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Antigone

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Antigone

I- Biographie de Jean Anouilh


Jean Anouilh est né en 1910 à Bordeaux (France). Son père est tailleur et sa mère
musicienne ainsi que professeur de piano, elle joue dans un orchestre se produisant sur des
scènes de casino en province. C'est dans les coulisses de ces casinos qu'il découvre les grands
auteurs classiques : Molière, Marivaux et Musset. Jean Anouilh vit à Paris et rentre au collège
Chaptal. C'est très tôt qu'il se prend de passion pour le théâtre. En 1928, il assiste émerveillé,
au printemps, à la représentation de Siegfried de Jean Giraudoux, l'adolescent de dix-huit ans
fut ébloui, subjugué... En 1929 il devient le secrétaire de Louis Jouvet. Les relations entre les
deux hommes sont tendues. Qu'importe, son choix est fait, il vivra pour et par le théâtre. Sa
première pièce, l'Hermine (1932), lui offre un succès d'estime, et il faut attendre 1937 pour
qu'il connaisse son premier grand succès avec le Voyageur sans bagages. L'année suivante le
succès de sa pièce la Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés matérielles.
Puis éclate la seconde guerre mondiale. Pendant l'occupation, Jean Anouilh continue
d'écrire. Il ne prend position ni pour la collaboration, ni pour la résistance. Ce non-
engagement lui sera reproché.
En 1944 est créé Antigone. Cette pièce connaît un immense succès public mais engendre une
polémique. Certains reprochent à Anouilh de défendre l'ordre établi en faisant la part belle à
Créon. En 1945, il s'engage pour essayer de sauver l'écrivain collaborateur Robert Brasillach
de la peine de mort ; en vain. Cette exécution le marque profondément. Il écrira encore
plusieurs pièces dans les années soixante-dix, dont certaines lui vaudront le qualificatif
"d'auteur de théâtre de distraction". Il n'en reste pas moins qu'il a bâti une œuvre qui révèle
un pessimisme profond. Anouilh est mort en 1987.

II- Résumé Antigone


Le Prologue, personnage héritier du chef de chœur, présente les protagonistes, leurs
caractères et leurs rôles : Antigone, sa sœur Ismène, son fiancé Hémon, le roi Créon qui est
aussi le père d'Hémon, Eurydice la femme de Créon, la nourrice d'Antigone, le messager et
enfin les trois gardes. Antigone rentre chez elle, à l'aube, après une promenade nocturne,
elle est surprise par sa nourrice qui lui adresse quelques reproches. La nourrice sort et
Ismène dissuade Antigone d'ensevelir le corps de son frère Polynice et ainsi d'enfreindre
l'ordre de Créon. Sans succès, Antigone n'entend pas devenir raisonnable. Antigone se
retrouve à nouveau seule avec sa nourrice, elle pense à la mort, la nourrice la réconforte.
Ensuite arrive Hémon à qui elle prie de lui pardonner pour la dispute de la veille. Hémon la
réconforte en lui déclarant son amour. Antigone lui annonce ensuite qu'elle ne pourra pas
l'épouser en lui disant qu'il saura pourquoi "demain". Ismène essaie encore une fois de
convaincre Antigone de renoncer à son projet, mais elle apprend qu'il a déjà débuté. Un des
garde du roi arrive alors pour annoncer à Créon que quelqu'un a recouvert de terre le corps
de Polynice. Créon ne veut pas que la nouvelle se répande. Le chœur intervient pour donner
sa vision de la tragédie et annonce le "petit coup de pouce pour que cela démarre". Antigone
se fait arrêter par un garde pendant qu'elle recouvre pour la seconde fois le cadavre, elle est
emmenée chez Créon qui est prêt à la sauver et oublier l'affaire. Antigone refuse et se
révolte, elle veut sa mort. Ismène arrive, elle veut mourir avec sa sœur, elle est prête aussi à
aller recouvrir le corps de Polynice mais Antigone refuse. Créon appelle la garde qui emmène
Antigone. Hémon supplie son père de l'épargner mais il refuse car c'est elle qui voulait
mourir. Hémon s'enfuit.
Antigone reste seule avec un garde, elle lui dicte une lettre qu'elle veut adresser à Hémon. Le
messager annonce la mort d'Antigone ainsi que celle d'Hémon. Le Chœur apprend ensuite à
Créon que sa femme Eurydice s'est donnée la mort en apprenant la mort de son fils. Il ne
reste plus que Créon et ses gardes...

