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Psychologie Cognitive

Chapitre 1 – Les mythes de la mémoire

Partie 1/ Le mythe des styles d’apprentissage

1.1 Généralités

Un neuromythe est une croyance erronée sur le fonctionnement du cerveau.


Le neuromythe des « styles d’apprentissage », correspond à l’idée que les individus auraient
une « mémoire plutôt visuelle » ou « plutôt auditive », etc.
Influence les enseignants qui parfois adaptent leur pédagogie et les supports
d’enseignement qu’ils utilisent au type de mémoire qu’a soit disant tel ou tel élève.

Sarrasin, Riopel, et Masson (2019)

Or l’idée selon laquelle un élève apprend mieux lorsque le contenu pédagogique est
présenté dans sa modalité sensorielle préférée ne repose sur aucun fondement scientifique
(Rousseau, Gauthier, & Caron, 2018).
Cette idée est malgré tout très populaire et très présente dans les médias, les supports
pédagogiques ; elle est même relayée par le ministère de l’éducation.

1.2 Origine du mythe

Rousseau et ses collaborateurs donnent des pistes expliquant l’origine du mythe des VAK
(styles d’apprentissage visuel auditif kinesthésique) :
- Théorie pédagogique de Smith. Le respect des styles d’apprentissage VAK de l’apprenant
permettrait d’améliorer son apprentissage. Mais l’auteur fait référence à des principes de
PNL (Programmation neuro-linguistique), approche thérapeutique très controversée car
reposant sur trop peu d’appuis empiriques.
- Théorie des profils neurosensoriels de Lafontaine. Mais absence d’appuis expérimentaux.
Théorie reprise dans des ouvrages grands publics réédités fréquemment.

1.3 Effet du format de présentation sur l’apprentissage

Questionnaires qui ont testé le lien entre préférence pour un style d’apprentissage et
performances d’apprentissage : pas de lien significatif.

En revanche, l’apprentissage sera optimisé par le mode d’enseignement:


Le format de présentation du matériel à apprendre.

Ex: mode texte + image sera plus performant qu’à partir d’un mode texte + texte (voir le
modèle d’apprentissage multimédia présenté dans l’enseignement de Psychologie cognitive
de L3).

1.4 Le mythe est tenace

Rousseau & Brabant-Beaulieu (2020)

Expérimentation : 88% des enseignants interrogés adhèrent aux styles d’apprentissage

Puis les auteurs les exposent au savoir scientifique disqualifiant l’utilité pédagogique de
l’utilisation des styles.
90 % des répondants rejettent le bien-fondé conceptuel des styles d’apprentissage, mais un
tiers d’entre eux ont indiqué vouloir malgré tout continuer d’employer ce concept dans leur
pratique enseignante, dont 89 % en raison de leur expérience personnelle (p. ex. Je
l’observe en classe) ».
Ainsi, les observations personnelles des enseignants au cours de leur propre expérience
d’enseignement sembleraient « protéger les neuromythes de l’assaut du savoir scientifique »

Partie 2/ Le mythe de la mémoire photographique

Il existerait sur terre des personnes capables de mémoriser toute une scène visuelle dans le
moindre détail sans avoir par ailleurs de troubles neurologiques ou cognitifs.
Là encore, la littérature scientifique montre que ce n’est pas le cas.
Il est vrai que quelques personnes ont présenté ou présentent une telle capacité
extraordinaire, mais ils sont très peu nombreux, et leur profil neurocognitif est toujours
atypique, c’est-à-dire associé à une pathologie congénitale telle que l’autisme, ou associé
par exemple à une synesthésie (voir partie suivante).

2.1 Exemples de personnes présentant des capacités mnésiques


extraordinaires

Kim Peek

Surnommé le mont Everest de la mémoire, Il est décédé en 2009


Né sans corps calleux et avec des lésions importantes du cervelet. Raisonnement fluide &
compréhension verbale équivalents à ceux d’un enfant de 5 ans. « Mais, parallèlement à cet
important déficit intellectuel, il avait mémorisé à la perfection environ 12 000 livres, dont la
Bible et les œuvres complètes de Shakespeare. Il avait également mémorisé un grand
nombre d’œuvres musicales classiques. Cette mémoire exceptionnelle était purement
littérale… Dans ce type de syndrome, l’information n’est en effet pas intégrée, car elle n’est
pas traitée par le système cognitif. Elle est simplement stockée à l’état brut. La personne ne
peut dès lors pas utiliser l’information de manière intelligente et réfléchie pour résoudre un
problème ou élaborer de nouvelles idées » (Grégoire, 2017).

Daniel Tammet & la synesthésie

A récité 22 514 décimales de Pi par cœur en 5h de prestation, grâce à sa synesthésie.

2.1.1 Définition de la synesthésie

Caspar et Kolinsky (2013)

Phénomène cognitif, non pathologique, qui consiste en un liage sensoriel inhabituel, dans
lequel certains stimuli provenant du réel évoquent automatiquement une perception
additionnelle.

La synesthésie peut prendre de nombreuses formes, plus de 60 types différents de


synesthésie ont été recensés :
● Perception de couleurs pour certains goûts alimentaires
● Perception de goûts pour certains intervalles musicaux
● Perception de sons pour des odeurs
● La synesthésie dite graphème-couleur (environ 64 % de la population synesthésique)
● La synesthésie de l’audition colorée (environ 15 %)
● La synesthésie des séquences spatialisées (environ 10 % à 15 %) (ex. suite de
chiffres)

Mignerot (2021)
Les synesthésies sont :
● Arbitraires : le synesthète ne décide pas de la couleur des parfums qu’il sent.
● *Idiosyncrasiques, deux synesthètes ne vivent pas les mêmes associations.
● Constantes dans le temps, les combinaisons restent les mêmes tout au long de la vie
d’adulte.
● Conscientes
● Activées de façon automatique
*Prédisposition particulière de l'organisme qui fait qu'un individu réagit d'une manière personnelle à
l'influence des agents extérieurs.

2.1.2 Effet stroop et synesthésie : une activation automatique

La synesthésie est automatique :


l’individu ne contrôle pas l’apparition de sa synesthésie. Dans la synesthésie
graphème-couleur par exemple, un individu verra toujours un graphème ou une lettre
donnée dans une couleur donnée (Il est possible par exemple que la lettre A soit toujours
perçue en rouge par un individu synesthète donné, tout au long de sa vie, qu’il perçoive la
lettre écrite en noir sur un document, ou qu’il l’imagine dans sa tête).

Une tâche expérimentale ressemblant à la tâche de stroop met en évidence cet


automatisme.

Nommer la couleur dans laquelle est écrit chacun de ces mots le plus rapidement
possible :

Quelle est la couleur du carré?

Dans quelle couleur est écrit le mot?


Dans quelle couleur est écrit le mot?

Effet Stroop

Interférence qui produit une information non pertinente au cours de l'exécution d'une tâche
cognitive. La difficulté à ignorer l'information non pertinente se traduit par un ralentissement
du temps de réaction et une augmentation du pourcentage d'erreurs

Synesthésie tâche similaire à Stroop:


l’individu doit dire le plus vite possible la couleur dans laquelle est écrit chaque graphème
(ou lettre) qui apparaît à l’écran.
Les résultats montrent que le synesthète présente des temps de réponse plus longs lorsque
la couleur dans laquelle le graphème (ou lettre) est écrit ne correspond pas à la couleur
associée dans sa synesthésie graphème-couleur, comparativement à la condition où la
couleur du graphème correspond à la couleur associée dans sa synesthésie.
Pour le synesthète, il y a concurrence entre la couleur réelle et la couleur de sa synesthésie,
cette concurrence étant difficile à inhiber, le temps de réponse s’allonge (Mills, 1999).

2.1.4 Revenons-en à Daniel Tammet.

Daniel Tammet vit avec le syndrome d’Asperger et la synesthésie.


Il explique que c’est grâce à sa synesthésie qu’il est parvenu à réciter les 22 514 décimales
de Pi par cœur en 5h de prestation, sans faire une seule erreur.
« Sa synesthésie est la suivante : une synesthésie numérique →formes/couleurs. Si ces
types d’associations sensorielles sont parmi les plus fréquents et n’ont la plupart du temps
pas d’influence notable sur la pensée, elles se sont développées chez lui en de multiples
compétences dépassant l’entendement. Il est fasciné par les nombres, qui sont en lui des
paysages infinis et esthétiques, qui le rassurent. Pour parvenir à cet exploit, après un travail
d’apprentissage aidé par sa synesthésie, il n’a eu qu’à se promener dans l’immense
paysage dessiné par l’ensemble de ces si nombreuses décimales. “Pour moi, pi est quelque
chose de très beau et d’unique, comme Mona Lisa ou une symphonie de Mozart.” »
(Mignerot, 2021).
2.1.3 Explications

D’après Caspar et Kolinsky (2013), la synesthésie concernerait 4% //5% des adultes, et


environ un tiers des synesthètes examinés connaissent un autre synesthète au sein de leur
famille.

Deux hypothèses principales :


❖ Les expériences synesthésiques sont dues à des spécificités structurelles du
cerveau des synesthètes
❖ La synesthésie reflète des caractéristiques particulières liées au fonctionnement de
l’inhibition/excitation des connexions entre aires corticales.

