectifs variés. Elles
se sont enrichies et diversifiées lorsque les départements, les régions, les
structures intercommunales se sont lancés dans des partenariats interna-
tionaux. Jumelages européens, solidarité internationale, aide humanitaire,
coopération pour le développement, dialogue transfrontalier, projets
ponctuels d’échanges d’expérience, réseaux thématiques… Les collectivités
locales s’expriment chacune à leur manière sur la scène internationale.
Le cadre juridique de l’action extérieure des collectivités territoriales
s’applique à toutes ces formes de coopération. Chacune a sa spécificité
et sa pertinence pour répondre à telle ou telle exigence sur le plan local,
européen ou mondial.
Ce phénomène d’ouverture internationale des territoires, visible à l’échelle
mondiale, s’est effectué en parallèle de la montée en puissance au plan
national des collectivités. Tant au sein des États fédéraux qu’au cœur des
États centralisés, le poids dévolu aux régions et aux grandes métropoles
est allé croissant et les collectivités prennent désormais elles-mêmes en
main l’insertion de leurs territoires dans les échanges mondiaux. La COP21,
grâce à l’engagement décisif des grandes villes mondiales regroupées au
sein du C40 et de régions très mobilisées pour l’obtention d’un accord à
Paris, a en outre consacré les territoires comme acteurs fondamentaux des
relations internationales.
Cette nouvelle donne mondiale s’est accompagnée en France de chan-
gements institutionnels majeurs avec la loi sur la nouvelle organisation
territoriale de la République (loi NOTRe), la loi de modernisation de l’action
publique et d’affirmation des métropoles (loi MAPTAM) et une nouvelle
carte régionale. Ce nouveau cadre consacre le rôle croissant dévolu aux
régions et aux métropoles au plan national, dont le rôle majeur en matière
d’attractivité et de rayonnement de la France à l’étranger est encouragé.
Ce qui ne minore en rien la contribution des conseils départementaux ainsi
que des villes petites et moyennes à la « diplomatie démultipliée » soutenue
par l’État. Cette tendance ne concerne pas que la France métropolitaine :
l’insertion des Outre-mer dans leur environnement régional s’accélère
également et est nécessaire à leur développement économique et social ;

Diplomatie et territoires 9
INTRODUCTION

les territoires frontaliers ont également, de façon croissante, un rôle de


premier plan à jouer dans le rayonnement de la France à l’étranger et son
attractivité.
Cette nouvelle dynamique appelle un partenariat renouvelé entre le MAEDI
et les collectivités territoriales, de façon à mieux les connecter au réseau
d’action extérieure de l’État et à ses opérateurs. Ces derniers ont d’ores et
déjà un ancrage territorial (20 délégués régionaux de Business France, 8
délégations de Campus France en région, 6 antennes de France Volontaires
en métropole et dans les Outre-mer pour n’en citer que quelques-uns)
mais il faut désormais le renforcer et diversifier les formes de soutien que
les opérateurs apportent, aux côtés du MAEDI.
Le MAEDI et ses opérateurs proposent donc une nouvelle offre de services
aux territoires axée sur une relation de proximité plus forte, notamment
grâce à :
– la connexion des collectivités territoriales et du réseau du MAEDI et de
ses opérateurs, avec l’installation des conseillers diplomatiques auprès
des préfets de région, un accès facilité à l’information détenue et produite
par le ministère via le portail Diplomatie, et l’élaboration d’un guide pour
l’action extérieure des collectivités territoriales ;
– des postes diplomatiques mieux sensibilisés à l’AECT et mobilisés dans
son accompagnement ;
– la mise en place de collaborations sur mesure entre les opérateurs
économiques et les collectivités pour soutenir l’export et les investissements
étrangers ;
– un meilleur accompagnement de la promotion de l’expertise des collec-
tivités à l’étranger ;
– le renforcement de l’ancrage territorial de l’Agence française de déve-
loppement (AFD) ;
– l’élaboration d’une stratégie transfrontalière globale.
La mise à disposition des financements accessibles aux collectivités
territoriales pourra être facilitée par une meilleure articulation entre les
financements de la Délégation pour l’action extérieure des collectivités
territoriales ( DAECT) et de l’AFD, un meilleur appui à l’accès des collec-
tivités territoriales aux financements européens, et un renforcement des
capacités d’intervention des collectivités dans les contextes de crise grâce
à l’appui du Centre de crise et de soutien (CDCS). Enfin, un nouveau cadre
institutionnel de partenariat sera mis en place entre le MAEDI, les opérateurs
et les associations et réseaux de collectivités.

10 Diplomatie et territoires
Partie I

L’ACTION EXTÉRIEURE
DES COLLECTIVITÉS
TERRITORIALES
FRANÇAISES S’INSCRIT
DANS UN MOUVEMENT
INTERNATIONAL
Chapitre I

Les collectivités
locales apportent une
contribution importante
au rayonnement et à
l’influence de leur pays

Diplomatie et territoires 13
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

Panorama de l’action extérieure


des collectivités territoriales
françaises

Au-delà des coopérations décentralisées, c’est l’ensemble de l’action exté-


rieure des collectivités territoriales (AECT) 1 qui a pris un essor considérable
dans les années 1999 et 2000. Il est en effet indispensable de distinguer
deux formes distinctes pour l’action internationale des collectivités :
– les « coopérations décentralisées » (CD), qui correspondent aux interven-
tions des collectivités s’insérant dans le cadre d’accords, de conventions,
de jumelages, etc. ;
– l’action extérieure des collectivités territoriales, qui englobe toutes les
actions des collectivités à l’international, que celles-ci s’effectuent dans le
cadre de coopérations décentralisées ou qu’elles correspondent à des actions
« unilatérales » (hors partenariats) : promotions commerciales de produits
régionaux, campagnes d’attractivité territoriale, bourses d’étudiants, la
plupart des bureaux de représentation… Les partenariats de coopération
décentralisée sont donc un sous-ensemble de l’AECT.
Les 17 régions françaises, plus de 80 départements, toutes les grandes
villes, de nombreuses communes de toutes tailles, y compris rurales, et
environ 250 intercommunalités agissent à l’international et sont impliqués
dans des partenariats de coopération décentralisée, de nature très variable.
L’Atlas français de la coopération décentralisée répertorie près de 4 800 collectivités
territoriales françaises menant des coopérations à l’international avec près de
9 000 autorités locales étrangères, totalisant 12 700 projets dans 146 pays. Par le
nombre de liens recensés et par leur ancienneté, c’est l’Union européenne (UE) qui
arrive largement en tête, avec un grand nombre de partenariats franco-allemands
(actuellement 2 800), dont beaucoup relèvent de jumelages.
Au 15 janvier 2016, ces partenariats avec des collectivités situées dans les
pays en développement représentaient 31,9 % des projets de coopération
décentralisée menés par les collectivités françaises, tandis que 68,1 %
l’étaient dans les pays développés, sur des thématiques essentiellement
économiques et culturelles : soutien à leurs PME, attractivité de leurs
territoires pour les touristes étrangers ou pour les investisseurs, partenariats
scientifiques et universitaires et échanges de jeunes et d’étudiants… En
valeur, ces 31,9 % de projets d’AECT dans les pays en développement
représentaient 57 millions d’euros en 2014 2, contre une estimation de
121 millions d’euros de projets dans les pays développés.

1 Voir la liste des abréviations en annexe.


2 Chaque année, les collectivités doivent déclarer leur aide publique au développement (APD) dans
les pays en développement pour l’année N-1 (voir « L’action extérieure des collectivités territoriales
contribue à l’APD française », p. 47).

Diplomatie et territoires 15
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Les projets de coopération décentralisée des collectivités territoriales françaises


dans le monde

L’ensemble de l’AECT est par ailleurs estimé entre 700 millions et un milliard
d’euros par an, selon la prise en compte ou non de l’action internationale
des différents services des collectivités 1. Malgré les contraintes budgétaires
auxquelles ont été soumis les budgets locaux dans la période récente,
l’engagement des collectivités territoriales ne s’est pas démenti. Si
des économies sont faites, elles sont en grande partie compensées par
des rationalisations opportunes. Mises à part quelques exceptions très
localisées dues à des contextes politiques spécifiques, l’outil de travail
reste largement en place, en termes de capacité d’intervention.
Les collectivités locales et régionales apportent une contribution impor-
tante au projet européen et à l’influence de la France dans l’UE. Notre
pays compte plus de 4 000 collectivités de toutes tailles et de tous niveaux
qui entretiennent des relations étroites et pérennes avec plus de 6 000
partenaires européens. C’est sur notre continent que nos collectivités sont
les plus actives et ce sont elles qui, en Europe, sont les plus nombreuses à
travailler avec d’autres partenaires. À travers leurs échanges, elles ont contri-
bué au rapprochement franco-allemand. Elles ont participé à la transition
démocratique après la chute des régimes totalitaires. Cet esprit d’ouverture
s’est renouvelé, après la chute du Mur de Berlin, avec la création de très
nombreux partenariats avec les nouvelles démocraties d’Europe centrale
et orientale. Elles ont ainsi enrichi le processus d’élargissement de l’UE.

1 Contrairement aux dépenses pour les projets de coopérations décentralisées, les autres dépenses
d’AECT ne font en effet pas l’objet à ce jour d’une déclaration ni d’une consolidation nationale.

16 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

Dans le même temps et en particulier à partir des années 1990, la dimension


locale et régionale est devenue une composante essentielle de l’UE, avec
la création du Comité des régions, le lancement des premiers programmes
d’initiatives communautaires pour le soutien à la coopération entre collec-
tivités locales et régionales en Europe, sans oublier le développement de
la politique régionale créant une solidarité européenne entre les États
membres pour le développement de leurs territoires.
Héritières de ce long processus, les collectivités territoriales font aujourd’hui
de l’Europe un terrain sur lequel des bonnes pratiques sont échangées,
des talents sont valorisés, des solutions sont imaginées. Ces partenariats
sont porteurs d’idéaux de paix, de tolérance et de solidarité qu’il convient
de ne pas perdre de vue.
Car aujourd’hui, le débat européen est dominé par une forte montée de
l’euroscepticisme, comme en témoigne le « Brexit », avec des conséquences
potentiellement très graves pour la cohésion européenne. Par ailleurs, les
restrictions budgétaires au niveau local risquent d’entraîner une remise en
cause de l’engagement européen et international. Or, parmi les atouts de
la France en Europe demeurent ces liens nombreux et solides qui ont été
tissés entre territoires par-delà nos frontières avec nos voisins.
Dans ce contexte, les collectivités et leurs acteurs locaux aspirent à faire
de l’Europe un espace public où des idées se confrontent, des causes se
défendent, des solidarités s’expriment, des valeurs s’affirment. Ces échanges
nourris permettent de jeter les bases d’une citoyenneté européenne qui
sera d’autant plus tangible, qu’elle sera vécue, sur le plan local, en côtoyant
des Européens de tous horizons.
Les difficultés, voire les crises, que connaissent certains pays ont bien
sûr un impact direct sur la cartographie des actions extérieures des
collectivités territoriales françaises. Les difficultés à travailler avec, par
exemple, les collectivités territoriales maliennes, burkinabés ou nigériennes
du fait du contexte sécuritaire ont pu conduire des élus français à reporter leur
attention et leurs actions par exemple vers le Sénégal et dans une moindre
mesure vers le Bénin à mesure que s’approfondissait la crise dans la bande
sahélienne. De la même façon, les partenariats décentralisés franco-algériens
ont fortement diminué durant les années 1990 et reprennent aujourd’hui.
Des analyses comparables pourraient être faites s’agissant de la Tunisie, de
l’Égypte ou du Liban, autres pays de concentration importants de l’AECT. Ce
constat ne doit cependant pas occulter la capacité d’action des collectivités
dans les contextes de fragilités, où elles peuvent contribuer à la réponse
immédiate aux crises (action humanitaire) et/ou favoriser la restauration
des services publics de base et le redéploiement de l’administration dans
les territoires de leurs partenaires (stabilisation).
Les collectivités territoriales et leurs groupements sont toujours maîtres
d’ouvrage des projets de coopération décentralisée dans le sens où ils
pilotent et assemblent l’action des divers acteurs locaux qui concourent à
la mise en œuvre des projets en tant qu’opérateurs de la convention passée

Diplomatie et territoires 17
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

entre les collectivités partenaires (associations, ONG, fondations, entreprises,


personnes physiques). Même si la mise en œuvre d’un projet peut être assurée
par un établissement public ou une association, la collectivité territoriale
veille à sa bonne exécution. Le plus souvent cette maîtrise d’ouvrage par la
collectivité se traduit par une étude de faisabilité, du conseil à la gouvernance
ou des actions de formation et de renforcement des capacités dans un
secteur correspondant à l’une de ses compétences (eau et assainissement,
éducation, administration, agriculture etc.). Les dépenses d’investissement
pour la réalisation d’équipements dans la collectivité étrangère partenaire
sont minoritaires, du fait des capacités budgétaires limitées de la plupart
des collectivités françaises engagées à l’international.
Du fait de son histoire et des compétences relevant des collectivités, la
coopération décentralisée française bénéficie d’une reconnaissance et
d’une influence importante à l’étranger, y compris au sein des institutions
européennes (DG Devco de la Commission européenne, Comité des
régions, Conseil de l’Europe, OSCE…), des divers forums et plateformes
internationaux de collectivités (CGLU, C40, AIMF…), même si ce rayonnement
est aujourd’hui de plus en plus concurrencé à mesure que de nombreux
pays affirment leur influence, notamment pour l’action extérieure de leurs
collectivités territoriales.
Enfin, si l’AECT des conseils régionaux et des métropoles est particulière-
ment dynamique, celle-ci demeure toutefois minoritaire dans l’ensemble
de l’action extérieure des collectivités territoriales françaises. Celle des
conseils départementaux et surtout des collectivités territoriales du « bloc
communal » (y compris des communes et groupements de communes
rurales) reste très importante tant en quantité qu’en qualité des partenariats
engagés (voir l’infographie ci-après).

18 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

Nombre de coopérations décentralisées des collectivités françaises

Diplomatie et territoires 19
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Nombre des projets des collectivités territoriales françaises par pays

20 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

Le phénomène d’internationalisation
de l’action des collectivités locales
est mondial

L’année 2015 a vu la matérialisation, et dans une certaine mesure la recon-


naissance, du rôle des pouvoirs locaux dans la gouvernance globale, à
la fois lors de la définition des Objectifs du développement durable et lors
de la COP21, autour de rassemblements symboliques comme celui des
« 1 000 maires » à Paris le 4 décembre 2015, qui a donné lieu à la création
du « C40 » rassemblant 83 villes ou entités métropolitaines, suivant celui
plus ancien du « G20 » au niveau des régions. Cette arrivée des pouvoirs
locaux sur le devant de la scène est le résultat de tendances de très long
terme, qui se sont développées depuis plus de soixante ans et qui ne se
sont pas démenties.
Cette tendance est quasiment universelle. Même les pays à structure
centralisée, voire autoritaire, sont amenés, au-delà d’une certaine taille
et par la force des choses, à développer des relais territoriaux du pouvoir
central. Ces relais deviennent des centres de décision dotés d’une certaine
autonomie, qui, même s’ils sont dépourvus de légitimité démocratique et
d’assise participative, n’en portent pas moins à terme les germes et les
amorces.
Le paysage est varié, en raison de l’extrême diversité des traditions et
dispositifs constitutionnels et de la manière dont ces dispositifs sont
vécus par les acteurs et interprétés par les régulateurs que sont, dans les
différents pays, les cours constitutionnelles. Par ailleurs, le facteur de la
taille, voire de la notoriété ou du rayonnement en tant que modèle, joue
tout autant que celui des pouvoirs institutionnels : l’expérience a montré
que des choix faits par l’État de Californie à partir des années 1980 ont pu
avoir un impact que n’auraient pas eu des décisions gouvernementales ou
même intergouvernementales prises à une échelle moindre, en termes de
visibilité et/ou de puissance économique.
Dans certains cas extrêmes comme celui de la Belgique, on constate une
répartition constitutionnelle exclusive des compétences à l’international,
reflet direct des compétences assumées dans l’ordre interne par les régions
et les communautés, et l’existence de représentations officielles et spéci-
fiques au sein ou à côté des ambassades du pays. À un moindre degré,
on pourrait citer dans cette catégorie le cas des provinces canadiennes,
qui ont permis au Québec d’entretenir des représentations dotées d’un
statut quasi diplomatique et d’un rang équivalent à celui d’un État dans
des organisations internationales.

Diplomatie et territoires 21
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Pour ce qui est de la grande majorité des États fédéraux, les entités
immédiatement sub-étatiques (« NUTS 2 » en Europe, États et provinces sur
le continent américain, sujets de la Fédération en Russie, etc.) se manifestent
à l’extérieur suivant cinq principales modalités :
– par leurs représentations ;
– par l’appartenance à des réseaux ;
– par leur aide aux acteurs de leur territoire (collectivités locales de niveau
moindre et organisations de la société civile, acteurs culturels et structures
universitaires, parfois organisations cultuelles et fondations) ;
– par le soutien, direct ou indirect, à leurs acteurs économiques et par
l’accueil des investisseurs étrangers ;
– et enfin par leurs actions directes de coopération avec des homologues
étrangers.
Pour s’en tenir à de grands pays européens, on examinera brièvement les
cas de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne, qui demanderaient chacun
des analyses plus détaillées pour en percevoir la richesse et la complexité.
Le rayonnement international de l’Allemagne repose très largement et depuis
longtemps sur le rayonnement et l’action de ses 16 Länder. L’implantation
de la représentation de l’État libre de Bavière à Bruxelles, sous les fenêtres
du Parlement européen, en témoigne. La relative « recentralisation » qui
a suivi la réunification et le transfert de l’essentiel des pouvoirs publics
fédéraux à Berlin n’a pas sensiblement modifié ce tableau 1.
Les Länder ont de puissants moyens de se servir de leurs compétences
propres, notamment en matière économique et aussi dans les domaines
éducatifs et culturels où ce sont eux qui détiennent la compétence de droit
commun. Malgré les différences de taille entre la Rhénanie du Nord-Palatinat
avec ses 18 millions d’habitants et la Ville libre de Brème, ce sont des moyens
considérables qui peuvent être engagés sur des budgets qui sont souvent
supérieurs à ceux engagés dans le même secteur par la Fédération, par
exemple pour la recherche. Les Länder seront également mis à contribution
à hauteur de 17 milliards d’euros pour l’accueil des réfugiés, ce qui leur
donne une certaine légitimité pour prendre part à ce débat sensible, et les
conséquences qu’il aura sur les relations internationales.
Une des caractéristiques de l’action des Länder, et à certains égards des villes,
est la complémentarité assumée avec les organisations de la société civile,
les fondations, les entreprises, éventuellement les syndicats professionnels
et les entités confessionnelles, ainsi qu’avec les syndicats professionnels,
les organisations de bienfaisance ou des think tanks.

1 Aux termes de l’article 32 de la loi fondamentale « Relations extérieures » : 1. La conduite des rela-
tions avec les États étrangers relève de la Fédération ; 2. Avant la conclusion d’un traité touchant la
situation particulière d’un Land, ce Land devra être entendu en temps utile. Dans la mesure de leur
compétence législative, les Länder peuvent, avec l’approbation du Gouvernement fédéral, conclure
des traités avec des États étrangers.

22 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

En Italie, la loi no 49 du 6 février 1987 et les textes qui l’ont précisée depuis
permettent aux régions, provinces et communes de conduire des actions
de coopération internationale. Il s’agit d’une compétence concurrente avec
l’État, de même que le commerce extérieur. À ce titre, ces entités peuvent
prendre des mesures d’application des accords internationaux dans leurs
domaines de compétence et conclure des accords avec des pays étrangers
et des collectivités territoriales étrangères. Certaines régions sont très
impliquées dans l’éducation au développement, le soutien aux ONG et
le travail avec des agences des Nations unies, notamment le PNUD. Les
régions à statut spécial (Vallée d’Aoste, Trentin Haut-Adige, Sardaigne,
Sicile, Frioul-Vénétie Julienne) ont de plus certains pouvoirs spécifiques.
Une des particularités les plus notables de l’Italie est l’existence d’un
réseau de conseillers diplomatiques auprès des régions et de certaines
grandes villes.
Jusqu’à ces toutes dernières années, l’Espagne apparaissait comme en
pointe dans le domaine de la coopération décentralisée au dévelop-
pement par le biais de ses autonomies régionales : la seule Andalousie
dépensait à ce titre chaque année 50 millions d’euros – au moins deux fois
plus que toutes les régions françaises – et la Catalogne se livrait de fait à
une activité diplomatique très intense, parfois rappelée à l’ordre par les
instances madrilènes.
D’une manière plus générale, on peut dégager certaines constatations
générales :
– dans la compétition internationale pour l’influence et l’attractivité, un pays
influent doit avoir au moins une métropole de taille mondiale et plusieurs
métropoles secondaires ;
– l’engagement international des entités territoriales est à la mesure des
compétences qui leur sont reconnues dans l’ordre juridique interne mais
leur impact réel est largement conditionné par les trois facteurs suivants :
les moyens dont elles disposent, l’ouverture de leur société civile à l’in-
ternational, les intérêts économiques qu’elles trouvent à ces partenariats.
Paradoxalement, et sous réserve d’analyses plus fines, le dispositif juridique
français encadrant l’action extérieure des collectivités territoriales françaises
n’est pas particulièrement contraignant si on le compare à beaucoup de
pays fédéraux. Une région italienne, mais aussi un État du Brésil ou du
Mexique, une province argentine ou un sujet de la Fédération russe ont au
moins autant de comptes à rendre à leurs administrations centrales que nos
acteurs locaux… L’action extérieure des collectivités territoriales française
reste sur ce terrain très compétitive au plan normatif.
La décentralisation étant un processus qui continue tendanciellement à
se développer dans la plupart des pays, les acteurs territoriaux français
disposent d’atouts importants :

Diplomatie et territoires 23
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

– leur tradition de mobilisation dans l’action internationale qui confère aux


collectivités territoriales françaises des capacités d’influence non négligeables
sur la détermination des agendas internationaux ;
– une expertise technique, un savoir-faire méthodologique et un profes-
sionnalisme croissant des cadres territoriaux et des institutions publiques
ou privées qui se voient déléguer des responsabilités de maîtrise d’œuvre
des projets de coopération.

24 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

Les collectivités territoriales


se sont organisées pour répondre
à l’exigence d’internationalisation,
tant sur le plan national
qu’international

Au plan national
Les collectivités territoriales françaises, par culture et par tradition, sont
sans doute les plus engagées dans l’action internationale institutionnelle,
notamment en matière d’aide au développement. Elles se sont dotées au
fil du temps de structures et d’outils leur permettant de faire face à ces
défis. La renommée et l’efficacité de l’AECT française conduisent à une
demande forte de partenariats avec les CT françaises qui sont loin d’être
toutes satisfaites mais qui forment assurément un avantage comparatif pour
l’influence française. On trouve d’ailleurs le reflet de cette organisation
dans la composition de l’institution légitime de représentation, de dialogue
paritaire et de pilotage conjoint qu’est la CNCD – particulièrement depuis
la réforme intervenue suite au Rapport Laignel et traduite dans un décret du
25 octobre 2014 – où se côtoient associations généralistes de collectivités
territoriales (ARF, ADF, AMF), associations spécialisées à l’international,
l’Association française du Conseil des communes et régions d’Europe
– AFCCRE et Cités unies France (CUF) et l’État (voir encadré CNCD).
LES MISSIONS DE LA CNCD

La Commission nationale de la coopération décentralisée


La Commission nationale de la coopération décentralisée (CNCD)
rassemble à parité des représentants des associations nationales de
collectivités locales et de tous les ministères concernés par la coopération
décentralisée (16 membres titulaires et 16 membres suppléants pour
chacune de ces catégories).

Un espace de dialogue et de concertation indispensable


Espace de dialogue et de concertation, elle peut, selon l’article L. 1115-6
du Code général des collectivités territoriales, « formuler toute proposition
visant à améliorer les modalités d’exercice de la coopération décentralisée ».
La CNCD est susceptible d’être informée et d’étudier des questions pouvant
lui être posées par les élus locaux et les administrations. Elle est présidée par
le Premier ministre et en son absence par le ministre des Affaires étrangères

Diplomatie et territoires 25
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

et du Développement international. Son secrétaire général est le délégué à


l’Action extérieure des collectivités territoriales.
La CNCD a été réformée par les décrets du 9 mai 2006, du 19 décembre
2008 et du 25 novembre 2014. Ceux-ci ont modifié la composition de cette
commission. Avec un nombre réduit de membres mais une composition 1
ouverte, à côté des trois grandes associations nationales d’élus (communes,
départements, régions), à celles spécialisées sur l’international (CUF et
l’Association française du conseil des communes et régions d’Europe), la
CNCD est l’instrument privilégié du dialogue entre l’État et les collectivités
locales dans le sens d’une meilleure coordination et d’une plus grande
complémentarité sur le plan international.

Tenir et mettre à jour un état des lieux


de la coopération décentralisée
Au titre de la mission légale de la CNCD de tenir et mettre à jour un « état »
de la coopération décentralisée, l’article 6 du décret du 24 octobre 1994
prévoit que « les collectivités territoriales tiennent la Commission informée
de tout acte de coopération entrant dans le cadre du titre IV de la loi du
6 février 1992, conclu avec les collectivités territoriales étrangères et leurs
groupements. La commission collecte et met à jour en tant que de besoin
cette information ».
Diplomatie économique : un Comité économique de la CNCD 2 a été créé,
présidé par le secrétaire d’État au Commerce extérieur et au Tourisme,
qui a pour mission de mettre en réseau les acteurs du soutien à l’export
des PME-PMI et de l’attractivité des territoires. Le comité a déjà produit
plusieurs documents de base et procède à des auditions sectorielles et par
pays.
Lisibilité et visibilité de l’accompagnement de l’AECT par le MAEDI : outre
l’amélioration de la concertation avec les associations de collectivités, cette
lisibilité / visibilité s’est améliorée avec la rénovation du site Internet de la
CNCD, la publication régulière d’informations utiles (lettre d’information,
etc.).

1 Les représentants des collectivités territoriales sont nommés sur proposition des associations
nationales de collectivités locales. La CNCD compte des membres titulaires et des membres
suppléants pour chacune de ces catégories.
2 Le Comité économique de la CNCD (CE – CNCD) est une plateforme de haut niveau qui regroupe
tous les acteurs concourant à l’action économique extérieure des collectivités territoriales. Il se
situe en complémentarité avec les autres institutions et administrations qui ont compétence
dans les domaines de l’attractivité et de l’export, en centrant son action sur la dimension éco-
nomique des coopérations décentralisées. Il a pour vocation de renforcer les relations entre
les élus locaux, les entrepreneurs, et les administrations de l’État concernées (dans le cadre de
l’action extérieure des collectivités territoriales) avec deux objectifs principaux :
• renforcer l’attractivité des territoires français (tourisme, IDE…) ;
• soutenir la présence des entreprises françaises à l’international, essentiellement les TPE/PME.
Il s’agit donc d’une mission de mise en réseau pour dynamiser le potentiel économique des
coopérations décentralisées menées par les collectivités locales, le plus souvent avec le soutien
de l’État.

26 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

Dans un souci croissant de cohérence, ces acteurs locaux, dans leur diversité
et parfois dans le foisonnement des initiatives, agissent à la fois au travers
de leurs associations représentatives, de réseaux géographiques ou
thématiques, de l’action politique des élus et de leurs services propres
qui se sont largement professionnalisés au cours des vingt dernières années.
On compte plus de 120 réseaux spécialisés de collectivités territoriales,
couvrant tous les secteurs d’activités (voir « Annexe 1 », p. 147) et souvent
très en pointe en ce qui concerne le volet territorial des enjeux globaux,
les questions d’environnement, de développement durable, de culture et
de patrimoine, la francophonie, avec un accent de plus en plus mis sur les
questions économiques.
Au plan national, la plupart des 31 groupes-pays de CUF sont des lieux
irremplaçables d’échange entre les élus et les techniciens, rassemblant les
ressources françaises par pays de destination, mais aussi de mutualisation
et de capitalisation dans le cadre d’une convention d’objectifs avec le
MAEDI, périodiquement évaluée.
Au plan régional, il convient aussi de faire une place particulière aux
réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA), soutenus par le MAEDI (DAECT
et Délégation aux partenariats et à la société civile), qui, conjointement
avec l’instauration des conseillers diplomatiques auprès des préfets de
région, peuvent être appelés à un rôle nouveau dans la nouvelle carte
régionale. La préparation de la COP21 a fourni aux RRMA l’occasion de
donner toute leur mesure et on aura tout à gagner à s’appuyer sur eux pour
renforcer la cohérence et la coordination transversale de l’AECT en région
(entre les collectivités, les associations, le secteur privé, les établissements
publics – hôpitaux, établissements d’enseignement et université, centres de
recherche etc. – qui tous concourent à l’internationalisation des territoires).
Les RRMA travaillent toutefois quasi exclusivement sur les coopérations
avec les collectivités des pays en développement et il conviendrait de les
inciter à couvrir tout l’éventail de l’AECT, pays développés compris.
Les collectivités territoriales sont par ailleurs des bailleurs de fonds impor-
tants pour les ONG qui opèrent de nombreux projets de coopération
décentralisée. Certaines collectivités (comme la Ville de Paris) et de grands
syndicats (SEDIF, SYCTOM, etc.) ont fait le choix de faire transiter leur APD
quasi exclusivement par le financement d’ONG et de nombreux conseils
régionaux ont mis en place des dispositifs de financement pour les ONG/
associations de leurs territoires. Pour les pays en développement, il apparaît
que de nombreux projets sont financés à la fois par les collectivités et par
l’AFD (dans le cadre de sa compétence en matière de financement des ONG
françaises) et qu’un travail de coordination devrait être effectué à cet égard.
Le Forum de l’action internationale des collectivités territoriales qui se
tient en général chaque année fin juin-début juillet est devenu un moment
fort de la réflexion commune sur les stratégies de nos territoires à l’inter-
national, en présence de nombreuses délégations étrangères, mais aussi
avec des partenaires du monde économique, culturel, social… Le MAEDI

Diplomatie et territoires 27
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

recommande son élargissement, amorcé depuis 2015, à tous les pays et à


toutes les thématiques de l’AECT, au-delà des partenaires francophones
traditionnels et des thèmes qui s’y attachent.
Les services des relations internationales des collectivités grandes ou
moyennes, qui ont parfois une compétence sur les questions européennes,
sont les conseillers des élus. Ils mettent en œuvre des programmes et
projets de coopération. Cette profession assez jeune, mais maintenant bien
structurée et dotée d’une association active, l’ARRICOD 1, a pu trouver ses
marques, dans le respect de l’autorité des responsables élus et en interface
avec les services opérationnels des collectivités (développement durable,
transports, éducation, etc.) qui sont porteurs d’une expertise disponible à
l’international dans leurs domaines de compétence. L’efficacité de l’action
des services des relations internationales est toutefois souvent limitée
par le cloisonnement excessif des différents services des collectivités qui
n’envisagent pas toujours l’international comme une fonction transversale.
Par ailleurs, certains commentateurs soulignent le risque de concurrence
entre régions, accrue par la réforme territoriale, dont les stratégies cumulées
pourraient s’opérer sans cohérence avec l’intérêt national.
Malgré les institutions en place et la bonne qualité des échanges entre
l’État et les collectivités, leur partenariat peut encore être approfondi
pour mieux connecter les territoires avec le MAEDI et son réseau.

Au plan international
« Tout divise les États, tout unit les communes », avait coutume de dire
Édouard Herriot, maire de Lyon pendant cinquante ans et fondateur du
Conseil des communes et régions d’Europe. Toutefois, malgré une commune
aspiration à faire entendre la voix des pouvoirs locaux, l’émergence d’un
mouvement universel des élus locaux n’a pas été sans heurts, au point que
l’on puisse dire que ce long processus n’a atteint sa vraie maturité qu’au
cours des deux dernières décennies, et a encore des progrès significatifs
à faire pour donner sa pleine mesure sur la scène mondiale.
Les premiers rassemblements mondiaux d’entités locales, municipales
en l’espèce, remontent à 1912 avec la création de l’IULA (International
Union of Local Authorities), autour des grandes cités du Royaume-Uni,
du Commonwealth et du continent nord-américain. Il a fallu attendre
l’après-1945 pour que s’organise, dans un esprit sensiblement différent, une
autre manière d’envisager les relations entre communes et, plus tard, entre
les autres niveaux de collectivités autour du mouvement des jumelages,
avec son incontournable dimension de réconciliation et de construction
européenne.

1 ARRICOD : Association nationale des directeurs et responsables des relations internationales et de


la coopération décentralisée des collectivités territoriales.

28 Diplomatie et territoires
une contribution importante au rayonnement et à l’influence de leur pays

La Fédération mondiale des Cités unies, FMCU (originellement Fédération


mondiale des Villes jumelées), a vu le jour en 1957 principalement à
l’initiative d’élus français et s’est ouvert, à la différence de l’IULA, à des
collectivités du bloc communiste, ce qui lui a valu une solide défiance
du monde anglo-saxon. La décennie 1970 a vu la prise en compte des
problématiques de développement, autour de conceptions se réclamant
de l’idéologie de la solidarité et du partage, qu’elle soit de source politique
ou confessionnelle, et de la prise de conscience des besoins exprimés ou
supposés du « tiers-monde », selon la terminologie de l’époque.
Mais ce n’est qu’après huit ans de négociations (1996-2004) que les deux
courants ont pu fusionner avec la création, au congrès de Paris, de Cités et
gouvernement locaux unis (CGLU/UCLG), intégrant également Métropolis,
dont le siège se situe, jusqu’à maintenant du moins, à Barcelone et dont
le premier président a été Bertrand Delanoë. La diplomatie française a
soutenu depuis 2004 l’idée selon laquelle CGLU et d’une manière plus
générale, le monde local devaient être reconnus par les Nations unies et
les agences de leur famille comme un interlocuteur spécifique doté d’un
statut adéquat, possiblement auprès de l’Assemblée générale sans doute
plus qu’auprès de l’ECOSOC. Institutions publiques dotées souvent d’une
légitimité démocratique et toujours d’une légitimité de proximité, les
autorités locales ne peuvent être réduites à être considérées comme des
acteurs de la « société civile », quels que soient les mérites de ces derniers,
alors qu’elles représentent des pouvoirs publics locaux.
En fait, ce sont les initiatives telles que celles du R20 autour de la person-
nalité d’Arnold Schwarzenegger, la réunion mondiale de Lyon en juillet
2015 et plus récemment la « réunion des 1 000 maires » à Paris avec CGLU,
puis la création du C40, autour des enjeux du climat, qui ont sans doute
le plus contribué à la visibilité des réseaux de maires et de responsables
régionaux. C’est autour de cet acquis que peut s’organiser une mise en
valeur systématique de cette capacité de plaidoyer, mais aussi de recherche
de solutions pratiques, depuis l’échelle de la proximité la plus immédiate
jusqu’à celle de la planète, en passant par les différents modes de la
subsidiarité territoriale.
Ce qui vaut à l’échelle du monde vaut aussi, mutatis mutandis, à celle
de la communauté francophone où il pourrait y avoir plus de synergies
entre les deux réseaux que sont l’AIMF pour les maires et l’AIRF pour les
régions, dans le respect bien sûr de leurs vocations respectives et au-delà
de questions de statut qui pourrait être utilement dépassées.

Diplomatie et territoires 29
Chapitre II

Les réformes
successives en France
accroissent le poids
et le rôle des collectivités
territoriales dans la
politique nationale
et étrangère de la France

Diplomatie et territoires 31
Les réformes successives en France

La politique étrangère, définition


nationale, déclinaisons locales

Du point de vue de la légalité républicaine, le système repose sur les


caractéristiques suivantes :
– un principe, absolu, de respect des engagements internationaux de
la France. Outre qu’il résulte des dispositions constitutionnelles relatives
aux pouvoirs du président de la République et à la conduite des relations
diplomatiques, il fait l’objet d’un rappel spécifique dans l’article L. 1115-1
du Code général des collectivités territoriales (CGCT). La dernière rédaction
de cet article, résultant de la loi du 7 juillet 2015, le met même en exergue,
pour lui donner plus de visibilité. Ce principe s’applique non seulement
aux traités et accords régulièrement signés et le cas échéant ratifiés ou
approuvés par notre pays, mais aussi aux règles de l’UE et aux résolutions
des Nations unies, et à l’ensemble des conventions souscrites par la France,
en raison de la supériorité du droit international et de son application
directe aux autorités publiques ;
– un principe, subsidiaire, mais important et de fait largement consensuel,
qui en découle est celui de non-contradiction avec les orientations
explicites de notre diplomatie. À défaut d’être directement sanctionné, il
peut être à l’occasion publiquement rappelé, ce qui ne manque pas d’être
fait dans les quelques cas litigieux qui se sont révélés (cf. le Haut-Karabagh,
la Crimée ou l’attitude à avoir à propos des autorités se réclamant du
Front Polisario. Voir la circulaire des ministres des Affaires étrangères et de
l’Intérieur, annexe no 3). Ces rappels sont effectués soit par des déclarations
des responsables autorisés de notre diplomatie, soit par des actions,
préventives ou comportant la saisine des juridictions administratives, sur
la base du contrôle de légalité ;
– la loi française, à la différence de la plupart des législations étrangères,
même dans des pays fédéraux ou très décentralisés, n’implique pas d’obli-
gation de conformité positive avec la politique étrangère de la France.
Toutefois les élus territoriaux, conscients dans leur très grande majorité des
intérêts nationaux, ont de plus en plus tendance à demander au MAEDI
de les informer des orientations qui concernent leur action extérieure dans
les pays ou zones géographiques dans lesquels ils s’engagent, et même
de leur donner à ce propos des éléments de contexte plus généraux, que
ce soit sur l’environnement économique, les paramètres sécuritaires ou les
questions relatives aux libertés publiques ou aux droits humains ;
– les autorités de la République disposent à ce jour d’éléments leur
permettant, dans une large mesure, d’exercer un contrôle efficace des
délibérations et activités des collectivités territoriales qui pourraient
contredire directement les positions de l’État.

Diplomatie et territoires 33
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Le cadre juridique a été


régulièrement assoupli pour
donner davantage de marge de
manœuvre à l’action extérieure
des collectivités territoriales

À la lumière de plus de deux décennies d’expérience, le cadre juridique


mis en place initialement par le législateur en 1992 et codifié aux articles
L. 1115-1 et suivants du CGCT est applicable à tous les niveaux de collec-
tivités. Il s’est avéré souple et adaptable, tout en restant conforme aux
principes d’une conduite unifiée et cohérente des relations internationales
de la France. Les évolutions législatives et réglementaires qui ont été initiées
ou facilitées par le MAEDI ont été inspirées par les objectifs suivants, très
largement partagés par l’État et les associations nationales de collectivités
territoriales :
– sécuriser les engagements des collectivités territoriales et prévenir autant
que possible les développements contentieux non souhaités ;
– permettre l’émergence de financements innovants dans des domaines
jugés prioritaires, en liaison avec les besoins exprimés par les partenaires
étrangers, les objectifs définis par la communauté internationale et les
priorités de la France en ce qui concerne la dimension territoriale des
enjeux globaux ;
– réduire les « angles morts » de notre dispositif, notamment en ce qui
concerne les Outre-mer et la question délicate des relations avec les pays
ne disposant pas d’une structure décentralisée comparable à la nôtre.
Les principales étapes de cet « aggiornamento » juridique ont été les
suivantes :
– la loi Oudin-Santini de 2005 (loi no 2005- 95 du 9 février 2005) permettant
que les collectivités et leurs groupements puissent affecter jusqu’à 1 %
des recettes spécifiques qu’ils collectent dans les domaines de l’eau et
de l’assainissement à des actions de coopération internationale dans ces
mêmes domaines ;
– la loi Thiollière de 2007 (loi no 2007-147 du 2 février 2007) qui a tenu
compte à la fois du vœu des collectivités de mieux réagir à des situations
d’urgence humanitaire (tsunami de 2006), d’une inquiétude des acteurs
locaux vis-à-vis du risque contentieux (interprétations divergentes de la
notion d’intérêt local) et des recommandations d’un rapport de la section
du rapport et des études du Conseil d’État. Elle a fait de la coopération
décentralisée une compétence à part entière des collectivités territoriales

34 Diplomatie et territoires
Les réformes successives en France

et de leurs groupements, non soumise à la preuve a priori de l’intérêt local


et non déterminée par l’agencement interne des compétences ;
– l’amendement Pintat de 2006, qui a étendu aux domaines de la distribution
d’énergie – électricité et gaz – le dispositif Oudin-Santini ;
– la loi « MAPTAM » de janvier 2014 (loi no 2014-58 du 27 janvier 2014, de
modernisation de l’action publique territoriale), qui prévoit l’assouplissement
de la prohibition des accords avec les États évoquées ci-dessus, mais sans
en définir les modalités ;
– la loi d’orientation et de programmation sur le développement (loi no 2014-
773 du 7 juillet 2014) tire les conclusions du rapport Laignel et introduit au
niveau législatif la notion, plus large, d’action extérieure des collectivités
territoriales, déjà posée par une circulaire du Premier ministre remontant
à 1983, le terme « coopération décentralisée » étant réservé aux actions
sous conventions avec les partenaires étrangers. Elle prévoit en matière
de « 1 % déchets » un dispositif équivalent aux « 1 % » eau, assainissement
et énergie, et, notamment dans ses annexes, précise les rapports entre les
collectivités et les opérateurs au service des politiques de développement
menées par la France.
On peut raisonnablement considérer que le droit a accompagné les pratiques
sans laisser durablement se perpétuer des situations de vide juridique ou
de contradiction de règles. C’est donc un appareil juridique modernisé
qui est désormais à la disposition des acteurs, au service de l’objectif
de « diplomatie démultipliée ».

