These Kossi Amessinou
These Kossi Amessinou
These Kossi Amessinou
Technologies mobiles en
milieu agricole au Sud Bénin
Kossi AMESSINOU
Résumé ......................................................................................................................... 1
Summary....................................................................................................................... 3
Resumen ....................................................................................................................... 5
Chapitre 1 : Le Bénin.................................................................................................... 18
Troisième partie : Les technologies mobiles, leurs usages et leurs appropriations ...........136
Bibliographie .................................................................................................................215
i
Dédicace
Nous dédions cette thèse :
A l'épouse qui nous a soutenu dans ce travail long et passionnant qui a affecté nos temps
de présence et de loisirs. Ses prières quotidiennes et les messes d’actions de grâce
qu’elle n’a cessé de demander pour l'aboutissement heureux de cette thèse, ont produit
leur résultat. Qu’elle soit ici remerciée et bénie ;
Aux enfants à qui il a sûrement beaucoup manqué de loisirs et l'affection paternelle, afin
que cette œuvre se réalise à la grande satisfaction de tous. Qu’ils soient à présent bénis
et remerciés eux aussi ;
Aux feus parents pour les sacrifices endurés afin de faire de nous le premier des instruits
de leur progéniture. Que leurs âmes reposent en paix. Que cette thèse soit perçue comme
le fruit de la gratitude filiale.
ii
Remerciements
La présente opportunité de recherche appliquée en vue de l’obtention du « Doctorat en Sciences
de l’Information et de la Communication1 » nous a été offerte par le Professeur Alain
KIYINDOU. Son humanité, son appui et sa rigueur scientifique nous ont été d’un apport
inestimable dans l’accomplissement de nos travaux. Qu’il reçoive ici notre gratitude infinie.
Nous remercions de Directeur de l’ « Ecole Doctorale Montaigne Humanités2 » de l’
« Université Bordeaux Montaigne3 » pour avoir accepté notre dossier d’inscription en
thèse au cours de l’année académique 2015-2016.
Nous remercions le Responsable et les membres de l’axe de recherche « MEDIAS » du
laboratoire « MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts) qui est le laboratoire de
recherche en Sciences de l’information et de la communication et en Arts de l’Université
Bordeaux-Montaigne, labellisé comme Equipe d'Accueil (EA 4426) de l'École Doctorale
Montaigne-Humanités4 ».
Nous remercions les collègues doctorants avec lesquels nous avons fait le cheminement sur la
route de la recherche scientifique, en particulier Monsieur Rodrigue KABORE avec qui nous
avons partagé des moments et des espaces de séjour à Bordeaux.
Nous remercions aussi Monsieur Nazaire Yalèkpon, notre ami et frère de très longue date qui
s’est fait le plaisir de relire notre travail de recherche. Sa disponibilité et son appui nous ont
permis de venir à bout de ce processus rude et complexe qu’est la conduite d’une thèse de
doctorat. Qu’il trouve ici l’expression de notre gratitude.
Nos remerciements vont également aux associations de producteurs d’ananas avec lesquels
nous avons eu la grâce de vivre des moments de convivialité pendant la collecte de données sur
le terrain dans les communes du département de l’Atlantique.
1 http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/formations/offre-de-formation-2016-2020/doctorat-YA/information-
communication-et-mediation-des-sciences-SCINFO.9/doctorat-sciences-de-l-information-et-de-la-communication-
program-r-31-15.html?search-
keywords=doctorat%20en%20sciences%20de%20l%27information%20et%20de%20la%20communication
[consulté le 13 janvier 2018]
2 http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/ecole-doctorale/ecole-doctorale-unique.html [consulté le 13 janvier 2018]
3 http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/index.html [consulté ce 13 janvier 2018]
4 http://mica.u-bordeaux3.fr/ [consulté ce 13 janvier 2018]
iii
Aux Autorités du Ministère du Plan et du Développement du Bénin qui nous ont facilité les
procédures régulières de demande de visa d’entrée en France, nous adressons nos
remerciements.
Enfin, que reçoive nos remerciements, notre ancien stagiaire , Monsieur Menard ERIOLA qui
a aussi contribué à l’alimentation de la plateforme de promotion de l’ananas du Bénin en qualité
de chargé d’intermédiation avec les producteurs d’ananas.
ii
Résumé
A la quête de meilleures conditions de vie, les citadins se sont souvent approprié les
technologies de l'information et de la communication (TIC). Ces TIC ont atteint aujourd’hui le
milieu rural et il est utile de s’intéresser aux transformations structurelles qu’elles apportent en
milieu agricole. Cette quête d’information est au centre de la curiosité qui fonde la conduite de
cette recherche. L'imaginaire collectif semble considérer le milieu rural comme l'espace du
chaos où la pénibilité déconstruit l'ambition du progrès. A l'ère de l'expansion technologique,
nous nous interrogeons sur les transformations organisationnelles induites par l'intégration et
l'usage des technologies par le citoyen vivant en milieu agricole. Le travail de la terre est certes
sa première activité, mais en quoi est-ce que l'exploitation des technologies mobiles
manipulables à distance lui facilite l’activité agricole et la relation avec la clientèle ? Les
facilités de transformations structurelles attribuées à l'implémentation des technologies en
milieu agricole sont-elles effectives ? Si oui, induisent-elles des améliorations de conditions de
vie?
Pour dissiper nos doutes, nous avons revisité les travaux réalisés en sciences de l'information
et de la communication, en sciences agronomiques, en télécommunications et en sciences de
l’ingénierie. Mais des questions sont restées non élucidées, d'où la nécessité de confronter nos
interrogations avec les réalités du terrain. Les constats sont inéluctables et confirment la
disparité de vie entre le milieu agricole et celui citadin. Nous n’avons pas pensé le contraire
mais nous nous sommes dit que les fossés ne sont pas aussi profonds aujourd’hui que par le
passé. L'usage du téléphone mobile est basique au sein des enquêtés de notre milieu d'étude.
Nous nous sommes spécifiquement intéressé aux acteurs en charge de la production et de la
vente de l'ananas frais. Deux tiers des producteurs d'ananas interrogés par l'enquête de terrain
utilisent le téléphone pour annoncer la disponibilité du produit, mais le bouche à oreille reste le
moyen le plus utilisé pour la publicité. Lesdits téléphones et autres équipements mobiles
n'interviennent donc presque ni pour collecter les informations culturales ni pour le transfert
financier. Les technologies de maîtrise d'eau dans les espaces cultivés et les machines agricoles
sont encore très peu accessibles. La main-d'œuvre locale est de ce fait fortement sollicitée. Les
conditions de travail se révèlent alors assez difficiles en général. L'internet et les réseaux
sociaux sont encore un luxe. Malgré la moyenne de cinq personnes à charge, ils s’assurent les
trois repas quotidiens. La production d'ananas est faite par la plupart des enquêtés, en
complément d'autres activités.
1
L'usage des technologies étant assez limité dans la vie de nos enquêtés, nous avons entrepris de
mettre en place une organisation d'intermédiation technologique et commerciale. Le but de cette
entité est d'installer une cible témoin d'observations dont les conditions de vie seront mieux
appréciées avant et après une saison de production et de récolte d'ananas. Cette entité collecte
les offres et en fait la promotion sur une plateforme dédiée à la vente d'ananas au Bénin. Les
frais de fonctionnement et de pérennisation de la plateforme sont à la charge des acheteurs.
Cette plateforme informe aussi les acteurs sur l'actualité du secteur de l'ananas au Bénin. La
mission dévolue à cette plateforme reste l'intermédiation commerciale. Pour l’intermédiation
technologique, nous entamons des négociations pour faire des expérimentations sur le terrain.
Les contraintes liées à la rareté de la main-d’œuvre vont induire le recours au robot tracteur
pour le labour, ce dernier étant l’une des activités qui présentent le plus de contraintes dans la
production d’ananas.
L'expérience de cette plateforme permet de se rassurer qu'en cas de soutien des pouvoirs publics
aux acteurs de la filière, notamment en matière d'outils technologiques, les conditions de vie en
seraient améliorées. Les technologies atténuent la pénibilité de l'activité de production. Elles en
facilitent aussi la reconnaissance à grande échelle. Pour ce faire un échantillon de producteurs
d'ananas a été contacté pour servir d'acteurs de la phase témoin de la mise en œuvre du
processus. Une enquête qualitative a suivi la mise en œuvre de ce processus pour nous
convaincre des progrès susceptibles être obtenus suite à l'intégration des TIC dans les activités
des producteurs d'ananas.
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Summary
In search of better living conditions, city dwellers almost use information and communication
technologies. What about the situation in rural areas? It is an interrogation that has nourished
the curiosity that underlies the conduct of this research. The collective imagination most of the
time considers the rural environment like a space of chaos, where the penury destroys progress
ambitions. In this age of technological expansion, we wonder about the changes brought by the
integration and use of technologies in the life of the citizens living in agricultural areas. Farming
is indeed their first occupation, but does the use of the mobile handling technologies makes the
labour conditions easier? Are the structural transformation facilities attributed to the
implementation of agricultural technologies effective? If so, do they induce improvements in
living conditions and limit the mass exodus to urban areas, seeking betterment?
To alleviate our doubts, we revisited studies existing in information and communication
sciences, agronomics and telecommunications. However, the concerns have not been all
dissipated, hence the need to confront the data with the realities of the ground. The results are
inescapable and confirmed the disparity of lifestyle between agricultural and urban
environment. The use of the mobile phone is basic within the surveys of our study environment.
We are particularly interested in the actors in charge of the production and sale of fresh
pineapples. Two third of pineapple producers interviewed while conducting our field
investigations, use the phone to announce the availability of the product, but mouth to mouth
remains the most used medium for advertising. Television, telephones and other mobile
equipment do not intervene neither in the collection of the agricultural related information nor
for the financial transfer. The technologies to control water in the fields and agricultural
machinery are still very inaccessible. As a result, the local labor force is heavily involved.
Working conditions are generally rather difficult. Internet and social networks are still a luxury.
Despite the average of five dependents, they make three daily meals. Pineapple production is
made by most of the concerned, in addition to other activities.
The use of technologies is rather limited in the lives of our respondents; we have undertaken to
set up a commercial intermediation organization. The aim of this entity is to establish a control
target of observations whose living conditions should be watched and appreciated before and
after a season of pineapple production and harvest. This entity collects pineapple offers and
promotes them on a platform known for selling pineapples in Benin. The running costs and the
perpetuation of the platform are up to the purchasers. This platform also informs stakeholders
3
of the current situation in the pineapple sector in Benin. The mission devolved on this platform
remains commercial intermediation.
The experience of this platform makes it possible to reassure oneself that a political eventual
assistance in tools could then improve the respondents living conditions. Technologies mitigate
the hassle of pineapple production. They also facilitate wide-scale recognition. To do this, a
sample of pineapple producers has been contacted as actors in the phase of implementation of
the process. A qualitative survey followed the implementation of processes to convince us about
the progress that could be achieved following the integration of ICT into the activities of
pineapple producers.
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Resumen
En la búsqueda de mejores condiciones de vida, los residentes urbanos usan las tecnologías de
la información y de las comunicaciones. Qué hay de las zonas rurales? Eso es una pregunta que
alimenta la curiosidad que fundó la realización de esta investigación. El imaginario colectivo,
considera el espacio rural como el espacio de caos, donde las dificultades deconstruye la
ambición de progreso. En la era de la expansión tecnológica, nos preguntamos a propósito de
los cambios traídos por la integración y el uso de la tecnología en la vida de los ciudadanos que
viven en zonas agrícolas. El trabajo de la tierra es sin duda su primera actividad. Pero cuales
son los efectos que hace el funcionamiento de las tecnologías móviles sobre la facilitación de
las condiciones de ejercicio? Son las instalaciones de transformación estructural atribuidas a la
aplicación de tecnologías eficaces en zonas agrícolas? Si es así, inducen las condiciones de vida
mejoras, y limitan el éxodo masivo a las zonas urbanas buscando ser mejor?
Para disipar nuestras dudas, volvimos a visitar estudios ya realizados en Ciencia de la
Información y Comunicación, en ciencias agrícolas y en telecomunicaciones. Pero las
preocupaciones siguen sin resolverse, por tanto, la necesidad de comparar los datos con las
realidades sobre el terreno. Las conclusiones son ineludibles y confirmaron la disparidad de la
vida entre la comunidad agrícola y el medio ambiente urbano. El uso del teléfono móvil es
básico en las investigaciones de nuestro ambiente de estudio. Estamos especialmente
interesados en los actores encargados de la producción y venta de piña fresca en la agricultura.
Dos sobre tres de productores de piña entrevistados durante la realización de nuestra
investigación, utilizan el teléfono para el anuncio de la disponibilidad del producto, pero el boca
a boca sigue siendo el medio de publicidad más utilizado. Los teléfonos, televisión y otros
dispositivos móviles no intervienen en la colección de la información cultural y también en la
transferencia financiera. La tecnología para el control del agua en áreas cultivadas y maquinaria
agrícola siguen siendo inaccesibles. La mano de obra local tanto, es muy estresada. Las
condiciones de trabajo en general han demostrado ser bastante difíciles. Internet y las redes
sociales son un lujo. A pesar de la media de cinco personas a cargo, se aseguran las tres comidas
diarias. La producción de piña se lleva a cabo por la mayoría de las encuestas, además de otras
actividades.
El uso de la tecnología es bastante limitada en la vida de nuestros encuestados, comenzamos a
establecer una organización de intermediación comercial. La finalidad de esta entidad es
establecer unas observaciones de testigos de destino cuyas condiciones de vida serían
apreciadas antes y después de la temporada de cosecha de la producción de la piña. Esta entidad
5
cobre ofertas de piña y promueve una plataforma conocida por vender piñas en Benín. El
funcionamiento y la sostenibilidad de los costes de la plataforma son responsabilidad de los
compradores. Esta plataforma también informa a los jugadores del sector de la piña en las
noticias de Benín. La misión asignada a esta plataforma sigue siendo la intermediación
comercial.
La experiencia de esta plataforma puede estar assurar en caso de apoyo político como artistas
en términos de herramientas de prensa y mucho más. Las tecnologías mitigan las dificultades
de la actividad de producción de piña. También facilitaron el reconocimiento generalizado. Por
eso, se contactó a una muestra de productores de piña como actores en la fase de
implementación del proceso. Una encuesta cualitativa siguió a la implementación de procesos
para convencernos del progreso que podría lograrse luego de la integración de las TIC en las
actividades de los productores de piña.
6
Introduction Générale
Cette thèse est le fruit d’une recherche effrénée de perfection professionnelle. En effet, nous
avons été passionné par les sciences et « technologies de l’information et de la communication »
dès l’obtention du baccalauréat série D en Côte d’Ivoire. L’opportunité nous a été offerte de
faire une formation dans le domaine des technologies de l’information et de la communication
au service du développement à l’Université de Limoges. Nous avons ensuite fait une
spécialisation en « Sciences de l’Information et de la Communication5 » à l’Université Paris 10
Nanterre La Défense. Lorsque nous sommes allés faire une immersion dans les études du
développement à l’Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, nous avons
continué à investir les questions relatives aux Sciences de l’Information et de la
Communication.
Nous avons ensuite éprouvé notre savoir-faire à des postes de responsabilité, partant du simple
cadre d’exécution de travaux informatiques, à cadre de conception, puis à chef de service
informatique, et enfin à directeur de l’informatique et du pré-archivage. Nous avons aussi bien
la charge de l’informatisation que de la gestion des savoirs en entreprise. Nous avons également
intégré la communauté mondiale de la gouvernance de l’internet où s’apprécient annuellement
depuis 2006 les grands enjeux autour de l'avenir de l’internet, notamment en matière d’accès et
d’appropriation des innovations technologiques au service de l’homme.
Cette connaissance des enjeux des sciences de l’information et de la communication nous a
permis d’obtenir des mandats de consultants aussi bien auprès d’un programme de la
coopération Suisse au Bénin, qu'auprès du Centre de Commerce International et du Programme
des Nations Unies pour le Développement. Ces mandats ont tous une finalité plus ou moins
commune, celle de l’aide à l’humanisation de l’introduction des technologies de l’information
et de la communication dans les conditions de travail ou de vie des individus et des
communautés.
C’est au détour de la conduite de ces mandats qu’est née en nous l’idée de revisiter la question
de l’introduction des technologies de l’information et de la communication dans les conditions
de travail des producteurs d’ananas du Bénin. Le déclic est né des discours évangélistes
entendus à l'occasion de fora sur la gouvernance de l’internet, et notamment lors de notre
participation aux fora tenus à Bali en Indonésie, à Istanbul en Turquie et à Joao Pessoa au Brésil.
Au cours de ces sessions internationales il a été démontré que les progrès des technologies
7
mobiles, surtout celles les sujets émergents comme ceux des objets connectés, sont l'avenir de
l'homme. Tout a été fait pour semer en nous la conviction que les technologies mobiles sont
devenues la clé et la solution pour relever les défis sociaux et économiques majeurs qui se
posent à l'humanité en général, et aux pays du Tiers-Monde en particulier, et notamment relatifs
à l’autosuffisance alimentaire.
De nombreux fora et conférences auxquels nous avons eu le privilège d'assister sont animés par
des experts de renom, et des constructeurs d’équipements y ont démontré comment l’avenir de
l'humanité se joue et continuera de se jouer dans l’appropriation des technologies mobiles. Ces
scientifiques ont en outre émis la thèse que ne pas y faire un impératif recours reviendrait à
réduire sa capacité à honorer l’accès à l’alimentation dans les pays où l’accès à la main-d’œuvre
devient un défi difficile à solutionner. Nonobstant cette précision de la main-d’œuvre qui nourrit
le recours à cette technologie, certains experts indiquent que l’efficacité réside dans la précision
et que l’homme ne saurait point par sa seule force physique être efficace dans la durée. Au
regard de ces informations nous nous sommes sentis interpellés. Par le passé, plus précisément
dans les années 2011 et 2012 où nous avions étudié l’intégration des Technologies de
l’Information et de la Communication dans la chaîne de valeurs ananas au Bénin, nous sommes
parvenus à la conclusion que les acteurs n’étaient ni prêts socialement, ni financièrement encore
moins technologiquement à intégrer tous les aspects des TIC dans le processus de production
dans la perspective d'améliorer la qualité de vie. Mieux, certains producteurs d’ananas
estimaient même qu’ils ne pourraient pas faire de bonnes affaires en communiquant par SMS.
L'ananas est un produit d’exportation avec une propriété de putréfaction assez problématique.
Même si la production nécessite des efforts soutenus sur la durée, au bout de dix-huit mois et
parfois moins, c’est déjà la commercialisation, qui apparait être le plus grand défi pour le
producteur. L’information relative à l'écoulement de la récolte est encore tributaire d'une
communication à caractère rudimentaire et primaire faite par le bouche à oreille, ce qui induit
des pertes inéluctables de quantités importantes d’ananas frais dans les plantations. La filière
ananas est aujourd'hui inscrite comme une filière porteuse et prioritaire dans le plan de
développement agricole du Bénin. C’est ce qui sous-tend la formulation de notre thème de
recherche intitulé comme suit : « Technologies mobiles en milieu agricole au sud Bénin : cas
des producteurs d’ananas ». Bien à l’écoute des progrès facilités par les technologies mobiles,
nous nous interrogeons également sur l’équilibre social que ces progrès doivent entrainer. En
effet, dans certaines régions du monde pareillement qu'au Bénin, le recours à la main-d’œuvre
n’est pas toujours fait pour sa seule nécessité. Il constitue en effet aussi un moyen habituel de
8
soutien à la parenté désœuvrée. Cette disposition est favorable au resserrement des liens sociaux
et offre aux personnes proches un emploi saisonnier, ce qui permet à ces dernières d'avoir un
petit gain afin d'améliorer quelque peu leurs conditions de vie. Ainsi, cette ressource financière
obtenue participe à l’alimentation, à la prise en charge des besoins sanitaires, et à la scolarisation
des membres de la famille. Certains de ceux qui font recours à la main-d’œuvre paysanne ont
la capacité financière d'acquérir des tracteurs pour les labours, et même de les mettre en location
afin que ceux qui en ont besoin sans pouvoir en acquérir proprement en disposent
temporairement. Malgré leur capacité financière, ils se réservent d'en acquérir, et continuent de
solliciter la main-d’œuvre locale. Pour certaines personnes, il vaut mieux offrir cette possibilité
à la parenté que de lui porter assistance sans aucune contrepartie. Ainsi, il s’affirme à suffisance
que les liens sociaux passent avant le recours à la technologie. Mieux, les producteurs d’ananas
que nous avons rencontrés n’ont pas encore indiqué l’inexistence de la main-d’œuvre comme
un motif réduisant leur capacité à produire plus. Les enjeux pour les producteurs d’ananas ne
semblent pas encore être tributaires de la main-d’œuvre pour le labour. Nous notons aussi que
ce fruit nécessite des techniques culturales et un procédé d’entretien qui impliquent le recours
à une main-d’œuvre quasi permanente durant le cycle de production.
L’une des questions importantes qui préoccupent plusieurs acteurs à leurs dires, reste et
demeure la capacité à écouler les fruits d’ananas après dix-huit mois de durs labeurs. Pour
résoudre cette question, nous nous interrogeons sur le potentiel de notre société d’oralité à
s'ajuster au contexte global de numérisation de la production, étant donné que le poids de
l’oralité reste constant dans l’implémentation de toutes les innovations technologiques utiles au
milieu paysan et agricole. Cette remarque met en exergue la pertinence scientifique de notre
sujet de recherche.
En effet, du point de vue historique, le Bénin est marqué par une forte culture de l’oralité. C’est
donc à juste titre que Marie Soleil FRERE affirme que « dans le Royaume du Dahomey (actuel
Bénin), les messagers du Roi étaient nommés « récadères » car ils étaient dotés d’un instrument
symbolique (la récade) qui authentifiait le message royal dont ils étaient porteurs. Dès que le
récadère était muni de l’instrument, il devenait le porte-parole royal et ne pouvait pas se
permettre de tronquer le message qui lui était confié, au risque de perdre la vie. Les récadères
répercutaient les messages aux royaumes vassaux qui les transmettaient aux chefs de région
qui les diffusaient vers les chefs de village qui utilisaient alors les crieurs publics pour informer
la population. Les décisions royales étaient véhiculées ainsi : ordre de planter des palmiers à
huile, d’envoyer des hommes valides à la capitale pour l’armée, de remettre un certain nombre
9
de mesures de maïs au percepteur royal6 ». Les communications interpersonnelles y ont, depuis
des temps immémoriaux été facilitées par les techniques orales et gestuelles. Les séances de
contes dits à la belle étoile ont longtemps servi de moyens de transmission de savoir
intergénérationnel. Les chants, les danses, les panégyriques, les légendes, les épopées, les
proverbes et une série de gestes parlants ont été des moyens de communication de masse et de
proximité. Ascension BOGNIAHO présente à ce titre la parole comme un pouvoir. Il affirme
sans réserve que tout vient et devient parole. En effet, dans son article publié dans la revue
trimestrielle de culture négro africaine, il indique que la parole « s’apprend, se prend, s’exerce
dans des limites et avec des normes prescrites par la société. Nul ne saurait donc dénier à
l’éthique sociale son influence sur elle. Pourtant, elle peut y passer outre pour devenir, à
l’instar du pouvoir ; un avatar de tyran. La parole part donc de l’homme, entre en l’homme,
demeure en lui pour y mourir, ou en ressort pour se propager, ou bien encore elle part de
l’homme, entre en contact avec ses homologues divines qui la répercutent vers l’homme sous
une forme efficace7. »
Pour la société béninoise, le pouvoir de transmission de l’information qu’a la parole est
essentiel. Les estafettes des dynasties royales pouvaient être contraintes de faire de longues
distances pour porter le message du souverain. La perfection de la connaissance ancestrale a
fait naître l’usage du tambour comme outil de communication à distance. « Lorsque la musique
se fait langage, les tambours deviennent de véritables outils de communication à distance.
Instruments « parlants », ils transmettent des messages selon des codes très précis : tel rythme
retentira pour appeler les hommes à la construction de chemins ruraux ; lors du décès d’un
membre d’une famille royale d’Afrique occidentale, le nom du défunt sera épelé dans un
message tambouriné : les sons modulent suivant la tension des membranes8 ». L’action du
6 Frère, M. S. (2016) Journalismes d’Afrique, Info et Com, Louvain-la-Neuve : De Boeck supérieur, p.31
https://books.google.fr/books?id=QfREDQAAQBAJ&pg=PA30&lpg=PA30&dq=communication+tradi
tionnelle+afrique&source=bl&ots=LRUu6EZ7FV&sig=Eb0AdR7nG_L2KU4EoHbl5yJ9C5E&hl=fr&s
a=X&ved=0ahUKEwjd4MXQ_73VAhXJDsAKHUZZBLg4ChDoAQg8MAQ#v=onepage&q=commun
ication%20traditionnelle%20afrique&f=false [consulté le 08/08/2017]
7 Bogniaho, A. (1987) « Littérature orale du Bénin », Ethiopiques n°46-47, Revue trimestrielle de culture négro-africaine,
Nouvelle série 3ème et 4ème trimestre 1987 - volume 4, [en ligne]. Disponible sur :
<http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?page=imprimer-article&id_article=162> [consulté le 07
septembre 2017].
8 http://mediatheque.cite-
musique.fr/common/print.asp?url=/mediacomposite/cmdm/CMDM000001000/tambour_histoire_04.htm [consulté
le 07 septembre 2017]
10
tambour dans la communication de masse impose une nouvelle appréciation de la tradition orale
telle qu’elle est observée et soutenue par Raphaël Ndiaye (1985). Selon ce dernier, « La
tradition orale est généralement entendue comme l’ensemble des témoignages rapportés de
bouche à oreille et qui concernent le passé. Elle se présente comme une accumulation de
paroles léguées par les ancêtres, et destinées à être engrangées dans la mémoire collective de
la génération qui les reçoit, puis à être retransmises à la génération suivante avec un souci de
dissémination et de participation au niveau de l’ensemble des membres du corps social. Ainsi
se perpétue par la chaîne ininterrompue des générations, l’héritage des paroles essentielles9 ».
Cette approche définitionnelle n’évoque pas les moyens utilisables pour la diffusion de
l’information, qu'ils soient actuels ou ancestraux. En remettant en scène le moyen utilisé, la
définition ci-dessus se révèlera limitée en pertinence.
Vers la fin du 20ème siècle, des innovations technologiques venues d'Occident ont été
introduites en Afrique. La communication y a été révolutionnée avec l’usage des technologies
radioélectriques analogiques. On a ainsi eu droit à la radio, à la télévision, à la télégraphie et à
la téléphonie filaire. Ce fut une époque où la possession desdits outils était réservée à une classe
de privilégiés. L’usage en était une marque de fierté sociale. Puis vint le moment où ces outils
avaient atteint la classe sociale moyenne. Ceux qui en possédaient, en rendaient l’usage
collectif. L’on effectuait plusieurs kilomètres à vélo pour relayer une commission téléphonique
provenant de la parenté vivant à l’étranger ou en dehors du cercle familial. Au coucher du soleil,
l’on se réunissait chez les voisins ou parents disposant de ces moyens de communication pour
écouter les informations ou pour visualiser une image provenant d'ailleurs. Quant aux
informations internes et locales, elles sont divulguées avec le concours des crieurs publics qui
font usage du gong et du tambour parlant. La radio et la télévision ont joué et continuent de
jouer un rôle de communication commerciale important.
Au début du 21ème siècle, de nouveaux outils de communication font leur apparition sur le
continent. Il a été d’abord question de l’Internet, et ensuite du téléphone mobile. Si le premier
est encore réservé aux personnes qui savent lire et écrire, le second est utilisé par tous sans
exception. Ce dernier parvient progressivement à résorber le handicap que le premier constituait
pour cette population africaine encore marquée par la forte tradition orale. Holt Peter10 avait
9 Ndiaye, R. (1985) « Littérature orale et structuration sociopolitique en pays Sereer », , Ethiopiques n° 42, Revue trimestrielle
de culture négro-africaine, 3e trimestre 1985 volume III n°3. Disponible sur :
<http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article1058> [consulté le 08 août 2017]
10 HOLT, P. (2010) Mobile Technologies for Social Transformation : A concept paper, Nimbus Consulting Ltd, p.20
11
déjà exploré comment les technologies mobiles peuvent être un catalyseur de changement
durable de comportement. Il a mis en exergue plusieurs applications mobiles qui ont contribué
à des transformations sociales en Afrique, les plus connues étant, frontline SMS, SMS Medic
et Ushahidi. Mais malheureusement, ces applications n’ont impacté directement que des
communautés sachant lire et écrire. Quant aux objets connectés, ils sont des outils de
l’innovation technologique qui se présentent comme des solutions à des problèmes existentiels.
Ils ouvrent le débat sur la collecte et la manipulation de données multiformes et
multidimensionnelles. L’un des objets connectés qui fait le plus parler de lui aujourd’hui est le
drone, un engin volant à usage multiple.
Par ailleurs, des applications spécifiques à l'oralité ont été développées pour faciliter la
pénétration et l’usage des technologies au sein de ces sociétés à forte oralité. Même les
intellectuels africains n’ont pas échappé au recours à l’oralité. Ils tendent à utiliser de plus en
plus, pour leur grande majorité, les applications offrant des communications orales comme
skype, viber et messenger. Ces nouvelles applications notamment Viber et Whatsapp sont
devenues des outils familiers pour les populations africaines qui ont encore pour la plupart un
handicap, puisque la majorité ne sait ni lire ni écrire. Ces applications sont utilisées sur des
téléphones de nouvelle génération comme les smartphones. Et, même avec un fort taux
d'illétrisme, cette société d’oralité sait produire et envoyer un message audio par WhatsApp
pour ne citer que cet exemple. Les réseaux sociaux sont donc également mis à contribution pour
le partage du savoir à travers les terminaux que sont les téléphones de nouvelle génération, et à
la faveur d'une meilleure qualité de connexion internet mobile. Alzouma (2009) critique « … le
technocentrisme ou le déterminisme technologique qui sous-tend la démarche de beaucoup
d’organisations d’aide internationale, notamment l’idée très largement répandue dans les
médias aujourd’hui que l’introduction du téléphone mobile en Afrique serait à l’origine de
transformations socio-économiques miraculeuses, qu’elle représenterait une « révolution » et
que les TIC se suffiraient à elles-mêmes pour résoudre tous les problèmes auxquels sont
confrontés les peuples africains11 ». Il démontre dans son article que la perception que ses
enquêtés ont des TIC n’est pas indépendante de leurs conditions socio-économiques. Il ne
manque pas de mettre l’accent sur le fait que l'introduction du téléphone mobile en Afrique ne
suffit pas pour certifier qu’il favorise le développement, en ce sens que le développement
11 Alzouma, G. (2008), « Téléphone mobile, Internet et développement : l’Afrique dans la société de l’information ? »,
tic&société [En ligne], Vol. 2, n° 2. Disponible sur : < http://journals.openedition.org/ticetsociete/488> [Consulté le
13 janvier 2018].
12
implique de nombreuses approches, autres que communicationnelles. Bien que reposant sur des
faits de société, cette lecture de Alzouma (2009) mérite d’être nuancée. Le téléphone mobile a
eu pour fonction initiale exploitée, l’appel et la réception d’appel. C’est progressivement qu'il
a été modifié et contextualisé pour prendre en compte les besoins nouveaux. Le téléphone de
nouvelle génération a la capacité d'instruire d’autres objets connectés comme lui, notamment
les capteurs intelligents incorporés aux drones.
Aujourd’hui, l’intérêt et l’utilité du téléphone sont clairement démontrés par la pratique, et ce
pour tous les usagers à quelque niveau social ou géographique qu'ils se situent. C’est un outil
particulièrement adapté à un continent où la vie sociale est très intense et essentiellement fondée
sur la communication orale. Le rapport de CHENEAU-LOQUAY portant sur les modes
d’appropriation innovants du téléphone mobile en Afrique, permet de comprendre les univers
de la téléphonie mobile sur ce continent. Il doit permettre de concevoir des produits et des
services adaptés et/ou adaptables pour répondre aux besoins des utilisateurs. Quelles sont les
technologies qui ont donné des résultats satisfaisants aujourd’hui, et quelles sont les idées
nouvelles qui germent et qui vont dans le sens de développer des technologies utiles, en
adéquation à la fois avec les capacités de prise en main des consommateurs, leurs revenus, leurs
besoins individuels et collectifs, et avec les critères de rentabilité des promoteurs ?
Au Bénin, le faible coût d’accès au téléphone mobile de nouvelle génération offrant un accès
internet (moins de 7. 000 FCFA) et l’accès gratuit aux cartes SIM GSM (le coût d’achat est égal
au montant initial de communication offert à l’acheteur, 250 FCFA la SIM avec 250 FCFA de
crédit initial), ont facilité l’accès du grand public à la technologie de communication mobile.
Les cartes de prépaiement et de forfaits internet sont même disponibles à 100 FCFA. La
facturation des appels est faite à un (01) franc la seconde, et parfois moins. La troisième
génération d’internet mobile (3G) et la quatrième génération d’internet mobile (4G) sont déjà
disponibles sur plusieurs zones du territoire national avec une couverture satisfaisante dans les
zones à forte concentration humaine. Le rapport de CHENEAU-LOQUAY indique aussi que le
téléphone mobile, présent dans cet espace d’Afrique subsaharienne marqué par l’oralité, a offert
un nouveau pouvoir aux individus : le devoir d’être informé et le devoir d’information. Le
téléphone mobile est considéré comme un catalyseur pour la productivité, la mise en réseau et
l’obtention d’informations dans les entreprises, en minimisant le besoin de voyager ou de se
rencontrer en face. Mais malgré ses avantages, il existe aussi des limites à la technologie mobile.
Le téléphone et internet avec leur cortège d’innovations ne se suffisent pas à eux-mêmes. Entre
le milieu rural et celui urbain, il existe une « fracture du mobile » en raison des problèmes
d’accès à l’électricité, de la couverture du réseau, des inégalités de revenus et des handicaps
13
liés au défaut d’instruction scolaire. Mais cette fracture existe aussi à cause des différences de
fonctionnalités des modèles conçus pour une élite. Ainsi, alors que les mobiles sont un outil
fantastique pour stimuler le développement des communautés de base, ils sont aussi un
marqueur de l’inégalité des chances. CHENEAU-LOQUAY indique aussi que « l’analyse des
projets enseigne que la technologie seule ne résoud pas les problèmes sociaux. Elle est
appliquée pour améliorer la qualité des relations et des processus de développement et ainsi,
elle crée des avantages compétitifs qui pourraient marginaliser ceux qui n’y ont pas accès.
Finalement, c’est l’orientation et la qualité du processus de développement sous-jacent qui
devront conditionner l’implantation des technologies mobiles. L’isolement et la
marginalisation des populations sont des problèmes sociaux et ce n’est pas la technologie seule
qui peut les résoudre. Les mobiles ne sont que des outils et ils ne peuvent être qu’un complément
dans l’organisation sociale, pas un élément central12 ».
Nous relevons des résultats des recherches de CHENEAU-LOQUAY et de ceux d’ALZOUMA
qu'ils se rejoignent sur le souci de mettre en lumière les enjeux de développement. Les limites
de l’introduction des technologies dans les communautés sont aussi envisageables pour nous
convaincre à relativiser la super capacité des technologies à modifier positivement et
durablement les rapports de forces sociales au point de bouleverser le mécanisme d’ascension
sociale des producteurs d’ananas.
Pour décortiquer notre sujet de recherche intitulé « technologies mobiles en milieu agricole au
sud Bénin : cas des producteurs d’ananas », nous avons structuré le plan de la thèse en trois
grandes parties à savoir : (i) l’environnement agricole et technologique au Bénin, (ii) l’approche
théorique et méthodologique et (iii) les technologies mobiles, leurs usages et leurs
appropriations.
La première partie de notre thèse est construite autour de quatre chapitres assortis d’une
introduction et d’une conclusion. Dans le premier chapitre, il a été fait un tour d’horizon des
aspects géographique, démographique, climatique politique et économique de la République du
Bénin. Dans le second chapitre, nous avons fait un zoom sur l’agriculture béninoise de l’ananas,
produit économiquement rentable pour le pays. Nous y avons parlé notamment de sa
production, de sa commercialisation, de son apport pour la santé, ainsi que des défis de la filière.
Le troisième chapitre fait une présentation du secteur des technologies de l’information et de la
12 Chéneau-Loquay, A. (2010) Modes d’appropriation innovants du téléphone mobile en Afrique, UIT, MAEE, Imprimé en
Suisse, Genève, p.33 [en ligne]. Disponible sur : <https://www.itu.int/ITU-D/cyb/app/docs/itu-maee-mobile-
innovation-afrique-f.pdf > [Consulté le 20 mai 2016]
14
communication au Bénin. Il y est notamment fait mention du cadre règlementaire, de l’offre
des services GSM, d'internet et internet mobile. Nous y avons aussi abordé la question du capital
humain spécifique à ce secteur. Le quatrième chapitre a été celui des sciences de l’information
et de la communication. L’histoire de cette discipline récente et son statut dans l’arsenal de la
recherche en sciences humaines et sociales au Bénin a été présenté.
La deuxième partie est, elle, construite autour de deux chapitres assortis d’une introduction
liminaire et d’une conclusion partielle. Le cinquième chapitre est dédié au cadre conceptuel et
théorique de notre recherche. Nous y avons justifié le choix de notre sujet et exposé notre
problématique avec la formulation de objectifs et hypothèses de recherche. Notre approche
théorique et notre démarche méthodologique y ont été aussi suffisamment détaillées. Nous y
avons fait recours à la sociologie des usages aussi bien en tant que théorie centrale de recherche
mais aussi vue du point de vue de l’appropriation des TIC en général et des téléphones portables
de dernière génération en particulier. Appui a été pris sur la théorie de l’innovation selon
Mohiédine RAHMOUNI (RAHMOUNI 2011). L’innovation est vue entre autres au sens du
produit, du processus et de la commercialisation. Nous avons aussi fait une revue critique de la
diffusion de l’innovation technologique conçue pour les pays développés et introduite dans les
pays en développement. Le dernier chapitre de cette deuxième partie est celui des résultats de
notre recherche de terrain présentés autour des questions essentielles qui ont motivé la conduite
de cette thèse.
La dernière partie est modulée en trois chapitres précédés d’une introduction et terminée par
une conclusion partielle. Le septième chapitre est celui consacré aux systèmes de connexion
sans fil non mobile et mobile en milieu agricole. Les technologies sans fil non mobile sont
celles utilisées pour l’accès internet ou la mise en relation des équipements numériques. Les
systèmes de connexion sans fil mobile sont celles qui offrent de l’internet mobile. Elles partent
de celles des normes de la 2G à la 4G. Le huitième chapitre est celui qui se concentre sur
l’appropriation des technologies mobiles par les producteurs d’ananas dans le cadre de notre
cherche. Dans cette partie, nous exploitons les résultats de notre travail de collecte de données
effectuée sur le terrain auprès de 150 producteurs d’ananas dans 07 communes du Département
de l’Atlantique au Bénin reconnues pour leur contribution à la valorisation de la variété
d’ananas dénommée « pain de sucre ». Nous présentons ici aussi des pistes de solutions en lien
avec notre problématique de recherche. Le dernier chapitre de notre thèse est celui qui met en
lien l’apport des technologies à la construction sociale dans notre milieu d’étude. Les relations
interpersonnelles sont revisitées dans ce chapitre à l’aune de l’intrusion du téléphone dans la
vie des individus.
15
Première partie :
L’environnement agricole et
technologique du Bénin
16
Introduction
La mise en relation de l’ingénierie agricole, technologique et des sciences de l’information et
de la communication appelle un regard pluridisciplinaire sur la conduite de la présente
recherche. Un indicateur majeur d’observation dans cet exercice reste la condition de travail
des producteurs d’ananas. Pour mieux comprendre les enjeux en présence ayant suscité la
réflexion qui a abouti à la formulation de cette idée de recherche, il est tout aussi important
d’avoir une connaissance de l’environnement local béninois. Cette connaissance doit couvrir
l’ensemble des champs de savoirs indispensables à l’appréciation de la pertinence de la
recherche. Nous estimons utile que nos lecteurs en sachent un peu plus sur le Bénin, dans un
premier temps, au plan géographique, démographique, climatique, politique et économique,
dans un second temps, sur son potentiel agricole et enfin sur son secteur des technologies de
l’information et de la communication.
17
Chapitre 1 : Le Bénin
Le Bénin est un pays du Tiers-Monde qui projette de devenir une économie prospère et
compétitive à l’horizon 2025. En effet, dans le document relatif aux Etudes Nationales de
Perspectives à Long Terme encore appelé Bénin 2025 Alafia, le Bénin se veut à l’horizon 2025,
« un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de
rayonnement culturel et de bien-être social13 ».
Dans ce chapitre, nous évoquerons succinctement, les traits caractéristiques du pays sous les
angles géographique, démographique, climatique, politique et économique.
13 http://www.brmnbenin.org/base/docs_de_rech/Benin_2025_Alafia_sentier_de_developpement_actuel_et_perspectives.pdf
[consulté ce 29 décembre 2017]
14
Mekpo, G. D. (2014) Agriculture éco-spirituelle pour un développement durable en Afrique à l'ère de la crise économique,
le projet agro-pastoral "songhaî" du Bénin, Thèse de doctorat : Théologie et de sciences religieuses. Strasbourg :
Université de Strasbourg. p. 92
18
La vaste plaine du Gourma à l’extrême nord-ouest, entre l’Atocora et la frontière avec
le Burkina Faso et le Togo ;
La Savane humide occupe la majeure partie du pays. Quelques îlots de forêt primaire
subsistent dans le Sud et le Centre. Des cultures, des zone marécageuses et l’immense
palmeraie du Bas-Bénin occupent le reste du territoire15 ».
19
Figure 1 : Densité de la population par commune au Bénin (nombre d'habitants au km2
Source : DED (2015) RGPH-4: que retenir des effectifs de population en 2013, INSAE,
Cotonou, juin, p. 6.
20
Situation démographique de notre cadre d’études
Le département de l’Atlantique, notre espace d’étude a vu son poids démographique
s’augmenter considérablement en raison de la forte concentration humaine dans les villes
frontalières de Cotonou, à savoir Abomey-Calavi et Ouidah. Ces deux villes sont devenues des
cités dortoirs pour plusieurs citoyens ayant leurs occupations professionnelles dans la
mégalopole de Cotonou. Cette population est caractérisée par une forte proportion de femmes,
et n’en demeure pas moins une population dont la base de la pyramide des âges est assez large.
À titre d’illustration, la population des personnes âgées de 15 à 59 ans représente 51,7 % de la
population totale du département de l’Atlantique. Dans son document intitulé « Principaux
indicateurs sociodémographiques et économiques du département de l'Atlantique », l'Institut
National de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE) nous présente la photographie
de notre espace d'études avec des données désagrégées. Il y est notamment indiqué pour le
compte du département de l’Atlantique ce qui suit:
« la population totale du département de l'Atlantique est 1 398 229 dont 776 412 en
milieu rural ;
la proportion de la population des personnes âgées de 15 à 64 ans (%) est de 53,3 %
soit 433 515 habitants;
l'indice de pauvreté humaine est de 30 % ;
l'incidence de la pauvreté non monétaire est de 15,6 % ;
l'incidence de la pauvreté d'existence est de 23,0 % ;
le taux de pauvreté multidimensionnelle est de 28,6 % ;
l'effectif des ménages est de 298 769 dont 54 885 ménages agricoles ;
la proportion de ménages disposant d'ordinateurs est de 7,8 % ;
la proportion de ménages disposant de téléphones fixes est de 1,4 % ;
le nombre moyen de ligne GSM par ménage est de 2,2 ;
la proportion de ménages disposant d'au moins d'une ligne GSM active est de 82,5 %
dont 76,4 % en milieu rural ;
la proportion de ménages disposant de connections internet est de 3,6 % dont 1,5 % en
milieu rural18 ».
Le regard panoramique de la démographie de notre zone d’étude se présente comme ci-après :
18 INSAE (2016) Principaux indicateurs socios démographiques et économiques du département de l'Atlantique, (RGPH4,
2013), Cotonou, août, p.2.
21
Figure 2 : Photographie synoptique de la population du département de l'Atlantique
19 Informations disponibles sur le site web du gouvernement du Bénin, http://gouv.bj/geographie/ [consulté le 30 mars 2017].
22
Figure 3 : Contrainte climatique du Bénin
Source :
http://germanwatch.org/klima/3.%20Medar%20ATELIER%20REGIONAL%20AFRIQUE%2
0SUR%20LE%20FA.pdf [consulté le 29 décembre 2017]
23
climatiques, notre environnement d’études présente des traits caractéristiques climatiques
spécifiques. En effet, le sol dans les départements de l’Atlantique et du Littoral enregistre une
température moyenne de 27.4 degré Celsius avec une humidité moyenne de 73. Les données
détaillées sont observables sur les figures ci-après :
La vitesse moyenne du vent est de 2.5 mètres par seconde dans les départements de l’Atlantique
et du Littoral. C’est la station de Cotonou qui collecte les informations spécifiques aux
départements de l’Atlantique et du Littoral.
24
Tableau 2 : Données climatiques complémentaires
Station Ensoleillement Vent 10m en Evapotranspiration et bilan
Valeurs moyennes m/s hydrique potentiel
Durée Fraction Rayonn. Vent Vent Evapo. ETP Bilan
insolation insolation Global moyen maxi. Bac Penman hydrique
h./10 % j/cm2 potentiel
Cotonou 5.2 44.6 1885.1 2.5 4.2 34.6 37.5 -27.6
Bohicon 5.5 47.0 1924.8 0.3 2.2 44.9 36.3 -36.3
Savè 5.2 44.7 1885.8 0.6 - 60.9 38.4 -38.4
Parakou 8.7 14.9 1252.2 2.0 6.0 84.2 54.7 -54.7
Natitingou 8.5 74.1 2303.7 1.9 4.2 76.9 48.3 -48.3
Kandi 9.1 78.9 2388.7 1.8 5.4 86.6 45.7 -45.7
Source : http://www.wamis.org/agm/meetings/mali09/S2-Benin-mars09.pdf [consulté le 29
décembre 2017]
25
Situation Politique du Bénin
L’environnement politique est marqué par une alternance régulière de chefs d’État au pouvoir
depuis la Conférence Nationale des forces vives de la nation en février 1990. Les élections
présidentielles ont permis l’alternance de quatre présidents démocratiquement élus à la tête du
pays depuis les années 90. Les élections législatives ont été aussi organisées dans le respect des
dispositions constitutionnelles. Le Bénin est à présent à la septième mandature de l’Assemblée
Nationale. Les élections locales, communales et municipales ont permis aussi des alternances à
la tête des communes et municipalités du Bénin.
Le pays est actuellement dirigé par un homme d’affaires qui a fait fortune dans la filière coton
qu’il a intégré dès le début des années 90. Pour en savoir davantage sur l’histoire politique du
Bénin, il est recommandé se rendre sur la page officielle du gouvernement disponible sur le lien
suivant : http://gouv.bj/histoire/ . Il y figure aussi des informations sur les institutions de la
République, notamment sur le lien : http://gouv.bj/institutions/ .
« Le Bénin continue de bénéficier d’un régime démocratique et stable. Depuis la fin du régime
marxiste-léniniste, en 1989, le pays a organisé six scrutins présidentiels, sept élections
législatives et trois élections locales, qui se sont déroulés pacifiquement. L’élection
présidentielle de mars 2016 s’est soldée par l’élection de Patrice Talon, un homme d’affaires
multimillionnaire ayant fait fortune dans le coton. En décembre 2016, la nouvelle équipe au
pouvoir a adopté le « Programme d’Actions du Gouvernement » (PAG), un ambitieux plan de
développement structuré autour de 45 projets phares visant à améliorer la productivité et les
conditions de vie de la population20 ».
La démocratie béninoise est assez stable. Elle a même permis en 2016 qu’un exilé politique en
conflit avec le chef d'état en exercice soit élu Président de la République à la suite de ce dernier.
Cette démocratie tient sa stabilité de son système constitutionnel et du sens du consensus dont
font preuve les acteurs politiques. On note des revirements fréquents d'obédience au niveau des
acteurs politiques, de l’opposition vers la mouvance et vice versa. C’est une démocratie dans
laquelle le fonctionnement de l’assemblée nationale est à géométrie variable.
