Péché en Pensée
Péché en Pensée
Péché en Pensée
Délivre-nous du
péché en pensées
J. Heinrich Arnold
J. Heinrich Arnold
Délivre-nous du
péché en pensées
Au lecteur..................................................vi
1. La lutte ...................................................... 1
2. La tentation ................................................ 6
3. Pécher délibérément ................................. 11
4. La volonté ................................................ 17
5. Le pouvoir de la suggestion ...................... 22
6. L’autosuggestion ....................................... 26
7. La fascination ........................................... 32
8. La suppression .......................................... 37
9. La foi ....................................................... 42
10. L’abandon de soi .................................... 47
11. La confession .......................................... 52
12. La prière ................................................ 58
13. Le détachement....................................... 64
14. Le repentir et la renaissance..................... 71
15. La guérison ............................................ 79
16. La purification ....................................... 87
17. La Croix ................................................ 95
18.Vivre pour le Royaume ........................ 101
v
²
Au lecteur
vii
suicider. Et le livre se vendait – sans tambour ni
trompette – progressivement d’année en année.
Mon père mourut en 1982, et dans les années
qui suivirent, de nombreux documents inédits sont
apparus et rendus accessibles : bandes magnétiques,
transcriptions, notes, résumés, ainsi que des vol-
umes et des volumes de lettres. Si cette nouvelle
édition semble méconnaissable pour les lecteurs
familiers avec la première édition, c’est parce que
le texte original a été réorganisé et considérable-
ment amplifié afin de se servir de ces sources. Le
cœur du livre – l’insistance de mon père que le
Christ apporte un soulagement à la lutte, la guéri-
son aux blessures du mal, et la liberté à la servitude
du péché – reste immuable.
Délivre-nous du péché en pensées contient des ré-
flexions essentielles sur une lutte qui est univer-
selle et de la plus grande importance, exprimées
dans un langage suffisamment simple pour être à
la porté de tous. Plus encore, il offre la promesse
d’une vie nouvelle pour le lecteur dont la préoc-
cupation de soi, les péchés secrets, et les sentiments
de culpabilité ou de peur bloquent les prières et
viii
l’empêchent d’aimer Dieu et son prochain avec
un cœur libre et unifié. Dans un monde qui sem-
ble souvent si sombre qu’il peut inciter au dés-
espoir, ce livre est un message de joie et d’espoir.
ix
²
1. La lutte
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mots, qui à leur tour conduisent à des actes.
Enfant, grandissant en Allemagne dans les an-
nées 1920, j’entendais des propos haineux con-
tre les Juifs, surtout au Gasthaus en face de chez
nous. La plupart des gens dans le village ignoraient
l’antisémitisme, mais mon père protestait contre
avec véhémence : « Ce ne sont que des paroles
maintenant, mais cela mènera à de mauvaises ac-
tions. Un jour, ils vont vraiment faire ce qu’ils dis-
ent. » Et c’est ce qu’ils ont fait.
Certaines personnes sont tellement assaillies
par de mauvaises pensées qu’elles vivent ce que
l’on ne peut que qualifier de tourment. Elles aussi
doivent avoir confiance que Dieu voit jusqu’aux
profondeurs du cœur. Dieu reconnaît sûrement
que, malgré les hésitations de notre imagination,
notre cœur intime ne veut pas être accablé de
mauvaises pensées. Et si nous ne sommes même
pas certains de cela, nous pouvons nous consoler
par les paroles du mystique Eckhart du 13e siè-
cle, qui écrivit : « Afin d’être embrasé par l’amour
de Dieu, il faut soupirer après Dieu. Si vous ne
3
sentez pas encore ce désir, alors soupirez après le
désir. » De toute évidence, l’éveil du désir de pure-
té, si nouveau ou imprécis soit-il, est le début de
l’œuvre de Dieu qui opère dans le cœur.
Il y a, bien sûr, une différence significative
entre les mauvaises pensées qui sont entretenues
délibérément et celles contre lesquelles on lutte.
J’ai conseillé à des gens qui se sentaient si traqués
par des pensées ou des désirs non voulus qu’ils
m’ont dit qu’ils marcheraient tout autour de la
terre, s’ils pouvaient en être libérés. Ils donneraient
n’importe quoi pour trouver la paix d’esprit et un
cœur pur.
Une telle détermination est bonne, mais il est
important de reconnaître en même temps que
nous ne pouvons pas nous libérer par notre pro-
pre force. La lutte entre le bien et le mal n’est pas
seulement quelque chose « dans l’esprit », mais
une bataille d’envergure cosmique entre le péché,
ce que Paul appelle « une autre loi à l’œuvre parmi
les membres de notre chair », et l’Esprit. Gagner
cette lutte exige la foi en Jésus, qui nous promet
la victoire « là où deux ou trois se réunissent en
4
mon nom. »
Beaucoup de chrétiens ne croient pas dans
la réalité de ce combat, et encore moins dans la
réalité du mal. Ce livre ne sera d’aucune utilité
pour eux. Au contraire, il est destiné à ceux qui
ont connu le péché, qui cherchent ardemment à
être libéré de son poids, et qui aspirent à la pureté
du cœur.
En tant que sujet d’un livre, Rompre les chaines
des pensées pécheresses n’est pas à la mode ;
pourtant j’ai vu, depuis de nombreuses années,
que c’est quelque chose contre quoi des milliers
de personnes se battent. Si ce petit livre peut aider
à guider même une seule d’entre elles vers la lib-
erté de la croix, il aura atteint son but.
5
²
2. La tentation
7
Il l’était, bien qu’Il n’ait jamais péché. Ceci est
d’une importance cruciale, en premier lieu pour
notre propre vie intérieure, mais aussi dans la fa-
çon dont nous traitons les autres qui luttent contre
des tentations extrêmes :
8
pable de compatir à nos faiblesses; au contraire, il
a été tenté en tout point comme nous, mais sans
commettre de péché.
9
son de désespérer :
10
²
3. Pécher délibérément
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montrent, de la façon la plus flagrante, que les
actes les plus odieux ont leur racine dans le cœur
et l’esprit.
Quand j’étais jeune homme, je connaissais des
Allemands qui avaient été tout à fait inoffensifs
avant la montée du nazisme – gens « normaux »
au « bon » tempérament– mais qui ont été ensuite
saisis et conduits par un esprit du mal. Et bien que
beaucoup moururent en protestant ce mal, la ma-
jorité a cédé volontairement au mal, que ce soit en
devenant des participants actifs dans le meurtre de
masse des Juifs, ou en soutenant Hitler par d’autres
moyens, même si ce n’est que par une indifférence
silencieuse. Ce n’était pas seulement une question
de quelques hommes au pouvoir sur une nation ;
mais de millions de personnes qui s’étaient soumis
volontairement aux forces démoniaques des ténè-
bres.
Le plus souvent, bien entendu, le péché volon-
taire se déroule sur un plan plus personnel. Un
domaine de préoccupation particulier pour moi,
en tant que pasteur, et que je rencontre souvent
dans mon travail de conseiller, est l’occultisme.
13
L’occultisme est souvent considéré comme une
autre science à étudier. Pourtant, les formes cen-
sées être inoffensives du spiritisme, ainsi que les
pratiques superstitieuses comme le port d’anneaux
de santé, le basculement des tables, ou la commu-
nication avec les morts, peuvent lier une personne
aux forces démoniaques, même lorsqu’elle s’y
embarque innocemment. Je crois fermement que
nous devons rejeter complètement ces choses. Ils
n’ont rien à voir avec une foi enfantine en Jésus.
Je sais qu’il y a des gens qui étudient le mal
– des gens qui essaient d’en découvrir les racines
et qui tentent de découvrir les secrets de Satan.
C’est peut-être compréhensible, mais cela vient-il
de Dieu ? Il me semble que trop d’hommes et de
femmes dans notre société sont déjà accablés par
ce qu’ils connaissent sur le meurtre, la fornication
et d’autres péchés.
D’autres flirtent volontiers avec le mal au nom
de l’expérimentation. Ces gens tentent, en effet,
d’en comprendre les arguments ; ils prétendent re-
jeter les ténèbres, mais en jouant avec elles, ils sont
14
plus fermement engloutis par leur pouvoir qu’ils
ne s’en rendent compte.
Tant que nous nous permettons l’échappatoire
de l’indécision, tant que nous donnons libre cours
au mal dans nos cœurs – ne serait-ce qu’un peu –
et ne rompons pas pleinement avec cet état d’être,
nous ne deviendrons jamais totalement libres ; il
continuera d’exercer un pouvoir sur nous. Je ne
parle pas uniquement de l’occulte ici, mais de tout
ce qui s’oppose à Dieu : la jalousie, la haine, la
convoitise, le désir de pouvoir sur les autres, et tous
les autres péchés. Tant que nous abritons exprès
même une infime partie de notre cœur contre
l’intervention de Dieu dans notre vie, nous nous
coupons de la miséricorde qu’Il nous offre en
Jésus.
