CM Cognitive
CM Cognitive
CM Cognitive
1.1 Généralités
Or l’idée selon laquelle un élève apprend mieux lorsque le contenu pédagogique est
présenté dans sa modalité sensorielle préférée ne repose sur aucun fondement scientifique
(Rousseau, Gauthier, & Caron, 2018).
Cette idée est malgré tout très populaire et très présente dans les médias, les supports
pédagogiques ; elle est même relayée par le ministère de l’éducation.
Rousseau et ses collaborateurs donnent des pistes expliquant l’origine du mythe des VAK
(styles d’apprentissage visuel auditif kinesthésique) :
- Théorie pédagogique de Smith. Le respect des styles d’apprentissage VAK de l’apprenant
permettrait d’améliorer son apprentissage. Mais l’auteur fait référence à des principes de
PNL (Programmation neuro-linguistique), approche thérapeutique très controversée car
reposant sur trop peu d’appuis empiriques.
- Théorie des profils neurosensoriels de Lafontaine. Mais absence d’appuis expérimentaux.
Théorie reprise dans des ouvrages grands publics réédités fréquemment.
Questionnaires qui ont testé le lien entre préférence pour un style d’apprentissage et
performances d’apprentissage : pas de lien significatif.
Ex: mode texte + image sera plus performant qu’à partir d’un mode texte + texte (voir le
modèle d’apprentissage multimédia présenté dans l’enseignement de Psychologie cognitive
de L3).
Puis les auteurs les exposent au savoir scientifique disqualifiant l’utilité pédagogique de
l’utilisation des styles.
90 % des répondants rejettent le bien-fondé conceptuel des styles d’apprentissage, mais un
tiers d’entre eux ont indiqué vouloir malgré tout continuer d’employer ce concept dans leur
pratique enseignante, dont 89 % en raison de leur expérience personnelle (p. ex. Je
l’observe en classe) ».
Ainsi, les observations personnelles des enseignants au cours de leur propre expérience
d’enseignement sembleraient « protéger les neuromythes de l’assaut du savoir scientifique »
Il existerait sur terre des personnes capables de mémoriser toute une scène visuelle dans le
moindre détail sans avoir par ailleurs de troubles neurologiques ou cognitifs.
Là encore, la littérature scientifique montre que ce n’est pas le cas.
Il est vrai que quelques personnes ont présenté ou présentent une telle capacité
extraordinaire, mais ils sont très peu nombreux, et leur profil neurocognitif est toujours
atypique, c’est-à-dire associé à une pathologie congénitale telle que l’autisme, ou associé
par exemple à une synesthésie (voir partie suivante).
Kim Peek
Phénomène cognitif, non pathologique, qui consiste en un liage sensoriel inhabituel, dans
lequel certains stimuli provenant du réel évoquent automatiquement une perception
additionnelle.
Mignerot (2021)
Les synesthésies sont :
● Arbitraires : le synesthète ne décide pas de la couleur des parfums qu’il sent.
● *Idiosyncrasiques, deux synesthètes ne vivent pas les mêmes associations.
● Constantes dans le temps, les combinaisons restent les mêmes tout au long de la vie
d’adulte.
● Conscientes
● Activées de façon automatique
*Prédisposition particulière de l'organisme qui fait qu'un individu réagit d'une manière personnelle à
l'influence des agents extérieurs.
Nommer la couleur dans laquelle est écrit chacun de ces mots le plus rapidement
possible :
Effet Stroop
Interférence qui produit une information non pertinente au cours de l'exécution d'une tâche
cognitive. La difficulté à ignorer l'information non pertinente se traduit par un ralentissement
du temps de réaction et une augmentation du pourcentage d'erreurs
A partir des années 2000 l’évolution de l’imagerie cérébrale a permis d’étudier d’un point de
vue neurophysiologique la synesthésie.
La synesthésie graphème-couleur a fait l’objet de la majorité de ces investigations en
neurosciences.
Un modèle descriptif dominant aujourd’hui est celui de Ramachandran et de Hubbard.
= Le modèle de L’activation croisée
« l’aire cérébrale de traitement de l’identification des lettres et des nombres est adjacente à
la région spécialisée dans le traitement des couleurs : L’expérience supplémentaire de voir
des couleurs quand on regarde des graphèmes s’expliquerait par une hyperconnectivité
entre ces deux zones adjacentes, celle du traitement des graphèmes et celle du traitement
des couleurs […] » (Lambert, 2019, p 7).
Principale méthode utilisée par les athlètes de la mémoire. Cette méthode consiste à
associer des images mentales à des représentations spatiales.
