Rapport Etat Envi 2010
Rapport Etat Envi 2010
Rapport Etat Envi 2010
Remerciements
Cette seconde édition du Rapport sur l’Etat de l’Environnement (REE) du Sénégal a, comme la précédente, suivi
une démarche participative et itérative. Plusieurs acteurs étatiques et non étatiques y ont pris part. Le Centre de
Suivi Ecologique en a assuré la coordination avec l'appui d'un Comité de Pilotage inter-institutionnel, un Comité
de rédaction inter-institutionnel et un Comité scientifique (voir tableau ci-dessous).
Activités Partenaires
Coordination Centre de Suivi Ecologique (CSE)
Comité de pilotage inter-institutionnel - Centre de Suivi Ecologique
- Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés
- Direction des Eaux et Forêts,
- Direction des Mines et de la Géologie
- Institut des Sciences de l’Environnement
- Agence Nationale de la Météorologie du Sénégal (ANAMS)
- Direction des Parcs Nationaux
Comité de rédaction inter-institutionnel - Cellule des Etudes, de la Planification et du Suivi (CEPS)
- Direction de l’Agriculture
- Agence Natinale de l’Aménagement du Territoire
- Direction des Eaux et Forêts
- Direction de l’Elevage
- Direction de l’Energie
- Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés
- Direction des Parcs Nationaux
- Département de Géologie (UCAD)
- Direction de l’Industrie
- Direction des Mines et de la Géologie
- Direction des Pêches Maritimes
- Direction de la Planification et des Ressources Humaines
- Institut des Sciences de l’Environnement (UCAD)
- Direction de la Gestion et de Planification des Ressources en Eau
- Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD)
- Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques (DTGC)
- Institut National de Pédologie (INP)
- Agence Nationale de la Météorologie du Sénégal (ANAMS)
- Laboratoire de Physique de l’Atmosphère et de l’Océan-Siméon Fongang (LPAO-SF)
- Direction des Parcs Nationaux (DPN)
- Agence nationale des Bassins de Rétention et des Lacs Artificiels
- EDEQUE (Ecole doctorale Eau, Qualité et Usages de l’Eau)
- ED-SEV (Ecole doctorale Sciences de la Vie, de la Santé et de l’Environnement)
Comité scientifique - Pr Bienvenu Sambou, Institut des Sciences de l’Environnement
- Pr Alioune Kane, Ecole Doctorale Eau, Qualités et Usages de l’Eau (EDEQUE)
- Dr Isabelle Niang, UNESCO
- Dr Dogo Seck, Directeur du CERAAS, ISRA, Thiès ;
- Dr Mamadou KHOUMA, Projet Inventaire des GES en Afrique Occidentale et Centrale, PNUD
- Dr Oumar CISSE, IAGU
- Dr Bassirou DIAW, CRODT
- M. Mawade WADE, Wetlands International
- M. Ndiawar DIENG, MEPN
- Dr Lamine DIAGNE, MEPN
- M. Cheikh Ndiaye SYLLA, Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés
Remerciements 3
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Préface
L'élaboration d'un rapport périodique sur l'état de l'environnement s'inscrit parmi les activités prioritaires du
Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature. Réalisé tous les cinq ans, le rapport constitue un
document de référence sur l’environnement du Sénégal. Ce rapport qui s’articule autour de dix (10) chapitres, fait
le point sur les différentes composantes de l'environnement, leurs évolutions naturelles et les pressions qui y sont
exercées par les activités humaines. Il permet également d'apprécier les effets de la gestion de la politique
environnementale menée par les pouvoirs publics.
Je souhaite que ce rapport soit un support influent d’information et d’éducation mais aussi de sensibilisation sur
la situation environnementale du pays face aux grands défis du développement durable. La réalisation d’un rapport
sur l’état de l’environnement demeure une demande des autorités nationales en vue d’éclairer leur prise de
décision sur les problèmes affectant les écosystèmes naturels et humains, mais aussi, il leur permet de mieux
asseoir et orienter les politiques de développement économique et social sur des bases plus durables et
équitables.
Dans un contexte marqué par une crise économique à l’échelle mondiale, les effets des changements climatiques
viennent compromettre davantage les efforts de croissance de nos Pays. C'est dans ce sens que le Sénégal a
élaboré son Programme d’action national d’adaptation (PANA) en 2006, pour anticiper les réponses d’adaptation
appropriées sur des bases environnementales, économiques, sociales et politiques. Depuis lors, les effets des
changements climatiques sont de plus en plus pris en compte dans l'élaboration des stratégies de développement.
D’ailleurs, dans ce présent rapport, deux chapitres entiers reviennent largement sur les changements climatiques
au Sénégal, notamment à travers différentes composantes, à savoir la vulnérabilité climatique et les scénarii dans
les secteurs clés de l'environnement et de l'économie. Les questions relatives à la désertification et les menaces
qui pèsent sur la biodiversité ne sont pas en reste.
A toutes les institutions qui ont contribué à ce rapport, publié sous l'égide du Centre de Suivi Ecologique (CSE)
qui en a assuré la coordination, je présente mes chaleureuses félicitations. A l’endroit du Royaume des Pays-Bas
ainsi qu’à celui de tous les partenaires au développement qui nous ont accompagnés, j’exprime une fois de plus
mes vifs remerciements et ma profonde gratitude..
Monsieur Djibo Leyti KA,
MINISTRE D’ETAT
Ministre de l’Environnement
et de la Protection de la Nature
4 Préface
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Ta b l e d e s m a t i è r e s 5
Chapitre I : Contexte biophysique
et socioéconomique
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Le territoire national est divisé en 14 régions administratives depuis 2008, elles-mêmes subdivisées en
départements et arrondissements. Les trois niveaux reflètent l’inscription de l’administration territoriale où siègent
les représentants de l’Etat. La communauté rurale, les conseils régionaux et les communes constituent la marque
de la politique de décentralisation qui s’est amplifiée dès 1972 (PNUD, 2009).
République laïque et démocratique dotée d’un régime parlementaire, le Sénégal va devenir rapidement un régime
présidentiel fort avec l'avènement de la première Constitution du Sénégal indépendant d'août 1960. Après avoir
connu une situation de parti unique entre 1966 et 1974, le Président L. S. Senghor opte pour un multipartisme
ouvert à quatre formations dont le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) actuellement au pouvoir. Le multipartisme
devient intégral avec l’avènement au pouvoir d’Abdou Diouf en 1981. En février 2000, le pays a connu une
alternance politique paisible et enthousiaste qui a conduit Abdoulaye Wade à la Présidence de la République,
mettant fin à 40 ans de socialisme. Le pays est souvent vanté pour sa stabilité politique (il est un des rares pays
d’Afrique à ne pas avoir connu de coup d’Etat), sa tolérance religieuse (dialogue islamo-chrétien permanent) et
ethnique. Cette stabilité est toutefois ternie par l’existence d’un conflit vieux de 27 ans en Casamance.
Le Sénégal proclame dans sa Constitution l’adhésion à la Déclaration des Droits de l'homme et du Citoyen de
1789, à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948, à la Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes de 1979, à la Convention relative aux droits des enfants de 1989
et à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1981. Le Sénégal fait partie du groupe des pays
abolitionnistes (Gaillard et Kane, 2009).
1. Contexte biophysique
Le relief du Sénégal est dans l’ensemble assez plat (altitudes inférieures à 50 m sur près de 75 % du
territoire). Les plus fortes altitudes (point culminant 581 m) se retrouvent à l’extrême sud-est sur les
contreforts du Fouta Djalon.
Les intenses activités géomophologiques et pédoclimatiques qu’a connues la région ouest africaine depuis des
millions d’années ont entrainé une grande diversité des sols. Au nord du pays, on retrouve des sols sablonneux
secs, tandis que dans les régions centrales et sud on trouve respectivement des sols ferrugineux et latéritiques
(CSE, 2005).
La végétation est intimement liée à la distribution de la pluviométrie. Trois grands domaines phytogéographiques
se distinguent (figure 2) :
- le domaine sahélien à végétation ouverte dominée par Acacia raddiana, Acacia senegal, Acacia seyal,
Balanites aegyptiaca, Commiphora africana, et des graminées annuelles formant un tapis plus ou
moins continu ;
- le domaine soudanien caractérisé par une végétation du type savane arborée /savane boisée à forêt sèche
avec des essences telles que Bombax costatum, Cassia siberiana, Combretum sp, Cordyla pinnata, Daniella
oliveri, Pterocarpus erinaceus, Sterculia setigera et un tapis herbacé dominé par des graminées vivaces ;
- le domaine guinéen caractérisé par une forêt semi-sèche dense à deux étages dont les espèces
dominantes sont : Afzelia africana, Detarium microcarpum, Elaeis guineense, Erythrophleum guineense,
Khaya senegalensis, Parinari curatellifolia ; et un sous-bois dense formé d’arbrisseaux sarmenteux, de
lianes et d’herbes.
Les facteurs géographiques et aérologiques déterminent les grands traits climatiques du Sénégal. Les premiers
s’expriment par la latitude qui confère au territoire des caractères tropicaux, et par la position de finistère ouest-
africain qui détermine des conditions climatiques différentes dans la région littorale et dans l’intérieur. Les seconds
s’expriment par l’alternance sur le pays de trois masses d’air principales dont les déplacements sont facilités par
la platitude du relief (Sagna, 2000). Les facteurs géographiques sont relatifs au gradient méridien qui impose sa
marque à l’intérieur du pays alors que le gradient Atlantique ajoute des nuances littorales aux divisions zonales.
Les domaines climatiques sont issus d’une classification dite génétique basée sur les facteurs du climat. Les
critères de cette classification sont les caractères aérologiques, thermiques, hygrométriques et pluviométriques
qui régissent la dynamique du temps. Ces domaines climatiques doivent leurs caractères aux flux d’alizés ou de
mousson et aux structures pluviogènes de l’équateur météorologique. Sagna (2000) donne une présentation des
différents domaines climatiques du Sénégal (figure 3).
La pluviométrie affiche une variabilité spatio-temporelle très importante, associée à un gradient croissant du nord
au sud. En dépit de la faiblesse des précipitations et de leur irrégularité, le pays dispose de ressources en eaux
superficielles et souterraines relativement importantes. En effet, les principales ressources en eau de surface sont
constituées par les fleuves Sénégal (1800 km de long) et Gambie (1150 km de long) qui prennent leur source dans
le massif du Fouta Djallon situé en République de Guinée. A côté de ces deux grands fleuves, il existe d’autres
cours d’eau comme la Casamance, la Kayanga, l’Anambé, le Sine, le Saloum et des bassins côtiers dont les
écoulements sont intermittents par endroits. Un certain nombre de lacs et de mares complètent ce réseau
hydrographique (lac de Guiers, bolongs des zones estuariennes et mares de la région des Niayes). Par ailleurs, le
pays comporte des zones humides qui sont, le plus souvent, associées au réseau hydrographique. En 1994, les
réserves en eaux souterraines étaient estimées entre 450 et 600 milliards de m3 d’eau. La recharge annuelle est
estimée entre 3 et 4 milliards de m3 (MH/PNUD, 1994). Cependant, ces chiffres ne rendent pas compte de la
qualité des eaux qui fait qu’une partie de ces ressources est impropre à de nombreux usages à cause de la pollution
par le sel, les fluorures, le fer et les nitrates (CSE, 2005).
Le Sénégal dispose d’une façade maritime longue d’environ 700 km. Son espace maritime s’étend sur
198 000 km2 ; sa zone économique exclusive est de 200 milles marins et son plateau continental a une superficie
de 23 800 km2 qui regorge de beaucoup de ressources halieutiques. Plusieurs facteurs, à savoir la présence d’un
upwelling côtier, de l’apport terrigène des cours d’eau et des conditions climatiques favorables (température et
insolation) expliquent la richesse de cette importante biodiversité. Ainsi, l’essentiel des activités de pêche s’effectue
dans la zone dite côtière et marine du Plateau Continental.
En ce qui concerne les ressources minières, signalons, qu’elles sont aussi bien présentes dans son bassin
sédimentaire que dans les zones de socle du Sénégal oriental. Les travaux de cartographie et de recherches
minières et pétrolières menés sur le territoire ont confirmé l'existence de nombreux indices, notamment de métaux
précieux, de métaux de base, de pierres précieuses, d'argiles industrielles, de matériaux de construction, de pierres
ornementales, de gaz et de pétrole (CSE, 2005).
2. Contexte socio-économique
Dans un contexte international marqué par un ralentissement de l’économie mondiale consécutif à une crise
financière aigue, le Sénégal, à l’instar de nombreux pays subsahariens, s’est engagé à relever les grands défis
liés à la réduction de la pauvreté et à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), à travers
le renforcement des actions prévues dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de
seconde génération, la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) et la Stratégie Nationale de Protection Sociale
et de Gestion des Risques et Catastrophes. Aussi, la mise en œuvre de la Grande Offensive Agricole pour la
Nourriture et l’Abondance (GOANA) conjuguée à une bonne pluviosité, a-t-elle permis d’atténuer les chocs
extérieurs défavorables.
Ainsi, l’économie sénégalaise a connu une croissance moyenne de 4% sur la période 2002-2008, en dépit des
contre-performances économiques notées en 2002, 2006 et 2008 et des chocs extérieurs défavorables liés
notamment à la facture pétrolière et céréalière. Aussi, dans le souci d’atteindre le taux minimal de 7% à 8% requis
pour réduire durablement la pauvreté sur une longue période (d’après les simulations), le Sénégal s’est-il fixé
comme objectif d’augmenter le niveau de la croissance, à travers la mise en place de la Stratégie de Croissance
Accélérée (SCA) basée sur une série de grappes prioritaires à fort potentiel en termes de croissance, de
compétitivité internationale et de création d’emplois.
L’amélioration du climat des affaires, l’assainissement du cadre macroéconomique et les travaux de construction
d’infrastructures routières mis en œuvre par le Gouvernement au cours des cinq (5) dernières années, ont contribué
à relever substantiellement le taux d’investissement qui est passé de 21,5 % en 2003 à 26,6 % du PIB en 2008,
soit une augmentation de 5 points sur la période.
En 2008, l’économie sénégalaise a enregistré un léger ralentissement, avec un taux de croissance de 2,5%1
contre 4,7% en 2007 ; une récession qui résulte, en sus des facteurs exogènes, des difficultés du secteur
secondaire liées en partie, au retard de paiement des dettes de l’Etat vis-à-vis du secteur privé et à la constance
des difficultés des Industries Chimiques du Sénégal (ICS). En revanche, le secteur primaire s’est bien comporté
à la faveur d’une pluviométrie précoce et normale dans la majeure partie du pays et à une situation phytosanitaire
globalement calme.
L’inflation, mesurée par l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation, est ressortie à
5,8% en 2008 contre 5,9% en 2007. Ce léger repli résulte, d’une part, de la forte baisse en fin d’année des prix
des produits pétroliers et alimentaires et, d’autre part, des subventions de l’Etat sur les produits alimentaires de
base. Pour la seconde année consécutive, le Sénégal n’a pas respecté le critère de convergence de 3% retenu
au sein de l’UEMOA. Cette tension inflationniste a entrainé une perte de compétitivité de l’économie sénégalaise
de l’ordre de 4%, en raison notamment d’un différentiel d’inflation défavorable par rapport aux principaux pays
partenaires à l’exception de ceux de la zone UEMOA et, dans une moindre mesure, d’une appréciation de la
monnaie nationale relativement à celle de l’euro, sur les 10 premiers mois de l’année 2008.
Relativement aux finances publiques, on note une nette amélioration du recouvrement des recettes
budgétaires sur la période 2002-2008, avec une croissance moyenne de 10% ayant permis de contenir le déficit
public à 3,4% du PIB contre 3,5% en 2007. Les recettes budgétaires se sont établies à 1 124,6 milliards en 2008,
soit une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. Quant aux dépenses, leur progression a été
maîtrisée en vue notamment de régulariser les instances de paiement vis-à-vis du secteur privé, enregistrées au
cours des deux derniers exercices budgétaires. Elles ressortent à 1 550,7 milliards en 2008 contre 1 435,6 milliards
en 2007, soit une hausse de 8%. En outre, le Gouvernement s’est engagé, lors de la deuxième revue de
l’Instrument de Soutien à la Politique Economique (ISPE), à mieux cibler les subventions sur les denrées et à
éliminer celles sur le gaz butane avant mi-2009, afin d’atténuer le déficit budgétaire. L’encours total de la dette
publique est estimé en fin décembre 2008 à 1545 milliards, soit 26% du PIB contre 23,7% du PIB en 2007. Ce
niveau de performance est encore nettement inférieur à la norme de 70 % retenue par l’UEMOA.
Par rapport aux échanges extérieurs de biens et services, il a été observé une stagnation du
déficit du compte courant qui se situe à 11,6% du PIB sur la période 2007-2008. Le compte de capital et
d’opération financière fait ressortir un solde global de la balance des paiements déficitaire de 87,6 milliards en
2008 contre un excédent de 70,8 milliards en 2007. Afin d’atténuer l’impact sur la balance des paiements du
renchérissement des produits alimentaires de base et de l’énergie, les autorités ont sollicité un accès à la facilité
de protection contre les chocs exogènes (FCE). A cette fin, des mesures ont été prises en vue de limiter les
importations dont, entre autres, i) l’élimination des subventions coûteuses et non ciblées sur les produits
alimentaires et énergétiques, ii) la diversification de la production agricole (programme GOANA) et iii) l’effectivité
de la réforme du secteur énergétique relative à l’application de la vérité des prix.
La situation monétaire est caractérisée en 2008 par un repli des avoirs extérieurs nets de 176,9 milliards
(contre 125,1 milliards en 2007), un accroissement de 19,0% du crédit intérieur (8,8% en 2007) et une
augmentation de 3,8% de la masse monétaire (12,8% en 2007).
Bien que la situation de la plupart des agrégats macroéconomiques ait montré une certaine stabilité en 2008, il
faut souligner que l’économie sénégalaise a été confrontée à des difficultés liées notamment à la flambée des prix
des denrées de première nécessité et de l’énergie et aux problèmes du secteur privé consécutifs au retard de
paiement de leurs créances dues par l’Etat.
A cet égard, le Gouvernement s’est résolument engagé, vis-à-vis du FMI, à améliorer les procédures d’élaboration
du budget à travers la modification des principales pratiques d’exécution budgétaire qui sont à l’origine du
problème. Aussi, la poursuite et la consolidation des efforts entrepris en matière d’investissements (infrastructures
publiques, promotion des investissements privés) ainsi que le niveau des dépenses effectuées dans le domaine
de l’éducation, devraient-ils permettre d’assurer à terme une croissance soutenue et durable.
La situation sociale du pays est déclinée, ici, à travers les principaux objectifs poursuivis dans la réalisation des
Objectifs du Millénaire pour le Développement, lesquels sont guidés par la stratégie déclinée dans la deuxième
génération du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP II). A cet égard, il convient de noter que
la mise en œuvre de la première version du DSRP a permis d’enregistrer des progrès en la matière et que le DSRP
II, qui couvre la période 2006-2010, vise à consolider les résultats enregistrés en vue de réduire la pauvreté de
moitié à l’horizon 2015 et d’atteindre ainsi les OMD.
Il convient de souligner, par ailleurs, que les différentes stratégies adoptées dans le cadre de la
nutrition, entre autres, la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant (PCIME), le Paquet
d’Activités Intégrées de Nutrition (PAIN), le Programme de Renforcement de la Nutrition (PRN)
ont contribué à améliorer de manière significative la situation nutritionnelle. La prévalence de
l’insuffisance pondérale est passée de 20% en 1992 à 17% en 2005 tandis que le retard de
croissance est passé de 22% à 16% entre les deux périodes (chiffres fournis par les Enquêtes
Démographiques et de Santé, EDSII et EDS IV, réalisés respectivement en 1992 et 2005),
a un relèvement du nombre de nouveaux inscrits aux cours d’initiation (CI) dans les écoles publiques et
privées, qui est passé de 240 492 en 2000 à 312 545 en 2006, soit un taux d’accroissement moyen
annuel de 4,5%. Durant cette période, la proportion de filles parmi les nouvelles recrues a sensiblement
augmenté. En 2006, les filles ont représenté un peu plus de la moitié des effectifs enrôlés (157 539, soit
50,4%) ;
a une forte progression des effectifs de l’élémentaire durant la période 2000-2006, avec un taux
d’accroissement moyen annuel de 5%, alors que le taux d’accroissement de la population scolarisable
se situe à 2,7%. Entre 2005 et 2006, la proportion de filles dans les effectifs a augmenté plus vite que
celle des garçons (4,3% contre 1,8%). Cette évolution est plus marquée dans les régions de Diourbel,
Matam et de Tambacounda où les taux de croissance atteignent respectivement 13,9% ; 12,3% et 11,2%
Cependant, l’effectif des garçons reste supérieur à celui des filles (755317 contre 732 529, soit 51% et
49% respectivement) ;
a un accroissement de la capacité du système éducatif à accueillir les enfants en âge scolaire, avec un taux
brut de scolarisation (TBS) qui est passé de 71,8% en 2000 à 81,8% en 2006, soit un gain de 10 points
(taux encore inférieur à l’objectif de 85% fixé dans le cadre du Programme Décennal de l’Education et de
la Formation). En revanche, d’importants progrès ont été réalisés dans le sens de l'objectif de la parité
des sexes. En effet, l’indice de parité3 qui était en faveur des garçons a subi un changement cette année
(1,01) et est désormais en faveur des filles. L’enrôlement de plus en plus important des filles au CI avec
un taux brut d’admission qui, depuis 2003, dépasse celui des garçons, a fortement contribué à renverser
la tendance. Cependant, le cas de la région de Matam mérite d’être souligné. L’indice de parité, qui y est
noté, est nettement en faveur des filles. Il se pose à Matam, des contraintes d’ordre socio-économique
qui ne favorisent pas la scolarisation des garçons à l’école.
2 Le seuil de pauvreté extrême/alimentaire (par personne et par jour) est de 378 FCFA à Dakar, 352 FCFA dans les autres villes
et 340 FCFA en milieu rural.
3 L’indice de parité est calculé en rapportant le TBS des filles sur le TBS des garçons.
Globalement, le système éducatif reste marqué par l’ampleur du redoublement et des abandons qui se
situent en moyenne à 11% et 5% respectivement. L’examen par année d’études montre que le taux de
redoublement augmente au fur et à mesure que l’on progresse dans le cycle en passant de 5,9% au CI
à plus de 22,2% en classe de CM2. A ce niveau, le caractère sélectif du concours d’entrée en sixième
qui conditionne l’accès au cycle moyen explique le gonflement du taux de redoublement. Cette situation
fait que les performances escomptées sont encore très en deçà de l’objectif fixé dans le cadre du PDEF,
à savoir un taux de redoublement de 5% en 2010.
a le taux de mortalité infanto-juvénile reste assez élevé malgré la baisse importante observée entre 1992-2005
: 121 pour mille en 2005 contre 157 pour mille en 1992 (selon les Enquêtes Démographiques et de Santé IV
et II) tandis que les maladies diarrhéiques, la malnutrition, le paludisme et les infections respiratoires aiguës
demeurent les principales causes de cette mortalité. Pour améliorer la survie des enfants, le Gouvernement
a initié des programmes tels que le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS 1998-2007) et le
Programme de Développement Intégré de la Santé (PDIS 1998-2002) qui ciblent parmi leurs objectifs
prioritaires la réduction de la mortalité infanto-juvénile ;
a la santé maternelle s’est sensiblement améliorée, avec un taux de mortalité maternelle (pour 100 000
naissances vivantes) de 401 en 2005 contre 510 en 2000 et une proportion d'accouchements assistés par
un personnel de santé qualifié de 51,9% en 2005 contre 38% en 2000 ;
a le taux de prévalence du SIDA, dans la population générale, est de 0,7%. Cette prévalence est plus
marquée chez les femmes où elle se situe à 0,9% contre 0,4% chez les hommes. Les efforts entrepris
par le Gouvernement, à travers le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS), ont permis de
contenir ce taux en deçà de 3% ;
a le paludisme constitue toujours la principale cause de mortalité au Sénégal surtout chez les femmes
enceintes (973 384 cas de paludisme recensés en 2005 avec un taux de morbidité de 32,39%).
a Le taux d’accès à l’eau courante se situe à 67,0% (ESP 2005) contre 55,0% en 2002 (ESAM II), traduisant
ainsi une amélioration notable dans la qualité de la principale source d’eau utilisée. Si on considère les
forages auxquels ont recours 4,7% des ménages, comme source protégée, près du quart des ménages
utilisent des sources non protégées (puits non protégés, service de camion d’eau, vendeur d’eau,
source/cours d’eau).
L’accès à l’eau potable est loin d’être égalitaire au Sénégal. L’eau courante, qui garantit de meilleures
conditions de salubrité, est la principale source d’approvisionnement pour la presque totalité des
ménages de Dakar (98,4%) et pour 82,0% des ménages des autres villes. Cette proportion reste
faible en milieu rural (45,5%) où près de la moitié des ménages s’approvisionne à partir d’une source
non protégée (puits non protégé, vendeur d’eau, cours d’eau, etc.). A Dakar, seulement cinq
ménages sur mille utilisent une source d’eau non protégée. Cette proportion de défavorisés atteint
8,2% dans les autres villes et 41,1% des ménages ruraux, si on exclut les forages qui alimentent
près de 9,0% d’entre eux.
Les niveaux d’accès à de bonnes conditions d’assainissement restent encore faibles. L’ESPS révèle que plus de
17% des ménages sénégalais ne disposent pas de toilettes dans leur logement et que seulement quatre ménages
sur dix (39,9%) sont branchés à l’égout ou utilisent principalement des chasses d’eau avec fosse. Un ménage sur
dix (13,0%) dispose de latrines couvertes tandis que plus de 40% utilisent des toilettes non protégées
(cuvettes/seaux, latrines couvertes ou d’autres types de toilettes).
Les conditions sont plus favorables à Dakar où la plupart des ménages jouissent de conditions d’hygiène
satisfaisantes, avec 86,0% qui ont une chasse d’eau et 1,6% seulement qui n’ont pas de toilettes. Dans les autres
villes, ces proportions sont de 46,4% et 3,1% respectivement.
Les ménages ruraux vivent pratiquement en dehors de toute protection, avec le risque permanent associé à une
évacuation inadéquate des excréments : moins de 14% seulement des ménages disposent de chasse d’eau,
tandis que la grande majorité utilise des toilettes non protégées. Les 31% qui n’ont pas de toilettes, font leurs
besoins dans la nature.
Les tableaux 1 et 2 résument assez bien les indicateurs des OMD pour les secteurs de la santé et l’éducation
d’une part et d’autre part de l’évolution des principaux agrégats macro-économiques.
INDICATEURS MACROECONOMIQUES 2002 déf. 2003 déf. 2004 déf. 2005 s.déf. 2006 prov.
Agrégats (milliards de FCFA)
PIB au prix du marché 3 718 3 987 4 243 4 582 4 846
Consommation finale effective 3 466 3 595 3 861 4 137 4 419
Formation brute de capital fixe 923 857 944 1 050 1 278
Exportations de biens et services 1 061 1 061 1 151 1 241 1 231
Importations de biens et services 1 449 1 544 1 687 1 948 2 040
Revenu National Brut Disponible 4 046 4 279 4 570 4 949 5 210
Agrégats par habitant
PIB (1000FCFA) 371 394 402 424 437
PIB (USdollar) 532 677 761 800 837
Cons. Fin. effective ménages (USdollar) 496 611 692 722 763
Indices et déflateurs (base 100 rapportée à
l'année 1999)
Indice des prix à la consommation (IHPC) 106,2 106,1 106,7 108,5 110,8
Déflateur du PIB 108,1 108,6 109,2 111,6 115,4
Indice des prix à l'importation (C. nat) 120,0 114,9 125,0 131,4 136,1
Indice des prix à l'exportation (C. nat) 115,3 109,6 112,0 117,0 126,4
Termes de l'échange (C. nat) 96,1 95,4 89,6 89,1 92,9
La dégradation des services d'origine écosystémique constitue une barrière de taille à l'atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). L'Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (EM) réclamée par le
Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, en l’An 2000 avait pour objectif d’évaluer les conséquences de
l’évolution des écosystèmes sur le bien-être de l’Homme et d'établir la base scientifique des actions requises pour
un renforcement de la conservation des écosystèmes, de leur exploitation de manière durable et de leurs
contributions au bien-être de l’Homme.
Les services que procurent les écosystèmes représentent les bénéfices que les humains en tirent et sont classés
en quatre catégories principales : les services d’approvisionnement (nourriture, eau, etc.), les services de régulation
(qui affectent positivement le climat, la qualité de l'eau, etc.), les services culturels (récréatifs, esthétiques et
spirituels), les services de soutien (formation des sols, cycle nutritif, etc.). Leur exploitation de même que celle des
biens associés permet de générer des bénéfices économiques et socio-culturels qui influent sur la réduction de la
pauvreté. Elle génère des ressources à la fois pour le Gouvernement et les populations locales. Or un grand nombre
de services des écosystèmes sont, soit sous-évalués, soit dépourvus de toute valeur financière.
Dans l’objectif de capter la contribution des services et biens environnementaux, le CSE a pu mener, avec l’appui
du Royaume des Pays Bas, diverses études. Cette activité a permis de mettre au point des méthodologies pour
l’évaluation économique des PFNL, des produits issus de la chasse et de la faune sauvage y compris de la pêche
continentale.
Outre le calcul de leur valeur économique, ces études ont permis à travers la mise en place d’un compte satellite
sur les ressources sauvages de revoir l’attribution des valeurs ajoutées dans le PIB. Au total, la richesse créée par
le secteur des Ressources Sauvages se chiffre à 81,5 milliards en 2006 dont 42,2 milliards pour les produits
primaires et 37 milliards pour le compte des activités de commercialisation, soit respectivement 51,8 % et 45,3%
de la valeur ajoutée totale du secteur. La contribution des activités de transformation à la richesse créée par le
secteur est marginale, soit seulement 2,9 %.
L’analyse de la contribution économique des Ressources Sauvages (tableau 3) selon le secteur d’appartenance
montre que la production primaire et les activités de transformation occupent une place non négligeable dans
leurs secteurs respectifs. Ainsi, la part de la valeur ajoutée des produits primaires est évaluée à 6,3 % de la valeur
ajoutée totale du secteur primaire contre 1,4 % de la valeur ajoutée du secteur tertiaire pour ce qui est des produits
commercialisés. Globalement, le secteur des Ressources Sauvages contribue à hauteur de 1,9% à la Valeur
Ajoutée de la nation et 1,7% au Produit Intérieur Brut tel que publié par l’ANSD.
Tableau 3 : Valeur ajoutée du secteur des Ressources Sauvages et poids dans le PIB
(millions de FCFA)
A la lumière des résultats obtenus, il apparaît que la contribution des ressources sauvages à la valeur ajoutée (2%)
est largement au-dessus de celle de la sylviculture, de l'exploitation forestière et des services annexes (0,8 %). On
s’aperçoit ainsi du rôle important joué par le secteur qui mérite d’être redynamisé, à travers une allocation
conséquente des ressources budgétaires.
Par ailleurs, il convient de noter que les activités liées aux ressources sauvages contribuent à la dégradation de
l’environnement, déforestation imputable, d’une part, à la surexploitation et l’expansion des terres agricoles, avec
comme corollaire la baisse des rendements agricoles (en moyenne 3,5% par an) et à l’exploitation forestière pour
la production de bois d’énergie.
Le rôle important joué par le secteur des Ressources Sauvages ne pourra se renforcer que si les règles élémentaires
de préservation et de régénération des ressources naturelles et fauniques sont respectées (limitation des quotas
de charbon de bois, contrôle de l’exploitation frauduleuse d’une certaine catégorie de ressources forestières, lutte
conte les feux de brousse, etc.). Cette situation recommande le renforcement des actions entreprises par le
Gouvernement, notamment :
• la promotion d’approches de gestion, d’utilisation et de mise en valeur des forêts et de la faune sauvage
fondées sur la recherche et « tirées » par la technologie ;
• la mise en place de capacités adéquates aux niveaux national, régional et départemental, pour la gestion
durable des ressources forestières et fauniques.
Des initiatives sont en cours, et à cet effet, le CSE travaille avec divers partenaires à la mise en place d’un observatoire
socio-éco-environnemental, plateforme de diffusion et d’échanges de données qui vont concourir régulièrement à
l’amélioration de la contribution de l’environnement à l’économie nationale et au revenu des ménages. Hormis le
calcul de la valeur marchande des biens environnementaux, l’observatoire permettra de fournir des données de base
pour estimer la valeur intrinsèque des services écosystémiques.
Au Sénégal, les défis environnementaux sont divers et variés et ils ont pour nom : érosion côtière, élévation du
niveau de la mer, gestion des inondations, sécheresse, dégradation des terres, pertes de biodiversité et dans le
même temps, ils ont un impact certain sur le développement du pays. L’Etat du Sénégal apporte, certes, des
réponses politiques et institutionnelles mais les effets de celles-ci sont parfois anéantis par les facteurs structurants
ou les forces agissantes comme la forte croissance démographique, l’urbanisation galopante, mais surtout, la
pauvreté des populations et la crise économique mondiale. Même si le DRSPIII prend en compte les interrelations
entre pauvreté et environnement, il n’en demeure pas moins que le défi qui se pose pour le Sénégal consiste à
trouver la meilleure articulation entre les exigences internationales et les trajectoires de développement aux niveaux
national et local (CSE, 2005).
Bibliographie
Gaillard J., Kane O., 2009, Le système national de recherche scientifique et technique au Sénégal
« État des lieux & Proposition d’un cadre conceptuel pour l’élaboration d’un document cadre d’orientation
des politiques nationales de recherche, de technologie et d’innovation, 96p.
MH, PNUD, 1994, Planification des ressources en eau : bilan diagnostic des ressources en eau du Sénégal,
PROJE TMH /PNUD/DADSG-SEN/87/006.
PNUD, 2009, Rapport National sur le Développement Humain « Changement climatique, Sécurité alimentaire
et Développement humain », 150p.
Sagna P., 2000, Le climat. In : Atlas du Sénégal, Editions Jeune-Afrique, pp. 16-19.
Le dernier rapport du GIEC (2007) confirme que l’essentiel de l’accroissement observé de la température moyenne
globale depuis le milieu du 20e siècle est très probablement dû à l’augmentation des concentrations de GES
d’origine anthropique.
Toutes les projections futures du climat global prévoient une intensification du réchauffement moyen, plus de
variabilité des précipitations et aussi une plus grande fréquence et intensification des phénomènes extrêmes.
Selon le GIEC (2001), la vulnérabilité est une conjonction de risques, d’impacts et de capacité d’adaptation. La
vulnérabilité est le degré selon lequel un système est susceptible ou incapable de faire face aux effets adverses du
changement climatique, y compris la variabilité climatique et les extrêmes.
Les séries d’observations montrent que la pluviométrie au Sénégal a connu, au cours des dernières décennies,
une baisse sensible marquée par un glissement des isohyètes du nord vers le sud (figure 4), pendant que les
températures ont subi un réchauffement.
22 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Depuis les années 50, les précipitations ont subi une diminution de l’ordre de 30% (figure 5), ponctuée par une
très forte variabilité d’une année à l’autre et d’une région à l’autre. On note ainsi à Dakar une baisse de 50% contre
7% à Kédougou entre 1950 et 2000.
Figure 5 : La pluviométrie moyenne (mm) des stations de Dakar-Yoff et Kédougou de 1950 à 2005.
La tendance des températures est marquée par un réchauffement moyen de 1,6°C (figure 6) variant aussi d’une
région à l’autre. La plus forte hausse est observée dans le nord du Sénégal avec 3,0°C à Linguère et la plus faible
hausse dans le sud avec 0,7°C à Kédougou.
Il convient de souligner, tout de même, que depuis le début des années 2000, la pluviométrie s’est sensiblement
améliorée (figure 7) mais ceci n’est pas une indication certaine de la fin du cycle de sécheresse.
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 23
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Figure 7 : Pluie annuelle de 1998 à 2009 et moyenne 1971-2000 pour les stations de Dakar, Saint-
Louis, Thiès et Bakel. La même tendance est notée sur la majorité des stations du Sénégal.
Selon le rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), la concentration des
gaz à effet de serre augmentera de 25 à 90% entre 2000 et 2030 ; le CO2 augmentera à lui seul de 40 à 110%.
Ceci entraînera une augmentation globale de la température de 0.2°C par décade, ou 0.1°C par décade au meilleur
des cas, c’est-à-dire, si les émissions des gaz à effet de serre étaient stabilisées au taux de l’année 2000. La figure
8 montre les projections pour les différents scénarios.
Figure 8 : Les projections du réchauffement pour la période 2090-2099 par rapport à 1980-1999 d’après
les modèles globaux couplés atmosphère-océan pour différents scénaris. (Source : GIEC, 2007)
24 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Selon Gaye et al. (2008), les températures les plus chaudes au Sénégal se trouvent au Nord et le cycle annuel des
températures montre deux maxima : un premier en Mars-Avril et un deuxième en Septembre-Octobre. Entre ces
deux pics de température, il existe un minimum qui survient en plein cœur de la saison des pluies.
Selon ces mêmes auteurs, la hausse des températures variera entre 3,0°C (en 2031-2050) et 8,5°C (en 2081-
2100). La réponse des précipitations à ce réchauffement diffère seulement en amplitude d'un endroit à un autre.
Sur tout le pays, la tendance est à la baisse des précipitations avec une importante variabilité interannuelle des
pluies se caractérisant par une succession d’années sèches (baisse de pluviométrie) et d’années excédentaires
(excédent de pluies). Cette variabilité temporelle des pluies va rendre davantage difficile la prévision du climat et
donc aussi celle des impacts.
En plus de la variabilité naturelle, une bonne partie de ce changement est due à la modification de la composition
de l’atmosphère. En effet, l’atmosphère est composée de gaz et d’aérosols qui jouent un rôle important dans le
transfert radiatif.
Cependant, les concentrations des gaz à effet de serre ont dramatiquement augmenté à cause des activités
humaines. On a noté une augmentation globale de 70% entre l’ère pré-industrielle et 2004 (GIEC, 2007). Les
principaux gaz à effet de serre à savoir le gaz carbonique, le méthane et l’oxyde nitreux sont produits
essentiellement par la combustion des fossiles et les activités agricoles. La contribution africaine et
sénégalaise est certes très faible mais les conséquences y sont lourdes. Les émissions du Sénégal sont
évaluées à 16891 Gg ECO2. Le secteur de l’énergie représente 49% de ces émissions, suivi de l’agriculture
(37%), des déchets (12%) et des procédés industriels (2%). Le secteur de la foresterie constitue plutôt un
puits avec une séquestration de 10 587 Gg d’ECO2 (figure 9).
Figure 9 : Répartition des émissions de GES par par secteur en 2000 (Source : DEEC, 2009)
Les changements climatiques ont de forts impacts sur les secteurs socio-économiques du Sénégal. Tous les
secteurs clés de l’économie subissent directement ou indirectement le phénomène dont les conséquences sont
graves et risquent de compromettre les efforts en matière de sécurité alimentaire, de croissance économique et
de lutte contre la pauvreté.
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 25
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
L’impact du climat sur les ressources en eaux souterraines s’affirme à deux niveaux :
• à l’échelle saisonnière où les potentiels hydrostatiques sont affectés par des fluctuations sinusoïdales de
grande ampleur ;
• à l’échelle interannuelle où l’on note une baisse continue des niveaux piézométriques de base indiquant
une nette tendance à l’épuisement des stocks au cours de la période de déficit pluviométrique.
L’épuisement des stocks d’eau souterraine est plus marqué au nord où la baisse du niveau des nappes phréatiques
se situe entre 5 et 10 mètres alors qu’au sud elle serait comprise entre 15 et 20 m.
La région de Dakar se caractérise par une très forte demande en eau liée d’une part, à sa population, et d’autre
part, au développement des activités industrielles et au maraîchage. La demande en eau dans la région sera très
forte à l’horizon 2030 où la population avoisinera les 4 millions d’habitants (avec un taux d’accroissement
de 2.4 % ; tableau 4).
Estimation consommation 134 918 m3 175 240 m3 209 300 m3 238 810 m3.
Au niveau des autres régions, les années de sécheresse après 1968 ont entraîné la baisse de la nappe phréatique
et le tarissement de beaucoup de puits villageois. Dans certaines localités voisines des zones côtières, l’avancée
de la langue salée a accentué la salinisation des nappes et des eaux de surface.
On note également une baisse du niveau piézométrique avec des prélèvements très élevés sur les nappes côtières.
Près de 65 millions de m3 par an (175 000 m3 / jour) sont pompés dans le secteur du horst de Ndiass et ses
environs.
26 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
L’étude du bilan hydrologique montre que l’augmentation des prélèvements, dans le contexte de
l’augmentation de l’évaporation, entraînera des besoins supplémentaires de 130 000 000 m3 pour conserver
l’équilibre du bilan hydrologique du lac. L’apport de ces volumes va se traduire par une augmentation du
débit de la Taouey pour ainsi maintenir le stockage dans le lac à un niveau satisfaisant pour tous les usagers.
Figure 9 : Carte de situation du lac de Guiers. Les photos donnent une vue du lac (Source : Ndiaye, 2009)
Agriculture
Les facteurs climatiques jouent un rôle prépondérant dans la répartition des paysages végétaux et des types de
sols. La péjoration du climat, et plus particulièrement, le déficit pluviométrique constituent la contrainte principale
du secteur agricole sénégalais. S’y ajoutent la baisse de la fertilité des sols liée à la pression foncière ainsi que les
mauvaises pratiques agricoles. L’insécurité climatique, qui pèse sur le nord et le centre nord du pays, n’est pas
seulement le fait de la faiblesse des précipitations et de la brièveté de la saison pluvieuse, elle est surtout le résultat
de l’irrégularité inter et intra annuelle des précipitations.
- une plus forte demande évaporative au niveau des plantes, en 2000, 1 435 millions de m3
(soient 93 % des prélèvements) ont été consommés dans ce secteur ;
- un ralentissement de la croissance se répercutant sur les rendements ;
- des effets négatifs de la submersion des zones de riziculture traditionnelle par les eaux saumâtres.
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 27
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La résultante est une baisse des rendements et celle de la production de manière générale.
La riziculture traditionnelle, déjà fortement pénalisée par la salinité des sols et de l’eau qui a considérablement
réduit les surfaces cultivées dans les régions de Fatick, Kaolack, Ziguinchor et Kolda, en pâtira aussi. Le maraîchage
dans les cuvettes des Niayes est également exposé à ce risque d’intrusion d’eau salée.