26
vers le Nigéria (qui représente environ 20 % du PIB) et de la production agricole. Le secteur
tertiaire dans son ensemble assure 50 % du PIB, la part de l’agriculture ressortant autour de
25 % du PIB et assurant entre 45 et 55 % des emplois dans le pays. L’économie se caractérise
par un haut niveau d’informalité, estimée à environ 65 % de l’activité totale, le secteur informel
employant plus de 90 % de la population active. La croissance du PIB réel devrait accélérer à
5,4 % en 2017, contre 4,0 % en 2016. L’activité a été relativement soutenue ces dernières
années, ayant atteint 4,8 % en 2012, 7,2 % en 2013 et 6,4 % en 2014, malgré le repli à 2,1 %
de 2015, principalement lié au ralentissement des activités de réexportation et à une chute de
la production agricole. La production de coton est ressortie autour de 451 000 tonnes en 2016,
contre 269 218 tonnes en 2015, sachant que le gouvernement table sur une augmentation de
11 % en 2017. La production industrielle devrait s’accélérer en 2017, à 7,2 %, contre 4,5 % en
2016. Le secteur bénéficiera des activités d’égrenage du coton, ainsi que du dynamisme du
sous-secteur de la construction lié à la mise en œuvre d’un plan d’investissement du
gouvernement. L’inflation est estimée à -0,8 % en 2016 et devrait rester inférieure à l’objectif
de 3 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine pour 2017. Dans un premier
temps, le déploiement du Programme d’actions du gouvernement devrait alourdir le déficit
budgétaire (dons compris) en 2017, à 7,9 % du PIB, contre 6,2 % en 2016. Mais la situation
devrait s’inverser à partir de 2018, le déficit ressortant à 4,1 % du PIB puis à 1,9 % en
201921 ».
Le Bénin dispose d’importants atouts naturels que sont l’ouverture sur la mer équivalant à 150
kilomètres de côte et la disponibilité de terres arables rendues possibles par un sol peu accidenté.
L’agriculture est la principale activité et offre au pays ses principales rentes à l’exportation.
Ainsi, entre autres filières agricoles qui influent positivement sur la balance commerciale, figure
en bonne place l’ananas.
« Traditionnellement, le déficit de la balance courante est imputable à la détérioration de la
balance commerciale. Les revenus secondaires nets ont contenu la détérioration du déficit
courant dans une proportion de 5,9 % sous l’effet d’une mobilisation accrue des aides
budgétaires et des transferts reçus au titre des envois de fonds. Le compte de capital est ressorti
excédentaire de 89,5 milliards au cours de l’année 2015 contre un excédent de 125,2 milliards
en 2014, en liaison avec une importante baisse des autres transferts en capital au profit de
l’administration publique (-54,8). Dans ces conditions, l’exécution des échanges avec
l’extérieur s’est soldée par un besoin de financement de 291,5 milliards contre un besoin de
27
312,3 milliards en 2014, entièrement couvert par les opérations financières. Le compte
financier affiche, en effet, une baisse du passif net de 105,8 milliards pour s’établir à 374,3
milliards en 2015 contre 480,1 milliards en 201422 ».
22 DGAE (2016) Rapport sur la situation économique et financière du Bénin au premier trimestre 2016, Cotonou, avril, p. 4
http://www.finances.bj/fileadmin/dgae/rapports/suite_2015/benin_rapport_surveillancemultilaterale_fin_mars__20
16_version_du_28_05_2016.pdf [consulté le 02 janvier 2018]
28
Chapitre 2 : La présentation de
l'agriculture béninoise de l'ananas
Selon les monographies de la commune de Zè et d'Allada réalisées en 2007 par le consultant
Emmanuel GUIDIBI de Afrique Conseil pour le compte de l'Association des Communes du
Bénin (ANCB), à Zè « L’agriculture constitue la première activité des populations de la
Commune. La population agricole est estimée en 1992 à 49 965 hts soit un taux de 68,62% avec
une participation importante de la femme. Les principales cultures pratiquées sont par ordre
d’importance : le manioc, l’ananas, le maïs, le palmier à huile et le niébé selon les données de
la campagne 2002-2003 […] La culture de l’ananas est l’un des traits caractéristiques de la
commune de Zè et de ses environs avec lesquels elle en constitue le grenier dans le sud-Bénin.
Elle est la seconde culture en terme de production et la première en terme de rendement. Elle
est donc à encourager. L’ananas est destiné à plus de 95% à la vente et fait de plus en plus
objet de transformation par certains groupements de femmes en jus d’ananas23 ».
Quant à Allada selon la même source, « la commune d’Allada produit beaucoup de cultures.
On estime à 32 500 ha (76,83%). La superficie emblavée dans la commune. […] L’activité
agricole à caractère traditionnel couvre la culture vivrière (manioc et maïs), l’ananas,
l’arachide, le niébé, la patate douce, la tomate, le piment et le gombo. […] La principale
céréale cultivée à Allada est le maïs […] et la principale culture de rentes est l'ananas24 ».
Mais en République du Bénin, l'agriculture, de façon générale, occupe 80 % de la population
béninoise et contribue pour une forte proportion au PIB du pays. On y retrouve plusieurs types
de cultures de rentes, hormis l'agriculture vivrière. Le coton est sa première culture
d'exportation. Mais le mécanisme de diversification agricole a permis de nos jours l'exportation
d'autres produits dont l'ananas. Le département de l’Atlantique est le grenier à ananas au Bénin.
Il y est produit notamment deux variétés dont celle dite « pain de sucre » qui est unique au
monde.
23 http://www.ancb-benin.org/pdc-sdac-monographies/monographies_communales/Monographie%20de%20ZE.pdf [consulté
le 05 mai 2018]
24 http://www.ancb-benin.org/pdc-sdac-monographies/monographies_communales/Monographie%20d'ALLADA.pdf
[consulté le 05 mai 2018]
29
Figure 4 : Présentation d'une des deux variétés d'ananas produites au Bénin : le pain de
sucre.
Cette variété est consommable sous toutes les formes (fruit frais, fruit séché, jus et sirop) sans
additif. Elle ne présente aucun danger au plan alimentaire. Les diabétiques qui d’ordinaire sont
astreints à une diététique rigoureuse quant à la consommation de sucre, peuvent en consommer
sans risque. Cette variété est appréciée et recherchée de par le monde. La première destination
vers laquelle elle est exportée par les producteurs locaux est le Nigéria. La production d’ananas
biologique dans le département de l’Atlantique obéit à une série d’exigences qui appelle
l’assistance technique des services compétents du Ministère en charge de l’agriculture.
Avec la restructuration de la carte agricole du Bénin en conformité avec le décret n°2017-101
du 27 février 2017 constatant l’approbation de la création des Agences Territoriales de
Développement Agricole, c’est l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA)25
30
d’Abomey-Calavi en charge du pôle de développement Ouémé-Atlantique-Mono qui
accompagne les producteurs d’ananas. Le projet « Amélioration de la productivité, de la
compétitivité et développement d’une indication géographique de l’ananas pain de sucre du
Bénin26 » est une opportunité pour la filière ananas du Bénin s’il est mis en œuvre avec la
rigueur et les expertises agronomiques et technologiques idoines. Cela mettra en confiance les
acteurs et boostera la production de ce fruit tropical.
« Actuellement, la part du Bénin dans la production mondiale d’ananas est faible : 315 795
tonnes d’ananas produites en 2015, soit 1,27 % de la production mondiale27 ». Sur les 845.664
tonnes d’ananas exportées dans l’espace européen en 2016, le Bénin n’a contribué qu’à hauteur
de 2949 tonnes28. La production d’ananas est passée de plus de 375 mille tonnes à 315 mille
tonnes de 2012 à 2014 avec un pic de 467 mille tonnes en 2013, comme le montre la figure ci-
après :
Figure 5 : Evolution de la production d'ananas de 2012 à 2014
Source : http://benin.opendataforafrica.org/emcqbqg/statistiques-agricoles-benin
31
Les informations de la figure ci-dessus sont aussi accessibles en chiffres dans le tableau qui
suit:
32
Parage : consiste à enlever les feuilles sèches de la base des rejets sur une longueur
moyenne de 2 à 3 cm et ceci facilite l’enfoncement rapide des racines dans le sol et par
conséquence une reprise rapide des plants ;
Désinfection des rejets : consiste à traiter les rejets parés contre les champignons,
bactéries, insectes et les maladies ;
Piquetage : consiste à délimiter l’emplacement futur des plants d’ananas (permet de
planter en ligne et de respecter les écartements recommandés) ;
Planting ou plantation : consiste à ouvrir des poquets de 10 cm de profondeur, y
introduire la base des rejets et ramener ensuite la terre autour de ces derniers ;
Sarclage : consiste à éliminer les adventices par la méthode la lutte mécanique ;
Herbicidage : consiste à éliminer les adventices par les herbicides ;
Fertilisation : apporter les engrais aux plants suivant un calendrier bien précis afin
d’avoir de meilleur rendement ;
Traitement phytosanitaire : c’est l’application de pesticide pour lutter contre les
différents insectes nuisibles ;
Traitement d’induction florale (TIF) : consiste au traitement des plants à l’aide d’un
produit (carbure) pour induire la floraison ce qui permet de réaliser une fructification
groupée homogène (permet de programmer les récoltes) ;
Dégougeonnage ou réduction des couronnes : réduction de la taille des couronnes des
fruits afin de stopper sa croissance ainsi que l’émission de nouvelles feuilles ;
Ethrelage : technique consistant à pulvériser les fruits d’ananas à l’aide d’une solution
aqueuse (ethrel ou ethephon) pour assurer une coloration homogène de ces derniers.
Récolte : coupe des fruits à l’arrivée à maturité29 ».
Les tracteurs intelligents ou les drones spécialisés peuvent efficacement assurer le défrichage,
l’essouchage, le labour, le sarclage, l’herbicidage, la fertilisation, le traitement phytosanitaire,
le traitement d’induction florale, la réduction des couronnes et l’éthrelage. Le tri des rejets, le
parage, le piquetage, la plantation et la récolte peuvent et devraient rester des activités humaines
de soutien à la production. La désinfection des rejets peut être faite dans des cuves de type
incinérateur pour être efficace. Cette répartition des tâches permet de cerner au mieux la chaîne
d’apport d’innovations technologiques dans le mécanisme global de la production d’ananas.
29 Laboratoire AMEN (2012) Études du prix planché pour la filière ananas au Bénin, Cotonou, août, p. 10.
33
Les fruits à maturité seront enfin récoltés et mis sur le marché. Les récoltes sont susceptibles
d'être transportées vers un site de vente, ou peut être aussi mis en vente sur pied dans les champs.
En ce qui concerne la fertilisation des sols, les producteurs sont aussi très souvent contraints de
faire recours à des manœuvres de débrouille en improvisant l'exemption d'épandage des engrais
chimiques utiles à la croissance des plants et la croissance du fruit. Ils proposent alors une
solution de remplacement. Nous avons ci-dessous des images de composition et d’usage
d’engrais dans un champ d’ananas à Allada.
Figure 6 : Les deux variétés d'engrais utilisées par les producteurs d'ananas pour la
croissance du plant et celle du fruit d'ananas
Il s'agit en réalité de sacs d’engrais destinés à la production du maïs qui ont été acquis pour être
utilisés dans un champ d’ananas avec des risques sanitaires éventuels. L’engrais de couleur
toute blanche est destiné à la croissance des plants d’ananas et l'autre cuvette contient également
l'engrais pour la croissance de l'ananas fruit.
Nous montrons ici une scène d'épandage d’engrais dans un champ d’ananas.
34
Figure 7 : Semi d'engrais dans une champ d'ananas
Le plant a besoin d’être bien entretenu pour obtenir un bon fruit d’ananas et des rejets de qualité.
Lorsque le plant a une bonne croissance, il permet d’avoir plus d’une douzaine de rejets
d’ananas pain de sucre pendant la récolte et environ trois rejets d’ananas Cayenne-lice, trois
mois après la récolte. La variété d’ananas Cayenne Lice produit très peu de rejets et elle ne les
rend disponibles que des mois après la récolte. Par contre, la variété pain de sucre donne jusqu’à
quinze rejets de plants d’ananas disponibles au fur et à mesure de la récolte.
Mais quand on écoute les présidents communaux des unions de producteurs d’ananas, les
acteurs recherchent des solutions à leurs problèmes par ordre de priorité. Certains producteurs
disposent déjà de forages fonctionnels dans les champs. Grâce à des robinets disposés çà et là
dans les plantations et associés à des tuyaux de raccordement avec des embouts faits de
bouteilles vides d’eau minérale d’un litre et demi, des arrosages ciblés s’opèrent au profit des
cultures en cas de nécessité. De même, les emblavures ne sont pas toujours contigües sur des
hectares pour faciliter l’usage optimal des tracteurs. Et même si cela était le cas, cette action
induira l'inactivité d’une masse de jeunes déscolarisés et sans emploi, vivant dans les environs
des plantations et ne demandant qu’à avoir l'opportunité de gagner un peu d'argent pour se
35
réaliser socialement. Une mauvaise option stratégique dans cette activité peut occasionner des
revers notamment le vol des récoltes.
La période de culture de l’ananas étant très longue, les producteurs ont trouvé la technique pour
semer du maïs avant la mise en terre des rejets d’ananas afin de s’assurer une subsistance,
comme l’illustre la photo ci-après :
36
Vente d’ananas
« Le prix plancher d’achat de l’ananas aux producteurs pour la campagne en cours (par la
formule de WADELL) est de : 46,43 F le kg pour la Cayenne Lisse et de 41,83 F le kg pour le
Pain de sucre ; soit en moyenne 44,13 FCFA pour toutes catégories d’ananas confondus. C’est
à ce prix que le producteur réalise un bénéfice de 5,76 F par kg vendu soit une marge de 15%.
Pour toutes catégories d’ananas, le prix du kg d’ananas qui permet juste au producteur de
récupérer son investissement est de 38,37 FCFA. Les coûts des amortissements s’élèvent en
moyenne à 101 888 FCFA par hectare, alors que la main d’œuvre est de 1 121 723 FCFA.
En moyenne par hectare, les producteurs utilisent :
559,14 kg d’urée, 455,34 kg de NPK et 446,28 kg d’autres types d’engrais (K2S04 ou
KCL ou autre) pour le Cayenne lisse, soit un coût de 445 941 FCFA et
422,74 kg d’urée, 452,82 kg de NPK et 584,56 kg d’autres types d’engrais (K2S04 ou
KCL ou autre) pour pain de sucre, soit un coût de 443863 FCFA.
L’herbicide est très peu utilisé, soit 0,15 litre à l’hectare. Le rendement moyen de l’ananas est
de 48 656 kg/ha pour la Cayenne lisse et 38 022 kg/ha pour le pain de sucre, soit en moyenne
43 339 kg/ha pour toutes catégories d’ananas confondues30 ».
Les débouchés de l'ananas du Bénin sont aussi bien les marchés intérieurs que ceux régionaux
et internationaux.
« Le produit est vendu aussi bien sur les marchés des villes (Dantokpa à Cotonou) que sur les
marchés ruraux (Glo-Djigbé, Sékou, Séhouè, Zinvié, Ouègbo, Zè, etc.). […] Bien qu’il n’existe
pas de statistiques officielles sur la quantité d’ananas exportée vers les pays voisins, le marché
régional (principalement les ventes informelles vers les pays limitrophes, en particulier le
Nigéria) est estimé à 40% de la production nationale. … Le marché international (au-delà de
l’Afrique de l’Ouest) représente environ 2% de la production totale. Ce marché comprend des
pays européens (France, Belgique, Luxembourg, Italie, Allemagne, Pays-Bas, etc.), des pays
asiatiques (les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite), et des pays d’Afrique du Nord
(Algérie et Libye)31 ».
30 Laboratoire AMEN (2012), Études du prix planché pour la filière ananas au Bénin, Cotonou, août, p. 3.
31 AgCLIR BÉNIN (2014) Évaluation de la réforme institutionnelle juridique et commerciale du secteur agroalimentaire :
programme d’action, Cotonou, février, p. 9. http://eatproject.org/docs/EATAgCLIRBeninFrench.pdf [consulté le 02
janvier 2018]
37
Apport nutritionnel de l’ananas
L’apport nutritionnel de l’ananas est très significatif pour la santé communautaire mais
particulièrement pour les personnes du troisième âge et les malades. Il a été démontré en
laboratoire que l’ananas concentre une forte teneur en vitamines A, B, E, mais surtout en
vitamine C. Il contient aussi de nombreux oligoéléments ainsi que des minéraux favorables à la
régénérescence des cellules et au maintien d’une bonne santé. Une étude effectuée sur 100
grammes nets d’ananas a permis de sortir des statistiques d’apports nutritionnels imputables à
la consommation de l’ananas. Les conclusions de cette étude sont réaffirmées sur le site web de
l’organisation non gouvernementale mise en place en vertu de la loi 1901 sous le nom
« Aprifel32 » en France. Cette association assure l’intermédiation entre les scientifiques, la
société civile et les professionnels des fruits et légumes. Dans sa mission, elle fait la promotion
des données de recherches scientifiques au profit du grand public notamment des professionnels
de la santé. Ainsi, sur le fruit ananas, l’Aprifel a fait sur son site web le report des données de
recherche. Ces données nous ont permis d’apprécier en détail l’apport énergétique de l’ananas.
Nous montrons dans les tableaux qui suivent la valeur de l’ananas au plan alimentaire et
nutritionnel.
38
Tableau 6 : Composition en oligo-éléments de 100 g nets d'ananas
Minéraux et oligo-éléments Quantité Minimum Maximum
Calcium 20.3 mg 6 mg 35.5 mg
Cuivre 0.076 mg 0.03 mg 0.19 mg
Fer 0.225 mg 0.13 mg 0.54 mg
Iode 1.22 ug 0.1 ug 9.7 ug
Magnésium 19.8 mg 9 mg 25.5 mg
Manganèse 2.02 mg 0.11 mg 6.11 mg
Phosphore 11 mg 5 mg 18.6 mg
Potassium 170 mg 81 mg 276 mg
Sélénium 0.28 ug nc 0.6 ug
Sodium 2.88 mg 0.3 mg 5.9 mg
Source : http://www.aprifel.com/fiche-nutri-produit-composition-ananas,23.html [consulté le
26 octobre 2017]
39
Sa consommation est souvent recommandée avant la prise des repas chauds. Au regard des
données de recherche, « l’apport énergétique de l’ananas est en moyenne de 52,6 Kcal pour
100 g soit 223kJ33 ».
40
Chapitre 3 : Le secteur des
Technologies de l’Information et de la
Communication au Bénin
Depuis la libéralisation de l'espace audiovisuel et technologique en 1990, année de l'avènement
du renouveau démocratique, le secteur des TIC connaît un essor appréciable. Le cadre
réglementaire est assaini avec plusieurs lois notamment le code du numérique. Il y a une
distinction de rôle entre la réglementation, la surveillance, la régulation et la gouvernance du
secteur. Une commission nationale de l’informatique et des libertés est mise en place par la loi
2009-09 relative à la protection des données à caractère personnel en République du Bénin34. «
La CNIL est composée de onze (11) représentants. Elle est la structure administrative
indépendante chargée de veiller à l’application de la loi portant protection des données à
caractère personnel en République du Bénin. Elle informe et conseille les citoyens et les
responsables de traitements de leurs droits et obligations et contrôle la mise en œuvre des
traitements. Elle reçoit les plaintes en cas de violation du droit à la protection des données et
peut proposer des modifications législatives ou règlementaires pour améliorer le niveau de
protection des données au Bénin35 ».
Le gouvernement à travers le Ministère de l’Economie Numérique et de la Communication,
s’occupe de la mise en place du cadre réglementaire du secteur. La gouvernance appelle
l’implication de l’ensemble des parties prenantes notamment le secteur public, le secteur privé
et les associations à but non lucratif spécialisés dans la prise en charge des problématiques liées
aux Technologies de l’Information et de la Communication, aux télécommunications, à
l’informatique et à la gouvernance de l’internet. Il existe aussi une Autorité de Régulation des
Communications Electroniques et de la Poste (ARCEP) instituée par la Loi N°2014-14 du 09
Juillet 2014 relative aux communications électroniques et à la poste en République du Bénin36.
Cette Autorité produit régulièrement des statistiques sur l’état du secteur. On enregistre
plusieurs indicateurs dans l'annuaire37 statistique produit par l'Autorité de Régulation des
34http://www.afapdp.org/wp-content/uploads/2012/01/B%C3%A9nin-LOI-SUR-PROTECTION-DES-DONNEES-A-
41
Communications Electroniques et de la Poste du Bénin. Au nombre des informations fournies,
il y a les statistiques relatives à la télédensité du secteur. Ainsi, nous avons noté ce qui suit :
la télédensité mobile est établie en 2015 à 107,79 % sur la base des abonnés globaux et
à 86,96 % sur la base des abonnés actifs ;
la télédensité internet est établie en 2015 à 20,8 % sur la base des abonnés globaux dont
0,7 % pour l'internet sur fixe, 0,5 % pour la large bande fixe, 20,10 % pour internet sur
mobile ; 15,80 bas débits sur mobile et 4,3 % de haut débit sur mobile.
On constate avec la figure ci-après que le Bénin a enregistré une progression croissante dans sa
télédensité haut débit sur mobile.
Source :
http://benin.opendataforafrica.org/cemzfzb?target=Proportion%20of%20individuals%20usin
g%20the%20Internet.%20Age%20group%20Total.%20Sex%20Total.%20Location%20Total
[consulté le 29 décembre 2017]
42
Mais la télédensité est timide dans la catégorie des utilisateurs de l’internet filaire comme le
démontre la figure ci-après :
Source :
http://benin.opendataforafrica.org/cemzfzb?target=Fixed%20Internet%20broadband%20Sub
scriptions%20per%20100%20inhabitants.%20Age%20group%20Total.%20Sex%20Total.%2
0Location%20Total [consulté le 29 décembre 2017]
43
Cadre réglementaire des TIC
Le secteur des technologies de l’information et de la communication est complexe et sa
gouvernance nécessite une réglementation adéquate et non statique. Cette règlementation doit
être régulièrement mise à jour en tenant compte des contraintes qui surviennent dans le temps.
Ainsi, il est à constater que dans plusieurs pays du monde, notamment dans ceux de l’espace
CEDEAO, il y a eu la prise de plusieurs lois au cours des vingt dernières années. Des directives
ont été aussi prises par la CEDEAO et transposées dans l’arsenal juridique des États. Au Bénin
pareillement, il y a eu la prise de plusieurs lois qui ont encadré la démonopolisation et la
libéralisation du secteur. La redéfinition des missions de l’Etat a favorisé l’implantation d’un
secteur privé dynamique en quête de profit. L’environnement est règlementé grâce à la prise de
plusieurs lois spécifiques à savoir :
- la loi relative aux principes fondamentaux du régime des postes en République du Bénin
portant n° 2001-31 du 02 avril 2004 ;
- la loi relative au code du numérique portant n° 2017-20 du 13 juin 2017 abroge toutes
les dispositions antérieures contraires notamment celles :
44
de la loi 2009-09 du 24 mai 2009 portant protection des données à caractère
personnel en République du Bénin.
L’ensemble des lois prises jusqu’en 2015 sont déjà en cours de mise en œuvre. Ainsi, dans ce
cadre plusieurs décrets et arrêtés ont été pris pour la mise en application des lois votées. Le code
du numérique restructure l’environnement législatif du secteur des technologies et sciences de
l’information et de la communication en République du Bénin. Les projets de décrets sont en
cours de finalisation, et au mois d'avril 2018, le code du numérique a été promulgué par le
Président de la République. Ce code est au cœur des réformes structurelles envisagées par le
Président de la République. Elle consacre la mise en place d’une agence de protection des
données personnelles en remplacement de l’actuelle commission nationale de l’informatique et
des libertés qui était instituée en respect des dispositions de la loi sur la protection des données
à caractère personnel. Nous aurons aussi la création d’une agence en charge de la sécurité des
systèmes d’information en République du Bénin.
45
Tableau 8 : Liste des entreprises privées ayant l'agrément de fournisseurs d'accès internet
au Bénin
Sociétés Siège
Sud Télécom Solutions SARL Carrée n°093 Bar Tito, Immeuble La Lucide
ABC Corporation SARL Lot n°45 Porto Novo
First Net SA Carrée n°1291 Immeuble L’esperance
Alink Telecom SARL Cotonou Quartier Guinkomey
Jeny SAS Lot n°213 Donaten Akpakpa
Isocel Bénin Cotonou Ganhi
OTI Voie 40 face au restaurant ciné concorde
Universell SA 196 Avenue Monseigneur Steinmetz
Eit 40 avenue Delorme
Source : http://arcep.bj/liste-des-fai/ [consulté le 03 janvier 2018]
Dans la pratique, les fournisseurs d’accès internet les plus connus du grand public sont :
ISOCEL Bénin ;
JENY SAS ;
Le débit maximum à 768 kbps coûte 15.000 FCFA par mois. Il est valide pour 30 jours
illimités. Le kit d’accès est facturé à 73.000 FCFA ;
Le débit maximum à 1536 kbps coûte 35.000 FCFA par mois. Il est valide pour 30 jours
illimités. Le kit d’accès est facturé à 73.000 FCFA ;
Le débit maximum à 2048 kbps coûte 2.000 FCFA par jour. Il est valide pour 24 heures
illimitées. Le kit d’accès est facturé à 73.000 FCFA.
46
Le concurrent direct de Isocel Télécom est l’opérateur OTI. Cette dernière en ce qui la concerne
propose quatre types d'offres grands publics se présentant comme ci-après :
Offre « Gold 1M »40 : disponible 24 heures sur 24 et 07 jours sur 7 ; débit maximum de
1 Mbps ; débit minimum garanti de 128 kbps ; l’équipement et l’installation font 70.000
FCFA avec une redevance mensuelle de 25.000 FCFA ;
Offre « saphir 2M41 » : disponible 24 heures sur 24 et 07 jours sur 7 ; débit maximum
de 2 Mbps ; débit minimum garanti de 512 kbps ; l’équipement et l’installation font
70.000 FCFA avec une redevance mensuelle de 120.000 FCFA ;
Offre « Platinium 2M »42 : disponible 24 heures sur 24 et 07 jours sur 7 ; débit maximum
de 2 Mbps ; débit minimum garanti de 1 Mbps ; l’équipement et l’installation font
350.000 FCFA avec une redevance mensuelle de 350.000 FCFA ;
47
Offre « Platinium 8M » : disponible 24 heures sur 24 et 07 jours sur 7 ; débit maximum
de 8 Mbps ; débit minimum garanti de 4 Mbps ; l’équipement et l’installation font
350.000 FCFA avec une redevance mensuelle de 1 100.000 FCFA ;
Depuis la fin de l'année 2016, de nouvelles sociétés dynamiques ont intégré le cercle des
fournisseurs d’accès internet au Bénin. C’est le cas de la société Jeny SAS, qui prend des parts
importées de marché de fourniture de connexion internet au profit des structures de
l’administration publique béninoise. Cette société offre la connexion par dépôt d’onde radio
sans fil en utilisant les stations de base de l’opérateur GSM « MTN ». La société Jeny SAS
opère sous la raison sociale « OneNet ». Elle propose entre autre les offres ci-après :
Offre43 de connexion illimitée, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ; les équipements sont
offerts avec une adresse IP publique ; il offre un service après-vente gratuit; une alerte
SMS avant échéance d’abonnement ; l’installation est facturée à partir de 129.800
FCFA pour la distance la plus courte des points de raccordement ;
la facturation mensuelle est de 180.680 FCFA TTC pour un débit dédié de 1 Mbps ;
la facturation mensuelle est de 260.258 FCFA TTC pour un débit dédié de 2 Mbps ;
la facturation mensuelle est de 339.834 FCFA TTC pour un débit dédié de 3 Mbps,
la facturation mensuelle est de 498.990 FCFA pour un débit dédié de 5 Mbps. La société
Bénin Télécoms Service SA offre des services prioritairement aux administrations
publiques mais fait aussi des prestations en direction du grand public. Ces offres44se
présentent entre autres ainsi qu’il suit :
Offre iWi 1 heure : forfait illimité, haut débit d’une durée d’une heure à 300 FCFA
TTC ;
Offre iWi 4 heures : forfait illimité, haut débit d’une durée de quatre heures à 800 FCFA
TTC ;
Offre Family ADSL 512 kbps : connexion illimitée de 512 Kbps, une adresse IP fixe ;
frais d’accès de 20.000 FCFA TTC ; redevance mensuelle de 15.000 FCFA TTC ;
48
Offre Family ADSL 1 Mbps : connexion illimitée de 1 Mbps, une adresse IP fixe ; frais
d’accès de 20.000 FCFA TTC ; redevance mensuelle de 25.000 FCFA TTC ;
Offre Family ADSL 2 Mbps : connexion illimitée de 2 Mbps, une adresse IP fixe ; frais
d’accès de 20.000 FCFA TTC ; redevance mensuelle de 45.000 FCFA TTC ;
Offre Family ADSL 4 Mbps : connexion illimitée de 4 Mbps, une adresse IP fixe ; frais
d’accès de 20.000 FCFA TTC ; redevance mensuelle de 80.000 FCFA TTC ;
Offre Family ADSL IP 256 kbps : connexion illimitée de 256 Kbps, une adresse IP
publique dynamique ; trois adresses mails ; frais d’accès de 15.000 FCFA TTC ;
redevance mensuelle de 25.000 FCFA TTC ;
Offre Family ADSL IP 1024 kbps : connexion illimitée de 1024 Kbps, une adresse IP
fixe ; frais d’accès de 450.000 FCFA TTC ; redevance mensuelle de 50.000 FCFA
TTC ;
Offre Family ADSL IP 512 kbps : connexion illimitée de 512 Kbps, une adresse IP fixe
; frais d’accès de 20.000 FCFA TTC ; redevance mensuelle de 80.000 FCFA TTC ;
Offre liaison spécialisée internet cuivre : accès illimité, débit de 512 kbps symétrique,
frais d’activation à 400.000 FCFA TTC avec une mensualité de 318.500 FCFA TTC ;
Offre liaison spécialisée internet fibre optique : accès illimité, débit de 4 Mbps
symétrique, frais d’activation à 400.000 FCFA TTC avec une mensualité de 2 744 000
FCFA TTC ;
Offre liaison spécialisée internet fibre optique : accès illimité, débit de 10 Mbps
symétrique, frais d’activation à 400.000 FCFA TTC avec une mensualité de 4 802 000
FCFA TTC ;
Offre liaison spécialisée internet fibre optique : accès illimité, débit de 20 Mbps
symétrique, frais d’activation à 400.000 FCFA TTC avec une mensualité de 8 918 000
FCFA TTC ;
Offre liaison spécialisée numérique : liaison numérique de 128 kbps inter site dans une
même ville ; frais d’activation à 200.000 FCFA TTC avec une mensualité de 73.125
FCFA TTC ;
49
Offre liaison spécialisée numérique : liaison numérique de 2 M inter site dans une même
ville ; frais d’activation à 200.000 FCFA TTC avec une mensualité de 1 170 000 FCFA
TTC ;
Offre liaison spécialisée numérique : liaison numérique de 2 M inter site dans plusieurs
villes ; frais d’activation à 200.000 FCFA TTC avec une mensualité de 1 690 000 FCFA
TTC ;
Offre Fibe lite : accès illimité ; débit symétrique de 4 Mbps ; la mensualité est de
995 000 FCFA TTC ;
Offre fibe pro : accès illimité ; débit symétrique de 10 Mbps pour une mensualité de
2 100 000 FCFA TTC ;
Offre fibe extend : accès illimité ; débit de 20 Mbps sysmétrique avec une mensualité
de 4 000 000 FCFA TTC ;
Offre RNIS : RNIS de 02 canaux ; frais d’activation de 88 983 FCFA HT avec une
mensualité de 8 937 FCFA HT ;
Offre RNIS : RNIS de 30 canaux ; frais d’activation de 826 483 FCFA HT avec une
mensualité de 67 797 FCFA HT.
Les autres opérateurs du secteur de la téléphonie sont tous en déclin et déjà même, certains
d'entre eux ont déposé leur bilan.
Il s’agit de :
LIBERCOM qui est une société nationale liquidée par décret pris en conseil des
ministres en 2017 ;.
50
Bell Bénin Communications qui n’a pas renouvelé sa licence d'émission de fréquence
GSM avec l’ARCEP ;
Glo Mobile Bénin SA qui n’assure plus que de la maintenance de transition avant la
mise hors service de sa fréquence.
De cette liste d'opérateurs GSM du Bénin, seuls deux occupent plus de 95 % du marché et
couvrent chacun la quasi-totalité du territoire national. Il s’agit de SPACETEL Bénin (MTN)
et de ETISALAT Bénin (Moov).
Nous passerons à présent en revue les services et produits de ces deux opérateurs dominants.
En ce qui concerne l’opérateur MTN, nous avons relevé sur son site web http://www.mtn.bj/ ,
qu’il offre entre autres des services de forfaits prépayés et de forfaits roaming.
51
Il propose aussi des services de transactions financières par téléphone mobile (mobile money),
contribuant ainsi à l’inclusion financière et à la bancarisation des ressources financières des
populations qui étaient jadis exclues de tout système bancaire.
MTN offre aussi les services courants d’appel et de diversement. Mais ce service est de plus en
plus concurrencé par les possibilités d’appel qu’offre les services gratuits de voix sur IP.
52
L’opérateur Moov est le seul véritable concurrent de l’opérateur MTN. Il offre entre autres les
services et produits suivants : des forfaits, des services d’appel, de l’internet et du mobile
money.
53
« L’offre Moov NOUMITON est une offre prépayée par Rechargement dont la première
activation passe par le back office corporate. Elle consiste à accorder aux membres d’une
même communauté/Association/Personnels & Conjoints rattachés à une entreprise, un tarif de
communication intra groupe à 0F dans la limite du forfait mensuel unique de 5000F donnant
droit à 250mn + 250 sms. A l’épuisement des 250 min, les appels intra groupe sont facturés à
0,75F/S ; les appels vers moov en dehors du groupe sont facturés à 1F/S et les appels vers les
autres réseaux sont facturés à 1,2F/S. A l’épuisement des 250 sms, tout sms envoyé vers moov
soit en intra flotte et en dehors de la flotte est facturé au tarif en vigueur de 14F. Il n’y a pas
de limitation de nombre de personnes au sein d’une communauté45 ».
« Moov INTERNET SECOURS est un service permettant aux abonnés ne disposant pas de
forfait internet en cours et remplissant les conditions d’éligibilité, d’emprunter un forfait
internet entre 5 Mo, 20 Mo et 100 Mo. Le remboursement du coût du forfait emprunté se fera
au moment du prochain rechargement du compte de l’abonné, ou lors de la réception d’un
transfert de crédit. Ce service est accessible à nos abonnés via la syntaxe USSD *375*9# ou
*300*9#46 ».
Au regard des informations lues sur le site de l’opérateur MOOV, ce dernier participe à
l’inclusion monétaire notamment en direction des populations béninoises marginalisées par le
système bancaire traditionnel. MOOV contribue à la relève du niveau de la sécurité monétaire
en offrant à ses abonnés l'alternative de la monnaie électronique appelée Moov Money. Cette
action concourt efficacement à une bancarisation spécifique des populations exclues du système
traditionnel de transaction bancaire. Le "Moov Money" s'appuie sur une banque commerciale
pour être opérationnelle conformément aux dispositions bancaires de la Banque Centrale de
l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine. Moov donne les précisions qui suivent sur
son service mobile money.
« Moov Money, est un compte électronique ouvert sur votre numéro de téléphone Moov.
Lorsque votre compte Moov Money est ouvert, votre numéro de téléphone devient également
votre numéro de compte Moov Money. Ce compte vous permet de réaliser diverses opérations
à partir de votre téléphone sans vous déplacer jusqu’à 2.000.000 FCFA par jour47 ».
Pour booster l’expérience utilisateur des béninois, l’opérateur Moov a également déployé le
service Internet Mobile 4G. Ce service offre plus de rapidité dans l’accès à la ressource en ligne.
54
Mais cette offre induit aussi pour plusieurs abonnés actuels, le recours à un kit téléphonique ou
électronique supportant la technologie LTE. Malheureusement, la publicité est faite seulement
sur le produit et non sur les conditions de son usage optimal. Le message publicitaire est le
suivant : « Profite au max de la 4G Moov et reste connecté, partage tes photos et vidéos avec
tes proches, amis et collègues sur tes réseaux sociaux ou tes applis préférés. En entreprise,
comme à la maison, regarde tes vidéos avec fluidité et sans interruption, envoi des documents
et vidéos à tes collègues, amis et à tes proches. Pour bénéficier de la 4G, rendez-vous dans
l’une de nos agences pour procéder au changement de votre Sim et tapez *444# à partir de
votre téléphone pour activer le service48 ».
Dans le souci de la transparence, Moov permet à ses abonnés de vérifier leur consommation
avant et après les appels émis. Il applique la facturation à 1 FCFA la seconde au Bénin.
Moov est le premier réseau mobile du Bénin en terme de couverture du territoire national.
55
56
Chapitre 4 : La recherche en Sciences
de l’Information et de la
Communication au Bénin
Les Sciences de l’Information et de la Communication sont une discipline récente née à la fin
du XXème siècle. En France, cette discipline universitaire est créée en 1975. Elle prépare les
étudiants « aux métiers de l’information et de la communication, de la documentation à la
publicité, en passant par le journalisme, la communication organisationnelle et politique,
l’audiovisuel, la muséologie, l’information scientifique, les technologies de réseau 49 ». La
société française des sciences de l’information et de la communication en est la société savante.
Pour Eric Dacheux « les sciences de l’information et de la communication ont un objet de
recherche : la communication. Elles remettent en cause les idées reçues comme la manipulation
des médias ou la transformation de la société par internet50 ». Elles observent de plus en plus
les mutations induites par les innovations technologiques sur les sociétés, les organisations et
les individus. Ainsi que la série des champs d’observations interdisciplinaires dans lesquelles
les sciences de l’information et de la communication, offrent un regard nouveau, celles des
technologies de réseau nous intéressent à plus d’un titre, ce qui justifie qu'elles soient au centre
de la présente recherche.
La discipline structurée des sciences de l’information et de la communication est d’exigence
récente dans la carte universitaire du Bénin. En effet, à la suite de la redéfinition de la carte
universitaire du Bénin en 2017, l’Université d’Abomey-Calavi s’est dotée d’un Institut
Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication. Ledit institut est né de la
transformation institutionnelle de l’Ecole Nationale des Sciences et Techniques de
l’Information et de la Communication créée en 2014 avec le concours de la Direction Générale
des Médias du Ministère en charge des Technologies de l’Information et de la Communication.
Cette école a été créée pour renforcer les capacités des acteurs des médias en République du
Bénin.
Mais avant la création de cette école nationale devenue institut, les acteurs des médias et les
spécialistes de l’information et de la communication étaient formés dans les écoles publiques
et privées telles que :
57
l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) ;
Les offres de formation proposées sont variées et donnent droit pour certaines à des
spécialisations de niveau Brevet de Technicien Supérieur et Licence en :
Information et communication ;
Imagerie cadrage ;
Infographie ;
Internet et multimédia.
Elles donnent aussi droit pour d’autres à des professionnalisations de niveaux Licence et Master
en :
Journalisme ;
Communication ;
Documentation ;
Archivage ;
Réseaux informatiques ;
Ingénierie de télécommunication.
Ce qui reste constant de nos jours est le fait que les formations offertes en sciences de
l’information et de la communication au Bénin, ne donnent pas encore droit à une thèse de
58
doctorat en sciences de l’information et de la communication. Aucune école doctorale ne
dispose d’unité de recherche ou de laboratoire spécialisées en sciences de l’information et de la
communication au Bénin.
Par ailleurs, avec les enjeux de la télévision numérique terrestre (TNT) en phase finale de
déploiement au Bénin, les défis de bonne transmission des données par le biais des réseaux
informatiques sont pris en charge par les centres de formations en télécommunication et réseaux
informatiques. C’est notamment le cas des formations universitaires dispensées par l’Ecole
Supérieure des Télécommunications du Bénin (ESTB) et les établissements privés dispensant
des cours de télécommunications et de réseaux de transports numériques.
Aussi est-il important de souligner que le secteur des professionnels des médias du Bénin est
bien structuré, et matérialisé par l'existence d’un patronat et d’une association des hommes du
métier. Il s’agit de :
59
de l’Université d’Abomey-Calavi au Sud et au Centre du pays et ceux relevant de l’Université
de Parakou au Nord du pays. Le pool des Universités privées d’enseignement supérieur offrant
des formations dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication
(TIC) est concentré dans les villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo et Parakou.
A titre d’illustration, les structures de référence en matière de formation supérieure en TIC dans
l’enseignement public au Bénin sont entre autres : l’Institut de Formation et de Recherche en
Informatique (IFRI), l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), l’Institut de
Mathématique et de Science Physique (IMSP), l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de
Management (ENEAM) et l’Institut Universitaire de Technologie (IUT).
En plus des écoles et instituts publics offrant des renforcements de capacités dans le domaine
des Technologies de l’Information et de la Communication, nous avons sur le site web de la
Direction Générale de l’Enseignement Supérieur (DGES), la liste des établissements privés
pouvant délivrer des diplômes de licence et de master. De cette liste nous pouvons déduire ceux
qui sont autorisés à délivrer des diplômes donnant droit à l’exercice des métiers relevant des
Technologies de l’Information et de la Communication. Il s’agit de :
l’Institut Cerco ;
l’IRGIB Africa ;
Au cours de nos recherches nous avons aussi identifié quelques chercheurs dont les thèses
portaient sur les sciences de l’information et de la communication contextualisées aux
problématiques liées au cadre béninois. Au nombre de ceux-ci nous avons: Alphadio Modesto
AYIBATIN, qui a présenté une thèse le 07 décembre 2015 à l'université Paris 2 sur le thème:
l'influence du griot et des médias dans le processus démocratique, le cas du Bénin. Dans ses
analyses, il a essayé de montrer que l'oralité qui est la source principale de transmission
d'informations depuis des siècles en Afrique noire, continue d'avoir droit de cité aujourd'hui sur
le continent en général, et au Bénin et en Guinée particulièrement, et ce malgré l'avènement et
la pénétration des Technologies de l'Information et de la Communication. Il y met en exergue
les rapports qu'ont les populations avec la chose technologique. Dans son travail un accent
particulier a été mis sur la place prépondérante de la parole historique du griot dans l'univers
communicationnel et dans la transmission de l'information. Alphadio modeste AYIBATIN a
osé même une comparaison entre ce dernier et les médias modernes, ainsi que leurs influences
idéologiques respectives.
Le docteur Paul Fouda ONAMBELE, lui, s'est penché dans sa thèse soutenue en 1996 à
Bordeaux 3, sur le thème " informations et communications de la FAO en matière d'agriculture
en Afrique occidentale, cas du Bénin, de la Côte-d'Ivoire, du Ghana, du Nigeria et du Togo." Il
s'agit d'une thèse en sciences de l’information et de la communication dans laquelle l'auteur fait
le lien entre l'émergence et le développement des médias et les facteurs de production agricole.
Il y montre notamment comment la FAO se sert des TIC pour être une source d'information
fiable en matière de données agricoles dans le monde.
Nous avons aussi visité le travail du docteur Agnès Kassa Gazard qui, quant à elle a présenté
une thèse le 25 septembre 2012 sur le thème: “Stratégie de communication pour la lutte contre
le vih/sida en Afrique subsaharienne: le cas de la République du Bénin", pour l'obtention du
titre de docteur en sciences de l’information et de la communication. Elle fait dans cette thèse
le point des stratégies de communication mises en branle par les États et les organismes
régionaux et internationaux en Afrique subsaharienne pour combattre le sida. Elle évalue dans
son travail les changements de comportement induits par les technologies de l'information et de
la communication employées à l'occasion des séances de IEC.
61
Quant au Dr Wenceslas G. Gbétohou Mahoussi qui a soutenu lui aussi une thèse pour obtenir
le titre de docteur en sciences de l’information et de la communication, dans son sujet intitulé
"Analyse des pratiques informationnelles dans le champ juridique au Bénin" soutenu à
l'université Paris 8 le 20 octobre 2017, il met en relief les apports des TIC au secteur du droit
béninois. Il y montre les critères qui sous-tendent le partage des informations entre les juristes,
et les moyens mis en œuvre pour cette fin. Mais il aborde aussi les insuffisances inhérentes à
l'implémentation des TIC dans le cadre juridique du Bénin.
De son côté, et dans sa thèse portant sur : “La communication politique au Bénin (1945-2011),
vers la naissance de la profession ? ", Dr KAKPOVI Bellarminus fait une analyse croisée des
discours politiques, des moyens mis en place pour convaincre, et des résultats obtenus. Il ressort
de ses investigations que les TIC ont une franche part dans l'efficacité des médiatisations
politiques.
Nous pouvons aussi tirer parti des travaux d'un autre chercheur comme le Dr Serge Armel
ATTENOUKON. Ce dernier, dans sa thèse soutenue en mars 2011 pour obtenir le grade de
Philosophiae Doctor (PhD) en psychopédagogie à l'université de Montréal sur le thème "
Technologies de l'information et de la communication et rendement académique en contexte
universitaire béninois : cas de l'université d’Abomey-Calavi", affirme ce qui suit : “Il se dégage
qu’au delà de leur aspect attrayant et convivial, les TIC pourraient s’avérer une puissante
source de motivation dans le processus d'enseignement/apprentissage lorsqu’elles sont
utilisées conséquemment51”. Il s'agit là d'un principe global appliqué à l'enseignement supérieur.
Ce même principe est d'autant vrai pour d'autres secteurs où les technologies sont sollicitées
pour un meilleur rendement. C'est le cas de l'agriculture où les drones et les téléphones de
nouvelles générations peuvent inciter les producteurs à plus entreprendre et à oser prendre de
nouveaux risques porteurs.
62
Conclusion
La dynamique de l’évolution du secteur des TIC au Bénin, notamment l’environnement socio-
économique, est favorable à l’éclosion des initiatives innovantes au profit des autres secteurs
de développement. La mise en place ďactions provoquant de l’émulation chez les jeunes et les
poussant à créer des produits numériques est encourageante. La libéralisation de
l’environnement et le cadre réglementaire de sa gouvernance sont profitables à l’éclosion de
savoirs nouveaux. L’un des secteurs où l’innovation technologique est aujourd’hui
indispensable est l’agriculture surtout celle orientée sur les filières favorisant l’entrée de devises
comme l’ananas.
La cité de l’innovation et du savoir dénommée « Semecity » en République du Bénin qui vise
à « construire aujourd’hui les succès de demain52 » , est un cadre idéal d’expérimentation de
produits et de projets favorisant une forte utilisation du potentiel des technologies de
l’information et de la communication dans les sphères du développement économique et social.
Notre thèse qui se veut inclusive quant aux paramètres à prendre en compte dans la
compréhension des rapports entre TIC et bien-être paysan, considère la recherche comme un
secteur primordial. En effet, elle ouvre au secteur des TIC et à la ressource humaine qui l'a en
charge des perspectives d'appréciation et d'analyse plus grandes et plus spécifiques. Dans le
cadre béninois et particulièrement chez les producteurs d’ananas du sud Bénin, l'existence et
l'opérationnalisation de ces centres de formation constituent des atouts majeurs d'autant plus
que leurs enfants, les jeunes diplômés sortis des instituts et centres universitaires sont
aujourd'hui enclins à s'auto employer, ou à retourner dans l'entreprise familiale, ou encore à
rechercher du travail dans les filières porteuses comme celle de l'ananas qui en a cruellement
besoin. Par ailleurs, l'homme étant l'élément le plus actif dans la chaîne de l'innovation
technologique, nous l'avons mis au centre de nos préoccupations, en investiguant aussi sur sa
qualité et sa disponibilité pour les producteurs.
63
Deuxième partie : L’approche
théorique et méthodologique
64
Introduction
La recherche scientifique impose à ceux qui s’y adonnent, la clarification des contextes
conceptuels dans lesquels les travaux sont entrepris et menés mais exige aussi un canevas
théorique qui soutend le bien-fondé de la recherche. Nous ne nous dérogerons point à ces
exigences conceptuelles et théoriques. Lorsque l’idée de notre sujet ainsi que son champ
d’observation ont été clarifiés avec le directeur de recherche, nous nous sommes fait le devoir
de définir avec plus de précisions les motivations profondes qui sont à la base du choix du
thème que nous avons opéré. Les difficultés auxquelles les producteurs d’ananas font face par
rapport à l’importance des surfaces emblavées appellent de l’expertise et de l’attention pour
changer de caractéristiques et devenir plus performants. Mais cela ne peut se faire sans la
définition d’objectifs et d’hypothèses de recherche. Ces démarches nous mèneront directement
à la méthodologie à adopter sur le terrain, et serviront par ailleurs de balises pour la collecte des
données.
65
Chapitre 5 : Le cadre conceptuel et
théorique de la recherche
Dans cette rubrique, nous aborderons les éléments qui ont motivé le choix de notre sujet de
recherche, les questions de recherche, l’hypothèse de travail et les concepts majeurs nécessaires
à la compréhension de notre recherche.
Justification du sujet
Le produit agricole autour duquel nous focalisons notre recherche, l'ananas (Ananas comosus),
est un fruit très nutritif produit en grande quantité dans le département de l'Atlantique au Bénin.
Il est d'un naturel très périssable et exige de ce fait une bonne capacité d'organisation à ceux qui
souhaitent en produire, en transformer, ou en commercialiser.
