Faslh Mem BC 22 0041
Faslh Mem BC 22 0041
Faslh Mem BC 22 0041
Par
Blaise Rodrigue AMOUGOU
Licencié en Histoire des Relations Internationales
MEMBRES DU JURY
Président : Achille Elvice BELLA, Maitre de conférences, Université de Yaoundé I
Rapporteur : Antoine Japhet ANAFAK LEMOFAK, Maitre de conférences, Université de Yaoundé I
Membre : Mathieu Jérémie ABENA ETOUNDI, Maitre de conférences, Université de Yaoundé I
DEDICACE
Nous dédions ce travail à nos parents Ondoua Christophe, Atangana Martin et Mbazoa
Augustine pour qui l’école est une source d’épanouissement de l’homme.
ii
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail scientifique a été possible grâce à la présence à nos côtés d’un
certain nombre de personnes à qui nous tenons à exprimer toute notre gratitude. Ainsi, nos
sincères remerciements vont à l’endroit :
- du professeur Japhet Antoine Anafak Lemofak, notre directeur de mémoire pour avoir
accepté de guider nos premiers pas dans la recherches malgré ses nombreuses
occupations;
- des docteurs Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui et Jean-Louis Ndo Abe pour la
qualité de leurs conseils et orientations ;
- de monsieur Thierry Ekani pour ses conseils et encouragements à notre égard ;
- des messieurs Luc Marie Manga Manga (militant du RDPC), Peter Kuma Kombain
(cadre de l’UNDP), Arnaud Manga Kede (cadre du MRC), Roger Justin Noah (cadre
du MRC), Aloïs Parfait Mbvoum (cadre du SDF) pour toutes les informations à nous
fournies lors des entretiens ;
- de nos parents Christophe Ondoua, Martin Atangana et Augustine Mbazoa qui nous
ont toujours encouragé et accompagné financièrement dans le cadre de nos études,
malgré leurs moyens limités ;
- du pasteur Divine Nji pour son soutien moral et spirituel;
- de tout autre personne de prêt comme de loin ayant apporté sa contribution pour la
rédaction de ce mémoire.
iii
SOMMAIRE
DEDICACE ................................................................................................................................. i
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii
RÉSUMÉ.................................................................................................................................... v
ABSTRACT .............................................................................................................................. vi
INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 1
RÉSUMÉ
Le présent travail porte sur une problématique qui consiste à savoir comment est-ce que le
processus de démocratie a impacté sur les Etats africains et de manière plus spécifique sur le
Cameroun (le département du Mfoundi). C’est la raison pour laquelle, nous nous sommes
intéressé aux élections municipales comme mode de dévolution du pouvoir. Pour le
comprendre nous avons choisi une période de 24 ans grâce à laquelle nous avons pu observer
les stratégies utilisées par les acteurs politiques en vue de mettre en place un processus
politique qui leur soit favorable. C’est pourquoi en quatre (04) chapitres nous avons dénoté
des intérêts à la fois heuristique et pratique, qui nous ont permis de concevoir une
interrogation centrale au problème d’analyse. De là, il en ressort : comment s’est structurée la
gestion électorale municipale au Cameroun et dans le département du Mfoundi ? C’est
pourquoi, la présente analyse, fondée sur une diversité de sources, s’appuyant sur
l’interdisciplinarité, a permis de montrer les priorités électorales des populations dans ledit
département. Il est question pour nous de dire que les élections qui se déroulent à un triple
niveau concernent avant tout les populations au niveau local. C’est pour ce faire que la
confrontation des données a permis de formuler une démarche centrée sur la mise en place des
processus d’analyse permettant la structuration adaptative qui, à deux niveaux interprète le
phénomène des sources et la formulation d’une démarche centrée sur les élections comme
moyen de résolution des problèmes de développement. C’est pourquoi, les axes réflexifs,
nous ont poussé à questionner le pourquoi ; le comment ; et les conséquences des élections
municipales dans le département du Mfoundi, afin d’en tirer des enseignements qui
permettent à l’historien de mettre en place une approche historisante.
vi
ABSTRACT
This work is about a problematic that consists in knowing how the democratic process has
influenced Africans states and more specifically Cameroon (The Mfoundi’s department). That
is the reason why we took interest in the municipal elections as a mode of devolution for the
governing power. To get a proper insight about it, we chose a period of 24 years through
which we studied the strategies utilized by politicians to set a political process, which is in
their favor. That is why within four chapters we have isolated some interests, which were both
heuristic and practical, and made it possible for us to design a central interrogation to the
analysis problem. Thereupon, follows the way the municipal electoral management had been
structured in Cameroon and in the Mfoundi department. That is why, the current analysis
based on a variety of sources, and relying on interdisciplinarity made it possible to show the
electoral priorities of the populations of the Mfoundi’s department. Here we have to mention
that the elections, which is threefold in its execution concerns above all the populations at a
local level. That is why the analysis of the data made it possible to design an approach
centered on the establishment of analytic processes, which enables the adaptive structuring,
that interprets at two levels the phenomenon of the sources, and the formulation of an
approach centered on the elections as a means to solve development issues. Hence, the
reflective axes led us to question the “why”, the “how”, and the consequences of the
municipal elections in the Mfoundi department to derive lessons, which enable historians to
put in place a historical approach.
vii
AE : Archives d’ELECAM
AM : Archives du MINAT/MINATD
CE : Conseil Electoral
DC : Démocrates Camerounais
GC : Grand Cameroun
OK : One Kamerun
TV : Télévision
UC : Union Camerounaise
A) Cartes
Département du Mfoundi………………………………………………………...................11
B) Photos
C) Tableaux
Tableau 5 : Listes de candidats rejetés dans le Mfoundi pour l’élection des conseillers
Tableau 6 : Récapitulatif des résultats des élections municipales de 1996 (Mfoundi) ..... 96
Tableau 14 : Montants des recettes en fonction des exercices budgétaires à la CAY V .122
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
2
Avant son accession aux indépendances1, le Cameroun a connu une double colonisation :
il s’agit d’une part, la colonisation allemande et la colonisation franco-britannique d’autre
part.
Le 12 juillet 1884, il est signé entre les chefs Douala et les commerçants allemands, un
traité qu’on a appelé le ‘‘traité germano-douala’’2. La signature de ce document signifiait
l’établissement d’un protectorat allemand sur le territoire ‘‘Cameroun’’ qui se limitait alors à
la côte. Par la suite, sur la base du principe de l’hinterland, les Allemands se lancèrent dans la
conquête des territoires de l’intérieur. Mais celle-ci ne se fit pas sans heurt ; elle suscita de
nombreuses révoltes et résistances qui se soldèrent par des échecs. Les Allemands toujours
vainqueurs à chaque fois, réunirent tous ces territoires sous un seul ensemble à savoir, le
‘‘Kamerun’’.
En 1916, alors que le monde est en pleine Première Guerre Mondiale, les Français et les
Anglais chassèrent les Allemands du Kamerun et se partagèrent le territoire, à savoir : la
partie occidentale pour la Grande Bretagne et la partie orientale pour la France3. Ce sont ces
deux qui conduisirent le Cameroun aux indépendances : 1960 pour la partie orientale et 1961
pour la partie occidentale. Le 1er octobre 1961, jour de l’accession à l’indépendance de la
partie britannique, il y eut réunification des deux parties du Cameroun.
Au Cameroun français, entre 1947 et 1960, de nombreux partis politiques ont vu le jour.
En effet, l’ensemble des formations politiques créées en cette période se regroupaient en
radicaux d’un côté et en modérés de l’autre.
La branche radicale est incarnée par l’Union des Populations du Cameroun (UPC), créée
en avril 1948. En effet, cette formation politique est mise sur pied par un groupe de douze
jeunes syndicalistes camerounais dans un café-bar dit ‘‘chez Sierra’’ à Bassa dans la ville de
Douala. Parmi eux, on peut citer quelques noms à l’exemple de Charles Assale, Léonard
1
Nous parlons de l’accession aux indépendances parce que le Cameroun français et le Cameroun anglais
accèdent à l’indépendance en des dates différentes à savoir : 1960 pour la partie française et 1961 pour la partie
anglaise.
2
D., Abwa, Cameroun : histoire d’un nationalisme (1884-1961), Yaoundé, Clé, 2010, pp.51-52.
3
Ibid., p.131.
3
A côté des partis dit radicaux, nous avons les modérés ou ‘‘collaborationnistes’’5. Ceux-ci
avaient été mis sur pied avec la contribution de l’administration coloniale française, avec pour
idée première de contrecarrer l’UPC. Parmi ceux-ci nous pouvons citer l’ESOCAM
(Evolution Sociale Camerounaise) créée en 1949 par Pierre Dimala ; le BDC (Bloc
Démocratique Camerounais) créé en 1951 par un Français d’origine antillaise Louis-Paul
Aujoulat ; l’USC (Union Sociale Camerounaise) créée en 1954 par Charles René Guy Okala ;
les Démocrates Camerounais (DC) créé en 1956 par André- Marie Mbida à la suite de son
départ du BDC ; le Mouvement d’Action Nationale Camerounaise (MANC) créé en 1956 par
Paul Soppo Priso et Charles Assale ; l’Union Camerounaise (UC) créée en 1957 par
Ahmadou Ahidjo, un ancien membre du BDC. En dehors de ceux-ci, bien d’autres partis
politiques avaient étés formés. C’est le cas6 de la Coordination des Indépendants du
Cameroun (INDECAM) à Edéa chez les Bassa ; de la Renaissance Camerounaise
(RENAICAM) chez les Ewondo ; de la Médiation Franco-Camerounaise
(MEDIAFRANCAM) ; du Rassemblement du Peuple Camerounais (RAPECA) ; de l’Union
d’Action France-Cameroun (UAFC) dans la région de Ngaoundéré ; du Front National
Camerounais dans l’Adamawa ; des Modérés Progressistes du Ntem à Ebolowa chez les
Bulu ; de la Ligue Progressiste de défense des intérêts des populations du Nord-Cameroun ; et
autres.
Dans la partie britannique du Cameroun, nous avons eu, durant la période coloniale,
plusieurs formations politiques. C’est le cas précisément du Kamerun National Congress
(KNC), premier parti politique indigène du sud Cameroun bitannique créé en 1953 par la
fusion du Cameroons National Federation (CNF) d’Emmanuel Endeley et du Kamerun United
National Congress (KUNC) de Robert Dibongue ; du Kamerun People’s Party (KPP) créé en
1953 par Nerius Mbile, Paul Kale et autres ; du Kamerun National Democratic Party (KNDP)
4
V., J., Ngoh, Cameroun 1884-1985 : cent ans d’histoire, Yaoundé, Ceper, 1990, p.124.
5
Abwa, Cameroun : histoire d’un nationalisme, p.213.
6
Eyinga, L’UPC : une révolution manquée ?, p.58.
4
créé en 1955 par John Ngu Foncha et Augustine Ngom Jua ; du One Kamerun (OK) créé en
1958 par Ndeh Ntumazah ; du Northern Kamerun Democratic Party (NKDP) créé en 1959 ;
du Kamerun United Party (KUP) créé en 1959 par Paul Kale ; du Cameroon Commoner’s
Congress (CCC) créé en 1959 par le chef Nyenti ; du Cameroon People’s National
Convention (CPNC) créé en 1960 à la suite de la fusion entre le KNC et KPP; du Northern
People’s Congres s(NPC) ; du Northern Elements Progressive Union (NEPU) ; et autres.
La question électorale quant à elle n’est pas en reste, car durant cette période de
colonisation franco-britannique, nombre d’élections ont été organisées sur le sol camerounais.
Au Cameroun français, plusieurs élections eurent lieu. Parmi celles-ci, nous pouvons citer
les élections d’octobre 19457 et juin 19518 (pour des représentants à l’Assemblée Nationale
française), celles de 1946 (pour l’ARCAM), celles de 1952 (pour l’ATCAM) et celles de
décembre 1956 (pour l’ALCAM).
En effet, entre 1961 et 1966, comme durant la période coloniale, la scène politique
camerounaise est caractérisée par un émiettement. En fait, il y existait plusieurs partis
politiques et la plupart d’entre eux ont existé avant les indépendances. Au Cameroun Oriental,
nous pouvons citer l’Union Camerounaise (UC) d’Ahmadou Ahidjo ; le Mouvement d’Action
Nationale Camerounaise (MANC) de Charles Assale ; l’Union des Populations du Cameroun
(UPC)9 et autres. Dans l’Etat fédéré du Cameroun Occidental, on avait des partis politiques
7
Ngoh, Cameroun 1884-1985…, p.116.
8
Abwa, Cameroun…, p.218.
9
Le 25 février 1960, l’UPC est légalisée à nouveau par un décret du premier ministre Ahmadou Ahidjo.
5
tels que : le Kamerun National Democratic Party (KNDP) de Foncha ; le Cameroon People’s
National Convention (CPNC) ; le One Kamerun (OK) de Ndeh Ntumazah et autres.
En 1966, on assiste à la formation d’un parti unique. Déjà dès septembre 1960, Ahmadou
Ahidjo, lors du congrès de l’Union Camerounaise à Maroua, propose la création d’un ‘‘grand
parti national’’. En 1962, ce projet connut un changement, car il proposa plutôt la mise sur
pied d’un ‘‘grand parti unifié’’. Malgré les réticences de l’opposition, cette proposition finit
par être acceptée aussi bien des leaders politiques du Cameroun Occidental que ceux du
Cameroun Oriental. On assiste ainsi, à la création en septembre 1966, d’un parti politique
unique, l’Union Nationale Camerounaise (UNC) avec Ahmadou Ahidjo comme président. Le
Cameroun entre à partir de cette date sous un régime de parti unique, caractérisé par la
dictature. Cette situation de monolithisme politique perdura jusqu’en 1990. Ainsi, la période
allant de 1960 à 1990 s’est caractérisée par deux ères nettement différentes à savoir : l’ère du
multipartisme et l’ère du monolithisme.
Cette période a également été marquée par l’organisation de plusieurs élections. Il s’agit
notamment des élections présidentielles (1960 ; 1965 ; 1970 ; 1975 ; 1980 ; 1984 ; 1988),
législatives (1960; 1965 ; 1970 ; 1973 ; 1978 ; 1983 ; 1988), municipales (1972 ; 1977 ; 1987)
et de deux référendums (1961 ; 1972)10.
10
S., M., Fouda, « Cycles politico-monétaires et indépendance de la banque centrale dans une union monétaire :
une vérification empirique » In Revue d’économie du développement, 4e année N° 4, 1996. Zone franc et
dévaluation des francs CFA. Politique de change- II. p.125.
6
Le discours de la Baule a aussi joué un grand rôle pour la démocratisation des pays
africains en l’occurrence, le Cameroun. En effet, lors de la XVIème conférence au sommet
des chefs d’Etat de France et d’Afrique de la Baule, le 20 juin 1990, l’ancien chef d’Etat
français, François Mitterrand, demande aux chefs d’Etats africains d’instaurer la démocratie
comme système de gouvernement s’ils veulent continuer à bénéficier de l’aide de la France.12
Comme on peut le constater, les pays africains sont sommés de tourner le dos au
monolithisme politique pour migrer vers une politique multipartite, pour prétendre bénéficier
de l’aide de la France.13 Voulant continuer à bénéficier de cette aide, ces pays acceptèrent la
condition. C’est ainsi qu’on assista en Afrique à une vague de démocratisation sans précédent.
11
C’est ce qu’il a appelé Pérestroïka.
12
I., Konate, le discours de la Baule 20 juin 1990 : une nouvelle thérapie pour l’Afrique, Paris, L’Harmattan,
2015, p.5.
13
Ibid., p.10.
7
Comme son nom l’indique, ces assises regroupaient trois grands groupes à savoir : le
gouvernement, l’opposition et la société civile. Elles se sont tenues du 30 octobre au 18
novembre 1991 et étaient co-présidées par trois personnalités dont, Sadou Hayatou (Premier
Ministre) représentant le gouvernement, Louis-Tobie Mbida (leader du PDC) qui représentait
l’opposition et Nicole Claire Ndoko, représentante de la société civile17.
Durant cette concertation, il devait être élaboré un avant-projet de code électoral et défini
les modalités d’accès des partis politiques aux médias audio-visuels du service public, car des
élections législatives allaient être organisées d’ici peu.
14
Convention Libérale, Conférence nationale souveraine, Douala, Saint-François, 1991. p.14.
15
Il était conscient du fait que la conférence nationale souveraine avait dissout des gouvernements dans certains
pays africains.
16
Abdoulkarimou, La pratique des élections aux Cameroun1992-2007 : regards sur un système électoral en
mutation, Yaoundé, Clé, 2010, pp.29-30.
17
Ibid., p.30.
8
passé en revue la question de la structure chargée des opérations électorales, celle du mode de
scrutin et celle de l’accès des partis politiques aux médias audiovisuels du service public.
Durant les discussions sur la structure chargée d’organiser les élections, l’opposition
proposa la mise sur pied d’une commission indépendante, cependant que le gouvernement lui,
militait pour le statu quo ante. Au final, ils optèrent pour l’institution des commissions
mixtes électorales. Lesdites commissions allaient se composer de l’Administration, des partis
politiques et des personnalités indépendantes. Mais l’Administration restait chargée de
l’organisation matérielle des élections.
Pour ce qui est de l’accès des partis politiques aux médias audiovisuels de service public,
un avant-projet de décret fut examiné18.
Comme nous l’avons dit plus haut, le rideau est définitivement roulé sur la conférence
tripartite de Yaoundé le 18 novembre 1991. Par la suite, plusieurs textes législatifs et
règlementaires voyaient le jour. Ceux-ci devaient servir de base pour l’organisation des
élections au Cameroun. Entre autres nous pouvons citer : la loi n° 91/20 du 16 décembre 1991
fixant les conditions d’élection des députés à l’Assemblée Nationale ; le décret n° 92/013 du
15 janvier 199220 ; le décret n° 92/030 du 13 février 1992 fixant les modalités d’accès des
partis politiques aux médias audiovisuels du service public ; la loi n° 92/002 du 14 aout 1992
fixant les conditions d’élection des conseillers municipaux.
A partir de cette période, plusieurs élections ont été organisées dans le pays. Il s’agit
notamment des élections législatives, présidentielles et municipales. Ainsi, notre travail
repose sur les élections municipales. De façon précise, notre thème de recherche est le
suivant : ‘‘Les élections municipales dans le département du Mfoundi entre 1996 et 2020.’’
18
Ce décret a été pris le 13 février 1992 ; et il s’agit de celui N° 92/030.
19
S., Nkainfon Pefura, le Cameroun du multipartisme au multipartisme, Paris, L’Harmattan, 1996, p.208. Cité
par Abdoulkarimou.
20
Par ce décret, le Président de la République procédait à la répartition des sièges à l’Assemblée Nationale.
9
Le mot ‘‘raison’’ peut avoir plusieurs sens dépendant de comment il est employé. Dans ce
contexte ci, il signifie motif. Parler des raisons du choix d’un sujet, il s’agit d’exposer les
mobiles, les motivations ; bref ce qui aura été à la base de son choix. Ainsi, plusieurs
explications peuvent être données pour comprendre ce qui nous a poussé à faire le choix de
notre thème de recherche. Ces motifs peuvent être regroupés en deux catégories à savoir,
d’une part, les raisons d’ordre personnel et les raisons d’ordre scientifique d’autre part.
Sur le plan scientifique, nous avons fait un constat qui nous a amené à faire le choix de
notre sujet. En effet, nous avons constaté que, de façon générale, les historiens camerounais
ne se sont pas trop penchés sur la question des élections dans leurs travaux. Par ailleurs, nous
avons observé une carence en matière d’historiographie électorale au sein du département
d’Histoire de l’Université de Yaoundé1. Cette insuffisance historiographique, nous a donc
motivé à nous engager sur le ‘‘vaste chantier’’ des élections. En réalité, il est question pour
nous de contribuer à l’historiographie électorale au Cameroun.
L’INTERET DU SUJET
Le mot ‘‘intérêt’’ fait référence au profit, au gain. Cela revient à dire qu’il est question
pour nous de passer en revue l’ensemble des profits, de gains que nous souhaitons en tirer.
Ainsi, nous situons l’intérêt ici sur plusieurs plans à savoir : académique, scientifique et
social.
Sur le plan académique, nous voulons aller au niveau supérieur. En effet, étant donné
qu’en Master, on doit produire un mémoire pour pouvoir avancer académiquement, nous
avons produit ce travail afin d’avoir la chance d’accéder en cycle de doctorat.
10
Sur le plan social, nous notons avant toute chose que, les élections sont une affaire qui
concerne tout le monde dans un pays, à condition d’en remplir les critères. Il est donc normal
pour tout un chacun de comprendre de quoi il est question. Les élections que nous étudions
sont celles qui concernent les populations à la base. C’est la raison pour laquelle il est crucial
et même de la plus haute importance pour lesdites populations d’en saisir les enjeux, Car elles
doivent savoir que lors de l’élection, elles sont en train de jouer leur destin.
LE CADRE SPACIO-TEMPOREL
a) Cadre spatial
Le cadre spatial renvoie ici à l’espace ou plutôt au territoire dans lequel se limite notre
étude. Ainsi, l’aire géographique sur laquelle s’étend notre étude est le département du
Mfoundi représenté dans la carte qui suit.
Le cadre temporel fait référence aux bornes chronologiques. Ainsi, les bornes temporelles
de notre étude sont : 1996 et 2020.
Le mot ‘‘élection’’ vient du latin electio qui signifie choix. Par opposition à la
nomination, cette notion désigne selon le Vocabulaire juridique24, l’ ‘‘opération par laquelle
plusieurs individus ou groupes, formant un collège électoral, investissent une personne d’un
22
Le département de la Mefou est né suite à un éclatement en 1964 du Nyong et Sanaga. Cet éclatement avait
créé 05 département à savoir : la Haute-Sanaga, la Lékié, la Mefou, le Nyong et Mfoumou et le Nyong et So’o.
23
C’est le dernier-né des arrondissements de la ville de Yaoundé, car il est créé en septembre 2007.
24
G., Cornu, Vocabulaire juridique, dernière édition mise à jour, Paris, Quadrige, 2011, p.388.
12
mandat ou d’une fonction par un vote’’. Pour le Lexique des termes juridiques, 25
c’est le
‘‘choix par les citoyens de certains d’entre eux pour la conduite des affaires publiques.’’
Selon le dictionnaire de la science politique, l’élection est ‘‘un mode de désignation des
titulaires des rôles politiques octroyant aux membres de la collectivité concernée le droit de
choisir leurs représentants parmi divers candidats qui sollicitent leur suffrage.’’26
Le ‘‘département’’ quant à lui est selon le Lexique des termes juridiques29, une ‘‘fraction
du territoire constituant à la fois une circonscription administrative pour les services de l’Etat
et une collectivité territoriale se situant entre la région et la commune.’’
LA REVUE DE LA LITTERATURE
Lors de nos investigations, nous avons trouvé plusieurs ouvrages et articles scientifiques
qui portent plus ou moins sur notre thématique.
- Le contentieux électoral30 Dans cet ouvrage, Francis Delpérée nous entraine à travers
tout le contour du concept de contentieux électoral. Il nous amène à connaitre et à comprendre
les différents contentieux électoraux.
Quoique l’auteur ne dise rien sur le département du Mfoundi, nous allons nous baser sur
cet ouvrage pour étudier les différents contentieux qu’il y a eu au cours du processus électoral
municipal dans le Mfoundi entre 1996 et 2020.
25
S., Guinchard, T., Debard (dirs), Lexique des termes juridiques, 25ème édition, Dalloz, 2017-2018, p.860.
26
G., Hermet et als, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, 7e édition revue et
augmentée, Paris, Armand Colin, 2010, p.101.
27
Cornu, Vocabulaire juridique, p.668.
28
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun, p.162.
29
Guinchard, Debard (dir), Lexique des termes juridiques, p.723.
30
F., Delpérée, Le contentieux électoral, Paris, Puf, 1998.
13
Si l’électeur camerounais est influencé par des conditions primaires en ce qui concerne les
élections en général, il l’est moins en ce qui concerne les municipales. Nous justifions cela
par le fait que, en ce qui concerne les élections municipales, l’électeur est appelé à voter une
liste (et non un individu) et dans celle-ci se trouve presque toute la composante sociologique
de la collectivité. Ainsi dans le cadre de ce travail, nous n’aborderons pas des questions
identitaires.