A propos des sols, l’accélération de leur dégradation est une menace dans un contexte de modifications des
températures et des précipitations.
Elevage : les activités pastorales, à travers la diminution de la biomasse et de l’eau disponibles pour les
troupeaux, sont aussi affectées. Les perturbations climatiques ont entrainé une moins grande fiabilité
des indicateurs traditionnels qui dictaient les mouvements des éleveurs dans l’espace et le temps.
Une détérioration de l’état sanitaire du bétail n’est pas à exclure avec la recrudescence possible de
certaines zoonoses (Caminade et al, 2010).
Forêts : la vulnérabilité des ressources forestières est surtout liée à l’extrême sensibilité des formations végétales
dues aux feux de brousse. Les feux concernent chaque année 150 à 200 000 hectares, du fait de la
longue saison sèche rendant l’herbe très combustible. On note un net recul des formations forestières qui
peuvent perdre chaque année entre 45 000 et 80 000 ha. Dans un contexte d’élévation de la température
et de diminution de l’humidité de l’air, les risques potentiels des feux de brousse vont augmenter.
La vulnérabilité se situe aussi dans la faible capacité de régénération de nos essences forestières sous l’effet
conjugué de la péjoration des conditions climatiques et de la pression anthropique. Ceci a pour conséquence une
intense érosion de la diversité biologique. Gonzalez (1997) et Gonzales (2001) ont noté une réduction de la richesse
spécifique des plantes de 30 %.
Dans une étude plus globale de la végétation, Tappan et al. (2000) cités par Tieszen et al. (2004) ont comparé des
conditions de la végétation ligneuse sur 300 sites entre 1982-1984 et 1994-1997. Ils ont enregistré des taux de
mortalité modérés à élevés parmi les espèces les moins lignifiées et des taux de mortalité extrêmement élevés
parmi les espèces les plus lignifiées, dans le Ferlo ferrugineux cuirassé au nord-est.
Zone côtière
Les prévisions globales (GIEC, 2007) et nationales (Gaye et al. 2008) présagent d’un renforcement de dégradation
des conditions climatiques dont les conséquences pourraient être une augmentation du taux d’élévation du niveau de
la mer (tableau 5) avec des impacts pas négligeables car affectant plusieurs ressources et domaines économiques :
28 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Santé
Le rapport du GIEC (2007) prévoit des impacts négatifs sur la santé des populations d’Afrique. Les éléments
climatiques tels que température, humidité, pluviométrie et vent agissent d’une part sur les biotopes où vivent les
vecteurs mais également sur la dynamique biologique des agents pathogènes et sur leur concentration dans
certains facteurs de l’environnement tels que l’eau, l’air et le sol. L’évolution des maladies comme le paludisme
et la méningite semble assez ambigüe, s’y ajoute qu’elles ne présentent pas un profil homogène au niveau des
différentes régions d’Afrique.
La deuxième communication nationale du Sénégal pour la CCNUCC a consacré une analyse sur la prévalence du
paludisme (première cause de mortalité) au Sénégal (DEEC, 2010). Maladie climato-dépendante (Mouchet et al, 1996 ;
Ndiaye et al, 2001), le paludisme demeure une préoccupation majeure des autorités politiques et médicales du pays.
Sur la base des éléments climatiques (température, pluviométrie et humidité) et des taux de morbidité spécifique
recueillis par région entre 2001 et 2006 au niveau des 11 régions du pays (situation administrative antérieure au
découpage de 2008 qui consacre 14 régions) et l’analyse des scénarios climatiques établis par Gaye et al. (2008), un
modèle mathématique qui permet d’avoir des données épidémiologiques projetées a été défini (Fall, 2008 ; figure 10).
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 29
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
L’analyse de la figure 10 montre que, quelque soit le scénario climatique, il pourrait survenir une hausse du taux
de morbidité spécifique du paludisme.
Pêche
Les éléments climatiques, comme la température de l’eau et de l’air, le régime du vent et les précipitations exercent
une forte influence sur la productivité et la répartition des poissons. Les changements climatiques vont, entre
autres, modifier la répartition ainsi que la structure de la composition des espèces et altérer la fonction des
écosystèmes. La situation actuelle des pêches projetée dans les décennies à venir en tenant compte des prévisions
des scénarios de changements climatiques et socio-économiques laisse apparaître, à partir de 2030, une baisse
globale du niveau des captures et de leur valeur commerciale estimée. Cette tendance des captures provoque
sur le plan économique et social (Diop, 2007) :
- une perte cumulée entre 2020 et 2050 de 68 milliards de FCFA soit 3,23 % du PIB moyen
de la période 1981-2005 ;
- une baisse de la consommation en produits halieutiques et de l’apport en protéines animales ;
- une baisse de la rentabilité des Unités de Pêche Artisanale (UPA).
D’après Diop et al. (2005), les paysans ont une assez bonne perception de l’état actuel du climat. Sur un échantillon
de 1080 ménages, 69% ont perçu une augmentation de la température et 2% une diminution de celle-ci. Par rapport
à la pluie, 84 % ont noté un changement dans le début de la saison et 84% ont noté un changement dans la
fréquence des périodes sèches durant la saison des pluies (DEEC, 2010). Les paysans confirment que la situation
des pluies s’est détériorée sous forme de déficit, d’irrégularité et de mauvaise distribution dans l’espace et le temps.
Le retard dans le début de la saison des pluies contribue à la détérioration de la qualité de la saison des pluies et
impacte sur les revenus des agriculteurs qui continuent à baisser. Les revenus tirés de l’arachide dans les régions
productrices ont chuté de 73% à 48% durant ces quinze dernières années (IPAR, 2007). L’insertion des jeunes
ruraux est de plus en plus difficile ; chaque année 100 000 jeunes ruraux arrivent sur le marché du travail.
30 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La dégradation des écosystèmes marins, côtiers et continentaux liée à la fois aux changements climatiques, à la
destruction d’habitats critiques, à la pollution et à la forte pression sur les ressources halieutiques sans oublier
l’état de sécheresse endémique que connaissent nos régions de pêche, plonge les communautés de pêcheurs
notamment sa frange la plus jeune dans un désarroi total, compromettant ainsi ses chances de suivie et de réussite
dans le secteur. Ceci a eu pour effets d’augmenter davantage les conflits entre pêcheurs et de pousser les jeunes
à l’émigration clandestine massive vers l’Espagne dans des pirogues de pêche.
5. Les réponses
La prise en compte des changements climatiques et de leurs impacts dans les politiques nationales se reflète à
travers : la ratification par le Sénégal du Protocole de Montréal et ses amendements, la signature et la ratification
de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, l’élaboration de politiques sectorielles,
la réalisation de deux (2) communications nationales à la CCNUCC, du PANA et le développement de la recherche
dans ce domaine (CSE, 2005). Il y a de nouveaux programmes financés par des partenaires au développement.
Il n’en demeure pas moins que des efforts sont encore à faire dans pas mal de secteurs. Mais, l’accréditation du
CSE comme Entité Nationale auprès du Fonds d’Adaptation devrait être mise à profit pour mieux asseoir les
priorités d’adaptation à travers des projets et/ou programmes en vue de leur financement. Le Sénégal dispose
aussi d’une stratégie d’adaptation au Changement climatique du Sénégal (DEEC, 2009).
On peut encore s’interroger sur la configuration des modifications du climat selon les régions ou les milieux
(rural ou urbain) concernés, mais il ne fait plus aucun doute que les changements climatiques sont devenus
une réalité dans de nombreux pays africains.
Les impacts attendus n’épargneront aucun secteur du développement, qu’il s’agisse de l’agriculture et de la
sécurité alimentaire, de la santé, des infrastructures ou du commerce.
De nombreuses initiatives sont aujourd’hui prises au niveau international pour réduire la quantité de gaz
responsables de ce réchauffement. Mais quoi qu’il en soit, le niveau d’émissions déjà atteint produira
inéluctablement des conséquences dont l’Afrique risque de payer le plus lourd tribut. Ces conséquences
incluent l’augmentation de la variabilité climatique causant à son tour la recrudescence des sécheresses
et inondations, l’érosion côtière, la salinisation des sols et la perte de terres agricoles, l’explosion de
maladies déjà endémiques et fortement en cause dans l’aggravation de la pauvreté (paludisme, maladies
diarrhéiques, méningite, dengue, etc.)
La vitesse et l’intensité avec lesquelles les changements pourraient se manifester et les impacts qui sont
susceptibles de se produire à la fois sur les écosystèmes et les sociétés humaines appellent de la part des
pays africains des initiatives hardies pour réduire la vulnérabilité des écosystèmes et des populations et
accroître les capacités d’adaptation.
C’est ce renforcement des capacités à s’adapter aux changements climatiques au profit des plus vulnérables
notamment, que le programme Adaptation aux Changements Climatiques en Afrique (ACCA), fruit de la
coopération entre Department for International Development (DfID) du Royaume Uni et le Centre canadien
de Recherches pour le Développement International (CRDI), s’est fixé comme but au terme de ses cinq (5)
années de mise en œuvre.
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 31
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Avec une quarantaine de projets en cours ou sur le point de démarrer sur l’ensemble du continent africain,
le programme vise à :
- renforcer la capacité des scientifiques, des organisations, des décideurs et d’autres intervenants
à contribuer à l’adaptation aux changements climatiques ;
- favoriser l’adaptation au sein des collectivités rurales et urbaines, en particulier parmi les plus
vulnérables, en appuyant la recherche-action-participative ;
- favoriser une meilleure compréhension des conclusions des scientifiques et des organismes de
recherche sur la variabilité et les changements climatiques ;
- éclairer la prise de décision politique par des connaissances scientifiques de qualité.
Au Sénégal, pays très vulnérable en raison de l’exposition de nombreux pans de son économie aux
conséquences immédiates de ces changements climatiques (agriculture, pêche, tourisme), le programme
ACCA compte plusieurs partenaires qui sont : les ONG ENDA-Tiers Monde, Innovation Environnement,
Développement (IED-Afrique) et Union mondiale pour la nature (UICN), le Centre de Suivi-Écologique (CSE),
la Fédération des ONGs du Sénégal (FONGS), l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), le
Secrétariat Intérimaire du volet Environnement du NEPAD (SINEPAD/Env) dont le siège est au Sénégal mais
qui a un mandat continental. D’autres institutions comme la Fondation Rurale pour l’Afrique de l’Ouest (FRAO)
apportent un appui technique aux projets soutenus par le programme.
i) la recherche-action-participative sur des thèmes aussi variés que l’amélioration des pratiques de
pêche (avec ENDA et son Réseau d’études sur les Politiques de Pêche en Afrique de l’Ouest),
l’adaptation des communautés à la salinisation des sols (avec ISRA), l’expérimentation de Fonds
de soutien aux stratégies locales d’adaptation (avec IED-Afrique et FONGS), le fonctionnement
de mécanismes participatifs d’information (avec CSE et FONGS). Ces projets ont pour finalité de
générer des connaissances nouvelles susceptibles d’informer la prise de décision politique et les
pratiques d’adaptation des populations locales ;
ii) le renforcement des capacités des décideurs à intégrer la question de l’adaptation aux changements
climatiques dans les processus politiques par le soutien à la participation ou à l’organisation de
conférences; cet appui concerne particulièrement UICN qui cherche à faire jouer un rôle plus significatif
aux parlementaires et aux élus locaux dans la gouvernance des changements climatiques ;
5.1 Le programme « Adaptation aux changements climatiques dans les zones côtières en
Afrique de l’Ouest : répondre par une gestion intégrée de la zone côtière à la transformation
du littoral et à ses dimensions humaines en Afrique de l’Ouest (Projet ACCC) »
L’objectif principal du projet est de maintenir ou de renforcer la résistance des écosystèmes côtiers aux changements
climatiques le long de la côte du courant des Canaries. Ce projet cherche à réduire la vulnérabilité des communautés
côtières des pays participants aux différents effets des changements climatiques sur les régions côtières. Une
approche intégrée sera adoptée pour l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies d’adaptation efficaces.
Il s’agit ainsi de : « développer et piloter un éventail de mécanismes de résistance efficaces pour la réduction de
l’effet de l’érosion côtière due aux changements climatiques dans les régions vulnérables » des cinq pays de
l’Afrique de l’Ouest à savoir, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau et le Cap-Vert. En ce qui
concerne le Sénégal, le projet intervient à Palmarin.
32 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Le Sénégal a élaboré et validé son Plan d’Action National d’Adaptation au changement climatique. Ce document
a proposé des options d’adaptation prioritaires dans les secteurs de l’Agriculture, de l’Eau, et de la zone Côtière.
C’est un exercice auquel tous les pays les moins avancés ont été soumis afin de répondre à l’urgence d’adaptation
dans les secteurs les plus vulnérables. A la suite d’un processus participatif, l’identification et la proposition de
solutions d’adaptations appropriées (technologiques ou politiques), tenant en compte des expériences nationales
menées en terme d’options d’adaptations, leurs acquis et limites ainsi que des bonnes expériences menées, ont
été faites. Ces options sont regroupées dans quatre programmes :
Entre 2003 et 2009, au total 230 rapports d’EIE ont été instruits. Dans ce total, 42 projets (soit 18,2% des projets)
ont été suivis dont 22 dans la région de Dakar et 20 dans les autres régions.
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 33
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
L’article 2.1 de ce protocole stipule que « chaque Partie prend les mesures juridiques, administratives et autres
nécessaires et appropriées pour s’acquitter de ses obligations au titre du Protocole ». Ainsi, le Sénégal s’est
lancé au lendemain de la ratification de cet instrument juridiquement contraignant dans le processus
d’élaboration de son cadre législatif et réglementaire national de biosécurité. Ce dernier qui a impliqué la
majeure partie des acteurs concernés par la problématique de la prévention des risques biotechnologiques a
abouti récemment à l’adoption de la loi 2009-27 portant sur la biosécurité promulguée par le Président de la
République le 13 juillet 2009. Cette loi consacre, sous la tutelle du Ministère en charge de l’environnement, la
création d’une Autorité Nationale de Biosécurité (ANB) et d’un Comité National de Biosécurité (CNB).
L’ANB composée de représentants des différents ministères concernés par la problématique de la biosécurité,
a pour missions de recevoir et d’examiner les demandes d’autorisation adressées au Ministre en charge de
l’environnement aux fins d’importation, d’exportation, de transit, de manutention, d’utilisation en milieu confiné,
de dissémination volontaire dans l’environnement ou de mise sur le marché d’organismes génétiquement
modifiés ou de produits dérivés d’Organismes Génétiquement Modifiés.
A ce propos, elle informe d’abord le Ministre en charge de l’environnement puis les autres ministres concernés
ainsi que le public de toute notification reçue dont elle saisit également le Comité National de Biosécurité pour
requérir son avis scientifique. Elle est également chargée, après consultation sur la base de l’avis scientifique
du CNB, de soumettre au Ministre en charge de l’environnement une proposition en vue de la prise de décision.
Quant au Comité National de Biosécurité, il s’agit d’un organe consultatif composé essentiellement de
personnalités scientifiques désignées en raison de leurs compétences se référant au domaine du génie
génétique, de la génétique des populations, à la protection de la santé humaine et animale, à l’agronomie et
à la phytiatrie, à l’environnement, aux aspects juridiques et commerciaux etc. Il a principalement pour mission
d’évaluer les risques ou d’examiner et d’apprécier, pour le compte de l’ANB, les résultats de l’évaluation des
risques que présentent les organismes génétiquement modifiés ou produits dérivés faisant l’objet d’une
demande d’autorisation et de lui donner son avis en vue d’une prise de décision par le Ministre en charge de
l’environnement.
Cette prise de décision intervient en principe dans les deux cent soixante dix (270) jours qui suivent la réception
de toute demande d’autorisation. Elle tient compte des informations fournies par le notifiant, du rapport
scientifique sur l’évaluation des risques environnementaux et sanitaires liés à l’organisme, ainsi que des
conséquences économiques, sociales, éthiques, religieuses et culturelles pouvant découler de son utilisation.
Par ailleurs, la loi consacre également l’étiquetage obligatoire des OGM et ce, pour permettre le libre choix
aux consommateurs, la réalisation d’une évaluation des risques préalable à toute prise de décision,
l’information, la sensibilisation et la participation du public à la prise de décision, la constatation et la répression
des infractions à ses dispositions.
Il convient enfin de signaler que si l’adoption de la loi constitue un pas important vers la mise en place d’un
système efficace de prévention des risques biotechnologiques, son application effective reste cependant
subordonnée à l’élaboration et la signature de ses textes d’application (décrets et arrêtés), une autre étape
déjà amorcée avec l’adoption par le Conseil des ministres des deux projets de décrets portant missions,
organisation et fonctionnement respectifs de l’ANB et du CNB.
34 C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Bibliographie
Caminade C., Ndione J.A., Jones A., Kebe C.M.F., Danuor S., Tay S., Tourre Y.M., Lacaux J.P., Duchemin
J.B., Jeanne I., Morse A.P., 2010, Mapping Rift Valley Fever and Malaria Risk over West Africa using Climatic
Indicators. Atmospheric Sciences Letter, 11: 000-000 (2010).
DEEC, 2010, Deuxième communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, 177p.
DIOP (M.), 1996, A propos de la durée de la saison des pluies au Sénégal, in Sécheresse, n° 1, vol 7, pp. 7-15.
Fall, 2008, Etude sur la vulnérabilité du secteur de la santé au changement climatique. Rapport de la deuxième
communication nationale 2010.
Gaye, A. T., Sylla, M. B, 2008, Scenarios climatiques au Sénégal. Laboratoire de Physique de L’Atmosphère
et de l’Océan S. F. (LPAO-SF), Ecole Supérieure Polytechnique Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal.
GIEC, 2007, Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au
quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, GIEC,
Genève, Suisse, 103p.
GIEC, 2001, Bilan 2001 des changements climatiques : Conséquences, adaptation et vulnérabilité. Rapport
du Groupe de travail II du GIEC, Genève, Suisse, 101p.
IPAR, 2007, Le Sénégal à l’horizon 2030 d’une société paysanne à une société urbaine ? Document
d’orientation de l’IPAR 2007-2009. 27 p. www.prospectiveagricole.org.
Mouchet J, Faye O, Julvez J, Manguin S. Drought and malaria retreat in the Sahel, West Africa. Lancet 1996 ;
348 : 1735-1736.
Ndiaye O., Le Hesran J-Y, Etard J-F, Diallo A., Simondon F., Ward M. N., Robert V., 2001, Variations
climatiques et mortalité attribuée au paludisme dans la zone de Niakhar, Sénégal, de 1984 à 1996 Cahiers
d'études et de recherches francophones / Santé. Vol. 11, n° 1, 25-33.
Tieszen L., Tappan G.G., Touré A., 2004, Sequestration of carbon in soil organic matter in Senegal : an overview
2004. Journal of Arid Environments, 59, 409–425.
Ndiaye G., 2009, Impacts du changement climatique sur les ressources en eau du Sénégal, Rapport
préliminaire - Deuxième communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, 46p.
C h a p i t re I I : Vu l n é r a b i l i t é c l i m a t i q u e 35
Chapitre III : Ressources en eau
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Introduction
Le Sénégal est un pays sahélien disposant de ressources en eau fortement tributaires des conditions
pluviométriques, donc fragiles. La question de l’eau est un enjeu national compte tenu de son impact sur différents
secteurs de développement du pays : industrie, agriculture, tourisme, pêche, etc.
Les ressources en eau sont mal réparties : soit elles sont trop éloignées des grands centres de consommation et
des pôles de développement, soit elles sont difficilement mobilisables pour satisfaire la demande en eau potable
des populations ou des autres usages (industrie, agriculture, mines, etc.).
A ces défis majeurs, il faut ajouter la préservation des écosystèmes naturels (forêts, pâturages et zones humides),
la protection des populations contre les risques liés aux inondations et aux maladies d’origine hydrique.
Au Sénégal, les phénomènes environnementaux, qui affectent l’exploitation des ressources naturelles, le
développement économique et social et la santé humaine, font l’objet d’une prise de conscience relativement
récente.
Le présent rapport fait un tour d’horizon sur l’état de la ressource en eau, les pressions sur celle-ci, les impacts,
les enjeux, enfin les réponses.
Le suivi de l’état des ressources en eau du Sénégal est basé sur un réseau de stations pluviométriques,
synoptiques, piézométriques et hydrologiques. Des mesures ponctuelles viennent compléter ce dispositif.
A ces deux principaux systèmes, il faut ajouter le fleuve Casamance et le cours supérieur de la Kayanga avant son
entrée en Guinée Bissau (2.870 km² au Sénégal). La Casamance est un petit fleuve côtier avec un bassin d’une
superficie de 20.150 km² presque entièrement situé en territoire sénégalais. Sa vallée inférieure est envahie par les
eaux marines qui remontent en période de basses eaux jusqu'à Diana Malari, à 152 km de l'embouchure. La
Kayanga, qui porte le nom de Rio Gêba en Guinée Bissau, est située à l’extrême sud du Sénégal. Tous ces fleuves
sont pérennes et ont un régime de type tropical selon la classification hydrologique de Rodier (1964).
Les autres cours d'eau ont uniquement des écoulements non pérennes, temporaires. Il s’agit essentiellement de
(figure 13) :
- le Saloum, le Sine et le Car Car formés d'un ensemble de petits bassins débouchant dans un estuaire
complexe aux eaux très salées ;
- une série de petites rivières côtières coulant d'ouest en est et débouchant sur la côte entre Dakar et Joal
Fadiouth : Bargny, Yene Tode, Toubab Djalao, Guéréo, Somone, Baling, Nianing, Mbodiène, Joal-Fadiouth.
Le fleuve Sénégal est formé par la réunion du Bafing et du Bakoye à Bafoulabé au Mali, à 1 000 km environ de
l’océan Atlantique. Son bassin versant d’une superficie de 289 000 km2 dont les 20% sont situés en territoire
sénégalais.
La station hydrométrique de Bakel contrôle l'ensemble des débits transitant dans la vallée du fleuve Sénégal. En
effet, après Bakel, le fleuve ne reçoit sur sa rive droite que quelques affluents sahéliens d'apports négligeables
dont le plus important est le Gorgol. En aval de Bakel, la pente très faible du fleuve (2.5 cm/km) donne lieu à des
phénomènes caractéristiques de dégradation hydrographique : défluents, plaines d'inondation, lacs. Le Doué,
principal défluent, se sépare du fleuve à une quarantaine de kilomètres en aval de Kaédi et reste parallèle au cours
principal sur près de 200 km, isolant une large bande de terre : l'île à Morphil.
Le barrage de Manantali (bassin versant de 27 800 km²) qui régule les apports du Bafing et contrôle environ la moitié
des écoulements transitant dans le fleuve Sénégal, a été mis en service en 1987. Avec une retenue d'un volume de
12,8 milliards de m3, il a été réalisé dans le but de satisfaire à moyen ou long terme les besoins suivants :
Le régime hydrologique du fleuve Sénégal se caractérise sur l'ensemble de son cours par une saison de hautes
eaux de juillet à début octobre et par une saison de basses eaux de début décembre à début juin. Les débits
moyens mensuels en régime naturel à Bakel qui est une station référence pour le Sénégal sont donnés dans le
tableau ci-dessous pour la période 2004-2008 (tableau 6 et figure 12).
Station Période Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc
Bakel 2004 - 2008 156 162 188 221 269 614 1125 1515 695 329 200 156
Source DGPRE
Figure 12 : Evolution des débits du fleuve Sénégal à Bakel dans la période 2004-2008
Le régime hydrologique du fleuve Sénégal à Bakel est influencé par la retenue de Manantali depuis 1987.
Les crues faibles à moyennes restent pratiquement dans le lit mineur du fleuve et ne subissent aucun
amortissement. Les débits peuvent dépasser 1500 m3/s avant de tomber vers 150 m3/s pendant la période
d’étiage.
En aval de Dagana, le Sénégal alimente deux dépressions: le lac de Rkiz en rive droite, le lac de Guiers et la vallée
du Ferlo en rive gauche. Il se jette dans l'Atlantique à Saint-Louis par un delta, après un parcours de 1.800 km
depuis la source du Bafing. A une trentaine de km au nord de Saint Louis, le barrage anti-sel de Diama (1985),
complété par des endiguements en rive droite et en rive gauche, permet de réguler les niveaux d'eau jusqu’à 350
km en amont. Le fleuve Sénégal bénéficie d’apports importants estimés à près de 20 milliards de m3 par an (Bilan
Diagnostic 1996).
Le lac de Guiers fait partie du système du fleuve Sénégal auquel il est relié via le canal de la Taoué. Il s’agit d’une
dépression naturelle de 50 km de long avec une largeur maximale de 7 km. Situé en rive gauche du fleuve Sénégal,
dans la zone du delta du fleuve Sénégal, le lac de Guiers couvre une superficie d’environ 250 km² à la cote 1,25 m
IGN pour un volume de 400 millions de m3. Il constitue la plus vaste réserve d’eau douce de surface du Sénégal,
exploitée principalement à des fins agricoles et de production d’eau potable pour la ville de Dakar. A titre indicatif, le
lac de Guiers fournit environ 30% de l’eau consommée à Dakar. L’eau est pompée et traitée sur place (usine de Gnith
et usine de Keur Momar Sarr) puis envoyée dans la capitale par conduite forcée via les deux conduites ALG1 et ALG2.
Le fleuve Gambie prend sa source à 1150 km de l’embouchure et à quelques kilomètres au nord-est de Labé en
Guinée, à 1125 m d'altitude. La Gambie franchit la frontière sénégalaise à quelques kilomètres en amont de
Kédougou où elle est contrôlée par une station installée depuis plus de 15 ans (km 907). En aval de Kédougou, la
Gambie reçoit à droite le Diagueri (bassin versant de 1010 km²), contrôlé par la station de Diagueri-Pont et qui
draine le sud de la région de Saraya. Le fleuve commence alors sa traversée des contreforts nord du Fouta Djalon
par une grande boucle au milieu de laquelle se trouve la station de Mako (km 820) ; il reçoit sur sa gauche le
Tiokoye (en mandingue "l'eau blanche") au km 790, abondant malgré un petit bassin versant de 1 264 km² contrôlé
par la station de Tiokoye-Pont. Entamant la traversée des collines Bassaris, la Gambie reçoit encore sur sa gauche
le Diarha (km 770) également abondant (bassin versant de 846 km²) et contrôlé par la station de Diarha-Pont.
Le fleuve Gambie creuse ensuite son lit dans les plateaux gréseux du Continental Terminal jusqu'à son embouchure.
Il coule vers le nord-nord-ouest jusqu'à Gouloumbou, recevant sur sa droite le Niokolokoba (km 650) et le Nieri-Ko
(km 590), puis à sa gauche la Koulountou (km 542), son principal affluent par le débit, venu également du Fouta
Djalon. La Gambie reçoit enfin le Niaoulé (km 530), petit affluent de droite (bassin versant de 1 356 km²) contrôlé par
la station de Gouloumbou (km 492) à une altitude très proche de 0. A partir de Gouloumbou, le fleuve est influencé
par la marée. Il prend une direction générale ouest malgré de nombreux méandres et reçoit encore quelques affluents
dont les apports sont négligeables : la Sandougou et le Bao Bolon à droite, le Bitang Bolon à gauche.
Le régime hydrologique du fleuve Gambie se caractérise sur l'ensemble de son cours par une saison de hautes
eaux de juillet à début octobre et par une saison de basses eaux de début décembre à début juin (tableau 7 ; figures
13 et 14). Un tarissement régulier succède au passage de la crue et se prolonge pendant toute la période de basses
eaux, assurant un très faible écoulement à partir de Kédougou, excepté pour les années les plus déficitaires.
Station Période Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc
Mako 2004 -2007 11 6 3 1 0 10 81 264 395 165 49 20
Source DGPRE
Pendant la saison des pluies, les débits peuvent atteindre jusqu’à environ 400 m3/s et devenir nuls pendant les
périodes d’étiage.
Le bassin versant de la Casamance a une superficie de 20 150 km² et se trouve presque totalement en territoire
sénégalais. La Casamance est formée par la réunion de plusieurs petits marigots près de Saré Baïdo Mali, à une
altitude de 50 m et à mi-chemin entre Fafacourou et Vélingara. Leur lit est à peine marqué au milieu de vallons
évasés à fond plat. Malgré le bas niveau des vallons, il n'y a pas d'érosion régressive et les limites des bassins
versants sur le plateau sont indécises. Ces petits affluents tarissent souvent en saison sèche, l'écoulement ne
devenant pérenne qu'en aval de Fafacourou (Bassin Versant de 700 km² à Fafacourou) grâce à des résurgences.
Au km 66, la Casamance reçoit son affluent le plus important en amont de Kolda, le Tiangol Dianguina (Bassin
Versant de 815 km² à Saré Sara) qui a déjà conflué avec la Khorine (Bassin Versant de 385 km² à Médina Omar).
Les caractéristiques de la Casamance restent inchangées en aval de la confluence avec le Soungrougrou. Le lit
d'une largeur de 4 km se resserre entre Niaguiss et la jonction avec le marigot de Bignona avant de s'élargir
progressivement jusqu'à atteindre 8 km en amont de Karabane.
Le principal affluent de la Casamance, le Soungroungou a un bassin versant de 4 700 km². La Casamance reçoit
de nombreux affluents (Tiangol, Dianguina, Dioulacolon, Khorine, Niampampo) et une multitude de bolongs vers
l’embouchure.
1.1.4 Kayanga
La rivière Kayanga prend sa source en Guinée dans des marécages à une altitude d’environ 60 m. Après un
parcours de quelques dizaines de kilomètres, elle pénètre au Sénégal avant de descendre vers le sud-ouest et de
rejoindre la Guinée Bissau où elle prend le nom de Rio Geba. Au Sénégal, l’Anambé représente son seul affluent
notable. A la station de Wassadou, le débit moyen interannuel s’élève à 1,00 m3/s, soit un volume de 31,66 millions
de mètres cube d’eau (1976-1988). Les débits annuels des trois dernières années sont respectivement de 0,341,
2,83 et 0,278 m3/s.
Les eaux souterraines constituent traditionnellement la première ressource, particulièrement pour l’eau de boisson.
Des études sur cette ressource sont menées au Sénégal depuis plusieurs décennies, bien avant les
indépendances. Depuis quelques années, on note la conjonction entre d’une part, la forte poussée démographique
et donc l'accroissement de la demande en eau, d'autre part, le déficit pluviométrique observé depuis le début des
années 70 qui a provoqué l’abaissement du niveau des aquifères superficiels, un tarissement précoce des points
d'eau traditionnels tant de surface (mares et rivières) que souterrains (puits et céanes).
On distingue 4 grands systèmes aquifères correspondant aux principales formations géologiques.
Le système aquifère superficiel regroupe les formations gréseuses, sableuses et sablo-argileuses et quelquefois
graveleuses du Quaternaire, du Continental Terminal et de l'Oligo-miocène. Ses réserves globales sont estimées
entre 50 à 75 milliards de m3 d'eau.
Le système aquifère intermédiaire est constitué de deux formations à dominante calcaire : l'Eocène (EO) présent
sur tout le bassin et le Paléocène (PA) présent dans le horst de Ndiass et la région de Mbour.
Les réserves en eau, seraient de l'ordre de 10 milliards de m3 dans les zones de bonne transmissivité et 50 à 100
milliards dans les zones très étendues où les calcaires sont moins perméables. Les débits unitaires des forages
dépendent de la fracturation des calcaires et peuvent atteindre plus de 250 m3/h.
Le système aquifère profond est constitué des épaisses séries sableuses à gréseuses et sablo-argileuses à
argileuses du Maestrichtien (Crétacé supérieur) en contact direct des formations sus-jacentes de l'Eocène ou du
Paléocène, généralement peu perméables (sauf dans la zone du Cap Vert) qui mettent en charge l'aquifère
maestrichtien. Il couvre les 4/5 du territoire et est essentiellement constitué de sables et de grès. Ses réserves
sont estimées entre 300 et 400 milliards de m3 d'eau et la recharge entre 300 et 800 000 m3/an. Il s’agit de
l’aquifère le plus exploité par des forages atteignant à certains endroits plus de 400 m avec des débits variant
entre 50 et 200 m3/h.
La minéralisation est faible sur une bonne partie du réservoir (résidu sec inférieur à 0,5 g/l) tandis que sur le littoral,
les eaux sont salées (près de 35 g/l de résidu sec à Léona et Toundou Besset, 19,6 g/l à Richard Toll). Malgré les
conditions climatiques déficitaires, l’alimentation de la nappe est assurée par la zone sud-est tandis que son
écoulement se fait globalement dans le sens sud-est/nord-ouest. D’autres zones probables d’alimentation se
situeraient sur les bordures sud (Casamance), sud-est (proximité du socle), est (infiltration possible le long de la
vallée du fleuve entre Bakel et Matam).
Les formations du socle occupent l’extrémité SE du Sénégal sur une superficie de 32 750 km² (figure 15 ; tableau
8), soit 17% du territoire national et font partie de la bordure occidentale du bouclier africain.
Sur le plan hydrogéologique, la complexité de ces formations et la compacité des roches du substratum font qu'il
n'existe pas d'aquifère généralisé, mais un éventail d'aquifères juxtaposés, souvent en contact et ayant cependant
bon nombre de caractéristiques communes. Il s’agit généralement d’aquifères discontinus à semi-continus circulant
dans les franges supérieures altérées des roches saines et/ou dans les réseaux de fractures et de fissures qui
traversent la partie supérieure de la roche-mère. Leur perméabilité est donc étroitement liée, d'une part, à la nature
des produits altérés eux-mêmes dépendant de la nature de la roche-mère, d'autre part, à la densité et à l'extension
des réseaux de fissures qui affectent ces roches-mères ainsi qu'aux grands accidents régionaux qui les traversent.
CARACTERISTIQUES
SYSTEMES A QUIFERES
PRINCIPALES
Superficiel Intermédiaire Profond Socle
Aquifères
Aquifères Aquifère libre du horst Sénégal oriental
infrabasaltique lac
Sebikotane, Pout de Ndiass et captif
Unités aquifères et localisation Thiaroye Littoral Nord
Vallée dans le reste du Superficie
Basse Casa-
Tambacounda bassin sédimentaire de 32.750 km²
Sine-Saloum
Salinité (g/l) < 1 sauf deltas < 1 sauf 1/3 occid. < 1 sauf 1/3 occid. <1
Fluorures (mg/l) <1 > 1 en zone côtière > 1 en zone côtière <1
Potentiel relativement
Bon potentiel dans Excellent potentiel sur
faible mais bonne
Bon potentiel aquifère les zones de tout le bassin
Bilan recharge annuelle
mais sensible à la calcaires karstifiés, sédimentaire, mais
grâce à la
sécheresse, à la plus faible ou nul sérieux problèmes de
pluviométrie élevée.
salinisation et à la dans les zones de surexploitation et de
Contrainte de coût
pollution. Exploité par marnocalcaires. salinisation dans les
des prospections
Diagnostic des milliers de puits et Contraintes de régions côtières.
nécessaires pour
céanes dans les surexploitation et de Forages coûteux mais
éviter les échecs et
nappes alluviales. salinisation dans la économie d'échelle
trouver les meilleurs
région du Cap Vert. car débits élevés.
débits.
Le problème lié à l'excès de fluor dans les aquifères du Sénégal est connu par ses effets spectaculaires sur la
dentition, mais aussi, à long terme, sur le système nerveux. D'après les normes OMS, la concentration maximum
en fluorures admissible pour la potabilité de l'eau est de 1 mg/l. Or, sur 1593 mesures des fluorures dans l'eau
des forages, on compte 1004 forages dont la teneur en fluorures est inférieure à 1 mg/l, 262 où la teneur est
comprise entre 1 et 2 mg/l et 327 forages dont la teneur est supérieure à 2 mg/l (tableau 9).
Les statistiques sur l’accès à l’eau réalisées, lors de la revue annuelle 2009 du Programme d’eau potable et
d’assainissement du Millénaire (PEPAM), montrent :
o pour l'hydraulique urbaine, le taux d'accès global s’est stabilisé à 98% en fin 2007 (branchements
particuliers et bornes fontaines). Ce résultat place le sous-secteur en phase avec les projections du PEPAM
pour 2015 ;
o pour l'hydraulique rurale, le taux d'accès est passé de 75,5% en fin décembre 2008 contre 72% en fin 2007.
Ce résultat, qui permet de maintenir le sous-secteur sur le chemin des OMD, est dû à l'addition des efforts
de la DHR, de la DEM, des autres projets gouvernementaux, des ONG et de la coopération décentralisée.
Les volumes d’eau potable prélevés pour la population et le cheptel s’élèvent à 225 935 000 m3 par an. Il faut
remarquer cependant que les besoins en eau potable sont constamment en augmentation.
Les ressources en eau potentiellement mobilisables au Sénégal sont évaluées à quelques 6 milliards de m3/an dont
les ¾ sont assurés par les aménagements du fleuve Sénégal et le reste par les eaux souterraines. En 2005, il était
fait mention de 1 251 000 000 de m3 pour le secteur de l’agriculture, ce qui représentait à l’époque, 18 fois les
quantités prélevées pour l’eau potable (CSE, 2005). En l’espace de quelques années, ce chiffre a connu une hausse
très importante qui invite à beaucoup de réflexions, notamment avec le contexte actuel du changement climatique.
• la construction des barrages de Manantali au Mali et de Diama dans le Delta du fleuve Sénégal permet de
mobiliser plus de 4 milliards de m3 par an ;
• le lac de Guiers, réservoir naturel relié au fleuve Sénégal, permet la mobilisation annuelle de quelques 600
millions de m3 ;
• le fleuve Gambie permet la mobilisation de 3,44 (Milliards) m3 par an ;
• la Casamance apporte quelques 46,4 millions de m3 par an au niveau de Kolda. Cependant les intrusions
d’eau marine dans l’estuaire jusque vers la confluence avec le Soungrougrou rendent ses eaux impropres
à l’irrigation ;
• l’Anambé et la Kayanga, qui concernent aussi la Guinée Bissau, couvrent une superficie d’environ 5.170km2
dans le territoire sénégalais.
Les eaux de surface comprennent également les dépressions lacustres situées dans la zone des Niayes. Leur
potentiel en eau dépend étroitement de la pluviométrie enregistrée annuellement mais aussi du potentiel des
nappes sous jacentes. Faute d’instrumentation et de suivi, la quantification des volumes d’eau mobilisables pour
les différentes activités est difficile à réaliser tableau 10).
Système intermédiaire 183 000 60 000 Débits faibles, déjà largement exploités
Les unités industrielles (à l’exception des extractives) sont localisées, pour la plupart, dans les centres urbains et
essentiellement dans l’agglomération dakaroise (83 %).
Les besoins en eau pour l’industrie en 2005 étaient estimés à 64 millions de m3/an. En 2020, ces besoins annuels
prévisibles pourraient dépasser le double. Les exploitations minières sont situées en zone rurale et s’alimentent
par des systèmes autonomes mais gérés par la SDE. Les grandes consommatrices d’eau sont les exploitations
de phosphates :
Les besoins du secteur touristique sont évalués en moyenne à 10 240 m3/j. L’essentiel du dispositif hôtelier est
concentré à Dakar (38%), sur la Petite côte (25%) et en Casamance (25%).
2.2 Rejets
Le Sénégal dispose d’importants réseaux collectifs et semi-collectifs ainsi que de stations de lagunage et des
stations d’épuration à boues activées (avec traitement tertiaire et début de réutilisation à Cambérène). Toutefois,
le taux de collecte des eaux usées est de 26% et le taux de traitement avoisine 24%. Cela signifie qu’une grande
partie des eaux usées est rejetée en mer (pour Dakar), s’infiltre dans le sol (Louga), rejetée dans un cours d’eau
(Saly et Kaolack), ou réutilisée par les maraîchers (Saint-Louis).
La station de Cambérène ne traite que 15 000 m3 par jour, les autres 85 000 m3 d'eaux usées générés à
Dakar sont rejetées directement dans l'océan.
La baie de Hann, qui est située à l'est de la capitale sénégalaise, est considérée comme un véritable désastre
écologique. En effet, elle reçoit les effluents d'une partie importante du centre ville, de la banlieue Est ainsi
que de toute la zone industrielle, où les usines ne disposent pas de moyens de traitement de leurs effluents
très polluants. La pollution de la baie pose des problèmes d'insalubrité importants, du point de vue de la
fréquentation de la plage, mais aussi de la consommation des produits de la mer.
Le réseau d'assainissement des eaux pluviales est principalement constitué de canaux à ciel ouvert. Mais ceux-
ci charrient également les ordures ménagères ainsi que les eaux usées provenant de branchements clandestins.
3 Impacts
Le déficit pluviométrique a entraîné un abaissement progressif du niveau des nappes, notamment celles
superficielles dont la recharge est fortement tributaire de la pluviométrie. Par ailleurs, l’effet conjugué de l’élévation
du niveau marin et de l’évapotranspiration expose les eaux douces à la salinisation dans la partie ouest du pays,
rendant ainsi une partie des eaux superficielles et souterraines impropres pour de nombreux usages. Les
ressources en eau sont soumises à différentes pressions et on peut citer entre autres : l’accroissement de la
population, celui de l’activité économique et l’intensification de la compétition entre les différents usages.
La rivalité entre les secteurs utilisateurs de l’eau (agriculture, communautés urbaines, industrie et environnement)
est très forte et largement répandue ; elle connaît une augmentation progressive. Cette rivalité provoque ainsi
souvent des conflits entre les usagers, aggravés par des approches politiques différentes considérant l’eau comme
une ressource stratégique.
- de l’utilisation des points d’eau (usage domestique, agriculture et alimentation en eau du cheptel) ;
- des aménagements hydro-agricoles (agriculture/élevage) ;
- des aménagements hydrauliques (amont/aval des barrages) ;
- de la gestion des infrastructures hydrauliques (agriculture et production d’énergie).
Les maladies peuvent être classées en quatre catégories : les maladies hydriques, les maladies d’origine hydrique,
les maladies dues aux vecteurs liés à l’eau et celles dues à la pénurie d’eau. Parmi les maladies hydriques, on
peut citer entre autres : les diarrhées aigues et les dysenteries, la fièvre typhoïde, la méningite, l’hépatite A et E.
Les diarrhées aigues représentent la première cause de mortalité infantile. La fièvre typhoïde est également
endémique dans notre pays. Des cas sont notifiés régulièrement en milieu urbain. Les hépatites virales A et E
peuvent donner de grandes épidémies observables dans les régions à niveau d’hygiène insuffisant. Elles se
caractérisent par un taux de létalité élevé notamment chez les femmes enceintes.