Dans le plan stratégique de développement du secteur agricole du Bénin (PSDSA)53 à l’horizon
2025, le gouvernement a retenu l’ananas comme une filière porteuse. Il envisage d’atteindre
pour ce produit un accroissement du rendement à 35 % et un accroissement de la production à
63 % en 2021. Pour atteindre cet objectif dans les délais, il est important qu'un accent particulier
soit mis sur la commercialisation du produit. Le peu de production actuelle n’est pas
entièrement écoulé et les producteurs se plaignent toujours de la perte d’ananas dans les
champs. La recherche et la fidélisation de la clientèle d’acheteurs d’ananas doivent constituer
les défis pour l’atteinte des objectifs de croissance affichée. Or, par le passé, une étude (PAPA,
2011) 54 réalisée en 2011 sur l'analyse de la performance des chaînes de valeurs de l'ananas au
Bénin, a fait l'état des lieux de la filière et a passé en revue les difficultés rencontrées. Les
difficultés enregistrées dans la filière ananas peuvent se résumer comme suit:
53 http://www.agriculture.gouv.bj/IMG/pdf/synthese_psdsa_2025_pniasan_2021_cadre_prog_cadre_insti_promo_fil.pdf
[consulté le 22 février 2018]
54 http://www.erails.net/images/benin/inrab/litterature-grise/files/ananas/Rapport%20CVA%20Ananas.pdf [consulté le
26 janvier 2015].
66
faible connaissance des itinéraires techniques de production et de transformation de
l'ananas ;
perte de quantités importantes d'ananas frais dans les champs et les entrepôts ;
67
utiliser au mieux l’infrastructure existante de soutien à la filière ananas et aux femmes
actives dans ce secteur (associations, coopératives, etc.) ainsi que l’infrastructure de
télécommunication et de l’Internet ;
soutenir les éventuelles solutions TIC existant localement et ayant des objectifs
analogues à ceux du projet ;
faciliter la sensibilisation et la formation des femmes actives dans la filière ananas sur
les solutions mises en place.
Nous avons accompagné la mise en œuvre des activités du projet AGON. Dans ce cadre, nous
avons fait plusieurs constats qui méritent d'être approfondis. Il s'agit notamment de :
la disponibilité de plusieurs téléphones portables chez une grande majorité des acteurs
de la chaîne de valeur ananas du Bénin ;
la position unanime des acteurs de ne pas faire usage des SMS dans le cadre des
transactions commerciales ;
une faible tendance des acteurs à faire usage de l'internet dans les transactions
commerciales. Ceci s'est confirmé par la non appropriation de la version initiale du site
web http://am.bj mis à leur disposition dans le cadre du projet AGON financé par l'ITC.
Ces initiatives méritent d'être revisitées et améliorées. Fort de ce qui précède, nous envisageons
de proposer des approches de solutions susceptibles de répondre aux besoins pertinents de notre
cible, et ceci en adéquation avec sa capacité à manipuler les technologies mobiles. Les
technologies mobiles implémentées dans notre cadre d'études peuvent être entendues lato sensu
comme un ensemble de dispositifs informationnels impliquant l'usage d’ondes
électromagnétiques dans le milieu des producteurs d’ananas du Sud Bénin. Il est ainsi possible
de s’intéresser aux équipements de communication interpersonnelle comme le téléphone
mobile, les dispositifs pour découvrir, accéder et apprivoiser les données comme les capteurs,
et les équipements agricoles que sont les engins de production et les agro-technologies telles
que les drones. Tous les équipements ainsi visés sont susceptibles d’obtenir une adresse internet
68
protocole version 4 ou 6 pour collecter des données accessibles à distance même en cas de leurs
déplacements virtuels ou physiques d’un point à l’autre.
Dans le domaine agricole en République du Bénin, l'utilisation du drone serait une innovation
technologique assez espérée. Non seulement parce qu'il est un outil de développement durable
par sa faible émission de carbone dans l'environnement, mais aussi par sa précision dans la
collecte et l'analyse des données agronomiques, ainsi que sa facilité à avoir accès à des lieux
habituellement difficiles à aller dans la plantation. En choisissant ce sujet, nous sommes
conscients de la nécessité de revisiter l’agriculture de précision avec la culture de l’ananas
comme produit d’observation. « L’agriculture de précision est un principe de gestion des
parcelles agricoles qui vise l’optimisation des rendements et des investissements, en cherchant
à mieux tenir compte des variabilités des milieux et des conditions entre parcelles différentes
ainsi qu’à des échelles intra-parcellaires56 ». Le drone a été utilisé dans l’agriculture française
pour optimiser le rendement et l’investissement. Cette optimisation est perçue au triple plan
agronomique (se rapprocher le plus possible des besoins de la plante), environnemental (réduire
l’empreinte écologique de l’activité agricole) et économique (augmenter la compétitivité).
Visiblement, les expérimentations faites en France, montrent que le drone est une solution pour
améliorer le rendement agricole. Mieux, il permet de « (i) identifier les zones qui ont un mauvais
rendement, (ii) optimiser les volumes de pesticides nécessaires en fonction des zones, (iii)
optimiser l’irrigation, (iv) optimiser les volumes d’engrais, et (v) faire des estimations de
rendement57 ». A priori, si on s’en tient aux affirmations de Faine Greenwood dans la revue
ICT update, l’on devrait se convaincre d’un apport positif des drones en Afrique. En effet, elle
a indiqué de façon plus précise que « les drones pourraient bien avoir le pouvoir d’aider les
agriculteurs du monde entier à surveiller leur culture, planifier leur exploitation, lutter contre
les nuisibles et bien plus encore58 ». La notion de « nuisibles » évoquée dans la citation de
l’auteur voudrait indiquer que le drone peut aider à détecter les nuisances qui affectent la
croissance des plants ou des récoltes dans les plantations. Mais le conditionnel utilisé par
56 https://www.advanced-drone-technologies.eu/formations/formation-agriculture-de-pr%C3%A9cision/ [consulté le 23
février 2018]
57 https://www.les-drones.com/drone-professionnel/drone-agriculture/ [consulté le 23 février 2018]
58 Greenwood, F. (2016) « drones à l’horizon : nouvelle frontière dans l’innovation agricole », ICT Update N° 82, p. 4.
Disponible sur :
<https://books.google.bj/books?id=IHkuDgAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=drone+dans+l%27agriculture&hl=
fr&sa=X&ved=0ahUKEwiLw6GfwrzZAhVshuAKHWrTA2EQ6AEILDAC#v=onepage&q=drone%20dans%20l'a
griculture&f=false> [consulté le 23 février 2018]
69
l’auteur dans son affirmation crée en nous de la réserve sur le potentiel du drone et son utilité
effective dans l’agriculture en Afrique. Cette utilité du drone dans l’agriculture est rapportée à
maints égards par Bernard Pellecuer (2017), qui appelle cependant à la prudence sur la sécurité
des données massives collectées et manipulées grâce à cet outil. Mieux, l’exploitation des
données issues des drones est faite avec des modèles types pré-réalisés par catégorie de cultures.
A ce jour, aucun modèle d’observation n’est encore rendu disponible pour la culture de
l’ananas. Notre recherche contribuera probablement à la meilleure modélisation de ce prototype
d’observation spécifique à la culture de l’ananas. Même si le drone semble pouvoir solutionner
le défi du rendement projeté par le gouvernement du Bénin pour la filière ananas, celui de la
commercialisation des produits issus de l’effort du producteur restera entier. Pourtant, la
facilitation par la technologie, quelle qu'elle soit, pour être efficiente à terme, doit pouvoir
impacter toutes les étapes du processus de production et de la commercialisation, et pas
seulement la seule étape de production. Une des clés pour compléter la chaîne de l'innovation
dans ce domaine est l’usage professionnel des outils du commerce en ligne, ce qui implique
logiquement un usage intensif de l’internet. A ce niveau interviennent internet mobile et les
autres technologies d’internet sans fil qui permettront aux acteurs de relever les défis imposés
par leurs activités, si ces technologies sont exploitées de façon professionnelle. Cet angle de
notre sujet conduit à observer l’usage du téléphone mobile de dernière génération dans
l’agriculture. Plusieurs auteurs ont travaillé sur cette question du téléphone dans l’agriculture
mais pas sous l’angle de l’usage de internet mobile comme moyen de commercialisation de
produits agricoles que nous nous proposons d’introduire comme innovation. En effet, dans sa
thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Eric Pasquati (2011),
comme la plupart des auteurs que nous avons lus, s’est appesanti sur l’empreinte de
l’appropriation sociale du téléphone portable par les agriculteurs dans les contextes locaux
marqués par une forte culture d’oralité. Quant à Ophélie Robineau (2013), elle nous démontre
comment les arrangements entre acteurs de la chaîne agricole façonnent et maintiennent la
survie de l’agriculture et des producteurs dans la dynamique d’évolution du milieu urbain. En
matière d’accès à l’information, Bétéo Zongo (2016) a démontré dans sa thèse que l’accès à
l’instruction de chef de ménage favorise l’adoption de l’information climatique diffusée au
moyen des radios pour l’amélioration des rendements de la culture de maïs et de sorgho au
Burkina-Faso. Hubert Etienne Momo quant à lui nous convainc dans sa thèse que « les moyens
technologiques comme le téléphone, la radio et la télévision réduisent les distances, entrainent
une accélération des communications et nous ouvrent un univers complétement différent de
70
celui qu’ont connu les générations précédentes59 ». L’information devient le savoir et garantit
le pouvoir de celui qui la possède. La préoccupation essentiellement de notre société
relationnelle devient la communication bâtie sur le substrat de l’information utile. Le pouvoir
de l’information est d’autant plus important qu’il a conduit le Dr Abdelkader Ben el Maati à
affirmer que « si l’on veut un développement durable, une société civile saine et une véritable
production intellectuelle, l’information est véritablement ce qui est nécessaire à tous les
besoins60 ». Les auteurs ont souvent concentré leurs travaux sur le pouvoir d’informer et d’être
informé qu’offre le téléphone portable sous l’angle de l’appropriation et de la capacitation des
acteurs. Mais nous autres avons voulu moins nous préoccuper de l’agriculteur et sa capacité à
utiliser le téléphone. Nous voulons surtout comprendre comment le téléphone de nouvelle
génération doté d’internet pourrait contribuer à améliorer les conditions de vie de l’agriculteur.
C’est dans les faits aussi un regard croisé sur les objectifs de développement durable. En effet,
cette recherche contribuera aussi à apprécier l’atteinte de la cible 9.c de l’ODD (9)61 consacrée
à la disponibilité de l’internet pour tous, de l’ODD (1)62 dévolue à l’élimination de la pauvreté
sous toutes ses formes en tous lieux et de l’ODD (2)63 focalisé sur l’élimination de la faim,
l’offre de la sécurité alimentaire, l’amélioration de la nutrition et la promotion de l’agriculture
durable au niveau de la zone où se réalise notre étude de terrain. Ces informations sont
importantes pour l’aide à la décision au niveau local et national au profit des gouvernants.
Problématique
Toute recherche repose avant tout sur la formulation d’une problématique qui permet de
comprendre le fondement du travail scientifique produit par chaque auteur. À cet effet, nous
avons formulé pour cette recherche doctorale des objectifs, des questions et des hypothèses que
nous apprécierons à la fin de nos travaux.
59 Mono, H. E. (2011) Perspective herméneutique de la « communication pour le développement » : une analyse des stratégies
communicationnelles du programme national de vulgarisation et de recherche agricoles dans l’ouest Caméroun.
Thèse de doctorat : Sciences de l’information et de la communication. Grenoble : Université de Grenoble. p.153.
Disponible sur < https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01681267v2/document> [consulté le 19 juin 2018]
60 Ben el Maati, A. (2013) Les technologies de l’information et de la communication (TIC) : facteurs de développement
humain : cas de la région de Méknès-Tafilalet au Maroc. Thèse de doctorat : Sciences de l’information et de la
communication. Nanterre : Université Paris Ouest Nanterre La Défense. p.344.
61 http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/infrastructure/ [consulté le 24 février 2018]
62 http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/poverty/ [consulté le 24 février 2018]
63 http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/hunger/ [consulté le 24 février 2018]
71
Objectif principal de la recherche
L’objectif principal de cette recherche est d’apprécier l’amélioration des conditions de travail
des populations qui se sont approprié les technologies mobiles dans les activités agricoles. Nous
sommes conscients du fait que d’autres facteurs, en dehors de la technologie, peuvent agir dans
ladite amélioration.
Question principale
Notre question centrale est la suivante : Dans quelles mesures les objets connectés et les
données collectées au moyen des technologies mobiles contribuent-ils à la facilitation des
conditions de travail des producteurs d’ananas ?
Cette interrogation nous ramène au lien de causalité entre la communication lato sensu et la
communication électronique stricto sensu, et les changements sociaux. Là aussi, les éminents
chercheurs que nous citons dans notre thèse ont fait des investigations avant nous.
Les producteurs d’ananas ont-ils amélioré leurs relations aux clients en fonction du
potentiel technique inhérent aux technologies mobiles disponibles ?
L'accès aux données par le biais des technologies mobiles a-t-il permis aux producteurs
d’ananas d’avoir un revenu stable ?
Hypothèses de recherche
L’hypothèse principale de cette recherche se décline comme suit :
Le recours aux innovations technologiques, notamment le téléphone portable de nouvelle
génération, le drone agricole, le commerce en ligne (...) résorbe durablement la pénibilité dans
la conduite des travaux champêtres et améliore les conditions de travail chez les producteurs
d’ananas du sud Bénin. Les débuts de ce processus induisent une acceptation mutuelle des
parties prenantes et le consensus sur une recherche de profit à moyen et long termes. Toutes
tendances à vouloir rentabiliser les efforts fournis sur du court terme est de nature à
compromettre le processus de facilitation des conditions de travail des producteurs d’ananas.
64 Ducass, A. et Kwadjane, J. M. (2015) Le commerce électronique en Afrique : Maric, Tunisie, Sénégal et Côte D’Ivoire,
recommandations pour l’intégration régionale en méditerranée. IPEMED, novembre. p.107. Disponibles sur :
<http://www.ipemed.coop/adminIpemed/media/fich_article/1460888627_ipemede-commerce-en-afriquebd.pdf>
[consulté le 20 juin 2018]
73
Le faible niveau d’études scolaires réduit la capacité des producteurs non instruits à
profiter du potentiel de développement offert par les données issues de l’appropriation
des technologies. Il est constant dans la revue de littérature sur l’usage des TIC dans les
pays en développement, que l’appropriation des technologies est tributaire de
l’instruction scolaire des individus. Dans sa thèse présentée à l'université Bordeaux 2 le
23 juin 2011 sur le thème : Les technologies de l'information et de la communication et
l'enseignement à distance dans un environnement de massification des effectifs
d'étudiants : le cas de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), le docteur
Ndiogou NDIAYE faisait la remarque suivante : « L’accès aux TIC est une condition
nécessaire mais non suffisante. Pour garantir une efficacité réelle des TIC, la prise
d’autres mesures pour l’accompagner est nécessaire. Parmi ces
mesures à prendre se trouve en tête le développement des capacités et des compétences
des utilisateurs potentiels qui se serviront de ces nouveaux outils ; une bonne utilisation
des Tic dépend avant tout des compétences des différents acteurs. Et dans cette
perspective, l’éducation à travers l’école en premier lieu doit assurer et assumer la
formation de ces compétences qu’on appelle généralement alphabétisation
numérique65 ». Le faible niveau d’instruction des producteurs d’ananas sera compensé
par le recours à des professionnels de la manipulation des données collectées par les
drones agricoles d’une part et des professionnels du commerce en ligne d’autres parts.
Ainsi, se réduiront considérablement la faiblesse des rendements à l’hectare chez les
producteurs, ainsi que la perte d'ananas frais dans les champs. Cette situation résorbera
quelque peu la question de la pauvreté dans laquelle végète une frange importante des
acteurs, et de ce fait, pourrait contribuer à la mise en œuvre de l’ODD 1.
74
Il y a une relation de dépendance entre le pouvoir économique des producteurs et l’accès
aux innovations technologiques. Si les récoltes issues d'une saison de 18 mois de
production d'ananas sont écoulées sur le marché sans pertes dues au pourrissement d'une
partie de cette récolte, le producteur maintiendra et améliorera sa surface culturale dans
un premier temps, et son rendement à l’hectare par la suite. Les bénéfices issus de la
vente saisonnière seront réinvestis dans une stratégie de pérennisation de la rentabilité.
Dans ce chantier, le drone apportera une contribution significative s’il est réellement
introduit dans le cours de la production. Et pour ce faire, il est préalablement
déterminant que les compétences et services d’une structure d’exploitation de drones,
ainsi que les données issues de ces engins soient identifiées et ensuite sollicitées.
Bernard PELLECUER, dans la note introductive de la collection agricole française agri-
production de juillet 2017 et portant sur le thème « drones et agriculture », écrit ce qui
suit: « Pourquoi le drone en agriculture se développe-t-il autant au point de devenir
demain un auxiliaire de l’agriculture connectée ? Trois raisons essentielles. La
première, c’est parce que la télédétection – qui est la première fonction d’un drone –
n’est pas nouvelle en agriculture. On sait l’utiliser depuis quelques décennies grâce aux
satellites ; le terreau est prêt pour accueillir les drones. La deuxième raison, c’est que
l’agriculture a besoin de plus en plus d’outils d’aide à la décision qui lui permettent de
devenir une agriculture de précision, soucieuse d’économie et de respect de
l’environnement. Qui dit agriculture de précision dit outil de proximité. Quoi de mieux
qu’un drone qui survole les cultures et les champs à 150 m de haut, ou fait du rase-
mottes pour mieux observer et scruter grâce à toutes sortes de capteurs?66 ». Et c'est
pour ne pas être en marge de ces innovations apportées dans le domaine agricole par le
drone, qu'un cabinet spécialisé est déjà constitué au terme d’un renforcement de
capacités financé par le Centre Technique Agricole qui a reçu un mandat des pays de
l’Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) et de l’Union Européenne (UE) pour contribuer à
l’atteinte de l’ODD 2 dans les pays en développement notamment en Afrique.
66 Pellecuer, B. (2017) Drones et agriculture, Paris : Edition France Agricole. p. ix. Disponible sur :
<http://excerpts.numilog.com/books/9782855574530.pdf> [consulté le 20 juin 2018]
75
Cadre conceptuel
Cette recherche nous impose d’expliciter notre compréhension des concepts d’appropriation,
de technologies mobiles et, celui de commerce en ligne et enfin celui nécessaire à une bonne
conduite de notre recherche.
Concept d’appropriation
Damien CHANEY nous enseigne que « le terme d’appropriation provient du latin
"appropriare" qui signifie rendre propre à une destination, adapter, conformer. L’action de
s’approprier désigne l’idée de s’attribuer, de se donner la propriété de quelque chose et ce,
dans une perspective plus large que dans le cadre dans la simple dimension juridique67 ».
L'auteur a aussi présenté plusieurs domaines d’application de ce concept notamment, l’espace,
l’expérience, les objets et les nouveaux outils de communication. L’appropriation renvoie aussi
à l’adaptation d’un produit à son besoin. Elle vise à prendre possession de quelque chose. Jean
François Trinquecoste et Marc Bidan ont apprécié la notion d’appropriation en l’appliquant aux
technologies de l’information et de la communication. Il résulte de leurs travaux que « travailler
sur l’appropriation des technologies de l’information conduit à travailler sur l’utilisateur
devenant usager et inventant sa propre routine ; cela conduit aussi à mettre en lumière certains
paradoxes : il est par exemple possible d’être usager sans être totalement utilisateur et d’être
non usager tout en restant utilisateur68 ». L’appropriation reste ainsi un concept complexe
lorsqu’elle est appliquée aux technologies. Elle fait appel au potentiel du sujet observant qu’est
l’homme, et devient simple ou complexe quand le sujet observant n’a pas les aptitudes
nécessaires pour permettre que l’appropriation soit concluante. C’est à juste titre que Germain
POIZAT et Annie GOUDEAUX69 nous confirment dans leur article consacré aux rapports entre
les concepts de l’appropriation et de l’individuation, que le processus de l’appropriation est lié
à la transformation de l’activité et ou le développement de l’acteur. Selon Vincent Veschambre,
dans son article intitulé: « La notion d’appropriation », la sociologue Perla Serfaty Garzon,
définit l’appropriation comme l’« adaptation de quelque chose à un usage défini ou à une
67 Chaney, D. (2007) « Le concept d’appropriation : une application au domaine de la musique enregistrée ». In : Groupe ESC,
6ème journées normandes de recherche sur la consommation : société et consommations, Rouen, 19-20 mars, p.4.
68 Trinquecoste,J. F. et Bidan, M. (2011) « Regards croisés sur le processus d'appropriation des Technologies de l'Information
et de la Communication », Management & Avenir 2011/5 (n° 45), p. 176.
69 http://www.trigone.univ-lille1.fr/transformations/docs/tf12_a01.pdf [consulté le 25 février 2018]
76
destination précise70 ». L’adaptation est la clé pour les pays en développement et les filières
comme celle de l’ananas dans le mécanisme de conception et de mise en marché des
technologies comme celles du drone. C’est l'adaptation, prise sous cet angle que nous associons
au concept d’appropriation dans notre étude. Perla Serfaty-Garzon affirme elle-même que
« l’idée d’adaptation traduit un objectif d’harmonie entre une chose et l’usage auquel on la
destine, un heureux appariement entre deux objets, deux actions ou entre un sujet et un objet.
Elle traduit l’intention d’atteindre une certaine justesse dans l’action de modification de l’objet
sur lequel s’exerce l’appropriation, justesse qui révèle une intelligence intime des qualités
propres à cet objet et de ses potentialités71 ». Nous avons pu dégager plusieurs applications de
l’appropriation dans notre étude. Il y a l’appropriation des techniques agricoles qui doit se lire
comme la maîtrise et la prise en main des savoirs-faire agricoles. Nous avons ensuite une
deuxième application de l'appropriation qui est celle des outils agricoles, perçue comme la
compréhension du fonctionnement des outils, la construction de son potentiel personnel d’usage
des équipements. Vient ensuite l’appropriation des outils qui est elle-même vue comme une
adhésion à une utilisation optimale des équipements. Il y a aussi l’appropriation du téléphone
de nouvelle génération encore appelé smartphone. C’est ici la possession du produit associé à
sa manipulation qui est visé quand on évoque le concept d’appropriation du smartphone. La
connaissance globale des fonctions n’est pas indispensable mais il faut avoir la curiosité et la
capacité de manipuler l’outil. Cette appropriation est en lien avec la compétence initiale de
l’utilisateur. Nous avons l’appropriation de commerce en ligne qui est l’art de s’adonner à la
vente en ligne; et nous avons enfin l’appropriation des technologies mobiles par les initiés de
l’informatique en réseaux. Il s’agit de la connaissance des techniques de mise en
communication entre équipements distants pour leur permettre d'interagir. Les technologies
mobiles se trouvent être aussi un concept à élucider pour une meilleure compréhension de notre
travail.
77
radioélectriques. C’est beaucoup moins le dispositif et l’outil qui contient ou manipule l’onde
électromagnétique ou radioélectrique que l’onde elle-même. Ce concept n’est pas à confondre
avec celui du « mobile technologies » qui renvoie uniquement à la technologie du téléphone
mobile. Ce dernier offre une opportunité de changement fondamental dans le modèle
d’éducation avec l'usage indispensable de l’ordinateur. Le domaine de l'emploi du téléphone
mobile dans le système l’éducatif et dans l’apprentissage a été investi par plusieurs auteurs.
Laura Naismith et ses pairs ont fait une revue de littérature sur cette problématique. Mouhamed
Droui, Odile Martial, Sabine Kebreau, Samuel Pierre et Jesus Vazquez-Abad, ont dans leur
chapitre collectif intitulé « les technologies mobiles pour mieux comprendre l’apprentissage
coopératif dans un cours de physique », rappelé les écrits de Milrad qui indique que « plusieurs
caractéristiques des technologies mobiles ont été identifiées comme des éléments favorables à
l’apprentissage : la portabilité des dispositifs, la possibilité de facilitation des interactions
sociales, de personnalisation, de sensibilité au contexte, de connectivité, de création de lien
entre les mondes numériques et physiques72 ». Pour Anas Sofi et ses pairs « Les technologies
mobiles évoluent sans cesse : la diversité des appareils actuellement disponibles sur le marché
est considérable et comprend, globalement, les téléphones portables, les tablettes tactiles, les
lecteurs numériques… Pour ne pas s’enliser dans les subtilités sémantiques, l’UNESCO 2013
a adopté une définition large des appareils portables, reconnaissant simplement qu’ils sont
numériques, faciles à transporter, d’usage plus individuel qu’institutionnel, qu’ils permettent
d’accéder à internet, sont équipés d’applications multimédias et peuvent effectuer un grand
nombre de tâches, notamment en matière de communication73 ». Cette définition issue des
discussions mondiales au niveau de l’UNESCO tend à soustraire les drones et les engins
connectés du concept de technologies mobiles. Mais il est indispensable de les intégrer à ce
concept du fait de leur capacité à assurer des communications aux moyens des ondes
électromagnétiques ou radioélectriques. En résumé dans cette étude, le concept de technologies
mobiles reste focalisé sur trois éléments à savoir le potentiel de mobilité, l’accessibilité
72 Riopel, M., Potvin, P. et Vazquez-Abad, J. (Dir.) (2009), Utilisation des technologies pour la recherche en éducation
scientifique, Laval : Les presses de l’Université Laval. p. 84.
73 So, A., Laafou, M., Mahdi, K., Janati-Idriss, R. et Madrane. M. (2017) “La technologie mobile au service de l'enseignement
et l'apprentissage : le cas de l'ENS Tétouan. » EpiNet, p.3. Disponible sur :
<https://www.researchgate.net/profile/Khalid_Mahdi/publication/316234490_La_technologie_mobile_au_service_
de_l%27enseignement_et_l%27apprentissage_le_cas_de_l%27ENS_Tetouan/links/58fd49560f7e9ba3ba55dd68/La
-technologie-mobile-au-service-de-lenseignement-et-lapprentissage-le-cas-de-lENS-Tetouan.pdf> [consulté le 26
février 2017]
78
numérique par le fait de la communication sans fil au moyen d'ondes radio électriques et
l’adaptabilité au contexte. Mais elle ne perd pas de vue la nécessité de l’appropriation des
technologies qui déclenche le processus de la construction de l’agriculture de précision. En
réalité, utiliser les outils technologiques modernes appelle de la capacitation de la part des
personnes qui souhaitent l’intégrer à leurs activités. À la lumière de nos recherches, il se dégage
malheureusement l’indispensable nécessité d’une mise en relation d’affaires ou d’expertises
pour tirer profit du potentiel des données massives collectées par les engins intelligents comme
les drones. À y voir de près, des acquis de savoir en physique et en mathématique sont utiles
pour mieux maîtriser le fonctionnement d’un drone. Mieux, il faut une aptitude à interpréter les
photographies aériennes pour réussir l’étape de l’observation des images et la télédétection de
façon générale. Un savoir dans les disciplines connexes à la cartographie et à la télédétection
sont des atouts indéniables. Il est aussi vrai que la communication qui s’établit entre le drone et
la manette de pilotage s’effectue par des ondes wifi qui ramènent à des connaissances en réseaux
informatiques ou en physiques. Au regard de tout l’arsenal cognitif qu’implique l’appropriation
des drones, il importe de mieux cerner les contours du concept de l’appropriation que nous
avons développé plus haut. Cependant, Rockaya Ditengou nous met en garde en rappelant que
les technologies de l’information et de la communication mettent en scène « un triple défi :
celui du savoir-faire, du savoir-être et celui du maintien de l’intérêt général74 ». A la lumière
des défis du savoir-faire et du savoir-être l’accès à l’instruction devient un élément important
pour l’usage des technologies. Malheureusement, notre cible se révèle être majoritairement
dotée d’un niveau de scolarisation très faible leur imposant de facto le recours à des services
d’intermédiation pour mieux profiter des technologies. Les exigences de savoirs recherchés
varient en fonction des usages sollicités. Si on ne sait ni lire ni écrire l’accès à l’internet devient
un luxe si l’usage devient personnel mais reste utile en faisant recours à l’appui d’un sachant.
La possibilité de l’assistance offre un potentiel d’exploitation des technologies dans
l’amélioration des conditions de travail et de vie de notre population cible. Cette population
peut alors indiquer pouvoir profiter des technologies grâce aux autres parties prenantes de
l’écosystème du commerce local capable de faire notamment des achats et des ventes en ligne,
ainsi que des recherches sur le web. Nous reconnaissons avec Eloria Vigouroux Zugasti que
« puisque chaque question trouve rapidement une réponse sur le web, l’appétit informationnel
74 Ditengou, R. (2016) Politique, médias et développement. L’usage des technologies de l’information et de la communication
(TIC) dans le cas Gabon en Afrique centrale. Thèse de doctorat : Sciences de l’information et de la communication.
Paris : Université Sorbonne Paris Cité. p.1.
79
est encouragé75 ». L’information est au centre de l’action. C’est ce qui convainc Olga Marlyse
Lodombé Mbiock à conclure que « la notion d’information est une fois de plus mise au cœur
de ces échanges, dans la mesure où l’individu (ou système) récepteur joue un rôle constructif
dans le processus informationnel. Ainsi perçue, la société de l’information devient une société
dans laquelle les éléments d’information véhiculés participent à la construction d’un savoir
chez les individus qui les utilisent, en modifiant leur état de connaissance et en les amenant
vers plus de pragmatisme dans leur vie sociale. Ce qui contribue à améliorer leurs conditions
de vie et partant leur développement durable76 ». L’information bien assimilée facilite
l’appropriation des technologies. Tout connaître n’est pas indispensable mais savoir où tout se
trouve est nécessaire pour une bonne appropriation du savoir. Les informations sont dans les
entrepôts de données que sont les bibliothèques physiques et virtuelles. L’exploitation des
informations dans une bibliothèque en ligne suppose une capacité préalable de la navigation sur
internet.
75 Zugasti, E. V. (2017) L’expérience du numérique chez les aînés : enjeux et limites du solutionnisme technologique. Thèse de
doctorat : Sciences de l’information et de la communication. Bordeaux : Université Michel de Montaigne. p.273.
76 Mbiock, O. M. L. (2008) Conditions stratégiques d’appropriation des usages des technologies de l’information et de la
communication (TIC) pour l’accès à la société de l’information. Cas de l’Afrique francophone : Cameroun, Gabon
et Sénégal. Thèse de doctorat : Sciences de l’information et de la communication. Bordeaux : Université Michel
Montaigne. p.25.
77 http://www.oecd-
ilibrary.org/docserver/download/236588526334.pdf?expires=1519739093&id=id&accname=guest&checksum=AA
8E59F823F60186940346CC4A69B148 [consulté le 27 février 2018]
80
Le législateur français définit dans la loi sur la confiance dans l’économie numérique, le
commerce électronique comme « l’activité économique par laquelle une personne propose ou
assure à distance et par voie électronique la fourniture de biens ou de services. Entrent
également dans le champ du commerce électronique les services tels que ceux consistant à
fournir des informations en ligne, des communications commerciales et des outils de recherche,
d’accès et de récupération de données, d’accès à un réseau de communication ou
d’hébergement d’informations y compris lorsqu’ils ne sont pas rémunérés par ceux qui les
reçoivent78 ». Cette définition a été reprise par la loi n°2017-20 portant code du numérique en
République du Bénin en son article 1er. Cet article définit la communication électronique
comme « toute émission, toute transmission et toute réception de signes, de signaux, d’écrits,
d’images, de sons ou d’informations de toute nature par fil, fibre optique, radioélectricité, ou
autres systèmes électromagnétiques79 ». En recoupant ces deux définitions, on perçoit qu’en
faisant du commerce électronique, on opère par la même occasion de la communication
électronique. Avec le vote du code du numérique et sa promulgation, les conditions sont réunies
pour faire du commerce en ligne en toute confiance avec des personnes exploitants les
ressources numériques disponibles sur le territoire béninois. Mais cette activité reste complexe
parce que le vendeur peut être au Bénin et offrir des services de vente d’ananas à des acheteurs
de n’importe quel pays au travers de plateformes administrées à partir du Bénin mais hébergées
par un pays tiers, par exemple la France. En cas de litige, il est évident qu’une seule législation
ne sera pas sollicitée par les parties pour trancher. C’est l’une des complexités inhérentes à
l’activité du commerce en ligne. Francis LORENTZ a bien fait de rappeler dans son rapport du
15 mars 1998 que « le commerce électronique ne se fait pas seulement sur internet80 », et il
définit le commerce électronique comme « l’ensemble des échanges électroniques liés aux
activités commerciales. Il s’agit donc aussi bien de relation interentreprises que de relations
http://www.utc.fr/~jollivet/GE21/Centre%20de%20Documentation%20GE21/RapportsMINEFI/Commerce%20%E
9lectronique%20-
%20une%20nouvelle%20donne%20pour%20les%20consommateurs,%20les%20entreprises,%20les%20citoyens%
20et%20les%20pouvoirs%20publics-
%20Rapport%20n%B01%20de%20Francis%20Lorentz,%20MINEFI,%20rapploradd.pdf [consulté le 27 février
2018]
81
entre entreprises et administrations et des échanges entre entreprises et consommateurs81 ». Il
rappelle indirectement par ailleurs que d’autres médias comme la télévision ont toujours joué
un rôle de premier plan dans ce commerce en ligne. La télévision a été l'un des premiers outils
interactifs de communication avec les individus et elle le sera davantage à l’avènement actuel
de la télévision numérique terrestre. Elle est un outil favorable à la consolidation et à l'entretien
des rapports de confiance, étant entendu que la confiance demeure le substrat irremplaçable de
toutes activités financières et commerciales. La télévision a en outre l'avantage d'offrir
simultanément de l'audio et de la vidéo, ce qui permet à l’individu d'avoir un premier contrôle
audiovisuel de ce qui lui est proposé. Cet avantage de la télévision transforme de ce fait le
présentateur ou le journaliste qui partage l’information en un repère, un conseiller avisé qui
convainc de la qualité de l'objet à vendre par le témoignage qu’il en fait. La télévision sera sur
le téléphone de nouvelle génération avec une meilleure qualité de réception et facile d’accès
pour la grande masse composée des jeunes nés après la bulle économique et technologique des
années 2000. Cette catégorie de citoyen est adepte du numérique et le recours au commerce
électronique semble une nécessité pour elle. Le souhait de gagner du temps amène à transposer
dans le monde numérique les solutions aux problèmes constatés dans le monde physique.
L’individualisme prononcé de la vie citadine exacerbera l’usage du commerce électronique
pour l’accès à la consommation, le moyen vital le plus important pour ceux qui ont les moyens
de se prendre en charge. Les plateformes mobile et web mobile seront de plus en plus proposées
par des organisations d’intermédiation ou de relais en matière d’accès à la consommation.
Pour Mouhamadou Sanni YAYA, la définition formulée par l’OCDE et celle du législateur
français mise en place en conformité avec la directive de l’Union Européenne, ne sont pas assez
précises. Il en exclut les activités menées sur le réseau et intègre le mobile commerce. Ainsi, sa
définition pourrait se formuler ainsi qu’il suit « le commerce électronique est une activité
économique par laquelle une personne propose ou assure à distance la fourniture de biens et
de services par mobile commerce82 ».
Au regard de ce qui précède, nous entendons par commerce en ligne dans cette étude, les
activités économiques conduites par le biais du téléphone mobile de dernière génération encore
81
idem
82 YAYA, M. S. (2011) Le droit de l’OHADA face au commerce électronique. Thèse de doctorat : Droit. Montréal : Université
de Montréal. p.31. Disponible sur :
<https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/5876/Sanni_Yaya_Mouhamadou_2011_th%C3%A
8se.pdf?sequence=4&isAllowed=y> [consulté le 27 février 2018]
82
appelé smartphone au moyen de plateformes web ou d’applications mobiles. Ce commerce en
ligne est très implémentable au secteur de la production d’ananas ainsi qu'aux producteurs eux-
mêmes.
Cadre théorique
Cette recherche nous impose d’expliciter également notre compréhension de certaines théories
fondamentales afin de rendre plus clairs les contours de nos hypothèses de recherche. Ainsi,
nous allons examiner la théorie des usages, celle de l’innovation technologique, de la diffusion
et de la vulgarisation agricole.
Dans cette section, Jouët Josiane nous informe que « le développement de la sociologie des
usages s’est articulé sur l’expansion des TIC (Technologies de l’Information et de la
Communication), et le videotex, plus fréquemment dénommé par le terminal Minitel, fut, à
l’origine du courant, la technologie la plus couverte par la recherche même si la
microinformatique domestique fit également alors l’objet de plusieurs études. Par ailleurs, la
recherche sur les usages qui s’est initialement penchée sur la sphère résidentielle gagna dans
les années quatre-vingt-dix la sphère de l’entreprise. De fait, la panoplie des usages observés
s’est rapidement étendue et les études portent aujourd’hui sur une multiplicité de technologies
(le CD-rom, la téléphonie mobile, l’internet et les réseaux d’entreprise…). Par ailleurs,
l’approche de l’usage social a été appliquée à des objets de communication qui ne relèvent pas
de la sphère des TIC, comme le baladeur, le téléphone fixe, le répondeur mais aussi la télévision
83
et le magnétoscope83 ». La sociologie des usages est passée maître de l'application des usages
auprès des groupes socioculturels. Les outils ou les objets comme la radio, la télévision, les
Walkmans sont tous observés. En fait, il s'agit de toutes les familles d’outils de communication
qui ont intéressé les chercheurs, et dont ces derniers ont apprécié la sociologie de l'usage. La
sociologie des usages est née de la nécessité pour certains chercheurs de comprendre et
d’expliquer l’usage social des TIC. L’évolution du concept tend à prendre en compte les
nouveaux outils communicants. En termes plus simples c’est l'étude de l’usage des TIC. Les
outils tels que la radio et la télévision ont été créés dès le départ dans une vision plutôt
fonctionnaliste que structuraliste, afin de déceler l’impact de leur appropriation sur le bien-être
des communautés.
Les courants de pensées qui ont précédé et consolidé la sociologie des usages sont ceux de la
sociologie des modes de vie, de la famille et du travail, marquée par l’autonomie sociale. Jouët
Josiane nous rappelle que « Des sociologues de la famille, des modes de vie, du travail, des
politologues se penchent sur ces mises en œuvre variées et contrastées de l’innovation sociale
qui précèdent légèrement l’arrivée de la micro-informatique et de la télématique. Les premières
études d’usages sont d’ailleurs réalisées par des chercheurs issus de ce courant qui repèrent
la façon dont les TIC s’insèrent dans la dynamique des pratiques d’autonomie analysées dans
d’autres secteurs de l’action sociale84 ».
Ainsi, nous constatons que le courant théorique de la sociologie des usages est intrinsèquement
lié à l’apparition des technologies de l’information et de la communication. Jouët Josiane nous
confirme que « La socialisation de la technique, les processus qui font que les TIC deviennent
des objets sociaux, est l’axe majeur des premières recherches qui s’interrogent sur la relation
entre l’innovation technique et les transformations de la société. La problématique des modes
de vie traverse en effet les études qui se penchent sur la façon dont les TIC réarticulent les
relations entre l’espace privé et l’espace public, le travail et le hors travail, les loisirs et la vie
domestique85 ».
83 Jouët, J. (2000) « Retour critique sur la sociologie des usages ». In: Réseaux, volume 18, n°100, 2000. Communiquer à l'ère
des réseaux. p.491. Disponible sur : <http://www.persee.fr/docAsPDF/reso_0751-
7971_2000_num_18_100_2235.pdf> [consulté le 09 mars 2018]
84 Jouët, J. (2000) « Retour critique sur la sociologie des usages ». In: Réseaux, volume 18, n°100, 2000. Communiquer à l'ère
des réseaux. p.496. Disponible sur : <http://www.persee.fr/docAsPDF/reso_0751-
7971_2000_num_18_100_2235.pdf> [consulté le 09 mars 2018]
85 Jouët, J. (2000) « Retour critique sur la sociologie des usages ». In: Réseaux, volume 18, n°100, 2000. Communiquer à l'ère
des réseaux. p.497. Disponible sur : <http://www.persee.fr/docAsPDF/reso_0751-
84
La sociologie des usages n’a commencé à se développer qu’à partir du moment où ces
technologies ont commencé par être nouvellement mises en valeur à partir de l’année 1970,
comme l’indique Francis Jauréguiberry dans son livre intitulé « Les branchés du portable :
sociologie des usages86 ». Dès lors, l’observation des usages devient pérenne et sa transcription
courante. Dans cet ouvrage, l’auteur observe particulièrement les méandres de l’usage du
portable dans notre société contemporaine. Il trouve dans le portable un outil numérique qui
s’intègre au quotidien des individus comme cela a été démontré dans l’ouvrage collectif dirigé
par Julie Denouel et Fabien Granjon. En effet, il y est démontré que « quelle que soit la sphère
sociale considérée (domestique, professionnelle, du loisir, etc.), force est de constater que les
usages des dispositifs numériques sont devenus des activités parmi les plus ordinaires dans la
mesure où elles s’intègrent toujours davantage au quotidien des individus et se présentent
parfois même comme des impératifs pratiques87 ».
Aussi, Serge PROULX nous rappelle-t-il que « les technologies numériques participent à la
transformation des modes de production, de consommation, de communication, de circulation
des savoirs et d’acquisition des connaissances. Internet est plus qu’un nouveau média. Internet
peut produire un effet de levier dans la réorganisation sociale et économique des sociétés
industrielles88 ». Les producteurs sont des utilisateurs de technologies mobiles dans leur vie
quotidienne à des fins diverses. Les téléphones mobiles semblent être devenus les TIC les plus
utilisées chez eux. Selon Alain KIYINDOU, lesdites technologies « apparaissent, dans ce
cadre, comme un vecteur de productivité et par extension, de bien-être individuel et
collectif89 ». Elles offrent des avantages à la productivité qui ont été réaffirmés par François H
85
COURVOISIER et ses pairs qui indiquent que « parmi les avantages de cette méthode, on peut
notamment citer des cibles toujours plus nombreuses, prêtes à utiliser leur téléphone portable
pour des transactions commerciales et demeurant atteignables à pratiquement tous les
moments de la journée et de la nuit90 ». Ainsi, comme l'écrit Mahdi AMNI, « le téléphone
mobile est devenu en peu de temps un outil indispensable en terme de communication et de
relations interpersonnelles et un véritable phénomène de société au niveau mondial91 ». Il est
le plus utilisé dans les pays en développement comme le Bénin pour s'offrir une présence sur
les réseaux sociaux depuis le boom de l'internet mobile en Afrique. En effet, comme l'indique
Alain KIYINDOU, « exister dans un réseau socionumérique, c’est être prêt à réagir avec
d’autres, à tout instant, à des situations qui concernent les autres membres connus ou pas. Ces
manifestations de solidarité sont liées à des valeurs partagées, à des croyances, à une éthique
et à une certaine perception de la vie et du monde92 ».
Toutefois, en dépit de l’apport des TIC à la valorisation de la théorie de la sociologie des usages,
Jouët Josiane a démontré que « la sociologie des usages s’est essentiellement constituée autour
de recherches conduites sur les pratiques du grand public93 ».
Comme nous l'avons souligné dans le sous-titre précédent, la théorie de la sociologie des usages
doit en partie son émergence à l’apparition et à l’évolution extraordinaire des technologies de
l’information et de la communication. L’observation ou l’étude de l’usage des TIC conduit à
positionner les TIC dans les secteurs du développement et à en faire l’observation de l’usage.
86
Nous n’avons pas la prétention de faire une lecture dynamique dans tous les secteurs mais nous
passerons en revue certains espaces.
En effet, dans l’éducation et les autres secteurs où s'acquièrent des savoirs en général, il se
remarque une situation particulière. L’internet change le paradigme de l’apprentissage.
« L’internet renouvelle la réflexion sur les implications et les modalités qu’implique un savoir
transmis par un pédagogue par rapport à un savoir que l’individu se construit lui-même en
accédant directement à des ressources94 ». Il y a une différence entre le savoir construit seul et
celui acquis avec l'assistance d'une tierce personne. Les informations acquises par assistance
sont certifiées par l’expérience et les savoirs de l’encadreur. En règle générale, l’apprentissage
est fait avec ou sans l’appui des autres. On certifie un savoir, on l’expérimente seul et ensuite
on peut la transmettre à autrui. « l’approche sociocritique du numérique en éducation, telle que
nous la concevons, est fondée sur trois prémisses principales, que nous reformulons ici : 1) les
élèves disposent d’un rapport au numérique, élaboré à la fois par leurs expériences et leurs
appartenances à des groupes socioculturels ; 2) ce rapport au numérique se développe
principalement en contexte extrascolaire, à la fois avant leur scolarisation et durant leur
scolarité ; 3) le rapport qu’ils construisent au numérique est susceptible d’influencer leur
disposition à s’éduquer et se former avec le numérique, notamment en contexte scolaire. Parce
qu’elle concerne l’éducation, cette approche s’intéresse tout particulièrement au rapport
éducatif que les élèves développent, à des degrés variables, envers le numérique, c’est-à-dire,
à leur capacité de tirer profit du numérique pour s’éduquer et se former. Sur la base de ces
prémisses, les tenants d’une approche sociocritique postulent que le rapport éducatif des élèves
au numérique ne peut être pleinement compris qu’à la condition de prendre en compte leur
contexte et leur profil socioculturels95 ».
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont au-delà des écoles
comme nous l’avons indiqué plus haut. Elles sont aussi dans les maisons. Elles ont transformé
le mode de vie au quotidien dans les maisons. Quels que soient les âges, des TIC adaptées sont
proposées. « Un inventaire réaliste des objets généralement présents dans la plupart des
domiciles pourrait être le suivant : téléviseur, magnétoscope, console de jeux vidéo, chaîne hi-
fi, téléphone, télécopieur, répondeur ou autre boîte vocale, télévision interactive (au Québec)
94 Guyot, B. et Renaud, P. (2007) Usage de l’Internet par les étudiants burkinabés-Enquêtes au CIRD. IRD. septembre. p.6.
Disponible sur : <http://www.tic.ird.fr/IMG/pdf/OUIE-RapCIRD.pdf> [consulté le 10 mars 2018]
95 Collin, S., Guichon, N. et Jean Gabin Ntebutse, J. G. (2015) « Une approche sociocritique des usages numériques en
éducation », Sticef, vol. 22, 2015, p.93. Disponible sur : <http://sticef.univ-lemans.fr/num/vol2015/01-
collin/sticef_2015_collin_01p.pdf> [consulté le 09 mars 2018]
87
ou Minitel (en France), micro-ordinateur, etc. Un grand nombre de ces objets pourrait être
écrit au pluriel, vu le phénomène de multi-équipement : le nombre de téléviseurs ou de
téléphones notamment, est en évolution constante96 ». Nous avons aussi dans les demeures, des
lampes, des congélateurs, des tablettes, des robinets et même des voitures, connectés au réseau
et manipulables à distance.
Les TIC sont également présentes dans les fermes à travers les systèmes d’irrigation, et les
tracteurs télé-manipulables. Elles imposent un apprentissage préalable à leur usage régulier, et
la prise en main effective avant leur appropriation par l'utilisateur. Les GPS sont disposés dans
les équipements pour faciliter la géolocalisation des cultures. Les drones sont envoyés en
mission au-dessus de la surface emblavée pour y collecter des informations sur l’état du sol et
des plantes. « La question de la médiation opérée par la technologie a connu une nouvelle
vigueur du fait de l’importance prise par les internet studies ; les problématiques se sont
complexifiées (explosion des services d’internet, développement de nouvelles interfaces et
configurations sociotechniques, diversification des usages) ; les protocoles d’observation se
sont raffinés (suivi des usagers à la trace, observation des pratiques en ligne, production de
graphes relationnels faisant émerger la structure et les flux de réseaux). Les études
quantitatives ont pris une nouvelle ampleur, résonant à la déferlante qui s’est abattue sur le
monde de la recherche depuis 2011 autour des big data : il existe avec ce mouvement d’extrême
quantification, un risque d’effacement de l’importance de la théorie au détriment d’une
nouvelle croyance idéologique qui voudrait que les données existent en soi, indépendamment
des modèles théoriques et méthodologiques qui les ont fait se constituer97 ». La technologie de
l’internet a changé le paradigme de l’usage des TIC. La contrainte que constituait dans un passé
récent la distance, est aujourd'hui annihilé par l’accès aux TIC. L’internet a bouleversé les
pratiques et les habitudes du quotidien en créant parfois une addiction chez certains individus
pour qui les notions de mesure et de limite sont de plus en plus floues. L’internet est
techniquement stable mais socialement instable en raison des innovations fréquentes et
régulières qui ne cessent d'être mises à jour. « La théorie critique consacrée à la technique met
l’accent sur l’impact de l’internet sur la structuration politique du monde en voie d’émerger.