Des étudiants mémorisaient plusieurs listes de 40 mots chacune en utilisant la méthode des
lieux. Chaque mot d’une liste était présenté 13 secondes et à l’issue des 40 mots les
étudiants devaient immédiatement rappeler la liste. De la même façon, les étudiants
revenaient le lendemain pour restituer encore une fois la liste et en voir ensuite une
nouvelle, etc.
Résultats : rappel immédiat de 38 mots en moyenne dans le bon ordre. Est de 34 mots dans
le bon ordre pour le rappel 24h après.
Quelques pionniers:
L’allemand Wundt
Mesure les sensations et perceptions humaines. En 1879, Wundt crée le premier laboratoire
de psychologie expérimentale à l’Université de Leipzig.
L’allemand Fechner
Fondateur de la psychophysique (mesures des capacités à détecter des signaux, ou à
différencier deux stimulations de même nature si leurs intensités sont très voisines).
L’allemand Ebbinghaus
Il cherche à mesurer les capacités mnésiques et d’apprentissage.
Le français Binet
Il étudie les fonctions psychologiques telles que la mémoire, la compréhension des mots,
etc. Il élabore également une méthode de mesure de l’intelligence.
John Watson écrit en 1913 : « La psychologie [...] est une branche purement objective et
expérimentale des sciences naturelles. Son but théorique est la prédiction et le contrôle du
comportement. » [...] c’est-à-dire des relations entre des stimuli (S) et des réponses (R)”
Pour des behavioristes tels que Watson, Skinner, ou Pavlov, l’objectif de la psychologie n’est
pas de décrire des états psychologiques, car ces états sont inobservables et ne peuvent
donc correspondre à des objets d’études scientifiques empiriques. Pour ces chercheurs,
l’objectif est plutôt de prédire et de contrôler le comportement observable (contrôler dans le
sens où la psychologie behavioriste vise à orienter, modifier l’activité comportementale des
êtres vivants, afin d’éduquer par exemple).
Visée empiriste, mais postule des théories qui portent sur les activités psychologiques
intermédiaires entre les stimulations de l’environnement et les réponses comportementales.
Les modèles cognitivistes de la mémoire présentés dans cette partie sont ce que l’on
appelle des modèles structuraux à systèmes multiples.
Les auteurs postulent que la mémoire n’est pas une entité unique mais au contraire
composée (structurée) de différents systèmes:
la mémoire à court terme ou la mémoire de travail, la mémoire épisodique, la mémoire
sémantique, la mémoire procédurale, le système de représentation perceptive, etc...
Ces modèles sont dits structuraux car ils mettent au premier plan la nécessité de décrire
l’architecture (la structure) de la mémoire en la considérant indépendante des autres
facultés mentales (perception, raisonnement).
Les résultats empiriques soutenant cette dichotomie sont notamment ceux qui concernent
les effets de position sérielle correspondant au fait que l’individu retient préférentiellement
les premiers et les derniers items d’une liste.
Ces effets seraient le reflet du fonctionnement de deux mémoires distinctes présentant des
capacités de stockage particulières et traitant l’information de façon successive.
La répétition mentale en tant que processus de contrôle dans le registre à court terme serait
ainsi à l’origine du rappel des items les plus récents = effets de récence, alors que le
passage des informations dans le registre à long terme, permettrait le rappel des plus
anciens= effets de primauté.
Proposée dans les années 70, puis modifiée à plusieurs reprises, l’approche multi-systèmes
(= multi modules) d’Endel Tulving (1995) constitue un modèle de référence encore
d’actualité.
Il définit la mémoire à long terme en 5 systèmes mnésiques.
Dans le modèle de Tulving les systèmes mnésiques sont amodaux c’est-à-dire que les
représentations mentales contenues dans ces systèmes sont codées et stockées sous un
format symbolique non perceptif. Les systèmes contiendraient des symboles abstraits
codant les informations perceptives issues de l’environnement. Le système SRP serait en
partie à l’origine de ce codage amodal.
La mémoire épisodique concerne les événements du monde personnellement vécus. Nos
prises d'informations sur le monde sont ordonnées. On peut ainsi distinguer des événements
passés, présents et futurs. L’information constituant la mémoire épisodique concerne les
événements inscrits dans le temps ainsi que les relations entre ces événements. Ces
informations sont issues de nos expériences personnelles. Par exemple, vous utilisez la
mémoire épisodique lorsque vous répondez à des questions du type : Qu’avez-vous mangé
hier midi ? Quelle est la première personne que vous ayez vue ce matin ? Quand avez-vous
rendez-vous chez le dentiste ? Quels sont les informations qui vous ont été présentées
durant le TD1 de cognitive ? La mémoire épisodique est autant celle des événements qui se
sont déroulés (mémoire rétrospective) que celle des événements à venir (mémoire
prospective). On notera qu’il s’agit aussi de la mémoire que l’on sollicite habituellement en
utilisant des listes d’items dans un test de mémoire : lorsque la personne doit se référer à
l’épisode antérieur que constitue la phase de présentation du matériel et déterminer quels
items lui ont été présentés antérieurement. Enfin, l'oubli dans la mémoire épisodique est
rapide.