Parmi les maladies d’origine hydrique, on peut citer les bilharzioses (encore appelées schistosomiases) qui sont
des maladies parasitaires dues à des vers plats appelés bilharzies. Deux formes existent au Sénégal (ANSTS,
2007) :
Parmi les maladies dues aux vecteurs liés à l’eau, on peut citer le paludisme, l’onchocercose, et la filariose
lymphatique. Au Sénégal, la morbidité proportionnelle du paludisme est de 32,5% et sa mortalité de 20%.
Pour l’ensemble de ces maladies, des programmes nationaux de lutte sont mis en place (PNLO, PNLP…).
La consommation d’eau à forte concentration de sels tels que le fluor, les nitrates, ou le fer a entraîné dans certaines
régions du pays l’apparition de maladies hydriques telles que la fluorose (bassin arachidier), la bilharziose (bassin
du fleuve Sénégal), ou d’autres maladies comme le ver de Guinée ou l’onchocercose.
Parmi les maladies dues à la pénurie d’eau on peut citer le trachome (ANSTS, 2007).
Dans toute société, le degré de protection de l’environnement à atteindre est une question de choix et
d’engagement politique. Les pays en développement sont en général les moins capables, ou les moins désireux,
de prendre en considération la question de l’eau nécessaire à la protection de l’environnement, car leur priorité
essentielle est de veiller à la satisfaction des besoins fondamentaux immédiats de leurs populations. Il conviendrait
donc de faire des efforts de sensibilisation afin que ces deux objectifs ne soient pas contradictoires.
Au Sénégal, les impacts de la dégradation de l’écosystème peuvent être observés à plusieurs niveaux :
Les écosystèmes aquatiques des bassins fluviaux sont façonnés par le régime de la crue naturelle. Toute
modification de ce régime (en termes de date d'arrivée, durée, intensité, périodicité) les affecte de façon plus ou
moins profonde. Ces changements peuvent créer des impacts d'une grande complexité sur la flore et la faune
aquatique de même que sur les modes d'exploitation des écosystèmes fluviaux par les populations riveraines.
L’envahissement des plans d’eau par la végétation aquatique constitue un problème environnemental majeur. Dans
le delta du fleuve Sénégal, la prolifération des plantes aquatiques est signalée dans la plupart des zones humides.
Les inondations observées résultent le plus souvent des pluies extraordinaires. Ces pluies peuvent résulter, soit
de perturbations atmosphériques caractéristiques des zones tropicales comme les orages tropicaux (violents et
de courtes durées), soit de cumuls de pluies. Il faut noter également que, suite aux occupations anarchiques ou
à des aménagements inadéquats, des inondations peuvent survenir même avec des pluies normales. Le cas de
la région de Dakar qui depuis 2005 peut être cité comme exemple avec des inondations sévères et fréquentes.
Les inondations résultant du dysfonctionnement des ouvrages de retenue d’eau sont plutôt rares au Sénégal vu
les faibles débits des cours d’eau et la rareté de véritables ouvrages de retenue. Comme ouvrages importants, on
ne compte que les barrages de Diama (dans le Delta du fleuve Sénégal, région de Saint Louis), de l’Anambé (région
de Kolda), de Guidel et d’Afignam (région de Ziguinchor). Les rares cas de problèmes avec ces ouvrages
concernent les « lâchers » d’eau au niveau du barrage de Diama, avec comme conséquence l’aggravation de la
situation en aval et notamment au niveau de Saint-Louis.
La pollution d’origine anthropique des nappes est essentiellement due aux activités agricoles, industrielles et à
l’occupation anarchique de l’espace. Les paramètres révélateurs de cette pollution sont la présence de nitrates et
de micropolluants organiques et la contamination bactériologique. La pollution des nappes par les nitrates dans
la zone du Cap-Vert est importante, notamment au niveau de la décharge de Mbeubeuss, mais aussi, au niveau
des nappes affleurantes situées dans les bidonvilles de la proche banlieue de Dakar (Dalifort, Médina Gounass,
Thiaroye, etc.).
La qualité des eaux superficielles connaît, elle-aussi, une forte altération due à la pollution chimique résultante
notamment des pesticides et engrais utilisés dans l’agriculture. Ces problèmes sont signalés dans des régions
comme le Delta du fleuve Sénégal, la presqu'île du Cap-Vert, les zones de Mbour et de Fatick, la zone comprise
entre Vélingara et Tambacounda.
4 Réponses et limites
4.1 Réponses
4.1.1 Mesures institutionnelles et réglementaires
Afin de gérer les ressources en eau et leurs usages, le Sénégal dispose d’instruments politiques et juridiques très
diversifiés avec les Lettres de Politique Sectorielle (hydraulique urbaine, agriculture, élevage etc.) notamment et
d’innombrables textes de Lois, Décrets, Arrêtés et Circulaires. Le statut juridique des ressources en eau est régi
par le Code du Domaine de l'État. Le Code de l'eau détermine les régimes d’utilisation des eaux et organise la
préservation et la protection qualitative de la ressource en eau. En ce qui concerne les cours d’eaux partagés, ils
disposent de statuts juridiques spécifiques (Convention relative au statut du fleuve Sénégal du 11 Mars 1972 ;
Convention relative au statut du Fleuve Gambie du 10 Juin 1978).
L’Etat assure l’administration des ressources en eau en faisant recours à plusieurs modes d’organisation : gestion
centralisée (ministères, directions opérationnelles et services centraux), gestion déconcentrée (services
déconcentrés en relation avec les organisations de la société civile), gestion décentralisée (transfert de compétence
aux collectivités locales) et gestion conventionnelle (coopération internationale).
- code du domaine de l’Etat (1976) établissant la propriété de l’État sur les ressources en eau ;
- loi n° 81-13 du 04 mars 1981 portant code de l’eau définissant le cadre réglementaire régissant les
prélèvements et les rejets ;
- décrets d’application des dispositions du code de l’eau relatives aux autorisations de construction
et d’utilisation d’ouvrages de captage et de rejet et à la police des eaux ;
- le conseil supérieur de l’eau créé par décret présidentiel n° 98-557 en juin 1998 décide des grandes
options d’aménagement et de gestion des ressources en eau du Sénégal, arbitre les différends nés de
l’utilisation de l’eau, veille au respect de la réglementation relative à la gestion des eaux internationales
et statue sur toute autre question liée à la gestion et à la maîtrise des ressources en eau ;
- création en octobre 1998 du comité technique de l’eau dont le secrétariat permanent est assuré
par le service de gestion et de planification des ressources en eau. Ce comité est chargé d’étudier
et d’analyser pour le compte du conseil supérieur de l’eau, toute question relative à la gestion et à
la maîtrise des ressources en eau ;
- 1995 : privatisation de la Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal (SONEES) avec 3
entités : d’abord, la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) chargée de la gestion du
patrimoine de l’hydraulique urbaine, de la programmation et de la maîtrise d’ouvrage des
investissements, du contrôle de la qualité de l’exploitation et de la sensibilisation du public ; ensuite,
la Sénégalaise des Eaux (SDE) chargée de l’exploitation, de l’entretien de l’infrastructure et du
matériel, du renouvellement du matériel, une partie du réseau de distribution et du recouvrement
des factures et enfin l’ONAS.
- Octobre 2000 : création de l’agence de promotion du réseau hydrographique national par décret
2000-804 du 12 octobre 2000 ;
- Programme d’atténuation et de suivi des impacts sur l’environnement : crée par l’OMVS : il intègre
l’ensemble des mesures d’atténuation et de suivi qui seront mises en œuvre lors de la réalisation
et de l’exploitation du projet énergie sur Manantali, en définit les modalités d’application ainsi que
les coûts sans distinction de ceux qui sont imputables ou non au projet Energie.
- la sécurisation et l'accroissement des revenus des habitants du bassin et des zones avoisinantes ;
- la sauvegarde du milieu naturel et l'établissement d'un équilibre écologique ;
- la réalisation d'une agriculture moins vulnérable aux aléas climatiques et aux facteurs externes ;
- l'accélération du développement économique par la promotion de la coopération.
L'OMVG regroupe quatre pays : Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry. Ses objectifs sont :
L'État sénégalais a mené depuis plusieurs décennies, une politique de maîtrise de l'eau visant à mettre à la
disposition des divers utilisateurs une eau en quantité suffisante et de qualité appropriée selon les usages. Cette
volonté politique s'est traduite par la réalisation de plusieurs infrastructures hydrauliques (forages, puits, barrages,
retenues, etc.). Par ailleurs, le Sénégal s'est engagé à se conformer aux directives et recommandations des
différentes rencontres internationales sur l'eau comme celles de la Conférence Mondiale sur l'Eau.
Par ailleurs, le secteur de l’eau a été défini comme un axe de développement prioritaire dans la Stratégie de
Croissance et de Réduction de la Pauvreté (SCRP 2006-2009). Il a été retenu entre autres actions :
Le portefeuille global des opérations en cours dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement en milieu
urbain et rural porte actuellement sur 92 projets dont 62 portés par l’Etat et ses démembrements et 26 par les
ONG. Le montant cumulé de ce portefeuille est évalué à 412 milliards de FCFA. Il faut rappeler cependant que le
financement prévu pour le PEPAM pour la période 2005-2015 était évalué initialement à 515 milliards FCFA pour
atteindre les OMD en milieu urbain et rural.
Axe stratégique 1 : Améliorer les connaissances et les moyens de gestion des ressources en eau :
o Mesure 1.1 : Amélioration et diffusion des connaissances sur l’état des ressources en eau, leurs
disponibilités et les besoins ;
o Mesure 1.2 : Renforcement des moyens humaines et techniques pour rendre efficiente la gestion ;
o Mesure 1.3 : Garantie de financements durables pour la mobilisation, l’exploitation et la protection
des ressources en eau ;
o Mesure 1.4 : Amélioration de la performance des systèmes de protection et de gestion des risques
liés à l’eau ;
Axe stratégique 2 : Créer un environnement favorable à l’application de la GIRE par des réformes
légales, organisationnelles et politiques :
• en milieu rural :
- faire passer le taux d'accès à l'eau potable de 64% en 2004 à 82% en 2015, et le taux d'accès à
l'assainissement de 17% en 2004 à 59% en 2015.
• en milieu urbain :
- faire passer le taux d'accès à l'eau potable par branchement domiciliaire dans la région de Dakar de
75,7% en 2004 à 88% en 2015, et dans les autres centres de 57,1% en 2004 à 79% en 2015 ;
- faire passer le taux d'accès à l'assainissement de 56,7% en 2004 à 78% en 2015.
Le rapport d’avancement 2007 montre que des progrès significatifs sont menés depuis le démarrage du
programme.
Le programme d'investissement du PEPAM comprend, pour chacun des volets urbain et rural, trois
composantes :
1. Infrastructures d'eau potable ;
2. Infrastructures d'assainissement ;
3. Cadre unifié des interventions.
- Infrastructures d'eau potable: 300 nouveaux réseaux d'adduction d'eau, 756 extensions de réseaux
et 242 châteaux d'eau, 80 000 branchement sociaux, un programme de remise à niveau des 1000
installations existantes ;
- Infrastructures d'assainissement: 355000 latrines améliorées avec bac à laver puisard, 3360 édicules
publics ;
- Cadre unifié d'investissement: application de la réforme de la gestion des forages à l'échelle nationale
avec notamment la création de 1000 ASUFOR et le transfert intégral des activités de maintenance
au secteur privé national, conduite d'un programme IEC dans les écoles pour l'éducation à l'hygiène.
• projet de 4 barrages dans les Niayes (région de Dakar : capacité de stockage 215 millions de m3, surface
aménageable 310 ha) ;
• programme d’aménagement de bassins de rétention : capacité de stockage 500 000 m3 ;
• réhabilitation de retenues collinaires à Panthior et à Bargny : volume d’eau de 350 000 m3 par an.
• de former des spécialistes de haut niveau capables de traiter les différents problèmes relatifs à l’eau ;
• de concevoir et de piloter des projets dans le domaine ;
• et de promouvoir l’éducation relative à l’eau à des fins de sauvegarde et d’optimisation, pour un
développement durable.
Quatorze (14) formations doctorales réparties en quatre mentions permettent de prendre en compte la
pluridisciplinarité autour de la question de l’eau ainsi que de la multiplicité des approches en vue d’une gestion
rationnelle, équitable et durable de la ressource.
L’EDEQUE est une école doctorale thématique qui s’intéresse aux interactions entre l’eau, l’homme et son
milieu. La première promotion d’EDEQUE compte environ soixante quinze doctorants qui mènent des
recherches dans différents domaines de la thématique Eau.
Annuellement, l’EDEQUE et l’Université Cheikh Anta Diop, en partenariat avec la Coopération Française et
divers autres bailleurs du secteur public et privé national comme international, organisent des Journées
Scientifiques centrées sur un thème choisi en fonction des urgences du moment et des besoins exprimés en
terme de recherches à mener dans les différents laboratoires. La première édition de ces journées scientifiques
a réfléchi sur le thème de « l’eau dans l’enseignement et la recherche universitaire ; la 2e édition a permis de
réunir divers acteurs pour une réflexion sur le thème de « l’eau dans le développement local ».
4.2 Limites
Malgré les efforts importants de l’Etat dans le secteur de l’eau, beaucoup reste à faire dans les domaines de :
• la sensibilisation et de la communication ;
• l’implication des acteurs ;
• la maîtrise de l’eau ;
• et l’entretien et la maintenance des ouvrages réalisés.
Beaucoup d’ouvrages ont été réalisés notamment par le PEPAM pour l’atteinte des OMD, mais le problème de la
gestion des ouvrages se pose toujours avec acuité. La réforme entreprise par la Direction de l’Exploitation et de
la Maintenance (DEM), consistant à céder la gestion des points d’eau au secteur privé est une bonne dynamique
pour rendre efficient le fonctionnement des ouvrages. Cependant, cette réforme doit être bien menée sur le plan
socio–économique et même culturel pour éviter les conflits d’usage.
Du point de vue environnemental, la construction des barrages de Diama et Manantali pour une bonne maîtrise
de l’eau, a contribué à la prolifération des plantes aquatiques et au développement de maladies hydriques.
5 Recommandations
Compte tenu des différentes pressions agissant sur la ressource et engendrant des impacts néfastes sur
l’environnement, il convient de trouver des solutions appropriées pour une viabilité des réponses et leur durabilité.
Les recommandations ci-après sont une synthèse des différentes propositions émises au niveau des différents
plans d’actions élaborés. Elles se résument ainsi :
- le respect des engagements des États signataires de la Convention de Ramsar pourrait constituer une
bonne base pour la prise en compte des besoins des écosystèmes aquatiques dans les politiques de gestion
de l'eau aux échelles nationales et des bassins fluviaux ;
- une plus grande prise de conscience des risques auxquels les écosystèmes aquatiques peuvent être exposés
s'ils ne sont pas pris en compte dans les politiques de gestion et d'allocation des ressources en eau ;
- l’amélioration et la mise en oeuvre de la stratégie de gestion des ressources en eau ;
- la poursuite du développement des cadres de concertation sur la gestion intégrée des ressources en eau ;
- l’intégration nécessaire d’un projet d’assainissement rural dans tout projet d’alimentation en eau en milieu rural ;
- la réalisation d’ouvrages de restauration et de protection des eaux et des sols contre la salinisation ;
- le développement d’une politique de traitement et de réutilisation des eaux usées ;
- la promotion de bonnes pratiques d’hygiène ;
- la mise sur pied d’un cadre institutionnel clair pour la gestion des eaux pluviales ;
- l’accélération de la mise en place de l’Office de Gestion du Lac de Guiers ;
- l’implication davantage des populations et des collectivités locales dans la gestion des ressources naturelles,
en particulier les zones humides ;
- l’extension des superficies protégées de manière à atteindre un niveau de conservation de la biodiversité
acceptable vis-à-vis de la norme internationale de 12% du territoire national ;
- la création d’un cadre unique d’intervention pour la gestion des inondations qui regroupe tous les acteurs
concernés par la question et rédaction d’un plan de gestion.
Bibliographie
ANSTS, 2007, Actes de l’Atelier Préparatoire de la Conférence sur l’initiative de Développement des
Académies des Sciences d’Afrique 02-04 mai 2007, 93p.
Coly A., 2006, Rapport de l’Etude sur les usages et les besoins en eau.
DGPRE, 2007, Plan d’Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau.
Rapport vers un Plan d’Action National Décennal sur les Modes de Production et de Consommation Durables
au Sénégal Ed. 2006 p30 – p36.
Rapport sur l’Etude sur l’Evolution du Secteur Agricole, des Conditions de vie des Ménages
et de la vie chère au Sénégal Ed. 2009, DAPS, p11- p13.
Rapport état des lieux des ressources en eau du Sénégal et de leur cadre de gestion Ed. 2005, CEDEAO,
p94.
http://www.eaudela.org/pages/print-menu-Eau-s_menu--test-1-lien-etudedakassonas.html.
http://www.fao.org/nr/water/aquastat/countries/senegal/indexfra.stm.
http://www.omvs.org/fr/fleuve/physique.php.
Avec un plus de 700 km de rivage ainsi que ses 275.000 km2 d’eaux sous juridiction nationale (mer territoriale et
zone contiguë), le Sénégal est fortement tributaire de ses ressources marines et côtières, lesquelles englobent des
écosystèmes côtiers spécifiques. Ces écosystèmes se sont développés dans une frange côtière dont la profondeur
moyenne est d’une cinquantaine de kilomètres.
Les régions côtières constituent l’une des principales potentialités du Sénégal dont les enjeux se perçoivent à
travers l’importance des effectifs humains (plus de 75% des populations vivent à moins de 60 km du rivage) et de
la dynamique économique de cette population.
Cet environnement marin et côtier est aujourd’hui menacé et il connaît des dégradations diverses qui ont, pour
conséquences, l’érosion côtière, la pollution marine, la destruction des habitats, la perte de biodiversité, etc. D’où
la nécessité de faire le point sur la gestion et la gouvernance de cet écosystème et de faire des recommandations
allant dans le sens de définir des orientations pour une gestion durable du milieu marin et côtier.
Au Sénégal, les côtes sénégalaises se subdivisent en trois (03) types : côtes sableuses (environ 300 km), côtes
rocheuses (174 km), estuaires à mangroves (environ 234 km ; figure 16).
Sur les côtes sénégalaises, la marée est semi-diurne. Le marnage, faible, varie entre 1,2 et 1,6 m en marée de
vives eaux et entre 0,5 et 0,6 m en marée de mortes eaux. Les courants de marée sont faibles avec des vitesses
maxima inférieures à 0,15 m.s-1. La houle prédominante sur le littoral du Sénégal est de direction Nord-Ouest.
Elle prend naissance dans l’Atlantique Nord. Ses caractéristiques se présentent comme suit :
Avant d’aborder la côte au sud de la presqu’île du Cap-Vert (Petite Côte), cette houle subit des diffractions, de
telle manière que la houle qui franchit la baie de Gorée a une direction Nord-Sud. Elle aborde ainsi la côte au sud
de la presqu’île du Cap-Vert avec une forte diminution de son énergie et avec un angle d’incidence oblique par
rapport au rivage. Ceci engendre un courant de dérive littorale de direction nord-nord-ouest.
On observe également sur les côtes sénégalaises un autre type de houle de direction Sud-Ouest qui prend
naissance dans l’Atlantique Sud et aborde la Petite Côte vers août–septembre.
Enfin, on observe « des mers de vent » dues aux vents locaux dont l’action peut s’ajouter quelquefois à celle de
la houle « longue ».
- le courant Nord équatorial, courant provenant d’une branche du courant des Canaries, se déplace vers le
Sud tout le long de la côte sénégalaise ;
- le contre-courant équatorial, courant chaud, vient de l’Ouest et s’écoule vert l’Est ; il aborde les côtes
sénégalaises au moment du retrait des alizés (juin–août).
Sur la frange côtière, l’écosystème de mangrove une importance particulière ; il occupe une superficie de plus de
300 000 hectares, essentiellement dans les estuaires du Saloum (environ 80 000 ha) et de la Casamance (environ
250 000 ha).
La zone littorale concerne 7 régions administratives. Il s’agit des régions de Saint-Louis (départements de Saint-
Louis et de Dagana), de Louga (départements de Louga et de Kébémer), de Thiès (départements de Tivaouane,
de Thiès et de Mbour), de Dakar (Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque), de Kaolack (département de Kaolack),
de Fatick (départements de Fatick et de Foundiougne) et de Ziguinchor (départements de Bignona, d'Oussouye
et de Ziguinchor).
En décembre 2002, la population sénégalaise s’élevait à 9 855 388 habitants. Les données démographiques de
1976, 1988 et 2002 confirment la concentration de cette population le long du littoral. En 2002, sept sénégalais
sur dix habitaient la zone côtière. Près de 50% de la population sénégalaise résident dans les trois régions du
centre ouest, à savoir : Dakar, Kaolack et Thiès.
D’une manière générale, les données relatives à l’accès aux services sociaux de base (eau, électricité et santé)
montrent une situation privilégiée de la zone côtière. Pour l’eau potable, 41% des ménages de Dakar, 15% à Saint-
Louis ; pour l’électricité, 63,5% pour Dakar, 19,7% pour Thiès, 14,2% pour Saint-Louis, 11,3% à Kaolack contre
des taux très faibles pour l’intérieur du pays (Kolda 3% ; CSE, 2005). Ces populations appartiennent à différentes
communautés en fonction de l’activité exercée :
• La pêche
Elle constitue l’activité principale de 65 000 pêcheurs (soit environ 5,5% des actifs) et génère plus
de 220 000 emplois indirects : elle concerne donc environ 15% de la population active. Mais il faut dire que la
pêche est essentiellement artisanale et assure 87% des débarquements.
La pêche est localisée au niveau de la Grande côte, la zone du Cap-Vert, la petite côte, la zone du Saloum et en
Casamance.
• L’agriculture et l’élevage
Dans la zone côtière, l’activité agricole est plus orientée vers les productions horticoles et rizicoles que pastorales.
Néanmoins, l’élevage reste quand même représenté, il mobilise en majorité les peuls en zone sèche et à proximité
des fleuves.
Une forte concentration industrielle entre le Port de Dakar et la zone franche industrielle et l’exploitation minière le
long du littoral sénégalais sont à l’origine de la présence d’une importante population ouvrière localisée dans les
grands centres industriels (Dakar) et miniers (Thiès). L’exploitation minière peut se trouver dans la zone littorale
mais aussi dans la zone économique exclusive avec un certain nombre de ressources minières dont certaines ont
un intérêt stratégique. Il s’agit essentiellement : du sel, de matériaux de construction, de placers de minéraux
lourds, de phosphates et de roches combustibles.
• Le tourisme
Il est très développé surtout le long de la Petite Côte et en Casamance (Sène-Diouf, 1993). Ce tourisme est d’abord
un tourisme balnéaire bien que se développent un tourisme d’affaires (essentiellement à Dakar) et un tourisme de
découverte basé sur les réserves et parcs nationaux.
• Les infrastructures
Les principales infrastructures qui sont caractéristiques de la zone côtière sont les ports. Il en existe deux types :
les ports maritimes et les ports fluviaux. Au Sénégal, le seul port maritime est celui de Dakar qui accueille un trafic
de l’ordre de 7 367 milliers de tonnes par an. Les grands fleuves sénégalais sont en général munis de ports fluviaux
qui servaient au commerce. Il s’agit notamment des ports de Saint-Louis sur le fleuve Sénégal, de Kaolack sur le
Saloum et de Ziguinchor sur la Casamance. A ces infrastructures s’ajoutent les aéroports (Dakar, Cap Skirring,
Saint-Louis) et les routes dont certaines sont très proches du littoral.
Le littoral est le siège d’instabilités qui entraînent un certain nombre de désordres menaçant aussi bien les
investissements envisagés, que la sécurité collective et individuelle des citoyens. Il faut y ajouter les multiples
conflits de tous ordres entre différents décideurs et acteurs, entre utilisateurs et riverains, entre investisseurs et
collectivités.
Il s’y ajoute que la zone côtière du Sénégal est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, en raison de
sa morphologie, des activités socio-économiques et de la gestion littorale en cours. Cette vulnérabilité aux changements
climatiques fait planer de lourdes menaces sur les secteurs socio-économiques et écologiques du pays.
En plus de l’impact des changements climatiques sur l’Environnement marin et côtier, les activités anthropiques
ont des impacts plus ou moins négatifs sur les zones marines et côtières (déclin de la ressource, pollution
industrielle et domestique, érosion côtière entre autres).
L’érosion côtière, définie comme étant un processus d'enlèvement et de transport de sédiments marins en raison
des effets du climat, de la dégradation de masse et de l'action des cours d'eau, glaciers, vagues, vents et eaux
souterraines, est un phénomène environnemental qui ne cesse de prendre de l’ampleur au Sénégal.
L’érosion côtière est due à des facteurs d’origine naturelle et/ou anthropique.
En ce qui concerne les côtes sénégalaises, plusieurs causes peuvent être invoquées, notamment, l’élévation du
niveau marin, le déficit sédimentaire, l’instabilité naturelle des pentes, le ruissellement superficiel.
Au Sénégal, l’évolution à long terme du niveau marin a pu être mise en évidence par Elouard et al. (1977) grâce
aux enregistrements de l’ancien marégraphe de Dakar entre 1943 et 1965. Bien que la durée des enregistrements
soit relativement courte par rapport à ce qu’il est généralement conseillé pour établir les tendances à long terme
(50 ans au moins), Emery et Aubrey (1991) leur attribuent un degré de confiance de 0,99. On considère ainsi que
le littoral connaît une élévation moyenne du niveau marin de 1,4 mm par an, ce qui est cohérent avec les données
admises pour l’ensemble du globe : entre 1 et 2 mm par an d’élévation (Gornitz et al., 1982 ; Gornitz et Lebedeff,
1987 ; Barnett, 1990 ; Douglas, 1991).
Depuis l’établissement de la loi de Bruun (1962), complétée par la suite (Bruun, 1983 ; 1988 ; Bruun et Schwartz,
1985), l’on sait qu’une élévation verticale du niveau marin se traduit par un recul horizontal du trait de côte. En
effet, Bruun a établi une relation simple de la forme : R =Gxs
R étant le recul horizontal du trait de côte, s l’élévation verticale du niveau marin et G un facteur multiplicateur
fonction des dimensions du profil actif.
L’application de la loi de Bruun à l’évolution du littoral de Rufisque a montré que l’élévation du niveau marin
n’expliquait en général pas plus de 20% du recul observé (Niang-Diop, 1995). Ces études indiquent que les risques
d’érosion côtière vont certainement s’accroître dans les années à venir suite au réchauffement climatique. De plus,
les zones côtières basses seront très sujettes aux phénomènes d’inondation sans compter les autres effets,
notamment la salinisation accrue des aquifères, des eaux de surface et des sols.
Le déficit sédimentaire
Certaines zones se caractérisent par un déficit sédimentaire chronique, lié à leur position le long du littoral. D’une
manière générale, le littoral sénégalais est caractérisé, dans sa partie nord, par une intense dérive littorale de
direction globale Nord-Sud qui charrie d’importantes quantités de sables parallèlement au littoral. Ces transits
sédimentaires ont été évalués, le long de la côte nord, entre 200 000 et 1 500 000 m3 par an selon les auteurs
(Barusseau, 1980 ; Sall, 1982). A partir de Kayar et jusqu’après Rufisque, ces quantités ont été estimées comme
étant nettement moindres (10 000 à 25 000 m3 par an) (Barusseau, 1980). Cette diminution des apports
sédimentaires serait due d’abord au rôle de piège à sédiments du canyon de Kayar (Dietz et al., 1968) dont la tête
se situe très près du rivage (Guilcher et Nicolas, 1954) et ensuite à l’obstacle constitué par la tête de la presqu’île
du Cap Vert avec sa succession de caps et de baies qui ne favorisent pas le cheminement des sables.
Dans la littérature traitant des coupures réalisées dans les flèches littorales, en particulier la Langue de Barbarie,
des « raz de marée » ont été évoqués pour expliquer ces phénomènes (Louise, 1918 ; Debaud, 1950). Nardari
(1993) dans son analyse des houles arrivant sur les côtes sénégalaises signale l’occurrence, très limitée, de houles
d’Ouest (N260° à 270°E), prenant naissance lors de cyclones qui se développent dans la mer des Caraïbes entre
octobre et décembre et qui seraient très énergétiques.
En effet, au mois d’octobre 2003, une partie de Saint-Louis était sous les eaux et l’île était menacée. L’île de
Saint-Louis, une partie du quartier de Goxumbacc, le pont de la Geôle, les îles Baba Guèye sur le Gandiolais
étaient menacés. La crue avait atteint son maximum. De plus, la pression des eaux du fleuve faisait craindre
qu'une brèche naturelle ne se crée au niveau de Saint-Louis, risquant d'entraîner une catastrophe pour toute
la ville. C’est dans ce contexte que la brèche, appelée aussi « canal de délestage », a été ouverte dans la
nuit du 3 au 4 octobre 2003, dans le but d’améliorer la protection contre les inondations en facilitant
l’évacuation plus rapide des eaux du fleuve vers la mer. Elle devait permettre de réduire les surfaces inondées
de 40 % environ notamment les zones situées autour de Saint-Louis. Concernant les motivations de
l’ouverture de la brèche, les avis sont unanimes : protéger Saint-Louis des inondations. Le « canal de
délestage » est un canal de soulagement d’une situation. Mais était-il vraiment un « canal de délestage » ?
Depuis l’ouverture de la brèche, on note un regain d’intérêt pour l’activité de pêche à Saint-Louis. La brèche
présente des avantages pour les pêcheurs de Guet Ndar car ils passent désormais par le canal de délestage,
ce qui rend la navigation plus aisée et plus sûre et évite aux petites pirogues de devoir traverser la barre.
L’ouverture de la brèche menace les infrastructures touristiques qui se trouvent dans la zone si l’on sait que
le tourisme constitue un des secteurs privilégiés dans les projets de développement de Saint-Louis. Ainsi, la
brèche a donc coupé la Langue de Barbarie en deux parties. Par ailleurs, depuis l’ouverture, les touristes se
plaignent de l’insalubrité sur les plages mais également de la difficulté d’accéder à l’hydrobase en passant
par le quartier des pêcheurs.
(Guet Ndar ; Rigod-Reymond, 2004).
L’ouverture du canal de délestage a eu également des incidences considérables sur la circulation des eaux
et les échanges entre la mer et le fleuve. Depuis l’ouverture de la brèche, l’amplification des effets de la
marée a effrayé les populations de Saint-Louis. Un mois après l’ouverture, un phénomène rare s'est produit
sur le grand bras du fleuve. Il s’agit du quasi-tarissement du fleuve, pendant plusieurs heures, sur des dizaines
de kilomètres. Pour les populations, cette situation est une conséquence du canal de délestage. Mais les
techniciens de la ville lient ce phénomène à une simple baisse du volume d’eau au niveau des barrages de
Diama et de Manantali.
Depuis l’ouverture, la brèche s'est sensiblement élargie. Ce phénomène peut être expliqué par l’effet des courants
littoraux. En effet, ces courants deviennent de plus en plus forts à cause de l’intensité de la houle mais aussi à
cause de la force de la crue du fleuve. Ils entraînent ainsi des modifications dans les processus
hydrosédimentaires, à savoir une érosion des fonds au niveau des parties terminales du « canal de délestage ».
De 4 mètres de large au moment de l’ouverture, le canal a atteint 250 mètres de large, 3 à 4 jours après le
creusement, la largeur du canal est ensuite passée à 800 mètres au mois d’avril 2004. Au mois de juin, la
largeur du canal était de 731 mètres (Camara, 2004). Actuellement, l’érosion semble très importante dans la
partie sud, entraînant la disparition des filaos et des dunes. Il s’y ajoute la salinisation inquiétante de la nappe
phréatique qui a entraîné le déclin de bon nombre de cultures.
L’ouverture de la brèche a complètement modifié ou bouleversé le milieu estuarien. Même si les pêcheurs
en amont de Saint-Louis se réjouissent de cette ouverture, ils commencent quand même à s’inquiéter du
devenir de ce canal à cause des problèmes d’ensablement et d’érosion. Pourront-ils continuer à passer sans
difficultés par cette embouchure ? La brèche, qui avait seulement pour but de protéger Saint-Louis des
inondations, a entraîné de nombreux changements sur l’espace de la Langue de Barbarie, bouleversant le
milieu estuarien, modifiant l’activité de pêche qui procure des revenus élevés et qui participe significativement
à l’économie de la ville de Saint-Louis.
A B
C D
E F
Planche 1 : Evolution du canal quelques jours après sa réalisation (Kane, 2005 ; les photos proviennent
du Service Régional de l’Hydraulique).
L’influence de l’homme sur les phénomènes d’érosion côtière est bien connue. Parmi les activités les plus à même
de déclencher ou d’aggraver les phénomènes d’érosion côtière, on note :
La demande croissante en sable de construction a accru la demande en sable de mer, considéré comme un
matériau indispensable par la plupart des entrepreneurs. Par ailleurs, existent également des exploitations de
coquillages utilisés également pour la construction. Ces matériaux sont avant tout prélevés sur les plages. Or,
quand ces prélèvements deviennent trop importants (supérieurs aux apports sédimentaires), ils induisent un
déséquilibre des plages conduisant à leur érosion. Ceci est particulièrement sensible dans les zones où existe une
dérive littorale, ce qui est le cas le long des côtes sénégalaises.
Les données disponibles au niveau de la carrière de Mbeubeuss indiquent des chiffres de prélèvements annuels de
231 380 m3 pour l’année 2000 représentant 92,5% des prélèvements autorisés de sable dans la région de Dakar.
Des informations sur la carrière de Pointe Sarène révèlent une situation quasi similaire qui impose souvent un arrêt,
pendant un jour ou deux, des prélèvements pour un repos nécessaire de la plage. Il faut y ajouter tous les
prélèvements illégaux de sable signalés, un peu partout, le long des côtes sénégalaises, tant sur la Langue de
Barbarie que sur toutes les plages (ou presque) de la presqu’île du Cap Vert (Parcelles Assainies, Golf, Guédiawaye,
Mbao, Cap des Biches, etc.) ainsi qu'au long de la côte sud (Popenguine, Ngaparou, Mbour, Joal, etc.).
Ces prélèvements se poursuivent essentiellement du fait de la difficulté à faire appliquer les sanctions et de la
formidable pression de la demande qui fait de l’exploitation du sable de mer une activité très rentable. C’est ainsi
qu’un conseil interministériel a été convoqué et à l’issue duquel il a été retenu de rechercher, en dehors de la
frange côtière, des gisements de sable aptes à la construction. La première phase de ce programme concerne
les régions de Thiès et Dakar.
Le fait de construire sur la plage a pour effet de diminuer le stock sédimentaire qui est utilisé et remodelé par les
houles de manière régulière. Tout déficit sédimentaire, ainsi créé, se traduit par une érosion des côtes. Les
bâtiments, sapés par les houles, se retrouvent en surplomb et finissent par tomber. Dans la plupart de ces zones,
les populations ont été contraintes d’abandonner leurs habitations ou de construire des ouvrages de fortune pour
se protéger de l’assaut des houles.
Les exemples peuvent être observés autour de la plage Pasteur, à Ouakam, à Fann Résidence, à Fenêtre
Mermoz… Il faut dire que ce phénomène affecte également l’ensemble des infrastructures touristiques accueillant
le balnéaire de même que les quais de pêche.
Le constat qui se dégage est, qu’en maints endroits de la côte de Dakar, le domaine public maritime4 est, de plus
en plus, agressé par de nouvelles constructions. Le cas est patent dans la corniche ouest et dans les environs de
l’hôtel Terrou-bi. Et il est d’autant plus évident, à partir de l’ex-collège Issac Foster, où des immeubles jouxtent le
rebord du front de côte, à la merci d’éventuels éboulements ou de possibles raz de marée.
Aujourd’hui, le domaine public maritime n’existe, à l’évidence, qu’en théorie. Les hôtels, restaurants et habitations
s’y implantent parfois à moins de 10 m au lieu des 100 m minimum requis. Dans le même registre, le littoral
sénégalais, long de plus de 700 km environ fait aussi l’objet d’une agression permanente.
Un facteur, non moins important et qui peut avoir un impact indirect sur l’érosion, et par conséquent sur la stabilité
côtière, est le mode d’aménagement dans les quartiers environnants. A Dakar, le phénomène prend chaque jour de
l’ampleur, avec les grands hôtels et restaurants qui empiètent sur les plages. Les menaces de voir le littoral dakarois
« s’artificialiser » sont réelles. La fragilité de l’espace littoral, l’inadaptabilité des constructions qui prolifèrent en allant
en hauteur amenuisent davantage le domaine public maritime.
L’érosion côtière est la cause de l’abandon de plusieurs villages et zones touristiques dont les occupants doivent
être recasés ailleurs, ou alors indemnisés selon la réglementation nationale.
Lors de conditions météorologiques particulières, qui se manifestent selon des rythmes saisonniers ou journaliers,
le littoral peut évoluer comme suit :
Il est considéré que, suite au réchauffement de l’atmosphère induit par les rejets des gaz à effet de serre, les taux
d’élévation du niveau marin devraient s’accélérer et devenir 2 à 5 fois plus importants que les taux actuels (Warrick
et al., 1996). Des études réalisées sur les impacts des changements climatiques sur les zones côtières sénégalaises
(Dennis et al., 1995 ; Niang-Diop, 2007) ont montré que ces taux d’élévation du niveau marin pourraient conduire
à une accélération de l’érosion côtière, à des inondations des zones côtières basses (estuaires à mangrove en
particulier) et à une salinisation accrue des sols et des eaux de surface et souterraines.
Dans son dernier rapport, le groupe II du Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a fait le
point sur les impacts des changements climatiques sur les zones côtières et marines (Mc Lean et al., 2001). De
manière plus spécifique, pour le cas du Sénégal, la DEEC (2010) passe en revue les divers impacts attendus.
4 La zone littorale faisant partie du domaine public naturel de l’Etat est ainsi décrite (Loi 76-66 portant code du domaine de l’Etat,
Livre II/Titre Premier/Art. 5a) : « …, les rivages de la mer couverts et découverts lors des plus fortes marées, ainsi qu’une zone
de cent mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus fortes marées. »
Selon la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer signée à Montego Bay le 10 décembre 1982, la «
pollution du milieu marin » est l'introduction directe ou indirecte, par l'homme, de substances ou d'énergie dans
le milieu marin, y compris les estuaires, lorsqu'elle a ou peut avoir des effets nuisibles tels que dommages aux
ressources biologiques et à la faune et la flore marines, risques pour la santé de l'homme, entrave aux activités
maritimes, y compris la pêche et les autres utilisations légitimes de la mer, altération de la qualité de l'eau de mer
du point de vue de son utilisation et dégradation des valeurs d'agrément.
L’Environnement marin et côtier est aujourd’hui menacé par la pollution industrielle et domestique qui se manifeste
avec acuité sur l’état des différents écosystèmes. Les ressources maritimes sont également menacées par ces
divers types de pollution. Les sources de pollution du milieu marin sont diverses. On peut citer : les hydrocarbures,
les rejets industriels et les ordures ménagères.
Ce problème de pollution marine concerne principalement la région de Dakar qui concentre la quasi-totalité des
entreprises industrielles du pays (87%).
En ce qui concerne la pollution marine par les rejets d’eaux usées, la ville de Dakar et sa banlieue, malgré le déficit
en approvisionnement en eau potable, rejettent 180 000 mètres cubes d’eaux usées par jour dont la plus grande
partie est directement déversée en mer, sans aucun traitement préalable. Ces eaux usées, dont une partie est
rejetée à l’état chaud, contiennent des matières minérales et organiques, des produits chimiques toxiques pour la
faune et la flore marines, des métaux lourds (plomb, mercure, etc.).
La plupart des établissements industriels utilisent, soit les collecteurs d’eaux pluviales, soit les collecteurs d’eaux
usées urbaines pour évacuer leurs eaux résiduaires. L’utilisation de ces collecteurs entraîne des difficultés
d’exploitation en raison de l’obstruction régulière des conduites par des matières solides de gros calibre et une
pollution du milieu marin et côtier.
En effet, la baie de Hann, qui fut jadis la deuxième baie au monde après celle de Rio de Janeiro, est
aujourd’hui dans une situation de dégradation avancée. Cette situation serait liée à plusieurs facteurs,
notamment :
Tous ces facteurs, qui sont à l’origine de la forte pollution du milieu marin et du littoral, ont pour principales
conséquences :
o la perte de l’usage d’un milieu favorable aux loisirs et au développement du tourisme (amas de déchets
solides sur la plage, contamination de la plage, contamination des eaux de baignade, etc.) ;
o les pertes de revenus pour les populations locales du fait de l’abandon des zones de loisirs et de
la pêche sur la côte ;
o le développement de maladies infectieuses chez les populations locales (une étude en 1999,
réalisée par l’IRD, avait révélé que chaque habitant du village de Hann portait 2 à 3 pathogènes
en moyenne dans son organisme).
Les prélèvements effectués par l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement) montrent également des rejets
industriels. S’y ajoutent également des rejets d'usine textile ou d'abattoirs, ainsi que les fuites de pipeline
d'ammoniaque.
La pollution de cette baie nuit aux activités de tourisme, de pêche, ainsi qu'à la vie des habitants qui vivent autour
de la baie. Elle pose des problèmes d'insalubrité importants, du point de vue de la fréquentation de la plage, mais
aussi de la consommation des produits de la mer.
Pour faire face à la pollution alarmante au niveau de la baie de Hann, un important projet de dépollution industrielle
a été initié, sur financement de la Banque Mondiale. De même, le Projet de l’Agence Française de Développement
(AFD) de Mise à Niveau Environnementale des Entreprises a été initié. Ce projet vise le traitement des rejets liquides,
en particulier, l’accent étant mis sur les entreprises industrielles de la baie de Hann à Dakar.
Par ailleurs, notons que diverses sources et différents degrés de risques existent tout au long du littoral sénégalais
ainsi que dans les eaux continentales. Pas moins de 2 millions de tonnes de produits hydrocarbonés sont
débarqués au Sénégal chaque année. S’y ajoutent des substances chimiques dangereuses (1,5 millions de tonnes)
pour l’homme et le milieu naturel.
Dans le cadre de la gestion de la pollution marine au niveau du Port Autonome de Dakar, un Programme de Gestion
Durable du Port Autonome de Dakar a été initié, sur financement des Pays-Bas.