96 Millerand, F. (1998) « Usage des NTIC : les approches de la diffusion, de l’innovation et de l’appropriation, » commposite
v98.1. p.2. Disponible sur : <http://com2710.dedalon.net/S_03_files/MILLERAND_1998_Usages_des_NTIC.pdf>
[consulté le 09 mars 2018]
97 Proulx, S. (2015) « La sociologie des usages, et après », Revue française des sciences de l’information et de la
communication [En ligne], 6 | 2015. p.2. Disponible sur : <http://journals.openedition.org/rfsic/1230> [consulté le 09
mars 2018]
88
La technique n’est ni le domaine du consensus rationnel ni un simple outil instrumentalisé par
ses propriétaires et ses gestionnaires. Les recherches menées en Science, technologie et société
(STS) nous enseignent que la technologie réunit des travailleurs, des usagers, parfois même des
victimes qui ont en commun le monde issu de la technique. Leur participation à ces mondes
technologiques façonne la représentation qu’ils ont de leurs préoccupations et oriente leurs
activités. Il ne s’agit cependant pas de défendre une thèse déterministe. La technologie n’est
pas une variable indépendante, elle est plutôt co-construite, par les forces sociales qu’elle
organise et mobilise. La théorie critique de la technique s’écarte de la recherche dominante en
STS par la conception qu’elle se fait de ces mondes technologiques qui sont considérés comme
des terrains de lutte dans lesquels des forces hégémoniques agissent et s’expriment à travers
des stratégies de conception spécifiques et en opposition à des groupes subordonnés qui
réussissent plus ou moins à influencer la forme future des dispositifs techniques avec lesquels
ils sont en interaction98 ». La critique aussi exacerbée qu'elle soit, ne dénie pas à l'internet son
utilité pratique. Cet outil offre l’illusion d’un monde global ou plus rien n’est isolé ou caché
pour l'homme. C'est aujourd'hui devenu l’outil d’intrusion le plus craint de toute la civilisation
moderne, qui a été applaudi comme la panacée de la lutte contre la corruption, cette dernière
étant facilitée par le contact physique des acteurs entre eux d'une part, et d'autres parts par le
contact entre ces acteurs et l'objet de la corruption. Mais, le facteur qui porte le plus à réticence
est la crainte de la violation de l'intimité, ainsi que la sécurité de la confidentialité. Cette réalité
réduit l’engouement à l’adopter dans beaucoup d’entreprises et sociétés. Ceux qui en ont fait
l'expérience témoignent avec force et certitude de ses insuffisances et limites.
Les apprenants des pays pauvres comme le Bénin où les bibliothèques sont devenues des
espaces d’archivage d’ouvrages dépassés, y ont trouvé des facilités pour consulter des ouvrages
numériques plus récents. Les transactions financières internationales, elles aussi, doivent leur
survie à l’expansion de l’internet. La distance autrefois problématique entre des personnes
émigrées et la parenté demeurée au pays s’est annihilée. L’internet a offert les moyens de se
parler de se voir et de se rencontrer sans grandes contraintes financières. Les outils du voice
over internet protocole (VoIP) encore appelés technologies de voix sur internet à l'instar de
whatsapp, viber, skype et bien d'autres encore ont inversé la tendance à la peur de dépenser
qu'inspirait la communication avec les moyens traditionnels de télécommunications, et l'ont
98 Feenberg, A. (2014) « Vers une théorie critique de l’Internet », tic&société [Online], Vol. 8, N° 1-2 | 1er semestre 2014 et
2ème semestre 2014. p.34. Disponible sur : <http://journals.openedition.org/ticetsociete/1382> [consulté le 10 mars
2018]
89
carrément mutée en plaisir; plaisir de parler, de s’informer et d’informer. La communication
est au centre des innovations diffusées grâce à Internet. Le plus grand défi de notre temps reste
la sécurité de la communication via internet. Qu'elle soit par le biais des logiciels de VoIP des
plateformes d’information ou de transaction, l’information est susceptible d’être interceptée.
Ce risque a positionné la cyber sécurité comme un défi mondial. Quel que soit l’outil utilisé
pour agir sur internet, ce défi reste constant. Même utilisé sur les téléphones mobiles, internet
ne met pas son utilisateur à l'abri des menaces. Le secteur de la santé, où le secret et la
confidentialité sont de mise n'est point épargné par la nécessité de connexion à l’internet. En
effet patients et professionnels de la santé font de l’internet le canal idéal pour communiquer
sur les symptômes des maladies, les diagnostics, les médicaments et leur posologie. Et pour
aller plus loin, Marie-Eve Drôle révèle ce qui suit: « Le paradigme professionnel fait référence
à l’utilisation d’internet pour mieux comprendre l’avis ou les directives données par les
professionnels de la santé. Le paradigme démocratique se caractérise par le recours à une
forme d’entraide collective et s’identifie par une participation de l’individu sur les groupes de
discussion et les sites de réseaux sociaux en ligne. Enfin le paradigme consumériste stipule que
l’individu utilise internet dans le but de s’informer, de se documenter et de comparer les
informations reçues afin de prendre des décisions adaptées à ses besoins de santé99 ». Aussi se
présente-t-il comme le moyen par lequel les spécialistes des pays en développement
correspondent facilement sur les cas de maladie qui nécessitent l'avis d'autres médecins, avec
leurs homologues européens ou américains. Cette collaboration médicale via internet est d'un
appui décisif pour la médecine de nos pays. Ces expériences d’usages se font aussi avec le
téléphone mobile de nouvelle génération notamment dans les pays où cet outil est d’accès grand
marché comme au Bénin. Toutefois, il est important de rappeler que toutes ces expériences ont
été possibles parce que l’accès à l’internet a été démocratisé. « L’internet commercial existe
depuis 1994. Depuis, son usage s’est répandu dans le monde. Néanmoins, l’accès à l’internet
pour toutes les couches de la population n’est pas possible dans tous les pays, en raison de la
précarité économique d’un pourcentage élevé de la population100 ». Nonobstant ce constat, le
coût d’accès à internet au Bénin est plus ou moins abordable que ceux pratiqués dans les autres
99 Drolet, M. E. (2011) Usages et appropriation de l’internet par les jeunes adultes qui recherchent des informations sur la
santé. Mémoire de Maîtrise : Communication. Montréal : Université du Québec à Montréal.p.11. Disponible sur :
<https://archipel.uqam.ca/4392/1/M12190.pdf> [consulté le 10 mars 2018]
100 Garcia, P. R. (2013) « L’Internet dans les centres d’accès communautaire au Chili : une étude sur le processus
d’appropriation et les significations de l’usage », Communiquer [En ligne], 9 | 2013. p.36. Disponible sur :
<https://journals.openedition.org/communiquer/122> [consulté le 10 mars 2018]
90
pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), même s’il est souhaité
au niveau national que ce coût soit davantage revu à la baisse afin de l'aligner sur le pouvoir
d'achat réel des consommateurs, notamment pour l’accès à internet mobile qui en constitue le
moyen d'accès grand public par excellence. Cependant, les « disparités deviennent encore plus
profondes lorsqu’il s’agit des usages d’internet (e-mail, recherche en ligne, téléchargement, e-
learning, etc.)101 ». Le domaine a été suffisamment investi avec l’avènement du Web 2.0 et 3.0.
En effet, la toile est l’espace de vie de certaines catégories de citoyens. Des communautés de
blogueurs sont nées un peu partout. Le travail à distance est devenu le recours idéal pour ceux
qui cherchent à travailler en toute indépendance avec le résultat comme seul contrainte
d’évaluation par l’employeur. Ainsi, sommes-nous entrés dans la société de l’internet.
« L’apport d’information dans le newsgroup peut être motivé par l’anticipation de la
réciprocité. Or la réciprocité semble être d’autant plus rapide que l’individu concerné a une
réputation bien établie dans le groupe de discussion (on répond plus volontiers et plus vite à
quelqu’un qui apporte souvent sa contribution au groupe)102 ».
« Dans les années quatre-vingt-dix, la téléphonie mobile et l’informatique en réseau qui mettent
davantage en œuvre des processus de communication que la simple bureautique, seront
l’occasion de l’émergence progressive de la problématique des usages appliquée au secteur
professionnel. L’étude des usages des TIC en entreprise sera alors fertilisée par le croisement
avec les cadres d’analyse des théories de la sociologie des organisations et de la sociologie du
travail qui permet d’interpréter les pratiques de communication dans leur environnement
professionnel103 ». C'est de la nécessité de communiquer de plus en plus facilement et
rapidement qu'est née la mise au point du téléphone mobile. Cette facilité de communication
ajoutée à la qualité du circuit communicant ont été à l’origine de la conception des téléphones
de nouvelle génération. Les besoins spécifiques ont induit les offres de services additionnels
101 Fambeu, A. H. et Bakehe, N. P. (2015) « Interaction sociale et usages d’internet au Cameroun », L’Actualité économique,
Revue d’analyse économique, vol. 91, no 4, décembre. p. 424. Disponible sur :
<http://expertise.hec.ca/actualiteeconomique/wp-
content/uploads/2017/03/ae_91_4_2015_fambeu_bakehe_421_460.pdf> [consulté le 10 mars 2018]
102 Revillard, A. (2000) « Les interactions sur l'Internet. (note critique) », Terrains & travaux 2000/1 (n° 1). p.119. Disponible
sur : <https://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2000-1-page-108.htm> [consulté le 10 mars 2018].
103 Jouët, J. (2000) « Retour critique sur la sociologie des usages ». In: Réseaux, volume 18, n°100, 2000. Communiquer à l'ère
des réseaux. p.498. Disponible sur : <http://www.persee.fr/docAsPDF/reso_0751-
7971_2000_num_18_100_2235.pdf> [consulté le 09 mars 2018]
91
intégrées à la fonction de communiquer. Ces téléphones offrent des atouts inestimables à leurs
détenteurs, à travers les applications de VoIP disponibles. Il suffit juste d’avoir un accès à
l’internet pour en faire usage. Les nouvelles applications informatiques qui sont développées
ont tenu compte de la nécessité de leur usage sur les téléphones mobiles. Tout est mis en œuvre
par les firmes conceptrices et distributrices de modèles de téléphone mobile de nouvelle
génération pour offrir à l'utilisateur les mêmes expériences et les mêmes paramètres et
accessibilités que ceux d'un ordinateur ordinaire, et même plus encore.
Il s'agit en outre de téléphones ayant des mémoires RAM et des mémoires de stockage comme
les ordinateurs et qui offrent des possibilités de vidéoconférence avec des images et des vidéos
de très bonne qualité. Les émissions et réceptions audio sont aussi d'assez bonne facture avec
l'internet 3G et 4G. Ces outils mobiles de nouvelle génération sont munis aussi bien de
Bluetooth, de Wi-Fi, que de données mobiles (xG) pour l’accès à internet. Toutes ces
applications innovantes ont sonné le glas de l'ancienne famille de téléphones à antenne de
contact externe. C’est l'ordre normal de l’usage des innovations. Par le passé, le téléphone
portable, à son apparition, a dépouillé les téléphones publics des moults recours qu'on y faisait.
« Le développement du téléphone portable, en tant qu’outil individuel de communication
affaiblit la position du téléphone public comme instrument collectif de communication dans les
lieux publics104 ». Nous sommes passés d’un monde social collectif et organique à un monde
individuel mécanique. « Le téléphone portable (TP) vient lever la contrainte du lieu de l’appel.
Il permet facilement la mise en œuvre de comportements que l’on peut qualifier
d’individualistes, en ce que le TP permet un usage à la seule initiative de l’individu qui le
possède, et ce, sans aucune contrainte autre que celle, éventuellement, que cet individu se fixe
à lui-même. En cela, le TP est un des vecteurs supplémentaires de ce que certains philosophes
et sociologues nomment l’individualisme contemporain105 ». Les rapports sociaux de solidarité
ont été impactés négativement par l’arrivée du téléphone mobile. Les utilisateurs sont parfois
réticents à accepter un appel provenant d’un numéro non enregistré au nom d’une personne
connue de lui dans son repertoire téléphonique par crainte de subir une sollicitation hors de sa
portée, ou de devoir répondre à un créancier. La fonction dictaphone du téléphone est utilisée
104 Carmagnat, F. (2002) « Une approche sociotechnique de l’histoire du téléphone public », Réseaux, 2002/5 (n°115), p. 264.
Disponible sur : <https://www.cairn.info/revue-reseaux1-2002-5-page-243.htm> [consulté le 10 mars 2018]
105 Corbalan, J. A. (1997) « Le téléphone portable : usages et usagers ». In: Communication et langages, n°113, 3ème trimestre
1997. Dossier : Le multimédia : progrès ou régression. p. 93. Disponible sur :
<http://www.persee.fr/docAsPDF/colan_0336-1500_1997_num_113_1_2788.pdf> [consulté le 11 mars 2018]
92
pour l’espionnage dans les milieux journalistiques, politiques, et même dans les couples. Des
applications comme whatsapp sont conçues pour être compatibles avec les téléphones mobiles,
et permettent de partager de manière instantanée des évènements, images et sons qui ont cours
à n'importe quel endroit du pays. Elles sont utilisées comme une arme de propagande, de
désinformation, et d'intoxication autant par les partisans du pouvoir que ceux des opposants au
régime. Elles assurent cette fonction opportuniste dont se saisissent les forces sociales et
politiques antagonistes. Les téléphones connectés aux réseaux sociaux sont donc susceptibles
aujourd'hui de contribuer à des renversements de régime du fait de leur pouvoir informationnel
non lié à une hiérarchie et entièrement démocratisé. Certains dirigeants africains, notamment
Ben ALI de la Tunisie et Blaise COMPAORÉ du Burkina Faso en ont fait les frais. Les TIC
ont exposé l’intimité et les secrets des politiques lors des campagnes présidentielles notamment
au Bénin. Tout ce qui se dit dans les couloirs et dans les serails était ventilé en instantané entre
des réseaux de relation virtuelle complémentaire et même contraire. Les partenaires sociaux des
régimes au pouvoir, les syndicalistes et défenseurs des droits de l'homme en font aussi usage
pour informer, dénoncer ou intoxiquer le peuple sur tous les aspects d'une situation dont la
divulgation est à leur avantage. Ainsi, nous avons pu voir au Bénin des décisions présidentielles
et ministérielles sensées suivre un canal de communication officiel, se retrouver sur les réseaux
sociaux. Depuis l’état de santé du chef de l'État jusqu’au mode de gouvernance, tout y passe.
Des décrets signés par le Président de la République du Bénin pour attribuer des salaires ou des
indemnités à ses collaborateurs sont diffusés sur WhatsApp. Cet outil est devenu le gendarme
impitoyable qui ignore toutes les règles de l'étiquette, de la préséance, ainsi que la déontologie
qui a cours dans les corps de métier d'information. Il aide à retransmettre en un clic tout fichier
audio, texte, image ou vidéo. Le téléphone mobile est « utilisable n’importe quand, n’importe
où et dans n’importe quelle circonstance. Lorsqu’il sonne (ou vibre), par exemple, il s’agit de
réagir rapidement, où qu’on se trouve (décider de répondre à son correspondant ou non), et,
quoi qu’on fasse, on informe également les tiers (s’ils existent) de la décision prise, et même
plus si l’on décide de répondre : on est écouté et on a conscience de l’être106 ».
Les applications qui lui sont associées n’ont pas développées que des comportements pervers,
asociaux ou réprimandables. Ils ont aussi nourri des innovations à travers le monde. Ils ont aidé
à rendre compte de l'ampleur des catastrophes naturelles dans plusieurs pays notamment en
106 Dibakana, J. A. (2002) « Usages sociaux du téléphone portable et nouvelles sociabilités au Congo », Politique africaine
2002/1 (N° 85). p. 135. Disponible sur : < https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2002-1-page-133.htm>
[consulté le 11 mars 2018]
93
Haïti. Ils ont permis à une grande partie de la population kenyane de bénéficier de l’inclusion
financière avec le mobile money de Mpesa. Ils ont aidé à rendre compte des encombrements de
circulation ou du manque d’eau potable de façon instantanée à Dakar. Ils ont aidé à reconstruire
des scènes de crime et de violence dans les banlieues de Johannesburg. Ils ont aidé les femmes
paysannes du Bénin à connaitre le prix de vente des produits de première nécessité dans les
principaux marchés urbains du Bénin notamment celui de Dantokpa à Cotonou. Ils aident les
paysans à avoir accès à l'information radio-télévisée sans disposer d’électricité en continue. Ils
offrent l’occasion de visualiser des films sans la possession d'un lecteur DVD ou VCD. Ils
permettent de faire des jeux vidéo sans les manettes qui accompagnent d'ordinaire ces jeux sur
écrans de télévision. Ils ont permis à des familles de féticheurs à Gbéhoué, au Sud Bénin, de
faire suivre à leurs enfants vivant à Cotonou des vidéos de rites d’initiation mystiques au
Zangbéto. Christian Licoppe et Moustafa Zouinar mettent en lumière dans l’ouvrage intitulé
« les usages avancés du téléphone mobile » les originalités offertes par notre société de mobilité
virtuelle. En effet, ils présentent « la manière dont on produit, consulte, visionne, partage des
contenus audiovisuels sur des téléphones mobiles, sans négliger la dimension collective trop
souvent occultée de ces usages : écoute de musique, consultation/consommation de contenus
télévisuels, production et visionnage de vidéo, communication visiophonique. Il montre à quel
point la compréhension des usages correspondants nécessite de dépasser les approches
classiques sur les médias et leur réception, et d’intégrer une perspective plus écologique : les
pratiques et les arbitrages entre différents types de pratiques culturelles sont étroitement
articulés à des situations et des ressources présentes dans les environnements socialement
construits et qui configurent en amont ces usages107 ». Les usages varient en fonction des âges
et des générations. Nous avons des jeunes qui en font usage à partir des services de forfait. Il y
a par exemple des forfaits appel de 150 francs CFA qui offrent 14 minutes d’appel, 14 SMS et
14Mo pour la navigation internet, valable de 06 heures à 18 heures et de 23 heures à 00 heure.
Les jeunes et les adolescents le font souvent au Bénin grâce au réseau téléphonique « Moov »
pour s’appeler, s’écrire et surfer. « On peut à n’importe quel moment sans contrainte sociale,
tout dire, même des bêtises, des choses sans importance, se raconter des potins, des mensonges,
exprimer des mots doux que l’on arriverait pas à formuler à l’oral, des secrets, bref, on peut se
107 Licoppe, C. et Zouinar, M. (2009) « Les usages avancés du téléphone mobile », Revue Réseaux n°RSX, septembre. p.1.
Disponible sur : <http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-
Les_usages_avanc__s_du_t__l__phone_mobile-9782707158451.html> [consulté le 11 mars 2018]
94
lâcher108 ». Ce sont des modes d’usages complexes nés du mimétisme chez certains utilisateurs
du téléphone mobile. Cet outil n’a pas fini de nous révéler tous les secrets de son utilisabilité.
L’innovation reste à construire autour de cet outil notamment dans les pays comme le Bénin où
le taux de pénétration du téléphone mobile est assez significatif. Les portes de l’innovation sont
toujours ouvertes pour la jeunesse en quête d’occupation.
108 Martin, C. (2003). « Représentations des usages du téléphone portable chez les jeunes adolescents » In : CIFSIC. X°
Colloque bilatéral franco-roumain. Université de Bucarest, 28 juin – 3 juillet. p.7. Disponible sur :
<https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00000712/document> [consulté le 11 mars 2018]
109 Barbaroux, P. et Attour, A. (2016) « Approches interactives de l’innovation et gestion des connaissances », Innovations
2016/1 (n° 49). p.6. Disponible sur : <https://www.cairn.info/revue-innovations-2016-1-page-5.htm>, [consulté le 21
mai 2016]
95
Innovation de procédé : Une innovation de procédé concerne essentiellement la mise en œuvre
d’une méthode de production ou de distribution nouvelle, ou sensiblement améliorée. Les
méthodes peuvent impliquer des modifications portant sur l’organisation de la production,
pour diminuer les coûts unitaires de production ou de distribution et sur l’amélioration de la
qualité (notamment pour développer de nouveaux produits qui peuvent aussi avoir des besoins
spécifiques en termes de production et de distribution). Cette notion implique des changements
significatifs dans les techniques, le matériel ou le logiciel. Ces changements visent en général
à simplifier le processus de production et à réduire les coûts, afin de préserver et de renforcer
la compétitivité de l’entreprise. Contrairement à l’innovation de produit, l’innovation de
procédé repose généralement sur le développement des compétences orientées vers les
fournisseurs et surtout les fournisseurs d’équipements. Les compétences d’interface interne
concernent surtout la relation entre la R&D et la production, plutôt que la R&D et le marketing.
Innovation organisationnelle : Une innovation d’organisation est la mise en œuvre d’une
nouvelle organisation dans les pratiques, du lieu de travail ou des relations extérieures de
l’entreprise. Elle peut avoir pour but d’améliorer les performances d’une entreprise en
réduisant les coûts administratifs ou de transaction, en améliorant le niveau de satisfaction au
travail, en accédant à des biens non marchands (comme le savoir extérieur non codifié) ou en
réduisant les coûts des approvisionnements. Ainsi, elle forme une des facettes de l’innovation
de procédé.
Innovation de commercialisation : Les innovations de commercialisation visent à mieux
satisfaire les besoins des consommateurs, ouvrir de nouveaux marchés ou positionner d’une
manière nouvelle un produit de l’entreprise sur le marché afin d’augmenter les ventes. Elles
consistent à la mise en œuvre de nouvelles méthodes de commercialisation impliquant des
changements significatifs de la conception ou du conditionnement, de la promotion ou de la
tarification d’un produit. Elles correspondent à des innovations de procédé et elles sont souvent
nécessaires au succès des innovations de produit110 ».
Dans le cadre de cette étude, les innovations de produit, de procédé et de commercialisation
sont utiles pour éclairer la décision des acteurs à quelque niveau qu’ils se situent. L'ananas est
un produit diététique riche en fructose pour les diabétiques. Il est consommé à l'état de fruit
frais, de fruit séché, de jus, de sirop et de confiture. Le mécanisme de sa production varie d'un
agriculteur à l'autre mais pour l'essentiel, il impose des contraintes organisationnelles. Sa nature
110 Rahmouni, M. et Yildizoglu. M. (2011) Motivations et déterminants de l'innovation technologique: Un survol des théories
modernes. p.4. Disponible sur : <https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00573686> [consulté le 16 mai 2016]
96
périssable nourrit l'ingéniosité des acteurs qui la commercialisent à l'état frais. Il appelle aussi
de l'expertise pour éviter sa fermentation à l'état de jus ou de confiture. Les techniques pour
éviter la fermentation et la putréfaction de l’ananas sont acquises de génération en génération
dans une codification savamment gardée.
Sophie Mignon nous édifie en la matière quand elle affirme « que les innovations s’enracinent
à la fois dans des connaissances codifiées (entrepôts, cartographies, procédures) mais
s’appuient aussi sur un partage de connaissances plus tacites, à travers des mécanismes de
socialisation et des rencontres plus informelles111 ». Autrement dit, on peut se convaincre de ce
qu'on innove aussi dans l'apprentissage et le transfert de savoirs par les pairs au sein de nos
sociétés et organisations communautaires africaines.
Cette pluralité d’approche de compréhension de la théorie de l’innovation technologique a fait
naître de la critique de la part d’autres chercheurs. L’un des critiques de cette théorie est Patrice
Flichy. Pour ce dernier « une nouvelle approche, unifiée, de l'action socio-technique des
différents acteurs de l'innovation, notamment des concepteurs et des usagers. Il étudie la
succession des événements techniques, l'irréversibilité des choix effectués mais également
l'évolution des représentations, des utopies techniques et sociales112 ». La déconstruction de la
cohabitation entre concepteurs et usagers se nourrit de l’idée selon laquelle l’approche
d’innovation ne devrait pas être univoque, elle devrait rester dynamique.
Ainsi donc, « les contraintes qui pèsent sur le développement agricole du fait d’une offre de
terre rigide peuvent être levées par des progrès dans les techniques biologiques : celles qui
tiennent à une offre de travail inélastique peuvent l’être par des progrès dans les techniques
mécaniques. La capacité d’un pays à assurer une croissance rapide de la productivité et de la
production agricole semble dépendre de sa capacité à choisir la voie la mieux adaptée. Ne pas
réussir à trouver celle qui lève les contraintes imposées à la croissance par les dotations en
ressources peut déprimer l’ensemble du processus de développement agricole et économique.
Pour être pertinente, une théorie du développement agricole doit intégrer les mécanismes par
111 Mignon, S. et Walliser, E. (2015) « Éditorial. Connaissances, capital intellectuel et management de l’innovation »,
Innovations 2015/2 (n° 47). p. 8. Disponible sur : <http://www.cairn.info/revue-innovations-2015-2-page-5.htm>
[consulté le 16 mai 2016]
112 Flichy, P. (2017) L'innovation technique: Récents développements en sciences sociales. Vers une nouvelle théorie de
l'innovation, La découverte, p.1. Disponible sur :
<https://books.google.fr/books?id=oUvfDQAAQBAJ&pg=PT47&dq=th%C3%A9orie+de+l%27innovation&hl=fr
&sa=X&ved=0ahUKEwiJsfPnir7VAhUFKlAKHad1AscQ6AEINDAC#v=onepage&q=th%C3%A9orie%20de%20
l%27innovation&f=false> [consulté le 27 octobre 2017]
97
lesquels une société choisit, pour l’agriculture, le sentier optimal de progrès technique. Le
processus de création de ce progrès technique est considéré comme exogène au système
économique, simple résultat des progrès de la connaissance scientifique et technique. La
théorie de l’innovation induite représente une tentative pour traiter le progrès technique en
tant que processus endogène au système économique. Dans cette optique, le progrès technique
répond de manière dynamique aux changements de dotations factorielles et à la croissance de
la demande113 ». Au regard de la série de critiques et des approches de compréhension de la
théorie de l’innovation technologique, l’intégration du drone par exemple dans la filière ananas
doit tenir compte de la nécessité de faire des validations successives de tests d’adaptation
jusqu’à l’obtention d’une immersion totale de la technologie dans la filière. Le processus sera
séquencé en tenant compte des impacts espérés. Le drone pour le labour étant différent du drone
pour l’arrosage, leurs intégrations spécifiques seront distinctes.
Les africains ont été à l’origine de plusieurs innovations dans le monde. Les plus récentes ont
besoin d’être mises au grand jour. Pour sortir des milliers d’africains de l’exclusion financière
classique ou encore de la bancarisation structurée, les kenyans ont développé le système
d’inclusion financière avec l’utilisation du téléphone mobile par la grande masse de la
population. Par cette innovation le Kenya est devenu le leader de la banque mobile sans compte
bancaire traditionnel. Au Rwanda, l’application de télémédecine dénommée « RapidSMS »
permet d’envoyer un SMS pour solliciter une ambulance. C’est l’une des initiatives de
télémédecine de référence qui a permis de réduire la mortalité infantile et maternelle des
villages enclavées de ce pays. Toujours au Rwanda, en cas de rupture de poche de sang, les
hôpitaux peuvent faire des commandes en envoyant un SMS. Ce SMS est traité par la station
de drones qui en dépêche un pour la livraison de la poche de sang sur des distances allant jusqu’à
cinquante kilomètres. Au cours de l’année 2017, trois innovations africaines ont été primées. Il
s’agit de : (i) l’Egyptien Aly El-Shafei a mis en place une technologie brevetée au nom de
« SEMAJIB » pour générer de l’électricité de façon efficace et à coût réduit en Afrique ; (ii)
l’Ougandaise Phillipa Ngaju Makobore qui a mis en place un appareil de perfusion à commande
électronique ; (iii) du Libérien Dougbeh-Chris Nyan qui a mis au point un test de dépistage
113
Hayami, Y. et Vernon W. Rutton, V.W. (1998) Agriculture et développement, une approche internationale, INRA éditions,
Disponible sur :
<https://books.google.fr/books?id=Rbc8KBYEjFgC&pg=PA124&dq=th%C3%A9orie+de+l%27innovation&hl=fr
&sa=X&ved=0ahUKEwiJsfPnir7VAhUFKlAKHad1AscQ6AEILjAB#v=onepage&q=th%C3%A9orie%20de%20l
%27innovation&f=false » [consulté le 27 octobre 2017]
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rapide qui peut détecter trois à sept infections à la fois notamment celles de la fièvre jaune, du
paludisme et de l’Ebola. Ces innovations ont besoin d’être connu et diffusée à travers le monde.
Au Burkina Faso, le savon produit localement et à coût abordable sous l’appellation « Faso-
Soap » par deux étudiants de l’Institut International d’Ingénieur de l’eau et de l’environnement
(2ie) permet de repousser les moustiques par son odeur et contribue à protéger son utilisateur
du paludisme. La mise en œuvre du processus repose aussi sur son adaptation, ce qui renvoie à
la nécessité de diffusion de ces innovations.
La théorie de la diffusion
« La théorie de la diffusion de l’innovation (en anglais, innovation diffusion theory) proposée
en 1962 par Everett Rogers a été appliquée autant sur le plan individuel (Rogers, 1995) que
sur le plan organisationnel (Zaltman, Duncan, & Holbeck, 1973). Bien que ne concernant pas
uniquement les technologies informatiques, elle offre un cadre conceptuel au concept
d’acceptabilité car son but est d’expliquer comment une innovation technologique évolue du
stade d’invention à celui d’utilisation élargie. Selon Rogers (1995), il existerait cinq éléments
qui détermineraient l’adoption ou la diffusion d’une nouvelle technologie :
l'avantage relatif est le degré auquel une innovation est perçue comme étant meilleure
que celles qui existent déjà. Il n’est pas nécessaire que cette innovation possède
beaucoup plus d’avantages que les autres mais ce qui est important, c’est que l’individu
la perçoive comme étant avantageuse,
la compatibilité est une mesure du degré auquel une innovation est perçue comme étant
consistante avec les valeurs existantes, les expériences passées, les pratiques sociales
et normes des utilisateurs. Une idée qui serait incompatible avec les valeurs et normes
actuelles prendrait plus de temps à être adoptée qu’une innovation compatible. De
même, dans certains cas, l’adoption d’une innovation compatible, nécessitera
l’adoption au préalable d’un nouveau système de valeur ce qui peut prendre un temps
considérable.
la complexité est une mesure du degré auquel une innovation est perçue comme étant
difficile à comprendre et à utiliser. Les nouvelles idées qui sont simples à comprendre
vont être adoptées beaucoup plus rapidement que d’autres qui nécessitent de
développer de nouvelles compétences avant de pouvoir les comprendre.
99
la testabilité consiste en la possibilité de tester une innovation et de la modifier avant
de s’engager à l’utiliser. L’opportunité de tester une innovation va permettre aux
éventuels utilisateurs d’avoir plus de confiance dans le produit car il aura eu la
possibilité d’apprendre à l’utiliser.
l'observabilité est le degré auquel les résultats et bénéfices d’une innovation sont clairs.
Plus les résultats de l’adoption de l’innovation seront clairs et plus les individus
l’adopteront facilement.
Chacune de ces caractéristiques prise seule n’est pas suffisante pour prédire l’adoption d’une
innovation mais des études ont démontré qu’une combinaison de ces caractéristiques (des
avantages, une compatibilité avec les croyances et les normes, un niveau de complexité bas,
une possibilité de tester l’innovation et un fort degré d’observabilité) résulteront en de plus
grandes chances d’adoption de l’innovation que si les caractéristiques sont inversées (Rogers,
1995). Par ailleurs, Tornatzky et Klein (1982) ont réalisé une méta-analyse de la littérature
portant sur la théorie de la diffusion de l’innovation (75 publications) et ont démontré que trois
de ces cinq caractéristiques influençaient davantage l’adoption d’une innovation. En effet, la
compatibilité et les avantages relatifs seraient positivement liés à l’adoption tandis que la
complexité y serait négativement liée114 ».
Au regard des éléments d’adoption de la théorie de diffusion, le drone pour arroser le champ
est une technologie démontrant des avantages relatifs, avec une compatibilité adéquate. Son
intégration dans la culture de l’ananas est faisable si on respecte les phases d’adaptation et
d’appropriation conséquentes.
Les défis liés à la production d'ananas imposent des rigueurs dans sa commercialisation. Mais
le procédé de la mise à disposition est aussi empreint d'innovations. Quel que soit le type
d’agriculture, qu’elle soit conventionnelle ou écologiquement intensive, elle ne sera pas
incompatible avec la mise à contribution des drones pour arroser les plantations d’ananas. La
production transgénique semble ne pas résister aussi longtemps que les semences naturelles. Il
y a sous nos cieux deux types de productions agricoles dont les finalités sont indiquées dans le
tableau ci-après conçu par Bonny SYLVIE en guise de comparaison.
100
Tableau 9 : Comparaison de quelques voies et moyens de l'agriculture conventionnelle et
de l'agriculture écologiquement intensive
« Aspects Agriculture conventionnelle Agriculture écologiquement
intensive
Orientation générale Artificialisation du milieu, Recherche d’utilisation et
emploi d’intrants achetés d’imitation de processus
naturels bénéfiques
Itinéraires techniques et Suivi d’itinéraires « Retour de l’agronomie »,
modes de raisonnement des relativement uniformisés davantage d’observations de
interventions terrain ou obtenues par
diverses sources, recherche
d’adaptation au milieu
Réseaux de conseil Importance des coopératives Groupes d’agriculteurs
et négociants cherchant à être davantage
autonomes et à réfléchir en
réseaux
Fertilité Surtout des engrais Utilisation de légumineuses,
chimiques mycorhizes, lombries, vie
microbienne des sols, plantes
de couverture,
agroforesterie. Meilleure
valorisation des déchets
organiques et fumiers.
Recherche de mobilisation
des éléments profonds.
Evitement des sols nus.
Objectif d’accroitre la
biomasse recyclable.
Contrôle des adventices Labour, herbicides Rotations, binage,
allélopathie, couverts
végétaux épais
101
Traction et labour Motorisation importante, par Semis sans labour ou labour
exemple labour réduit pour favoriser la « vie
des sols »
Contrôle des maladies des Surtout des traitements Rotations, lutte intégrée et
plantes chimiques, ou emploi de biologique, emploi
variété résistantes d’auxiliaires, d’associations
de cultures, de variétés
résistantes, d’allélopathie.
Recherche d’une gestion plus
durable des pesticides quand
on en emploie. Raisonnement
des traitements.
Contrôle des insectes Surtout par des pesticides ou Variétés résistantes,
variétés résistantes associations de variétés,
phéromones, lutte
biologique, confusion
sexuelle, utilisation
d’auxiliaires
Limitations en eau Irrigation là où c’est possible Plantes résistant mieux à la
sécheresse, augmentation du
taux d’humus, aménagement
des parcelles, réservoirs
pour recueillir l’eau,
irrigation plus finement
ajustée.
Production de services Fourniture relativement Conservation de l’eau et de
écologiques limitée sa qualité. Evitement des sols
nus. Meilleure lutte contre
l’effet de serre et contre
l’érosion de la biodiversité.
102
Territoire, paysage et espace Localement assez uniformes Plus variés avec des cultures
naturel et peu diversifiés diversifiées et association
autant que possible des
élevages et cultures dans les
mêmes zones. Plantation de
haies. Agroforesterie115 ».
La culture écologiquement intensive est la plus adaptée à la production de l’ananas pour en tirer
tous les avantages nutritionnels notamment pour des personnes à santé fragile comme les
diabétiques. L’usage des technologies mobiles doit se faire avec un savant dosage qui en tienne
compte pour les besoins de santé publique. Nos terres sont riches en micro-organismes. Les
producteurs sont déjà accoutumés à la variation régulière des cultures sur les espaces emblavés.
A titre d’illustration, le président de l’union communale des producteurs d’ananas de Allada
nous a confié qu’il a plusieurs hectares de terres cultivables mais qu’il les a segmentées en lots
afin d’y planter les rejets d’ananas avec un cycle de changement de produits. Il plante sur le
même espace par cycle de récolte successif, de l’ananas, de la tomate, du maïs et du manioc.
En tout état de cause, la diffusion des voies et moyens de l'agriculture passe par des techniques
d'innovations. Et Van DEN BAN A.W. nous dit que « .si nous voulons encourager l'adoption
des innovations, il ne suffit pas que nous donnions aux agriculteurs des informations sur ces
innovations. Il peut être au moins aussi important de modifier leurs attitudes envers le
changement et d'accroître leur ouverture sur le monde en les incitant à regarder au-delà de
leur voisinage116 ». Les techniques culturales sont adaptées aux capacités personnelles de
chaque acteur. L'adoption d'une innovation et le changement de comportement sont tributaires
du niveau d'instruction des acteurs ainsi que de leur ouverture d'esprit et de remise en cause
permanente. On peut ne pas savoir lire et écrire mais s’ouvrir aux conseils et aux informations
apportées par les experts pour avancer dans ce qu’on entreprend.
Pour Johann CHAULET, dans le mécanisme de l'offre d'information, « la communication et
l’échange disent la relation tout comme ils la constituent, si bien que celui que l’on ne contacte
115 Bonny, S. (2011) « L'agriculture écologiquement intensive : nature et défis », Cahier Agricultures, vol. 20, N°6, novembre-
décembre. p.455. Disponible sur : <http://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/view/30947/30707>
[Consulté 10 janvier 2017]
116 Van Den Ban A.W. « Les courants de pensée en matière de théorie de la diffusion des innovations. » In: Économie rurale.
N°159, 1984. p.32. Disponible sur : <http://www.persee.fr/doc/ecoru_0013-0559_1984_num_159_1_3022>
[consulté le 16 mai 2016]
103
pas ou dont les listes de contacts restent vides est personnellement et publiquement désigné
comme digne d’un intérêt limité117 ». Un carnet d'adresses limité influe sur la capacité que l'on
a à faire connaître ses acquis aux autres en matière culturale et commerciale. La putrescibilité
de l'ananas en fait un produit de grande attention. La conduite du processus cultural et
commercial devient un défi pour les producteurs. Ils sont appelés à combiner la communication
personnelle et interpersonnelle, l'ouverture aux autres, et la recherche permanente d'efficacité
dans la prise en charge de leurs plantations. Les technologies mobiles de nouvelles générations
tels les capteurs ne sont pas occultées dans cette cherche permanente de meilleurs rendements
agricoles. Il y a des drones d’observations de plantation comme l’ananas qui sont dotés de
capteurs intelligents et capables de renseigner avec précision sur les plants qui ont des retards
de croissance ou qui font l’objet d’attaque par des insectes.
Eu égard à ce qui précède, les connaissances associées à l'exploitation des capteurs sont
importantes. C'est fort de cela qu'Alain KIYINDOU indique qu' « il faut se rappeler que, de
tout temps, les hommes ont su adapter les technologies à leurs besoins. Dans beaucoup de pays,
la vidéo a donné lieu à la lettre-vidéo, la télévision et la radio ont pris une part active dans
l’organisation et le fonctionnement de la société traditionnelle, la téléphonie et la télécopie ont
été détournés vers des usages ouverts sur l’extérieur. Internet n’est pas en reste de ces
adaptations spontanées. Il est utilisé dans la vie professionnelle et pour la construction du lien
social118 ». Toute activité humaine semble être sous l'emprise de cette innovation majeure de la
société de la connaissance. WhatsApp est même utilisé par des personnes qui ne savent ni lire
ni écrire pour faire des communications orales et vidéos avec des proches et même pour
échanger avec des partenaires en affaire ou avec son gestionnaire de compte bancaire. C'est
l'ère des objets connectés qui collectent et diffusent une masse inestimable d'informations.
L'information et la connaissance gouvernent l'action. C'est ce que rappelle Mohsen KHALIL
en affirmant que « les activités basées sur la connaissance et le savoir sont devenues de plus
en plus importantes et omniprésentes dans le monde entier. Les TIC sont les fondations de ce
monde basé sur la connaissance. Elles permettent aux économies d’acquérir et de partager
117 Chaulet, J. (2009) « Les usages adolescents des tic, entre autonomie et dépendance », Empan 2009/4 (n° 76). p. 62.
Disponible sur : <http://www.cairn.info/revue-empan-2009-4-page-57.htm>. [consulté le 16 mai 2016]
118 Kiyindou, A. (2004) « L’arbre à palabre domine la forêt électronique », Hermès, La Revue 2004/3 (n°40). p.146. Disponible
sur : <https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2004-3-page-146.htm> [consulté le 16 mai 2016]
104
idées, compétences, services et technologies au niveau local, régional, et mondial. Elles
contribuent aussi à rendre l’économie mondiale plus intégrée que jamais119 ».
C'est au nom des progrès espérés dans une économie globalisée où l’on espère produire et
vendre au-delà de nos territoires de vie que Moustapha Ndiaye affirme que « Plus que de
simples actes traduisant la manière dont un individu et un groupe social se représentent des
outils de communication ou ce qu’ils en font, l’appropriation de la téléphonie mobile et de
l’internet fait ressortir les réalités sociales dans leur nature profonde. L’usager qui se trouve
être au centre du processus appartient à un groupe, évolue dans un contexte social et culturel
qui participe à forger une façon particulière de se comporter. Le rapport avec son milieu de
vie, son groupe social ne se fait pas dans un sens unique car l’individu en tant que sujet pensant
et acteur social réinterprète selon sa grille d’analyse propre les éléments constitutifs de son
vécu dont ses rapports avec les outils de communication. La prégnance du social dans la vie
de l’individu se réincarne dans l’usage et l’appropriation des TIC et particulièrement dans
celle de la téléphonie mobile et de l’internet. A travers ces outils, transparaît et s’entrouvre une
fenêtre qui révèle les traits distinctifs des cadres sociaux à une époque donnée120 ».
Mariana Medvetchi Dahan partage le point de vue de Moustapha Ndiaye quand elle indique
que « l'expérience montre que les technologies de l'information et des communications (TIC),
et services de télécommunications mobiles en particulier, peuvent stimuler une croissance
économique soutenue et contribuer au développement humain. La téléphonie mobile a sans
aucun doute été le mode de télécommunication ayant eu l’impact le plus significatif et induit
les changements les plus positifs dans le monde en développement. Au cœur du secteur des TIC,
les technologies mobiles sont de plus en plus utilisées comme un outil transformationnel pour
favoriser la croissance économique, accélérer le transfert des connaissances, développer les
capacités locales, améliorer la productivité et réduire la pauvreté dans de nombreux secteurs.
À cet égard, au cours de la dernière décennie, le développement des TIC est devenu un domaine
stratégique d'engagement politique dans les économies émergentes121 »..
119 Khalil, M., Dongier,P. et Zhen-Wei Qiang, C. (2009) Vue d’Ensemble du Rapport, Information et Communication pour le
Développement. p.1.
120 Ndiaye, M. (2008). Approche comparative de l'appropriation de la téléphonie mobile et de l'internet dans les lieux d'accès
publics des villes de Rennes et de Thies. Thèse de doctorat : Sciences de l’homme et société. Rennes : Université
Rennes 2. p. 298.
121 Dahan, M. M. (2011) Assouvir la Soif d'Innovation: Modélisation de la Diffusion des Technologies Mobiles. Thèse de
Doctorat : Sciences Économiques et de Gestion. Paris : Université Panthéon-Assas. p.8.
105
La vulgarisation agricole
À ce sujet, Eric Pasquati nous rappelle que « l'agriculture est une activité complexe et risquée.
Complexe car pour son développement une série de facteurs doit être réunie : des intrants
(terre, eau, soleil, semences, engrais, main d'œuvre, informations…) et des savoirs. Risquée car
on ne peut que rarement maîtriser tous ces facteurs simultanément, notamment dans les pays
en développement (PED)122 ». Ces facteurs sont encore plus difficilement soutenables quant à la
culture de l'ananas. C'est cette complexité et le défi de la résoudre ou tout au moins d'y apporter
des réponses qui a nourri le choix de la présente recherche. Les recherches en sciences de
l’information et de la communication ont souvent conclu à la rareté de l’information
indispensable au savoir en milieux défavorisés comme celui agricole. Alain KIYINDOU
affirme à cet effet que « L’information pour le changement social met également en lumière la
question de la faiblesse de la vulgarisation scientifique et de la diffusion des innovations aussi
bien dans le domaine agricole, sanitaire qu’environnemental. C’est donc pour minimiser ces
problèmes qu’ont été mises en place certaines structures avec comme mission d’informer les
ruraux et leur apporter les connaissances nécessaires à l’amélioration de leurs conditions de
vie. Ces expériences menées depuis les années soixante n’ont certes pas donné des résultats
significatifs, -disent les experts- mais elles semblent tout de même aller dans la bonne direction.
Il suffit simplement -ajoutent-ils- de quelques réajustements pour arriver à des résultats
satisfaisants123 ».
Les paradigmes de l’information en milieu rural imposent une reconstruction de l’intégration
des technologies pour la transformation du mode de conduite des activités agricoles. Les
facteurs connexes comme l’impact de l’éducation peuvent à eux seuls induire des déséquilibres
avec des efforts sur du long terme. Il est nécessaire de diffuser l’information dans le milieu
agricole, mais en ce moment la manière d’agir devient une clé de succès. La maîtrise de
l’information et sa vulgarisation permettra-t-elle de vaincre le pessimisme relaté ici et là sur la
capacité des acteurs du milieu agricole à se prendre en charge ? Probablement oui parce que les
signes de l’observation de l’usage des nouveaux outils comme WhatsApp par des personnes ne
sachant ni lire ni écrire sont satisfaisants.
122 Pasquati, E. (2009) Usages des TIC pour le développement rural en Inde et au Burkina Faso. Fondation pour l'Agriculture
et la Ruralité dans le Monde (FARM), juillet. p.1.
123
Kiyindou, A. (1997) Information et milieu rural au Congo : le cas des régions du pool et des plateaux. Thèse de doctorat :
Sciences de l’Information et de la Communication. Bordeaux : Université Michel de Montaigne. p.7.
106
Cadre méthodologique
Le cadre méthodologique fait référence à l’observation et son mode d’approche. Il permet
d’expliciter le choix de notre terrain d’étude, la notion de producteur d’ananas, les variables à
observer, l’échantillonnage, la collecte, la saisie et le traitement des données.
Terrain de l’étude
« Il y a dans tout terrain ou matériaux accumulés par un chercheur en sciences sociales une
inintelligibilité qui ne se dissipe que progressivement et longtemps après que celui-ci commence
à y réfléchir. Rares sont cependant les chercheurs qui le reconnaissent, et qui ont l’énergie et
le temps d’y revenir pour éclairer sous un jour nouveau un sujet dont on pensait, à tort, avoir
fait le tour124 ». Cette citation de Arnaud Esquerre, nous ferons l'effort de nous y déroger en
revisitant un terrain déjà parcouru en 2011 et en 2012 en qualité de consultant pour le Centre
du Commerce International (CCI ou ITC) basé à Genève.
Notre terrain d’observations sera limité aux producteurs et productrices d’ananas « pain de
sucre » du Sud Bénin. Ces populations paysannes sont établies dans sept (07) des huit (08)
communes que compte le Département de l’Atlantique au Bénin. Dans ce milieu de vie tous les
traits caractéristiques de la vie au village sont perceptibles. Dans cette rubrique, nous nous
sommes appesantis en particulier sur ce que nous avons observé et noté en milieu rural.
Signalons que la notion du milieu rural jadis perçue comme le lieu de la faim et de la misère
n’a pas été observée en tant que telle dans pratique. Nous y avons découvert un espace péri-
urbain où les individus tendent vers un confort de vie assimilable à celui de la ville. Henri
Lefebvre nous rappelle que « tant que la réalité urbaine avec ses institutions et ses idéologies,
tant que les modes de production successifs avec leurs superstructures, ont baigné dans un
milieu rural, et reposé sur une vaste base agricole, les hommes des milieux et classes dominants
ne faisaient guère attention aux paysans125 ». En effet, la proximité de la capitale a un impact
sur la dynamique de la vie dans ce milieu. La paysannerie au sens primaire du terme n'y existe
plus. Les hommes de la « ville » qui ont résidence en milieu provençale affectent une allure de
supériorité sur leurs voisins immédiats, et brisent de ce fait la tendance unitaire à la concorde
qui règne d'ordinaire dans les villages, et qui repose sur la prépondérance du respect des
124
Esquerre, A. (2010) « Jeanne Favret-Saada, Désorceler », Gradhiva [En ligne], 11 | 2010. p.1. Disponible sur :
<http://gradhiva.revues.org/1782> [consulté le 01 mars 2018]
125 Lefebvre, H. (1953) « Perspectives de la Sociologie Rurale », Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. 14, p.122.
Disponible sur : <http://www.jstor.org/stable/40688844?seq=1#page_scan_tab_contents> [consulté le 01 mars 2018]
107
anciens, des dignitaires, des chefs de clans, des féticheurs, et autres garants de la crainte et de
la dissuasion sociale de œuvrant dans l'ombre au maintien de la cohésion du groupe, et par
conséquent à l'observance des principes de la vie communautaire. Les religions révélées comme
ici représentées par le christianisme moderne, ont envahi même l'espace rural. Elles ont donné
une nouvelle assurance aux paysans et les ont convaincus du pouvoir de Jésus Christ sur la
mort. La peur du sorcier jeteur de sort s’est atténuée, à en croire les anciens eux-mêmes. La
proximité de la grande ville de Cotonou a sans aucun doute aussi influencé les changements
observés. Ceci est d’autant plus normal que la position géographique des communes en question
par rapport à Cotonou, par ailleurs capitale économique du Bénin en donne une ouverture
commerciale. A titre d’illustration, de nos jours, les citoyens quittent très tôt le matin, et ce de
façon quotidienne, les cités dortoirs de Abomey-Calavi, de Ouidah, de Kpomasse, de Tori-
Bossito, de Zè, d’Allada et de Toffo pour aller travailler à Cotonou qui constitue à elle seule le
Département du Littoral. La carte administrative ci-après illustre la proximité des communes
ci-dessus évoquées.