III- Présentation des personnages principaux


1- Antigone (Fille d'Œdipe) :
Physique Le Prologue nous la décrit comme la petite "maigre jeune fille noiraude" (p. 9).
D'après Ismène : "Pas belle comme nous, mais autrement" (p. 29), d'après sa nourrice "elle
n'est pas assez coquette !" (P. 17) et d'après elle-même : "je suis laide !" (P. 96), "je suis noire
et maigre" (p. 41). Antigone aurait voulu être un garçon : "Ai-je assez pleuré d'être une fille !"
(p. 29). Moral et évolution Antigone aime la vie : "Qui se levait la première, le matin, rien
que pour sentir l'air froid sur sa peau nue ?" (p. 28), "Moi aussi j'aurais bien voulu ne pas
mourir." (p. 24) et elle veut garder ses joies et ses illusions d'enfance. C'est une fille rebelle :
"Une fois je t'ai attachée à un arbre et je t'ai coupé tes cheveux, tes beaux cheveux..." (p. 22),
"la petite Antigone, la sale bête, l'entêtée, la mauvaise [...]. Elle n'avait qu'à ne pas
désobéir !" (p. 25), c'est celle qui dit non et ne veux comprendre : "Il fallait comprendre
qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant
qu'on rencontre [...]. Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre."
(p. 26). Elle déteste aussi l'habitude : "s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en
retard de cinq minutes, [...], alors je n'aime plus Hémon !" (p. 93). Quelques instants avant de
mourir, elle ne sait plus pourquoi elle meurt : "Je ne sais plus pourquoi je meurs." (p. 115),
elle est morte pour rien, si ce n'est pour offrir une réflexion sur la vie...

2- Créon (Roi de Thèbes, oncle d'Antigone) :


Physique
Le Prologue nous le présente comme étant un "homme robuste, aux cheveux blancs [...]. Il a
des rides, il est fatigué." (p. 11).
Morale et évolution Le Prologue nous présente Créon comme un homme seul : "Créon est
seul", sa femme Eurydice "ne lui est d'aucun secours" (p. 11), son page "ne peut rien non
plus pour lui" (p. 12) et à la fin de la tragédie le Chœur lui dit : "Et tu es tout seul maintenant,
Créon." (p. 121). C'est un homme courageux, il a dû assumer le métier de roi : "Mais Œdipe
et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris
leur place." (p.11), "Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes. Et Dieu sait si j'aimais autre
chose dans la vie que d'être puissant..." (p. 78). Il fait son travail du mieux qu'il peut : "des
problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au
seuil de sa journée." (p. 11). Il a de l'affection pour sa nièce Antigone mais ne la comprend
pas, il va même essayer de la sauver : "je vais tout de même perdre le temps qu'il faudra et
te sauver, petite peste." (p. 76). Après l'exécution d'Antigone qu'il a été contraint
d'entreprendre et qui a entrainé la mort de son fils et de sa femme, il continue son travail
quotidien : "Eh bien, si nous avons conseil, petit, nous allons y aller." (p. 122). Après avoir
ordonné la mort, il attend la sienne : "Créon va commencer à attendre la mort" (p. 123). Pour
lui, tout est absurde...

3- Hémon (Fils de Créon, fiancé d'Antigone) :


Physique Jeune prince vigoureux. Morale et évolution Il refuse de devenir un homme
comme son père : "Regarde-moi, c'est cela devenir un homme, voir le visage de son père en
face, un jour." (p. 105), il veut rester enfant. Il pense que son père peut tout faire : "Tu es le
maître" (p. 102), "Tu es encore puissant, toi, comme lorsque j'étais petit.", "Je suis trop seul
et le monde est trop nu si je ne peux plus t'admirer." (p. 104). Lors de la mort d'Antigone qu'il
ne supporte pas, "Hémon [...] se plonge l'épée dans le ventre et il s'étend contre Antigone"
(p. 119).