Par ailleurs, la Haute Autorité chargée de la coordination de la Sécurité maritime, la Sûreté maritime et la Protection
de l’environnement marin (HASSMAR) a été créée au Sénégal et a, entre autres objectifs, de définir un état des
lieux exhaustif. Cet état des lieux devra définir les risques de pollution marine et les déterminants majeurs afin
d’asseoir une politique de prévention et d’intervention en cas de pollution accidentelle.
2.3 Les impacts de quelques activités économiques sur le milieu marin et côtier
2.3.1 Le tourisme
Le tourisme constitue l’une des principales sources de devises du pays dont il représente la deuxième activité
économique après la pêche (96,8 milliards de FCFA de recettes en 2000). Il contribue pour environ 4,6% à la
formation du PIB. Il emploie environ 26 000 (75 000 personnes de manière directe et 25 000 de manière indirecte
en 2000) personnes dont 15 000 saisonniers. En 2000, le nombre de touristes enregistrés a été de 442 731. Dakar
occupe la première place du point de vue des capacités d’accueil (35%), suivi de Thiès (26%), de Ziguinchor (21%),
puis de Fatick et Saint-Louis disposant chacune de 6% des capacités d’accueil.
Aujourd’hui l’extension du bâti, surtout en ce qui concerne le secteur du tourisme, constitue l’une des principales
sources d’altération des écosystèmes littoraux. Cette extension est aujourd’hui très rapide dans certaines régions
littorales comme la Petite Côte sénégalaise (Diagne & Yamamura 2000 ; Baldé 2003 ; Ackermann et al. 2003). Au
niveau du littoral, ce développement immobilier ne provoque pas seulement une artificialisation des terres mais
aussi une accentuation de l’érosion côtière, soit par des constructions et aménagements inadaptés, soit par la
multiplication des prélèvements de sable destiné à la construction.
Ce littoral, déjà fragile morphologiquement, subit les effets de l’urbanisation et d’une exploitation touristique exigeant
plus d’espace, induisant une compétition et une cohabitation qui dégradent l’environnement. Sa capacité de
charge est dépassée et son écosystème est perturbé avec des pressions au niveau des zones humides, d’où la
perte de biodiversité. En effet, le tourisme balnéaire s’installe sur les sites attrayants. Depuis 1980, des
aménagements touristiques sont développés par l’Etat et des promoteurs privés autour de la Petite Côte (Saly),
au niveau de Ziguinchor (Cap Skirring), et sur la presqu’île du Cap-Vert, mais ces aménagements sont confrontés
à un certain nombre de contraintes qui sont, entre autres : conflit foncier, pression foncière et humaine, occupation
irrégulière du Domaine Public maritime, privatisation des plages et fragilisation des écosystèmes.
Actuellement, la dégradation de la mangrove est constatée malgré différentes opérations, de même que la
croissance des zones de tannes. En outre, la cohabitation entre populations pauvres et zones touristiques est
difficile à gérer, car il s’y développe des actes de délinquance et une dépravation des mœurs. Aussi, certains sites
à haute potentialité touristique sont-ils également menacés par des aménagements, c’est le cas de la Région de
Saint-Louis où l’ouverture de la brèche a causé la disparition de nichoirs d’oiseaux au niveau de la langue de
barbarie, des menaces pèsent aussi sur le parc de Djoudj qui est un parc ornithologique. Il faut aussi signaler
que la salinisation des terres, autour de la langue de barbarie, entraîne une baisse de la productivité pour les
maraîchers, ce qui se répercute sur l’approvisionnement des hôtels. Ainsi, le tourisme a déboisé, construit en dur
et favorisé le processus d’érosion au niveau du littoral.
Dans le cadre de l’Organisation de la Conférence Islamique qui s’est tenue à Dakar en 2008, l’ANOCI avait prévu
la réalisation de plusieurs infrastructures à vocation touristique. Ce programme de réalisation d’infrastructures est
principalement implanté sur la Corniche quand on sait que cette dernière représente un élément stratégique dans
la structuration économique, culturelle et environnementale du pays. Il faut dire que l’urbanisation inconsidérée de
cet espace est un facteur aggravant de risques tels que les séismes, les glissements de terrains, l’avancée de la
mer. L’occupation massive du littoral dans la presqu’île du Cap-Vert, n’est pas une affaire nouvelle, mais elle a pris
une tournure alarmante ces dernières années… La décision prise par les autorités d’embellir la corniche de Dakar
et de construire de nouvelles infrastructures hôtelières sur cette façade maritime, a la particularité d’avoir densifié,
avec la nouvelle infrastructure routière et ses ouvrages lourds, le mur de béton entre l’océan et la ville, privant ainsi
Dakar, une presqu’île étroite, des vents marins qui l’empêchaient d’étouffer de chaleur.
Ainsi, il apparaît clairement que l’utilisation des richesses littorales et côtières constitue l’un des principaux moteurs
du développement économique et social. L’intensité croissante des usages de ces ressources n’est évidemment
pas sans poser de nombreux problèmes environnementaux. Cette extension aussi forte que rapide des activités
humaines sur cette frange étroite et fragile pose, dès à présent, de nombreux problèmes de durabilité.
2.3.2 Pêche
A l’instar des eaux des côtes africaines, les eaux sénégalaises renferment une biodiversité riche qui comprend,
entre autres, les requins, les lamantins, les dauphins, les otaries, les phoques, les baleines ; les tortues marines ;
les oiseaux côtiers…
Ces espèces, méconnues il y a quelques années, font aujourd’hui l’objet d’une surexploitation qui menace même
leur survie. Par ailleurs, l’érosion côtière pourrait contribuer à la dégradation de leurs habitats ; cela a pour
conséquence, la réduction de la biodiversité et le raccourcissement des chaînes alimentaires. A cela s’ajoutent,
certaines mauvaises pratiques comme la pêche à explosif, qui atteint présentement des proportions inquiétantes,
car, aboutissant à la désertification des fonds rocheux littoraux, dans des fonds dépassant, en général 35 mètres.
Bien que ne faisant pas l'objet d'une politique globale et intégrée d'aménagement et de gestion, les zones côtières
sont organisées par des lois et décrets qui définissent leurs limites et fixent, au moins théoriquement, les modalités
d'utilisation des ressources côtières. Par ailleurs, des outils de planification, des mesures de conservation (parcs
et réserves nationaux) mais aussi des activités d'aménagement (stabilisation des dunes littorales, récupération
des terres salées) ainsi que des ouvrages de protection côtière ont été réalisés en divers points du littoral. Enfin,
certains projets et programmes relatifs aux zones côtières sont en cours.
Dans une perspective plus large et en rapport avec les recommandations du Sommet de Rio de 1992 sur
l’Environnement et le Développement, l’Etat sénégalais a adopté, en septembre 1997, un Plan National d’Action
pour l’Environnement (PNAE). Celui-ci préconise notamment l’actualisation et l’harmonisation du corpus juridique
régissant la gestion des ressources naturelles et l’environnement. Il constitue un cadre dans lequel la gestion des
zones marines et côtières peut être appréhendée.
La zone côtière est soumise à la législation foncière qui a évolué au cours du temps et peut se caractériser par la
superposition de différents régimes fonciers. On peut ainsi distinguer :
Récemment, la tendance est à la révision de la loi sur le Domaine National dans le sens d’une privatisation des
terres. D'un autre côté, on note un développement de plus en plus important des lotissements communaux dans
la zone littorale.
En outre, le Code du domaine de l’Etat (loi n°76-66 du 02 juillet 1976), complété par le Code de la Marine Marchande
(loi n°2002-22 du 16 août 2002) définissent tous deux le domaine public maritime. Néanmoins, ce texte souffre
d’ambiguïtés quant à la détermination des limites physiques de ce domaine (imprécision dans la définition du niveau
des plus fortes marées), aux modalités d’occupation et d’exploitation de cette zone (qui sont définies par l’Etat mais
avec des possibilités de déclassement de portions du domaine public maritime). Parmi les autres textes législatifs
et réglementaires nationaux en vigueur en rapport avec la gestion de la zone côtière, on peut citer :
Sur le plan administratif, la zone côtière regroupe plusieurs entités régies par des institutions décentralisées. Mais
elle reste soumise, en certains de ses aspects, aux orientations des structures centralisées de l’Etat. Sur le plan
foncier, différents régimes s’appliquent en plus de celui régissant le domaine public maritime. Enfin, sur le plan
juridique, différents textes de lois d’envergure internationale à nationale sont pertinents quant à l’utilisation des
sols et des ressources en zone côtière.
De nombreuses institutions sont concernées par la gestion des ressources côtières. En dehors des collectivités
locales qui sont situées le long du littoral et peuvent désormais intervenir selon leurs compétences, on peut citer un
certain nombre d’institutions étatiques à compétences générales ou spéciales :
A ces structures nationales, il convient d’ajouter les ONG telles que UICN, WWF, OCEANIUM, WAMEE, etc. qui
contribuent dans la mesure de leurs moyens à des actions salvatrices parmi lesquelles la lutte contre l’érosion
côtière ainsi que l’adaptation au changement occupent une place de choix au niveau de la côte sénégalaise.
Par ailleurs, il faut signaler l’importance pour la gestion des ressources de certaines structures sous-régionales
telles que l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), l’Organisation pour la Mise en Valeur
du fleuve Gambie (OMVG), la Commission sous-régionale des pêches (CSRP), etc.
Des déséquilibres majeurs - conséquences de la péjoration climatique et des pressions anthropiques – ont conduit
à une dégradation et une transformation accélérées des paysages avec une extension accrue des formes vives
éoliennes, l’abaissement des nappes phréatiques, la salinisation de certaines terres, etc. Un autre problème majeur
est le recul du littoral sous l’action de l’érosion. Ces différents problèmes ont justifié des interventions de grande
envergure. Il s’agit :
- Un Plan National d’Intervention d’Urgence en cas de pollution marine par les hydrocarbures a été élaboré ;
- Un Projet de réhabilitation de la baie de Hann en collaboration avec la Banque Mondiale et les Pays-Bas a
été réalisé ;
- Un projet de dépollution industrielle de la baie de Hann financé par l’Agence Française de Développement
;
- Des Projets de consolidation du littoral dakarois dans le cadre de la lutte contre l’érosion côtière sont en
cours d’exécution au niveau de Rufisque, Mbao, la Porte du Millénaire et autour de la Résidence
Présidentielle de Popenguine ;
- Le GIRMaC : Le Programme GIRMaC (Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières) vise à asseoir
les bases d’une gestion durable des ressources marines et côtières ;
- Le PANA (NAPA en anglais) : le Plan d’Actions National d’Adaptation aux vulnérabilités des changements
climatiques est un programme financé par le FEM ;
- Le Programme de Petites Subventions du Fonds pour l'Environnement Mondial (PPS/FEM) au Sénégal ;
- Dans le cadre des efforts de conservation des ressources marines et côtières, le Sénégal a mis en place
une stratégie d’élaboration et de gestion d’aires marines protégées, conformément aux recommandations
de la Conférence mondiale de Durban, tenue en 2003. Dix (10) Aires Marines Protégées sont en cours
d’installation en collaboration étroite avec les partenaires de la Société Civile, du Secteur Privé et des
Institutions et Organismes Internationaux.
Plusieurs ONG, internationales et nationales, s’activent dans la gestion de l’Environnement marin et côtier au
Sénégal. Parmi les ONG internationales, on peut citer, entre autres : UICN, WWF, WETLANDS INTERNATIONAL.
Parmi les ONG nationales, on peut noter : CONGAD, WAMEE, APIL, OCEANIUM, ENDA, SOS ENVIRONNEMENT,
etc. Ces ONG ont initié différents projets et programmes relatifs à la gestion et la préservation de l’Environnement
marin et côtier, notamment :
- Vastes programmes de sensibilisation sur des thèmes divers et variés tels que :
o lutte contre l’extraction de sable marin et de coquillages (Organisation Communautaire de Base (OCB),
Association pour la Promotion des Initiatives Locales (APIL) et UICN dans le delta du Saloum, SOS ENV
à Ngaparou) ;
o conservation de la biodiversité marine (OCEANIM à Bargny) ;
o promotion de l’écotourisme (WAMEE, APIL, UICN, CRESP) ;
- Restauration de la mangrove (APIL, WAMEE, IUCN, WWF et WETLANDS INTERNATIONAL) ;
- Lutte contre les pratiques illicites de pêche (maillage des filets et pêche à l’explosif) avec l’Association des
Volontaires de l’Environnement (AVE) ;
- Lutte contre l’érosion côtière (ENDA à Rufisque) ;
- Renforcement des capacités et diffusion des conventions sur les eaux internationales et les changements
climatiques ainsi que les opportunités de financement associées avec le consortium des ONG : le Conseil des
Organisations Non Gouvernementales d’Appui au Développement (CONGAD) ;
- Mise en place de conventions locales en matière de gestion des ressources marines (repos biologique, code
de conduite) (OCB/ONG).
Au niveau du secteur privé, les institutions qui participent à la gouvernance des côtes sont les acteurs de la pêche
artisanale et industrielle (Fédération des GIE (FENAGIE) de pêche, Groupement des Armateurs Industriels de Pêche
au Sénégal (GAIPES), etc.
• le Centre de Recherche Océanographique de Dakar-Thiaroye (CRODT/ISRA) qui fait des recherches sur la
biodiversité marine entre autres ;
• l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar qui renferme, au niveau de son Département de Géographie, une
formation en troisième cycle, dénommée Chaire UNESCO sur la « Gestion Intégrée et le Développement
Durable des Régions Côtières et des Petites Iles » sanctionnée par un Diplôme d’Etudes Approfondies.
Les textes juridiques internationaux applicables aux zones côtières et à la pêche maritime sont très divers. On
peut noter :
• la Convention de Ramsar du 2 février 1971 relative aux zones humides d’importance internationale : elle
s’applique entre autres à tous les rivages marins ;
• la Convention d’Abidjan du 23 mars 1981 relative à la coopération en matière de protection et de mise en
valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre : c’est le texte
de base en matière de protection des zones côtières ;
• la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer signée à Montego Bay le 10 décembre 1982 ; elle définit
les compétences de l’Etat notamment dans sa mer territoriale, son plateau continental et sa zone contiguë ;
• la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques de juin 1992 ;
• la Convention sur la diversité biologique de juin 1992.
Au Sénégal, la gestion de l’environnement marin et côtier relève, comme cela est dit plus haut, de la compétence
de plusieurs institutions (départements ministériels, collectivités locales, etc.). Ces institutions, le plus souvent,
interviennent de manière sectorielle sans coordination.
Conclusion et recommandations
Le domaine marin et le littoral sénégalais regorgent de potentialités socio-économiques. En effet, ces milieux
constituent un capital naturel jouant un triple rôle de développement : ils peuvent i) servir de subsistance (c’est le
cas des ressources halieutiques riches en protéines), ii) financer des investissements lorsque son exploitation
commerciale est source de taxes et de redevances versées à l’Etat et/ou aux Collectivités Locales, notamment
avec les infrastructures hôtelières et les quais de pêche iii) constituer de supports de « services environnementaux
» car leurs écosystèmes permettent la survie d’espèces exploitables économiquement. Cependant, force est de
souligner que cet environnement marin et côtier est aujourd’hui menacé et il connaît des dégradations diverses qui
ont pour conséquences, l’érosion côtière, la pollution marine, la destruction des habitats et perte de zones
touristiques, la surpêche, la perte de biodiversité, etc.
Même si beaucoup d’efforts sont réalisés, au titre des contraintes observées dans la gestion de l’environnement
marin et côtier, on peut citer, entre autres :
- le non respect de certaines dispositions réglementaires (la loi sur le domaine maritime par exemple) ;
- la non prise en compte d’évaluation stratégique et d’EIE de certains programmes sectoriels ;
- l’insuffisance d’un cadre permanent de suivi et de surveillance du processus ;
- l’insuffisance d’une synergie entre certaines Conventions comme celles sur les Changements Climatiques,
sur la Biodiversité et celle d’Abidjan ;
- la faiblesse de l’articulation entre programmes sous-régionaux et régionaux ;
- la difficulté de financement de mesures structurantes.
Certaines mesures légales et institutionnelles s’avèrent indispensables pour une gestion durable des zones côtières
et parmi elles :
• la redéfinition de la notion de domaine public maritime, de son extension et des activités pouvant y être
autorisées. La définition de zones de retrait et/ou d’un zonage dans l’occupation de la zone côtière ;
• l’application des réglementations en vigueur et leur renforcement ;
• l’adoption d’une loi du littoral qui pourrait y apporter un plus ;
• la réalisation de plans directeurs des villes côtières qui prennent en compte les modalités d’évolution des
zones côtières afin de définir les plans d’occupation des sols ;
• une structure institutionnelle chargée du suivi des zones côtières ;
• le développement d’un plan de communication adapté en direction des différents acteurs du littoral.
Cependant, ces ressources marines et côtières font l’objet d’une surexploitation et elles sont soumises à des
menaces de dégradation dues aux activités de développement et aux impacts négatifs des changements
climatiques. L’une des dégradations de cet environnement marin et côtier qui préoccupe plus le
Gouvernement du Sénégal est l’érosion côtière dont les causes sont très variables et différentes d’une zone
à une autre.
C’est ainsi que, pour faire face à ce phénomène, le Sénégal a entrepris des actions de consolidation et de
protection côtière dans les sites de Popenguine, de la Porte du Millénaire, de Mbao et de Rufisque,
Toutefois, pour inscrire ces actions ponctuelles dans une durabilité et pour leur mise en cohérence, il est
nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre une Stratégie Nationale de Gestion Intégrée du Littoral. C’est
dans le cadre de cet exercice que le Gouvernement du Sénégal a initié une étude de formulation d’un
Programme National de Lutte contre l’Erosion Côtière, qui constitue un volet important de cette stratégie.
Cette étude a abouti à l’élaboration d’un plan d’actions à court, moyen et long termes, avec un budget de
base d’environ 30 milliards de francs CFA et l’identification des Partenaires potentiels pour le financement.
Notre pays a également signé le protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre la pollution en
cas de situation critique le 23 mars 1981 et a ratifié ce protocole le 05 août 1984.
- la protection et la mise en œuvre du milieu marin, des zones côtières et des eaux intérieures
connexes des Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ;
- la protection du milieu marin, les zones côtières et les eaux intérieures connexes contre la pollution
en cas de situations critiques.
Les Pays concernés sont le Cameroun, la Gambie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Nigéria, le Sénégal,
les Seychelles et la Tanzanie. La Zone d’intervention au Sénégal est la Petite côte où un système de
management environnemental, d’éco-certification volontaire et de labellisation va être développé, de même
que le tourisme intégré.
Bibliographie
Adjoussi P., 2001, Impacts du prélèvement de sable marin sur l’évolution du trait de côte à Yoff : Essai d’étude
de vulnérabilité, Mémoire de DEA, Dept. de Géographie, FLSH-UCAD.
Ba A., Diallo A., Diakhaté M.A., Diarra I.,, Sow M. Profil de développement durable de la commune de
BARGNY.
Barusseau J-P, 1980, Essai d’évaluation des transports littoraux sableux sous l’action des Houles entre Saint
Louis et Joal, pp. 31-39.
Camara M.M.B., 2004, L’évaluation d’un aménagement littoral : la pèche et l’ouverture de la brèche sur la
langue de barbarie (grande côte sénégalaise) impact économique et écologique », Mémoire de DEA CHAIRE
UNESCO, Dept. de Géographie, FLSH-UCAD.
Camara M.M.B.,2008, Impacts des aménagements sur les zones littorales : l’exemple de l’ouverture de la
brèche sur la Langue de Barbarie (Grande Côte du Sénégal).
Ciss et Diallo, ENEA 2005 « Problématique de l’extraction du sable marin sur le littoral de Bargny », Mémoire
de fin d’études.
Diatta I., 2004, L’ouverture d’une brèche à travers la Langue de Barbarie (Saint-Louis du Sénégal). Les
autorités publiques et les conséquences de la rupture ». Mémoire de maîtrise, Université Gaston Berger
(Sénégal), Section de Géographie, 116p.
Diop I., 2004, Canal de délestage de la crue de 2003: Impacts et perspectives», Communication devant
l’Académie des Sciences du Sénégal en Séance Spéciale: Inondations et aménagements, le cas de Saint-
Louis, Hôtel Le Méridien Président Dakar, 12 p.
DEEC, Plan national d’intervention d’urgence en cas de Pollution Marine.
DEEC, 2007, Programme d’assistance des Pays Bas sur le climat Phase 2 « Rapport de la réunion de
validation de l’étude sur l’impact des Changements Climatiques sur le secteur du Tourisme : Delta du fleuve
Sénégal-Petite Côte-Delta du Saloum ».
Direction de la Pêche Maritime, 2008, Résultats Généraux de la pêche maritime, 1990 à 2007.
Direction de la Pêche Maritime, 2008, Document sur le Conseil présidentiel de la pêche en 2008.
Guérin K., 2004, Dynamique du littoral sableux de Thiaroye à Bargny » mémoire de maitrise, (baie de Gorée-
Sénégal).
Guilcher A., 1954, Rapport sur une mission d’étude de la langue de Barbarie et l’embouchure du Sénégal,
M.A.S. », 56 p. + cartes hors textes.
Lo P. G., 2006, Rapport d’étude d’impact environnemental du projet de construction et d’exploitation d’un
hôtel dans la zone des Mamelles à Dakar.
MEPN, 2006, Plan d’Action National pour l’Adaptation aux changements climatiques, 84p.
Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature, des Bassins de Rétention et des Lacs Artificiels,
2008, Formulation d’un Programme National Intégré de lutte contre l’érosion côtière.
Ministère de la Pêche et des Transports Maritimes, 2008, Lettre de politique sectorielle des pêches maritimes.
Ndiaye A., 2008, La gestion intégrée des zones côtières au Sénégal, analyse critique, Mémoire de fin d’étude
pour l’obtention du diplôme de droit international de l’environnement.
Ndoye A., 2004, Inondations et impacts environnementaux, Communication devant l’Académie des Sciences
du Sénégal en Séance Spéciale: Inondations et aménagements, le cas de Saint-Louis, Hôtel Le Méridien
Président, 04 p.
Niang Diop I., 2007, Vulnérabilité des côtes sénégalaises aux changements climatiques. Plan National
d’Actions pour l’Adaptation, MEPN/DEEC.
Olivier D., Diagne A.K., 2008, Tourisme, développement et enjeux politiques : l’exemple de la Petite Côte
(Sénégal), In : Le tourisme dans les îles et littoraux tropicaux et subtropicaux.
Sall M. M., 1982, Dynamique et morphogenèse actuelles au Sénégal occidental, Thèse d’Etat, Université de
Strasbourg, 604 p.
Soumaré A., 1996, Etude comparative de l’évolution géomorphologique des Bas estuaires du Sénégal et du
Saloum (approche par les données de terrain et la télédétection) », Thèse de 3ème cycle, UCAD, Département
de Géographie, 265 p.
Sy B.A., 1982, Dynamique éolienne actuelle dans le Delta du fleuve Sénégal (contribution à l’étude
géomorphologique du Sénégal septentrional), Thèse 3ème cycle, UCAD, Département de Géographie, 251
p. + Carte hors texte.
TECSULT INTERNATIONAL, 2005, Etude sur la gestion de la pollution industrielle de la baie de HANN ».
Partie III – Étude des stratégies de contrôle de la pollution.
TRICART J., 1957, Delta du fleuve Sénégal, type zonal de delta, In : Bull. Sect. Géogr. du Com.des Trav.Hit.et
Sc. Paris, pp.289-314.
Tropica Environmental Consultants, 2005, Rapport d’étude d’impact environnemental et social du projet
zircon de la Grande Côte.
Chapitre V : Terres
Introduction
Au Sénégal, la vie économique d’une bonne partie de la population repose sur l’exploitation continue des terres
du fait des diverses fonctions (la plupart vitales) qu’elles assurent pour les populations : fonctions de production
(agricole, de bois, d'eau), de régulation (protection contre l'érosion, recharge des nappes, épuration), de support
(habitat, transport fluvial et maritime), culturelle et récréative (lieux sacrés, sites touristiques). Ainsi, près de 70%
de la population du Sénégal tirent leurs moyens d'existence des ressources naturelles, principalement des terres
(CSE et al., 1996). Dans ce chapitre, il sera traité essentiellement des sols et de la dégradation des terres.
L’appellation « Terres » se réfère globalement aux ressources (hydriques, végétales et animales) et au sol qui les
supporte. La terre est un élément d’un système comportant, entre autres, la population qui l’exploite, ses
techniques, ses richesses, etc. Elle évolue sous l’interdépendance des différents éléments du système dont la
viabilité (Aubin, 1991) est sous-tendue par le maintien, voire l’amélioration des différentes fonctions qu’elle assure.
Vue sous cet angle, la terre peut être considérée comme une ressource non renouvelable. Ses nombreuses
fonctions doivent être protégées, en raison de leur importance socio-économique et environnementale (Olazabal,
2007). A l’instar des autres pays sahéliens, la dégradation des terres est devenue un phénomène récurent qui
représente, pour le Sénégal, une contrainte essentielle au développement durable. D’importants changements
(préjudiciables) sont observés sur leurs potentialités agronomiques et forestières que d’aucuns mettent en rapport
avec la dynamique démographique (English et al., 1994), les pratiques culturales (Dancette et al., 1994), les
systèmes pastoraux (Valentin, 1985), les activités industrielles, le gradient pluviométrique (Planchon et al., [soumis],
la sécheresse (Leisinger et al., 1995), la disparition du couvert végétal (Mariko, 1996), etc.
Le présent chapitre passe d’abord en revue l’état des terres, à travers les caractéristiques des sols, l’utilisation
des terres et les types de dégradation qui les affectent. Les facteurs de dégradation des terres, leurs impacts
biophysiques et socio-économiques, ainsi que les réponses apportées par les pouvoirs publics et la société civile
pour corriger ou atténuer ces impacts néfastes ont été ensuite analysés. Enfin, des recommandations ont été
formulées pour une gestion plus durable des terres.
Les sols sénégalais se sont formés à partir de formations géologiques datées du primaire au quaternaire. Ils sont
relativement bien connus en raison des nombreuses études réalisées par l’Université de Dakar, l’Institut de
Recherches Agronomiques Tropicales (IRAT), l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), l’Institut de
Recherche pour le Développement (IRD, ex ORSTOM), United States Agency for International Development
(USAID), l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Bureau Pédologie du Sénégal
(BPS), l’Institut National de Pédologie (INP) et tant d’autres chercheurs et ONG.
Ces travaux, menés à différentes échelles de reconnaissance (semi-détaillée ou même détaillée, du niveau local
au niveau national en passant par l’échelle du bassin versant) étaient orientés vers des applications pratiques ou
des problèmes spécifiques (cartographie des sols, productivité agricole, aménagement du territoire, etc.).
86 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Comme dans le monde entier, les caractéristiques des sols sénégalais sont déterminées par des facteurs
bioclimatiques d’une part, et par la diversité du substratum géologique, d’autre part.
Les formations pédologiques du Sénégal peuvent être regroupées en trois grands ensembles (figure 17) :
Figure 17 : Carte des sols du Sénégal (Sources : Eros data Center, SOTER 2008)
Dans ces formations, les sols les plus importants en termes de représentativité spatiale sont les suivants :
- les sols isohumiques subarides : on les rencontre au nord du Sénégal dans la région du fleuve ; la teneur
en matière organique est très faible (< à 0,5 %). Ce sont des sols de formation éolienne qui ont une sensibilité
très élevée à l’érosion éolienne ;
- les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés (sols Dior) qu’on rencontre sur les dunes mais aussi au Ferlo
et au nord du Bassin Arachidier. Leur teneur en matière organique est également faible ;
- les sols hydromorphes dont l’évolution est dominée par un excès d’eau. On les retrouve dans les vallées,
terrasses, levées deltaïques, cuvettes, vasières, vallées inter dunaires, etc. Ils sont également présents dans
toutes les zones éco-géographiques du pays et se distinguent par une texture sablo-argileuse à argileuse
et une teneur en matière organique variant entre 2 à 15% (Stancioff et al, 1986).
1.1.2 Les sols issus des formations sur terrains secondaires et tertiaires
Les principaux sols issus des formations sur les terrains secondaires et tertiaires sont localisés sur les plateaux,
les versants, les glacis d’épandage et les pentes de ces plateaux, les basses plaines et les plateaux formés sur
roches marno-calcaires. Les plus représentatifs sont les suivants :
C h a p i t r e V : Te r r e s 87
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
- les sols ferrugineux tropicaux lessivés sont rencontrés sur les plateaux, les buttes et les basses plaines ;
- les sols ferrallitiques qui constituent le résultat d’une pédogenèse caractérisée par une altération complète
des minéraux primaires et la présence d’une importante quantité de produits de synthèse issus des oxydes
de fer et d’aluminium. Ils se développent toujours sur des matériaux du continental terminal. Leur grande
profondeur, leur bonne structure et leur perméabilité en font des sols aptes à plusieurs cultures sous pluie ;
- les vertisols et les sols bruns eutrophes qui sont formés sur du matériau argileux marno-calcaire (Bargny,
Mbodiène), se retrouvent au Sénégal Oriental et dans les cuvettes (Anambé). Ils sont de couleur noire avec
une teneur très élevée en argile (>25%).
Les sols peu évolués d’érosion lithique sont identifiés sur les collines, les glacis, les vallons et les basses pentes
du Sénégal Oriental (Kédougou). La surface du sol est très caillouteuse et les sols peu profonds. Très sensibles à
l’érosion hydrique, ils sont utilisés comme aires de pâturage et peuvent recevoir, par endroits, des cultures de mil,
de coton et de maïs.
Les sols vertiques sont rencontrés au sud de Bakel. Ils sont formés à partir d’un matériau argileux gonflant
provenant de l’altération des roches schisteuses. La teneur en matière organique est moyenne et la fertilité chimique
élevée. Ils reçoivent des cultures de sorgho, du coton et du maïs.
Les sols hydromorphes sont plus fréquents sur les versants et sur le lit mineur des vallées du Sénégal et de la
Falémé. Ils ont une texture assez fine et une fertilité chimique satisfaisante. La teneur en matière organique est
faible. Ils sont relativement aptes à la culture et le pâturage y est également bon.
Les sols halomorphes à alcalis, qui sont localisés dans les plaines le long de la Falémé, ont une origine
pétrographique. La teneur en matière organique est moyenne et le pH neutre à alcalin. La mauvaise structure liée
à la présence de sodium les rend inaptes à la mise en culture.
L’évaluation de l’aptitude et des types d’utilisation des terres du Sénégal ont fait l’objet de plusieurs études. Ainsi,
selon le PNAT (1989), de par leur valeur intrinsèque, les sols du Sénégal sont, dans leur majorité, pauvres (tableau 11).
Superficie concernée
Classes Caractéristiques
(%)
Sols moyens à bons avec des contraintes faibles à moyennes pouvant en réduire
2 8
l’utilisation
4 Sols pauvres 31
88 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Pour une superficie de 196 722 km² que couvre le territoire national, les terres arables ne représentent que 19%,
soit 3,8 millions d’hectares (UPA, 1996). 57% de ces terres sont concentrées dans le bassin arachidier, 20% en
Casamance, 10% au Sénégal oriental et 8% dans la zone du fleuve. Les forêts, savanes et parcours classés
couvrent environ 32% du territoire national tandis que les zones non classées et les terres non cultivables
concernent 49% du territoire.
Annuellement, les mises en valeur agricole ne portent que sur 65% des terres arables, soit 2,5 millions d’hectares
environ (Plan d’Actions Foncier, 1996). En outre, la plupart des terres sont cultivées seulement pendant l’hivernage.
Les taux d’exploitation les plus élevés se rencontrent dans le bassin arachidier (81%) et la zone des Niayes (65%).
Seuls 2% des terres sont mises en valeur grâce à l’irrigation (PAN/LCD, 1998).
En revanche, l’étude réalisée par Fall et Diagne (2010) au niveau de l’INP en utilisant la carte morphopédologique
à l’échelle du 1/500 000e, la plus précise actuellement disponible, couvrant le territoire national, révèle que le
potentiel de terres arables au Sénégal est beaucoup plus élevé que les 3,8 millions d’hectares fournis par les
travaux antérieurs.
En effet, ces auteurs estiment que 9 404 475 ha de terres, représentant 47, 81% de la superficie du territoire national,
sont aptes et disponibles pour l’agriculture (figure 18). Ces terres, estimées après déduction des aires protégées et
de l’habitat, ont été catégorisées, compte tenu des caractéristiques pédologiques, des paramètres climatiques, en
particulier la pluviométrie, et des eaux de surface pérennes ou temporaires. Cet exercice a abouti à quatre catégories
de terres aptes (figure 19) que sont :
Figure 18 : Répartition spatiale des terres selon leur aptitude (INP, 2008 ; Fall et Diagne, 2010)
C h a p i t r e V : Te r r e s 89
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Au delà des divergences dans les approches utilisées pour déterminer le potentiel de terres cultivables au Sénégal,
la grande différence dans les résultats obtenus traduit la nécessité absolue d’une actualisation des bases de
données sur les ressources en terres.
Cela est d’autant plus urgent que l’on s’accorde sur le fait que, suite à une pression accrue sur les terres par les
différentes utilisations, le Sénégal fait face à une situation critique qui résulte de la dégradation des terres qui
affecte, à des degrés variables, une bonne partie des ressources terrestres (65% de la superficie du pays selon
certaines sources).
La dégradation d’un sol définie comme une baisse temporaire ou permanente de la productivité des terres, est un
processus complexe dont les manifestations se confondent facilement aux causes (Ndour, 2001).
La reconstitution de l’histoire agitée des grandes dynamiques pédologiques (Maignien, 1954) et des oscillations
climatiques quaternaires (Michel, 1974) concourent à la compréhension des types de dégradation qui affectent
les sols du Sénégal tels que représentés dans la figure 20. Les pertes de sols, entraînées par le vent et le
ruissellement des eaux, affectent considérablement la fertilité des sols, la disponibilité des terres agricoles, les
zones d’habitation et les infrastructures, et la perturbation de l’équilibre des écosystèmes.
La manifestation du phénomène d’érosion éolienne est favorisée par certaines caractéristiques écologiques qui
sont d’ordre climatique, pédologique et des modes inappropriées d’utilisation des terres (Fall, 1995). Les sols à
texture sableuse en sont les plus sensibles (figures 20). Les zones les plus touchées sont celles en bordure de la
vallée du fleuve Sénégal, la zone littorale des «Niayes» de Dakar à Saint-Louis, le Ferlo sableux et le centre-nord
(Nord du Bassin arachidier) qui sont soumises, pendant toute la durée de la saison sèche (7 à 9 mois), à l’action
du vent.
90 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
L’érosion éolienne a pour effet la fragilisation de la couche arable, contribuant ainsi à la dégradation de la structure
du sol et à la diminution de sa fertilité (Fall, 2002). En outre, les actions éoliennes provoquent l’ensevelissement
des cuvettes maraîchères, des mares et des axes routiers ainsi que le déchaussement des racines de certains
arbres. Les poussières éoliennes sont à l’origine de nombreux problèmes sanitaires.
L’érosion hydrique sévit de manière importante dans plusieurs régions du Sénégal, en raison de la forte sensibilité
des sols à ce phénomène (figure 21) et concerne 77% des terres dégradées du pays (Sadio, 1985). Les zones les
plus affectées par l’érosion hydrique sont localisées :
- le long du fleuve Sénégal où la végétation naturelle a totalement disparu : les sols sont ravinés, voire tronqués ;
- dans toute la moitié du territoire Est dominée par des formations cuirassées et gravillonnaires ;
- dans le Ferlo cuirassé caractérisé par un relief plus accusé que celui du Ferlo sableux et par des sols très
érodibles qui présentent des marques de façonnement hydrique superficiel ;
- sur le plateau cuirassé de Ndiass (Thiès), caractérisé par des pentes très fortes et une végétation très
dégradée. Ils ne subsistent, dans ce milieu, que des sols squelettiques entre les blocs et les pierres ;
- au sud-est du Sine Saloum, dans les formations ferrugineuses sur pentes et reposant sur des cuirasses ou
gravillons ;
- dans toute la partie Est de la Casamance, caractérisée par les sols ferrugineux sur pentes et des sols à
cuirasse.
Par ailleurs, l’érosion hydrique détruit les infrastructures (routes et ponts), menace de nombreux terroirs et aboutit,
lorsque le couvert végétal est complètement détruit, à la création des badlands que l’on peut observer le long des
vallées fossiles du nord, du centre et de l’est du Sénégal (planche n°2).
C h a p i t r e V : Te r r e s 91
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
92 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La salinisation et l’acidification constituent les principaux processus qui conduisent à la dégradation chimique.
La salinisation des sols est connue sous deux formes : une salinisation primaire issue de la roche mère et une
salinisation secondaire qui dépend de tout un ensemble de processus et facteurs environnementaux. Parmi les
processus et manifestations que l’on retrouve au Sénégal, on distingue :
- les intrusions marines causées par l’avancée des eaux de mer tout au long de la côte sénégalaise qui, à un
certain niveau, se positionne en dessous du niveau de la mer et/ou par la baisse sensible du niveau des
nappes souterraines qui permet une intrusion des eaux de mer à travers des biseaux salés ;
- les remontées capillaires qui se produisent dans les zones à nappes phréatiques saumâtres ou salées, sous
l’effet de l’augmentation de l’évapotranspiration suite à des hausses de températures liées aux variations
ou « changements » climatiques. La manifestation du phénomène se lit à travers des plaques de sel en
surface ou une structure poudreuse de la partie superficielle du sol ;
- les transferts érosifs qui se font des zones salées vers les zones non salées et les transformations in situ qui
s’opèrent sur place par des processus pédogénétiques.
Les mauvaises pratiques agricoles qui favorisent la salinisation des sols sont l’utilisation irrationnelle d’intrants
chimiques, la mauvaise qualité des aménagements et l’absence de système de drainage, l’utilisation inappropriée
des eaux saumâtres pour l’irrigation.
L’estimation des superficies des terres sous l’emprise du processus de salinisation donne plusieurs résultats
suivant les auteurs. Elle varie de 925 000 ha dont 625 000 sévèrement affectés (Fall, 2006) à 1 700 000 ha (LADA,
2003). Toutefois, les différentes investigations sur le processus de salinisation s’accordent sur le fait que les zones
les plus affectées sont : le delta du Fleuve Sénégal, les cours inférieurs de la Casamance, de la Gambie du Sine
et du Saloum et les Niayes. Son ampleur est consécutive aux importants déficits pluviométriques observés ces
dernières décennies. Dans la vallée du fleuve Sénégal, la salinisation constitue une menace particulièrement grave
dans les sols irrigués dont l’extension a été forte à la suite de la construction des grands barrages sur le fleuve.
Selon Poitevin (1993), la salinité globale des périmètres, notamment ceux mal drainés, est 7 à 10 fois plus élevée
que celle des sols non aménagés. Les travaux menés à l’Institut National de Pédologie en 2008 cernent 996 950
ha répartis suivant les zones présentées sur la (figure 22).
Figure 22 : Principales zones affectées par les sels à l’échelle du 1/500 000(Source : INP, 2008)
C h a p i t r e V : Te r r e s 93
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La salinisation des terres affecte aujourd’hui une bonne partie du territoire. Cinq des six zones agro écologiques
sont touchées : Fleuve Sénégal, Niayes, sud du Bassin arachidier, Casamance et Sénégal oriental.
Quant à l'acidification, elle touche les sols du domaine fluvio-marin de la vallée du fleuve Sénégal, de la Casamance,
du Sine-Saloum et se manifeste aussi dans les Niayes. Ces sols acides ont fait l’objet de diverses études. Sadio
(1989) les a estimés à 400 000 ha dans la vallée du fleuve Sénégal (dont 370 000 ha dans la Basse et Moyenne
vallée), entre 5 et 8 000 ha dans les Niayes, 230 000 ha dans le bassin du Sine Saloum, et 400 000 ha dans le
Bassin du Fleuve Casamance.
Le résultat des processus produisant l’acidité des sols est très dommageable pour la biodiversité du sol. Selon
Cissé (1981), l’acidification a provoqué la perturbation de la vie microbienne fixatrice de l’azote atmosphérique dans
les sols du bassin arachidier. Cette acidification revêt une forme très poussée de dégradation des sols lorsque les
pH baissent en dessous de 5. A ce niveau, la toxicité de l’aluminium échangeable accentue le phénomène et
compromet le développement de la végétation. L’apparition des plages nues connues dans la zone nord du Bassin
arachidier est très caractéristique de ce phénomène.
L’intensité de la dégradation physico-biologique est moins apparente que les autres cas de dégradation ci-dessus
présentés. Cette forme de dégradation se manifeste par une détérioration des capacités physiques du sol (baisse
de porosité, de perméabilité, augmentation de la densité apparente et baisse de la stabilité structurale des sols), un
accroissement du taux de minéralisation et une réduction de la teneur en matière organique des sols. Cependant,
ce phénomène essentiellement anthropique, existe partout où se pratique l’agriculture minière à base d’arachide.
Le domaine forestier comprend un domaine classé et un domaine protégé. Du fait des feux de brousse, du
surpâturage, de l’exploitation abusive des forêts, des défrichements, le domaine protégé est fortement agressé.
Par endroits, il subit un niveau de dégradation très avancé. Les parcs nationaux, les réserves intégrales et spéciales
qui couvrent environ 8 % du territoire, sont les milieux où la biodiversité est la mieux conservée en raison de leur
statut d’aires intégralement protégées.
Les dernières estimations font état d’une superficie de 6,3 millions d’hectares de forêts naturelles disponibles en
2007, contre 11 millions d’hectares de forêts à l’indépendance du Sénégal, soit une réduction de prés de la moitié
en l’espace de quatre décennies, montrant ainsi l’état de dégradation avancée du potentiel forestier. La
déforestation résulte notamment des sécheresses consécutives à la baisse des précipitations de 20 à 25% (avec
des pointes de plus de 45% pendant les années de fort déficit), ainsi que de la pression humaine exercée sur les
ressources forestières notamment pour la satisfaction des besoins des populations.
La dégradation des terres intervient lorsque le sol est dépourvu de son couvert végétal et quand du fait de sa
sensibilité intrinsèque, il fait l’objet d’une surexploitation ou d’une exploitation inappropriée. La dégradation physique
et chimique du sol résulte, à des degrés divers, de processus naturels, de pratiques mal adaptées sur les plans
d’irrigation et de gestion des sols, du défrichage, d’une utilisation excessive d’intrants chimiques, et d’une mauvaise
utilisation de matériel agricole lourd (OCDE, 1999).