108
Figure 11 : Carte administrative du Département de l'Atlantique au Bénin
Source :http://www.insae-bj.org/recensement-
population.html?.../Cahier%20des%20villages%20et%... (consulté le 01 mars 2018)
109
Pour Bertrand Hervieu et François Purseigle, « pendant très longtemps, la sociologie rurale n’a
envisagé le paysan qu’en tant que membre d’une communauté définie par son opposition à la
ville. Le paysan était paysan par son état et non par sa trajectoire. Pour ne pas être entré dans
la modernité sociale à travers la revendication de l’individualisme, il n’existait pas comme
individu mais comme partie intégrante d’une communauté : le village. …c’est
l’appauvrissement progressif des activités villageoises qui a été à l’origine de la confusion
entre agriculture et ruralité, faisant de la sociologie rurale une sociologie de la paysannerie.
L’exode apparaît alors comme le moyen d’interpréter la double dynamique qui illustre le
passage de la campagne à la ville et de l’agriculture à l’industrie126 ». L’exode du village vers
la ville n’est plus courant. C’est le village qui devient le dortoir privilégié des travailleurs qui
vont exercer leurs activités en ville, en raison du calme relatif et de la quasi inexistence de
nuisances acoustiques et atmosphériques qu'on y note. La vie en milieu rural est marquée par
une construction sociale basée sur la forte croyance à l'influence d'un principe supérieur duquel
dépend la destinée. Ainsi Les populations pensent à tort ou à raison que la vie en milieu rural
est une forme de punition du sort, punition ayant pour origine de n'avoir pas été scolarisés. Elles
ont au fil du temps construit le paradigme suivant lequel la ville et la vie qu'on y mène sont
faites pour ceux qui sont allés à l’école et qui ont des conditions d'existence meilleures. Elles
tiennent leurs géniteurs en partie responsables d'avoir été incapables de les mettre à l'école.
Aussi est-il rare d'en rencontrer se reconnaissant une part de responsabilité dans leur situation
actuelle d’illettrés. Certaines de ces personnes ayant suivi des études universitaires sans
débouché d’employer ou d’auto-employer s'adonnent à la conduite de taxis motos
communément appelés « zémidjan ».
Alors, des personnes qui ont jeté leur dévolu sur la production agricole, certains exploitent la
terre familiale pour l’ananas, et d’autres font recours à la location de la terre. D'autres encore
sont obligés d'acquérir cette terre avant de prétendre cultiver l’ananas L’investissement fait dans
l’ananas est perçu pour ces derniers comme de l’épargne exigible au bout d'une période de 18
mois. Après la vente de leurs récoltes ils font d'autres investissements de l’argent obtenu. Ils
investissent notamment dans l'immobilier en matériaux solides ou définitifs, font des achats
d’autres lopins de terre, de motos pour l’activité de taxi moto, de meubles pour le confort
intérieur, ainsi que l’achat des dispositifs pouvant leur offrir l'accès à d’énergie solaire. Avec
les projections et les rêves construits pour la période des récoltes d’ananas, quand par l’effet
126 Hervieu, B. et Purseigle, F. « Pour une sociologie des mondes agricoles dans la globalisation. » Cairn.info. Disponible sur :
<https://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=ETRU_183_0177#pa42> [consulté le 01 mars 2018]
110
des changements climatiques, la rareté des pluies induit la mauvaise croissance de l’ananas au
champ, on ne manque pas d’y voir aussi la main invisible de la parenté jalouse. Il arrive aussi
que certaines personnes soient victimes d’accident de la circulation pendant les déplacements
en direction ou de retour de Cotonou. Lorsque cela survient malencontreusement, les
investissements réalisés sont hypothéqués ou mis en gage pour avoir de l’argent liquide express
afin de se soigner. Nous précisons toutefois qu'il n'est pas de prétention d'affirmer que
l'observation faite dans le cadre de notre étude soit exhaustive et absolue.
Henri Lefebvre nous enseigne que « l’étude d’une agglomération rurale, dans tous les pays,
montre des équilibres plus subtils qu’on ne l’aurait tout d’abord pensé : des proportions entre
l’étendue des terres arabes, des forêts, des pâturages, entre les groupes d’êtres vivants à qui le
terroir fournit leur subsistance. Cette étude, revenant des faits objectifs aux faits humains qui
leur sont liés, découvre aussi que les équilibres matériels, sans être expressément et
rationnellement voulus par les hommes, ne sont pas aveuglement et mécaniquement obtenus,
ils relèvent d’une conscience, difficile à saisir et plus encore à définir, curieux mélange de
prudence, d’initiative, de méfiance, de crédulité, de routine : la sagesse paysanne127 ». Cette
sagesse paysanne se reflète par le fait que des individus peuvent bien disposer de moyens
financiers susceptibles de leur permettre de se guérir d’un mal curable par la médecine moderne,
mais décident cependant de n’utiliser que des tisanes faites de feuilles, d'écorces ou de racines
cueillies dans le voisinage immédiat. Le paysan se refuse d’aller vers une latrine moderne
construite plus proche du domicile d’un descendant d’une famille en conflit historique avec la
sienne depuis des temps immémoriaux. Il se refuse également de se servir de l’eau du puits des
voisins sur qui pèsent généralement des suspicions de jalousie mortelle avec pour conséquence
un improbable empoisonnement. Une série d’images de conflits silencieux s'observe encore
aujourd'hui dans notre cadre d'étude, ce qui nous impose le suivi d'une méthodologie à la mesure
du défi qui nous permet de faire une meilleure prise en compte des spécificités de notre cible
de recherche que sont les producteurs d’ananas.
Producteurs d’ananas
L’appréciation de la notion de producteurs d’ananas renvoie à se poser la question de savoir
quelles conditions faut-il réunir pour prétendre être appelé producteur d’ananas. Est-ce que la
culture de l’ananas, quelle qu’en soit la superficie, le mode de régularité ou d’irrégularité de
127 Lefebvre, H. (1949) « Problèmes de Sociologie Rurale: La Communauté Paysanne et ses Problèmes Historico-
Sociologiques », Cahiers Internationaux de Sociologie. Vol. 6. p. 78. Disponible sur :
<http://www.jstor.org/stable/40688692?seq=1#page_scan_tab_contents> [consulté le 01 mars 2018]
111
l’activité, le fait d’être rémunéré ou non pour l’activité de manœuvre, l’appartenance ou non à
une association de promotion de l'ananas (...) confère à son auteur le statut de producteur
d’ananas ? A défaut de critères de choix scientifiquement défendables, nous avons considéré
pour cette étude qu’est producteur d’ananas toute personne membre de l’une des associations
de producteurs d’ananas à l'instar de ceux de l’Union Nationale des Producteurs d’Ananas du
Bénin, qui se sont structurées par commune dans les Unions Communales de Producteur
d’Ananas. La propriété foncière n’est pas un critère d’identification du producteur d’ananas. La
terre ayant servi à la culture de l’ananas peut être rendue disponible par héritage, location ou
achat. Ainsi le mode de disponibilité de la terre devient un critère non indispensable pour être
producteur d’ananas. Par contre le producteur d’ananas c’est celui qui se donne les moyens
d’avoir une terre sur laquelle il plante des rejets d’ananas qu’il entretient jusqu’à la récolte et la
vente des fruits. L’ananas cultivé doit être destiné à la vente sur le marché national ou
international. Il peut solliciter des technologies agricoles et des ressources humaines le long du
processus de production, depuis le défrichement de la terre jusqu’à la récolte. Les surfaces
d’ananas cultivées sont supérieures ou égales à un hectare. En tout état de cause, sont exclus du
champ d’application de l’usage des technologies mobiles dans la production d’ananas, les
individus ayant des superficies emblavées non économiquement rentables en faisant usage des
technologies mobiles de réduction de la pénibilité dans la conduite des activités champêtres.
Frédérique Saudubray et ses pairs ont catégorisé les producteurs d’ananas en cinq grands
groupes à savoir :
ceux qui appliquent la fertilisation à trop fortes doses. Elle est déséquilibrée même lors
de la sortie du rejet ;
ceux qui font une utilisation à fortes doses des produits phytosanitaires (pesticides et
herbicides) y compris lors de la sortie du rejet.
112
Malheureusement, les études spécifiques de classification des producteurs d’ananas sont
inexistantes au Bénin. Mais les corporations de producteurs se structurent et se mettent en
associations pour s’accompagner mutuellement par des formations, des échanges
d’expériences, ainsi que par des groupes de solidarité et d'entraide. Les membres des mêmes
associations ont des fonctionnements et approches similaires dans le prise en charge de la
culture de l’ananas. Ces associations sont souvent épaulées par des Organisations Non
Gouvernementales qui mettent à leur disposition des expertises agricoles de pointe avec des
outillages au besoin. Ainsi « des cahiers d’enregistrement des résultats des exploitations, où
le suivi de la trésorerie occupait une place prépondérante, furent mis au point et diffusés auprès
de producteurs d’ananas du Sud-Bénin maîtrisant le français128 ». En effet, les producteurs qui
profitent le mieux des expertises sont ceux en réseau. C’est de ce fait assez intéressant que nous
avons tiré la pertinence de notre engagement à considérer dans le cadre de cette étude le
producteur d’ananas comme étant celui à qui cette qualité est conférée, du fait de son
appartenance à l’union.
À la suite de la clarification de la notion de producteurs d’ananas contenue dans nos travaux, il
est aussi important que nous présentions nos variables d’observations et nos outils de collectes
de données.
128 Faure, G., Rebuffel, P. et Violas, D. (2011) « Une analyse systémique des dispositifs de conseil à l’exploitation familiale en
Afrique de l’Ouest », Cahier Agri. Vol. 20, n°5 septembre-octobre. p.366. Disponible sur :
<http://agritrop.cirad.fr/561887/1/document_561887.pdf> [consulté le 28 février 2018]
113
l’accès aux informations agricoles ;
le taux des avaries d'ananas frais chez les producteurs et dans la chaîne de
commercialisation ;
Pour ce qui concerne les innovations sur la téléphonie mobile, il faut s’intéresser à :
le paiement en ligne ;
La collecte de donnée
La recherche en sciences de l’information et de la communication conduit à utiliser les
techniques et les méthodes des sciences sociales. On distingue plusieurs familles de techniques
et de méthodes. Dans l’extrait produit par Bernard Dantier, et intitulé « outils de l’enquête
sociologique et enquête sur les outils sociologiques : Georges Granai, Techniques de l’Enquête
sociologique129 », nous retrouvons la substance des techniques de recherche en sciences
sociales. Pour mener à bien cette recherche, nous avons retenu la technique de l’observation
directe méthodique et la méthode quantitative. « L’observation directe méthodique est un
procédé d’observation contrôlée : il suppose que les hypothèses de recherche aient été
formulées, à partir desquelles un plan raisonné d’observation pourra être élaboré : le
129 Dantier, B. (2008) « Outils de l’enquête sociologique et enquête sur les outils sociologiques : Georges Granai, Techniques
de l’Enquête sociologique » In : Tremblay, J. M. (Dir.) Les classiques des sciences sociales. Bibliothèque Paul-
Émile-Boulet, Université du Québec. Chicoutimi. 09 mars. p. 1. Disponible sur : <
http://classiques.uqac.ca/collection_methodologie/granai_georges/outils_enquete_sociologique/metho_Granai_tech
niques_enquete.pdf> [consulté le 05 mars 2018]
114
questionnaire d’enquête130 ». Quant à la méthode quantitative, elle « cherche à limiter les biais
au niveau individuel dans les réponses en proposant un questionnaire standardisé (les
questions et les items de réponses sont strictement identiques dans leur formulation et leur
ordre pour l’ensemble de la population, et celle-ci doit être interrogée dans les mêmes
conditions, selon la même procédure). … l’enquête par questionnaire est une technique qui
contraint à la fois l’enquêteur et l’enquêté, il ne leur est laissée aucune marge de liberté, aucune
possibilité d’initiative. Tous doivent se conformer à la même procédure d’enquête, de passage
du questionnaire. …L’analyse quantitative est centrée sur le groupe (un individu en tant que
tel ne compte pas) […]. L’analyse quantitative permet de mesurer l’ampleur des
phénomènes131 ».
En effet, après la revue de littérature pour mieux comprendre les contours de notre sujet de
recherche, nous avons été amenés à élaborer notre problématique de recherche assortie de la
formulation des hypothèses de recherche. Nous nous sommes ensuite approprié les hypothèses
avec les objectifs poursuivis dans la formulation de nos questionnements pour aboutir à la mise
en place d’un questionnaire standardisé, avant de nous rapprocher des associations communales
de producteur d’ananas pour avoir une vue holistique des spécificités du secteur. Nous nous
sommes résolus à moins regarder les individualités pour appréhender la coopération constituée
en faitière.
Au total, pour revisiter les hypothèses de notre recherche au mieux, nous avons mis en place
une plateforme de communication, et avons accompagné un échantillon de producteurs
d'ananas qui ont bénéficié d'une assistance dans la promotion et la vente de leur production sur
internet. Des tests de collecte de données prévus avec le concours d’une startup nationale
disposant d’un drone expérimental d'observation du couvert végétal ont pu être faits pour nous
convaincre par nous-mêmes de l’efficacité des drones pour les producteurs d’ananas. Nous
avons également opéré une « observation participante » avec les présidents des unions
communaux de producteurs d’ananas pour nous édifier avec des données qualitatives
130 Dantier, B. (2008) « Outils de l’enquête sociologique et enquête sur les outils sociologiques : Georges Granai, Techniques
de l’Enquête sociologique » In : Tremblay, J. M. (Dir.) Les classiques des sciences sociales. Bibliothèque Paul-
Émile-Boulet, Université du Québec. Chicoutimi. 09 mars. p. 15. Disponible sur : <
http://classiques.uqac.ca/collection_methodologie/granai_georges/outils_enquete_sociologique/metho_Granai_tech
niques_enquete.pdf> [consulté le 05 mars 2018]
131 Temporal, F. et Larmarange, J. (2006) Déroulement des enquêtes quantitatives et/ou qualitatives, Laboratoire PopInter,
Université Paris 5 René Descartes, novembre. p. 4. Disponible sur :
<https://joseph.larmarange.net/IMG/pdf/deroulement_enquete.pdf> [consulté le 08 mars 2018]
115
complémentaires. « L’observation participante consiste à s’engager dans un terrain d’étude,
entendons un univers social, au point que l’observateur en devienne l’un des membres. Elle
vise ainsi à étudier une culture ou un monde social en partageant le quotidien, en participant
aux activités et à la vie du groupe concerné132 ».
Elles confirment la thèse de Alain KIYINDOU relative au vecteur de productivité que
représenteraient les technologies. Et comme il nous est échu de nous intéresser à des groupes
organisés, nous avons fait l'option d'une enquête quantitative. Au terme d’une observation
directe méthodique marquée par des visites et d’échanges avec les présidents des associations
communales des producteurs d’ananas, nous en avons identifié au total cent cinquante (150)
enquêtés répartis dans sept (07) des huit (08) communes du département de l'Atlantique au Sud
du Bénin, en mettant un accent particulier sur les deux communes à forte concentration de
producteurs d’ananas à savoir Allada et Zè. « L’observation directe méthodique est un procédé
d’observation contrôlée : il suppose que des hypothèses de recherche aient été formulées à
partir desquelles un plan raisonné d’observation pourra être élaboré : le questionnaire133 ».
Ainsi, les questions étaient structurées pour prendre en compte l’étendue de nos hypothèses de
recherche. De ce fait, le questionnaire a été construit en questions réponses autour de sept grands
rubriques à savoir :
Identification
Activité agricole
Capacité technologique
Relations commerciales
Pouvoir d'achat
Qualité de vie
Recommandations
132 Marchal, H. (2016). Observation participante. Dans Dictionnaire de la fatigue p. 601. Genève, Suisse: Librairie Droz.
doi:10.3917/droz.zawie.2016.01.0601.
133
http://classiques.uqac.ca/collection_methodologie/granai_georges/outils_enquete_sociologique/outils_enquete_soci
ologique_texte.html#granai_Ib (consulté le 07 octobre 2018)
116
Les personnes soumises à l’administration des questionnaires ont été choisies de façon aléatoire
parmi les membres de chacune des associations communes de producteurs d'ananas, et les
questionnaires ont été administrés de façon rigoureuse et complète. Notons toutefois que la
commune lacustre de So-Ava n'a pas été prise en compte, car ayant un faible potentiel de
production d’ananas. Les questionnaires à administrer aux enquêtés étaient répartis par
commune comme suit :
Tableau 10 : Récapitulatif des enquêtés soumis à une interview à questions fermées par
commune
N° Commune Nombre de questionnaires correspondant au nombre
d’enquêtés
1 Abomey-Calavi 10
2 Ouidah 10
3 Kpomassè 10
4 Tori-Bossito 10
5 Toffo 10
6 Zè 50
7 Allada 50
Nous nous sommes fié à la réputation populaire de caractérisation des greniers de production
d’ananas dans le département de l’Atlantique pour répartir les 150 questionnaires que nous
avons préparés dans sept (07) communes. Sur le terrain, au niveau de chaque commune, nous
nous sommes rendu chez chacun des présidents d'associations de producteurs d’ananas pour
l’entretenir sur les motivations de notre recherche et convenir avec lui d’administrer le
questionnaire aux producteurs d’ananas qu’il nous a indiqués par échantillon accidentel134.
Ensuite, en présence de chaque enquêté, l’administration du questionnaire a été faite en face à
face.
A la suite de l’administration du questionnaire, la nécessité de bien classifier les réponses
obtenues au niveau des deux questions de la dernière rubrique de notre questionnaire s'est fait
sentir. Pour cela, nous avons retenu d’échanger autour des deux dernières questions de notre
117
questionnaire respectivement avec les présidents des associations communales de producteurs
d’ananas d’Allada, de Zè et de Toffo. A chacun des trois, les questions suivantes ont été posées :
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l'Etat Béninois pour l'utilisation de meilleurs outils
technologiques dans le milieu de vie des producteurs d'ananas?
Administration du questionnaire
Pour l’administration des questionnaires sur le terrain, nous avons fait recours à une équipe de
trois (03) enquêteurs de niveau BAC+3 années de formation universitaire préalablement formés
à l'esprit de la recherche et à la maîtrise de cohérence du questionnaire. C'est une expérience
qui a été enrichissante dans la mesure où elle nous a permis de tester la perception que l'enquêté
peut avoir de nos questions. Au terme de la formation, ils sont envoyés sur le terrain pour faire
la collecte des données sous notre supervision la première journée, et seuls six (06) autres jours,
de façon autonome. Les questionnaires ont été classés et numérotés par agent enquêteur et par
commune visitée. Nous nous sommes permis de fidéliser certains enquêtés en sollicitant leur
contact téléphonique pour les éventualités de collectes additionnelles. Nous avons conduit
personnellement, une collecte de données qualitatives auprès de trois présidents d’associations
par la suite pour confirmer ou infirmer les tendances observées lors du traitement des données
issues des deux questions ouvertes du questionnaire. Nous avons eu des échanges avec certains
présidents communaux de l’union nationale des producteurs d’ananas du Bénin. Le
questionnaire nous a permis notamment d’apprécier les thématiques suivantes :
118
l’usage d’internet avec les services connexes ;
la relation commerciale ;
l’inclusion financière ;
le revenu saisonnier ;
119
Figure 13 : Le modèle de génération de formulaire
À la suite de la production de ce masque, nous avons commis deux (02) agents de niveau BAC
pour saisir les données des questionnaires dans le masque. Le résultat ainsi obtenu a été vérifié
par nos soins. Cette phase a induit cinq (05) jours de travail après lesquels les données saisies
ont été exportées vers un autre logiciel de traitement statistique dénommé "STATA 13.0" pour
analyse.
121
Au terme de deux (02) jours de travail avec le statisticien, les synthèses des données de terrain
sont présentées et commentées. Elles reflètent notre observation participante sur le terrain. Elles
contribuent à une présentation spécifique du Bénin.
En effet, à la suite de la mise en exploitation de l’application de saisie, les informations obtenues
ont été concaténées comme le montre les figures illustratives ci-après :
122
Ensuite, le fichier concaténé en Cspro a été exploité et exporté vers le logiciel STATA pour la
production des tableaux de résultats. Le processus de cette exportation est représenté par la
figure illustrative ci-après :
Puis le contenu du fichier en format .dat devient lisible dans le logiciel Stata pour les besoins
d’exportation de tableaux et de graphiques à volonté sur la base des données disponibles. Dans
le cas de notre recherche nous avons choisi d’extraire du logiciel Stata, les tableaux qui ont été
analysés dans la troisième partie de cette thèse.
123
Figure 19 : Information lisible au travers du logiciel Stata
124
Chapitre 6 : Les résultats de la
recherche sur le terrain
Au terme du traitement des données collectées sur le terrain avec les outils statistiques, les
résultats majeurs ont été organisés autour des questionnements qui nous ont facilité la
structuration de notre outil de collecte de données. Les résultats bruts non commentés issus de
nos enquêtes se présentent ainsi qui suit :
Les données collectées au moyen des technologies mobiles contribuent-elles à la
facilitation des conditions de travail des producteurs d’ananas ?
Au nombre de ceux qui possèdent un téléphone, 90,7 % possèdent un téléphone mobile simple
Au nombre de ceux qui possèdent un téléphone, seul 0,7 % possède un téléphone fixe
A quels services avez-vous souscrit auprès des opérateurs GSM?
125
Au nombre de ceux qui possèdent un téléphone, seul 9,3 % utilisent Mobile Money. Cela dénote
une faible utilisation de ce service qui devrait en temps normal faciliter les transferts financiers
dans le milieu des producteurs d’ananas et par conséquent les conditions de travail de ces
derniers.
Au nombre de ceux qui possèdent un téléphone, seul 2,0 % utilisent internet. Ainsi, ils n’ont
pas accès aux réseaux sociaux, ni à la consultation sur le web. On peut en déduire que les
producteurs ne font pas quasiment pas usage de données issues de technologies mobile aux fins
de faciliter leur condition de travail.
Les producteurs d’ananas ont-ils amélioré leur relation aux clients en fonction
du potentiel technique inhérent aux technologies mobiles disponibles ?
76,7 % des producteurs informent leurs clients sur la disponibilité d’ananas par bouche à oreille
et 68 % par téléphone (principalement par sms ou appel). Ainsi, on constate une utilisation
limitée des technologies modernes dans les relations avec les clients.
126
Quels sont vos moyens de transfert financier avec les clients ?
90,7 %, 10,0 %, 1,33 % des producteurs utiliseraient respectivement l’argent liquide, Mobile
money et le virement bancaire comme moyens de transfert d’argent. Aucun producteur n’a
déclaré utilisé l’argent numérique de type carte Visa. Ainsi, il apparait que les moyens modernes
de transferts ne sont quasiment pas utilisés dans le milieu des producteurs.
Nous constatons que les producteurs qui ont déclaré ne pas posséder de téléphone ont pour en
majorité un revenu de moins de 200.000FCFA. Tous ceux qui ont un revenu supérieur à
1 .000.000FCFA possèdent au moins un téléphone. De ce résultat, on pourrait conclure que
127
l’utilisation des technologies modernes par les producteurs est fortement corrélée avec leur
niveau de revenu, donc à des facteurs socio-économiques
Egalement, plus les producteurs d’ananas ont un revenu élevé, moins ils utilisent la
communication par bouche à oreille pour informer la clientèle sur la disponibilité d’ananas.
Ainsi, des facteurs socio-économiques, dans le cas d’espèce le revenu, pourraient bien expliquer
le faible taux d’accès des producteurs aux technologies modernes.
L’accès aux données par le biais de technologies mobiles a-t-il permis aux
producteurs d’ananas d’avoir un revenu stable ?
Du tableau ci-dessus, il ressort que les producteurs ayant déclaré utiliser la fonction internet sur
leur téléphone ont tous un revenu de moins de 500.000FCFA. Tous ceux qui ont un revenu
supérieur à 500.000FCFA, affirment ne pas utiliser l’internet. Ce constat, indiquerait que
l’accès aux données par le biais de technologies mobiles est limité aux producteurs ayant un
revenu plutôt modeste (moins de 500.000FCFA).
Tous les producteurs qui utilisent la fonction internet ont fréquenté l’école ou l’école
maternelle. Donc, ils sont instruits.
Des résultats issus de ces deux tableaux ci-dessus, il apparait que l’usage de tracteur agricole et
de capteur pour arroser par les producteurs est pratiquement inexistant. Ainsi, quel que soit le
niveau d’étude, les producteurs d’ananas n’utilisent pas ces technologies qui ont pour visée
d’améliorer la production et d’améliorer les conditions de travail.
129
D'autres résultats des travaux de terrain sont compilés pour donner une appréciation plus large
sur les influences de la communication à travers les TIC sur les modes de production, les
revenus issus des récoltes et les conditions de vie et de travail en général.
Il s'agit en l'occurrence des données afférentes aux liens entre la scolarisation et l'usage de
l'internet, et de l'usage d'internet selon les âges et le sexe des producteurs.
Les enquêtés faisant usage de la fonction internet de leur téléphone sont pour la grande majorité
scolarisés à l'école maternelle ou au primaire. Ceci confirme l'hypothèse secondaire ci-dessus
énoncée et qui établit l'impact du poids de l'illettrisme sur l'implémentation des TIC dans les
milieux paysans.
Il est noté suivant les données du tableau ci-dessus que le rapport du producteur au service
internet s'accroît au fur et à mesure du niveau d'étude. Les enquêtés qui font le plus usage
d'internet sont ceux qui ont fréquenté l'école secondaire et l'université.
L'usage des réseaux sociaux aujourd'hui très répandu en Afrique et au Bénin n'a pas épargné le
milieu rural. Mais nous avons noté une fracture au niveau des tranches d'âge qui y font le plus
130
et le moins recours, et la quasi inutilisation des réseaux sociaux par nos enquêtés dans la filière
ananas au Bénin. Le tableau relatif à l’usage de la fonction internet par âge en annexe illustre
cette situation. Il fait état de ce que sur les 150 enquêtés, un seul répondant a déclaré utiliser
WhatsApp et deux seulement a déclaré utiliser Facebook.
Par ailleurs, le rapport à l'outil internet dépend aussi du sexe de l'individu. En effet, dans les
milieux ruraux, les filles qui sont devenues femmes ont été marginalisées quant à la
scolarisation. Même si aujourd'hui la tendance est presque à l'équilibre, nos enquêtées de sexe
féminin n'ont pas bénéficié du même avantage que les hommes de la même génération. Et le
tableau ci-dessous met en exergue cette disparité.
Il ressort de l'analyse du tableau qu'aucune femme rencontrée n'a déclaré avoir fait usage
d'internet ni dans le cycle de la production d'ananas, ni pour autre chose. Ceux qui ont déclaré
utiliser internet sont tous des hommes, même si tout cet usage n'est pas orientée vers la
production et la commercialisation.
Aussi est-il nécessaire d’indiquer que des échanges que nous avons eus avec les présidents
d’associations de producteurs d’ananas, l’idée d’une spécialisation des acteurs de la chaîne de
valeur de l’ananas se dégage. Ils reconnaissent que la main-d’œuvre quoi que indispensable ne
ralentira pas le recours aux outils technologiques pour améliorer les conditions de production
de l’ananas mais après la production, il faut garantir l’écoulement des produits vers les marchés
de consommation grâce aux outils modernes de communication. Au regard de leurs expériences
désagréables du passé avec les tracteurs subventionnés par le gouvernement, ils ne souhaitent
plus en acquérir. Ils recherchent simplement le service de prestataires extérieurs. Si une
entreprise leur offre ce service à prix plus abordable que le recours à la main-d’œuvre, ils se
focaliseront en priorité sur cette offre. La main d’œuvre a toujours sa place dans la chaîne de
131
production d’ananas parce que les technologies ne feront pas tout. Ils recherchent aussi la
garantie souveraine de l’Etat pour faire des prêts importants pour l’acquisition massive de
terres. L’accès à la terre demeure un lourd défi dans leur volonté d’extension des surfaces
cultivées. Ils ont également besoin de la mise en place d’engrais spécifiques pour l’ananas. Le
président des producteurs d’ananas d’Allada a eu la chance de voir déjà des drones dans des
champs d’ananas au Costa Rica. Il retient que les producteurs d’ananas du Costa Rica y ont fait
recours parce qu’ils ont des surfaces de culture de plusieurs centaines d’hectares en bloc. Au
Bénin, les plus vastes champs d’ananas en bloc n’excèdent pas les quinze (15) hectares. Il
n'existe au Bénin que des associations de producteurs individuels d’ananas, et non une
association d'agro-industriels. Le recours au drone ne sera donc pertinent que si le service est
offert par une structure qui sera rémunérée pour le travail fait dans plusieurs champs de la même
zone le même jour. Les informations de précision qu’offrent un drone sont d'une importance
capitale pour le producteur. Il va déjà permettre une localisation exacte de la position
géographique des champs, la précision sur les superficies emblavées par producteur, les
informations sur l’état de santé des plants, le dénombrement du nombre de plants à l’hectare et
aussi l’épandage des produits de traitement et l’arrosage des plants.
A la suite de nos entretiens avec les présidents des producteurs, nous nous sommes rapproché
du responsable de la société Global Partners pour lui faire la suggestion d’offrir des services
aux producteurs d’ananas du Bénin. Nos échanges se sont soldés par le principe de la conduite
d’une mission de présentation du drone et de collecte de données expérimentales sur le champ
d’un producteur d’ananas afin de convaincre les autres producteurs à recourir aux services du
drone pour l’agriculture de précision.
Ainsi, nous avons conduit une mission de concertation avec les présidents des associations de
producteurs d’ananas des communes du département de l’Atlantique au Bénin sur l’un des
champs du président de l’association des producteurs d’ananas d’Allada. Au cours de cette
mission, il a été expliqué aux acteurs, le fonctionnement des drones, les types de drones et leur
utilité, puis nous avons terminé par l’offre de service d’accompagnement que la Société Global
Partners leur met à disposition. Au cours de cette séance, les présidents ont mis un accent
particulier sur la facturation du service à prix abordable, l’usage des fonctions de
géolocalisation, d’observation de l’état de santé des plants et d’épandage. Alors, à titre
illustratif, nous avons programmé avec l’application « PIX4D Capture » une mission
automatisée sur un drone « DJI Phantom 4 » qui a parcouru dans le champ, une zone
d’observation ayant les dimensions suivantes : 50 mètres de haut, 60 mètres de large et 120
132
mètres de long. Les données collectées ont été analysées avec l’application « PIX4D Mapper »
et ont permis d’obtenir le modèle numérique de surface ci-après qui n’est rien d’autre que la
cartographie numérique de la zone d’observation.
Figure 20 : Modèle numérique de la surface du champ d'ananas survolé par un drone DJI
Phantom 4
Le modèle numérique de surface nous permet de voir l’occupation du sol que nous pouvons
interpréter en relatant ce que nous observons. Pour faire une bonne interprétation, il est
recommandé que la personne en charge de l’interprétation des données ait une bonne
connaissance du terrain. Une visite du site est indispensable avant l’interprétation car le drone
reproduit à l’identique ce qui est sur le terrain.
Le calcul de l’indice de résistance atmosphérique visible de la zone d’observation du drone a
également été fait. Il a abouti à la production de la figure ci-après :
133
Figure 21 : Indice de résistance atmosphérique visible du champ observé par le drone
Les couleurs de cette figure renseignent sur l’état de santé des plants de la zone d’observation.
Les jeux de couleurs partent du vert au rouge. Plus nous avons une couleur qui tend vers le vert,
meilleur est l’état de santé des plants. Moins nous avons une couleur qui se rapproche du vert,
plus mauvais est l’état de santé des plants. Le fond de couleur rouge foncé montre les espaces
où le stress des plants est très prononcé. Ce stress des plants révèle soit une carence en eau, soit
un besoin d’engrais, soit une maladie due aux attaques d’une phyto bactérie. Ce constat appelle
à recourir à une observation physique supplémentaire des portions d'espaces concernées, pour
apporter la réponse adéquate au problème diagnostiqué.
134
Conclusion
Les théories que nous avons choisi de revisiter sont celles qui permettent de mieux appréhender
les subtilités de notre recherche. Elles partent des approches d’appropriation à la prise en main
du savoir, en passant par l’adaptation des outils aux réalités locales. En effet, avec la revue de
littérature, on s’aperçoit de la superpuissance des technologies et de la croyance collective qui
veut en faire les outils de la solution à l’organisation profonde de la société. L’innovation
technologique restructure la méthode et son processus de valorisation des acquis. Les outils
sont revisités pour se convaincre de leur pertinence. L’un des outils particuliers est l’objet
connecté, la révolution numérique post mécanisation. Le drone en est la représentation la plus
expressive. Sa diffusion tient compte notamment des paramètres d’adaptation, d’avantage, de
testabilité, et de rentabilité. Il s’intègre au milieu agricole périodiquement sans brusquer les
acquis et les habitudes. Sur les traits caractéristiques de l’activité agricole notamment celle de
l’ananas, le recours à la technologie des objets connectés apportera sûrement des avantages à
ceux qui les adoptent. Mais tous les objets connectés ne sont pas indispensables en milieu de
production d’ananas si l’on ne veut pas prendre le risque d’induire de nouveaux déséquilibres
qui peuvent avoir pour conséquence, l’exode des populations du milieu agricole vers le milieu
urbain déjà marqué par des inégalités sociales non encore solutionnées. De ce fait, le recours,
l’usage et l’appropriation des technologies mobiles doivent se faire avec un savant dosage qui
intègre l’équilibre socio-économique du milieu agricole.
135
Troisième partie : Les
technologies mobiles, leurs
usages et leurs appropriations
136
Introduction
Les technologies sont au cœur de la transformation de nos sociétés qu’elles soient urbaines ou
rurales. Avec la modernité, le souci de l’amélioration des conditions de travail devient un enjeu
pour chacun. Nous attendons par conditions de travail, les dispositifs et les dispositions mises
en place par soi ou par autrui pour atténuer ou annihiler la pénibilité dans la mise en œuvre des
travaux champêtres au bénéfice des gains d’efforts consentis. Les conditions de travail
renvoient à l’accès au revenu en ce sens qu’elles façonnent les conditions de vie de l’individu.
L’innovation et la recherche sont régulièrement mises à contribution pour y parvenir. La
pénibilité est l’un des éléments auxquels les études de terrain œuvrent à rechercher des
approches de solutions.
En effet, en milieu agricole, le travail de la terre et toutes les actions associées sont rudes. Il
faut labourer la terre, l’arroser, la défricher saisonnièrement et récolter les fruits de la saison.
Ce processus est fait manuellement dans plusieurs régions du monde en développement comme
c’est le cas au Bénin. Or, dans les pays industrialisés, tout ou une partie de ce processus est
automatisé. Les progrès sont suivis et les expériences se partagent entre les acteurs des milieux
urbains et ruraux défavorisés.
Mais quand on finit de faire la guerre de la production, on n’est pas non plus à l’abri de celle
imposée par la putréfaction des récoltes parce qu'un débouché n’a pas été trouvé au bon
moment. Et pour les besoins de la vie quotidienne ordinaire, il est utopique de ne planter que
ce qui sera simplement consommé, s'il n'y a pas d’autres sources d'argent pour faire face aux
autres charges sociales, notamment celles relatives à la santé, à l’éducation et à l’habitation.
Dans les chapitres qui suivent, nous aborderons respectivement les questions relatives aux
systèmes sans fil non mobiles, aux systèmes sans fil mobiles, aux usages des technologies et à
leur appropriation. C'est ce que semblent expliquer dans un ouvrage collectif dirigé par Jean
Michel LEDJOU et Hanitra Randria Nasole RAKOTOBE intitulé « Des réseaux et des
hommes: les Suds à l'heure des TIC », Jonhy EGG, Franck GALTIER et Hélène DAVID-
BENZ, qui écrivaient que « quelles que soient les qualités, la diversité et l'accessibilité de
l'information diffusée, la question de la capacité des acteurs à en tirer profit se pose, notamment
pour les plus vulnérables. En effet, une information brute est souvent difficile à comprendre et
à expliquer pour les petits producteurs ne disposant pas d'un minimum de compréhension des
mécanismes de marché135 ».
135 Egg, J., , Galtier, F. et David-Benz, H. (2013) « Les TIC et les SIM : une nouvelle génération de systèmes d'information sur
137
Chapitre 7 : Les systèmes sans fil en
milieu agricole
Le maillage du Bénin en réseau numérique est une initiative récente. Le déploiement des
technologies numériques dans les zones à faible impact de rentabilité financière a été fait en
utilisant les technologies des ondes sans fil. Il y a des ondes sans fil mobiles et des ondes sans
fil non mobiles. Le sous-chapitre suivant sera consacré à celui des ondes sans fil mobiles.
les marchés agricoles ». In : Ledjou, J. M. et -Rakotobe, H. (2013) Des rseaux et des hommes : les Suds à l'heure des
technologies de l'information et de la communication. Paris : Karthala. p.75.
136
https://afrozen.files.wordpress.com/2016/08/20160621-ennov-benin-2021-rapport-final-vf.pdf [consulté le 23
juin 2018]
138
déploiement des technologies d’accès internet sans fil mobile et non mobile. Le plan137
d’actions du Bénin pour un accès effectif au haut débit dans les zones rurales prévoit notamment
de :
Le recours aux réseaux sans fil est une option stratégique et un choix responsable. Ces réseaux
peuvent être facilement déployés à grande échelle avec des investissements peu onéreux. Ces
réseaux offrent des facilités de connexions à ceux qui veulent en faire usage. En fonction des
fréquences disponibles ou attribuées l’accès internet peut provenir d’une technologie sans fil
mobile ou non mobile. Les autres technologies d’accès internet notamment par câble à cuivre
ou à fibre optique et par satellite ne sont pas économiquement rentables pour être déployés en
milieu rural où le nombre d'abonnés ne peut pas permettre l’amortissement des investissements,
encore moins l'obtention des gains escomptés Nous devons aussi rappeler la nécessité de mieux
appréhender le lien qui s’établit entre les technologies et leurs applications. Nous nous
proposons de passer en revue les concepts de wifi, de WiMax et de Bluetooth afin de voir plus
tard leur utilité dans l’environnement agricole dans le monde en général et au Bénin en
particulier. L’organisation internationale en charge de la normalisation des systèmes wifi est
l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). C’est une entité de la communauté
technique de la gouvernance de l’internet dont l’action concourt à la standardisation des outils
et mécanismes de communication numérique dans le monde. Mais sur notre terrain
d'investigation, le constat n'est pas à l'optimum voulu. En effet, les bonnes volontés des
décideurs politiques ci-dessus évoquées sont loin d'avoir connu un taux de réalisation
satisfaisant, ce qui fait des ondes sans fil non mobile des lettres mortes en milieu paysan au sud
Bénin. À cela s'ajoute l'absence d'initiatives individuelles d'acquisition d'un routeur Wi-Fi
adaptable à ces milieux. Cela dénoterait d’un luxe et ne fait pas partie des priorités. Cette
137
http://atu-uat.org/wp-content/uploads/2016/06/day-3-session-2-presentation-by-georges-yayi-benin.pdf
[consulté le 23 juin 2018]
139
situation est toutefois relativisée par la présence des GSM et leurs diverses offres de service
internet. Malgré les tarifs non rédhibitoires de ces derniers, d'autres problèmes sont notés quant
à leur utilisation réelle. Il s'agit précisément du temps d'autonomie des téléphones de la plupart
des enquêtés quand ils activent la fonction wifi ou données mobiles. En effet, en plus d'une
disponibilité souvent discontinue en raison de fréquents délestages et pannes sur les lignes
électriques, les producteurs doivent faire face à la décharge rapide de leurs téléphones, suivie
de l'impossibilité d'avoir le courant pour les recharger. Par ailleurs le drone du milieu rural
utilise également les ondes de fréquence sans fil non mobile pour communiquer avec sa manette
de commande et faire la collecte de données sur le terrain. En effet, pour collecter les données
sur le champ du président de l’association des producteurs d’ananas d’Allada, le drone “DJI
Phantom 4” utilisé était connecté par wifi avec la fréquence 2.4 Ghz à sa manette de commande.
Les ondes wifi de certains drones comme le “DJI Phantom 4 Pro” sont soit 2,4 Ghz soit 5.8 Ghz
pour éviter les interférences.
Wi-fi
« Les normes techniques sont de plus en plus souvent érigées par des institutions privées et
professionnelles. Par exemple, la norme WiFi (IEEE 802.11b) a été développée par l’Institute
of Electrical and Electronic Engineers (IEEE). La WiFi Alliance certifie que l’equipement est
compatible avec le WiFi72. Le fait d’établir et d’appliquer des normes dans un marché en
croissance rapide renforce également l’influence considérable de ces institutions138 ».
Ce concept est né de la contraction de l’expression anglaise de wireless fidelity. Selon les
spécialistes, le concept de wifi « désigne un protocole de communication sans fil dont le
standard technique a été normalisé par le groupe IEEE 802.11. Fonctionnant avec des ondes
radio dans une bande de fréquence de 2,4 ou 5 GHz, il permet de relier des équipements
informatiques et de téléphonie mobile dans un réseau sans fil haut débit.
138 Kurbalija, J. (2014) Gouvernance d’internet : une introduction. DiploFoundation (6ème édition). p.40.
140
La norme IEEE 802.11 a été publiée en 1997. Elle a évolué à plusieurs reprises afin de faire
progresser son débit, renforcer sa sécurité et sa compatibilité. Les iBook d'Apple furent les
premiers ordinateurs à intégrer un module Wi-Fi à partir de 1999. C'est à partir de cette date
que le terme « Wi-Fi » a été popularisé par la société Interbrand à qui l'on doit également le
logo noir et blanc qui évoque le symbole du Yin et du Yang. Aujourd'hui, le Wi-Fi est
omniprésent, tant dans les usages domestiques que professionnels ou dans les lieux publics. Il
sert principalement à accéder à Internet, mais aussi aux communications téléphoniques dites
voix sur IP (VoIP). Dans le cadre d'un usage privé, il est recommandé aux utilisateurs de
sécuriser leur point d'accès Wi-Fi avec un mot de passe afin d'éviter tout usage frauduleux car,
alors, leur responsabilité légale est engagée139 ».
141
de Bénin Télécoms Services SA qui offre des accès internet par wifi. Des heures de connexion
internet sont vendues aux clients peuvent se connecter en utilisant la fonction wifi de leur
ordinateur portable ou la fonction wifi de leur téléphone portable. Un ticket de cinq (05) heures
de connexion à l’internet par wifi haut débit est facturé à mille (1000) franc aux clients. Aucun
abonnement préalable n’est nécessaire pour utiliser le service. La contrainte majeure reste la
nécessite d’être situé dans la zone de rayonnement du signal wifi (rayon de 500 mètres de
couverture). Le nom de ce wifi est iWi141, il est le fruit d’un partenariat public-privé entre la
société Bénin Télécoms Services SA et la Société Athéna Sarl. Le fournisseur d’internet Isocel
aussi offre des services d’internet par wifi grâce à des équipements wifi (Isospot) installés sur
les poteaux électriques. Il y a eu un partenariat de colocation d’infrastructures entre la société
béninoise d’énergie électrique et la société privée Isocel pour la fourniture de la connexion
internet par wifi142. La société Isocel a l’ambition d’être en 2020, le fournisseur du plus grand
réseau internet par wifi dans la ville de Cotonou et ses environs. Par ailleurs, les organisations
paysannes, les ONG et les entreprises privées et publiques de notre zone d’étude qui ont souscrit
à des accès internet qui leur sont diffusés par WiMax, en font une redistribution interne par wifi
pour les besoins de leur travail. Sur les 150 enquêtés auprès de qui nous avons administré nos
questionnaires, il n’y a 03 personnes qui font usage d’internet comme nous le présentons dans
ce document. Cette faible fréquence d’enquêtés qui utilise l’internet peut être due au faible taux
de scolarisation initiale de nos enquêtés, à savoir 51,35 % de notre cible telle que relaté dans le
tableau relatif à l’usage d’internet. La technologie la plus proche du WiFi en terme de
fonctionnement est le WiMax. Cette dernière est quasiment inconnue du milieu paysan investi,
tant son introduction, même étant très avancée en zone urbaine reste à promouvoir chez les
producteurs. La plupard de ceux d'entre eux rencontrés n'en font pas usage. Toutefois, les
enfants de certains producteurs que nous avons rencontrés à leur domicile ont des smartphones
dont ils partagent la connexion par wifi quand ils veulent travailler sur leur ordinateur. Dans les
espaces urbains et péri-urbains de chacune des communes de notre périmètre, il y a des
organismes disposant de wifi codé dans leur espace de travail. C’est le cas notamment à la
mairie d’Abomey-Calavi où il y a un signal wifi privé par lequel est redistribué une partie de la
connexion internet reçue par WiMax.
141 http://matinlibre.com/index.php/politique/item/1233-lancement-du-produit-iwi-benin-telecoms-sa-promeut-le-wifi-pour-
tous [consulté le 23 juin 2018]
142 https://www.lespharaons.com/benin-telecommunications-isocel-bientot-sur-le-marche-de-linternet-par-fibre-optique-a-
domicile/ [consulté le 23 juin 2018]
142
Wimax
Toutes les technologies sont de nature dynamique. Celle du WiMax s'apparente assez au Wi-
Fi, et on peut même dire de façon simpliste que c’est un Wi-Fi évolué et amélioré.
« Le thème « WiMax » désigne un standard de réseau sans fil, qui correspond à l'abréviation
de l'expression anglaise « Worldwide Interoperability for Microwave Access ». Ses principales
caractéristiques ont été élaborées conjointement par les groupes américains Intel et Alvarion
au début des années 2000, avant d'être officiellement certifiées par l'association professionnelle
IEEE sous la norme IEEE 802.16.
Le WiMax transmet des données numériques sur différentes bandes de hautes fréquences
comprises entre 2 et 11 GHz. Il a pour principale particularité de supporter un haut débit de
données (jusqu'à 75 Mb/s en théorie) sur des distances très importantes, comprises entre 10 et
50 kilomètres selon les obstacles rencontrés par les ondes. Ces qualités en font donc une sorte
de Wi-Fi survitaminé, même si les tests en conditions réelles donnent des résultats plus
modestes (le débit excède rarement 20 Mb/s sur quelques dizaines de kilomètres).
Une nouvelle norme IEEE 802.16e a été définie au milieu des années 2000 pour adapter le
WiMax à l'Internet mobile et à la téléphonie. L'idée consistait à capter les ondes WiMax depuis
un téléphone portable avec la même simplicité que la technologie 3G, mais en bénéficiant du
haut débit. Le WiMax autorisait alors des débits de 30 Mb/s jusqu'à 3,5 kilomètres de distance
de l'antenne émettrice. Ce standard a toutefois été abandonné par l'Union Européenne au profit
de la norme concurrente LTE dans le cadre de la définition des réseaux cellulaires de quatrième
génération (4G)143 ».
Le standard WIMAX mis en place en 2005 a pris en compte les enjeux de mobilités qui avaient
été mis en lumière comme l’une des limites du wifi. Nous avons par exemple le standard IEEE
802.16-e qui permet l’offre de la 3G Mobile et le standard IEEE 802.16-m celle de la 4G mobile.
Cette technologie permettra d’interagir à distance avec des équipements agricoles qui peuvent
être pourvus en dispositifs d’onde 3G ou 4G mobile. Au Bénin, la société de télécommunication
dénommée « Bénin Télécoms Service SA, offre des services de communication internet par
Wimax avec des accès internet par le biais des kits de connexion à domicile avec des parcs de
raccordement indoor ou outdoor144. Ce service est offert aux petites et moyennes entreprises
(PME) et aux petites et moyennes industries (PMI) locales de l’ensemble des communes du
Bénin. Les associations de producteur qui ont des accès internet ne connaissance pas les
143
technologies par lesquelles le service est fourni. Mais les licences de services
technologiquement neutres délivrées aux opérateurs leur permettent d'offrir les services avec
les technologies à portée. Ainsi, les fournisseurs d’accès internet du Bénin offrent en matière
de connexion internet sans fil, des services grâce à l’usage de la technologie WiMax. Les accès
internet reçus dans le périmètre de notre étude proviennent de la technologie WiMax de
fournisseurs d’accès internet qui ne sont pas des opérateurs GSM. Pour réaliser cette solution
réseau, un récepteur WiMax se pose sur un pylône chez l’abonné pour récupérer le signal sans
fil par câble vers le réseau local du client pour sa redistribution et son usage. La redistribution
de la connexion est faite par des équipements wifi installés chez l’abonné. A titre d’exemple,
nous avons une connexion internet au domicile du Président de l’Association Communale des
Producteurs d’Ananas de Abomey-calavi. Cette connexion est fournis par Isocel télécoms par
le biais une boucle locale radio WiMax. L’équipement WiMax fixé sur le pylône au domicile
de l’abonné est orienté vers la direction d’un autre équipement WiMax appartenant à la société
Isocel Télécoms et positionné sur le pylône de la station de base la plus proche de l’abonné,
ledit équipement étant lui-même interconnecté au réseau internet de la société Isocel Télécoms.