-‘‘Les dons dans le jeu électoral au Cameroun’’ d’Antoine Socpa 32. L’anthropologue
camerounais, en observant la campagne électorale pour les élections municipales de janvier
1996, a porté son attention sur le fait que les responsables du parti au pouvoir offraient des
dons à ceux qui venaient assister à leurs meetings. Selon lui, les cadeaux étaient offerts dans
le but immédiat de convaincre l’électorat de voter en leur faveur ; ce qui se faisait au mépris
de la loi. Pour cet auteur, le phénomène du ‘‘don électoral peut se comprendre aisément à
partir du politics na njangui’’33. Nous sommes donc là dans du donnant-donnant. Ceci
concerne aussi bien les candidats que les électeurs. Les candidats, pour amener les électeurs à
voter pour eux, leur font des dons, des libéralités et toutes sortes de promesses. Les électeurs
de leur côté, conditionnent leur vote par des faveurs, des dons, des libéralités et autres
avantages qu’ils demandent aux candidats.
Le donnant-donnant comme le reconnait l’auteur lui-même, est une irrégularité. Cet article
nous donne de comprendre que les élections que nous étudions ont connu des irrégularités.
Ainsi, dans le cadre de notre travail nous réservons une partie dans laquelle nous en parlerons
plus amplement.
31
H.-L., Menthong, ‘‘Vote et communautarisme au Cameroun : « un vote de cœur, de sang et de raison »’’,
Politique africaine, n°69, 1998, pp.40-52.
32
A., Socpa, ‘‘Les dons dans le jeu électoral au Cameroun’’, Cahier d’études africaines, Eds. Ehess, 2000.
33
C’est-à-dire que ‘‘la politique c’est la tontine’’.
14
Dans le cadre de notre travail, nous allons également aborder cette question de critère de
choix des élus locaux dans le Mfoundi. Il s’agira de voir s’ils sont investis par les partis
politiques ou alors ils sont le fruit de la volonté du peuple.
-La pratique des élections au Cameroun 1992-2007. Regards sur un système électoral en
mutation d’Abdoulkarimou36. Dans cet ouvrage, l’administrateur civil se penche sur le
système électoral au Cameroun entre 1992 et 2007. Il démontre que durant cette période ‘‘le
processus électoral s’est sensiblement amélioré’’. Cela a été possible grâce aux
réaménagements juridiques et institutionnels, des séminaires de sensibilisation et le ‘‘dialogue
citoyen’’ initié en 2004 et la rupture d’avec l’époque d’avant 1990.
Ce document nous est utile dans le sens qu’il nous permet de connaitre la législation
électorale municipale utile dans le cadre de notre sujet. Mais nous iront plus loin en étudiant
lesdites élections dans le Mfoundi entre 1996 et 2020.
34
A., K., Métodjo, Devenir maire en Afrique : décentralisation et notabilités locales au Bénin, Paris,
L’Harmattan, 2008.
35
Ibid. p.91.
36
Qbdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun : 1992-2007. Regards sur un système électoral en
mutation, Yaoundé, Clé, 2010.
37
J., P., Kuate, Les élections locales au Cameroun : l’élection des conseillers municipaux et du maire, Douala,
Les presse de Macados, 2002.
15
Dans le cadre de notre travail, il ne s’agira pas de questionner les rapports qu’entretient
ELECAM et les commissions électorales, mais plutôt de montrer leur rôle dans la mécanique
électorale municipale dans le Mfoundi entre 1996 et 2020.
-Le guide de l’observateur des élections38 d’Hilaire T., Kamga. Dans cet ouvrage, l’auteur
expose les finalités de l’observation, les comportements et responsabilités de l’observateur,
les principes de l’observation des élections et les techniques de l’observation du processus
électoral. Le but ici est de faire prendre conscience à l’observateur potentiel des élections,
l’importance et l’étendu de sa mission, et la portée du rapport qu’il aura à présenter en fin de
mission.
Ce document nous apporte des informations utiles en ce qui concerne les catégories
d’observateurs et leur différents rôles ; informations utiles pour notre travail.
Cet article nous amène à comprendre que les populations ont des attentes vis-à-vis des
partis politiques, et donc, des élus. Ainsi, dans notre travail nous iront dans la pratique, en
abordant la question du bilan des élus locaux dans le Mfoundi de 1996 à 2020 ; et proposer
ainsi quelques solutions pour améliorer leur action.
38
H., T., Kamga, Le guide de l’observateur des élections, Ed. Consaf, 2003.
39
E., Sourna Loumtouang, ‘‘Environnement social et partis politiques au Cameroun’’ in Alawadi Zelao (dir), La
démocratie au Cameroun : scènes, arènes, règles et acteurs, Paris, l’Harmattan, 2016.
16
-‘‘Les organes en charge des élections au Cameroun’’40 de Serge François Sobze. Ici,
l’auteur présente les acteurs du processus électoral au Cameroun tout en élucidant le rôle de
tout un chacun.
Cet article nous permet de connaitre les différents acteurs qui interviennent dans le
processus électoral au Cameroun. Il nous sera très utile lorsque nous parlerons des acteurs du
processus électoral municipal dans le Mfoundi entre 1996 et 2020.
PROBLEMATIQUE
Notre thématique porte sur les élections municipales dans le Mfoundi entre 1996 et 2020.
Il s’agit de montrer comment s’est structurée la mécanique électorale municipale dans le
département du Mfoundi entre 1996 et 2020. Cette interrogation nous suggère un certain
nombre de questions subsidiaires. La première est celle de recenser les acteurs du processus
électoral municipal dans le Mfoundi entre 1996 et 2020. La seconde est d’analyser le
processus préélectoral et électoral. La troisième est d’enquêter sur les actes postélectoraux
dans le Mfoundi dans cette fourchette chronologique. La quatrième question quant à elle, est
de ressortir les irrégularités et le bilan des mandatures municipales issues de ces élections.
a) La méthodologie
La méthodologie ici concerne globalement deux points à savoir d’une part, le choix de la
collecte des données et d’autre part le choix de la ou des méthodes d’analyse.
Pour collecter les données par rapport à notre sujet et être entièrement satisfait, nous
avons eu recours à trois types de sources à savoir écrites, iconographiques et orales.
40
S., F., Sobze, ‘‘Les organes en charge des élections au Cameroun’’ in Alawadi Zelao (dir), La démocratie au
Cameroun : scènes, arènes, règles et acteurs, Paris, L’Harmattan, 2016.
41
M., Banock, Le processus de démocratisation en Afrique : le cas camerounais, Paris, L’Harmattan, 1992.
17
S’agissant des sources écrites, nous avons fait usage de documents écrits. Ces documents
écrits regroupent globalement les ouvrages, les articles publiés dans des revues scientifiques,
les rapports, les textes juridiques, entre autres. Ils ont été consultés dans des bibliothèques (la
bibliothèque Paul Ango Ela, celle de l’Université de Soa et celle d’ELECAM), les archives
des services de secrétaires de communes d’arrondissement (secrétaires communes
d’arrondissements de Yaoundé II et V), les archives du MINAT et les archives personnelles
(archives personnelles de monsieur Manga Manga Luc Marie, ancien conseiller municipal de
la commune d’arrondissement de Yaoundé IV).
Pour ce qui est des sources iconographiques, nous nous sommes servi d’un certain nombre
de documents, notamment les photos de certains édifices, les effigies de certains partis
politiques et autres.
Quant à ce qui concerne les sources orales, nous avons recueilli des informations auprès
des personnes ressources durant notre collecte sur le terrain. A ce niveau, nous avons procédé
à des interviews ou entretiens, qui renvoient à ‘‘un procédé d’investigation scientifique
utilisant un procédé de communication verbale pour recueillir des informations en relation
avec le but fixé.’’42
Pour analyser les informations recueillies sur le terrain, nous avons utilisé deux méthodes
d’analyse à savoir : la méthode qualitative et la méthode quantitative.
La méthode qualitative est une méthode d’analyse qui se concentre sur des interprétations,
des expériences et leurs explications. C’est une méthode qui s’appuie sur une collecte des
données obtenue sur la base de deux (02) techniques principales à savoir l’observation et
l’entretien.43Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous avons fait usage de l’observation, qui nous
a permis de voir et même de constater ce qui est fait sur le terrain par les élus locaux. Les
entretiens quant à eux, menés à l’aide de questionnaires, nous a permis de glaner des
informations utiles auprès d’acteurs du jeu électoral.
Le traitement des données quantitatives est une méthode d’analyse qui sert à prouver des
faits en quantifiant un phénomène. Les résultats d’une telle étude sont exprimées en données
42
Grawitzt cité par Ndjobo Armand Tsanga dans sa thèse de doctorat en science politique intitulée ‘‘Les
institutions électorales dans le pluralisme politique au Cameroun (1992-2011) : une analyse juridique et
politique’’, p.31.
43
Nous avons fait usage presqu’uniquement des entretiens.
18
b) Approche théorique
La théorie peut se définir de différentes manières. Elle est une connaissance ou plutôt un
ensemble de ‘‘connaissances ayant été testées et approuvées dans un domaine donné par un
ensemble de chercheurs’’44. C’est aussi ‘‘une tentative d’explication d’une réalité sociale sur
la base des méthodes scientifiques’’.45 Par ailleurs, la théorie fait référence à‘‘ un système
d’idées qui fonde la pertinence d’observations concrètes, qui leur donne de la cohérence et
qui rend leur explication adéquate à la réalité’’.46 Dans le cadre de ce travail, nous nous
intéressons à la théorie fonctionnaliste.
Dans le cadre de ce travail, cette théorie nous aide à montrer que les élections municipales
ont un rôle important dans la société, car elles permettent aux populations de faire le choix de
leur élus locaux ; et que ces élus ont eux-mêmes des rôles ou des fonctions à assumer
conformément à la loi.
DIFFICULTES RENCONTREES
Durant nos investigations sur le terrain, nous avons été confronté à deux (02) catégories
de difficultés.
44
Support de cours de théorie politique de A., C., Binam Bikoi à l’attention des étudiants de MASTER 1 en
science Politique pour l’année académique 2015-2016, p.3.
45
Ibid.
46
Y., Schemeil, Introduction à la science politique : objet, méthodes, résultats, 2ème édition revue et augmentée,
Paris, Presses de sciences po/ Dalloz, 2012, p.178.
19
nous a fait accuser du retard par rapport aux délais que nous nous étions assigné par rapport à
la fin des travaux.
L’autre problème auquel nous avons été confronté, est celui de l’insuffisance ou de
l’absence d’archives. Dans certaines institutions communales, nous n’avons pas pu entrer en
possession de certaines informations à cause de l’absence de certaines archives qui auraient
pu améliorer la qualité de notre travail. A certains endroits nous n’avons rien trouvé.
Cette situation n’est pas à négliger du tout. Elle démontre à suffisance que la
compréhension de l’importance des archives n’est pas encore à l’ordre du jour dans nos
institutions. Il serait peut-être judicieux de procéder à des sensibilisations et même à des
formations dans le principal but d’inculquer la sacralité de l’archive à tous ceux qui travaillent
dans des institutions publiques ou privées.
Il faut également ajouter que parfois nous n’avons pu entrer en possession de certains
documents pas parce qu’ils n’existaient pas, mais tout juste à cause du refus.
PLAN DU MEMOIRE
Les documents consultés et les informations recueillies sur le terrain, nous ont permis
d’articuler notre travail en quatre (04) chapitres.
Le premier chapitre traite des acteurs du processus électoral municipal dans le Mfoundi
entre 1996 et 2020, en présentant le rôle de chacun. Ceux-ci se répartissent en organes
institutionnels et les ‘‘autres intervenants’’.
Le deuxième chapitre quant à lui, présente l’évolution des opérations préparatoires qui se
limitent selon le code électoral aux activités d’inscription sur les listes électorales et la
confection et la distribution des cartes d’électeurs. Ces opérations sont analysées en deux (02)
à savoir celle allant de 1996 à 2012 et celle allant de 2012 à 2020.
Le troisième chapitre pour sa part, traite de la préparation des élections proprement dites
jusqu’à l’épuisement des contentieux d’après élections. Ainsi, sa permière partie tourne
autour de la préparation matérielle et humaine des élections jusqu’aux campagnes électorales,
tandisque la deuxième va du déroulement des scrutins à la liquidation des contentieux post-
électoraux.
20
Pour ce qui est du quatrième chapitre, il traite d’une part des irrégularités préélectorales,
électorales et post-électorales, et d’autre part, du bilan des pouvoir locaux dans le Mfoundi
dans la fourchette chronologique de notre travail.
21
Les acteurs ou organes d’un processus électoral peuvent simplement être définis comme
des‘‘ institutions reconnues par les Etats ou la communauté internationale et qui ont la lourde
responsabilité d’organiser ou de superviser les opérations électorales à l’effet de garantir une
élection libre et démocratique et de perpétrer la culture de l’acceptation des résultats, gage de
stabilité politique.’’47 Entre 1996 et 2020, on a distingué globalement deux (02) catégories
d’acteurs ayant intervenu dans le processus électoral dans le Mfoundi : il s’agit des organes
institutionnels et des ‘‘autres intervenants’’.48
Les organes institutionnels font référence ici aux organes ‘‘reconnus par la loi qui leur
assigne des rôles précis.’’49 De leur nombre, nous pouvons citer : les partis politiques, les
administrations de l’Etat, les commissions électorales mixtes, l’Observatoire National des
Elections (ONEL) et le dernier venu, Elections Cameroon (ELECAM).
Les partis politiques constituent l’un des acteurs importants et même très importants du
jeu politique. Ils peuvent être définis sur la base de critères d’ordre organisationnel,
idéologique et associatif.
47
S., F., Sobze, ‘‘Les organes en charge des élections au Cameroun’’ in Alawadi Zelao, La démocratie au
Cameroun : scènes, arènes et règles et acteurs, Paris, L’Harmattan, 2016, p.159.
48
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun : 1992-2007. Regards sur un système électoral en
mutation, Yaoundé, Clé, 2010, p.51.
49
Ibid. p.51.
50
La Palombara et Weiner cité par J., Kambale Bira’ Mbovote, Justice électorale : fondements axiologiques et
normatifs, Paris, L’Harmattan, 2016, p.104.
23
posséder un système complet et permanent de relations avec les unités locales ; le troisième
critère permet de différencier les partis politiques des groupes de pression. Les partis
politiques recherchent le pouvoir, tandis que les groupes de pression cherchent à agir sur le
pouvoir, à l’influencer, tout en le restant extérieur ; le dernier critère pour sa part, permet
d’opposer les partis aux clubs. Les clubs ne participent pas aux élections et encore moins à la
vie parlementaire. Ils font pression sur les partis politiques, le gouvernement ou sur l’opinion.
Comme exemples de clubs, nous pouvons citer : le CERAC ; le LIONS CLUB ; etc.
Dans la même veine, Phillipe Braud voit dans les partis politiques ‘‘des organisations
relativement stables, qui mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l’exercice
du pouvoir politique au niveau central et/ou local.’’51
Du point de vue idéologique, Georges Burdeau pense que le parti politique est en réalité
tout groupement d’individus qui professent les mêmes idées politiques et qui s’efforcent à les
faire valoir en y ralliant le plus grand nombre possible de citoyens et en cherchant à conquérir
le pouvoir ou, du moins, à l’influencer.
Insistant sur le caractère associatif, le sociologue Max Weber définit les partis politiques
comme étant des ‘‘sociations (sic) reposant sur un engagement (formellement) libre ayant
pour but de procurer à leurs chefs le pouvoir au sein d’un groupement et à leurs militants
actifs des chances – idéales ou matérielles – de poursuivre des buts objectifs, d’obtenir des
avantages personnels, ou de réaliser les deux ensemble.’’52
Les partis politiques ont plusieurs fonctions. Entre autres nous pouvons citer la formation
de l’opinion, la sélection des candidats, l’encadrement des élus et la fonction électorale.53
La formation de l’opinion consiste pour les partis politiques à créer ou à maintenir une
conscience politique. Ils assurent un encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des
électeurs et candidats. Ceci permet à l’électeur d’identifier clairement de quelles idées, de
quel programme se réclame tel ou tel candidat et ses actions une fois élu.
La fonction de sélection des candidats quant à elle permet aux partis politiques de
désigner des candidats qui doivent participer au recrutement politique. Cette procédure est
appelée en d’autres termes l’investiture.
51
Phillipe Braud cité par Abdoulkarimou.
52
M., Weber, Economie et société, Tome1, Paris, Pocket, 1995, p.371.
53
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.51.
24
Pour ce qui est de l’encadrement des élus, nous notons qu’il est à la fois idéologique ou
politique et fonctionnel.
Sur le plan politique, l’encadrement se fait à travers des rencontres périodiques, des
séminaires de formation, des réunions de concertation et autres. A ces assises, l’accent est mis
sur la ligne de conduite, les grandes options du parti et ses consignes.
Le plan fonctionnel quant à lui est fait à travers la mise à la disposition des facilités de
travail : les secrétariats, les bureaux, les conseillers et autres.
La fonction électorale quant à elle est exercée au travers de l’animation des campagnes
électorales.
Le tableau sus dressé présente les partis politiques qui se sont affrontés dans le cadre de la
compétition électorale municipale dans le Mfoundi de 1996 à 2020. Le constat que nous
faisons c’est que la majorité d’entre eux a pour siège social Yaoundé. C’est donc dire que
globalement, ces formations politiques maitrisaient plus ou moins le terrain de jeu.
Lorsque nous parlons de services locaux, nous faisons référence aux autorités
administratives. Il s’agit ici des gouverneurs, préfets et sous-préfets. Ceux-ci ont joué et
54
E., A., T., Gatsi, ‘‘Coexistence entre Elections Cameroon (ELECAM) et les commissions électorales dans la
gestion du processus électoral au Cameroun : subordination, collaboration ou concurrence ?’’, Revue Africaine
des Sciences Juridiques, n°2, Université de Yaoundé 2, L’harmattan, 2016, p.211.
55
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, pp.54-55.
27
jouent56 un rôle non négligeable en matière électoral. En effet, ce sont eux qui organisaient le
travail des commissions préparatoires ; ils évaluaient et exprimaient ensuite les besoins
concrets de leurs unités administratives ; ils procédaient à la transmission de toutes les
informations nécessaires et relatives aux élections à leur ministre de tutelle ; l’encadrement
des campagnes étaient et est aussi assuré par eux, sans oublier qu’ils assuraient et continuent
d’assurer le maintien de l’ordre et de la sécurité des candidats avant, pendant et après les
élections.
Le ministère de la défense
Selon le décret n°92/030 du 13 janvier 1992 fixant les modalités d’accès des partis
politiques aux médias audiovisuels du service public de communication, il revient au ministre
de la communication de préciser, par arrêté, la durée de passage de chaque parti politique en
lice sur les antennes publiques. Ainsi, avant chaque campagne, il signe deux (02) arrêtés : l’un
définie l’ordre passage des partis politiques dans l’ensemble des stations de radio et de
56
Il ne faut pas perdre de vue que les chefs de district n’existe plus de nos jours.
57
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.58.
58
Article35 alinéa 1 de la loi n°2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral, modifiée et complétée par la
loi n°2012/017 du 21 décembre 2012.
28
télévision public ; l’autre arrêté quant à lui définie le temps d’antenne global et la ventilation
pour chaque station de radio et chaine de télévision.59
La DGSN a toujours joué un rôle important dans le cadre des élections municipales dans
le Mfoundi. Elle a donné son apport à travers le renseignement prévisionnel, la sécurité et le
maintien de l’ordre durant la période électorale, afin que les opérations électorales se
déroulent dans le calme et la sécurité.60S’il en est ainsi des partis politiques et les
administrations de l’Etat, qu’en est-il des commissions électorales, l’ONEL et ELECAM ?
Comme nous l’avons dit dans notre introduction, les commissions électorales mixtes sont
le compromis des différentes propositions lors du débat sur la structure chargée d’organiser
les élections au Cameroun, lors de la tripartite. Selon B. Gueye, les commissions électorales
sont de ‘‘ véritables organes de légitimation du processus électoral. (Elles) sont devenu(e)s
des acteurs et des vecteurs de la démocratie en Afrique.’’61
Globalement, parmi les commissions électorales mixtes nous avons, les commissions
chargées des opérations préparatoires et les commissions de vote.
59
La presse privée n’était pas concernée par cette répartition.
60
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, P. 59.
61
B. Gueye cité par Serges Francois Sobze dans son article intitulé ‘‘Les organes en charge des élections…’’,
p.165.
29
Elles existent au niveau de chaque commune. Selon l’article 27 de la loi de 1991 fixant
les conditions d’élection des députés à l’Assemblée Nationale, les opérations préparatoires
consistent en l’établissement et à la révision des listes électorales ainsi qu’en l’établissement
et à la distribution des cartes électorales. C’est ce que nous dit également le code électoral
actuel.62
Ces commissions avaient et ont pour mission, l’établissement et la révision des listes
électorales. On a eu entre 1996 et 2020, au moins une de ces commissions dans chaque
commune du département du Mfoundi. Ainsi, avant la promulgation du code électoral de
2012, chacune était constituée ainsi qu’il suit : 63
Selon le code électoral actuel, chaque commission de révision des listes électorales est
composée de la manière suivante :
62
Article 50 de la loi électorale de 2012.
63
Article 29 alinéa 2 de la loi de 91 sur l’élection des députés à l’Assemblée Nationale.
30
Depuis 2012 avec la nouvelle loi électorale, ces commissions sont composées ainsi qu’il
suit :
‘‘Les commissions de vote sont celles dont la mission est directement liée au scrutin.’’64
En ce qui concerne les élections municipales, les commissions de vote sont de deux sortes à
savoir : les commissions locales de vote et les commissions communales de supervision.
Lors du scrutin, la commission locale de vote siège dans chaque bureau de vote, selon que
le prévoit la loi. Avant la promulgation de la loi électorale de 2012, elle se composait comme
suit :65
Avec la promulgation de la loi électorale de 2012, elle se compose ainsi qu’il suit :
64
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.61.
65
Article 31 alinéa 1 de la loi électorale de 2012.
31
Il faut également relever que le président de ladite commission joue un rôle de la plus
grande importance. Ainsi, il est appelé à :
66
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.61.
67
Ibid., p.62.
32
- Président : une personnalité indépendante désignée par le préfet en accord avec tous
les partis politiques en compétition dans la circonscription ;
- Membres :
Cinq (05) représentants de l’Administration désignés par le préfet ;
Cinq (05) représentants des partis politiques.
L’ONEL
L’ONEL ou l’Observatoire Nationale des Elections est créé en 2000 par la loi n°2000/016
du 19 décembre 2000. Son contexte de création, ses attributions et ses actions méritent d’être
examinés.
Les premières élections que le pays organise entre 1992 et 1997, avaient fait l’objet de
beaucoup de contestations de la part des partis politiques de l’opposition, mais aussi de la
société civile.
Il faut noter que, entre 1992 et 1997, c’est le gouvernement qui organisait les élections au
Cameroun à travers le Ministère de l’Administration Territoriale. Du coup, les partis
politiques de l’opposition voyaient de la partialité en lui et considéraient qu’il travaillait à la
solde du parti au pouvoir. Pour ces formations politiques, le gouvernement camerounais
devait laisser l’organisation et la gestion électorales entre les mains d’une structure neutre et
68
Article 13 alinéa 1.
69
Article 191 alinéa 1 de la loi de 2012.
33
sur laquelle tout le processus électoral devait reposer. C’est dans ce sens que durant la
première législature de l’ère de la démocratie et du multipartisme, l’UNDP avait déposé une
proposition de loi qui tendait à la mise sur pied d’une Commission Electorale Nationale
Autonome (CENA). Cette proposition s’était heurtée selon cette formation politique, à ‘‘ la
mauvaise foi et au dilatoire du président de l’Assemblée Nationale.’’ 70 Il faut également
ajouter que, après les élections législatives et présidentielles de 1997, la plupart des partis
politiques de l’opposition proposèrent une révision constitutionnelle, afin d’y insérer une
Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), à côté de la cour constitutionnelle
dont elle devait reprendre une partie des compétences.71 Mais malheureusement, cette
proposition de révision ne fut pas examinée. Là encore, l’opposition camerounaise a tenu pour
responsable, le président de l’Assemblée Nationale.
Les discussions entre le RDPC et l’UNDP ont conduit à la signature d’une plate-forme
gouvernementale le 28 novembre 199772. L’un des principaux points étaient l’engagement des
deux partis politiques à œuvrer pour l’amélioration du système électoral camerounais.
Pour ce qui est des discussions entre le RDPC et le SDF, elles s’ouvraient le 30
novembre 1997 et se sont étalées sur une période de deux (02) mois. Elles portaient
globalement sur la confrontation des approches des deux partis, en vue de l’amélioration du
système électoral. Durant les discussions, ils se mirent d’accord sur la nécessité de mettre en
place un organe national neutre pour mieux réguler le système électoral, mais ne purent pas
s’entendre sur les contours définitifs de celui-ci.73
Ayant constaté une convergence de points de vue des principaux partis politiques, la
plus haute autorité de l’Etat fit venir des missions de l’extérieur dans le but de faire une étude
sur les différentes variantes de ce type d’organe.