A partir des années 2000 l’évolution de l’imagerie cérébrale a permis d’étudier d’un point de
vue neurophysiologique la synesthésie.
La synesthésie graphème-couleur a fait l’objet de la majorité de ces investigations en
neurosciences.
Un modèle descriptif dominant aujourd’hui est celui de Ramachandran et de Hubbard.
= Le modèle de L’activation croisée
« l’aire cérébrale de traitement de l’identification des lettres et des nombres est adjacente à
la région spécialisée dans le traitement des couleurs : L’expérience supplémentaire de voir
des couleurs quand on regarde des graphèmes s’expliquerait par une hyperconnectivité
entre ces deux zones adjacentes, celle du traitement des graphèmes et celle du traitement
des couleurs […] » (Lambert, 2019, p 7).

Partie 3 Les techniques de mémorisation

3.1 Les grands champions de mémoire

N’ont pas de capacités extraordinaires de mémorisation.


Ils mémorisent des milliers d’informations au fur et à mesure des épreuves.

Ex. Épreuve de mémorisation des paquets de cartes en temps limité.

Munkhshur Narmandakh en 2017 est devenue championne du monde : record du monde


pour cette épreuve : 37 parquets de cartes soit 1924 cartes mémorisées dans le bon ordre
en 1 heure.
3.2 Les techniques de mémorisation par la visualisation mentale

La Méthode des lieux

Principale méthode utilisée par les athlètes de la mémoire. Cette méthode consiste à
associer des images mentales à des représentations spatiales.

Ross et Laurence (1968)

Des étudiants mémorisaient plusieurs listes de 40 mots chacune en utilisant la méthode des
lieux. Chaque mot d’une liste était présenté 13 secondes et à l’issue des 40 mots les
étudiants devaient immédiatement rappeler la liste. De la même façon, les étudiants
revenaient le lendemain pour restituer encore une fois la liste et en voir ensuite une
nouvelle, etc.
Résultats : rappel immédiat de 38 mots en moyenne dans le bon ordre. Est de 34 mots dans
le bon ordre pour le rappel 24h après.

Chapitre 2 – Mémoire à long terme et


représentation mentale

Partie 1/ Repères épistémologiques et historiques

Dès le 17ème siècle apparition de l’empirisme: La connaissance doit se fonder sur


l'accumulation d'observations et de faits mesurables Exit les propositions métaphysiques et
théologiques.
Fin 19ème siècle l’étude scientifique de la psychologie apparaît. Des universitaires
commencent à travailler sur les phénomènes psychologiques en élaborant une approche
dite expérimentale.

Quelques pionniers:

L’allemand Wundt
Mesure les sensations et perceptions humaines. En 1879, Wundt crée le premier laboratoire
de psychologie expérimentale à l’Université de Leipzig.
L’allemand Fechner
Fondateur de la psychophysique (mesures des capacités à détecter des signaux, ou à
différencier deux stimulations de même nature si leurs intensités sont très voisines).

L’allemand Ebbinghaus
Il cherche à mesurer les capacités mnésiques et d’apprentissage.

Le français Binet
Il étudie les fonctions psychologiques telles que la mémoire, la compréhension des mots,
etc. Il élabore également une méthode de mesure de l’intelligence.

Le behaviorisme au début du 20ème siècle

John Watson écrit en 1913 : « La psychologie [...] est une branche purement objective et
expérimentale des sciences naturelles. Son but théorique est la prédiction et le contrôle du
comportement. » [...] c’est-à-dire des relations entre des stimuli (S) et des réponses (R)”

Pour des behavioristes tels que Watson, Skinner, ou Pavlov, l’objectif de la psychologie n’est
pas de décrire des états psychologiques, car ces états sont inobservables et ne peuvent
donc correspondre à des objets d’études scientifiques empiriques. Pour ces chercheurs,
l’objectif est plutôt de prédire et de contrôler le comportement observable (contrôler dans le
sens où la psychologie behavioriste vise à orienter, modifier l’activité comportementale des
êtres vivants, afin d’éduquer par exemple).

Malgré le succès du behaviorisme pendant plusieurs décennies, la science du


comportement va peu à peu décliner impuissante à expliquer des comportements
complexes (notamment le langage) puisque s’interdisant à étudier l’activité mentale.

Le cognitivisme à partir des années 50, 60

Visée empiriste, mais postule des théories qui portent sur les activités psychologiques
intermédiaires entre les stimulations de l’environnement et les réponses comportementales.

Contrairement au behaviorisme qui ne s'intéresse qu’aux comportements observables, “la


révolution cognitive” vise à décrire les activités mentales à l’origine de ces comportements.

L’objet d’étude du cognitivisme concerne donc des processus mentaux internes,


inobservables, pour lesquels le chercheur infère des construits hypothétiques derrière leurs
manifestations comportementales.

Partie 2/ Le cognitivisme et les modèles computo-symboliques

Les modèles cognitivistes qui théorisent le fonctionnement psychique postulent l’existence


de « représentations internes », intermédiaires entre l’input sensoriel et l’output
comportemental.
L’esprit humain comme étant un système de traitement de l’information.

Influencés par les travaux qui émergent en parallèle en cybernétique et en intelligence


artificielle, les modèles cognitivistes autrement appelés modèles computo-symboliques
décrivent le fonctionnement du système cognitif comme celui de l’ordinateur : le traitement
de l’information est décrit comme séquentiel, modulaire, et manipulant des
représentations mentales symboliques qui permettent d’interpréter le monde et d’adopter
des comportements adéquats.

2.1 Modularité et représentations

Fodor (1986) inspiré par les travaux sur le langage de Chomsky

La modularité est une caractéristique importante des modèles cognitivistes.


Le fonctionnement cognitif = un ensemble de modules qui fournissent de l’information aux
systèmes centraux (tels ceux impliqués dans le raisonnement, l’apprentissage, etc., cad des
activités mentales de haut niveau).
Cette information est une représentation symbolique de l’information perceptive
initialement issue de l’environnement (l’information a été codée)
Chaque module est spécialisé dans le traitement (la représentation) d’un domaine
spécifique.
Ex: Pour la vision un module qui traite des informations perceptives des couleurs, un autre
module qui traite des informations perceptives des relations spatiales, etc…. Pour le
langage, un module qui traite de la syntaxe (règles pour combiner les unités linguistiques
en phrases), un module qui traite de la sémantique, etc…

Selon les théories, le nombre de modules peut être très important


● Le traitement des stimuli par les modules est automatique
● Les représentations des modules sont inconscientes
● Les modules sont indépendants les uns des autres
● Les modules sont « encapsulés » c’est à dire insensibles au contexte en dehors de
ce à quoi ils sont destinés à réagir.
● Les modèles cognitivistes sur la mémoire sont majoritairement modulaires

2.2 Des représentations mentales symboliques

Le cognitivisme propose que les pensées sont analogues à un processus de traitement de


l’information.
La modélisation du fonctionnement cérébral s’inspire de l’ordinateur:
« La pensée est décrite comme le résultat de calculs sur des symboles. L’esprit manipule
des symboles selon des ensembles de règles [syntaxiques]. Ces symboles assurent la
représentation ». (Vion-Dury, 2007, p.311). Les connaissances issues des expériences
sensorimotrices sont donc recodées puis stockées sous un format abstrait et amodal*.
*Le format amodal des représentations conceptuelles repose sur des propriétés codées non perceptives et
non motrices. Le format modal des représentations conceptuelles repose sur des propriétés perceptives et
motrices (voir cognition incarnée partie 3 de ce chapitre).

★ Le problème de la chambre Chinoise de Searle


Une critique célèbre de cette analogie est celle du philosophe John Searle qu’il expose dans
ce
qu’il a appelé Le problème de la chambre chinoise. Il montre que le fait de proposer un
fonctionnement cognitif manipulant des symboles uniquement à partir de leurs propriétés
syntaxiques (règles expliquant comment apparier les symboles) n’est pas suffisant pour
rendre
compte de la compréhension de l’esprit humain.

2.3 Les modèles structuraux de mémoire

Les modèles cognitivistes de la mémoire présentés dans cette partie sont ce que l’on
appelle des modèles structuraux à systèmes multiples.
Les auteurs postulent que la mémoire n’est pas une entité unique mais au contraire
composée (structurée) de différents systèmes:
la mémoire à court terme ou la mémoire de travail, la mémoire épisodique, la mémoire
sémantique, la mémoire procédurale, le système de représentation perceptive, etc...
Ces modèles sont dits structuraux car ils mettent au premier plan la nécessité de décrire
l’architecture (la structure) de la mémoire en la considérant indépendante des autres
facultés mentales (perception, raisonnement).

2.3.1 Modèle de la mémoire Atkinson & Shiffrin

Le modèle des registres de mémoire.


Il distingue différents registres dont :
● la mémoire sensorielle (= registre de l’information sensorielle (RIS))
● la mémoire à court terme (MCT)
● la mémoire à long terme (MLT)
Ces espaces distincts stockent l’information pendant des durées variables : Une partie des
informations sensorielles traitées par le RIS est transférée dans la MCT. L’information est
ensuite conservée dans le registre à court terme pendant une brève période pendant
laquelle elle a une certaine probabilité d’être transférée dans le registre à long terme,
probabilité qui dépend du traitement qu’elle va pouvoir recevoir alors qu’elle est maintenue
en mémoire à court terme. Dans ce modèle, la MLT est peu développée.

Les résultats empiriques soutenant cette dichotomie sont notamment ceux qui concernent
les effets de position sérielle correspondant au fait que l’individu retient préférentiellement
les premiers et les derniers items d’une liste.
Ces effets seraient le reflet du fonctionnement de deux mémoires distinctes présentant des
capacités de stockage particulières et traitant l’information de façon successive.
La répétition mentale en tant que processus de contrôle dans le registre à court terme serait
ainsi à l’origine du rappel des items les plus récents = effets de récence, alors que le
passage des informations dans le registre à long terme, permettrait le rappel des plus
anciens= effets de primauté.