Le câble quittant l’antenne WiMax est connecté à un point d’accès wifi au domicile du client.
Ce point d’accès wifi diffuse la connexion internet à tous les ordinateurs et téléphones qui y
sont connectés. A l’exception de Bénin Télécoms Service Sa qui offre encore des connexions
internet par le biais du cuivre et de la fibre optique, tous les autres fournisseurs d’accès internet
font de la diffusion d’internet aux ménages et aux organisations par boucle local radio WiMax.
Le constat fait quant au WiFi est idem pour le wimax. Les producteurs d’ananas n'en font pas
usage. Toutefois, à l'instar du Wi-Fi, dans les espaces urbains de chacune des communes de
notre périmètre, il y a des organismes qui obtiennent leur connexion internet ou leur
interconnexion à leur siège en utilisant le WiMax. C’est le cas notamment des agences bancaires
de ces communes, des maries, de la préfecture de l’Atlantique, des services des impôts et des
directions départementales des ministères situées dans le département de l’Atlantique.
Bluetooth
Elle est utilisée dans les transferts de données sur de courtes distances. Elle permet des échanges
bidirectionnels entre les équipements qui en possèdent. Elle utilise les bandes de fréquences
radio de 2,4 GHz, celles des diffusions wifi. Cette norme est née de l’initiative de Ericson 145 en
1994 qui a été soutenue par un consortium de fabricants avant d’être normalisée par l’IEEE en
144
2002 sous la norme 802.15.1-2002 pour son usage grand public. Cette norme a évolué de la
Bluetooth v1.1 en 2002 à la Bluetooth v5 en décembre 2016. Une nouvelle norme Bluetooth
appelée « Bluetooth Mesh » a été rendue publique en juillet 2017. Elle se veut un Bluetooth à
faible consommation d’énergie dénommée BEL146. Avec les ondes de courtes distances, l’on
peut bien mettre en valeur les capteurs d’arrosage automatisé dans les plantations. Le Bénin
dispose aujourd'hui d'un laboratoire de fabrique numérique dénommé « Blolab »147 qui a mis
au point un dispositif d’arrosage de plante dont le prototype est rendu fonctionnel en utilisant
une onde Bluetooth entre un émetteur (un téléphone mobile) et un récepteur (capteur
d’arrosage). Il est aussi fréquent de constater des astuces de transfert de fichier pour Bluetooth
au sein de la couche juvénile de la commune d’Abomey-Calavi dépendante des équipements
mobiles comme les téléphones, les tablettes et les ordinateurs portables. Cette technique permet
de ne pas faire usage d’internet pour échanger des fichiers quand on est physiquement proche
de son interlocuteur. Le Bluetooth est couramment utilisé pour le partage d’image, de musique
et de film entre deux téléphones. Il est aussi utilisé pour envoyer et recevoir un fichier entre
deux ordinateurs portables. Les jeunes sont les utilisateurs de cette technologie pour le transfert
de fichiers. Ils l’utilisent aussi pour partager leur connexion internet entre leur smartphone et
leur ordinateur portable. Nous avons constaté sur le terrain que plus de 8 % de nos enquêtés
utilisent la fonction de prise de vue de leur téléphone portable comme l’illustre les données du
tableau ci-après. Les images ainsi prises sont ensuite transférées à des proches par Bluetooth.
Tableau 12 : Proportion des enquêtes qui utilisent la fonction photo de leur téléphone
Photo
Avez-vous au moins un téléphone ?
Non Oui Total
Non 100.00 0.00 100.00
Oui 91.11 8.89 100.00
Total 91.84 8.16 100.00
Nous remarquons cependant qu’il n’y a pas d’engouement dans l’usage de la fonction photo
des téléphones portables de nos enquêtés. Plus de 90 % des détenteurs de téléphones portables
pourvus de la fonction photo n’en font pas usage. Ce constat n’implique pas non plus une
incapacité d’usage de la fonction. Probablement que la nécessité de l’usage de la fonction ne
s’est pas présenté à eux. Il y a aussi quelques enquêtés qui utilisent la fonction vidéo de leur
145
téléphone portable. Cette cible représente plus de 2% de nos enquêtés comme le révèle le
tableau ci-après :
Tableau 13 : Proportion des enquêtes qui utilisent la fonction vidéo de leur téléphone
Vidéo
Avez-vous au moins un téléphone ?
Non Oui Total
Non 100.00 0.00 100.00
Oui 97.78 2.22 100.00
Total 97.96 2.04 100.00
Il y a plus de 97 % des enquêtés qui n’utilisent pas la fonction vidéo de leur téléphone portable.
Il faut reconnaître que l’usage de cette fonction nécessite de disposer d’une bonne capacité de
stockage. Il en est de même pour les photos mais dans une moindre mesure. Pour transférer les
vidéos aussi d’un téléphone à un autre, il faut se donner un temps de transfert relativement long
en fonction de la taille et de la qualité de la vidéo. Les données ainsi collectées sont partagées
par Bluetooth sur le téléphone d’autres proches. Nous avons indiqué plus haut que le drone est
un outil qui utilise les ondes de fréquence sans fil non mobile pour communiquer avec sa
manette de commande. Sa manipulation appelle une acquisition de savoirs auxquels le bas
niveau d’étude des producteurs d’ananas enquêtés ne leur donne pas accès. Les drones prennent
de meilleurs photos et vidéos mais leur manipulation est laissée aux sachants. En dépit de son
coût d’acquisition supportable par certains producteurs qui disposent d'une bonne surface
financière, sa prise en main n’est pas à leur portée. La collecte de l’information est une phase
du travail et l’interprètation des données en est une autre encore plus complexe. Le faible niveau
d’instruction des acteurs réduit et même annihile leur capacité à profiter par eux-mêmes
pleinement de cette technologie de l’agriculture de precision.
De ces constats, nous retenons la réalité d'une faible appropriation des systèmes sans fil par les
producteurs, lorsqu'on la compare à leur niveau d'instruction. Nous pouvons donc confirmer
comme l'indique la deuxième hypothèse secondaire, que le faible niveau scolaire est un
handicap à la capacité de nos enquêtés à profiter pleinement des TIC en général.
146
Bénin. L’ensemble des opérateurs GSM privés utilise la norme GSM et l’opérateur historique
utilise les équipements de la norme CDMA. Ces technologies reposent sur l’utilisation de cartes
Sim. Une carte Sim (Subscriber Identity Module) est une puce de transport et de stockage de
données qui communique avec les émetteurs posés souvent sur des pylônes de station de base.
Elle comporte les informations sur l’abonné d’un réseau téléphonique. Elle est unique avec son
numéro IMSI (International Mobile Subscriber Identity) qui est composé du code du pays, de
l’identifiant de l’opérateur et de l’identifiant de l’abonné.
La norme CDMA (Code Division Multiple Access) repose sur l’étalement de spectre. Elle
permet à plusieurs liaisons numériques d’utiliser simultanément les mêmes fréquences de code
de transmission. Elle s’utilise dans la téléphonie mobile. La norme CDMA 2000 permet aux
opérateurs d’offrir à leurs abonnés des services internet haut débit avec l’évolution data
optimized (Ev-DO)148. Cette norme Ev-DO est standardisée par le 3rd Generation Partnership
Project (3GPP)149. Avec la SIM CDMA, les abonnés obtiennent des connexions internet mobile
2G, 2.5G et 3G actuellement dans le monde. La masse critique des utilisateurs de la technologie
CDMA est moindre si l’on la rapproche de la taille des utilisateurs des technologies successives
que sont le W-CDMA de l’UMTS et l’OFDMA de la LTE.
En 1981, la technologie FDMA (Frequency Division Multiple Access) 1G a été mise en place.
En 1991, on est passé à la technologie TDMA (Time Division Multiple Access) et FDMA 2G
avec la norme GSM (Global System for Mobile communication). En 1995 et en 2000, il a été
mis en place respectivement la technologie CDMA (Code Division Multiple Access) 2G avec
la norme CDMA One et la technologie CDMA 3G avec la norme CDMA 2000. En 2001, on
est arrivé à la technologie W-CDMA (Wideband Code Division Multiple Access) avec la norme
UMTS (Universal Mobile Telecommunications System). Depuis 2009, on a la technologie
OFDMA (Orthogonal Frequency Division Multiple Access) avec la norme LTE (Long Term
Evolution) en évolution croissante.
Le Global System for Mobile communication (GSM) est une norme numérique pour la
communication des réseaux de première génération mis en place dans les années 1980. Cette
technologie a évolué pour atteindre la LTE Advanced de nos jours. Elle a été mise en place par
l’European Telecommunucations Standards Institute150. Elle a ensuite évolué pour devenir
147
GPRS151, EDGE, UMTS, LTE et plus tard LTE Advanced grâce à la standardisation de la
3GPP.
Les technologies 3G et 4G sont les plus utilisées actuellement. La technologie 5G est en
déploiement progressif dans plusieurs pays. Le Bénin n’a pas encore entamé un processus de
déploiement de la 5G dans son écosystème numérique à l’horizon 2020. A l’origine de la
diffusion des ondes mobiles sans fil, il y a eu la mise en place de la technologie GPRS (2.5 G).
À la suite de la technologie GPRS, on a eu la mise en place successive des technologies EDGE
(2.75G), UMTS (3G), HSPA (3.5G), HSPA+ (3.75G), LTE Advanced (4G), IMT-Advanced
2020 (5G). L’accès internet par la technologie LTE est offert par Bénin Télécoms Services SA
et les Opérateurs GSM Moov et MTN. Toute la zone du territoire de notre espace d’étude est
couverte par les équipements de diffusion de la connexion 4G de Bénin Télécoms Service SA
et des deux autres opérateur GSM. Avec l’arrivée de la 3G et ensuite de la 4G, l’accès internet
a été démocratisé au Bénin. Les coûts ont été globalement réduit avec des offres
promotionnelles d’accès internet. Le service 4G152 de Bénin Télécoms Service SA peut
s’utiliser avec une clé internet 4G ou un router 4G LTE ou un téléphone compatible 4G LTE.
Il en ait de même pour les autres opérateurs. Il propose des forfaits illimités et des forfaits
volume.
Certaines offres des fournisseurs d’accès internet par la 4G LTE se présentent comme suit :
Pour Moov
- Forfait illimité valide durant un mois avec des bandes passantes variables en fonction
du paiement. Il y a le parc de 25.000 FCFA, celui de 45.000 FCFA et celui de 75.000
FCFA.
148
- Forfait volume de 500 Mo à 1.500 FCFA valide durant un mois
Pour MNT
- Forfait illimité valide durant un mois avec des bandes passantes variables en fonction
du paiement. Il y a le parc de 15.000 FCFA, celui de 25.000 FCFA et celui de 45.000
FCFA.
- Forfait volume spécial de 400 Mo à 2.000 FCFA valide durant une semaine
Toutes ces variétés de SIM embarquant et déployant les technologies des plus anciennes aux
plus récentes ont été implémentées et éprouvées au Bénin. Les ondes wifi, Bluetooth et WiMax
et les autres ondes mobiles ont également été implémentées et éprouvées dans le milieu urbain
béninois. Nous allons observer leur forme d’application et d’appropriation en milieu agricole.
Nous avons des habiletés de partage de connexion en milieu rural avec l’usage des Kit de router
4G LTE au lieu des clés internet 4G LTE. L’expérience utilisateur est meilleure avec l’usage
des connexions internet de bonne qualité comme celles offertes avec la 4G LTE.
149
Chapitre 8 : L’appropriation des
technologies mobiles en milieu rural
Pour traiter la question de l’appropriation des technologies mobiles en milieu rural nous avons
posé une série de questions à nos enquêtés comme indiqué dans les questionnaires mis en
annexe de cette thèse. Nous avons notamment posé les questions suivantes :
faites-vous usage des outils technologiques pour arroser l'ananas (capteur pour arroser)?
si oui, dans le cadre de votre activité agricole, que faites-vous sur internet?
Nous avons énoncé les raisons de la conduite de cette thèse et les motivations qui la sous-
tendent plus haut. Il nous parait utile de rappeler que ce travail aura à répondre à des
questionnements que la recherche nous a permis d’élucider. En effet, notre objectif principal
est d’apprécier la pénibilité des activités champêtres chez les producteurs qui se sont approprié
les technologies mobiles dans leurs activités agricoles. Nous savons que d’autres facteurs autre
que la technologie, peuvent contribuer à l’amélioration de conditions de travail et de vie des
producteurs d’ananas cependant, elle mérite d’être observée. Ainsi, nous essayerons de
déterminer comment les données collectées aux moyens des technologies participent à
l’amélioration des conditions de travail des producteurs d’ananas en milieu rural. Pour y
parvenir, nous avons formulé des interrogations spécifiques qui sont les suivantes :
150
Les producteurs d’ananas ont-ils amélioré leurs relations aux clients en fonction du
potentiel technique inhérent aux technologies mobiles disponibles ?
L'accès aux données par le biais des technologies mobiles a-t-il permis aux producteurs
d’ananas d’avoir un revenu stable ?
Pour investiguer ces questionnements, nous nous sommes proposé une hypothèse principale et
des hypothèses secondaires. Ainsi, nous pensons que le recours à des professionnels de la
manipulation des données issues des drones et du commerce en ligne aux côtés des producteurs
d’ananas changera durablement les conditions de pénibilité de travail et de vie des acteurs. Il
nous parait aussi réaliste de dire que :
Le revenu issu de l’ananas pour le producteur est lié au niveau d’introduction des
technologies mobiles dans les activités agricoles et commerciales.
Le faible niveau d’études scolaires réduit la capacité des producteurs non instruits à
profiter du potentiel de développement offert par les données issues de l’appropriation
des technologies. La réduction considérable du faible rendement à l’hectare chez les
producteurs d’ananas et la perte de l’ananas frais dans les champs réduira la pauvreté
des acteurs et contribuera à la mise en œuvre de l’ODD 1.
En effet, si l’usage des technologies mobiles en milieu rural est mis en adéquation avec les
capacités opérationnelles des acteurs des changements conséquents seront enregistrés dans leur
vie. Nous avons mis l’accent sur les producteurs d’ananas dans le cadre de la conduite de cette
recherche pour des raisons que nous avons déjà évoquées plus haut. Toutefois, le choix de la
cible repose d’une part sur la pénibilité de l’activité et d’autres parts sur le caractère très
périssable de ce fruit qu’est l’ananas. Si après 18 mois de dur labeur le producteur doit être déçu
et ruminer sa peine, le déséquilibre social entre riches et pauvres sera encore plus accentué. Une
151
collecte de données de terrain nous permet d’affiner au mieux l’appréciation de l’usage et de
l’appropriation des technologies mobiles par la population cible. Durant plusieurs semaines
nous nous sommes incrustés dans le quotidien de notre cible pour faire de l’observation et
d'administrer un questionnaire pour mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain. Ce
questionnaire a préalablement été éprouvé auprès d’une équipe d'enquêteurs pour nous
convaincre de la pertinence de nos questions et de leur interrelation avant d’être soumis à nos
enquêtés. L’administration dudit questionnaire a été fait en milieu de travail du producteur
d’ananas pour assurer que les réponses que chaque enquêté fournit est en cohérence avec la
réalité visuellement observable. Les données obtenues ont été consolidées en utilisant les outils
statistiques. Au terme de ce travail, les résultats ont été produits sous forme de tableaux dont
l’interprétation permet de mieux comprendre la situation de notre cible et de nous satisfaire ou
non de l’atteinte de nos hypothèses. La situation semble alarmante en matière de modernisation
des conditions de travail des producteurs d’ananas. Presque tout se fait encore comme par le
passé avec la pénibilité que cela présente. Nos producteurs se servent toujours de la daba et la
houe jadis utilisées par leurs aïeux. Ils sont intéressés par les tracteurs mais ont individuellement
peu de capacité financière pour faire face à son acquisition et à son entretien. Quoi qu’ils soient
en association, ils n’ont pas encore pu mobiliser les ressources financières suffisantes pour en
posséder. Quand le besoin devient pressant, ils sont contraints d'en louer auprès de l’une des
associations de producteurs de coton ayant reçu suffisamment d’appui public au motif de la
valeur de rentes de ce produit au Bénin. Sur les sept associations de producteurs d’ananas, ce
ne sont que les seuls acteurs de l’association communale de Toffo qui font cet effort sporadique
de recours au tracteur. En effet, l’un des groupes de cette association dispose d’un tracteur pour
l’entraide des membres. Les membres assurent la fourniture de carburant et le paiement du
conducteur pour faire usage du tracteur. Les producteurs d’ananas non membres de ce
groupement louent le tracteur à raison d'environ 55.000 francs CFA à l’hectare. Par le passé,
l’association communale d’Allada avait elle-même un tracteur; mais il n’a eu que huit mois de
fonctionnement. C’est un tracteur non adapté au dessouchage des racines d’ananas après la
récolte et aussi inadéquat pour traiter les moignons d'arbres abattus restés enfoncés dans la terre.
Ce tracteur n'était efficace que pour la production de maïs. Aussi, pour apporter des
compléments d'eau au rejet d’ananas en pousse, un producteur a reçu l’appui de quelques
partenaires pour installer un château d’eau dans la plantation. Il réalise des tranchées
d’irrigation et fait parvenir l’eau dans le champ en cas de nécessité.
Pour cela, il fait recours à la main-d’œuvre locale pour l'arrosage des plants.
152
Figure 22 : Tranchées servant à l'irrigation du sol pour la croissance des plants d'ananas
L’eau étant une denrée indispensable dans l'absolu pour le rendement optimal des plants
d’ananas, en cas de pénurie, certains plants d’ananas rabougrissent et présentent une perte de
croissance et, in fine, un rendement très faible, avec des fruits quasiment non
commercialisables, ou n'ayant pas la saveur voulue.
Au niveau des promoteurs d’initiatives innovantes au Bénin, nous avons l’équipe de
l’incubateur privé béninois dénommé « Blolab153 » qui a mis au point un prototype d’arrosage
des plants à distance grâce à un dispositif composé de : un téléphone mobile de nouvelles
générations, un capteur d’humidité, un Gateway GSM, un système d’alimentation en énergie
solaire et un tuyau d'alimentation, pour automatiser l'arrosage et le commander à distance. Le
153
http://www.blolab.org/ [consulté le 07 mai 2018]
153
producteur ni besoin de savoir lire ni écrire pour en faire usage. Il instruit simplement le capteur
grâce à une application vocale installée sur le téléphone pour ordonner l’écoulement d’eau. Ce
dispositif est perfectible mais le producteur d’ananas peut déjà l’adapter à son besoin. Le coût
de sa mise en place dans un champ d'un hectare est estimé par l’équipe de Blolab à cinq cent
mille (500.000) francs CFA amortissables en une saison de récolte aux dires d’un producteur
d’oignon membre de l’équipe de montage du projet. Il a été à l’initiative du projet pour avoir
été victime de la perte d’une production d’oignon d’une valeur de trois millions de francs CFA,
à cause d’une insuffisance en eau. Ce projet a été présenté et a remporté le premier prix de
l’hackaton organisé en marge de l’édition 2018 de l’IT forum du Bénin. L’usage de cette
solution technologique d’arrosage de plants implique l’usage des ondes de fréquence sans fil.
Hors, il ressort de nos données de terrain qu’il y a un usage mitigé desdites ondes de fréquence.
Le tableau ci-après présente la photographie de l’usage de l’internet qui est l’outil représentatif
de l’usage des ondes de fréquences numériques.
Les enquêtés qui ont déclaré avoir des revenus saisonniers supérieurs à un demi-million, ne font
curieusement pas usage de l’internet. Ils se contentent de la communication orale avec le
téléphone et les échanges de bouche à oreille. Il se peut qu’il y ait d’autres données à intégrer à
la réflexion pour mieux cerner ce choix de très faible usage de l’internet. Mais visiblement,
l’impact du niveau d’instruction des enquêtés se fait ressentir. Savoir lire et écrire est nécessaire
pour utiliser convenablement l’internet quand on a la chance de faire une alphabétisation
numérique. Les gains sont proportionnels aux efforts consentis par chacun des acteurs en terme
de surface cultivée, mais aussi de ventes opérées à la suite de la récolte. Les fonctions appel et
réception du téléphone portable sont les usages expressifs de l’intégration des technologies dans
les conditions de commercialisation de l’ananas par les producteurs auxquels les questionnaires
ont été administrés. Les technologies du drone sont des usages non encore pris en main. Les
154
contacts sont pris avec les acteurs pour les convaincre de l’apport des drones mais la
concrétisation de l’adoption de cet outil ou du moins le recours aux services de production de
données d’aide à la décision avec les drones n’est pas une réalité. Les tracteurs utilisés par les
acteurs par le passé, ne sont pas dotés de fonction de géolocalisation ou de collectes données
avec des capteurs, ce sont des engins mécaniques de labour. Les producteurs d’ananas n’ont
pas encore occupé le web non plus pour faire la promotion de leur produit. L’espace numérique
du marketing de la vente des fruits ananas semble se résumer à la plateforme de promotion de
l’ananas pain de sucre du Bénin que nous avons mis en place et qui est accessible à l’adresse
https://www.am.bj/ .
Les faits montrent une situation paradoxale. Une immersion dans les champs du président de
l’association des producteurs d’ananas d’Allada où il existe un château d’eau pour faire de
l’ananas à contre saison grâce à un système d’arrosage automatisé à distance met en scène
l’usage des ondes sans fil mobiles notamment le réseaux GSM. Ce dernier a déjà un réseau de
clients qu’il contacte par téléphone pour l’écoulement de sa production avec plus ou moins de
satisfaction. Ce producteur a déjà fait l’expérience de l’usage du tracteur et s’est résolu à
recourir à la main d’œuvre locale à la suite de ses expériences non satisfaisantes. Il trouve dans
le drone une série d'atouts et de services qu’il espère pour l’épuration variétale de l’ananas, le
décompte des pieds de plants d’ananas à l’hectare pour en évaluer au mieux le rendement, la
collecte d’information précise sur la surface cultivée et l’état de santé des plants. Ces faits
montrent que le revenu agricole s’améliore avec l’introduction des technologies adaptées. De
ce fait, nonobstant le fait que ceux qui ont des revenus saisonniers importants parmi nos
enquêtés ne déclarent pas utiliser l’internet, nous pouvons déduire que les technologies
apportent un changement de paradigme dans l’accès au revenu. Ainsi donc, nous pouvons
confirmer notre première hypothèse secondaire qui affirme que le revenu issu de la production
d’ananas est lié au niveau d’introduction des technologies mobiles dans les activités agricoles
et commerciales.
Toutefois, comme le reflète les deux tableaux successifs ci-dessous, on note un faible taux de
recours aux engins agricoles. En effet, moins de 1 % des enquêtés utilise un tracteur et à peine
1 % utilise une technologie pour arroser le champ, ceci ajoute une pénibilité supplémentaire
dans les activités pour le grand nombre des producteurs d’ananas. Ceux de Toffo parlent moins
de pénibilité en matière de dessouchage que les producteurs d’autres communes. Mieux, le
tracteur dispose aussi d'accessoires pour broyer les vieux plants, dessoucher ceux qui serviront
d’engrais naturel pour la refertilisation les sols. Mécanisation comme catalyseur de rendement
agricole
155
Le sol destiné à accueillir les rejets d’ananas doit être suffisamment retourné pour garder un
aspect meuble favorable à la croissance du plant. C'est pour cette raison que le labour doit être
fait conséquemment. Malheureusement, la culture de l'ananas au Bénin se fait encore avec les
outils rudimentaires. Il y a seulement 1 % de la population cible qui fait usage de tracteur au
cours de la production. Le tableau ci-après présente les proportions d'hommes et de femmes qui
font recours au tracteur dans le cadre de leurs activités champêtres.
Ici, l'usage du tracteur apparaît comme étant l'apanage des seuls hommes, vue qu’aucune femme
n’a déclaré avoir eu recours au tracteur pour les labours. Cela s'explique bien puisque même au
niveau des hommes, il existe déjà une grande disparité dans la capacité de louer ou d'acquérir
la machine.
Le désintérêt pour les tracteurs a une cause. Certains ont acquis des tracteurs subventionnés par
l’Etat sans pouvoir en profiter pour de multiples raisons notamment l’inadaptation des engins
obtenus à la résistance du sol. Les types de tracteurs acquis sont ceux indiqués sur la figure ci-
après. Ces tracteurs de labour sont montés dans la Commune de Ouidah au Bénin.
156
Figure 23 : Tracteurs de labour sur l'esplanade d'une usine de montage au Bénin.
157
Tableau 15 : Appréciation de l'usage des tracteurs pour la production d'ananas
Utilisez-vous de tracteur ? Fréquence Pourcentage Cumule
Non 147 99.32 99.32
Oui 1 0.68 100.00
Total 148 100.00
La grande majorité des enquêtés soit 99 % n’ont pas de tracteurs. Il y a eu des initiatives de
mise à disposition de tracteurs aux agriculteurs mais les équipements acquis n’étaient pas à la
hauteur des défis. Les tracteurs doivent être adaptés à la terre et à la culture pour laquelle ils ont
été acquis. Dans le cas de la culture de l’ananas, le tracteur doit être capable de dessoucher les
troncs d’arbre et retourner la terre comme cela se voit sur la figure suivante. Mais ce travail est
l’œuvre de la main-d’œuvre locale. Les producteurs font recours aux jeunes de la localité
environnante des plantations en priorité pour tous les travaux champêtres. Les actions à
conduire sont hiérarchisées et aussi indispensables les unes que les autres dans un cycle régulier
de travail. Pour plusieurs producteurs d’ananas rencontrés, le travail se fait comme ci-après : (i)
débroussailler l'aire de production, (ii) la débarrasser des troncs d’arbres, (iii) retourner la terre,
(iv) préparer les rejets à planter, (v) planter les rejets préparés et (vi) suivre sa culture et
l’entretenir jusqu’à la récolte des fruits. Chacune des étapes est importante mais le retournement
de la terre est un travail capital. À ce niveau aussi, et pour faciliter la production, la mécanisation
s'impose normalement. Le niveau d'instruction faible de cette population ne constitue pas
toujours une des tendances lourdes, comme le montre le tableau ci-dessous.
158
75 % des enquêtés qui affirment utiliser le tracteur se révèlent être des personnes non instruites.
Il ressort de ce résultat que le niveau d'instruction n’est pas toujours un critère d'appréciation
de l'opportunité de faire recours au tracteur dans les champs d'ananas, même si le facteur
déterminant reste les moyens financiers. Cette donnée tend à atténuer l’hypothèse selon laquelle
l’instruction est un facteur déterminant dans l’appréciation de l’accès aux outils modernes de
l’innovation agricole.
Il s’agit d’un recours indispensable quand la main-d’œuvre devient rare à l’approche des
périodes de grandes activités champêtres. En conséquence, certains producteurs louent
momentanément des tracteurs pour le labour. Il faut aussi retenir des propos des présidents
communaux d’unions des producteurs d’ananas que le recours à la main-d’œuvre est surtout
aisée à l’approche des fêtes. Ainsi, les producteurs qui ont de l’argent peuvent avoir de la main-
d’œuvre bon marché pour des activités agricoles de tout genre. La culture de l’ananas offre
l’avantage que les rejets peuvent être mis en terre même en période de rareté d’eau en attendant
la prochaine saison des pluies.
Toutefois, il est utile de reconnaitre que le tracteur moderne automatisé reste l’outil de travail
le plus adapté au défrichement, à l’essouchage et au labour. En effet, « depuis la fin des 1980,
l’apparition de l’électronique embarquée a permis de développer des aides à la conduite. Ainsi,
un certain nombre d’opérations récurrentes se déclenchant lors des demi-tours au bout des
champs par exemple, peuvent être programmés par l’utilisateur. La plupart des tracteurs neufs
159
sont vendus avec un ordinateur de bord permettant de surveiller tous les paramètres du tracteur
et détecter un éventuel problème. Il compte en général 3 pédales, à l’image d’une automobile
: à gauche, l’embrayage, au centre le frein (parfois séparé en 2 pédales commandant chacune
un côté de l’engin) et enfin l’accélérateur. La pédale d’accélérateur est très souvent reliée à un
levier actionné manuellement par le conducteur permettant de bloquer le moteur à un régime
constant lors de la réalisation de certains travaux des champs (nécessitant l’utilisation de la
prise de force du tracteur)154 ».
Moins de 2% des enquêtés utilisent les capteurs pour arroser les plants d’ananas comme le
démontrent les données du tableau ci-dessous.
160
Tableau 17 : Appréciation de l'usage des capteurs pour arroser les plantations d'ananas
Faites-vous usage des outils technologiques pour arroser
Fréquence Pourcentage Cumule
l'ananas (capteur pour arroser) ?
Non 146 98.65 98.65
Oui 2 1.35 100.00
Total 148 100.00
Les 98 % des enquêtés subissent encore les aléas climatiques avec des pluies qui se raréfient de
plus en plus du fait des dérèglements climatiques. Cet état de chose n’est pas favorable à la
rentabilité de l’ananas car la bonne qualité de la récolte est tributaire d’une bonne pluviométrie.
En conséquence, certains producteurs ont réalisé des forages pour alimenter leurs plants quand
l'eau vient à manquer. Certains producteurs utilisent des outils locaux qu’ils assimilent à des
capteurs pour arroser les champs quand les pluies se font rares et aussi pour produire des ananas
de contre saison.
Les capteurs que les producteurs utilisent sont de fabrication artisanale et locale. Il s’agit en
réalité de bidon d’eau minérale comme dit ci-dessus, et auquel l’on fait subir un fort débit depuis
la source, à l'ouverture du robinet auquel il est relié par un raccord. Ce ne sont pas des capteurs
télécommandables au sens technique du terme comme celui de l’initiative de l’équipe de
« Blolab ». Certains producteurs font usage des tuyaux en matériau flexible qu’ils perforent par
endroits et les relient à un robinet de forage motorisé. D’autres producteurs situés non loin des
sources d’eau naturelle comme les marais, les rivières et les fleuves, utilisent des moyens
d’arrosage apparentés constitués de moto-pompe et de raccords d'adduction. Ceux qui n’ont pas
les moyens d’acquérir ces équipements font recours à la main-d’œuvre active pour l'arrosage
des plants qui affichent déjà les signes de dessèchement.
Malgré que l'accès à l'eau soit un facteur de succès de la culture de l'ananas, les producteurs
sont encore pour la plupart tributaires des aléas climatiques. Même si le Sud du Bénin est
régulièrement arrosé durant deux saisons, la régularité des pluies n'est pas toujours en
adéquation avec les attentes des producteurs qui espèrent des fruits bien formés, ayant chacun
un poids de plus d'un kilogramme et disponibles, tous les jours de l’année. Dans l’industrie
agricole, plusieurs moyens existent pour assurer la disponibilité en eau dans les plantations. Il
y a la technique de la pompe aérienne alimentée par une source d’eau de surface ou souterraine.
Il y a aussi le recours à l’arrosage par les drones porteurs et arroseurs d’eau. Les drones sont
dotés de capteurs au même titre que certaines pompes aériennes automatisées.
161
Ainsi, à défaut d’utiliser des capteurs pour arroser, la main-œuvre avec ou sans les équipements
motorisés est fortement mise à contribution lorsque commencent par se raréfier les pluies.
Plusieurs producteurs commencent donc à se doter de leur propre forage pour la culture.
Certaines ONG et le Gouvernement ont aussi fourni un appui à certains producteurs en faisant
des forages de puits. La main-d'œuvre saisonnièrement abondante est aussi consacrée à la prise
en charge des tâches qu’un tracteur aurait pu réaliser, comme c’est le cas dans d’autres régions
du monde.
Des résultats issus de notre enquête de terrain, il apparait que l’usage de tracteur et de capteur
pour arroser est pratiquement inexistant chez la majorité des producteurs d’ananas. Mais ceux
qui y ont accès nuancent la notion de pénibilité. La lecture de la pénibilité pour ces derniers fait
référence à la perte d’ananas au champ pour faute de rareté voire inexistence de la clientèle
malgré les efforts énormes consentis durant 18 mois de labeurs. Ainsi, quel que soit le niveau
d’étude, les producteurs d’ananas n’utilisent pas assez ces technologies qui ont pour objectif
d’améliorer la productivité et par la même occasion les conditions de travail. Mais elle cache
aussi les traits d’un manque d’occupation pour la main-d’œuvre saisonnièrement abondante. Le
président de l’association communale des producteurs d’ananas d’Allada a acquis un tracteur
avec un prêt bancaire. Malheureusement, le tracteur qui lui a été livré n’était pas conforme aux
caractéristiques demandées. Mais il a été cependant réceptionné et n’a servi que huit mois. La
réparation de l’engin nécessite des ressources financières importantes sans offrir la garantie
d’aider le bénéficiaire à entrer dans ses fonds. L'épave de l'engin est actuellement exposée
comme dans un musée. Ce cas pose le problème de la banalisation des situations en Afrique.
On suspecte la main invisible d’un ennemi imaginaire.
Les données du tableau ci-dessous traduisent la profondeur de l’usage de la main-d’œuvre.
L'usage de la main d'œuvre physique est abondante (98,65 % des enquêtés l'utilisent).
Les 2 % des enquêtés qui n’ont pas un recours abondant à la main-d’œuvre sont ceux qui
utilisent certains outils modernes de travail. Il y a notamment le tracteur qui est utilisé même si
162
les performances espérées ne sont pas obtenues du fait de la non adaptation de l’engins à la
qualité du sol.
Ceci déteint sur l'appréciation qu'ils ont de leurs conditions de travail qu'ils trouvent assez
difficiles pour la plupart (93 % estiment travailler dans des conditions difficiles, contre 7 % qui
estiment ces conditions acceptables), comme le montrent les données du tableau des conditions
de travail des producteurs d’ananas (voir tableau ci-dessous). Le recours à la main-d’œuvre
valorise le sens de la solidarité avec la parenté qui est autour de soi et qui n’a pas les moyens
de s’offrir une vie décente. Au lieu d’être un donneur de poisson à son parent et ne pas être en
mesure de le lui donner tout le temps, les producteurs qui ont des proches en situation de
précarité leur offrent la possibilité de travailler contre une certaine rémunération. En
compensation, les ouvriers de ce type se sentent propriétaires ou copropriétaires du fait de la
proximité familiale avec leur employeur, et prennent par conséquent soin du travail à accomplir.
Quand bien même les propriétaires des champs d’ananas reconnaissent l’effort soutenu de leurs
ouvriers par rapport à ceux de leurs confrères producteurs, ils ne manquent pas de souligner
qu’il y a un prix à payer pour cela. En effet, certains producteurs nous ont révélé que lorsque
les enfants de leurs ouvriers sont malades ou renvoyés de l’école pour non paiement des frais
d'études, ils se retrouvent être le seul recours. En conséquence, l’argent épargné pour soi et sa
petite famille intervient en continue dans l’action sociale rendant ainsi difficile les conditions
de vie globale parce qu'ils se retrouvent dans l'incapacité d'épargner assez pour s’offrir un
tracteur pas exemple. Mais en achetant aussi le tracteur, ils craignent de semer le chaos autour
d’eux avec le risque d’être victime du cercle vicieux de la pauvreté (voir le tableau relatif aux
conditions de travail des producteurs d’ananas).
93, 29 % des enquêtés déclarent les conditions de travail comme étant difficiles et soutenables
seulement pour les plus persévérants. Il y a près de 7 % des enquêtés qui apprécient leur
condition de travail comme acceptable. Certains de ceux-là ont des outils modernes de travail,
d’autres ont les ressources financières pour faire recours à de l’assistance sans grande
contraintes.
163
En moyenne, les producteurs recrutent huit (08) personnes dans le cadre de leurs activités. Il
s'agit généralement d'ouvriers, mais on y trouve aussi l’appui manuel des proches parents. Le
type de travail pour lequel la contribution de personnes extérieures est sollicitée exige
d'importants efforts physiques. Pour faire le désherbage, on a moins de contraintes que pour
dessoucher les vieux ananas ou les troncs d’arbres dans les champs. Quand on n’a pas de
tracteur pour dessoucher, le recours à la main-d’œuvre devient un impératif. L’ananas ne se
plante que sur un sol où les obstacles comme les troncs d’arbres sont préalablement détruits.
Cette activité est fortement contraignante pour l’ensemble des acteurs de la chaine de
production. L’ouvrier doit fournir un effort physique exceptionnel et le producteur se doit d’être
proche pour se convaincre de ce que le travail évolue son l'itinéraire technique. Pendant cette
phase de l’activité champêtre le producteur d’ananas est omniprésent et encourage son ouvrier
à l’action de qualité. C’est cet état d’esprit que traduit les données du tableau n°18 relatif au
lien entre les conditions de travail et le recours à la main d’œuvre agricole.
Près de 7% de ceux qui estiment avoir des conditions de travail acceptables font néanmoins
recours à l’usage de la main-d’œuvre agricole au même titre que 93 % de ceux qui estiment
avoir des conditions de travail difficiles. Mais la condition de travail se révèle plus difficile
chez la totalité (100 %) de ceux qui ne font pas recours à la main-d’œuvre locale. Le travail de
la terre en général et la culture de l’ananas en particulier est assez fastidieux pour le faire tout
seul sans assistance extérieure depuis la préparation de la terre pour le semi des rejets jusqu’à
la récolte de l’ananas. C’est une culture qui impose indirectement aux producteurs la
collaboration avec les autres, soit la parenté, soit les ouvriers. Ce travail n’est nullement
appréciable s’il est fait avec des efforts physiques solitaires sans aucun concours et assistance.
Pour le désherbage, l’effort physique est moins expressif. Il y a même des techniques pour
ralentir le recours à la main-d’œuvre. Les acteurs ont même des techniques pour ralentir la
survenue de mauvaises herbes dans les champs d’ananas. La photo ci-après en est une
164
illustration. En effet, en dépit de l’effet dévastateur que représentent les matières plastiques non
biodégradables pour le sol, certains producteurs d’ananas les exposent dans les allées des plants
d’ananas pour ralentir voire éviter la croissance des mauvaises herbes, comme le montre la
photo :
Plus de 93 % des enquêtés font recours à la main-d'œuvre active. Les ouvriers sont envoyés
dans les champs dont les terres sont obtenues soit par héritage, soit par achat, soit par emprunt.
La plupart des producteurs achètent les terres utilisées pour leurs activités agricoles. Il ressort
des données de terrain que près de 80 % des acteurs font des achats de terres contre environs
20 % d’emprunts ou par héritage. Les trois tableaux successifs ci-dessous présentent les
statistiques de la possession des terres agricoles. Nous en constatons que les acteurs ont
majoritairement acquis des terres pour faire la culture d’ananas. C’est un signe extérieur de
rentabilité de la production. Un producteur nous a indiqué qu’il a commencé la culture de
l’ananas par passion en prêtant des terres contre cession d’une partie de sa récolte. Après deux
saisons de récolte, il a obtenu les ressources pour acquérir en une fois un hectare de terre. Au
165
cours de la troisième saison de récolte, il s’est libéré des dettes et a réussi à acquérir sa propre
terre. Depuis lors, il n'a cessé d'en acquérir; et en possède sept hectares actuellement. Il conclut
que la production de l’ananas est une activité très rentable. Il retient de son expérience que la
perte d’ananas par manque de clientèle et par rareté d’eau est la grande préoccupation qu’il faut
travailler à résoudre.
167
Moins de 10 % des enquêtés sollicitent une subvention sous forme d'engrais de la part du
gouvernement. 90 % des enquêtés n’ont pas identifié la subvention d’engrais comme étant
importante pour la bonne conduite de leur activité de production d’ananas. Un engrais
spécifique à l’ananas n’est pas encore disponible au Bénin. Cependant certains producteurs font
usage sur l'ananas d'engrais destinés à d'autres cultures comme le maïs sans en maîtriser ni la
dangerosité ni la pertinence. D’autres producteurs ont recours à des engins qui peuvent broyer
les vieux plants d’ananas pour en faire du compost pour la fertilisation du sol afin d’avoir un
champ en bonne croissance avec des fruits bien formés. Le recours aux engins est sollicité par
peu d’acteurs à cause de l’abondance de la main-d’œuvre
En outre, les pistes de desserte rurale et les routes secondaires sont à aménager pour désenclaver
les zones de production afin de permettre une évacuation rapide des récoltes, quand on veut
évoquer la question des infrastructures agricoles. Des dispositifs de retenue d’eau à réaliser
pour des cultures de contre saison sont également des besoins importants pour les producteurs.
L’ensemble de ces infrastructures agricoles sont nécessaires pour améliorer les conditions de
travail des producteurs.
Malgré la pénibilité évoquée, ils ne sollicitent pas spontanément ces infrastructures agricoles
parce que les conditions de leur exploitation ne sont pas réunies. 90 % des enquêtés ne sollicitent
pas les infrastructures agricoles malgré la pénibilité des activités de labours. Les raisons de cette
option sont multiples mais ce qui se dégage des échanges avec le président de l’association
communale d’ananas, les engins disponibles au Bénin ne sont pas adaptés au travail qu’ils font
sur le terrain. Cet investissement n’est pas nécessaire si c’est pour disposer d’un équipement
qui sera défectueux en peu de temps. Ce dernier nous a rapporté une expérience malheureuse
d’achat de tracteur qu’il a obtenu avec un prêt subventionné mais l’équipement n’a été qu’un
jouet inutile. Malgré cela il a reçu une assignation d’huissier pour le remboursement du coût de
tracteur à l’usine de montage de tracteur installée à Ouidah. Il a aussi indiqué de très peu de
producteur ont des capacités financières pour faire face à l’achat d’un tracteur actuellement au
168
Bénin. Cette affirmation confirme à suffisance que le pouvoir économique du producteur est un
catalyseur à son accès aux technologies modernes de production d’ananas au nombre desquelles
nous intégrons les tracteurs dotés de capteur électronique, des dispositifs d’arrosage des plants
d’ananas pour notamment faire la production d’ananas en contre saison. Au-delà de l’ananas
de contre saison, l’eau est une matière première indispensable pour l’obtention des fruits de
bonne qualité. Fort des désagréments connus dans ses activités de production d’ananas, le
président de l’association communale d’Allada nous dit en termes simples que son défi
principal est de vendre l’ananas qu’il produit et non d’acquérir à nouveau des engins parce que
la main d’œuvre lui revient moins contraignante pour atteindre ses ambitions de fin de saison.
La vente de l’ananas est la raison principale pour laquelle les producteurs y consacrent
tant d’énergie. La consommation personnelle ne justifie pas le recours à cette production
comme l’on l’observe pour les cultures vivrières comme le maïs. Les efforts sont vains si in
fine il n'y a pas de livraison à une clientèle. La communication devient un facteur clé de succès
pour le producteur. Les canaux de communication sont divers et multiformes. Chaque
producteur utilisera le canal qui répond à sa capacité intrinsèque. Ce moyen de communication
doit tenir compte de la contrainte de l’écriture ou de la lecture qu’imposent certaines formes de
communication. Toutefois, une intermédiation n’est pas inutile pour se concentrer au lieu de la
production qui comporte en elle-même des contraintes majeures de réussite. L’option
d’intermédiation ne nous a pas empêché de nous intéresser au mode de communication
qu’entretien chacun de nos enquêtés et avec ses clients. Les enquêtés rencontrés durant notre
collecte de données ont présenté l’état des lieux en la matière. Les informations sont compilées
dans les deux tableaux ci-dessous.
169
Tableau 23 : Appréciation de la proportion de producteurs utilisant le bouche à oreille
comme mode de communication avec la clientèle
76,7% des producteurs informent leurs clients sur la disponibilité d’ananas de bouche à oreille
et 68% par téléphone (principalement par sms ou par appel). Ainsi, on constate une utilisation
limitée des technologies modernes dans les relations avec les clients. Quand on met ce résultat
en lien avec le mode de vie sociale, il est loisible de s’en féliciter. Dans nos sociétés de solidarité
affirmée, la propriété des uns et considérée comme celle de tous et de chacun. Ceux qui ont les
170
téléphones sont les relais naturels d’information pour ceux qui n’en possèdent pas. Et la plupart
des enquêtés en possèdent. Cependant, la fonction essentielle dont ils font usage est celle de
l’appel et de la réception. Cette fonction est essentielle pour les populations à forte culture orale
comme celle de notre cible. La possibilité qu’ont ces acteurs de posséder des téléphones mobiles
qui leur prennent du temps à être envoyés pour la charge de la batterie, souvent chez un voisin
au domicile quelque peu éloigné, et ensuite du temps perdu à nouveau à aller les récupérer; et
pareil pour acheter des crédits de communication, est à saluer. Ces téléphones servent à appeler
les correspondants pour les affaires en ligne. Les échanges téléphoniques s’intègrent au modèle
local de commerce à distance qui prend sa source de la confiance établie entre les acteurs
pendant des transactions physiques antérieures. Se connaissant et s’appréciant, les parties
peuvent prendre des risques ensemble; pour l’un le risque de la vente, et pour l’autre, celui de
l’achat, souvent sans avoir vu la qualité du produit pour l’un et sans avoir reçu l’argent de la
transaction pour l’autre.
Pour apprécier au mieux la place de la technologie mobile dans l’amélioration des conditions
de travail, l’élément d’observation initiale que l’on peut avoir dans la conduite d’une recherche
en harmonie avec nos axes de recherche est la disponibilité du téléphone mobile. C’est la
technologie mobile la plus évidente à observer. Mais elle n’est pas seule. Même dans la famille
des téléphones, la recherche des spécificités est importante parce que les usages ne sont pas
identiques d’un téléphone à l’autre, ni d'un utilisateur à l'autre.
91,8 % des producteurs affirment posséder un téléphone. Au nombre de ces derniers, seuls 2,0%
ont un Smartphone., 90,7 % ont un téléphone mobile simple et seul 0,7 % possède un téléphone
fixe. La possession du téléphone fixe ici n’est pas synonyme de possession de téléphone filaire
car nos enquêtés ne nous ont montré que des téléphones fixes mobiles utilisant des fréquences
CDMA. Ils sont vendus par l’opérateur téléphonique national. Ils ne sont pas compatibles avec
les cartes Sim GSM. Ils ne supportent que les cartes SIM CDMA. Le taux de pénétration du
téléphone mobile est assez significatif au niveau de notre cible. Nous n’avons pas pris en
compte la possession de plusieurs téléphones portables par certains enquêtés. Parmi eux seuls
9,3% font du Mobile Money. Même si cela dénote d’une faible utilisation de ce service de
monnaie électronique qui participe pourtant à l’inclusion financière des populations exclues du
système bancaire ordinaire, nous devons en être satisfait. Le portefeuille électronique repose
sur la confiance établie dans le service monétaire. Cette cible a longtemps gardé à domicile, les
économies et les épargnes issues de leurs activités. C’est progressivement qu’ils intégreront le
nouveau modèle de bancarisation qui les épargne du vol d’argent à domicile et ou après les
ventes d’ananas. Seuls 2,0 % utilisent internet. Mais avec cette marge de gens éclairés dans les
171
groupements de producteurs d’ananas, la circulation de l’information et le partage de
connaissance sont des acquis. Les acteurs ont l’avantage d’être organisés avec des séances de
concertation régulières pour échanger les informations sur les progrès du secteur. Ces séances
sont propices pour faire connaître le produit afin de vulgariser les informations obtenues par le
biais d’internet. Ainsi, ils n’ont ni accès aux réseaux sociaux, ni à la consultation sur le web.
On peut en déduire que les producteurs ne font quasiment pas usage de données issues de
technologies mobiles aux fins de faciliter leurs conditions de travail. Les ondes et les fréquences
de technologies sans fil et mobiles dont nous avons parlées plus haut concourent globalement
à la manipulation d’internet. Les paysans n’ont pas souscrit à des systèmes d’information
agricole pour s’informer sur l'évolution des itinéraires techniques de la production.
Toutefois dans le lot, nous avons observé un usage particulier de WhatsApp pour la
communication audio avec des correspondants distants. Cet exemple montre bien que ne savoir
ni lire ni écrire n’est pas un facteur limitant majeur pour les curieux qui lèvent les obstacles
socio-économiques et culturels pour avoir accès à l'outil. Les tableaux ci-après présentent le
détail des données collectées sur l’appropriation et les usages du téléphone.
Plus de 91 % des enquêtés font usage de téléphone portable dans le processus de production.
Les échanges avec le client avant même que l’ananas n’arrive à maturité offre les conditions
d’une assurance de vente pour les produits murs. Le téléphone offre ainsi son potentiel
d’accélérateur de la relation commerciale. Son usage grand public est un indice de progrès
social pour les producteurs d’ananas qui vont se garantir les conditions de vente de leur produit.
Ceux qui ont la possibilité d’envoyer des images avec les smartphones le font également. Nous
avons ci-après la proportion de la fine crème des privilégiés parmi nos enquêtés qui font usage
des téléphones portables de nouvelles générations appelés smartphones en langage commune.