Diplomatie et territoires 35
Partie I - L’ACTION EXTÉRIEURE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Les lois « NOTRe » et « MAPTAM »


renforcent les régions et
les métropoles dans leur capacité
de projection à l’international

La loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République dite


« Loi NOTRe » du 7 août 2015 sur les compétences des collectivités territo-
riales, les dispositions relatives aux métropoles et le nouveau découpage
régional entré en vigueur en 2016 ne portent pas atteinte à l’équi-
libre juridique résultant de cette évolution contrôlée. Si la loi n’a pas
mentionné expressément l’action extérieure comme une compétence
partagée, l’interprétation constante donnée par les ministères concernés
devrait dissiper tout malentendu et permettre non seulement la poursuite
des actions entreprises, mais aussi le développement d’actions nouvelles.
Devant un texte de 136 articles réorganisant profondément la répartition
des compétences entre les différents niveaux de collectivités territoriales
et faisant disparaître pour certaines d’entre elles (régions et départements)
la « clause générale de compétence », la question s’est effectivement
posée de savoir si la loi NOTRe modifiait les conditions d’exercice de
l’action extérieure des collectivités territoriales. Dans l’ensemble, et
sous l’aspect proprement juridique, il n’en est rien. L’action extérieure
des collectivités territoriales reste régie par les articles L. 1115-1 à 7 du
CGCT qui n’ont pas été modifiés par ce texte. Depuis la loi Thiollière
de 2007, l’action extérieure des collectivités territoriales n’est en effet
plus conditionnée par l’existence de compétences d’attribution dont la
coopération décentralisée serait le prolongement à l’international. Ainsi
qu’il a été rappelé le 4 juillet 2016 par la secrétaire d’État chargée des
Collectivités territoriales : « La nouvelle répartition des attributions en
droit interne résultant de la loi NOTRe et la suppression pour certains
niveaux de la clause générale de compétence ne sauraient empêcher
toutes les catégories de collectivités (ainsi les régions, les départe-
ments…) de poursuivre ou d’entreprendre des actions à l’international,
même en dehors des sphères de compétence exclusive ou partagée
qui leur sont assignées par la loi. » Cette interprétation confirme la
position déjà prise lors de la séance plénière de la CNCD du 29 juin
2015 par Marylise Lebranchu, alors ministre de la Décentralisation et
de la Fonction publique.
La ministre souligne à la même occasion que la loi du 7 juillet 2014 permet
aux régions et aux départements « d’intervenir largement en matière d’action
extérieure » et que « la réforme territoriale ne viendra donc pas limiter la
capacité de coopération des collectivités ». Elle note que la clarification des

36 Diplomatie et territoires
Les réformes successives en France

compétences voulue par la loi pourra avoir à terme des effets bénéfiques
sur l’efficacité des actions extérieures, par une démarche volontaire des
collectivités faisant porter leurs efforts sur les domaines où elles sont les
plus expertes : développement économique et aménagement durable
pour les régions, solidarité humaine et territoriale pour les départements,
services publics de proximité pour le bloc communal.
La loi devrait par ailleurs contribuer également à la montée en puissance
de l’action des métropoles, déjà largement engagées dans la coopération
extérieure sous la forme des groupements actuels qui les préfigurent ou
les composent, et à celle des intercommunalités. De même, les schémas
régionaux de développement économique, d’innovation et d’internatio-
nalisation – SRDEII – (voir « Annexe 4 », p. 153) institués par l’article 2 de
la loi (codifié aux articles L. 4251-12 et suivants du CGCT), confèrent plus
de cohérence aux stratégies régionales d’attractivité et de rayonnement
extérieur, dans un esprit de mutualisation avec les métropoles et les autres
niveaux de collectivités, et en s’appuyant sur un processus souhaité de
généralisation des RRMA.
En effet, la montée en puissance du fait métropolitain, déjà largement
perceptible dans les faits est maintenant un acquis consacré par la loi. La loi
no 2014-58 du 27 janvier 2014, de modernisation de l’action publique et
d’affirmation des métropoles, dite « loi MAPTAM » en avait posé le cadre
et la loi NOTRe a organisé les transferts de compétence qui en étaient la
conséquence logique, leur reconnaissant un rôle, complémentaire mais
distinct de celui des régions, dans le processus d’internationalisation des
territoires, tant du point de vue de l’attractivité que de celui du rayonne-
ment extérieur et des coopérations. Dans ce contexte, il a été également
prévu qu’une place appropriée soit faite à l’association France urbaine,
qui représente les métropoles et les grandes intercommunalités, au sein
de la CNCD.

Diplomatie et territoires 37
Partie II

L’INTERNATIONALISATION
DES COLLECTIVITÉS
TERRITORIALES :
UN ENJEU MAJEUR
D’ATTRACTIVITÉ ET DE
RAYONNEMENT POUR
LES TERRITOIRES
ET POUR LA FRANCE

Un enjeu d’exposition des populations à la réalité internationale dans tous


les territoires
Dans les territoires français, de nombreuses collectivités de petite et moyenne
taille portent souvent un ou deux partenariats inscrits dans la durée. Ceux-ci
sont très souvent les garants de l’ouverture sur l’international, de l’éducation à la
citoyenneté européenne et/ou mondiale et aux enjeux globaux de ces territoires
et de leurs populations. Ces liens forts et pérennes contribuent à lutter contre
l'isolement de beaucoup de petites collectivités, souvent rurales ou de grande
périphérie urbaine.
Le MAEDI réaffirme son soutien à l’internationalisation des collectivités quelles
que soient leur taille et celle de leurs projets.
Chapitre I

Les motivations des


collectivités territoriales
à l’international

Diplomatie et territoires 41
Les motivations des collectivités territoriales à l’international

L’action extérieure des collectivités


territoriales est motivée par le lien
humain et des valeurs universelles

La dimension humaine est fondamentale dans les partenariats de coopération


entre collectivités.
Celle du leadership en premier lieu : la plupart des actions extérieures des
collectivités territoriales ont pour origine la motivation personnelle d’un
ou de plusieurs élus ou cadres territoriaux. Comme dans bien d’autres
domaines, ce facteur personnel sera une condition nécessaire – sans être
suffisante – de l’essor et de la réussite d’un partenariat. C’est la raison pour
laquelle les occasions de rencontres entre élus et cadres territoriaux sont
essentielles à la vitalité de l’AECT. De nombreux projets ayant pris une
ampleur considérable sont issus de rencontres parfois impromptues entre
élus locaux, qui souhaitent pouvoir travailler ensemble.
L’identification claire des attentes réciproques constitue également une
étape cruciale de tout partenariat.
Parmi les motivations initiales qui peuvent nourrir la création d’un projet
conjoint figurent bien sûr la présence ou non, parmi la population d’une
CT, de représentants des pays partenaires, que ceux-ci soient français
de nationalité ou étrangers (diasporas…) vivant en France. Ceux-ci, par
leur présence permanente, constituent des liens importants, y compris
linguistiques, entre les deux collectivités partenaires. Leurs associations
culturelles et/ou de solidarité structurent souvent ces groupes, motivent
les élus, alimentent les partenariats en projets concrets et se voient parfois
déléguer leur mise en œuvre. Bien sûr, la dimension électorale n’est pas
étrangère à la mobilisation de la collectivité.
Une autre motivation des CT françaises relève de la volonté de certaines
CT de contribuer, via les relations de travail engendrées par les coopéra-
tions transfrontalières, à l’amélioration de la qualité de leurs ressources
humaines : échanges d’expérience, mise en réseau, transversalité des
services travaillant trop souvent « en silos », l’ouverture internationale
participant alors directement au management des agents territoriaux et à
la relation entre la collectivité et ses forces vives (associations, entreprises,
hôpitaux, établissements d’enseignement…).
L’essor des politiques locales de soutien à la mobilité et aux engagements
de jeunesse à l’international contribue fortement à renforcer le lien humain.
On constate depuis quelques années un investissement de plus en plus
important en faveur de la mobilité et des engagements des jeunes à

Diplomatie et territoires 43
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

l’international, que le MAEDI s’emploie à amplifier depuis 2015 avec un


appel à projets « Jeunesse » en direction des collectivités. L’ouverture des
jeunes sur le monde s’impose comme un levier essentiel de l’inclusion
citoyenne, sociale et professionnelle. Encouragée notamment par les
directives et programmes européens, la mobilité devient un sujet nouveau
et transversal de travail pour les collectivités, qui participe d’un certain
renouvellement des enjeux liés à la jeunesse et aux relations internationales 1.
Une prise en compte renforcée de la jeunesse dans l’AECT constitue un
levier important à la fois pour : affirmer la transversalité de l’AECT et ses
plus-values pour l’ensemble des politiques publiques (jeunesse mais aussi
éducation, formation, insertion, développement économique, etc.) ; faire
vivre l’international dans les territoires ; favoriser les échanges de « territoire
à territoire » ; encourager la citoyenneté des jeunes ; faciliter l’insertion
sociale et professionnelle, etc.
Il paraît en outre important de promouvoir les principes de mixité sociale
associant des jeunes venus d’univers différents (le rapport à l’intercultu-
ralité se construisant ainsi d’abord souvent dans la rencontre de jeunes
d’un même territoire mais aux profils divers), mais aussi celui de l’égalité
femmes-hommes.

1 Ainsi, le rapport Laignel sur l’AECT et le rapport Vauzelle sur la Méditerranée encouragent l’inté-
gration d’un axe « jeunesse » dans la politique internationale des collectivités locales. Dans le même
temps, le soutien à la mobilité européenne et internationale des jeunes est au cœur du plan « Priorité
Jeunesse » (www.jeunes.gouv.fr/) et incite les collectivités à s’emparer de ces questions.

44 Diplomatie et territoires
Les motivations des collectivités territoriales à l’international

L’action extérieure des collectivités


territoriales s’inscrit souvent
dans une logique de marketing
territorial

La pertinence de l’action territoriale pour atteindre les objectifs de déve-


loppement économique et de solidarité, de bonne gouvernance, de
dialogue culturel, de mobilisation citoyenne, ou encore de lutte contre le
changement climatique n’est plus à démontrer aujourd’hui et devient de
plus en plus la clé de l’efficacité des politiques menées, y compris par les
États et les organisations internationales.
Si l’efficacité de ces actions doit bien sûr être examinée et améliorée, il
est indéniable que les vingt-cinq dernières années auront été marquées
par une professionnalisation croissante des acteurs et des projets, du fait
de l’accent mis sur les thèmes liés aux compétences directes des CT : eau
et assainissement, agriculture, tourisme et patrimoine urbain, gestion des
déchets, transports publics, gouvernance territoriale…
Un grand nombre de collectivités territoriales françaises et étrangères
sont aujourd’hui engagées dans des stratégies volontaristes de marketing
territorial destinées à souligner leurs atouts, leurs spécialités, leurs savoir-
faire, leur image.
La dimension de rayonnement international devient alors partie intégrante
de l’identité d’une ville, d’un territoire, allant jusqu’à des démarches de
communication institutionnelles poussées comme le choix d’une marque
souvent en langue anglaise (« branding ») : c’est ainsi le cas pour Bordeaux
(Osez Bordeaux), Grenoble (Play Grenoble), Lyon (Only Lyon), Montpellier
(Montpellier unlimited), Nantes (Nantes just imagine.com), Nice (Nice &
Smart), Reims (Invest in Reims), Strasbourg (Strasbourg the Europtimist),
la région Alsace (Imaginalsace), celle d’Ile-de-France (Paris Région), la
Normandie (Normandy avenue), ou la région PACA (Aix Marseille Provence).
La compétition entre territoires pour la visibilité nationale et internationale
intègre alors complètement les partenariats de coopération décentralisée
dans une approche globale, ceux-ci concourant ainsi à l’attractivité touris-
tique, à celle des investissements des entreprises françaises ou étrangères
avec les créations d’emplois qui y sont liées, à la revitalisation de certains
quartiers ou zones auparavant délaissés, etc.

Diplomatie et territoires 45
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

L’action extérieure répond


également à une exigence
de solidarité

L’action des collectivités territoriales dans la réponse


aux crises
Autrefois marginal, le rôle des collectivités territoriales dans la réponse
aux crises est aujourd’hui une réalité faisant l’objet d’une reconnaissance
accrue au plan international.
De par leur proximité avec les populations, leur connaissance du terrain
et leur légitimité institutionnelle, les collectivités territoriales font partie
des premiers acteurs confrontés à la gestion d’une crise, quelle que soit
la nature de celle-ci (conflit armé, catastrophe naturelle, crise sanitaire,
dérèglement climatique, etc.).
Les pouvoirs locaux sont appelés à jouer un rôle croissant dans les contextes
de fragilités en matière de maintien ou redéploiement des services publics,
ou encore d’assistance aux populations. Les représentants des CT étrangères
expriment une volonté croissante de pouvoir bénéficier en priorité de
l’expertise de leurs pairs français, aussi bien au niveau des élus que des
services techniques. Le Nord-Mali, où les collectivités sont devenues des
acteurs de premier plan de la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger,
constitue un exemple emblématique de cette approche.
Si les collectivités territoriales jouent en effet un rôle central dans la fourniture
des services de base et l’assistance aux populations, en particulier lorsque
les institutions de l’État sont affaiblies voire momentanément inexistantes,
celles-ci souffrent généralement de faiblesses structurelles appelant à un
nécessaire renforcement de la coopération décentralisée sur l’ensemble
du continuum de gestion de crise : prévention (risques naturels), réponse
d’urgence (aide humanitaire) et post-crise (reconstruction/réconciliation).
Grâce au travail des associations de collectivités, le degré de mobilisation des
collectivités françaises en réponse aux crises tend à s’accroître avec le temps.
Bien que croissante, l’implication des collectivités françaises sur les théâtres
de crise demeure néanmoins limitée par des facteurs de nature à la fois
endogène et exogène. De fait, la mobilisation d’une collectivité dépend
en premier lieu de l’existence préalable d’un partenariat de coopération
décentralisée, expliquant les fortes disparités constatées dans les géographies
d’intervention. Si, dans une logique de mutualisation, la constitution de
fonds de solidarité par des associations de collectivités permet en partie de
répondre à cette contrainte, les moyens mobilisés s’avèrent le plus souvent
insuffisants pour réaliser des projets à la hauteur des enjeux.

46 Diplomatie et territoires
Les motivations des collectivités territoriales à l’international

Par ailleurs, la faiblesse des autorités locales partenaires, à laquelle peut


s’ajouter un défaut de coordination avec les niveaux supra (État, organisations
internationales) et infra territoriaux (organisations communautaires, autorités
traditionnelles), représentent d’autres facteurs nuisant à l’efficacité de la
coopération décentralisée dans la réponse aux crises.
En dépit de ces difficultés, les collectivités territoriales françaises disposent
d’importants avantages comparatifs pour accompagner leurs partenaires
dans des situations de crise (compétences techniques, connaissance du
terrain, liens politiques anciens).
L’action des collectivités en faveur de la stabilisation suppose parfois une
réorientation des partenariats de coopération décentralisée vers une
vision plus politique de la décentralisation (restauration de la gouvernance
démocratique), tout en maintenant la priorité vers la délivrance de services
de base aux populations (dividendes de la paix). Si la mobilisation de
l’expertise française dans les pays en crise ou en sortie de crise demeure
un défi sécuritaire, le recours à des partenaires locaux, à la coopération
transfrontalière, ou à des partenariats de coopération décentralisée trian-
gulaire représente autant de solutions permettant aux collectivités de faire
valoir leur valeur ajoutée dans les contextes de fragilités.
Le renforcement du rôle des collectivités en réponse aux crises humanitaires
passe aussi par le développement de projets multi-acteurs pouvant
associer État, collectivité, opérateur public (agences de l’eau), ONG et
secteur privé, où chaque entité apporte son savoir-faire technique et/ou
une contribution financière.

L’action extérieure des collectivités territoriales contribue


à l’APD française
En 2015, l’APD des collectivités françaises a représenté 59,5 millions d’euros,
en légère augmentation par rapport à 2014 (57,1 millions). La tendance
à la baisse depuis 2008 (diminution de 15 millions d’euros entre 2008 et
2014, soit une baisse de près de 21 % en six ans), semble donc aujourd’hui
se stabiliser 1. On observe néanmoins une sous-déclaration de l’APD à
destination des pays émergents. Une baisse des dotations de l’État aux
collectivités territoriales est à anticiper.

1 Ces chiffres sont toutefois à relativiser dans la mesure où certaines collectivités n’ont pas satisfait à
l’obligation de déclaration et les dépenses déclarées sont souvent sous-évaluées (exemple : salaires
des personnels en mission parfois non comptabilisés). On observe par ailleurs une sous-déclaration
pour l’APD dans les pays émergents et une moindre déclaration des actions économiques dans les
pays en développement. De plus, l’APD est généralement déclarée par les directions des relations
internationales des collectivités. Or, l’action extérieure vers les pays en développement est aussi
déployée par d’autres services de ces collectivités, qui ne communiquent pas toujours les montants
de ces projets à leurs directions des relations internationales. Enfin, le contexte actuel qui fait suite aux
lois MAPTAM et NOTRe, ainsi qu’aux élections municipales en 2014, départementales et régionales
en 2015, a impacté les stratégies relatives à l’APD de tous les niveaux de collectivités.

Diplomatie et territoires 47
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Montants de l’APD déclarés par année (2005-2015)


Année de déclaration Montants déclarés de l’APD
2015 59,5 M€ +4,2 %
2014 57,1 M€ -5,1 %
2013 60,2 M€ -7,5 %
2012 65,1 M€ -1,2 %
2011 65,9 M€ -2,3 %
2010 67,5 M€ -3,5 %
2009 70 M€ -2,7 %
2008 72 M€ +16 %
2007 62 M€ +8,7 %
2006 57 M€ +25 %
2005 45,5 M€

Évolution de l’APD par niveau de collectivités territoriales depuis 2005 (en euros)

48 Diplomatie et territoires
Les motivations des collectivités territoriales à l’international

Répartition de l’APD par niveau de collectivités territoriales (2005-2015, en euros)


Groupements Villes > à Villes < à
Régions Départements Total
(dont métropoles) 100 000 hab. 100 000 hab.
2005 17 439 948 12 815 482 1 356 699 7 703 111 6 241 824 45 557 064
2006 29 288 036 15 916 250 3 581 116 6 025 092 2 874 021 57 684 515
2007 28 650 002 16 322 308 4 561 261 8 804 382 3 671 326 62 009 279
2008 37 790 852 13 322 509 6 519 557 9 140 473 5 747 463 72 520 854
2009 38 834 270 11 004 030 5 397 636 9 827 623 4 727 693 69 791 252
2010 35 870 077 12 415 758 5 636 320 9 043 429 4 678 508 67 644 092
2011 36 588 019 12 196 750 4 472 848 9 251 742 3 431 764 65 941 123
2012 31 636 987 12 947 593 5 720 351 10 950 182 3 691 593 65 108 406
31 164 617 11 027 095 5 837 933 10 016 463 2 156 925
2013 60 203 033
(52 %) (18 %) (10 %) (16,5 %) (3,5 %)
26 891 754 12 218 543 6 472 719 8 575 732 2 945 068
2014 57 103 816
(47,1 %) (21,3 %) (11,3 %) (15,1 %) (5,2 %)
28 880 526 11 929 982 7 874 674 8 502 136 2 369 671
2015 59 556 999
(48,8 %) (20 %) (12,2 %) (14,3 %) (3,9 %)

Répartition par secteurs – APD 2015

Le soutien aux projets de coopération décentralisée des CT dans les


pays en voie de développement par la DAECT et par l’AFD est présenté
plus loin dans la partie consacrée aux dispositifs de soutien actuels à l’action
extérieure des collectivités (voir « Un dispositif institutionnel national multi-
forme pour accompagner au mieux les collectivités territoriales », p. 85).

Diplomatie et territoires 49
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Un enjeu de compréhension
et d’analyse pour l’État

Compte tenu de ce contexte, le MAEDI doit accompagner et soutenir de


manière adéquate l’action extérieure des CT, traduisant ainsi en pratique
le rapport d’André Laignel (janvier 2013) 1.
Pour le faire de façon appropriée, cette action doit pouvoir s’appuyer
sur un outil statistique le plus fiable possible. En effet, que ce soit par
géographie (par pays ou par région française considérée), par thème, par
niveau de collectivité territoriale, la photographie de la situation au moment
où elle est demandée est indispensable à une bonne compréhension,
donc à l’efficacité de l’action.
Depuis 2005, la DAECT a créé puis administré à la demande de la CNCD un
« Atlas de la coopération décentralisée » qui est la référence française en
la matière 2, source de toutes les analyses, communications et propositions
d’action.
Pour autant, cet outil n’est pas parfait : celui-ci dépendait exclusivement,
jusqu’en 2015, de la bonne volonté des agents des collectivités territoriales
qui devaient le renseigner avec les jumelages, partenariats et projets menés
par leur collectivité. Chaque année, le délégué publie via les préfectures
de régions, une circulaire rappelant cette nécessité aux collectivités.
De la même façon, les collectivités françaises ont l’obligation de déclarer
leur APD sur le site de la CNCD, afin que celle-ci soit, en lien avec les
services du ministère des Finances et de l’économie, comptabilisée sur le
plan national dans les chiffres de l’APD que la France déclare dans le cadre
du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE.
Dans un cas comme dans l’autre, les collectivités s’acquittaient de ces
déclarations de façon imparfaite, rendant ainsi assez floue la photographie
de la réalité de l’AECT, et par conséquent relativement hasardeuses les
recommandations faites sur ces bases. On estimait ainsi la marge d’erreur
entre 10 et 20 %.
Plusieurs dispositions particulières ont remédié en 2015 à cette situation
et commencé à porter leurs fruits : d’une part, seules les collectivités qui
ont renseigné l’Atlas et déclaré leur APD peuvent désormais accéder à un
cofinancement par le MAEDI et, d’autre part, une relance ciblée portant sur
la déclaration APD et dirigée vers les collectivités ne l’ayant pas déclarée

1 Cf. le rapport Laignel en ligne :


www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/RAPPORT_LAIGNEL_23janvier2013_cle8aa675.pdf
2 Adresse du site de la CNCD : pastel.diplomatie.gouv.fr/cncdext.

50 Diplomatie et territoires
Les motivations des collectivités territoriales à l’international

(alors que les informations collectées indiquaient des dépenses en ce


sens), a permis d’améliorer de façon substantielle la quantité et la qualité
de la connaissance par le MAEDI (+7,2 % ; cette campagne ayant amené
89 collectivités supplémentaires à déclarer leur APD).
Enfin, l’amélioration de l’articulation avec les postes diplomatiques a
conduit à une plus grande implication de ceux-ci dans le suivi des dossiers
de coopération décentralisée et notamment dans le renseignement de
l’Atlas avec les agents de la DAECT.

Diplomatie et territoires 51
Chapitre II

Une capacité de
projection démultipliée

Diplomatie et territoires 53
Une capacité de projection démultipliée

L’action extérieure des


collectivités territoriales au service
du rayonnement économique
de la France

Les collectivités territoriales ont un rôle majeur dans l’attractivité et le


développement économique de la France, que la loi NOTRe du 8 août
2015 renforce.
Selon l’étude d’impact accompagnant le projet de loi, les interventions des
différentes collectivités territoriales en faveur du développement économique
représentaient en 2011 un montant total évalué à 6,3 milliards d’euros,
répartis comme suit : 2,1 milliards d’euros à l’initiative des conseils régionaux,
1,7 milliard d’euros à l’initiative des intercommunalités ; 1,6 milliard d’euros à
l’initiative des départements ; 971 millions d’euros à l’initiative des communes.
Cependant, les moyens dans le domaine des aides publiques aux entreprises
semblent peu lisibles et dispersés 1, en particulier pour les dispositifs mis en
place par les collectivités territoriales ou par leurs groupements, justifiant
l’effort de rationalisation entrepris par le gouvernement et le législateur.
Si la suppression de la clause de compétence générale pour les conseils
départementaux et régionaux par la loi NOTRe organise le renforcement de
la compétence économique des régions pour ce qui concerne leurs actions
sur leurs territoires, la capacité de toutes les CT à agir à l’international
dans le domaine économique a été maintenue par le législateur, comme
indiqué plus haut. 2 Les nouveaux schémas régionaux de développement
économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) 3, qui consti-
tuent le socle de la nouvelle répartition des compétences pour rendre plus
efficace l’action économique locale sur le territoire national, devront tenir
compte de cette capacité générale de tous les niveaux de CT en matière de
développement économique à l’international (voir « Annexe 13 », p. 210).
Les exécutifs régionaux sont tenus d’associer aux travaux dans le champ
économique local l’ensemble des acteurs du territoire régional. Si la cohé-
rence locale est assurée, le schéma de développement économique n’en
reste pas moins soumis aux orientations nationales et doit prendre en
considération les stratégies des autres acteurs de l’export, en particulier

1 Rapport de Jean-Jack Queyranne, Philippe Jurgensen et Jean-Philippe Demaël publié en juin 2013.
2 La région perd dès lors leur qualité de « chef de file » introduite par la loi no 2004-809 du 13 août 2004
relative aux libertés et aux responsabilités locales et devient le coordonnateur « sur son territoire des
actions de développement économique des collectivités territoriales et de leurs groupements, sous
réserve des missions incombant à l’État ». Elle « établit un rapport relatif aux aides et régimes d’aides
mis en œuvre sur son territoire […] par les collectivités territoriales et leurs groupements ».
3 Le SRDEII est l’outil de planification du développement économique des régions et inclut à ce titre
la dimension export dont les collectivités souhaiteront se doter.

Diplomatie et territoires 55
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

BPI France et Business France 1, l’opérateur public national, au service de


l’internationalisation de l’économie française.
Plusieurs conseils régionaux avaient, ces dernières années, développé
des implantations permanentes à l’étranger. La faillite du réseau ERAI,
dont l’entretien obérait de fait les crédits destinés au soutien individuel des
PME, a constitué une alerte pour tous les exécutifs régionaux. Aujourd’hui,
le risque de dispersion des moyens et de lisibilité complexe pour les
entreprises et pour l’attractivité de la France doit être pris en compte.
La loi NOTRe n’a pas modifié la capacité d’action et d’analyse des struc-
tures étatiques (préfet de région, DIRECCTE 2, conseillers internationaux
de la DG Trésor, et désormais conseillers diplomatiques auprès des préfets
de régions) et organismes publics (Coface, BPI France, Business France)
présents en régions. Le renforcement de la compétence des conseils
régionaux et des métropoles en matière économique doit continuer à être
accompagné par les institutions nationales déconcentrées.
Les stratégies d’accompagnement à l’export des régions ne devraient pas
émerger avant la fin de l’année 2016. Hormis trois exceptions notables
(Rhône-Alpes avec ERAI, avant son dépôt de bilan, le Languedoc-Roussillon
avec Sud de France et la Bretagne avec BCI et son réseau de 90 partenaires,
majoritairement privés, à l’étranger), peu de conseils régionaux disposaient
avant 2016 d’un opérateur chargé de la promotion des exportations des
entreprises de la région.
Business France accompagne en revanche plusieurs conseils régionaux
dans la promotion des exportations et est ainsi le principal opérateur pour
la mise en œuvre sur le terrain des Plans régionaux d’internationalisation
des entreprises (PRIE) 3

1 Le gouvernement a anticipé ces changements institutionnels en proposant à deux présidents de


conseils régionaux de siéger au conseil d’administration de Business France et en réservant à un
représentant de l’Association des régions de France la possibilité de siéger au comité d’orientation
stratégique pour l’export. Aux termes du décret no2014-1571 relatif à l’agence Business France, ce
comité émet des recommandations au directeur général et au conseil d’administration de Business
France, en vue « de la préparation et de l’exécution du volet export du plan stratégique de l’agence.
Il émet également des recommandations visant à renforcer la coordination des acteurs français de
l’export et le lien avec les régions ».
2 La DIRECCTE assure le relais et la diffusion de l’action des ministres et des services de l’administration
centrale. Son pôle « 3E » (DGE, la DGEFP et la DG Trésor) a six missions essentielles :
• la diffusion et la promotion des politiques économiques menées par le gouvernement à l’inter-
national (conventions régionales de l’export, guichets uniques, etc.) ;
• l’accompagnement des acteurs territoriaux dans la conception des politiques locales de dévelop-
pement économique ;
• la mise en place d’outils de connaissance des secteurs (industrie, commerce et artisanat, tourisme),
des territoires et des politiques nationales ;
• l’anticipation et l’accompagnement des mutations économiques ;
• la sensibilisation du tissu économique local et des pôles de compétitivité à l’intelligence écono-
mique offensive sur les marchés étrangers ;
• l’identification des obstacles rencontrés par les entreprises sur les marchés étrangers et dans
l’accès ou l’utilisation des aides publiques.
3 En Aquitaine, sur 700 accompagnements d’entreprises à l’international, 550 l’avaient été par Business France.

56 Diplomatie et territoires
Une capacité de projection démultipliée

L’action extérieure des collectivités


locales favorise la diffusion de
l’expertise française à l’étranger

Les CT sont des acteurs essentiels de la promotion de l’expertise


française à l’étranger. La problématique de l’expertise des CT est large,
embrassant l’ensemble des politiques publiques, sociales, économiques,
de l’éducation, de la santé, de l’aménagement du territoire et de l’action
économique en zone rurale, des enjeux globaux comme la lutte contre la
pauvreté ou la lutte contre le changement climatique. L’expertise des CT
françaises en matière de services aux citoyens, de valorisation du patrimoine
et d’attractivité touristique, de gestion des intercommunalités ou d’efficacité
de l’action publique sont aussi des compétences très recherchées par les
CT étrangères. La compétence des départements dans la lutte contre
l’exclusion sociale est par ailleurs particulièrement appréciée et s’est
récemment structurée par l’action volontariste de l’ADF 1. L’expertise des
CT permet, d’une part, d’enrichir celle de l’État, participant à la réussite
des politiques publiques et des ODD et, d’autre part, d’appuyer l’action
sur le terrain des administrations locales des pays partenaires en établissant
une relation de pair à pair 2.
On estime que 1 500 à 2 000 agents territoriaux sont directement
investis dans la gestion de la coopération décentralisée 3, ceux-ci faisant
bien sûr souvent appel aux agents spécialisés d’établissements publics
par domaine de compétence pour la mise en œuvre des projets. Même
si cette estimation doit être probablement revue à la baisse à la suite des
dernières élections locales qui ont conduit à des réductions d’effectifs
dans ce secteur, la France dispose toujours du premier réseau mondial
de coopération décentralisée et d’une ressource humaine importante,
fondée sur les relations durables nouées entre élus et fonctionnaires des
collectivités partenaires.
D’une manière générale, dans les pays en développement, la coopération
française appuie les processus de décentralisation et considère l’échelon
local comme un niveau très pertinent pour rendre compte de la diversité

1 Agir en coopération pour le développement local durable et inclusif, co-construire un programme


d’inclusion économique et sociale à l’international, ADF, mars 2015. Étude réalisée avec le soutien
du PNUD, du MAEDI, de l’AFD et du Conseil départemental de l’Aude.
2 En matière de gestion des déchets, l’action des collectivités peut concourir au renforcement institution-
nel, à l’assistance technique, à l’aide à la maîtrise d’ouvrage qui permet les échanges de savoir-faire
et le transfert de compétences. Il faut espérer que la mise en place d’un mécanisme « 1 % Déchets »
pour le financement innovant de la coopération décentralisée issu de la loi du 7 juillet 2014 (voir
« Annexe 4 », p. 153) contribuera à l’accroissement des actions dans ce domaine crucial.
3 Source Arricod.

Diplomatie et territoires 57
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

des enjeux et pour construire la coopération entre les différents acteurs,


dans une perspective à la fois de développement et de renforcement de la
démocratie. Que ce soit par le renforcement du processus de décentralisation
et de la gouvernance locale ou par l’appui aux politiques locales sectorielles
(agriculture, santé, accès aux services de base, éducation), les partenaires
du développement font de plus en plus appel au niveau infranational pour
mettre en œuvre les ODD 1. Les grands bailleurs internationaux intègrent
le renforcement des capacités des collectivités territoriales, directement
ou par l’intermédiaire de réseaux régionaux ou sectoriels 2. Il s’agit à la fois
d’aider, des collectivités ou des groupements de collectivités du Sud à
renforcer leurs capacités de gestion des dépenses, des services publics, à
connaître leurs ressources humaines, leur potentiel économique, à échanger
des bonnes pratiques, à mettre en œuvre des politiques de protection
de l’environnement, du patrimoine, de planification rurale ou urbaine…
Concrètement, il s’agit de former les agents des collectivités locales, pour
discuter, analyser et choisir les méthodes les plus adaptées pour répondre
à un besoin ou à une urgence locale.
Quel que soit le niveau de développement, l’expertise des collectivités
locales françaises est particulièrement demandée dans les domaines de
l’agriculture et de l’aménagement des zones rurales, de l’urbanisme ou de
la préservation des centres anciens et du patrimoine. L’expertise des CT
en matière de développement urbain est valorisée notamment au sein du
Partenariat français pour la ville et les territoires (PFVT), qui coordonne
l’élaboration de stratégies, la participation des acteurs français au débat
international et répond aux demandes des villes et États partenaires dans
les pays en développement et émergents. L’expertise dans le domaine
agricole et des zones rurales gagnerait à être davantage organisée.
Les CT sont parties prenantes à la réforme du dispositif français de coopé-
ration technique internationale, qui s’est traduite par la création d’Expertise
France, opérateur français d’expertise technique internationale, en étant
représentées au conseil d’administration de l’agence.

1 Renforcer les collectivités territoriales et leurs associations dans les relations avec les États et leurs
groupements sous régionaux et mondiaux : a. Construire des collectivités territoriales adaptées aux
différents contextes locaux, territoriaux, en adaptant la décentralisation à chaque territoire ; b. Déve-
lopper les capacités politiques, techniques et financières des collectivités pour qu’elles soient en
mesure d’assumer leurs rôles ; c. Légitimer au regard du citoyen et de l’État les collectivités territoriales
dans leurs capacités à apporter des services et à promouvoir le développement de leurs territoires.
2. Développer des pratiques de gouvernance territoriale innovantes : mettre en place et faire fonctionner
des espaces locaux de négociation de l’action publique territoriale, en contribuant à créer des modes
de gouvernance territoriale efficaces et pertinents.
3. Relancer le processus de décentralisation : a. Débloquer les processus de décentralisation en appor-
tant des arguments pertinents aux décideurs et en contribuant au repositionnement de la haute
administration ; b. Contribuer à rebattre les cartes du pouvoir entre l’État, ses démembrements et
les collectivités territoriales dans la perspective d’une réelle autonomie locale
2 Souvent, les bailleurs, telle la Commission européenne, recherchent des réseaux de collectivités de pays
développés pour intervenir dans un pays partenaire. Il existe ainsi de nombreux réseaux, d’alliances
de collectivités, spécialisés par thématique telles que la lutte contre la pauvreté (Cities Alliance), le
climat (C40), l’énergie (ICLEI)… et mobilisés sur des projets d’expertise. Le MAEDI encourage les
CT françaises à investir ces réseaux. On notera qu’en Europe, les collectivités allemandes sont très
présentes dans ce type de réseau et accèdent ainsi mieux aux financements de la Commission.

58 Diplomatie et territoires
Une capacité de projection démultipliée

Comme pour tous les autres acteurs de l’expertise (administrations, agences


spécialisées, ONG, consultants et entreprises de conseil et d’ingénierie),
les collectivités françaises sont en concurrence avec d’autres sources
d’expertise françaises ou étrangères sur le marché de l’expertise en
politiques publiques. Elles doivent donc s’organiser pour mieux mobiliser
cette expertise dans leur propre intérêt (influence et économique), comme
dans celui des pays partenaires, et s’appuyer si nécessaire sur les structures
d’intermédiation auprès des bailleurs de fonds que constituent les opérateurs
spécialisés tels qu’Expertise France.
Le secteur de l’expertise reste encore peu valorisé à l’international
par les CT. La promotion de l’expertise appelle un partenariat resserré
entre les CT et Expertise France, fondé sur une analyse stratégique et
méthodologique partagée.

Diplomatie et territoires 59
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

L’action extérieure des collectivités


territoriales contribue au
rayonnement culturel de la France

Dans le domaine scientifique et de l’enseignement


Via les projets d’aménagement du territoire : à travers leurs compétences
en matière d’aménagement du territoire, les collectivités participent au
rayonnement scientifique français (exemple, le projet du pôle scientifique
et technologique de Paris-Saclay, conjuguant une COMUE d’établissements
de renommée mondiale, des centres de recherche pluridisciplinaires et
des entreprises).
Coopérations inter-villes : la coopération franco-malienne par exemple,
développée depuis 1987 au travers du jumelage de la ville de Thionville
avec la commune de Gao (Mali), a permis la réalisation de projets liés
à l’éducation et la santé et, plus récemment, le développement d’une
coopération universitaire entre l’IUT de Thionville (université de Lorraine)
et l’Académie d’enseignement de Gao (création d’un campus numérique).
Tourisme linguistique : avec 125 millions d’apprenants du français dans le
monde, notre langue est un atout pour l’attractivité des territoires. En 2015,
la France accueillait plus de 130 000 scolaires, étudiants et professionnels
venus étudier le français, principalement dans le cadre d’un séjour touristique
ou d’une préparation universitaire. On compte en France une centaine
de centres de langue privés, universitaires ou encore associatifs, dont la
qualité de l’offre est reconnue par l’obtention du label « Qualité français
langue étrangère », un label attribué par une commission interministérielle.
L’application pour mobiles et tablettes, Immersion France, lancée par le
MAEDI et Campus France, est un outil innovant et attractif de promotion
des régions et des offres de formation de ces centres.
Coopération à des projets internationaux – l’exemple du programme
ARCUS (2005-2014) : pendant près de dix ans, le MAEDI et l’ARF ont
porté ensemble, en lien avec le MENESR, un programme de coopération
internationale nommé ARCUS (pour « Action en région de coopération
universitaire et scientifique »). Par son financement significatif – 400 000 à
500 000 euros sur trois ans par projet – il a joué un rôle structurant très
important et a notamment permis de financer 22 grands projets portés par
11 régions différentes et impliquant 12 pays ou groupes de pays, les pays
partenaires les plus fréquemment sollicités étant le Brésil, la Chine et l’Inde.

60 Diplomatie et territoires
Une capacité de projection démultipliée

Dans le domaine culturel/industries culturelles


En France, les collectivités territoriales jouent aujourd’hui un rôle moteur
dans la projection à l’international de l’expertise culturelle française
comme en témoigne le budget culturel de l’ensemble des collectivités qui
est de 7,6 milliards d’euros.
Les communes et leurs groupements assument près des trois quarts (73 %)
de ces dépenses (respectivement 4,6 milliards et 1 milliard d’euros), les
départements 18 % (soit 1,4 milliard) et les régions 9 % (0,7 milliard). Ces
dépenses représentent en moyenne une part plus élevée des dépenses
totales des communes et de leurs groupements (8,0 % et 7,0 %) que de
celles des régions (2,7 %) et des départements (2,1 %). D’une manière
générale, il est très difficile d’isoler les dépenses relatives à la dimension
internationale de ces actions, tant l’international est imbriqué dans beaucoup
de programmes, à tous les niveaux.
L’action culturelle constitue un élément essentiel du développement local
et contribue fortement à l’attractivité des territoires et à la cohésion
sociale (retombées financières, dynamisme économique, aménagement
urbain, élargissement des publics, partage de souvenirs) 1.
Le soutien à l’expression artistique et aux activités culturelles regroupe
près de 60 % des dépenses des communes et de leurs groupements (4,3
milliards d’euros), en grande partie des dépenses de fonctionnement (85 %) 2.
En dépit d’un poids financier limité, l’action culturelle des conseils
régionaux joue un rôle important dans certains domaines tels que le
spectacle vivant et les industries culturelles et sert, plus globalement, le

1 Pour remplir ces objectifs, les compétences des collectivités territoriales en matière culturelle s’expriment
à travers notamment la gestion et le financement de bibliothèques, la gestion de musées, les aides
aux salles de cinéma, le développement de l’éducation artistique. Elles assurent aussi la garde et la
conservation des objets mobiliers classés au titre de monuments historiques. Elles sont compétentes
en matière d’archives (conservation et mise en valeur) et d’organisation et de financement des services
archéologiques. À cela s’ajoute la conclusion de partenariats avec l’État afin de financer des projets
spécifiques. La culture est d’ailleurs souvent considérée comme un véritable atout par les conseils
régionaux pour la réalisation de leurs missions globales et leur « marketing territorial ». Ils abordent
majoritairement leur action culturelle en lien avec leurs autres domaines de compétences, « autour
d’objectifs transversaux » que sont l’aménagement équilibré de l’espace régional, le développement
économique et l’attractivité des territoires, la formation et l’enseignement professionnel, le tourisme,
l’accès des jeunes à la culture (se rattachant à la compétence sur les lycées).
2 Les conseils départementaux et régionaux se sont investis de manière croissante dans le patrimoine,
qui représente 59 % des dépenses culturelles départementales et 23 % des dépenses culturelles régio-
nales en 2010. Plus impliqué dans la gestion souvent directe de services et d’équipements culturels
de proximité (bibliothèques, conservatoires et écoles d’art, musées, etc.), le bloc communal consacre
plus de la moitié de ses dépenses culturelles de fonctionnement à la rémunération des personnels,
pour près de 2,5 milliards d’euros. Ce sont toutefois les subventions culturelles de fonctionnement
qui ont le plus progressé, en particulier au bénéfice des théâtres et des arts plastiques. À l’inverse,
les subventions représentent plus de 80 % des dépenses culturelles des régions. Elles soutiennent,
pour leur fonctionnement, des bénéficiaires de droit privé, notamment associatifs, et l’effort d’inves-
tissement culturel des communes et de leurs groupements.

Diplomatie et territoires 61
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

développement du territoire. En 2013, les régions ont dépensé pour leurs


politiques culturelles 730,4 millions d’euros 1.
La deuxième dépense culturelle des régions est destinée au patrimoine et
s’élève à 125 millions d’euros. Acteurs essentiels à la fois par les moyens
financiers qu’elles lui affectent mais aussi par les missions de contrôle
scientifique et technique, les Directions régionales des affaires culturelles
(Drac) y consacrent plus de deux fois plus de moyens (287,3 millions d’euros).
Viennent ensuite, pour les régions, le cinéma et l’audiovisuel (80 millions),
les arts plastiques (43 millions), le livre et la lecture (33 millions). Quant
aux industries culturelles (cinéma, audiovisuel, livre), avec un total de
113 millions d’euros, les conseils régionaux sont particulièrement présents, au
regard des moyens dispensés par les Drac (18,2 millions, dont 12,9 millions
pour le livre). Il faut toutefois ajouter à cela les financements que le minis-
tère de la Culture attribue via ses deux établissements publics, le Centre
national du cinéma (CNC) et le Centre national du livre (CNL) dont le total…
dépasserait les 364 millions d’euros, dont 233 millions au bénéfice de l’Ile-
de-France 2. L’État consacre quant à lui 3,3 milliards d’euros à la culture en
régions, dont 2,2 milliards à la seule région Ile-de-France.

1 Bénéficiant de près de 267 millions d’euros, soit 37 % de leur enveloppe culturelle globale, le spec-
tacle vivant est le premier domaine d’intervention des régions. Alors que le montant attribué par les
Drac au spectacle vivant est à peu près équivalent (296 millions). D’un côté, les régions réservent
plus de la moitié de leurs dépenses pour accompagner les équipes artistiques, assurer une desserte
fine de leurs territoires ou soutenir certaines opérations attirant un large public, comme les festivals
par exemple ; les Drac, de leur côté, consacrent les deux tiers de ce budget au soutien des réseaux
labellisés du spectacle vivant.
2 Parmi les autres domaines d’intervention des conseils régionaux, on peut citer la formation profes-
sionnelle et les aides à l’emploi, le soutien aux langues régionales et les « politiques transversales »
regroupant notamment l’éducation artistique, les pratiques amateurs, les actions dirigées vers les
« publics éloignés ou empêchés » et l’aménagement du territoire.