2.3.2 Modèle de Baddeley de la mémoire de travail

Le modèle modulaire et concerne spécifiquement les processus liés au traitement à court


terme des informations.

Il est composé de 4 systèmes :


★ une boucle phonologique qui traite le matériel verbal
★ un calepin visuo spatial qui traite les informations visuelles et spatiales
★ l’administrateur central qui gère l’allocation de l’attention et la coordination entre les
deux sous systèmes
★ un buffer épisodique

2.3.3 Modèle hiérarchique de la mémoire de Tulving

Proposée dans les années 70, puis modifiée à plusieurs reprises, l’approche multi-systèmes
(= multi modules) d’Endel Tulving (1995) constitue un modèle de référence encore
d’actualité.
Il définit la mémoire à long terme en 5 systèmes mnésiques.

1) La mémoire procédurale en charge des habiletés, c’est-à-dire la mémoire contenant les


connaissances relatives à la manière d’exécuter une tâche motrice ou cognitive.
2) Le système dédié aux représentations perceptives (appelé système SRP). Ce système
joue un rôle important dans le processus d’abstraction « qui transforme le percept en une
représentation abstraite compréhensible par le système symbolique (sémantique pour
Tulving) » (Rousset, 2000, p.29).
3) La mémoire sémantique qui est le système contenant les connaissances générales sur le
monde que possède l’individu. Ces connaissances sont décontextualisées, c’est-à-dire
qu’elles ne possèdent pas d’information spatio-temporelle relative au contexte d’acquisition
de ces connaissances,
4) la mémoire de travail.
5) La mémoire épisodique qui est le système contenant les connaissances relatives aux
évènements vécus par l’individu. Ces connaissances sont caractérisées par des
informations spatio-temporelles relatives au moment et au lieu de leur acquisition.

Dans le modèle de Tulving les systèmes mnésiques sont amodaux c’est-à-dire que les
représentations mentales contenues dans ces systèmes sont codées et stockées sous un
format symbolique non perceptif. Les systèmes contiendraient des symboles abstraits
codant les informations perceptives issues de l’environnement. Le système SRP serait en
partie à l’origine de ce codage amodal.
La mémoire épisodique concerne les événements du monde personnellement vécus. Nos
prises d'informations sur le monde sont ordonnées. On peut ainsi distinguer des événements
passés, présents et futurs. L’information constituant la mémoire épisodique concerne les
événements inscrits dans le temps ainsi que les relations entre ces événements. Ces
informations sont issues de nos expériences personnelles. Par exemple, vous utilisez la
mémoire épisodique lorsque vous répondez à des questions du type : Qu’avez-vous mangé
hier midi ? Quelle est la première personne que vous ayez vue ce matin ? Quand avez-vous
rendez-vous chez le dentiste ? Quels sont les informations qui vous ont été présentées
durant le TD1 de cognitive ? La mémoire épisodique est autant celle des événements qui se
sont déroulés (mémoire rétrospective) que celle des événements à venir (mémoire
prospective). On notera qu’il s’agit aussi de la mémoire que l’on sollicite habituellement en
utilisant des listes d’items dans un test de mémoire : lorsque la personne doit se référer à
l’épisode antérieur que constitue la phase de présentation du matériel et déterminer quels
items lui ont été présentés antérieurement. Enfin, l'oubli dans la mémoire épisodique est
rapide.

La mémoire sémantique concerne quant à elle l'organisation des connaissances sur le


monde, des savoirs plus généraux. Si je possède le concept "pomme", chaque fois que je
vois l'objet correspondant, je peux nommer cet objet, le décrire, etc... La mémoire
sémantique permet de répondre à des questions du type : Qui étaient les deux
psychologues ayant proposé le modèle des trois registres de stockage ? Quel est le jour le
plus court de l'année ? La mémoire sémantique peut être vue comme un ensemble de
concepts et de relations logiques entre ces concepts, peu sensibles aux changements
contextuels (parce que utilisables dans différents contextes). De plus, leur oubli est faible et
ils subissent très peu de distorsions. Leur utilité est importante dans la mesure où ils sont
sollicités dans la perception, la compréhension, l'encodage, la récupération, la prise de
décision, etc

Tulving propose en 1995 le modèle SPI (Sériel, Parallèle, Indépendant).


Il s’agit d’un modèle par « emboîtement » où les mémoires précédemment décrites forment
un ensemble de systèmes organisés hiérarchiquement.
Les informations pour être encodées dans un système ont dues être encodées dans le
système qui le précède (encodage sériel).
Plus les systèmes de mémoire sont bas dans la hiérarchie, plus ils sont autonomes
c’est-à-dire que leur activité est indépendante des systèmes de plus haut niveau.
Le stockage est dit parallèle (P) c’est-à-dire que l’information laisse une trace dans chacun
des systèmes qu’elle traverse.
Tulving décrit le processus d’encodage dans un système comme un processus dépendant
de la qualité de l’encodage dans le système précédent. En revanche, la récupération d’une
information dans un de ces systèmes est autonome et indépendante.

La mémoire procédurale en charge des habiletés est le système le plus indépendant et à la


base de l’architecture.
Le système suivant est le système dédié aux représentations perceptives qui encode (=
code) et stocke les informations sensorielles, puis les transfère vers la mémoire sémantique.
Dans le modèle SPI, la mémoire sémantique est de plus bas niveau que la mémoire
épisodique.
Enfin, la mémoire de travail se situe entre les systèmes sémantique et épisodique.
Pour finir, Tulving propose également que l’accès aux système de mémoire (procédurale,
sémantique et épisodique) dépend d’états de conscience différents. Il décrit l’état de
conscience autonoétique en lien avec la mémoire épisodique, comme responsable de la
mémorisation des informations personnelles et contextualisées « permettant le souvenir
conscient d’une expérience antérieure ».

La mémoire sémantique serait reliée à un état de conscience noétique c’est-à-dire qui «


permet une conduite introspective sur le monde, sans que l’objet qui donne lieu à la réflexion
soit perceptivement présent, mais sans l’impression de reviviscence qui caractérise la
mémoire épisodique ».

Enfin, la mémoire procédurale serait anoétique, l’accès aux informations contenues dans
cette mémoire seraient totalement automatisée (Desgranges, & Eustache, 2011).

Pour finir, Tulving décrit le processus d’encodage dans un système comme un processus
dépendant de la qualité de l’encodage dans le système précédent. En revanche, la
récupération d’une information dans un de ces systèmes est autonome et indépendante.

D’autres modèles plus récents sont inspirés de la conception multi systèmes de Tulving tels
que le modèle MNESIS pour Memory Neostructural Inter-Systemic model proposé par les
psychologues Francis Eustache et Béatrice Desgranges en 2003.

2.3.4 Modèles de mémoire implicite et explicite

Une autre dichotomie multi système distingue la mémoire implicite (= non déclarative) de la
mémoire explicite (= déclarative).

Traduit chez l’individu des états conscients ou inconscients au moment de l’interaction avec
un stimulus, ainsi que des modes d’accès conscients ou inconscients aux informations
stockées en mémoire au moment de la récupération des informations.

L'inconscient cognitif ou le non-conscient est défini de manière phénoménologique


comme les opérations mentales que le sujet opérant ne se souvient pas avoir réalisé.
Squire

Le système de mémoire explicite correspondrait à un accès conscient ou direct à la


mémoire, le sujet étant intentionnellement impliqué dans l’effort pour récupérer l’information.
Contient la mémoire sémantique et la mémoire épisodique

Le système de la mémoire implicite correspondrait à une récupération non consciente,


automatique d’informations en mémoire :
« la mémoire implicite transparaît lorsque la performance à une tâche est facilitée en
l’absence de souvenir conscient de l’influence d’un événement antérieur instigateur, alors
que la mémoire explicite apparaît quand la performance à une tâche exige le souvenir
conscient des événements préalables » (Graf & Schacter, 1985, P.501).

Un protocole expérimental classique pour tester ces deux types d’accès conscient et
inconscient aux information en mémoire :

Des sujets lisent une liste de mots

Lors de la phase test, un premier groupe de sujets est invité à rappeler les mots de la liste
dont les trois premières lettres, leur sont données. Il s’agit d’un rappel indicé = test de
mémoire explicite.

« Pour l’autre groupe, les mêmes indices, les trois premières lettres d’un mot, sont donnés.
Mais les sujets ne sont plus appelés à les compléter de façon à évoquer les mots vus
précédemment. Ils doivent cette fois énoncer « le premier mot leur venant à l’esprit »
commençant par ces lettres. Dans ces conditions, les productions des sujets se révèlent
influencées par leur lecture antérieure : si les trois lettres présentées peuvent former le
début d’un mot de la liste, ce mot tend à être choisi préférentiellement à d’autres. Ce
phénomène est désigné sous le terme de mémoire implicite ou encore d’amorçage de
répétition. Le point important est que la seule différence entre les deux tests de mémoire est
dans l’intention du sujet : dans un cas, il récupère intentionnellement le passé, dans l’autre,
le passé exerce une influence sur son comportement, à son insu»

2.3.5 Arguments des dissociations

Les modèles multi systèmes ont essentiellement fondé leurs argumentaires sur l’observation
de dissociations. Il s’agit d’une part de dissociations mises en évidence expérimentalement
chez le sujet sain, et d’autre part de dissociations observées chez des patients
cérébro-lésés.