94 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Parmi les facteurs de dégradations des sols du Sénégal, on peut citer la fragilité des sols sénégalais (Maignien,
1965), les effets dévastateurs de la sécheresse (Boivin et al., 1986 ; Sène et Perez, 1994 ; Ndione, 1998) ou tout
simplement les activités de l'Homme considérant ainsi les facteurs naturels comme de simples catalyseurs
(Dancette et al., 1985 ; Diop et al., 1986).
De 3 millions d’habitants en 1960, la population du Sénégal est passée à plus de 12 millions en 2009 (ANSD, 2010).
Elle a donc quadruplé en 50 ans. La population est en transition d’un fort taux de croissance à un taux modéré dû à
la baisse de la fécondité et de la mortalité (1PAR, 2007). Avec 53,3% de sa population ayant moins de 20 ans, la
population sénégalaise est composée majoritairement de jeunes. La forte augmentation de la population urbaine est
due à l’accroissement de la population de Dakar qui abrite 24% de la population totale avec seulement 0,3% de la
superficie totale du pays. Malgré cela, la population rurale continue à être la partie la plus importante de la population.
A cela s’ajoute que la plupart de ceux qui vivent dans les villes secondaires dépendent de l’agriculture, au sens large,
dans leurs activités quotidiennes.
Cette poussée démographique a entrainé une extension des terres de culture et une pression accrue sur les
ressources forestières avec la forte demande en charbon de bois des villes. La pression humaine se traduit
principalement par des pratiques culturales ou pastorales inadaptées et par une forte concentration de la population
dans l’ancien bassin arachidier et sur un axe nord-sud longeant la côte.
Des changements sont apparus dans l’utilisation des terres et de la couverture du sol entre 1975 et 2000
(Tappan, 2009).
La superficie totale cultivée (pluviale et irriguée) qui était de 3 286 800 ha en 1975, est passée à 3 335 600 ha en
2000, soit une légère augmentation de 1,5%. Une analyse détaillée révèle une expansion dans plusieurs régions
et l’abandon de terres agricoles dans le bassin arachidier. Beaucoup de paysans ont abandonné leur terre en
faveur d’autres activités économiques incluant la migration vers Dakar, Touba et d’autres centres urbains. En
dehors du bassin arachidier, l’expansion significative de l’agriculture s’est produite dans les savanes et terres
boisées du centre et du sud, principalement en Casamance. Lorsque l’on considère toutes les régions en dehors
du bassin arachidier, on voit que la superficie s’est étendue de 19% au détriment des savanes et zones boisées ;
dans la région sud de Casamance, on note une fragmentation de la savane boisée.
La perte observée au niveau des forêts denses est estimée à près de 60,6%, passant de 264 km2 à 104 km2, au
cours de la période 1975-2000. Cette perte inclut la forêt riveraine unique (gonakiés) le long du fleuve Sénégal et
les forêts humides de la Basse Casamance. Les galeries forestières d’une grande importance biologique ont
disparu à hauteur de 1,6%. Les zones humides ont augmenté de 10,3%. Ceci peut être attribué au fait que durant
la période 1972-1975, le Sénégal a connu une grande sécheresse, alors qu’à partir de la fin des années 90, les
niveaux de pluviométrie sont plus proches des normales de la période humide.
Une autre tendance notable est l’indication de conditions plus sèches et la dégradation des terres, en particulier
l’augmentation des steppes au détriment des savanes (4,9% d’augmentation, principalement dans les régions
pastorales du nord-est), et aussi l’augmentation des sols nus (20,1%, principalement dans les régions pastorales).
C h a p i t r e V : Te r r e s 95
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Au Sénégal, le secteur agricole considéré comme le moteur de l’économie nationale constitue la principale source
d’emplois et de revenus pour plus de 60 % de la population. L’agriculture occupe, en effet, 65 à 70% de la
population active, participe à hauteur de 9,6% au PIB et de son essor dépend la sécurité alimentaire des
populations (CSE et al., 1996).
Cependant, d’après les données statistiques de la FAO (2009), l’évolution des superficies cultivées au Sénégal ne
reflètent pas sa vocation agricole et sa forte population rurale. Les cultures céréalières pluviales occupent l’essentiel
des terres emblavées durant la campagne agricole. Elles sont destinées principalement à l’autoconsommation et
sont très sensibles aux aléas climatiques. Les principales cultures de rente sont l’arachide et le coton.
La rotation mil-arachide a dominé le système de production avec une prépondérance de l’arachide depuis les
temps coloniaux. L’évolution des superficies par culture montre que la baisse est plus marquée pour l’arachide et
que le mil est maintenant la plus importante culture du pays en termes de superficie mais pas en termes de
production, à cause de ses faibles rendements. Le niébé et le sorgho viennent ensuite suivis par le maïs et le riz
(Khouma et al, 2010). Les rendements du mil sont particulièrement bas partout au Sénégal. Pour la période 1998
à 2008, le rendement moyen du mil est de 624 kg/ha au niveau national. La majeure partie de la production
provient du bassin arachidier et de la Casamance. Les rendements de l’arachide sont dans le même ordre de
grandeur que ceux du mil et atteignent rarement 1 T/ha. Cette baisse des rendements est liée à la dégradation de
la fertilité des sols consécutive à la faiblesse des apports de fumure minérale et organique ainsi qu’à la disparition
des jachères qui résultent de la pression foncière.
L’évolution des performances des cultures céréalières et arachidières de 1990 à 2007 (superficies et production)
est représentée dans les figures 23 et 24 (DAPS, 2009).
Figure 23 : Evolution comparée des superficies et des productions de céréales (Source : DAPS, 2009)
96 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Figure 24 : Evolution des superficies et des productions arachidières (Source : DAPS, 2009)
L’essor de l’agriculture est largement tributaire non seulement de l’état des sols et de la pluviométrie, mais aussi
des techniques culturales appliquées.
Certaines pratiques paysannes en cours ont des effets néfastes sur le sol. C’est le cas du brûlis, une pratique très
courante des paysans sénégalais au moment de la préparation des champs. Par ailleurs, l’appauvrissement des
sols n’est pas compensé par des pratiques de conservation. En effet, le ramassage des pailles dans les champs
pour constituer des réserves fourragères réduit fortement la compensation des exportations de substances
nutritives par les plantes et accentue le transfert d’éléments fertilisants hors des aires de production. Cet
appauvrissement était autrefois compensé par la jachère et la fumure animale qui permettaient de reconstituer en
partie la fertilité des sols. Mais la jachère a pratiquement disparu dans les terroirs du fait de la pression foncière
due à l’explosion démographique, mettant encore plus de pressions sur les terres déjà appauvries.
En outre, les dispositions de la loi sur le domaine national qui ne reconnaissent pas la jachère comme un mode de
mise en valeur, ont plus ou moins indirectement concouru à l’abandon de cette pratique.
Traditionnellement, la gestion foncière était régie par des règles coutumières qui assuraient la sécurité de
l’exploitation des membres de la communauté tout en déterminant les modalités de cette exploitation. Ce mode
de gestion a été supplanté par la nationalisation des terres par l’Etat sénégalais. D’après la loi sur le domaine
national, ce sont les zones de terroir qui sont des zones de culture et d’élevage exploitées sous le contrôle de
l’Etat. Avec la décentralisation, la responsabilité de la gestion de ces terres (affectation et désaffectation) est
désormais confiée au Conseil Rural.
La principale ambiguïté de cette loi repose sur la notion de mise en valeur. Du fait que la jachère et le pastoralisme
ne sont pas considérés comme des formes de mise en valeur, on observe d’une part, une extension des zones
de culture au détriment des parcours et d’autre part, une limitation de la jachère chez les paysans, de peur de
perdre leurs terres. Beaucoup d’auteurs considèrent ainsi que les incertitudes de cette loi contribuent à la
dégradation des terres au Sénégal.
C h a p i t r e V : Te r r e s 97
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La pollution des sols et des eaux par les produits chimiques est devenue un problème environnemental
préoccupant d’autant plus que l’emploi d’engrais et de produits phytosanitaires synthétiques dans les pays en
développement s’est considérablement accru ces quarante dernières années (Fleischer, 2006).
En effet, l’avènement de la crise alimentaire mondiale consécutive à la croissance démographique et aux aléas du
climat a entrainé une intensification de l’agriculture qui s’accompagne d’une utilisation excessive d’engrais
chimiques et de pesticides susceptibles d’entraîner la pollution des sols et des eaux.
Au Sénégal, la fertilisation constitue un élément-clé pour accroître les rendements et la production agricole. L'accès
des producteurs agricoles aux moyens de fertilisation constitue donc un élément essentiel de la politique
alimentaire. Les consommations moyennes d’engrais sur l’arachide et les céréales sont respectivement 27 kg/ha
et 8 kg/ha avec des taux de croissance moyens de 6,1 % et 8,6% sur la période de 1995 à 2007 (DAPS, 2009).
La figure 25 montre l'évolution de la consommation d'engrais sur la même période.
La consommation d'engrais reste instable avec un minimum de 12 000 tonnes en 1995 et un maximum de 28 000
tonnes en 20005, mais on note une nouvelle régression de 2000 à 2007. La zone des Niayes à vocation horticole,
située le long du littoral de Dakar à Saint-Louis, est particulièrement affectée par une pollution chimique du fait des
forts taux d’utilisation d’engrais et de pesticides et de la texture sableuse des sols dominants. Dans cette zone, la
nappe est menacée par la pollution liée à l’usage de fortes quantités d’intrants chimiques dans la production maraîchère
(engrais minéraux et organiques, pesticides), pouvant compromettre davantage la qualité de l’eau et ses diverses
utilisations. La majeure partie des usagers ignorent le danger des produits phytosanitaires, surtout des produits
persistants (organochlorés), ce qui constitue une menace réelle pour les ressources en eau (Fall et Fall, 2001).
Néanmoins, la nouvelle dynamique que suscitent une combinaison de technologies améliorées, de législations
environnementales et la promotion de l’agriculture biologique, présage d’une possible réduction de l’emploi excessif
de pesticides et d’engrais ainsi que des dommages environnementaux qui en résultent.
5 Ces valeurs sont loin de celles des années 1980 où avec une intensification, les quantités avoisinaient 100 000 tonnes.
98 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Le rapport sur la situation économique et sociale du Sénégal (ANSD, 2009) estimait l’effectif du bétail à 14 235
175 de têtes dont 68% de petits ruminants (ovins, caprins ; figure 26).
Les effectifs du bétail ont régulièrement augmenté de 1990 à 2007 (figure 27). Cet accroissement a été surtout
favorisé par les acquis considérables du sous-secteur de l’élevage en matière de lutte contre les maladies qui
affectent le cheptel. En effet, le Sénégal dispose d’un système national de sérosurveillance épidémiologique mis
en place depuis l’arrêt de la vaccination contre la peste bovine. Les maladies prioritaires surveillées sont : la peste
bovine, la péripneumonie contagieuse bovine, la fièvre aphteuse, la dermatose nodulaire contagieuse bovine, la
peste équine, la maladie de la vallée du Rift, la peste des petits ruminants, la peste porcine africaine et les maladies
aviaires (la maladie de Newcastle et la Grippe aviaire).
Les systèmes de productions animales sont basés, pour l’essentiel, sur un élevage extensif où l’alimentation du
cheptel est assurée par le pâturage naturel essentiellement fourni par les forêts classées, les réserves sylvo-pastorales
et les jachères. Face à des ressources pastorales instables et impossibles à prévoir d’avance, la mobilité des
troupeaux et la flexibilité des stratégies d’adaptation restent une condition essentielle pour une meilleure exécution
des activités pastorales. Les déplacements d’animaux répondent à une logique d’optimisation de l’exploitation des
parcours. Cependant, la transhumance est souvent source de conflits liés à l’utilisation des ressources.
C h a p i t r e V : Te r r e s 99
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La qualité ainsi que la quantité des pâturages, qui sont tributaires des précipitations et des modes d’utilisation du
sol, sont souvent affectées par les déficits pluviométriques récurrents. En effet, dès la fin de la saison des pluies, les
animaux doivent faire face à un pâturage de plus en plus réduit et dont la valeur alimentaire du fourrage baisse.
Avec la réduction des zones de parcours naturels engendrée par l’avancée du front agricole, la pression animale,
devenue de plus en plus forte, entraine une surcharge dont la persistance aboutit à une dégradation des parcours
naturels. En effet, la raréfaction du tapis herbacé en saison sèche et la réduction du couvert ligneux par des
émondages sauvages entraînent une augmentation et une accélération de l’érosion par le vent, le ruissellement et
la réactivation des dunes.
Dans la zone sylvo-pastorale qui abrite l’essentiel du cheptel sénégalais, cette situation est favorisée par un
excédent de cheptel par rapport aux capacités de charge des zones situées dans le ferlo sableux, où la production
primaire est souvent évaluée à moins de 500 kg ms/ha (CSE, 1995). La dégradation du sol par érosion éolienne
s’observe particulièrement autour des points d’eau et généralement dans les zones à forte concentration animale
où le piétinement répété met le sol dans un état de moindre résistance aux actions du vent (Valentin, 1985).
La baisse de la productivité des terres engendrée par leur dégradation a comme conséquences la baisse des
revenus et l’insécurité alimentaire des populations.
Le Sénégal a recours à des importations massives de produits alimentaires, notamment de riz (environ 700 000 tonnes
par an durant les cinq dernières années), de produits laitiers (environ 140 millions de litres soit 55% de la consommation),
de viande (16 600 tonnes dominées par les volailles avec 13 700 tonnes), ainsi que des produits horticoles,
principalement des oignons et des pommes de terre pour assurer l’approvisionnement alimentaire (PNIA, 2009).
En effet, malgré les efforts importants déployés pour assurer la diversification et l’intensification de la production
agricole, notamment à travers les programmes spéciaux de relance des cultures vivrières et industrielles (manioc,
maïs, bissap, sésame…), entre 2000 et 2002, le plan REVA (Retour Vers l’Agriculture) en 2006 et la GOANA
(Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance) en 2008, des efforts considérables restent à faire.
Si les tendances actuelles se maintiennent, la décroissance de l’agriculture se poursuivrait, ce qui se traduirait par
la dégradation des revenus agricoles et la paupérisation progressive du monde paysan, la dégradation des terres
et la baisse des rendements agricoles. Ceci pourrait induire un exode rural croissant des populations vers les
centres urbains. L’exode rural et l’accroissement de la population dans les agglomérations urbaines aggraveraient
alors la pauvreté et auraient des effets négatifs considérables sur l’environnement et le cadre de vie, avec des
risques de tensions sociales, de révolte, d’exclusion et d’insécurité.
La baisse de la productivité des terres se traduit par une chute de la contribution du secteur agricole dans le PIB
du pays. Le secteur agricole a enregistré un taux de croissance moyen de 0,5 % sur la période 1990-2007 avec
une contribution moyenne de 0,1 point à la croissance du PIB. Ce taux de croissance moyen du PIB cache de
fortes disparités d’une année à l’autre. Après un recul de 15,6% en 2006, le sous-secteur des productions
100 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
végétales a enregistré une nouvelle contre-performance en 2007 (-15,8%). Ce repli serait lié à la baisse de la
pluviosité6 ainsi qu’à sa mauvaise répartition spatiale et temporelle (survenance de pauses pluviométriques) durant
la saison hivernale 2007. D’autres contraintes liées à la qualité des semences, le manque de fertilité des sols ainsi
que le déficit des structures de commercialisation, en particulier pour l’arachide, sont également évoquées. En
conséquence, le secteur agricole a reculé de 5,5% en 2007 en dépit de la progression de l’élevage (5,9%) et de
la foresterie (5,8%) ainsi que de la reprise amorcée au niveau de la pêche (6,7%). La valeur ajoutée agricole aux
prix courants, assimilée au revenu agricole, est en moyenne de 485 milliards de FCFA tandis que la valeur ajoutée
moyenne par actif est de 287 360 FCFA (figure 28). Pour les cinq dernières années, la valeur ajoutée moyenne par
actif est de 300 978 FCFA (DAPS, 2009).
Figure 28 : Evolution de la Valeur Ajoutée agricole par actif (à prix constants) Source : DAPS (2009)
Par ailleurs, le sous-secteur de l’élevage constitue une composante importante de l’économie sénégalaise. Il
occupe environ le tiers de la population, soit environ 3 000 000 d’habitants issus pour la plupart des couches les
plus vulnérables du monde rural. Il participe pour environ 35% du PIB du secteur agricole. En dépit de ce potentiel
et du rôle important qu’il joue sur le plan socio-économique, le sous-secteur n’atteint pas encore les niveaux de
performances attendus et est encore très vulnérable aux aléas climatiques et aux crises sanitaires liées notamment
aux maladies animales émergentes.
Le charbon de bois est le seul produit de ce sous secteur qui contribue significativement à la croissance de la valeur
ajoutée agricole et sa production en valeur représente 60% par an de la production du sous secteur (figure 29).
C h a p i t r e V : Te r r e s 101
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La production de charbon de bois est passée de 291 144 tonnes en 1990 à 416 865 tonnes en 2007 soit un taux
de croissance moyen annuel de 2,1%. A la lumière de l’évolution du secteur, il apparaît que la contribution de
l’agroforesterie à la valeur ajoutée reste en deçà des attentes. Son rôle ne pourra se renforcer que si les règles
élémentaires de préservation et de régénération des ressources naturelles et fauniques sont respectées (limitation
des quotas de charbon de bois, contrôle de l’exploitation frauduleuse d’une certaine catégorie de ressources
forestières, lutte contre les feux de brousse, etc.).
Devant la dégradation continue des ressources naturelles entraînant de faibles performances du secteur agricole,
la paupérisation des masses rurales et l’insécurité alimentaire, les populations ont déployé un certain nombre de
stratégies de survie et les pouvoirs publics ont instauré des politiques visant à améliorer la gestion des terres et à
lutter contre la dégradation.
Dans le cadre de la promotion de la gestion et de l’utilisation durable des terres, les pouvoirs publics ont ratifié la
Convention internationale sur la lutte contre la désertification, adopté des mesures juridiques, institutionnelles et
mis en œuvre de nouvelles politiques sectorielles.
Dans le cadre de la mise en œuvre de cette Convention, le Sénégal a mené plusieurs activités ayant conduit à
l’élaboration d’un programme d’action national de lutte contre la désertification (PAN/LCD). Basé sur une approche
participative et décentralisée, ce programme prend en compte les problèmes spécifiques aux différentes zones
agro-écologiques du pays (CONSERE, 1997).
En 2007, la Conférence des Parties (CdP) de la CNULCD a adopté un Plan cadre stratégique décennal couvrant la
période 2008-2018 avec 5 objectifs opérationnels : (1) Plaidoyer, sensibilisation et éducation ; (2) Cadre politique ;
(3) Science, technologie et connaissances ; (4) Renforcement des capacités ; (5) Financement et transfert de
technologie. Afin de mesurer la mise en œuvre de ce Plan cadre, des indicateurs ont été définis et adoptés lors de
la 9ème CdP à Buenos Aires. De fait, ces indicateurs doivent être renseignés et constituent l’essentiel du IVème
rapport national que chaque pays partie doit élaborer et soumettre au Secrétariat de la Convention en octobre
2010.
Ainsi, dans le domaine de la préservation des ressources naturelles, les actions menées au Sénégal ont permis de
relever le niveau des superficies reboisées à 49 174 hectares en 2007 contre 37 637 hectares en 2006.
102 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
En matière de législation et de réglementation, plusieurs mesures ont été prises par les pouvoirs publics ; toutefois
pour la plupart du temps leur application effective reste encore à parfaire. Parmi ces mesures juridiques, celle qui
retient le plus l’attention, du fait de ses interrelations avec le développement agricole et l’état des terres est la
politique de réforme foncière (CSE, 2005).
En ce qui concerne la gestion et le mode d’administration du foncier au Sénégal, Kane (2009) note la coexistence
de deux régimes auxquels sont soumises toutes les terres du territoire national. Il s’agit du régime de
l’immatriculation et celui du domaine national qui sont régis par des textes législatifs et réglementaires en vigueur.
La réforme foncière introduite par la loi sur le domaine national de 1964 a consisté à garantir aux masses
rurales l’accès à la terre, constituant ainsi une étape importante pour la réduction des conflits en milieu rural.
Elle supprime définitivement le droit coutumier traditionnel en consacrant le « droit d’usage » au profit des
personnes disposant de la capacité de mise en valeur. La terre devient ainsi un patrimoine commun que
personne ne peut s’approprier.
Mais au fil des ans, l’on s’est rendu compte qu’elle ne répond réellement pas aux attentes des populations.
C’est dire que le problème foncier se pose avec acuité dans la mise en œuvre de la stratégie de
développement rural. La question fondamentale est de trouver les moyens de sécuriser les droits fonciers
tout en garantissant un minimum d’équité dans l’accès à la terre.
A cet effet, la loi n° 2004-16 du 4 juin 2004 portant loi d’orientation agro-sylvo-pastorale a annoncé la définition
d’une nouvelle politique foncière et d’une réforme foncière d’envergure. Cette politique repose sur les
principes suivants :
- la protection des droits d’exploitation des acteurs ruraux et des droits fonciers des communautés
rurales qui permet à l’exploitant d’investir avec plus de sécurité ;
- la cessibilité encadrée de la terre (vente, location, prêt, etc.) donnant ainsi à l’exploitant la possibilité
de céder sa terre ;
- la transmissibilité successorale des terres pour encourager l’investissement durable dans
l’exploitation familiale ;
- l’utilisation de la terre comme garantie pour l’obtention du crédit.
La réforme foncière a pour objectifs : la sécurité foncière des exploitations agricoles, des personnes et des
communautés rurales, l’incitation à l’investissement privé dans l’agriculture, la dotation à l’Etat et aux
collectivités locales de ressources financières suffisantes ainsi que la mise à disposition de personnels
compétents, pour une gestion efficace, équitable et durable des ressources naturelles et l’allègement des
contraintes foncières au développement agricole, rural, urbain et industriel.
C h a p i t r e V : Te r r e s 103
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Sur les pesticides, le Sénégal a adopté la loi sur l'enregistrement et le contrôle des produits phytosanitaires et a
défini les instruments de ratification concernant leur application. Cette réglementation a toutefois du mal à être
appliquée sur le terrain. Les problèmes de surveillance des produits phytosanitaires, de l'efficacité des produits
disponibles pour les agriculteurs, de leur utilisation et des circuits de distribution se posent avec beaucoup d'acuité.
Les mesures institutionnelles mises en place dans le cadre de la gestion des terres sont les organes de
concertation, les institutions de recherche (ISRA) et de conseil agricole et rural (ANCAR), l’Institut National de
Pédologie (INP) et les services techniques (DPV). Les cadres de concertation en place sont ceux que l’on trouve
dans les différents segments de la gestion des ressources naturelles : Conseil Supérieur de la Chasse et de la
protection de la faune, Conseil National de l’Urbanisme, etc.
Les institutions de recherche et d’appui/conseil ont pour objet de promouvoir l’amélioration de la productivité des
sols et des systèmes paysans de production. L’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), implanté dans
les différentes zones agro-écologiques du pays, dispose d’une importante expertise en matière de recherches
agricoles. (Badiane et al. 2000). Des connaissances scientifiques sur les mécanismes de l’érosion des sols,
l’amélioration des pratiques culturales, les espèces adaptées à la sécheresse et à la salinité ont été acquises. Sous
l’impulsion de l’ISRA, des rideaux de brise-vent et des techniques de défense et de restauration des sols ont été
développés dans le bassin arachidier notamment.
Bien que les techniques utilisées permettent de lutter contre les effets de la dégradation des terres, leur adoption
par les producteurs est restée faible. Plusieurs facteurs expliquent cela : le manque d’efficacité à court terme des
paquets technologiques proposés, la faible mise en application des connaissances théoriques accumulées, la
faible diffusion des progrès ou initiatives en matière de lutte contre la dégradation des terres du fait qu’elles sont
essentiellement publiées dans des revues à caractère scientifique dont le contenu et la langue utilisée sont
inaccessibles aux producteurs.
Pour corriger ces lacunes, les nouvelles orientations de la politique agricole ont été à l’origine de l’élaboration des
Plans Stratégiques quinquennaux de l’ISRA sous-tendus par une approche participative de la recherche scientifique
et un renforcement des liens entre l’ISRA et ses différents partenaires et utilisateurs des résultats de la recherche.
L’Agence Nationale de Conseil Agricole Rural (ANCAR) a pour mission de faire accéder les paysans à un plus large
éventail d’innovations techniques, de diffuser en milieu rural des solutions endogènes avérées provenant des
expériences paysannes, de renforcer les capacités organisationnelles et de communication des paysans et
développer l’appui-conseil en milieu rural. L’Agence s’est déployée dans les six zones agro-écologiques du pays
et dispose d’un conseiller agricole et rural (CAR) dans chaque communauté rurale.
La Direction de la Protection des Végétaux (DPV) a été créée pour prévenir l’introduction d’organismes nuisibles
dans le pays et combattre ceux présents sur le territoire, afin de contribuer à augmenter la production agricole
tout en préservant l’environnement et la santé des producteurs et des consommateurs.
Dans le cadre des réformes institutionnelles du Ministère de l’Agriculture introduites par le Programme des Services
Agricoles et Appui aux Organisations de Producteurs (PSAOP), la Direction de l’Analyse de la Prévision et des
Statistiques (DAPS) a été créée en 2001 pour poursuivre les missions de l’Unité Politique Agricole (UPA) et de la
Division des Statistiques Agricoles (DISA).
104 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Les Centres d’Expansion Rurale Polyvalents (CERP) créés avant l’indépendance ont eu pour mission d’encadrer
la production arachidière puis agricole. Depuis le désengagement de l’Etat, ils sont les principaux interlocuteurs
des populations rurales dans les domaines de la planification et de la gestion des terroirs. La faiblesse de leurs
moyens d’action constitue cependant une limite à l’efficacité de leurs interventions. Les CERP ont été remplacés
par les Centres d’Appui au Développement Local (CADL) créés dans chaque arrondissement.
L’INP poursuit et élargit les activités du BPS notamment dans les domaines suivants : (1) la maîtrise des
caractéristiques édaphiques (caractérisation, cartographie et modélisation) ; (2) l’occupation et
l’aménagement du terroir (assister les décideurs dans le choix de l’occupation des terres) ; (3) l’amélioration
de la productivité des sols (phosphatage de fond) ; (4) le conseil et la démonstration pour l’adoption de bonnes
pratiques culturales).
La deuxième phase du Projet (PSAOP2) prévue pour la période 2007-2011, vise à renforcer l’accès des petits
producteurs aux services et innovations agricoles en vue d’accroître la productivité agricole, la sécurité
alimentaire et les revenus des petits producteurs. Il est mis en œuvre à travers les quatre (04) composantes :
C h a p i t r e V : Te r r e s 105
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
a) De 1960 à 1984 : pendant cette phase, l’accent est mis sur la monoculture arachidière, l’organisation des
producteurs et la création de structures d’encadrement et de vulgarisation. Les objectifs visés étaient : la
modernisation agricole, l’accroissement des revenus des populations, la réorganisation de l’encadrement
rural et des circuits de commercialisation ;
b) De 1984 à 1994 : le Sénégal souscrit au programme d’ajustement à moyen et long termes et met en œuvre
la nouvelle politique agricole caractérisée par un moindre interventionnisme de l’Etat. Son objectif est de réaliser
une couverture des besoins céréaliers à hauteur de 80% et de dégager des surplus exportables en fruits et
légumes. Les leviers d’action de cette nouvelle politique sont la responsabilisation des producteurs ruraux et
la sécurisation agricole et vivrière. Le crédit est confié au privé, la subvention des engrais est supprimée et les
effectifs de l’encadrement rural réduits de même que leur champs d’intervention. Il s’y ajoute l’intervention de
la dévaluation du F CFA dont les effets se mesurent à travers la diminution de la capacité d’investissement
des ruraux ;
c) De 1994 à 2000 : le Sénégal adopte un Plan d’Ajustement Sectoriel Agricole (PASA) dont les objectifs
sont, entre autres, la sécurité alimentaire et foncière, et la promotion de l’investissement privé. Les options
stratégiques sont définies dans la Lettre de Politique agricole de 1995, complétée par la Lettre de politique
institutionnelle du secteur agricole de 1998, à savoir : libéralisation des prix agricoles, désengagement de
l’Etat et suppression des monopoles, financement des programmes et dépenses publiques dans le secteur
agricole, établissement d’un partenariat entre l’Etat et les organisations socioprofessionnelles, sécurisation
foncière et gestion des ressources naturelles, sécurité alimentaire, crédit agricole et redéfinition des
missions de services publiques du Ministère de l’Agriculture. (Badiane et al. 2000).
La recherche agronomique et les différents projets et programmes ont développé un nombre important de
technologies adaptées aux différents contextes agro-écologiques. Un programme national de phosphatage de
fond, dont l’objectif global était le relèvement de la teneur en phosphore des sols, a été lancé à partir de la
campagne agricole 1997/1998. Il avait, pour objectif spécifique, l’amendement de 400 000 ha par an pendant
quatre ans. Il a été arrêté à sa troisième année d’exécution avec un taux de réalisation de seulement 23%.
Plusieurs études agro-pédologiques ont été menées par le Bureau Pédologie du Sénégal (BPS) avec l’appui du
PNUD et de la FAO, notamment dans le bassin arachidier, dans le but d’améliorer la connaissance de la ressource.
Ces études ont permis d’établir des cartes des sols et des cartes d’aptitudes culturales à l’échelle du 1/50000 sur
une superficie d’environ 500 000 ha dans les départements de Louga, Kébémer, Nioro du Rip, Kaolack et Kaffrine.
L’ISRA a aussi beaucoup travaillé sur la cartographie, l’amélioration des techniques de lutte contre l’érosion hydrique
et éolienne à travers le pays.
Pour le sous-secteur de l'élevage, la réduction de la pression du cheptel sur les pâturages naturels a nécessité
l’adoption de différentes approches de gestion pastorale, parmi lesquelles, on peut citer le Programme de Gestion
Holistique des Pâturages et l’Approche Unité Pastorale.
106 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
L’application de plans de gestion des parcours, selon le modèle des unités pastorales dont la mise en place a été
suscitée par les projets PAPEL et PRODAM, dans leurs zones d’intervention respectives permettrait de mieux
réguler l’accès aux ressources de façon à garantir à la fois l’accroissement de la productivité des troupeaux et la
préservation de l’environnement.
d) De 2000 à nos jours : plusieurs programmes et initiatives sont développés (DAPS, 2009), entre autres :
- les Programmes Spéciaux qui découlent d’un effort financier interne de l’Etat pour la mise en œuvre
adéquate du Programme Agricole (PA) et visent à augmenter et à diversifier la production agricole
nationale. Ils favorisent également l’accès des petits producteurs aux intrants agricoles subventionnés
(semences, engrais, produits phytosanitaires, matériel agricole) et à l’équipement agricole. Ces
programmes ont été mis en œuvre entre 2003 et 2007 dont notamment le Programme de relance de la
filière maïs au Sénégal et le Programme manioc ;
- le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) a été initié pour faire face aux menaces sur le
commerce international du riz, le fardeau des importations et compte tenu des avantages comparatifs
du Sénégal pour la production de riz. L’objectif global est de porter la production nationale de riz blanc
à 1 million de tonnes équivalant à 1,5 million de tonnes de paddy à l’horizon 2015, pour les besoins
d’une population de 14 millions d’habitants. La contribution attendue de la riziculture irriguée pour
atteindre cet objectif est de 800 000 tonnes et celle de la riziculture pluviale de 200 000 tonnes de riz
blanc ;
- la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) lancée en 2008 par le Président
de la République du Sénégal intervient dans un contexte nouveau de hausse des prix des produits
agricoles liée, entre autres, à la hausse des prix du pétrole et pour prévenir une pénurie alimentaire. Les
objectifs assignés à la GOANA est de contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays. A cet effet, le
Gouvernement a dégagé des ressources pour l’appui direct à la production agricole à travers notamment
la subvention des semences, des engrais et produits phytosanitaires, la bonification des crédits de
campagne à court terme, la fertilisation des sols, la réfection des aménagements hydro-agricoles et
l’acquisition d’aliments de bétail. Sur les cinq ans à venir, le taux de fertilisation des terres cultivées au
Sénégal devrait passer de son niveau actuel de 20 kg d’engrais chimique par ha à 40 kg/ha en moyenne.
En 2007, la récupération et la protection de 1000 ha de terres agricoles ont été rendues possibles grâce la
réhabilitation, en 2006, de 10 ouvrages anti-sel sur les 21 réalisés à partir de 1995. Pour la mise en œuvre du Plan
d’Action Forestier du Sénégal (PAFS), en plus des efforts déployés par l’Etat, le Sénégal compte sur l’appui direct
ou indirect de différentes sources de financement et/ou d’assistance technique de pays comme les Pays-Bas, la
Finlande, le Japon, le Canada, l’Union Européenne et d’organismes comme l’USAID, la GTZ, la Banque Mondiale,
la FAO, le PNUD, le FIDA, la BOAD, la BID, la BAD, le FME et le PNUE.
C h a p i t r e V : Te r r e s 107
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La communauté rurale est la porte d’entrée de l’intervention qui se fait selon une approche « vallée » avec
la mise en place d’ouvrages de maîtrise de l’eau et de conservation des sols (micro-barrages, digues anti-
sels, etc.) et un renforcement des capacités des acteurs par des actions de formation, d’appui à la
structuration et d’accompagnement en vue de la professionnalisation.
Le canal d’accès aux ressources du PAPIL est l’instance locale de concertation (ILC) qui regroupe les acteurs
de la communauté rurale. Le cadre régional de concertation (CRC) examine et valide les demandes provenant
des ILC.
Les principales activités prévues dans le cadre de l’exécution du projet sont les suivantes : (i) amélioration
et extension des petits systèmes d’irrigation existants dans 3 vallées (280 ha) ; (ii) récupération de terres
salées à des fins rizicoles (2 000 ha) ; (iii) aménagement de 21 mares pastorales ; (iv) construction d’environ
30 petits ouvrages diversifiés de rétention et de valorisation des eaux de surface (480 ha) ; (v) aménagement
de 400 ha de bas-fonds rizicoles ; (vi) aménagement de 10 micro-périmètres irrigués par pompage (50 ha) ;
(vii) réhabilitation de 105 km de chemins et pistes de desserte ; (viii) plantation de 300 ha de reboisement ;
(ix) protection par CES/DRS de 450 ha de terres ; (x) appui organisationnel et accompagnement de 35 CR ;
(xi) actions d’appui-conseil et de vulgarisation en direction de 7 000 exploitations ; (xii) réalisation
d’infrastructures sociales et économiques par le biais d’un fonds de développement local (FDL) autogéré
(cases de santé, pistes, écoles, magasins de stockage, équipement post-récolte, etc.)
Ainsi entre 2003 et 2009, le PAPIL a contribué à une augmentation notable du potentiel de terres cultivables
(241 ha en 2003 contre 2 614 ha en 2009) tandis que les rendements du riz sont passés de 1T/ha à 3T/ha
dans la même période. On observe aussi une recharge des nappes avec remontée d’eau douce (puits,
forages). Enfin, les actions de lutte anti-sel ont permis la récupération de plus de 2 000 ha de terres salinisées
et la sécurisation de plus de 6 000 ha terres menacées.
Il convient également de souligner que les politiques agricoles initiées et le contexte macro-économique ont souvent
été des contraintes lourdes pour un développement agricole durable. Cependant depuis 2000, des changements
considérables ont été notés dans les visions politiques portées dans le secteur agricole. L’Etat accorde une
attention toute particulière au secteur. Cette attention s’est manifestée à travers les lois des Finances 2005, 2006
et 2007 par un accroissement net des volumes des investissements dans les budgets alloués. Sur la période, la
part du secteur agricole représente 25% du Programme Triennal des Investissements 2009-2011(PTIP) soit 501
398 milliards FCFA dont 457 245 acquis. Le financement extérieur s’élève à 286 871 milliards (58,7%) dont 28,6%
sont composés de subventions et 71,4% d’emprunts. La contribution des autres acteurs (institutions de
financement, collectivités locales, populations) est évaluée à 3,6 % et celle des ONG à 4% (DAPS, 2009). Le taux
de croissance du budget alloué à l’agriculture a connu une hausse très significative entre 2004 et 2005 avant de
baisser en 2007 comme le montre le tableau 12.
108 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
De manière globale, on observe que dans les années 2000, la part du budget du secteur agricole est supérieure
à 10% du budget aussi bien au niveau de la Loi de Finances qu’au niveau de l’exécution.
Du fait des efforts en cours, pour réduire les émissions de carbone et promouvoir des activités qui contribuent à
son stockage ou à son élimination, le carbone est devenu un bien économique de grande valeur.
Avec l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, le cadre institutionnel pour la mise en œuvre des projets du
Mécanisme de Développement Propre (MDP) a été mis en place avec la désignation de l’Autorité Nationale du
MPD, la mise en place d’un Bureau MDP au sein de l’AND et la définition des critères de développement durable
ainsi que des procédures de validation des projets MDP. Les activités de renforcement des capacités déroulées
par l’AND ont permis de former environ 25 experts sur la conception des documents de projet MDP. Un portefeuille
de 18 projets MDP a pu être établi dans des secteurs divers (efficacité énergétique, énergie renouvelable,
récupération du biogaz, etc.).
Il existe deux marchés du carbone, celui de la compensation obligatoire et celui de la compensation volontaire. Le
premier marché est utilisé par les entreprises et les gouvernements qui, conformément à la loi, doivent respecter
des quotas d’émission de GES. Le marché du carbone est donc un mécanisme qui permet d’échanger des droits
d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et qui vise à donner une valeur économique à la quantité de carbone
séquestré à travers l’application du Protocole de Kyoto et du MDP.
Pour les pays en développement, le MDP représente le mécanisme le plus intéressant du marché obligatoire de
la compensation. Lorsqu’un pays industrialisé exécute un projet de réduction des émissions dans un pays en
développement (qu’il s’agisse d’un projet de boisement, d’efficacité énergétique ou d’énergie renouvelable), des
crédits carbone dénommés « Unités de réduction certifiée des émissions (URCE) », sont générés grâce à
l’absorption ou à la réduction des GES réalisées dans le cadre du projet. Ces crédits appartiennent au pays
industrialisé, qui les utilisera pour couvrir une partie de ses émissions et atteindre ainsi ses objectifs de réduction.
C h a p i t r e V : Te r r e s 109
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Les projets MDP contribuent donc au développement durable des pays hôtes tout en participant également à un
nouveau projet complémentaire pour le ralentissement du réchauffement climatique. De cette façon, les projets
MDP favorisent le transfert de technologies nouvelles aux pays hôtes, l’afflux d’investissements, la création de
nouveaux emplois et la réduction des impacts sur l’environnement. La répartition des émissions de gaz à effet de
serre du Sénégal est donnée par la figure 30.
- l’élaboration d’une Stratégie de mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies pour les
Changements climatiques, SNMO ;
- l’intégration des préoccupations liées aux changements climatiques dans les politiques de développement,
à l’image du projet PROGEDE (PHASE II), du projet Biodiversité terrestre (gestion intégrée des écosystèmes)
et des activités de l’Agence sénégalaise de l’électrification rurale ;
- le renforcement des capacités nationales et la formation des cadres nationaux dans les changements
climatiques (formation sur le transfert de technologie, formation pour les entités opérationnelles, formation
sur l’utilisation de logiciels d’évaluation du carbone séquestré : les modèles Century, Comap et Leap ;
formation du secteur privé sur le MDP) ;
- Dans les secteurs de la foresterie et de l’agriculture, il est prévu un projet d’intensification agricole visant,
entre autres, l’amélioration de la fertilité organique dans les terres dégradées, notamment dans le
département de Bambey, région de Diourbel, par la promotion de certaines légumineuses (Sesbania rostrata)
et le développement de pratiques de l’agroforesterie. La séquestration estimée est de l’ordre de 441 837
tonnes CO2 équivalant à 15 ans d’activité sur les parcelles de Bambey. Il existe également d’autres projets
comme :
- l’étude sur l’évaluation des potentialités de séquestration de carbone dans certaines zones éco-
géographiques du Sénégal (USAID), notamment les régions de Diourbel, de Kaffrine ;
110 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
En outre, le FEM a financé au Sénégal des projets, en collaboration, soit avec le PNUD ou avec la Banque Mondiale,
à savoir : le Projet de Gestion et de Restauration des Terres Dégradées du Bassin Arachidier (PROGERT) et le
Projet Gestion Durable des Terres (GDT ; voir encadrés n°20 et 21).
Au plan local et national, des bénéfices sont attendus en ce qui concerne l’amélioration du niveau de vie des
populations et l’atténuation de la pauvreté des producteurs ruraux considérée comme étant le principal facteur
qui favorise la dégradation des terres. Le projet contribuera également à la diminution des phénomènes
d’exode massif des populations et d’émigration à partir des zones rurales.
Les leçons tirées des opérations pilotes qui seront menées dans huit (8) communautés rurales du Bassin
arachidier seront utilisées par le gouvernement pour préparer un cadre intersectoriel cohérent (Cadre National
d’Investissement Stratégique) qui permet d’intégrer pleinement la GDT dans le secteur rural et de mobiliser des
fonds au niveau de l’Etat, des collectivités locales et des partenaires financiers dans le moyen et le long terme.
Les populations n’ont pris réellement conscience de l’ampleur de la dégradation des terres qu’après les années
80, suite au désengagement de l’Etat, à la dévaluation du franc CFA et à l’effondrement des cours de l’arachide.
Pour faire face à cette situation, les populations rurales se sont regroupées à travers des organisations paysannes
et bénéficient de l’appui des ONGs pour la mise en œuvre de projets de gestion des ressources naturelles. A
C h a p i t r e V : Te r r e s 111
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
travers ces projets, ils allient l’intervention directe sur la fertilité des sols et d’autres solutions agro-économiques
pour lutter contre la dégradation des terres (lutte contre les feux de brousse et le déboisement, reboisement, haies
anti-érosives, amendements organiques, diguettes filtrantes et de retenues, digues anti-sel). Mais la portée de
telles actions est limitée car elles ne touchent qu’un nombre limité de villages et les moyens mis en œuvre sont
faibles. Leur niveau de suivi et de diffusion est assez faible. Les populations directement concernées se sont
rarement appropriées les ouvrages à la fin des projets. Par ailleurs, beaucoup de ces projets n’ont pas été adaptés
à l’environnement socio-économique. Ils ont exigé des moyens ou un savoir-faire qui, souvent, dépassaient
largement les capacités des populations bénéficiaires.