Enfin, la mémoire procédurale serait anoétique, l’accès aux informations contenues dans
cette mémoire seraient totalement automatisée (Desgranges, & Eustache, 2011).
Pour finir, Tulving décrit le processus d’encodage dans un système comme un processus
dépendant de la qualité de l’encodage dans le système précédent. En revanche, la
récupération d’une information dans un de ces systèmes est autonome et indépendante.
D’autres modèles plus récents sont inspirés de la conception multi systèmes de Tulving tels
que le modèle MNESIS pour Memory Neostructural Inter-Systemic model proposé par les
psychologues Francis Eustache et Béatrice Desgranges en 2003.
Une autre dichotomie multi système distingue la mémoire implicite (= non déclarative) de la
mémoire explicite (= déclarative).
Traduit chez l’individu des états conscients ou inconscients au moment de l’interaction avec
un stimulus, ainsi que des modes d’accès conscients ou inconscients aux informations
stockées en mémoire au moment de la récupération des informations.
Un protocole expérimental classique pour tester ces deux types d’accès conscient et
inconscient aux information en mémoire :
Lors de la phase test, un premier groupe de sujets est invité à rappeler les mots de la liste
dont les trois premières lettres, leur sont données. Il s’agit d’un rappel indicé = test de
mémoire explicite.
« Pour l’autre groupe, les mêmes indices, les trois premières lettres d’un mot, sont donnés.
Mais les sujets ne sont plus appelés à les compléter de façon à évoquer les mots vus
précédemment. Ils doivent cette fois énoncer « le premier mot leur venant à l’esprit »
commençant par ces lettres. Dans ces conditions, les productions des sujets se révèlent
influencées par leur lecture antérieure : si les trois lettres présentées peuvent former le
début d’un mot de la liste, ce mot tend à être choisi préférentiellement à d’autres. Ce
phénomène est désigné sous le terme de mémoire implicite ou encore d’amorçage de
répétition. Le point important est que la seule différence entre les deux tests de mémoire est
dans l’intention du sujet : dans un cas, il récupère intentionnellement le passé, dans l’autre,
le passé exerce une influence sur son comportement, à son insu»
Les modèles multi systèmes ont essentiellement fondé leurs argumentaires sur l’observation
de dissociations. Il s’agit d’une part de dissociations mises en évidence expérimentalement
chez le sujet sain, et d’autre part de dissociations observées chez des patients
cérébro-lésés.
HM avait une MCT préservée mais présentait une incapacité à former de nouveau souvenir
depuis son accident. Pas de mémorisation de nouvelles informations de manière explicite,
tout en restant cependant capable de mémoriser des informations de manière implicite (ex.
informations motrices) = distinction mémoire implicite /explicite
À l’interface des recherches en linguistique et en intelligence artificielle des années 70, les
modèles cherchent à expliquer l’activation et l’organisation des connaissances sémantiques
entre elles.
Comme le décrit Serge Nicolas « la plupart de ces recherches ont considéré la mémoire
comme un réseau contenant un grand nombre d’unités élémentaires de représentation
massivement interconnectées » (2003). Les concepts tour à tour décrits comme des
structures de nœuds, de prototypes ou de codes selon les auteurs, sont pour tous ces
modèles des unités abstraites. Le fonctionnement de la mémoire sémantique est conçu en
termes d’activation de ces structures de connaissances et de diffusion de l’activation aux
concepts voisins.
C’est à partir de ses travaux de thèse portant sur des programmes informatiques capables
de comprendre un texte que l’informaticien Ross Quillian s’intéresse à la structure et au
fonctionnement de la mémoire sémantique. Avec l’aide du psychologue Allan Collins, il
propose dès 1969 un modèle de l’organisation des connaissances sémantiques sous forme
de réseau de concepts.
Organisation des connaissances sémantiques sous forme de réseau de concepts
Ces concepts sont des « nœuds » associés à un certain nombre de « traits » (des
propriétés).
Les relations entre les nœuds sont hiérarchiques et un trait existant à un niveau donné est
implicite aux niveaux inférieurs : un nœud hérite des propriétés des nœuds hyper-ordonnés.