Certes, une âme divisée doit être traitée avec
compassion ; Jésus lui-même dit : « Il ne cassera
pas le roseau abîmé et n’éteindra pas la mèche qui
fume encore, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la
justice » (Mt 12.20). Mais il est clair aussi, je crois,
que finalement Il ne tolérera pas tout ce qui at-
triste le Saint-Esprit. Jésus a été et est pleinement
15
victorieux sur le diable et ses démons, et Il exige
également de nous aussi un service sans réserve
dans la lutte contre eux.
16
²
4. La volonté
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de notre cœur : la conscience. Tandis que la vo-
lonté réagit à la tentation en essayant d’inhiber
l’imagination et le désir, la conscience (les premiers
Quakers l’appelaient la « lumière intérieure ») nous
montre la véritable pureté du cœur. Il s’agit d’un
guide dans les replis de l’âme, là où le Christ lui-
même demeure. Et quand elle prend le dessus, les
pires tentations peuvent être surmontées.
En examinant la guerre de ces deux « volon-
tés », la question se pose naturellement : d’où vient
tout ce mal non souhaité ? La seule réponse est
d’admettre que le mal vient de notre cœur. (Je
ne veux pas nier que nous sommes souvent at-
taqués par le mal – je veux seulement avertir que
d’accentuer le rôle du diable peut être malsain. En
fin de compte, chacun de nous doit assumer la re-
sponsabilité de nos pensées et nos actions.) Lor-
sque nous reconnaissons cela, il n’est pas difficile
de comprendre pourquoi nous sommes incapables
de surmonter les mauvaises pensées par notre pro-
pre volonté, et nous reconnaîtrons humblement
que nous ne pouvons pas purifier notre cœur de
notre propre force.
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En même temps, tant que nous essayons de
vaincre le mal par pure volonté, le mal remportera
sur nous. Pour citer Emil Coué, un collègue de
Baudouin, « Quand la volonté et l’imagination se
bagarrent, l’imagination prend le dessus, sans ex-
ception » ; cependant, dès que l’on prête l’oreille
à ce désir profond du cœur qui crie vers Jésus, le
mal qui est en nous reculera. Et le mal se dissip-
era progressivement, si nous mettons notre confi-
ance dans cette volonté profonde et nous prions :
« Non pas ma volonté, mais ta volonté, Jésus ; ta
pureté est plus grande que mon impureté ; ta gé-
nérosité surmontera mon envie, ton amour triom-
phera de ma haine. »
Nous devons croire : Jésus nous est vraiment
fidèle, même quand nous sommes infidèles, et Il
n’est pas un Sauveur lointain qui descend d’en
haut, mais un homme qui, comme Paul l’écrit, est
mort sur la croix « dans la faiblesse humaine » et
vit aujourd’hui « par la puissance de Dieu » :
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lui par la puissance de Dieu pour agir envers vous.
Examinez-vous vous-mêmes pour savoir si
vous êtes dans la foi; mettez-vous vous-mêmes
à l’épreuve. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-
Christ est en vous? A moins peut-être que vous
ne soyez disqualifiés. Mais j’espère bien que vous
reconnaîtrez que nous, nous ne sommes pas dis-
qualifiés. Cependant, je prie Dieu que vous ne
fassiez rien de mal, non pour que nous paraissions
nous-mêmes avoir réussi, mais afin que vous, vous
pratiquiez le bien même si nous, nous semblons
disqualifiés. En effet, nous n’avons pas de puissance
contre la vérité, nous n’en avons que pour la vé-
rité. Nous nous réjouissons chaque fois que nous
sommes faibles alors que vous êtes forts. Ce que
nous demandons dans nos prières, c’est votre per-
fectionnement (2 Co 13:4-9).
21
²
5. Le pouvoir de la suggestion
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contemporaine sur des questions réfractaires telles
que l’avortement et l’homosexualité, et aussi dans
les attitudes de notre société envers la violence.
Souvent, ces choses éveillent des sentiments telle-
ment forts chez les personnes qu’il leur devient
impossible d’en parler objectivement. Quelle dif-
férence cela ferait si chacun de nous recherchait
dans son propre cœur à propos de ces questions
importantes, plutôt que de se laisser influencer par
ce que les médias ou les experts ont à dire !
L’esprit du temps est le plus évident, peut-
être, dans l’impudeur effrayante qui marque notre
époque. Il se manifeste dans l’habillement, la lit-
térature, l’art et la musique – à travers leurs ex-
pressions de désunion spirituelle, leur séparation
du Créateur et leur appel aux plus bas instincts de
l’homme. A un niveau plus profond, il se manifeste
ailleurs aussi : dans le gouvernement et la corrup-
tion des entreprises, dans la rupture de la famille
et les relations personnelles, dans les écoles et les
universités, dans les médias de masse, dans les do-
maines de la médecine et du droit, et le pire de
tous, dans le vide et l’hypocrisie du régime spir-
24
ituel proposé par tant d’églises.
L’attitude de Jésus envers tout cela est claire : Il
condamne « l’esprit de l’âge » et l’expose comme
l’esprit de Satan, « l’accusateur de notre frère » et
le « meurtrier dès le commencement ». Et, ce fai-
sant, Il nous interpelle à nous poser la question :
« Où, au milieu de toutes les divisions et le bruit
de notre temps, s’entend la voix de la conscience
de Dieu ? »
25
²
6. L’autosuggestion
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perte de mémoire. Plus il s’efforce de se rappeler
le nom, plus il s’enfonce dans cet oubli... Ici nous
avons le sentiment très net que plus nous nous ef-
forçons, plus le nom nous échappe. Chaque nouvel
effort semble, pour ainsi dire, assombrir de plus en
plus les eaux de notre mémoire, et remuer de plus
en plus la boue du fond en quelque sorte ; à la fin,
tout est noir, et nous ne voyons plus rien. Tout à
l’heure nous avions le nom sur le bout de notre
langue, et maintenant il est de nouveau perdu.
Comment se produisent de telles pertes de mé-
moire ? Supposons que l’oubli qui vient d’être
décrit, accompagné d’ une insatisfaction irritée
(peut-être non avouée), s’est répété plusieurs fois.
Immédiatement, l’idée survient que notre mémoire
est défaillante. Et, en fait, elle déclinera, simplement
parce que nous y avons pensé, parce que cet oubli
a fait une forte impression sur nous, et parce que, à
cause de cela, notre attention se cramponne à l’idée
de l’oubli.
28
notre subconscient bien après que nous les ayons
renvoyées. Il suffit de réfléchir aux fantasmes non
désirés, surtout sexuels, qui assaillent chaque per-
sonne à un moment ou un autre. Souvent, un tel
fantasme se développe à partir d’une image qui, ini-
tialement, ne détenait l’attention qu’un bref instant.
Au revers de la médaille, nous devrions nous souve-
nir de l’histoire de Jacob dans l’Ancien Testament,
qui a axé son esprit sur la prière vers Dieu et a été
béni du rêve le plus merveilleux.
Ces lignes de Baudouin devraient nous servir à
tous d’avertissement vis-à-vis de ce que nous lais-
sons emplir notre esprit et notre cœur, en particulier
avant de dormir. Je ne veux pas entraîner le lecteur
dans plus d’inquiétude ou d’auto-préoccupation ; il
y a déjà trop de gens qui semblent avoir tendance à
se sur-analyser. Mais il est toujours une chose saine
de pouvoir faire face à nos propres insuffisances.
L’Apôtre Paul va même jusqu’à dire que celui qui
s’examine lui-même ne sera pas jugé.
L’important est que notre auto-jugement
s’accompagne de la foi en Christ, qui veut nous
libérer du péché. Sans cette foi, la préoccupation
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de soi peut nous inciter à commencer à douter de
tous nos motifs et à perdre espoir en la possibilité
du changement. Finalement, elle peut provoquer
une telle dépression que cela peut nous détourner
complètement de Dieu.
Dans tout cela, mon argument principal est tout
simplement que comprendre l’autosuggestion,
même d’une façon simplifiée ou incomplète,
devrait nous conduire à ressentir notre responsa-
bilité. Armés de cela, nous pourrons tenter à re-
construire ces points faibles dans notre vie inté-
rieure là où le diable nous attaque, et ainsi à libérer
nos énergies pour l’amour.
Lorsque nous mettons toute notre énergie à
tenir notre vie intérieure à flot, nous ne sommes
plus en mesure de voir au-delà de nos luttes –
nous n’avons plus de force pour aimer les autres. Il
n’y a qu’une seule solution : se détourner de nos
angoisses, et tourner notre attention vers Jésus et
nos frères et sœurs. Si nous le faisons, nous trouve-
rons qu’Il ne nous condamne pas impitoyablement
à vivre dans la peur constante et l’introspection
malsaine. Dieu est un Dieu d’amour, et Il donne
30
de l’espoir et une vie nouvelle pour tous ceux qui
le cherchent.