62 Diplomatie et territoires
Une capacité de projection démultipliée

Les collectivités territoriales


sont des acteurs essentiels de la
mobilité internationale des jeunes

L’action extérieure des collectivités territoriales représente un atout dans


l’internationalisation de la jeunesse, elle-même gage d’ouverture des
collectivités françaises et de la France sur le monde. En choisissant d’im-
pliquer des jeunes dans leurs projets de coopération, que ce soit par le
biais d’une mobilité d’engagement ou d’une mobilité réalisée dans le cadre
d’une formation scolaire, universitaire ou professionnelle, les collectivités
territoriales françaises participent au développement d’une conscience
citoyenne internationale chez ces jeunes, ainsi qu’à leur intégration sociale
et professionnelle à leur retour sur leur territoire.
Pour autant, tout aussi nombreuses sont les CT qui ne sont pas mobilisées,
notamment en raison de leur petite taille et/ou de leur faible degré d’ex-
position aux contacts internationaux.
Au total, la faiblesse relative du nombre de départs et d’échanges de
jeunes, la faible mixité sociale, le manque de transversalité au sein des
CT ainsi que l’éparpillement des dispositifs et des acteurs ont conduit
l’État à vouloir stimuler cette mobilité internationale. Une évaluation de
politique publique récente portant sur l’engagement citoyen international
des jeunes 1 préconise notamment de doubler en trois ans le nombre de
jeunes volontaires à l’international (soit environ 4 500 départs/an contre
2 358 en 2014, source EPP 2015).
La stratégie portant sur l’action extérieure de la France pour la jeunesse
(mars 2015) annonce que « les compétences [des collectivités territoriales]
dans les secteurs de l’éducation, de la formation professionnelle et de
l’emploi, du sport et de la culture (tant auprès des jeunes en France que
des jeunes étrangers dans le cadre de coopérations décentralisées) seront
pleinement mobilisées pour l’accompagnement d’une politique publique de
soutien à la jeunesse 2 ». En octobre 2015, la CNCD a publié un document
d’orientation Jeunesses, mobilités et territoires : recommandations pour
l’action extérieure des collectivités territoriales 3 qui définit la mobilité
européenne et internationale comme un puissant levier de développement
et d’internationalisation des territoires. Les partenariats des collectivités
territoriales bénéficient de la motivation et de l’engagement des jeunes

1 www.modernisation.gouv.fr/sites/default/files/epp/epp_engagement-citoyen-international-jeunes_rap-
port.pdf.
2 MAEDI, L’action extérieure de la France pour la jeunesse, mars 2015.
3 CNCD, MAEDI, Jeunesses, mobilité et territoires : recommandations pour l’action extérieure des
collectivités territoriales, octobre 2015.

Diplomatie et territoires 63
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

et les relations avec les collectivités partenaires en sont renforcées et


dynamisées. Par ailleurs, les jeunes communiquent de manière nouvelle,
notamment en sensibilisant leurs pairs, autour de l’action extérieure de
leur territoire. Les partenariats entre collectivités représentent aussi une
opportunité pour les territoires français d’accueillir des jeunes originaires
des collectivités partenaires, faisant ainsi vivre la coopération en France.
Dans le cadre du Plan « Priorité jeunesse 1 » mis en place par le gouvernement
en 2013, le rôle des collectivités territoriales en direction des jeunes a été
renforcé et mis en avant. L’évaluation de politique publique portant sur
l’engagement citoyen international des jeunes 2, dirigée conjointement par
le MAEDI et le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports (décembre
2015), préconise de s’appuyer sur les jumelages et les coopérations décen-
tralisées pour développer la mobilité européenne et internationale des
jeunes, et notamment des jeunes ayant moins d’opportunités (jeunes
porteurs de handicap, originaires de territoires isolés, évoluant dans un
contexte socio-économique difficile, etc.) 3. Les projets de mobilité déve-
loppés dans les partenariats de coopération décentralisée et impliquant les
acteurs jeunesse (établissements scolaires et de formation professionnelle,
ONG et associations, missions locales, etc.) ont l’avantage de s’inscrire
dans des relations de confiance entre les partenaires, sécurisant ainsi les
missions des jeunes en mobilité, en particulier s’il s’agit de jeunes ayant
moins d’opportunités.
La DAECT a lancé à ce titre les appels à projets « Mobilité internationale
des jeunes 2015-2016 » 4 et « Jeunesse II 2016-2017 5 ». Elle favorise aussi
la prise en compte de l’action extérieure des collectivités territoriales
comme levier de développement de la mobilité des jeunes des territoires
par les autres ministères et des opérateurs institutionnels de la mobilité,
notamment avec le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports,

1 Le Plan « Priorité jeunesse », mis en place en 2013, est piloté par le Comité interministériel de la
Jeunesse qui coordonne les acteurs et veillent à sa mise en œuvre. Le chantier « Mobilité européenne
et internationale des jeunes » est le 10e chantier mis en place dans le cadre de ce comité.
2 Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports/MAEDI, Évaluation de politique publique portant
sur l’engagement citoyen international des jeunes, décembre 2015.
3 L’approche territoriale du développement de la mobilité internationale des jeunes est par ailleurs une
stratégie définie dans le cadre du Comité permanent de la mobilité européenne et internationale
(CPMEI) présidé par le ministre de la Jeunesse. La circulaire du 23 février 20151 demandait la mise
en place des COREMOB (Comité régionaux de la mobilité européenne et internationale), coprésidés
par les préfets de région et les présidents de conseils régionaux, avant la fin du premier trimestre
2015. Les COREMOB associent les acteurs locaux œuvrant sur la thématique de la jeunesse et ont
pour objectif de définir une stratégie régionale, adaptée au territoire, pour le développement de la
mobilité. Le rôle des collectivités y est crucial, notamment grâce à une forte implication des conseils
régionaux et des RRMA. À l’heure actuelle, seules les régions Ile-de-France, Languedoc-Roussillon,
Martinique, Guadeloupe et Guyane ne sont pas encore dotées de COREMOB. Les collectivités
territoriales s’impliquent aussi dans les plateformes régionales de la mobilité, soutenues financière-
ment par le Fonds d’expérimentation de la jeunesse1, qui ont pour objectif d’informer les jeunes et
leurs encadrants sur les dispositifs et offres de mobilité internationale et de les accompagner dans
la préparation, le déroulement et la valorisation de leurs projets.
4 MAEDI, Résultats de l’appel à projets « Mobilité internationale des jeunes 2015-2016 », le 11 mars
2016.
5 MAEDI, Appel à projets en soutien à la coopération décentralisée « Jeunesse II 2016-2017 », le 15 juin
2016.

64 Diplomatie et territoires
Une capacité de projection démultipliée

le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, France


Volontaires, l’Agence du service civique, etc.
L’expertise française en matière de formation professionnelle des jeunes
est très demandée à l’étranger sur certaines de nos branches profession-
nelles (notamment agriculture, métiers d’art, hôtellerie, gastronomie…).
La compétence des conseils régionaux sur la formation professionnelle
initiale, continue et tout au long de la vie est un enjeu d’attractivité, via la
création d’activités et d’emplois adaptée à la demande et aux besoins du
territoire, mais aussi par la logique partenariale et innovante qu’une telle
politique impose. Il convient aujourd’hui de promouvoir davantage ces
filières et ce savoir-faire.

Diplomatie et territoires 65
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

L’action extérieure des collectivités


locales en faveur de la « diplomatie
climatique »

La COP21 aura été la première conférence des Parties à reconnaître le rôle


des autorités infranationales dans la lutte contre le dérèglement climatique.
L’accord de Paris reconnaît notamment le rôle des collectivités territoriales
dans ses articles consacrés à l’adaptation (article 7§2) et au renforcement
de capacité (article 11§2). Les villes et les régions des cinq continents,
représentant près d’un cinquième de la population mondiale, se sont réunies
le 8 décembre, à Paris-Le Bourget, lors de la journée dédiée aux Villes et
Territoires, pour lancer une vision à cinq ans qui intensifiera leurs réponses
aux changements climatiques et garantira à leurs habitants des cadres de
vie futurs plus durables. Cette vision à cinq ans met en lumière dans son
quatrième objectif la nécessité « d’appuyer des initiatives multi-partenariats
entre différents niveaux de gouvernance (État-autorités locales, coopération
décentralisée, etc.). »
Les collectivités territoriales s’inscrivent dans le Global Climate Action Agenda
(GCAA), anciennement LPAA, qui engage les secteurs de la transformation
énergétique et climatique en complément de l’ambition des États, et qui
met en lumière la mobilisation d’une action mondiale robuste vers des
sociétés sobres en carbone et résilientes, l’encouragement de l’action et
l’engagement des acteurs non étatiques.
L’ensemble des engagements est sur une plate-forme commune, la plate-
forme NAZCA (Non-state Actor Zone for Climate Action), lancée lors de
la COP 20 à Lima.
À noter aussi notoriété et la présence croissante de la convention des
maires qui représente 7 100 villes dans le monde pour une population
représentant plus de 600 millions d’habitants.
La coopération décentralisée permet de porter cette diplomatie climatique
grâce à l’échange entre pairs, élus et techniciens, tant sur les secteurs de
l’adaptation que de l’atténuation.

66 Diplomatie et territoires
Chapitre III

Un enjeu fort pour


l’attractivité des
territoires

L’attractivité d’un territoire se mesure à sa capacité à attirer des visiteurs


(touristes, étudiants et chercheurs, professionnels…) et des investisse-
ments étrangers. Les enjeux relatifs à l’attractivité touristique, à celle des
investissements étrangers, à l’attractivité de l’enseignement supérieur et
aux modalités de délivrance des visas seront ici successivement présentés.

Diplomatie et territoires 67
Un enjeu fort pour l’attractivité des territoires

Les touristes étrangers

L’attractivité touristique internationale de la France est une composante


essentielle de notre économie. Après avoir connu un essor important, elle
est aujourd’hui contrecarrée par la menace terroriste. En 2015, avec plus
de 85 millions de visiteurs étrangers accueillis en un an (en métropole et
outre-mer), la France est toujours la première destination touristique au
monde. L’année passée s’est même distinguée par une hausse spectaculaire
de la fréquentation de certaines clientèles, notamment en provenance
d’Asie (+23 %). Ce résultat doit beaucoup aux efforts engagés depuis plus
de trois ans pour renforcer notre attractivité touristique.
La politique touristique territoriale demeure une compétence partagée entre
les différents échelons territoriaux. La création d’un schéma unique de dévelop-
pement touristique par région a fait l’objet de nombreux débats parlementaires
dans le cadre de la loi NOTRe, et s’est finalement avérée prématurée (ainsi,
la commission mixte paritaire a maintenu cette compétence partagée entre
les différents échelons territoriaux et supprimé l’article 4 qui mentionnait
l’élaboration conjointe d’un schéma de développement touristique).
Le maintien de la compétence tourisme à tous les échelons de collectivité se
justifie par le fait que ce secteur participe au développement économique et
culturel, et contribue à l’attractivité du territoire à l’étranger, via les activités
d’hôtellerie et de restauration. Les destinations touristiques majeures disposent
d’arguments considérables pour solliciter des aménagements en termes
d’infrastructure (sorties d’autoroute, gares TGV, extension d’aéroport…).
Afin d’être en mesure d’accueillir 100 millions de visiteurs étrangers d’ici à
2020 dans des conditions optimales, des initiatives de politique nationale,
en lien avec les acteurs locaux, pour mieux répartir les flux touristiques
sur le territoire et capitaliser sur la « collection de destinations » qu’offre le
pays, ont été lancées :
– les 20 contrats de destination mis en place sous l’égide du MAEDI, et
dont les DIRECCTE assurent la mise en œuvre en lien avec la Direction géné-
rale des entreprises, sont un outil de développement touristique fédérant
les acteurs publics et privés d’un même territoire autour de thématiques
fortes, afin de créer et promouvoir une offre attractive et lisible auprès
des clientèles internationales. Les contrats de destination définissent les
engagements des collectivités publiques, acteurs institutionnels et privés
du tourisme sur une stratégie touristique partagée, à travers des actions
portant sur l’attractivité de l’offre, la qualité de l’accueil et la promotion
sur les marchés étrangers cibles. Le dispositif est complété par la mise
en place des structurations des pôles touristiques territoriaux (SPôTT) qui
se focalisent sur des destinations plus spécifiques et sans objectifs de
commercialisation de la destination à l’international ;
– 16 marques mondiales ont été retenues et constituent désormais le
socle de la promotion à l’international de la destination.

Diplomatie et territoires 69
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Attirer les investissements


étrangers

L’investissement étranger, qu’il soit industriel ou de recherche et déve-


loppement, est un facteur majeur de croissance pour notre pays et les
territoires qui l’accueillent. Plus de 20 000 entreprises étrangères sont
présentes en France où elles emploient plus de 2 millions de personnes,
soit le quart de l’effectif salarié du secteur de l’industrie, et réalisent 28 %
du total de la recherche et du développement des entreprises et le tiers des
exportations françaises. De plus, près de 40 % des entreprises étrangères
en France réinvestissent.
L’attractivité d’un territoire en matière d’investissement étrangers est sa
capacité à être choisi, par un acteur économique, culturel ou par des
individus, comme zone de localisation (temporaire ou durable) pour tout ou
partie de leurs activités. L’attractivité à l’égard des investisseurs étrangers
est donc tributaire, de sa capacité à offrir à ces derniers des conditions
favorables d’implantation de leurs activités en fonction des caractéristiques
territoire lui-même, de l’intensité de la concurrence entre les territoires et
des autres facteurs de production, en particulier humains (cadre de vie,
avantages sociaux, etc.).
Désormais la compétition mondiale entre les villes se joue sur la qualité
des infrastructures, leur poids démographique, ou encore la concentration
des fonctions stratégiques, mais aussi sur la capacité à être repérées par
les décideurs et les investisseurs. L’accroissement de la mobilité géogra-
phique et la médiatisation des activités urbaines ont peu à peu contribué
à renforcer l’image internationale des villes, mettant en avant celles qui,
par leur dynamisme et leur rayonnement, vont constituer des destinations
privilégiées.
Les métropoles exercent désormais des compétences sur leur territoire qui
ont une influence directe sur les décisions d’investissement :
– en matière de développement et d’aménagement économique, social
et culturel 1 ;
– en matière d’aménagement de l’espace métropolitain 2 ;

1 Création, aménagement et gestion des zones d’activité industrielle, commerciale, tertiaire, artisa-
nale, touristique, portuaire ou aéroportuaire ; actions de développement économique ; construction,
aménagement, entretien et fonctionnement d’équipements culturels, socioculturels, socio-éducatifs
et sportifs d’intérêt métropolitain.
2 Schéma de cohérence territoriale et schéma de secteur ; organisation des transports publics ; création,
aménagement et entretien de voirie ; signalisation ; abris de voyageurs ; parcs et aires de stationnement
et plan de déplacements urbains.

70 Diplomatie et territoires
Un enjeu fort pour l’attractivité des territoires

– en matière de politique locale de l’habitat 1 ;


– en matière de politique de la ville 2 ;
– en matière de gestion des services d’intérêt collectif 3 ;
– en matière de protection et de mise en valeur de l’environnement et de
politique du cadre de vie 4.
L’expérience montre que les succès enregistrés en matière d’attractivité
sont le fruit de stratégies de marketing territorial qui reposent sur les
avantages comparatifs des territoires, dans des domaines aussi variés que
les industries de pointe, l’offre d’enseignement scolaire et universitaire, les
centres de recherche, les transports urbains, les loisirs, les infrastructures
de transport et les dessertes aériennes. Tous ces acteurs sont des éléments
potentiels de la stratégie que doit définir un territoire, qui justifient une
gouvernance à laquelle les conseils régionaux doivent être étroitement
associés.
Business France est, en lien avec ses correspondants régionaux, le principal
opérateur de recherche et d’accueil des investissements étrangers créateurs
d’emplois et de valeur ajoutée avec la moitié des investissements aboutis
dans notre pays.

1 Programme local de l’habitat ; politique du logement ; aides financières au logement social ; actions en
faveur du logement social ; actions en faveur du logement des personnes défavorisées ; amélioration
du parc immobilier bâti, réhabilitation et résorption de l’habitat insalubre.
2 Élaboration du diagnostic du territoire et définition des orientations du contrat de ville ; animation
et coordination des dispositifs contractuels de développement urbain, de développement local et
d’insertion économique et sociale ainsi que des dispositifs locaux de prévention de la délinquance.
3 Assainissement et eau ; services d’incendie et de secours.
4 Gestion des déchets ménagers et assimilés ; lutte contre la pollution de l’air, les nuisances sonores ;
contribution à la transition énergétique ; soutien aux actions de maîtrise de la demande d’énergie ;
création, aménagement, entretien et gestion de réseaux de chaleur ou de froid urbains.

Diplomatie et territoires 71
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

L’attractivité de l’enseignement
supérieur

Les 75 universités françaises et près de 3 500 établissements d’enseignement


supérieur sont des acteurs traditionnels de l’attractivité des territoires. Ils
contribuent, grâce à l’animation culturelle, à l’élévation des compétences
et du potentiel économique, mais aussi aux dépenses locales des étudiants,
au dynamisme des métropoles régionales ainsi que des villes de taille
moyenne où leurs centres sont implantés. Ils sont également des acteurs
de premier plan pour l’attractivité des talents internationaux.
En 2015, la France accueille sur son territoire près de 300 000 étudiants étran-
gers. La région parisienne concentre un tiers des effectifs (110 000 inscrits),
suivie par l’ex-région Rhône-Alpes (32 000), Bordeaux, Lille, Marseille,
Nantes et Toulouse accueillant chacune plus de 10 000 étudiants étrangers.
De nombreuses collectivités consacrent une partie importante de leur budget
aux aides à la mobilité internationale pour les étudiants français mais aussi
à des bourses destinées à attirer les étudiants étrangers. Certaines se sont
également illustrées par différentes initiatives de soutien aux étudiants
réfugiés syriens (par exemple, les programmes de bourses du Val-de-Marne
ou de la communauté du Grand Lyon).
Sous l’influence croissante des classements internationaux et d’une mobi-
lité des étudiants français toujours plus importante (1,8 million en 2000,
4,5 millions en 2015), la mondialisation entraîne une mise en concurrence
des universités et, progressivement, des territoires. Il existe ainsi un
classement mondial des meilleures villes étudiantes (classement QS),
qui intègre des indicateurs aussi divers que le coût de la vie, l’activité des
employeurs, les frais de scolarité, ou encore les indices de sécurité et de
pollution 1. Les performances des établissements d’enseignement supérieur
influencent l’attractivité et la compétitivité internationale de leurs territoires
et l’investissement des collectivités – et en particulier des conseils régionaux
qui n’ont pourtant pas de compétence propre en matière d’enseignement
supérieur – dans le financement des infrastructures, de la recherche, forma-
tion, innovation mais aussi dans l’amélioration des conditions d’accueil

1 Exemples : à Paris, le guichet d’accueil des étudiants étrangers de la Cité internationale universitaire
(CIUP) fonctionne en grande partie grâce au financement de 295 000 € de la Ville de Paris, et de
230 000 € provenant de la région (le MAEDI contribue à hauteur de 30 000 €) ;
La Fondation nationale Alfred Kastler (FnaK), qui anime en France le réseau Euraxess, actif dans
l’accompagnement des chercheurs étrangers (veille juridique, conseil aux établissements, services
de logement et activités culturelles), bénéficie en 2016 de subventions du conseil général du Bas-
Rhin (25 000 €), de la communauté urbaine de Strasbourg (25 000 €) de la région Alsace (25 000 €),
le MAEDI octroyant 40 000 €.

72 Diplomatie et territoires
Un enjeu fort pour l’attractivité des territoires

des talents étrangers. Des stratégies régionales coordonnées entre État,


universités, collectivités s’avèrent ainsi de plus en plus nécessaires.
Ces actions de soutien doivent gagner en visibilité : il n’existe par exemple
aucun document consolidant le montant consacré par les collectivités au
financement des mobilités étudiantes ou indiquant l’origine ou la destination
géographique des bénéficiaires. Ces données fourniraient pourtant un
éclairage utile à la définition des politiques nationales.

Diplomatie et territoires 73
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Accueil des étrangers/visas

Les collectivités territoriales jouent un rôle important dans l’accueil en


France des ressortissants étrangers, au travers notamment du tourisme,
des événements sportifs, des actions éducatives, des visites et échanges
officiels entre collectivités territoriales françaises et étrangères, et bien sûr
de l’accueil des réfugiés.
Les collectivités locales doivent accueillir fréquemment les partenaires avec
lesquelles elles travaillent en coopération. Ces échanges sont fréquents,
fructueux et concourent à l’attractivité des territoires français, mais aussi à
leur dynamisme économique notamment quand de grands rassemblements
sont organisés (par exemple les assises bilatérales de la coopération
décentralisée, des congrès thématiques internationaux portant sur l’action
des collectivités etc.).
Pour de nombreux pays en développement, la nécessité d’obtention d’un
visa pour les élus et cadres territoriaux des collectivités étrangères partenaires
des collectivités françaises entraîne souvent d’importantes complications
dans la fluidité des échanges et des actions communes. Cette question
fait l’objet d’une demande insistante des collectivités françaises et de leurs
associations (notamment CUF) pour que des mesures de facilitation soient
mises en place pour leurs partenaires permanents.
Pour les collectivités et territoires d’outre-mer, des mesures spécifiques
existent déjà avec l’exemption de visas pour les ressortissants de certains
pays (visas touristiques concernant l’Afrique du Sud, la Chine, l’Inde et la
Russie).

74 Diplomatie et territoires
Chapitre IV

Les interactions avec


l’environnement
géographique direct
des territoires sont
croissantes

Diplomatie et territoires 75
Les interactions avec l’environnement

L’enjeu de l’action extérieure


des collectivités d’Outre-mer 1

Les Outre-mer constituent désormais une pièce maîtresse du dispositif d’ac-


tion extérieure française des collectivités territoriales dans leur environnement
géographique au sens large. Il ne s’agit plus seulement de coopération
régionale avec leurs voisinages immédiats, mais de présence dans des
ensembles aussi larges que la Caraïbe, l’océan Indien, le Pacifique mais
aussi dans des ensembles sous-continentaux ou continentaux plus vastes
(Afrique orientale et australe, sous-continent indien, continent américain) où
se trouvent des puissances émergentes. Il s’agit également d’accroître notre
présence dans des zones où l’influence de la France, spécialement dans
sa dimension économique, n’est pas encore à la hauteur de son potentiel.
Les CT françaises d’outre-mer sont impliquées dans des partenariats,
notamment en faveur de la lutte contre les dérèglements climatiques,
conduisent des actions innovantes pour préserver l’environnement, qui sont
riches d’enseignement pour d’autres territoires, y compris métropolitains 2.
Les collectivités des Outre-mer veulent être considérées comme des
acteurs à part entière, pouvant contracter avec des collectivités étrangères
dans la limite de la conformité avec les objectifs et les engagements de
la diplomatie française 3.
D’un point de vue juridique, si l’on met à part la Nouvelle-Calédonie et la
Polynésie française qui jouissent de prérogatives spécifiques et de pouvoir
étendus, les collectivités territoriales d’outre-mer ont donc à la fois, et de
plein droit, toutes les compétences que le CGCT reconnaît à l’ensemble
des collectivités françaises et, de plus, des pouvoirs propres qui leur sont

1 Une description plus détaillée des relations internationales des CT d’outre-mer est présentée à
l’annexe 8.
2 Le succès de la COP21 a notamment tenu à la place pleine et entière qui a été faite aux Outre-mer
(appel de Fort-de-France en mai 2015, Pavillon Caraïbes au Bourget…) : les petits États insulaires
espéraient que la connaissance étendue que la France a, grâce à ses territoires ultramarins, des défis
auxquels ils sont confrontés en matière de lutte contre les effets du dérèglement climatique, allait
permettre la pleine prise en compte à Paris de leurs préoccupations en ce domaine.
Dans un autre registre, le programme conduit par exemple par le département de la Réunion en
matière de mobilité des jeunes dans la zone de l’océan Indien, combinant les dispositifs de volon-
tariat et d’insertion, est à cet égard intéressant : ciblé sur l’appui à la francophonie, il permet à des
établissements scolaires et au réseau des alliances françaises de bénéficier de personnel qualifié
recruté et mis à disposition par le département.
3 Les coopérations menées par les Outre-mer permettent partout de promouvoir l’offre française en
matière d’expertise internationale dans des secteurs à haute spécialisation : énergie marines, gestion
des littoraux ; biodiversité ; filières culturelles ; protection civile des populations et gestion des risques
environnementaux ; coopération hospitalière ; énergie solaire, gestion des déchets…

Diplomatie et territoires 77
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

reconnus par la loi d’orientation pour l’outre-mer de 2000 (LOOM) 1. Depuis


cette loi, les CT d’outre-mer se sont vues reconnaître des compétences
en matière d’action internationale dans leur environnement régional (voir
« Annexe 7 », p. 169) :
– elles mènent des actions de coopération régionale qui vont des relations
de proximité immédiate, ou de caractère transfrontalier, à des opérations
plus complexes et plus ambitieuses, qui correspondent à un besoin exprimé
par les États de leur voisinage, parfois dans des partenariats multilatéraux
(cf. les initiatives avec le Brésil en faveur d’Haïti) ;
– elles le font dans un cadre de cohérence et d’information mutuelle grâce
à l’action des trois ambassadeurs spécialement affectés à la coopération
régionale dans les aires Caraïbes, océans Indien et Pacifique et en lien le
cas échéant avec leurs antennes. Leurs actions vers les continents africain,
américain, et leurs voisinages insulaires constituent un atout pour l’influence
de la France et ses opérateurs en lui garantissant une présence forte.
Au-delà de l’aspect juridique, c’est une volonté au cas par cas de travailler
ensemble, avec notamment l’appui des ambassadeurs pour la coopération
régionale et de nos ambassadeurs dans les pays partenaires ou les orga-
nisations sous-régionales concernées, qui a permis des avancées au cours
des dernières années, progrès qui demandent toutefois à être sanctuarisés
et prolongés.
C’est toute une dynamique qui se met en place selon la ligne formulée par le
président de la République dans son discours du Sommet Climat Caraïbes
de mai 2015, incluant notamment le retour de la France au capital de la
Banque de développement de la Caraïbe et de nombreux engagements qui
viennent à un moment propice, en raison d’un engagement réaffirmé de la
Commission européenne aux côtés de ses régions ultrapériphériques 2. En
outre nos collectivités d’outre-mer sont des agents de premier rang pour
le succès des politiques communautaires.
Enfin, les CT d’outre-mer s’appuient sur l’acquis et l’expérience de l’AFD,
qui dès son origine avait une vocation spécifique dans ce domaine.
Elles bénéficient par ailleurs d’une représentation garantie au sein de la
CNCD.

1 La loi d’orientation pour l’outre-mer de 2000 (« LOOM » no 2000-1207 du 13 décembre 2000), com-
plétée par la loi du 27 juillet 2011 en ce qui concerne les « collectivités fusionnées » de Guyane et de
Martinique, a constitué un pas important vers cette reconnaissance, en permettant de contracter avec
des États étrangers, cela incluant l’adhésion sous des statuts divers à des organisations internationales,
mais il n’est pas sûr qu’elle ait permis à elle seul ce changement d’échelle appelé par les responsables
élus de ces territoires, d’autant plus que sa mise en œuvre avait été légitimement assortie de lourdes
précautions procédurales qui s’imposaient aux pouvoirs publics puisqu’elles émanaient d’une déci-
sion très détaillée du Conseil constitutionnel (Décision no 2000-435 du 7 décembre 2000), afin de
sauvegarder les intérêts de la République et le pouvoir d’appréciation préalable de ses représentants
autorisés.
2 Le retour de la France dans le capital de la Banque de développement des Caraïbes (BDC) est de
nature à mieux ancrer les initiatives dans un environnement régional plus large, avec des retombées
économiques dans les deux sens.

78 Diplomatie et territoires
Les interactions avec l’environnement

La loi du 27 juillet 2011 relative aux collectivités territoriales de Guyane


et de Martinique leur a par la suite ouvert la possibilité de désigner des
agents publics chargés de les représenter au sein des missions diplomatiques
de la France (convention avec l’État) et auprès des institutions de l’UE. Ces
agents, placés sous l’autorité de l’ambassadeur de France, sont chargés de
représenter leur collectivité et d’assurer le suivi des actions de coopération
régionale entre cette dernière et leur pays d’affectation 3.
La loi dite « Letchimy » (Loi n° 2016-1657 du 5 décembre 2016 sur l’action
extérieure des collectivités territoriales et la coopération des outre-mer
dans leur environnement régional - Journal officiel du 6 décembre 2016)
propose enfin :
– des dérogations à l’interdiction faite aux collectivités de signer des
conventions de coopération régionale, valables pour l’ensemble des
collectivités territoriales de la République ;
– une extension du champ géographique de la coopération régionale ;
– un dispositif de « programme-cadre » de coopération régionale qui serait
adopté par l’assemblée délibérante et validé par l’État ;
– un cadre pour les agents affectés dans le réseau diplomatique.
Certaines collectivités territoriales d’outre-mer ont clairement la volonté de
développer des relations directes avec les États voisins ou plus lointains,
en s’affranchissant au maximum de toute tutelle voire contrôle de l’État.
« L’Europe des régions » accentue le phénomène d’autonomie croissante
des collectivités décentralisées 4. Le besoin de coordination est réel pour
maintenir la cohérence de la politique étrangère française : le réseau
diplomatique peut y contribuer.
La position éminente, et la responsabilité directe de nos collectivités d’outre-
mer, pour mener des actions et nouer des partenariats durables dans leur
voisinage, ne font en rien obstacle à ce que les collectivités territoriales
métropolitaines s’engagent dans des partenariats concernant ces mêmes
zones, dès lors que cela se fait dans un contexte de complémentarité
assumée et pourquoi pas de mutualisation des efforts. Il n’y a pas
exclusivité, mais une vocation naturelle dont il convient de tirer le meilleur
parti, pour les territoires eux-mêmes et pour la République dans un cadre
de plus en plus concurrentiel, où les initiatives de la France doivent être
lisibles et crédibles.

3 La région Guadeloupe a affecté un agent dans les missions diplomatiques et consulaires à Miami, au
Panama, au Québec et à Sainte-Lucie, ainsi qu’un volontaire international en République dominicaine.
À ce jour ne demeurent en poste que les agents affectés à Panama et au Québec.
La région Martinique compte un agent au sein de l’ambassade de France à Sainte-Lucie, au Brésil
(Belém, État du Para) et en Haïti (qui est toutefois basé en Martinique).
La région Guyane a ouvert le 5 septembre 2013 une antenne à caractère non diplomatique – « Maison
de la Guyane » – à Paramaribo dans le cadre d’un projet de relocalisation de l’ambassade de France
au Suriname.
4 Au titre du FEDER 2014/2020, la région Réunion par exemple dispose de 63,2 millions d’euros pour
financer des actions de coopération transfrontalière et transnationale et la Commission de l’océan
Indien s’est vue allouer une enveloppe de 50 millions d’euros au titre du XIe FED.

Diplomatie et territoires 79
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Les coopérations transfrontalières :


de forts enjeux en matière de
développement économique,
qui appellent une meilleure
coordination

Des coopérations transfrontalières à fort potentiel


économique, mais inégalement réparties
Qu’elles soient d’échelle locale (au niveau de structures communales
contiguës de part et d’autre d’une frontière), régionale (impliquant au
moins une région ou un département français et une structure étrangère de
niveau similaire), ou suprarégionale (impliquant plusieurs régions et même
deux États au moins autour de problématiques frontalières, comme dans
la Grande région ou la région du Rhin supérieur), la plupart des coopé-
rations transfrontalières ont une portée économique majeure. Celle-ci
tient non seulement aux partenariats à visée économique (construction ou
développement d’infrastructures de transport ou de grands équipements,
facilitation de l’accès à un bassin d’emploi par des travailleurs frontaliers,
économies d’échelle générées par la mise en place d’un service de ramassage
et de traitement des déchets transfrontalier par exemple…), mais aussi
aux partenariats transfrontaliers à vocation sociale (par exemple, l’accès à
un équipement médical dans le pays limitrophe engendre des économies
d’échelle économiquement bénéfiques pour les deux pays), éducative
(apprentissage de la langue du voisin, formation professionnelle), culturelle
ou environnementale (parcs naturels transfrontaliers et leurs retombées
touristiques, par exemple).
Très inégaux selon la frontière considérée, le nombre, la nature et l’intensité
des coopérations engagées varient fortement, notamment en fonction de
la géographie 1, des liens historiques 2 ou des relations économiques

1 Malgré la réalisation du tunnel sous la Manche, la nature maritime de la frontière entre la France et
le Royaume-Uni ou la barrière des Alpes sont encore probablement pour beaucoup, dans le petit
nombre et la relative faiblesse des coopérations concrètes localement engagées entre les régions,
départements et communes transfrontaliers.
2 Les relations séculaires, politiques, économiques, culturelles et linguistiques, entre populations fran-
çaises et allemandes de part et d’autre du Rhin et dans les régions mosellane et sarroise, ou encore
avec la Belgique, expliquent très largement la précocité et l’intensité des coopérations qui se sont
nouées entre collectivités locales des deux pays dès le début des années 1960.

80 Diplomatie et territoires
Les interactions avec l’environnement

préexistantes et notamment des flux de travailleurs frontaliers 1 (voir


« Annexe 9 », p. 179).

La prise en compte par la puissance publique des


problématiques économiques et sociales transfrontalières
n’apparaît pas toujours à la hauteur des enjeux
Au nom de la décentralisation ou du principe de subsidiarité, la prise en
compte par l’État des enjeux de la coopération transfrontalière reste
insuffisante, y compris dans les grands projets économiques et d’infrastruc-
tures, comme l’indique le préfet Cadiot dans son rapport. Les dynamiques
locales se traduisent de ce fait trop souvent par des coopérations de petite
envergure. Nos collectivités territoriales, insuffisamment accompagnées,
se trouvent ainsi souvent en situation d’infériorité dans les négociations
avec des Länder, régions ou cantons voisins qui disposent de capacités
(humaines et financières) souvent supérieures. Ces enjeux gagneraient
pourtant à constituer un axe structurant de notre politique économique
et européenne, compte tenu de la position géographique centrale de la
France au sein de l’UE.
En effet, sur le plan européen, d’importants crédits sont consacrés à des projets
de développement d’activités économiques, sociales et environnementales
transfrontalières 2. Sur la période 2014-2020, sur les 9 milliards d’euros
alloués à la coopération territoriale dans le cadre de la politique de cohésion,
3 milliards d’euros sont consacrés à des programmes impliquant la France.
Celle-ci est concernée par 23 programmes, dont 18 ne s’adressent qu’à
son territoire métropolitain (9 programmes transfrontaliers, 5 programmes
transnationaux et 4 programmes paneuropéens). Parmi ces 18 programmes
métropolitains, 8 sont gérés par une autorité de gestion française, qui peut
être soit un conseil régional, soit le Commissariat général à l’égalité des
territoires (CGET), pour un montant total de 1 685 millions d’euros, dont
1 251 millions d’euros (sur un total de 2 308 millions d’euros) pour les seuls
14 programmes concernant des opérations de coopération transfrontalière
ou transnationale.
Enfin, en termes d’infrastructures, des progrès peuvent certainement être
réalisés pour plus de bénéfices concrets aux populations de part et d’autre

1 Ainsi, le fait qu’un territoire soit comparativement plus attractif qu’un autre explique évidemment la
formation de flux de travailleurs frontaliers attirés par un bassin d’emploi dynamique ou des salaires
élevés. Près de 400 000 frontaliers résident ainsi en France et travaillent de l’autre côté des frontières,
chiffre en augmentation constante (multiplié par deux en 20 ans). Nos voisins les plus concernés
sont la Suisse (160 000), le Luxembourg (de l’ordre de 85 000, sans compter les 40 000 Français qui y
résident), l’Allemagne (50 000), Monaco (38 000, sans compter les 30 000 Français qui y résident) et
même la Belgique (36 000).
2 Parmi les exemples de projets transfrontaliers pour lesquels d’importants financements européens
sont alloués, le projet de liaison Seine-Escaut entre la France et la Belgique permettant l’établissement
d’un nouveau corridor européen de fret (le tronçon central de ce projet consiste en la construction du
canal Seine-Nord Europe (SNE) de 106 kilomètres sur le territoire français), est éligible à 14,9 milliards
d’euros de financements européens dans le cadre du mécanisme d’interconnexion (MIE) 2014-2020.

Diplomatie et territoires 81
Partie II - L’INTERNATIONALISATION DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

d’une frontière. En effet, si l’on met à part les très grands équipements
que sont les tunnels routiers ou ferroviaires, il n’existe qu’assez peu d’in-
frastructures véritablement binationales sur nos frontières : elles consistent
souvent en des lignes de transports transfrontalières. Citons l’exemple
financé quasi paritairement et destiné aux populations locales, de l’hôpital
franco-espagnol de Cerdagne à Puigcerdá (côté espagnol).
Au total, les porteurs de projets transfrontaliers se heurtent souvent aux
obstacles liés à des cadres politiques, administratifs, juridiques, fiscaux
peu adaptés et non cohérents entre eux. L’encadrement européen des
législations ne suffit pas à assurer l’intégration, et les stratégies, législations,
financements des différents États doivent être également mieux coordonnées.

82 Diplomatie et territoires
Partie III

LES COLLECTIVITÉS
TERRITORIALES
BÉNÉFICIENT DE
SOUTIENS VARIÉS
AFIN D’AMÉLIORER
L’EFFICACITÉ DE LEUR
ACTION EXTÉRIEURE
Chapitre I

Un dispositif
institutionnel national
multiforme pour
accompagner au
mieux les collectivités
territoriales

Diplomatie et territoires 85
Un dispositif institutionnel national multiforme

La Délégation à l’action extérieure


des collectivités territoriales
(DAECT)

Sous l’égide de la Direction générale de la mondialisation du MAEDI, la


DAECT promeut et soutient, notamment par des programmes de cofinan-
cement, l’action extérieure des collectivités territoriales. Le délégué assure
le secrétariat général de la CNCD.
La DAECT recueille et analyse les informations relatives à l’action extérieure
des collectivités territoriales. Elle suit les évolutions juridiques encadrant
l’action extérieure des collectivités territoriales, notamment au sujet de la
coopération transfrontalière et au sein de l’UE. Elle conseille les préfets sur
le contrôle de légalité des actions extérieures des collectivités territoriales
(et des dépenses afférentes). Elle met par ailleurs en œuvre la stratégie
de l’État en matière d’appui à la coopération décentralisée et veille à la
cohérence entre l’action extérieure de l’État et celle des pouvoirs publics
locaux. En liaison avec les directions géographiques et thématiques, elle
conseille et accompagne les collectivités sur toutes les zones géographiques
et sur tous les sujets de leur compétence. Au sein du MAEDI, la DAECT a
donc un rôle transversal.
Le soutien du MAEDI, et spécialement celui apporté par la DAECT, par
le conseil, l’accompagnement, les cofinancements sur appels à projets, a
agi dans cette période difficile comme un réducteur d’incertitude. Cette
action a renforcé la confiance mutuelle et favorisé la réalisation des objec-
tifs de « diplomatie démultipliée », qui désormais rendent compte de la
complémentarité de l’action de l’État et de ses partenaires territoriaux,
autant pour l’attractivité que sur les théâtres extérieurs de l’influence, de
la solidarité et du rayonnement.
Afin de répondre à la demande croissante de conseils et de cofinancement
des CT pour leurs projets de coopération décentralisée, la DAECT s’est
dotée à partir de 2007-2008 d’une palette d’instruments rationalisée, les
« appels à projets » : avec environ 8,5 millions d’euros/an de cofinancements
pour l’action internationale des CT, l’effet de levier des appels à projets
est très fort. Cette influence et cet effet de levier des appels à projets
de la DAECT (jusqu’à 6 selon les projets) tiennent essentiellement à leur
fonction prescriptrice, contribuant à orienter les coopérations décentralisées
des collectivités territoriales vers les thèmes et pays prioritaires, mais aussi
à « l’effet label », particulièrement recherché par les CT, qui souhaitent
souvent afficher le soutien du MAEDI pour leurs partenaires étrangers et
les autres institutions de l’État français (dont les postes diplomatiques).

Diplomatie et territoires 87
Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

Les outils de soutien du MAEDI ont été profondément réformés en 2015.


Ces transformations ont notamment conduit, après concertation générale
et approbation de ces orientations par la CNCD, à la révision des priorités
et des critères de cofinancement des projets de coopération décentralisée
par le MAEDI, pour que ceux-ci soient davantage en phase avec les enjeux
et priorités économiques, sociaux, de développement de l’État.
Géographiquement, cela s’est traduit par un soutien accru aux projets
dans les pays qui sont les moins dotés en coopérations décentralisées, ou
en post-crise (en association avec le CDCS) et en permettant de nouveau
l’intervention de la DAECT dans les pays prescripteurs développés ou dans
certains pays prioritaires (exemple : Ukraine).
De même, une bonification de cofinancement s’applique désormais aux
projets qui mutualisent les efforts de plusieurs collectivités françaises.
Le MAEDI ne cofinance toutefois plus les collectivités qui amorcent des
projets avec des collectivités étrangères quand les efforts de concertation
ou de mutualisation avec les autres collectivités déjà présentes sont jugés
insuffisants.
Les appels à projets incitent désormais pleinement à l’intégration, le plus
en amont possible des projets, de la méthode du suivi-évaluation, sur la
base de critères d’évaluation partagés avec les partenaires étrangers. C’est
en effet en renforçant l’exigence d’évaluation que chacun (collectivités et
État) sera mieux préparé pour rendre compte des actions de coopération
décentralisée.
Incitation à la participation des entreprises dans les projets de coopé-
ration décentralisée, que ce soit sous forme de cofinancement de projets
ou d’apport en expertise, ainsi que celle des RRMA.
Développement des projets portés par les CT d’outre-mer dans leur
environnement régional.
La relation de travail avec les préfectures de régions et avec les postes
diplomatiques a été renforcée et le sera encore avec l’action des conseillers
diplomatiques auprès des préfets de régions et des correspondants pour
la coopération décentralisée désormais en place dans quasiment toutes
les ambassades de France.
Les partenariats avec des institutions publiques nationales (autres
ministères, CNFPT, Mission opérationnelle transfrontalière…) ou privées
(associations de collectivités locales, fondations d’entreprises…) se déve-
loppent (exemple : l’appel à projets « climat » (2015) avec le MAAF, le
MEDDE et la Fondation Schneider Electric).
Trois types d’appels à projet en soutien à l’AECT sont aujourd’hui à
l’œuvre :
– l’appel à projets triennal (le 4e porte sur 2016-2018) ;
– les appels à projets bilatéraux qui relèvent eux-mêmes de deux formules :

88 Diplomatie et territoires
Un dispositif institutionnel national multiforme

– les appels à projets conjoints, cofinancés par le MAEDI et un gouver-


nement étranger (à ce jour : Argentine, Chili, Maroc, Mexique, Québec,
Sénégal, Territoires palestiniens), les fonds d’appui mis en place par le
MAEDI (Liban, Tunisie) ;
– les appels à projets thématiques (« Lutte contre le réchauffement
climatique », « Mobilité internationale des jeunes »).
Priorités thématiques :
– la lutte contre le changement climatique ;
– la jeunesse et sa mobilité internationale (notamment dans sa dimension
« inclusion sociale » et « formation professionnelle ») ;
– le soutien à l’export des PME-ETI et à l’attractivité des territoires, que
ce soit en matière de tourisme des visiteurs étrangers ou d’accueil des
investissements directs étrangers ;
– urbanisme et patrimoine ;
– l’agriculture et la sécurité alimentaire ;
– la gouvernance territoriale et la formation des cadres territoriaux, là où
la décentralisation est en marche.
Priorités méthodologiques ou transversales :
– développement des projets portés par les CT d’outre-mer dans leur
environnement régional ;
– géographiquement, soutien accru aux projets dans les pays qui sont
les moins dotés en coopérations décentralisées, ou en post-crise (en
association avec le CDCS) et possibilité d’intervention de la DAECT
dans les pays prescripteurs ou dans certains pays prioritaires (exemple :
Ukraine) ;
– incitation à la participation des entreprises aux projets de coopération
décentralisée, que ce soit sous forme de cofinancement de projets ou
d’apport en expertise, ainsi qu’à celle des RRMA.
Le CDCS s’est récemment employé à moderniser ses outils d’intervention
pour renforcer le rôle des collectivités dans la réponse aux crises.
Sur le plan humanitaire, le MAEDI s’est doté d’un outil spécifiquement
dédié aux collectivités : le FACECO. Ce Fonds de concours permanent
pour l’action extérieure des collectivités territoriales au profit de l’aide
d’urgence aux populations a pour objectif de permettre, outre une action
d’urgence efficace et pertinente, une bonne coordination des collectivités
en mutualisant leurs moyens et en les alignant sur les besoins exprimés
par les partenaires affectés par des crises. Impliqués dans le suivi des
projets, les élus peuvent ainsi s’assurer d’une parfaite traçabilité des fonds
engagés et s’appuyer sur l’expertise du réseau diplomatique français pour
la réalisation des opérations.
Dans le cadre des processus de sortie de crise, le fonds de stabilisation
permet de financer des projets recourant à l’expertise des collectivités fran-
çaises en vue de renforcer le rôle des autorités locales dans la reconstruction

Diplomatie et territoires 89
Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

et l’approfondissement de la décentralisation, dans une logique concourant


à la stabilisation.