Ainsi, « saumon » hérite de toutes les propriétés du nœud « poisson », qui hérite lui-même
des propriétés du nœud « animal ».
Au final, chaque trait ne figure qu’une seule fois dans le réseau, au niveau du concept le
plus général caractérisé par le trait en question. Pour les auteurs, il s’agit de respecter un
principe d’économie de stockage cohérent avec le fonctionnement biologique (Collins &
Quillian, 1969).
Pour les auteurs, l’organisation hiérarchique des concepts explique que les temps de
décision à une question sont fonction du niveau hiérarchique des traits évoqués dans la
question.
1300 ms pour répondre à la proposition « un canari peut-il chanter ? », contre 1400 ms pour
répondre à la proposition « un canari peut-il voler ? ».
Le temps de décision varie directement en fonction du nombre de niveaux séparant les
nœuds en mémoire les uns des autres.
Critiques du modèle :
- Parfois certains concepts ne respectent pas certains traits. Par exemple « l’autruche » est «
un oiseau » mais ne « vole » pas.
- Il peut également exister des traits communs à plusieurs catégories de concepts : Le trait
« pond des œufs » n’appartient pas qu’aux « oiseaux » (également aux reptiles,
poissons…).
D’autres modèles ont alors été proposés en introduisant les notions d’exemplaires
typiques d’une catégorie, puis de prototypes (Rosch & Lloyd, 1978).
Par la suite, Collins s’associera à Elizabeth Loftus pour proposer un nouveau modèle
détaillant les processus d’activation et de diffusion de l’activation entre les nœuds.
Cette fois-ci, la mémoire est un réseau de concepts interconnectés où les concepts
fortement liés sémantiquement sont très proches spatialement.
Les auteurs parlent d’une diffusion d’activation entre les concepts, proportionnelle à la force
du lien sémantique (Collins & Loftus, 1975).
Ainsi, la réponse sera plus rapide à la question « un canari est-il de couleur jaune ? »
comparé à la question « un canari a-t-il des ailes ? », car les concepts « canari » et « jaune
» sont fortement liés et les activations entre eux sont plus rapides qu’entre « canari » et «
ailes », moins fortement liés.
Les auteurs font varier la profondeur d’encodage pour différents mots grâce à des questions
impliquant un traitement superficiel (concernant la structure des mots), intermédiaire
(concernant leur phonologie) ou profond (sémantique).
Les participants voient une liste de mots par écrit, chaque mot étant précédé par une
question susceptible d'orienter les participants vers des traitements plus ou moins profonds :
physique, phonologique, sémantique.
Pour le traitement physique (ou structural), dans lequel la base du traitement est constituée
par les traits visuellement apparents des lettres, la question était par exemple "le mot est-il
écrit en majuscules ?" (TABLE).
Pour le traitement phonologique, dans lequel la base du traitement est constituée par les
sons associés aux syllabes, la question était par exemple "le mot rime-t-il avec PLAGE ?"
(NUAGE).
Pour le traitement sémantique, dans lequel la base du traitement est la signification du mot,
la question était par exemple "le mot est-il une sorte de plante ?" (MARGUERITE).
Pendant la phase test ultérieure les participants doivent juger si les mots d’une nouvelle liste
sont anciens ou nouveaux. On constate que plus le traitement des mots (orienté par la
question) est profond, meilleure est la mémorisation :
Dans les trois cas, le mot approprié peut être "lapin" et le mot non approprié "livre". Ces
phrases impliquent toutes un traitement sémantique (= l’accès au sens), mais diffèrent par la
complexité de la phrase et donc a priori par la complexité des traitements associés.
Tests de mémorisation:
Le rappel est meilleur lorsque la phrase est complexe c’est-à-dire lorsque son traitement est
élaboré comparé aux phrases moins complexes
Ils constatent également que les mots associés à des réponses positives lors de l’encodage
sont mieux retenus que ceux associés à des réponses négatives.
Pour les auteurs, dans les réponses positives, le mot et la phrase ont permis d’élaborer une
connaissance intégrée, ayant du sens. Dans le cas des réponses négatives la phrase ne
permet pas d’élaborer ce type de connaissance, la trace mnésique est moins solide et le mot
sera moins rappelé.
➢ Effet d'autoréférence
La mémorisation est favorisée lorsque l'information à encoder se rapporte à soi.
Rogers, Kuiper et Kirker (1977): les participants doivent traiter une liste de mots dans 4
conditions :
+ une condition d'autoréférence: elle consiste à juger si oui ou non tel mot s'applique à soi.
Puis question (visuelle) portant sur l’apparence du mot : « le mot a-t-il un I en lettre capitale » ?