Par exemple chez le sujet sain


On part du principe que si un facteur X manipulé n'a pas le même effet suivant les tâches
de mémoire réalisées, alors les lois qui les régissent sont différentes, et on pourrait donc
avoir à faire à 2 instances de mémoires distinctes.
Les chercheurs ont manipulé des variables qui ont entraîné des conséquences différentes
sur la MCT et la MLT, et sur la mémoire implicite versus explicite. On observe que les mots
en début de liste sont mieux rappelés par rapport à ceux du milieu et de la fin de la liste.
Sous l'effet de l'interférence due au comptage à rebours, les derniers mots ne sont pas
mieux rappelés que les mots du milieu de la liste. En revanche, le rappel des premiers mots
de la liste ainsi que ceux du milieu n'est pas altéré par la tâche interférente primauté ok

Les patients cérébro-lésés


Si un patient présente une lésion qui provoque une diminution des performances à la
tâche X mais pas à la tâche Y, alors on peut inférer l’existence d’un système lésé nécessaire
à la résolution de la tâche X. Et l’observation d’un patient présentant un profil inverse
permet de mettre en évidence une double dissociation.

HM avait une MCT préservée mais présentait une incapacité à former de nouveau souvenir
depuis son accident. Pas de mémorisation de nouvelles informations de manière explicite,
tout en restant cependant capable de mémoriser des informations de manière implicite (ex.
informations motrices) = distinction mémoire implicite /explicite

KF avait MCT endommagée et une MLT préservée

KC présentait de faibles capacités épisodiques mais produisait normalement des


connaissances sémantiques (capable d’apprendre de nouvelles définitions et les conserver
sur le long terme). Pattern inverse dans les démences sémantiques = distinction entre les
systèmes épisodique et sémantique

2.3.6 Modèles de l’organisation de la mémoire sémantique

Parallèlement à l’émergence des modèles à systèmes multiples, un grand nombre de


travaux ont été consacrés spécifiquement à l’étude des connaissances sémantiques.

À l’interface des recherches en linguistique et en intelligence artificielle des années 70, les
modèles cherchent à expliquer l’activation et l’organisation des connaissances sémantiques
entre elles.

Comme le décrit Serge Nicolas « la plupart de ces recherches ont considéré la mémoire
comme un réseau contenant un grand nombre d’unités élémentaires de représentation
massivement interconnectées » (2003). Les concepts tour à tour décrits comme des
structures de nœuds, de prototypes ou de codes selon les auteurs, sont pour tous ces
modèles des unités abstraites. Le fonctionnement de la mémoire sémantique est conçu en
termes d’activation de ces structures de connaissances et de diffusion de l’activation aux
concepts voisins.

C’est à partir de ses travaux de thèse portant sur des programmes informatiques capables
de comprendre un texte que l’informaticien Ross Quillian s’intéresse à la structure et au
fonctionnement de la mémoire sémantique. Avec l’aide du psychologue Allan Collins, il
propose dès 1969 un modèle de l’organisation des connaissances sémantiques sous forme
de réseau de concepts.
Organisation des connaissances sémantiques sous forme de réseau de concepts

Ces concepts sont des « nœuds » associés à un certain nombre de « traits » (des
propriétés).
Les relations entre les nœuds sont hiérarchiques et un trait existant à un niveau donné est
implicite aux niveaux inférieurs : un nœud hérite des propriétés des nœuds hyper-ordonnés.
Ainsi, « saumon » hérite de toutes les propriétés du nœud « poisson », qui hérite lui-même
des propriétés du nœud « animal ».
Au final, chaque trait ne figure qu’une seule fois dans le réseau, au niveau du concept le
plus général caractérisé par le trait en question. Pour les auteurs, il s’agit de respecter un
principe d’économie de stockage cohérent avec le fonctionnement biologique (Collins &
Quillian, 1969).

Pour les auteurs, l’organisation hiérarchique des concepts explique que les temps de
décision à une question sont fonction du niveau hiérarchique des traits évoqués dans la
question.
1300 ms pour répondre à la proposition « un canari peut-il chanter ? », contre 1400 ms pour
répondre à la proposition « un canari peut-il voler ? ».
Le temps de décision varie directement en fonction du nombre de niveaux séparant les
nœuds en mémoire les uns des autres.

Critiques du modèle :
- Parfois certains concepts ne respectent pas certains traits. Par exemple « l’autruche » est «
un oiseau » mais ne « vole » pas.
- Il peut également exister des traits communs à plusieurs catégories de concepts : Le trait
« pond des œufs » n’appartient pas qu’aux « oiseaux » (également aux reptiles,
poissons…).
D’autres modèles ont alors été proposés en introduisant les notions d’exemplaires
typiques d’une catégorie, puis de prototypes (Rosch & Lloyd, 1978).

Par la suite, Collins s’associera à Elizabeth Loftus pour proposer un nouveau modèle
détaillant les processus d’activation et de diffusion de l’activation entre les nœuds.
Cette fois-ci, la mémoire est un réseau de concepts interconnectés où les concepts
fortement liés sémantiquement sont très proches spatialement.
Les auteurs parlent d’une diffusion d’activation entre les concepts, proportionnelle à la force
du lien sémantique (Collins & Loftus, 1975).
Ainsi, la réponse sera plus rapide à la question « un canari est-il de couleur jaune ? »
comparé à la question « un canari a-t-il des ailes ? », car les concepts « canari » et « jaune
» sont fortement liés et les activations entre eux sont plus rapides qu’entre « canari » et «
ailes », moins fortement liés.

2.4 Les modèles fonctionnels de mémoire

Les modèles cognitifs de la mémoire dits à systèmes multiples sont généralement


considérés comme des modèles structuraux. On entend par là des modèles qui visent à
modéliser la mémoire comme un champ distinct des autres facultés mentales telles que la
perception, le raisonnement.
Leur objectif est de décrire la mémoire en la décomposant en éléments constitutifs et de
décrire le fonctionnement de ces éléments. Importance de l’architecture
Les représentations sont spécifiques à chaque structure constitutive de l’architecture
(perceptive, sémantique, épisodique).
La définition des structures est donc un pré requis pour la compréhension des processus
sous-jacents.

Limites de cette approche structurale :


- Le système superviseur (ou administrateur) est peu décrit dans les modèles
multi-systèmes, alors qu’il endosse pourtant un rôle primordial de décision sur les transferts
d’informations d’un système à un autre, sur « le rangement » des connaissances dans les
bonnes structures
- Le processus d’abstraction: « Dans les modèles multi-systèmes, les connaissances en
mémoire sont issues de représentations perceptives, mais elles sont ensuite supposées se
détacher des représentations perceptives par un mécanisme de transduction (Pylyshyn,
1984) » [elles deviennent des connaissances amodales]. […] Ce processus n’est pas
vraiment décrit dans les modèles.
Or de nombreux travaux montrent que les connaissances sémantiques ont toujours un
caractère perceptif ce qui contredit la description amodale des connaissances sémantiques
en mémoire (voir partie 3) (Padovan, Nevers, & Versace, 2002, p. 71).

Le fonctionnalisme va émerger en réaction au structuralisme.


Il défend l’idée que « la mémoire n’est pas un lieu où sont stockées les connaissances, mais
un ensemble de procédures, d’opérations ou de façon d’encoder l’information, qui
varient en fonction des situations.
L’accent est mis ici sur les processus mnésiques plutôt que sur les systèmes de mémoire.
Cependant, de la même façon que les structuralistes s’intéressent à l’utilisation fonctionnelle
de la mémoire, les fonctionnalistes utilisent des notions « structurales », notamment celle de
représentation »

2.4.1 Le modèle de Craik et Lockhart : Théorie de la profondeur de


traitement

Expérience de Craik et Tulving qui illustre la théorie de la profondeur de traitement.

Les auteurs font varier la profondeur d’encodage pour différents mots grâce à des questions
impliquant un traitement superficiel (concernant la structure des mots), intermédiaire
(concernant leur phonologie) ou profond (sémantique).

Les participants voient une liste de mots par écrit, chaque mot étant précédé par une
question susceptible d'orienter les participants vers des traitements plus ou moins profonds :
physique, phonologique, sémantique.
Pour le traitement physique (ou structural), dans lequel la base du traitement est constituée
par les traits visuellement apparents des lettres, la question était par exemple "le mot est-il
écrit en majuscules ?" (TABLE).
Pour le traitement phonologique, dans lequel la base du traitement est constituée par les
sons associés aux syllabes, la question était par exemple "le mot rime-t-il avec PLAGE ?"
(NUAGE).
Pour le traitement sémantique, dans lequel la base du traitement est la signification du mot,
la question était par exemple "le mot est-il une sorte de plante ?" (MARGUERITE).

Pendant la phase test ultérieure les participants doivent juger si les mots d’une nouvelle liste
sont anciens ou nouveaux. On constate que plus le traitement des mots (orienté par la
question) est profond, meilleure est la mémorisation :

La probabilité de reconnaissance est respectivement de 0.15 (suite à la réponse à des


questions sur l’apparence du mot), 0.48 (après des questions sur la sonorité du mot), 0.81
(après des questions sur le sens du mot).
Ce résultat s’observe lorsque la mémorisation est testée de façon incidente (Craik & Tulving,
1975, exp.2), c’est-à-dire quand le participant n’est pas averti qu’il y aura un test de mémoire
ultérieur.
Lorsque l’on demande aux participants pendant une phase test ultérieure de juger si les
mots d’une nouvelle liste sont anciens ou nouveaux, on observe un lien entre le travail
cognitif réalisé durant la tâche initiale de mémorisation incidente (les participants ne sont
pas prévenus qu’ils auront à rappeler les mots) et l’efficacité des réponses (en terme de taux
de bonnes réponses).