Dans le contexte de la décentralisation, où la gestion des ressources naturelles est une compétence transférée,
les conventions locales offrent à l’Etat et aux collectivités locales des opportunités pour renforcer la participation
des populations dans la gouvernance des ressources naturelles.
Un réseau national pour la promotion des conventions locales (RNCL) a été mis en place au Sénégal en 2003. Ce
réseau, dont le secrétariat est assuré par IED Afrique réunit plusieurs organisations comprenant des projets GRN,
des ONG, des structures techniques étatiques, des collectivités locales et des organisations communautaires de
base. Il vise à promouvoir les conventions locales comme un outil de co-gouvernance des ressources naturelles,
à travers la mise en place d’un cadre d’échange et d’apprentissage mutuel pour réfléchir sur les mécanismes à
développer pour une meilleure articulation entre les bonnes pratiques locales et les politiques.
Conclusions et recommandations
Au Sénégal, la dégradation des terres constitue une préoccupation environnementale majeure car, la recherche
d’un développement durable dépend largement de l’état des terres. Ces dernières sont fortement affectées par
les aléas climatiques et les pratiques inappropriées dans un contexte de forte croissance démographique et de
paupérisation du monde rural.
Or, l’amélioration des sols au même titre que la maîtrise de l’eau contribue à l’augmentation durable de la productivité
de l’agriculture et celle du revenu des producteurs. C’est dans ce sens que plusieurs initiatives sont prises pour leur
apporter des solutions. L’objectif est de restaurer et protéger le milieu physique, en vue d’une amélioration durable
de la fertilité des sols et de la sécurisation de la production agricole.
Les défis les plus importants à relever, aujourd’hui, concernent les différentes formes de dégradation des terres
(érosion éolienne, érosion hydrique, salinisation, acidification, pollutions, etc.) et leurs impacts sur l’environnement.
Ces contraintes conjuguées à des politiques macro-économiques quelquefois inadéquates et à un contexte
international marqué par la mondialisation du marché fragilisent les systèmes de production et amenuisent les
pouvoirs d’achat des producteurs.
Dans ce contexte de crise financière, la régénération des terres dégradées qui nécessite beaucoup de temps, de
main-d’œuvre et de moyens financiers, n’est pas à la portée des populations. La main d’œuvre nécessaire pour
les travaux de réhabilitation des terres dégradées est absorbée par un exode rural massif.
112 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Face à cette situation, l’Etat du Sénégal a consenti de nombreux efforts à travers la mise en œuvre de projets et
programmes d’intensification et de diversification agricoles, visant une amélioration des conditions de vie des
populations rurales. Il s’engage de plus en plus dans la subvention des intrants agricoles et prône davantage la
mobilisation de moyens financiers pour la promotion de projets de développement intégrés et participatifs, de
fertilisation et de gestion durable des terres.
Pour réduire les risques d’insécurité alimentaire et de vulnérabilité des populations, le Sénégal devrait miser sur
ses atouts et entreprendre, dans le court et moyen terme, des efforts centrés sur une meilleure connaissance de
l’état des ressources naturelles, une évaluation de la dynamique d’occupation et d’utilisation des terres.
L’acquisition de données fiables et actuelles est de ce point de vue urgente, eu égard à l’ampleur et à la rapidité
des changements qui affectent les terres.
Par ailleurs, face aux risques de pollution des sols et des nappes, suite à l’utilisation inadéquate d’engrais et de
pesticides dans l’agriculture, il est nécessaire d’appliquer une réglementation et de rendre opérationnel des
instances de décisions en charge du contrôle de la qualité et de la conformité des intrants. Aussi, des impositions
fiscales s’avèrent-ils nécessaires pour contraindre les pollueurs et responsables de dégradation à une plus grande
prise en compte de leurs effets sur l’environnement.
L’efficacité des actions de l’Etat passerait par une approche globale et des interventions qui s’inscrivent dans la
durée, desquelles résulteraient :
- une amélioration de l’accès aux intrants par une politique plus volontariste de crédit agricole (étalement et
réduction des dettes, bonification des prêts) ;
- un élargissement de la base des ressources des ruraux pauvres par le développement des activités non
agricoles susceptibles de jouer un rôle croissant dans leurs revenus et de favoriser une moindre pression
sur les ressources naturelles ;
- une capitalisation des connaissances et pratiques endogènes de gestion de la fertilité des sols ;
- une amélioration des instruments d’aménagement du territoire en intégrant les plans d’occupation des sols
et les limites des communautés rurales ;
- une amélioration du système foncier en clarifiant la notion de mise en valeur et en tenant compte des
secteurs sensibles comme le pastoralisme et des groupes vulnérables afin de sécuriser les investissements
et d’éviter l’atomisation des exploitations agricoles ;
- une approche intégrée du développement rural à travers la gestion des terroirs.
C h a p i t r e V : Te r r e s 113
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Bibliographie
Badiane N. A., Khouma M. et Sène M., 2000, Gestion et Transformation de la matière organique. Synthèse
des travaux de recherches menés au Sénégal depuis 1945. ISRA, Institut du Sahel, CTA. Unival ISRA, 131p.
Badjes N. H., 2008, Soils parameters estimates for Senegal derived from Soter and Wise. ISRIC.
Boivin et al., 1986, Sécheresse et évolution des sédiments fluviomarins au Sénégal: cas de la Basse
Casamance. ORSTOM, Dakar, Sénégal, 5p.
CONSERE, 1997, Expérience sénégalaise en matière de lutte contre la désertification. MEPN, 70p.
CSE, 1995, Audit environnemental au Sénégal. Document interne. CSE, Dakar, Sénégal.
CSE, 2005, Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal. Edition 2005, MEPN, 231p.
Dancette Cl., Sarr P. L., 1985, La dégradation des sols dans les régions centre-nord du Sénégal (Cap-Vert,
Thiès, Diourbel et Louga). ISRA : département des systèmes et transferts de technologies en milieu rural;
travaux et documents n°2, Dakar.
DAPS, 2009, Rapport de l’étude sur l’évolution du secteur agricole, des conditions de vie des ménages
et de la vie chère au Sénégal, 120p.
Diagne S., 1996, Plan d’action foncier du Sénégal. Cabinet PANAUDIT – SENEGAL. Rapport, 121p.
Diop M., Matty F. (eds), 1996, La dégradation des sols au Sénégal. Dakar, 115p.
English J. et al. 1994, Land resource management in Machakos district, Kenya. 1930 – 1990. World Bank
Environment Paper n°5, Washington.
Fall O., 2002, L’érosion éolienne dans le Bassin arachidier du Sénégal : Déclenchement, mécanismes et
réactions. Thèse de Doctorat, Université de Reims Champagne-Ardenne, UFR Lettres et Sciences humaines,
Géographie et Environnement, 305p.
Fall R. D., Diagne P. N., 2010, Les ressources en terres pour l’agriculture au Sénégal, éd. INP, 64 p.
Fall R. D., 1990, Les processus de dégradation des terres au Sénégal, Dakar, Rapport, 42p.
114 C h a p i t r e V : Te r r e s
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Fall R. D., 1995, L’érosion par les vents au nord du Sénégal. Etat de surface d’érosion. Cartographie et
évaluation des risques. 12ème journée du Réseau Erosion, septembre 1995 pp 294 – 307.
Fall R. D., 2006, Les processus de dégradation des terres au Sénégal, rapport, 12p.
Fall S. T., Fall A. S., 2001, Cités horticoles en sursis? L'agriculture urbaine dans les grandes Niayes au Sénégal.
CRDI, 120p.
Fleischer G., 2006, Les produits chimiques utilisés en agriculture – sont-ils nécessaires ou superflus? Deutsche
Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH Agriculture, pêche et alimentation Eschborn,
Allemagne Gerd.Fleischer@gtz.de Agriculture et développement rural, pp 51-54.
IPAR, 2007, Impacts des réformes structurelles dans le secteur agricole au Sénégal.
INP, 2008, Estimation des superficies affectées par le sel à partir de la carte morpho-pédologique
au 1/500 000.
Kane A., 2009, Etat des lieux législatif et réglementaire régissant le foncier au Sénégal, rapport,
Dakar, 9p.
Khouma Mamadou et al., 2010, Impacts des changements climatiques sur l’Agriculture au Sénégal, novembre
2010, 25p.
LADA, 2003, Evaluation de la dégradation des terres au Sénégal, rapport préliminaire, avril 2003,
CSE, 59p.
Leisinger K.M.et Schmitt K.M., 1995, Survival in the Sahel. An ecological and developmental challenge.
International Service for National Agricultural research (ISNAR), The Hague 1995 (Eds. ISBN 92-9118-020-
3.202 Seiten).
Maignien R., 1954, Différents processus de cuirassement en A.O.F. II. Conf. Interafricaine des sols. Léopold-
ville, dot. 116 : pp 1469-1486.
Maignien R., 1965, Notice explicative de la carte pédologique du Sénégal au l / 1000000è, ORSTOM,
Dakar, + cart., 63p.
Michel P., 1973, Les bassins des fleuves Sénégal et Gambie (étude géomorphologique). Mém. ORSTOM.
63, 2 vol., 752p.
Ndione J. A., 1998, Contraintes et Evolution climatique récente au Sénégal Oriental: Impact sur le milieu
physique. Thèse de Doctorat de 3ième de Cycle, UCAD, Départ. Géogr., 417p.
C h a p i t r e V : Te r r e s 115
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Ndour T., 2001, La dégradation des sols au Sénégal : l’exemple de deux communautés rurales (Kaymor et
Montrolland). Thèse de Doctorat de 3ème Cycle, Dép. Géogr. UCAD, 399p.
OCDE, 1999, Indicateurs environnementaux pour l’Agriculture. Volume 1. Concepts et cadre d’analyse, 50p.
Sene M. et Perez P., 1994, Contraintes et possibilités de valorisation des ressources naturelles dans le sud du
bassin arachidier (Sine Saloum, Sénégal) in Reyniers et Neloyo (Eds), Bilan hydrique agricole et sécheresse en
Afrique tropicale. AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext, Montrouge, 217-234p.
Planchon O., Rémy D. Valentin C., 1994, Un système d’information géographique sur l’Afrique de l’ouest appliqué
à l’étude des facteurs de l’érosion. 15ème congrès mondial de la science du sol ; Acapulco : ISSS 1994, VI. 7a,
pp 255–256 + poster.
PNAT, 1989, Esquisse du Plan National d’Aménagement du Territoire. DAT, PNUD-DTCD. Ministère de l’Intérieur,
République du Sénégal, 229p + annexes.
Poitevin F., 1993, Etude d’impact des techniques culturales sur les aménagements hydro-agricoles dans la région
de Podor (Sénégal), mémoire de quatrième année de l’ESAP, multigr. ORSTOM, Dakar,
53 p. et annexes).
Sadio S., 1989, Pédogenèse et potentialités forestières des sols sulfatés acides salés des tannes
du Sine Saloum, Sénégal. Thèse de doctorat, Université Wageningen, 269p.
Sadio S., 1985, Dégradation physique des sols et lutte contre l'érosion : séminaire national sur la lutte contre la
désertification, Saint-Louis du 20 au 29 avril 1985.
Stancioff A., Staljansens M., Tappan G., 1986, Cartographie et télédétection des Ressources Naturelles de la
République du Sénégal. Dakar : Direction de l’Aménagement du Territoire (DAT), Remote Sensing Institute (RSI),
USAID. Projet USAID / RSI n°685 - 0233, 653p.
UPA 1996, Plan d’Action Foncier du Sénégal. Ministère l’Agriculture, République du Sénégal. Cabinet Panaudit,
92p.
USAID, 2004, Fiche d’informations du bureau Afrique de l’USAID sur l’engrais, 5p.
Valentin C., 1985, Système de production d’élevage au Sénégal : effets du surpâturage et du piétinement sur la
dégradation des sols autour des points d’eau artificiels en région sahélienne (Ferlo : nord du Sénégal). ACC - Lutte
contre l’aridité en milieu tropical ORSTOM - Abidjan, 38p.
116 C h a p i t r e V : Te r r e s
Chapitre VI : Biodiversité
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Chapitre VI : Biodiversité
INTRODUCTION
Le Sénégal présente une importante diversité biologique répartie dans les domaines phytogéographiques sahélien,
soudanien et subguinéen. Le gradient sud–nord que présente la richesse spécifique est lié à ces domaines
phytogéographiques. La diversité biologique est marquée par une concentration dans des sites de forte densité
comme certains parcs nationaux, réserves, forêts classées, forêts galeries, cours d’eau, lacs. Ces sites couvrent
les principaux écosystèmes particuliers, terrestres, marins, côtiers, fluviaux et lacustres. Ces écosystèmes se
dégradent sous l’effet de facteurs naturels, anthropiques et juridiques. Les pressions anthropiques constituent les
principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. C’est dans ce contexte de dégradation des ressources naturelles
et de la biodiversité que le Sénégal a signé, en 1992 puis ratifié en 1994, la Convention sur la Diversité Biologique
afin de renforcer le cadre juridique et institutionnel de gestion de la biodiversité. Le respect de ses engagements
dans le cadre de la mise en œuvre de cette Convention de Rio a amené le Sénégal à élaborer une monographie
de la biodiversité, une stratégie nationale et un plan national d’actions pour la conservation de la diversité biologique
et un programme communautaire de conservation de la diversité biologique dans les sites de haute biodiversité.
Les études de base ayant servi à l’élaboration de ces documents nationaux ont montré l’état inquiétant de
l’évolution de la diversité biologique au Sénégal.
Le Sénégal présente quatre grands types d’écosystèmes : les écosystèmes terrestres, les écosystèmes fluviaux
et lacustres, les écosystèmes marins et côtiers et les écosystèmes particuliers.
Au Sénégal, les écosystèmes terrestres sont essentiellement constitués de forêts, de savanes et de steppes.
Les steppes sont localisées dans la partie septentrionale du Sénégal. La strate herbacée est discontinue, en
touffes. Elle présente une prédominance de Borreria verticillata, Indigofera oblongifolia, Chloris prieurii,
Schoenofeldia gracilis et les espèces des genres Spermacoce, Indigofera, Chloris, Schoenofeldia. La steppe
herbeuse est marquée par l’importance d’espèces herbacées de genres comme Schoenofeldia, Sporobolus. La
steppe arbustive et la steppe arborée qui s’étendent sur 3 553 787 hectares (FAO, 2010) présentent une
composition floristique très proche avec des espèces du genre Aristida. Les strates arbustive et arborée
comportent des espèces épineuses comme Acacia tortilis, Acacia senegal, Acacia seyal, Ziziphus mauritiana,
Balanites aegyptiaca. Ces strates comportent des espèces inermes comme Combretum glutinosum, Boscia
senegalensis, Tamarix senegalensis (dans le delta du fleuve Sénégal).
Les savanes sont caractérisées par une strate herbacée continue d’au moins 80 cm de hauteur. La strate arborée
ou arbustive a un taux de couverture de 5 à 50 % suivant le type de savane.
Les savanes occupent 5 077 000 hectares (MEPN, 1998). Au Sénégal, on peut distinguer la savane boisée, la
savane arborée, la savane arbustive et la savane herbeuse.
La savane herbeuse est caractérisée par l’absence ou la rareté des arbustes et des arbres. Ce type de végétation
est généralement localisé sur les plateaux cuirassés ou bowé et les bordures de certaines mares. Les espèces
prédominantes de cette strate appartiennent aux familles des Poaceae, des Amaranthaceae et des Acanthaceae
comme Loudetiopsis tristachyoides, Lepidagathis capituliformis, Cyathula pobeguinii. Les genres Andropogon et
Pennisetum y sont parmi les plus représentés. D’autres espèces comme Panicum anabaptistum et Vetiveria
nigritana prédominent sur la périphérie des petites dépressions inondées. Ce type de végétation est généralement
riche en individus et pauvre en espèces. Sur la plupart des plateaux, cette strate herbacée qui couvre
complètement le sol disparaît pendant la saison sèche après le passage des feux de brousse, laissant ainsi
apparaître de nombreuses termitières champignons.
La savane arbustive présente une strate ligneuse marquée par la prédominance des arbustes. Ce type de savane
est généralement situé sur les plateaux et sur les pentes des collines. La savane arbustive est, dans certains sites,
caracterisée par la prédominance des espèces de la famille des combretaceae : Combretum glutinosum,
Combretum nigricans, Terminalia macroptera, Terminalia avicennioides ; d’autres espèces y sont relativement bien
représentées : Strychnos spinosa, Pterocarpus lucens, Gardenia triacantha, Vitex madiensis, Lannea acida. Les
graminées communes dans les zones de savane arbustive sont andropogon pseudapricus, Hyparrhenia dissoluta,
Schizachyrium semiberbe, Setaria pallidifusca, Digitaria longiflora, Brachiaria distichophylla.
La savane arborée, généralement située sur les plateaux et les pentes des collines, est caractérisée par un taux
de recouvrement du sol (par les arbres) compris entre 5 % et 25 % (Adam, 1965) avec un tapis herbacé fermé.
La composition floristique de la strate arborée, changeant en fonction des sites, est marquée par la présence de
Daniellia oliveri, Terminalia macroptera, Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana, Sterculia setigera, Ficus glumosa,
Burkea africana, Vitellaria paradoxa. Les lianes ligneuses les plus observées dans ce type de végétation sont
Cissus populnea et Baissea multiflora. La strate herbacée, haute de 1 m à 1,5 m, est dominée par Diheteropogon
amplectens, Andropogon pseudapricus, Diheteropogon hagerupii.
La savane boisée est caractérisée par la présence d'arbres avec un taux de recouvrement du sol compris entre
25 et 50 % (Adam, 1965). Ce type de végétation est généralement localisé dans les dépressions entre les collines
et en bordure des vallées. La strate arborée dans les collines Hassirik comprend Pterocarpus erinaceus, Afzelia
africana, Burkea africana, Parkia biglobosa, Lannea acida, Terminalia macroptera, Cordyla pinnata, Vitellaria
paradoxa, Xerroderis stuhlmanii. Les lianes ligneuses présentes dans ce type de savane comprennent Cissus
populnea, Baissea multiflora. La strate herbacée est caractérisée par la prédominance des espèces appartenant
aux genres Andropogon et Pennisetum.
Les forêts sont situées dans la partie méridionale du Sénégal où elles s’étendent sur 2 290 000 ha. Elles présentent
trois types de végétation que sont la forêt claire, la forêt galerie et la forêt dense sèche.
La forêt claire présente un taux de recouvrement du sol par les frondaisons des arbres qui varient de 50 à 75 %.
La strate herbacée y est discontinue. Le couvert des cimes laisse passer les rayons solaires (formation forestière
ouverte). Ce type de végétation est localisé dans des zones de sols profonds, généralement dans le lit majeur de
certains cours d’eau. La forêt claire est parfois caractérisée par quelques espèces d’arbres dominantes. Ce type
de végétation dont la plupart des sujets de la strate ligneuse supérieure atteignent 15 mètres présente une
prédominance d’espèces à affinité soudanienne comme Pterocarpus erinaceus, Piliostigma thonningii, Pericopsis
laxiflora, Anogeissus leiocarpus , Xeroderris stuhlmannii, Prosopis africana, Bombax costatum, Terminalia
macroptera, Cordyla pinnata, Sterculia setigera. D’autres espèces guinéennes et soudano-guinéennes y sont
présentes : Cola cordifolia, Khaya senegalensis. La strate herbacée est composée d’espèces des genres
Pennisetum, Andropogon, Hyparrhenia, Shizachyrium.
Les forêts galeries se développent dans les vallées où elles forment des franges boisées très denses. Elle est
caractérisée par la prédominance d’espèces sempervirentes, la présence de lianes et de grands arbres de 18 à
20 m de haut. On y retrouve des espèces guinéennes comme Pseudospondias microcarpa, Cola cordifolia,
Erythrophleum suaveolens, Pentaclethra macrophyla, Ceiba petandra, Raphia sudanica, Carapa procera. Les
épiphytes et les lianes comme Saba senegalensis, Nauclea latifolia, Combretum tomentosum, Usteria guineensis
y sont généralement abondants. Les espèces herbacées, faiblement représentées, comprennent Vetivera nigritana,
Rhytachne triaristata, Commelina diffusa, Melastomastrum capitatum. Elle constitue un refuge d’espèces végétales
rares (Cynometra vogelii, Maesa nuda, pentaclethra macrophylla, Pandanus candelabrum) et animales menacées
comme le chimpanzé (Pan troglodytes verus) et l’éléphant (Loxodonta africana) La forêt galerie est l’habitat
d’espèces animales comme la panthère, le guib harnaché.
La forêt dense sèche, localisée dans la partie sud-ouest du pays, présente un sous-bois de 5 à 8 m et une futaie
de 18 à 20 m. Elle est composée de lianes et d’arbres en majorité sempervirentes pouvant dépasser 20 m de
haut comme Parinari excelsa, Antiaris africana, Ceiba pentandra, Anthocleista nobilis, Pentaclethra macrophylla,
Detarium senegalense, Mammea africana, Erythrophleum guineense, Afzelia africana, Erythrophleum suaveolens,
Parinari excelsa. Ce type de végétation est bien conservé au niveau de certaines forêts sacrées et forêts classées.
Les écosystèmes fluviaux et lacustres comprennent le Sénégal, la Gambie, la Casamance, la Kayanga, le lac de
Guiers.
Le fleuve Sénégal dont le bassin versant s’étend sur 289 000 km2 (27 500 km2 au Sénégal) est le cours d’eau le
plus important du pays (module moyen annuel de 23 milliards de m3). La grande diversité biologique a été
perturbée par la mise à eau du barrage anti-sel de Diama. La permanence de l'eau douce due à ce barrage a
entraîné une modification de la flore avec une prolifération d'hydrophytes comme Pistia stratiotes, Nymphea lotus.
Le typha (Typha dominginsis), espèce envahissante comme Salvinia molesta et la jacinthe d’eau (Eichornia
crassipes) y est un problème. Ce barrage ne permet plus à certaines espèces de poissons euryhalins de remonter
pour atteindre leurs sites de reproduction, ce qui limite le maintien de leur population. Les eaux de ce cours d’eau
constituent l’habitat d’espèces de poissons (genres Tilapia, Polypterus…) et de mammifères comme le lamantin
(Trichechus senegalensis).
Le bassin versant de la Gambie occupe 54 631 km2 (70,9 % de sa superficie) au Sénégal. Ce fleuve dont le
module moyen annuel est de 73,8 m3/s à Kédougou joue un rôle fondamental dans l’alimentation en eau douce
de la faune des régions traversées comme le Parc National du Niokolo Koba. Ce cours d’eau abrite l’une des plus
importantes populations de crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) et d’hippopotame (Hippopotamus amphibius)
au Sénégal.
La Casamance a un bassin versant qui s’étend sur 20 150 km2. Son cours inférieur est fortement influencé par
l’intrusion des eaux marines à cause d’une pente très faible et des apports d’eau douce insuffisants dans le cours
supérieur (3 à 4 m3/s à Kolda). Elle est marquée par la présence de la mangrove. Ce cours d’eau abrite des
espèces de poisson comme le capitaine (Polydactylus quadrifilis), le barracuda (Sphyraena barracuda) ; certaines
espèces comme Hepsetus odoe auraient disparu.
Le bassin versant de la Kayanga occupe 3900 km2 (dont 1100 km2 pour l’Anambé).
Le Saloum a un bassin versant qui couvre 800 km2. Les chenaux de marée interconnectent le Diomboss, le
Bandiala et le Saloum qui fonctionnent comme des bras de mer. Ce cours d’eau est très marqué par la présence
des eaux marines. Le taux de salinité augmente de l’aval vers l’amont à cause de la combinaison de trois facteurs
que sont les faibles apports pluviométriques, la forte évaporation et la faiblesse de la pente du lit.
La richesse spécifique de la faune aquatique du bassin versant apparaît à travers les 114 espèces répertoriées
dans son estuaire, la présence du lamantin (Trichechus senegalensis), d’une espèce endémique (Lisa bandialensis)
et du dauphin bossu (Sousa teuszii).
Le lac de Guiers, situé dans la basse vallée du Ferlo, appartient au bassin versant du Sénégal et s’étire sur 50 km
de long sur 7 km de large. Il s’étend sur 250 km2. Il est alimenté par le fleuve Sénégal. Ses berges sont colonisées
par Typha domingensis. Ce lac abrite des espèces de poissons (genre Tilapia) et de mammifères notamment le
lamantin (Trichechus senegalensis).
Le lac rose présente une eau hyper salée à raison de 380 grammes par litre. La couleur rose de l’eau est due à la
présence d’une algue microscopique.
Les écosystèmes côtiers sont constitués par les côtes sableuses comme la Grande Côte où les fonds meubles
prédominent, les côtes rocheuses (presqu’île du Cap Vert), les zones humides côtières (Niayes), les îles sableuses,
les bolons (chenaux de marée dans le delta du Saloum), les vasières au sud de l’embouchure de la Casamance.
Le domaine marin comprend le plateau continental qui s’étend sur 31 000 km2 limité par un talus et la zone
abyssale. L’apport de plancton par l’upwelling et la diversité des biotopes du plateau continental marin et de son
talus favorisent une diversité d’espèces halieutiques.
Les ressources halieutiques exploitées par les pêcheries au Sénégal comprennent deux groupes :
- les ressources démersales côtières et profondes qui comprennent des poissons, des crustacées et des
céphalopodes ;
- les ressources pélagiques côtières et d’eaux profondes (hauturières) qui renferment des sardinelles, des
chinchards, des maquereaux ;
Le delta du fleuve Sénégal est une zone alluvionnaire aux sols argileux, halomorphes dans certaines régions.
Certaines parties sont longuement inondées et d’autres en permanence émergées. La steppe est la végétation des
régions non submersibles. La grande diversité des espèces d’oiseaux (dont des migrateurs) surtout dans le Parc
National du Djoudj, fait de ce delta une zone d’importance internationale pour la conservation de la biodiversité.
Le delta du Saloum est formé d’un réseau de chenaux (bolons) et de trois ensembles d’îles (Gandoul au nord,
Bétenti et Fathala au sud). Les zones submersibles sont colonisées par la mangrove et les prairies à halophytes
(Marius, 1977) ou « tannes herbus ». La composition floristique de ces dernières est marquée par la présence de
Sesuvium portulacastrum, Philoxerus vermicularis, Sporobolus robustus, Paspalum vaginatum, Tamarix
senegalensis. Les zones non submersibles sont en grande partie occupées par les savanes.
La flore du littoral, variant suivant les zones, comprend Ipomoea prescapreae, Cyperus maritimus, Phoenix reclinata.
Les sols sableux des îles portent une végétation marquée par la présence d’espèces ligneuses parmi lesquelles
Neocarya macrophylla, Detarium senegalense, Elaeis guineensis, Acacia seyal. Les sols riches en calcaire des
amas coquillers sont colonisés par Adansonia digitata (baobab).
La mangrove est une formation végétale, située dans les zones d’estuaires. Elle colonise la zone de fluctuations
des marées. Elle s’étend sur 440 000 hectares. Elle est essentiellement composée d’espèces caractéristiques
que sont Rhizophora mangle, Rhizophera racemosa, Avicennia africana, Conocarpus erectus et Laguncularia
racemosa. Ces deux dernières ne forment pas de peuplements. Dans les tannes7 herbus, la flore comprend
Sesuvium portulacastrum, Schizachirium compressa, Heleocharis mutata, Heleocharis caribea, Scirpus littoralis
et Achrotichum aureum.
La mangrove est l’habitat d’une faune diversifiée constituée d’espèces permanentes et d’espèces migratrices.
Cette faune est constituée d’oiseaux, d’insectes, de crabes terrestres et de crabes violonistes (espèces
caractéristiques de la mangrove), de poissons comprenant des tilapias (Saroterodon melanoteron), mulets (Liza
falsipinis), capitaines (Polydactylus quadrifilis, Pseudotolithus senegalensis), brochets (Sphyraena piscatorum).
Les Niayes sont des dépressions interdunaires à sols hydromorphes. Elles longent le littoral nord du Sénégal de
Dakar à l’embouchure du fleuve Sénégal. Elles occupent une région étroite (35 km maximum) de 2000 km2 et
s’étirent sur 135 km. La faible profondeur de la nappe phréatique et la forte humidité de l’air donnent aux Niayes
des conditions pédo-hydrologiques particulières favorables au maintien d’espèces du domaine phytogéographique
guinéen (12 % des espèces végétales) et soudanien (27 % des espèces végétales). Cet écosystème qui abrite
419 espèces végétales (soit 20 % de la flore du Sénégal) présente quatre types majeurs de formations végétales
(MEPN, 1998) :
- les formations des dépressions à sols hydromorphes, très diversifiées, avec comme espèces remarquables
Elaeis guineensis, Ficus capensis, morus mesozygia, Neocarya macrophylla, Detarium senegalense, Aphania
senegalensis ;
- la vététation des zones salées essentiellement composées de Philoxerus vermicularis, Paspalum vaginatum,
Suaeda fruticosa ;
- les formations ouvertes des zones non agricoles sur les dunes blanches avec Ipomoea pes-caprae, Cyperus
maritimus, Alternanthera maritima, Scaevola sp. ;
7 Tannes : selon Diop (1990), ils consistent en des formations de basses terrasses (anciennes vasières à mangroves) généralement
caractérisées par une faune bien typique ; ils apparaissent sous forme de surfaces planes couvrant de vastes étendues et se
subdivisent en deux I les tannes nus - inondables et à efflorescences salines - et les tannes herbus.
- la végétation des zones de terroir qui résultent des actions anthropiques ; la flore y est représentée par
Faidherbia albida, Acacia ataxacantha, Adansonia digitata, Ziziphus mauritiana, Combretum micranthum,
Piliostigma reticulatum.
Les Niayes abritent une faune peu diversifiée constituée de rongeurs, de reptiles et d’avifaune assez présente dans
la partie septentrionale de cet écosystème.
Le Djoudj est localisé dans le Delta du fleuve Sénégal. La végétation est composée de formations ligneuses et
herbacées. La végétation ligneuse comprend Acacia nilotica, Tamarix senegalensis, Balanites aegyptiaca, Nitraria
retusa. Les individus de ces espèces colonisent soit les plans d’eau, les dunes de sables ou les zones humides. La
flore de la végétation herbacée comprend des espèces telles que Sporobolus robustus, Nymphea lotus, Sesuvium
portulacastrum, Cyperus sp., Cressa cretica, Suaeda vermiculata, Salsola baryosma, Scirpus maritimus,
Arthrocnemum glaucum. Ces espèces colonisent parfois les zones inondées. Certaines espèces végétales y ont
proliféré pour devenir envahissantes comme Typha dominguinsis, Pistia stratiotes, Eichornia crassipes et
Potamogeton pectinatus.
Le Djoudj présente une très grande diversité d’espèces d’oiseaux (367 espèces). Les mammifères sont représentés
par les gazelles dorcas (Gazella dorcas) et rufifrons (Gazella rufifrons) introduites, le singe rouge (Erythrocebus
patas), le chacal commun (Canis aureus), le phacochère (Phacocherus aethiopicus), le caracal (Felis caracal), la
civette (Viterra civeta), le porc-épic (Hystrix cristata), le renard pâle (Carnis pallidus) et le chat sauvage (Felis
sylvestris). Les reptiles sont représentés par les espèces comme le crocodile du Nil (Crocodilus niloticus), le varan
du Nil (Varanus niloticus), la vipère heurtante (Bitis arietans), le python des rochers (Python seba), la couleuvre
sifflante (Psammophis sibilans). L’ichthyofaune est diversifiée. Les Cichlidae (14 espèces) et les Characidae (12
espèces) sont plus représentées que les Bagridae et les Cyprinidae (Sall, 2001).
Les espèces épargnées par les agriculteurs lors des défrichements forment des parcs agroforestiers marqués par
l’espèce ligneuse qui y prédomine. Au Sénégal, on distingue cinq grands ensembles d’écosystèmes agricoles qui
sont les parcs agroforestiers à Faidherbia albida, Cordyla pinnata, Borassus aethiopum et Elaeis guineensis, Acacia
sp. Des parcs à Balanites aegyptiaca existent, par endroits, dans la partie nord du pays.
Ces parcs agroforestiers sont caractérisés par l’intégration des espèces ligneuses et des plantes annuelles
cultivées. Ces dernières sont soit des cultures de rente, comme l’arachide (Arachis hypogea) et le coton (Gossipium
malvacearum), soit des cultures vivrières comme le mil (Pennisetum typhoïdes), le riz (Oryza glaberrina, Oryza
sativa), le niébé (Vigna unguiculata) et le maïs (Zea mays).
La diversité des espèces représente le nombre total d’espèces recensées dans le règne végétal et le règne animal.
La biodiversité est marquée par la diversité de la flore et de la faune.
Au Sénégal, 44 espèces de virus réparties dans 17 familles y ont été recensées (MEPN, 1998). Cette liste ne
regroupe que les virus pathogènes pour l’homme et les végétaux. Ils comprennent les Hepatovirus, les HIV ou
Retrovirus, les Myxovirus et les Arbovirus.
Les Centres Hospitaliers et Universitaires (CHU), l’Institut Pasteur et l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
(ISRA) ont isolé 39 genres dans ce groupe systématique dont 35 en médecine humaine avec plus de 6000 souches
et 4 genres du sol (Rhizobium, Azorhyzobium, Bradyrhizobium, Sionrhizobium) isolés par l’IRD et l’ISRA avec 1800
souches identifiées (MEPN, 1998). La valeur taxonomique de ces souches est peu connue. Dans le genre
Rhizobium, cinq espèces nouvelles ont été découvertes au cours des dernières années (MEPN, 2010).
Les 137 espèces de champignons recensés comprennent 126 espèces parasites des plantes cultivées et 11
espèces de champignons mycorhiziens.
Chez les champignons parasites de plantes cultivées, les genres Cercospora et Furarium sont les plus représentés.
Les champignons mycorhiziens, les mieux connus appartiennent aux genres Glomus (six espèces), Acaulospora
(une espèce), Gaspera et Scutellospora avec chacun deux espèces. D’autres espèces de champignons appartenant
aux familles des Boletaceae, des Agariaceae, des Polyporaceae et au groupe des Gastromycètes ont été également
identifiées. La liste des lichens est incomplète avec 7 espèces à cause de l’insuffisance des travaux scientifiques.
La flore du Sénégal présente 3093 espèces identifiées (MEPN, 1998). Le tableau 1 met en évidence l’importance
des plantes à fleurs et les lacunes. Les plantes à fleurs représentent le groupe le plus important avec 165 familles,
1000 genres et 2461 espèces (soit 78% de l’ensemble des espèces végétales).
Les algues sont un groupe peu connu malgré les 388 espèces recensées. Les algues brunes, avec 56 espèces,
sont les plus représentées dans ce groupe. Les algues rouges sont plus exploitées que les algues vertes et brunes.
Les mousses et les lichens (07 espèces recensées) constituent les groupes les moins connus. Les
Préspermaphytes sont peu représentés avec des espèces introduites du genre Cycas.
Dans l’état actuel des connaissances de la flore, le groupe des plantes à fleurs est le plus connu et le plus diversifié
au Sénégal. Les Dicotylédones et les Monocotylédones sont respectivement représentées par 1737 et 720
espèces. Les Angiospermes comptent environ 2500 espèces réparties dans plus de 1000 genres et 165 familles.
Les deux familles les plus diversifiées sont les Poaceae (Graminées) et les Fabaceae avec respectivement 285 et
284 espèces. Ces familles sont suivies, par ordre d’importance, par celles des Cyperaceae (188 espèces), des
Rubiaceae (104 espèces), des Asteraceae ou Composées (96 espèces) et des Euphorbiaceae (87 espèces). Les
Graminées et les Cyperaceae totalisent 473 espèces herbacées, soit plus de 18% du nombre total d’espèces de
plantes à fleurs rencontrées au Sénégal.
La famille des Poaceae représente la plus grande diversité de genres (93). Elles totalisent avec celle des Fabaceae
(58 genres), des Asteraceae (56 genres), et des Rubiaceae (45 genres) environ 38% des genres du Sénégal (MEPN,
2010).
Les genres Indigofera et Cyperus (44 espèces chacune), Ipomoea (38 espèces), Crotalaria (33 espèces), Ficus
(30 espèces), Tephrosia et Hibiscus sont les plus riches en espèces.
Les principales familles des végétaux du Sénégal sont marquées par la prédominance des espèces herbacées
qui constituent plus de 50% de la flore.
Cyanophycées 6 12 18
Champignons 64 137
Parasites (60) (126)
Mycorhizes (4) (11)
Lichens 6 7 7
Bryophytes
Pteridophytes 17 22 38
La densité spécifique augmente du nord au sud suivant le gradient de la hauteur des pluies. Trois zones floristiques
peuvent être distinguées : la zone nord avec une moyenne d’environ 800 espèces, la partie centrale qui atteint
1000 espèces et la zone sud avec 1700 espèces.
Au Sénégal, l’agrobiodiversité présente une diversité relativement importante d’espèces cultivées. Certaines comme
l’arachide (Arachis hypogea) et le coton (Gossipium malvacearum), introduites pendant la période coloniale, sont
utilisées comme cultures de rente. Les cultures vivrières comprennent le mil (Pennisetum typhoïdes), le riz (Oryza
glaberrima, Oryza. sativa), le maïs (Zea mays), le sorgho (Sorghum bicolor), le niébé (Vigna unguiculata), le fonio (Digitaria
exilis). Les espèces utilisées dans le maraîchage comprennent le jaxatu (Solanum aethiopicum), les piments (Capsicum
frutescens, Capsicum esculentum), le gombo (Albermoschus esculentum), les aubergines (Solanum sp.), le bissap
(Hibiscus sabdariffa), la tomate (Lycopersicum esculentum), la carotte (Daucus carota), le choux (Brassica sp.), le
haricot nain (Phaseolus vulgaris), le melon (Cucumis melo), le concombre (Cucumis sativus). Les espèces les plus
utilisées dans arboriculture comprennent le manguier (Mangifera indica), l’oranger, l’anacardier (Anacardium occidentale)
La flore renferme des espèces sauvages qui présentent des variétés ; c’est le cas de Syzygium guineense (var.
guineense et var. microcarpum), Combretum nigricans (var. nigricans et var. elliotii), Psychotria rufipilis (var. rufipilis
et var. konkourensis), Crotalaria pallida (var. pallida et var. obovata).
Les espèces cultivées comprennent des variétés locales et celles qui sont introduites comme le bissap (Hibiscus
sabdarifa), les piments (Capsicum frutescens, Capsicum chinense).
1.2.5 La faune
1.2.5.1 La diversité interspécifique
La diversité des écosystèmes et des habitats a joué un rôle important dans la richesse spécifique du monde animal
au Sénégal. La faune du Sénégal regroupe environ 4330 espèces identifiées (MEPN, 1998). Une prédominance
de la classe des insectes est notée et elle représente 46 % de l’ensemble des espèces animales. L’importance
des invertébrés dans le règne animal est également à retenir.
Les invertébrés regroupent 70% des espèces animales du Sénégal. Ce sont les plus représentés au plan
spécifique. La classe des insectes et celle des mollusques totalisent 2700 espèces soit 62 % de l’ensemble des
espèces des autres classes. L’apport des invertébrés dans la composition et le maintien de la diversité biologique
est fondamental et s’illustre à travers le rôle important que les insectes jouent dans la pollinisation. Les ravageurs
des cultures sont très représentés chez les invertébrés (insectes, nématodes…).
1.2.5.1.2 Les vertébrés
Au Sénégal, les vertébrés comptent environ 1400 espèces. Ce groupe (oiseaux, poissons, mammifères,
amphibiens, reptiles), le plus connu du pays, est représenté dans toutes les classes du règne animal. Les oiseaux
représentent la classe la plus diversifiée parmi les vertébrés. Les 623 espèces d’oiseaux recensées au Sénégal
comprennent 300 espèces observées dans le Parc National des Oiseaux du Djoudj qui reçoit des migrateurs
surtout pendant la saison froide. Le nombre d’espèces d’oiseaux varie en fonction de l’arrivée ou du départ des
150 espèces d’oiseaux migrateurs. Les Poissons ne regroupent que 400 espèces réparties dans 110 familles.
Cette classe pourrait être plus riche au plan spécifique si on considère l’insuffisance des connaissances dans le
domaine ichtyologique. Cette faiblesse relative du nombre d'espèces pourrait s'expliquer par des insuffisances
des connaissances sur les poissons.
La classe des Reptiles compte 100 espèces dont certaines comme le crocodile du nil (Crocodylus niloticus), le
python (Python sebae) et la tortue luth (Dermochelys coriacea) sont menacées de disparition pour différentes
raisons généralement liées à l’homme.
Les Mammifères, relativement bien connus, comptent 192 espèces réparties dans 65 genres et 32 familles. En
général, les grands mammifères (Hippopotame, Elan, hyppotrague, buffle, bubale…) sont rencontrés dans des
Réserves, des parcs nationaux comme celui du Niokolo-Koba ou dans la zone d'intérêt cynégétique de la Falémé.
Les neuf (09) espèces de primates recensées au Sénégal comprennent le chimpanzé (Pan troglodytes verus) et le
colobe bai (Colobus badius temmincki). Ce dernier est à la limite nord-ouest de son aire de répartition.
Les animaux domestiques sont essentiellement représentés par des bovins, des ovins, des caprins, des porcins,
des équins, des asins, des camelins et de la volaille. La présence au sud des glossines vectrices de la
trypanosomiase explique la distinction entre le groupe dit sahélien et un groupe dit soudano-guinéen au sud. Les
effectifs du cheptel sont importants et surtout localisés dans les départements de Linguère, Tambacounda, Matam,
Bakel, Kaffrine et Podor. Les connaissances sur les ressources zoo-génétiques sont inégales suivant les espèces.
Les bovins et les ovins sont les espèces locales les plus étudiées et sur lesquelles des améliorations génétiques
ont été entreprises.
Les ressources génétiques animales sont dominées par les races adaptées localement ou natives. Les principales
races de bovins présentes comptent plusieurs races comme le Gobra, le Ndama, le Djakoré, la Jerseyaise, la
Montbéliard, le Holstein. Ces deux dernières ont été introduites pour améliorer les races locales en vue d’augmenter
leur productivité en lait. Les ovins comprennent plusieurs races dont le peul peul, le Djallonké, le Touabire, le
ladoum, le bali bali.