31
²
7. La fascination
33
nous cédons aux démons du doute de soi et de la
crainte, la bataille est déjà perdue. Baudouin écrit:
34
Dans un monde où tout s’explique par la psy-
chologie et la psychiatrie, il est tentant de rejeter
l’idée de possession. Nous avons une étiquette
médicale pour chaque maladie et, paraît-il, un
remède. Pourtant, il y a tellement de gens pour
qui la psychiatrie n’est, en fin de compte, d’aucun
secours ! Je me suis souvent demandé ce qui se
passerait si Jésus s’hasardait à visiter nos hôpitaux
psychiatriques pleins à déborder. Combien de per-
sonnes prendrait-Il pour des possédés ? Combien
d’hommes et de femmes trouverait-Il au-delà de
l’aide humaine, des gens qui ont désespérément
besoin de sa main libératrice ?
En fin de compte, si une personne est possédée
par les mauvais esprits ou simplement poursuivie
par eux, la même vérité est en vigueur : seul le
Christ, par le biais de son Esprit Saint, peut chas-
ser les ténèbres, la tristesse et la peur. Pour ceux
d’entre nous qui sont libres de la tourmente de la
fascination, cette reconnaissance devrait nous aider
à traiter ceux qui y sont liés avec une patience et
une compassion spéciales. Tout ce que les person-
nes piégées dans ce tourbillon peuvent faire est
35
de se tourner vers le Christ, afin de Lui céder le
gouvernail de leur vie intérieure.
Nous n’essayons pas de mettre les péchés dans
des catégories, mais de reconnaître le fait que les
artifices du diable – les souverainetés ténébreuses
dont parlent les écrivains du Nouveau Testament
– sont en effet des forces véritables. Quand nous
reconnaissons ce fait, nous pouvons nous tourner
vers les paroles merveilleuses du Christ qui visent
sa victoire promise : « Mais si c’est par l’Esprit de
Dieu que je chasse les démons, alors le royaume de
Dieu est venu jusqu’à vous » (Mt 12.28).
36
²
8. La suppression
38
dans notre cœur, elle y demeurera et travaillera en
nous jusqu’à ce qu’elle réapparaisse de nouveau
dans le flux de la pensée consciente. Il en est de
même si on donne lieu à une mauvaise pensée ou
image. Elle peut être cachée pendant longtemps
par le subconscient, mais soudain elle est là, et son
effet sur notre vie intérieure, précédemment in-
aperçu, se fera sentir aussi.
Dans mon travail de conseiller, j’ai rencontré
des gens vivant dans une telle crainte des mau-
vaises pensées ou des mauvais sentiments qu’ils
réprimaient constamment tout ce qui leur surve-
nait à l’esprit. Certaines de ces pauvres âmes vi-
vaient dans un tel état de tension interne qu’elles
s’affolaient à la moindre pensée d’une réflexion
séduisante : elles vivaient dans la peur constante de
leur propre psychisme.
Personne ne peut rester sain d’esprit pour
longtemps dans une telle atmosphère survoltée.
En fait, on ressemblera bientôt au névrosé, dont les
tentatives de se libérer ne font que l’enchevêtrer
plus profondément ; ou le schizophrène, dont les
39
tentatives de résister (ou de s’évader) des voix ou
des hallucinations renforcent souvent ces illusions.
Pour utiliser une autre illustration du monde na-
turel : la vie intérieure d’une telle personne est
comme un ballon trop gonflé qui va finir par
éclater, libérant à la fois une vague de pensées et
de sentiments refoulés.
Or, nous ne pouvons trouver de l’aide inté-
rieure qu’en reconnaissant que nous ne pouvons
pas surmonter les luttes intérieures par le biais de
notre propre volonté. Par conséquent, il nous faut
d’abord nous détendre et trouver un calme inté-
rieur. Chacun de nous connaît, au fond, ce que
nous voulons vraiment, et même si nous nous sen-
tons confus et malheureux, nous devons essayer
de nous recentrer sur ce désir. Dieu nous aime et
veut nous aider, même si cette croyance est atta-
quée à plusieurs reprises par le doute. Il peut nous
aider à surmonter nos peurs. Nous devons égale-
ment nous rappeler qu’il est inutile de vouloir
lutter contre les sentiments indésirables en ayant
recours à d’autres sentiments. Aucun de nous ne
peut mettre de l’ordre dans ses émotions, mais
40
nous pouvons mettre notre confiance en Dieu. Il
connaît la profondeur de notre cœur, et Il peut
dissiper les angoisses de nos cœurs :
41
²
9. La foi
43
chercherais pas si tu ne m’avais trouvé. » Ces pa-
roles devraient nous aider à reconnaître, en toute
humilité, que Jésus nous aime avant que nous ne
l’aimons. Même si nous l’ignorons, Il peut être
déjà à l’œuvre dans notre cœur.
Bien sûr, la foi ne nous transforme pas comme
par magie : l’ennemi est toujours là, et il essaiera
toujours de trouver des points vulnérables dans
une personne afin de provoquer sa chute. Il ne
suffit pas de donner au Christ seulement ce qui
est bon en nous ; il ne suffit pas non plus de lui
donner seulement nos péchés et nos fardeaux. Il
nous veut tout entier. Si nous ne nous remettons
pas à lui complètement, nous ne trouverons jamais
la pleine liberté intérieure et la paix qu’Il nous
promet.
Cependant, la bénédiction qui vient avec la
foi en Jésus Christ exige encore plus. Elle exige
l’obéissance : « Celui qui croit au Fils a la vie éter-
nelle; celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la
vie, mais la colère de Dieu reste au contraire sur
lui » (Jn 3.36).
Souvent, par crainte, nous produisons la sugges-
44
tion inconsciente que nous ne pouvons pas trou-
ver de l’aide. Quand Jésus a dit, « Si tu ne manges
pas ma chair et ne bois pas mon sang, tu ne peux
pas avoir la vie en toi-même », même ses proch-
es trouvèrent ces mots trop durs à accepter, et de
nombreux adeptes le quittèrent. Mais lorsque Jésus
demanda aux Douze : « Voulez-vous aussi me quit-
ter ? » Pierre répondit: « Seigneur, à qui irions-nous?
Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous, nous
croyons et nous savons que tu es le Messie, le Fils
du Dieu vivant » (Jn 6.68-69). Tant que nous avons
cette foi, nous trouverons que Jésus peut et fera tout
pour nous aussi.
A cet égard, j’ai toujours pensé que le symbole
du sang du Christ est de toute importance. La pu-
rification qu’Il offre n’est pas une nouvelle doc-
trine ou dogme, mais la possibilité d’une relation
personnelle avec lui. C’est la vie ; Jésus leur dit:
« C’est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui
vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en
moi n’aura jamais soif » (Jn 6.35). Et : « En vérité,
en vérité, je vous le dis, celui qui croit [en moi] a
la vie éternelle » (Jn 6.47).
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Le plus émouvant de tout, c’est la description
de Jean de la promesse que Jésus tend à chacun de
nous en tout temps, peu importe que l’horizon
soit sombre ou la route difficile :
46
²
48
lui seul est bon – qu’il est possible de Lui céder
tout notre cœur, âme, et être volontairement, sans
condition et par amour.
Mon père a dit à ce sujet:
49
puissant. Or, c’est tout simplement dans la nature
de Dieu. Il attend que nous soyons prêts. Il est vrai
qu’Il punit ceux qu’Il aime et les appelle à la re-
pentance, mais Il ne force jamais sa bonté à leur
égard.
Si le père devrait prendre son enfant à la gorge et
forcer ses bonnes intentions sur lui, l’enfant senti-
rait instinctivement que ce n’est pas de l’amour.
Pour la même raison, Dieu ne force pas sa volonté
sur qui que ce soit. Nous sommes donc interpellés
par une question importante : sommes-nous prêts
à nous abandonner à Dieu volontairement – à ou-
vrir les fenêtres de notre cœur, afin que sa bonté
puisse entrer et remplir notre vie?
Certainement, les luttes dont nous parlons dans
ce livre nous montrent clairement que cet aban-
don n’est jamais facile, mais se déroule dans un
contexte de forces énormes. Jésus Lui-même a dû
se livrer à une bataille si rude, afin de rendre sa
volonté au Père, qu’Il en suait des gouttes de sang.
Le mal l’entourait de tous côtés, mais Il est resté
fidèle, et son attitude a été : « Pas ma volonté, mais
la tienne. » Cela devrait être notre attitude aussi.
50
Souvent, les situations les plus difficiles – la tra-
gédie ou la mort inattendue, la souffrance ou la
perte soudaine – surviendront dans la vie sans que
nous ne comprenions pourquoi. Il en est de même
dans la lutte contre les mauvaises pensées. Juste au
moment où nous sommes sûrs que la bataille sur
tel ou tel obstacle a été gagnée, nous pouvons de
nouveau être attaqués. Même alors, la réponse ré-
side dans l’abandon complet à Jésus.