90 Diplomatie et territoires
Un dispositif institutionnel national multiforme

Le réseau diplomatique
à l’étranger

Tandis que les crédits d’intervention des postes ont été considérablement
réduits depuis quinze ans, les coopérations décentralisées compensent
partiellement cette évolution et permettent très souvent de maintenir
l’influence de la France dans certains pays ou dans certaines régions de
certains pays où la coopération nationale n’intervient pas, peu, ou plus sur
le plan bilatéral. C’est principalement le cas dans les postes de présence
diplomatique et dans les pays européens.
Afin de renforcer le suivi et l’appui aux porteurs de projets de coopération et
aux autres actions des collectivités, un correspondant pour la coopération
décentralisée a été désigné dans chaque ambassade, faisant ainsi l’inter-
face entre les CT présentes dans son pays de résidence et la DAECT, les
conseillers diplomatiques en région et les collectivités.
Chaque poste diplomatique est aussi appelé à se prononcer sur les projets
de coopération présentés à la DAECT pour cofinancement (au même titre
que les SGAR des préfectures de région). De même, l’accompagnement
des délégations françaises ou étrangères fait l’objet d’un suivi renforcé
et plus transversal, en association avec les directions géographiques et
thématiques compétentes.
Enfin, le rôle des postes diplomatiques est essentiel en termes de conseil,
d’interface avec les autorités nationales et locales, et d’appui organisa-
tionnel à la tenue des grands événements bilatéraux ou multilatéraux de
coopération décentralisée (assises bilatérales, séminaires ou conférences
thématiques…).
Pour ce qui concerne les pays en voie de développement, une concertation
des postes diplomatiques avec les CT françaises présentes dans le pays
partenaire (ainsi qu’avec leurs associations transversales traitant de l’AECT)
lors de l’élaboration des Documents-cadres de partenariat (DCP) permettrait
d’améliorer la coordination et la cohérence des interventions de l’État et
de ses opérateurs d’une part, avec l’action des CT.

Diplomatie et territoires 91
Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

Les opérateurs du MAEDI

Sept opérateurs sous tutelle ou cotutelle du MAEDI entretiennent des


relations permanentes avec les CT françaises pour ce qui concerne leur
action internationale : l’AFD, Expertise France, Business France, Atout
France, l’Institut français, Campus France, et France Volontaires. Chacun
de ces opérateurs a une mission précise dans un champ déterminé de
l’action extérieure de la France (voir « Annexe 5 », p. 155). L’exercice de ces
missions les conduit à devoir intervenir auprès des collectivités territoriales
étrangères et/ou à mobiliser des acteurs territoriaux directement placés
sous la responsabilité des collectivités territoriales.
Après une période de restructuration importante ces dernières années pour
chacun d’entre eux ces opérateurs sont aujourd’hui à des stades plus ou
moins avancés d’intégration de la dimension territoriale et de leurs relations
avec les CT françaises.
Certains d’entre eux sont par ailleurs implantés en régions afin d’être au
plus près des réalités locales.

Business France
En France, Business France possède un réseau national de 20 délégués
régionaux et 5 directeurs interrégionaux qui œuvrent auprès des conseils
régionaux et des agences régionales de développement économique. Ils
sont basés au sein des chambres de commerce et industrie (CCI), et leurs
missions sont principalement les suivantes :
– participation, par la fourniture d’informations et d’outils d’aide à la
décision stratégique des régions, aux Plans régionaux d’internationalisation
des entreprises – et désormais aux SRDEII – et aux programmes d’actions
qui en découlent : meilleure intégration des services publics, de Business
France (Programme France Export (PFE), VIE, prestations individuelles,
Organisation internationale et bailleurs de fonds de Business France (OIBF),
communication, etc.) ;
– suivi et bonne exécution des programmes conclus avec les conseils
régionaux (appels d’offres, conventions…) ;
– animation de la collaboration et des accords stratégiques passés avec
les CCI pour offrir un accompagnement efficient aux PME à l’export depuis
les territoires jusqu’à la pérennisation sur les marchés ;
– promotion et relais de prospection sur le terrain pour les VIE en lien avec
les partenaires de l’export ;
– animation des partenariats privés locaux : Société Générale, Pramex,
HSBC, Euler-Hermès… ;

92 Diplomatie et territoires
Un dispositif institutionnel national multiforme

– coordination avec les correspondants désignés par les conseils régionaux


pour un suivi optimisé des projets d’investissements étrangers identifiés
par Business France, animation dynamique des investissements étrangers
déjà présents sur le territoire (développement export au départ de la
France, projets d’extension…) et promotion ciblée de projets et filières
structurants pour l’attractivité ;
– coordination avec les services déconcentrés de l’État, notamment le
Commissaire au redressement productif (CRP) et le réfèrent unique aux
investissements (RUI), sur certains projets d’intérêt national ou d’entreprises
en difficulté.
S’ajoutent à ce réseau 40 chargés d’affaires internationaux (CAI) placés
au sein de BPI France pour accompagner les ETI et PME à l’international,
conformément au Pacte de compétitivité.
Avant la loi NOTRe, Business France avait signé une convention avec chaque
région, ainsi qu’avec l’ARF pour assurer ambition partagée, coordination
et lisibilité. L’opérateur a entamé une remise à jour de ces conventions, y
compris avec l’ARF.

Campus France
Campus France possède 8 délégations et 22 agents en régions, qui relayent
ses activités, initient et conduisent des partenariats locaux (Bordeaux, Lyon,
Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Strasbourg et Toulouse). Ce réseau,
initialement localisé dans un parc locatif privé, se recentre progressivement
au sein des établissements d’enseignement supérieur ou des ComUEs
(Bordeaux, Lyon, Nancy, Nantes, Toulouse), voire d’équipements munici-
paux (Marseille et projet à Nice). Les actions avec les collectivités locales
sont essentiellement centrées sur les questions d’attractivité, de gestion
des réseaux d’anciens étudiants, et de participation aux guichets uniques
d’accueil, impliquant l’ensemble des acteurs du territoire.
Campus France est également fortement présent auprès des acteurs
de Nouvelle-Calédonie, en les accompagnant dans le développement
et la gestion de nombreux programmes de mobilité, financés tant par
le Haut-Commissariat de la République que par le gouvernement de
Nouvelle-Calédonie ou les trois collectivités provinciales (Sud, Nord et Îles).

France Volontaires
Plateforme française des volontariats à l’international, France Volontaires
réunit l’État, le monde associatif et les collectivités territoriales autour d’une
mission d’intérêt général : promouvoir et développer les engagements

Diplomatie et territoires 93
Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

volontaires à l’international, particulièrement des jeunes 1. France Volontaires


s’appuie sur 6 antennes en métropole et dans les Outre-mer (Ivry-sur-Seine,
Lille, Marseille, Nantes, Nouvelle-Calédonie, La Réunion) pour inscrire son
action dans une logique partenariale, tant avec les réseaux de collectivités
territoriales qu’avec les RRMA et ses organisations membres.
– information/formation des acteurs locaux sur les dispositifs de volontariats
et la construction des missions ;
– mobilisation de volontaires dans les partenariats de coopération des
collectivités territoriales ;
– accompagnement des parcours de jeunes à l’international à travers le
réseau des espaces volontariats (identification de partenaires, formation des
structures d’accueil, stages d’accueil pour les volontaires, suivi/sécurisation
des missions, etc.) ;
– appui à l’accueil en France de volontaires étrangers dans un souci de
réciprocité ;
– animation de programmes pour les jeunes Ultra-marins dans des actions
de coopération régionale ;
– production et partage de connaissances (repères thématiques et métho-
dologiques, études/capitalisations, appui à l’évaluation des projets, etc.).

L’AFD
Depuis 2007, 28 accords de partenariat entre l’AFD et des collectivités
territoriales françaises ou leurs associations ont été signés dont 9 avec des
communes, 8 avec des régions, 4 avec des communautés urbaines. Ces
partenariats se traduisent par un portefeuille nourri d’opérations :
– plus de dix projets qui impliquent dès leur conception des collectivités
françaises. Les fonds de l’AFD permettent par exemple de financer des
missions d’expertise d’agents territoriaux (français et du sud). Au total, plus
de 3 millions d’euros de l’AFD ont ainsi été mobilisés ;
– près de quarante « projets parallèles » : appui d’une collectivité française
à une collectivité d’un PVD (formation des cadres territoriaux, réalisation
de petits investissements…) parallèlement à un financement de l’AFD
contribuant ainsi à renforcer l’impact des deux interventions coordonnées.
La période récente est marquée par une intensification des relations
avec les collectivités territoriales, du fait de la mise en place en 2014
de la facilité de financement des collectivités françaises (FICOL),
par laquelle l’AFD finance des initiatives portées par des collectivités.
Dans un souci de complémentarité avec les instruments de la DAECT,
la Facilité promeut prioritairement les projets comprenant une compo-
sante d’investissement « physique ». En 2014 et 2015, l’AFD a financé 6

1 France Volontaires est membre fondateur du GIP Agence du Service civique et est présent dans 24
pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique/Caraïbes, du Pacifique à travers un réseau d’espaces volontariats.
Contact : www.france-volontaire.org

94 Diplomatie et territoires
Un dispositif institutionnel national multiforme

opérations, pour un montant total de 2,7 millions d’euros au Bénin, au


Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, et à Madagascar. Pour 2016, l’AFD
a présélectionné 8 projets, dont 4 portés par des collectivités d’outre-
mer, pour un montant total de projets avoisinant les 7 millions d’euros.
L’AFD intensifie aujourd’hui ses relations avec les collectivités françaises,
métropolitaines et d’outre-mer, pour appuyer leur AECT sur l’ensemble
des pays en voie de développement, dans le respect des orientations de
la CNCD dont l’AFD est membre.
La coopération de l’AFD avec les collectivités françaises répond aussi à
un triple objectif :
– se nourrir d’expériences concrètes développées sur le territoire français
et donner ainsi un ancrage territorial à l’action de l’agence ;
– mieux connaître l’étendue des expertises présentes dans les territoires,
pour mieux les promouvoir à l’international ;
– se rapprocher des citoyens français pour expliquer la mission de lutte
contre la pauvreté et de promotion du développement durable qui est
dévolue à l’agence.
Le rapprochement avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) devrait
permettre un renforcement de l’ancrage territorial de l’AFD. Sur ce point,
les synergies potentielles entre les deux groupes sont fortes. La CDC peut
faire bénéficier l’AFD de son réseau en France et de sa connaissance fine
des collectivités locales françaises pour améliorer l’ancrage territorial de
l’opérateur, tandis que l’AFD peut mobiliser son réseau international et sa
compréhension des environnements des pays du Sud pour accompagner
la projection internationale des collectivités.

Expertise France
Expertise France est l’agence française d’expertise technique internationale,
issue de la réforme du dispositif français de coopération technique. Son
action vise à renforcer les capacités de ses partenaires nationaux ou locaux
étrangers à définir, piloter et mettre en œuvre des politiques publiques
adaptées aux besoins des populations. Cette action se caractérise par un
appui aux administrations, mais également à tout autre acteur qui participe
à la mise en œuvre de ces politiques : institutions publiques, parlement,
société civile, secteur privé. L’agence inscrit son action pleinement dans
le nouvel agenda international 2015-2030 et les ODD.
Elle intervient en particulier dans les domaines de la gouvernance démo-
cratique, économique et financière, de la lutte contre le dérèglement
climatique et du développement urbain, d’une agriculture respectueuse
de l’environnement, de la santé, de la protection sociale et de l’emploi,
ainsi que de la stabilisation des pays fragiles ou en crise et de la sécurité.
Le travail avec les collectivités constitue pour Expertise France un axe
de développement important, à travers, d’une part, les experts gérés

Diplomatie et territoires 95
Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

pour le compte de collectivités territoriales françaises 1 (codirection de


structures issues de la coopération décentralisée, appui technique aux
municipalités partenaires, appui multisectoriel pour le suivi d’accords de
coopération), et, d’autre part, des partenariats avec des institutions, telles
que le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), l’ARF
(projet d’élaboration d’une convention), ou encore le Syndicat national des
secrétaires et directeurs généraux des collectivités territoriales. L’agence
apporte son appui aux collectivités, en organisant des visites d’étude de
collectivités d’États étrangers auprès de collectivités territoriales françaises
pour le partage d’expériences et de bonnes pratiques, ou en proposant un
accompagnement technique et institutionnel pour des projets complexes,
notamment en matière de montage et de mise en œuvre, dans le cadre
de dispositifs tels que le « 1 % déchets » par exemple.

Atout France
Atout France, l’agence nationale de développement du tourisme, est
l’opérateur de l’État en charge du tourisme. Constitué sous forme d’un
groupement d’intérêt économique (GIE), il associe les acteurs publics et
privés du tourisme (1250 adhérents). À ce titre, il participe au pilotage
d’une politique publique coordonnée et efficace au sein et au service des
territoires (168 diagnostics territoriaux, assistance aux montages de projet,
500 campagnes de communication). De par sa présence à l’étranger et par
les missions qui lui sont confiées par l’État et par les collectivités territoriales,
le mode d’organisation unique d’Atout France est gage d’efficacité car il
permet de mobiliser les moyens affectés à la mise en œuvre des politiques
publiques locales ou nationales, d’impliquer toutes les parties prenantes
et de projeter l’offre française à l’international.

L’Institut français
L’Institut français a signé des conventions de partenariat avec 24 collectivités
françaises (grandes villes ou métropoles et conseils régionaux) permettant le
cofinancement de projets artistiques et culturels portés par des opérateurs
et structures des CT pour un montant total de 2 millions d’euros chaque
année, tous pays confondus.

1 Région Ile-de-France : 4 ETI (Hanoi, Santiago du Chili, Sao Paulo, et Port-au-Prince/Gonaïves) ; Région
Auvergne-Rhône-Alpes : 1ETI à Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam ; Région Aquitaine Limousin Poitou-Cha-
rentes : 1 ETI à Lao Cai, Vietnam ; département de l’Essonne : 1 ETI à Wuhan, Chine.

96 Diplomatie et territoires
Un dispositif institutionnel national multiforme

Les conseillers diplomatiques


auprès des préfets de région

Au terme de la convention du 25 août 2015 entre le ministre des Affaires


étrangères et du Développement international et le ministre de l’Intérieur,
il a été convenu de placer en 2016 un conseiller diplomatique auprès
des préfets de région, ces derniers ayant pour vocation d’« assurer le lien
avec les territoires en apportant l’information et le soutien du réseau à
l’étranger ». Il est en outre prévu que ce conseil traite « de l’ensemble des
enjeux intéressant [les] deux ministères : du développement international
des territoires, notamment économique, et de la coopération décentra-
lisée ou transfrontalière à la circulation des personnes et à la lutte contre
l’immigration irrégulière […] ».
L’esprit de la loi NOTRe étant celui de la coordination, il appartiendra aux
acteurs locaux, en particulier les conseils régionaux et les métropoles de
solliciter ces conseillers diplomatiques à l’appui de leur stratégie inter-
nationale. C’est le sens de la lettre envoyée par le ministre des Affaires
étrangères et du Développement international aux présidents de conseils
régionaux en février 2016 (voir « Annexe 3 », p. 151), signalant le souhait
de l’État de soutenir les collectivités territoriales dans leurs démarches
d’internationalisation.
S’agissant de l’Outre-mer, il est à noter qu’un conseiller diplomatique
auprès du préfet de La Réunion et qu’un autre auprès du gouvernement
de Nouvelle-Calédonie préexistaient au nouveau dispositif. Par ailleurs,
trois ambassadeurs sont placés au sein du ministère des Outre-mer et
chargés du suivi des relations internationales au sein des trois « zones »
Antilles-Caraïbes, océan Indien et océan Pacifique. Enfin, une conférence
de coopération régionale rassemble annuellement tous les acteurs engagés
à l’international de la zone Antilles-Guyane d’une part et océan Indien
d’autre part.

Diplomatie et territoires 97
Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

Les services déconcentrés de l’État


dans les territoires

Le décret portant Charte de la déconcentration du 6 mai 2015 a introduit


le principe de modularité : l’État administre désormais les territoires dans
« une relation de proximité avec les Français, pour s’adapter à leur réalité,
qui n’est pas identique en tout point du pays ». L’approfondissement de la
déconcentration auquel il vise s’articule autour de quatre axes :
– 1. une définition générale de la déconcentration, qui vise à une action
coordonnée de l’ensemble des administrations civiles et établissements
publics de l’État, afin de renforcer la capacité de l’État à agir efficacement
sur les territoires en unifiant son action ;
– 2. la reconnaissance de l’initiative au niveau local, et la nécessité pour
les administrations centrales d’adapter leurs modes de fonctionnement
aux enjeux de l’administration déconcentrée. Cela peut autoriser des
organisations différentes selon les territoires, en fonction des réalités locales
(principe de modularité) ;
– 3. l’affirmation de principes opérationnels : parmi ceux-ci figurent
l’obligation faite aux administrations centrales d’adresser aux services des
objectifs non plus annuels mais pluriannuels, hiérarchisés et coordonnés, de
limiter le nombre de circulaires, d’instaurer des études d’impact préalables
à l’édiction de textes prescriptifs pour les services, de mettre en œuvre
un principe de déconcentration budgétaire, et un principe de déconcen-
tration en matière de ressources humaines et enfin de mettre en œuvre
les mutualisations utiles à un meilleur fonctionnement des services et des
établissements publics de l’État disposant d’une implantation territoriale ;
– 4. la création de dispositifs pratiques permettant de s’assurer du respect
des principes énoncés. Une nouvelle instance de gouvernance et de
dialogue entre administrations centrales et chefs de services déconcentrés,
la Conférence nationale de l’administration territoriale de l’État (CNATE), a
été créée à cette fin. Présidée par le secrétaire général du Gouvernement,
elle comprend les secrétaires généraux des ministères, les préfets de région,
un recteur, un directeur régional des finances publiques et un directeur
général d’agence régionale de santé. Elle veille à la bonne application
de la charte et est saisie, notamment par les préfets de région, de toute
proposition d’adaptation et de projets de mutualisation.

Le rôle des conseillers internationaux


de la DG Trésor en DIRECCTE
Les conseillers internationaux de la DG Trésor au sein du pôle 3E en
DIRECCTE contribuent, en coordination avec les autres acteurs de l’export,
aux objectifs d’accompagnement à l’international des PME et ETI et de

98 Diplomatie et territoires
Un dispositif institutionnel national multiforme

progression des décisions d’implantations d’entreprises étrangères sur


notre territoire.
La mission de conseil à l’international du réseau de la DG Trésor dans les
DIRECCTE est renforcée par la « directive nationale d’orientation (DNO)
des DIRECCTE 2016-2017 » signée par le ministre des Finances et comptes
publics, la ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle
et du Dialogue social et le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du
Numérique le 2 décembre 2015. Cette directive énonce en effet deux
grandes priorités qui devront être au cœur de l’activité des conseillers
internationaux :
– l’internationalisation des entreprises : i) les capacités d’accompagnement des
entreprises exportatrices doivent être renforcées, en lien étroit avec les conseils
régionaux et leurs outils d’aide à l’internationalisation des entreprises ; la DNO
énonce ainsi que les DIRECCTE doivent maintenir un contact permanent
avec les entreprises exportatrices ou souhaitant développer leurs activités à
l’international ; elles doivent s’attacher à leur fournir des informations sur les
réglementations et pratiques relatives à l’accès aux marchés des pays-cibles,
sur les stratégies de développement et les filières prioritaires, ainsi que sur
les outils d’aide à l’exportation ; en matière d’accès au marché, elles signalent
aux directions d’administration centrale les difficultés rencontrées par les
entreprises. ii) les DIRECCTE coordonnent les partenaires locaux (Business
France, Bpifrance, ADEME, COFACE, chambres de commerce et d’industrie,
conseillers du commerce extérieur, etc.) ;
– la promotion de l’attractivité du territoire, en lien avec Business France.
La DNO rappelle par ailleurs la nécessité pour les DIRECCTE de mettre
leur expertise « export » au service des différents acteurs régionaux – en
particulier les conseils régionaux – afin de consolider la cohérence entre
la politique du commerce extérieur de l’État et la mise en œuvre des axes
stratégiques définis dans les Plans régionaux pour l’internationalisation
des entreprises (PRIE).
La circulaire du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique aux
préfets de région en date du 19 avril 2016 relative à l’élaboration par les
conseils régionaux des Schémas régionaux de développement économique,
d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) rappelle l’action de l’État en
région, structurée autour trois axes : décliner les politiques nationales en
faveur du développement de la compétitivité, accompagner les projets
d’investissement structurants et les entreprises en difficulté, connaître le
tissu économique local.
L’État intervient également pour le domaine du développement économique
des territoires et pour la conquête de nouveaux marchés à l’export par
ses opérateurs comme Bpifrance ou Business France, ou via les chambres
consulaires, dont il exerce la tutelle. Les collectivités territoriales peuvent
ainsi tirer parti du dispositif de l’État et, lorsqu’elles l’estiment opportun,
s’adosser à ses services et à son réseau étranger pour la mise en œuvre
de leur stratégie d’internationalisation, tant dans les domaines de l’export
que de l’attractivité.

Diplomatie et territoires 99
Chapitre II

L’action extérieure des


collectivités territoriales
bénéficie également
d’un soutien européen
important

Diplomatie et territoires 101


L’action extérieure des collectivités territoriales

La Commission européenne
a progressivement renforcé
son appui à l’action extérieure des
collectivités locales européennes

La communication de la Commission européenne du 15 mai 2013 (« Accorder


une autonomie accrue aux autorités locales dans les pays partenaires pour
une meilleure gouvernance et des résultats plus concrets en matière de
développement ») renouvelle l’engagement de l’UE en matière d’appui
aux processus de décentralisation et reconnaît le rôle des autorités locales
en matière de développement. Elle valorise l’approche territoriale du
développement (TALD) qui cherche à promouvoir un développement
endogène, « de la base vers le haut », piloté par les acteurs des territoires,
et qui place les autorités locales au centre de ce dispositif.
La ligne thématique « Organisations de la société civile et autori-
tés locales » (OSC-AL, instrument de coopération au développement),
dotée de 1,9 milliard d’euros pour 2014-2020, consacre 450 millions
à l’appui aux collectivités des pays en développement. Celles-ci sont
financées directement (« priorité 1 : appui pays, renforcement des AL
aux processus de développement et de gouvernance ») ou soutenues par
le biais de leurs associations (« priorité 2 : renforcement des réseaux au
niveau régional, européen et mondial »). C’est principalement à travers
l’appui-pays (financements administrés par les délégations de l’UE) que
sont soutenues des actions de coopération décentralisée. Celles-ci
doivent entre autres permettre de renforcer les capacités des autorités
locales des pays partenaires, favoriser l’échange d’expertise et la construc-
tion de partenariats de long terme.
En janvier 2015, la Commission a signé 5 partenariats stratégiques avec
des associations internationales de collectivités territoriales (CGLU, CGLU-
A, CLGF, Platforma-CCRE et l’AIMF) qui témoignent de son engagement
en faveur d’un dialogue soutenu avec les plateformes d’autorités locales
tant au niveau politique (par exemple sur la mise en œuvre des objectifs
du développement durable au niveau local) qu’opérationnel (sur la mise
en œuvre du programme thématique OSC-AL). Ces cinq organisations
bénéficient de financements dédiés pour une durée de trois ans.
Le programme « Éducation au développement et sensibilisation » (DEAR,
priorité 3 de la ligne OSC-AL) vise pour sa part à encourager les partenariats
entre collectivités territoriales des États membres de l'UE et la société civile
sur la sensibilisation des citoyens européens au thème du développement
des PVD et leur mobilisation sur les enjeux globaux (par exemple la lutte

Diplomatie et territoires 103


Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

contre le changement climatique). En 2013, cet appel à propositions a


permis de financer 7 projets portés par des autorités locales européennes.
Outre le programme OSC-AL, d’autres sources de financement peuvent
être mobilisées, de manière plus ponctuelle et plus spécifique, par d’autres
lignes thématiques (« Défis et biens publics mondiaux », Instrument de
coopération au développement) et à travers les programmes bilatéraux
(Fonds européen de développement, Instrument de coopération au déve-
loppement géographique, Instrument européen de voisinage). Des appels
à propositions dédiés à la coopération décentralisée peuvent être lancés
par la Commission ou ses délégations dans les PED, par exemple dans
le cadre d’appui à la décentralisation. Cela reste toutefois encore assez
marginal dans la mesure où ces programmes visent avant tout un appui
aux politiques nationales (voir « Annexe 10 », p. 182).
À noter aussi l’existence de fonds financiers au sein de l’UE gérés par
une agence de l'UE qui peuvent permettre le développement de l’action
extérieure des collectivités territoriales tels que Erasmus + (les mobilités
européennes individuelles, la coopération en éducation et en formation,
ainsi que le soutien à la réforme des politiques publiques dans les secteurs
de l’éducation et de la formation), l’Europe pour les citoyens (promotion
de la citoyenneté européenne), Europe créative (promotion de la diversité
culturelle et linguistique de l’Europe) et le Volontariat de l’aide de l'UE.

104 Diplomatie et territoires


L’action extérieure des collectivités territoriales

Les régions ultrapériphériques


(RUP) et les pays et territoires
d’outre-mer (PTOM) français
bénéficient d’un soutien européen
adapté à leurs spécificités 1

Une attention particulière est portée sur les régions ultrapériphériques


(RUP) françaises (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion,
et Saint-Martin 2).
RUP et PTOM n’ont pas le même statut en droit européen : Les 9 RUP sont
des régions européennes à part entière et ont un statut reconnu aux articles
349 et 355.1 du TFUE. Les PTOM ne font pas juridiquement partie de l’UE
et le droit européen ne leur est pas applicable (sauf le régime d’association
annexé au Traité). Les PTOM ne font pas partie de la liste des pays ACP.
S’agissant des RUP, la Commission européenne définit une stratégie de
développement de l’ultrapériphérie dans les communications qu’elle adopte
régulièrement. Parmi les axes de développement de l’ultrapériphérie, il
convient de citer l’amélioration de l’insertion régionale des RUP (cohé-
rence des politiques européennes, articulation des instruments financiers
existants, etc.).
La politique de cohésion constitue un enjeu important pour les RUP françaises
qui bénéficient de près de 4 milliards d’euros de dotations, soit environ
27 % de l’enveloppe totale française, avec un taux de cofinancement plus
élevé que dans les régions métropolitaines (jusqu’à 85 % contre 60 %
ou 50 % en métropole). En outre, le statut de RUP ouvre la possibilité
de bénéficier d’un traitement différencié dans l’application du droit de

1 Voir aussi partie II- 4.1.


2 En France, ces régions sont les seules à faire partie des « régions les moins développées » selon
la typologie de la politique de cohésion européenne, le territoire métropolitain étant entièrement
recouvert par des régions « en transition » ou figurant parmi les « plus développées ». Avec les Açores,
les Canaries et Madère, les RUP sont structurées en « lobby » à Bruxelles, la région Guadeloupe en
assurant la présidence, levier supplémentaire d’influence pour la France. Distincts des RUP, les pays
et territoires d’outre-mer (PTOM) français (Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, les TAAF,
Wallis-et-Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon et Saint-Barthélemy) ne font juridiquement pas partie de
l’Union. Le droit de l’UE n’y est donc pas directement applicable, sauf transposition par l’État membre
et/ou le PTOM concerné. Ils font en revanche l’objet d’un régime spécial d’association. Les PTOM
ne bénéficient pas, contrairement aux RUP, des fonds structurels, mais d’une part de l’enveloppe du
Fonds européen de développement (FED) : 365 millions d’euros pour 2014-2020 pour l’ensemble des
PTOM de l’UE. Les PTOM peuvent aussi bénéficier des programmes thématiques de l’Instrument de
financement de la coopération au développement (ICD thématique – 7 milliards d’euros réservés pour
la période 2014-2020, Programme Biens publics mondiaux et Programme OSC/AL – « Organisations
de la société civile et les Autorités locales des pays partenaires »).

Diplomatie et territoires 105


Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

l’UE, afin de tenir compte de la réalité géographique de ces territoires,


considérée comme un handicap à leur développement 1. Il sera essentiel
de veiller à préserver le volume des financements européens en faveur
des RUP pour l’après-2020, dans un contexte de mise en concurrence
croissante des productions des RUP avec des États tiers (suppression des
quotas sucriers en 2017, conclusion d’accords de partenariat économique
avec les pays ACP). Par ailleurs, une coopération accrue entre les RUP et
leur environnement régional est recherchée en veillant à une meilleure
articulation des financements FEDER et FED.
L’harmonisation des modalités d’interventions du FED et du FEDER dans
une même zone géographique améliorerait l’accès des RUP à ces fonds
dans le contexte de projets mixant ces deux sources de financements et
favoriserait leur intégration régionale.
Enfin, la création, dans le cadre de la coopération territoriale, d’un instru-
ment financier commun aux RUP, aux PTOM et aux pays tiers permettant
de mener à bien les projets de coopération devrait être aussi envisagée.

1 Les RUP françaises bénéficient d’une allocation spécifique supplémentaire d’environ 0,44 milliard
d’euros au titre de la politique de cohésion. En outre, en matière de politique agricole, des mesures
ont été instaurées pour soutenir la production agricole des RUP et faciliter l’approvisionnement en
produits agricoles de ces territoires (programmes d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité
– POSEI), pour un montant d’environ 270 millions d’euros.

106 Diplomatie et territoires


L’action extérieure des collectivités territoriales

Les fonds européens structurels et


d’Investissement (FESI) et autres
financements européens

Toutes les politiques de l'UE ont pour objectif commun de favoriser la


croissance et l’emploi dans le cadre de la Stratégie Europe 2020, pour
faire face à la crise et aux défis européens. Cette stratégie européenne,
validée en 2010, vise une croissance « intelligente, durable et inclusive » et
fixe des objectifs en matière de recherche et développement, d’emploi,
d’éducation, de lutte contre la pauvreté ou encore de climat. Ces objectifs
sont mis en œuvre à travers un cadre financier pluriannuel défini pour les
États membres pour sept ans. Pour la période 2014-2020, celui-ci s’élève
à 960 milliards d’euros.
L’UE a par ailleurs développé un cadre de coopération territoriale euro-
péenne (CTE ou INTERREG) pour la mise en œuvre d’actions conjointes
et/ou d’échanges sur les politiques publiques entre des acteurs nationaux,
régionaux et locaux provenant de différents États membres. Ce cadre
bénéficie de 10,1 milliards d’euros pour la période 2014-2020 qui peuvent
être utilisés aussi bien pour des actions de coopération transfrontalière que
transnationale (à l’échelle plus large de grandes régions). La France est
déjà l’un des principaux bénéficiaires d’INTERREG, avec une participation
à 23 programmes pour une enveloppe totale de 1,1 milliard d’euros,
en forte augmentation par rapport à la programmation 2007-2013. Les
collectivités locales doivent continuer à être sensibilisées à ce programme
qui permet aussi bien de favoriser le dialogue entre collectivités que de
mettre en œuvre des projets concrets (ponts, hôpitaux transfrontaliers…).
L’État joue un rôle-clé dans la déclinaison du cadre européen au niveau
national, par le biais du Commissariat général à l’égalité des territoires,
doté d’un nouveau rôle de chef de file dans la coordination inter-fonds,
alors que le suivi des différents fonds était auparavant éclaté en fonction
des secteurs concernés (développement régional, social, développement
rural, pêche et affaires maritimes). Ce rôle renforcé en matière de coordi-
nation se matérialise par l’élaboration d’un « accord de partenariat » entre
chacun des États membres et la Commission européenne, qui définit les
grandes orientations nationales. Compte tenu de la volonté d’assurer une
appropriation de « l’accord de partenariat » par les territoires, celui-ci a été
adopté le 8 août 2014 à l’issue d’une concertation nationale associant aussi
bien l’ARF que les conseils régionaux et la société civile.
Les grands axes de l’accord de partenariat sont déclinés dans le cadre de
« programmes opérationnels » nationaux ou régionaux, qui définissent les
objectifs à atteindre et les priorités d’investissement. Dans la loi MAPTAM

Diplomatie et territoires 107


Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

du 27 janvier 2014, l’État a confié aux conseils régionaux la gestion de


la majorité des « programmes opérationnels » en France (ceux-ci étant
précédemment gérés par les préfectures). Les conseils régionaux deviennent
ainsi autorités de gestion à part entière, responsables de la mise en œuvre
du FEDER et d’une partie du FSE, ainsi que du FEADER.
Pour la France, environ 27 milliards d’euros sont alloués pour la période
2014-2020 pour mettre en œuvre ces trois politiques répartis selon les fonds :
– fonds européen de développement régional (FEDER)/Fonds social
européen (FEDER/FSE) : 15,5 milliards d’euros ;
– fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) :
11,4 milliards d’euros ;
– fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) :
588 millions d’euros.
Par rapport à la période de programmation 2007-2013, l’enveloppe allouée
pour les 4 fonds reste stable pour la période 2014-2020. Les FESI peuvent
permettre le développement d’action extérieure de collectivités entre États
membres (par exemple, programme LEADER du FEADER).
Si l’État joue donc désormais un rôle moins directif dans la mise en œuvre
des FESI, il continue à accompagner les régions, notamment par l’intermé-
diaire du CGET. Les conseillers diplomatiques auprès des préfets joueront
un rôle complémentaire de relai au plus près des réalités locales. Un travail
collaboratif entre État et régions a été engagé pour simplifier et améliorer
la qualité de la réglementation européenne. Un des principaux enjeux
sera d’aboutir rapidement à des mesures de simplification afin de faciliter
l’utilisation et l’accès des bénéficiaires potentiels aux FESI. Le nombre
toujours croissant de règlements, d’actes délégués et d’exécution est en
effet source de complexité, d’insécurité et d’erreurs dans l’utilisation des
FESI. La Commission a amorcé des travaux sur ce sujet avec la mise en
place d’un groupe d’experts à haut niveau sur la simplification qui doit
formuler des propositions d’ici 2017, pour être prises en compte lors de la
préparation de la programmation pour l’après 2020. En concertation avec
les régions, le gouvernement français a joué un rôle moteur sur ce sujet,
proposant des mesures concrètes plus ambitieuses et souhaitant les voir
adoptées et mises en œuvre dès la programmation en cours (2014-2020).
Au-delà des FESI, divers programmes européens exceptionnels peuvent
également être utilisés par les collectivités territoriales françaises. Dans
le cadre financier pluriannuel actuel (2014-2020), les collectivités peuvent
notamment utiliser, au service du développement de leur territoire, les
programmes suivants :
– le fonds européen d’investissements stratégique (FEIS) – dit « plan
Juncker » –, doté de 21 milliards d’euros et devant servir de levier pour des
investissements publics et privés d’un montant total de 315 milliards d’euros ;
– le mécanisme d’interconnexion en Europe (MIE) visant à soutenir des
projets structurants d’interconnexion en matière de transports ou d’énergie ;

108 Diplomatie et territoires


L’action extérieure des collectivités territoriales

– l’initiative européenne pour la jeunesse (IEJ) qui a pour objectif de lutter


contre le chômage des jeunes.
Les programmes suivants conduits par la Direction générale développement/
coopération :
– le programme « Afrique, Caraïbes et Pacifique » dans le cadre de la
politique d’aide au développement principalement financé par le FED
(Fonds européen de développement) ;
– le programme « Pays en phase de préadhésion » dans le cadre de la
politique d’élargissement, principalement financé par l’IAP (Instrument
d’aide à la préadhésion) qui concerne les pays suivants : Albanie, Bosnie-
Herzégovine, Ancienne république yougoslave de Macédoine, Islande,
Kosovo, Monténégro, Serbie et Turquie ;
– le programme « Voisinage » dans le cadre de la coopération trans-
frontalière et de la politique de voisinage, principalement financé par
l’IEV (Instrument européen de voisinage) qui concerne les pays suivants :
Algérie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Égypte, Géorgie, Israël, Jordanie,
Liban, Libye, Maroc, Moldavie , Palestine, Syrie (coopération suspendue),
Tunisieet Ukraine ;
– les programmes thématiques de la DG DEVCO (Environnement, Sécurité
alimentaire, etc.) ;
– les fonds financiers au sein de l’UE directement gérés par la Commission
européenne 1.
Les collectivités sont plus particulièrement concernées par les programmes
suivants :
– programme pour l’environnement et l’action pour le climat (LIFE) 2 ;
– programme pour l’emploi et l’innovation sociale (Easi) 3 ;
– les instruments financiers gérés par une agence de l'UE (les instruments
financiers présentés ici sont gérés par la Commission européenne via
l’Agence exécutive Éducation, Audiovisuel et Culture) ;
– Erasmus + 4 ;

1 Le site de la Commission européenne regroupe tous les appels à propositions des fonds qu’elle gère
directement à l’adresse suivante : ec.europa.eu/contracts_grants/grants_fr.htm. Attention toutefois,
cette page n’est pas toujours régulièrement actualisée.
2 LIFE est divisé en deux sous-programmes : Environnement qui a pour objectif de protéger l’environ-
nement et d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles et Action pour le climat qui vise à lutter
contre le changement climatique. Point national de contact : lifeplusfrance@developpement-durable.
gouv.fr. Les appels à propositions se trouvent à cette adresse : ec.europa.eu/environment/life/funding/
life2015/index.htm.
3 L’EaSI se décline en trois programmes : le volet PROGRESS pour la modernisation des politiques
sociales et de l’emploi, le volet EURES pour la mobilité professionnelle et le volet Microfinance et
entrepreneuriat social. Les appels à propositions se trouvent sur le site de la Commission européenne :
ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=629&langId=fr.
4 Erasmus+ se décline en 3 actions clés : les mobilités européennes individuelles, la coopération en
éducation et en formation, ainsi que le soutien à la réforme des politiques publiques dans les secteurs
de l’éducation et de la formation. Erasmus+ se décline en deux programmes « Éducation et Formation »
et « Jeunesse et sport ». Point national de contact pour le volet « Éducation et Formation » : Erasmus+
France Éducation Formation. Pour monter un projet : site de Penelope+. Point national de contact
pour le volet « Jeunesse et sport » et pour monter votre projet : INJEP.

Diplomatie et territoires 109


Partie III - AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LEUR ACTION EXTÉRIEURE

– l’Europe pour les citoyens 1 ;


– Europe Créative 2 ;
– Volontaires de l’aide de l'UE 3.

1 Le programme Europe pour les citoyens vise à permettre aux citoyens de mieux comprendre l’UE
et à promouvoir la citoyenneté européenne. Ce programme comporte trois volets : Mémoire euro-
péenne, Engagement démocratique et participation civique et Action horizontale. Les collectivités
sont principalement concernées par le volet Engagement démocratique et participation qui finance
des projets de jumelages et de réseaux de villes jumelées. Point national de contact : CIDEM. Les
appels à propositions se trouvent à cette adresse : http://eacea.ec.europa.eu/europe-for-citizens/
funding_en.
2 Europe Créative subventionne des projets visant à préserver la diversité culturelle et linguistique de
l’Europe, et à renforcer la compétitivité des secteurs de la culture et de la création. Le programme
se compose de 3 volets distincts : Culture, Média et Soutien à l’entrepreneuriat. Les collectivités sont
principalement concernées par le volet Culture. Lien pour les appels à propositions : http://eacea.
ec.europa.eu/europe-creative/financement_fr.
3 Le corps des Volontaires de l’aide de l’UE est encore un projet. Celui-ci visera à contribuer, à augmenter
et à améliorer la capacité de l’Union à fournir une aide humanitaire. Les appels à propositions sont à
cette adresse : https://eacea.ec.europa.eu/eu-aid-volunteers/funding/eacea-252015-deployment_en.
Point national de contact : France Volontaires.

110 Diplomatie et territoires


Partie IV

21 PROPOSITIONS
POUR AMÉLIORER
LA COOPÉRATION
ENTRE L’ÉTAT ET LES
COLLECTIVITÉS EN
MATIÈRE D’ACTION
EXTÉRIEURE
1. Développer
une nouvelle offre
de services proposés
aux collectivités

Diplomatie et territoires 113


1. Développer une nouvelle offre de services

Proposition 1 – Connecter
les collectivités territoriales
et le réseau du MAEDI
et ses opérateurs

Habiliter les conseillers diplomatiques auprès des préfets de régions


à renforcer le partenariat entre l’État et les collectivités de leur région
de rattachement. Un conseiller diplomatique sera affecté dans la région
Antilles-Guyane pour compléter le dispositif prévu.
Habiliter les Correspondants pour la coopération décentralisée dans
chaque poste diplomatique à assurer le suivi et l’interface des CT françaises
pour leurs interventions, en liaison avec la DAECT.
Associer les CT françaises intervenant dans les PVD à l’élaboration des DCP.
Ouvrir le portail Diplomatie à des représentants habilités des collectivités
sur des domaines comme le tourisme ou la protection du patrimoine local,
par exemple. Géographiquement, une « communauté » par région pourrait
être créée.
Élaborer un guide pour l’action extérieure des collectivités territoriales
répertoriant l’ensemble de leurs points de contact dans le réseau diploma-
tique et en région (y compris les opérateurs), les financements et autres
services que peuvent leur apporter l’État et ses opérateurs.

Diplomatie et territoires 115


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 2 – Renforcer
le soutien de Business France
à l’export des entreprises et
à l’attractivité des territoires,
en partenariat avec les Conseils
régionaux

Accroître la collaboration entre Business France et les


collectivités territoriales
Business France proposera des collaborations sur mesure aux CT, en
respectant l’équité des territoires et les règles de la concurrence.
L’agence conseillera aussi les CT dans la définition de leur stratégie et la
promotion de l’export et de l’attractivité du territoire.
L’opérateur accroîtra également la coordination de ses actions en région
avec les préfets/RUI/CRP et les CCFR et s’appuiera sur les directeurs et
délégués régionaux de Business France. Il veillera à une meilleure articulation
entre BF/conseils régionaux/ métropoles/intercommunalités sur les projets
d’investissements étrangers.