4- Ismène (Sœur d'Antigone) :


Physique Belle jeune fille charmante et coquette aux yeux d'Antigone, elle aime aller au bal :
"Cela me rassure ce matin, que tu sois belle.", "et je t'ai coupé tes cheveux, tes beaux
cheveux...", "toutes ces belles mèches lisses et bien ordonnées autour de la tête !" (p. 22),
"Ismène est rose et dorée comme un fruit." (p. 41). Morale et évolution Elle n'est pas
courageuse et a peur de mourir : "Moi, tu sais, je ne suis pas très courageuse" (p. 27), "Et
souffrir ? Il faudra souffrir, sentir que la douleur monte, qu'elle est arrivée au point où l'on ne
peut plus la supporter ; qu'il faudrait qu'elle s'arrête, mais qu'elle continue pourtant et
monte encore, comme une voix aiguë... Oh ! je ne peux pas, je ne peux pas...". Elle souhaite
raisonner sa sœur : "Essaie de comprendre au moins !" (p. 25). Pourtant à la fin de la pièce
Ismène veut accompagner sa sœur dans la mort : "Antigone, pardon ! Antigone, tu vois, je
viens, j'ai du courage. J'irai maintenant avec toi !" (p. 97), "Si vous la faites mourir, il faudra
me faire mourir avec elle !" (p. 97).

IV- Thèmes principaux :


1- La solitude :
Antigone Dès le début, le Prologue nous annonce qu'Antigone va "se dresser seule en face
du monde, seule en face de Créon" (p. 9). Antigone espérait l'aide de sa sœur pour ensevelir
son frère mais Ismène a renoncé : "Nous ne pouvons pas. [...] Il nous ferait mourir." (p. 23),
Ismène la traite de folle : "J'ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle." (p. 23). Sa nourrice ne la
comprend pas non plus : "Elle est fiancée et à quatre heures du matin elle quitte son lit pour
aller courir avec un autre." (p. 18), elle s'efforce de prendre soin de sa santé : "je suis là
comme une idiote au lieu de lui donner quelque chose de chaud." (p. 21). Créon non plus ne
peut expliquer son comportement : "Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? Pour les autres, pour
ceux qui y croient ? Pour les dresser contre moi ? [...] Ni pour les autres, ni pour ton frère ?
Pour qui alors ?" Antigone elle-même veut agir seule sans comprendre les autres : "Je ne
veux pas comprendre. C'est bon pour vous. Moi je suis là pour autre chose que pour
comprendre. Je suis là pour vous dire non et mourir.". Avant son exécution, elle dit : "Je suis
toute seule.". Créon Encore une fois, c'est le Prologue qui nous le présente : "Créon est seul.
Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.". Sa femme
Eurydice ne lui parlera pas, "elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour
vienne de se lever et de mourir." (p. 11). Pour accomplir son devoir, il ne compte que sur lui :
"Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches
et il a pris leur place.", "Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut
résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée." (p. 11).
Lorsqu'Antigone est en train de mourir, Hémon le supplie et il répond : "On est tout seul,
Hémon. Le monde est nu." (p. 105). A la fin de la tragédie, le Chœur lui dit qu'il est seul, sa
réponse est : "Tout seul, oui." et il continue sa "sale besogne" (p. 121) ...

2- Le bonheur :
Dès le début Ismène parle du bonheur à Antigone : "Ton bonheur est là devant toi et tu n'as
qu'à le prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle..." (p. 29), puis c'est au tour d'Hémon :
"C'est plein de disputes un bonheur." (p. 38). Lorsque Créon lui parle du bonheur : "Tu vas
me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de
vieillir, la vie, ce n'est pas peut-être tout de même que le bonheur.", Antigone réagit, perdu :
"Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ?
Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses
dents son petit lambeau de bonheur ?" (p.92). Elle veut rester jeune : "Vous me dégoûtez
tous avec votre bonheur ! [...] Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou
alors je refuse ! [...] Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que
quand j'étais petite". (p. 95), elle refuse la médiocrité : "Hémon ne doit plus pâlir quand je
pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, [...], alors je
n'aime plus Hémon!" (p. 93).

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