70
A., D., Olinga, L’ONEL : Réflexion sur la loi camerounaise de 19 décembre 2000 portant création d’un
Observatoire National des Elections, Yaoundé, Presse de l’UCAC, 2002, p.10.
71
Ibid. p.11.
72
C’est grâce à cette plate-forme que l’UNDP est entrée dans le gouvernement.
73
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.69.
34
Après la création de l’ONEL, trois (03) textes réglementaires virent le jour un (01) an
plus tard. Il s’agit du décret n°2001/306 du 08 octobre 2001 précisant les modalités
d’application de la loi instituant l’ONEL, du décret n°2001/309 du 10 octobre 2001 portant
nomination des membres de l’ONEL75 et du décret n°2001/397 du 20 décembre 2001 fixant
la composition et le fonctionnement de ses structures provinciales, départementales et
communales.
L’Observatoire National des Elections avait moult attributions. En effet, selon l’article 6
de la loi qui créait cet organe, il était chargé de superviser et de contrôler la gestion du fichier
électoral, les opérations préparatoires et le fonctionnement des commissions chargées desdites
opérations, et l’impression des documents électoraux ; il connaissait de toutes les
réclamations ou contestations concernant les listes et les cartes électorales non réglées par les
74
Olinga, L’ONEL..., p.9.
75
Président : Enoch Kwayeb Kate ; Vice-présidente : Diana Acha-Morfaw ; Membres : Marie Thérèse Obama,
Nicole Claire Ndoko, Abdoulaye Souaibou, Ali Kirna, Joseph Azombo Eb’o, Mohamed Ali Dewa, Joseph Ndi
Samba, Roger Nguele Meke, Nico Halle.
76
Elle était composée ainsi qu’il suit : Président : Francois Xavier Mbouyoum ; Vice-président : Diane Acha
Morfaw ; Membres : Abdoulaye Souaibou, Albert Ekono Nna, Ali Kirna, Dieudonné Massi Gams, Justin
Ebanga Ewodo, Marie Thérèse Obama, Cheikh Mohamed Ali Dewa, Nico Halle, Régine Ndooh Collins.
35
Au regard de tout ce que nous offre cet article 6, nous constatons que l’ONEL jouait un
rôle de vigile sur l’ensemble du processus électoral camerounais. Il était à la fois ‘‘une
administration consultative et un organe de substitution des commissions de supervision.’’77
C’est dans ce sens que cette structure a joué son rôle dans le cadre des élections municipales
de 2002 et 2007 dans le Mfoundi.
Durant le temps de son existence, l’Observatoire National des Elections a mené moult
actions. En effet, après la prestation de serment de ses membres nommés par le Président de la
République, le président de l’institution procéda à l’installation des démembrements
territoriaux. Ainsi, dans le département du Mfoundi la structure avait une représentation
départementale et des représentations communales.
Après cette mise en place des démembrements territoriaux, il s’en est suivit de la
formation des formateurs. Celle-ci concerna d’abord les représentants départementaux. En
effet, ceux-ci étaient instruits sur les instruments juridiques sur la base desquels les élections
se déroulaient, et aussi sur les acteurs et leur rôle. Leur formation s’est également étalée sur la
gestion des conflits dans l’observation électorale sur la compréhension et l’utilisation des
fiches d’observation. Ces responsables départementaux ont également été enseignés sur un
77
Sobze, ‘‘Les organes en charge des élections au Cameroun’’, p.168.
36
code de conduite, leurs différentes obligations spécifiques et les modalités d’observation des
différentes phases du scrutin. Ces représentants départementaux devaient à leur tour former
des délégués.
Après réception des connaissances, les délégués devaient être capables de ‘‘faire des
observations sur l’accessibilité du bureau de vote, les conditions de sécurité, le respect des
dispositions relatives au scrutin et une évaluation générale du scrutin.’’78
Pour les élections de 2007 par exemple, la campagne visait prioritairement les jeunes et
les femmes. Pour une meilleure appropriation du cadre juridique électoral par les acteurs, le
plan de communication était basé sur la vulgarisation des aménagements et innovations
apportés par les lois électorales de 2006. C’est dans cette même veine que des spots radio et
télévision, des encarts publicitaires dans la presse et des affiches ont été réalisés.
En dehors des campagnes, l’ONEL a également tenu des rencontres avec les acteurs du
processus électoral. Il s’agit entre autres, des rencontres avec les responsables des partis
politiques, de l’Administration, des médias et des représentations diplomatiques.
Il faut également ajouter que l’ONEL a effectivement joué son rôle de supervision et de
contrôle lors des élections municipales de 2002 et de 2007 dans le département du Mfoundi.
78
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, P.71.
79
Ibid., p.71.
80
Ibid., p.74.
37
ELECAM
Photo 1 : Immeuble siège d’ELECAM à Yaoundé
La photo dressée ci-dessus est celle de l’immeuble siège d’ELECAM en plein centre-ville
de Yaoundé, tout près de l’immeuble rose et du Ministère des Finances. Avant d’y aménager,
cette structure était d’abord basée à Bastos.
La naissance d’ELECAM tient au fait que, malgré la mise sur pied de l’ONEL, les partis
politiques de l’opposition ne cessèrent pas de revendiquer l’institution d’une structure qui
devait se charger de l’organisation des élections dans le pays. En effet, déjà dès la fin des
élections de 2002, l’opposition camerounaise commença des revendications. Les partis
politiques de l’opposition doutaient de l’impartialité de cette structure, ce d’autant plus que
les membres étaient désignés par le Président de la République. Ils continuèrent donc à
réclamer la mise sur pied d’un organe indépendant qu’ils nommaient ‘‘Commission
Electorale Indépendante’’ ; l’Eglise catholique qui avait aussi observé ces élections proposait
un organe indépendant à savoir : un ‘‘office national des élections’’.
n°2003/015 qui venait modifier et compléter celle de 2000 qui créait l’ONEL. 81Désormais, les
membres de cette structure devaient être nommés après consultation des partis politiques et de
la société civile pour un mandat d’une durée de trois (03) ans, une fois renouvelable.
Ainsi, pour que soient nommés les membres de l’ONEL 2, il fut d’abord procédé à des
consultations. En effet, entre le 28 et 29 janvier 2004, le premier ministre (Peter Mafany
Musongue), chef du gouvernement, reçut des propositions de la part des partis politiques et de
la société civile. En effet, il reçut des personnalités comme les cadres du SDF, le secrétaire
général du comité central du RDPC (Joseph Charles Doumba), le président de la conférence
épiscopale nationale du Cameroun, le président du Groupe Inter patronal du Cameroun
(André Siaka), le président de la chambre de commerce et bien d’autres. A l’issu de ces
consultations, le Président de la République par décrets n°2004/132 et 2004/133 du 26 mai
2004, nomma les membres de l’ONEL ainsi que son président et son vice-président.82
ELECAM ainsi créé, est selon l’alinéa 1er de l’article 4 de la loi suscitée, ‘‘un organisme
indépendant chargé de l’organisation, de la gestion et de la supervision de l’ensemble du
processus électoral et référendaire.’’ Pour effectuer cette tâche, cette structure dispose de deux
organes à savoir : le Conseil Electoral et la Direction Générale des Elections.
Le Conseil Electoral comprend dix-huit (18) membres,83 parmi lesquels un (01) président
et un (01) vice-président. Ceux-ci sont nommés pour un mandat de quatre (04) ans
(éventuellement renouvelable) par le Président de la République, après consultation des partis
81
C’est à cause de cette loi qu’on a appelé l’ONEL, ‘‘ONEL 2’’.
82
Pour les noms : confère note de bas de page n° 74.
83
ELECAM est placé sous leur autorité. Ainsi, ils veillent à son bon fonctionnement.
39
politiques représentés à l’Assemblée Nationale et la société civile. Ils sont nommés d’après la
loi, sur la base de critères de compétence, d’intégrité morale, d’honnêteté intellectuelle, de
patriotisme, de neutralité et d’impartialité.84Toutefois, il faut noter que la sincérité de ces
critères est remise en question par les partis politiques de l’opposition.
Avant leur prise de fonction, les membres de cette structure doivent obligatoirement prêter
serment devant la cour constitutionnelle. Il faut également ajouter que le président du conseil
Electoral et son adjoint assurent les fonctions de président et de vice-président d’ELECAM.
Pour ce qui est des attributions, ‘‘le Conseil Electoral veille au respect de la loi électorale
par tous les intervenants de manière à assurer la régularité, l’impartialité, l’objectivité, la
transparence et la sincérité des scrutins.’’85Ainsi, cet organe opère des vérifications et des
contrôles qu’il juge opportuns ; il examine les dossiers de candidature et publie la ou les listes
définitives des candidats aux élections municipales86 ; veille à ce que la liste des membres des
commissions locales de vote soit publiée et notifiée dans les délais impartis à tous ceux qui
doivent la recevoir ; contrôle la mise en place du matériel électoral et des documents
électoraux dans des délais impartis par la loi. 87
84
Selon l’alinéa 2 de l’article 12 du Code Electoral de 2012.
85
Article 10 alinéa 1.
86
Nous parlons uniquement des élections municipales en raison du fait qu’elles relèvent de notre sujet.
87
Article 10 alinéa 2.
88
Article 11 alinéa 1 de la loi électorale.
89
Alinéa 2 de l’article 11.
40
Au niveau des attributions, le Directeur Général des Elections est chargé notamment de
constituer, de gérer, de mettre à jour et de conserver le fichier électoral national ainsi que des
documents et matériels électoraux ; d’acquérir et de distribuer le matériel et les documents
électoraux ; d’établir des listes électorales, en liaison avec les commissions mixtes
compétentes ; de publier des listes électorales ; d’établir des cartes électorales ; de distribuer
des cartes électorales, en liaison avec les commissions mixtes compétentes ; d’organiser ou de
superviser la formation du personnel chargé des scrutins ; d’élaborer le projet de budget
annuel du Conseil Electoral et de la Direction Générale des Elections ; d’exécuter le budget
de la Direction Générale des Elections et du budget des élections ; de coordonner l’ensemble
des structures chargées des opérations électorales ; d’organiser les bureaux de vote ; de
transmettre les procès-verbaux des élections au Conseil Electoral et autres.91
Sur le plan structural, la Direction générale des élections dispose de structures d’appui et
de démembrements territoriaux (10 délégations régionales, 58 antennes départementales, 360
antennes communales) dont les responsables sont nommés par le Directeur Général des
Elections à la suite de l’approbation du Conseil Electoral.
Il est aussi important d’ajouter que, depuis la prise de fonction de ses tous premiers
leaders en 2008 jusqu’en 2020, ELECAM a connu à sa tête plusieurs leaders.
De tout ce qui précède, il ressort que les partis politiques, les Administrations de l’Etat, les
commissions mixtes électorales, l’ONEL et ELECAM, sont à mettre à l’actif des acteurs
institutionnels du processus électoral municipal dans le département du Mfoundi entre 1996 et
2020. Reste donc à présent à considérer les autres acteurs.
90
Article 24 alinéa 1.
91
Article 26 alinéa 1 du Code Electoral.
41
Parmi les autres organes ayant intervenu dans le processus électoral dans le Mfoundi de
1996 et 2020, nous avons les chefs traditionnels, les observateurs et les médias.
Parmi les acteurs du processus électoral le chef traditionnel n’est pas à négliger. Seize ans
après la réunification des deux parties du Cameroun, c’est-à-dire le 15 juillet 1977, intervient
le décret portant organisation de la chefferie traditionnelle au Cameroun. Ce texte
réglementaire classe la chefferie coutumière en trois (03) catégories à savoir : la chefferie de
1er degré, celle de 2ème degré et celle de 3ème degré. Celle classification, il faut le reconnaitre,
est basée sur le découpage des circonscriptions administratives. Ainsi la chefferie de 1 er degré
se concentre dans les limites d’un département, celle de 2ème degré dans l’arrondissement et
celle de 3ème degré dans les limites d’un village. Cette délimitation n’est pas au hasard, elle a
été faite afin que l’autorité traditionnelle ait pour supérieur hiérarchique l’autorité
administrative.92C’est donc dire que l’autorité traditionnelle est sous l’autorité du ministre en
charge de l’Administration Territoriale.
92
B., Messengue Avom, Le préfet et l’Etat au Cameroun, Yaoundé, Eds. Terre africaine, Presse de l’UCAC,
2005, p.72.
93
Joseph, Belinga Etoungou, 75 ans, chef traditionnel Ekounou 2, Yaoundé, 20 décembre 2021.
42
observation, d’autant plus qu’il est libre d’accepter ou de refuser toute demande d’observation
électorale. Ainsi, le fait pour lui d’accepter de soumettre son processus électoral à une
observation signifie en principe qu’il s’est au préalable engagé dans la voie de la transparence
et de l’honnêteté électorale.
Le rapport d’observation est utile pour le pays où se sont déroulées les élections dans le
sens où il sera exploité par les législateurs, les acteurs du jeu politique et toutes les autres
parties impliquées dans le processus ; ce qui permettra d’améliorer le système électoral. Pour
tout dire, l’observation électorale permet de renforcer l’administration électorale.
Par ailleurs, l’observation est soumise à un processus d’accréditation96 qui s’amorce dès la
convocation du corps électoral. En effet, tous ceux qui désirent travailler comme observation
d’une élection, doivent introduire un dossier de demande d’accréditation auprès du ministre
de l’Administration Territoriale. Après étude du dossier, il peut soit accréditer l’observateur
ou ne pas le faire.
L’accréditation d’observation se fait par un arrêté et ledit arrêté doit préciser la zone
d’action, c’est-à-dire le lieu où le territoire d’observation de l’élection. Deux (02) documents
leur sont remis à savoir : le cadre juridique et le guide de l’observateur. Il faut également
ajouter que ceux-ci sont identifiés par un badge qui leur est remis.
94
H., T., Kamga, Le guide de l’observation des élections, Ed. Consaf, 2003, p.5.
95
Ibid. p.9.
96
Cette accréditation ne concerne que les observateurs nationaux non partisans et les observateurs
internationaux.
43
Les observateurs nationaux sont de deux (02) ordres parmi lesquels, les observateurs
partisans et les observateurs non-partisans.
Les observateurs nationaux partisans sont des représentants des candidats et des partis
politiques.97 Ceux-ci sont choisis par les partis politiques et doivent être obligatoirement
inscrits sur les listes électorales dans les circonscriptions où ils sont appelés à exercer leur rôle
d’observateurs. Ils doivent également savoir lire et écrire. Ces observateurs partisans sont
ceux qu’on retrouve parmi les membres des différentes commissions électorales que nous
avons mentionnées plus haut. Ainsi, entre 1996 et 2020 en ce qui concerne les municipales
dans le Mfoundi, les partis politiques ont toujours envoyé des observateurs.
Ils ont plusieurs rôles à jouer. Entre autres, ils sont appelés :98
- à signaler tous les militants de partis remplissant toutes les conditions requises les
rendant capables de voter, mais dont les noms ne figurent pas sur les listes, et autant
que cela est possible, les raisons de l’absence de ces noms ;
- à établir des rapports sur la manière dont les cartes d’électeurs sont distribuées et les
problèmes rencontrés ;
- à établir des rapports sur la manière dont les candidats font usage de leurs droits au
cours des campagnes électorales et sur le processus électoral, du début de la campagne
à l’annonce des résultats.
Les observateurs nationaux non-partisans
Les observateurs nationaux non-partisans sont ceux-là qui ne travaillent pas pour le
compte d’un parti politique ou d’un candidat. Parmi eux, nous avons des associations
religieuses (le Service Justice et Paix ; le Service Œcuménique pour la Paix (SEP) et autres),
des ONG (l’Organisation Camerounaise des Droits et Libertés du Citoyen (OCDLC), la Ligue
Nationale des Droits de l’Homme au Cameroun (LINAH), la Ligue Camerounaise des Droits
de la Personne (LCDP), Conscience Africaine et autres), des praticiens du droit, des
journalistes, des politologues et autres structures de la société civile camerounaise.
97
Ils assurent le contrôle des élections pour leur candidat ou leur parti.
98
Kamga, Le guide de l’observation des élections,… p.18.
44
Les médias
Les médias sont également un acteur non négligeable du processus électoral municipal
dans le Mfoundi. Lorsqu’on parle de médias, il est question de la presse écrite et des médias
audiovisuels. Ils servent à la construction de l’espace public, c’est-à-dire qu’ils contribuent à
la mise en place des conditions favorables à l’expression démocratique, au bon
fonctionnement des institutions publiques et des organes politiques.99
Avant 1990, le Cameroun étant sous le régime de parti unique, il n’y existait pas de liberté
de la presse. Il y avait un système dictatorial caractérisé par une absence de critique et de
confrontation politique. C’est à partir de 1990 avec l’ouverture démocratique, que les choses
ont changé. En effet, le 19 décembre 1990, intervient la loi n°90/052 sur la liberté de la
communication sociale. Ce texte, fondateur de la liberté de la presse au Cameroun, a été initié
par Henri Bandolo, ancien ministre de l’information et de la culture100. On assiste ainsi à une
libéralisation des médias.
En ce qui concerne les médias audiovisuels, il faut attendre l’an 2000 pour que les choses
se précisent. En effet, malgré que la loi sur la communication sociale suscitée prévoie une
C., Nenkam, ‘‘Henri Bandolo : chronique d’un journaliste confident de chefs d’Etat camerounais’’ in J.,
100
Kouosseu et al, Figures de l’Histoire du Cameroun XIXe – XXe siècle, l’Harmattan, Paris, 2012, p.336.
45
libéralisation des médias audio-visuels, cela ne s’est pas automatiquement fait ; il fallait
attendre les textes d’application. Ces textes d’application interviennent en avril 2000. Ainsi,
jusqu’à nos jours, nous avons une kyrielle de radios (FM 94, Magic FM, Success Radio et
autres) et télévisions (Vision4, Canal 2 international, Equinoxe TV et autres)101 qui sont suivis
dans les ménages du département du Mfoundi. Ces médias ont souvent servi de tribune où les
hommes politiques viennent faire valoir leurs idées, leurs projets et leurs programmes. Ils sont
également des plateaux d’information et de confrontation d’idées pour l’édification des
populations.
Il suit de tout ce qui précède que, plusieurs acteurs ont intervenu dans le cadre des
élections municipales dans le Mfoundi entre 1996 et 2020. Parmi ceux-ci, nous avons les
partis politiques, les administrations de l’Etat, les commissions mixtes électorales, l’ONEL,
ELECAM, les chefs traditionnels, les observateurs et les médias. A présent nous nous
penchons sur les opérations préparatoires aux élections municipales dans le Mfoundi entre
1996 et 2020.
101
Il faut noter que ces médias privés de l’audiovisuel sont venus s’ajouter au poste national et à la CRTV.
46
Selon l’article 50 de la loi n°2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral modifiée
et complétée par la loi n°2012/017 du 21 décembre 2012, et l’article 27 de la loi de 91 fixant
les conditions d’élection des députés à l’Assemblée Nationale, les opérations préparatoires
portent sur l’établissement et la révision des listes électorales, et l’établissement et la
distribution des cartes d’électeur. Dans le cadre de ce chapitre, nous allons analyser les
opérations préparatoires aux élections municipales dans le Mfoundi à savoir entre 1996 et
2012 d’une part et entre 2012 et 2020 d’autre part.
Les opérations préparatoires entre 1996 et 2012 ont été caractérisées par un système
d’opérations manuscrites et l’informatisation du fichier électoral.
Les opérations préparatoires qui se sont déroulées entre 1996 et 2012 dans le Mfoundi
étaient essentiellement caractérisées par la manuscrite. Lorsque nous parlons de manuscrit ici,
nous voulons affirmer que les opérations notamment, les inscriptions sur les listes électorales
et le remplissage des cartes se faisaient avec la main et le stylo à bille.
Il faut noter que, les opérations préparatoires étaient menées par les autorités
administratives d’autant plus que c’est le ministre en charge de l’Administration Territoriale
qui était chargé de l’organisation des élections au Cameroun. Ainsi ce sont les sous-préfets
qui s’occupaient des opérations préparatoires.
Les inscriptions sur les listes électorales sont une activité d’une importance capitale. C’est
elles qui donnent naissance au fichier électoral qui est en réalité ‘‘une banque de données
permettant non seulement de comptabiliser et d’identifier tous ceux qui peuvent exercer le
droit de vote, mais surtout d’évaluer l’importance de l’électorat.’’102
Les inscriptions sur les listes électorales ont connu une évolution. En effet, aux termes de
la loi du 16 décembre 1991 relative à l’élection des députés à l’Assemblée Nationale et celle
du 17 septembre 1992 relative à l’élection présidentielle, les inscriptions allaient du 1er janvier
au 30 avril de chaque année. Cette période était divisée en deux à savoir que : la phase du 1er
janvier au 28 ou 29 février était consacrée aux inscriptions proprement dites, cependant que
102
Rapport de l’ONEL, p.31.
48
la phase de la vérification suivait entre le 1er mars et le 30 avril103. Cette dernière phase
aboutissait à l’établissement de la liste définitive des électeurs.
Une modification survient en 1997 avec la loi n°97/016 du 10 janvier 1997 fixant la
période de révision ou de refonte des listes électorales. Selon cette loi, les inscriptions sur les
listes commencent le 1er janvier pour s’achever le 31 décembre de chaque année. Avec cette
loi, les inscriptions deviennent permanentes alors que la période de contrôle et de vérification
disparait. Mais il faut noter que, en année électorale, la convocation du corps électoral
suspend le processus, qui ne reprend qu’au lendemain du scrutin.
Pour ce qui est de la refonte,104 seul le préfet était habileté à exercer cette prérogative.
Mais avec les loi n°2006/09 du 29 décembre 2006 modifiant et complétant certaines
dispositions de la loi n°91/020 du 16 décembre 1991 fixant les conditions d’élection des
députés à l’Assemblée Nationale et n°2006/010 du 29 décembre 2006 modifiant et complétant
certaines dispositions de la loi n°92/02 du 14 aout 1992 fixant les conditions d’élections des
conseillers municipaux, seul le ministre de l’Administration territoriale et de la
décentralisation était désormais habileté à ordonner une refonte des listes électorales105.
Ces opérations d’inscription sur les listes électorales étaient essentiellement manuelles
comme l’affirme Bernard Messengue Avom.106 Les équipes ou plutôt les commissions en
charge des inscriptions sur les listes venaient auprès des populations munies d’un registre
dans lequel, elles étaient appelées à inscrire les noms des citoyens remplissant les conditions
d’inscription.107Ce travail a été fait dans chaque arrondissement du département du Mfoundi.
Ainsi, de milliers de personnes, jeunes comme vielles, ont été enregistrées sur le fichier
électoral.
103
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.100.
104
Cette refonte consiste à reprendre à zéro les inscriptions sur les listes.
105
Abdoulkaromou, La pratique des élections au Cameroun…, p.100.
106
B., Messengue Avom, Le préfet et l’Etat au Cameroun, Presse de l’UCAC, Terre africaine, Yaoundé, 2005,
p.81.
107
Fabo Darlin Merlin, 48 ans, sous-directeur des études et de l’exploitation des données et des statistiques à
ELECAM, Ngousso, 15 octobre 2021.
108
Messengue Avom, Le préfet et l’Etat…, p.81.
49
La distribution des cartes d’électeurs a également connu une évolution. Les délais de
distribution sont allés de quinze (15) à quarante (40) jours avant le scrutin.109 Ceux qui
n’avaient pas retiré leurs cartes pouvaient le faire le jour du scrutin, car les cartes de vote non
retirées étaient déposées dans les bureaux de vote le jour du scrutin. Il faut également ajouter
que ces documents d’identification au bureau de vote étaient remplis à la main et au stylo
avant leur distribution à la population.
Il est indiscutable que le droit de vote est lié à la nationalité. Ainsi la loi électorale
reconnait le droit de vote uniquement aux camerounais. Il fallait donc obligatoirement avoir la
nationalité camerounaise pour espérer voter. En effet, les conditions d’acquisition de la
nationalité camerounaise sont explicitées dans la loi du 11 juin 1968 qui porte code de la
nationalité camerounaise. Selon cette loi, est camerounais, toute personne née de parents
camerounais, née sur le territoire camerounais, ou qui a été naturalisée. Quant à l’article 31,
de la même loi, ‘‘le camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une
nationalité étrangère, perd la nationalité camerounaise’’.
L’état civil au Cameroun était très mal sécurisé. Cela se caractérisait par une délivrance
complaisante des actes de naissance. Cette situation avait pour conséquence le fait que les
étrangers pouvaient se permettre de s’offrir de faux actes de naissance et puis, des cartes
nationales d’identité.
109
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.120.