Mettre à la disposition des territoires le Programme


France Export
Business France aidera les CT à s’approprier le Programme France Export,
agenda unique de l’exportateur en matière d’opérations collectives (pavillons
français sur les grands salons internationaux, rencontres « BtoB » sur des
secteurs à potentiel pour l’offre française) qu’elles pourront promouvoir (et
faire promouvoir aux opérateurs locaux) auprès de toutes les entreprises de
leur territoire. Elles dégageront ainsi des moyens ciblés pour organiser une
aide spécifique à des entreprises, filières, pôles et clusters ou tout projet
d’intérêt strictement local, dans le cadre de programmes personnalisés.

En matière d’investissements étrangers, assurer


une chaîne de prospection et d’accompagnement
à tous les niveaux
Business France aidera les collectivités à assurer l’existence d’une chaîne
de prospection et d’accompagnement des investisseurs internationaux

116 Diplomatie et territoires


1. Développer une nouvelle offre de services

aussi efficace que possible, grâce à la présence d’acteurs intraterritoriaux


bien organisés et coordonnés de façon fluide et efficace par les conseils
régionaux ou leurs opérateurs en charge de l’attractivité.
En complément des informations sur les questions juridiques, Business
France aidera les collectivités à : (i) renforcer leurs services d’accueil
des talents internationaux ; (ii) élaborer des argumentaires sur les sites et
atouts des régions pour les investisseurs ; (iii) élaborer une politique d’offre
(à partir de projets d’infrastructures, d’aménagements, d’équipements ou
d’immobilier, à l’instar du Grand Paris, Canal Seine Nord…) susceptibles de
focaliser l’intérêt des investisseurs internationaux, physiques ou financiers.

Soutenir la promotion des collectivités territoriales


à l’étranger
Les territoires pourraient créer des labels propres à chacun d’entre eux ou
encore des plateformes de discours valorisant des exemples concrets de
l’économie régionale. Les ambassades pourraient donner de la visibilité à
ces labels et plateformes sur leurs outils de communication.

Améliorer la collaboration avec les acteurs locaux,


notamment à l’occasion des visites d’entreprises
La collaboration avec les acteurs locaux pourrait être améliorée à l’occasion
des visites d’entreprises organisées par les opérateurs. Ces exercices
portent sur un programme d’entretiens in situ piloté par la DGE (de 300 à
400 visites par an pour une ancienne région, 1 000 pour l’Ile-de-France.
Les entreprises suivies sont celles qui présentent les meilleurs potentiels de
développement ou, au contraire, les plus fragiles d’entre elles, ce qui permet
d’envisager des actions offensives autant que défensives, avec pour cible :
(i) les IDE implantés dont il conviendrait de stimuler le développement ; (ii)
les entreprises au potentiel export à stimuler ; (iii) les entreprises locales
susceptibles d’avoir des besoins de financement étranger. De manière
générale, tant les services de l’État en région que l’opérateur doivent
apprendre à communiquer, afin d’identifier, le plus en amont possible,
les entreprises connaissant des difficultés, voire leur trouver un éventuel
repreneur, plus en amont qu’actuellement. La transmission des données de
terrain au réseau international de Business France pourrait ainsi permettre
de travailler à la recherche d’investisseurs dans le cadre de successions ou
d’entreprises en manque de liquidité.

Diplomatie et territoires 117


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 3 – Renforcer le rôle


des collectivités dans le domaine
de l’attractivité touristique
avec le soutien d’Atout France
et du réseau diplomatique

Optimiser la promotion touristique des territoires à


l’extérieur
Cet axe de travail fera l’objet d’une table ronde spécifique lors de la
Conférence annuelle du tourisme fin 2016. Elle donnera lieu également à
un examen général des relations entre l’État et les territoires pour, d’une
part, étudier le soutien que l’État peut apporter à la structuration de
l’offre de produits touristiques destinée à une clientèle internationale et,
d’autre part, orienter les investissements vers des projets hôteliers et/ou
d’infrastructures touristiques réparties sur l’ensemble du territoire.

Aider les collectivités à mieux connaître et anticiper


les flux actuels et futurs des touristes pour adapter et
renforcer la connectivité des territoires
La création d’un observatoire des flux touristiques pour tous les modes
de transports (routier, ferroviaire, maritime et aérien) a été annoncée lors
de la Semaine des ambassadeurs par le MAEDI et le MEEM. Il permettra
notamment la réalisation d’une étude sur les flux des touristes étrangers
en provenance des pays stratégiques sur l’ensemble du territoire.

Mobiliser le réseau diplomatique pour soutenir et


encourager l’ouverture de nouvelles liaisons aériennes et
ferroviaires
En tenant compte des études menées par l’observatoire des flux touristiques,
le réseau diplomatique conduira une veille stratégique permettant d’iden-
tifier les opportunités et les besoins nouveaux en termes de connectivité
entre les pays émetteurs stratégiques et les territoires. Les correspondants
tourisme désignés dans tous les postes assureront le suivi des projets et
des acteurs du secteur susceptibles de soutenir l’ouverture de nouvelles
liaisons vers la France.

118 Diplomatie et territoires


1. Développer une nouvelle offre de services

Proposition 4 – Renforcer
l’ancrage territorial de l’AFD et
accroître son soutien aux projets
d’investissement des coopérations
décentralisées

Le rapprochement de l’AFD avec la Caisse des dépôts et consignations


(CDC) a pour ambition de maximiser les synergies entre le réseau inter-
national de l’AFD et le réseau territorial de la CDC. Celui-ci permettra à
l’AFD d’améliorer son offre de financement du secteur public local au Sud
en s’appuyant sur l’expérience de la CDC en ingénierie financière auprès
des collectivités locales françaises et en mettant en place un programme
de renforcement de la gouvernance et des capacités d’investissement
des collectivités locales du Sud visant à appuyer les maîtrises d’ouvrage
locales et à renforcer leur autonomie financière.
L’ancrage territorial de l’AFD est un des objectifs recherchés par le rappro-
chement de l’AFD avec le groupe CDC, qui sera précisé dans le cadre de
la convention qui liera les deux établissements publics.
L’AFD tirera parti de la force du réseau de la CDC en renforçant les relations
avec les directions régionales de la CDC et en multipliant les occasions
d’aller à la rencontre des acteurs des territoires. Cet élan de l’AFD soutenu
par le réseau de la CDC garantirait :
– une fonction de plaidoyer sur l’APD, sur le rôle de l’AFD, sur l’action
extérieure et plus généralement la solidarité internationale ;
– une connaissance plus fine des acteurs territoriaux impliqués dans le déve-
loppement (entreprises, collectivités, opérateurs de formation, universités,
CHU, chambres consulaires, clusters, pôles de compétitivité, ONG, etc.) ;
– la diffusion d’informations sur les opportunités d’affaires générées par
l’activité de financeur du développement de l’Agence et le rapprochement
avec le tissu économique local (en partenariat avec les agences régionales
de BPI France).
En outre, le lien plus étroit avec les collectivités territoriales françaises
pourra prendre la forme d’échanges de personnel entre l’AFD et ces
grandes collectivités.
Le savoir-faire de l’AFD et de la CDC réunies permettra donc d’appuyer les
collectivités françaises dans la montée en gamme de leurs coopérations
internationales, notamment à travers :

Diplomatie et territoires 119


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

– le soutien technique à la construction de projets de plus grande envergure,


émanant du territoire tout entier (la collectivité mobilisant les expertises
de son territoire) ;
– une orientation plus marquée des collectivités vers des territoires nouveaux
de coopération (comme les pays à revenus intermédiaires) et/ou vers la
coopération régionale dans les collectivités d’outre-mer ;
– l’appui à la projection de l’expertise des collectivités françaises en matière
de gouvernance locale à l’international (fiscalité locale, cadastre…).

120 Diplomatie et territoires


1. Développer une nouvelle offre de services

Proposition 5 – Mieux
accompagner la valorisation
de l’expertise des collectivités
territoriales

La promotion de l’expertise des CT exige qu’elles s’organisent pour identifier


leurs ressources d’expertise : ressources techniques, ressources disponibles
selon les modalités souhaitées par les bailleurs, ressources en langues et
ressources adaptables au contexte local.
Pour répondre à des appels d’offres importants, impliquant la mobilisation
d’une équipe nombreuse, pluridisciplinaire et la mise en place de procédures
de mobilisation et de gestion efficace et de suivi-évaluation, correspondant
aux attentes des bailleurs, la valorisation de l’expertise peut être assurée
par Expertise France et ainsi poser les bases d’un partenariat permanent.
Les collectivités territoriales françaises seront prochainement associées à
la réflexion sur la mobilisation et la projection de l’expertise technique
internationale ; elles seront représentées au sein du comité d’orientation
relatif au développement de l’expertise technique publique et privée 1.

1 Le comité d’orientation a pour mission de conseiller le gouvernement sur les priorités géographiques et
thématiques de l’expertise technique française, évaluer l’adéquation de l’offre française à la demande
internationale et à la stratégie des organisations multilatérales, et à formuler, le cas échéant, des
propositions d’amélioration de cette offre et du dispositif d’accompagnement.

Diplomatie et territoires 121


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 6 – Mieux connaître


et dynamiser les flux d’étudiants
pour renforcer l’influence de
l’enseignement français et
l’attractivité

Une étude approfondie et périodique par Campus France avec l’ARF


et France Urbaine sera lancée afin de mieux cartographier les efforts
respectifs des collectivités en matière d’attractivité des étudiants et des
chercheurs, comme de leur mobilité internationale.
La mobilité des étudiants d’outre-mer dans leur environnement régional
sera encouragée, dans le prolongement de l’annonce d’un « Erasmus
Caraïbes » faite par la ministre des Outre-mer lors de la dernière Conférence
de coopération régionale tenue à Cayenne les 31 mars et 1er avril 2016.
Avec une expérience forte d’un portefeuille de près de 34 000 mobilités par
an, en partenariat avec de nombreux mandants français ou étrangers, publics
ou privés, Campus France peut proposer aux CT une gestion de leurs
programmes de bourses, véritables leviers pour accroître leur attractivité
et ses effets directs ou différés sur leur développement économique.

122 Diplomatie et territoires


1. Développer une nouvelle offre de services

Proposition 7 – Accroître le soutien


de France Volontaires à la mobilité
internationale des jeunes dans le
cadre de l’action extérieure des
collectivités territoriales

France Volontaires veillera à développer les relations avec les associations


de collectivités territoriales et les RRMA afin d’inciter et d’accompagner les
CT pour une plus grande prise en compte de la mobilité et de l’engagement
volontaire à l’international dans leur action extérieure. France Volontaires
participera ainsi pleinement au travail de la commission mixte « jeunesse/
international » de l’ARF et du groupe « jeunesse » de CUF.
France Volontaires veillera à la mobilisation et à la coordination renforcée
des acteurs de la mobilité internationale des jeunes, notamment dans le
cadre de l’appui du MAEDI dans ce secteur (cf. l’appel à projets « Mobilité
internationale des jeunes » de la DAECT).
France Volontaires veillera aussi à accroître et à diversifier le nombre de
bénéficiaires, à renforcer les plus-values des expériences à l’international
dans les parcours des jeunes et à promouvoir l’accueil de jeunes étrangers
des CT partenaires, selon le principe de réciprocité.
Pour cela, France Volontaires établira, en concertation avec les associations
de CT, une meilleure définition des indicateurs permettant de quantifier
et suivre les engagements des collectivités territoriales en faveur de la
jeunesse dans le cadre de l’AECT (nombre et profil des jeunes bénéficiaires,
engagements financiers, etc.).

Diplomatie et territoires 123


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 8 – Définir une


véritable stratégie pour la
coopération transfrontalière

Développer une nouvelle stratégie cohérente associant


tous les acteurs concernés et renforçant la gouvernance
transfrontalière
La problématique transfrontalière sera inscrite de façon plus systéma-
tique dans la coopération politique et économique bilatérale avec nos
partenaires européens, en particulier à l’occasion des sommets annuels,
dans le cadre des forums économiques, etc.
Une stratégie transfrontalière globale, déclinée également par frontière,
visant des priorités claires à moyen et long termes et une mobilisation des
acteurs centraux et locaux sera établie afin de mieux orienter les travaux
des commissions bilatérales et le dialogue avec nos partenaires étrangers,
en étroite concertation avec les collectivités territoriales et administrations
techniques concernées.
Cette stratégie transfrontalière identifiera les projets structurants pour
chaque frontière pouvant permettre de renforcer la compétitivité et l’at-
tractivité des territoires. Les projets permettant de répondre aux besoins de
services quotidiens des populations transfrontalières et du développement
des territoires (transports publics, santé, éducation, formation, services à
l’emploi, culture, environnement, énergie ; économie ; recherche/innovation,
etc.) seront considérés avec une attention particulière.
L’ambassadeur pour les questions transfrontalières, la DAECT et les conseillers
diplomatiques auprès des préfets de régions frontalières devront intensifier
leur coordination avec les collectivités territoriales concernées et leurs
groupements, en liaison étroite avec les SGAR et la Mission opérationnelle
transfrontalière.
La diplomatie française aidera à la mise en œuvre des outils de dévelop-
pement territorial intégré transfrontalier (GECT, entre autres) proposés
par les règlements 2014-2020 de la politique de cohésion et à la résolution
des difficultés (voir « Annexe 9 », p. 179).

124 Diplomatie et territoires


1. Développer une nouvelle offre de services

S’appuyer sur les conseillers diplomatiques des préfets


de région
Les conseillers diplomatiques affectés auprès d’une région frontalière seront
particulièrement attentifs à :
– la bonne articulation des actions et projets soutenus dans le cadre des
programmes de coopération transfrontalière avec les programmes opéra-
tionnels régionaux ou interrégionaux, les CPER, les politiques nationales
ainsi qu’avec les stratégies macro-régionales ou de bassin maritime et avec
les actions et projets menés par les instances de gouvernance transfronta-
lière existantes (Eurorégions, GECT, etc.), notamment celles où l’État est
représenté, ainsi qu’avec les actions et projets menés avec les États voisins
dans le cadre des conférences intergouvernementales ;
– faciliter le lien entre les autres programmes ou politiques nationales,
dans un souci d’optimisation des résultats des programmes de coopération
transfrontalière ;
– mettre ces stratégies en cohérence avec les États voisins, en termes
notamment de coordination législative et réglementaire, d’observation
statistique, de planification et d’organisation des services au public. Cette
coordination s’exerce notamment dans le champ des dispositifs institués par
les lois MAPTAM et NOTRe (CTAP ; métropoles : schémas de coopération
transfrontalière ; régions : SRADDET, SRDE… ; départements : schémas de
services publics) ;
– faire le lien entre le réseau des services de l’État (préfets de département)
et l’ambassadeur de France dans le pays voisin. Ils devront également
participer à l’animation de la coopération transfrontalière sur chaque
frontière, en synergie avec les actions menées par les autorités nationales
et les autorités de gestion et s’impliquer par leur expertise dans le suivi
des projets de territoires transfrontaliers locaux.

Renforcer la Mission opérationnelle transfrontalière


(MOT)
La MOT (voir « Annexe 8 », p. 177) travaille étroitement, au niveau national,
avec le CGET, le ministère de l’Intérieur, le MAEDI (DUE et DAECT), le
ministère des Outre-mer, la CDC, ainsi qu’avec des réseaux nationaux
d’acteurs et des entreprises publiques.
Son rôle doit être renforcé pour 1. accroître les services offerts par ce
centre de ressource auprès de l’ensemble des acteurs ministériels centraux
et déconcentrés (veille, observation, formation, mise en réseau…) ; 2.
contribuer à la définition des stratégies et priorités définies par frontière,
en relation avec les préfets concernés ; 3. jouer un rôle d’appui au travail
intergouvernemental (observation transfrontalière, groupe sur les solutions
innovantes aux obstacles transfrontaliers lancé par le Luxembourg lors de
sa présidence 2015, avec l’appui de la France) ; 4. poursuivre sa mission
d’ingénierie de la coopération transfrontalière, à travers les missions qu’elle

Diplomatie et territoires 125


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

développe sur d’autres continents (Afrique, Amérique), pour des États, ou


des organisations régionales et internationales.

Mieux mobiliser l’ensemble des acteurs concernés


Au niveau de l’État, s’appuyant sur les coordinations par frontière et l’action
des conseillers diplomatiques en régions, la mise en place d’un comité de
pilotage interministériel de suivi des politiques transfrontalières, avec
l’appui de la MOT, améliorerait la coordination des administrations centrales
compétentes (via un référent transfrontalier désigné dans chaque ministère)
avec les outils de prospectives et de suivi (outre le CGET) dépendant
directement du Premier ministre (Commissariat général à l’investissement,
France Stratégie…).
D’autres ambassades pourraient s’inspirer de la coordination organisée par
l’ambassade de France en Espagne et Andorre avec les préfets frontaliers
ainsi que les collectivités et les entités impliquées dans la coopération
transfrontalière franco-espagnole, pour renforcer la coopération avec l’Italie,
Monaco, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse ou encore le
Royaume-Uni et les pays voisins des collectivités d’outre-mer.

126 Diplomatie et territoires


1. Développer une nouvelle offre de services

Proposition 9 – Accompagner
l’adhésion des collectivités d’outre-
mer aux organisations régionales

Antilles– Guyane
La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ont présenté leur candidature
auprès de la CARICOM pour une adhésion sous le statut de membre associé,
en leur nom propre. Le principe de cette adhésion a fait l’objet d’un large
consensus politique par les États membres. La Guadeloupe poursuit par
ailleurs son processus d’adhésion à l’OECO et Saint-Martin est devenu
membre associé de l’AEC – concrétisé au Sommet de l’AEC à La Havane
en juin 2016 – et s’est également engagé dans un processus d’adhésion à
l’OECO. La Guyane a adressé dernièrement une demande d’adhésion à la
CEPALC. Son président a par ailleurs annoncé qu’il demanderait l’adhésion
à l’UNASUR.
Dans la perspective de ces prochaines adhésions, le MAEDI mènera une
réflexion sur cette nouvelle donne et sur le poids nouveau de la France dans
ces organisations. Un travail de coordination État/collectivités territoriales
sera nécessaire.

Pacifique
Afin d’encourager une bonne insertion régionale des collectivités, la diplo-
matie française soutient la demande de la Nouvelle-Calédonie et de la
Polynésie française de devenir membres à part entière du Forum des Îles
du Pacifique (FIP ; principale enceinte régionale de dialogue politique dont
elles sont membres associés) et celle de Wallis-et-Futuna (actuellement
observateur au FIP) de devenir membre associé de cette organisation. Ces
candidatures sont concertées avec les autorités françaises dans le respect
du statut spécifique de ces trois collectivités. Le MAEDI soutient également
la démarche de la Nouvelle-Calédonie qui souhaite devenir membre du
« groupe mélanésien fer de lance » (GMFL), organisation sous-régionale
dont le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) est membre.

Océan Indien
La France est membre depuis 1986, au titre de département de La Réunion,
de la Commission de l’océan Indien. Les délégations françaises dans les
différentes instances de cette organisation associent des élus ou des fonc-
tionnaires territoriaux de la Réunion avec lesquels les positions françaises

Diplomatie et territoires 127


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

sont définies et converties en amont. Des représentants élus de Mayotte


siègent également, aux côtés des représentants de l’État, dans les déléga-
tions françaises au conseil des ministres de la COI. Le MAEDI soutient par
ailleurs la demande de l’île de La Réunion, portée par le conseil régional,
d’obtenir un statut de membre associé au sein de l’Indian Ocean Rim
Association (IORA).

128 Diplomatie et territoires


2. Faciliter l’accès
aux financements
disponibles pour l’action
internationale des
collectivités territoriales

Diplomatie et territoires 129


2. Faciliter l’accès aux financements

Proposition 10 – Renforcer la
complémentarité DAECT – AFD

Il s’agit d’assurer une plus grande cohérence entre le financement des


études préalables et des actions de formation – du ressort de la DAECT –,
et le financement des investissements qui, jusqu’à la création de la FICOL
par l’AFD, étaient peu cofinancés dans les appels à projets du MAEDI.
L’harmonisation des critères 1 de financement, l’implication de l’AFD et la
DAECT dans leurs comités de décision respectifs et un échange renforcé
d’informations et de bonnes pratiques permettront d’assurer un continuum
entre le financement des études de faisabilité et/ou le renforcement de
capacités (DAECT) et le financement des investissements identifiés (AFD).
La DAECT continuera à soutenir les projets de coopération dans les pays
développés et dans les pays en développement, essentiellement pour des
cofinancements inférieurs à 200 000 euros, excluant le soutien au financement
d’infrastructures. Elle soutient par ailleurs les associations faîtières françaises
(CUF, AFCCRE, AMF, ADF, ARF, etc.), certaines associations thématiques
de collectivités et les réseaux régionaux multi-acteurs.
L’AFD pourra assurer le financement des projets d’infrastructure à partir de
200 000 euros dans les pays en voie de développement, la DAECT assurant
le financement des projets inférieurs à ce seuil (hors infrastructures).
Dans les pays à revenu intermédiaire, l’AFD continuera de soutenir (toujours
avec le même seuil financier) des partenariats stratégiques mettant en
dialogue les collectivités sur des enjeux d’intérêt commun (changement
climatique, transition énergétique, aménagement du territoire, formation
professionnelle, etc.), ou la préparation de projets d’envergure ayant voca-
tion à être financés, une fois à l’échelle, par les outils classiques de l’AFD.
Ces orientations nouvelles offriront une lisibilité améliorée au dispositif.
L’AFD s’appuiera ainsi sur un instrument financier unique et prévisible avec
un appel à projets annuel ouvert à toutes les collectivités françaises (FICOL)
et couvrant les secteurs et pays sur lesquels l’agence est compétente.

1 Il conviendra de veiller à ce que les CT qui envisagent de contribuer à un projet d’équipement dans
leur collectivité partenaire et qui souhaitent un cofinancement des études préalables par la DAECT
puissent formuler leurs dossiers de façon à ce que ceux-ci soient compatibles avec les règles et critères
de l’AFD, lui apportant ainsi une garantie pour la phase ultérieure d’investissement par la FICOL.

Diplomatie et territoires 131


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 11 – Améliorer l’accès


des collectivités territoriales
aux financements européens

Un plan d’action spécifique de la DAECT se mettra en place sur deux


volets, en lien avec la représentation permanente française auprès de l'UE :
– d’une part, pour alerter les collectivités, le plus en amont possible, sur
les futurs appels à proposition de la Commission européenne, afin que
celles-ci aient une plus grande capacité à se positionner et à construire
des partenariats avec d’autres collectivités européennes ;
– d’autre part, pour mieux former les cadres territoriaux en renforçant
leur capacité à répondre aux appels à proposition, comme le font avec
succès plusieurs autres pays européens 1 et les informer sur la diversité
des programmes susceptibles de cofinancer leurs projets, en particulier le
programme INTERREG.
Pour sa part, l’AFD explorera les possibilités d’obtenir de la Commission
une délégation de fonds européens en tant qu’organisme accrédité à
recevoir des fonds de l’aide européenne (fonds dédiés à l’action extérieure
des collectivités), qui viendraient abonder les sommes mises en œuvre par
l’agence au titre de son appui aux coopérations décentralisées dans les
pays du CAD.

1 Programme financé par la DAECT et mis en place par l’AFCCRE avec CUF, le CNFPT…

132 Diplomatie et territoires


2. Faciliter l’accès aux financements

Proposition 12 – Dans les


contextes de crise, renforcer
les capacités d’intervention
des collectivités territoriales

Pour parer aux difficultés que les collectivités éprouvent dans la poursuite
de leurs projets dans les pays dits « fragiles », le MAEDI, via le CDCS,
accompagnera les collectivités dans la pérennisation de leurs partenariats
en contexte de crise.
Grâce au FACECO, les collectivités sont en capacité de contribuer de
façon rapide et efficace à la réponse aux crises humanitaires de grande
ampleur. Le CDCS veillera à ce que les contributions des collectivités
puissent s’inscrire dans le cadre de projets pluriacteurs (associant l’État,
des ONG, et le secteur privé), favorisant la recherche d’effets de levier et
la transparence dans l’utilisation des fonds ainsi collectés.
Le CDCS permettra aux collectivités de bénéficier, via le fonds de stabilisa-
tion du CDCS, de procédures et conditions de financement assouplies, pour
apporter leur contribution à la reconstruction et à la relance des processus
de décentralisation, en étant à la fois pourvoyeuses et récipiendaires de
fonds dans le cadre de leurs interventions et en valorisant leur expertise
dans le cadre de projets ad hoc. Cette logique, encore novatrice dans
le champ de la coopération, traduit la volonté de la France d’accroître
l’implication des collectivités dans la réponse aux crises.

Diplomatie et territoires 133


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 13 – Dans le
domaine artistique et du débat
d’idées, accroître la capacité
de cofinancement de l’Institut
français pour des projets culturels
et artistiques qui pourraient
s’appuyer sur les mécanismes
de la coopération décentralisée

La DAECT pourrait cofinancer les projets culturels des CT françaises ayant


passé une convention avec l’IF, dès lors que ceux-ci s’inscriraient dans une
démarche de partenariats de coopération décentralisée. Cela permettrait
non seulement à l’IF d’accroître le volume de ces partenariats avec les CT
françaises, mais aussi d’améliorer la qualité des projets en encadrant ceux-ci
par les procédures éprouvées et collaboratives mises en place pour tous les
appels à projets de la Délégation. L’expérimentation d’un tel mécanisme
pourrait être faite dès 2016.

134 Diplomatie et territoires


3. Développer un nouveau
cadre institutionnel de
partenariat pour mieux
connecter les territoires,
le MAEDI et les
opérateurs internationaux

Diplomatie et territoires 135


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 14 – Poser un nouveau


cadre de partenariat avec les
associations de collectivités
territoriales

Les relations de travail avec les associations de CT (en particulier avec


l’Association française des conseils, communes et régions d’Europe (AFCCRE),
CUF, l’Association des régions de France (ARF), l’Assemblée des départe-
ments de France (ADF), l’Association des maires de France (AMF), France
Urbaine (Métropoles) et les principales associations thématiques 1 seront
davantage précisées dans le cadre de conventions d’objectifs annuelles
ou pluriannuelles.
S’agissant des conseils régionaux et des métropoles, une convention
entre le MAEDI et l’ARF d’une part et France Urbaine d’autre part, et /ou
individuellement avec chaque région ou métropole, permettrait de renforcer
les liens de coopération portant sur l’AECT.
Les partenariats sectoriels avec, notamment, le Centre national de la
formation professionnelle territoriale (CNFPT), la Mission opérationnelle
transfrontalière (MOT), la plateforme pluriacteurs nationale PS-eau, le
PNUD, l’ANVPAH, la FN-COFOR, la FNPR 2 pourront être encore renforcés.
S’agissant des accords commerciaux internationaux, les associations de
collectivités territoriales représentées à la CNCD seront consultées en
amont des négociations.
Par ailleurs, l’AFD développera un dialogue formalisé avec les collectivités
françaises et leurs grandes associations (ARF, France Urbaine ou encore
la Fédération des agences d’urbanisme (FNAU) et des parcs naturels). La
création d’un « Club des collectivités partenaires de l’AFD », qui s’est
réuni pour la première fois en mars 2016 (et à raison de trois à quatre fois
par an), permettra cette démarche de rapprochement dans le contexte
de l’élaboration des futurs schémas régionaux de développement écono-
mique, d’innovation et d’internationalisation par les conseils régionaux et
la promotion internationale de modèles de développement urbain durable
par les métropoles.

1 Association des villes portuaires de France (ANVPF) ; Association « Villes-Internet » ; Fédération des
agences de développement et des comités d’expansion économique (CNER) ; Association interna-
tionale des maires francophones (AIMF) ; Association internationale des régions francophones (AIRF) ;
Fédération des parcs naturels régionaux ; Association nationale des villes et pays d’art et d’histoire
et des Villes à secteurs sauvegardés et protégés (ANVPAH-SSP) ; Association des professionnels de
l’action européenne et internationale des collectivités territoriales – ARRICOD ; Réseau des grands
sites de France (RGSF) ; Association Internaitionale des villes portuaires (AIVP) ; Association nationale
des élus du littoral (ANEL).
2 Voir liste des abréviations en annexe.

136 Diplomatie et territoires


3. Développer un nouveau cadre institutionnel de partenariat

Proposition 15 – Renforcer
l’accompagnement des RRMA

Le MAEDI intensifiera son soutien et son accompagnement aux RRMA et


une convention triennale d’objectifs et de financement sera proposée à
chacun d’entre eux, afin que ceux-ci :
– se constituent en un seul réseau par région et qu’il en soit créés dans
les régions dans lesquelles il n’en existe pas ;
– regroupent réellement tous les acteurs de l’action internationale sur les
territoires de chacune des 17 régions. Certains RRMA incluent déjà le secteur
privé, les universités, les hôpitaux, les établissements d’enseignement, etc.,
ce qui est à encourager ;
– couvrent tous les types d’actions à l’international et non plus exclusive-
ment, comme c’est largement encore le cas aujourd’hui, l'APD dans les
pays en développement.

Diplomatie et territoires 137


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 16 – Renforcer les


échanges humains et les points
de contact entre le MAEDI
et les collectivités

Des échanges de cadres entre les collectivités et les directions et réseaux


du MAEDI seront mis en place afin de renforcer la compréhension mutuelle
et le travail en réseau.
Là où cela est possible, des antennes des collectivités territoriales à
l’étranger seront hébergées dans les postes ou dans les bureaux à l’étranger
des opérateurs, en fonction des priorités des CT (par exemple, Business
France pour les actions économiques).
Les correspondants pour la coopération décentralisée dans les postes
diplomatiques seront généralisés, coordonnés par la DAECT.

138 Diplomatie et territoires


3. Développer un nouveau cadre institutionnel de partenariat

Proposition 17 – Intensifier
l’échange d’information au
service de l’efficacité de l’action
extérieure des collectivités
territoriales

Les informations en ligne sur le site Internet de la CNCD seront moderni-


sées, simplifiées et actualisées plus régulièrement ; les CT seront davantage
incitées à renseigner l’« Atlas de la coopération décentralisée » 1, qui est la
source statistique et de politique publique centrale du dispositif.
Les réunions périodiques de tous les agents de représentation des
collectivités françaises présentes dans un pays autour de l’ambassadeur de
France seront systématisées et ces dernières seront associées au Conseil
d’influence du poste.
La communication auprès de la société civile (citoyens et entreprises) sur
l’action extérieure des collectivités territoriales sera renforcée, notamment
grâce à des supports numériques et des manifestations (exemple : la Lettre
d’information de la CNCD), par la direction de la communication et de la
presse du MAEDI et ses outils (notamment le site France-Diplomatie, site
public français le plus visité).

1 pastel.diplomatie.gouv.fr/cncdext/dyn/public/atlas/accesMonde.html

Diplomatie et territoires 139


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 18 – Faire du Forum


de l’action internationale des
collectivités un grand rendez-
vous annuel mondial de l’action
extérieure des collectivités
territoriales

Créé en 2009 par CUF, ce forum annuel était jusqu’en 2015 une manifes-
tation quasi exclusivement centrée sur les pays d’Afrique francophone et
de Méditerranée, rassemblant environ un millier de français et étrangers,
élus, cadres territoriaux et associations.
En 2015, un premier élargissement de son audience en dehors de cette
zone a pu être réalisé (Japon, Mexique, Russie), tandis que le président de
la République y faisait pour la première fois une intervention sur ce thème
et que plusieurs personnalités étrangères avaient fait le déplacement. Si
les prochaines éditions confirmaient cette évolution dans le sens d’une
globalisation de la couverture géographique du Forum, le MAEDI pourrait
intensifier son soutien en vue de faire de ce « Forum de Paris » un rendez-
vous mondial incontournable de l’AECT.

140 Diplomatie et territoires


3. Développer un nouveau cadre institutionnel de partenariat

Proposition 19 – Mettre le
réseau diplomatique du MAEDI à
disposition des collectivités pour
renforcer le plaidoyer visant à la
reconnaissance du rôle de l’échelon
local par les organisations
internationales

Le réseau diplomatique français soutiendra le plaidoyer des associations


nationales et internationales de CT visant à la reconnaissance du renfor-
cement de l’échelon local comme acteur du développement durable dans
les négociations internationales et l’agenda des organisations des Nations
unies (Climat, Habitat, Eau, Développement…).

Diplomatie et territoires 141


Partie IV - 21 PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER LA COOPÉRATION

Proposition 20 – Faciliter
l’obtention de visas pour
les partenaires permanents
de coopération des collectivités
françaises

Les élus et cadres territoriaux des collectivités étrangères ayant passé


une convention de coopération avec une collectivité française et dûment
répertoriés par les postes diplomatiques et consulaires pourront faire l’objet
d’une mesure de facilitation d’obtention de visa.
La décision de délivrance restera bien sûr à la discrétion du poste diplo-
matique, dans le plein respect de la réglementation en vigueur, tout en
allégeant dans la mesure du possible les formalités exigées pour les élus
et cadres territoriaux partenaires permanents de collectivités françaises.

142 Diplomatie et territoires


3. Développer un nouveau cadre institutionnel de partenariat

Proposition 21 – Améliorer
la gouvernance

Élargir la composition de la CNCD et renforcer son


rayonnement
Des propositions ont été faites récemment à la Commission permanente
de la CNCD, visant a élargir sa composition d’une part aux représentants
des métropoles (association France Urbaine), aux associations de soutien
à la francophonie (AIMF et AIRF), et d’autre part aux représentants des
opérateurs qui n’y siègent pas et qui concourent à l’AECT (Expertise
France, Business France, Atout France, Institut français, France Volontaires).
Afin de faire rayonner davantage cette instance centrale de concertation État
/ collectivités, l’ouverture de ses sessions à tous les observateurs intéressés
par ces sujets devra être poursuivie et la communication intensifiée.
L’action du Comité économique de la CNCD devrait permettre un meilleur
partage de l’information entre l’État, les CT et les entreprises pour stimuler
l’export des PME-PMI et l’attractivité des territoires français.

Mieux associer les collectivités territoriales à la


gouvernance des opérateurs
En concertation avec les associations de CT, il conviendrait d’identifier
le bon niveau de représentation des élus territoriaux dans les conseils
d’administration et conseils d’orientation des opérateurs du MAEDI au
niveau de collectivité le plus adéquat, afin de permettre une participation
effective des représentants des collectivités à ces instances.

Diplomatie et territoires 143


ANNEXES

Annexe 1. Liste des associations nationales thématiques de collectivités


territoriales travaillant en partenariat avec le MAEDI............................................. 147
Annexe 2. Circulaire du 2 juillet 2015 du ministre des Affaires étrangères
et du Développement international et du ministre de l’Intérieur aux préfets
et hauts-commissaires.............................................................................................. 148
Annexe 3. Lettre du ministre des Affaires étrangères aux présidents
de conseils régionaux sur les conseillers diplomatiques auprès des préfets
de régions................................................................................................................ 151
Annexe 4. Loi no 2014-773 du 7 juillet 2014 d’orientation et de programme
relative à la politique de développement et de solidarité internationale
(extraits).................................................................................................................... 153
Annexe 5. Les opérateurs du MAEDI.................................................................... 155
Annexe 6. Les réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA)....................................... 167
Annexe 7. Les collectivités d’outre-mer :
collectivités du Pacifique, collectivités françaises d’Amérique, collectivités
de l’océan Indien...................................................................................................... 169
Annexe 8. La Mission opérationnelle transfrontalière (MOT)................................ 177
Annexe 9. La coopération transfrontalière............................................................ 179
Annexe 10. Panorama des instruments financiers de l’Union européenne
pour la politique européenne de développement.................................................. 182
Annexe 11. Le rôle des collectivités territoriales dans la mise en œuvre
du nouveau cadre de développement durable....................................................... 189
Annexe 12. L’aide publique au développement des collectivités territoriales
françaises.................................................................................................................. 191
Annexe 13. Les schémas régionaux de développement économique,
d’innovation et d’internationalisation (SRDEII)........................................................ 210
Annexe 14. Dispositifs de mobilité européenne et internationale des jeunes
– Volontariat............................................................................................................. 212

Liste des abréviations............................................................................................... 215


Annexe 1

Annexe 1
Liste des associations nationales thématiques de
collectivités territoriales travaillant en partenariat
avec le MAEDI
(Annexe à la p. 27)

Agence des villes et territoires méditerranéens durables (AVITEM)


Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies Ile-de-
France (ARENE)
Association des collectivités territoriales et des professionnels pour la
gestion des déchets, des réseaux de chaleur et de froid, de l’énergie et
de l’environnement (AMORCE)
Association européenne pour la démocratie locale (ALDA)
Association nationale des villes et pays d’art et d’histoire et des villes à
secteurs sauvegardés et protégés (ANVPAH)
Conseil des communes et des régions d’Europe (CCRE)
Coopération pour le développement et l’amélioration des transport urbains
et périurbains (CODATU)
Fédération des agences de développement économique (CNER)
Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR)
Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR)
Fédération nationale des parcs naturels régionaux (FNPNR)
Fonds pour la promotion des études transversales, des études préalables
et de l’évaluation (F3E)
Office de coopération économique pour la Méditerranée et l’Orient (OCEMO)
Plateforme européenne des autorités locales et régionales pour le déve-
loppement (PLATFORMA)
Programme solidarité eau (PSEau)
Réseau mondial des villes portuaires
Villages et cités de caractère
Villes Internet

Diplomatie et territoires 147


ANNEXES

Annexe 2
Circulaire du 2 juillet 2015 du ministre des Affaires
étrangères et du Développement international et du
ministre de l’Intérieur aux préfets et hauts-commissaires
(Annexe à « La politique étrangère, définition nationale,
déclinaisons locales », p. 33)

148 Diplomatie et territoires


Annexe 2

Diplomatie et territoires 149


ANNEXES

150 Diplomatie et territoires


Annexe 3

Annexe 3
Lettre du ministre des Affaires étrangères aux
présidents de conseils régionaux sur les conseillers
diplomatiques auprès des préfets de régions
(Annexe à la p. 97)

Diplomatie et territoires 151


ANNEXES

152 Diplomatie et territoires


Annexe 4

Annexe 4
Loi no 2014-773 du 7 juillet 2014 d’orientation et de
programme relative à la politique de développement
et de solidarité internationale (extraits)
(Annexe à la p. 37)

Article 14
I. La première partie du Code général des collectivités territoriales est
ainsi modifiée :
1° L’intitulé du chapitre V du titre unique du livre Ier est ainsi rédigé : « Action
extérieure des collectivités territoriales » ;
2° L’article L. 1115-1 est ainsi rédigé :
« Art. L. 1115-1.-Dans le respect des engagements internationaux de la
France, les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent mettre
en œuvre ou soutenir toute action internationale annuelle ou pluriannuelle
de coopération, d’aide au développement ou à caractère humanitaire.
« À cette fin, les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent, le
cas échéant, conclure des conventions avec des autorités locales étrangères.
Ces conventions précisent l’objet des actions envisagées et le montant
prévisionnel des engagements financiers. Elles entrent en vigueur dès
leur transmission au représentant de l’État dans les conditions fixées aux
articles L. 2131-1, L. 2131-2, L. 3131-1, L. 3131-2, L. 4141-1 et L. 4141-2.
Les articles L. 2131-6, L. 3132-1 et L. 4142-1 leur sont applicables » ;
3° L’article L. 1115-2 est ainsi rétabli :
« Art. L. 1115-2.-Les communes, les établissements publics de coopération
intercommunale et les syndicats mixtes compétents en matière de collecte
et de traitement des déchets des ménages au sens de l’article L. 2224-13
ou percevant la taxe ou la redevance d’enlèvement des ordures ménagères
peuvent mener, dans la limite de 1 % des ressources qui sont affectées aux
budgets de ces services et dans le cadre de l’article L. 1115-1, des actions
de coopération, d’aide au développement ou à caractère humanitaire dans
les domaines de la collecte et du traitement des déchets des ménages » ;
4° L’article L. 1115-6 est ainsi rédigé :
« Art. L. 1115-6.-Il est créé une Commission nationale de la coopération
décentralisée qui établit et tient à jour un état de l’action extérieure des
collectivités territoriales. Elle favorise la coordination entre l’État et les
collectivités territoriales et entre les collectivités territoriales et peut formuler
toute proposition relative à l’action extérieure des collectivités territoriales.

Diplomatie et territoires 153


ANNEXES

Les collectivités territoriales et leurs groupements transmettent à la commis-


sion les informations nécessaires à l’accomplissement de ses missions » ;
5° L’intitulé du chapitre II du titre II du livre VIII est ainsi rédigé : « Action
extérieure des collectivités territoriales » ;

154 Diplomatie et territoires


Annexe 5

Annexe 5
Les opérateurs du MAEDI
(Annexe à « Les opérateurs du MAEDI », p. 92)

EXPERTISE FRANCE

Expertise France est l’agence française d’expertise technique internationale,


issue de la réforme du dispositif français de coopération technique. Son
action vise à renforcer les capacités de ses partenaires nationaux ou locaux
étrangers à définir, piloter et mettre en œuvre des politiques publiques
adaptées aux besoins des populations. Cette action se caractérise par un
appui aux administrations, mais également à tout autre acteur qui participe
à la mise en œuvre de ces politiques : institutions publiques, parlement,
société civile, secteur privé. L’Agence inscrit son action pleinement dans
le nouvel agenda international 2015-2030 qui se caractérise par les ODD 1.
Le travail avec les collectivités constitue pour Expertise France un axe de
développement important, à travers, d’une part, les experts gérés pour le
compte de collectivités territoriales françaises 2 (codirection de structures
issues de la coopération décentralisée, appui technique aux municipalités
partenaires, appui multisectoriel pour le suivi d’accords de coopération)
et, d’autre part, des partenariats avec des institutions, telles que le CNFPT
(Centre national de la fonction publique territoriale), l’Association des
régions de France (projet d’élaboration d’une convention), ou encore le
Syndicat national des secrétaires et directeurs généraux des collectivités
territoriales. L’agence apporte son appui aux collectivités, en organisant
des visites d’étude de collectivités d’États étrangers auprès de collectivités
territoriales françaises pour le partage d’expériences et de bonnes pratiques,
ou en proposant un accompagnement technique et institutionnel pour
des projets complexes, notamment en matière de montage et de mise en
œuvre, dans le cadre de dispositifs tels que le « 1 % déchets » par exemple.
Expertise France est l’agence française d’expertise technique internationale.
Elle est l’agence publique de référence dans le domaine de la coopération
technique internationale. Son action vise à renforcer les capacités de ses
partenaires à définir, piloter et mettre en œuvre des politiques publiques
adaptées aux besoins des populations. Cette action se caractérise par un

1 Elle intervient en particulier dans les domaines de la gouvernance démocratique, économique et


financière, de la lutte contre le dérèglement climatique et du développement urbain, d’une agriculture
respectueuse de l’environnement, de la santé, de la protection sociale et de l’emploi, ainsi que de
la stabilisation des pays fragiles ou en crise et de la sécurité.
2 Région Ile-de-France : 4 ETI (Hanoï, Santiago du Chili, Sao Paulo, et Port-au-Prince/Gonaïves) ; Région
Auvergne-Rhône-Alpes : 1ETI à Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam ; Région Aquitaine Limousin Poitou-Cha-
rentes : 1 ETI à Lao Cai, Vietnam ; département de l’Essonne : 1 ETI à Wuhan, Chine.