La théorie de la profondeur de traitement propose donc une explication fonctionnelle du


système mnésique : ce n’est pas le temps passé à répéter les informations en mémoire à
court terme qui détermine l’apprentissage mais la nature des traitements réalisés sur les
informations lors de l’encodage.
Pour finir, ce modèle reste malgré tout un modèle cognitiviste puisqu’il considère, comme les
modèles structuraux, que les informations provenant de l'environnement (ex. sons,
images...) sont traduites ou codées dans un format représentationnel qui permet au système
cognitif de les traiter et les stocker.

2.4.2 Autres caractéristiques de la profondeur du traitement

➢ Effet de la complexité des traitements : le processus d’élaboration


La performance mnésique apparait meilleure lorsque les traitements d'encodage sont
complexes.
Craik et Tulving (1975, exp. 7)
phase incidentelle de mémorisation où les participants lisent des phrases avec un mot
manquant, chacune suivie d'un mot qui est approprié ou non.

(a) "Elle cuisine le ______ "


(b) " le goût du _____ est délicieux "
(c) "L'aigle plonge dans les airs et enserre le _______ ".

Dans les trois cas, le mot approprié peut être "lapin" et le mot non approprié "livre". Ces
phrases impliquent toutes un traitement sémantique (= l’accès au sens), mais diffèrent par la
complexité de la phrase et donc a priori par la complexité des traitements associés.

Tests de mémorisation:
Le rappel est meilleur lorsque la phrase est complexe c’est-à-dire lorsque son traitement est
élaboré comparé aux phrases moins complexes
Ils constatent également que les mots associés à des réponses positives lors de l’encodage
sont mieux retenus que ceux associés à des réponses négatives.
Pour les auteurs, dans les réponses positives, le mot et la phrase ont permis d’élaborer une
connaissance intégrée, ayant du sens. Dans le cas des réponses négatives la phrase ne
permet pas d’élaborer ce type de connaissance, la trace mnésique est moins solide et le mot
sera moins rappelé.

➢ Effet de génération (ou effet de production)


La performance mnésique est meilleure dans les situations dans lesquelles l’individu étudie
un matériel qu'il a construit lui-même que dans les situations dans lesquelles il étudie un
matériel préalablement construit par d'autres.
(a) une condition de lecture de couples de mots (blanc- noir; jeune-vieux, etc)
(b) une condition de génération de l’antonyme de chaque mot qu’ils lisent (blanc-?; jeune-? ,
etc).
Au test de rappel, les participants de la condition de lecture rappellent moins de couples de
mots, alors que les participants de la condition de génération en rappellent davantage.

➢ Effet d'autoréférence
La mémorisation est favorisée lorsque l'information à encoder se rapporte à soi.
Rogers, Kuiper et Kirker (1977): les participants doivent traiter une liste de mots dans 4
conditions :

les trois profondeurs de traitement traditionnelles, physique, acoustique et sémantique,

+ une condition d'autoréférence: elle consiste à juger si oui ou non tel mot s'applique à soi.

Résultats : le nombre de rappels corrects augmente de la condition physique à la condition


sémantique. Mais, le nombre de rappels corrects associé à la condition d'autoréférence est
pratiquement le double de celui qui est associé à la condition sémantique.

2.4.3 La spécificité de l’encodage

Godden et Baddeley (1975) :


Une population de plongeurs sous-marins apprenant une liste de mots a été répartie en 4
groupes.
Apprentissage sur terre / puis ½ rappel sur terre et ½ en mer
Apprentissage en mer / puis ½ rappel sur terre et ½ en mer
Les résultats : lorsque l’apprentissage est réalisé dans les mêmes conditions que le rappel,
la performance est meilleure.

Nombre moyen de mots correctement rappelés

Chaque encodage de l’information est spécifique au contexte dans lequel il s’effectue.


Lorsque l’on encode un événement, on encode aussi des éléments liés au contexte et si ces
éléments sont également présents au moment du rappel, ils facilitent la récupération de
l’événement.

2.4.4 Le principe du traitement approprié au transfert

Bransford, Franks, Morris, & Stein, 1979


L’idée générale du principe du traitement approprié au transfert (TAP – Transfer Appropriate
Processing) est que la performance à un test de mémoire sera d’autant meilleure que les
processus psychologiques sollicités par le test vont correspondre à ceux mis en œuvre lors
de l’encodage.
Stein (1978)
Dans un premier temps, les participants étudient des mots et doivent répondre à l’un ou
l’autre type de questions Ex: le mot « KnIfe » (couteau) est présenté

Puis question (visuelle) portant sur l’apparence du mot : « le mot a-t-il un I en lettre capitale » ?
Encodage
Ou question (sémantique) portant sur le sens du mot : « est-ce que _____ a une lame en acier » ?

Dans un second temps, les participants passent l’un ou l’autre des 2 tests de
reconnaissance

Reconnaissance au choix (visuelle) : discriminer l’item ancien parmi « kNife, KnIfe, kniFe, knifE »
Récupération
Reconnaissance au choix (sémantique) : discriminer l’item ancien parmi : « trUck, knIfe, relAy, sCene »

Les résultats :
Pour la récupération via test reconnaissance sémantique, l’encodage sémantique donne lieu
à une meilleure reconnaissance que l’encodage visuel.
Pour la récupération via test reconnaissance visuelle, l’encodage sémantique donne lieu à
une moins bonne reconnaissance que l’encodage visuel.

Pourcentage de reconnaissance en fonction du type de test et des conditions d’encodage

Partie 3/ Les modèles de la cognition incarnée et située

3.1 Un détour par le connexionnisme

A partir des années 80 Essor des outils tels que l’IRM et l’EEG : observations « online » du
fonctionnement cognitif
Émerge en parallèle du cognitivisme ce que l’on appelle le courant connexionniste
Nouvelle approche de la cognition très sensible aux propriétés cérébrales du système
cognitif :
Plasticité cérébrale : capacité du cerveau à remodeler ses connexions (synapses) en
fonction de l'environnement et des expériences vécues par l'individu ; la plasticité cérébrale
reflète donc les capacités d’apprentissage de l’individu.
Fonctionnement distribué du cerveau : il traduit le fait que pour une tâche donnée, des
activations simultanées ont lieu en parallèle dans différentes zones du cerveau.
Pour Pierre Steiner, le connexionnisme propose :

« un nouveau modèle de la cognition, plus sensible aux propriétés cérébrales des systèmes
cognitifs humains. L’attrait initial du paradigme connexionniste réside dans son désir de
concevoir la cognition à partir des propriétés du système cérébral. Le modèle est ici le
cerveau, et non plus l’ordinateur. La notion centrale dans le connexionnisme est celle de
réseau de neurones. […] Les modèles connexionnistes expliquent […] nos capacités
cognitives à partir de systèmes composés d’ensemble d’unités, qui correspondent
fonctionnellement - et grossièrement - à des neurones […]. Avec le connexionnisme, les
capacités du cerveau correspondent plus à des capacités d'entraînement et d’apprentissage
qu’à des capacités de programmation comme celles décrites par le cognitivisme.

Dans le connexionnisme, « une unité ne représente rien ; ce qui peut représenter quelque
chose, c’est un ensemble, une configuration d’unités activées. Le connexionnisme ne
souhaite pas renoncer au thème de la représentation ; il souhaite plutôt, généralement,
considérer celle-ci comme distribuée et non pas comme dépendante d’une seule entité
physique (au contraire des représentations symboliques, qui sont locales) […] » (Steiner,
2005).

3.2 Les modèles distribués de la cognition incarnée et située

En 1989 en parallèle de l’émergence du courant connexionniste un troisième courant appelé


énaction apparait impulsé par le neurobiologiste Francisco Varela.
« Il considère le cerveau comme un organisme vivant plongé dans la nature environnante »
(Dortier, 2013).
La métaphore n’est plus celle de l’ordinateur, mais celle des organismes vivants.
Pour Varela, la description des processus cognitifs nécessite d’envisager l’organisme
comme « inséré dans une situation particulière avec une configuration particulière,
c’est-à-dire dans des conditions écologiquement situées » (Varela, 1988).
Inspiré par la théorie de l’évolution des espèces, Varela considère que le système cognitif
humain a évolué pour interagir de façon adaptée avec l’environnement immédiat
continuellement changeant.

Autrement dit « Le monde tel que le ressent l'individu est issu des interactions entre son
organisme et son environnement. En ce sens la cognition est dite « située » (situated
cognition), car elle ne peut être envisagée indépendamment des situations dans lesquelles
elle prend naissance, et « incarnée » (embodied cognition), car elle est ancrée dans le corps
et émerge de ses interactions (son incarnation) avec le monde extérieur. C'est cette
incarnation de l'organisme qui définit et limite l'expression de la cognition. Elle n'est pas
issue [réductible à] d'une succession de traitements impliquant des modules ou systèmes
spécialisés, périphériques ou centraux, elle est fondamentalement dynamique. La cognition
émerge de l'état global du système et de ses modifications » (Versace, 2021).

Différents modèles s’inscrivent dans la perspective incarnée et située de la cognition, mais


tous s’accordent sur le fait que les processus cognitifs sont le résultat de l’activité des
systèmes sensoriels et moteurs (Barsalou, 1999). Les représentations mentales sont
dans cette perspective, des représentations sensori-motrices, c’est-à-dire MODALES et
distribuées sur les systèmes neuronaux sensori-moteurs (Versace, Brouillet, & Vallet, 2018).

Le format amodal des représentations conceptuelles repose sur des propriétés non
perceptives et non motrices. Le format modal des représentations conceptuelles repose sur
des propriétés perceptives et motrices.

Chapitre 3 – L’imagerie mentale.