Encodage
Ou question (sémantique) portant sur le sens du mot : « est-ce que _____ a une lame en acier » ?
Dans un second temps, les participants passent l’un ou l’autre des 2 tests de
reconnaissance
Reconnaissance au choix (visuelle) : discriminer l’item ancien parmi « kNife, KnIfe, kniFe, knifE »
Récupération
Reconnaissance au choix (sémantique) : discriminer l’item ancien parmi : « trUck, knIfe, relAy, sCene »
Les résultats :
Pour la récupération via test reconnaissance sémantique, l’encodage sémantique donne lieu
à une meilleure reconnaissance que l’encodage visuel.
Pour la récupération via test reconnaissance visuelle, l’encodage sémantique donne lieu à
une moins bonne reconnaissance que l’encodage visuel.
A partir des années 80 Essor des outils tels que l’IRM et l’EEG : observations « online » du
fonctionnement cognitif
Émerge en parallèle du cognitivisme ce que l’on appelle le courant connexionniste
Nouvelle approche de la cognition très sensible aux propriétés cérébrales du système
cognitif :
Plasticité cérébrale : capacité du cerveau à remodeler ses connexions (synapses) en
fonction de l'environnement et des expériences vécues par l'individu ; la plasticité cérébrale
reflète donc les capacités d’apprentissage de l’individu.
Fonctionnement distribué du cerveau : il traduit le fait que pour une tâche donnée, des
activations simultanées ont lieu en parallèle dans différentes zones du cerveau.
Pour Pierre Steiner, le connexionnisme propose :
« un nouveau modèle de la cognition, plus sensible aux propriétés cérébrales des systèmes
cognitifs humains. L’attrait initial du paradigme connexionniste réside dans son désir de
concevoir la cognition à partir des propriétés du système cérébral. Le modèle est ici le
cerveau, et non plus l’ordinateur. La notion centrale dans le connexionnisme est celle de
réseau de neurones. […] Les modèles connexionnistes expliquent […] nos capacités
cognitives à partir de systèmes composés d’ensemble d’unités, qui correspondent
fonctionnellement - et grossièrement - à des neurones […]. Avec le connexionnisme, les
capacités du cerveau correspondent plus à des capacités d'entraînement et d’apprentissage
qu’à des capacités de programmation comme celles décrites par le cognitivisme.
Dans le connexionnisme, « une unité ne représente rien ; ce qui peut représenter quelque
chose, c’est un ensemble, une configuration d’unités activées. Le connexionnisme ne
souhaite pas renoncer au thème de la représentation ; il souhaite plutôt, généralement,
considérer celle-ci comme distribuée et non pas comme dépendante d’une seule entité
physique (au contraire des représentations symboliques, qui sont locales) […] » (Steiner,
2005).
Autrement dit « Le monde tel que le ressent l'individu est issu des interactions entre son
organisme et son environnement. En ce sens la cognition est dite « située » (situated
cognition), car elle ne peut être envisagée indépendamment des situations dans lesquelles
elle prend naissance, et « incarnée » (embodied cognition), car elle est ancrée dans le corps
et émerge de ses interactions (son incarnation) avec le monde extérieur. C'est cette
incarnation de l'organisme qui définit et limite l'expression de la cognition. Elle n'est pas
issue [réductible à] d'une succession de traitements impliquant des modules ou systèmes
spécialisés, périphériques ou centraux, elle est fondamentalement dynamique. La cognition
émerge de l'état global du système et de ses modifications » (Versace, 2021).
Le format amodal des représentations conceptuelles repose sur des propriétés non
perceptives et non motrices. Le format modal des représentations conceptuelles repose sur
des propriétés perceptives et motrices.
1. Définition
• Imagerie mentale = expérience quasi-identique à l’expérience réelle.
• Activité cognitive consciente permettant l’émergence d’une représentation sensorielle
(visuelle, motrice, olfactive, gustative, auditive, etc.) sans la présence de stimulus dans
l’environnement.
• Exemples :
• Imaginez qu’une girafe qui porte un chapeau passe dans l’amphi. De quelle
couleur est son chapeau ?
• Imaginez-vous descendant une piste de ski, ou faisant de la luge. Vous ressentez
les sensations ?
• Si je vous demande combien de fenêtres il y a chez vous ?
2. Premières expériences
• Principalement basées sur l’imagerie visuelle
• Similitudes avec le processus réel de perception visuelle
Résultats : • Dans le groupe « imagerie mentale », les participants sont plus rapides à
répondre lorsque les croix sont sur ou proches des premiers segments que des derniers,
pas dans le groupe « perception ».