Chacun doit passer par des moments difficiles
et, pour certaines personnes, la lutte d’accepter les
difficultés semblera insurmontable. Pourtant, nous
ne devons jamais oublier que la victoire finale ap-
partient à Dieu : « Le ciel et la terre passeront, mais
un nouveau ciel et une nouvelle terre viendront. »
51
²
11. La confession
52
pratique. Comme Baudouin écrit : « Lorsque nous
découvrons que nous avons créé notre propre mis-
ère, cette reconnaissance contient quelque chose de
si humiliant pour nous que nous sommes réticents
à le reconnaître. » Il ajoute : « Mais justement parce
que nous avons créé notre misère, il nous faut être
absolument honnêtes vis-à-vis de nos échecs, afin
de trouver la guérison. »
Malgré le conseil incontestable que nous
trouvons dans la lettre de Jacques – « Confessez
donc vos péchés les uns aux autres » – beaucoup
de Chrétiens aujourd’hui mettent en doute la
nécessité de la confession. Certains la rejettent
comme idée trop « catholique », d’autres soulig-
nent l’importance d’une relation privée et person-
nelle avec Dieu, et ils estiment qu’il nous suffit de
lui apporter nos péchés. Mais c’est un piètre argu-
ment : Dieu connaît déjà nos péchés (He 4.13). A
moins que nous n’avancions au-delà d’une simple
reconnaissance de nos péchés, les avouant à une
autre personne, nous ne serons pas soulagés de leur
poids.
Quand nous sommes accablés par des péchés
53
conscients spécifiques, comme c’est généralement
le cas, ils doivent, sans exception, être confessés.
Ici, « la vérité absolue » que Baudouin conseille est
vitale, car sans elle une conscience vraiment saine
demeure une impossibilité. Parfois, cependant,
nous pouvons nous sentir attaqués par le mal d’une
manière plus générale, ayant peur d’y avoir cédé ou
d’y avoir répondu de façon insuffisante. S’il persiste
une telle angoisse, elle aussi doit être confessée. Cela
ne signifie pas creuser dans le subconscient pour
chaque petite chose. Lorsque Dieu nous dit à trav-
ers notre conscience que quelque chose ne va pas,
nous devrions l’admettre pour que cela soit par-
donné. Mais le but de la confession doit toujours
être la libération, pas le renforcement des soucis
personnels. Nous voulons trouver Jésus, et non pas
nous-mêmes.
La foi et une bonne conscience sont totale-
ment entremêlées. Si nous n’écoutons pas la voix
de notre conscience, notre foi fera naufrage. Et
sans la foi, nous perdons la possibilité de trouver
une conscience pure, en premier lieu. C’est pour-
quoi l’apôtre dit que la conscience de ceux qui ne
54
croient pas n’est pas propre. C’est forcément ainsi,
parce que sans la foi, la conscience n’a rien à quoi
se raccrocher.
En outre, il est clair que lorsque nous confes-
sons un péché à quelqu’un que nous aimons et en
qui nous avons confiance, un nouveau lien est créé
par notre aveu de culpabilité. Jésus accorde une
grande importance à ce lien, comme l’indique son
insistance sur la communauté dans les Evangiles. En
fait, Il promet que, lorsque deux ou trois sont réunis
en son nom, Il sera là au milieu d’eux. Pour moi,
cette unité signifie une vie communautaire – que
ce soit sous la forme de partage de travail ou de
nourriture, la prière commune, ou la lecture et la
réflexion avec un ami ou un conjoint. L’important,
c’est la puissance – et la protection contre le péché
– qui survient en communauté. Un cœur solitaire
est en grand danger.
En soi, la confession n’est d’aucun secours. Les
gens paient beaucoup d’argent pour raconter leurs
souffrances et péchés aux psychiatres, et ces psy-
chiatres utilisent toutes sortes de thérapies pour
les aider à calmer leurs consciences désemparées.
55
En fin de compte, sans remords pour les péchés
que nous révélons, la confession reste un simple
« déchargement » du péché d’une personne à une
autre et ne peut avoir aucun effet rédempteur.
Avec du remords – avec le désir de vraiment
réparer les torts que nous avons commis, et en
les délaissant pour de bon – la confession devient
une joie. En ôtant le voile qui cache notre péché,
le charme du secret est rompu. J’ai vu des gens
transformés en un instant, des gens qui sont ve-
nus à moi dans une telle détresse que leur péché
semblait les accabler physiquement, mais qui sont
partis presque en sautillant dès qu’ils ont vidé leur
cœur.
Bonhoeffer décrit cette transformation d’une
manière merveilleuse et nous montre que c’est
plus qu’un état émotionnel, sinon un état au sens
éternel :
56
et physique de l’humiliation devant un frère, nous
ressentons la Croix de Jésus comme notre secours
et salut. Le vieil homme meurt, mais c’est Dieu qui
l’a vaincu. Maintenant nous prenons part dans la
résurrection du Christ et la vie éternelle.
57
²
12. La prière
58
C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu
afin de pouvoir résister dans le jour mauvais et
tenir ferme après avoir tout surmonté. Tenez donc
ferme: ayez autour de votre taille la vérité en guise
de ceinture; enfilez la cuirasse de la justice; mettez
comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer
l’Evangile de paix; prenez en toute circonstance le
bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre
toutes les flèches enflammées du mal; faites aussi
bon accueil au casque du salut et à l’épée de l’Esprit,
c’est-à-dire la parole de Dieu.
Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes
de prières et de supplications. Veillez à cela avec
une entière persévérance et en priant pour tous les
saints (Ep 6:10-18).
Un autre passage important est Matthieu 6.16,
où Jésus nous enseigne comment prier : Il nous
dit de nous enfermer dans notre chambre et de
prier en secret, afin que Dieu, qui voit dans le
secret, nous récompense. J’ai toujours pensé que
Jésus ne se préoccupait pas tant de la vie privée
que de l’humilité : Il nous met en garde con-
tre l’exposition de notre piété devant les autres
59
« comme les Pharisiens », et contre la récitation
des prières interminables.
Même avec ces paroles rassurantes, une vie de
prière significative peut encore être difficile à at-
teindre pour celui qui se livre à une lutte intense
contre le péché. Il y a bien des années, un homme
que j’avais une fois conseillé voulait trouver du
soulagement dans sa bataille contre un certain
péché qui l’assaillait, mais dont il ne pouvait tout
simplement pas trouver la paix. Cet homme pri-
ait avec ferveur pendant des heures. Lorsque cela
ne semblait pas l’aider, il pria pour que Jésus le
libère de toute résistance subconsciente qui était
peut-être en lui. Plus il priait, plus confondu et
désespéré il est devenu, et son agitation intérieure
semblait lui prouver que ses prières n’étaient pas
agréables à Dieu.
Comment une telle personne peut-elle trouver
de l’aide? Chaque cas sera différent, mais dans ce
cas il semblait qu’il s’agissait d’une vérité générale :
lorsque nous sentons que nos prières restent sans
réponse, nous devons nous demander si ce n’est
pas tant une question d’un manque de réponse
60
de la part de Dieu, que de notre propre manque
de croyance. Grâce à l’autosuggestion, nous met-
tons en doute la puissance de Dieu, permettant ce
doute de prendre racine dans notre esprit ; plus
nous luttons, plus nous nous enfonçons dans les
sables mouvants et paralysants de l’impuissance. La
meilleure réponse est d’arrêter de nous agiter et
d’écouter la voix de Dieu.
Trop souvent, nous prions seulement pour ce
que nous désirons et nous oublions de demander
à Dieu ce qu’Il veut de nous à un moment donné.
Nous oublions la sagesse mystique exprimée par
Jésus dans les mots suivants : « Heureux les pauvres
en esprit » (Matthieu 5:3). La pauvreté de l’esprit
signifie vide et silence, honnêteté et humilité ; elle
n’a rien à voir avec l’anxiété ou le désarroi des
émotions qui bouillonnent. Cela signifie que nous
devons nous donner à Dieu tels que nous sommes
en réalité – pauvres pécheurs misérables – plutôt
que de nous « remettre à neuf » pour lui.
Dieu connaît notre condition intérieure,
et ce n’est pas la peine d’essayer d’en améliorer
l’apparence. Manifestement, essayer de nous « rem-
61
ettre à neuf » n’est que de la folie. C’est aussi de la
folie d’essayer d’imaginer comment Dieu veut que
nous soyons, et d’espérer que Dieu sera plus apte
à nous entendre et nous exaucer si nous adoptons
un « comportement divin ».
62
mais Michel, l’un des principaux chefs, est venu à
mon aide et je suis resté là, près des rois de Perse. Je
viens maintenant pour te faire comprendre ce qui
doit arriver à ton peuple dans l’avenir, car la vision
concerne encore cette époque-là (Dn 10:12-14).
63
²
13. Le détachement
64
voix qui nous conduit de l’obscurité vers la lib-
erté et la lumière. Mais comment, au milieu de
la clameur des autres voix qui se disputent pour
notre attention, trouverons-nous cette paix inté-
rieure qu’il nous faut pour pouvoir l’entendre?