Diplomatie et territoires 155


ANNEXES

appui aux administrations, mais également à tout autre acteur qui participe
à la mise en œuvre de ces politiques : institutions publiques, Parlement,
société civile, secteur privé.
L’Agence met ainsi ses compétences au service de ses partenaires tout en
contribuant à la mise en œuvre des objectifs de la politique de coopération
au développement, d’influence et de diplomatie économique de la France.
Les relations de l’agence avec les collectivités territoriales françaises se
traduisent de la manière suivante :

1. État des lieux institutionnel

Les collectivités territoriales sont représentées au conseil d’administration


de l’agence, qui vient d’approuver un premier projet de contrat d’objectifs
et de moyens de l’établissement (période 2016-2018).
Les collectivités territoriales sont également représentées au sein du
comité d’orientation relatif au développement de l’expertise technique
publique et privée. Le comité d’orientation a pour mission de conseiller
le gouvernement sur les priorités géographiques et thématiques de l’ex-
pertise technique française, d’évaluer l’adéquation de l’offre française à la
demande internationale et à la stratégie des organisations multilatérales,
et de formuler, le cas échéant, des propositions d’amélioration de cette
offre et du dispositif d’accompagnement.

2. Perspectives d’évolution opérationnelle

Expertise France travaille avec les collectivités territoriales, en particulier en


Afrique et en Asie du Sud-Est, où la décentralisation/déconcentration, ainsi
que l’échelon d’adaptation aux enjeux climatiques et environnementaux
constituent un enjeu majeur de développement.
Ce travail avec les collectivités constitue pour Expertise France un axe de
développement important, notamment à travers les experts gérés pour le
compte de collectivités territoriales françaises (codirection de structures
issues de la coopération décentralisée, appui technique aux municipalités
partenaires, appui multisectoriel pour le suivi d’accords de coopération) :
• Région Île-de-France : 4 ETI (Hanoï, Santiago du Chili, Sao Paulo, et
Port-au-Prince/Gonaïves) ;
• Région Auvergne-Rhône-Alpes : 1ETI à Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam ;
• Région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes : 1 ETI à Lao Cai, Vietnam ;
• Département de l’Essonne : 1 ETI à Wuhan, Chine.
Par ailleurs, des partenariats sont également développés avec des institutions
« pourvoyeuses » d’experts des collectivités territoriales, telles que :

156 Diplomatie et territoires


Les opérateurs du MAEDI

• le CNFPT ;
• l’Association des régions de France (projet d’élaboration d’une convention) ;
• le Syndicat national des secrétaires et directeurs généraux des collectivités
territoriales.
En outre, Expertise France peut être amené à organiser des visites d’étude
de collectivités d’États étrangers auprès de collectivités territoriales françaises
pour le partage d’expériences et de bonnes pratiques. Dans le cadre du
projet Africa4Climate par exemple, une visite d’étude a été organisée
pour des employés (cadres techniques et responsable des partenariats)
de la ville de Kampala (Ouganda) auprès de la métropole du Grand Lyon.
Les services techniques de la métropole et leurs partenaires ont présenté
leurs politiques et stratégies en matière de mobilité (y compris stratégie de
développement des modes de transports doux), d’agriculture urbaine, de
plan climat-énergie, de réhabilitation de quartiers urbains, de valorisation
des déchets, d’engagement et de sensibilisation des parties prenantes
(habitants, société civile, entreprises, universités, écoles).
Enfin, Expertise France assure l’animation du Partenariat français pour la ville
et les territoires (réalisation des orientations françaises dans le domaine du
développement urbain avec des exemples de projets urbains ; préparation
de la Conférence Habitat III [collectivités et associations d’élus impliquées :
Ville de Paris, Nanterre, Lyon, CUF, France Urbaine, ARF, FNAU, etc.]).

BUSINESS FRANCE

Business France (décret no 2014-1571 du 22 décembre 2014) est l’opérateur


public national au service de l’internationalisation de l’économie française.
À ce titre, il valorise et promeut l’attractivité de l’offre de la France, de ses
entreprises et de ses territoires.
Business France, établissement public industriel et commercial, est placé
sous la tutelle des ministres chargés de l’Économie, des Affaires étrangères
et de l’Aménagement du territoire.
L’Agence est notamment chargée :
– 1° De proposer des prestations et services pour les entreprises implantées
en France et pour les investisseurs étrangers afin de favoriser l’internationa-
lisation et l’export des entreprises ainsi que l’accueil des investissements,
notamment par des actions de prospection, d’accompagnement et d’accueil ;
– 2° D’accompagner la prise de décision des entreprises dans leur déve-
loppement international et des investisseurs étrangers pour conduire des
projets industriels en France, notamment en concevant et en diffusant les
informations utiles à leurs prises de décision et les formations nécessaires
à la réalisation de leurs projets ;
– 3° De contribuer à la définition et à la mise en œuvre des programmes
publics nationaux et territoriaux visant au développement à l’international

Diplomatie et territoires 157


ANNEXES

des entreprises et des filières sectorielles et au renforcement de l’attractivité


du territoire ;
– 4° D’assurer le développement et la gestion du dispositif public relatif
au programme de volontariat international en entreprise ;
– 5° D’effectuer, faire effectuer toutes actions de coopération internationale
dans les domaines de sa compétence ou participer à de telles actions ;
– 6° D’assurer la veille de l’image et de l’attractivité économique de la
France à l’international ;
– 7° De proposer et mettre en œuvre la stratégie de promotion de la
France, de ses territoires, entreprises et talents et d’animer des réseaux
d’influence sur le plan économique et international ;
– 8° De concevoir, développer et diffuser des outils de communication
pertinents au service de ces objectifs qu’elle adapte à chacune de ses
cibles en France et à l’international ;
– 9° D’assister les pouvoirs publics pour analyser et proposer des mesures
dans les domaines de sa compétence concernant l’internationalisation de
l’économie française ;
– 10° D’accomplir toutes missions confiées par ses ministres de tutelle,
permanentes ou temporaires, entrant dans son champ de compétence,
éventuellement en liaison avec d’autres organisations publiques ous privées,
françaises, étrangères ou internationales.
Pour l’accomplissement de ses missions à l’étranger, l’agence est présente
dans 73 pays et y dispose de 92 bureaux et antennes. Ils font partie des
missions diplomatiques.
Pour l’accomplissement de ses missions en France, l’agence dispose d’un
réseau de 25 représentants régionaux institutionnels, hébergés au sein
des CCI régionales, auquel s’ajoutent 40 CAI placés au sein de Bpifrance
pour accompagner les ETI et PME de croissance à l’international. Pour sa
mission spécifique d’accueil des investisseurs internationaux et de suivi des
projets d’investissement, Business France agit, en lien avec le Commissariat
général à l’égalité des territoires dans le cadre de ses compétences,
en coopération avec les représentants de l’État dans les régions et les
collectivités et établissements territoriaux en charge du développement
économique. Elle dispose dans chaque région d’un correspondant « chef
de file » désigné par le conseil régional (ARD…) chargé notamment de
coordonner les propositions d’offres territoriales aux investisseurs étrangers.
La coopération au niveau régional fait l’objet d’une convention pluriannuelle
avec chaque région soumise, pour avis, au préfet de région.
Deux Présidents de Conseils régionaux sont membres de droit du conseil
d’administration de Business France.
Les priorités et compétences dévolues aux Régions en matière d’internatio-
nalisation de l’économie de leurs territoires rejoignent la mission d’intérêt
public dont Business France est chargée dans ces domaines.

158 Diplomatie et territoires


Les opérateurs du MAEDI

La poursuite et l’amplification de la démarche partenariale de Business


France avec les territoires portent d’importants enjeux de cohérence, de
synergie et d’optimisation des moyens publics. À ces titres, les conseils
régionaux associent Business France aux travaux d’élaboration des SRDEII.
Les conseils régionaux doivent pouvoir tirer parti d’un dispositif public
efficace et s’adosser notamment au réseau étranger de Business France,
quand elles ont des objectifs de présence économique et commerciale,
pour bénéficier d’une courbe d’expérience, optimiser les coûts, gagner
en plasticité et lisibilité.
Dans le domaine de la coopération décentralisée, des références positives
ont été mises en place entre l’agence et des conseils régionaux : mise en
place de VIE, hébergés et coachés par les bureaux Business France, sur des
zones cibles pour la Région ou « temps/homme » affecté spécifiquement pour
accompagner les objectifs de la Région dans le cadre d’une convention ad
hoc. Cela permet notamment, sous le contrôle de la collectivité, de suivre
les initiatives dans la durée, d’accompagner la réalisation de projets et le
développement de retombées inter-entreprises.

ATOUT FRANCE

Atout France, opérateur de développement touristique de la France, a été


constitué sous la forme d’un groupement d’intérêt économique réunissant
l’État et les organismes publics et privés de tourisme. Il autorise légalement la
réalisation d’une mission d’intérêt général en même temps que des activités
privées, le tout dans un cadre légal suffisamment souple pour permettre
de mener à bien l’ensemble des objectifs assignés par l’État et notamment
par le MAEDI qui subventionne les activités de l’opérateur à hauteur de
50 %. L’autre moitié de recettes correspond aux adhésions et aux missions
de promotion et d’ingénierie spécifiques qui lui sont demandées par ses
partenaires. Ce financement quasi paritaire permet une bonne réalisation
des missions de service public par les ministères de tutelle (MAEDI et
ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique) 1.
Les missions d’intérêt général de l’opérateur sont les suivantes : promotion
du tourisme en France, réalisation d’opérations d’ingénierie touristique
et de mise en œuvre d’une politique de compétitivité et de qualité des
entreprises du secteur. Il définit la stratégie nationale de promotion de la
destination France. Atout France concourt également à la mise en œuvre
des politiques publiques en faveur du tourisme, notamment à travers des
missions d’expertise et de formation auprès des acteurs publics et privés,
des actions d’information et de promotion, ainsi que d’observation des
« phénomènes touristiques ». Cette compétence est particulièrement

1 Un nouveau contrat d’objectifs et de performance pour la période 2016-2018 qui met en exergue
les missions prioritaires que l’opérateur doit développer en priorité.

Diplomatie et territoires 159


ANNEXES

valorisée dans les relations que l’opérateur entretient avec les collectivités
territoriales.
Les Assises du tourisme et le Conseil de promotion du tourisme, lancés à
l’initiative du MAEDI, ont souligné la nécessité, dans un contexte concur-
rentiel intensif et un environnement économique complexe, de consolider
les destinations et marques existantes et d’en faire émerger de nouvelles,
structurées, et à forte visibilité internationale. C’est dans cette perspective
que les contrats de destination ont été mis en place avec l’appui technique
et financier de l’État et d’Atout France. Vingt contrats de destination, signés
en 2015 au Quai d’Orsay par le MAEDI, constituent des outils innovants
et très opérationnels pour accélérer le développement international des
destinations touristiques, renforcer l’attractivité des territoires, et fédérer
sur plusieurs années acteurs publics et privés autour d’objectifs communs
en matière d’ingénierie et de promotion sur les marchés 1.
Conscient du rôle que tiennent les collectivités territoriales dans la mise
en œuvre des ambitions de développement touristique de la France,
Atout France renforce son lien avec les acteurs locaux. Ainsi, le nouveau
contrat d’objectif et de performance de l’opérateur prévoit notamment la
création d’une « Direction de développement du territoire » qui aura pour
mission de renforcer le lien de l’opérateur avec les collectivités territoriales
et leurs opérateurs locaux. En outre, les travaux qui vont être engagés afin
de développer le nouveau site internet de l’opérateur, Atout-france.fr,
devraient permettre de renforcer la visibilité des territoires sur les marchés
touristiques internationaux, notamment par la mise en valeur des contrats
de destination et des « marques mondiales ».

AFD

L’AFD a pris acte de la multiplication des processus de décentralisation


dans de nombreux pays en développement et de l’essor de l’action inter-
nationale des collectivités territoriales françaises, et se donne pour mission
d’accompagner ce mouvement. L’Agence s’attache ainsi depuis plusieurs
années à mobiliser l’expertise des collectivités dans ses opérations, à
renforcer l’ancrage territorial de son action en nouant des accords de
partenariats avec les collectivités, et à appuyer les initiatives de coopération
décentralisée des collectivités françaises avec leurs partenaires du Sud.

1 Par son rôle fédérateur, le contrat de destination porte sur la structuration et le développement
de l’offre, la qualité d’accueil, la promotion sur un ou plusieurs marchés internationaux cibles, ainsi
que sur les démarches d’intelligence économique. Ce dispositif a été complété par la sélection de
16 « marques mondiales », choisies par un Collège des marques (formé en 2015 et piloté par Atout
France, comprenant des experts, des chercheurs et des professionnels de la communication) en
tenant compte des contrats de destination. Le but de cette initiative complémentaire est de centrer
la communication générique de l’opérateur autour de grandes « marques de destination » déjà
reconnues à l’international. Atout France, en lien avec les collectivités territoriales, accompagne le
déploiement de ces marques à l’international.

160 Diplomatie et territoires


Les opérateurs du MAEDI

L’AFD expérimente depuis 2014 une facilité de financement de l’investisse-


ment des collectivités territoriales françaises (FICOL), destinée à des projets
de développement durable dont l’initiative et la mise en œuvre relèvent
des collectivités françaises, en réponse à une demande exprimée par une
collectivité du Sud (prioritairement dans les pays pauvres prioritaires et
les pays en crise).
La facilité couvre prioritairement le financement de projets d’investissement
des collectivités du sud (aménagement, rénovation, équipement), et s’inscrit
ainsi en complémentarité des instruments existants à disposition de l’action
extérieure des collectivités françaises (outils du MAEDI/DAECT ou de la
Commission européenne), qui ciblent des actions d’appui institutionnel et
de renforcement de capacités.
En 2014, la FICOL a appuyé trois régions (Bretagne, Ile-de-France et Nord-
Pas-de-Calais) pour un total de 1,4 million d'euros, et deux communautés
urbaines (Grand Lyon et Nantes métropole) et une grande ville (Mulhouse)
pour un total de 1,3 million d'euros en 2015. L’AFD renouvelle la FICOL
en 2016 avec une enveloppe de 3 millions d'euros.
Depuis le début des années 2000, les collaborations avec les collectivités
ont été intensifiées et ont donné lieu à des échanges plus poussés et des
perspectives institutionnelles et opérationnelles plus ambitieuses. Vingt-cinq
accords de partenariat ont été signés avec des collectivités partenaires.
L’Agence cherche à signer des conventions tripartites avec les collectivités
françaises et les pays récipiendaires pour mieux articuler l’apport d’expertise
des collectivités françaises avec le financement de l’AFD.

CAMPUS FRANCE

Créée par la loi du 27 juillet 2010, l’agence Campus France est un établis-
sement public (EPIC) chargé de la promotion de l’enseignement supérieur,
de l’accueil et de la gestion de la mobilité internationale des étudiants, des
chercheurs, des experts et des invités. Un décret du 30 décembre 2011
précise l’organisation et les modalités d’action de l’Agence.
Résultant de la fusion du GIP Campus France et de l’association Egide,
et de la reprise des activités internationales du CNOUS, l’établissement
est placé sous la tutelle des ministères chargés des Affaires étrangères
et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Les établissements
d’enseignement supérieur et de recherche et les organismes de recherche
participent à l’orientation de la politique de l’agence à travers un « Forum
Campus France » réunissant 337 membres en juin 2016.
Les collectivités territoriales disposent de deux représentants au sein du
conseil d’administration, désignés par l’AMF et l’ARF. Elles disposent
également de trois représentants au sein du conseil d’orientation de Campus
France, relatif à l’accueil et au séjour des étudiants et des chercheurs
étrangers en France, désignés par l’AMF, l’ARF et l’ADF. Les collectivités

Diplomatie et territoires 161


ANNEXES

territoriales doivent être incitées à participer à ces instances, ce qui leur


permettrait d’exprimer leur point de vue sur des sujets dans lesquelles elles
prennent une part grandissante (financements des guichets d’accueil des
étudiants étrangers, bourses d’études, etc.). Elles pourraient également
faire du conseil d’orientation de Campus France un cadre de dialogue
stratégique pour une meilleure articulation des politiques nationales et
locales d’attractivité universitaire. Ce dialogue existe de fait au niveau des
villes et des métropoles, Campus France développant une coopération avec
France Urbaine, association des métropoles, agglomérations et grandes villes
de France, et avec l’Association des villes universitaires de France (AVUF).
Campus France possède 8 délégations et 22 agents en régions, qui relayent
ses activités, initient et conduisent des partenariats locaux (Bordeaux, Lyon,
Montpellier, Marseille, Nancy, Nantes, Strasbourg et Toulouse). Ce réseau,
initialement localisé dans un parc locatif privé, se recentre progressivement
au sein des établissements d’enseignement supérieur ou des ComUEs
(Bordeaux, Lyon, Nancy, Nantes, Toulouse), voire d’équipements municipaux
(Marseille et projet à Nice). Les actions avec les collectivités locales sont
essentiellement centrées sur les questions d’attractivité (Lyon – OnlyLyon,
Marseille), de gestion des réseaux d’anciens étudiants, et de participation aux
guichets uniques d’accueil, impliquant l’ensemble des acteurs du territoire.
Outre sa participation directe aux principaux guichets mis en place en
régions (ainsi qu’à ceux mis en œuvre à la CIUP de Paris et sur divers sites
franciliens), Campus France recense et cartographie l’ensemble de ces
dispositifs sur son site internet (29 guichets en juin 2016). Trente-six fiches
« ville » sont également mises à disposition du public, recensant l’ensemble
des acteurs et services localement mis à disposition des étudiants interna-
tionaux. Par ailleurs, la plupart des établissements membres de Campus
France disposent sur le même site d’une fiche « accueil », l’ensemble de
ces fiches faisant l’objet d’une entrée régionale. Enfin, un annuaire des
écoles doctorales françaises a récemment fait l’objet de développements,
permettant, entre autres, et sur demande de certains territoires, un accès
par une carte régionalisée.
Campus France a récemment lancé une nouvelle application pour téléphones
portables, Immersion France, permettant de valoriser l’offre française de
courts séjours (FLE, tourisme, culture, gastronomie, sport), privilégiant à
nouveau une entrée par cartographie régionale, avec une mise en ligne de
vidéos de promotion des régions françaises en partenariat avec TV5 Monde.
Campus France est également fortement présent auprès des acteurs
de Nouvelle-Calédonie, en les accompagnant dans le développement
et la gestion de nombreux programmes de mobilité, financés tant par
le Haut-Commissariat de la République que par le gouvernement de
Nouvelle-Calédonie ou les trois collectivités provinciales (Sud, Nord et Îles).
L’émergence des métropoles, l’élargissement des périmètres des régions
et l’affirmation des politiques de site entraînées par les regroupements
universitaires induisent une accélération des partenariats de Campus

162 Diplomatie et territoires


Les opérateurs du MAEDI

France avec les territoires (ce qui se caractérise aussi par l’adhésion au
Forum Campus France de la plupart des grands regroupements, ComUEs
ou associations).
À la suite de son étude ayant chiffré à 4,7 milliards d’euros la dépense en
France des 300 000 étudiants que nous accueillons chaque année, une
nouvelle étude, présentée lors du colloque 2016 de l’AVUF, a permis à
Campus France de déterminer l’apport économique de la mobilité étudiante
pour chaque région (sur une base de 12 000 euros dépensés par chaque
étudiant pour ses frais de séjour). Avec une expérience forte d’un porte-
feuille de près de 34 000 mobilités par an, en partenariats à de nombreux
mandants français ou étrangers, publics ou privés, Campus France peut
proposer aux régions et aux métropoles une gestion de leurs programmes
de bourses, véritables leviers pour accroître leur attractivité et ses effets
directs ou différés sur leur développement économique.

INSTITUT FRANÇAIS

L’Institut français travaille avec 24 collectivités territoriales – 13 grandes villes


ou métropoles et 11 régions à travers un dispositif partenarial qui, sous la
forme de conventions bipartites (plus rarement tripartites), fixent un fonds
commun et un cadre d’expertise pour soutenir des projets artistiques et
culturels de ces territoires à l’international.
Ces conventions reposent toutes sur le principe « fondateur » de la parité,
tant financière que décisionnaire ; elles sont potentiellement ouvertes à
l’ensemble des disciplines portées par l’Institut français et s’inscrivent en
résonance avec ses programmes 1. Outre l’effet démultiplicateur qu’elles
offrent en termes de moyens, elles sont aussi pour l’Institut français un
vrai outil pour garantir la prise en compte des ressources de l’ensemble
du territoire national ; également, elles s’appuient sur la mutualisation de
compétences et de savoir-faire spécifiques.
Ce dispositif témoigne d’une grande diversité de situations dans les collec-
tivités territoriales, tant dans leur stratégie à l’international que dans leur
politique culturelle. Les enjeux y sont croisés, entre ceux de l’action culturelle
(le développement des structures et opérateurs du territoire) et ceux du
rayonnement du territoire.
L’enjeu, pour l’Institut français, est donc de créer une véritable dynamique
de soutien des actions et de la présence culturelle et artistique française

1 Ces dispositifs ont accompagné l’émergence autant que les talents confirmés à travers près de 80
tournées en 2015, mais aussi l’accompagnement d’artistes et de professionnels sur des rendez-vous
professionnels prescripteurs. En 2015, les artistes de la scène et le spectacle vivant ont concerné
près de 80 % des actions menées et les arts visuels 16 %, mais on trouve également de nouvelles
disciplines comme le numérique, le cinéma, la bande dessinée ou le livre. Un programme spécifique
a également été mis en place pour appuyer l’accueil en résidence de création d’écrivains étrangers
et/ou de traducteurs conduit par la Maison des écrivains de Saint-Nazaire.

Diplomatie et territoires 163


ANNEXES

à l’étranger, en dégageant des lignes de force qui puissent témoigner de


la créativité française, tout en maintenant une cohérence.
L’Institut français s’attache à travailler avec ses partenaires CT dans cet
objectif, en prenant en compte les grandes évolutions et les nouveaux
contextes, tant au niveau mondial que national, de la création, des filières
professionnelles, et de l’action extérieure. Les projets conjointement
soutenus doivent répondre à une ambition de qualité et à une exigence
d’impact à l’international. Suivant cet objectif, l’Institut français développe
des conventions ambitieuses avec des collectivités qui ont mis en place
des politiques culturelles internationales d’envergure.

Les collectivités partenaires de l’Institut français au 15/07/2016


Villes / Métropoles Régions
Région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine + Ville de
Ville de Bordeaux
Strasbourg
Ville de Grenoble Région Normandie
Ville de La Rochelle Région Bretagne
Ville de Lille Région Centre Val-de-Loire
Métropole européenne de Lille Collectivité territoriale de Corse
Ville de Lyon Région La Réunion + DAC OI
Ville de Marseille Région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes
Ville de Nantes Région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées
Ville de Paris Région Nord-Pas-de-Calais– Picardie
Ville de Rennes + Rennes Métropole Région Pays de la Loire
Ville de Saint-Étienne Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Ville de Strasbourg + Région Alsace-Champagne-Ardenne-
Lorraine
Ville de Toulouse

Pour mémoire : « Le Grand Tour », un agenda culturel ambitieux pour valoriser


l’attractivité de la France en partenariat avec les collectivités territoriales.
Le ministre des Affaires étrangères et du Développement international a
confié, en septembre 2015, une mission de promotion et valorisation de
l’attractivité culturelle de la France à Olivier Poivre d’Arvor. C’est dans ce
cadre qu’est conçu et organisé « Le Grand Tour », rythmé par une quarantaine
d’étapes à Paris et en régions entre janvier et juillet 2016.
La France demeure la première destination touristique mondiale : richesse
et diversité de ses territoires, abondance de l’offre culturelle – avec plus
de 1 200 musées, 1 500 festivals, 14 100 monuments classés, ou encore
41 sites classés au patrimoine de l’UNESCO – et capacité à accueillir la
culture des autres. Librairie du monde, la France traduit en effet toutes les
littératures et pensées étrangères. Salle de cinéma cosmopolite, galerie
d’art, salle de spectacles et terre de festivals, elle est aussi la troisième
destination universitaire à l’international avec 300 000 étudiants étrangers
inscrits chaque année dans les écoles et universités françaises.

164 Diplomatie et territoires


Les opérateurs du MAEDI

L’objectif du Grand Tour est de révéler et d’illustrer cette richesse culturelle


française sur l’ensemble du territoire, la valoriser et la dynamiser pour
renforcer l’attractivité de notre pays.

FRANCE VOLONTAIRES

Plateforme française des volontariats à l’international, France Volontaires


réunit les pouvoirs publics et les acteurs associatifs autour d’une mission
d’intérêt général : promouvoir, valoriser et développer les engagements
volontaires et solidaires à l’international. France Volontaires est par ailleurs
membre fondateur de l’Agence du Service civique et membre du Comité
permanent des opérateurs de la mobilité européenne et internationale des
jeunes installé dans le cadre du plan « Priorité Jeunesse » du gouvernement.
L’organisation est présente dans 24 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique/
Caraïbes et du Pacifique au travers d’un réseau d’Espace Volontariats, centres
de ressources, d’information et d’accompagnement sur le volontariat français.
La plateforme entretient des relations étroites avec les collectivités terri-
toriales métropolitaines et ultra-marines et leurs réseaux dans le cadre de
collaborations diversifiées : études régionales sur l’engagement des jeunes,
information/formation des acteurs des territoires sur les engagements,
mobilisation de volontaires dans le cadre des coopérations décentrali-
sées, appui à la mise en place de dispositifs de soutien à l’engagement
volontaire, soutien à la reconnaissance des plus-values des expériences
de volontariat, etc.
Les collectivités territoriales sont représentées dans les instances de gouver-
nance de France Volontaires à travers un collège dédié et de création récente.
Les partenariats historiquement construits autour de la mobilisation de
volontaires de solidarité internationale se sont diversifiés avec l’essor du
Service civique et l’affirmation d’une fonction d’appui/conseil à travers
notamment la mobilisation du réseau des Espaces Volontariats. France
Volontaires entretient des liens privilégiés avec les conseils régionaux
[1], mais également les conseils départementaux et les communes (une
vingtaine de conventions de partenariat actives). France Volontaires est en
outre active dans les Outre-mer à travers des programmes de volontariat
international menés en partenariat avec les collectivités territoriales de La
Réunion et de Nouvelle-Calédonie.
Aujourd’hui, la plateforme compte une vingtaine de conventions de parte-
nariats actives avec des conseils régionaux, conseils généraux, communes
et intercommunalité.
• Les partenariats sont construits autour de la mobilisation de VSI. Ils ont
émergé pendant les années 1990 avec l’essor des coopérations décen-
tralisées. Pour les collectivités, il s’agissait de renforcer l’animation/la
coordination de leurs partenariats, de s’appuyer sur l’expérience et le

Diplomatie et territoires 165


ANNEXES

dispositif terrain d’associations d’envoi de volontaires, et de donner une


dimension « jeunesse » à leur action de coopération.
• France Volontaires entretient des liens privilégiés avec les conseils
régionaux 1. Il s’agit d’un atout important puisque l’échelon régional est
particulièrement pertinent pour le développement des VIES, du fait des
ressources, des compétences et de la fonction d’ensemblier des régions.
Les relations avec les autres niveaux de collectivités sont encore peu
développées 2.
• Le développement des relations avec les collectivités ultra-marines est
un élément essentiel de cette nouvelle dynamique partenariale.

1 1 Une convention de partenariat a été signée à ce titre en février 2015 avec l’Association des régions
de France.
2 1 La création d’un collège des collectivités au sein des instances de France Volontaires permet de
créer un espace de dialogue et d’échange autour de la plateforme et de son projet associatif. Cepen-
dant, la participation des collectivités à la vie de l’association est très limitée et il existe sans doute
un lien de causalité, France Volontaires ne s’investit sans doute pas suffisamment pour dynamiser la
participation des collectivités à la réalisation de son projet.

166 Diplomatie et territoires


Annexe 6

Annexe 6
Les réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA)
Dans un esprit de service public et une approche pluri-acteurs, les RRMA
renforcent l’implication et améliorent la qualité des actions menées à
l’international et en France dans tous les champs de la coopération et de
la solidarité. En leur qualité de référents régionaux, les RRMA interviennent
en complémentarité des politiques publiques locales et nationales qu’ils
contribuent à construire, à animer et à valoriser.
Acteurs à part entière de l’éducation à la citoyenneté et à la solidarité
internationale, ils contribuent à l’ouverture au monde des habitants dans
un contexte de plus en plus globalisé et interdépendant.
Dans cette optique, ils proposent une palette à destination de tous les
acteurs basés dans leurs régions respectives :
• RECENSEMENT/IDENTIFICATION du « qui fait quoi ? » en région ;
• ACCOMPAGNEMENT DES PORTEURS DE PROJET : information, orien-
tation, conseil, formation, mise en relation ;
• ANIMATION TERRITORIALE : organisation de rencontres et de temps de
concertations en région afin de favoriser la mutualisation et le développement
de partenariats/synergies ;
• VALORISATION DES PROJETS ET ACTEURS RÉGIONAUX
• ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ ET À LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE ;
• DÉVELOPPEMENT DE LA MOBILITÉ ET DE L’ENGAGEMENT SOLIDAIRE.
Les réseaux régionaux assurent un rôle d’interface avec les différentes
institutions publiques ou privées au premier plan desquels le MAEDI.
Celui-ci s’appuie, en effet, sur les RRMA pour mailler le territoire d’un
« nombre restreint de réseaux » œuvrant – par la pluralité des acteurs qu’ils
touchent et qu’ils mettent en relation – à une « diplomatie démultipliée ».

Diplomatie et territoires 167


ANNEXES

Nom du réseau et date de


Région Site Internet
création
Réseau MultiCooLor (2014) Grand Est www.multicoolor.org
CERAPCOOP (2001) Auvergne Rhône-Alpes www.cerapcoop.org
Resacoop (1994) Auvergne Rhône-Alpes www.resacoop.org
Bourgogne Coopération (2012) Bourgogne Franche-Comté www.bourgognecooperation.org
CERCOOP Franche-Comté (1997) Bourgogne Franche-Comté www.cercoop.org
Centraider (2001) Centre – Val-de-Loire www.centraider.org
IRCOD (1986) Grand-Est www.ircod.org
Lianes coopération (1999) Hauts-de-France www.lianescooperation.org
Horizons solidaires (1994) Normandie www.horizons-solidaires.org
Territoires solidaires (2011) Provence-Alpes-Côte d’Azur www.territoires-solidaires.com
Occitanie Coopération (2016) Occitanie www.oc-cooperation.org
SO Coopération (2017) Nouvelle-Aquitaine Site en construction

168 Diplomatie et territoires


Annexe 7

Annexe 7
Les collectivités d’outre-mer :
collectivités du Pacifique, collectivités françaises
d’Amérique, collectivités de l’océan Indien
(Annexe à « L’enjeu de l’action extérieure des collectivités
d’Outre-mer », p. 77)

COLLECTIVITÉS DU PACIFIQUE

Pour les collectivités du Pacifique (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie,


Wallis-et-Futuna), la coopération régionale – entre elles d’une part, et avec
les autres territoires et États de la zone d’autre part – est indispensable
dans certains domaines prioritaires définis en fonction des atouts dont
disposent ces collectivités, des politiques de leurs gouvernements et des
intérêts de l’État.
Les lois organiques qui régissent les deux principales collectivités du
Pacifique leur confèrent une large autonomie en matière de relations
régionales et internationales : pour la mise en œuvre de ces compétences,
des soutiens sectoriels spécifiques pourraient être ainsi apportés par l’État
en accompagnement des politiques régionales souhaitées par les autorités
de ces collectivités.
Pour les collectivités du Pacifique, les échanges humains, économiques,
culturels, entre, d’une part, États et territoires de l’Océanie et, d’autre
part, organisations régionales ou internationales, peuvent et doivent être
encouragés en s’appuyant :
– sur des coopérations politiques (visite du président du gouvernement
de la Nouvelle-Calédonie en Nouvelle-Zélande début mai 2016) ;
– sur des coopérations économiques (une déclaration d’intention devrait
être signée en juin 2016 entre la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande).
Globalement, le tourisme, les communications (transports, communications
électroniques) et l’exploitation des ressources (nickel en Nouvelle-Calédonie)
sont des secteurs prioritaires qui doivent être encouragés ;
– sur des coopérations techniques : entre organismes de recherche des
collectivités et des autres États et territoires de la région. Les secteurs à
développer en priorité, en accord avec les collectivités, sont l’environnement
(lutte contre le changement climatique), la prévention des catastrophes, la
santé et la sécurité alimentaire.
Un soutien et un encadrement doivent être envisagés pour les collectivités
territoriales du Pacifique :

Diplomatie et territoires 169


ANNEXES

– en matière de relations régionales/internationales (y compris en ce qui


concerne les relations avec l’UE, par exemple dans le contexte de la mise
en œuvre du FED PTOM). Il peut passer par une aide à la formation et à
la désignation des « délégués » des collectivités (PF et NC) affectés dans
les États de la région et au-delà (Japon) ou la désignation de conseillers
diplomatiques auprès des représentants de l’État dans les CT du Pacifique ;
– en matière de coopération technique. Le Fonds Pacifique contribue
aux coopérations politiques (soutien apporté par exemple à la réunion du
groupe des dirigeants polynésiens), aux coopérations économiques et aux
coopérations techniques 1. Les collaborations entre organismes universitaires
ou de recherche doivent être encouragés et développés.
1/Nouvelle-Calédonie : la Nouvelle-Calédonie dispose, depuis 2001, d’un
Service de coopération régionale et des relations extérieures (Accord de
Nouméa de 1998 et loi organique no 99-209 du 19 mars 1999) qui peut :
– négocier et signer des accords avec les États, territoires ou organismes
régionaux au nom du gouvernement français ;
– représenter la France au sein d’organismes régionaux ;
– adhérer en son nom propre à des organisations internationales ;
– disposer de représentations auprès d’États ou territoires du pacifique.
Néanmoins, ses relations avec son environnement régional seront fonction
de l’évolution de son statut (référendum sur l’indépendance prévu au
plus tard en 2018). Quel qu’en soit le résultat, la nécessité d’une insertion
régionale demeurera accrue. Un des enjeux sera de pérenniser des rela-
tions privilégiées entre la Nouvelle-Calédonie et la France et la capacité
d’influence de cette dernière dans la zone.

• Actions extérieures de la Nouvelle-Calédonie

Australie : les échanges se sont intensifiés ces dernières années notamment


avec la signature de déclarations d’intention relatives à la sécurité civile
et à la protection des récifs coralliens et d’un accord bilatéral (visites de la
Gouverneure générale d’Australie en 2012, des ministres de l’Éducation et
de la Coopération internationale du Pacifique en septembre et novembre
2015). En matière de coopération économique, la ligne aérienne Melbourne-
Nouméa est ouverte depuis deux ans avec succès et un projet de câble
sous-marin entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie est en cours.
Nouvelle-Zélande : le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a nommé
en avril 2012 son premier « délégué pour la Nouvelle-Calédonie » en poste à
l’ambassade de France à Wellington, qui a été reconduit dans ses fonctions
en 2015 pour renforcer la coopération bilatérale. À terme, d’autres délégués
pourraient intégrer les ambassades de France en Australie (2017), Fidji,

1 Dans ces derniers domaines, il existe de multiples exemples, entre 40 et 50 projets seront cofinancés
par le Fonds en 2016 : ces actions doivent être confortées par un maintien et si possible un accrois-
sement du Fonds (crédits du programme 209).

170 Diplomatie et territoires


Les collectivités d’outre-mer

Papouasie-Nouvelle-Guinée et Vanuatu. Le Japon a également fait part de


son désir de voir un délégué calédonien nommé au sein de l’ambassade
de France à Tokyo.
Vanuatu : plus proche voisin de la Nouvelle-Calédonie, la Vanuatu soutient
notamment la candidature de la Nouvelle-Calédonie au sein du Groupe Fer
de lance mélanésien (GFLM). Il bénéficie d’une Convention de coopération
pluriannuelle reconduite pour la quatrième fois en février 2015.
Fidji : la coopération avec les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC)
se développe, les projets de coopération devraient s’intensifier dans les
années à venir.
Asie : la Nouvelle-Calédonie bénéficie d’un fort potentiel touristique
(environ 20 000 touristes japonais en 2014). Le gouvernement souhaite
développer le tourisme collectif chinois et obtenir le statut de « destination
touristique agréée » déjà détenu par la Polynésie ; les autorités chinoises
ont émis un avis favorable. Le Consulat général d’Indonésie à Nouméa
(3 900 Indonésiens en Nouvelle-Calédonie) s’attache aussi à promouvoir
les échanges économiques. En outre, l’Indonésie est depuis juin 2015
membre associé du GFLM, dont la vocation économique est de plus en
plus marquée. Et avec une communauté de 4 500 personnes en Nouvelle-
Calédonie, la vice-ministre des Affaires étrangères chargé des Vietnamiens
à l’étranger a évoqué la nomination d’un consul honoraire à Nouméa lors
de sa visite en octobre 2015.
Organisations régionales : la NC est « membre plein » de la Communauté
du Pacifique (CPS) dont le siège est à Nouméa, du Programme régional
océanien de l’environnement (PROE), et « membre associé » du Forum
des Îles du Pacifique (FIP) et de la Commission économique et sociale de
l’Asie-Pacifique (ONU-CESAP).
Forum des îles du Pacifique (FIP) : « membre associé » depuis 2006, le
statut du territoire constitue pour certains États membres du Forum un
obstacle à son éligibilité comme membre plein. À l’occasion du 4e Sommet
France-Océanie (novembre 2015, Paris), le gouvernement australien a fait
part, par lettres du ministre du Développement international et du Pacifique
adressées au président de la République et à la ministre des Outre-mer, de
son soutien au rehaussement du statut de la collectivité au sein de cette
organisation.
Groupe Fer de lance mélanésien (GFLM) : le Front de libération natio-
nale kanak et socialiste (FLNKS) est membre plein depuis 1999 de cette
organisation créée en 1988 pour renforcer la solidarité inter-mélanésienne.
Depuis 2009, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie s’est rapproché
du GFLM et un accord de coopération a été signé en 2012 sur la promotion
de la francophonie au sein de l’organisation (moyens accrus de traduction
et d’interprétation), renouvelé en 2013.
2/Wallis-et-Futuna : d’après la loi no 61-814 du 29 juillet 1961, la République
française assure les relations extérieures de Wallis-et-Futuna. Les relations

Diplomatie et territoires 171


ANNEXES

de la collectivité avec les États insulaires voisins s’appuient sur les liens
culturels anciens et se concentrent principalement sur des actions en direction
de la jeunesse et des sports et en matière de formation professionnelle.
Les deux tiers de la population résident d’ailleurs en Nouvelle-Calédonie.
Des réflexions sont en cours afin d’améliorer la communication du territoire
avec son environnement régional, notamment par l’installation d’une
bretelle de dérivation d’un câble à haut débit reliant Fidji et Samoa. Une
étude de faisabilité diligentée par la CPS avec l’appui du Fonds Pacifique
pourrait déboucher sur une restructuration des communications régionales
aériennes et maritimes.
Wallis-et-Futuna est membre de la Communauté du Pacifique (CPS) et du
Programme régional océanien pour l’environnement (PROE). La collectivité
bénéficie également du statut de « membre observateur » auprès du Forum
des îles (FIP) du Pacifique et a exprimé en décembre 2007 le souhait
d’accéder au statut de « membre associé ».
3/Polynésie française : en vertu de la loi organique du 27 février 2004 le
gouvernement de la Polynésie française peut notamment :
– négocier et signer des accords avec les États, territoires ou organismes
régionaux au nom du gouvernement français ;
– représenter la France au sein d’organismes régionaux ;
– adhérer en son nom propre à des organisations internationales ;
– nommer des représentants auprès d’États ou territoires du Pacifique
(aucun actuellement).

• Actions extérieures de la Polynésie française

Chine : l’accord de « destination touristique agréée » passé entre l’UE et la


Chine en 2004 a été étendu à la Polynésie française, à la demande de son
gouvernement en 2008 (environ 1 400 touristes chinois viennent chaque
année en Polynésie française). En juin 2015 et avril 2016, le président de la
Polynésie française s’est déplacé en Chine où il a rencontré le vice-président
chinois et les dirigeants de la Banque chinoise de développement pour
évoquer notamment le projet aquacole « Tahiti Nui Ocean Foods », le rachat
d’hôtels par Hainan Tourisme et la construction de routes.
États-Unis : un câble de télécommunication relie la collectivité à l’État
américain d’Hawaï.
Organisations régionales : comme la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie
française est « membre plein » de la Communauté du Pacifique (CPS), du
Programme régional océanien de l’environnement (PROE), et « membre
associé » du Forum des îles du Pacifique (FIP) et de la Commission écono-
mique et sociale de l’Asie-Pacifique (ONU-CESAP). Elle participe enfin à
l’Agence des pêches du forum (FFA), à la Commission inter-américaine du
thon tropical (IATTC) et au Pacific Economic Cooperation Council (PECC).

172 Diplomatie et territoires


Les collectivités d’outre-mer

Groupe des dirigeants polynésiens (Polynesian Leaders Group [PLG]) :


la Polynésie française est membre fondateur de ce nouvel ensemble
sous-régional de coopération créé en 2011.
Forum des îles du Pacifique (FIP) : « membre associé » de cette enceinte
politique, la Polynésie française souhaite voir le rehaussement de son statut
à celui de « membre plein ».

COLLECTIVITÉS FRANÇAISES D’AMÉRIQUE

Les cinq collectivités françaises d’Amérique (CFA) se caractérisent chacune


par leurs spécificités et leur statut différencié 1. Dans leurs relations avec
leur environnement, elles ont aussi chacune leurs problématiques particu-
lières (la relation avec ses voisins brésilien et surinamien pour la Guyane,
la cohabitation avec la partie néerlandaise de l’île pour Saint-Martin…).
Si la loi d’orientation pour l’outre-mer de 2000 a reconnu des compétences
en matière d’action internationale aux collectivités d’outre-mer, les CFA
ne se sont véritablement saisies que récemment de cette faculté d’agir à
l’international.
L’action extérieure des territoires français de la Caraïbe sert naturellement
de relais des intérêts culturels, économiques et stratégiques de la France.
Les enjeux de la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane sont
multiples :
– en termes culturels, les CFA doivent servir de base d’expansion pour la
francophonie dans un environnement majoritairement anglophone ;
– en termes de savoir-faire, il convient d’utiliser davantage les pôles d’ex-
cellence des CFA (santé, agriculture, formation, recherche…) pour aider au
développement des pays voisins et développer l’influence de la France ;
– la dimension européenne des CFA sert également de levier à la coopération
régionale, avec les moyens du Fonds européen pour le développement
(FED) et du Fonds européen de développement économique régional
(FEDER) et la Politique européenne de grand voisinage à partir de régions
ultrapériphériques.
Une politique de coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane répond
aussi à une demande des pays voisins : la France fait l’objet d’attentes
particulières dans la zone 2.
Les CFA agissent à l’international à travers trois actions principalement :

1 Si la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sont des collectivités de l’article 73 de la Constitution,


la Guadeloupe est toujours une région monodépartementale alors que la Martinique et la Guyane
sont devenues au 1er janvier 2016 des collectivités uniques.
Si Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont des collectivités de l’article 74 de la Constitution, Saint-Martin
est une RUP alors que Saint-Barthélemy est un PTOM.
2 En atteste la demande d’un retour de la France au capital de la Banque de développement des
Caraïbes (Sommet Climat à Fort-de-France, mai 2015).