50
La condition de résidence dans le cadre des inscriptions sur les listes électorales est d’une
importance capitale. En effet, selon l’article 6 alinéa 1 de la loi n°92/002 du 14 aout 1992
fixant les conditions d’élection des conseillers municipaux, modifiée et complétée par la loi
n°2006/010 du 29 décembre 2006, ‘‘peuvent être inscrits sur les listes électorales d’une
commune, les citoyens camerounais jouissant du droit de vote au sens de la présente loi et qui
ont leur domicile réel ou résident effectivement dans la commune depuis au moins six (6)
mois’’. La vérification de cette condition de résidence est mis en mal par l’absence de la
culture des baux écrits chez les populations. Cette situation a été à l’origine des inscriptions
multiples sur les listes électorales et donc, à des votes multiples.
L’absence de la culture de la déclaration des décès est une difficulté à laquelle ont été
confrontées les opérations d’inscription sur les listes électorales. Ce problème rendait difficile
le toilettage desdites listes. On pouvait donc constater le fait que les noms des personnes déjà
décédées continuaient d’y figurer.
Les inscriptions sur les listes électorales étaient également confronter au laxisme des
autorités judiciaires. Ce laxisme se caractérisait par la non-communication par lesdites
110
Le SENAC (Sécurisation de la Nationalité Camerounaise) : organisme en charge de l’établissement des cartes
nationales d’identité, des cartes de séjour et des cartes de résidence.
111
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.102.
51
autorités, des listes de personnes frappées d’incapacité électorale dans une commune. Dans
cette situation, les noms des personnes auxquelles la loi ne permettait pas de voter se
retrouvaient dans les listes et pouvaient malheureusement aller voter le jour du scrutin.
Le défaut de la preuve de l’inscription sur les listes électorales constituait une réelle
insuffisance des opérations d’inscription. En effet, lors de l’inscription, aucun document
n’était remis au demandeur. Ainsi, au cas où son nom venait à ne pas apparaitre sur les listes,
il ne pouvait rien revendiquer, parce que ne disposant d’aucune preuve de son inscription.
Cette difficulté a empêché à certaines personnes habitant le département du Mfoundi
d’exercer leur droit de vote.
L’informatisation
L’importance de l’informatisation
A., Nkoyock (sld), Problématique des processus électoraux en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2004. Cité par
113
Abdoulkarimou.
52
la démocratie au Cameroun et donc, dans le département du Mfoundi. Elle devait être utile en
périodes pré-électorale, électoral et après le scrutin.
Le processus d’informatisation
En avril 2003, le MINATD sollicita une assistance technique et même financière auprès
du secrétaire général de l’ONU (Kofi Annan), en vue de la mise en œuvre du projet. Ce
dernier réagit positivement par l’envoie à Yaoundé de deux (02) missions de la division de
l’assistance électorale de l’ONU. La première mission séjourna au Cameroun du 03 au 12
avril 2003, alors que la deuxième y séjourna du 08 au 15 septembre de la même année. A la
suite de ces deux visites, le secrétaire général de l’ONU instruisit au représentant résident du
PNUD à Yaoundé de monter un projet d’appui au processus électoral camerounais ; ce qu’il
fit. Dans le but d’accompagner le gouvernement camerounais dans la mise en œuvre de cet
important projet, le représentant résident du PNUD procéda au recrutement d’un expert en
administration et en informatisation des opérations électorales.
A son niveau, le comité mis sur pied par le Premier ministre organisa des missions
d’étude à l’étranger dans le but de profiter de l’expérience des autres en matière
d’informatisation des opérations électorales. Ainsi, de juillet à aout 2003, le ministre en
charge des élections dépêcha sur fonds propre trois (03) missions à l’étranger. La première se
rendit en Afrique du sud et au Sénégal ; la deuxième au Canada et aux USA ; la troisième en
Espagne et en Grande Bretagne. Elles avaient la lourde mission d’étudier les systèmes
d’application informatiques utilisés dans ces pays, de faire une évaluation de l’impact de ces
systèmes sur la législation et la réglementation électorales, de faire une comparaison des
technologies utilisées afin de déterminer les types et les quantités de matériel à acquérir, de
faire la prospection de l’expertise à même d’être sollicitée en matière d’informatisation des
opérations électorales.115
Ces missions une fois revenues au pays produisirent des rapports de leurs études. Après
exploitation desdits rapports, une mission d’évaluation fut dépêchée dans tous les services de
gouverneurs et de préfectures. Celle-ci devait faire une évaluation du plateau technique et de
l’environnement informatique du pays.116 A la suite de leurs conclusions, le gouvernement fit
114
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.107.
115
Ibid.
116
Nous n’oublions pas que notre thème concerne uniquement le département du Mfoundi. Mais nous parlons du
pays juste pour ne pas limiter les travaux de cette mission d’évaluation.
54
le choix du transfert des données par supports magnétiques, tel que conseillés par les
experts.117
Parmi ces quatre (04) options, le gouvernement fit le choix du traitement informatique
décentralisé en réseau jusqu’au niveau des départements. Ledit choix était motivé par la
volonté de modernisation de l’Administration territoriale dans le cadre de
l’approfondissement de la décentralisation et de rapprocher le traitement des données
électorales des électeurs et des différentes commissions de vote. Il faut également ajouter que,
ce choix était motivé par des contraintes de logistique et d’approvisionnement en énergie
électrique119.
Malgré la fixation de cette date, il faudra attendre 2007 pour que le train se mette en
marche. Cette lenteur est justifiée par le fait que ce n’est qu’en juillet 2006 que le Premier
Ministre notifia la mise à la disposition du ministre en charge des élections, les fonds à cet
117
Il faut noter que l’option du transfert automatique des données depuis les unités départementales de saisie
informatique vers les serveurs provinciaux et de ceux-ci vers le site national avait été abandonnée au profit du
transfert par support magnétique.
118
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.108.
119
Ibid.
120
Il s’agit d’un document méthodologique qui prévoyait le démarrage des opérations au 1er janvier 2006, dans
son chronogramme.
55
effet. Il faut également ajouter que, c’est en ce mois de juillet 2006 que le chef du
gouvernement autorisait le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation à
passer les marchés relatifs à l’informatisation susdite.121
Ces marchés passés avec les entreprises privées ont permis au gouvernement de s’acquérir
un important matériel technique.
Dans ce projet d’informatisation des opérations électorales, il était prévu que les locaux
des services de gouverneurs et de préfectures devraient abriter des sites informatiques. C’est
dans ce sens que des moyens ont été mis à leur disposition pour effectuer des travaux
d’aménagement à cet effet. Il leur avait également été demandé de faire des propositions en
vue du recrutement du personnel technique chargé de l’exécution du projet.
121
MINATD, Rapport général des scrutins législatif et municipal du 22 juillet 2007 et des élections législatives
partielles et de l’élection des conseillers municipaux à la commune de Lobo du 30 septembre 2007, p.11.
122
Ibid. p.11.
123
MINATD, Rapport général des scrutins…2007…, p.12.
56
Le matériel et le personnel du projet ayant été mis en place, la mise en œuvre démarra
vers la fin de janvier 2007. Dès le 15 mars de la même année, il est mis sur pied un fichier
électoral informatisé provisoire. Ce fichier est issu de l’informatisation de l’ensemble du
fichier électoral provenant de la refonte des listes électorales ordonnée en 2004 et qui avait été
complétée par la révision de 2005 et celle de 2006.
Ce fichier provisoire avait été, pour le cas du Mfoundi, affiché à la préfecture et pouvait
également être consulté sur le site web du MINATD. Tout le monde, que ce soit les électeurs
ou les acteurs du processus électoral, pouvaient le consulter. Il convient tout de même de
noter que, ce fichier présentait moult anomalies à savoir des inscriptions multiples, des noms
de personnes décédées, des inscriptions des mineurs et l’entrée erronée de certaines données
sur les électeurs. 124
Le fichier électoral rendu public devait donc subir des corrections ; ce qui a été fait. Ainsi,
le 02 juillet 2007, le fichier électoral définitif était publié.125
De plus, entre 2007 et 2012, les inscriptions sur les listes électorales se sont déroulées
normalement, selon les dispositions légales.126 Seulement, les cartes d’électeur n’ont pas été
concernées par l’informatisation, puisqu’étant toujours remplies à la main.
De tout ce qui précède, il ressort que les opérations préparatoires entre 1996 et 2012 dans
le Mfoundi, ont été caractérisées par la manuscrite et l’informatisation. A vrai dire,
l’informatisation de 2007 a beaucoup bénéficié au département du Mfoundi dans le cadre de
son processus électoral municipal. S’il en est ainsi de cette période, que dire de celle qui va de
2012 à 2020 ?
Les opérations préparatoires dans le Mfoundi entre 2012 et 2020 ont bénéficié d’un
instrument dont l’importance n’est plus à démontrer : il s’agit de la biométrie. Ainsi, il est
question dans cette partie, d’une part d’analyser l’introduction de la biométrie dans le
124
MINATD, Rapport général des scrutins…2007…, p.12.
125
Ce fichier intégrait les données issues de la révision opérée du 1 er janvier au 20 avril 2007.
126
Jusque-là ces inscriptions restaient manuscrites, car seul le fichier électoral était informatisé.
57
127
ELECAM, Rapport général sur le déroulement du double scrutin législatif et municipal du 30 septembre
2013, p.24.
128
Ibid.
58
Comme tout travail sérieux auquel on veut aboutir à des résultats probants, la mise en
place de la biométrie ne s’est pas effectuée à la hâte. Elle a été précédée par un certain nombre
d’activités qui sont le produit d’une série de mesures prises par la Direction Générale des
Elections. Au nombre de celles-ci, nous pouvons citer : la rencontre avec les experts, le choix
du type de biométrie et du partenaire technique, l’acquisition du matériel biométrique
indispensable, la construction et l’aménagement du centre national et des centres régionaux de
biométrie électorale.
Le projet de refonte biométrique des listes électorales était adossé sur un objectif général
et des objectifs spécifiques. L’objectif général était de reconstruire intégralement le fichier
électoral à l’aide de la technique biométrique dans le but de le rendre transparent, fiable,
crédible et conforme aux standards internationaux en la matière.
A côté de cet objectif général, le gouvernement s’était également fixé des objectifs
spécifiques. Il était question entre autres de procéder à la refonte des listes électorales dans
toutes les circonscriptions électorales du pays ; d’assurer l’informatisation de ces listes en y
intégrant des données biométriques relatives aux électeurs inscrits (photos, empreintes
digitales) ; de procéder à la constitution d’un fichier national des électeurs composé des
différents fichiers communaux, départementaux et régionaux ; d’assurer à terme l’édition des
listes électorales et des cartes d’électeurs dans le but de l’organisation des scrutins ; de
procéder à la production des statistiques relatives aux différentes catégories d’électeurs
inscrits (âge, sexe, handicap et autres).129
129
Ibid., pp.25-26.
59
responsables ont permis à l’équipe conduite par le Directeur Général des Elections, de se faire
une idée exacte du type de biométrie à choisir.
Le choix du type de biométrie était guidé par les dispositions de l’article 84 alinéa 1 du
code électoral stipulant que ‘‘tout électeur inscrit reçoit une carte électorale biométrique sur
laquelle figurent ses noms, prénoms, date et lieu de naissance, filiation, photo, empreintes
digitales, profession, domicile ou résidence’’. Pour mettre en application ces dispositions, le
Directeur Général des Elections fit le choix de combiner la capture de la photo du visage et
des empreintes digitales des six (06) doigts à savoir le pouce, l’index et le majeur de chaque
main de l’électeur. Cette formule devait permettre de différencier au maximum les électeurs
et ainsi, de réduire considérablement les cas de doublon.
Parmi les sociétés ayant été présélectionnées, seulement douze (12) avaient déposé leurs
offres auprès de la Direction Générale des Elections où un comité créé à cet effet devait les
examiner. Au terme de l’étude, cinq (05) seulement furent retenus. Il s’agit des sociétés et
groupes qui suivent : CODE Inc (Canada) ; Collectif des ingénieurs camerounais
(Cameroun) ; GEMALTO (France) ; GIESECKE & DEVRIENT/SAFE ID (Allemagne) ;
WAYMARK INFOTECH / BIAGRADAP GROUP (Afrique du Sud).
Un seul prestataire étant recherché, ces cinq (05) ont été évalués. Cette évaluation était
faite sur la base de leurs équipements de collecte de données et de démonstration publiques
d’inscription biométrique d’électeurs. Celle-ci se faisait sous la forme de séances de
démonstration sur la base d’un certain nombres de critères parmi lesquels : la fonctionnalité
des équipements, des outils de collecte et de traitement des données des électeurs inscrits ; la
60
N° PRESTATIONS
1 Fourniture de 1200 kits d’inscription biométrique composés chacun d’un mini-groupe
électrogène portable et d’une valise étanche contenant :
- Un micro-ordinateur doté entre autres d’un logiciel de gestion de l’ensemble des
unités administratives jusqu’aux villages et quartiers ;
- Un scanner d’empreintes digitales ;
- Une mini-imprimante pour la délivrance des récépissés d’inscription ;
- Une caméra photo ;
- Une source lumineuse ;
- Une toile de fond blanche ;
- Deux (02) clés USB spécialisées.
2 Fourniture d’un serveur de base de données pour le site biométrique central et dix (10)
serveurs de base de données pour les dix (10) sites régionaux.
3 Fourniture d’un serveur central pour le dédoublement de données au moyen du système
ABIS (Automated Biometric Identification System).
4 Fourniture des serveurs back-up pour les différents sites biométriques.
5 Fourniture des logiciels pour les kits d’inscription, la base de données centrale et le
système ABIS.
6 Fourniture d’un système d’impression des cartes et des listes électorales.
7 Formation des personnels d’ELECAM à différents niveaux en vue de l’exploitation des
61
Source : Confectionné par Blaise Rodrigue Amougou le 25 mai 2022 sur la base du rapport des élections de
2013.
Ce tableau présente la liste des prestations que devait fournir l’entreprise allemande en
vue de la mise en place du système biométrique. Ces prestations ne concernent pas seulement
la fourniture du matériel, mais elles concernent également la maintenance du système
biométrique, la formation des agents de la structure en charge des élections et l’appui à leurs
services techniques.
Tout ce matériel suscité devait être fourni sur la base d’un chronogramme, selon le tableau
ci-dessous dresssé.
Tableau 2 : Chronogramme de livraison des équipements biométriques
DATES DE DATES
N° ACTIVITES
DEMARRAGE D’ACHEVEMENT
1 Approbation de l’échantillon de la carte 14 juin 2012 14 juin 2012
d’électeur
2 Approbation de l’échantillon du kit 13 juillet 2012 13 juillet 2012
d’inscription
3 Approbation des équipements du centre 24 aout 2012 19 septembre 2012
national biométrique
4 Livraison de 1200 kits d’inscription et 29 aout 2012 23 octobre 2012
générateurs portables de courant
électrique en quatre (04) phases
5 Approbation des échantillons des 31 aout 2012 13 septembre 2012
équipements de hub (centre régional
biométrique)
6 Livraison et installation des dix (10) 27 septembre 2012 01er novembre 2012
hubs régionaux
7 Livraison de 8 millions de cartes non 01er octobre 2012 27 décembre 2012
personnalisées en quatre (04) phases de
62
2 millions chacune
8 Livraison des équipements du centre 23 octobre 2012 30 novembre 2012
national biométrique
9 Installation et tests de fonctionnalité des 04 décembre 2012 15 décembre 2012
équipements du centre national
biométrique
Le Centre National de Biométrie Electorale (CNBE) est bâti sur un site qui appartient à
ELECAM au quartier administratif à Yaoundé. Il s’agit d’un bâtiment comportant huit (08)
pièces à savoir : une salle de serveurs ; une salle d’impression ; une salle de traitement de
données ; une salle de conférence ; quatre (04) bureaux pour les administrateurs.
Pour ce qui est des centres régionaux de biométrie, ils sont logés dans les délégations
régionales d’ELACAM.130Dans chacune d’elle, il y a été aménagé au moins deux (02) salles,
l’une étant destinée au serveur et l’autre au traitement des données.
Pour ce qui est du comité de pilotage du projet, il est mis sur pied par une décision du
DGE à savoir celle n°0533/ELECAM/DGE du 30 juillet 2012. Il était chargé entre autres de
s’assurer du respect du cahier de charges par le partenaire technique d’ELECAM ; de mettre à
la disposition du partenaire technique des documents et des informations nécessaires à la
réalisation du projet ; de s’assurer du respect du chronogramme des activités par les
différentes parties concernées ; du respect de la conformité des opérations à réaliser avec les
dispositions légales et réglementaires en vigueur ; du suivi de l’exécution du marché y relatif ;
du respect des normes techniques dans la réalisation de toutes les opérations liées au projet ;
de la liaison permanente entre ELECAM et le partenaire technique.
Toutes les conditions étant réunies pour le démarrage effectif, l’enrôlement biométrique
débute effectivement le 03 octobre 2012. Il faut reconnaitre que ce démarrage est consécutif à
la décision n°0549/ELECAM/DGE prise par le Directeur Général des Elections, le 27
septembre 2012. Selon cette décision, le directeur en charge des élections ordonnait la refonte
130
Chaque délégation régionale abrite un centre régional de biométrie.
131
ELECAM, Rapport… scrutin…2013, p.32.
64
des listes électorales pour la période allant du 03 octobre 2012 au 28 février 2013 avec une
probabilité d’être prorogée de trente (30) jours. 132
2) Les inscriptions sur les listes électorales et la distribution des cartes d’électeur
La biométrie qui a été mise en place dans le pays a aussi concerné le département du
Mfoundi, d’autant plus qu’il constitue le centre de prise de décisions. En effet, suite à la
décision n°0549 suscitée, les enrôlements biométriques des potentiels électeurs commençaient
dans les antennes communales des chefs-lieux de régions, le 03 octobre 2012. C’est ainsi qu’à
partir cette de date, les inscriptions ont été effectives dans les antennes communales
d’ELECAM dans le Mfoundi.
Après son lancement, la refonte biométrique des listes électorales se faisait soit auprès des
postes fixes installés dans les antennes communales, soit auprès des équipes mobiles. Tout
requérant d’un enrôlement devait satisfaire à deux conditions essentielles à savoir : la
présence133 et la présentation de la CNI ou du récépissé de celle-ci en cours de validité.
132
Ibid., p.33.
133
Toute personne qui voulait s’inscrire devait elle-même se présenter à l’inscription.
65
Cette refonte biométrique des listes électorales s’est déroulée en trois (03) principales
phases. La première phase correspondait à la durée prescrite dans la décision n°0549 suscitée,
c’est-à-dire qu’elle s’étalait sur la période allant du 03 octobre 2012 au 28 février 2013 ; la
deuxième phase pour sa part, allait du 28 février au 29 mars 2013 ; la troisième phase quant à
elle, est allée du 29 mars au 02 juillet 2013. Cette refonte biométrique des listes électorales a
abouti à la mise sur pied d’un fichier électoral national. Celui-ci fut mis en ligne dans le site
Web d’ELECAM au www.elecam.cm.135 Ainsi, tous ceux du département du Mfoundi qui
s’étaient fait inscrire, pouvaient y vérifier chacun son inscription et connaitre la désignation et
l’emplacement de son bureau de vote. Après cette refonte biométrique des listes électorales, il
ne restait plus qu’à établir et à distribuer les cartes d’électeur.
Débutée en février 2013, c’est en août de la même année que les besoins en cartes
électorales ont été couverts. Selon l’article 84 alinéa 1 de la loi n°2012/001 du 19 avril 2012
portant code électoral, modifiée et complétée par la loi n°2012/017 du 21 décembre 2012,
‘‘tout électeur inscrit reçoit une carte électorale biométrique….’’ Une fois produites, les cartes
d’électeur étaient acheminées dans les démembrements territoriaux d’ELECAM. Ainsi,
arrivées dans les démembrements territoriaux d’ELECAM dans le Mfoundi, ces cartes ont été
mises à la disposition de leurs titulaires. Ceux qui n’avaient pas récupéré leurs cartes
pouvaient le faisait dans les bureaux de vote le jour du scrutin.
134
ELECAM, Rapport…scrutin... 2013, p.34.
135
Ibid.p.57.
66
La photo ci-dessus présente la carte électorale biométrique d’un citoyen d’un des
arrondissements du département du Mfoundi. Elle regorge des informations utiles permettant
une identification aisée de l’électeur.
Chacune des cartes biométriques électorales contient des informations dans son recto et
verso. Au recto, nous avons : noms, prénoms, date et lieu de naissance, filiation, commune de
rattachement, numéro d’inscription, bureau de vote, lieu de résidence et profession. Dans la
partie inférieure de son verso, nous avons des données cryptées. Ces données cryptées jouent
deux principaux rôles à savoir, d’une part, la différenciation de chaque inscrit des autres et
d’autre part, la sécurisation de cette carte face à toute tentative de falsification de la part des
contrefacteurs.136
Pour ce qui est des élections de 2020, la révision des listes électorales a commencé le 1er
janvier 2019 pour s’achever le 31 aout de la même année, conformément à la loi électorale.
La consolidation de ce fichier s’est poursuivie à partir du 1er septembre 2019 jusqu’au mois de
janvier 2020 par des mises à jour et la correction des anomalies détectées 137 tout au long du
processus. Cette révision a conduit au toilettage efficace du fichier électoral. Par ailleurs, cette
révision a eu d’autres bénéfices parmi lesquels : la création de nouveaux bureaux de vote dont
la demande avait été exprimée par les chefs d’antennes communales ; la prise en compte dans
le système central des modifications et des radiations sollicitées par elles.138
136
Ibid., p.58.
137
Parmi ces anomalies, nous avons entre autres la présence de doublons, des transferts et des radiations non
prises en compte, l’omission de certains électeurs.
138
ELECAM, Rapport …scrutin…2020, p.29.
67
Pour ce qui est des cartes électorales, leur impression s’est faite du 10 décembre 2019 au
20 janvier 2020.139 Elles ont été transmises aux antennes communales du Mfoundi à travers la
délégation régionale du Centre, ceci pour leur distribution aux ayants droit.
Il suit de tout ce qui précède que les opérations préparatoires aux élections municipales
dans le Mfoundi entre 1996 et 2020 ont bénéficié des changements et des évolutions impulsés
parfois depuis le haut sommet de l’Etat. Ainsi, le passage du système manuscrit à la
technologie biométrique a permis d’améliorer, si non de transformer la qualité des
inscriptions et de la confection et distribution des cartes d’électeur. Cela étant dit, il reste donc
à présent d’étudier la période allant de la préparation des élections à la liquidation des
contentieux post-électoraux municipaux dans le Mfoundi entre 1996 et 2020.
139
Ibid.p.30.
68
Dans cette partie, nous analysons la préparation des élections d’une part, et d’autre part, le
dépôt des dossiers de candidature et les campagnes électorales.
Les statistiques prévisionnelles dans le contexte des élections municipales, ont été
élaborées sur la base d’un certain nombre d’hypothèses à savoir : le nombre probable
d’électeurs, de bureaux de vote, des candidatures et la date probable du scrutin.
140
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.121.
70
Le nombre probable des candidatures est aussi à mettre à l’actif des hypothèses de base
des estimations prévisionnelles des élections municipales. En effet, lorsque nous parlons du
nombre probable de candidatures, il est question de faire une estimation du nombre potentiel
de partis politiques en lice. Celle-ci est faite sur la base des élections antérieures.
La fixation de la date probable à la tenue du scrutin est également l’une des hypothèses
importante en matière d’élaboration des statistiques prévisionnelles. La structure en charge
des élections, sur la base des dispositions de la loi, fixait une période probable au cours de
laquelle pourrait se tenir les élections, en année électorale.
L’élaboration du budget des élections se faisait après l’évaluation des besoins et des
estimations des dépenses. Entre 1995141 et 2007, cette activité était menée par le
MINAT/MINATD. Il faut noter que, cette élaboration de budget faisait souvent l’objet de
concertations entre les services du Premier Ministre, le ministre de l’Administration
Territoriale et le ministre des finances. Ces concertations avaient deux buts à savoir d’une
part, arrêter et valider les différentes rubriques des dépenses projetées par le MINATD et
d’autre part, élaborer un chronogramme de mise à disposition des fonds par le ministre des
finances.142Depuis les élections de 2013 (pour ce qui est des municipales), la mise sur pied du
budget des élections est effectuée par ELECAM et de façon libre.
La réussite d’une élection est aussi en grande partie fonction de son matériel électoral. En
effet, le matériel électoral est un ‘‘ensemble d’objets, consomptibles ou durables qui entrent
dans la constitution des kits des bureaux de vote.’’143Il est constitué globalement du papier
141
1995 parce que c’est en cette année-là que débute la préparation matérielle des élections du 21 janvier 1996.
142
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.124.
143
ELECAM, Rapport…scrutin…2020, p.33.
71
Il n’y a pas seulement une préparation matérielle des élections, mais nous avons
également une préparation humaine. Celle-ci correspond à ce que Abdoulkarimou appelle ‘‘la
mobilisation des personnels et des agents électoraux.’’146Ainsi, la préparation humaine des
élections est en réalité l’ensemble des actions menées par les acteurs du jeu électoral en vue
d’une participation massive et efficiente de tous les participants du processus électoral.