1. Définition
• Imagerie mentale = expérience quasi-identique à l’expérience réelle.
• Activité cognitive consciente permettant l’émergence d’une représentation sensorielle
(visuelle, motrice, olfactive, gustative, auditive, etc.) sans la présence de stimulus dans
l’environnement.

• Exemples :
• Imaginez qu’une girafe qui porte un chapeau passe dans l’amphi. De quelle
couleur est son chapeau ?
• Imaginez-vous descendant une piste de ski, ou faisant de la luge. Vous ressentez
les sensations ?
• Si je vous demande combien de fenêtres il y a chez vous ?

2. Premières expériences
• Principalement basées sur l’imagerie visuelle
• Similitudes avec le processus réel de perception visuelle

a. Génération des images mentales par segments


La construction des images mentales serait dynamique et identique au processus effectué
dans la réalité.
Kosslyn & al. (1988)
On présente aux participants des matrices 4x5 avec des lettres formées à l’intérieur (L, C, J,
G, H, F, P, U)
Deux groupes sont constitués :
1- Groupe imagerie mentale : la grille 4x5 vide avec une croix dans l’un des carrés et une
lettre en minuscule dessous→ doivent dire si la lettre majuscule recouvrirait la croix
2- Groupe perception : la lettre majuscule est effectivement affichée.
Croix placées de différentes façons :
- Sur ou à côté d’un segment généralement dessiné en premier (early segment)
- Sur ou à côté d’un segment généralement dessiné en dernier (late segment)

Résultats : • Dans le groupe « imagerie mentale », les participants sont plus rapides à
répondre lorsque les croix sont sur ou proches des premiers segments que des derniers,
pas dans le groupe « perception ».

b. Balayage des images mentales

Expérience de Kosslyn, Ball & Reiser (1978)


Les participants étudiaient un dessin représentant le plan d’une île. 7 éléments y sont
indiqués.
Les participants devaient apprendre par cœur la configuration (on leur demandait de
dessiner l’île de mémoire)

Ensuite, on leur nommait un des éléments de l’île et on leur demandait de focaliser leur
attention dessus, puis on leur indiquait un deuxième élément, qu’ils devaient rechercher
mentalement. Ils devaient presser un bouton quand ils l’avaient « atteint ».
On mesure les temps de réponse.

Résultats : Le temps de réponse (temps de balayage) augmente en fonction de la distance


entre les éléments dans l’image mentale
Paivio (1975) Tâche : comparer mentalement deux objets/animaux entre eux sur leur taille :
cliquer le plus vite possible sur le plus grand des deux.

Résultats : Les réponses sont d’autant plus lentes que les différences de tailles sont faibles

c. Rotations mentales

Shepard & Metzler (1971)


Les participants doivent comparer mentalement des figures présentées sous des angles
différents et dire s’il s’agit du même objet.

Nécessité de procéder à une rotation mentale pour répondre.


Manipulation de la distance angulaire (valeur de l’axe de rotation) entre les deux figures.
Mesure du temps de réponse des participants
Résultats :
Plus l’angle de rotation est important, plus le temps de réponse est long : relation linéaire.
Les participants font « tourner » mentalement les figures dans l’espace. Plus l’angle est
important, plus la rotation est longue…

En résumé:
Ces expériences pionnières montrent donc que l’imagerie mentale semble en tous points
comparable à la réalité !
L’évolution des technologies va nous permettre de nous rendre compte jusqu’à quel point…

3. Activations neuronales et physiologiques


• Les techniques d’imagerie (IRM, EEG) permettent d’analyser l’activation cérébrale durant
l’imagerie mentale
• Les résultats montrent que quelque soient les modalités (visuelle, auditive, motrice),
l’activité d’imagerie recrute les mêmes aires cérébrales que l’activité réelle
• Imagerie visuelle implique les aires visuelles (Slotnick et al. 2005)
• Activité cérébrale dans les aires olfactives quand on sent réellement ou quand on imagine
sentir des odeurs agréables ou désagréables (Bensafi et al., 2007)
• Remémoration de fragments musicaux associée à une activation des aires auditives
(Ducreux et al., 2003)
• Lorsque l’on imagine ou que l’on exécute des mouvements → activité cérébrale des aires
motrices (Hétu et al., 2013 : Jeannerod & Decety, 1995).
• Lorsqu’on s’imagine réaliser un mouvement avec les doigts, les pieds ou la langue, on
active les régions du cortex moteur qui contrôlent spécifiquement ces parties du corps
(Ehrsson et al., 2003).

Impacts physiologiques :
• S’imaginer marcher à différentes vitesses → impact sur la fréquence cardiaque et l’activité
respiratoire (5 km/h ou 12 km/h) (Décéty et Jeannerod, 1991)
• S’imaginer soulever une mini altère avec le petit doigt : entraînement mental 5 séances par
semaine pendant 4 semaines → 22% de gain de force de l’abducteur du petit doigt !
Augmentation de 30% suite à un entraînement physique réel.
4. Effets sur les performances physiques
• Imagerie mentale de plus en plus utilisée pour améliorer les performances physiques (sport
de haut niveau)
• La réactivation mentale d’une action préalablement exécutée facilite son exécution
ultérieure.
• Imagerie permet de rendre plus rapide et efficace l’exécution des gestes
• La combinaison d’un entrainement physique et de l’imagerie mentale est plus efficace que
la seule pratique physique.
• Imagerie mentale seule ne suffit pas (pas d’info sur les résultats de l’action) : à utiliser en
complément de l’entrainement physique.
Points principaux vidéo:
• L’entrainement mental (+ physique) permet de progresser (pratique musique) • Plasticité
cérébrale :
• Compensation spontanée : cas d’amputation, régions envahies par les régions adjacentes.
• Dépendante de l’activité : le cerveau expert, par la pratique, se « façonne différemment »
de celui des novices
• Se soigner par la pensée :
• Diminuer la douleur
• Faciliter la rééducation

• L’imagerie visuelle améliore la mémorisation (Paivio, 1971) et peut limiter la création de


faux souvenirs (Oliver et al., 2016)
• Bower (1972) : tâche d’apprentissage de 20 paires de mots (par ex. chien-vélo). 2
conditions :
• Consigne d’imagerie : mémoriser les couples de mots en associant les objets dans une
image.
• Condition contrôle : mémoriser les mots.
Tâche de rappel indicé :
Premier mot donné→ rappel de l’autre

• Résultats
La mémorisation dans le groupe imagerie est largement meilleure à celle du groupe
contrôle.
D’autres travaux (notamment en lien avec des méthodes de mémorisation comme la
méthode des lieux) ont montré cet impact positif de l’imagerie sur la mémorisation
5. Modèles théoriques
• Théorie analogique (Kosslyn) – images mentales visuelles reflètent les propriétés
métriques des objets réels processus identiques entre perception et imagerie.

• Théorie propositionnelle (Pylyshyn) – imagerie mentale est abstraite : une construction


sur base de propriétés symboliques (propositions logiques)

• Paivio (1971) – théorie du double codage Selon la nature du matériel à mémoriser, on


peut réaliser un codage verbal et/ou un codage imagé. Lorsqu’il y a un double codage
(verbal + imagé), il y a un meilleur rappel.

• Cognition incarnée – La cognition résulte de simulations mentales sensori-motrices et


émotionnelles. Expériences enregistrées sous forme de traces multimodales.

6. Autres domaines d’application


• Usages en psychothérapie (Gesci & Pictet, 2018), notamment pour traiter la dépression
• Usages en marketing (Gavard-Perret & Helme-Guizon, 2003)
• mémorisation publicitaire (association marque-produit)
• comportement du consommateur (sollicitation de l’imagerie, attitudes, intentions d’achat)
• conception de produit (utilisation de l’imagerie par les designers).

(Gavard-Perret & HelmeGuizon,


2003, p. 69)

Figure 1. - Effets directs et indirect


de l’imagerie mentale sur la
mémorisation et la persuasion
publicitaire : quelques résultats
importants.
Chapitre 4 – Mémoire implicite - Mémoire
explicite

Distinction entre mémoire implicite et mémoire explicite

Graf et Schacter (1985)

La mémoire implicite transparaît lorsque la performance à une tâche est facilitée en


l’absence de souvenir conscient de l’influence d’un événement antérieur investigateur, alors
que la mémoire explicite exige le souvenir conscient des événements préalables.

Les tâches expérimentales faisant intervenir la mémoire explicite sont des tâches classiques
de rappel libre, de rappel indicé, ou de reconnaissance. Les tâches exigent le souvenir
conscient des événements préalables.

Les tâches expérimentales faisant intervenir la mémoire implicite en revanche, ne font pas
référence à des évènements préalablement vécus. Il s’agit de tâches qui permettent de
démontrer l’influence de la présentation préalable d’un événement antérieur.

Expérience typique : « Des sujets lisent dans un premier temps une liste de mots […].

Lors de la phase test, un premier groupe de sujets est invité à rappeler les mots de la liste
dont le début, les trois premières lettres, leur est donné. Il s’agit d’un « rappel indicé », une
forme de test que l’on qualifie aujourd’hui de test de mémoire explicite […].

Pour l’autre groupe, les mêmes indices, les trois premières lettres d’un mot, sont donnés.
Mais les sujets ne sont plus appelés à les compléter de façon à évoquer les mots vus
précédemment. Ils doivent cette fois énoncer « le premier mot leur venant à l’esprit »
commençant par ces lettres. Dans ces conditions, les productions des sujets se révèlent
influencées par leur lecture antérieure : si les trois lettres présentées peuvent former le
début d’un mot de la liste, ce mot tend à être choisi préférentiellement à d’autres. Ce
phénomène est désigné sous le terme de mémoire implicite (ou encore d’amorçage de
répétition). Le point important est que la seule différence entre les deux tests de mémoire
est dans l’intention du sujet : dans un cas, il récupère intentionnellement le passé, dans
l’autre, le passé exerce une influence sur son comportement, à son insu. » (Besche-Richard, &
Perruchet, 2000, p. 7).