Ensuite, on leur nommait un des éléments de l’île et on leur demandait de focaliser leur
attention dessus, puis on leur indiquait un deuxième élément, qu’ils devaient rechercher
mentalement. Ils devaient presser un bouton quand ils l’avaient « atteint ».
On mesure les temps de réponse.
Résultats : Les réponses sont d’autant plus lentes que les différences de tailles sont faibles
c. Rotations mentales
En résumé:
Ces expériences pionnières montrent donc que l’imagerie mentale semble en tous points
comparable à la réalité !
L’évolution des technologies va nous permettre de nous rendre compte jusqu’à quel point…
Impacts physiologiques :
• S’imaginer marcher à différentes vitesses → impact sur la fréquence cardiaque et l’activité
respiratoire (5 km/h ou 12 km/h) (Décéty et Jeannerod, 1991)
• S’imaginer soulever une mini altère avec le petit doigt : entraînement mental 5 séances par
semaine pendant 4 semaines → 22% de gain de force de l’abducteur du petit doigt !
Augmentation de 30% suite à un entraînement physique réel.
4. Effets sur les performances physiques
• Imagerie mentale de plus en plus utilisée pour améliorer les performances physiques (sport
de haut niveau)
• La réactivation mentale d’une action préalablement exécutée facilite son exécution
ultérieure.
• Imagerie permet de rendre plus rapide et efficace l’exécution des gestes
• La combinaison d’un entrainement physique et de l’imagerie mentale est plus efficace que
la seule pratique physique.
• Imagerie mentale seule ne suffit pas (pas d’info sur les résultats de l’action) : à utiliser en
complément de l’entrainement physique.
Points principaux vidéo:
• L’entrainement mental (+ physique) permet de progresser (pratique musique) • Plasticité
cérébrale :
• Compensation spontanée : cas d’amputation, régions envahies par les régions adjacentes.
• Dépendante de l’activité : le cerveau expert, par la pratique, se « façonne différemment »
de celui des novices
• Se soigner par la pensée :
• Diminuer la douleur
• Faciliter la rééducation
• Résultats
La mémorisation dans le groupe imagerie est largement meilleure à celle du groupe
contrôle.
D’autres travaux (notamment en lien avec des méthodes de mémorisation comme la
méthode des lieux) ont montré cet impact positif de l’imagerie sur la mémorisation
5. Modèles théoriques
• Théorie analogique (Kosslyn) – images mentales visuelles reflètent les propriétés
métriques des objets réels processus identiques entre perception et imagerie.
Les tâches expérimentales faisant intervenir la mémoire explicite sont des tâches classiques
de rappel libre, de rappel indicé, ou de reconnaissance. Les tâches exigent le souvenir
conscient des événements préalables.
Les tâches expérimentales faisant intervenir la mémoire implicite en revanche, ne font pas
référence à des évènements préalablement vécus. Il s’agit de tâches qui permettent de
démontrer l’influence de la présentation préalable d’un événement antérieur.
Expérience typique : « Des sujets lisent dans un premier temps une liste de mots […].
Lors de la phase test, un premier groupe de sujets est invité à rappeler les mots de la liste
dont le début, les trois premières lettres, leur est donné. Il s’agit d’un « rappel indicé », une
forme de test que l’on qualifie aujourd’hui de test de mémoire explicite […].
Pour l’autre groupe, les mêmes indices, les trois premières lettres d’un mot, sont donnés.
Mais les sujets ne sont plus appelés à les compléter de façon à évoquer les mots vus
précédemment. Ils doivent cette fois énoncer « le premier mot leur venant à l’esprit »
commençant par ces lettres. Dans ces conditions, les productions des sujets se révèlent
influencées par leur lecture antérieure : si les trois lettres présentées peuvent former le
début d’un mot de la liste, ce mot tend à être choisi préférentiellement à d’autres. Ce
phénomène est désigné sous le terme de mémoire implicite (ou encore d’amorçage de
répétition). Le point important est que la seule différence entre les deux tests de mémoire
est dans l’intention du sujet : dans un cas, il récupère intentionnellement le passé, dans
l’autre, le passé exerce une influence sur son comportement, à son insu. » (Besche-Richard, &
Perruchet, 2000, p. 7).
Certains auteurs ont argumenté que les participants pouvaient avoir conscience de
l’influence de la première phase sur leur choix lors de la phase test. En d’autres termes, que
les tests implicites ne renvoyaient pas toujours à des contenus mentaux inconscients lors de
la récupération du matériel cible.