Le secteur de l’élevage a recours à l’introduction de variétés d’espèces animales. Chez les ovins, des croisements
ont été réalisés entre les races locales et des races introduites comme le bali-bali et le ladoum. Les produits des
croisements des bovins locaux et des races introduites d’Europe sont très prisés par certains éleveurs.
La majorité des espèces végétales et animales recensées au Sénégal a une large distribution au niveau des pays
de la sous région. Cependant certaines espèces sont actuellement considérées comme endémiques du Sénégal.
Le statut des espèces concerne les espèces rares, les espèces menacées et les espèces endémiques.
Selon une étude récente du PGIES (2004), il existerait 33 espèces endémiques au Sénégal. Une d’entre
elles, Berhautia senegalensis (photo 6), appartiendrait à ce groupe (genre Berhautia). On les retrouve, en
grande partie, dans le sud du pays (plus arrosé) et au nord, dans la zone des Niayes. Parmi cette flore,
constituée essentiellement d’herbacées, 17 seraient potentiellement menacées et 10 sont considérées
comme effectivement menacées.
Les espèces animales endémiques ne se rencontrent au Sénégal que dans la classe des poissons. Elles
fourmillent surtout dans les eaux douces ou saumâtres des rivières (Protopterus) et des fleuves, en
particulier celui du Sénégal (Heterotis, Mormyrus, Mormyrops Gymnarchus). Mais leur conservation est
fortement tributaire de la pluviométrie.
Dans les 70 dernières années, le Sénégal aurait enregistré des cas de disparition d’espèces animales, y compris
des espèces probablement pas encore connues. Des vertébrés comme le damalisque (Damaliscus lunatus), l’oryx
algazelle (Oryx dammati), la gazelle damma (Gazella dama) et la girafe (Giraffa camelopardalis) ont disparu de la
nature. La gazelle damma et l’Oryx ont été réintroduites dans le Ferlo par contre la Girafe existe actuellement en
captivité dans les Réserves de Bandia et de Fathala.
Les espèces considérées comme rares et/ou menacées sont soit protégées par la législation et la réglementation
forestière, ou signalées par les organisations internationales de conservation en vue de leur protection.
Le Code forestier de 1998 du Sénégal a retenu douze espèces végétales intégralement protégées et des espèces
partiellement protégées en fonction de l’ampleur des menaces qui pèsent sur elles. Les espèces intégralement
protégées sont considérées par l’Administration forestière comme les plus menacées à cause de leur faible
abondance (espèces rares) ou de l’exploitation abusive dont elles font l’objet.
Les quatorze espèces partiellement protégées ne peuvent être abattues que sur autorisation du Service des Eaux
et Forêts. Elles sont considérées comme moins menacées que les précédentes. La fragilité des palmiers a conduit
les autorités sénégalaises à interdire la saignée d’Elaeis guineensis, de Borassus aethiopum et de Raphia spp. Le
Centre Mondial de Surveillance Continue de la Conservation de la Nature (WCMC) signale 32 espèces qui seraient
menacées au Sénégal du fait d’une surexploitation de leur bois, de leur fruit ou des deux à la fois. Les prélèvements
effectués dépasseraient largement le rythme et les capacités de régénération de ces espèces.
Chez les poissons, sur les 400 espèces recensées au Sénégal, au moins 10 sont considérées comme menacées
d'extinction à cause de la surpêche et/ou de la destruction de leurs habitats. Les espèces de poissons les plus
menacées comptent le Thiof (mérou), le pageot, la dorade rose, les capitaines, l’albacore, l’espadon et le patudo.
Chez les reptiles (crocodiles, serpents et tortues de mer), sur les 100 espèces signalées sur la Liste Rouge de
l'UICN, 38 sont menacées de disparition. La surexploitation et la destruction des habitats sont considérées comme
les principales causes de menaces qui pèsent sur ces espèces, notamment les espèces de tortues et de
crocodiles. Les serpents sont généralement tués à cause de la peur qu'ils inspirent. Presque tous les reptiles sont
menacés d'extinction pour diverses raisons.
Quatorze (14) des 192 espèces de mammifères recensées au Sénégal sont menacées d'extinction. Le Chimpanzé
(Pan troglodytes), le Colobe bai (Procolobus badius), la Gazelle dama (Gazella dama) et le Lycaon (Lycaon pictus)
figurent parmi les espèces les plus menacées (UICN, 2004). La dégradation de la plupart des forêts galeries et
des forêts sèches accroît les menaces qui pèsent sur le Chimpanzé et le Colobe bai qui sont des espèces inféodées
à ces types de végétation qui constituent leur habitat. Les autres espèces considérées comme menacées de
disparition sont : Loxodonta africana, Profelis aurata, Acinonyx jubatus, Dorca gazelle, Felovia vae, Phocoena
phocoena, Eptesicus platyops, Panthera leo, Gazella rififrons, Barbastella barbastella, Trichechus senegalensis et
Taurotragus derbianus. Les espèces d'oiseaux menacées comprennent Accipiter erythropus, Acisoma
panorpoides, Achrocephalus arundinaceus, Actitus hypoleucos, Aethriamanta rezia, Agriocnemis exilis, Alaemon
alaudipes, Alcedo cristata, Alopochen aegyptica et Anastomus lamelligerus. La forte dégradation des habitats liée
à la péjoration climatique et aux activités anthropiques constitue une menace d’une telle ampleur qu’on peut
penser que certaines espèces très sensibles à ces modifications sont menacées de disparition ou même ont
même disparu.
Au Sénégal, les sites de haute biodiversité sont répartis dans le domaine classé et le domaine protégé.
Le Sénégal dispose d’un important réseau d’aires protégées classées. Ce domaine compte 6 parcs nationaux, 6
réserves d’avifaune, 213 forêts classées (MEPN, 2005). En plus de ces aires classées, les populations rurales ont
conservé de nombreux sites sous forme de lieu de culte.
Le Parc National du Niokolo Koba (913 000 hectares), site du patrimoine mondial et réserve de biosphère, est
situé au sud-est du Sénégal. Il a été créé pour préserver la grande faune et certains types d’habitats. La végétation
y est constituée de forêts claires, de savanes boisées, de savanes arborées à arbustives et de forêts galeries.
Environ 1500 espèces végétales y ont été recensées (Ba et al., 1997). La faune comprend environ 330 espèces
d’oiseaux, 36 espèces de reptiles, 2 espèces d’amphibiens, 80 espèces de mammifères dont l’éléphant
(Loxodonta africana), 60 espèces de poissons et des espèces d’invertébrés.
Le Parc National du Delta du Saloum s’étend sur 76 000 ha et appartient à l’aire centrale de la Réserve de
Biosphère du Delta du Saloum. Sa plus grande partie se trouve dans la zone du delta qui est marquée par la
présence de la mangrove. Il est classé comme Site Humide de la Convention de Ramsar. Cette aire protégée
présente une grande richesse de la faune, de la flore et de la végétation. C’est un important lieu de reproduction
des poissons et des oiseaux marins. C’est un site d’accueil d’oiseaux migrateurs paléarctiques.
Le Parc National de Basse Casamance a été créé en 1970 pour sauvegarder la flore et la faune guinéennes. Ce
parc de 5 000 ha abrite une des rares reliques de la forêt dense sèche. Ce type de végétation comprend des
espèces comme Treculia africana, Dialium guineense. Cette aire protégée compte plus de 50 espèces de
mammifères dont le Syncerus caffer nanus (Buffle de forêt), Panthera pardus (panthère), Galagoides demidoff
(galago de demidoff), Manis gigantea (pangolin géant). Plus de 200 espèces d’oiseaux y séjournent (Dupuy, 1969).
Site du Patrimoine Mondial, ce parc de 16 000 ha est situé dans le delta du fleuve Sénégal. Il compte 350 espèces
d’oiseaux dont les flamants et les spatules d’Europe. Cette «zone humide d'importance internationale», traversée
par 3 millions d’oiseaux migrateurs, renferme des espèces protégées comme le python de séba, le lamantin et le
crocodile du Nil. Des espèces aquatiques telles que Pistia stratiotes, Salvinia molesta, Typha dominguinsis y
prolifèrent.
Ces deux réserves s’étendent respectivement sur 487 000 ha et 633 700 ha dans la partie centre nord du Sénégal.
La végétation est marquée par la steppe et la savane arbustive. Les espèces animales sont principalement
sahéliennes comme Gazella rufifrons (gazelle à front roux), Gazella dorcas (gazelle dorcas) et Sulcata geochelona
(tortue terrestre). Elles abritent plus de 180 espèces d’oiseaux dont Otis arabs (grande outarde arabe) et Struthio
camelus (l’autruche). La Réserve du Ferlo nord qui abrite la dernière population d’autruches restante au Sénégal
reçoit plus de 40 espèces d’oiseaux migrateurs paléarctiques. En 2003, 08 individus de Gazella dama mhorr et 08
individus de Oryx dammah y ont été réintroduits.
Cette Réserve a été créée en 1957 pour sauvegarder des espèces de la flore de la zone des Niayes. Elle comptait
192 espèces végétales en 1992. La flore s’y était appauvrie de près 57 % entre 1957 et 1992 (Ilboudo, 1992).
Le Sénégal compte 213 forêts classées totalisant une superficie de 1 055 700 ha (MEPN, 2005). Ces forêts ont
été classées avant 1960. Les motifs de classement concernent la protection de sols fragiles, la préservation de la
flore et de la végétation (rares et/ou diversifiées) et la constitution de réserves de bois d’énergie.
Le domaine non classé présente une importante diversité biologique surtout située dans des aires dont les plus
importantes sont : la zone des Niayes, les milieux marins, les cours d’eau et les lacs, les zones de refuge.
Les côtes et le plateau continental marin abritent une diversité de biotopes constituant des habitats répartis sur
les côtes rocheuses, sableuses, les fonds rocheux et les fonds sableux. L’upwelling favorise le maintien d’une
biomasse phytoplanctonique. Les ressources halieutiques regroupent plus de 1000 espèces marines.
Les cours d’eau comme le Sénégal, la Gambie, la Casamance, le Saloum et la Kayanga sont d’importants sites
de biodiversité. Ils présentent une diversité d’habitats. Le fleuve Gambie abrite plus de 320 espèces d’oiseaux.
L’ichtyofaune regroupe plus de 70 espèces dans le fleuve Casamance et 85 espèces dans le cours d’eau du
Saloum.
Les lacs littoraux comme le lac Retba et Ourouaye présentent une faune aviaire diversifiée. Le lac de Guiers (17
000 ha) est un site important pour les oiseaux mais surtout pour les espèces de poisson. Le crocodile du Nil et le
lamantin y sont présents. Parmi les espèces de mammifères observées sur les rives figurent l’antilope des roseaux,
le phacochère et le guib.
Les Niayes sont des dépressions inter-dunaires. Cette zone abrite environ 419 espèces végétales (20% de la flore
du Sénégal). La faune y est représentée par des rongeurs, des reptiles et des oiseaux surtout observés dans la
partie nord. La biodiversité diminue sous les effets des pressions anthropiques.
Les forêts galeries sont localisées dans les vallées. Elles sont marquées par une végétation et une flore particulières
qui sont différentes de celles des environs. Dans le sud-est du Sénégal, ces forêts sont le refuge d’espèces à
affinité guinéenne comme Erythrophleum suaveolens, Carapa procera, Anthoclesta procera. C’est l’habitat
d’espèces animales comme la panthère (Panthera pardus), le Colobe bai (Colobus badius temmincki) et le
Chimpanzé (Pan troglodytes).
Le caractère sacré de ces aires boisées explique leur conservation basée sur une réglementation locale très stricte.
Ces aires sacrées, entourées de zones très dégradées, sont marquées par une grande diversité d’espèces
végétales et parfois animales. Elles abritent généralement des espèces qui ont disparu des sites environnants.
La diversité biologique est marquée par une dynamique à tendance générale régressive qui est notée dans les
différents types d’écosystèmes mais aussi dans les sites de haute densité de biodiversité.
Au Sénégal, la tendance évolutive des écosystèmes terrestres, fluviaux lacustres, côtiers et marins présentent une
dynamique régressive.
Les écosystèmes terrestres que sont les forêts, les savanes et les steppes, présentent généralement une
dynamique régressive. L’évolution des superficies des forêts présente une baisse pendant les quinze dernières
années (1990-2005). Les superficies passent de 9 203 153 ha en 1990 à 8 558 153 ha en 2005 (figure 32), soit
environ une baisse de 7%. La figure 32 met en évidence une diminution régulière.
Figure 32 : Evolution des superficies des forêts de terre ferme (Source : d’après les données
de la FAO, 2010)
Les autres formations boisées, essentiellement constituées de savanes, sont touchées par une diminution de leurs
superficies qui passent de 5 300 876 ha à 5 100 876 ha soit environ une baisse de 6%. Les forêts ont reculé à
cause de l’agriculture. La mise en place du bassin arachidier traditionnel s’est faite au détriment des formations
forestières. Les sites non cultivés à cause de leur substrat rocheux (cuirasse affleurante) sont occupés par la savane
arborée ou boisée.
Dans les zones forestières non encore cultivées, l’exploitation pour le bois d’œuvre, d’énergie et de service a
engendré une diminution du potentiel de la plupart des espèces exploitées et une modification de la composition
floristique. Cette modification s’est faite au profit des espèces de la famille des Combretaceae comme Combretum
glutinosum, Combretum crotonoides, Combretum nigricans, Guiera senegalensis à valeur socio-économique moins
importante. Le maintien des activités d’exploitation menace à terme Pterocarpus erinaceus, Bombax costatum,
Cordyla pinnata, Daniellia oliveri, Diospyros mespiliformis, Detarium senegalense, Sterculia setigera, Cassia
sieberiana. Ce facteur est renforcé par les conséquences de la sécheresse, des feux, des défrichements et des
empiètements des formations classées (Mbow, 2000). Au niveau des zones de steppes, les rapports nationaux
montrent que la région de Louga, malgré le nombre réduit de cas de feux, présente les plus grandes superficies
brûlées par an (CSE, 2000).
Dans les écosystèmes fluviaux et lacustres, d’importantes superficies sont affectées par la salinité des eaux. Les
principaux bassins versants concernés sont le Saloum, la Casamance, la Somone qui fonctionnent comme des
bras de mer. Les écosystèmes saumâtres caractérisés par les eaux faiblement salées sont en régression dans
ces milieux à cause des faibles écoulements d’eau douce pendant la saison des pluies. Le delta du fleuve Sénégal
est également concerné par ce problème de salinisation. Les superficies de terres salées identifiées dans le fleuve
Sénégal, le bassin du Delta du Saloum et celui du fleuve Casamance sont respectivement de 400 000, 230 000
et 400 000 ha (CSE, 2000).
Dans la vallée du fleuve Sénégal, la construction du barrage de Diama a permis d’empêcher la pénétration de la
langue salée dans la vallée. Les principaux impacts notés au sein de l’écosystème sont relatifs à la perte de certains
habitats saumâtres, à l’occupation des berges et/ou du plan d’eau du fleuve et du lac de Guiers par les espèces
envahissantes comme Typha domingensis, Pistia stratiotes et Salvinia molesta (tableau 14). Les peuplements de
gonakiers (Acacia nilotica) de cette vallée sont marqués par une forte baisse des superficies qui sont passées de
39357 ha en 1965 à 9070 ha en 1992. Actuellement, il ne reste que des lambeaux de cette formation végétale
ripicole. Les principales causes de cette régression des superficies de gonakeraies sont les aménagements hydro-
agricoles et l’exploitation de bois pour la production de charbon (CSE, 2005).
Sur la Grande Côte, la dynamique est marquée en partie par l’avancée des dunes. Sur la petite côte, l’intensité de
l’érosion marine se manifeste par le recul de la ligne de rivage et l’élargissement de la brèche de la flèche de
Sangomar. Ces écosystèmes ont subi une forte dégradation au cours des dernières décennies, sous la pression
de la croissance urbaine rapide, les multiples usages et les sécheresses récurrentes.
La mangrove du Delta du Saloum et du fleuve Casamance est marquée par une dynamique régressive. Au niveau
du Delta du Saloum, cette régression est estimée à plus de 25% entre Foundiougne et Kaolack (Soumaré, 1992)
et à 8,5% dans la partie Nord-Ouest de l’estuaire (Dièye, 2007). Dans le bassin versant de la Casamance, la
mangrove de certaines vallées est frappée par une disparition totale au niveau des parties amont de plusieurs
affluents comme le Soungrougrou, les marigots de Bignona, de Baïla et de Diouloulou. L’évolution des superficies
de cette formation édaphique présente une baisse pendant les vingt cinq dernières années (1980-2005). Le
tableau 15 met en évidence une diminution régulière des superficies qui passent de 169 000 ha en 1980 à
102 000 ha en 2010, soit une baisse de 39,64 % (FAO, 2010).
Mangrove (ha) 169 000 145 000 127 000 115 000 102 000
Au Sénégal, la tendance évolutive des superficies couvertes par la mangrove présente une dynamique régressive
(tableau 16). Cependant la mangrove de la Somone a une dynamique progressive favorisée par des actions de
conservation comme la création de la Réserve Naturelle de la Somone.
Dans le Delta du Saloum, la végétation des îles sableuses est victime de la sécheresse et des fortes pressions
causées par les activités humaines.
Les écosystèmes marins sont également affectés par l’intense exploitation des ressources marines dans les eaux
territoriales du Sénégal. Les populations de plusieurs espèces marines diminuent sous les effets de l’effort de
pêche et des mauvaises pratiques. Tous les estuaires ont connu des modifications depuis la sécheresse de 1970.
L’écosystème particulier des Niayes présente une dynamique régressive. Les activités anthropiques et la salinisation
des terres sont les principales causes de l’érosion de la biodiversité dans cet écosystème très perturbé.
Les sites de haute biodiversité sont marqués par une dynamique régressive de la diversité biologique notamment
dans les Parcs Nationaux du Niokolo Koba, du Delta du Saloum et du Djouj, dans les Réserves du Ferlo et dans
les Niayes.
Ce parc présente une dynamique régressive affectant des entités écosystémiques et des espèces du parc (tableau
17). La quasi-totalité des espèces est en régression particulièrement les espèces végétales qui enregistreraient une
perte d’environ 25% des espèces sur la base d’une comparaison des études réalisées par Adam en 1971 et par Ba
et al. en 1997. Le fond des mares de Simenti et de Kountadala est colonisé par Mitragyna inermis et surtout Mimosa
pigra. Ces étangs présentent des taux de recouvrement relativement importants qui sont respectivement de 25% et
de 90% (PGIES-ISE, 2009). Ces mares subissent un comblement progressif et une diminution des voies d’accès à
l’eau. Cette situation serait l'une des causes principales de la diminution des populations animales. Cette évolution
régressive de la végétation qui constitue l’habitat d’espèces animales s’accompagne également d’une régression
de la faune de ce parc. Ainsi, certains mammifères comme le Damalisque (Damaliscus lunatus, la girafe (Giraffa
camelopardalis ont disparu du Niokolo Koba depuis des decennies. Certaines espèces comme le pangolin géant
(Smutsia gigantea) n’y ont pas été observées depuis plus de trente ans. Les facteurs anthropiques sont les principales
causes de régression des populations d’espèces de la faune comme l’éléphant.
Formations végétales :
Feux de brousse, exploitation du bois,
(Forêts sèches, savanes Régressive
empiètements, sécheresse…
boisées, forêts galeries…)
Espèces végétales : Baisse de 25,53 % du nombre d’espèces Sécheresse, régularité et intensité des feux de
1500 espèces (Adam, 1971), Prolifération de certaines espèces végétales brousse, exploitation du bois, dégradation des
1117 (Ba et al., 1997) comme Mimosa pigra et Mitragyna inermis. habitats…
Régressive
Disparition du Damalix, du Pangolin géant… Braconnage, feux de brousse, sécheresse,
Mammifères : 80 espèces
Baisse drastique des effectifs des éléphants et fragmentation des habitats…
des Elans de Derby.
Les peuplements de l’espèce Rhizophora mangle présentent une dynamique régressive dans la partie nord du
Delta malgré leurs forts taux de régénération et une dynamique progressive d’occupation de l’espace au Sud
particulièrement au niveau du Parc (Ndour, 2005).
La faune terrestre comprend plusieurs mammifères dont le colobe bai (Colobus badius temmincki) qui est une
espèce arboricole menacée par la dégradation de son habitat que sont les forêts galeries dans le parc (Djouck,
1997). L’antilope cheval ou hyppotrague (Hippotragus equinus) a disparu de la partie terrestre du parc (l’ancienne
forêt classée de Fathala). Les parties maritimes et deltaïques abritent certaines espèces menacées et/ou rares
comme le lamantin (Trichechus senegalensis) et le Dauphin (Sousa teuszii).
L’ensemble des entités écosystémiques et des espèces du Delta du Saloum connaît une dynamique dont les
principales caractéristiques ainsi que les facteurs explicatifs figurent dans le tableau 18.
Le Parc National des oiseaux du Djoudj présente une communauté végétale pauvre en espèces ligneuses. La
strate herbacée est représentée principalement par Sporobolus robustus, Cyperus sp, Vetiveria nigritana et
Schoenofeldia gracilis. Les espèces aquatiques, qui connaissent une dynamique progressive sont : Salvinia
molesta, Eichornia crassipes, Pistia stratiotes, Nymphea lotus, Potamogeton pectinatus, Typha dominguinsis…
La dynamique progressive des espèces aquatiques envahissantes a causé d’importants dégâts à l’écosystème.
Cette prolifération d’espèces aquatiques est liée aux aménagements hydro-agricoles (tableau 19). A cet égard,
l’espèce Salvinia molesta a déjà fait l’objet d’une lutte mécanique sans succès d’une part et d’autre part d’une
lutte biologique plus fructueuse dans le Parc. En 2001, cette lutte a été possible grâce à l’introduction d’un
coléoptère importé d’Afrique du sud du nom de « Cyrtobagus salviniae » (ISE, 2002). Typha domingensis prolifère
malgré les importants efforts que l’Etat continue à y investir.
Régression de l’espèce Salvinia Elevage et introduction de 1200 insectes par des séries de lâchée
molesta au niveau des zones infestées du parc.
Sur une population de 632 000 individus, les 90,5% de l’effectif sont
Avifaune : 300 à 360
Progression des oiseaux migrateurs paléarctiques ; Par ailleurs, 161 espèces des
espèces 360 sont protégées par la convention de Bonn et de Berne ;
Reptiles : Quelques Dynamique progressive des Protection intégrale des espèces dans le Parc ; Disponibilité de
espèces reptiles (python et amphibiens) nourriture pour les espèces concernées.
Les Réserves de Faune du Ferlo, au cours des dernières décennies, ont connu une réduction de leur productivité
et de leur diversité. Elles présentent une forte mortalité de certaines espèces végétales comme Dalbergia
melanoxylon. L’intensité et l’importance des activités pastorales engendrent une forte pression du fait de la
surcharge animale et ses conséquences comme l’élagage des arbres. La récurrence et l’intensité des feux de
brousse ont contribué à la dégradation des écosystèmes de ces réserves de faune qui ont bénéficié d’une
réintroduction d’espèces fauniques comme la gazelle dama (Gazella dama) qui y avait disparu.
L’écosystème particulier des Niayes présente une dynamique régressive marquée par une forte dégradation de la
végétation, une modification de sa composition floristique et un assèchement progressif des lacs. Cette situation
est essentiellement liée à la remontée saline, la baisse des pluies de ces dernières décennies, les activités agricoles
(maraichage) dans les dépressions. A cela s’ajoute les perturbations liées aux infrastructures routières, à
l’urbanisation et á l’utilisation de ces dépressions comme dépotoirs d’ordures (Mbeubeuss).
Cette dynamique régressive notée presque dans tous les écosystèmes est liée à de multiples facteurs qui sont
d’ordre naturel et anthropique.
Les écosystèmes et les sites de haute densité de biodiversité présentent des modifications importantes engendrées
par un ensemble complexe de causes naturelles et anthropiques qui agissent selon une intensité variable.
Les facteurs naturels qui affectent la biodiversité au Sénégal sont essentiellement la péjoration climatique, la
salinisation et l’érosion.
Au Sénégal, des périodes de sécheresse ont été notées depuis 1913 (Goudiaby, 1984). La baisse des totaux
pluviométriques (figure 33) et les sécheresses généralisées des dernières décennies sont à l’origine de
l'abaissement du niveau des nappes phréatiques et de l’assèchement des eaux de surface. Cette péjoration s’est
traduite par une translation des isohyètes vers le sud. La diminution des ressources hydriques a eu des
conséquences très importantes sur la productivité des écosystèmes naturels. Cette baisse a fortement affecté la
vitalité des écosystèmes et est en partie responsable de la forte mortalité des espèces végétales peu résistantes
à la sécheresse. Ces aléas climatiques ont induit des perturbations au niveau de certains habitats de la faune. Les
sécheresses fréquentes et prolongées ont contribué à fragiliser davantage les écosystèmes, les rendant plus
vulnérables aux autres facteurs de perturbation.
1.6.1.2 La salinisation
Les cours d’eau Casamance, Saloum et Gambie (cours inférieur) sont fortement influencés par l’intrusion marine
à cause de la faiblesse de leur pente (profils en long). La salinisation et l’acidification sont parmi les principaux
facteurs d’érosion de la biodiversité. Quatre parmi les six zones éco géographiques (fleuve Sénégal, Niayes, Sud
du bassin arachidier, Casamance) sont touchées par la salinité (MEPN, 2000). Le mauvais drainage agricole et les
sols salés sulfatés acides du delta du fleuve Sénégal, du Saloum et de la basse vallée de la Casamance ont
engendré la dégradation et la disparition de la végétation dans certaines régions.
1.6.1.3 L’érosion
L’érosion hydrique se manifeste pendant la saison des pluies, surtout à ses débuts, à cause du ruissellement qui
décape les horizons superficiels du sol et atteint parfois le substrat. Elle réduit voire exclut toute possibilité
d’exploitation des terres. La dégradation du couvert végétal renforce les effets de l’érosion qui créent parfois des
situations de non retour avec le décapage des sols et l’affleurement de faciès incultes durs. L’érosion réduit
l’infiltration de l’eau et détruit les processus biologiques qui permettent aux plantes de se développer. L'érosion
hydrique et éolienne réduit la biodiversité par une dégradation de la qualité des sols.
L’érosion côtière constitue une menace pour le littoral sénégalais : les plages de la région de Dakar restent
menacées et il en serait de même pour l’estuaire du Saloum qui est particulièrement exposé aux inondations avec
des conséquences sur les écosystèmes de mangrove. La Grande côte est marquée par le recul régulier de la
ligne de rivage ; ce recul est particulièrement important dans les zones de Palmarin et de Djifère, au niveau de
Petite côte.
Le littoral nord, notamment dans la zone des Niayes, est marqué par une dynamique dunaire provoquée par la
remobilisation du sable sous l’effet de l’érosion éolienne engendrée par les alizés. Dans cette zone, les dunes vives
menacent les cultures maraîchères et les individus d’espèces végétales reliques dont certaines sont à affinité
subguinéenne. Le comblement progressif des bas-fonds et des dépressions interdunaires contribue à la baisse
de la productivité de ces terres.
Les principaux facteurs anthropiques identifiés sont les feux de brousse, les espèces envahissantes, la
surexploitation des ressources biologiques, la destruction et la fragmentation des habitats, la pauvreté, les
pollutions, les causes politiques, juridiques et institutionnelles.
Les sites de haute densité de biodivsersité, à l’exception des Niayes et du Djoudj, sont fortement affectées par les
feux de brousse qui constituent un des principaux facteurs de dégradation des écosystèmes de savane au Sénégal.
Ils contribuent à la modification de la structure, de la composition floristique et du fonctionnement des écosystèmes.
Ils engendrent des conséquences néfastes comme la mortalité de plantes (surtout la régénération naturelle) et
d’animaux (surtout les insectes), les effets pervers sur les processus hydriques (ruissellement accru, faible infiltration,
forte évaporation, colmatage des bas-fonds) et la perturbation de la capacité de reconstitution du milieu.
Les espèces que sont Typha domingensis, Salvinia molesta, Pistia stratiotes ont eu des conséquences néfastes
sur l’environnement et les conditions de vie des populations de la basse vallée du fleuve Sénégal. Elles limitent
voire empêchent la navigation et la pêche dans les endroits colonisés. Ces espèces provoquent également une
eutrophisation de l’eau qui réduit la disponibilité de l’oxygène dissout engendrant ainsi une mortalité de plusieurs
espèces animales (poissons surtout).
L’extension des sites occupés par Typha domingensis a favorisé la prolifération d’oiseaux granivores qui s’y
réfugient et s’attaquent aux cultures.
Dans le parc national du Niokolo Koba, les mares de Simenti et de Kountadala qui constituent une importante
source d'approvisionnement en eau et en fourrage pour la grande faune sont fortement colonisées par Mimosa
pigra et Mitragyna inermis. Le fond de ces deux mares est en grande partie occupé par ces deux espèces qui y
sont envahissantes. Le comblement progressif de ces mares et la réduction des voies d’accès à l’eau seraient
l'une des causes de la diminution des populations animales.
Elle est liée à plusieurs facteurs notamment la pression démographique, la pression agricole, le surpâturage et le
braconnage. Cette surexploitation concerne aussi celle des ressources forestières et halieutiques.
La conservation des habitats étant essentielle au maintien de la diversité biologique, leur fragmentation et/ou leur
destruction du fait de certains facteurs notamment l’agriculture, l’exploitation des produits de la forêt est une des
causes de perte de biodiversité. La dégradation des ressources végétales dans les régions situées entre les
réserves forestières fait que ces dernières représentent des îlots de végétations relativement bien conservés,
entourés par des terres dénudées.
Le développement des infrastructures comme les routes et les chemins de fer, favorisant la fragmentation des
écosystèmes et des habitats, représente une menace pour la diversité biologique des régions traversées par ces voies
de communication. Certains écosystèmes préexistants se fragmentent, du fait de l'extension urbaine et de la pression
induite par les besoins domestiques croissants en bois et autres produits.
L’exploitation minière (carrières) a contribué à la perte de biodiversité de certains sites à cause de ses impacts
négatifs particulièrement importants sur les habitats et leurs ressources biologiques. L’exploitation minière dans
les aires protégées peut être perçue comme un facteur potentiellement significatif d’érosion de la biodiversité en
particulier dans la Zone d’Intérêt Cynégétique (ZIC) de la Falémé et dans le Parc National du Niokolo Koba où des
carrières d’exploitation de latérite ont été ouvertes. Les conséquences de l’exploitation de ressources comme l’or
comprennent aussi une contamination des milieux naturels par des produits toxiques.
1.6.2.5 La pauvreté
Selon la Banque mondiale (www.worldbank.org/senegal), plus de la moitié de la population n’a pas les ressources
financières suffisantes pour subvenir à ses besoins de base. Cette situation qui pousse les populations humaines
à s’appuyer sur les composantes des écosystèmes pour survivre, engendre généralement une érosion de la
biodiversité à cause du cercle vicieux entre l’environnement et la pauvreté (Rép. du Sénégal. 2006). Les populations
pauvres, surtout celles qui résident dans le monde rural, exercent des pressions sur les ressources biologiques
pour subvenir à leurs besoins. L’érosion de la biodiversité est une conséquence et une cause de la pauvreté.
Cette dernière pousse les populations à migrer vers des zones plus pourvues en ressources biologiques
notamment dans le secteur de la pêche (Cormier-Salem, 1999).
La pollution des nappes phréatiques et des milieux aquatiques par déchets industriels, agricoles et navals mais
aussi par les usages domestiques constituent une menace sur la biodiversité. Le déversement de polluants par
certaines industries contribuent à une dégradation des écosystèmes aquatiques et constituent une forte menace
pour la biodiversité. L'utilisation inadéquate de pesticides et d’engrais chimiques sur les terres de cultures
occasionne une dégradation des écosystèmes par l'acidification des sols et la contamination de la nappe
phréatique.
Au Sénégal, les politiques mises en œuvre dans certains secteurs pour la préservation des ressources naturelles
ne prennent pas suffisamment en compte la dimension de la diversité biologique.
La législation sur la biodiversité est dispersée dans plusieurs textes de lois et codes (code forestier, code de la
chasse, code minier, code de l’environnement, code de la chasse, etc.). Cette situation pose un problème de
cohérence et de mise en application des lois lié à l’absence de coordination intersectorielle favorisant ainsi un
cloisonnement institutionnel malgré l’existence de collaborations. Les difficultés d’application des lois sont liées à
l’insuffisance des moyens humains, matériels et financiers nécessaires. Par ailleurs, les communautés locales
adhèrent peu à la plupart des textes juridiques.
Le cadre juridique et institutionnel s’articule autour des textes nationaux adoptés et des accords internationaux
pour la conservation de la biodiversité
Le Sénégal a signé et ratifié plusieurs conventions internationales (régionales et universelles) relatives à la diversité
biologique.
- la Convention de Ramsar du 2 février 1971 sur les zones humides d’importance internationale ; quatre aires
classées sont concernées par cette convention ;
- la Convention de Paris du 16 novembre 1972 sur la Protection du Patrimoine Mondial, Culturel et Naturel ;
- la Convention de Washington du 3 mars 1973 relative au Commerce International des Espèces de Faune
et de Flore Sauvages Menacées d’Extinction (CITES) ;
- la Convention de Bonn du 23 juin 1979 relative à la Protection des espèces migratrices ;
- la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer du 10 décembre 1982 à Montego Bay ;
- la Convention sur la Diversité Biologique du 05 juin 1992.
- la Convention Africaine d’Alger du 15 septembre 1968 sur la Conservation de la Nature et des Ressources
Naturelles ;
- la Convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la vie sauvage et au milieu naturel de l’Europe ;
- la Convention d’Abidjan du 23 mars 1981 relative à la coopération en matière de protection et de mise en
valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les mesures juridiques en rapport avec la conservation de la biodiversité concernent la gestion des ressources
forestières, halieutiques, pastorales et fauniques.
Des textes juridiques relatives à la gestion des ressources forestières ont été modifiés ou abrogés depuis
l’indépendance. L’actuel code forestier qui date de 1998 est en cours de révision pour prendre en compte le
contexte actuel.
Le cheptel est géré avec un ensemble d’outils comprenant les textes législatifs et
réglementaires suivants :
- le décret n° 80-268 portant organisation des parcours du bétail et fixant les conditions d’utilisation des
pâturages ;
- le décret n° 86-320 réglementant l’élevage, l’introduction, la transhumance et l’utilisation des camélidés au
Sénégal ;
- le décret n° 62-258 relatif à la police sanitaire des animaux ;
- l’arrêté interministériel n° 13852 portant application du décret n° 86-320 réglementant l’élevage,
l’introduction, la transhumance et l’utilisation des camélidés au Sénégal.
Les deux textes de base constituant le cadre juridique de gestion de la faune sauvage
sont :
Les populations rurales ont souvent bénéficié de l’aide de structures d’appui pour mettre en place des conventions
locales dans le but d’améliorer la gouvernance locale des ressources naturelles. Ces textes locaux servent à
concilier les prélèvements avec les capacités de renouvellement des ressources biologiques et dans certains cas,
à combler un vide institutionnel. Ces textes prennent de plus en plus de l’importance dans le cadre de la gestion
locale des ressources naturelles.
2.1. Les objectifs et les actions prioritaires de la Stratégie et Plan National d'Actions
pour la conservation de la biodiversité (SPNAB)
Le Sénégal applique une politique de conservation des ressources biologiques mise en évidence par l’existence
d’un réseau d’aires protégées. Ces ressources sont sous la menace de plusieurs facteurs, ce qui a rendu
nécessaire l’élaboration d’une stratégie nationale pour la conservation de la biodiversité (MEPN, 1998). La stratégie
nationale s’articule autour d’un certain nombre d’objectifs.
Les diverses options stratégiques prévues peuvent être regroupées en deux catégories dont les options liées aux
problèmes globaux et les options répondant à des problèmes spécifiques.
a Les options par rapport aux problèmes spécifiques pour chaque site :
Ces options concernent les parcs nationaux, les écosystèmes marins et côtiers, les écosystèmes fluviaux et
lacustres, les Niayes, les forêts classées, les forêts sacrées, les forêts du domaine protégé, les sites de conservation
ex-situ…
Le plan est composé d’actions prioritaires urgentes, réalisables en cinq ans et qu’on peut classer en deux
catégories :
Elles portent sur la mise en place et le fonctionnement d’une cellule de coordination et de suivi de la stratégie et
du plan d’action d’une part et d’autre part sur l’appui à l’élaboration de plans régionaux de conservation de la
biodiversité.
Ces actions concernent les parcs nationaux, les écosystèmes marins et côtiers, fluviaux et lacustres et les forêts du
domaine protégé et des terroirs agricoles. Au niveau des parcs, il est prévu une participation des populations et
l’élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion des feux de brousse. Au niveau des écosystèmes, il est
question de déterminer et de protéger les zones et les périodes de repos biologiques des ressources halieutiques,
d’identifier et de protéger les zones de reproduction des ressources halieutiques et de réaliser des études d’impact
des aménagements hydro-agricoles et de la pollution des ressources halieutiques. Dans les forêts du domaine
protégé et des terroirs, les populations doivent être associées à la gestion et au contrôle des feux de brousse. Il
s’agira, entre autres, d’évaluer l’impact de l’amodiation et la promotion des « jachères fauniques », la réhabilitation
des jardins botaniques et des parcs zoologiques et enfin, la réfection et l’équipement des banques de gènes
existantes.
La mise en œuvre de la Stratégie et Plan National d’Action pour la Conservation de la Biodiversité présente un
niveau d’exécution encore faible. Cependant des activités qui n’étaient pas prévues dans la SPNAB ont été menées
par différents acteurs de la conservation (Etat, ONG, société civile, populations, associations diverses…).
De nombreux résultats ont été obtenus en matière de conservation des ressources biologiques en particulier dans
les écosystèmes aquatiques et terrestres. Dans ces derniers, la mise en oeuvre de la SPNAB a permis l’exécution
du Projet de Gestion Intégrée des Ecosystèmes du Sénégal (www.pgies.net). Ce projet a contribué à une
amélioration de la gestion de la biodiversité des aires protégées et de leurs périphéries. Les écosystèmes
aquatiques ont bénéficié de la mise en œuvre du projet de Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières
(GIRMaC) et du Projet de Gestion Intégrée des Adventices Aquatiques Envahissantes en Afrique de l’Ouest
(PGIAAPAO). Ces deux projets ont permis une amélioration de l’état de conservation de la diversité biologique. En
effet, le GIRMaC a permis d’améliorer la gestion des écosystèmes marins en s’occupant des cinq aires marines
protégées (AMP) érigées par l’Etat et ses partenaires. Il a permis la promotion de la cogestion et l’élaboration de
plans d’aménagement et de gestion pour les AMP. Dans les écosystèmes fluviaux, en particulier dans la vallée du
fleuve Sénégal, le projet PGIAAPAO a beaucoup contribué à la lutte contre les plantes aquatiques envahissantes.
Par ailleurs, de nombreuses autres activités ont été menées par d’autres acteurs en faveur de la conservation de
la diversité biologique. Le Programme de Microfinancement du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM)
a choisi les sites de haute biodiversité comme zones de concentration géographique et thématique de ses projets.
En effet, le PMF/FEM a appuyé des activités de préservation et de restauration de sites dégradés d’écosystèmes
terrestres et aquatiques notamment dans des Parcs Nationaux, des forêts classées et des réserves.
Un avant-projet de loi sur la biodiversité et les aires protégées est en cours d’élaboration sous la direction du
Service des Parcs Nationaux du Sénégal.
Cependant, pour atteindre les objectifs de la SPNAB les principales activités qui restent à mener sont :
- la vulgarisation de la SPNAB ;
- l’évaluation de l’impact des résultats obtenus sur la conservation ;
- l’élaboration d’indicateurs au niveau national ;
- le renforcement des capacités ;
- l’intégration des connaissances, des innovations et des pratiques locales ;
- la prise en compte des actions prioritaires de la stratégie dans l’élaboration des projets et programmes
nationaux.
Conclusion
La diversité biologique au Sénégal présente environ 3093 espèces végétales et 4330 espèces animales. La diversité
des écosystèmes explique en partie celle des habitats. La poursuite des recherches scientifiques permettra
l’augmentation du nombre d’espèces d’algues, de champignons, de virus, de bactéries. La biodiversité présente
une concentration importante dans les sites de haute biodiversité.
Au Sénégal, le domaine classé comprend 6 parcs nationaux, 6 réserves d’avifaune, 3 réserves de Biosphère, 2
sites de patrimoine mondial et 213 forêts classées. Il s’ajoute à ces formations, les forêts non classées des zones
de terroirs également soumises au contrôle du Service Forestier. Actuellement, la superficie des formations
forestières situées hors des parcs nationaux est passée de 12,7 millions d’hectares en 1980 à 11,9 millions
d’hectares en 1990 soit une régression de 800 000 hectares en dix ans. Au cours de la même période, le potentiel
ligneux a baissé de 18 millions de mètres cubes. Cette régression est également observée au niveau des formations
forestières classées.
Cette régression du couvert végétal, s’accompagne d’une perte de la biodiversité. Des espèces animales comme
la girafe et le damalisque ont disparu du territoire national. D’autres sont menacées à des degrés divers. Les
causes de perte de biodiversité sont à la fois anthropiques et naturelles. Les causes anthropiques sont
essentiellement les défrichements, la surexploitation des formations forestières, les feux de brousse, la
surexploitation et l’exploitation inadéquate des ressources halieutiques, la pollution affectant la mer, les zones
humides et les sols, le braconnage, l’extension des centres urbains, la croissance démographique et l’augmentation
des besoins des populations en produits forestiers, l’impact des aménagements hydro-agricoles, la pauvreté et
les conflits et leurs conséquences. Les causes naturelles sont la sécheresse, la forte salinisation des eaux et des
sols, l’érosion. Parmi ces facteurs causant la perte de la biodiversité, les feux de brousse et les coupes sont
considérés comme des menaces certaines sur la biodiversité au même titre que les plantes envahissantes qui
menacent non seulement les autres espèces végétales mais aussi les espèces animales notamment les poissons
et les oiseaux d’eau.
La gestion durable de la diversité biologique doit passer par le réaménagement de certains textes réglementaires
et la participation des populations locales à la gestion des ressources naturelles. La mise en œuvre de la stratégie
nationale et plan national d’actions pour la conservation de la biodiversité doit être plus effective et prendre en
compte les causes de perte de biodiversité.
RECOMMANDATIONS
Compte tenu des nombreuses contraintes et de l’état d’avancement de la mise en œuvre de la stratégie et du
plan national d’action pour la conservation de la biodiversité, il se dégage les recommandations consignées dans
le tableau 20.