Certains auteurs ont argumenté que les participants pouvaient avoir conscience de
l’influence de la première phase sur leur choix lors de la phase test. En d’autres termes, que
les tests implicites ne renvoyaient pas toujours à des contenus mentaux inconscients lors de
la récupération du matériel cible.

Pour répondre à ces critiques « Schacter, Bowers et Booker (1989) ont décidé de distinguer
par un critère d'intentionnalité la mémoire implicite de la mémoire explicite […] [dans ce
cadre] la mémoire explicite renvoie à l'acte intentionnel de récupération d'une information
récemment étudiée: le sujet « pense » délibérément à l'épisode d'étude tout en recherchant
activement l'information cible. Utilisée dans ce sens, la mémoire explicite renvoie à la
manière avec laquelle le processus de récupération est initié, et est synonyme de souvenir
délibéré, intentionnel ou volontaire » (Nicolas, 1994, p69).

Par opposition, la mémoire implicite se rapporte à la récupération non-intentionnelle du


matériel préalablement présenté. Lorsque Graf et Schacter (1985) disent que la
performance à une tâche peut être facilitée « en l'absence de souvenir conscient » cela veut
simplement dire aujourd'hui que la performance lors du test peut être influencée par
l'information récemment acquise quand le sujet ne s'engage pas intentionnellement dans
une recherche rétrospective d'éléments présentés lors de la tâche d'étude » (Nicolas, 1994, p69).

Modèle structural de l’organisation de la mémoire de Squire


(1980)

Squire (2004)

Modèle d’organisation de la mémoire qui tient compte des caractéristiques des informations
conservées et de la façon consciente ou inconsciente dont ces informations sont
récupérées. Il oppose ainsi des mémoires déclaratives et non-déclaratives qui sont
équivalentes aux mémoires explicites et implicites décrites par Graf et Schacter.

La mémoire déclarative (ou explicite) =


Rappel conscient et volontaire d’informations anciennes qui s’expriment au moyen du
langage. Subdivisée en 2 sous-systèmes (voir Tulving, chapitre 2) : mémoire épisodique &
mémoire sémantique.

La mémoire non-déclarative (ou implicite) =


Répercussion inconsciente d’expériences qui ne sont pas consciemment verbalisées.
Subdivisée en : mémoire procédurale, mémoire relevant de l’amorçage, mémoire relevant
du conditionnement, mémoire relevant d’apprentissages dits non associatifs.

Squire, L. R. (2004). Memory systems of the brain: a brief history and current perspective.
Neurobiology of learning and memory, 82(3), 171-177.

memoire long terme - implicite - explicite - sementique - episodique - procedurale -


conditionnement ammorcçage - apprentissage non associatif.
La mémoire relevant d’apprentissages dits non associatifs (Il s’agit entre autre de
phénomènes d’habituation, par exemple d’atténuation de la réaction d’un individu à un
stimulus qui est présenté de façon répétitive).
Le conditionnement classique provient de l’association entre des stimuli et les réactions
automatiques/réflexes de l’organisme.

La mémoire procédurale

La connaissance procédurale permet d’accomplir de façon automatique, plutôt que


consciemment contrôlée, des activités routinières verbales, cognitives, ou
perceptivo-motrices
= habileté, savoir-faire, c’est-à-dire des connaissances sur comment exécuter correctement
une action ou exercer une compétence.

Exemples de connaissances procédurales : connaissances permettant de parler dans une


langue donnée en appliquant les règles de conjugaison; connaissances des règles
arithmétiques qui permettent de résoudre des équations; connaissances des consignes à
suivre lorsque la sirène s’active à la faculté; connaissances pour conduire une voiture, faire
du vélo, faire ses lacets, etc…

= sous-système de mémoire qui contient les habilités sensori-motrices et cognitives


acquises par l’individu.
L’acquisition de ces habilités s’effectue graduellement grâce à la pratique répétée d’une
tâche.
Cette répétition induit une diminution progressive des erreurs et des temps de réponses lors
de l’exécution de la tâche jusqu’à une exécution automatique optimisée.
La connaissance procédurale se crée donc par la pratique répétée (durant une longue
période) de la tâche qui conduit à une automatisation de la connaissance : le contenu de
celle-ci devient alors difficilement verbalisable

Acquisition d’une connaissance procédurale

Anderson (1987) propose le modèle ACT qui décrit les étapes d’acquisition d’une
connaissance procédurale.

- La phase cognitive :
L’individu extrait et traite des informations sur l’habileté à apprendre grâce à sa mémoire de
travail ; ses capacités attentionnelles sont alors fortement mobilisées.
Ces informations sont intentionnellement mémorisées et peuvent par la suite être réactivées
et explicitées par l’individu : les connaissances sont donc épisodiques.
La performance de l'apprenant durant cette phase est variable. Il cherche la meilleure
stratégie pour effectuer l’habileté requise par des instructions explicites et commet des
erreurs.

- La phase associative :
Les connaissance sous-jacentes à l’habileté deviennent plus difficilement verbalisables.
Les traitements attentionnels et la mémoire de travail sont de moins en moins sollicités.
L'apprenant affine son habileté qui devient plus rapide, précis et fluide sans pour autant que
celle-ci soit automatisée : elle est stockée sous la forme d’une connaissance
semiprocéduralisée. Ce statut semi-procéduralisé induit que la tâche soit encore parfois mal
réalisée.
Par exemple chez un athlète, si le pourcentage de réussite à un geste est élevé à
l’entraînement, il le sera probablement moins dans une situation stressante de compétition
qui détourne les ressources attentionnelles encore en partie nécessaires pour exécuter
l’habileté motrice.

- La phase autonome :
L’apprenant utilise des savoir-faire encodés en mémoire procédurale sous la forme de
connaissances procédurales, difficilement verbalisables.
L’activation de ces connaissances ne nécessite pas de processus attentionnel, l’habileté est
effectuée sans erreur, rapidement, et elle est cognitivement peu coûteuse.
La phase autonome peut durer dans le temps permettant d’affiner les routines motrices et
cognitives.

Exemple : L’acquisition de compétences en conduite automobile. Au début de


l’apprentissage l’individu doit allouer de l’attention sur chaque tâche qu’il effectue (vérifier
l’environnement, passer les vitesses, etc). Peu à peu il acquière des automatismes pour la
réalisation de ces tâches qui nécessitent de moins en moins d’attention. La verbalisation
devient difficile pour expliquer les connaissances qu’il active afin de réaliser simultanément
ces tâches de conduite

Exemples d’épreuves expérimentales permettant de tester les apprentissages


procéduraux.
Tâche de dessin en miroir
Concerne les apprentissages perceptivo-moteurs.
L’individu doit suivre avec un crayon le tracé d’un dessin en voyant en direct le tracé de son
crayon au travers d’un miroir. Dans cette tâche les informations visuelles sont discordantes
avec les informations proprioceptives reçues par l’individu.
Au fur et à mesure des essais, l’acquisition de l’habileté perceptivo-motrice se traduit par
une accélération progressive du temps du tracé sans lever le crayon et par la diminution du
nombre d’erreurs.

Tâche de dessin en miroir

ILLUSTRATION A METTTRE;
La tâche de lecture en miroir
Permet de tester les apprentissages perceptivo-verbaux.
Cela consiste à apprendre à lire des mots écrits en miroir.
Après plusieurs sessions le temps de lecture diminue

Tâche de la tour de Hanoï


Epreuve procédurale cognitive.
Il s’agit de résoudre un problème qui implique un grand nombre d’actions séquentiellement
organisées.
La diminution du nombre de mouvements au cours des tentatives de résolution illustre les
capacités d’apprentissages procéduraux de nature cognitive.
Dans la tâche il s’agit de reproduire un modèle en un nombre de coups minimum (dans
l’exemple de la Figure, il s’agit de reproduire la figure en haut à droite en déplaçant les
cercles sur les bâtons).

Tâche de la tour de Hanoï


ILLUSTRATION A MATTRE

Argument des dissociations

Le patient H.M. (Shallice, 1988)

Dissociation entre sa mémoire non-déclarative procédurale et sa mémoire déclarative.


Argument en faveur de l'indépendance de ces deux types de mémoire.

Description du profil neurocognitif de H.M. :


« Suite à une ablation de ses lobes temporaux (structure du cerveau dont fait partie
l’hippocampe) destinée à guérir son épilepsie, H.M. présentait un empan mnésique normal,
témoignant d’une mémoire à court terme intacte, mais était incapable d’apprendre de
nouvelles connaissances à long terme témoignant d'une mémoire déclarative déficitaire.
H.M. était néanmoins capable d'apprendre et de retenir de nouvelles tâches motrices (tracé
en miroir) bien qu'il n'en ait aucun souvenir conscient (il montre ainsi une amélioration de sa
performance en l'absence de volonté d'apprendre). Le tableau clinique inverse (mémoire
procédurale déficitaire et mémoire déclarative intacte) a été retrouvé chez des patients
atteints de dégénérescences sous corticales, notamment au niveau du striatum, comme
dans la maladie de Parkinson ou la chorée de Huntington (voir Shallice, 1988 ; […]). Ces
constatations ont apporté la preuve [un argument] que la mémoire déclarative et la mémoire
non déclarative sont deux modules mnésiques fonctionnellement et anatomiquement
distincts. En effet ces 2 modules fonctionnent de manière indépendante, autonome, avec
des capacités de stockage spécifiques, dépendant de régions cérébrales distinctes si bien
qu’une lésion affectera spécifiquement le fonctionnement du système qui en dépend »
(Blais, 2018, p.22).