L’organisation des élections municipales a été marquée par deux grandes périodes dont
l’ère MINAT/MINATD et l’ère ELECAM. Ainsi, pour bien analyser la préparation humaine
des élections municipales, nous allons considérer ces deux époques.
144
Du nombre du matériel de fonctionnement des bureaux de vote et des commissions sectorielles, nous avons :
les isoloirs, les sacs poubelles, les urnes et scellés, les dateurs, les machines à calculer, les stylos, les crayons, les
gommes et autres.
145
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.126.
146
Ibid. p.141.
147
1995 parce que c’est en cette année-là que la préparation des élections municipales avaient commencé.
72
Dans le cadre des élections de 2002, le ministre en charge des élections à travers la
décision n°098/D/MINAT/DAP/SDE du 21 mai 2002, instituait un service de permanence. Le
même jour, intervint la note de service n°38/NS/MINAT/DAP/SDE, qui a été modifiée et
complétée par celle n°84/NS/MINAT/DAP/SDE de juin 2002, et qui précisait la composition,
les attributions et les modalités de fonctionnement des commissions créées par la décision
suscitée. Placé sous la supervision du secrétaire général du MINAT et du Directeur des
Affaires Politiques, ce service de permanence comprenait huit (08) commissions à savoir : la
commission d’exploitation, de synthèse et de communication, la commission du contentieux,
la commission de relecture, de saisie et d’impression des bulletins de vote, la commission
d’empaquetage, de regroupement et d’expédition des bulletins de vote et imprimés divers, la
commission de transport et de restauration des équipes de travail, la commission de sécurité,
la commission de santé et la commission de centralisation des résultats.
Après avoir listé les différentes commissions, il convient de décliner leurs différentes
missions.
148
Elle est signée par le ministre Gilbert Andze Tsoungui.
149
Elle tient lieu de service de permanence.
150
C’est le ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya qui était le ministre en charge des élections en ce temps-là.
151
Monsieur Edou Emmanuel.
152
Cette coordination était présidée par le secrétaire général du MINATD en la personne de monsieur Ngbwa
Alphonse. Elle avait pour mandat entre autres de veiller à la mise en place effective des différentes structures et à
leur bon fonctionnement ; de contrôler et de coordonner les activités des commissions et des pools spécialisés ;
de s’assurer de l’effectivité de l’exécution des tâches assignées dans les délais.
73
153
Législatives et municipales parce que c’était des élections couplées.
154
Cette commission créée par la décision n°0299/D/MINAT du 24 novembre 1996 instituant un service de
permanence en des élections municipales du 21 janvier 1996. Elle était chargée entre autres de centraliser et
exploiter les rapports des autorités administratives et les informations en provenance des partis politiques, de
centraliser et contrôler les listes de candidature.
155
MINAT, Rapport général des scrutins législatif et municipal du 30 juin 2002 et des élections législatives
partielles du 15 septembre 2002, p.9.
156
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.142.
157
Ibid. p.10.
158
MINATD, Rapport général des scrutins législatif et municipal du 22 juillet 2007 et des élections législatives
partielles et de l’élection des conseillers municipaux à la commune de Lobo du 30 septembre 2007, p.24.
74
159
MINAT, Rapport général des scrutins législatif et municipal du 30 juin 2002 et des élections législatives
partielles du 15 septembre 2002, p.39.
160
A l’occasion des élections municipales de 1996, cette commission était plutôt scindée en deux à savoir : la
commission d’empaquetage et la commission de regroupement et d’expédition.
161
MINATD, Rapport général scrutins 2007, p.23.
162
Confer Note de service n°0075/NS/MINAT/SG du 18 décembre 1995, désignant les membres du service de
permanence.
75
transport et la restauration des équipes de travail.163 Elle est reconduite en 2002 et était
présidée cette fois par le Directeur des Affaires Générales du MINAT.
La commission de santé est créée en 1995 pour le compte des élections municipales du 21
janvier 1996. Elle est reconduite en 2002 et est placée sous la présidence du sous-directeur de
la santé pénitentiaire. Comme son nom l’indique, elle était chargée des questions sanitaires.
163
Cf. Article 7 alinéa 1 de la décision n°0299/D/MINAT du 24 novembre 1995 instituant un service de
permanence en vue des élections municipales du 21 janvier 1996.
164
Cf. Article 9 de la note de service n°0299/D/MINAT du 24 novembre 1995 instituant un service de
permanence en vue des élections législatives du 21 janvier 1996.
165
MINATD, Rapport général scrutins 2007…, p.23.
76
d’impression des bulletins de vote et imprimés divers, qui avaient été dissoute pour
défaillance à l’occasion du report des élections de 2002.166
Créée uniquement à l’occasion des élections de 2007 et présidée par Monsieur Agbortogo
Samuel (Directeur des Ressources Financières et Matérielles), la commission financière et de
gestion du budget des élections était chargée de toutes les questions liées au financement des
opérations électorales et la mise à disposition des fonds y afférentes. Elle avait par ailleurs la
166
Les élections devaient d’abord avoir lieu le 23 juin, mais avaient été reportées au 30 juin.
167
MINATD, Rapport général…scrutin…2007…, p.23.
168
Ibid. p.22.
169
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.142.
77
charge de veiller à la bonne tenue des divers pièces comptables justificatives des dépenses
effectuées.170
Enfin, nous avons la commission de rédaction du rapport général des élections créée en
l’occasion des élections de 2007. Présidée par Monsieur Essomba Pierre, celle-ci était chargée
de rédiger le rapport général du double scrutin législatif et municipal du 22 juillet 2007.171
En plus de ces commissions, des pools spécialisés avaient été mises sur pied. Nous avons
le pool de dactylographie, le pool de traduction, le pool de secrétariat et le pool de suivi des
travaux spéciaux.
Le pool de dactylographie est mis sur pied en 1995 par la décision n°0299/D/MINAT du
24 novembre 1995 instituant un service de permanence en vue des élections municipales du
21 janvier 1996.172Avec pour chef d’équipe Madame Mengue Jeanne, il était chargé de la
dactylographie des listes de candidatures ainsi que de tous les actes et correspondances
relatifs au scrutin.173
Le pool de secrétariat pour sa part, était présidé par Mademoiselle Soppo Mbango
Christiane, secrétaire au cabinet du ministre en charge des élections. Il était chargé de
l’ensemble des travaux de secrétariat liés à l’organisation matérielle des élections de 2007.175
Le pool de suivi des travaux spéciaux enfin, était présidé par le Directeur des Affaires
Politiques. Sa tâche était de faire la synthèse des besoins exprimés par les autorités
administratives, de la confection des projets de répartition du matériel, et de l’exécution
diligente de toutes les taches ponctuelles liées à l’organisation des consultations électorales de
référence.176
170
MINATD, Rapport général…scrutin…2007, p.24.
171
Ibid., p.25.
172
Cette décision est signée par Gilbert Andze Tsoungui, alors le ministre en charge de l’Administration
Territoriale.
173
Article 10 de la décision n°0299 suscitée.
174
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.144.
175
MINATD, Rapport général…scrutin…2007, p.25.
176
Ibid.
78
La sensibilisation
Requérant une large participation de la population au vote, il était de bon ton que soit
organisée une importante campagne de sensibilisation. Celle-ci s’est opérée à travers des
affiches, des messages radios et autres. Cette initiative a contribué au bout du compte à
convaincre nombre d’électeurs à aller aux urnes.
Dans le but de permettre aux autorités administratives de jouer efficacement leur rôle dans
le cadre des élections, il avait été procéder au renforcement de leurs capacités. Plus
concrètement, des séminaires avaient eu lieu dans l’objectif d’imprégner ceux-ci sur les
constances et les innovations dans les lois qui régissent les élections. A la veille des élections
de 2002 par exemple, un séminaire pour la province du Centre a été organisé le 30 avril 2002.
Les représentants du département du Mfoundi, parmi lesquels le préfet et les sous-préfets y
répondaient présents. L’articulation phare de ce séminaire portait sur le rôle de l’ONEL qui
venait de faire son entrée dans le processus électoral camerounais. L’accent était donc mis sur
le comportement des autorités administratives vis-à-vis de cette institution. Nous notons
également que l’emphase avait également été mise sur la bonne tenue des listes électorales et
un choix judicieux des présidents des différentes commissions électorales.
Dans l’objectif de réussir dans la tenue des scrutins, des séminaires de formation pour
agents électoraux ont aussi été organisés. Il s’agissait en l’occurrence des présidents de
bureaux de vote. Il était question de leur donner des connaissances sur le scrutin ;
connaissances qui tournaient autour des questions telles que : le cadre juridique applicable
aux élections concernées, la conduite des opérations de vote, le mode de scrutin et les
techniques de répartition des sièges en cas de partage, le rôle des présidents de bureaux de
vote, le maintien de l’ordre, la police des bureaux de vote, les opérations de dépouillement des
79
votes, la tenue des bureaux de vote, la publication des résultats de chaque bureau de vote,
l’acheminement des procès-verbaux vers les commissions compétentes.177
Sous la période d’ELECAM ou plutôt entre 2013 et 2020, nous avons également une
préparation humaine des élections municipales dans le département du Mfoundi. Celle-ci a été
faite entre autres à travers les activités du Conseil Electoral, le renforcement des capacités du
personnel d’ELECAM et des présidents et membres des commissions, la sensibilisation des
citoyens et des médias, la mise en place des équipes de travail et la prise en compte des
groupes vulnérables.
Les descentes sur le terrain effectuées par le Conseil Electoral avaient pour objectif global
de faire le suivi des préparatifs des scrutins. Ainsi pour le compte des élections de 2020 par
exemple, cette institution a effectué quatre (04) descentes sur le terrain.178 La première s’est
tenue du 18 au 29 novembre 2019. Cette descente visait l’évaluation des préparatifs au niveau
des démembrements territoriaux. La deuxième descente quant à elle a eu lieu en décembre
2019 et consistait à faire le point de certaines activités préparatoires spécifiques au niveau des
démembrements territoriaux. Tenue en janvier 2020, la troisième descente avait pour but de
veiller à l’acheminement du matériel et des documents électoraux. Cette descente permettait
également d’apprécier l’avancement réel des formations dispensées aux présidents et
membres des commissions locales de vote. Quant à la quatrième descente qui s’est effectuée
du 2 au 13 février 2020,179 elle avait trois(03) objectifs à savoir : le contrôle de l’effectivité
de la disponibilité du matériel électoral, l’exercice du vote par les membres du Conseil
Electoral et la supervision des opérations de dépouillement et transmission de procès-verbaux
des différentes commissions.
Cette institution a également tenu des concertations avec les autres acteurs du processus
électoral. A titre d’exemple, nous avons celle qui s’est tenue le 11 juillet 2013 au palais des
congrès de Yaoundé. L’objectif de cette assise était de s’assurer de la tenue du double scrutin
en préparation, dans un climat politique apaisé.180 Cette réunion a connu la participation de
177
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.148.
178
ELECAM, Rapport...du double scrutin…du 9 février 2020…, p.52.
179
Cette descente a commencé avant le scrutin et s’est poursuivie après le scrutin.
180
ELECAM, Rapport…scrutin… 2013, p.51.
80
Hormis toutes ces rencontres, le Conseil Electoral a aussi tenu des sessions de plein droit,
qui étaient consacrées soit à la mise en route de plans d’action relatif aux scrutins, soit à
l’évaluation ou même à la réévaluation du niveau de préparatif des scrutins, entre autres.
181
Les scrutins parce que c’était des élections législative et municipale couplées.
182
ELECAM, Rapport…scrutin…2013, p.51.
183
ELECAM, Rapport…scrutin…2020…, p.57.
184
Les exemples que nous allons donner sont uniquement ceux en vue des élections de 2020 parce que le rapport
des élections de 2013 n’en fait pas ressortir les dates.
81
répartition des sièges, l’utilisation des outils informatiques de calcul des résultats. 185Pour ce
qui concerne les personnels des démembrements territoriaux d’ELECAM, nous pouvons citer
à titre d’exemple les séances de formation du 27 décembre 2019 et du 12 janvier 2020. Cette
formation à laquelle assistait le chef d’antenne départementale du Mfoundi et les chefs
d’antennes communales, a été faite sur les thématiques suscitées.
Les présidents et membres de commissions n’ont pas été en reste. En effet, les
commissions communales de supervision et les commissions locales de vote ont suivi des
sessions de formation.186Du 23 au 31 janvier 2020, s’est tenue la formation des présidents et
membres des commissions communales de supervisions. Cette formation a porté sur leurs
attributions. De plus, il y avait au menu de cette session de renforcement des capacités, les
systèmes électoraux, les techniques de répartition de siège et le remplissage des procès-
verbaux desdites commissions.187
Pour ce qui concerne les présidents et les membres des commissions locales de vote, leur
séance de renforcement de capacités a eu lieu entre le 4 et le 7 janvier 2020 dans chaque
arrondissement.
La sensibilisation des citoyens et des médias a également été à l’ordre du jour des
préparatifs des élections municipales dans le Mfoundi entre 2013 et 2020.
Toute une campagne de sensibilisation a été faite au sujet de ces élections à l’égard de la
population. En 2013 par exemple, à la suite de la convocation du corps électoral, la
sensibilisation a été faite en vue d’une participation massive de la population au vote. De
façon précise, les actions de sensibilisation ont porté sur l’importance du retrait de la carte
d’électeur, la localisation des bureaux de vote, la production et la diffusion des guides
destinés aux électeurs, la réalisation et la diffusion dans les médias classiques (Télévision,
radio) des programmes spéciaux intitulés ‘‘Minutes Electorales’’, la simulation des
différentes étapes du vote sur les chaines de télévision publique et privées. 188De même en
2020, ladite sensibilisation a été menée à travers des affichages et de la diffusion des spots et
185
Ibid. p.47.
186
Ici encore, nous privilégions 2020 à cause de la datation.
187
ELECAM, Rapport… scrutin… 2020, p.48.
188
ELECAM, Rapport…scrutin… 2013, pp.55-56.
82
des messages dans les médias classiques (TV, radio) ; des communiqués de presse et l’usage
des plateformes numériques d’ELECAM (Facebook, Youtube, Twitter et autres).189
Les médias n’ont pas été en reste dans ce travail de sensibilisation. Conscient de leur rôle
d’information et de sensibilisation en matière électoral, ELECAM de concert avec la CEEAC
a tenu du 15 au 17 janvier 2020, un atelier de formation pour les journalistes. Il était question
de sensibiliser ceux-ci afin qu’ils puissent jouer à fond leur partition afin d’assister à un
scrutin inclusif et pacifique. Cet atelier de formation était organisé en vue de la réduction des
risques de violence et de conflits liés au mauvais traitement de l’information en période
électorale.
Dans le cadre de l’organisation des élections municipales entre 2013 et 2020 dans le
Mfoundi, des équipes de travail ont été mises sur pied.
En 2013 par exemple, des équipes ad-hoc ont été mises sur pied par la Direction Générale
des Elections, ceci pour le conditionnement et la distribution efficace du matériel électoral.
Cela a été fait à travers la note de service n°00079/ELECAM/DGE du 21 aout 2013. Cette
note de service instituait et mettait en place quatre (04) équipes ad-hoc qui avaient l’une la
charge des kits de fonctionnement des bureaux de vote, l’une la charge des kits de bulletins de
vote et de petites enveloppes correspondantes auprès de la SOPECAM, l’une la charge des
kits de bulletins de votes et de petites enveloppes correspondants auprès de l’Imprimerie
Nationale, et l’une la charge du transport. Chacune d’elle était divisée en trois (03) et se
relayaient sur la base d’un système de rotation qui correspondait à trois (03) tranches horaires
à savoir : d’abord de 8 heures à 15heures ; ensuite de 15 heures à 23 heures ; et enfin de 23
heures à 7 heures.190La principale mission était d’assurer la disponibilité du matériel électoral
à proximité des bureaux de vote, dix (10) jours au plus tard avant le scrutin.
Une fois que le matériel a été conditionné, il ne reste plus qu’il soit transporté vers les
démembrements territoriaux d’ELECAM du Mfoundi. Ainsi, cet acheminement a été effectué
par l’équipe chargée du transport nommée plus haut.
Dans le cadre des élections de 2020, plusieurs commissions et équipes de travail ont
également été mises sur pied.
189
ELECAM, Rapport…scrutin…2020, p.35.
190
ELECAM, Rapport… scrutin…2013, pp.61-62.
83
Pour ce qui est des commissions, la DGE a mis en place une commission centrale chargée
de l’organisation matérielle du double scrutin du 9 février 2020. A côté de celle-ci, des
commissions sectorielles ont été mises sur pied. Parmi elles, nous avons : la commission de
transport et de logistique, la commission du fichier électoral, la commission de la
communication, la commission de suivi de l’impression des documents électoraux, et la
commission de la formation et des groupes de travail.191
A côté de ces commissions, nous avons des équipes de travail encore appelées pools. Elles
avaient la charge du conditionnement et de l’acheminement du matériel électoral. Ces pools
étaient au nombre de quatorze (14), parmi lesquels nous avons les pools chargés du
conditionnement, du contrôle et de la validation, et les pools chargés du chargement et de
l’acheminement des kits, du suivi de l’expédition, de l’informatique et de la santé.192Dirigé
par un coordonnateur assisté d’un adjoint, tous choisis parmi les personnels de la Direction
Générale des Elections, chacun des pools était divisé en équipes à la tête de chacune
desquelles il y avait un chef d’équipe, toujours choisi parmi les personnels d’ELECAM
Les municipales dans le Mfoundi ont aussi été caractérisé par une inclusion des groupes
vulnérables. Nous classons dans la rubrique des groupes vulnérables, les femmes et les
handicapés. Le but visé était d’accroitre leur participation aux élections.
A titre d’exemple, ELECAM en vue de faire accroitre la représentativité des femmes dans
le processus électoral a mené des actions au nombre desquelles : une campagne en vue de
sensibiliser les partis politiques et de les amener à prendre efficacement compte du genre dans
les listes de candidature au scrutin du 9 février 2020, la participation à la formation des
femmes maires et leaders d’opinion en vue d’accroitre leur représentativité aux postes électifs,
et une étude statistique de la participation de la femmes à la couverture médiatique a
également été faite.193
Pour ce qui est des handicapés, ELECAM a mené des actions dans le but de leur permettre
de participer massivement au vote. Ce qui a donc conduit à la production des étiquettes et des
affichettes en brailles dans le but d’amener les handicapés visuels à voter facilement, à mettre
à la disposition des centres pilotes des interprètes en langues de signes dans le but de
191
ELECAM, Rapport… scrutin…2020, p.34.
192
Ibid.p.43.
193
Ibid.p.31.
84
Pour bien cerner les contours de ce dont nous parlons ici, il est utile de travailler sur la
base de deux (02) périodes à savoir : la période du MINAT/MINATD et la période ELECAM.
Durant cette période, trois (03) élections municipales ont été organisées : 1996, 2002,
2007. Les électeurs étaient toujours appelés aux urnes par un décret du Président de la
République. Ainsi, par le décret n°95/238 du 7 novembre 1995, le Président de la République
convoquait les populations aux urnes le 21 janvier 1996 ; par le décret n°2002/120 du 9 mai
2002, le Président de la République convoquait le corps électoral pour le 23 juin 2002 ; et
pour les élections municipales du 22 juillet 2007, le corps électoral fut convoqué par le décret
n°2007/112 du 20 avril 2007. Tous ces décrets ne précisaient pas seulement le jour du scrutin,
mais ils fixaient aussi les heures d’ouverture (08 heures) et de fermeture des bureaux de vote
(18 heures).
Après la convocation du corps électoral, les partis politiques étaient appelés à déposer
leurs dossiers de candidatures et disposaient pour ce faire, d’un délai de cinq (05)195 ou de
194
Ibid.p.32. L’annexe 2 nous présente un tableau des bureaux de vote où des étiquettes en braille ont été mises
à la disposition des handicapés visuels.
195
Elections de 1996 et de 2002.
85
quinze (15) jours après la convocation du corps électoral.196 Les dossiers de candidature
étaient déposés auprès des sous-préfets territorialement compétents. Ils comprenaient : les
signatures légalisées des candidats ; les noms, prénoms, dates et lieu de naissance, filiation,
profession et domicile des candidats ; le nom du mandataire, candidat ou non, et l’indication
de son domicile ; la mention sur la prise en compte des composantes sociologiques dans la
constitution de la liste ; le titre de la liste et le parti politique auquel il se rattachait ; le signe
choisi pour l’impression des bulletins de vote ou pour l’identification des partis politiques ;
une copie d’acte de naissance datant de moins de trois (03) mois ; un certificat de nationalité ;
un bulletin n°3 du casier judiciaire datant de moins de trois (03) mois ; une déclaration par
laquelle l’intéressé certifie sur l’honneur qu’il n’est candidat que sur cette liste et ne se trouve
dans aucun cas d’inéligibilité prévu par la loi ; un certificat d’imposition ; une attestation
d’inscription sur les listes électorales ; une attestation de domicile ou de résidence dans la
circonscription concernée ; l’original de versement de cautionnement ; une attestation par
laquelle le parti politique investi l’intéressé en qualité de candidat.
Les candidats aux élections devaient satisfaire à un certain nombre de conditions parmi
lesquelles : des conditions communes à toutes les autres élections (présidentielles et
législatives) et des conditions spécifiques.
Pour ce qui est des conditions spécifiques, nous avons le critère de résidence effective sur
le territoire de la commune concernée ; mais les non-résidents ayant un domicile réel dans la
commune concernée, pouvaient aussi se porter candidats aux élections.
L’examen des dossiers de candidature devait aboutir soit à l’acceptation, soit au rejet de
ceux-ci. Avant les réaménagements juridiques de 2006, il relevait de la compétence du préfet
soit d’accepter ou de rejeter les candidatures.197 En cas de rejet, le sous-préfet territorialement
compétent le notifiait à qui de droit par une lettre. Si le parti politique ne recevait pas de
notification dans les sept (07) jours suivant le dépôt de son dossier, il déduisait que sa
demande était acceptée. La notification de rejet faite au parti politique concerné devait
contenir les motifs du rejet.
196
Elections de 2007.
197
Après les réaménagements juridiques de 2006, la compétence de l’acceptation ou du rejet des candidatures est
passée au ministre en charge des élections.
86
Le constat que nous faisons par rapport à ce tableau c’est que tous les dossiers ayant fait
l’objet de rejet, l’ont été à cause de leur incomplétude. Cette situation pousse à se questionner
sur les causes, ce d’autant plus que tous les partis animant le jeu électoral municipal sont au
courant (ou devraient l’être) de la composition du dossier de candidature. De plus, ne devons-
nous pas voir en cela un manque de sérieux de la part de ces formations politiques ?
198
Nous parlons uniquement de 2007 parce que les rapports des élections de 1996 et 2002 ne ressortent aucun
rejet de candidature.
199
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.166.
87
fixaient le début de cette période à quinze (15) jours avant le jour du scrutin et la clôture à la
veille du scrutin à minuit.
Il est aussi important d’ajouter que les bulletins de campagne qui devaient être utilisés lors
de la campagne électorale, étaient mis à la disposition des partis politiques par les pouvoirs
publics. Ceux-ci comportaient des indications se rapportant au sigle, au logo et à la couleur du
parti politique concerné.
Globalement, nous pouvons dire que la campagne électorale se déroule à deux (02)
endroits à savoir : sur le terrain et dans les médias.
Sur le terrain, entre 1996 et 2007, les partis politiques ont utilisé des méthodes variées en
fonction des moyens humains et matériels dont disposaient chacun. Ainsi, ils se sont illustrés
à travers des banderoles, des affiches, casquettes et tee-shirts tous à leurs couleurs et effigies;
des meetings politiques, et la campagne de proximité ou le ‘‘porte-à-porte’’ entre autres.
Les campagnes se sont aussi déroulées dans les médias. Comme nous l’avons dit dans
notre introduction, la question de l’accès des partis politiques dans les médias de service
public avait été traitée durant la tripartite convoquée à Yaoundé en 1991. Tous les partis
politiques en compétition y avaient donc accès. Avant le lancement de la campagne électorale,
il est devenu une coutume pour le ministre en charge de la communication de fixer à travers
un acte règlementaire, l’ordre de passage et le temps d’antenne imparti à chaque formation
politique.
a pour coutume, à la veille de chaque élection, de fixer le temps d’antenne et de plancher sur
les conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions de campagne à
la télévision et à la radio nationales. Les actes règlementaires du ministre de la
communication susmentionnés en découlent.200
Il faut également dire que les autorités administratives jouaient un très grand rôle en ce
qui concerne les campagnes électorales. Globalement, leur rôle s’étendait sur deux (02) points
à savoir : les octrois des autorisations à manifestation publique d’une part, et d’autre part,
l’ordre et la sécurité pendant les campagnes.