Diplomatie et territoires 173


ANNEXES

– l’adhésion aux organisations régionales : elles sont nombreuses dans la


zone Antilles-Guyane. Malgré leur diversité et la faiblesse de leurs moyens,
elles constituent un cadre irremplaçable pour favoriser le rapprochement
des CFA avec leur pays voisins, en permettant des échanges d’informations
et leur participation éventuelle à des politiques publiques mutuellement
bénéfiques 1 ;
– l’affectation d’agents des CFA au sein du réseau diplomatique permise
par la loi du 27 juillet 2011 relative aux collectivités territoriales de Guyane
et de Martinique ;
– les relations bilatérales qu’entretiennent chacune des CFA avec les
collectivités des pays voisins. La Martinique, la Guadeloupe mais aussi la
Guyane, bien que dans une moindre mesure, développent avec leurs voisins
privilégiés, des projets de coopération dans des domaines très divers 2.
En termes de moyens, ce sont principalement les financements euro-
péens qui dynamisent les projets de coopération régionale des CFA.
Sous la programmation 2014-2020, la zone Antilles-Guyane compte trois
programmes de coopération INTERREG :
1. le programme INTERREG Caraïbes, doté de 64 millions d’euros, dont
l’autorité de gestion est la Région Guadeloupe 3.
2. le programme INTERREG Amazonie, doté de 18,8 millions d’euros, dont
l’autorité de gestion est la collectivité territoriale de Guyane 4.

1 À ce jour, la Guadeloupe et la Martinique sont devenues membres associés, en leur nom propre,
de la CEPALC-CDCC (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes – Comité de
développement et de coopération des Caraïbes – 2012), la France en étant membre à part entière.
Elles sont également devenues membres associés de l’Association des États de la Caraïbe (AEC)
(2014), en leur nom propre et au même titre que la France, qui continue à représenter la Guyane,
Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
La Martinique est aussi membre associé de l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECS
– Organisation of Eastern Caribbean States – OECO – 2015), organisation où la France n’est pas
représentée.
2 Aussi peut-on citer, à titre d’exemples :
Pour la Martinique :
– les déclarations d’intention de coopération avec Antigua-et-Barbuda en 2012 et Sainte-Lucie en
2014 dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’agriculture, du tourisme, du transport aérien
et maritime, de la culture ;
– les actions de coopération avec l’État du Para au Brésil dans les domaines du tourisme, de la
biomasse, de l’agriculture, l’élevage et l’import/export ;
– projets de coopération avec La Dominique en matière de géothermie et d’énergies renouvelables
entre les deux îles.
Pour la Guyane : coopération transfrontalière avec le Brésil et le Suriname dans les domaines de la
lutte contre la pêche illégale, de la lutte contre l’orpaillage illégal, de la coopération policière…
Pour la Guadeloupe : projets de coopération avec La Dominique en matière de géothermie et
d’énergies renouvelables entre les deux îles.
3 Ce programme couvre :
– dans son volet transfrontalier (41,1 M€) : la Guadeloupe, la Martinique ainsi que les pays de l’OECO ;
– dans son volet transnational (23,2 M€) : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Saint-Martin et
l’ensemble des États de la Grande Caraïbe.
4 Ce programme couvre :
– dans son volet transfrontalier (4,8 M€) : la Guyane, le Suriname et l’État brésilien de l’Amapa ;
– dans son volet transnational (14,1 M€) : la Guyane, le Suriname, le Guyana et les États brésiliens
de l’Amapa, du Para et de l’Amazonas).

174 Diplomatie et territoires


Les collectivités d’outre-mer

3. le programme INTERREG Saint-Martin/Sint-Maarten, doté de 10 millions


d’euros, dont l’autorité de gestion est la préfecture déléguée de Saint-Martin 1.

• Perspectives d’évolution des collectivités françaises d’Amérique

L’adhésion aux organisations régionales en cours constituerait une première


piste d’évolution des CFA. Dans la perspective des adhésions prochaines
des collectivités territoires françaises d’Amérique 2. Dans la perspective
de ces prochaines adhésions, le ministère devrait mener une réflexion
sur cette nouvelle donne au sein des organisations régionales de la zone
Antilles-Guyane et sur le poids nouveau de la France dans ces organisations
(OECO et CARICOM notamment qui sont des organisations dans lesquelles
la France en tant que telle n’est pas représentée). Un travail de coordination
État/collectivités territoriales sera nécessaire.
L’arrivée à échéance des contrats des premiers agents des collectivités
affectés au réseau diplomatique et l’arrivée à la tête des collectivités de
nouveaux exécutifs interrogent le dispositif d’accueil de ces agents. S’il n’est
pas remis en cause dans son principe, il appelle des améliorations dans sa
mise en application (régime indemnitaire, facilité de résidence, passeport
de service, régime fiscal…). Les présidents de collectivité (Martinique,
Guadeloupe, Guyane) ont indiqué qu’ils entendaient conserver le dispositif
mais revoir les pays d’affectation. La loi Letchimy (Loi n° 2016-1657 du
5 décembre 2016 sur l’action extérieure des collectivités territoriales et
la coopération des outre-mer dans leur environnement régional - Journal
officiel du 6 décembre 2016) renvoie à un décret fixant les conditions
d’exercice des fonctions de ces agents.
S’agissant des financements européens, la participation de l’ambassadeur
délégué à la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane aux
différents comités (de suivi, de programmation, de sélection) permet au
MAEDI d’être associé aux programmes INTERREG. Les moyens nationaux
de coopération régionale étant en constante diminution aussi bien au
MAEDI (fonds de coopération) qu’au ministère des Outre-mer (fonds de
coopération régionale – FCR), c’est à travers les financements européens
que peuvent être portés des projets structurants de coopération régionale.
La coopération institutionnelle des CFA, si elle est essentielle, doit néan-
moins nécessairement s’étendre à de nouveaux champs, et sans doute
se rapprocher de la réalité des échanges économiques et humains entre

1 Ce programme ne comporte qu’un volet transfrontalier qui couvre les parties française et néerlandaise
de l’île de Saint-Martin.
2 La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ont présenté leur candidature auprès de la CARICOM pour
une adhésion sous le statut de membre associé, en leur nom propre. Le principe de cette adhésion
a fait l’objet d’un large consensus politique par les États membres. La Guadeloupe poursuit son
processus d’adhésion à l’OECO. Saint-Martin s’est également engagé dans un processus d’adhésion
à l’AEC – qui devrait être concrétisé au prochain Sommet de l’AEC à La Havane en juin prochain –, à
l’OECO et à la CARICOM. La Guyane a adressé dernièrement une demande d’adhésion à la CEPALC.
Son président a, par ailleurs, annoncé qu’il demanderait l’adhésion à l’UNASUR.

Diplomatie et territoires 175


ANNEXES

les CFA et le continent américain. En effet, la dimension économique


des CFA dans leur bassin est insuffisamment exploitée, tant pour les CFA
elles-mêmes que pour la France. La prééminence des États-Unis dans les
échanges économiques et humains entre les CFA et les Amériques doit être
prise en compte, notamment dans les stratégies export de nos entreprises.
Ainsi, une meilleure interface avec le réseau diplomatique aux États-Unis,
et notamment notre consulat général à Miami, doit être mise en place 1. Il
faut davantage inciter les entreprises des CFA à l’export, de développer le
tourisme régional qui peut être multiple (culture, tourisme vert, tourisme
médical…), des atouts éducatifs des CFA mériteraient eux aussi d’être
valorisés, notamment vers les publics nord-américains et canadiens, mais
aussi mexicains et brésiliens. La mobilité régionale des étudiants doit être
encouragée : à la dernière Conférence de coopération régionale qui s’est
tenue à Cayenne les 31 mars et 1er avril 2016, la ministre des Outre-mer a
annoncé un Erasmus Caraïbes.

COLLECTIVITÉS TERRITORIALES DE L’OCÉAN INDIEN

En océan Indien, les collectivités territoriales de La Réunion et Mayotte


ainsi que la collectivité à statut particulier que sont les Terres australes et
antarctiques françaises (TAAF), mettent en place des actions de coopération
décentralisée, dont certains sont menés avec des États partenaires.
L’ouverture internationale de La Réunion pour son développement écono-
mique et pour l’avenir de ses jeunes, aux États voisins membres de la
Commission de l’océan Indien et à ses partenaires plus lointains – pays
émergents (Afrique du Sud, Australie, Chine, Inde) et futurs émergents (Île
Maurice, Kenya, Mozambique, Seychelles, Tanzanie…) est une nécessité.
Mayotte, reconnue quant à elle en tant que région ultrapériphérique (RUP),
est désormais considérée par la Commission européenne comme un
partenaire stratégique pour la mise en œuvre des politiques de coopération
en tant qu’« ambassadrice [avec La Réunion] de l’UE dans l’océan Indien ».

1 Les échanges des CFA avec le continent américain sont à la fois faibles (190 M€ d’exportations en
2015, soit 21 % du total) et déficitaires (-515 M€ l’an dernier). Surtout, ils sont massivement orientés
vers les États-Unis (59 % des échanges commerciaux, près de la moitié du déficit commercial et une
écrasante majorité des échanges universitaires), pays avec lequel leur coopération institutionnelle
est pourtant à peu près inexistante.

176 Diplomatie et territoires


Annexe 8

Annexe 8
La Mission opérationnelle transfrontalière (MOT)
(Annexe à « Renforcer la Mission opérationnelle
transfrontalière (MOT) », p. 125)

La MOT (association loi 1901) réunit les différents niveaux (local, régional,
national) de part et d’autre des frontières, et leurs groupements, dans l’esprit
de l’intérêt général transfrontalier et dans une perspective résolument
européenne.
Conscient de la situation frontalière de la France, unique en Europe, le
gouvernement français a créé la MOT en 1997. Elle a été présidée par
Roland Ries, Pierre Mauroy et depuis 2008 Michel Delebarre. Régie par un
statut associatif, la MOT regroupe soixante-dix adhérents 1, représentant
tous les acteurs impliqués dans l’aménagement des espaces frontaliers, dont
plus des deux tiers sont des collectivités territoriales. Elle est soutenue par
l’État, principalement le CGET et la CDC, ainsi que le MAEDI, le ministère
de l’Intérieur et le ministère des Outre-mer.
Son action, encadrée par un programme décidé par l’État et l’ensemble
de ses membres et partenaires, a pour objectifs :
– de mieux faire prendre en compte la dimension transfrontalière dans les
politiques publiques ;
– de faciliter l’interface entre les administrations françaises et leurs inter-
locuteurs dans les pays voisins ;
– de mettre en réseau les territoires frontaliers, à l’échelle nationale et
européenne, pour identifier les besoins, les obstacles rencontrés et faciliter
leur résolution ;
– de mener des projets opérationnels et concrets sur le terrain, ayant
pour effet de rapprocher les citoyens des pays frontaliers et de renforcer
l’adhésion des peuples à la construction européenne, nécessitant une
véritable ingénierie technique que la MOT a pu acquérir depuis sa création.
Après vingt ans de travail et de capitalisation de son savoir-faire, la MOT
– une structure légère de seulement 8 personnes – est devenue un outil
d’expertise de référence, unique en Europe. Elle est unanimement reconnue
au niveau local, comme national en France, dans les pays voisins et par les
institutions européennes et internationales. Son expertise est qualifiée par
ses membres comme incontournable, et son appui indispensable pour faire
face à la montée en puissance des questions frontalières.

1 Voir la carte du réseau en annexe. Site de la MOT : www.espaces-transfrontaliers.eu

Diplomatie et territoires 177


ANNEXES

La MOT est également un outil d’ingénierie française reconnu dans le


monde à travers les missions qu’elle développe sur d’autres continents
(Afrique, Amérique), pour des États voisins, ou des organisations régionales
et internationales. Les opérateurs français à l’international (AFD, Expertise
France…) ont vocation à s’articuler davantage avec la MOT et son savoir-faire
spécifique. Elle peut également faciliter la mise en relation de collectivités
françaises frontalières avec leurs homologues dans le reste du monde.
Dans le contexte actuel d’évolution rapide de la situation internationale
(crise de l’Europe, gestion des flux migratoires, enjeux sécuritaires) et de
l’action publique (réformes territoriales), les politiques de gestion des
frontières doivent désormais combiner les enjeux régaliens et stratégiques
où l’État reste pilote, et le développement territorial transfrontalier, où les
collectivités sont en première ligne.

178 Diplomatie et territoires


Annexe 9

Annexe 9
La coopération transfrontalière
(Annexe à « Les coopérations transfrontalières : de forts
enjeux en matière de développement économique, qui
appellent une meilleure coordination », p. 80)

La stratégie définie devrait prioritairement prendre en compte


les grands enjeux suivants

Répondre aux besoins de services quotidiens des populations frontalières


Il s’agit d’utiliser au mieux les cadres de coopération transfrontaliers et
d’inciter systématiquement à la mise en œuvre de schémas de services
transfrontaliers à l’échelle des bassins de population qui concerneraient l’État,
les collectivités territoriales et les opérateurs et permettrait des économies
d’échelle rentabilisant nos équipements. Les domaines à développer sont
très nombreux. On peut mentionner les priorités suivantes, qui peuvent
naturellement se décliner différemment selon les régions considérées :
• Organiser l’offre en matière de santé et d’accès aux soins à l’échelle du
bassin transfrontalier. Certaines zones frontalières françaises présentent
une proximité telle avec la région étrangère voisine que les populations,
les établissements de soins et les professionnels de santé ont exprimé le
souhait de mettre en œuvre des dispositifs de simplification administrative
et financière en matière d’accès aux soins pour les résidents des deux
côtés de la frontière. L’objectif principal de ces zones est d’améliorer les
conditions d’accès aux soins aux populations frontalières. Pour ce faire, les
modalités administratives et financières de prise en charge des patients
dans les établissements hospitaliers de part et d’autre de la frontière
gagneraient à être simplifiées. À titre d’exemple, il existe d’ores et déjà
des zones organisées d’accès aux soins transfrontaliers (ZOAST) entre
la Belgique et la France permettant aux populations de se rendre sans
autorisation médicale préalable dans un établissement hospitalier situé
de l’autre côté de la frontière.
• Mieux organiser l’offre d’emploi et la formation professionnelle. La
coopération entre régions voisines sur les bourses pour l’emploi et la
formation professionnelle est un axe majeur de coopération. Dans le cadre
des groupements européens de coopération territoriale (GECT), de réelles
avancées peuvent déjà être observées. Les relations entre la Sarre et la
Lorraine, par exemple, qui organisent notamment un marché de l’emploi
unifié avec relations directes entre l’agence Pôle Emploi de Sarreguemines
et die Agentur für Arbeit de Sarrebruck, comprenant des modules de
formation linguistique ; d’apprentissage et de formation professionnelle,

Diplomatie et territoires 179


ANNEXES

et même une ligne de bus transfrontalière conçue dans cet objectif, méri-
teraient sur ce point d’inspirer d’autres zones frontalières. De même, une
déclaration pour une expérimentation de coopération transfrontalière dans
ce domaine a été signée lors de la CIG franco-luxembourgeoise du 26 mai
2015 et un comité technique a été créé en vue d’une concrétisation de
cette coopération à la rentrée prochaine.
• Faciliter les transports, et notamment les transports de proximité, à
l’échelle du bassin transfrontalier. Comme le souligne dans son rapport le
préfet Cadiot, « à Lille, à Luxembourg, à Sarrebruck, à Genève, sur la côte
méditerranéenne et notamment à proximité de Monaco, partout la question
des transports est récurrente à tous points de vue ». Parler des aéroports, des
trains de ligne et des grandes liaisons tunnelières (tunnels du Mont-blanc et
du Fréjus, tunnel sous la Manche, liaison Lyon-Turin, tunnel du Somport…)
sort en grande partie du cadre de cette note car il s’agit moins de liaisons
transfrontalières au sens strict du terme que de liaisons internationales, mais
« ce qui est véritablement au cœur des préoccupations transfrontalières, ce
sont les possibilités d’accès au travail quotidien : autoroutes saturées, bus
qui s’arrêtent à la frontière, comme à Lille, lignes de tramway insuffisantes,
voire inexistantes, constituent un frein fort au développement économique
de ces zones ». À titre d’exemple, le développement des infrastructures de
transport est au cœur des échanges entre la France et le Luxembourg, à
l’image de l’aménagement de l’autoroute A31-A3 (A31 bis) qui fait l’objet
de point d’étapes réguliers ou du TER entre Thionville et Luxembourg
dont un cinquième sillon est actuellement mis en place pour améliorer le
cadencement des trains.
• L’environnement et la gestion de l’énergie constituent également des
préoccupations particulièrement importantes et peuvent faire l’objet de
coopérations transfrontalières fructueuses et porteuses de développement
économique. Si les problématiques environnementales ont évidemment
une importance capitale en zone de montagne (on songe aux réserves
et parcs naturels et aux ressources touristiques qu’ils procurent), elles
concernent au moins autant les zones urbaines et péri-urbaines. Certaines
questions sont d’une extrême sensibilité pour la vie quotidienne de nos
concitoyens et le développement durable d’un même territoire de part et
d’autre d’une frontière : gestion des eaux d’un fleuve comme le Rhône,
gestion des déchets par exemple… En matière d’énergie, on peut évoquer
le projet « Trion », installé à Kehl, qui peut illustrer un type de coopération
transfrontalière intéressant. Ce projet de la conférence du Rhin supérieur
a pour objectif de créer des synergies entre les trois pays pour diminuer
les émissions de gaz à effet de serre de 80 % avant 2050. Pour atteindre
cet objectif, tous les moyens peuvent être étudiés et utilisés : forte dimi-
nution de l’utilisation d’énergie primaire, développement des bâtiments
« autonomes » en chauffage, eau chaude, climatisation.
• Enfin, en termes d’infrastructures apportant des bénéfices concrets aux
populations de part et d’autre d’une frontière, des progrès peuvent certai-
nement être faits. En effet, si l’on met à part les très grands équipements

180 Diplomatie et territoires


La coopération transfrontalière

que sont les tunnels routiers ou ferroviaires (Mont-Blanc, Fréjus, tunnel


sous la Manche) ou l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse, qui sont d’ailleurs
plus internationaux que transfrontaliers au sens propre du terme car ils
n’impliquent pas directement les collectivités territoriales, il n’existe guère
qu’une seule infrastructure sur nos frontières qui soit véritablement bina-
tionale, financée quasi paritairement par la France et l’un de ses voisins et
prioritairement destinée aux populations locales : l’hôpital franco-espagnol
de Puigcerdá. Cet établissement, qui a ouvert ses portes en Catalogne
en septembre 2014 à quelques kilomètres de la frontière française, est
devenu l’hôpital de référence de tous les habitants de la Cerdagne et du
Capcir, qu’ils soient français ou espagnols. Il s’inscrit dans le cadre de la
coopération sanitaire transfrontalière entre la France et l’Espagne et vise
à assurer et à garantir un meilleur accès aux soins aux populations de la
zone frontalière. Le GECT « Hôpital de Cerdagne », qui en est la structure
gestionnaire, a remporté l’édition 2016 du prix « Construire une Europe
sans frontières », en tant qu’instrument d’intégration d’un territoire par-delà
les frontières et outil de croissance et de développement au niveau local.
Des pistes de réflexion peuvent être ouvertes sur la possibilité de créer
d’autres équipements fonctionnant sur le même modèle, notamment dans
des secteurs tels que la santé, le soutien aux personnes dépendantes,
l’éducation, les transports, la culture ou le tourisme par exemple.
Il ne faut cependant pas méconnaître la complexité du processus de création
et de fonctionnement de ces infrastructures, dont la multiplication, au-delà
de leur caractère symbolique, n’apparaît pas déterminante en termes de
services aux populations et de développement économique et social des
régions concernées, si on compare leurs bénéfices à ceux que l’on peut
retirer, toujours en matière d’équipements concrets, d’autres types de
coopérations transfrontalières, tels que :
– les financements croisés : un État (ou une collectivité) contribuant, sur le
territoire de l’État voisin, au financement d’un équipement utile aux deux
populations (par exemple, en matière de transports, le cofinancement
franco-suisse du réseau de chemin de fer CEVA dans le Genevois français) ;
– l’aménagement commun ou concerté de pôles transfrontaliers, dont
l’un des meilleurs exemples reste sans doute, à cheval sur la frontière
franco-luxembourgeoise, le GECT d’Alzette-Belval ;
– ou enfin, plus classiquement, l’approfondissement et le renforcement
des coopérations existantes entre équipements nationaux, afin d’accroître
leur périmètre d’action réciproque au-delà des frontières.

Diplomatie et territoires 181


ANNEXES

Annexe 10
Panorama des instruments financiers de l'UE pour
la politique européenne de développement
(Annexe à « La Commission européenne
a progressivement renforcé son appui à l’action
extérieure des collectivités locales européennes », p. 103)

Le Conseil a adopté en décembre 2013 le règlement sur le cadre financier


pluriannuel pour la période 2014-2020. Ce cadre prévoit, pour la rubrique 4
« l’Europe dans le monde », un montant de 58,7 milliards d’euros (en
crédits d’engagement) sur un budget global de 959,9 milliards d’euros
soit une augmentation de 3,3 % par rapport à la période 2007-2013
(56,8 milliards d’euros).
Les financements européens répondent aux grandes politiques menées par
l'UE (de l’agriculture à la protection des consommateurs, en passant par
les transports ou encore le marché intérieur…). Les instruments financiers
européens fonctionnent selon une distinction géographique ou thématique,
mais certains mêlent les deux caractéristiques. Ils sont listés dans ci-dessous
(source : Représentation permanente de la France auprès de l’UE) :
Le fonds européen de développement (FED)
• Budget du 11e FED pour 2014-2020 : 30,5 Mds€.
• Couverture géographique : principal instrument de coopération de l’UE
avec les 79 pays de la zone ACP et les pays et territoires d’outre-mer (PTOM).
• Objectifs : développement économique, développement social et humain,
coopération et intégration régionale.
• 29 Mds€ (95 %) du budget est dédié aux pays ACP (dont 60 % pour l’Afrique
subsaharienne) dont 24,4 Mds aux programmes nationaux et régionaux,
3,6 Mds€ à l’enveloppe intra-ACP (Facilité eau, Facilité énergie, Facilité de
paix, programmes transversaux) et 1,1 Md€ à la facilité d’investissement.
L’enveloppe dédiée aux PTOM est de 300 M€.
L’instrument de coopération au développement (ICD)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 19,6 Mds€.
• Objectifs : réduction de la pauvreté, développement économique et social
durable, insertion des pays en développement dans l’économie mondiale.
• Couverture géographique et thématique : 5 zones géogra-
phiques – Amérique latine, Asie, Asie centrale, Moyen-Orient et Afrique
du Sud. 2 lignes thématiques : biens publics mondiaux (environnement
et changement climatique, énergie durable, développement humain,

182 Diplomatie et territoires


Panorama des instruments financiers

sécurité alimentaire et agriculture durable, asile et migration) et soutien


aux organisations de la société civile et autorités locales. Les programmes
financés au titre de ces thématiques n’ont pas de restriction géographique et
peuvent concerner également les pays couverts par le FED ou l’instrument
de voisinage.
• 1 programme panafricain : programmes transrégionaux et continentaux.
L’instrument européen de voisinage (IEV)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 15,4 Mds€.
• Objectifs : offrir aux pays voisins de l’UE une coopération privilégiée
reposant sur la construction d’¦un espace de valeurs partagées tant au
point de vue politique (démocratie, droits de l’Homme, gouvernance)
qu’économique.
• Couvre 16 pays : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Syrie, Israël,
Territoires palestiniens, Jordanie, Liban, Ukraine, Moldavie, Biélorussie,
Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan. Cet instrument comprend également des
programmes de coopération régionale et transfrontalière.
• Dans le domaine de l’élargissement : l’instrument de préadhésion (IPA)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 11,7 Mds€.
• Objectifs : renforcer les institutions et la législation des pays partenaires
en vue de leur adhésion à l’UE (réformes administratives et économiques).
• Couverture : les pays reconnus comme candidats à l’UE : Balkans occi-
dentaux, Turquie, Islande.
L’instrument de partenariat (IP)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 954 M€.
• Nouvel instrument de la période 2014-2020 ; résulte de la suppression
de l’ancien ICI (instrument de coopération avec les pays industrialisés).
• Objectifs : coopération avec les pays ne pouvant bénéficier des instruments
géographiques d’aide, mais qui jouent un rôle majeur dans la gouvernance
mondiale, l’économie et le commerce international ; les thèmes sont liés
à la stratégie « Europe 2020 », aux enjeux mondiaux (climat, énergie,
urbanisation), l’accès au marché et l’internationalisation des entreprises,
la facilitation au commerce.
• Couverture : globale mais les objectifs indiquent qu’il s’agira essentiel-
lement de la coopération avec les pays émergents.
L’Instrument de Paix et Stabilité (IdPS)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 2,3 Mds€.
• Objectifs : prévention et réponse aux crises.

Diplomatie et territoires 183


ANNEXES

• Couverture : court terme (partie non programmée à l’avance) et long


terme (prévention du terrorisme, du crime organisé, amélioration des
infrastructures en matière de sécurité ou santé publique, prévention des
risques NRBC) ; pas de restriction géographique.
L’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme
(IEDDH)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 1,3 Md€.
• Objectifs : soutient la promotion de la démocratie et des droits de
l’homme dans les pays tiers ; contrairement aux autres instruments, l’IEDDH
peut être mobilisé dehors d’accord de coopération avec les autorités du
pays partenaire, pour soutenir les associations ou défenseurs des droits
de l’homme.
• Couverture : globale.
L’aide humanitaire (ECHO)
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-2020 : 5,3 Mds€. +
mécanisme d’urgence et protection civile : 176 M€.
L’assistance macro-financière
• Crédits alloués au titre de la programmation 2014-20 : 548,3 M€.
• Objectifs : rétablissement de l’équilibre de la balance des paiements
(don ou prêt dans le cadre d’un programme d’ajustement et de reformes).
La France et les instruments de la politique européenne
de développement
En 2014, la contribution de la France au budget communautaire était de
16,44 % et de 19,55 % au Fonds européen de développement (FED).
L’aide européenne au développement de l’UE est financée pour partie par
la rubrique 4 du budget communautaire à 51,42 Mds€ (hors FED), et pour
partie par le Fonds européen de développement (30,5 Mds€ pour le sur
la période 2014-2020).
Le « programme pour le changement », dont l’approche a été validée par
les États membres en mai 2012, insiste sur la nécessité de différencier les
partenariats et les instruments en fonction des revenus des pays partenaires
et de l’impact potentiel de l’aide européenne.
Il propose notamment de concentrer l’aide de l’UE dans les pays les moins
avancés.
Enfin, il vise à renforcer la cohérence des politiques européennes au service du
développement et encourage la programmation conjointe de l’aide européenne.
Le « Programme pour le changement » a fortement influencé la program-
mation des instruments d’aide extérieure pour la période 2014-2020 qui
comprend 10 instruments principaux.

184 Diplomatie et territoires


Panorama des instruments financiers

Le Fonds européen de développement

Créé en 1959, le Fonds européen de développement (FED) est l’instrument


principal de l’aide européenne au développement entre l’UE et 79 pays
dits ACP (Afrique subsaharienne sauf Afrique du Sud, Caraïbes, Pacifique),
et pays et territoires d’outre-mer (PTOM).
Restant hors budget de l’UE et abondé par des contributions volontaires
des États membres, le 11e FED s’élève à 30,5 Mds€, pour la période 2014-
2020. Il entre en vigueur le 1er mars 2015. Deuxième contributeur au FED
après l’Allemagne, la France contribue au 11e FED à hauteur de 19,55 %,
soit 5,4 milliards d’euros sur sept ans. En 2014, la contribution de la France
s’est élevée à 640 M€.
Pour mémoire, 95 % des financements du FED sont alloués aux pays ACP
et les enveloppes nationales des 16 pays pauvres prioritaires (PPP) de la
France concentrent 19 % des ressources du FED.
Le FED s’articule autour de trois niveaux :
• Au niveau des pays de la zone ACP : les programmes nationaux concernent
21 Mds€ (environ 69 %), gérés par la Commission européenne, pour lesquels
celle-ci et le pays partenaire élaborent un Programme indicatif national
(PIN). Actuellement, les domaines d’action prioritaires sont 1. la gouver-
nance (y compris l’appui budgétaire), 2. l’agriculture durable et la sécurité
alimentaire et 3. l’énergie.
• Au niveau des grands ensembles régionaux : les programmes régionaux
concernent 3,34 Mds€ (environ 11 %), gérés par la Commission, pour
lesquels la Commission et une ou plusieurs organisations régionales dûment
mandatées élaborent un programme indicatif régional (PIR). À la suite de
la fusion de deux régions, le 11e FED comptera seulement 5 PIR :
– Afrique de l’Ouest ;
– Afrique centrale ;
– Afrique de l’Est, australe et océan Indien ;
– Caraïbes ;
– Pacifique.
• À travers toute la zone ACP : le programme Intra-ACP : 3,59 Mds€ (environ
11 %), enveloppe thématique permettant la mise en œuvre des projets
transversaux qui touchent toute la zone ACP (par exemple, contribution
au Fonds mondial de lutte contre la tuberculose et la malaria, à la Facilité
de paix africaine, à l’Alliance globale contre le changement climatique,
etc.). Il s’agit d’une coopération de nature géographique et suprarégionale.
Les discussions sur la budgétisation du FED sont reportées à 2020, ce qui
marquera à la fois la fin des perspectives financières 2014-2020 et l’échéance
de l’accord de Cotonou.

Diplomatie et territoires 185


ANNEXES

L’instrument de coopération au développement


(ICD) – programmes géographiques

L’instrument de coopération au développement (ICD), dont le montant


pour la période 2014-2020 s’élève à 19,6 Mds€, comprend à la fois des
programmes géographiques (10,1 Mds€) et des programmes thématiques
(7,7 Mds€). Le principe de différenciation a permis de concentrer plus de
50 % des ressources au profit des pays les moins avancés (PMA) contre
29,7 % sur la période précédente alors que les pays à revenus intermédiaires
voient leurs allocations passer de 24,99 à 5,89 %.
L’ICD géographique soutient la coopération au développement avec les
pays en développement qui figurent sur la liste des bénéficiaires de l’APD
établie par le CAD de l’OCDE. Cet instrument concerne la coopération
avec des pays et régions partenaires en Amérique latine, Asie du Sud-Est,
Asie centrale, Moyen-Orient ainsi que l’Afrique du Sud. En sont exclus les
pays bénéficiant d’un financement de l’UE ou d’un autre instrument d’aide
extérieure : FED, IEV ou au titre de l’IAP.
Les programmes thématiques de l’ICD couvrent à la fois les pays éligibles au
titre des programmes géographiques de l’ICD, mais aussi les pays éligibles
au FED et à l’Instrument de voisinage. Doté d’une enveloppe de 7 Mds€
pour la période 2014-2020, l’ICD thématique comprend deux programmes :
– biens publics mondiaux (5,101 Mds€) qui vise le renforcement de la
coopération, de l’échange de connaissances et d’expériences et de capacités
des pays partenaires afin de contribuer à l’élimination de la pauvreté, à la
cohésion sociale et au développement durable. Ce programme comprend
5 lignes thématiques : environnement et changement climatique (27 %),
énergie durable (12 %), développement humain (25 %), sécurité alimentaire
(29 %) et migration et asile (9 %) ;
– organisations de la société civile et autorités locales (1,907 Md€)
qui a pour but d’encourager un environnement favorisant la participation
citoyenne ainsi que l’action et la coopération de la société civile, l’échange
de connaissances, expériences et capacités des organisations de la société
civile et des autorités locales dans les pays partenaires pour l’atteinte des
Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

L’instrument de coopération au développement


(ICD) – programme panafricain

Le programme panafricain vise à financer au niveau continental ou trans-


régional des projets complémentaires à ceux déjà mis en œuvre par l’UE
et les États membres. Le suivi et l’orientation de la programmation de cet
instrument, en particulier dans les secteurs de la sécurité et du changement
climatique, constituent une priorité pour la France. Son enveloppe s’élève
à 845 M€ pour la période 2014-2020 et couvre les priorités politiques
convenues dans le cadre du partenariat Afrique-UE :
– sécurité, gouvernance et droits de l’Homme (10-15 %) ;

186 Diplomatie et territoires


Panorama des instruments financiers

– commerce, intégration régionale et infrastructures (30-35 %) ;


– migrations, mobilité et emploi (5-10 %) ;
– changement climatique, environnement, et agriculture (25-30 %) ;
– éducation supérieure et recherche (15-20 %) ;
– dialogue politique, développement des capacités et mécanisme de
soutien (5-10 %).

L’instrument européen de voisinage (IEV)

Son objectif est « d’établir un espace de prospérité et de bon voisinage,


fondé sur les valeurs de l’Union et caractérisé par des relations étroites et
pacifiques reposant sur la coopération ». Il contribue à renforcer les relations
bilatérales avec 16 pays partenaires à l’est et au sud de l’UE : Algérie,
Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Égypte, Géorgie, Jordanie, Israël, Liban,
Libye, Maroc, Moldavie, Syrie, Territoires palestiniens, Tunisie, Ukraine.
Cet instrument comprend des programmes de coopération régionale et
transfrontalière.
L’enveloppe de l’IEV s’élève à environ 15,43 Mds€ pour la période 2014-2020.

L’instrument d’aide de préadhésion (IAP)

L’instrument d’aide de préadhésion II (IAP) est l’instrument financier qui


permet à l’UE de soutenir les réformes dans les pays candidats à l’adhésion
en leur apportant une aide financière et technique.
Cette aide vient en appui des partenariats établis entre l'UE et les pays
candidats à l'UE (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Islande, Kosovo, Monténégro,
Serbie, Turquie, Ancienne République yougoslave de Macédoine).
L’IAP aide les pays candidats à s’aligner sur les règles, normes, politiques
et pratiques de l’Union en vue de leur adhésion à l’UE, en appuyant
notamment les réformes dans des domaines étroitement liés à la stratégie
d’élargissement, comme la démocratie et la gouvernance, l’État de droit
ou la croissance et la compétitivité.
L’enveloppe de l’IAP s’élève à 11,7 Mds€ pour la période 2014-2020.

L’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme


(IEDDH)

Lancé en 2006, l’instrument européen pour la démocratie et les droits de


l’homme (IEDDH) est un instrument permettant à l’UE d’apporter son soutien
à la défense de la démocratie et des droits de l’homme à travers le monde.
Son enveloppe s’élève à 1,3 Md€ pour la période 2014-2020. Contrairement
aux autres instruments, l’IEDDH peut être mobilisé en dehors d’accords

Diplomatie et territoires 187


ANNEXES

de coopération avec les autorités des pays partenaires, pour soutenir les
associations ou défenseurs des droits de l’homme.

188 Diplomatie et territoires


Annexe 11

Annexe 11
Le rôle des collectivités territoriales dans la mise en
œuvre du nouveau cadre de développement durable

1) Les collectivités locales, acteurs du nouveau cadre de


développement durable

Le nouveau cadre de développement durable – Programme d’action


d’Addis-Abeba (PAAA) et Agenda 2030 – reconnaît le rôle primordial du
niveau local dans la mise en œuvre des 17 objectifs de développement
durable, qui vise notamment à améliorer l’urbanisme et l’aménagement
urbain pour la qualité de vie des populations. L’agenda 2030 met en
avant leur rôle pour l’aménagement et la planification des villes et des
établissements humains de manière à promouvoir la cohésion sociale et la
sécurité physique, ainsi qu’à stimuler l’innovation et l’emploi. La conférence
Habitat III, dont la France assume la vice-présidence, a été un accélérateur
de la mise en œuvre des ODD.
En 2030, le nombre d’urbains aura triplé et environ 60 % des êtres humains
habiteront en ville. Une quinzaine de nouvelles « méga-villes », dont la
population dépasse 10 millions d’habitants vont émerger. Pour bien vivre
en ville, il faut avoir accès au logement, aux services essentiels, à des
moyens de transport efficaces, sûrs et durables, à des espaces verts et à
des lieux culturels, respirer un air de qualité et aussi être en sécurité face
aux potentiels impacts du dérèglement climatique. C’est ce modèle de
ville durable et inclusive que l’ODD 11 dessine pour 2030.
De la même manière, le PAAA reconnaît l’importance des entités locales :
« Les décisions sur les dépenses et les investissements de développement
durable sont maintenant souvent prises au niveau territorial, qui a rarement
les capacités techniques et technologiques adéquates ou les moyens
de financement et le soutien nécessaires. Nous nous engageons donc à
intensifier la coopération internationale pour mieux aider les municipalités
et autres autorités locales. Nous aiderons les municipalités et collectivités
locales et en développement en particulier dans les PMA et dans les petits
États insulaires en développement, à réaliser des équipements résistant
aux risques et écologiquement rationnels. »

2) L’échelle locale, dynamiseur de la mise en œuvre des ODD

À l’échelle locale, les villes sont le lieu où les politiques peuvent intégrer
les dimensions économiques, sociales et environnementales en ayant
un impact ainsi dans tous les domaines de la vie (habitat, travail, mobilité,
échanges, etc.), et ce dans des processus démocratiques qui mobilisent
l’ensemble des citoyens.

Diplomatie et territoires 189


ANNEXES

Les collectivités sont le point d’appui où les solidarités, indispensables


à la cohésion sociale, se tissent au plus près des besoins des citoyens.
C’est également de l’adhésion des territoires locaux et de leurs habitants
que dépend la mise en œuvre effective de l’agenda 2030. La question
qui est posée aux collectivités est de plus en plus celle de leur montée
en responsabilité, notamment pour la préservation des ressources et de
l’environnement, de l’exigence d’équité dans la répartition des richesses
(revenus, écologiques…), de capacité d’impulsion pour transformer les modes
de production et de consommation. Les collectivités locales entendent
tenir toute leur place dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques
selon les principes renouvelés du développement durable.
Partant du constat que la gestion des déchets, qui est pourtant un enjeu
croissant pour les pays du Sud, était quasi absente de l’agenda international,
la loi du 7 juillet 2014 a prévu d’étendre le dispositif de la loi Oudin-Santini
à un mécanisme permettant aux collectivités territoriales de mener des
projets de coopération dans le domaine de la collecte et du traitement des
déchets ménagers, dans la limite de 1 % des ressources qui sont affectées
au budget de ces services. Un groupe de travail, adossé à la CNCD, s’est
réuni avec pour objectif de mettre en place le dispositif 1 % déchets.

190 Diplomatie et territoires


Annexe 12

Annexe 12
L’aide publique au développement des collectivités
territoriales françaises (suivant la télédéclaration en
ligne de 2016 sur le site de la CNCD)
(Annexe à « L’action extérieure des collectivités
territoriales contribue à l’APD française », p. 47)
Comme chaque année, il est demandé à toutes les collectivités territoriales
françaises et leurs groupements, au titre de l’article L. 1115-6 du CGCT,
de télédéclarer leur contribution à l’APD : projets de coopération ou des
jumelages, actions d’aide humanitaire ou d’urgence, subventions aux ONG
et organisations internationales multilatérales. Les données sont déclarées
en ligne entre avril et juin de chaque année sur le site de la CNCD (www.
cncd.fr), administré par la DAECT (MAEDI/DGM/DAECT).
Une circulaire du secrétariat général de la CNCD (Commission nationale
de la coopération décentralisée) rappelle chaque année aux collectivités
territoriales l’obligation de déclarer en ligne les données portant sur leurs
versements au titre de l'APD. À noter que, depuis 2015, cette télédéclara-
tion de l’APD est une condition d’octroi d’un cofinancement du MAEDI.
Les résultats de cette télédéclaration sont ensuite pris en compte par
la Direction générale du Trésor du ministère des Finances et le Comité
d’aide au développement (CAD) de l’OCDE dans le Rapport annuel sur
la coopération pour le développement dans lequel apparaissent les
montants des collectivités. Ils figurent également sur l’Atlas français de
la coopération décentralisée. Ce recueil de données financières permet
de valoriser l’effort des collectivités territoriales en matière d’aide au
développement et leur contribution à l’APD mis en avant par la France.

Tendances de la télédéclaration de l’APD 2015

L'APD des collectivités territoriales françaises s’élève en 2015 à 59,5 M€.


Depuis 2008, année à laquelle l’APD des collectivités a atteint un maximum
inégalé depuis de 72 M€, on constate une diminution générale de 13 M€
en sept ans (soit une baisse de 18 %), qui semble se stabiliser en 2015.
Il est important de noter que les chiffres déclarés par les collectivités
territoriales doivent être nuancés. En effet, certaines collectivités n’ont
pas satisfait à l’obligation de déclaration et les dépenses déclarées sont
souvent sous-évaluées (exemple : salaires des personnels en mission
parfois non comptabilisés). On observe par ailleurs une sous-déclaration
pour l’APD dans les pays émergents et une moindre déclaration des
actions économiques dans les pays en développement. De plus, l’APD est
généralement déclarée par les directions des relations internationales des
collectivités. Or, l’action extérieure vers les pays en développement est aussi
déployée par d’autres services de ces collectivités, qui ne communiquent

Diplomatie et territoires 191


ANNEXES

pas toujours les montants de ces projets à leurs directions des relations
internationales. Enfin, le contexte actuel qui fait suite aux lois MAPTAM et
NOTRe, ainsi qu’aux élections municipales en 2014, départementales et
régionales en 2015, a impacté les stratégies relatives à l’APD de tous les
niveaux de collectivités.
L’estimation de la marge d’erreur de la déclaration APD des collectivités
françaises était de 20 à 30 % en 2015. L’ampleur de ce défaut de déclaration
a conduit la DAECT à mener une relance insistante vers les collectivités
dont l’action extérieure lui était connue sans qu’elles aient pour autant
déclaré leur APD. Par ailleurs, la DAECT a largement communiqué sur le
fait que la déclaration APD des collectivités fait pleinement partie de l’APD
déclarée par la France qu’elle vient compléter par son action au plus près
des territoires, ainsi que sur le fait que cette télédéclaration devenait une
condition d’octroi d’un cofinancement de projet par le MAEDI dans le
cadre de ses appels à projets.
Le volume de l’APD recensé pour 2014 a ainsi été réévalué de 7,2 % à la
suite de la relance faite aux collectivités d’octobre 2014 à janvier 2015. Cette
réévaluation est probablement une raison du niveau de l’APD déclarée par
les collectivités territoriales en 2016 pour leurs projets 2015.
Les principales collectivités territoriales contributrices à l’APD 2015 sont :
– la Ville de Paris : 10,8 % de l’APD ;
– le conseil régional de Rhône-Alpes : 8,3 % de l’APD ;
– le conseil régional d’Ile-de-France : 6,2 % de l’APD ;
– le conseil régional de Picardie : 5,7 % de l’APD ;
– le conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 4,2 % de l’APD ;
– le Syndicat des aux d’Ile-de-France : 3,9 % de l’APD ;
– le Service public de l’assainissement francilien : 3,3 % de l’APD ;
– le conseil régional de La Réunion : 3 % de l’APD ;
– le conseil régional des Pays-de-la-Loire : 2,9 % de l’APD ;
– le conseil départemental des Hauts-de-Seine : 2,7 % de l’APD.
(Voir tableau de la répartition de l’APD par niveau de collectivités territoriales
[2005-2015, en euros], p. 49.)
Selon la zone géographique, les principaux pays bénéficiaires sont :
– Europe : Arménie et Macédoine ;
– Afrique du Nord : Maroc et Tunisie ;
– Afrique orientale et océan Indien : Burundi, Comores, Madagascar et
Seychelles ;
– Afrique subsaharienne : Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal;
– Amérique du Nord, centrale et Caraïbes : Haïti, Cuba et Salvador ;
– Amérique du Sud : Chili et Brésil ;
– Proche et Moyen-Orient : Liban et Territoires palestiniens ;
– Asie : Cambodge, Chine, Inde, Laos et Vietnam.