Le conditionnement

Le conditionnement classique provient de l’association entre des stimuli et les réactions


automatiques/réflexes de l’organisme.

Un exemple du conditionnement chez l’animal entre un son et une récompense : Avant


conditionnement, une boulette de viande (stimulus inconditionnel) déclenche la salivation
chez le chien (réponse inconditionnelle). Par contre, un son (stimulus neutre) est incapable
de provoquer cette réaction.

Le conditionnement classique consiste à répéter l’association du son avec la boulette de


viande.
Le conditionnement est établi quand le son (maintenant stimulus conditionnel) devient
capable de provoquer la salivation du chien (maintenant réponse conditionnée).

Concernant le conditionnement opérant, il s’agit d’une tendance à répéter les actions qui ont
des conséquences bénéfiques (renforcement positif : la souris appuie sur un levier qui lui
permet d’avoir de la nourriture ; l’individu consomme des substances qui activent le circuit
neuronal du plaisir) ou qui permettent d’échapper à des situations désagréables
(renforcement négatif).

L’amorçage

Expérience pionnière d’amorçage sémantique

Meyer et Schvaneveldt en 1971

Les participants jugent à chaque essai deux séquences de lettres : Les séquences sont
présentées simultanément et les participants doivent appuyer le plus rapidement possible
sur la touche « oui » lorsque les deux séquences constituent des mots, et sur la touche «
non » lorsque l’une des deux séquences est un pseudo mot, ou lorsque les deux séquences
sont des pseudo mots.

Lorsque les deux séquences constituent des mots, les mots sont soit sémantiquement
reliés, soit non :
« The following test stimuli were used: 48 pairs of associated words, e.g., BREAD-BUTTER
and NURSE-DOCTOR, […]; 48 pairs of unassociated words, e.g., BREAD-DOCTOR and
NURSE-BUTTER, […]; 48 pairs of nonwords; and 96 pairs involving a word and a nonword »
(p.228).

Les résultats de l’expérience de Meyer montrent que cette tâche de décision lexicale est
influencée par la sémantique des mots. En effet, lorsque les participants doivent répondre
par l’affirmative (c’est-à-dire lorsque les séquences sont toutes les deux des mots), les
réponses sont plus rapides pour des mots associés sémantiquement que pour des mots non
associés.

TABLEAU DES RESULTATS. Meyer et Schvaneveldt (1971)

Que se passe-t-il d’un point de vue cognitif ?

Lorsque les séquences apparaissent simultanément à l'écran, le participant en traite une


première. Pour savoir s’il s’agit d’un mot ou d’un pseudo mot le participant doit essayer
d’accéder à la sémantique de la séquence. S’il y arrive cela veut dire que c’est un mot. Puis
il traite la seconde séquence, et là encore il essaie d’accéder à la sémantique de la
séquence. S’il y arrive, il peut alors appuyer sur le bouton « oui » pour valider le fait que les
deux séquences sont des mots.

Les résultats montrent que la réponse du participant est plus rapide lorsque les deux mots
sont reliés sémantiquement plutôt que non reliés. Pour les auteurs, cela est dû au fait que le
premier traitement, qui résulte de l’accès à la sémantique du premier mot, facilite le second
traitement, c’est-à-dire l’accès à la sémantique du second mot. La facilitation du second
traitement induit une réponse au clavier plus rapide. C’est ce que l’on appelle un amorçage
sémantique.

Explications théoriques de l’amorçage sémantique

La théorie de la diffusion d’activation (Collins & Loftus, 1975) (voir chapitre 2)

La mémoire sémantique est un réseau de concepts interconnectés, et deux concepts


sémantiquement proches sont reliés de façon directe l’un à l’autre dans le réseau.
Lorsqu’un concept est activé (l’individu a activé le sens du mot) alors une diffusion
d’activation à lieu vers les concepts proches, cette diffusion étant de moins en moins forte
plus on s’éloigne du concept initialement activé.

Cette diffusion d’activation permet donc de « pré activer » les concepts sémantiquement
proches.

Si l’individu doit traiter l’un de ces concepts « pré-activés », alors il le traite plus rapidement
que s’il n’a pas été pré-activé.

Le paradigme de la cognition incarnée et située (Barsalou 99, voir chapitre 2)

Dans cette perspective, les concepts sont considérés comme des simulations mentales. Ces
simulations sont le fruit de l’activation de patterns neuronaux sensori-moteurs et émotionnels
(un pattern étant une association de neurones).

Des concepts sémantiquement proches sont donc des concepts dont les patterns neuronaux
partagent une partie commune (des zones neuronales identiques sont activées lorsque
chacun des concepts est activé).

Là encore, l’activation d’un concept facilite l’activation du second concept car le pattern
commun a été « pré activé ».

Définition standard des expériences comportementales impliquant un


amorçage

Dans la plupart des expériences les mots sont présentés successivement.

Dans un amorçage standard « chaque essai comprend la présentation successive d’un


mot-amorce auquel il ne faut pas répondre, et d’un mot-cible. Ce dernier nécessite soit une
dénomination, soit une classification binaire, qui, dans la majorité des cas, consiste en une
décision lexicale.

Le lien entre l’amorce et la cible peut porter sur des caractéristiques orthographiques,
phonologiques, et sémantiques » (Duscherer, & Holender, 1998, p.315).

« La définition du phénomène d’amorçage correspond à l’effet […] de la rencontre préalable


avec un item spécifique sur notre habilité subséquente à identifier, à juger, à produire ou à
effectuer tout autre type de tâche sur ce même stimulus (amorçage direct ou par répétition)
ou un autre qui lui est apparenté soit de manière perceptive, associative ou sémantique
(amorçage indirect) » (Eustache, & Lebreton, 2002).

Lorsqu’il y a un lien entre l’amorce et la cible, l’amorçage est dit congruent, lorsqu’il n’y a pas
de lien, l’amorçage est dit incongruent.
L’amorçage sémantique inconscient et la perception subliminale

La perception subliminale qu’est-ce que c’est ?

Le cerveau peut percevoir et même être influencé par des évènements qui, pour l’esprit,
restent non conscients.

Il s’agit d’une perception sous le seuil de la conscience : le stimulus perçu inconsciemment


influence les processus de traitement de l’information de l’individu sans qu’il en ait
conscience. Il s’agit là d’un amorçage dit subliminal.

Le stimulus subliminal est présenté très rapidement (par exemple une 50ène de
millisecondes). Et généralement accompagné de masques = images (par exemple un
quadrillage ou un amas de formes géométriques, ou autre) présentées avant et après le
stimulus

Comment s’assurer que le stimulus est invisible ?

Hirshman et Durante, 1992

Des sujets devaient identifier un mot affiché sur un écran pendant un temps très court par
technique de masquage.
Les durées d’affichage du mot à identifier variaient : 33, 50, 66, 83, 110, 116 et 500
millisecondes.
Pour les durées supérieures ou égales à 116 millisecondes, la proportion d’identification
correcte atteint 100%, la perception n’est donc pas subliminale.
Le pourcentage d’identification correcte décroît avec la durée d’affichage.
Pour la durée de 33 millisecondes, le pourcentage d’identification correct est très faible : on
obtient seulement 6% de bonnes réponses, la perception est toujours consciente pour
certains.
Ainsi, il existe un seuil propre à chacun, au-dessus duquel le sujet perçoit consciemment les
signaux, et au-dessous duquel il n’est plus capable de détecter ou d’identifier un stimulus.
En l’absence de masquage les résultats indiquent que la perception et l’identification
d’un stimulus sont possibles même pour un affichage de seulement 10 millisecondes. Donc
il est important de mettre des masques si l’on veut s’assurer que la présentation est
subliminale. (Ferrand, & Segui, 2001, p.44).

Exemple d’amorçage sémantique subliminal

Dehaene, Naccache et collaborateurs (1998)

Les participants jugeaient à chaque essai un chiffre qui s’affiche à l’écran en indiquant s’il
est supérieur ou inférieur à 5.
Les sujets voyaient apparaître un nombre compris entre 1 et 9 (jamais 5) qui pouvait être
présenté en notation verbale (exemple : « quatre ») ou arabe (exemple : « 4 »).
Leur tâche était de comparer le plus rapidement possible ce nombre cible au nombre 5. On
leur demandait par exemple d’appuyer à droite si le nombre est supérieur à 5 et à gauche
s’il est inférieur à 5.
A leur insu, la présentation du nombre cible était précédée par la présentation brève (43
ms) d’un nombre masqué par deux chaînes de lettres dénuées de signification. Ce nombre
amorce pouvait être n’importe lequel des nombres utilisés comme nombres cibles. Ce
schéma expérimental permet de distinguer les essais congruents, dans lesquels les
nombres cible et amorce sont situés du même côté que 5, des essais non congruents ».

ILLUSTRATION $

Les résultats :
Les sujets répondaient significativement plus rapidement aux essais congruents qu’aux
essais non congruents.
Cet effet n’interagissait pas avec la notation utilisée pour chacun des deux nombres, ni avec
le changement de notation (V pour notation verbale, et A pour notation arabe).
Ces résultats démontrent ainsi que le nombre amorce, bien qu’il n’était pas perçu
consciemment, était néanmoins traité à un niveau de représentation sémantique
indépendant du format d’entrée visuelle » (Naccache, & Dehaene, 1999, p.516)

TABLEAU DES RESULTATS.


Naccache, L., & Dehaene, S. (1999)

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