Dans un de ses poèmes, mon père évoque ce-
tte question et parle, en guise de réponse, de son
désir d’épanchement pour Dieu, afin de pouvoir
l’attendre « dans le recueillement ». Ce silence, que
le mystique allemand Eckhart du 13e siècle appelle
le « détachement », est une nécessité quotidienne
pour chaque chrétien. Détachement signifie se sé-
parer de toutes les tensions de la journée – des sou-
cis du travail, des loisirs et de la vie personnelle ;
détachement des actualités, des sports, des maux
de tête causés par des problèmes pratiques, des dis-
tractions des projets du lendemain. Cela signifie se
dresser devant Dieu dans le silence, afin de pouvoir
discerner son œuvre dans notre cœur.
J’ai écrit plus haut qu’on doit renoncer même
à la « volonté ankylosée », afin que cette voix plus
profonde du cœur puisse parler sans devoir faire
concurrence avec quoi que ce soit. Cela signifie le
65
détachement de Mammon, de l’impureté, et de la
méchanceté ; de la tromperie, de la méfiance et de
la haine ; de tous les esprits étrangers à Dieu. Ici, je
tiens à souligner une fois de plus l’importance de
l’inconscient et de rappeler au lecteur que la cause
d’une attaque par un mauvais esprit s’y trouve
souvent. A cet égard, l’importance de trouver le
détachement tous les soirs avant de s’endormir
devrait être évidente. Tout ce à quoi nous don-
nons place dans notre cœur peut œuvrer en nous
toute la nuit.
Nous savons que nous ne pouvons pas atteindre
le véritable détachement par notre propre force,
mais il n’y a pas lieu de doute ou d’inquiétude. En
fait, le meilleur moyen de rester embourbé dans la
lutte et de ne rien ressentir de bon est de contin-
uellement faire le point sur notre propre faiblesse.
J’ai conseillé des gens qui le faisaient – ils étaient
si absorbés par l’auto-évaluation qu’ils étaient in-
cessamment tendus, et jamais en mesure d’écouter
Dieu.
Si nous voulons vraiment profiter de l’aide de
Dieu, nous ne devons pas chercher du secours en
66
nous-même, mais en Lui. Eckhart écrit:
67
qu’il ne souhaite rien d’autre et ne désire rien
d’autre que ce que Dieu décrète pour lui. Si la vo-
lonté de Dieu allait nous plaire de cette façon, nous
nous sentirions comme si nous étions au Paradis,
quoiqu’il nous arrive. Mais ceux qui veulent autre-
ment que la volonté de Dieu auront ce qu’ils méri-
tent : ils vivront toujours dans la misère et la peine,
les gens leur infligeront beaucoup de violence et
de blessures, et ils souffriront à tous égards.
Nous accablons Dieu jour et nuit avec les pa-
roles « Seigneur, que ta volonté soit faite ». Mais
quand la volonté de Dieu est faite, nous sommes
furieux et nous n’en sommes pas du tout satisfaits.
Lorsque notre volonté s’accorde avec la volonté de
Dieu, c’est certainement une bonne chose ; mais
combien mieux serait-ce si la volonté de Dieu
devenait la nôtre !
En l’occurrence, si vous êtes malade, bien sûr,
vous ne voulez pas être guéri contre la volonté de
Dieu, mais vous souhaitez qu’il en soit de sa vo-
lonté que vous alliez mieux. Et quand les choses
vont mal pour vous, vous souhaitez que ce soit la
volonté de Dieu que tout se passe mieux ! Mais
quand la volonté de Dieu devient votre volonté,
si vous êtes malade – ce sera au nom de Dieu ! Si
68
votre ami meurt – ce sera au nom de Dieu !
Quiconque, par la grâce de Dieu unit sa volonté
purement et complètement à la volonté de Dieu
n’a qu’à déclarer avec un désir ardent : « Seigneur,
montre-moi ce qui est ta plus chère volonté, et
donne-moi la force de l’accomplir ! Et Dieu le
fera, aussi vrai qu’Il vit ; et Il comblera une telle
personne abondamment et parfaitement.
Il n’y a rien qu’un homme puisse offrir à Dieu
qui lui plaira plus que le détachement. Dieu estime
moins nos veilles et jeûnes et prières qu’Il n’estime
ce détachement. En bref, Dieu n’a besoin de rien
à part ceci : que nous lui donnons un cœur tran-
quille.
69
en nous oubliant, d’autant plus facilement Dieu
pourra libérer et guérir notre esprit. Comme
l’auteur de Philippiens conseille:
70
²
71
nombreux croyants d’aujourd’hui ; dans l’ensemble,
les gens sont mal à l’aise lorsqu’ils y sont confrontés.
Personne n’aime se voir comme un pécheur, il est
plus agréable d’être un bon chrétien. Pourtant, tous
les quatre évangiles n’indiquent-ils pas clairement
que le Christ est venu pour les pécheurs – et non
pour les saints – et que le chemin vers le Christ
est l’humilité et la pauvreté d’esprit, pas la bonté
humaine ?
Lorsque l’apôtre Paul parle de lui-même
comme « le plus grand des pécheurs », on ressent
que ce ne sont pas là seulement des paroles pieus-
es. C’était vraiment son intention. Paul avait per-
sécuté l’église et a été responsable du martyre de
nombreux croyants ; il savait qu’il était un ennemi
de Dieu. De la même manière, à la Pentecôte, les
habitants de Jérusalem se considéraient comme des
pécheurs. Ils ne se sentaient pas dignes de l’Esprit
Saint – loin de là. Ils étaient touchés au plus pro-
fond d’eux-mêmes et se traitaient d’assassins du
Christ. Mais en raison de cette reconnaissance,
Dieu pouvait les utiliser.
Si nous voulons que Dieu se serve de nous, il
72
nous faut reconnaître que chacun de nous est aussi
un pécheur. Même Pierre, un des disciples les plus
fiables, a eu assez d’humilité pour reconnaître ses
défauts : après avoir nié Jésus, nous dit-on, il s’en
alla et « pleura amèrement ». Il n’y a pas d’autre
moyen pour nous non plus, que de pleurer pour
nos péchés.
Le repentir n’est pas chose facile : il exige un
combat acharné. Pourtant, même dans les heures
d’introspection les plus sombres et les plus ango-
issantes, nous pouvons nous consoler dans le fait
que Jésus (quoiqu’Il ait été sans péché) nous y a
précédés. Comme nous pouvons le lire dans Hé-
breux :
Pendant sa vie terrestre, Christ a présenté avec
de grands cris et avec larmes des prières et des sup-
plications à celui qui pouvait le sauver de la mort,
et il a été exaucé à cause de sa piété. Ainsi, bien
qu’étant Fils, il a appris l’obéissance par ce qu’il
a souffert. Et parfaitement qualifié, il est devenu
pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut
éternel (He 5.7-9).
Lequel d’entre nous prend ses luttes contre le
73
péché tellement au sérieux qu’il le combat avec de
grands cris et des larmes ? Jésus l’a fait. Personne
n’a jamais dû se battre comme lui – personne. Le
diable ne voulait aucun cœur plus que le sien.
Et du fait qu’Il a lutté avec plus d’acharnement
que n’importe qui d’entre nous ne devra jamais
le faire, Il comprend nos luttes. Nous pouvons en
être sûrs. Pourtant, il nous faudra toujours lutter,
et c’est pour cela qu’Il dit que ceux qui veulent le
suivre doivent se charger de leur croix, comme Il
s’est chargé de la sienne.
La repentance ne signifie pas se tourmenter.
Elle peut mettre notre vie sens dessus dessous – en
fait, elle doit le faire – et parfois nous nous senti-
rons comme si la fondation de toute notre vie a
été entièrement balayée. Mais même alors, il ne
nous faut pas tout voir comme quelque chose de
désespéré ou sombre. Le jugement de Dieu est la
bonté de Dieu, et ne peut pas être séparé de sa mi-
séricorde ni de sa compassion. Notre objectif doit
être d’enlever tout ce qui est contraire à Dieu dans
notre cœur, afin qu’Il puisse nous purifier et nous
offrir une nouvelle vie – c’est-à-dire, pour qu’Il
74
puisse nous remplir de Christ.
75
cœur, parce qu’en fait je doute de la victoire de
la résurrection. Ce doute doit être rejeté. Après
tout, la puissance du Christ réside en ceci : « Il est
lui-même la victime expiatoire pour nos péchés,
et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour
ceux du monde entier » (1 Jn 2:2).
Le Christ est toujours là, donc le Saint-Esprit
y est aussi, et si une âme crie vers Dieu, elle sera
entendue. Ce n’est pas sans raison que le Christ
Lui-même se dit être notre « avocat » : il n’y a
aucune autre personne à part Lui qui ait autant
de compassion et d’amour pour les pécheurs, et
Il promet que « toute personne qui demande
recevra...à celui qui frappe, la porte sera ouverte ».