Pour répondre à ces critiques « Schacter, Bowers et Booker (1989) ont décidé de distinguer
par un critère d'intentionnalité la mémoire implicite de la mémoire explicite […] [dans ce
cadre] la mémoire explicite renvoie à l'acte intentionnel de récupération d'une information
récemment étudiée: le sujet « pense » délibérément à l'épisode d'étude tout en recherchant
activement l'information cible. Utilisée dans ce sens, la mémoire explicite renvoie à la
manière avec laquelle le processus de récupération est initié, et est synonyme de souvenir
délibéré, intentionnel ou volontaire » (Nicolas, 1994, p69).
Squire (2004)
Modèle d’organisation de la mémoire qui tient compte des caractéristiques des informations
conservées et de la façon consciente ou inconsciente dont ces informations sont
récupérées. Il oppose ainsi des mémoires déclaratives et non-déclaratives qui sont
équivalentes aux mémoires explicites et implicites décrites par Graf et Schacter.
Squire, L. R. (2004). Memory systems of the brain: a brief history and current perspective.
Neurobiology of learning and memory, 82(3), 171-177.
La mémoire procédurale
Anderson (1987) propose le modèle ACT qui décrit les étapes d’acquisition d’une
connaissance procédurale.
- La phase cognitive :
L’individu extrait et traite des informations sur l’habileté à apprendre grâce à sa mémoire de
travail ; ses capacités attentionnelles sont alors fortement mobilisées.
Ces informations sont intentionnellement mémorisées et peuvent par la suite être réactivées
et explicitées par l’individu : les connaissances sont donc épisodiques.
La performance de l'apprenant durant cette phase est variable. Il cherche la meilleure
stratégie pour effectuer l’habileté requise par des instructions explicites et commet des
erreurs.
- La phase associative :
Les connaissance sous-jacentes à l’habileté deviennent plus difficilement verbalisables.
Les traitements attentionnels et la mémoire de travail sont de moins en moins sollicités.
L'apprenant affine son habileté qui devient plus rapide, précis et fluide sans pour autant que
celle-ci soit automatisée : elle est stockée sous la forme d’une connaissance
semiprocéduralisée. Ce statut semi-procéduralisé induit que la tâche soit encore parfois mal
réalisée.
Par exemple chez un athlète, si le pourcentage de réussite à un geste est élevé à
l’entraînement, il le sera probablement moins dans une situation stressante de compétition
qui détourne les ressources attentionnelles encore en partie nécessaires pour exécuter
l’habileté motrice.
- La phase autonome :
L’apprenant utilise des savoir-faire encodés en mémoire procédurale sous la forme de
connaissances procédurales, difficilement verbalisables.
L’activation de ces connaissances ne nécessite pas de processus attentionnel, l’habileté est
effectuée sans erreur, rapidement, et elle est cognitivement peu coûteuse.
La phase autonome peut durer dans le temps permettant d’affiner les routines motrices et
cognitives.
ILLUSTRATION A METTTRE;
La tâche de lecture en miroir
Permet de tester les apprentissages perceptivo-verbaux.
Cela consiste à apprendre à lire des mots écrits en miroir.
Après plusieurs sessions le temps de lecture diminue
Le conditionnement
Concernant le conditionnement opérant, il s’agit d’une tendance à répéter les actions qui ont
des conséquences bénéfiques (renforcement positif : la souris appuie sur un levier qui lui
permet d’avoir de la nourriture ; l’individu consomme des substances qui activent le circuit
neuronal du plaisir) ou qui permettent d’échapper à des situations désagréables
(renforcement négatif).
L’amorçage
Les participants jugent à chaque essai deux séquences de lettres : Les séquences sont
présentées simultanément et les participants doivent appuyer le plus rapidement possible
sur la touche « oui » lorsque les deux séquences constituent des mots, et sur la touche «
non » lorsque l’une des deux séquences est un pseudo mot, ou lorsque les deux séquences
sont des pseudo mots.
Lorsque les deux séquences constituent des mots, les mots sont soit sémantiquement
reliés, soit non :
« The following test stimuli were used: 48 pairs of associated words, e.g., BREAD-BUTTER
and NURSE-DOCTOR, […]; 48 pairs of unassociated words, e.g., BREAD-DOCTOR and
NURSE-BUTTER, […]; 48 pairs of nonwords; and 96 pairs involving a word and a nonword »
(p.228).
Les résultats de l’expérience de Meyer montrent que cette tâche de décision lexicale est
influencée par la sémantique des mots. En effet, lorsque les participants doivent répondre
par l’affirmative (c’est-à-dire lorsque les séquences sont toutes les deux des mots), les
réponses sont plus rapides pour des mots associés sémantiquement que pour des mots non
associés.