Sous ELECAM
Sous ELECAM, le dépôt des candidatures s’est toujours effectué à la suite du décret du
Président de la République convoquant les électeurs aux urnes. Ainsi, disposant d’un délai de
quinze (15) jours suivant la publication de ce texte règlementaire, les partis politiques ont
déposés leurs dossiers de candidatures auprès des antennes communales, comme l’indique
l’article 181 alinéa 1 du code électoral.201Après leur enregistrement, ces dossiers ont été
transmis au Conseil Electoral.
200
Ibid. p., 183.
201
‘‘Les candidats font l’objet, dans les quinze (15) jours suivant la convocation du corps électoral, d’une
déclaration en trois (03) exemplaires, revêtue des signatures légalisées des candidats auprès du démembrement
communal d’Elections Cameroon. Cette déclaration est déposée contre récépissé.’’
89
DECISION DE LA
OBJET DU
N° DEMANDEURS DEFENDEUR CHAMBRE
RECOURS
ADMINISTRATIVE
Recours tendant à Le recours est recevable en la
Peuple Uni pour
autoriser l’examen forme. Au fond il n’est pas
01 la Rénovation ELECAM
des dossiers à justifié, il est par conséquent
Sociale
Yaoundé 5 rejeté.
Ordonner la
réception du
Mouvement
dossier de
03 Citoyen (le ELECAM Le recours est irrecevable.
candidature de
MOCI)
MOCI à Yaoundé
1er
Rejet de la liste Le recours est recevable en la
Bongwa Francis
04 ELECAM MRC à Yaoundé forme. Il n’est pas justifié, il
(SDF)
2ème est par conséquent rejeté.
Ordonner
Mbvoum
l’acceptation de la Il est donnant acte de son
05 Mbvoum (SDF ELECAM
liste SDF à désistement au recourant.
Yaoundé 4ème)
Yaoundé 4ème
Ordonner à
Kouasseu Charles ELECAM Le recours est recevable en la
06 Bertin (SDF ELECAM l’acceptation de la forme. Il n’est justifié, il est par
Yaoundé 5ème) liste SDF à conséquent rejeté.
Yaoundé 5ème
Ngankam Ordonner Le recours est recevable en la
07 ELECAM
Romarie (MRC l’acceptation de la forme. Il n’est pas justifié, il
90
Ce tableau montre que sur l’ensemble des quinze (15) recours qui furent déposés suite
aux rejets de candidatures à l’élection municipale de 2013 dans le Mfoundi, seuls trois (03)
eurent gain de cause : MRC à Yaoundé I et VII ; le SDF à Yaoundé III. Tous ces recours
portaient sur l’acceptation de la liste de candidature de ces partis politiques. Ces lites ayant été
acceptées, cela leur permis de prendre part aux élections dans ces circonscriptions électorales.
De même dans le cadre des élections municipales de 2020, plusieurs candidatures ont été
rejetées dans le Mfoundi, à travers la Résolution n°019/ELECAM.CE du 09 décembre 2019
portant rejet des listes de candidats pour l’élection des conseillers municipaux du 09 février
2020, du Conseil Electoral réuni en session de plein droit.
Tableau 5 : Listes de candidats rejetés dans le Mfoundi pour l’élection des conseillers
municipaux du 09 février 2020.
PARTIS
N° COMMUNES MOTIFS DE REJET
POLITIQUES
1 MERCI Yaoundé 1er Liste incomplète.
2 SDF Yaoundé 1er Absence de quittance du cautionnement.
Défaut de quittance de paiement ; défaut
3 PADDEC Yaoundé 2ème de certificat de non-redevance ; défaut de
certificat de nationalité.
Absence de toutes les pièces, à
l’exception de la déclaration de
4 SDF Yaoundé 3ème
candidature, de la déclaration sur
l’honneur et de l’attestation d’inscription.
92
Source : Tableau dressé B. R. Amougou sur la base des données du rapport des élections législatives et
municipales du 09 février 2020, tirées des pages 133 à 135.
La quasi-totalité des rejets, comme nous le démontre le tableau ci-dessus dressé, est le
fruit de l’incomplétude des dossiers de candidature. Ces rejets ont eu pour conséquence le fait
que le RDPC s’est retrouvé seul en lice dans certaines circonscriptions électorales et que dans
d’autres, il n’y avait pas plus de deux (02) partis en compétition.
Les partis politiques retenus étaient donc pleinement qualifiés pour la campagne
électorale.
Les affiches de campagne ne sont pas en reste. En effet, comme les bulletins de
campagne, le format des affiches a également été précisé. Cela a été fait à travers des
décisions. Il s’agit en 2013 de la décision n°0721/ELECAM/DGE du 22 juillet 2013 et en
2020, de la décision n°0473/D/ELECAM/DGE du 07 mars 2020, toutes du Directeur Général
des Elections. Ces décisions précisaient aussi les modalités de publication des documents de
campagne.
La publication des affiches et des professions de foi des partis politiques étaient donc
subordonnés à l’obtention du visa préalable d’ELECAM. Il était disponible à la Direction
Générale des Elections. Ce visa devait être refusé à tout texte appelant à la violence, portant
93
Par ailleurs, il faut ajouter que, comme nous le disions plus haut au sujet de la période
MINAT/MINATD, une enveloppe financière était octroyée aux partis politiques par les
pouvoirs publics au titre du financement de la campagne ; ceci avant le démarrage de la
campagne.
La campagne électorale débute quinze (15) jours avant le scrutin et prend fin à la veille à
minuit. Entre 2013 et 2020, les campagnes se sont également déroulées comme nous l’avons
dit plus haut, c’est-à-dire sur terrain et dans les médias.
Pour ce qui est des méthodes utilisées par les partis politiques, pas grand-chose n’a
changé. Ce sont les mêmes qui ont été reconduites à savoir : affiches, banderoles, meetings
politiques, porte-à-porte et autres.
Comme nous l’avons dit plus haut au sujet des autorités administratives, elles ont
continué à jouer les mêmes rôles.
De tout ce qui précède, nous avons passé en revue la préparation matérielle et humaine
des élections jusqu’à la tenue des campagnes électorales. Il nous faut donc passer maintenant
à la phase qui va du déroulement des scrutins à la liquidation des contentieux électoraux.
Les scrutins qui se sont déroulés dans le Mfoundi de 1996 à 2020 ont parfois fait l’objet
de contentieux.
La tenue des scrutins a toujours directement suivi la fin des campagnes électorales.
Entendu comme ‘‘l’ensemble des opérations de vote’’, le scrutin s’articule autour de trois (03)
moments forts à savoir : l’ouverture, le déroulement et la clôture.
Selon que le stipule les décrets du Président de la République appelant les électeurs aux
urnes, le scrutin s’ouvre à 08 heures. Ainsi, cette heure a presque toujours été respectée dans
202
Sanctions pénales, interdiction d’utilisation d’affiches et profession de foi et autres.
94
le département du Mfoundi, ce d’autant qu’il s’agit de la capitale, et qui est appelée à prêcher
par l’exemple.
Dans les bureaux de vote, l’électeur est passé par un certain nombre d’étapes dès son
entrée jusqu’à sa sortie. En effet, dès son entrée dans le bureau de vote le circuit se déroulait
comme suit :203
203
ELECAM, Rapport…du double scrutin…du 30 septembre 2013, pp.71-72.
95
Une fois les procès-verbaux établis, chacun des membres de la commission locale de vote
prenait son exemplaire. Il faut également ajouter que le représentant de l’ONEL avait aussi
son exemplaire.
Une fois que les commissions de bureaux de vote avaient achevé leur travail, les procès-
verbaux étaient transmis à qui de droit. Entre 1996 et 2007, chaque commission de bureau de
vote transmettait un exemplaire de procès-verbal (signé du président de la commission et de
ses membres présents) aux différentes commissions communales de supervision compétentes.
Par contre sous ELECAM, les procès-verbaux sont d’abord transmis à l’institution qui
organise les élections, et c’est cette dernière qui transmet à son tour les procès-verbaux
assortis des pièces annexes aux commissions communales compétentes, dans un délai de
quarante-huit (48) heures suivant la clôture du scrutin.
204
ELECAM, Rapport…du double scrutin…du 30 septembre 2013, pp.72-73.
96
UNDP (3 sièges)
Yaoundé II 35
RDPC (35 sièges)
Yaoundé III 35
RDPC (35 sièges)
Yaoundé IV 35
RDPC (35 sièges)
Yaoundé V 35
RDPC (35 sièges)
Yaoundé VI 35
RDPC (35 sièges)
Source : Tableau confectionné par B. R. Amougou à partir des données du Rapport des élections municipales
de 1996.
Le tableau que nous venons de dresser présente les résultats des élections municipales
de 1996 dans le Mfoundi. Ces résultats montrent que le RDPC a obtenu la majorité absolue
dans toutes les mairies du département, sauf à Yaoundé Ier où il a eu une majorité relative et
partagé les sièges avec le SDF et l’UNDP.
97
Ce tableau récapitulatif des élections municipales de 2002 dans le Mfoundi, montre que
le RDPC a eu la majorité absolue des suffrages exprimés dans toutes les circonscriptions
électorales. Il a par conséquent remporté tous les sièges.
Ce tableau récapitulatif des élections municipales de 2002 dans le Mfoundi, montre que
le RDPC a eu la majorité absolue des suffrages exprimés dans toutes les circonscriptions
électorales. Il a par conséquent remporté tous les sièges.
98
Le RDPC en 2013, comme le montre ce tableau ci-dessus dressé, s’est encore illustré
comme vainqueur de tous les sièges de conseils municipaux des mairies du Mfoundi.
Source : Tableau dressé par B. R. Amougou sur la base des données du rapport des élections législatives et
municipales de 2020.
Nous constatons qu’en 2020 les partis politiques ne se sont pas trop présentés dans le
Mfoundi comme le démontre le tableau ci-dessus. Là où l’opposition a affronté le RDPC, ce
n’est qu’au travers d’un seul parti politique. Cette situation relève peut-être du découragement
d’une opposition qui a compris qu’elle ne peut battre le parti au pouvoir dans la capitale.
99
Il est aussi important d’ajouter que les résultats des élections municipales dans le Mfoundi
présente une vaste domination du RDPC. Ceci est en grande partie dû au fait que cette
formation politique présente une domination spatiale. C’est le seul parti politique qui est
représenté dans tous les recoins des arrondissements du département. A cela, il faut aussi
ajouter le fait que c’est la seule formation politique qui connait le meilleur déploiement en
termes d’activités sur le terrain.
Une fois les conseils municipaux élus, les exécutifs des différentes mairies ont été élus et
mis en place.
L’élection du maire de la ville est organisée le 03 mars 2020 sur toute l’étendue du
territoire camerounais, Yaoundé y faisant parti, cette élection s’y est également tenue. Il faut
relever que cette élection est une innovation du Code Général des collectivités décentralisées.
Désormais le délégué du gouvernement nommé par un décret présidentiel faisait place au
maire de la ville qui, lui, est élu.
Le maire205 de la ville et ses adjoints206 ont été élus par un collège constitué de l’ensemble
des conseillers municipaux des communes d’arrondissement que constitue la mairie de la
ville.
205
La loi stipule que le maire de la ville doit obligatoirement être une personnalité autochtone de la région
d’attachement de la mairie. Mais cette question de l’origine ne se pose pas pour ses adjoints.
206
Le maire et ses adjoints sont d’abord à la base des élus locaux, c’est-à-dire qu’ils sont des conseillers
municipaux dans les conseils municipaux des communes d’arrondissement de Yaoundé.
100
Les élections que nous étudions ont fait l’objet de contentieux. Selon Francis Delpérée, ‘‘le
contentieux électoral traite…des litiges qui sont relatifs au processus électoral.’’207 En général
il existe deux (02) types de contentieux en matière d’élection à savoir : le contentieux pré-
électoral et le contentieux post-électoral qui nous intéresse ici. En effet, le contentieux post-
électoral désigne l’ensemble de ‘‘recours introduits en annulation totale ou partielle des
opérations électorales.’’208 Dans le même sens, il s’agit de ‘‘l’ensemble des litiges ou
contestations relatifs… au déroulement ou aux résultats d’une consultation électorale.’’209 En
effet, entre 1996 et 2020, les seuls contentieux post-électoraux des élections municipales que
nous avons trouvé sont ceux de 2013.
Ce tableau nous montre que tous les recours introduits à la chambre administrative de la
cour suprême n’ont pas eu gain de cause. Ils étaient soit irrecevables, soit recevables mais
non-justifiés, ce qui a donc causé leur rejet.
207
Delpérée, Le contentieux…, p.3.
208
ELECAM, Rapport…du double scrutin…du 30 septembre 2013, p.85.
209
Abdoulkarimou, La pratique des élections au Cameroun…, p.229.
101
De tout ce qui précède, il a été question de passer en revue la préparation des élections
municipales dans le département du Mfoundi entre 1996 et 2020 et les contentieux post-
électoraux. Nous y constatons que ces élections se sont globalement déroulées de manière
satisfaisante. Il reste donc à présent à parler des irrégularités et à faire le bilan des mandatures
municipales.
102
Il est question dans le cadre de ce chapitre d’une part de ce pencher sur les irrégularités et
d’autre part de faire le bilan des mandatures municipales dans le Mfoundi.
Dans le cadre de cette partie de notre travail, nous aurions pu choisir de parler de fraudes
au lieu d’irrégularités. Ces deux (02) notions peuvent s’inter changer, mais peuvent aussi
présenter des significations différentes. En effet, la fraude fait référence à toute action qui est
menée en violation de la loi et dont le but est de favoriser un candidat ou une liste de
candidats au préjudice des autres.210 C’est également toute manipulation de la loi dans le but
de favoriser un candidat ou la liste d’un parti politique au cours d’une élection. 211
L’irrégularité quant à elle fait référence à la non-conformité à la règle. C’est aussi un défaut
entachant un acte ou une situation non conforme au droit. 212 Toutes ces définitions nous
donnent de nous rendre compte que ces deux (02) termes font référence à l’illégalité, au non-
conforme au droit. En fait la fraude est une irrégularité, mais toute irrégularité n’est pas
forcément une fraude. La réelle différence entre les deux (02) se trouve sur l’intention. La
fraude est volontaire et est faite dans le but de favoriser. L’irrégularité quant à elle, lorsqu’elle
est faite volontairement est une fraude, mais quand elle involontaire, elle n’est pas une fraude.
La fraude est donc restrictive, alors que l’irrégularité est globalisante.
L’analyse du processus électoral municipal dans le Mfoundi entre 1996 et 2020, montre
de nombreuses irrégularités avant, pendant et après le vote.
L’étude du processus électoral municipal dans le Mfoundi entre 1996 et 2020 présente de
nombreuses irrégularités avant le vote.
Les inscriptions multiples constituent une irrégularité majeure qu’on observe dans le
processus électoral municipal dans le Mfoundi dans la fourchette de nos bornes
chronologiques. Mais il faut reconnaitre que ce problème est beaucoup plus observable sous
le MINAT/MINATD. Comme nous l’avons dit dans notre deuxième chapitre, cette période
210
Friedrich Ebert Stiftung, Prévenir et lutter contre la fraude électorale au Cameroun, Yaoundé, Clé, 2012, p.9.
211
Ibid.
212
Cornu, G., Vocabulaire juridique…, p.572.
104
est marquée par un système d’inscription archaïque, caractérisé par des opérations
manuscrites. En réalité, rien ne permettait d’assurer un quelconque contrôle du fichier
électoral. Cette situation a donc fait le lit aux inscriptions multiples. Une personne pouvait se
faire inscrire dans plusieurs listes électorales et ce, dans plusieurs quartiers.213 Parfois,
certaines personnes se faisaient inscrire sur les listes d’un bureau de vote plusieurs fois, mais
en des noms différents.214 Cet état de choses a été à l’origine de la détention de plusieurs
cartes de vote par un même électeur. Cette situation a faussé non seulement le corps électoral,
mais aussi le taux de participation aux scrutins.215
Cette irrégularité se serait aussi faite sous ELECAM, car du nombre des interviewés sur le
terrain, nous avons par exemple Aloïs Parfait Mbvoum217 qui affirme que, on ne maitrise pas
le fichier électoral parce que même après la clôture des inscriptions ELECAM continue
d’inscrire. Il renchérit en affirmant que les inscriptions se font en arrière fond à cause du fait
qu’ELECAM est le ‘‘bras séculier’’ du parti au pouvoir. Ce point de vue est également celui
que partage Roger Justin Noah.218
213
Ce qui est à l’origine de la présence de doublons sur les listes électorales. Il faut également ajouter que des
charters étaient organisés par des partis politiques en vue des inscriptions frauduleuses sur les listes électorales.
214
ONEL, Rapport général sur le déroulement des opérations des élections législatives et municipales 2002,
p.16.
215
Ibid., p.16.
216
Ibid., pp.15-16.
217
Aloïs Parfait Mbvoum, 48 ans, Vice-Président régional du SDF pour la région du Centre, Yaoundé, 2 mars
2022.
218
Roger Justin Noah, 51 ans, Secrétaire Général Adjoint du MRC, Etoudi, 20 décembre 2021.
105
Les erreurs sur les listes électorales étaient multiples. C’est le cas par exemple de la
mauvaise orthographe des noms, des erreurs sur le lieu et la date de naissance. Ces anomalies
ont créé beaucoup de problèmes le jour du vote, au point où certaines personnes ne pouvaient
pas exercer leur droit de vote.
Les cartes d’électeur dans le département du Mfoundi ont présenté des anomalies entre
1996 et 2020. Ces anomalies sont constituées de la mauvaise orthographe des noms, de
l’établissement des cartes électorales aux noms de personnes déjà décédées qui n’avait pas été
retranchées, de l’établissement des cartes aux noms de personnes frappées d’incapacité
électorale et des informations parcellaires sur l’état civil.219 Celles-ci ont eu des conséquences
non négligeables sur le droit de vote. En effet, le jour du vote, certains électeurs étaient
incapables d’exercer leur droit de vote, ceci à cause de la différence entre les informations de
la carte nationale d’identité, de celles dans la liste d’électeur et de la carte d’électeur.
Il est aussi important d’ajouter que certains électeurs se sont souvent retrouvés avec
plusieurs cartes de vote, chose condamnée par la loi électorale. Une telle situation donne la
possibilité de vote multiple. Ainsi, un électeur qui a, à sa possession plusieurs cartes de vote
ne peut que voter plusieurs fois si la commission locale de vote manque de vigilance.
L’observation de la distribution des cartes d’électeur laisse aussi voir un certain nombre
d’irrégularités. Au nombre de celles-ci, nous pouvons citer la mauvaise organisation de la
distribution des cartes d’électeur et leur distribution sélective.
La distribution des cartes électorales a parfois montrée des défaillances. En effet, une
distribution des cartes réussie est celle qui est basée sur une politique bien pensée et murie.
Malheureusement, cette entreprise a quelques fois été sujette à de l’improvisation. Nous
pouvons particulièrement observer cela avec les élections de 2002 où, une totale
improvisation a été observée. L’absence d’une politique de distribution de cartes claire, a
entrainé du désordre dans cet exercice. Cela a eu pour conséquence le fait que les cartes se
sont retrouvées partout : chez les autorités administratives, les élites et même chez les
candidats.220 Dans ce cafouillage, plusieurs électeurs ont eu du mal à récupérer leurs cartes,
219
ONEL, Rapport sur le déroulement des opérations des élections législatives et municipales 2007, p.44.
220
Ibid., p.27.
106
tandis que certains n’ont pas pu le faire ; ce qui a donc rendu difficile l’exercice du droit de
vote.
La distribution sélective des cartes est un comportement qui consiste pour les membres
d’une commission en charge de la distribution des cartes d’électeur, à sélectionner les cartes
de leurs militants en vue de les leur distribuer prioritairement. Ce comportement qui est en
réalité un manque de civisme, a été observé durant les opérations préparatoires de la
fourchette chronologique dans laquelle s’étend notre étude. Le rapport de l’ONEL des
élections législatives et municipales de 2002, révèle dans ce sens que, lorsque les
commissions en charge de la distribution des cartes d’électeur se réunissaient, elles
manquaient de civisme. En fait, ses membres sélectionnaient les cartes de leurs militants, et
cachaient les cartes des autres, ou les confisquaient, ou alors les détruisaient.221
Les irrégularités que nous traitons ici sont celles qui sont signalées à partir du dépôt des
candidatures jusqu’à l’élection des maires et leurs adjoints.
L’examen des lois électorales qu’a connu le Cameroun jusqu’ici montre que le dépôt et la
réception des dossiers de candidature sont circonscrits dans le temps, dans le sens qu’ils
obéissent à des délais préétablis. Ainsi, une fois le délai passé, aucun dossier ne doit plus être
reçu. Mais les témoignages recueillis sur le terrain font état de ce que cette mesure n’aurait
pas toujours fait l’objet d’une observation stricte. En effet, certains leaders de l’opposition
affirment que même après la date limite, les candidatures sont parfois reçues. Il s’agit par
exemple d’Aloïs Parfait Mbvoum qui déclare qu’ ‘‘ELECAM continue de recevoir les
dossiers de candidatures du RDPC, même après la date limite, car cette structure est son bras
séculier’’ et de Roger Justin Noah222 qui affirme que cette pratique se déroule dans les
coulisses et qu’elle ne peut être démontrée ni par un document ni par une quelconque preuve.
Toujours concernant les candidatures, les leaders de l’opposition estiment que les rejets de
candidatures présentent des irrégularités. Selon eux, la quasi-domination de la scène politique
du Mfoundi par le parti au pouvoir est une conséquence des rejets abusifs des candidatures de
221
ONEL, Rapport sur le déroulement des opérations des élections législatives et municipales 2007, p.2.
222
Noah, MRC…
107
l’opposition. Mais le parti au pouvoir contrarie ces affirmations en avançant que cette
domination est grand travail qui est abattu sur le terrain.223
L’octroi des autorisations à manifestation publique ne doit en aucun cas faire l’objet de
discrimination ; aucun parti politique fut-il le parti au pouvoir ne doit pas être privilégié.
L’observation que nous avons faite montre que la plupart des refus à manifester concerne les
partis de l’opposition ; ce qui amène à se demander si la chose est faite à tort ou à raison,
quand nous considérons que le parti au pouvoir ne fait presque jamais l’objet de refus de
manifester.
Ces refus, très souvent, ont été l’une des causes de l’échec des partis politiques de
l’opposition, puisqu’ils ne leur ont pas toujours permis de tenir leurs meetings normalement.
Cet état de chose amène tout de même à se questionner si les refus d’autorisation à
manifestation publique que subissent les partis politiques de l’opposition ne sont pas en réalité
une volonté manifeste du pouvoir en place de leur faire obstacle ou même de les museler.
223
Anonyme, militante du RDPC, Yaoundé IV, 75ans, 02 mars 2021.
108
De plus, ces refus jouent sur l’image de ces formations politiques. Le simple fait pour une
autorité administrative de ne pas octroyer une autorisation à manifester, signifie qu’elle y a
trouvé un danger pour l’ordre public ; ce qui n’est pas toujours le cas. Cette façon de faire a
souvent donné une image négative de ces partis politiques auprès des populations ; ce qui fait
qu’ils ne sont pas toujours bien considérés, et les résultats des urnes seraient l’une des
conséquences.
Durant les campagnes électorales, il était permis aux partis politiques d’utiliser des
affiches. Mais leur qualité en termes de message et les lieux d’emplacement obéissent à des
règles établies à l’avance. Mais le constat est que ces règles ne sont pas toujours respectées,
notamment en ce qui concerne l’emplacement des affiches. La ma jorité des partis politiques
en compétition dans le Mfoundi en sont concernés, car on peut constater que durant la période
de campagne électorale, l’emplacement des affiches ne répond pas toujours aux normes
préétablies.
Cette corruption morale électorale est un phénomène qui, s’inscrivant dans le champ du
‘‘donnant-donnant’’, est en réalité un achat tacite de voies électorales. Cette pratique qui ne
date pas d’aujourd’hui et qui est l’apanage de la majorité des partis politiques camerounais,
pour ne pas dire tous, tend à nous faire croire que dans notre contexte, la victoire aux
élections s’achète. Cet état de choses soulève une réalité à laquelle sont en proie nos
populations à savoir : la pauvreté. Dans un tel contexte, il est difficile de prêter une oreille
attentive au programme politique proposé (surtout quand on sait que ce programme est
224
Socpa, A., ‘‘Les dons dans le jeu électoral’’ in Cahiers d’études africaines, Eds. EHESS, 2000, p.93.