172
Tableau 26 : Appréciation de la possession d'un smartphone
Smartphone Fréquence Pourcentage Cumule
Non 147 98.00 98.00
Oui 3 2.00 100.00
Total 150 100.00
A peine 2 % des enquêtés utilisent un smartphone dans le cadre de la production. Cet outil offre
de nombreux avantages quand il est configuré pour avoir accès à internet. Capture et envoi
d'images, échange vidéo avec son correspondant pour maintenir les liens de la confiance par
l’information audiovisuelle. Le degré de confiance est plus important lors d’une communication
audiovisuelle que lors d’un échange audio simple. Le producteur parle et argumente ce qu’il dit
avec des images observables grâce à l’apport de l’internet dans le mécanisme de
communication. Ainsi se présentent quelques fonctions des smartphones que les téléphones
simples qui n’offrent essentiellement que les fonctions d’appel et de réception associées à celles
de la messagerie ne possèdent pas. La grande masse des utilisateurs du téléphone en font
principalement usage. Notre cible en fait aussi usage en grand nombre du fait du type de
téléphone acquis par les enquêtés et illustré dans le tableau suivant.
Plus de 90 % des enquêtés ont des téléphones mobiles simples utilisables au cours du processus
de production d'ananas. Pour la société d’oralité, ce type de téléphone répond parfaitement aux
conditions culturelles de nos enquêtés. Pour ceux qui ne savent ni lire ni écrire, la
communication orale à distance est une chance d’adhésion à la modernité. Même le téléphone
fixe qui jadis servait de point de ralliement des communications de la parenté vivant à l’étranger
a perdu sa fonction sociale de rassemblement des communautés autour du combiné
téléphonique. Le téléphone fixe est aussi sans fil et mobile de nos jours. Le tableau suivant
montre la représentation des utilisateurs de téléphone fixe.
173
Tableau 28 : Appréciation de la possession d'un téléphone fixe
Moins de 1 % des enquêtés a un téléphone fixe susceptible d'être utilisé dans la production de
l'ananas. Peu de gens en font usage parce qu’ils n’offrent pas les commodités qu'offrent les
téléphones mobiles de type GSM. Pour rechercher son fixe pour émettre les appels, il faut se
rendre dans les offices ou franchises où est présent l’opérateur national de télécommunication.
En résumé, 91,8 % des producteurs affirment posséder au moins un téléphone dont seuls 2,0%
sont des Smartphones, et 90,7 % des téléphones simples. Les fonctions les plus utilisées par nos
enquêtés ont été explorées. C’est de façon naturelle que la fonction appel est évoquée comme
l’usage principal et constitue le motif d'achat du téléphone. Bien attendu que la fonction appel
et celle de la réception sont un binôme indissociable. Le tableau suivant décline la proportion
des enquêtés qui font de l’appel, une fonction de pérennisation de la confiance avec ses clients.
Près de 95 % des enquêtés ont des téléphones utilisables dans les activités de production
d'ananas. Ce service est d'un usage basique et tout détenteur de téléphone en fait usage
prioritairement. Il en est de même pour la fonction de réception d’appel. Les proportions des
appels sont largement supérieures à celles de la réception parce que le producteur ne peut pas
se permettre d’attendre d’être appelé quand il a des produits à maturité. La putréfaction du
produit étant assez rapide, le processus de sa vente est déclenché dès que le produit arrive à
maturité, au risque de faire les frais d’une perte de récolte sur pied. La réception d’appel n’est
donc pas aussi cruciale que l’appel. La réception d’appel est espérée par moins de 50% des
enquêtés comme l’illustre le tableau ci-dessous. Les producteurs d’ananas handicapé par
174
l’instruction et l’usage des fonctions des outils technologiques qui imposent le savoir écrire et
lire font recours aux jeunes qui savent communiquer sur le web en général et les réseaux sociaux
en particulier pour diffuser leur information sur la toile mondiale afin d’améliorer la vente de
leur ananas et réduire à défaut d’éviter la putréfaction de l’ananas frais dans les champs.
La fonction réception d'appel du téléphone est fréquemment utilisée par 43,54 % des enquêtés.
Cette fonction basique est utilisée par tous ceux qui possèdent un téléphone ayant leurs micros
et haut-parleurs fonctionnels. Mais quand on sait lire et écrire, on est en mesure d’écrire ou de
lire des SMS. La masse des enquêtés qui ne sait pas lire et écrire est handicapée dans l’usage
de cette fonction sur leur téléphone. Le non usage de cette fonction est aussi révélateur de la
proportion de ceux qui savent lire et écrire dans notre cible qu’enquête. A l’exception de ceux
qui n’aiment pas écrire en français accessible quand ils écrivent un SMS, ce mode de
communication maintient la confiance entre les parties parce qu’elles détiennent les preuves de
leurs conversations sans être obligés de faire recours à l’opérateur GSM pour les départager
avec l’enregistrement des échanges vocaux en cas de communication par mode d’appel-
réception. Or, la confiance est la clé de la vente à distance et dans le cas des transactions entre
acheteurs et vendeurs d’ananas, le temps est une denrée tout aussi importante. Même en cas
d’absence et d’indisponibilité temporaire des parties, le SMS reste utile et efficace. Le tableau
ci-après fait le point de l’usage de cette fonction par nos enquêtés.
175
La fonction sms du téléphone est fréquemment utilisée par 53,74 % des enquêtés. Le bonus de
SMS gratuit offert par les opérateurs GSM a encouragé l’emploi de ce service par les enquêtés
sachant lire et écrire. Quand leur téléphone le permet, ils prennent des images qu’ils envoient à
leur correspondant pour le mettre en confiance. La qualité de l’image dépend du type de pixels
pris en charge par le téléphone des enquêtés. Par défaut, nous avons vu des portables grand
marché qui ont été achetés en période de liquidation. Certains ont des portables qui offrent de
bonnes qualités d’images photos. Le tableau suivant montre la proportion de ceux qui font des
photos avec leur téléphone pour les transmettre à leurs clients afin de les rassurer de la
croissance des plants pour ceux qui ont pris de l'argent d’avance auprès des clients pour la
culture saisonnière.
La fonction prise de vue du téléphone est fréquemment utilisée par 8,16 % des enquêtés.
Certains enquêtés ont le réflexe de capturer des images avec leurs téléphones mais se désolent
de la qualité médiocre des photos. En cas de renouvellement de téléphone, ils pensent pouvoir
faire attention à cette option dans le choix du nouveau terminal. Les fonctions contenues sur le
téléphone varient d’un constructeur à l’autre sans oublier les variantes qu’on observe au sein
des modèles d’un même constructeur. Les fonctions radio et télévision sont très appréciées des
personnes en milieu rural. Cette fonction supplée le manque de télévision à domicile et au
champ. L’information est ainsi reçue par tous sans discrimination. La télévision est un puissant
moyen de communication et de marketing de produits. Avant et après l’apparition d’internet, il
reste le canal de communication commerciale le plus persuasif de notre époque en matière de
vente et de divulgation d’information commerciale dans le monde. Le tableau suivant révèle la
proportion des enquêtés qui font usage de cette fonction de visualisation de la télévision sur le
téléphone mobile.
176
Tableau 33 : Appréciation de l'usage de la fonction télévision du téléphone
Avez-vous au moins un téléphone ? Télévision
Non Oui Total
Non 100.00 0.00 100.00
Oui 98.52 1.48 100.00
Total 98.64 1.36 100.00
La fonction visualisation d'images télévisuelles sur téléphone est fréquemment utilisée par
moins de 2 % des enquêtés. Certains enquêtés pensent que cette fonction est importante mais
le vendeur de téléphone ne leur en a pas parlé. Ils auraient bien aimé avoir un téléphone qui leur
permet de suivre la télévision nationale à défaut de disposer régulièrement d’électricité pour
allumer sa télévision. Certains des enquêtés n’ayant pas cette fonction disponible sur leur
téléphone font de la visualisation des vidéos un outil de remplacement de la télévision. Ils ont
acquis des cartes mémoires sur lesquelles ils enregistrent les vidéos de leur choix qu’ils
visualisent à volonté. La quantité de vidéos disponible à la visualisation est fonction de la
capacité de stockage de la carte mémoire, ainsi que de l’espace de stockage du téléphone utilisé.
A défaut de la vidéo, il est aussi possible de faire aussi des enregistrements audio pour expliquer
les techniques et acquis de l’expérience à la postérité. Cette fonction est utilisable aussi bien
par tous, les producteurs instruits que par les non instruits. Il suffit d’être informé sur la
démarche sa suivre pour faire des enregistrements audio pour le réussir. Lors des réunions et
des formations, à défaut de pouvoir écrire ce qu’on entend en langue locale ou la traduction en
français, l’on peut l’enregistrer pour s’en référer en cas de nécessité. Cette information
enregistrée peut être aussi distribuée aux proches qui n’ont pas eu le temps matériel ou
l’autorisation de prendre part à la séance d’encadrement ou de renforcement des capacités des
acteurs. Ainsi, au regard des potentiels reconnus à cette fonction, elle est autant importante pour
les populations à forte culture de l'oralité, que l’appel avec son téléphone. Le tableau ci-après
fait le point de l’usage de la fonction vidéo sur le téléphone.
177
Tableau 34 : Appréciation de l'usage de la fonction vidéo du téléphone
Avez-vous au moins un téléphone ? Vidéo
Non Oui Total
Non 100.00 0.00 100.00
Oui 97.78 2.22 100.00
Total 97.96 2.04 100.00
178
La fonction écoute d'émissions radiophoniques à partir du téléphone est fréquemment utilisée
par 37,41 % des enquêtés. Un enquêté nous a informé qu’en cas d’indisponibilité de sa radio
pour défaut de pile, c’est le téléphone qui permet de suivre l’actualité nationale au cours des
travaux champêtres. Les actualités nationales peuvent aussi être disponibles et diffusées par le
biais d’internet grâce à la technologie 2G, 3G et 4G disponible sur les téléphones même en
milieu rural au Sud du Bénin, l’internet est devenu un vecteur de communication efficace. Le
Sud Bénin a l’avantage d’être entièrement couvert par les ondes d’internet mobile offertes par
les opérateurs de téléphonie mobile que sont Moov et MTN. L’internet sur le mobile de dernière
génération permet des possibilités multiples. L’accès à l’information, l’accès à la messagerie,
l’accès aux applications de son choix notamment celles qui sont d’intérêt pour le producteur,
l’accès à des pages web et l’accès à des divertissements, sont entre autres gains issus de la
disponibilité de internet sur un téléphone. Mais la condition première pour en faire usage c’est
la capacité d’adaptation à la technologie, et c'est cela qui nous intéresse. On peut savoir lire et
écrire et être cependant analphabète numérique et incapable d’adapter les technologies à sa
condition personnelle. On peut être incapable de lire et écrire et utiliser cependant efficacement
une application de voix sur IP comme WhatsApp pour communiquer en audio avec des proches.
Le producteur peut aussi se faire aider de ses enfants et proches parents pour mieux profiter du
potentiel de l’internet disponible sur son téléphone mobile. Le tableau qui suit présente la
proportion de nos enquêtés qui font usage de l’internet sur leur téléphone portable.
La fonction internet du téléphone est fréquemment utilisée par 3,40 % des enquêtés. L’un des
usages du téléphone intelligent découvert en milieu agricole est la fonction audio de WhatsApp
qui est mise à profit dans les relations avec divers interlocuteurs. Mais ce service nécessite que
l’abonné souscrive à un forfait de connexion internet. L’usage optimal de l’internet mobile
facilite la communication entre les producteurs et leurs clients par usage de la technique
d’échange oral entre les acteurs avec l’outil whatsapp. Nous nous sommes rendu compte au
cours de notre enquête de terrain qu’avec un faible niveau d’assistance obtenu des proches pour
179
l’activation du forfait internet et l’identification du contact à appeler par whatsapp, le
producteur non scolarisé entre parfaitement en échange avec son client en tout sérénité. Il
améliore ainsi sa relation commerciale, il négocie à sa guise et offre des compromis en tenant
compte de ses contraintes personnelles notamment la nécessité de ne pas être victime de perte
d’ananas dans son champ. Il en résulte une amélioration de revenu chez le producteur au terme
du processus de la vente de l’ananas. Ce constant nous confirme que l’amélioration du revenu
du producteur est tributaire de l’usage qu’il fait des technologies dans son activité de production
et de commercialisation. En matière de production, il peut communiquer aussi avec ses ouvriers
et leur donner des orientations en utilisant l’outil whatsapp.
Au-delà de la possession du téléphone, il est important de voir les services auxquels les
producteurs ont souscrits auprès des opérateurs GSM. Les services disponibles étant nombreux,
nous mettrons en lumière ceux qui sont les plus utilisés par nos enquêtés. Comme il est présenté
dans les tableaux qui suivent, de ceux qui possèdent un téléphone, seuls 9,3% utilisent le service
Mobile Money. Cela dénote d’une faible utilisation de ce service qui devrait en temps normal
sécuriser leurs fonds.
180
Tableau 37 : Appréciation de l'usage du service mobile money de l'opérateur GSM
Mobile money Fréquence Pourcentage Cumule
Non 136 90.67 90.67
Oui 14 9.33 100.00
Total 150 100.00
Le service de réception et envoi d'argent par téléphone mobile est fréquemment utilisé par
moins de 10 % des enquêtés. La souscription à ce service n’est pas indispensable pour recevoir
de l’argent. Par contre pour en envoyer depuis son téléphone, la souscription est impérative.
Toutefois, on n’est pas tenu de souscrire à ce service pour pouvoir envoyer et recevoir de
l’argent au niveau des franchises et des kiosques de relais mis en place par des startups ou des
entreprises sur agrément des opérateurs GSM fournissant le service de transfert d'argent.
Même en souscrivant au service mobile money, l’abonné n’est pas obligé de souscrire aux
autres services de l’opérateur mobile. Pour l’internet par exemple, il peut bien utiliser le wifi
public disponible sur achat de forfait auprès de certains fournisseurs d’accès internet comme
Bénin Télécoms Service SA ou Isocel télécoms. Ces deux fournisseurs ne sont pas des
opérateurs GSM. Les Opérateurs GSM qui offrent l’internet mobile actuellement au Bénin sont
Moov et MTN. Ils offrent des forfaits internet mobile incitatifs à ceux qui font usage de leur
téléphone mobile de nouvelle génération pour naviguer. Le contenu du tableau suivant nous
renseigne sur la proportion de nos enquêtés qui font usage du service internet mobile offert par
les opérateurs GSM au Bénin.
Le service de navigation sur téléphone mobile offert par les opérateurs GSM est fréquemment
utilisé par 2 % des enquêtés. Cette statistique n’est pas en déphasage avec l’usage de la fonction
internet des téléphones. Cette information peut nous amener à affirmer que l’usage fait
d’internet au niveau de nos enquêtés l’a été par le biais de l’internet mobile. Presqu’aucun
enquêté n’utilise les réseaux sociaux. Certains (2,54 % des enquêtés) font seulement usage
d'internet pour consulter des boîtes aux lettres en ligne et faire des recherches sporadiques. La
181
qualité du service offert par l’opérateur GSM influe aussi sur l’adhésion des populations aux
services innovants. Il est courant de disposer d’un forfait internet sans avoir accès à internet du
fait des disfonctionnements des réseaux des opérateurs. Si ces services si indispensables ne sont
pas pris en charge avec une expérience utilisateur satisfaisante, il ne doit faire l’ombre d’aucun
doute que les services à valeur ajoutée conçus pour offrir des services spécifiques n’intéressent
guère nos enquêtés. Ils n’en comprennent pas l’utilité et n’en reconnaissent pas la pertinence.
Le service à valeur ajoutée offert par les opérateurs GSM sur téléphone mobile n'est utilisé par
aucun des enquêtés. Ce constat traduit une mauvaise expérience utilisateur sur laquelle les
opérateurs GSM ont besoin de travailler afin d’accroître l'engouement chez leurs abonnés, sans
oublier l’offre de services adaptés à leurs besoins. Dans cette chaîne de besoins, les plus
expressifs sont l’appel et la messagerie. Tout type de portable peut en faire usage sans
contrainte. L’appel a vocation à être d’usage commun et la manipulation de la messagerie est
réservée à ceux savent lire et écrire. Dans ce lot, il y a ceux qui écrivent au son quand ils veulent
émettre un SMS. Ce comportement est souvent mal accueilli et irrite les destinataires qui sont
obligés de faire preuve d’astuce pour deviner ce qui est ainsi écrit. Cette manière d'envoyer des
messages écrits avec des mots au son révèle le faible niveau d’études de ceux qui en font
l’expérience. Le tableau ci-après présente le niveau d’adhésion des enquêtés au service d’appel
et de messagerie des opérateurs GSM du Bénin.
Le service d'appel et de messagerie offert par les opérateurs GSM sur téléphone mobile est
fréquemment utilisé par 79,33 % des enquêtés. Ce sont les fonctions essentielles disponibles
sur tout téléphone. Leur taux d’usage s’améliore au même rythme que l’amélioration de la
182
qualité de service des opérateurs GSM qui induit une bonne expérience utilisateur et la
consommation des services. Quand l’expérience utilisateur est bonne, les retombées sont toutes
aussi bonnes. L’une des appréciations à faire en la matière est que niveau de nos enquêtés est
facteur de maintien du contact avec la clientèle pour la vente d’ananas assorti de contrats de
ventes renouvelés.
21,1 % des producteurs affirment avoir une clientèle fidèle. 76,7 % informent leurs clients sur
la disponibilité d’ananas de bouche à oreille et 68 % par téléphone (principalement par SMS ou
par appel). Ainsi, on constate une utilisation des technologies de téléphonie moderne dans les
relations avec les clients. Avec la rareté de l’usage des tracteurs et des techniques d’arrosage
automatique, l’usage du téléphone mobile notamment dans sa fonction appel et celle de la
messagerie reste le recours principal de nos enquêtés aux technologies de la mobilité. Cet usage
s’intègre au mécanisme de la commercialisation. Il en résulte que la chaîne de production elle-
même est faiblement impactée par la présence des technologies mobiles. Les outils de l’usage
agricole sont globalement rudimentaires. Mais la photographie ainsi faite de notre zone d’étude
et des conditions de travail des enquêtés semble être circonstancielle dans certaines communes
comme Allada, Ouidah et Abomey-Calavi où les groupements de producteurs d’ananas
disposaient de tracteurs. De nos jours, ce sont les producteurs d’ananas de la commune de Toffo
qui disposent dans un groupement, d'un tracteur pour les labours. Les membres de ce
groupement peuvent disposer du tracteur avec la seule contrainte de la prise en charge du
chauffeur et de la carburation. Les non membres du groupement procèdent à une location du
tracteur contre le paiement d’une contrepartie financière. L’emblavure du champ tient souvent
compte des engagements pris avec la clientèle. Plus il est établi ou conclu des contrats de vente
d’ananas, plus le producteur s’efforce de prolonger l’étendue de son champ. Ce sont les
producteurs qui vendent leurs produits dans le circuit du commerce régional et international qui
établissent souvent des contrats de vente et d’engagement avec leurs débouchés. Ceux qui
vendent sur le marché intérieur ne se préoccupent pas de la conquête de la clientèle étrangère.
Les fruits à mettre sur le marché local sont récoltés au fur et mesure qu’ils sont sollicités et mis
en consommation dans les grandes villes commerciales du pays comme Cotonou, Parakou,
Bohicon et Malanville.
Les producteurs d’ananas souhaitent une nouvelle forme de communication sur la qualité de
leur produit d’une part et la mise en valeur de l’itinéraire de la production d’autre part. À la
suite de la vente des produits, des transactions financières sont opérées. Lors de nos travaux de
terrain, les producteurs ont massivement indiqué que tout se passe par la transmission d’une
183
contrepartie en argent liquide. Rare sont les transactions qui s’opèrent par Mobile Money ou
par virement bancaire, comme l’illustre le tableaux ci-dessous.
90,7 %, 10,0 %, 1,33 % des producteurs utiliseraient respectivement de l’argent liquide, Mobile
money et le virement bancaire comme moyens de transfert. Aucun producteur n’a déclaré
utiliser de l’argent numérique de type carte bancaire. Ainsi, il apparait que les moyens modernes
de transferts ne sont quasiment pas utilisés par les producteurs à qui nous avons administré nos
questionnaires. Or, les risques de pertes d’argent en circulation sont importants. Il est aussi vrai
que les moyens modernes comme le mobile money qui est le plus accessible pour notre cible
nécessite une sensibilisation. Les points de ventes et d’achats autrement dit les points de dépôts
et de retrait d’argent doivent être le plus proche de l’usage si nous souhaitons annihiler les
risques de vol d’argent lors du déplacement des acteurs. Ce processus d’éducation à l’usage de
la monnaie électronique doit être organisé et périodiquement renouvelé par les fournisseurs de
ce service ou leurs intermédiaires. Le constat actuel révèle un usage massif de l’argent liquide
comme le souligne le contenu du tableau ci-après :
90,67 % des enquêtés font encore usage d'argent liquide dans les transactions financières avec
leurs clients après la vente d'ananas. L’insécurité financière est encore maintenue par le manque
de repère. Que faire quand on a l’argent à sécuriser en milieu rural ? A cette préoccupation, il
n’est pas rare d’entendre dire qu’on garde l’argent à domicile en lieu sûr. Reste à savoir ce que
l’on peut considérer comme lieu sûr. Le vol peut devenir un problème quand l’argent gardé à
domicile est découvert. Les catastrophes naturelles comme les inondations et les incendies
peuvent devenir des sources de grincement de dents quand le domicile est touché. On peut
souffrir durant dix-huit mois pour cultiver, et tout perdre du fait d'un cambriolage organisé ou
d’un feu provoqué. Nos populations rurales ont donc besoin d’être sensibilisées et
accompagnées pour l’inclusion financière à travers le mobile money, à défaut de recourir au
service bancaire traditionnel. D'ailleurs c’est à peine 10 % de nos enquêtés qui font confiance
aux services bancaires. Quand on recherche la raison de cette non adhésion, on entend parler
184
de la promesse d’un prêt bancaire qu’ils ont du mal à obtenir à cause des nombreuses formalités
et conditions contenues dans les règles générales d'accès aux crédits éditées par ces banques.
Une banque agricole qui tiendra compte des aléas de l’activité de production de l’ananas pour
leur octroyer cependant des crédits est une piste à explorer au niveau politique. Elle sera d’un
atout certain pour les acteurs et améliorerait probablement le taux de bancarisation si ses
conditions pour ne sont pas aussi contraignantes que celles des banques existantes. Pour
l’instant le niveau de bancarisation de nos enquêtés est présenté dans le tableau ci-après.
A peine 10 % des enquêtés font usage d'un virement bancaire dans le cadre des transactions
financières avec leurs clients après la vente.
On constate que les producteurs qui ont déclaré ne pas posséder de téléphone ont, pour leur
majorité un revenu de moins de 200.000 FCFA. Tous ceux qui ont un revenu supérieur à
1 .000.000 FCFA possèdent au moins un téléphone. De ce résultat, on pourrait conclure que
l’utilisation des technologies modernes par les producteurs est fortement corrélée avec leur
niveau de revenu, donc à des facteurs socio-économiques. Si après dix-huit (18) mois de durs
labeurs il vend pour moins de 200.000 FCFA, cela signifie que le producteur gagne moins de
12.000 FCFA par mois soit le tiers du salaire d’un agent payé au SMIG fixé à 40.000 FCFA au
Bénin. Pour ces derniers, le téléphone portable est aussi source de dépenses supplémentaires.
Également, plus les producteurs d’ananas ont un revenu élevé, moins ils utilisent la
communication de bouche à oreille pour informer la clientèle sur la disponibilité d’ananas.
Ainsi, des facteurs socio-économiques, dans le cas d’espèce, le revenu, pourraient bien
expliquer leur faible taux d’accès aux technologies modernes.
Il ressort aussi que les producteurs ayant déclaré utiliser la fonction internet sur leur téléphone
ont tous un revenu compris entre 200.000 FCFA et 500.000 FCFA. Et ceux ayant un revenu
supérieur à 500.000 FCFA, affirment ne pas utiliser l’internet. Les revenus sont aussi
proportionnels à l’emblavure du champ de chaque producteur. Les rendements à l’hectare sont
impactés par la qualité du sol mais aussi le suivi de la production. Les actions de suivi sont
185
faites de la même façon par les producteurs membres des mêmes associations locales du fait
des partages d’expériences que les acteurs s’offraient. Un champ bien entretenu et suivi offre
des rendements significatifs au producteur. Au terme de la récolte, les fruits d’ananas sont
vendus soit à l’hectare, soit par contenu du véhicule à quatre roues 404 Peugeot ici appelé
"bâchée", soit par quarantaine. A la fin du processus, les producteurs ont des revenus
proportionnels à leurs efforts et à la surface emblavée. Ceux qui ont de grandes superficies de
production ont des revenus conséquents comme le présente le tableau ci-après.
Près de 20 % des enquêtés ont un revenu saisonnier supérieur à 500.000 FCFA mais la majorité
des producteurs gagne moins de 200.000 francs CFA par saison. Il faut en déduire aussi que les
surfaces de production de ces derniers ne sont pas vastes. Les charges sont souvent en harmonie
avec les rémunérations agricoles. L’agent obtenu suite à vente de la récolte est mis au service
du bien-être de la famille. Cette ressource sert notamment à assurer les frais d’électricité et
d’eau, les frais de l'alimentation familiale, les frais de téléphonie et la prise en charge sanitaire
des membres de la famille. Les tableaux qui suivent nous renseignent sur les apports financiers
intégrés aux conditions de vie de nos enquêtés.
186
Tableau 44 : Appréciation de la charge mensuelle d'électricité et d'eau
Quelle est la valeur de la charge d'électricité et
d'eau familiale par mois? Fréquence. Pourcentage Cumule
10.000 à 20.0000 29 30,85% 30,85%
20.000 à 50.000 4 4,26% 35,11%
Moins de 10.000FCFA 61 64,89% 100,00%
Total 94 100,00%
64,89 % des enquêtés ont des charges d'électricité et d'eau mensuelles inférieures à 10.000
francs CFA. Il y a certaines personnes qui n’investissent aucune ressource financière dans
l’accès à l’eau dans le ménage. Ils utilisent ordinairement l’eau de puits. Le puits est réalisé à
partir d'un investissement unique généralement par le concours actions communautaires
d’entraide physique.
Pour l’électricité, certains utilisent des lampes à pétrole. Toutefois l’usage de l’électricité de
source solaire et le circuit énergétique conventionnel entrent dans les habitudes des producteurs.
Des forages sont aussi réalisés afin de disposer d'eau potable pour la consommation locale.
L’eau est reconnue communément comme un médicament et l'intrant indispensable principal à
toute préparation alimentaire. L’accès aux trois repas quotidiens est un défi permanent pour nos
enquêtés. Les ressources affectées à l’alimentation sont fonction de la taille des ménages. Plus
de la moitié de nos enquêtés font de l’accès à la nourriture un devoir et un droit humain
inaliénable. Le tableau ci-après donne une photographie de l’importance de l’alimentation dans
les charges du ménage au niveau de nos enquêtés.
61,48 % des enquêtés ont une charge alimentaire mensuelle comprise entre 30.000 et 60.000
francs CFA. Cette ressource permet d’assurer pour l’essentiel, les trois repas quotidiens comme
le présente le tableau ci-après.
187
Tableau 46 : Appréciation de la fréquence d'alimentation familiale
Combien de repas parvenez-vous à assurer à votre
Fréquence Pourcentage Cumule
famille ?
Un 1 0.67 0.67
Deux 3 2.00 2.67
Trois 127 84.67 87.33
Plus de trois 16 10.67 98.00
Total 147 100.00
84,67 % des enquêtés assurent au moins trois repas journaliers à leurs familles. Moins de 01 %
des enquêtés vit dans l’extrême pauvreté induisant l’accès à au plus un repas quotidien. A peine
2 % des enquêtés sont classables dans la rubrique pauvreté alimentaire avec deux repas
quotidiens. La proportion de pauvres et de plus pauvres de notre cible est faible pour induire
une inquiétude d’extrême précarité sociale. L’accès à l’alimentation est indicateur
d’appréciation des conditions de vie des ménages. Pour l’essentiel la production d’ananas offre
des conditions de vie meilleures pour chacun des acteurs de la chaîne production de l’ananas.
Malgré le manque de moyens pour l’alimentation chez les plus pauvres, ils ne sont pas exclus
de l’usage de la communication téléphonique. Globalement, ils se donnent les moyens de
téléphoner comme le reflète les données du tableau ci-dessous.
61,27 % des enquêtés ont une charge téléphonique mensuelle comprise entre 5.000 et 20.000
francs CFA. La communication téléphonique est surtout faite dans le cadre de l’activité
agricole. L’appel est émis pour contacter les ouvriers mais aussi les clients étrangers et les
consommateurs locaux de l’ananas. Cette communication n’amène pas à oublier d'investir dans
la santé au cas où un des membres du ménage venait à tomber malade. Les producteurs sont
188
souvent amenés à contribuer à l’accès à la santé pour certains de leurs ouvriers, ou de proches
parents aux ouvriers. Cet investissement est réintégré au patrimoine avec les travaux accomplis
par les ouvriers assistés en situation difficile. La solidarité est ainsi mise au service des ouvriers
pour leur offrir une certaine assurance au travail.
Ce constat, indiquerait que l’accès aux données par le biais des technologies mobiles est limité
aux producteurs au revenu plutôt faible (moins de 500.000 FCFA). 51,4 % d’entre eux ne sont
pas instruits. 66,7 % n’ont jamais été à l’école. Donc, on pourrait conclure que plus le niveau
d’étude est bas, moins le producteur fait usage du téléphone.
Tous les producteurs utilisant la fonction internet ont fréquenté l’école ou l’école maternelle.
Donc, ils sont instruits. Toutefois, il y a des exceptions observées sur le terrain. Un producteur
non instruit utilise WhatsApp pour la communication audio avec ses proches.
Contrairement à notre hypothèse, le niveau d’étude élevé n’entraine pas la diminution de
l’utilisation de la technique de communication bouche à oreille chez les producteurs. En effet,
près de la moitié de ceux qui communiquent à leurs clients la disponibilité de l’ananas de
bouche à oreille n'est instruite. Il apparait également que l’usage de tracteur et de capteur pour
arroser est pratiquement inexistant. En complément, la main-d’œuvre saisonnièrement
disponible est mise à contribution pour les activités de labour mais également d’arrosage en
utilisant les eaux de forage construits dans certains champs d’ananas. Ainsi, quel que soit le
niveau d’études, les producteurs d’ananas n’utilisent pas ces technologies qui ont pourtant pour
visée d’améliorer la productivité et partant les conditions de travail.
189
La perte de fruit après la récolte est un signe de nécessité de réorganisation de la filière. Les
efforts sont trop importants pour admettre des pertes post-récoltes. La mise en relation des
producteurs avec les potentiels acheteurs est un défi collectif. Ils ne peuvent pas être à la fois
efficaces pour la culture du fruit et sa vente. Des équipes de jeunes en quête d’emploi peuvent
être encouragées à assurer cette fonction de mise en relation en utilisant les plateformes
spécifiques adaptées. La clé du succès de cette activité sera la surveillance des besoins en ananas
et l’octroi de conditions commerciales incitatives. La régulation de l'offre par un mécanisme de
vente à prix abordable pour les producteurs serait souhaitable. La production de fruit contre
saison est aussi envisageable.
Selon 23,33 % des enquêtés, la perte d'ananas après la récolte semble être due à une
surabondance du produit sur le marché pendant certaines périodes de l'année où la demande
n'est pas proportionnelle. Il est possible de mettre en place une communication régulière qui
renseigne sur l’évolution des plants jusqu’à la récolte. Les images et les vidéos de cette
communication susciteront des désirs d’achat auprès des potentiels clients et amateurs
d’ananas.
Selon 75,33 % des enquêtés, la perte d'ananas après la récolte semble être due à une rareté de
la clientèle sur le marché à certaines périodes de l'année. À la vérité, le marché intérieur ne peut
absorber seul toute la production nationale. Il est impératif de travailler à l’exportation du
produit. Mais cela impose aux acteurs de cette chaîne de valeurs, une nouvelle approche de
mise en vente du produit. Il faut mettre un terme à la déconstruction du secteur par les théories
axées sur la coloration du fruit. Il faut progressivement amener les consommateurs à se
reconnaitre dans le label de l’ananas produit au Bénin. Il n’est pas utile de complexifier
inutilement en introduisant un prétexte de coloration qui ne change pas la qualité intrinsèque
du fruit.
L'approche de solution que nous proposons est la reconstruction de l’histoire de l’ananas du
Bénin. Il faut décrire l’itinéraire de la production en détail et lui donner plus de visibilité. Il faut
l’usage des fumiers en lieu et place de l’engrais chimique qui ne contribue pas à allonger la
durée de la conservation du fruit. Les agronomes peuvent se focaliser sur la résistance de
l’ananas et faire en sorte qu’il y ait la mise à disposition d’un rejet de type nouveau. Mais dans
ce processus, il faut éviter la dépendance des producteurs de rejets transgéniques. Ensuite, la
communication offensive sera maintenue sur plusieurs canaux notamment, la télévision, les
réseaux sociaux et un site web spécifique.
190
Appui comme catalyseur de rendement agricole
Les acteurs rencontrés pendant cette enquête recherchent de l’appui pour être à la hauteur des
défis de la commercialisation. Cette filière a été retenue comme une priorité nationale pour la
diversification agricole mais les acteurs en attendent encore plus d'actions pertinentes dans la
pratique. L’ananas n’a pas encore été pris en main par le gouvernement à l’instar du Coton et
la noix de cajou. Si le producteur de coton ou de noix de cajou ne se soucie pas du prix de vente
de la fibre de coton ou de la graine d'anarcade à l’international lorsqu’il entreprend sa récolte,
ce n’est pas encore le cas des producteurs d’ananas. Ils se tracassent pour la production se
lamentent à cause du manque de financement, et en sus doivent se préoccuper de débouchés
incertains. Les banques commerciales sont réticentes à faire des prêts aux producteurs d’ananas
parce que cette activité comporte des aléas importants indépendant du producteur. Il n'existe
pas encore de banque agricole pour accompagner les producteurs non plus. Si l’Etat mettait en
place un mécanisme d’achat de la production auprès des agriculteurs, probablement que cela
donnerait un engouement supplémentaire pour cette filière. Faute de ces appuis, les acteurs
mettent dans cette activité toutes leurs ressources dans l’espoir d’un lendemain meilleur. Ils
sollicitent du financement pour faire mieux en peu de temps. Près de la moitié des enquêtés
recherche du financement pour améliorer leur activité agricole.
Les équipements de travail sont importants pour améliorer les conditions de production. Le
recours aux équipements nécessite des ressources financières importantes qui ne sont pas
toujours disponibles. C’est aussi l’une des raisons de sollicitation du financement à défaut
d’avoir les équipes à portée de main. Certains ont fait l’expérience des tracteurs subventionnés
qui ont fait long feu parce qu’ils étaient inadaptés aux conditions géomorphologiques des sols
des zones de production d’ananas. Les équipements recommandés doivent être de grandes
puissances techniques pour dessoucher les troncs d’arbre et broyer les rejets non utilisables pour
la nouvelle semence. Les retenus d’eau sont aussi des édifices à privilégier en raison de
l’importance de la disponibilité permanente d’eau dans la culture de l’ananas. Ces retenues
d’eau doivent être associées à un système d'adduction pour assurer l’arrosage des plants qui
connaissent une carence en eau. Les infrastructures modernes comme les drones ne sont pas
encore mises à contribution. Pour soutenir le processus d’introduction des drones, il faut mettre
en place un modèle expérimental qui sera une matrice d’observation pour le capteur du drone
d’exploitation. Ce dernier participe comme signalé supra, notamment à la surveillance des
cultures, à la détection de maladies, à l’observation du stress hydrique des plants sur toute
l'étendue du domaine agricole. Pour être efficace, le capteur du drone utilise un modèle
191
expérimental offrant les données recommandées auxquelles il fera référence pour informer des
disfonctionnements observés dans le champ. C’est une infrastructure moderne très utile pour
faciliter les conditions de production. A ce jour, cette infrastructure est absente de notre zone
d’étude. Des tests de constitution de modèle sont en cours pour la culture de l’ananas. Les outils
rudimentaires de travail agricole sont dominants comme infrastructure agricole que niveau de
nos enquêtés. Cependant certains producteurs ont accès à un tracteur et à des points d’eau pour
l’amélioration de leurs conditions de travail.
A peine 10 % des enquêtés sollicitent des infrastructures agricoles pour la production d'ananas.
Malgré la pénibilité évoquée par les acteurs, ils ne sollicitent pas spontanément des
infrastructures agricoles parce que les conditions de leur exploitation ne sont pas réunies.
Comme nous l’avons relevé plus haut, 76,7 % des producteurs informent leurs clients sur la
disponibilité d’ananas de bouche à oreille et 68 % par téléphone (principalement par sms ou
appel). Ainsi, on constate une utilisation limitée des technologies modernes dans les relations
avec les clients. Il est utile de connaitre la proportion des gains saisonniers qui participent à
l’amélioration des conditions de travail des producteurs.
192
Tableau 48 : Appréciation du gain saisonnier en relation avec la communication de
bouche à oreille
Quelle est votre tranche de revenu Moyens de communication sur la disponibilité de
saisonnier? l’ananas – Bouche à oreille
Non Oui Total
2.000.000 à 5.000.000FCFA 66.67 33.33 100.00
1.000.000 à 2.000.000FCFA 40.00 60.00 100.00
500.000 à 1.000.000FCFA 41.18 58.82 100.00
200.000 à 500.000FCFA 21.95 78.05 100.00
Moins de 200.00FCFA 16.67 83.33 100.00
De ce résultat, on pourrait conclure que l’utilisation des technologies modernes par les
producteurs est fortement en lien avec leur niveau de revenu financier, donc influencé par des
facteurs socio-économiques. Également, plus les producteurs d’ananas ont un revenu élevé,
moins ils utilisent le bouche à oreille dans leurs relations à la clientèle. Ainsi, le pourvoir d’achat
pourrait bien expliquer, ou tout au moins en partie, le faible taux d’accès des producteurs aux
technologies modernes. L’accès aux données par le biais de technologies mobiles a-t-il permis
aux producteurs d’ananas d’avoir un revenu stable ?
Les données collectées ne présentent pas un usage significatif des technologies innovantes pour
tirer des conclusions sans y mettre un bémol.
Ont un revenu compris entre 200.000 FCFA et 500.000 FCFA tous les producteurs se servant
d'un téléphone. Ce constat semble indiquer que l’accès aux données par le biais de technologies
mobiles est limité aux producteurs ayant un revenu modeste. Cette information doit être mise
en corrélation avec l’expérience des enquêtés dans la production d’ananas et leur niveau
d’instruction pour mieux en cerner les contours.
193
Scolarisation comme catalyseur de rendement
agricole
Le faible niveau d’études scolaires des producteurs réduit la capacité de ces derniers à profiter
du potentiel offert par l’appropriation des technologies mobiles. Les données relatives à
l’instruction des acteurs sont en harmonie avec les statistiques fournies par l’Institut National
de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) à l’issue du dernier recensement général
de la population au Bénin.
48,65 % des producteurs ne sont pas instruits. Les avaries d'ananas et l'emploi massif de main-
d'œuvre amènent à revisiter le niveau d'instruction de la cible. On note que 51,35 % des
producteurs sont instruits. L’instruction est un catalyseur de curiosité et d’expérimentation.
Dans ce lot de personnes instruites, le niveau d’étude n’a pas été un élément observé; cependant
des indices de faible niveau d’études ont été décelés au niveau de nos enquêtés pendant
l’entretien. Ils ont un échange structuré et peuvent conduire des négociations en langue
française. Ces échanges peuvent aussi se faire en d’autres langues notamment en langues locales
Fongbé et Aïzo. Pour les échanges avec les clients étrangers, la conversation est régulièrement
faite en français et aux moyens de téléphones portables. Nous avons de ce fait apprécié le lien
entre l’instruction et la possession du téléphone portable.
194
66,7 % des producteurs qui n’ont jamais fréquenté l’école n’ont pas de téléphone. 45,86 % des
enquêtés qui n’ont jamais été à l’école, ont des téléphones portables. Le téléphone n’est pas
l’apanage de ceux qui ont fréquenté, même les non instruits s’en procurent et en font usage. La
proportion des enquêtés instruits qui dispose d’un téléphone portable est de 54,14 %. Le
téléphone est entré dans le mode de fonctionnement des enquêtés parce qu’il est pratique et
d’une utilité certaine pour joindre un correspondant. Même si ceux qui ne sont pas instruits
possèdent des téléphones portables, leur nombre est cependant inférieur à celui des gens
instruits qui possèdent un téléphone portable. On pourrait donc conclure que plus le niveau
d’étude est bas, moins le producteur a la propension d'acquérir un téléphone. Or le téléphone
est important dans la communication interpersonnelle et dans la mise en relation avec les
clients. Les producteurs qui n’ont pas de téléphone peuvent solliciter l’accompagnement de
leurs proches pour être accessibles. Mais cela limite leur usage de la technologie pour
communiquer sur la présence et la disponibilité de l’ananas dans leur champ. Le degré de
putréfaction de l’ananas étant assez important, il doit être urgent de mettre la communication
au centre du mécanisme de rentabilité de l’ananas. Cette communication doit commencer dès
que les plants ont présenté un certain état de croissance, avant même la sortie des premiers
fruits. Cette communication doit rester permanente à partir de l’apparition des fruits sous forme
de rappel avec l’indication de nouvelles dates probables de disponibilité du fruit pour les
consommateurs. L’internet est l'outil idéal de communication pour maintenir le contact avec la
clientèle par l'existence de son offre de données actualisées sur le site web de promotion de
l’ananas. L’usage des outils de communication est alors important dans l’amélioration des
conditions de travail et de vie des producteurs d’ananas. De ce fait, le potentiel d’exploitation
des outils de communication par nos enquêtés semble être négativement affecté par leur non
instruction scolaire. Même quand ils achètent le téléphone par exemple, ils ont régulièrement
besoin de l’appui des tiers pour en faire un usage efficient. L’absence d’instruction devient
ainsi un facteur limitant l’usage des technologies et leur adoption par nos enquêtés. Si l’appel
et la réception d’appel sur le téléphone semblent nécessiter moins d’adaptation chez nos
enquêtés, il n’en est pas de même pour l’usage d’internet sur les terminaux que sont téléphones
et ordinateurs. Les outils complexes comme le drone ne sont même pas encore à l’ordre du jour
dans l’amélioration des conditions de travail des producteurs. Les données du tableau ci-après
montrent à suffisance que lorsqu’on n’est pas instruit, on ne peut pas utiliser l’internet soi-
même et l’on a rarement recours aux autres pour qu’ils nous montrent des choses sur internet.
195
Tableau 52 : Appréciation du lien entre l'utilisation d'internet et l'instruction des
producteurs
Utilisez-vous la fonction Internet? Avez-vous déjà fréquenté l’école ou l’école maternelle?
Non Oui
Non 51.33 48.67
Oui 0.00 100.00
Tous les producteurs qui utilisent la fonction internet ont fréquenté l’école ou l’école
maternelle. Nous n’avons pas approfondi le niveau d’instructions des producteurs pour
connaître leur niveau d’achèvement scolaire. Cette information aurait donné une autre lecture
des données observées sur le terrain. Nous observerons les expériences d’ailleurs pour en tirer
des leçons exploitables dans notre milieu d’étude.
196
laboratoire. Les résultats permettent d’opérer les corrections le cas échéant avant de se lancer
dans les activités. Aujourd'hui il existe des drones spécialisés qui peuvent survoler les
périmètres pour faire ces prélèvements et fournir les résultats de l’observation. Cet engin
autonome peut aussi être utilisé pour les semis de précision.
La startup français « Airinov », pionnière et leader français du drone agricole adapte des
capteurs spécifiques à ses drones pour recueillir en vol des données spécifiques comme la
qualité du sol, la présence de maladie ou les besoins d’engrais sur la parcelle. Voici une image
de l’observation de l’un de ces drones d’agriculture de précision.
Figure 28 : Vue d'une séance de présentation du drone dans un champ d’ananas à Allada
197
vie des agriculteurs. […] Il affirme que les drones vont permettre aux paysans d’avoir une
meilleure idée de la fertilité de leur sol et de suivre le développement de leurs plantations155 ».
L’analyse des drones est précise et rapide. Elle repose sur le traitement des images prises par
des capteurs placés sur les drones. Ce processus offre l’avance de déceler les parties de la
plantation qui enregistrent des retards de croissance. Mais cet équipement agricole nécessite
des connaissances spécifiques pour sa prise en main. Le préalable à ce renforcement de capacité
en manipulation de drones est l’instruction universitaire. Or, dans notre milieu d’étude, rares
sont les producteurs qui ont ce prérequis. L’on peut envisager une intermédiation pour
accompagner les producteurs. Dans ce sens une étude de marché est requise pour savoir à
combien il faut acquérir l'appareil, à combien facturer l’assistance technique aux producteurs et
comment amortir l’investissement. Il n’est pas exclu aussi que le Gouvernement assure la mise
à disposition de ce type d’outil dans le cadre de son appui au secteur. Dans ce cas, la
manipulation du drone sera réservée à des personnes ayant les compétences requises pour sa
prise en main.
« L’analyse se fait à l’aide d’une caméra fixée sur le drone, capable de filmer en infrarouge
et donc de déceler la "vraie couleur" des plantes, correspondant à son niveau d’azote et de
chlorophylle. Des informations précieuses pour les céréaliers qui, jusqu’ici, n’étaient
disponibles qu’en prélevant manuellement des échantillons. Grâce à ces relevés de haute
précision, ils peuvent déterminer plus efficacement les besoins nutritionnels des plantes156 ».
En somme, les capteurs des drones de précision font la cartographie de la santé et des besoins
du sol des plantations qu’ils survolent.
155http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/04/19/drones-agricoles-sept-ambassadeurs-africains-formes-a-
198
Figure 29 : Drone en mission de collecte d'informations dans un champ d’ananas
« Les drones peuvent survoler les champs de très haut mais également au plus près des
plantes pour une précision maximale157 ».
Le drone est soumis à une licence de navigation. C’est un mini avion qui utilise les mêmes
fréquences que ce dernier. À cet effet, sa réglementation est un préalable à sa mise en service à
grande échelle. Pour l’expérience française la licence est indispensable avant même le test de
vol du drone.
« La télédétection permet d’observer des indicateurs agronomiques pour chaque mètre carré
de la parcelle sans avoir à faire de prélèvements destructifs. Le drone apporte une nouvelle
façon de faire des prélèvements ou des observations terrain objectives :
Rapidité du prélèvement ;
Précision jusqu’à 5 cm/pixel.
199
Le capteur enregistre la lumière réfléchie par le couvert végétal dans 4 bandes
distinctes : le vert, le rouge, la gamme spectrale du red edge et dans le proche
infrarouge.
Ces bandes ont été définies conjointement avec l’UMR EMMAH de l’INRA d’Avignon et
permettent d’analyser au mieux l’état de santé des plants. En un survol, le drone emmagasine
des données permettant d’accéder à des informations agronomiques inédites sur blé, orge,
colza et maïs :
Biomasse ;
LAI (densité foliaire) ;
Cab (taux de chlorophylle) ».
Labour télécommandé
L’innovation est une piste pour la réduction du coût de la main-d’œuvre et l’augmentation des
espaces emblavés. Les tracteurs sans conducteurs sont désormais disponibles. Ils sont
simplement programmés pour le labour. Mais le cadre réglementaire nécessaire avant de lâcher
cet engin autonome dans les champs n’est pas encore disponible dans un pays comme le Bénin.
Au delà de ces considérations, disposer d'un tracteur requiert un minimum de dispositions
cognitives. En effet l'entretien et les frais liés au fonctionnement d'une telle infrastructure
agricole sont en réalité des charges trop lourdes pour les associations de producteurs de notre
milieu d'étude. Mais en amont de cette question, il faut encore choisir, et savoir choisir le type
de tracteur qui sera le mieux adapté à la culture d'ananas et aux besoins inhérents à cette culture.
200
Il faut en outre que l'opinion rurale comprenne que l'usage du tracteur ne peut être ad vitam
eternam pour le même engin, et que ce dernier ne peut non plus être rentable que si la production
est assez grande. L'optimum rentable étant à mille hectares par an, cette intensité est loin du
constat fait des superficies emblavées au sud Bénin.
Les expériences de labours autonomes ont été faites dans d’autres pays. « Le tracteur maître
est conduit par le fermier alors que le tracteur esclave est totalement autonome, mais il recopie
exactement ce que le maître fait par Global Positioning System (GPS), WiFi ou onde radio.
C'est donc un gain de temps pour la culture des champs. Grâce à tout ce que l'on peut connecter,
le métier des agriculteurs a beaucoup évolué!158 ».
« Un prototype qui, programmé, peut traiter des hectares – labourer, semer, désherber,
récolter – sans jamais se fatiguer, en sécurité, assure son constructeur (guidage et détection
radar et laser), et sous réserve que le plein soit fait. Programmé à distance, il joue sa partition
sous le contrôle (éventuel), par écran interposé, de son pilote159 ».