192 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

(Voir Tableau 6 – Les 20 premiers pays bénéficiaires de l’APD 2015, p. 207.)


En comparaison de l’année précédente, les flux de 2015 ont légèrement
augmenté (+ 3,6 % par rapport à 2014). On constate :
– une augmentation de 1 988 772 € (soit 7,3 %) pour les conseils régionaux
(48,7 % de l’APD) ;
– une baisse de 288 551 € (soit 2,3 %) pour les conseils départementaux
(19,5 % de l’APD) qui peut être imputée aux élections départementales
de 2015 ;
– une augmentation de 1 401 955 € (soit 21,6 %) pour les groupements,
intercommunalités et métropoles (12,2 % de l’APD) qui peut s’expliquer
par les nouvelles compétences qui leurs sont octroyées dans le cadre des
lois MAPTAM (2014) et NOTRe (2015) ;
– une légère baisse de 73 596 € (soit 0,8 %) pour les villes de plus de 100 000
habitants (14,3 % de l’APD) que l’on peut imputer en partie aux transferts
de certaines compétences vers les métropoles ;
– une baisse de 575 397 € (soit 19,7 %) pour les villes de moins de 100 000
habitants (3,4 % de l’APD).
La loi Oudin-Santini de 2005, relative à l’action extérieure des collectivités
territoriales, a par ailleurs joué un rôle incitatif accru. Celle-ci permet aux
communes et aux établissements publics de coopération intercommunale
de financer, sur le budget des services publics de l’eau et de l’assainisse-
ment, des actions de coopération décentralisée, d’aide d’urgence ou de
solidarité dans les domaines de l’eau et de l’assainissement. Le plafond des
dépenses est fixé à 1 % des ressources affectées jusqu’ici à ces services,
soit un total déclaré pour le secteur eau assainissement de 11 730 517 €
(19,7 % de l’APD).
La loi d’orientation et de programmation relative à la politique de dévelop-
pement et solidarité internationale adoptée le 7 juillet 2014, va permettre
d’étendre le dispositif du 1 % eau et assainissement au secteur des déchets.
Désormais, « les communes, les établissements publics de coopération
intercommunale et les syndicats mixtes compétents en matière de collecte
et de traitement des déchets des ménages ou percevant la taxe ou la rede-
vance d’enlèvement des ordures ménagères peuvent mener, dans la limite
de 1 % des ressources affectées aux budgets de ces services, des actions
de coopération, d’aide au développement ou à caractère humanitaire dans
les domaines de la collecte et du traitement des déchets des ménages ».

Diplomatie et territoires 193


ANNEXES

Tableaux et graphiques de l’APD 2015


Répartition de l’APD par niveau de collectivités territoriales

Tableau 1 – Nombre de collectivités territoriales ayant déclaré leur APD (2005-2015)


Conseils régio- Conseils départe- Groupements (dont
Villes Total collectivités
naux mentaux métropoles)
2015 23 63 51 232 375
2014 24 50 44 155 273
2013 22 39 32 143 236
2012 21 50 45 147 263
2011 22 43 31 100 196
2010 19 46 56 265 386
2009 19 44 49 223 335
2008 22 58 56 357 493
2007 15 45 40 171 271
2006 21 51 35 184 291
2005 18 67 46 545 676

Tableau 2 – Montants de l’APD déclarés par année (2005-2015)

Année de déclaration Montants déclarés de l’APD


2015 59,5 + 4,3 M€ %
2014 57,1 -5,1 M€ %
2013 60,2 -7.5 M€ %
2012 65,1 -1,2 M€ %
2011 65,9 -2,3 M€ %
2010 67,5 -3,5 M€ %
2009 70 -2,7 M€ %
2008 72 +16 M€ %
2007 62 +8,7 M€ %
2006 57 +25 M€ %
2005 45,5 M€

Graphique 1 – Courbe d’évolution de l’APD par niveau de collectivités territoriales


depuis 2005 (en euros)

194 Diplomatie et territoires


Tableau 3 – Répartition des dépenses d’APD par niveau de collectivités territoriales (2005-2015, en euros)

2014 2015
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

31 164 617 26 891 754 (47,1 %) 28 880 526 (48,7 %)


Régions 17 439 948 29 288 036 28 650 002 37 790 852 38 834 270 35 870 077 36 588 019 31 636 987
(52 %)
11 027 095 12 218 543 (21,3 %) 11 929 992 (20 %)
Départements 12 815 482 15 916 250 16 322 308 13 322 509 11 004 030 12 415 758 12 196 750 12 947 593
(18 %)
Groupements (dont 5 837 933 6 472 719 (11,3 %) 7 874 674 (12,2 %)
1 356 699 3 581 116 4 561 261 6 519 557 5 397 636 5 636 320 4 472 848 5 720 351
métropoles) (10 %)
Villes > à 100 000 10 016 463 8 575 732 (15,1 %) 8 502 136 (14,3 %)
7 703 111 6 025 092 8 804 382 9 140 473 9 827 623 9 043 429 9 251 742 10 950 182
habitants (16,5 %)
Villes < à 100 000 2 156 925 2 945 068 (5,2 %) 2 369 671 (4 %)
6 241 824 2 874 021 3 671 326 5 747 463 4 727 693 4 678 508 3 431 764 3 691 593
habitants (3,5 %)
57 103 816 59 556 999
Total 45 557 064 57 684 515 62 009 279 72 520 854 69 791 252 67 644 092 65 941 123 65 108 406 60 203 033

Diplomatie et territoires
L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

195
ANNEXES

Graphique 2 – Répartition du volume de l’APD 2015 par niveau de collectivités


territoriales (en %)

Répartition de l’APD 2015 par thématiques et par secteurs

Graphique 3 – Répartition de l’APD 2015 par thématiques (en euros)

196 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

Tableau 4 – Répartition de l’APD 2015 par grandes thématiques (en euros)


Coopération technique 24 063 969
Aide projet transitant par une ONG 16 587 975
Projet d’équipement 5 442 691
Frais administratifs 3 643 730
Aide programme transitant par une ONG 6 146 032
Aide humanitaire (hors ONG) 959 742
Autres : Produits et fournitures 542 168
Aide alimentaire développementale 88 008
TOTAL BILATÉRAL 57 552 315
Autres dons 1 709 352
Aide humanitaire 20 000
TOTAL MULTILATÉRAL 1 729 352
Déclaration total APD 2015 59 556 999

Graphique 4 – répartition de l’APD 2015 par secteurs (en euros)

Diplomatie et territoires 197


ANNEXES

Tableau 5 – Répartition de l’APD 2015 par secteur (en euros)


Eau et assainissement 11 730 517,00
Aide plurisectorielle 7 293 969,00
Agriculture 6 049 674,00
Éducation 5 753 115,00
Gouvernement et société civile 5 123 729,00
Politique en matière de population/santé/fertilité 4 503 722,00
Frais administratifs des donneurs 3 643 730,00
Infrastructures et services sociaux divers 1 724 726,00
Environnement 1 490 916,00
Tourisme 1 238 189,00
Construction 1 161 658,00
Entreprises et autres services 1 113 824,00
Développement rural 1 083 095,00
Énergie 849 641,00
Interventions d’urgence 727 890,00
Pêche 496 946,00
Communications 397 201,00
Transports et entreposage 382 020,00
Sensibilisation au développement 267 036,00
Reconstruction et réhabilitation 219 102,00
Industries 93 267,00
Développement et gestion urbaine 144 472,00
Aide alimentaire à des fins de développement/aide à la sécurité alimentaire 88 008,00
Politique commerciale et réglementations et ajustement lié au commerce 86 085,00
Prévention et règlement des conflits, paix et sécurité 81 790,00
Institutions scientifiques et de recherche 79 870,00
Développement alternatif non agricole 47 760,00
Sylviculture 15 500,00
Prévention des catastrophes et préparation à leur survenue 12 750,00
Banque et services financiers 7 100,00
Autres/non spécifié 3 649 697,00
Déclaration total APD 2015 59 556 999,00

Répartition de l’APD 2015 par collectivités territoriales (en euros)


Déclaration total
Conseils régionaux
APD 2015
Conseil régional de Rhône-Alpes 4 955 040,00
Conseil régional d’Ile-de-France 3 687 523,00
Conseil régional de Picardie 3 431 126,00
Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur 2 526 619,00
Conseil régional de La Réunion 1 818 961,00
Conseil régional des Pays-de-la-Loire 1 730 754,00
Conseil régional de Poitou-Charentes 1 570 637,00
Conseil régional Midi-Pyrénées 1 478 809,00
Conseil régional d’Aquitaine 1 104 730,00

198 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

Déclaration total
Conseils régionaux
APD 2015
Conseil régional du Centre 1 074 285,00
Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais 1 028 430,00
Conseil régional Champagne-Ardenne 727 845,00
Conseil régional du Limousin 591 442,00
Conseil régional de Bretagne 541 079,00
Conseil régional de Bourgogne 536 477,00
Conseil régional de Basse-Normandie 475 708,00
Conseil régional de Haute-Normandie 383 320,00
Conseil régional d’Alsace 370 720,00
Conseil régional de Lorraine 352 401,00
Conseil régional de Franche-Comté 190 000,00
Conseil régional d’Auvergne 287 120,00
Conseil régional du Languedoc-Roussillon 17 500,00
TOTAL Conseils régionaux (en 2015) 28 880 526,00

Déclaration total
Conseils départementaux
APD 2015
Conseil départemental des Hauts-de-Seine 1 648 394,00
Conseil départemental des Yvelines 1 466 716,00
Conseil départemental de la Réunion 922 500,00
Conseil départemental du Val-De-Marne 772 148,00
Conseil départemental du Nord 660 500,00
Conseil départemental de Loire-Atlantique 584 419,00
Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine 574 735,00
Conseil départemental de l’Essonne SCDRI 550 840,00
Conseil départemental de l’Ardèche 535 125,00
Conseil départemental de la Charente-Maritime 455 000,00
Conseil départemental de l’Isère 434 354,00
Conseil départemental de Seine-Maritime 374 936,00
Conseil départemental du Finistère 301 164,00
Conseil départemental des Côtes-d’Armor 279 332,00
Conseil départemental de Seine-Saint-Denis 256 600,00
Conseil départemental des Bouches-du-Rhône 243 376,00
Conseil départemental du Pas-de-Calais 205 972,00
Conseil départemental de Saône-Et-Loire 150 000,00
Conseil départemental du Bas-Rhin 150 000,00
Conseil départemental de la Savoie 141 640,00
Conseil départemental de Gironde 122 398,00
Conseil départemental de l’Eure 111 900,00
Conseil départemental de l’Hérault 103 600,00
Conseil départemental de Haute-Garonne 100 000,00
Conseil départemental de l’Allier 78 411,00
Conseil départemental de l’Aude 74 320,00
Conseil départemental du Haut-Rhin 65 300,00
Conseil départemental du Territoire-de-Belfort 64 468,00

Diplomatie et territoires 199


ANNEXES

Déclaration total
Conseils départementaux
APD 2015
Conseil départemental de l’Oise 62 720,00
Conseil départemental de Meurthe-Et-Moselle 62 500,00
Conseil départemental de Dordogne 58 866,00
Conseil départemental du Maine-et-Loire 53 220,00
Conseil départemental de Vendée 52 400,00
Conseil départemental de la Haute Saône 37 377,00
Conseil départemental de la Drôme 34 500,00
Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques 27 065,00
Conseil départemental du Doubs 26 650,00
Conseil départemental du Jura 25 500,00
Conseil départemental de l’Orne 16 200,00
Conseil départemental de l’Aisne 15 280,00
Conseil départemental de l’Indre 10 000,00
Conseil départemental du Lot-et-Garonne 6 166,00
Conseil départemental du Calvados 5 000,00
Conseil départemental de l’Aveyron 3 900,00
Conseil départemental du Loiret 2 500,00
Conseil départemental d’Indre-et-Loire 2 000,00
TOTAL Conseils départementaux 11 929 992,00

Déclaration total
Groupements (structures intercommunales)
APD 2015
Syndicat des eaux d’Ile-de-France 2 332 925,00
SIAAP (Service public de l’assainissement francilien) 1 996 386,00
Grand Lyon 910 000,00
Nantes Métropole 484 731,00
Communauté d’agglomération de Reims 301 684,00
Communauté d’agglomération de lLa Rochelle 226 055,00
Dunkerque Grand Littoral Communauté urbaine 198 401,00
Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise 192 270,00
Communauté d’agglomération d’Évry Centre Essonne 145 000,00
Bordeaux Métropole 142 016,00
Pays Vichy Auvergne 114 000,00
Grand Poitiers 109 735,00
Syndicat intercommunal eau et assainissement de Fontoy-Vallé de la Fensch 82 641,00
Communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain (Sicoval) 63 317,00
Syndicat mixte de production d’eau Fensch-Lorraine 59 926,00
Communauté d’agglomération Plaine commune 51 500,00
Communauté de communes Faucigny-Glières 47 503,00
Syctom 46 885,00
Communauté d’agglomération du Pays rochefortais 42 006,00
Communauté urbaine de Cherbourg 40 000,00
Communauté d’agglomération Caen la Mer 39 000,00
SDEA Bas-Rhin 33 145,00
Brest métropole 31 601,00

200 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

Déclaration total
Groupements (structures intercommunales)
APD 2015
Communauté d’agglomération de Saint-Omer 31 500,00
Communauté de l’agglomération Belfortaine 24 750,00
Syndicat mixte de production d’eau potable de la Region de Caen 18 000,00
Communauté d’agglomération du territoire de la Côte Ouest 17 000,00
Communauté de communes Paimpol Goelo 16 690,00
Communauté d’agglomération de Montpellier 10 000,00
Communauté d’agglomération de l’Espace Sud Martinique 10 000,00
Communauté de communes du Plateau briard 10 000,00
Communauté de communes du Val-de-Drôme 10 000,00
Communauté d’agglomération Amiens métropole 8 000,00
SIDEC Jura 8 000,00
Lille Métropole 6 900,00
Communauté de communes de Selestat et environs 4 803,00
Communauté de communes du Miey de Béarn 4 000,00
Syndicat intercommunal des eaux de la forêt de Paimpont 1 900,00
Communauté de communes des Aspres 1 344,00
Communauté de communes du Val de Boutonne 1 060,00
TOTAL Groupements (structures intercommunales) 7 874 674,00

Déclaration total
Villes
APD 2015
Paris 6 438 615,00
Marseille 654 884,00
Montreuil-sous-Bois 241 451,00
Nantes 226 699,00
Lille 195 672,00
Saint-Étienne 184 287,00
Toulouse 167 566,00
Rennes 154 045,00
Saint-Brieuc 133 703,00
Suresnes 129 570,00
Strasbourg 117 346,00
Cergy 95 310,00
Mantes-la-Jolie 92 420,00
Allonnes 91 900,00
Châtellerault 85 367,00
Besançon 83 900,00
Fontoy 82 641,00
Mulhouse 81 648,00
Ifs 81 500,00
Chevilly-Larue 81 318,00
Chinon 79 413,00
Saint-Herblain 74 500,00
Chambéry 70 000,00
Vienne 67 005,00

Diplomatie et territoires 201


ANNEXES

Déclaration total
Villes
APD 2015
Albi 58 459,00
Ivry-sur-Seine 51 001,00
Guyancourt 50 100,00
Auch 46 868,00
Saint-Laurent-Blangy 45 038,00
Lannion 45 000,00
Orléans 42 545,00
Panazol 40 740,00
Poitiers 36 500,00
Juvisy-sur-Orge 34 528,00
Colmar 34 000,00
Issy-Les-Moulineaux 26 000,00
Évry 25 000,00
Boulogne-Billancourt 22 000,00
Gentilly 21 700,00
La Possession 21 500,00
Bouguenais 21 160,00
Aix-en-Provence 21 000,00
Belfort 20 568,00
Nancy 20 200,00
Bordeaux 19 500,00
Pontcharra 18 080,00
Niort 18 000,00
Ribeauville 16 800,00
Châlons-en-Champagne 16 275,00
Ramonville-Saint-Agne 15 000,00
Chaponost 14 000,00
Arcueil 13 736,00
Grenoble 12 700,00
Hérouville-Saint-Clair 12 649,00
Enghien-les-Bains 12 500,00
Mondonville 12 000,00
Dreux 11 478,00
Arras 10 204,00
Cholet 10 000,00
Concarneau 10 000,00
Conches-en-Ouche 10 000,00
Seclin 10 000,00
Châteauroux 9 610,00
Lamballe 8 940,00
Checy 8 300,00
Grigny 7 860,00
Pezilla-la-Rivière 7 855,00
Fontenay-sous-Bois 7 040,00
Cerny 7 000,00
Grande-Synthe 7 000,00

202 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

Déclaration total
Villes
APD 2015
Mouilleron-le-Captif 7 000,00
Marcy-l’Étoile 6 675,00
Cachan 6 500,00
Limoges 6 000,00
Metz 5 865,00
Dijon 5 500,00
Nanterre 5 191,00
Anglet 5 000,00
Bonneuil-sur-Marne 5 000,00
Coueron 5 000,00
Reims 5 000,00
Angoulême 4 500,00
La Bresse 4 350,00
Aiffres 4 169,00
Ermont 4 100,00
Lisses 4 000,00
Saint-Estève 4 000,00
Crêts-en-Belledone 3 962,00
Coulon 3 954,00
Le Séquestre 3 800,00
Lisieux 3 640,00
Montivilliers 3 560,00
Castres 3 500,00
Saint-Louis 3 500,00
Argentat 3 105,00
Colombelles 3 000,00
Crolles 3 000,00
Draveil 3 000,00
Lorient 3 000,00
Meudon 3 000,00
Orsay 3 000,00
Sierentz 3 000,00
Coutances 2 500,00
Saint-Pierre-d’Aurillac 2 500,00
Jouy-en-Josas 2 100,00
Blanquefort 2 000,00
Loriol-sur-Drôme 2 000,00
Rillieux-la-Pape 2 000,00
Tregueux 1 900,00
Bourbon-Lancy 1 500,00
Erstein 1 330,00
La Motte-Chalancon 1 300,00
Communauté de communes de la Plaine de la Sauer et du Seltzbach 1 200,00
Le Pont-de-Claix 1 000,00
Saint-Maximin 1 000,00
Saint-Romain-en-Gal 1 000,00

Diplomatie et territoires 203


ANNEXES

Déclaration total
Villes
APD 2015
Trégastel 1 000,00
Bennwihr 925,00
Barr 907,00
Hochfelden 900,00
Rodez 800,00
Septèmes-les-Vallons 600,00
Gemenos 500,00
Scherwiller 500,00
Schiltigheim 500,00
Donzere 450,00
Breux-Jouy 400,00
Bavilliers 360,00
Saint-Vallier 345,00
Breitenbach 330,00
Bergheim 300,00
Eguisheim 245,00
Berstheim 150,00
Pugny-Chatenod 100,00
Trevignin 100,00
TOTAL Ville 10 871 807,00

Bénéficiaires de l’APD 2015 par zones géographiques et par pays (en euros)
EUROPE – TOTAL 2 506 587,00
Arménie 1 274 618,00
Macédoine 342 642,00
Serbie 128 130,00
Turquie 89 219,00
États ex-Yougoslavie non spécifié 72 000,00
Géorgie 66 222,00
Moldavie 63 147,00
Ukraine 28 489,00
Albanie 21 900,00
Bélarus 10 089,00
Kosovo 6 550,00
Azerbaïdjan 2 500,00
Monténégro 900,00
Europe – Régional 400 181,00

AFRIQUE – Régional 1 125 118,00

AFRIQUE DU NORD – TOTAL 3 902 350,00


Maroc 1 986 888,00
Tunisie 1 078 158,00
Mauritanie 605 203,00
Algérie 348 948,00

204 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

AFRIQUE ORIENTALE ET OCÉAN INDIEN – TOTAL 9 572 962,00


Madagascar 6 403 161,00
Burundi 679 611,00
Seychelles 579 938,00
Comores 527 860,00
Afrique du Sud 477 359,00
Maurice 440 957,00
Tanzanie 280 730,00
Rwanda 263 443,00
Kenya 251 115,00
Éthiopie 143 511,00
Mozambique 124 127,00
Zambie 2 611,00
Ouganda 1 670,00
Soudan 966

AFRIQUE SUBSAHARIENNE – TOTAL 24 283 377,00


Sénégal 5 779 161,00
Mali 3 795 343, 00
Burkina Faso 3 657 695,00
Bénin 3 210 947,00
Niger 2 228 391,00
Cameroun 1 341 800,00
Togo 1 230 514,00
République démocratique du Congo 670 375,00
Guinée 646 820,00
Tchad 414 082,00
Cap-Vert 295 400,00
Côte d’Ivoire 279 080,00
Congo, Rép. 274 166,00
Centrafricaine, Rép. 191 476,00
Gabon 105 826,00
Sierra Leone 83 200,00
Liberia 70 000,00
Ghana 7 610,00
Angola 1 491,00

AMÉRIQUE DU NORD, CENTRALE et CARAÏBES – TOTAL 2 575 710,00


Haïti 1 726 634,00
Cuba 342 316,00
Salvador 226 006,00
Mexique 184 295,00
Nicaragua 31 898,00
Costa Rica 28 636,00
Dominique 10 000,00
Honduras 9 600,00
Panama 6 490,00
Sainte-Lucie 5 840,00

Diplomatie et territoires 205


ANNEXES

Guatemala 3 415,00
Bélize 580,00

AMÉRIQUE DU SUD – TOTAL 1 161 481,00


Chili 397 421,00
Brésil 301 341,00
Pérou 149 199,00
Argentine 95 483,00
Colombie 68 100,00
Bolivie 44 697,00
Équateur 39 900 900,00
Venezuela 22 800
Paraguay 15 000,00
Uruguay 14 145,00
Amérique du Sud – Régional 13 395

PROCHE ET MOYEN-ORIENT – TOTAL 3 460 028,00


Territoires palestiniens 1 932 919,00
Liban 741 642,00
Syrie 269 601,00
Irak 224 719,00
Égypte 178 973,00
Yémen 45 506,00
Libye 29 142,00
Jordanie 20 814,00
Iran 16 712,00
Moyen-Orient, régional 113 000,00

ASIE – RÉGIONAL 44 994,00

ASIE CENTRALE ET DU SUD — TOTAL 1 606 890,00


Inde 804 386,00
Népal 714 866,00
Afghanistan 45 554,00
Sri Lanka 17 054,00
Kirghizistan 12 500,00
Bangladesh 9 012,00
Asie centrale, régional 1 970,00
Kazakhstan 842,00
Ouzbékistan 706,00

EXTRÊME-ORIENT — TOTAL 5 853 638,00


Vietnam 1 738 170,00
Laos 1 582 137,00
Cambodge 1 329 075,00
Chine 787 628,00
Indonésie 140 535,00
Extrême-Orient, régional 80 875,00

206 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

Birmanie 70 552,00
Thaïlande 55 660,00
Malaisie 24 575,00
Mongolie 19 306,00
Corée, Rép. dém. 13 120,00

OCÉANIE – TOTAL 51 490,00


Vanuatu 50 070,00
Cook, Îles 1 420,00

PAYS EN DÉVELOPPEMENT – NON SPÉCIFIÉ 842 768,00


TOTAL 59 556 999,00

Tableau 6 – Les 20 premiers pays bénéficiaires de l’APD 2015 (en euros)


1 Madagascar 6 403 161,00
2 Sénégal 5 779 161,00
3 Mali 3 795 343,00
4 Burkina Faso 3 657 695
5 Bénin 3 210 947
6 Niger 2 228 391
7 Maroc 1 986 888
8 Territoires palestiniens 1 932 919
9 Vietnam 1 738 170
10 Haïti 1 726 634
11 Laos 1 582 137
12 Cameroun 1 341 800
13 Cambodge 1 329 075
14 Arménie 1 274 618
15 Togo 1 230 514
16 Tunisie 1 078 158
17 Inde 804 386
18 Chine 787 628
19 Liban 741 642
20 Népal 714 866

Diplomatie et territoires 207


ANNEXES

Graphique 5 – Les 20 premiers pays bénéficiaires de l’APD 2015 (en euros)

208 Diplomatie et territoires


L’aide publique au développement des collectivités territoriales françaises

Liste de bénéficiaires de l’APD établie par le CAD


Effective pour la notification des apports de 2014, 2015 et 2016

Diplomatie et territoires 209


ANNEXES

Annexe 13
Les schémas régionaux de développement
économique, d’innovation et d’internationalisation
(SRDEII)
(Annexe à « L’action extérieure des collectivités
territoriales au service du rayonnement économique
de la France », p. 55)

Si le conseil régional est responsable de la conception du SRDEII, les


établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre
ainsi que les chambres d’agriculture, les chambres de commerce et d’in-
dustrie, les chambres de métiers et de l’artisanat et la chambre régionale
de l’économie sociale et solidaire participent également à l’élaboration
du projet, le conseil économique, social et environnemental régional étant
également convié à la discussion. Le projet arrêté par le conseil régional
est soumis pour avis à la conférence territoriale de l’action publique et peut
évoluer pour tenir compte des observations formulées.
En outre, le législateur a souhaité que le SRDEII soit mis en cohérence avec
les schémas de développement des réseaux consulaires élaborés pour la
région, en particulier celui des chambres de commerce et de l’industrie
(CCI) et des chambres de métiers et de l’artisanat (CMA). C’est dans cet
esprit que les dispositions du code du commerce et du code de l’artisanat
ont été modifiées. Elles introduisent désormais un rapport de compatibilité
des perspectives de développement des réseaux consulaires avec le SRDEII,
ce dernier devenant donc le document de référence pour l’ensemble des
acteurs du développement économique en région.
Le caractère opposable du SRDEII résulte de l’approbation par le préfet
de région du document adopté par le conseil régional. Ce contrôle visant
à permettre au représentant de l’État de s’assurer que tous les acteurs
concernés par le document ont bien été consultés et que les orientations
nationales n’entrent pas en contradiction avec les choix économiques locaux.
Le dispositif institué par le projet de loi repose donc sur un principe de
compatibilité des actions menées sur le territoire de la région. Cette logique
s’applique aussi aux métropoles qui disposent de compétences propres
en matière de soutien aux entreprises, en application de la loi no 2014-58
du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et
d’affirmation des métropoles.

Contenu obligatoire des schémas

• Les aides aux entreprises.


• Le soutien à l’internationalisation.

210 Diplomatie et territoires


Les schémas régionaux de développement économique

• Les aides à l’investissement immobilier et à l’innovation des entreprises.


• Les orientations relatives à l’attractivité du territoire.

Contenu facultatif

Un volet transfrontalier élaboré en concertation avec les collectivités territo-


riales des États limitrophes. L’instruction du 22 décembre 2015 donne comme
exemple indicatif de contenu le type de secteur soutenu, la description des
entreprises à aider en priorité (nouvelles entreprises, taille…), les instruments
de soutien privilégiés (subventions, prêts, prestations de services…), moyens
humains et financiers pour soutenir l’internationalisation des entreprises.

Obligation de concertation

La région se doit de consulter les métropoles et les EPCIF et est en droit de


consulter indépendamment ou concomitamment toute autre personne ou
organisme. Les modalités de cette concertation sont libres. Ces échanges
doivent faire l’objet de rapports écrits détaillés attestant de l’effectivité de
cette concertation, élément de la légalité du SRDEII. Le représentant de
l’État est informé des séances du CTAP (Conférence territoriale de l’action
publique). Il participe aux séances à sa demande.

Le projet de SRDEEI est présent et discuté en CTAP

Le projet doit être présenté et discuté au sein de la Conférence territoriale


de l’action publique. La loi n’exige ni vote ni avis.

Adoption

Le conseil régional adopte le SRDEEI dans l’année qui suit le renouvellement


général des conseils régionaux, soit avant le 31 septembre 2016. Le schéma
doit être renouvelé tous les six ans à l’issue du renouvellement.

Approbation par le représentant de l’État

Le SRDEEI est approuvé par arrêté du représentant de l’État. Il ne devient


exécutoire qu’une fois approuvé par le préfet de région qui contrôle le
respect de la procédure d’élaboration. Il vérifie également que le schéma
comporte le contenu obligatoire prévu par la loi.

Diplomatie et territoires 211


ANNEXES

Annexe 14
Dispositifs de mobilité européenne et internationale
des jeunes – Volontariat
(Annexe à « Les collectivités territoriales sont des acteurs
essentiels de la mobilité internationale des jeunes », p. 63)

Volontariat international de solidarité (VSI)

Soutenu par le MAEDI, le volontariat international de solidarité (VSI) concerne


des missions de 12 à 24 mois, autour de projets de développement,
d’urgence ou de réhabilitation dans les pays d’accueil. Le VSI s’adresse aux
personnes majeures, sans condition de nationalité ni limite d’âge.
Les collectivités territoriales peuvent mobiliser des VSI, en partenariat
avec des grandes associations de solidarité internationale agréées, pour
mettre en œuvre leurs projets de coopération décentralisée au sein de la
collectivité étrangère.
Pour en savoir plus, consulter le site du MAEDI.

Volontariat international en administration (VIA)

Le volontariat international en administration (VIA) est destiné aux jeunes


de 18 à 28 ans souhaitant travailler pour des services de l’État à l’étranger :
dans les consulats, les ambassades, les services et les missions économiques
français à l’étranger ou encore dans les services de coopération et d’action
culturelle.
Les VIA peuvent être placés sous la tutelle du MAEDI, ou du ministère de
l’Économie et des Finances.
Pour en savoir plus, consulter le site du MAEDI.

Volontariat international en entreprise (VIE)

Le volontariat international en entreprise (VIE) permet aux entreprises


françaises de confier à un jeune, jusqu’à 28 ans, une mission professionnelle
(technique ou commerciale) à l’étranger d’une durée de 6 à 24 mois. Le
dispositif est coordonné par Business France.
Pour en savoir plus, consulter le site de Business France.

212 Diplomatie et territoires


Dispositifs de mobilité européenne et internationale des jeunes

Service civique

Le service civique permet à des jeunes de 16 à 25 ans – jusqu’à 30 ans


pour les jeunes porteurs de handicaps – de s’engager dans une mission
de 6 à 12 mois au service de l’intérêt général, en France ou à l’étranger.
Le service civique permet aux collectivités d’articuler leur politique jeunesse
et leur politique de coopération décentralisée en impliquant directement
des jeunes dans la mise en œuvre de ces projets. Les volontaires participent
ainsi pleinement à un projet d’engagement citoyen dans le cadre d’un
partenariat international, et peuvent ainsi vivre pour nombre d’entre eux
leur première expérience de mobilité.
Outre le soutien financier à la mobilité, l’engagement de la collectivité
territoriale dans la mise en place du dispositif peut prendre différentes
formes :
– portage de l’agrément de service civique et accueil direct des volontaires ;
– portage de l’agrément et mise à disposition de volontaires auprès d’un
organisme partenaire (exemple : comité de jumelage) ;
– pilotage du projet et délégation de la gestion des volontaires à un
organisme partenaire agréé (association, mission locale, etc.) ;
– accueil de volontaires étrangers issus des pays partenaires, dans le
cadre de la réciprocité (ressortissants des États de l’Espace économique et
européen ainsi que des États ayant déjà accueilli des volontaires français
en service civique).
Le service civique permet en outre d’accueillir de jeunes étrangers en France.
Pour en savoir plus, consulter le site de l’Agence du service civique.

Service volontaire européen (SVE)

Le service volontaire européen (SVE) offre l’opportunité aux jeunes de 17 à


30 ans de vivre une mission de 2 à 12 mois (à partir de 2 semaines pour
les jeunes ayant moins d’opportunités) au service de l’intérêt général, au
sein d’une structure à but non lucratif. La majorité des missions SVE se
déroule dans les pays de l'UE mais certaines missions peuvent s’effectuer
dans les autres pays. Le dispositif est coordonné par l’Agence Erasmus+
Jeunesse et Sport.
Les collectivités territoriales partenaires peuvent être organisme d’envoi et/
ou d’accueil de jeunes en SVE, elles doivent se faire accréditer par l’Agence
Erasmus+ Jeunesse et Sport de leur pays. Le SVE permet aussi d’accueillir
de jeunes étrangers en France.
Pour en savoir plus, consulter le site de l’Agence Erasmus+ Jeunesse et Sport.

Diplomatie et territoires 213


ANNEXES

Dispositifs VVVSI – JSI

Les dispositifs VVVSI (Ville Vie Vacances et Solidarité internationale) et JSI


(Jeunesse, Solidarité internationale) sont deux dispositifs de mobilité des
jeunes de courte durée, soutenus par le MAEDI. Ces dispositifs concernent
les jeunes de 16 à 25 ans, en groupe de 5 à 16 jeunes, pour une mobilité
de 15 jours à trois semaines. Ils doivent être portés par une association
française en partenariat avec une association locale du pays dans lequel se
déroule la mobilité. Le dispositif VVVSI s’adresse en particulier aux jeunes
issus des quartiers prioritaires de la ville.
Les collectivités territoriales peuvent participer au cofinancement des projets
et les inscrire dans le cadre de leur coopération décentralisée.
Pour en savoir plus, consulter le site du FONJEP.

214 Diplomatie et territoires


Liste des abréviations

Liste des abréviations


(par ordre alphabétique)

ACUF : Association des communautés urbaines de France


ADF : Assemblée des départements de France
AECT : Action extérieure des collectivités territoriales
AEE/EEA : Agence européenne pour l’environnement/European Environment
Agency
AFCCRE : Association française du conseil des communes et régions
d’Europe
AFD : Agence française de développement
AIMF : Association internationale des maires francophones
AIRF : Association internationale des régions francophones
AMF : Association des maires de France
ANVPAH : Association nationale des villes et pays d’art et d’histoire
APD/ODA : Aide publique au développement/Official Development
Assistance
APVF : Association des petites villes de France
ARCUS : Action en région de coopération universitaire et scientifique
ARD : Agence régionale de développement
ARE/AER : Assemblée des régions d’Europe/Assembly of European Regions
ARENE : Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies
ARF : Association des régions de France
ARRICOD : Association des responsables des relations internationales et
de la coopération décentralisée des collectivités territoriales
BDC : Banque de développement des Caraïbes
BPI : Banque publique d’investissement
C40 : Climate Leadership Group (Réseau international de très grandes villes)
CAD : Comité d’aide au développement
CAI : Chargés d’affaires internationaux (collaborateurs de Business Frances
placés au sein de Bpifrance pour accompagner dans la durée de dévelop-
pement international d’ETI et PME de croissance)

Diplomatie et territoires 215


ANNEXES

CCI : Chambre de commerce et d’industrie


CDC : Caisse des dépôts et consignations
CDCS : Centre de crise et de soutien du MAEDI
CE/EC : Commission européenne/European Commission
CESE : Conseil économique, social et environnemental
CGCT : Code général des collectivités territoriales
CGET : Commissariat général à l’égalité des territoires
CGLU/UCLG : Cités et gouvernements locaux unis/United Cities and Local
Governments
CGLUA : Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique
CIADT : Comité interministériel d’aménagement du territoire
CIG : Centre interdépartemental de gestion
CIS : Cadre d’intervention sectoriel de l’AFD
CIT : Cadre d’intervention transversal de l’AFD
CNC : Centre national du cinéma
CNCD : Commission nationale de la coopération décentralisée
CNFPT : Centre national de la fonction publique territoriale
COCAC : Conseiller de coopération et d’action culturelle
COI/IOC : Commission de l’océan Indien/Indian Ocean Commission
ComUE : Communautés d’université et d’établissements
COP21 : 21th Conference of the Parties ou 21e Conférence des Parties
CRP : Commissaire au redressement productif
CT : collectivité territoriale
CUF : Cités unies France
DAECT : Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales
(DGM, MAEDI)
DAF : Direction des affaires financières du MAEDI
DCERR : Direction de la culture, de l’enseignement, de la recherche et du
réseau (DGM, MAEDI)
DCP : Document-cadre de partenariat
DDD : Direction du développement durable (DGM, MAEDI)

216 Diplomatie et territoires


Liste des abréviations

DEEIT : Direction des entreprises et de l’économie internationale et de la


promotion du tourisme (DGM, MAEDI)
DG DEVCO : Direction générale du développement et de la coopération
de la Commission européenne
DG Trésor : Direction générale du Trésor des ministères de l’Économie,
de l’Industrie et du Numérique, et des Finances et des Comptes publics
DGCID : Direction générale de la coopération internationale et du déve-
loppement (devenue DGM)
DGM : Direction générale de la mondialisation, de la culture, de l’ensei-
gnement et du développement international du MAEDI
DIRECCTE : Direction régionale des entreprises de la consommation de
la concurrence, du travail et de l’emploi
DUE : Direction de l'UE du MAEDI
ECOSOC : United Nations Economic and Social Council (Conseil économique
et social des Nations unies)
ENA : École nationale d’administration
EPCI : établissement public de coopération intercommunale
ERAI : ex-Agence de développement international de la région Rhône-Alpes
FACECO : Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales
FAIC : Forum pour l’action internationale des collectivités
FCR : Fonds de coopération régionale
FEADER : Fonds européen agricole pour le développement rural
FEAMP : Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche
FED/EDF : Fonds européen de développement/European Development
Fund
FEDER/ERDF : Fonds européen de développement régional/European
Regional Development Fund
FESI : Fonds européens structurels et d’investissements
FMCU : Fédération mondiale des Cités unies
FN COFOR : Fédération nationale des communes forestières
FOGAR : Forum des régions de CGLU, qui fédère les régions à travers le
monde
FORIM : Forum des organisations de solidarité internationale issues des
migrations
FSE : Fonds social européen

Diplomatie et territoires 217


ANNEXES

GEC/EGCs : Groupements eurorégionaux de coopération/Euroregional


Cooperation Groupings
GECT/EGTC : Groupement européen de coopération transfrontalière/
European Grouping for Territorial Cooperation
IF : Institut français
IULA : International Union of Local Authorities
Loi LOOM : loi d’Orientation pour l’Outre-Mer
Loi MAPTAM : loi de modernisation de l’action publique territoriale et
d’affirmation des métropoles
Loi NOTRe : loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République
MAAF : ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt
MAEDI : ministère des Affaires étrangères et du Développement international
MEDDE : ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie
MENESR : ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche
MOT : Mission opérationnelle transfrontalière
OCDE : Organisation de coopération et de développement économique/
Organisation for Economic Co-operation and Development
ODD : Objectif de développement durable
OIBF : service « Organisations internationales et bailleurs de fonds » à
Business France
OIF : Organisation internationale de la francophonie
ONG/NGO : Organisation non gouvernementale/Non-Governmental
Organisation
OSC : Organisation de la société civile
OSCE : Organization for Security and Co-operation in Europe (Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe)
PAAA : Programme d’action d’Addis-Abeba
PFE : Programme France Export (programme national des opérations
collectives de promotion des entreprises françaises à l’étranger – salons
internationaux, rencontres d’affaires, forums…)
PFVT : Partenariat français pour la ville et les territoires
PLATFORMA : European Platform of Regional and Local Authorities for
Development (Plate-forme européenne de coordination des autorités
locales et régionales pour le développement)

218 Diplomatie et territoires


Liste des abréviations

PMA/LDCs : pays les moins avancés/Least Developed Countries


PME/SMEs : petites et moyennes entreprises/Small and Medium Enterprises
PNUD/ART : Programme des Nations unies pour le développement/
Articulation des réseaux territoriaux pour le développement humain durable
PNUD/UNDP : Programme des Nations unies pour le développement/
United Nations Development Programme
PRIE : Plans régionaux d’internationalisation des entreprises
PS-Eau : Programme solidarité eau
PTOM : Pays et territoires d’outre-mer
R20 : R20 Regions of Climate Action (Association internationale des régions
visant à lutter contre le changement climatique)
RRMA : Réseaux régionaux multi-acteurs
RUI : Référent unique aux investissements
RUP : Régions ultrapériphériques
SCAC : Service de coopération et d’action culturelle (au sein des ambas-
sades de France)
SGAR : Secrétariat général pour les affaires régionales
SRDEII : Schéma régionaux de développement économique, d’innovation
et d’internationalisation
TAAF : Terres australes et antarctiques françaises
UA/AU : Union africaine/African Union
UE : Union européenne
VIE : Volontariat international en entreprise

Diplomatie et territoires 219


-

Ministère des Affaires étrangères et du Développement international


Commission nationale de la coopération décentralisée
L’action extérieure des collectivités territoriales (AECT) française est
essentielle au rayonnement, à l’attractivité et à la solidarité internationale
de la France.
Afin d’améliorer le partenariat entre l’État et les collectivités territoriales
et pour une plus grande efficacité et cohérence de l’action extérieure de
la France, le ministère des Affaires étrangères et du Développement inter-
national (MAEDI) publie le Livre blanc Diplomatie et territoires.
Analyse et synthèse inédite des évolutions, des enjeux et des outils de sou-
tien à l’AECT, fruit d’une consultation large dans le cadre de la Commission
nationale de la coopération décentralisée (CNCD), le Livre blanc formule

Diplomatie et territoires

Diplomatie et territoires Pour une action extérieure démultipliée


21 propositions concrètes :
- pour développer une nouvelle offre de services proposés aux collectivités ;
- pour faciliter l’accès aux financements de l’action internationale des
collectivités ;
- pour mettre en place un nouveau cadre institutionnel afin de mieux Pour une action extérieure
démultipliée
connecter les territoires, le MAEDI et les opérateurs internationaux.

Commission nationale de la coopération décentralisée


Instituée par la loi du 6 février 1992, la CNCD rassemble à parité les
représentants de 8 associations nationales de collectivités locales, des
ministères concernés par l’action extérieure des collectivités territoriales 21 propositions
et de 6 opérateurs du MAEDI. Elle peut formuler toutes propositions
visant à améliorer et renforcer les modalités d’exercice de l’action exté-
rieure des collectivités territoriales.
pour un nouveau partenariat
Son secrétariat général est assuré par la Délégation à l’action extérieure MAEDI/Collectivités territoriales
des collectivités territoriales du ministère des Affaires étrangères et du
Développement international.

Diffusion
Direction de l’information
légale et administrative
La documentation Française
Tél. : 01 40 15 70 10
www.ladocumentationfrancaise.fr
Imprimé en France

ISBN : 978-2-11-145296-1
DF : 1RO45120
Prix : 9 €
9:HSMBLB=YZW^[V: La
documentation
dF
Française

Vous aimerez peut-être aussi