Ces promesses sont là pour tout le monde. Nous
ne pouvons pas nous cacher derrière nos péchés
et dire « Je suis trop faible » ou « Je veux changer,
mais je ne peux pas ». En fin de compte, ces ex-
cuses n’ont aucun fondement.
La grâce fait partie du secret de la renaissance
et la vie nouvelle. L’entretien de Nicodème avec
Jésus nous montre qu’on ne peut pas expliquer la
renaissance, mais seulement en faire l’expérience.
76
Certes, nous savons que cela signifie la transforma-
tion complète du vieil homme au nouvel homme.
Mais Jésus ne donne aucune justification, aucu-
ne explication. Il dit simplement : « Vous devez
être né de nouveau. » Pour notre part, alors, nous
devons simplement croire que Dieu veut nous ac-
corder une vie nouvelle.
La grâce est le don mystérieux que Jésus-Christ
donne à chacun de nous qui se tourne vers lui. Elle
est la clé de la renaissance et la possibilité d’une vie
totalement nouvelle. Elle ne dépend ni des bonne
qualités ni des bonnes actions, mais elle vient même
à ceux qui semblent, du point de vue humain, la
mériter le moins. Comme le dit Paul, elle nous est
donnée librement « pour que nous célébrions la
gloire de sa grâce, dont il nous a comblés dans le
bien-aimé. En lui, par son sang, nous sommes ra-
chetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la
richesse de sa grâce » (Ep 1.6-7).
Par la grâce, Paul dit encore, notre nature
pécheresse n’a aucun droit sur nous (Rm 8:13).
C’est une déclaration très forte. Qui peut vraiment
dire que la nature inférieure n’a aucun droit sur
77
lui ? Pourtant, la réponse à cette énigme est égale-
ment évidente : nous devons nous ouvrir à la puis-
sance de l’Esprit, nous repentir, et consacrer notre
vie au Christ.
Lorsque nous serons prêts, corps et âme, à tout
lui donner et que nous lui dirons, « Jésus, je viens.
Coûte que coûte, je viens à toi », nous obtiendrons
alors l’assurance que le péché ne peut jamais être
victorieux sur nous, même si nous luttons con-
tre une faiblesse particulière jusqu’à notre dernier
jour. « Il n’y a donc maintenant aucune condam-
nation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui ne
vivent pas conformément à leur nature propre
mais conformément à l’Esprit. En effet, la loi de
l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ m’a libéré
de la loi du péché et de la mort » (Rm 8:1-2).
78
²
15. La guérison
80
sang, et tout cœur, aussi tourmenté qu’il soit, peut
trouver le réconfort et la guérison en lui. Dans un
essai intitulé La conscience et sa restauration à la
santé mon père écrit:
81
est devenu l’un d’entre eux. Il est devenu le seul
qui leur appartient véritablement. Et si lui, le Fils
de l’homme, est pour eux, personne ne peut les
condamner. Désormais, aucune accusation n’a le
pouvoir de les empêcher de s’approcher de Dieu.
82
de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute
ta pensée », et deuxièmement, « Tu aimeras ton
prochain comme toi-même » (Mt 22.37, 39).
Un autre élément essentiel de la guérison après
une lutte avec les puissances des ténèbres est la
position que nous prenons envers nous-mêmes.
L’attitude que nous prenons vers les oscillations de
notre imagination, par exemple, peut influencer
toute notre perspective émotionnelle. De toute
évidence, la personne qui est agressive – qui est
décisive et vigoureuse dans la lutte contre ce qui
doit être combattu – sera plus sûre de la victoire
que celle qui tremble de peur ou devient défen-
sive.
Comme mon père l’indique dans le passage ci-
dessus, la conscience est souvent notre « accusa-
teur », et à juste titre. Pourtant, lorsque nous nous
déchargeons de nos fardeaux en nous détournant
du péché, sa voix cède place à la voix de l’amour
– la voix de Jésus. Ainsi Tolstoï nous avertit : « Si
l’on raisonne sur l’amour, l’amour se détruit ». En
d’autres termes, si l’on veut la guérison de la vo-
lonté, nous devons faire attention à ne pas analyser
83
tous les sentiments qui nous traversent l’esprit et
ce faisant détruisent la liberté nouvelle qui s’éveille
en nous.
Il est inutile de nous inquiéter constamment
sur notre petit cœur ou notre personnalité faible.
Personne n’est pur et bon, sauf Jésus ; son caractère
est le seul qui est vraiment sain. Tournons le dos
à la tentation de Caïn, qui enviait la relation que
son frère avait avec Dieu. Devenons comme de
petits enfants, et trouvons la joie simplement en
appartenant à Jésus.
Après la première victoire sur le péché dans no-
tre cœur, si nous ne nous sentons pas encore sûrs
de nous-mêmes, cela peut être un signe que nous
ne croyons toujours pas assez profondément. Paul
écrit que si nous aimons parfaitement, nous com-
prendrons tout comme nous avons été parfaite-
ment compris (1 Co 13.8-13). Les paroles de Jean
sont importantes aussi : Dieu nous a aimés avant
que nous n’ayons jamais pu l’aimer (1 Jn 4.19).
C’est ce qui doit entrer dans notre petit cœur, et
ce à quoi nous devons tenir : l’amour du grand
Cœur qui nous comprend parfaitement.
84
D’après mon expérience, la voie de la guérison
est longue, et à un moment ou un autre chacun de
nous aura à supporter la déception et l’échec. Il se
peut que nous retombions parfois dans le péché que
nous redoutions le plus, ou que nous avions été si
sûrs d’avoir conquis. Pourtant, en dépit du désespoir
qui s’ensuit, nous ne devrions pas perdre confiance,
car « celui qui a commencé en vous cette bonne
œuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au
jour de Jésus-Christ » (Ph 1.6).
La douleur et la solitude angoissantes que Christ
a dû ressentir lorsqu’Il était accroché à la croix
est trop affreuse à imaginer ; et pourtant, même
alors, Il s’écria : « Père, entre tes mains je confie
mon esprit. » C’est là que se trouve la foi suprême.
Même les souffrances et sentiments d’abandon les
plus vifs ne pouvaient pas ébranler la foi de Jésus
en son Père et notre Père : Il confia son esprit aux
mains de Dieu.
Si nous voulons être guéris des blessures faites
par les astuces et les flèches de Satan, nous devons
trouver cette même confiance inébranlable en
Dieu, de sorte que même si nous ne ressentons
85
toujours rien, nous sommes en mesure de nous
abandonner de manière absolue et sans réserve
à lui, avec tout ce que nous sommes et tout ce
que nous possédons. En fin de compte, tout ce
qui nous reste est notre péché. Mais si, comme
des enfants, nous le déposons devant lui Il nous
pardonnera, nous purifiera et nous donnera la paix
au cœur – ceci conduit à un amour inexprimable.
86
²
16. La purification
88
son comme guerrier impitoyable, capable des pires
actes, il retourne un homme nouveau.
Si, comme ce chevalier, nous avons fixé notre
cœur sur une seule chose, nous aussi nous pouvons
être totalement transfigurés : « Nous savons que
lorsque le Christ paraîtra, nous serons semblables
à lui, car nous le verrons tel qu’il est. Tous ceux
qui fondent sur le Christ une telle espérance se
rendent eux-mêmes purs, tout comme le Christ
est pur » (1 Jn 3.2-3, La Bible du Semeur). Mais
tant que nous restons divisés, nous resterons aussi
(pour citer le livre Innenland, de mon père) « fai-
bles, mous et indolents ; incapable d’accepter la
volonté de Dieu, de prendre des décisions impor-
tantes ou de prendre des mesures décisives... La
pureté du cœur n’est rien d’autre que l’intégrité
absolue nécessaire pour surmonter les désirs af-
faiblissants ».
Avant de rejeter cette « intégrité absolue »
comme juste un autre idéal impossible, voyons ce
que l’apôtre Paul dit à propos de la purification.
Il tient pour acquis que nous aurons toujours à
l’esprit des arguments et des obstacles, et que nous
89
serons toujours soumis à la tentation. Pourtant, il
continue en décrivant notre lutte contre le mal
comme une victoire dans laquelle « nous faisons
toute pensée prisonnière pour qu’elle obéisse à
Christ » (2 Co 10.5). Or, la victoire ne peut pas
être facilement remportée. Nous devons faire face
au fait que la lutte est une guerre à part entière
qui s’est livrée en permanence depuis la chute de
l’homme, et que, depuis la résurrection et la de-
scente de l’Esprit Saint à la Pentecôte, elle n’a fait
que s’intensifier. La chose merveilleuse, en ce qui
concerne la parole de Paul, est la certitude qu’afin
d’obéir au Christ, nous pouvons amener toute
pensée captive.
Dans son œuvre Du détachement, Eckhart
nous raconte comment un cœur pur peut devenir
une réalité pour chacun de nous :
90
en vous. La moindre image que vous avez de la
créature que vous êtes, est aussi grande que Dieu :
elle vous éloigne de votre Dieu. Dans la mesure
où une telle image vous pénètre, Dieu doit céder
place, et dans la mesure où cette image se dissipe,
Dieu rentre en vous.