201
Ce robot tracteur a tout pour être le compagnon efficace du producteur d’ananas. C’est un engin
à tout faire avant l'étape de la mise en terre des rejets. Toutes les conditions sont réunies pour
alléger globalement la vie du producteur. Mais est-il financièrement accessible ? Les conditions
sont-elles réunies pour en assurer la maintenance ou la réparation ? Les réponses à ces questions
sont loin d’être affirmatives.
2017]
160 http://www.rfidconnect.com/BlogDetails.aspx?id=5c1d2243-ccd1-4cdd-885a-f59c7dea2f5e [consulté le 09 janvier 2018]
202
ananas, et enfin les producteurs entre eux. Le rôle de l'équipe qui mettra en place la plate-forme
est d'identifier les offres de produit et d'en faire la publicité sur internet, puis de servir
d'intermédiaire entre l'acheteur et le vendeur pour conclure la transaction. Les frais de courtage
sont à la charge de l’acheteur. Les frais collectés serviront à payer les coûts récurrents de gestion
de la plateforme et la motivation de l'équipe d'intermédiation.
Tout en étant conscient du faible intérêt que les populations du milieu rural ont pour l’internet,
nous faisons le pari d’une entité d’intermédiation dynamique et fonctionnelle, qui sera un atout
significatif pour toute la chaine de valeur ananas du Bénin. La Plateforme se présente comme
suit : http://am.bj/ . Dans ce choix raisonné, nous gardons évidemment à l’esprit comme l’a
affirmé Cécile LAGABE (2002) que « l’internet souffre encore d’un manque d’habitude
d’utilisation161 ».
161 Lagabe, C. (2002) La diffusion de l’information juridique : une activité en pleine mutation. Etude de l’évolution actuelle du
marché de la documentation juridique en France. Mémoire de Diplôme : DSSTID. Paris : Conservatoire National
des Arts et Métiers. p.47. Disponible sur : <http://www.droit-tic.com/pdf/dif_info.pdf > [consulté le 13 janvier 2018]
203
Cette plateforme vante les mérites sanitaires et alimentaires de l'ananas pour les citoyens quel
que soit leur état de santé, y compris les diabétiques. Elle propose un espace de promotion des
offres de vente. Elle met aussi en valeur les besoins de consommation dont les experts de la
plateforme sont saisis. Ce sont les acheteurs qui assurent le paiement de la pérennisation de la
plateforme en outre dédiée aux potentiels clients de l'intérieur et de l’étranger. Il est toujours
utile de s’assurer qu’ils interagissent avec le numérique. Si nous n’avons pas des soucis à nous
faire sur la cible extérieure, celle de l’intérieure a sûrement besoin d’être sensibilisée à aller
vers la plateforme. Quelles sont les influences de ces innovations sur les liens interpersonnels ?
204
Chapitre 9 : Les technologies et les
relations interpersonnelles
Pour mieux apprécier les relations que les individus ont avec les technologies, il est utile de
s’enquérir de la situation socio-économique de ces derniers. Cette situation socio-économique
est riche de relations humaines. Les technologies ont amélioré le contact inter-individus. Les
annonces d’évènements entre acteurs du même village sont largement facilitées. Les
mégaphones sont mis à contribution par les crieurs publics. Les téléphones aussi pour ceux qui
en possèdent. Les radios et les télévisions sont sollicitées pour la large diffusion de
l’information. L’impact de cette contribution de la technologie est tributaire du statut social et
économique de chaque acteur. Cela revient à affirmer que le revenu qui détermine le statut
social est un facteur majeur dans l'appréciation de la capacité d'accès à la communication, et
par conséquent de l'accès aux outils modernes de communication. Ainsi vient de se confirmer
notre hypothèse secondaire numéro trois qui statue qu'il y a une relation de dépendance entre le
pouvoir économique des producteurs et l’accès aux innovations technologiques. Les données
collectées sur le terrain le confirment et révèlent pour aller plus loin, que la majorité des acteurs
de la filière sont de sexe masculin (90 % des enquêtés). Les propriétaires des plantations vivent
en milieu rural pour la plupart, soit près de deux tiers (76 %). Mais, il est important de noter
que les enquêtés affirment exercer des activités complémentaires à la production d'ananas
(75,17 %). Ceux qui s'adonnent à la production d'ananas semblent être, au regard des données
de terrain, des indépendants du secteur informel (65,77 %). 90 % des enquêtés cultivent d'autres
vivriers.
Nos enquêtés sont majoritairement de sexe masculin et sont concentrés dans le milieu rural
comme le révèlent les données du terrain.
Moins de 7 % des femmes sont dans la production d'ananas alors qu'elles représentent 51,2 %
de la population béninoise. La population cible interviewée révèle que les femmes sont certes
205
majoritaires, mais peu nombreuses dans les activités pénibles comme celle à laquelle nous nous
sommes intéressé.
Tableau 54 : Appréciation de la résidence des producteurs
Où habitez-vous? Fréquence Pourcentage Cumule
milieu urbain 7 6.42 6.42
milieu semi-urbain 19 17.43 23.85
milieu rural 83 76.15 100.00
Total 109 100.00
La plupart des producteurs vivent en milieu rural. Moins de 7 % seulement vivent en ville. C'est
une activité qui sollicite l'attention soutenue du producteur, à en croire les acteurs. Sur les sept
(07) communes productrices d'ananas en masse au Bénin, à savoir Allada, Abomey-Calavi,
Kpomassè, Ouidah, Toffo, Tori-Bossito, Zè, quatre (04) ont plus de la moitié de leurs
producteurs qui y vivent. Les producteurs des communes de Zè, d’Allada, de Toffo et de Ouidah
déclarent y vivre tous. Ce constat renforce le statut de berceau de la production d'ananas que
les enquêtés de la commune de Zè évoquaient au passage des enquêteurs.
Plusieurs raisons pourraient expliquer le fait que les producteurs d'ananas ont pour la plupart
des activités secondaires. Ceci peut aussi faire l'objet d'une collecte de données spécifique. Mais
le fait qu'il s'agit d'une production qui se fait en 18 mois peut en être une autre raison plausible.
Le producteur doit pouvoir survivre jusqu’à la récolte prochaine d'ananas.
Tableau 55 : Appréciation des activités secondaires à la production d'ananas
Activité secondaire ? Fréquence Pourcentage Cumule
Cadre Secteur Public 3 2.70 2.70
Employé-ouvrier Secteur public 2 1.80 4.50
Cadre Secteur privé-formel 28 25.23 29.73
Employé-ouvrier Secteur privé-formel 3 2.70 32.43
Travailleur secteur informel 2 1.80 34.23
Travailleur indépendant Secteur informel 73 65.77 100.00
Les producteurs qui s’adonnent à des activités secondaires opèrent surtout en qualité de
travailleurs indépendants du secteur informel (65,77 % des enquêtés) ou dans le cadre du
secteur privé formel (25,23 % des enquêtés). Ce vocable d'indépendants du secteur informel
fait référence à l'agriculture familiale exercée en marge de la culture d'ananas. Et en milieu
rural, plus l’individu est prospère plus il apporte son soutien à la collectivité.
206
Conclusion
Les expériences positives d’intégration des technologies mobiles dans les activités des fermiers
dans d’autres pays du monde nous rassurent sur la perspective réjouissante de l’amélioration
progressive des conditions des producteurs d’ananas du Bénin. Les tracteurs autonomes, les
drones pour arroser les plantations, les plateformes de communication avec la clientèle connue
et espérée sont autant d’atouts pour la transformation positive des conditions de travail des
producteurs. Une attention particulière sera portée sur le maintien de la relation au client afin
qu’après de durs labeurs, l’on n’enregistre plus des pertes d’ananas au motif de la rareté de la
clientèle.
Les solutions technologiques seront intégrées en respectant l’équilibre social afin que la
technologie ne crée pas de nouveaux conflits sociaux. Malgré notre inclination à attirer
l’attention des acteurs sur les progrès disponibles et leur impact direct sur leurs conditions de
travail, nous avons eu des intentions d'adhésion assez timides. L’élément majeur pour lequel
les acteurs cherchent une assistance est la recherche de débouchés fiables. Toutefois, ils ont
admis que l’innovation technologique peut leur permettre de rendre l’ananas disponible en
contre saison avec l’espoir de faire des bénéfices supplémentaires conséquents. Dans cette
partie de notre thèse nous avons passé en revue nos hypothèses et sommes parvenus à la
conclusion qu’elles sont toutes vérifiées eu égard aux données et aux réalités découvertes sur
le terrain.
207
Conclusion générale
208
La synthèse des conclusions partielles
209
les désagréments d'épuisement, de perte de temps et d'argent sont limités par l'usage des
technologies qui apparaissent finalement comme des outils de fluidification et de sécurisation
des procédés culturaux et des procédés de marché.
Alors qui mieux que ces groupes d'intermédiation pour assurer le recensement des terres, la
définition des cadastres, la surveillance des champs, l'état de croissance des plants d'ananas,
l'établissement de la tracabilité du fruit destiné à l'exportation ? Bien sûr, les populations de
producteurs pourraient elles-mêmes l'assurer ; mais pour quels résultats? Leurs connaissances
des technologies agricoles sont basiques dans la plupart des cas, alors que cela requiert une
connaissance et des compétences plus pointues et plus spécialisées, pour obtenir des résultats
probants. Le besoin est d'autant plus réel que la collaboration, le partage et le traitement des
informations et leur coordination, sont des facteurs qui élargiront le champ des opportunités
susceptibles d'améliorer les conditions de vie des producteurs d'ananas de notre environnement
d'étude. En réalité, les plates-formes sont un chemin de contournement des schémas classiques
d'intermédiation, en ce sens qu'elles mettent en relation un grand nombre d'acteurs dans une
perspective holistique, comme c'est le cas entre producteurs et producteurs, entre producteurs
et acheteurs, entre prêteurs et emprunteurs, pour ne citer que ceux-là. Cet appui au monde
paysan est indispensable à court terme car selon les résultats de nos recherches, les téléphones
portables qui sont largement disponibles aujourd’hui ne leur servent même pas à la collecte
d'informations sur la production d'ananas. En dix-huit (18) mois de culture, ils ne font pas une
seule fois usage d'outil d'arrosage automatisé. Ce sont les ouvriers qui parcourent la plantation
des arrosoirs à la main pour le faire avec l'eau issue des forages, afin de pallier les éventuels
déséquilibres climatiques qui pourraient mettre en péril la production. La mécanisation est quasi
inexistante dans la réalité des enquêtés que nous avons rencontrés sur le terrain. Mais cela n’est
pas seulement lié au fait qu’ils n'ont pas l'expertise de la prise en main des appareils, c'est aussi
et surtout en raison des exigences de la maintenance, des frais de réparation, ainsi qu'à leurs
faible niveau global d'instruction. La rentabilité de l'ananas produit sur de petites emblavures
n'est pas évidente, si les producteurs ne l'associent pas à d'autres cultures vivrières afin de
continuer à survivre pendant que l’ananas passe ses phases successives de pousse et de
maturation.
Les téléphones portables semblent plutôt n'être que des outils de communication sociale. Le
besoin de communiquer n’est pas mis en relief avec l’amélioration des conditions de production
et de vente d’ananas. Les acteurs n'ont pas l'avis du connaisseur avisé au moment du choix de
leur téléphone. Les fonctions qu’ils auraient bien voulu exploiter ne sont pas toujours
210
paramétrées dans les téléphones qu’ils acquièrent. Les technologies agricoles sont quant à elles
quasi inexistantes. Les résultats de cette étude reflètent la complexité et les risques qu'évoquent
Eric Pasquati.
La capacitation est essentielle pour la transformation structurelle des modes de production en
milieu agricole. Il est utile que l'éducation primaire élémentaire soit une réalité chez tous pour
espérer obtenir des citoyens une réactivité adaptée aux enjeux du monde d'aujourd'hui. En
favorisant chez l'individu le développement de pensées conceptuelles orientées sur des
domaines vitaux d'activités, les technologies de l'information et de la communication ont
modifié la façon dont les hommes conduisent leurs travaux au point d'être taxées de réinventer
l'homme.
Est-il donc possible d'affirmer avec Alain KIYINDOU que les hommes ont toujours su adapter
les technologies à leurs besoins, quand tout le potentiel technologique de l'environnement
d'étude se résume au téléphone mobile moins sollicité dans leurs activités ? Nous pouvons
répondre par l'affirmative à cette interrogation car l’usage a de tout temps été individualisé.
Celui de l'un ne doit pas être forcément superposé à celui de l'autre avant d'être convaincu de
ce que la technologie améliore sa condition de vie et de communication. Nous avons même
connu l’expérience d’un producteur qui ne sait ni lire ni écrire et qui fait de la communication
audio sur WhatsApp. Toutefois, les pouvoirs publics doivent poursuivre les efforts d'offre
d'accès à l'instruction pour tous afin d'inverser à terme la tendance à l'analphabétisme du monde
rural qui constitue malgré tout le principal secteur apportant au pays la substance alimentaire,
et qui par ailleurs occupe une frange importante de la population. Les technologies des tracteurs
autonomes ou des drones ne sont pas accessibles quant à leurs coûts acquisition, à leur
manipulation et à leur maintenance.
Néanmoins, les systèmes d'information et de communication en général et les technologies
similaires ne peuvent jamais se substituer aux producteurs. L'efficacité réside dans un processus
de renforcement de capacités et de recyclage continuel, non seulement pour mettre les acteurs
au bon niveau d'information sur les innovations, mais aussi pour les y initier progressivement.
Les constats de Chéneau-Loquay Annie qui aboutissent au fait que les technologies seules ne
sauraient résoudre les problèmes sociaux qui s'observent en milieu rural et qui réduisent
l'opportunité de profiter des technologies, semblent également se conforter par les résultats de
notre recherche.
211
Les limites de la recherche
Les technologies du monde agricole sont multiples. Celles que nous avons identifiées comme
potentiellement utiles devraient faire l’objet d’acquisition ou de location pour un usage effectif
dans notre environnement d’étude.
Par ailleurs, le regard extérieur qui voudrait se convaincre d’une transformation totale des
modes d’action en milieu rural n’est pas de nature à tenir compte des spécificités des milieux
d’études.
L’étude de l’implémentation des TIC dans le secteur agricole au Bénin, et plus spécifiquement
dans la filière ananas en vue d’en dégager les impacts sur les conditions de production et de vie
des populations est un sujet quasi original, donc très peu abordé par les auteurs béninois. De ce
fait, cette recherche n’a aucunement la prétention d’avoir traité de fond en comble le thème.
Elle a été soumise à quelques insuffisances qui bien que n’ayant pas remis en cause la qualité
du travail méritent d’être soulignées. Ainsi, la partie méthodologie et conséquemment les
résultats des recherches de terrain sont à aborder avec en conscience les limites qui sont les
leurs. Notre échantillonnage peut avoir impacté le résultat auquel nous sommes parvenu au
terme de cette recherche. Il se peut qu’un échantillon de producteurs d’ananas plus large révèle
de nouvelles tendances de données et d’interprétations. Mieux, si la même étude est conduite
avec une méthodologie de recherche qualitative, il n’est point exclu d’obtenir des conclusions
plus ou moins différentes aux nôtres.
212
L’apport à la communauté scientifique
La transposition des technologies d’un espace géographique à l’autre n’est pas un gage de
succès. Dans les pays développés, des subventions publiques sont mises à contribution pour
mener des recherches et expérimentations. Notre étude confirme l’importante et la place
prépondérante que devraient occuper les technologies dans le processus d’amélioration des
conditions de vie en milieu rural. Tout est l’œuvre de l’homme et son utilité devient identique
quelle que soit sa provenance, si le principe est d’avoir un monde sans faim, prospère et
compétitif.
La communauté scientifique pourrait à partir des constats faits et des résultats de nos recherches
trouver le substrat idéal pour déterminer le degré d'appropriation des nouvelles technologies par
les agriculteurs du sud Bénin. Les théories et travaux existants ont investi abondamment les
technologies agricoles, mais notre apport trouve sa particularité en ce qu'il ouvre une nouvelle
ère sur la production d'ananas au Bénin, et balise par la même occasion les itinéraires à suivre
pour y implémenter ces innovations.
Mais cette recherche a montré qu’entre l’introduction de la mécanisation moderne et l’équilibre
social du milieu rural, les acteurs n’hésitent pas à se référer à la main-d’œuvre dans les champs,
et ce dans l'objectif inavoué de ne pas priver de travail les jeunes des environs, au profit de la
machine dont l’expertise pour la maintenance et la réparation leur échappe complètement.
Ils reconnaissent néanmoins que les services qu'offrent les différents types de drones et la mise
en place des systèmes automatisés d’irrigation peuvent leur permettre de produire de l’ananas
à contre saison.
213
Les nouvelles pistes de recherches
induites
L’usage de la plupart des innovations technologiques paraît être d'une utilité certaine dans
l'amélioration des conditions paysannes en République du Bénin. Mais l'usage du drone
spécifiquement, mérite d’être approfondie quant à son implémentation dans la filière ananas,
afin d'en cerner mieux les contours et ďoffrir des outils plus efficaces d’aide à la décision, sans
perdre de vue la nécessité de mettre en place un mécanisme de pérennisation, de maintenance
des équipements existants, et de renforcement de capacité des acteurs dans l'appropriation et la
prise en main de cet outil désormais incontournable pour une agriculture durable respectueuse
de l'environnement. Le système drone a des applications concrètes pour les producteurs
d’ananas. Le drone peut leur permettre de connaitre avec précision, la superficie de la surface
emblavée en mètres carrés, la position géographique de la plantation, le dénombrement du
nombre de plants existant à l’hectare, l'efficacité de l’épandage d’engrais, la pulvérisation des
herbicides et pesticides, l’arrosage des plants, la détection des plants malades ou souffrant de
stress hydrique. Le champ peut donc être suivi dans la plus grande rigueur, afin d'anticiper sur
tout problème pouvant entraîner in fine une mauvaise récolte. Au cours de chacune de ses
missions, cet outil bourré de technologies collecte des masses importantes de données qui sont
ensuite manipulées par les pilotes encore appelés opérateurs de drones, sur des plateformes en
ligne gérées par les constructeurs. Ces derniers conservent une copie des données et images
rapportées par les drones. Le traitement qui en est fait ne l'est pas à l'insu des constructeurs.
Mais dans ce contexte, qu'en est-il du devenir, de l'archivage, de l'accès, des personnes devant
avoir accès, de l'exploitation actuelle et future, du cadre juridique de la gestion des données
collectées par le drone dans le secteur agricole ? Autant d'interrogations qui ouvrent d'autres
perspectives d'investigations en science de l’information et de la communication. A l’ère de la
collecte et de la manipulation des données massives, la guerre du contrôle de l’information
devient un défi de taille, autant pour les scientifiques de tous bords que pour les capitalistes
racheteurs de brevets. Par ailleurs, qui contrôle l’agriculture ? Est-ce le matériel drone ? Est-ce
le producteur qui recherche les bonnes informations pour prendre des décisions idoines pour
l’amélioration de son rendement agricole ? Est-ce les constructeurs de drones ? La cartographie
des acteurs de l’agriculture de précision et le pouvoir de l’information agricole sont-ils la clé
du contrôle du monde ? Les technologies agricoles sont loin d'avoir livré tous leurs secrets.
214
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229
Annexe
230
Questionnaire d’enquête de terrain
Les renseignements individuels contenus dans Ce questionnaire a été réalisé dans le cadre d'une
ce questionnaire sont confidentiels. Les recherche en sciences de l'information et de la
résultats seront publiés sous forme anonyme communication. Il vise à contribuer à
conformément à l’article 25 de la loi n° 99-014 l'introduction de meilleurs outils technologiques
du 12-04-2000 portant création, organisation dans le milieu de vie des producteurs d'ananas
et fonctionnement du Conseil National de la aux fins d'améliorer leur pouvoir d'achat.
Statistique.
Allada 1
Toffo 2
Tori-bossito 3
Q.003 Commune/lieu d'exploitation Ouidah 4
Kpomasse 5
Zê 6
Abomey-Calavi 7
Cod Alle
Questions Réponses es rà
I - Identification
231
Homme 1
Q.101 Sexe du répondant
Femme 2
milieu urbain 1
milieu rural 3
OUI 1
Célibataire 1
Marié monogame 2
Quelle est votre situation
Q.112 Marié polygame 3
matrimoniale?
Divorcé(e) 4
Veuf/veuve 5
II. Activité agricole
Cod Alle
Questions Réponses es rà
Quel(s) type(s) d'ananas Cayenne Lice 1
Q.201
produisez-vous? Pain de sucre 2
Pour Cayenne
sucre……………………...
Oui 1
Produisez-vous d'autres types de
Q,203
culture? Non Q.2
2 06
233
1………………………………….
Q.204 Si oui, lesquels? 2………………………………….
3………………………………….
1………………………………….
Quelle est la superficie emblavée
Q.205 2………………………………….
pour chacune?(en hectare)
3………………………………….
Cod Alle
Questions Réponses es rà
Utilisez-vous de tracteur Oui 1
Q.206
agricole? Non 2
Faites-vous usage des outils Oui 1
Q.207 technologiques pour arroser
l'ananas (capteur pour arroser)? Non 2
Oui 1
Faites-vous recours à la main
Q.208
d'œuvre agricole? Non Q.2
2 11
……………………………………...
Héritage 1
Pour votre activité agricole, la
Q,210 Achat 2
terre a-t-elle été obtenue par:
Emprunt 3
Pour vous, combien de nombre
Q.211 de mois dure une saison de …………………………………...
production d'ananas?
facile 1
Comment appréciez-vous votre acceptable 2
Q.212
condition de travail? difficile 3
perfectible 4
234
III. Capacité technologique
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Oui 1
Avez-vous au moins un
Q.301 Q.4
téléphone ? Non
2 01
Smartphone 1
Q.302 Si oui, lequel (lesquels)? Téléphone mobile simple 2
Téléphone fixe 3
Appel 1
Réception 2
SMS 3
Quelles sont les fonctions Photo 4
Q.303
disponibles sur votre téléphone? Vidéo 5
Télévision 6
Radio 7
Internet 8
Moov 1
MTN 2
A quels réseaux d'opérateurs
Q.304 Glo 3
GSM êtes-vous abonné(e)?
Libercom 4
BBcom 5
Avez-vous souvent des Oui 1
Q.305 problèmes d'indisponibilité de
Non 2
réseaux ?
Mobile Money 1
A quels services avez-vous
Internet 2
Q.306 souscrits auprès des opérateurs
Service à valeur ajoutée 3
GSM?
Appels / messages 4
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Q.307 Utilisez-vous la fonction Internet? Oui 1
235
Non Q.4
2 01
Email 1
Si oui, dans le cadre de votre
Consultation de site web 2
Q.308 activité agricole, que faites-vous
Q.3
sur internet? Usage des réseaux sociaux
3 09
Facebook 1
Viber 2
Whatsapp 3
Quels réseaux sociaux utilisez-
Skype 4
Q.309 vous dans le cadre de votre
Linkedin 5
activité agricole?
Imo 6
Viadéo 7
Tinder 8
Prix des intrants 1
Echange sur la technique de
2
production
Echange sur l'engrais 3
Echange sur la lutte contre les
4
insectes nuisibles à la culture
A quels types d'informations Positionnement géographique
5
Q.310 avez-vous accès sur les réseaux des produits
sociaux? Nouvelles de vos clients 6
Recherche de nouveaux clients 7
Rappel des dates de sarclage 8
Rappel des dates de semi 9
Prix de l'ananas 10
Contacts des clients 11
Informations phytosanitaires 12
Q.311 Prix des intrants 1
236
Echange sur la technique de
2
production
Echange sur l'engrais 3
Echange sur la lutte contre les
4
insectes nuisibles à la culture
En général, dans le cadre de Positionnement géographique
5
votre activité, à quels types des produits
d'informations avez-vous accès Nouvelles de vos clients 6
sur internet? Recherche de nouveaux clients 7
Rappel des dates de sarclage 8
Rappel des dates de semi 9
Prix de l'ananas 10
Contacts des clients 11
Informations phytosanitaires 12
IV. Relations commerciales
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Avez-vous des contrats de vente Oui 1
Q.401
d'ananas? Non 2
Oui 1
Q.402 Avez-vous des clients fidèles?
Non 2
Bouche à oreille 1
Radio 2
Télévision 3
Comment informez-vous les
Presse écrite 4
Q.403 gens de la disponibilité
Site web 5
d'ananas?
Téléphone 6
Réseaux sociaux 7
Application spécifique 8
Quels moyens utilisez-vous pour Argent liquide (main à main) 1
Q.404 les transactions financières avec Mobile money / Flooz 2
vos clients et fournisseurs? Virement bancaire 3
237
Argent numérique (type carte
4
visa)
Moyen de transfert international
5
(type western union)
Autres moyens de transferts
6
nationaux
Oui 1
Avez-vous connu des pertes
Q.405 Q.4
d'ananas frais? Non
2 07
Offre supérieure à la demande 1
Mauvaise communication 2
Inexistence de plateforme de
Si oui, quelles en sont les 3
Q.406 communication spécifique
raisons?
Rareté de la main d'œuvre pour
4
la récolte
Rareté des clients 5
Oui 1
Avez-vous connu des pertes
Q.407 Q.4
d'ananas séchés? Non
2 09
Offre supérieure à la demande 1
Mauvaise communication 2
Inexistence de plateforme de
Si oui, quelles en sont les 3
Q.408 communication spécifique
raisons?
Rareté de la main d'œuvre pour
4
la récolte
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Oui 1
Avez-vous connu des pertes de
Q.409 Q.5
jus d'ananas? Non
2 01
238
Offre supérieure à la demande 1
Mauvaise communication 2
Inexistence de plateforme de
Si oui, quelles en sont les 3
Q.410 communication spécifique
raisons?
Rareté de la main d'œuvre pour
4
la récolte
V. Pouvoir d'achat
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Moins de 200.000FCFA 1
200.000 à 500.000FCFA 2
Aucun Q.5
1 08
…………………………………
Q.504 ………………………………… 1
239
Nombre de personnes à charge
au primaire?
…………………………………
…………………………………
Cod Alle
Questions Réponses es rà
Moins de 30.000FCFA 1
Quelle est la valeur de la charge 30.000 à 60.000FCFA 2
Q.507
alimentaire familiale par mois? 60.000 à 100.000FCFA 3
Plus de 100.000FCFA 4
Moins de 10.000FCFA 1
Quelle est la valeur de la charge
10.000 à 20.000FCFA 2
Q.508 d'électricité et d'eau familiale par
20.000 à 50.000FCFA 3
mois?
Plus de 50.000FCFA 4
Moins de 5.000FCFA 1
Quelle est la valeur de la charge
5.000 à 20.000FCFA 2
Q.509 de crédit téléphonique familiale
20.0000 à 50.000FCFA 3
par mois?
Plus de 50.000FCFA 4
Q.510 Moins de 30.000FCFA 1
240
30.000 à 60.000FCFA 2
Quelle est la valeur de la charge
60.000 à 100.000FCFA 3
sanitaire familiale par mois?
Plus de 100.000FCFA 4
VI. Qualité de vie
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Un 1
Combien de repas parvenez-
Deux 2
Q.601 vous à assurer à votre famille par
Trois 3
jour?
Plus de trois 4
Oui Q.6
Q.602 Êtes-vous en location?
1 05
Non 2
Grands-parents 1
Si non, êtes-vous dans la maison
Q.604 Parents directs 2
de vos:
Proches parents 3
En cas de logement par Héritage 1
Q.605 propriété, la terre a-t-elle été Achat 2
obtenue par: Emprunt 3
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
Terre 1
Pierre 2
Principal matériau du mur de Planche/bois 3
Q.606
votre logement? Palme/bambou 4
Brique 5
Semi dur 6
241
Autres à préciser
…………………………
Tuiles 1
Dalles 2
Tole 3
Planche/bois 4
Principal matériau de la toiture
Q.607 Palme/bambou 5
de votre logement ?
Terre 6
Paille 7
Autres à préciser
…………………………
Terre/sable 1
Bouse 2
Planche/bois 3
Palme/bambou 4
Principal matériau du sol de Parquet/bois poli 5
Q.608
votre logement? Carreaux 6
Moquette 7
Ciment 8
Autres à préciser
…………………………
Electricité 1
Pétrole 2
Gaz 3
Huile 4
Principale source énergétique
Q.609 Energie solaire 5
d'éclairage de votre maison?
Groupe électrogène 6
Groupe électrogène privé 7
Autres à préciser
…………………………
Voiture 1
Q.610 Quels biens possédez-vous? Moto 2
Radio 3
242
Ventilateur 4
Groupe électrogène 5
Matelas 6
Cuisinière à gaz 7
Réfrigérateur 8
Autres à préciser
…………………………
Cod Alle
Questions Réponses
es rà
VII. Recommandations
243
Quelques résultats de l’enquête sur le terrain
Structure par sexe
Sexe du
Freq. Percent Cum.
Répondant
Homme 136 93.15 93.15
Femme 10 6.85 100.00
Total 146 100.00
Commune/lieu
Freq. Percent Cum.
d'exploitation
ALLADA 50 33.33 33.33
Abomey-Calavi 10 6.67 40.00
Kpomasse 10 6.67 46.67
Ouidah 10 6.67 53.33
TOFFO 10 6.67 60.00
Tori-Bossito 10 6.67 66.67
Zê 50 33.33 100.00
Total 150 100.00
244
Commune /lieu d’exploitation
Dans quelle commune
résidez-vous ? Abomey- Tori-
ALLADA Kpomasse Ouidah TOFFO Zê Total
Calavi Bossito
ABOMEY CALAVI 0 9 0 0 0 0 0 9
ALLADA 47 0 0 0 0 0 0 47
COTONOU 1 0 0 0 0 0 0 1
KPOMASSE 0 0 8 0 0 0 0 8
Ouidah 0 0 0 10 0 0 0 10
TOFFO 0 0 0 0 10 0 0 10
TORI BOSSITO 0 0 0 0 0 1 0 1
TORI CADA 0 0 0 0 0 7 0 7
TORI GARE 0 0 0 0 0 1 0 1
ZE 0 0 0 0 0 0 50 50
Total 48 9 8 10 10 9 50 144
Activités secondaires
Instruction
245
Avez-vous fréquenté l’école ou Sexe du répondant
l’école maternelle ? Homme Femme Total
Non 94.20 5.80 100.00
Oui 93.33 6.67 100.00
Total 93.75 6.25 100.00
Types de culture
246
Disponibilité des outils agricoles
247
Main d’œuvre et condition de travail
Comment appréciez-vous votre condition de travail? Freq. Percent Cum.
Acceptable 10 6.71 6.71
Difficile 139 93.29 100.00
Total 149 100.00
248
Fonctions disponibles sur téléphone
Télévision
Avez-vous au moins un téléphone ?
Non Oui Total
Non 100.00 0.00 100.00
Oui 98.52 1.48 100.00
Total 98.64 1.36 100.00
249
Avez-vous au moins un téléphone Radio
? Non Oui Total
Non 100.00 0.00 100.00
Oui 59.26 40.74 100.00
Total 62.59 37.41 100.00
Mobile
Freq. Percent Cum.
money
Non 136 90.67 90.67
Oui 14 9.33 100.00
Total 150 100.00
250
Usage d’internet avec les services connexes
251
Moyens utilisés pour les transactions financières avec les clients
Raisons
252
Ananas séché
Raisons
Rareté des clients Freq. Percent Cum.
Non 71 47.33 47.33
Oui 79 52.67 100.00
Total 150 100.00
Les producteurs n’ont pas évoqué de pertes liées à la production de jus d’ananas. Cela est
assurément en lien avec le manque de transformation de l’ananas en jus par les producteurs.
253
Quelle est la valeur de la charge
alimentaire par mois? Freq. Percent Cum.
30.000 à 60.000 83 61,48% 61,48%
60.000 à 100.000 13 9,63% 71,11%
Moins de 20.000FCFA 36 26,67% 97,78%
Plus de 100.000 3 2,22% 100,00%
Total 135 100.00
Ratio alimentaire
Combien de repas parvenez-vous à assurer à votre famille ? Freq. Percent Cum.
Un 1 0.67 0.67
Deux 3 2.00 2.67
Trois 127 84.67 87.33
Plus de trois 16 10.67 98.00
Total 147 100.00
Propriété de logement
Etes-vous en location ? Freq. Percent Cum.
Non 140 94.59 94.59
Oui 8 5.41 100.00
Total 148 100.00
254
En cas, de logement la terre
a-t-elle été obtenue par: Freq. Percent Cum.
Héritage 83 65.35 65.35
Emprunt 2 1.57 66.93
Achat 42 33.07 100.00
Total 127 100.00
255
Principale source d‘éclairage de votre maison? Freq. Percent Cum.
Electricité 53 35.57 36.24
Energie solaire 1 0.67 36.91
Gaz 4 2.68 39.60
Groupe électrogène 4 2.68 42.28
Groupe électrogène privé 3 2.01 44.30
Pétrole 83 55.70 100.00
Total 149 100.00
Biens possédés
256
Groupe électrogène Freq. Percent Cum.
Non 135 90.00 90.00
Oui 15 10.00 100.00
Total 150 100.00
257
Prêt à long terme Freq. Percent Cum.
Non 142 94.67 94.67
Oui 8 5.33 100.00
Total 150 100.00
258
Utilisez-vous de tracteur
agricole %
Avez-vous déjà
fréquenté l'école
ou l'école Non Oui
maternelle
Non 57.73 75.00
Oui 36.60 25.00
Non Renseignée 5.67 0.00
Usage d'arrosoir
Deux personnes, en l'occurrence deux hommes ont déclaré faire usage de cet outil. Mais leur
niveau scolaire, n'est pas été renseigné. En revanche, selon les informations fournies, ce sont
deux cadres du secteur privé formel.
259
29 7.59 33.33 5.00 7,73
30 3.16 0.00 10.00 3,87
31 3.16 0.00 0.00 2,76
32 5.06 0.00 10.00 5,52
33 1.90 0.00 0.00 1,66
34 1.27 33.33 5.00 2,21
35 5.06 0.00 10.00 5,52
36 1.90 0.00 0.00 1,66
37 3.16 0.00 5.00 3,31
38 1.27 0.00 0.00 1,1
39 5.70 0.00 5.00 5,52
40 4.43 0.00 0.00 3,87
41 6.33 0.00 0.00 5,52
42 2.53 0.00 5.00 2,76
43 1.90 0.00 0.00 1,66
44 1.90 0.00 0.00 1,66
45 0.63 0.00 0.00 0,55
46 0.63 0.00 0.00 0,55
47 2.53 0.00 0.00 2,21
49 1.90 0.00 0.00 1,66
50 2.53 0.00 0.00 2,21
51 2.53 0.00 5.00 2,76
52 0.63 0.00 0.00 0,55
53 0.63 0.00 5.00 1,1
55 0.63 0.00 0.00 0,55
56 0.63 0.00 0.00 0,55
57 0.63 0.00 0.00 0,55
58 0.00 0.00 5.00 0,55
60 1.90 0.00 5.00 2,21
61 1.27 0.00 0.00 1,1
62 1.27 0.00 0.00 1,1
65 2.53 0.00 0.00 2,21
66 0.63 0.00 0.00 0,55
70 0.00 0.00 5.00 0,55
71 0.00 0.00 0.00 0,55
73 0.63 0.00 0.00 0,55
Total 100.00 100.00 100
261
Sur les 150 enquêtés, un seul répondant a déclaré utiliser WhatsApp et deux seulement a déclaré
utiliser Facebook.
262
Appréciation de la charge sanitaire mensuelle
Valeur de la charge sanitaire par mois? Fréquence Pourcentage Cumule
30.000 à 60.000 53 37,86% 37,86%
60.000 à 100.000 6 4,29% 42,14%
Moins de 30.000FCFA 81 57,86% 100,00%
Total 140 100.00
263
41 6.33 0.00 0.00 5,52
42 2.53 0.00 5.00 2,76
43 1.90 0.00 0.00 1,66
44 1.90 0.00 0.00 1,66
45 0.63 0.00 0.00 0,55
46 0.63 0.00 0.00 0,55
47 2.53 0.00 0.00 2,21
49 1.90 0.00 0.00 1,66
50 2.53 0.00 0.00 2,21
51 2.53 0.00 5.00 2,76
52 0.63 0.00 0.00 0,55
53 0.63 0.00 5.00 1,1
55 0.63 0.00 0.00 0,55
56 0.63 0.00 0.00 0,55
57 0.63 0.00 0.00 0,55
58 0.00 0.00 5.00 0,55
60 1.90 0.00 5.00 2,21
61 1.27 0.00 0.00 1,1
62 1.27 0.00 0.00 1,1
65 2.53 0.00 0.00 2,21
66 0.63 0.00 0.00 0,55
70 0.00 0.00 5.00 0,55
71 0.00 0.00 0.00 0,55
73 0.63 0.00 0.00 0,55
Total 100.00 100.00 100
264
Appréciation du mode d'accès à la terre par achat
Achat Fréquence Pourcentage Cumule
Non 29 19.33 19.33
Oui 121 80.67 100.00
Total 150 100.00
265
Appréciation de la perte d'ananas séché
Rareté des clients Fréquence Pourcentage Cumule
Non 71 47.33 47.33
Oui 79 52.67 100.00
Total 150 100.00
266
Table des matières
267
Dédicace ....................................................................................................................... ii
Résumé ......................................................................................................................... 1
Summary....................................................................................................................... 3
Resumen ....................................................................................................................... 5
Introduction ................................................................................................................ 17
Chapitre 1 : Le Bénin.................................................................................................... 18
Cadre géographique du Bénin ...................................................................................................................... 18
Cadre démographique du Bénin .................................................................................................................. 19
Situation démographique de notre cadre d’études ..................................................................................... 21
Situation climatique du Bénin ...................................................................................................................... 22
Situation Politique du Bénin ......................................................................................................................... 26
Situation économique du Bénin ................................................................................................................... 26
Conclusion................................................................................................................... 63
Introduction ................................................................................................................ 65
268
Chapitre 5 : Le cadre conceptuel et théorique de la recherche ...................................... 66
Justification du sujet ..................................................................................................................................... 66
Problématique .............................................................................................................................................. 71
Objectif principal de la recherche ............................................................................................................ 72
Question principale .................................................................................................................................. 72
Questions spécifiques de recherche ........................................................................................................ 72
Hypothèses de recherche ........................................................................................................................ 72
Cadre conceptuel .......................................................................................................................................... 76
Concept d’appropriation .......................................................................................................................... 76
Concept de technologies mobiles ............................................................................................................ 77
La notion de commerce en ligne .............................................................................................................. 80
Cadre théorique ........................................................................................................................................... 83
Approche théorique des usages .............................................................................................................. 83
La théorie de l’innovation technologique ................................................................................................ 95
La théorie de la diffusion ......................................................................................................................... 99
La vulgarisation agricole......................................................................................................................... 106
Cadre méthodologique ............................................................................................................................... 107
Terrain de l’étude................................................................................................................................... 107
Producteurs d’ananas ............................................................................................................................ 111
Quelques variables à observer ............................................................................................................... 113
La collecte de donnée ............................................................................................................................ 114
Administration du questionnaire ........................................................................................................... 118
Saisie des données collectées ................................................................................................................ 119
Traitement des données saisies ............................................................................................................. 121
Conclusion..................................................................................................................135
Troisième partie : Les technologies mobiles, leurs usages et leurs appropriations ...........136
Introduction ...............................................................................................................137
269
Autonomisation comme catalyseur de rendement agricole ...................................................................... 166
Communication comme catalyseur de rendement agricole ...................................................................... 169
Inclusion comme catalyseur de rendement agricole ................................................................................. 180
Persévérance comme catalyseur de rendement agricole .......................................................................... 189
Appui comme catalyseur de rendement agricole ...................................................................................... 191
Gains comme catalyseur de rendement agricole ....................................................................................... 192
Scolarisation comme catalyseur de rendement agricole ........................................................................... 194
Expériences d’ici et d’ailleurs comme catalyseur de rendement agricole ................................................. 196
Qualité de la terre agricole .................................................................................................................... 196
Labour télécommandé ........................................................................................................................... 200
Arrosage du champ à distance ............................................................................................................... 202
Application web de soutien à la filière ananas ...................................................................................... 202
Conclusion..................................................................................................................207
Bibliographie .................................................................................................................215
Ouvrages..................................................................................................................................................... 216
Thèses et mémoires ................................................................................................................................... 217
Articles ........................................................................................................................................................ 219
Rapports ..................................................................................................................................................... 223
Webographie .............................................................................................................................................. 224
Annexe ..........................................................................................................................230
Questionnaire d’enquête de terrain .......................................................................................................... 231
Quelques résultats de l’enquête sur le terrain ........................................................................................... 244
270
Table des illustrations
Figure 1 : Densité de la population par commune au Bénin (nombre d'habitants au km2....... 20
Figure 2 : Photographie synoptique de la population du département de l'Atlantique ............ 22
Figure 3 : Contrainte climatique du Bénin .............................................................................. 23
Figure 4 : Présentation d'une des deux variétés d'ananas produites au Bénin : le pain de sucre.
.................................................................................................................................................. 30
Figure 5 : Evolution de la production d'ananas de 2012 à 2014 .............................................. 31
Figure 6 : Les deux variétés d'engrais utilisées par les producteurs d'ananas pour la croissance
du plant et celle du fruit d'ananas ............................................................................................. 34
Figure 7 : Semi d'engrais dans une champ d'ananas................................................................. 35
Figure 8 : Champ d'ananas parsemé de maïs semé pour la subsistance. .................................. 36
Figure 9 : Proportion d'utilisateurs d'internet mobile au bénin de 2000 à 2015 ....................... 42
Figure 10 : Proportion d'utilisateur d'internet fixe filaire au Bénin de 2000 à 2015 ................ 43
Figure 11 : Carte administrative du Département de l'Atlantique au Bénin .......................... 109
Figure 12 : Le modèle de conception du dictionnaire ............................................................ 119
Figure 13 : Le modèle de génération de formulaire ............................................................... 120
Figure 14 : Le modèle d'insertion des codes .......................................................................... 120
Figure 15 : Le modèle de génération de l'application de saisie .............................................. 121
Figure 16 : La concaténation des données saisies .................................................................. 122
Figure 17 : Fin de la concaténation réussie des données ........................................................ 122
Figure 18 : Passage de CSPro à Stata avec le fichier concaténé ............................................ 123
Figure 19 : Information lisible au travers du logiciel Stata .................................................... 124
Figure 20 : Modèle numérique de la surface du champ d'ananas survolé par un drone DJI
Phantom 4 ............................................................................................................................... 133
Figure 21 : Indice de résistance atmosphérique visible du champ observé par le drone ....... 134
Figure 22 : Tranchées servant à l'irrigation du sol pour la croissance des plants d'ananas .... 153
Figure 23 : Tracteurs de labour sur l'esplanade d'une usine de montage au Bénin. ............... 157
Figure 24 : Socs de tracteurs non adaptés à l'essouchage et à l'extirpation des racines d'arbres.
................................................................................................................................................ 157
Figure 25 : Exemple de terre retournée pour accueillir les semences d'ananas. .................... 159
Figure 26 : Dispositif d'arrosage automatique des plants. ...................................................... 160
Figure 27 : Technique de ralentissement de la croissance des mauvaises herbes dans les champs
d'ananas .................................................................................................................................. 165
271
Figure 28 : Vue d'une séance de présentation du drone dans un champ d’ananas à Allada .. 197
Figure 29 : Drone en mission de collecte d'informations dans un champ d’ananas............... 199
Figure 30 : Tracteur autonome ............................................................................................... 201
Figure 31 : Plateforme de promotion de l'ananas ................................................................... 203
272
Table des tableaux
Tableau 1 : Données climatiques moyennes sur décade .......................................................... 24
Tableau 2 : Données climatiques complémentaires ................................................................. 25
Tableau 3 : Données pluviométriques: cumul et écart ............................................................. 25
Tableau 4 : Statistiques de la filière ananas de 2012 à 2014 .................................................... 32
Tableau 5 : Teneur en composants de 100 g nets d'ananas ...................................................... 38
Tableau 6 : Composition en oligo-éléments de 100 g nets d'ananas ........................................ 39
Tableau 7 : Composition en vitamines de 100 g nets d'ananas ................................................ 39
Tableau 8 : Liste des entreprises privées ayant l'agrément de fournisseurs d'accès internet au
Bénin ........................................................................................................................................ 46
Tableau 9 : Comparaison de quelques voies et moyens de l'agriculture conventionnelle et de
l'agriculture écologiquement intensive ................................................................................... 101
Tableau 10 : Récapitulatif des enquêtés soumis à une interview à questions fermées par
commune ................................................................................................................................ 117
Tableau 11 : Présentation de l'utilisation de la fonction internet suivant les sexes ................ 131
Tableau 12 : Proportion des enquêtes qui utilisent la fonction photo de leur téléphone........ 145
Tableau 13 : Proportion des enquêtes qui utilisent la fonction vidéo de leur téléphone ........ 146
Tableau 14 : Appréciation de l'usage des tracteurs suivant le genre ...................................... 156
Tableau 15 : Appréciation de l'usage des tracteurs pour la production d'ananas ................... 158
Tableau 16 : Appréciation des liens entre le niveau d'instruction et la propension à solliciter le
tracteur pour le labour ............................................................................................................ 158
Tableau 17 : Appréciation de l'usage des capteurs pour arroser les plantations d'ananas ...... 161
Tableau 18 : Appréciation du recours à la main-d'œuvre pour la culture de l'ananas ............ 162
Tableau 19 : Appréciation des conditions de travail des producteurs d'ananas ..................... 163
Tableau 20 : Appréciation des conditions de travail en lien avec le recours à la main-d’œuvre
agricole ................................................................................................................................... 164
Tableau 21 : Appréciation de la proportion des producteurs sollicitant un financement agricole
................................................................................................................................................ 167
Tableau 22 : Appréciation de la proportion des producteurs sollicitant des infrastructures
agricoles ................................................................................................................................. 168
Tableau 23 : Appréciation de la proportion de producteurs utilisant le bouche à oreille comme
mode de communication avec la clientèle .............................................................................. 170
273
Tableau 24 : Appréciation de la proportion de producteurs utilisant le téléphone comme mode
de communication avec la clientèle........................................................................................ 170
Tableau 25 : Appréciation de la possession du téléphone ...................................................... 172
Tableau 26 : Appréciation de la possession d'un smartphone ................................................ 173
Tableau 27 : Appréciation de la possession d'un téléphone simple ....................................... 173
Tableau 28 : Appréciation de la possession d'un téléphone fixe ............................................ 174
Tableau 29 : Appréciation de l'usage de la fonction appel du téléphone ............................... 174
Tableau 30 : Appréciation de l'usage de la fonction réception du téléphone ......................... 175
Tableau 31 : Appréciation de l'usage de la fonction SMS du téléphone ................................ 175
Tableau 32 : Appréciation de l'usage de la fonction photo du téléphone ............................... 176
Tableau 33 : Appréciation de l'usage de la fonction télévision du téléphone ........................ 177
Tableau 34 : Appréciation de l'usage de la fonction vidéo du téléphone ............................... 178
Tableau 35 : Appréciation de l'usage de la fonction radio du téléphone................................ 178
Tableau 36 : Appréciation de l'usage de la fonction internet du téléphone............................ 179
Tableau 37 : Appréciation de l'usage du service mobile money de l'opérateur GSM ............ 181
Tableau 38 : Appréciation de l'usage du service internet de l'opérateur GSM ...................... 181
Tableau 39 : Appréciation de l'usage du service à valeur ajoutée de l'opérateur GSM ......... 182
Tableau 40 : Appréciation de l'usage du service appel/messages de l'opérateur GSM .......... 182
Tableau 41 : Appréciation de l'usage de l'argent liquide dans les transactions de vente d'ananas
................................................................................................................................................ 184
Tableau 42 : Appréciation de l'usage du virement bancaire dans les transactions de vente
d'ananas .................................................................................................................................. 185
Tableau 43 : Appréciation du revenu saisonnier .................................................................... 186
Tableau 44 : Appréciation de la charge mensuelle d'électricité et d'eau ................................ 187
Tableau 45 : Appréciation de la charge mensuelle affectée à l'alimentation ......................... 187
Tableau 46 : Appréciation de la fréquence d'alimentation familiale ...................................... 188
Tableau 47 : Appréciation de la charge téléphonique mensuelle ........................................... 188
Tableau 48 : Appréciation du gain saisonnier en relation avec la communication de bouche à
oreille ...................................................................................................................................... 193
Tableau 49 : Appréciation du gain saisonnier en lien avec l'utilisation d'internet ................. 193
Tableau 50 : Appréciation de l'instruction des producteurs ................................................... 194
Tableau 51 : Appréciation du lien entre l'instruction et la possession du téléphone .............. 194
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Tableau 52 : Appréciation du lien entre l'utilisation d'internet et l'instruction des producteurs
................................................................................................................................................ 196
Tableau 53 : Appréciation du sexe des producteurs ............................................................... 205
Tableau 54 : Appréciation de la résidence des producteurs ................................................... 206
Tableau 55 : Appréciation des activités secondaires à la production d'ananas ...................... 206
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