109
généralement un programme de tromperie) alors qu’on a faim. Comment une telle population
ne sera-t-elle pas prompte à bondir sur les quelques kilogrammes de riz et de viande qu’elle
voit devant elle ? Puisque le phénomène de corruption des électeurs est une vieille habitude,
cela nous pousse à penser que c’est exprès que les populations sont maintenues dans la
pauvreté pour à chaque fois venir les tromper avec quelque nourriture.
Durant les élections municipales qui se sont tenues dans le Mfoundi entre 1996 et 2020, le
matériel électoral n’a pas toujours été de bonne qualité. Certaines échéances ont parfois fait
montre d’un matériel défectueux. Il s’agit par exemple de la mauvaise qualité de l’encre et des
isoloirs, et des urnes non scellées.
Les élections municipales dans le Mfoundi ont également été marquées par des votes
multiples. En effet, les votes multiples constituent le fait pour un ou des électeurs de voter
plusieurs fois à l’occasion d’un même scrutin. Cette irrégularité qui a été observé dans le
département du Mfoundi dans notre fourchette chronologique, s’est exprimée de deux
manières.
D’une part, il y a des personnes qui ont voté plusieurs fois et ceci, en des endroits
différents. Il s’agit là du cas de personnes détenant plusieurs cartes de vote. En effet, cette
225
ONEL, Rapport ONEL 2007, p.99.
110
situation est imputable au système d’inscription sur les listes électorales. Durant le temps où
le MINAT/MINATD organisait et supervisait encore les élections au Cameroun, certains se
sont fait inscrire dans plusieurs listes électorales, c’est-à-dire qu’un individu s’inscrit dans les
listes de plusieurs circonscriptions électorales de sorte que le moment venu, il ne puisse être
interpellé. Au final, il se retrouve avec plusieurs cartes d’électeur. Ainsi, puisque la carte
d’électeur sert à voter, le jour du scrutin il va exercer son droit de vote à tous ces endroits.
D’autre part , nous avons le cas où un individu vote à la place d’une autre personne. Cette
irrégularité est due au manque de toilettage des listes électorales. Souvent on se rend compte
que les listes électorales continuent de contenir des noms de personnes décédées et de ceux
qui, s’étant déplacés, n’ont pas signalés afin que leurs noms soient enlevés sur les listes
électorales de l’ancienne circonscription électorale. Plusieurs profitent donc de leur absence
pour voter à leur place. En réalité, pour le faire, ils se rassurent d’entrer préalablement en
possession de leurs cartes d’électeur. Une fois dans le bureau de vote, ils parviennent à
tromper la vigilance des membres de la commission locale de vote.
A vrai dire, pour qu’un pareil vote ait lieu, tout se passe lors de l’identification de
l’électeur. Parfois, lorsque l’électeur se pointe on ne prend pas le temps de bien vérifier si
effectivement celui qui présente la carte de vote en est en réalité le détenteur. Le fait que le
nom qui est sur la carte corresponde à celui qui figure sur la liste électorale, n’est pas tout. Le
dernier élément très important, c’est la photo ; et très souvent la photo qui est sur la carte ne
correspond pas avec le visage de la personne qui s’est pointée pour l’identification. C’est
donc à ce niveau que se fait toute la différence, car on oublie parfois de bien vérifier la
conformité de la photo de la carte et le visage de la personne à identifier. Il est tout de même
important de mentionner que pour Luc Marie Manga Manga, ce sont les gens qui ne sont pas
inscrits sur les listes électorales qui jouent à ce jeu.226
Durant les scrutins, l’égalité numérique n’aurait pas toujours été respectée quant à ce qui
concerne les bulletins de vote des partis politiques en compétition ; or, il ne devrait pas en être
ainsi. Le rapport de l’ONEL de 2007 mentionne ce phénomène au nombre des irrégularités.
Cette politique tend à nous faire croire deux (02) choses : d’une part, que l’issue du scrutin est
connue à l’avance et d’autre part, qu’on est sûr que le ou les partis politiques ayant le faible
nombre de bulletins de vote ne seront pas plus votés que ça.
226
Luc Marie Manga Manga, 55 ans, conseiller municipal, Awae-escalier, 18/04/2022.
111
Mais les plaintes à ce niveau viennent beaucoup plus de l’opposition. A titre d’exemple,
Peter Kuma Kombain227 affirme que lors d’un scrutin municipal, il était membre de la
commission électorale mixte du bureau de vote de Bastos Nylon où, pour s’être plaint du fait
que les bulletins de vote de son parti politique (UNDP) étaient en quantité insuffisante par
rapport aux autres partis politiques, il a été expulsé dudit bureau de vote.
En réalité, l’égalité numérique entre les bulletins de vote des différents partis politiques en
compétition devrait être de rigueur dans tous les bureaux de vote. Cela permet à l’électeur de
maintenir le choix qu’il avait dans sa tête. En effet, si un électeur entre dans un bureau de vote
et se rend compte que les bulletins de vote d’un parti politiques sont finis, et que c’est
effectivement celui pour lequel il voulait voter, il sera obligé de voter pour un autre qu’il
n’avait pas prévu, au cas où il ne déciderait pas de voter bulletin nul.
De plus, le faible nombre des bulletins de vote d’un parti politique par rapport aux autres,
laisse une impression qui n’est pas vraie. En effet, tout électeur qui entre dans le bureau de
vote plusieurs heures après son ouverture, aura tendance à croire que le parti politique dont les
bulletins de vote sont en petite quantité est en train de gagner les élections ; alors qu’il n’en
est rien.
Le monnayage des voies est aussi l’une des irrégularités qui minent le système électoral
municipal dans le département du Mfoundi. Ainsi, de la première élection municipale de l’ère
de la libéralisation politique à celle récemment tenue, l’acquisition des voies s’est parfois fait
sur la base d’un paiement en argent. En effet, les partis politiques proposent parfois de
l’argent aux électeurs afin de bénéficier de leurs voix lors des scrutins.228 Pour être sûr que
ceux-ci ont effectivement voté pour eux, la preuve est souvent donnée par la sortie du bureau
de vote avec les bulletins de vote des autres partis politiques sur soi. L’argent promis ne peut
être décaissé qu’uniquement sur présentation de cette preuve.
A ce niveau, nous y voyons une double irrégularité : la première est celle dont nous
sommes en train de parler à savoir le monnayage des voix, et l’autre se trouve dans la preuve
du vote. Pour ce qui est de la preuve du vote, il est strictement interdit de sortir d’un bureau
de vote avec un quelconque bulletin de vote, car il y a dans le bureau de vote un sac à rebut où
227
Peter Kuma Kombain, 52 ans, Directeur de siège de l’UNDP, Yaoundé, 15/05/2021.
228
Cette Pratique est l’apanage de la majorité des partis politiques du Mfoundi.
112
doivent être jetés tous les bulletins de vote qui n’ont pas été introduit dans l’enveloppe qui est
réservée au choix du candidat.
Le monnayage des voix dans le Mfoundi soulève au moins deux réalités : la vulnérabilité
de la population et l’insouciance par rapport à l’avenir.
Le monnayage des voix ne s’arrête pas avec les électeurs externes, 229
mais il continue
également avec les électeurs internes.230 En effet, après le vote des populations, il y a un autre
vote qui a lieu. Cette fois-ci, les conseillers municipaux se retrouvent dans le cadre de la
première réunion de plein droit, pour élire le maire et ses adjoints. Il faut noter que, avant que
cette réunion ne se tienne, celui ou ceux qui veulent être élus offrent de l’argent aux autres
pour les corrompre.231 Il s’engage ici une véritable confrontation où les voix vont au plus
offrant. Cela veut donc dire que tout se gagne avant la session de plein droit.
229
Ce sont les populations que nous qualifions d’électeurs externes.
230
Ce sont les conseillers municipaux que nous qualifions d’électeurs internes.
231
Les sommes sont généralement chiffrées à des millions.
113
La modification des résultats de vote est à mettre à l’actif des irrégularités qu’a connues le
Mfoundi dans le cadre des élections municipales. En effet, pour que la liste d’un parti
politique soit déclarée vainqueur dans une circonscription électorale, il faudrait que le procès-
verbal de la commission communale de supervision le confirme. Ledit document est établi sur
la base des procès-verbaux provenant des commissions locales de vote. La modification des
résultats est généralement faite en dehors du bureau.
La lecture de l’article 62 alinéa 2 du code électoral de 2012 nous donne de constater que
le législateur y a laissé la possibilité de modifier les résultats des urnes. En effet, cet alinéa
dispose que lorsque la commission du bureau de vote finit son travail et transmet le procès-
verbal au démembrement d’ELECAM dans la commune, ce démembrement dispose de
quarante-huit (48) heures pour transmettre à son tour le document assorti des pièces annexes,
à la commission communale de supervision. Ainsi, rien ne rassure que ce document lorsqu’il
sort de cette structure, sort tel qu’il est entré; car cette fourchette de temps donnée par la loi
est largement suffisante pour modifier ledit document avant de le transmettre à qui de droit.
C’est la raison pour laquelle il serait utile que l’on procède à la modification de cette
disposition, en permettant à la commission locale de vote de transmettre lui-même le procès-
verbal à la commission communale de supervision ou alors, lorsque le démembrement
communal d’ELECAM le reçoit, il le transmet directement, sans attendre.
En ce qui concerne les élections municipales de 2013 par exemple, les témoignages
recueillis par nous font état du fait que les résultats auraient été modifiés dans certaines
communes d’arrondissement. C’est le cas par exemple de Roger Justin Noah232 qui affirme
que le parti politique dans lequel il milite à savoir le MRC, aurait été vainqueur dans les
Communes d’Arrondissement de Yaoundé III et VII, mais que les résultats auraient été
modifiés de sorte qu’il serait allé de vainqueur à perdant. Dans le même sens, Arnaud Manga
Kede233 affirme que le MRC aurait gagné les élections dans les communes d’arrondissement
de Yaoundé II, Yaoundé III et Yaoundé VII, mais que les victoires auraient été volées par le
RDPC. Selon lui, les procès-verbaux auraient été modifiés quelques heures après le vote par
232
Noah, MRC…
233
Arnaud Manga Kede, Membre du MRC, Ekounou, 20/11/2021.
114
le RDPC en complicité avec ELECAM ; ce qui fait dire à Roger Justin Noah234 que ‘‘nous
sommes en face d’une industrie de la fraude qui inclue aussi les agents d’ELECAM’’.
En bref, les élections municipales dans le Mfoundi entre 1996 et 2020 ont aussi été
caractérisées par de nombreuses irrégularités. Quel bilan peut-on donc établir des élus issus de
ces élections ?
Dans le Mfoundi, comme partout ailleurs au Cameroun, les communes ou plutôt les
mairies, sont conduites par deux (02) organes à savoir d’une part un (01) conseil municipal
qui a un rôle de délibération, et d’autre part un exécutif communal qui a, comme son nom
l’indique, un rôle d’exécution.
Entre 1996 et 2020, les élus locaux se sont déployés à travers un certain nombre d’actions
dans l’ensemble du département du Mfoundi. Mais avant d’en parler concrètement, il serait
important de jeter un coup d’œil sur les bases de leur déploiement.
Les bases de l’action des pouvoirs locaux constituent ici l’ensemble de tout ce qu’ils ont à
leur disposition pour être à mesure de jouer leur rôle de promotion du développement
économique, social, éducatif, sanitaire, sportif et culturel. Nous avons donc entre autres la loi,
le budget, les services opératoires de la mairie.
Les bases juridiques de l’action des élus locaux sont constituées par un ensemble de textes
législatifs entre 1974 et 2019.235 En effet, dans cette fourchette chronologique, il s’est succédé
des textes importants à savoir : la loi n° 74/23 du 5 décembre 1974 portant organisation
communale ; l’ordonnance n° 81/02 du 29 juin 1981 portant organisation de l’état civil et
diverses dispositions relatives à l’état des personnes physiques ; la loi constitutionnelle du 18
janvier 1996 ; la loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 d’orientation de la décentralisation ; la loi
n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes ; la loi n°
2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées ; la loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale ; la loi n°
Noah, MRC…
234
235
L’objectif ici est de montrer qu’il y a eu une évolution des textes juridiques qui fondent l’action des pouvoirs
locaux au Cameroun en général et dans le Mfoundi en particulier.
115
La loi n° 74/23 du 5 décembre 1974 portant organisation communale a connu quatre (04)
modifications à travers quatre (04) lois parmi lesquelles : la loi n° 77/2 du 13 juillet 1977 ; la
loi n° 90/057 du 19 décembre 1990 ; la loi n° 92/003 du 14 août 1992 ; la loi n° 95/21 du 8
août 1995. Elle définit la commune en son article 1er comme étant ‘‘ une collectivité publique
décentralisée et une personne morale de droit public.’’ Toujours selon le même article, la
commune a pour mission de gérer les affaires locales sous la tutelle de l’Etat, en vue du
développement économique, social et culturel de ses différentes populations.
Ce texte portant organisation communale a été en vigueur jusqu’en 2004, date à laquelle il
est abrogé et remplacé par la loi d’orientation de la décentralisation, dont l’article 88 stipule
que ‘‘sont abrogées et remplacées par celles de la présente loi, les dispositions
correspondantes de la loi n° 74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale,
ensembles des modifications subséquents…’’
236
Nous ne faisons pas mention des régions à cause du fait qu’elles ne font pas partie de notre travail.
116
La loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, fixe les
règles applicables aux communes conformément aux dispositions de la loi d’orientation de la
décentralisation suscitée.237 Elle définit la commune comme étant ‘‘la collectivité territoriale
décentralisée de base.’’238 En son article 3 alinéa 1, cette loi affirme que ‘‘la commune a une
mission générale de développement local et d’amélioration du cadre et des conditions de vie
de ses habitants.’’ Un certain nombre de compétences lui a donc été attribuée sur les divers
plans à savoir : économique, sanitaire, social, culturel, éducatif, sportif.239
La loi portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées, avec les lois de
2004, notamment celle d’orientation de la décentralisation et celle fixant les règles applicables
aux communes, ont été abrogées et remplacées par la loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019
portant code général des collectivités territoriales décentralisées.241
La loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale, selon son article 1er
alinéa 1, ‘‘détermine les impôts, taxes et redevances prélevés au profit des collectivités
territoriales décentralisées…’’
237
Confère article 1er.
238
Article 2 alinéa 1.
239
Des articles 15 à 22.
240
Cette loi définit le budget comme étant l’acte juridique par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les
dépenses d’une collectivité territoriale. Il y est également dit que le budget présente l’ensemble des programmes
concourant au développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif d’une collectivité
territoriale.
241
Confer article 500 de la loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités
territoriales décentralisées.
117
En son article 147, elle définit la commune242 comme étant ‘‘la collectivité territoriale de
base.’’ Toujours selon le même article, la commune ‘‘a une mission générale de
développement local et d’amélioration du cadre et des conditions de vie de ses habitants.’’
Ainsi, un certain nombre de compétences lui sont transférées. Lesdites compétences
s’inscrivent dans le plan du développement économique, du développement sanitaire et social
et du développement éducatif, sportif et culturel.
Par rapport à la population, les communes sont compétentes en matière d’état civil.
L’action sociale quant à elle est constituée par : la participation à l’entretien et à la gestion
(en tant que de besoin) des centres de promotion et de réinsertion sociale ; la création,
l’entretien et la gestion des cimetières publics ; l’organisation et la gestion de secours au
profit des nécessiteux.
242
Les communes du Mfoundi sont des communes d’arrondissement et selon la loi de 2019 ci-dessus citée, tout
ce qui s’applique aux communes s’y applique aussi.
243
‘‘La production des activités de production agricole, pastorales, artisanales, et piscicoles d’intérêt communal ;
la mise en valeur et la gestion des sites touristiques communaux ; la construction, l’équipement, la gestion et
l’entretien des marchés, gares routières et abattoirs ; l’organisation d’expositions commerciales locales ; l’appui
aux microprojets générateurs de revenus et d’emplois ; l’exploitation des substances minérales non
concessibles.’’ (Confer article 156)
244
L’alimentation en eau potable, le nettoiement des rues ; chemins et espaces publics communaux ; la lutte
contre l’insalubrité, les pollutions et les nuisances ; la protection des ressources en eaux souterraines et
superficielles ; la pré-collecte et la gestion des au niveau local des ordures ménagères… (Confer article 157).
245
La création et l’aménagement d’espaces publics urbains ; l’élaboration et l’exécution des plans
d’investissements communaux ; l’organisation et la gestion des transports publics urbains ; l’aménagement et la
viabilisation des espaces habitables ; l’éclairage des voies publiques ; la création des zones d’activités
industrielles entre autres. (Confer article 158)
118
Au plan sportif, suivant les compétences qui leur sont transférées, les élus locaux sont
appelées à promouvoir et à animer des activités liées au sport, à appuyer les associations
sportives, à participer à l’organisation des compétitions et autres.247
Pour ce qui concerne la culture, les pouvoirs locaux ont la lourde tâche de la promotion de
la culture et des langues nationales sur le plan local.248
Nous pouvons donc retenir au travers de tous ces textes que, le rôle des élus locaux a
toujours été de promouvoir le développement et l’épanouissement tous azimuts de leurs
populations par et pour lesquelles ils sont élus. C’est donc dire que l’élu local n’est rien
d’autre qu’un serviteur de la cause ou des causes de sa population et rien d’autre.
Le budget communal
L’une des bases qui permet aux élus locaux de jouer leur rôle en faveur des populations,
c’est le budget de la commune. En effet, le budget définit sur une période d’un an l’ensemble
des recettes et des dépenses d’une organisation, d’un Etat, d’une commune et autres. Le
budget d’une commune est donc en réalité l’acte par lequel les recettes et les dépenses d’une
commune sont annuellement prévues. Il présente selon l’article 4 alinéa 1 de la loi de 2009
portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées, ‘‘l’ensemble des
programme concourant au développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et
sportif de la collectivité territoriale.’’
246
Confère article 161 de la loi du 24 décembre 2019.
247
Article 162 de la même loi.
248
Article 163 de la même loi.
249
M., Finken, Communes et gestion municipale au Cameroun : institution municipale, finances et budget,
gestion local, interventions municipales, Presses du Groupe Saint-François, 1996, pp. 111-121.
119
Le principe de l’antériorité quant à lui stipule que le budget de la commune doit être
élaboré avant le début de l’exercice budgétaire. En effet, cette règle signifie que le budget de
l’exercice imminent est mis sur pied pendant qu’un autre est en cours.
Quant au principe de l’unité, le budget est établi en un document unique pour un exercice
budgétaire donné. Autrement dit, toutes les dépenses et les recettes doivent figurer dans un
seul et même document.
Le principe de spécialité pour sa part, ‘‘signifie que l’autorisation budgétaire n’est pas
accordée en bloc pour n’importe quelle dépense.’’251 En fait, ce principe impose d’indiquer
avec précision le montant et la nature des opérations prévues.
Pour le principe de l’équilibre budgétaire, le budget doit être équilibré, c’est-à-dire que
lorsqu’il est voté, il ne peut l’être ni en déficit ni en excédent. Autrement dit, le montant total
des recettes doit être égal au montant total des dépenses.
L’élaboration d’un budget dans le cadre d’une commune, fait appelle à trois (03)
catégories d’intervenants : le conseil municipal, le maire et le receveur municipal.252Le
conseil municipal vote le budget, tandis que le maire253 lui, le prépare et le présente au conseil
municipal ; alors que le receveur municipal lui, est chargé du recouvrement des recettes et du
règlement des dépenses dans la commune.
250
Quels sont les grands principes budgétaires, https://www.vie-publique.fr consulté le 08/06/2022 de 10h07 à
11h48.
251
Finken, Commune et gestion municipale…, p.115.
252
Ibid. p.121-124.
253
Le maire est en même temps l’ordonnateur du budget
120
Les recettes d’investissement quant à elles, ont un caractère ponctuel. Elles sont
constituées des emprunts à long et à moyen terme, des fonds de dotation reçus au titre de
l’investissement, des fonds de concours, des dons et legs assortis de charges d’investissement,
du produit de la vente des biens et de l’aliénation d’immeubles, du produit de la vente des
animaux ou matériels mis en fourrière et non réclamé dans les délais réglementaires, des plus-
values sur cessions d’éléments d’actifs immobilisés, des recettes affectées pour
investissement, des subventions d’équipement et d’investissement reçues et autres.
Les dépenses obligatoires comme leur nom l’indiquent, sont celles qui sont imposées par
la loi, alors que les dépenses facultatives sont celles qui sont celles qui ne figurent pas parmi
les dépenses obligatoires.
Du nombre des dépenses obligatoires, nous avons : les traitements et salaires ; les
indemnités et autres avantages prévus par les textes en vigueurs ; les cotisations sociales ; les
impôts et taxes à reversés ; les charges incompressibles liées au fonctionnement des services ;
les dettes exigibles ; les dépenses relatives aux fonds de contrepartie ; les dépenses de
transfert et autres.
254
Article 9 de la loi de 2009 portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées. Cette
définition est aussi identique à celle de l’article 389 alinéa 3 du code général des collectivités territoriales
décentralisées.
255
Les impôts directs locaux, les centimes additionnels sur les impôts et taxes de l’Etat, les prélèvements
effectués sur les recettes fiscales de l’Etat, les taxes directes et indirectes et autres.
256
Les revenus du domaine public communal, les revenus du domaine privé communal, les revenus tirés des
prestations de services.
257
Cette dotation est une dépense obligatoire pour la communauté urbaine, alors que les subventions sont
octroyées par d’autres acteurs dont les entreprises publiques, parapubliques et privées et les organismes publics
habiletés.
258
Article 402 de la loi de 2019 sur les CTD.
259
Ibid.
121
Les dépenses facultatives pour leur part, sont celles qui ne sont pas comptées parmi les
dépenses obligatoires. Elles peuvent momentanément faire l’objet d’une suspension quand les
moyens financiers de la collectivité territoriale s’avèrent insuffisants.
A côté des dépenses facultatives, nous avons des dépenses interdites. Celles-ci sont
formellement prohibées par la loi. De leur nombre nous pouvons citer : les prêts consentis à
une personne privée ; les subventions aux associations non déclarées et autres structures non
agréées ; les subventions aux associations et congrégations religieuses ; les subventions aux
partis politiques.260
Pour ce qui est des dépenses d’investissement, elles sont définies comme celles qui qui
permettent de réaliser des équipements, des bâtiments, des infrastructures et d’acquérir des
matériels relatifs à ces travaux, tout ceci en vue de la promotion du développement
économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif.261 De façon précise, les dépenses
d’investissement concourent à la construction et à l’équipement des marchés, gares routières
et abattoirs ; à la réalisation des opérations d’aménagement ; à l’équipement des formations
sanitaires ; à l’équipement des établissements scolaires ; au développement de l’éclairage
public et à l’électrification des zones nécessiteuses ; à la réalisation des infrastructures
sportives et socio-éducatives et autres.
260
Article 30 alinéas 1 et 2 de la loi de 2009 ; article 406 alinéa 1 et 2 de la loi de 2019 sur les CTD.
261
Article 407 alinéa 1 de la loi de 2019.
262
Nous avons privilégié ces deux (02) CAY à cause de ce que ce n’est que sur elles que nous avons pu avoir
quelques données.
122
Source : Tableau dressé par B. R. Amougou sur la base des données des discours des maires lors des sessions
consacrées à l’examen et à l’adoption des comptes administratifs.
Source : Tableau dressé par Amougou à partir des données de compte administratif et de procès-verbaux
examinant et adoptant les comptes administratifs.
Exercices Recettes
2017 985.339.650 FCFA
2018 922.737.318 FCFA
2019 1.277.698 012 FCFA
Les trois (03) tableaux ci-dessus dressés nous présentent les budgets, les recettes et les
dépenses de la commune d’arrondissement de Yaoundé II (CAY II), la commune
d’arrondissement de Yaoundé IV (CAY IV) et la commune d’arrondissement de Yaoundé V.
Ils nous permettent de constater que les mairies ne sont pas à négliger, car elles font des
123
entrées qui se chiffrent à plusieurs centaines de millions et parfois à des milliards. Ce sont
elles qui permettent aux élus locaux de se déployer et d’accomplir leur mission de
développement économique, social, éducatif, sanitaire, sportif et culturel au quotidien.
Au-delà des textes règlementaires qui structurent le rôle des pouvoirs locaux, et du budget
qui est comme une sorte de boussole de leur action, les élus locaux ont besoin des services de
la mairie pour être capables de jouer efficacement leur rôle auprès de leurs populations. Parmi
ces services nous pouvons citer quelques-uns à savoir : le service d’hygiène, de l’état civil,
celui des affaires sociales.
Tel que nous l’avons souligné plus haut, les textes juridiques qui ont régit l’action des élus
locaux depuis ceux de 1974 jusqu’à ceux de 2019, ont mis l’accent sur le fait que les pouvoirs
locaux ont pour mission de promouvoir le développement économique, éducatif, social,
culturel et sportif de leurs différentes collectivités. C’est donc sur cette base que nous
abordons ce qu’ils ont fait de concret sur le terrain.