L’amour-propre est la racine et la cause de tous
les maux ; il arrache tout ce qui est bon et tout ce
qui est parfait. Par conséquent, si l’âme va connaî-
tre Dieu, elle doit aussi s’oublier et se perdre. Tant
qu’elle s’examine, elle ne verra ni ne connaîtra
Dieu. Mais quand elle se perd et délaisse tout pour
l’amour de Dieu, c’est alors qu’elle se retrouve en
Dieu, parce que Dieu l’illumine comme l’aube – et
ce n’est qu’à ce moment-là que l’âme se connaît et
connaît toutes choses en Dieu…
Quiconque laisse tomber les choses dans leur
caractère banal et insignifiant les possédera dans
leur nature pure et éternelle. Celui qui les aban-
donne dans leur nature inférieure et périssable, les
recevra à nouveau en Dieu, celui en qui elles ont
leur existence authentique...
C’est un signe incontestable de la lumière de la
grâce quand on s’éloigne, de son libre arbitre, de ce
91
qui est éphémère et vers le plus grand bien – Dieu.
Une telle âme ne cherche pas en dehors d’elle,
mais à l’école du cœur, car elle sait que c’est là où
l’Esprit Saint lui enseigne les choses qui conduisent
à son bonheur...
Elle essaie de faire toutes ses œuvres aussi par-
faitement que possible en conformité avec la vo-
lonté de Dieu...et cherche toujours à avoir la con-
science tranquille en dédaignant les activités du
monde et en aimant la souffrance, de sorte que la
grâce augmente en elle et que les désirs charnels
diminuent.
92
est la pire forme de la chair, parce qu’elle ne laisse
aucune place dans le cœur pour Dieu.
Si nous nous examinons honnêtement, nous
devons humblement reconnaître que chacun de
nous a besoin chaque jour du pardon de Dieu.
Notre faiblesse humaine n’est pas un obstacle au
Royaume de Dieu, tant que nous ne l’utilisons pas
comme une excuse pour nos péchés. Paul écrit
même que la puissance du Seigneur « s’accomplit
dans la faiblesse » (2 Co 12.7-9).
Or, en fin de compte, la purification dépend
de notre volonté de consacrer notre vie à Dieu,
et quand nous trébuchons ou tombons, de nous
relever et nous vouer à nouveau. Nous ne serons
jamais parfaits, mais nous resterons toujours con-
centrés sur notre objectif, et donnerons tout ce qui
est en notre pouvoir afin d’y parvenir :
93
et me portant vers ce qui est devant, je cours vers
le but pour remporter le prix de l’appel céleste de
Dieu en Jésus-Christ (Ph 3.12-14).
94
²
17. La Croix
96
nous ne devons pas oublier qu’Il juge aussi. Si
vraiment nous l’aimons, nous aimerons tout en lui,
non seulement sa compassion et sa miséricorde,
mais sa sévérité aussi. C’est sa sévérité qui nous
taille et nous purifie.
L’amour du Christ n’est pas comme l’amour
humain qui est doux et émotionnel, sinon un feu
ardent qui purifie et brûle. C’est un amour qui
exige le sacrifice de soi. Mon père, écrit:
97
ne se trouve que dans la croix ! Dans la croix seule
existe la pureté ! C’est là où les armées du mal
sont vaincues, où l’amour du Christ envers chaque
être humain surgit éternellement et nous donne
la paix.
A moins que ces vérités ne vivent dans notre
cœur – à moins qu’elles ne nous saisissent d’une
manière très personnelle et nous infusent com-
plètement – elles ne restent que des mots dénués
de sens. Jésus offre de se donner à chacun de nous
jusqu’au point où nous nous unissons chair et sang
avec lui. Ce n’est pas une philosophie, mais la vraie
nourriture ; c’est la vie. Tout changera pour celui
qui l’éprouve, et pas seulement pour ce moment-
là, mais pour toute l’éternité.
Quand nous connaissons Jésus au fond du
cœur, nous commencerons à réaliser (même si ce
n’est qu’à un degré infime) ce qu’Il a vécu pour
nous. Comme nous l’avons vu, cela veut dire que
nous devons nous abandonner à lui dans la prière
et le silence, en confessant nos péchés les uns aux
autres, et les déposant devant la croix dans un es-
prit de repentance. Alors Il nous acceptera et nous
98
accordera la réconciliation avec Dieu, une con-
science propre, et un cœur pur. En nous sauvant
d’une mort spirituelle et nous accordant une nou-
velle vie, son amour pour nous débordera jusque
dans notre propre cœur et nous donnera un grand
amour pour lui.
Toutefois, on ne peut naturellement pas
s’arrêter là. L’expérience de la purification person-
nelle au pied de la croix est vitale, mais se concen-
trer juste là-dessus serait inutile. L’amour du Christ
est si grand, il faut élever notre esprit au-dessus de
nos petites luttes – et de toute préoccupation de
notre propre salut – afin que nous puissions voir
les besoins des autres, et au-delà de ces besoins, la
grandeur de Dieu et sa création. La croix est bien
plus grande que ce qui est personnel, elle a une
signification cosmique, car sa puissance s’étend à la
terre entière et même plus qu’à cette terre !
Il y a des secrets que Dieu seul connaît, et la
crucifixion à Golgotha est peut-être le plus grand
de tous. Dans sa Lettre aux Col (1.19-20), Paul
parle de ce mystère et dit seulement qu’il a plu à
Dieu de laisser sa nature entière demeurer en Jésus
99
et de réconcilier tout sur terre et au ciel « grâce
à l’effusion de son sang sur la croix ». A la croix,
alors, non seulement la terre mais aussi le ciel et
toutes les puissances et les principautés du monde
angélique seront réconciliés avec Dieu. C’est sûr
que nous – et peut-être même ni les anges – ne le
comprendrons jamais tout à fait. Mais nous savons
une chose : le Christ a vaincu la mort, le dernier
ennemi, et par là même, quelque chose est adv-
enue qui continue d’exercer son pouvoir bien au-
delà des limites de notre planète.
100
²
102
faim et soif pour la justice pour tous les peuples ;
que nous portions témoignage de Son chemin
d’amour et de justice et de paix ; que nous luttions
à ses côtés afin de bâtir la cité sur la colline.
Or, rien de tout cela ne nous est possible sans
l’expérience d’une renaissance personnelle. Il ne
fait aucun doute que chaque fois qu’une personne
est gagnée pour le Christ, le pouvoir du péché et
des ténèbres est brisé dans son âme, et c’est une
victoire pour le Royaume de Dieu. Mais si nous
n’allons pas plus loin que des rencontres individu-
elles et édifiantes avec Jésus, nous ne saisissons pas
la grandeur de sa cause. Mon père écrit à ce sujet:
103
de sorte que nous devenions dignes non seule-
ment dans le sens de la béatitude personnelle, mais
comme des combattants pour son Royaume. Vi-
vons plus intensément dans l’attente du Seigneur !
Si nous ne l’attendons pas dans tous les aspects de
notre vie, nous n’attendons vraiment pas du tout.
Je me demande chaque jour : ai-je vraiment espéré
assez, assez lutté, assez aimé ? Notre attente pour le
Royaume doit conduire à des actes.
A la fin du Sermon sur la montagne, Jésus
dit : « C’est pourquoi, toute personne qui entend
ces paroles que je dis et les met en pratique, je
la comparerai à un homme prudent qui a con-
struit sa maison sur le rocher » (Matthieu 7.24).
C’est en faisant la volonté de Dieu que nous don-
nons la preuve de notre volonté la plus profonde.
Peu importe combien nos émotions sont confuses
ou capricieuses, le désir de notre cœur doit rester
ferme : soit nous aurons faim et soif pour Jésus, soit
nous l’éviterons. Cette différence est décisive pour
chacun de nous pour toute éternité.
Quelle chose puissante de vivre pour le
Royaume de Dieu ! Ne reculez pas. Vivez pour
104
lui ; cherchez-le, et vous verrez qu’Il est si puissant
qu’Il vous emportera complètement – Il résoudra
tous les problèmes de votre vie, et tous les prob-
lèmes sur la terre. Tout sera nouveau, et chaque
personne aimera son prochain dans le Christ.
Toute séparation et péché, toute souffrance, les té-
nèbres et la mort seront vaincus, et seul l’amour
règnera.
105
²
Postface
107
est la volonté de Dieu - ce qui est bon, agréable et
parfait » (Rm 12:2). Pour Paul, la transformation
de nos actions commence par la transformation de
nos pensées – c’est-à-dire, la libération des pen-
sées pécheresses est primordiale à la liberté dans
le Christ.
L’attention qu’Arnold prête aux pensées
pécheresses doit être considérée dans le contex-
te plus large de la transformation. La sienne n’est
pas une préoccupation maladive de la perfection.