Les résultats montrent que la réponse du participant est plus rapide lorsque les deux mots
sont reliés sémantiquement plutôt que non reliés. Pour les auteurs, cela est dû au fait que le
premier traitement, qui résulte de l’accès à la sémantique du premier mot, facilite le second
traitement, c’est-à-dire l’accès à la sémantique du second mot. La facilitation du second
traitement induit une réponse au clavier plus rapide. C’est ce que l’on appelle un amorçage
sémantique.
Cette diffusion d’activation permet donc de « pré activer » les concepts sémantiquement
proches.
Si l’individu doit traiter l’un de ces concepts « pré-activés », alors il le traite plus rapidement
que s’il n’a pas été pré-activé.
Dans cette perspective, les concepts sont considérés comme des simulations mentales. Ces
simulations sont le fruit de l’activation de patterns neuronaux sensori-moteurs et émotionnels
(un pattern étant une association de neurones).
Des concepts sémantiquement proches sont donc des concepts dont les patterns neuronaux
partagent une partie commune (des zones neuronales identiques sont activées lorsque
chacun des concepts est activé).
Là encore, l’activation d’un concept facilite l’activation du second concept car le pattern
commun a été « pré activé ».
Le lien entre l’amorce et la cible peut porter sur des caractéristiques orthographiques,
phonologiques, et sémantiques » (Duscherer, & Holender, 1998, p.315).
Lorsqu’il y a un lien entre l’amorce et la cible, l’amorçage est dit congruent, lorsqu’il n’y a pas
de lien, l’amorçage est dit incongruent.
L’amorçage sémantique inconscient et la perception subliminale
Le cerveau peut percevoir et même être influencé par des évènements qui, pour l’esprit,
restent non conscients.
Le stimulus subliminal est présenté très rapidement (par exemple une 50ène de
millisecondes). Et généralement accompagné de masques = images (par exemple un
quadrillage ou un amas de formes géométriques, ou autre) présentées avant et après le
stimulus
Des sujets devaient identifier un mot affiché sur un écran pendant un temps très court par
technique de masquage.
Les durées d’affichage du mot à identifier variaient : 33, 50, 66, 83, 110, 116 et 500
millisecondes.
Pour les durées supérieures ou égales à 116 millisecondes, la proportion d’identification
correcte atteint 100%, la perception n’est donc pas subliminale.
Le pourcentage d’identification correcte décroît avec la durée d’affichage.
Pour la durée de 33 millisecondes, le pourcentage d’identification correct est très faible : on
obtient seulement 6% de bonnes réponses, la perception est toujours consciente pour
certains.
Ainsi, il existe un seuil propre à chacun, au-dessus duquel le sujet perçoit consciemment les
signaux, et au-dessous duquel il n’est plus capable de détecter ou d’identifier un stimulus.
En l’absence de masquage les résultats indiquent que la perception et l’identification
d’un stimulus sont possibles même pour un affichage de seulement 10 millisecondes. Donc
il est important de mettre des masques si l’on veut s’assurer que la présentation est
subliminale. (Ferrand, & Segui, 2001, p.44).
Les participants jugeaient à chaque essai un chiffre qui s’affiche à l’écran en indiquant s’il
est supérieur ou inférieur à 5.
Les sujets voyaient apparaître un nombre compris entre 1 et 9 (jamais 5) qui pouvait être
présenté en notation verbale (exemple : « quatre ») ou arabe (exemple : « 4 »).
Leur tâche était de comparer le plus rapidement possible ce nombre cible au nombre 5. On
leur demandait par exemple d’appuyer à droite si le nombre est supérieur à 5 et à gauche
s’il est inférieur à 5.
A leur insu, la présentation du nombre cible était précédée par la présentation brève (43
ms) d’un nombre masqué par deux chaînes de lettres dénuées de signification. Ce nombre
amorce pouvait être n’importe lequel des nombres utilisés comme nombres cibles. Ce
schéma expérimental permet de distinguer les essais congruents, dans lesquels les
nombres cible et amorce sont situés du même côté que 5, des essais non congruents ».
ILLUSTRATION $
Les résultats :
Les sujets répondaient significativement plus rapidement aux essais congruents qu’aux
essais non congruents.
Cet effet n’interagissait pas avec la notation utilisée pour chacun des deux nombres, ni avec
le changement de notation (V pour notation verbale, et A pour notation arabe).
Ces résultats démontrent ainsi que le nombre amorce, bien qu’il n’était pas perçu
consciemment, était néanmoins traité à un niveau de représentation sémantique
indépendant du format d’entrée visuelle » (Naccache, & Dehaene, 1999, p.516)