Ce document est tellement important au point où c’est lui qui nous ouvre les portes de
l’instruction. En effet, lorsqu’un enfant arrive à l’âge d’aller à l’école, s’il n’a pas d’acte de
naissance il ne peut en principe s’inscrire dans aucune école. C’est la même chose avec les
diplômes. On ne peut avoir de diplôme sans acte de naissance. C’est de la même façon qu’on
ne peut prétendre postuler pour un concours sans présenter son acte de naissance. C’est donc
dire que l’acte de naissance est un document qui nous ouvre les portes de la vie.
124
Au sens l’ordonnance de 1981, les élus locaux sont habiletés à célébrer des mariages et en
établir des actes.
De plus, le mariage contribue à la sécurité des citoyens. Pour le cas d’une femme par
exemple, elle ne se sent vraiment en sécurité que sous le toit d’un homme avec qui elle s’est
mariée. Pour qu’elle soit mariée, c’est avec l’intervention d’un officier d’état civil. C’est donc
dire que les élus locaux participent dans ce sens à la sécurité des citoyens.
L’autre action non négligeable jouée par les pouvoirs locaux se trouve dans
l’établissement des actes de décès. Ce document est d’une importance capitale, car nous
voyons son utilité au quotidien. Lorsqu’on veut par exemple faire établir un jugement
d’hérédité ou qu’une femme voudrait bénéficier de la pension de son défunt marie (et vis-
versa), cet acte est toujours requis.
L’une des actions importantes que les élus locaux posent pour le grand bien de leur
population, c’est l’octroi de l’emploi. En effet, entre 1996 et 2020, des centaines de jeunes ont
trouvé l’emploi dans les mairies de la ville de Yaoundé. Cela a contribué à réduire le chômage
125
et le sous-emploi dans notre cité capitale, et donc à améliorer les conditions de vie des
personnes physiques et des familles.
En réalité, il faut ajouter que la structure administrative qu’est la commune, à travers des
recrutements qu’elle offre aux chercheurs d’emploi, se pose comme un stabilisateur de la
société. En effet, on se rend compte que dans une société qui se caractérise par le chômage
(surtout des jeunes), se développe aussi le grand banditisme, la délinquance et bien d’autres
comportements capables de mettre en mal la sécurité des personnes et des biens. Aussi, offrir
de l’emploi aux populations permet de les occuper à l’utile et d’éviter de ce fait toute
déviance découlant du désœuvrement. Les communes d’arrondissement du Mfoundi n’ont
certainement pas donné l’emploi à tout le monde, mais pour ceux-là à qui elles ont donné,
cela a contribué à stabiliser des familles et donc, la société.
L’éclairage public
L’éclairage public constitue une autre prescription de la loi à l’endroit des élus locaux. En
effet, entre 1996 et 2020, les élus locaux n’ont pas manqué de jouer ce rôle. Des travaux
d’éclairage public ont été effectués dans plusieurs quartiers de la ville, permettant ainsi
d’augmenter l’éclairage déjà existant. Cette action a permis aux élus locaux de contribuer au
bien-être des populations et de lutter contre l’insécurité.263 Toujours dans la même veine, la
mairie de Yaoundé II dans le cadre de l’opération ‘‘ville lumière’’ en 2019, a procédé à la
pose de 500 lampadaires dans les artères de l’arrondissement.264
L’hygiène et la salubrité constitue aussi une mission non négligeable des élus locaux dans
le cadre de leurs communes. Conscients du fait que la propreté rime avec la bonne santé, les
élus locaux du département du Mfoundi entre 1996 et 2020, ont mené des activités d’hygiène
et de salubrité. Ceci s’est matérialisé par le nettoyage journalier des rues, des caniveaux et des
campagnes d’assainissement dans les quartiers. Il a également été procédé à l’instauration de
jours spécifiques dédiés à la propreté, à l’exemple des ‘‘mardi propre’’, ‘‘mercredi propre.’’
263
Procès-verbal du conseil municipal de la commune d’arrondissement de Yaoundé II relatif à la session
ordinaire du 08 novembre 2012.
264
Procès-verbal de la session ordinaire du 16 juillet 2020 consacrée à l’examen et à l’adoption du compte
administratif de la commune d’arrondissement de Yaoundé II, Exercice 2019.
126
L’approvisionnement en eau
L’implication dans la formation des jeunes et des femmes est une exigence de la loi vis-
vis des élus locaux. En effet, entre 1996 et 2020, les pouvoirs locaux du département du
Mfoundi ont apporté leur contribution à la formation de leurs populations.
Dans le cadre de la formation professionnelle par exemple, les mairies sont carrément
devenues des creusets d’apprentissage. C’est ainsi que ces structures d’administration locale
ont constamment reçu des stagiaires venus des universités privées de formation
professionnelle.
Les élus locaux se sont également impliqués dans le cadre de la formation des élèves dans
l’enseignement maternel et primaire. Cette implication s’est traduite entre autres par la
délivrance de certificats d’indigence pour des dossiers d’exonération des frais d’inscription
des enfants handicapés et les enfants de personnes vivant avec un handicap,266 l’octroi du
paquet minimum aux établissements.267
265
Procès-verbal de la session ordinaire du conseil municipal de la commune d’arrondissement de Yaoundé IV
tenu le 21 septembre 2018 consacrée à l’examen et à l’adoption du compte administratif de l’exercice 2017 et au
vote des délibérations.
266
Alain Nken Mbogos, chef service des affaires sociales à la commune d’arrondissement de Yaoundé V,
Yaoundé Vème, 46 ans, 06 juin 2022.
267
Procès-verbal du conseil municipal de la commune d’arrondissement de Yaoundé II relative à la session du
treize décembre deux mille douze.
268
Procès-verbal du conseil municipal de la commune d’arrondissement de Yaoundé II du 16 juillet 2020
consacré à l’exercice 2019.
127
Il faut également ajouter que la formation de la femme n’a pas été en reste. En effet, dans
leur rôle de réduction des inégalités entre l’homme et la femme, les élus locaux ont apporté
leur pierre à l’édifice de la construction de la gente féminine en s’impliquant dans la
formation de celle-ci. C’est dans ce sens que les travaux de réfection du bâtiment abritant le
centre de formation de la femme et de la famille de Nkolndongo, ont par exemple été
effectués par la commune d’arrondissement de Yaoundé IV.269
Avoir des locaux propres étant de loin meilleur qu’être en location, les élus locaux l’ayant
compris, ont tout fait pour se lancer dans la construction d’hôtels de ville. Ainsi, entre 1996 et
2020, on a assisté à l’érection d’hôtels de ville dans les communes du département du
Mfoundi. Entre autres exemple nous pouvons citer les hôtels de ville des communes
d’arrondissement de Yaoundé II, Yaoundé IV, Yaoundé VI.
L’acquisition d’engins roulant n’est pas en reste dans la liste des réalisations des élus
locaux dans le Mfoundi. Entre 1996 et 2020, ils ont permis aux pouvoirs locaux de réaliser un
certain nombre d’infrastructures importantes à savoir : les ponceaux, le reprofilage des routes
et autres.
269
Procès-verbal de la session ordinaire du conseil municipal de la commune d’arrondissement de Yaoundé IV
du 20 juillet 2017 consacrée à l’examen et à l’adoption du compte administratif de l’exercice 2016 et au vote
des délibérations.
128
Il faut au demeurant dire que les élus locaux font l’objet de nombreuses critiques.
Globalement, ils sont accusés de ne pas être de véritables catalyseurs de développement tel
que la loi le précise à leur égard.
En effet, lors des campagnes électorales ils font beaucoup de promesses aux populations,
les font rêver. Mais une fois élus, ils ne tiennent plus leurs promesses. Cela fait donc
percevoir la politique comme étant une entreprise de mensonge où on trompe la population
pour avoir son suffrage. Certains militants y compris ceux du parti au pouvoir, pensent que le
mot ‘‘politique’’ en lui-même est problématique. En effet pour eux, cette expression renvoie
au mensonge, à la duperie, à l’hypocrisie. Etre politicien en leur sens, c’est être un technicien
de la duperie.270
Les résultats insuffisants des élus locaux sont aussi dus à la considération même qu’ils ont
des mairies. Pour eux, la mairie c’est la ‘‘mangeoire.’’ C’est la raison pour laquelle ils font
tout, au point même d’user des moyens de corruption, pour être élus comme maire. Etant
donné qu’on a fait beaucoup de dépense, alors une élu ce n’est pas à la population qu’on
pense d’abord, mais plutôt à son argent. A partir de ce moment le premier réflexe est de
récupérer ce qu’on a perdu et même de faire des bénéfices ; et c’est seulement lorsqu’il reste
peut-être une à deux années pour la fin du mandat, qu’on peut voir se réaliser une ou deux
choses promises lors de la campagne.271 Le plus souvent ces réalisations ont pour vocation de
convaincre le peuple en vue de briguer le prochain mandat.272 Il serait donc judicieux de
procéder à l’éducation des élus eux-mêmes, des politiques et des populations sur la sacralité
de l’institution communale. En réalité, l’institution locale est importante au point où Alexis de
Tocqueville a pu dire qu’elle est le lieu d’apprentissage de la démocratie.273
L’autre chose qui amoindrit l’action des élus locaux est à rechercher dans le mécanisme
d’investiture. Le constat que nous faisons est que ceux qui sont investis pour des mandats
électifs ne sont pas la plupart du temps le fruit du consentement populaire. Très souvent, ils
sont le fruit de l’investiture des partis politiques, investiture parfois faite sur la base
d’appartenance à une obédience philosophique (rose croix, franc maçonnerie…), la base du
rang social, de type de famille à laquelle on appartient et autres. Il est donc clair qu’une
personne qui est investie sur de telles bases de peut produire des résultats escomptés. C’est la
270
Anonyme, militante du RDPC…
271
Zibi Edoa, chef traditionnel de 3ème degré, Messa Ekoazon, 35 ans, 18 mai 2022.
272
Anonyme, chef de 3ème degré, Yaoundé IV, 60 ans, 10 avril 2022.
273
Alexis de Tocqueville cité par Alain Kisito Metodjo dans Devenir maire en Afrique : décentralisation et
notabilité locale au Bénin, Paris, L’harmattan, 2008, p.15.
129
raison pour laquelle nous pensons que les populations elles-mêmes doivent faire le choix de
leurs représentants. Cela leur sera bénéfique, surtout si leurs choix sont faits sur la base d’
‘‘un bon comportement.’’274 Le bon comportement ici est qualifié comme tel à la suite d’une
minutieuse observation, ceci pour se rassurer de faire le meilleur choix possible.
Le niveau de formation a aussi un lien avec la qualité de résultats sur le terrain. En effet,
entre 1996 et 2020, il y a eu des élus dans les communes d’arrondissement du Mfoundi qui
n’avaient pas un niveau de formation, même scolaire, acceptable. L’aspiration à un mandat
électif, et même municipal, n’est pas l’un des moindres. En réalité, un élu local doit quand
même avoir un niveau de formation scolaire appréciable, de telle sorte qu’il puisse assumer
ses fonctions avec aisance. Mais le faible niveau d’étude de nos élus locaux a souvent conduit
à des résultats insatisfaisants.
Il faut par ailleurs noter que l’absence d’une réelle décentralisation a beaucoup freiné
l’action des élus locaux dans le Mfoundi. En effet, si la décentralisation avait vraiment été
appliquée telle qu’elle nous est présentée dans les textes juridiques, les pouvoirs locaux
auraient eu tout ce qu’il faut en leur possession pour se déployer avec efficacité. Ainsi, nous
souhaitons vivement que la décentralisation ne continue plus à rester dans les textes et dans
les discours, mais plutôt qu’elle soit réellement appliquée. Cela permettra à nos chers élus de
jouer immanquablement le rôle qui est le leur.
Il est aussi important d’ajouter ici que, c’est le RDPC qui écume les exécutifs communaux
et même les assemblées délibérantes des mairies du Mfoundi depuis 1996. C’est donc dire
que le bilan des élus locaux dans le Mfoundi est celui du RDPC.
Au-delà de toutes les critiques qui sont faites sur les responsables élus communaux, il faut
reconnaitre qu’ils font des efforts, qu’ils travaillent, qu’ils posent des actes au quotidien.
Souvent leurs actions ne sont pas connues ou alors sont mal connues de la population, ceci
parce qu’il y a un défaut de divulgation de ce qui est fait ; ce qui laisse croire qu’ils ne font
rien, alors qu’ils font parfois de très bonnes choses.275 Ils doivent donc mettre sur pied des
mécanismes de divulgation de leurs actions, afin d’informer la population au sujet de ce qu’ils
font au quotidien. En d’autres termes, puisqu’ils sont élus par les populations et qu’ils sont
responsables devant elles, ils doivent pratiquer l’ ‘‘accountability’’, c’est-à-dire qu’ils ont le
274
Alexis de Tocqueville cité par Alain Kisito Metodjo dans Devenir maire en Afrique : décentralisation et
notabilité locale au Bénin, Paris, L’harmattan, 2008, p.65.
275
Il arrive souvent que les élus posent des actions dans un domaine alors que le peuple les attend ailleurs. Même
dans ce cas, il arrive que le peuple croie que rien n’est fait.
130
devoir de rendre compte à la population de leur différentes actions. Ceci permettra de les
éviter des accusations inutiles.
Il ressort donc de tout ce chapitre que les élections municipales dans le Mfoundi entre
1996 et 2020 ont fait l’objet de nombreuses irrégularités, et que les élus issus de celles-ci ont
posé de nombreuses actions dans le sens du développement de leurs collectivités comme le
prescrit la loi. Mais en tout état de cause, ces actions restent insuffisantes. La décentralisation
doit donc être accélérée afin les élus locaux aient plus de moyens de contribuer au
développement de leurs populations.
131
CONCLUSION GÉNÉRALE
132
Le domaine électoral est toujours très intéressant à étudier vu sa place dans les sociétés
à travers le monde et notamment au Cameroun. L’intérêt que nous avons porté à cette
question, nous a donné dans le cadre de cette étude, à nous intéresser aux élections
municipales dans le département du Mfoundi dans la fourchette chronologique qui va de 1996
à 2020 ; le but étant de savoir comment s’y est structurée la mécanique électorale municipale
durant cette période.
Les élections étant une institution humaine qui a obligatoirement besoin d’acteurs dans
tout le long de leur processus pour les amener à bien, le processus électoral municipal dans le
Mfoundi a connu l’intervention de plusieurs acteurs de 1996 à 2020. Pouvant être regroupés
comme organes institutionnels d’une part et organes non institutionnels d’autre part, ces
acteurs ont contribué de manière significative à l’animation du processus électoral municipal
dans le Mfoundi. Parmi les acteurs institutionnels nous avons les partis politiques, les
administrations de l’Etat (le MINAT/MINATD, le MINDEF, le MINCOM, la DGSN), les
commissions électorales mixtes, l’ONEL et ELECAM; et du nombre des autres intervenants,
nous citons : les chefs traditionnels, les observateurs et les médias.
Il faut reconnaitre que parmi les organes en charge des élections, il y en a ceux qui sont
dans le collimateur de l’Etat. Il s’agit par exemple des institutions comme les administrations
de l’Etat, l’ONEL et ELECAM. De tels acteurs électoraux sont considérés par Maurice
Kamto comme une ‘‘excroissance’’276 de l’Etat et par Luc Sindjoun comme ‘‘des simples
habits de gala’’277 à cause de leur incapacité à prendre des décisions autonomes.
De plus, le processus électoral qui aboutit à l’élection des élus locaux dans le Mfoundi
entre 1996 et 2020, a connu des évolutions notamment avec d’une part, l’entrée en jeu de
nouveaux acteurs comme l’ONEL et ELECAM qui vient le remplacer ; et d’autre part
l’amélioration du processus notamment les opérations préparatoires où on est passé du
système de la manuscrit à la biométrie, en passant par l’informatisation du fichier électoral en
2007. Le département du Mfoundi étant le département le plus en vue du Cameroun, il a
bénéficié de tous ces changements.
L’étude que nous avons faite démontre également que le processus qui conduit à l’élection
des élus locaux est parsemé du début à la fin d’irrégularités. Ces irrégularités sont constituées
en irrégularités volontaires et involontaires.
276
Cette expression signifie les organes d’une même membrane. Maurice Kamto est cité par S. F. Sobze dans
son article ‘‘Les organes en charge des élections au Cameroun.’’
277
Cité par Sobze dans le même article.
133
Les irrégularités volontaires sont celles qui sont voulues et relèvent de la volonté de
favoriser un parti politique au détriment des autres. Nous avons par exemple le détournement
des résultats, le monnayage des voix, la corruption morale par des présents et de l’argent.
Les irrégularités involontaires quant à elles, sont celles qui se produisent sans
préméditation humaine. Nous avons entre autres les erreurs sur les listes et cartes électorales.
En outre, les élus locaux issus de ce processus électoral ont un bilan insuffisant. En effet,
il faut reconnaitre que ceux-ci travaillent et posent des actions positives pour le
développement de leurs différentes populations. Mais tout ceci reste insuffisant.
Il faut dire que si la mairie n’était pas perçue comme une ‘‘mangeoire’’, l’action de ces
élus aurait été bien meilleure que ce que nous voyons. En effet, le plus souvent des dépenses
colossales sont faites pour être élu et surtout pour faire partie de l’exécutif municipal. Une
fois élu, le premier réflexe est souvent de récupérer l’argent perdu et d’en faire même des
bénéfices ; ce qui limite de manière significative leur action.
Ainsi, puis que nos communes d’arrondissement sont appelées à être de véritables
creusets où se déploient le développement et le bien-être des collectivités territoriales, un
certain nombre d’actions doivent être posées pour booster le déploiement de nos élus. Il s’agit
entre autre d’accélérer le processus de la décentralisation (décentraliser complètement),
éduquer les élus, les politiques, mais aussi les populations sur la sacralité de l’institution
communale, et enfin, veiller à ce que celui qui souhaite être élu dans une commune ait un
niveau de formation acceptable.
134
ANNEXES
ANNEXE 2 : Tableau des bureaux de vote où des étiquètes en braille ont été mise à la
disposition des handicapés visuels
ANNEXE 3 : Photo d’un isoloir et d’un sac à rebuts avec un électeur en train de faire
son choix
b) Mandature 2002-2007
c) Mandature 2007-2013
d) Mandature 2020-2025
b) Mandature 2002-2007
c) Mandature 2007-2013
d) Mandature 2013-2020
Maire : M. ASSAMBA Luc (il décède en 2019 et est remplacé par AYISSI ELOUNDOU
Yannick Martial)
e) Mandature 2020-2025
b) Mandature 2002-2007
c) Mandature 2007-2013
d) Mandature 2013-2020
e) Mandature 2020-2025
b) Mandature 2002-2007
c) Mandature 2007-2013
d) Mandature 2013-2020
Maire : Mme AMOUGOU NOMA Régine (elle assure l’intérim après la mort d’ABEGA
MBIDA Théophile en 2012 jusqu’en 2013)
e) Mandature 2020-2025
b) Mandature 2002-2007
c) Mandature : 2007-2013
d) Mandature 2013-2020
e) Mandature 2020-2025
b) Mandature 2002-2007
c) Mandature 2007-2013
d) Mandature 2013-2017
e) Mandature 2017-2020
f) Mandature 2020-2025
b) Mandature 2013-2020
c) Mandature 2020-2025
2ème adjoint : Mme EVOUNA ENYEGUE Elvire Fleur épse YONGO Léa
BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES
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149
Citoyenneté et pouvoir politique en Afrique centrale : état des lieux, défis et perspectives,
Paris, L’harmattan, 2016, pp.29-40.
Nouazi Kemkeng, C., V., ‘‘La réception des normes internationales relatives dans l’ordre
juridique camerounais’’ in Alawadi Zelao (dir.), La démocratie au Cameroun : scènes,
arènes, règles et acteurs, Paris, L’harmattan, 2016, pp. 129-151.
Olinga, A., D., ‘‘Bilan des élections municipales du 30 juin 2002 au Cameroun et impact sur
l’évolution démocratique du pays’’, Cahier africain des droit de l’homme, Droit à la
démocratie en Afrique centrale, n°2, 2003, pp.69-83.
Socpa, A., ‘‘Les dons dans le jeu électoral au Cameroun’’, Cahiers d’Etudes Africaines, Ed.
de l’Ehess, 2000, pp.91-108.
Sobze, S., F., ‘‘ Les organes en charge des élections au Cameroun’’ in Alawadi Zelao (dir),
La démocratie au Cameroun : scènes, arènes, règles et acteurs, Paris, L’Harmattan, 2016,
pp.153-179.
3. Thèse
4. Support pédagogique
Binam Bikoi, A., C., Support de cours de théorie politique à l’intention des étudiants de
Master I en Science Politique pour l’année académique 2015-2016.
Loi n°2000/015 du 19 décembre 2000 relative au financement public des partis politiques et
des campagnes électorales.
Loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.
Loi n°2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées.
6. Les rapports
------------, Rapport général des scrutins législatifs et municipal du 30 juin 2002 et des
élections législatives partielles du 15 septembre 2002.
MINATD, Rapport général des scrutins législatif et municipal du 22 juillet 2007 et des
élections législatives partielles et de l’élection des conseillers municipaux à la commune de
Lobo du 30 septembre 2007.
ONEL, Rapport général sur le déroulement des opérations des élections législatives et
municipales 2002.
------------, Rapport général sur le déroulement des opérations électorales des élections
législatives et municipales 2007.
7. Dictionnaires
Cornu, G., Vocabulaire juridique, Puf, Quadrige, 9ème édition mise à jour, Paris, 2011.
Guinchard, S., Debard, T., Lexique des termes juridiques, 25ème édition, Paris, Dalloz, 2017-
2018.
II. SOURCES
1. Sources d’archives
2. Sources orales
Noms et
Age de Lieu de Date de
prénoms de Statut l’informateur
l’informateur l’interview l’interview
l’informateur
Anonyme 75 ans Militante du RDPC Yaoundé IV 02 mars 2021
Chef de 3ème degré à
Anonyme 60 ans Yaoundé IV 10 avril 2022
Yaoundé IV
Belinga Etougou Chef traditionnel à 20 décembre
75 ans Ekounou
Joseph Ekounou II 2021
Sous-directeur des
études et de
Fabo Darlin
47 ans l’exploitation des Ngousso 15 octobre 2021
Merlin
données et des
statistiques
Kuma Kombain Directeur de siège de
52 ans Yaoundé 15 mai 2021
Peter l’UNDP
Manga Kede
39ans Membre du MRC Ekounou 10 octobre 2020
Arnaud
Manga Manga Ancien Conseiller
55ans Awae-escalier 18 avril 2022
Luc Marie municipal
Mbvoum Aloiis Vice-présidant régional
48 ans Olezoa 02 mars 2022
Parfait du SDF pour le Centre
Chef service des
Nken Mbogos
46 ans affaires sociales à la Yaoundé V 06 juin 2022
Alain
CAY V
Noah Roger Secrétaire général 20 décembre
51 ans Etoudi
Justin adjoint du MRC 2021
153
3. Sources numériques
DEDICACE ................................................................................................................................. i
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii
SOMMAIRE ............................................................................................................................. iii
RÉSUMÉ.................................................................................................................................... v
ABSTRACT .............................................................................................................................. vi
LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS .................................................vii
LISTE DES ILLUSTRATIONS ...............................................................................................xii
INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................ 1
LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET ............................................................................................ 9
L’INTERET DU SUJET ..................................................................................................................... 9
LE CADRE SPACIO-TEMPOREL .................................................................................................. 10
DEFINITION DES CONCEPTS ...................................................................................................... 11
LA REVUE DE LA LITTERATURE.............................................................................................. 12
PROBLEMATIQUE ......................................................................................................................... 16
METHODOLOGIE ET APPROCHE THEORIQUE ....................................................................... 16
a) La méthodologie ........................................................................................................................ 16
DIFFICULTES RENCONTREES .................................................................................................... 18
PLAN DU MEMOIRE ...................................................................................................................... 19
CHAPITRE I : LES ACTEURS DU PROCESSUS ÉLECTORAL MUNICIPAL DANS
LE MFOUNDI (1996-2020) .................................................................................................. 21
I. Les organes institutionnels ........................................................................................................ 22
1) Les partis politiques et les administrations de l’Etat ........................................................................... 22
2) Les commissions électorales mixtes, l’ONEL et ELECAM ................................................................ 28
2) Les inscriptions sur les listes électorales et la distribution des cartes d’électeur ................................. 64
II. Le bilan des mandatures municipales dans le Mfoundi (1996-2020) .................................. 114
1) Les bases de l’action des élus locaux................................................................................................. 114
2) Les actions des élus locaux dans le Mfoundi de 1996 à 2020 ........................................................... 123