Chacun d’entre nous lutte avec des images et des
pensées non désirées. Mais, comme nous l’assure
Arnold, les pensées qui nous tentent ne sont pas
en elles-mêmes condamnables. C’est ce que nous
en faisons qui compte. Jacques (1.15) dit : « Puis le
désir, lorsqu’il est encouragé, donne naissance au
péché... » Par conséquent, la question est de savoir
si nous entretenons les mauvaises pensées qui nous
viennent, nous arrêtant sur elles, et ainsi les nour-
rissant ; ou bien est-ce que nous les affrontons,
comme dans une bataille, nous efforçant de les
surmonter dans le Christ ?
C’est le Christ seul qui rompt la malédiction
108
du péché. C’est lui qui donne un sens à la lutte –
car il est l’objet et le but de tous nos efforts. C’est
pourquoi saint Augustin écrit : « Chantons des
alléluias ici-bas...même ici, au milieu des épreuves
et des tentations et de l’anxiété...non pas pour
jouir d’une vie de loisir, mais dans le but d’alléger
nos travaux. » C’est en louant Dieu en pleine ten-
tation que nous serons libérés du fardeau qui pèse
sur nos âmes.
En fin de compte, notre lutte est une joie.
Même lorsque nous échouons – ce qui est certain
– nous avons l’assurance que le règne de l’amour
de Dieu est plus grand que nos cœurs et esprits. Et
qui plus est, nous pouvons avoir, comme nous en-
courage Arnold, « une confiance absolue en Jésus,
de sorte que même si nous ne sentons rien encore,
nous nous donnerons absolument et sans réserve à
lui avec tout ce que nous sommes et tout ce que
nous avons... Puis Il nous donnera le pardon, la
purification et la paix du cœur, et ceux-ci con-
duisent à un amour ineffable ».
Etre libéré des pensées pécheresses est un grand
don, un don de l’amour de Dieu que chaque
109
lecteur peut expérimenter en réfléchissant à la sa-
gesse qui se trouve dans ce livre. Sans cette libé-
ration, nous restons empêtrés dans la frustration.
Avec elle, nous sommes plus que vainqueurs.
110
²
A propos de l’auteur
112
de formation formelle théologique. Il était un vrai
Seelsorger, ou « guide spirituel » qui s’intéressait
énormément au bien-être interne et externe des
communautés qui lui avaient été confiées. Et il
servait ses frères et sœurs, en premier lieu comme
un égal qui partageait leur vie quotidienne dans le
travail et les loisirs, aux repas communautaires, aux
réunions d’affaires et aux cultes.
Lors de son ministère, Arnold a dû aborder tous
les aspects de la vie spirituelle, personnelle et com-
munautaire. Mais il y a un fil visible qui traverse
tout ce qu’il a écrit : le Christ et sa croix comme
centre de l’univers. Il insiste sans relâche sur le fait
que, sans une rencontre personnelle avec le Christ
– sans être confronté par son message de repent-
ance et d’amour – une foi chrétienne vivante n’est
pas possible.
Ayant sa vie centrée sur Christ donnait à Arnold
un courage hors du commun pour affronter le pé-
ché. Il ne pouvait tolérer l’indifférence aux exigenc-
es de l’Evangile. Mais tout comme il combattait le
mal dans les autres, il le combattait en lui-même,
et la lutte n’a jamais été contre une personne, mais
113
contre le péché. Quelquefois, ceci lui a valu la cri-
tique qu’il était trop « émotionnel », mais comme il
s’est demandé une fois, comment est-ce que celui
qui aime le Christ peut-il être froidement détaché
quand l’honneur de l’Eglise est en jeu?
C’était, aussi, ce qui lui permettait parfois de faire
un appel si énergique à la repentance : « Sommes-
nous prêts à laisser la parole du Christ nous per-
cer profondément ou allons-nous continuellement
nous protéger et nous endurcir contre elle ? Nous
ne réalisons guère combien de fois nous sommes des
obstacles dans la voie de Dieu. Mais nous pouvons
lui demander de nous transpercer avec sa Parole,
même si ça fait mal ». Avec la même vigueur et in-
sistance qu’il a fait appel à la repentance, cependant,
il s’efforçait aussi de montrer de la compassion et du
pardon. S’il y avait quelqu’un qui prenait au sérieux
l’injonction de Jésus de pardonner afin d’être par-
donné, et de pardonner soixante-dix fois sept fois,
c’était bien lui.
Comme ancien des communautés du Bruder-
hof, Arnold passait de nombreuses heures à lire, re-
lire, et méditer sur le contenu d’un flux quotidien
114
de lettres. Ses réponses illustraient l’humilité avec
laquelle il répondait. Quand on lui posait une
question, il conseillait, réconfortait, admonestait,
et même censurait fortement, mais il n’a jamais
critiqué, toutefois, ni n’a dénigré ceux qui se tour-
naient vers lui. Et si des centaines de personnes se
sont tournées vers lui, année après année, il leur
indiquait toujours – au-delà de leurs préoccupa-
tions avec leurs péchés ou leur sainteté person-
nelle – la voie vers Christ.*
Arnold savait bien qu’il n’avait pas toutes les
réponses. Souvent, il a dit qu’il avait besoin de
réfléchir quand il s’agissait d’une certaine affaire,
ou qu’il voulait la considérer dans la prière, ou
tout simplement qu’il ressentait qu’il n’avait pas
de réponse. Prié d’expliquer un verset difficile,
une contradiction apparente, ou la signification
d’un passage mystérieux dans la Bible, il était apte
à dire : « J’y ai beaucoup réfléchi, mais je ne le
comprends pas bien moi-même. Laissons-le dans
les mains de Dieu. Un jour, ceci nous sera ré-
vélé » – et il ne tentait jamais de l’interpréter. Bien
115
qu’ayant une vaste culture littéraire, et une con-
naissance approfondie de l’Ancien et du Nouveau
Testament, c’était quand même un homme de
cœur, dont la connaissance était une connaissance
de l’âme humaine, et dont la compréhension des
voies de Dieu était née de son amour pour Dieu,
pour Jésus, et pour l’Eglise.
Plus important encore, Arnold pouvait écout-
er : il écoutait ses frères et sœurs, il écoutait les
amis, les étrangers, ses détracteurs, et surtout il
écoutait Dieu : « Je veux seulement entendre dans
mon for intérieur la voix de Dieu qui s’exprime
par la Fraternité.* Je veux confesser Jésus dans no-
tre époque. Je veux être pauvre...spirituellement
pauvre. Je veux être obéissant et aller là où l’Eglise
m’envoie, et faire la volonté de Dieu ».
Il y a de nombreux aspects des écrits d’Arnold
que l’on pourrait considérer plus en détail –
l’influence prépondérante de son père, Eberhard
Arnold et des pasteurs allemands Johann Chris-
toph et Christoph Friedrich Blumhardt et leur
Bruderhof.
116
vision du Royaume comme une réalité présente,
ainsi que de Maître Eckhart, dont le mysticisme
se reflète dans la propre inclination d’Arnold vers
l’expérience mystique. Il y a aussi Dietrich von
Hildebrand, Friedrich von Gagern, et Charles
Baudouin dont il a lu les livres et auxquels il faisait
souvent référence. Tous ces écrivains donnent au
message d’Arnold une ampleur de vue que l’on ne
peut pas ignorer – une vision qui soulève nos yeux
de la petitesse de la vie quotidienne pour voir les
plus grandes réalités que nous ignorons souvent.
Pour utiliser ses propres mots:
117
Le Bruderhof
119
Cependant, lors de la Seconde Guerre mondi-
ale, une deuxième émigration fut nécessaire, cette
fois-ci en Amérique du Sud. Pendant vingt ans, la
communauté survécut dans les régions lointaines
du Paraguay, le seul pays prêt à recevoir ce groupe
multinational.
En 1954, une nouvelle branche du mouvement
fut fondée aux Etats-Unis, et en 1961, les com-
munautés au Paraguay furent fermées et tous les
membres partirent pour l’Europe et les Etats-Unis.
Aujourd’hui, nous sommes environ 2 700
membres répartis dans plus d’une vingtaine de
communautés aux Etats-Unis, en Angleterre, en
Australie, en Allemagne et au Paraguay. Notre
nombre est insignifiant, mais nous savons que no-
tre tâche est d’une importance primordiale : suivre
les enseignements de Jésus dans une société qui
s’est tournée contre Lui.
120
témoigner de la puissance du message de l’Evangile
dont le but est une vie de paix, d’amour et d’unité.
Notre porte est ouverte à toute personne qui
veut chercher la voie de Jésus avec nous. Bien
qu’on puisse penser que nous vivons une utopie,
ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas des saints
et nous avons les mêmes problèmes que tout le
monde. Ce que nous avons que le monde n’a pas,
c’est un engagement pour la vie et la promesse de
lutter pour l’âme de chaque frère et sœur et de
nous sacrifier jusqu’à la mort si nécessaire.
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