Appui aux Conseils Régionaux pour Meilleure prise en compte de la biodiversité dans les plans et stratégies régionaux de gestion
l’élaboration de stratégies et plans régionaux des ressources naturelles
de conservation de la biodiversité
Renforcement des capacités institutionnelles et financières pour une bonne mise en œuvre
de ces plans
Incitation aux initiatives (surtout les initiatives Renforcement des capacités des acteurs à la base pour une meilleure prise en charge de
la conservation de la biodiversité
de base) tendant à la conservation de la
biodiversité Amélioration, renforcement, adaptation et vulgarisation des outils réglementaires
Promotion de l’information, l’éducation et de Meilleure intégration de la biodiversité dans les curricula á tous les niveaux d’éducation
la communication sur la biodiversité et le
Information et sensibilisation pour une célébration effective de la journée sur la biodiversité
développement durable
Encourager dans la zone périphérique des Mise en place de pare feux verts à espèces utiles aux populations
parcs, les activités économiques alternatives
Meilleure valorisation des résultats de la recherche sur les feux
au braconnage, comme l’élevage de pintades Renforcement des capacités de mobilisation et de gestion des ressources financières
et l’apiculture (Niokolo Koba), l’élevage de
canards (Djoudj) Renforcement de la participation des populations dans l’identification des activités
génératrices de revenus
Meilleure prise en compte des réalités socio-économiques locales dans l’identification des
activités génératrices de revenus
Le contrôle des feux de brousse en associant Mise en place de pare feux verts à espèces utiles aux populations
les populations riveraines à la gestion des feux
Meilleure valorisation des résultats de la recherche sur les feux
précoces
Promotion et vulgarisation des techniques améliorées d’apiculture
Un inventaire et une réalisation des études écologiques pour définir le statut le plus approprié
dans chaque cas pour une exploitation durable
Un inventaire et une réalisation des études Mise en place d’un fond national d’inventaire
Une étude de l’écologie des espèces à Mise en place d’un programme d’étude sur l’écologie des espèces
Renforcement des capacités des collectivités locales dans la gestion des feux
Etudier l’écologie des espèces à domestiquer Mise en place d’un programme d’étude sur l’écologie des espèces locales
et à conserver ex situ pour une orientation
Formation de spécialistes en sylviculture
écologique des reboisements
Mettre au point des techniques appropriées Assurer une meilleure protection des forêts de mangrove en veillant à une bonne application
d’exploitation des techniques d’exploitation durable
Réfectionner et équiper les banques de gènes Renforcement des capacités des banques de gènes existants et intégration de groupes
existantes taxonomiques non couverts
Bibliographie
ADAM J., 1965, Généralités sur la flore et la végétation du Sénégal. Climat, sols et végétation. Et. Sénég.
N° 9, Connaissance du Sénégal, Centre de Rech.. Doc. Sénég., Saint-Louis, fasc. 3, PP. 155-214.
BA A. T., SAMBOU B., ERVICK F; GOUDIABY A., CAMARA C., DIALLO D., 1997, Végétation et flore. Parc
Transfrontalier Niokolo Badiar. UE. 157p.
BARUSSEAU J.P., 1980, Essai d'évaluation des transports littoraux sableux sous l'action des houles entre
Saint-Louis et Joal (Sénégal). Ass. Sénég. Etud.
Cormier-Salem MC., 1999, Rivières du Sud : sociétés et mangroves ouest-africaines, Éd. de l'IRD, Institut de
recherche pour le développement, Paris, vol.1, 416p.
CSE, 2000, Annuaire sur l’environnement et les ressources naturelles du Sénégal, 320p.
DIOP EL S., 1990, La côte ouest-africaine africaine du Saloum (Sénégal) à la Mellacorée (Guinée), Th. d’Etat,
Ed. de l’ORSTOM, Coll. Etudes et Thèses, 366p.
DJOUCK D, 1997, Adaptations aux modifications du milieu des Colobes bais (Colobus badius temmincki) de
la forêt de Fathala, Parc National du Delta du Saloum, Sénégal. Thèse. Fac. des Sc et Tech. Univ. C.A.D.
Dakar 167p.
DOUMBIA F., 1966, Etude des forêts de Basse Casamance. In Annales de la Faculté des Sciences. Tome 9.
Série : Sciences végétales, N°13.
DUPUY R., 1969, Mammifères. In Le Parc National du Niokolo Koba, fasc. III. Mémoires de l’IFAN,
84 : 443-460.
FAO/UNEP, 2000, Etude sur les ressources forestières et les plantations forestières du Sénégal.
Periode : 1992- 99. Rapport FAO.
GOUDIABY A., 1984, L'évolution de la pluviométrie en Sénégambie, de l’origine des stations à 1984. Mém.
Dép. Géo. 267p.
ILBOUDO J.B., 1992, Etat et tendances évolutives de la flore et de la végétation de la réserve spéciale
botanique de Noflaye (Environs de Dakar). Eléments pour un aménagement. Thèse, Doctorat 3e Cycle,
Sciences de l'Environnement. 106p.
ISE, 2002, Rapport de la sortie pédagogique annuelle 24ème promotion de l’ISE au Parc National des oiseaux
du Djioudj, 25p.
MBOW C., 2000, Caractérisation Spatio-temporelle des feux de brousse et de leur relation avec la végétation
dans le Parc National du Niokoloko Koba, Thèse de troisième cycle, 125p.
MEPN, 1998, Stratégie Nationale et Plan National d’Actions pour la Conservation de la Biodiversité.
Sénégal, 92p.
NDOUR N., 2005, Caractérisation et étude de la dynamique des peuplements de mangrove du Delta du
Saloum (République du Sénégal). Dakar : Faculté des Sciences et techniques, Thèse de troisième cycle
Université Cheikh Anta Diop ; 2005 ; 180p.
PGIES, 2004, Réalisation d’un Herbier sur les espèces végétales supérieures endémiques et celles protégées
par le Code Forestier du Sénégal et les Conventions internationales. Etude N°6 PGIES, 46p.
SALL A., 2001, Contribution à l’analyse de la zone périphérique du Parc National des Oiseaux du Djoudj pour
une meilleure gestion intégrée des ressources naturelles. Examen de l’expérience en cours menée par la GTZ
à travers le Projet de Protection et Gestion Durable de la Zone Périphérique du Parc. Mémoire de fin d’études
pour le Diplôme d’Ingénieur des travaux en aménagement du territoire, environnement et gestion urbaine.
ENEA, Dakar, 94p. + 5 Annexes.
SOUMARE A., 1992, Evolution géomorphologique récente des paysges du Bas-Saloum. Mémoire de DEA,
Univ. Cheikh Anta Diop de Dakar, 61p.
21 NajasWelwitschiiRendle
Annexes 155
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
Introduction
L’environnement fournit le support essentiel de la vie sur terre, sous la forme de biens (ressources naturelles) et de
services (fonctions des écosystèmes) qui constituent la base de la production, de la fourniture d’énergie, etc. Selon
les contextes, les priorités que les groupes sociaux donnent aux questions environnementales diffèrent. Pour les
urbains, les centres d’intérêt seront essentiellement la sécurisation des droits de propriété, l’accès à l’eau potable
et à l’assainissement, à l’énergie et à des systèmes efficaces d’enlèvement des ordures. En revanche en milieu
rural, les soucis sont plutôt tournés vers la perte de la biodiversité, la dégradation des terres et des ressources, le
maintien et la poursuite des activités du secteur primaire, etc.
Cependant, dans un cas comme dans l’autre, les questions essentielles concernent toujours la problématique
plus globale de la préservation des équilibres écosystémiques et de la survie de l’homme. L’absence de garantie
d’un accès optimal à ces ressources née de la prise de conscience de leur dégradation, provoque nécessairement
des pressions sur les écosystèmes et des ruptures parfois irréversibles. Cela est d’autant plus important que cette
pression varie en fonction linéaire des dynamiques démographiques et, partant, de l’occupation territoriale.
D’une manière générale, les établissements humains peuvent être définis comme nœuds de relations nées de la
concentration des hommes et de leurs activités. Ils sont producteurs d’externalités pour eux-mêmes et pour tout
l’espace qu’ils polarisent et desservent en biens et services, pour l’individu et pour la collectivité. Vu sous cet angle,
les établissements humains apparaissent à la fois comme instrument et vitrine de développement. Cependant, du
fait même de leur mode de fonctionnement, ils peuvent obérer les effets de croissance qu’ils sont censés créer,
entraînant ainsi des contraintes et paradoxes de développement durable.
Au Sénégal, la croissance démographique s’est longtemps placée à un taux élevé à tel point que la dynamique
d’allocation en équipements et infrastructures et le renouvellement des ressources ont parfois du mal à suivre le
même rythme. Il en résulte parfois un décalage entre l’offre de service et les standards requis. Pire, on assiste
parfois à des comportements et modes de vie qui ne sont, malheureusement, pas forcément respectueux de
l’environnement.
Face à cet état des faits, les pouvoirs publics se sont efforcés d’apporter des solutions de pertinence et de portée
variables, nécessitant aujourd’hui d’être soutenues, et le cas échéant, d’être complétées par d’autres mesures de
correction souhaitables.
Au Sénégal (tableau 21), le taux moyen brut de natalité se situait à 41‰ en 2002, avec des variations entre 35‰
en milieu urbain et 45‰ en milieu rural. D’après les chiffres disponibles, ce taux a connu une légère baisse en
2008 (38,9‰) et les estimations tablent sur 37,6‰ en 2012. L’indice synthétique de fécondité qui mesure le
nombre moyen d’enfants par femme à la fin de sa vie génésique a connu une baisse par rapport aux années
précédentes pour se stabiliser à 5,3 de 2002 à 2005. En milieu rural, il était de 6,4 enfants par femme contre 4,1
en milieu urbain. En 2007, on a enregistré une réduction de 0,3 enfants par femme par rapport à 2005 et restera
inchangé jusqu’ à l’horizon 2012 selon les estimations.
Selon les projections démographiques de l’ANSD, l’espérance de vie à la naissance est de 55,8 ans en 2007. Les
femmes, avec une espérance de vie à la naissance de 58,7 ans, vivent plus longtemps que les hommes (55,8
ans). Mais d’une manière générale, la mortalité reste relativement faible. La population sénégalaise enregistre ainsi
une croissance de 2,4% l’an. Cette croissance est surtout le fait de la population urbaine qui enregistre un rythme
soutenu de l’ordre de 3,9% jusqu’à dépasser le chiffre de 5 millions en 2009.
Certaines communes impriment un rythme annuel très intense, notamment Dahra (8,8%), Mboro (8,3%), Mbour
(6,3%), Richard-Toll (6%). Cette croissance urbaine se révèle aussi comme un phénomène non maîtrisé : l’apport
migratoire demeure important et les limites des politiques urbaines se traduisent notamment par une déficience
des trames d’accueil.
Les échanges migratoires attestent de l’importance des régions de Dakar, avec 32,5%, Diourbel (13%) Thiès (12%)
et Kaolack (12%) du total national. Toutefois, les soldes migratoires révèlent des zones dynamiques avec
notamment Dakar, Diourbel, Tambacounda et Kolda. A une échelle plus basse, le sens traditionnel de migration
des campagnes vers les villes ne s’est guère modifié.
Suite au dernier découpage administratif intervenu avec la loi 2008-14 du 18 mars 2008, le Sénégal compte 14
Régions réparties en 45 Départements, 123 Arrondissements. Le nombre des communes s’élève à 113 dont 05
villes : Dakar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque (localisées dans la région de Dakar) et la ville de Thiès (Région de
Thiès). Ces villes sont subdivisées en communes d’arrondissements dont 43 dans la région de Dakar et 03 dans
celle de Thiès. Le nombre des communautés rurales est de 370 alors que les villages et hameaux se comptent
par milliers.
Avec une population estimée aujourd’hui à plus de 12 millions en 2009, le Sénégal connaît un taux d’urbanisation
avoisinant les 42%, soit environ 6 sénégalais sur 10 vivant en zone rurale. Le début de son urbanisation remonte
à la période coloniale et depuis cette période, les centres urbains se sont multipliés très rapidement surtout après
l’indépendance du pays. Cette croissance rapide est le résultat d’un flot continu de migrants, qui intervient à un
moment où les ressources locales manquent et que les villes traversent une crise qui s’alimente de la croissance
asymétrique de la population, de l’emploi, de l’habitat et des services.
La hiérarchie des établissements humains peut être esquissée en fonction de la critériologie de classification. En
effet, elle varie selon que l’on considère la taille et le rythme d’accroissement ou la nature des fonctions principales
et des services disponibles. Parmi les classifications possibles, nous retiendrons la typologie adoptée par la
Direction de l’Aménagement du Territoire (DAT), et fondée sur la hiérarchisation fonctionnelle qui tient compte à la
fois de la qualité et du nombre des services et équipements ainsi que du niveau de développement.
La promotion d’un réseau de pôles de développement bien répartis sur le territoire national a pour but de réduire
l’influence néfaste de la capitale et de favoriser le développement des régions. Pour parvenir pleinement à cette
fin, il fallait d’abord élaborer et mettre en œuvre une organisation hiérarchique des établissements humains
susceptibles de jouer un rôle de pôles de développement et structurée en différents niveaux allant de la capitale
nationale au relais rural. Dans ce cadre, le réseau de pôles retenus dans le PNAT se présente comme suit (figure
34) :
- 11 centres industriels régionaux pour le développement des PME/PMI : Richard-Toll, Dagana (agro-
industrie), Taïba-Mboro, Tobène, Lam-Lam (phosphate), Bignona, Vélingara (agro-industrie), Bandafassi,
Ibel (marbre) Bakel (cuivre), Koudékourou (fer) et Missirah (pêche) ;
- 12 Centres tertiaires régionaux, localités exerçant des fonctions administratives, et de services divers (appui
aux activités de commerce et informelles…) : Tivaouane, Touba-Mbacké, Sédhiou, Kaffrine, Linguère, Dahra,
Kébémer, Bambey, Kafountine, Kabrousse, Cap Eruken et Médina-Gounass ;
- 9 relais régionaux: Nioro, Podor, Joal-Fadiouth, Foundiougne, Gossas, Oussouye, Mékhé, Goudiry et
Koumpentoum ;
- des relais communaux (toutes les autres communes secondaires et les chefs lieux d'arrondissement) ;
- des relais ruraux : Chefs lieux des communautés rurales et certains villages centres choisis pour leur
centralité et leur niveau d’équipement.
A des degrés divers, ces pôles devront recevoir en priorité l'investissement public en termes d'infrastructures et
d'équipements collectifs pour leur permettre d'animer leur propre développement et celui de l'environnement qu'ils
polarisent. Ils entretiennent dans leur fonctionnement de multiples relations et des effets de rayonnement ou
dépendance mutuelle formant ainsi des réseaux hiérarchisés dont les extensions plus ou moins vastes constituent
les fondements de l’organisation spatiale.
La région de Dakar est devenue une grande agglomération qui s’est développée très rapidement et de façon parfois
peu organisée. Cette évolution s’effectue sous l’effet combiné de la croissance de sa population, de son rôle de principal
carrefour économique et de zone d’accueil de migrants. Avec de fortes densités de population sur un espace très
réduit, l’agglomération dakaroise donne l’image d’une ville qui étouffe.
A des degrés divers, ces pôles devront recevoir en priorité l’investissement public en termes d’infrastructures et
d’équipements collectifs pour leur permettre d’animer leur propre développement et celui de l’environnement qu’ils
polarisent. Ils entretiennent, dans leur fonctionnement, de multiples relations et des effets de rayonnement ou
dépendance mutuelle formant ainsi des réseaux hiérarchisés dont les extensions plus ou moins vastes constituent
les fondements de l’organisation spatiale.
Les capitales régionales s’apparentent, quelque peu à Dakar au système de distribution des pouvoirs, en s’érigeant
en centres têtus dominants sur le plan économique, environnemental, etc., tandis que les communes de l’intérieur
ne sont ni carrément rurales malgré leur mode de vie renvoyant à des réalités de campagne, ni franchement
urbaines malgré leur poids démographique.
Ensuite viennent les centres urbains à fort poids démographique comme Thiès, Kaolack, Saint-Louis, Ziguinchor
et Mbour qui possèdent des effectifs largement supérieurs à 150 000 habitants. Ce groupe est suivi par les centres
urbains de plus de 50 000 habitants. C’est le cas de Diourbel, Louga, Tambacounda et Kolda. Le reste des villes
connaît une population moins importante mais qui croît aussi rapidement.
Avec la nouvelle vague de communalisation de certains gros villages intervenue ces dernières années au Sénégal,
on assiste à la promotion de la nouvelle petite ville : c’est le cas de Pout, de Kanel, de Marsassoum, de Thionck-
Essyl, Salikégné, Malem-Niani, etc.
Un coup d’œil rapide sur la répartition des hommes et des services laisse apparaître des disparités notoires. En
effet, le peuplement s’est fait en fonction de la localisation des infrastructures et/ou inversement. A l’ouest d’une
ligne imaginaire allant de Dagana au nord à Sédhiou au sud, se développe « un Sénégal utile » sur 1/4 du territoire
national avec la quasi-totalité des richesses en opposition à un « Sénégal à développement attardé » à l’est.
Avec une population urbaine de 2 466 362 habitants en 2009, Dakar et ses villes satellites (Pikine, Guédiawaye,
Rufisque et Bargny) concentrent presque 50% de la population urbaine du Sénégal. La ville se signale par des
phénomènes majeurs d’urbanisation : 96,7% d’urbains, une croissance de la population de l’ordre de 4%, plus
de 60% de la population âgée de moins de 25 ans, plus de 12 000 hts/Km², concentration de plus de 80% des
infrastructures et services, près de 1/5 de la population nationale, 2/3 des travailleurs. Sous l’effet de sa triple
vocation politique, administrative et économique, la capitale exerce encore son influence sur toute l’étendue du
territoire national.
L’accès à l’électricité est plus dominant à Dakar avec un taux de 80,3% des ménages contre 57% dans les autres
villes du pays. Dakar et son hinterland immédiat comptent près de 250 000 abonnés sur un total de 450 000 dans
l’ensemble du pays toute clientèle confondue soit une proportion d’environ 55% qui utilise 65% de l’énergie électrique
consommée au Sénégal8. La consommation d’énergie électrique pour la région de Dakar, s’élève à 149,16 Gwh
selon plusieurs types de consommation. Avec 102,84 Gwh, la consommation domestique est de loin la plus
importante. Le taux d’électrification de la région de Dakar a connu une évolution fulgurante avec une moyenne de
60%, alors que le niveau de couverture urbain national est de 55%9. L’électrification rurale a été confiée à l’ASER qui
approvisionne déjà 15 000 ménages.
Au chapitre des contraintes, la fourniture d’électricité dans le pays est marquée ces dernières années par une
irrégularité matérialisée par des coupures intempestives dans l’approvisionnement. La mise en marche de la station
de Kounoune et les multiples investissements au niveau des stations de Bel Air, Cap des Biches, Kahone, etc.
sont aujourd’hui obérés par la crise des hydrocarbures. Il est actuellement nécessaire d’opérer des réformes et
d’adopter de nouvelles politiques en matière d’énergie afin de satisfaire la demande de plus en plus croissante.
8 IAGU/ ONU HABITAT (2005) : Profil du secteur urbain au Sénégal Version provisoire
9 Schéma régional d’aménagement du territoire. Septembre 2004
La nouvelle politique de l’Etat sur les biocarburants pourrait être un début de réponse à ces sollicitations. En outre,
il y a les efforts de maintenance des centrales existantes, mais aussi et surtout, l’augmentation de leur capacité
de production et la modernisation des équipements.
Au niveau national, une grande majorité des ménages (85,4%) accède à une source d’eau pour boire à moins
d’un quart d’heure de leur domicile. Peu de ménages (4,2%) mettent une heure ou plus pour trouver de l’eau à
boire. Le temps mis pour s’approvisionner en eau est presque le même quel que soit le milieu de résidence. D’une
manière générale, il faut une consommation spécifique d’environ 25 litres/personne/jour contre une norme de 35
litres/personne/jour recommandée par l’OMS.
La région de Dakar est la mieux pourvue en AEP avec 90,7% des ménages utilisant le robinet. La proportion de
population à moins de 30 mns d’une source d’eau est de 99,1% pour Dakar et 96,9% en milieu urbain sénégalais
selon les données fournies par l’ESAM II. Toutefois, contrairement à ce que l’on peut observer concernant d’autres
services sociaux de base, les ruraux ne sont pas aussi défavorisés pour accéder à l’eau : si en ville 3 à 4% des
ménages ne peuvent obtenir de l’eau qu’après une heure ou plus de marche, en milieu rural, cette proportion est
comparable (5,3%)10. Ces performances sont le résultat de multiples actions révélatrices telles que :
- renforcement et amélioration de points d’eau dans les régions de Diourbel, Fatick et Kaolack ;
- réalisation de stations de traitement autonomes et d’adduction d’eau pour les populations du fleuve
Sénégal, le long des axes hydrauliques du Gorom Lampsar ;
- réalisation de champ captant (batteries de forage) et transferts d’eau pour les localités de l’axe
Ndiosmone-Palmarin où les eaux souterraines sont fortement salées et/ou chargées de fluor ;
- amélioration de la desserte en eau potable à Louga, Ziguinchor et Kolda par la réhabilitation et la
construction de nouveaux forages, de châteaux d’eau et réseaux de distribution et organisation de la
gestion par la mise sur pied d’ASUFOR ;
- amélioration durable de la desserte et de la qualité de l’eau potable dans les régions de Saint-Louis,
Matam, Thiès, Tambacounda et Louga par la réalisation de systèmes d’alimentation en eau potable
reposant sur des systèmes de pompage solaire photovoltaïque dans le cadre du Programme Régional
Solaire (PRS).
En matière d’assainissement urbain, le taux d’accès en fin 2007 était à près de 64%. A Dakar, 64% des ménages
ont accès à l’assainissement, dont 25% d’assainissement collectif ; alors que les autres centres assainis (Thiès,
Saint-Louis, Kaolack, Louga et zone hôtelière de Saly) ne font que 39% dont 4% d’assainissement collectif. Quant
aux autres centres urbains, le taux de couverture y est de 39%, essentiellement composé d’assainissement
autonome. Le taux de traitement des eaux usées est passé de 30,7% à 31%, ce qui est conforme aux objectifs.
Quant au taux de dépollution, il n’est que de 18%.
L’assainissement est encore peu développé en milieu rural. En 2004, 26,2% des ménages y disposaient de l’un
des systèmes d’évacuation des excrétas et des eaux usées. L’utilisation de systèmes d’évacuation des eaux usées
ménagères est quasiment inexistante. Cependant, des efforts d’amélioration du service ont porté le taux de
couverture à 26,8% en 2007 et 27,5% en 2008.
10 ESPS, 2007
2.2.2 Contraintes
Les besoins en eau potable ne sont pas encore entièrement satisfaits comme en témoigne le déficit (100.000 m3
/ jour en période moyenne et 162 000 m3 / jour en période de pointe). La pénurie est aggravée par l’augmentation
de la demande et des quotas maraîchers qui passent de 7% à 9,4%.
Notons que des facteurs structurels et organisationnels font peser un risque sur la pérennité des acquis et
constituent des handicaps majeurs pour l’extension de la couverture de l’accès notamment en milieu rural. Il s’agit
de l’environnement institutionnel et réglementaire qui n’est plus adapté au contexte actuel, mais aussi de
l’insuffisance des moyens et de l’organisation interne des services techniques de l’Etat. Cela limite l’augmentation
de la capacité d’absorption du sous-secteur.
Aujourd’hui, la gestion des forages motorisés reste fragile en dépit des bons résultats de la réforme de la gestion
des forages motorisés (REGEFOR) et des risques importants de rupture de la continuité du service continuent
d’exister. Le suivi-évaluation du secteur, outil indispensable tant pour la planification que pour la mesure des
impacts, est embryonnaire et l’âge moyen des ouvrages de captage, dont 10% ont plus de 30 ans, constitue un
point de préoccupation majeure. Enfin, les capacités des entreprises de construction et de réhabilitation de forages
sont insuffisantes.
La faiblesse de la couverture territoriale des réseaux d'égout et du taux de raccordement est fortement accentuée
par l'insécurité foncière qui résulte de l'habitat irrégulier et le coût élevé des branchements à l'égout. Les installations
existantes sont, pour la plupart, défectueuses et inadaptées aux modes d’établissements humains. Certains
quartiers sont envahis par les eaux usées, d’autres sont régulièrement inondés pendant l’hivernage. Le réseau est
en permanence envahi par les ordures et des objets solides qui créent des obstructions rendant ainsi difficile
l’écoulement des effluents vers les exutoires. Ces effluents vont alors s’épandre hors des réseaux et polluent le
milieu naturel.
La population poussée par des besoins incontinents recourt aux terrains vacants, aux canaux à ciel ouvert, aux
abords de mer ou de rivière, voire aux jardins publics, au risque de s’exposer au péril fécal. Par ailleurs, les eaux
souterraines sont contaminées par les latrines et les fosses septiques pour les zones où la nappe phréatique est
sub-affleurante (cas de certains quartiers de Dakar localisés à proximité des Niayes) ; les rigoles et canaux de
drainage sont remplis d’ordures; et les réservoirs d’eau de surface tels que les lacs, ruisseaux, rivières (cas de la
zone des Niayes) et les baies proches sont fortement pollués (la baie de Hann constitue un cas très illustratif).
Source : Projet Stratégie de Développement Urbain du Grand Dakar : Diagnostic Territorial – Rapport
consolidé, juin 2007
Le PEPAM constitue le cadre programmatique global dans lequel l'ensemble des interventions réalisées au Sénégal
doivent à l'avenir s'inscrire, en vue de contribuer à l'atteinte des objectifs nationaux fixés pour 2015, soit : pour
l'eau potable, l'universalité de l'accès en milieu urbain et un taux d'accès de 82% en milieu rural. Pour
l'assainissement, un taux d'accès de 78% en milieu urbain et de 59% en milieu rural.
Pour la stratégie en milieu urbain, il y a quatre axes :
En milieu rural, un volume d’investissements de 155 milliards de F CFA de 2005 à 2015 est nécessaire avec une
prise en compte des besoins de la population et du cheptel. En milieu urbain, le programme d’investissements
représente un coût estimatif de 112,4 Milliards de francs CFA de 2005-2015 et prévoit la réalisation de 181 000
branchements dont 82 400 sociaux, l’extension de la production, l’extension et le renforcement du réseau, le
renouvellement de branchements, de canalisations et de compteurs.
Le secteur de la santé connaît aussi des difficultés. Les structures de santé participent de manière significative à
la couverture sanitaire des populations mais leur coût de prestation dépasse les capacités financières de plusieurs
ménages11. En plus, entre dépenses de fonctionnement et d’investissement, les structures de santé ont parfois
du mal à trouver l’équilibre pour ajuster l’offre à la demande de service. Cependant, une réforme est en gestation
pour stabiliser et améliorer les situations financières.
Les résultats de l’ESPS en 2007 montrent que seuls 43,9% des ménages résident à moins d’un quart d’heure de
la structure de santé qui leur est la plus proche. Toutefois, il semble aussi que la facilité d’accès s’est légèrement
améliorée dans le temps : en 2001-2002, cette proportion était de 39,5%, soit une hausse de plus de 4,4 points
de pourcentage. Mais cette relative facilité d’accès est variable selon le milieu de résidence : de plus de 50% à
Dakar et dans les autres villes, cette proportion est tombée à 34,7% en milieu rural. Il demeure que c’est seulement
en milieu rural qu’il reste une proportion non négligeable de personnes encore très éloignées des structures
sanitaires : près de 40% des ménages ruraux sont à une heure ou plus de marche contre une proportion négligeable
de 1 à 2% dans les villes.
En 2008, les 69 districts sanitaires que compte le Sénégal sont inégalement répartis selon les régions (figure 35).
La taille moyenne des districts sanitaires est de 168 342 habitants. Les territoires de santé sont hétérogènes en
matière de population couverte : douze (12) districts comptent au moins 200 000 habitants, 42 ont au moins 100
000 habitants et 15 moins de 100 000 habitants. Le plus petit district sanitaire se situe dans la région de Kédougou
avec 39 640 habitants et le plus grand dans la région de Diourbel avec 329 827 habitants. Quant à la superficie
moyenne des districts sanitaires par région, la plus petite et la plus grande se trouve respectivement dans la région
de Dakar et de Tambacounda (68 km2 et 8 529km2).
La situation actuelle du Sénégal, en termes de couverture en personnel de santé, est satisfaisante si on la compare
avec les normes internationales. La désagrégation du ratio au niveau régional montre cependant que la situation
est encore très loin d’être générale.
Seules les régions de Dakar et Ziguinchor ont satisfait les normes si on compare leurs ratios de couverture à ceux
préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le taux de couverture en consultations primaires
curatives est de 44,6%, alors que l’objectif fixé était de 56% dans le DSRP.
11 El Housseynou Ly et all (2001) : Décentralisation des services de Santé au Sénégal. RRPS, CRDI
la logistique (chaîne de froid et matériel roulant), le renforcement de l’équipement des laboratoires et la gratuité
des soins au profit des groupes vulnérables (plan sésame, césariennes, gratuité ARV, tuberculose, etc.).
D’autres mesures en appellent à des dispositions urgentes pour le respect de la réglementation sur les prix des
médicaments, au renforcement des capacités d’intervention du Service National de l’Hygiène dans ses missions,
y compris la surveillance de la qualité de l’eau ainsi qu’au développement des options de stratégie d’extension de
l’assurance maladie dont le potentiel de couverture devra faciliter l’atteinte de l’objectif de 50% en 2015.
La part de la santé dans le budget, qui était de 10,4% en 2007, mérite d’être maintenue voire augmentée pour
faciliter aux populations l’accès aux soins de santé de base tant la demande est forte en matière d’infrastructures
et de personnel de santé que de soins curatifs et préventifs.
Il y a une interaction directe entre la détérioration du cadre de vie, les problèmes liés au développement de l’habitat
spontané et des taudis, le taux élevé de la croissance démographique et urbaine avec la dégradation des ressources
naturelles et de l’environnement. En outre, le tissu urbain de la plupart des villes sénégalaises est caractérisé par la
persistance des zones insalubres et non aedificandi. Ces zones représentent dans beaucoup de grandes villes du
pays, environ 30 à 40% de l’espace occupé. Elles concentrent une proportion importante de population dont la
plupart proviennent des zones rurales très éprouvées ces dernières années par les cycles répétés de sécheresse
et d’autres catastrophes naturelles.
L’étude réalisée en 2005 par l’ADM dans le cadre du Programme de Renforcement et d’Equipement des
Collectivités Locales (PRECOL) montre que les communes sont sur des sites exposés, vulnérables à des risques
naturels par :
On note, par ailleurs, une insuffisance de l’investissement consenti pour améliorer le cadre de vie et les moyens
d’existence en milieu rural et périurbain. L’occupation anarchique des terrains non viabilisés ou impropres à la
construction par les citadins pressés de trouver un terrain à bâtir exposent des quartiers entiers (comme ceux de Saint-
Louis, Dakar, Pikine, Rufisque, Fatick, Kaolack, Bambey, Ziguinchor, etc.) aux risques d’inondation entraînés par le
mauvais drainage des eaux pluviales. Par exemple, dans la seule agglomération dakaroise (villes de Pikine et de
Guédiawaye) environ 2 000 ha sont constitués de zones non loties et insalubres. Dans ces villes, on estime qu’un
habitant sur trois réside dans une zone irrégulière non lotie.
Superficie Superficie % Nb
Nom CA Arrondissement Département
CA Inondée Inondé Concessions
Golf Sud Guediawaye Guediawaye 4,29 0,22 5 53
Medina Gounass Guediawaye Guediawaye 0,98 0,17 18 605
Ndiareme Limamoulaye Guediawaye Guediawaye 1,34 0,00 0 0
Sam Notaire Guediawaye Guediawaye 2,82 0,19 7 44
Wakhinane Nimzatt Guediawaye Guediawaye 3,44 0,18 5 478
Keur Massar Niayes Pikine 21,15 2,43 11 3 924
Malika Niayes Pikine 8,90 0,38 4 119
Yeumbeul Nord Niayes Pikine 8,10 1,11 14 2 041
Yeumbeul Sud Niayes Pikine 2,37 0,30 13 1 284
Daliford Pikine-Dagoudane Pikine 3,04 0,68 23 1 152
Djidah Thiaroye Kaw Pikine-Dagoudane Pikine 1,79 0,43 24 1 293
Guinaw Rail Nord Pikine-Dagoudane Pikine 0,68 0,21 31 779
Guinaw Rail Sud Pikine-Dagoudane Pikine 1,28 0,37 29 667
Pikine Est Pikine-Dagoudane Pikine 0,97 0,06 6 207
Pikine Nord Pikine-Dagoudane Pikine 1,34 0,08 6 60
Pikine Ouest Pikine-Dagoudane Pikine 5,66 1,31 23 9
Diamaguene Sicap Mbao Thiaroye Pikine 7,26 1,62 22 3 900
Mbao Thiaroye Pikine 17,22 1,34 8 1 939
Thiaroye Gare Thiaroye Pikine 1,63 0,18 11 252
Thiaroye sur Mer Thiaroye Pikine 3,65 0,62 17 814
Tivaouane Diaksao Thiaroye Pikine 1,15 0,19 17 612
A cela, s’ajoutent les villages anciens de la région de Dakar caractérisés par la promiscuité, la faiblesse des
équipements et l’inexistence de titres d’occupation pour les habitants, entraînant ainsi une prolifération des
constructions non autorisées. Le secteur de l’habitat et de la construction est, en effet, caractérisé par l’anarchie
qui y règne surtout au niveau de l’auto construction. C’est d’ailleurs, cette situation qui a été à la base de certaines
catastrophes relatives aux effondrements de bâtiments ou des menaces de ruine, mais également, des inondations,
la phagocytation d’unités industrielles par des zones d’habitat... Pour y faire face, en plus du code de l’urbanisme
adopté en 2007, un code de la construction est en cours d’adoption afin d’apporter plus de sécurité dans la
construction des bâtiments.
En outre, il y a de sérieux déficits en matière d’équipements collectifs (marchés, aires de sport, etc.) et
d’aménagements paysagers (espaces verts, jardins publics, etc.). Les rues, comme les marchés, sont caractérisés
par des occupations et transformations anarchiques qui entretiennent un niveau élevé d’insécurité et affectent
l’esthétique du cadre de vie.
En matière d’habitat rural, on note une inadaptation au contexte climatique et une prépondérance de la case comme
forme traditionnelle d’habitation avec des matériaux tirés presque exclusivement de la nature. Les programmes
d’amélioration de l’habitat rural sont le fait d’ONGs comme le PACTE et de programmes comme ceux initiés par
l’ANRAC12. La plupart des actions entreprises sont localisées en Casamance.
Au plan institutionnel, le secteur de l’habitat et de l’urbanisme a connu depuis sa réunification en 2007 une stabilité.
Ainsi, un environnement favorable pour la mise en œuvre des programmes et projets est créé.
Par ailleurs, le Ministère chargé de l’Urbanisme et de l’Habitat est retenu cette année pour démarrer un programme
« Cadre de Dépenses Sectoriel à Moyen et long Terme (CDSMT) ». En outre, la lettre de politique du secteur qui
constitue le premier palier pour la mise en place du CDSMT, est au stade de préparation des termes de référence.
- code de l’Urbanisme dont la partie législative est approuvée et la partie réglementaire dans le circuit
d’approbation ;
- code de l’assainissement en cours d’adoption ;
- code de la construction en préparation.
3.2.2 Stratégies
3.2.2.1 La restructuration et la régularisation foncières
Les opérations de restructuration et de régularisation foncières ont pour objectif global d’améliorer le cadre de vie
d’une tranche significative de citadins vivant dans une précarité totale et dans la promiscuité, privés d’accès aux
services de base (alimentation en eau potable, assainissement, soins sanitaires, etc.) en leur octroyant un droit
légal et durable. Ainsi, furent institués le Fonds de Restructuration et de Régularisation Foncières (FORREF), la
Fondation Droit à la Ville (FDV) avec plusieurs mesures institutionnelles13 dont l’élargissement des missions de la
Direction de l’Urbanisme et de l’Architecture (DUA).
a. Situation de référence
Perspectives 2015
Ce programme national permettra de sortir des zones insalubres et impropres à l’habitation (taudis), au moins 394
500 personnes d’ici à 2015 ; ceci pour un coût global d’environ 58,388 milliards de FCFA.
Dans la région de Dakar, l’habitat spontané est très ancré dans les départements de Pikine et de Rufisque, ainsi
que dans les villages anciens de Ouakam, Yoff et Ngor. Ces zones sont généralement des cuvettes (niayes) ou
des habitats devenus surpeuplés (Cités collectives de Baobab, Karack et Rue 10). Le taux d’irrégularité dans
l’ensemble de la région est estimé en moyenne à 21,76% avec respectivement 12,98% pour le département de
Dakar, 42,42% pour le département de Pikine et 9,57% pour le département de Rufisque. La restructuration
permettra la mise en place d’infrastructures aptes à améliorer la salubrité et la santé publique.
Dans les villes de l’intérieur (tableau 24), le programme de restructuration concerne des villes comme Kolda et
Kaolack avec leurs zones impropres à l’habitat et d’autres comme Tambacounda, Thiès et Tivaouane qui
comportent beaucoup de quartiers d’habitat spontané.
Au Sénégal, les villes à forte croissance se signalent par la prolifération des quartiers spontanés irréguliers souvent
caractérisés par le sous-équipement chronique, l’insalubrité, la promiscuité et le dénuement des populations qui
y vivent. Pour y remédier, l’Etat a opté pour l’anticipation sur les extensions urbaines à travers la procédure des «
Zones d’Aménagement Concerté » (ZAC) où un organisme délégué intervient pour la production de parcelles
viabilisées.
Après une phase pilote de 10 ans dans le cadre du Projet « Appui à la Décentralisation et au Développement
Urbain au Sénégal » (PADDUS), la procédure ZAC est entrée dans sa phase opératoire à Dakar. Ce projet teste la
production de 12 000 logements entièrement viabilisés sur 300 ha pour une population d’environ 120 000
personnes et des ressources financières à hauteur de 6,9 milliards FCFA.
Les mesures adoptées n’ont pas permis de résoudre de manière structurelle la question du logement pour le plus
grand nombre et notamment les moins nantis. En effet, la demande globale en logements demeure insatisfaite,
générant par la même occasion une forte tendance à l’occupation spontanée et irrégulière d’espaces constructibles
ou non. C’est cette tendance lourde qu’il est aujourd’hui question de renverser par l’extension à outrance du
programme.
Aujourd’hui, un grand programme de ZAC (tableau 25) continue son cours sur l’initiative du Ministère en charge
de l’Urbanisme et l’Habitat, dans la banlieue de Dakar (Diamniadio) et dans beaucoup de villes à l’intérieur du
pays. Ce programme ambitionne d’aménager environ 4.400 hectares pour produire 92.500 unités logements ; ce
qui devrait satisfaire les besoins d’une population estimée à environ 485.000 habitants avec une enveloppe globale
d’environ 56,362 milliards FCFA d’ici 2015.
L’objectif de sortir les 70% de sénégalais vivant dans des taudis d’ici à 2015 (tableaux 26 et 27), soit 735750
personnes, et aménager environ 4 400 hectares, nécessitera un investissement estimé à environ 63,304
milliards de francs CFA.
Plus connu sous le nom de Plan « Jaxaay », ce projet a vu le jour suite aux inondations intervenues lors de la
saison des pluies de 2005 pour sortir les populations de la banlieue dakaroise (Pikine et Guédiawaye) des zones
inondées et de les reloger sur un site assaini à Keur Massar. Ce projet concerne un programme de construction
de 3000 logements sociaux à Keur Massar pour le relogement des sinistrés. Une autre composante du projet est
aussi la revitalisation des bassins et la réalisation d’ouvrages hydrauliques pour lutter contre les inondations. Ce
projet a été étendu sur l’ensemble du territoire national, compte tenu des nombreux problèmes d’inondations
récurrents dans les régions notamment Saint-Louis et Thiès. En termes de réalisations, la situation se présente
comme suit :
a) Région de Dakar
- 189 logements sociaux à Keur Massar contre 298 logements prévus en 2008. Cependant le cumul des
logements construits par le projet jusqu’en fin 2008 est de 1528 unités sur une prévision initiale de 3000
logements. Le taux de réalisation avoisine 51%.
- Réalisation d’équipements collectifs dont deux écoles élémentaires, un poste de police entièrement terminé
et l’hôtel de police en cours de construction et réalisé à hauteur de 33%. Par ailleurs, 15 bornes fontaines
ont été installées dans la cité Jaxaay et 1 196 branchements en eau sont effectifs. Un centre de santé de
référence est en cours de réalisation.
- Elaboration d’un dossier d’avant projet de lotissement, des études topographiques, d’électrification,
d’assainissement et de voirie ont été aussi menées sur le site de Tivaouane Peulh.
b) Région de Thiès : des études de sols, d’adduction d’eau et d’électrification ont été entamées sur le
site du projet à Joal Fadiouth.
c) Région de Saint-Louis : les travaux de terrassement ont été exécutés à hauteur de 66% dans le
cadre du projet de réalisation de 100 logements.
Suite au succès connu par le plan « Jaxaay » dans son volet accès au logement, le Président de la République a
donné des instructions au Ministre chargé de l’habitat pour préparer et mettre en œuvre un vaste programme de
construction de logements sociaux dénommé « une famille, un toit ».
La stratégie du projet est de mettre en place un foncier viabilisé à la disposition des promoteurs agréés par le
programme afin qu’ils construisent des logements dont les prix seront négociés avec l’Etat. L’objectif de ce
programme est de produire 10 000 logements sociaux par an sur 10 ans. Ce programme comporte plusieurs
volets, à savoir : recensement des acquéreurs potentiels de logement (base de données), recherche de sites,
aménagement et viabilisation, construction des logements et des équipements collectifs, commercialisation des
logements, communication, information, formation.
Actuellement, le programme a recensé prés de 8 000 demandes de logements au niveau de la base de données
de la Direction de l’Habitat (DH). Par ailleurs, les promoteurs aussi bien nationaux qu’étrangers ont saisi la DH
pour des propositions de projet de construction de logements.
Il faut souligner que le foncier et le budget d’investissement et de fonctionnement ne sont pas encore mis à la
disposition de la Direction de l’Habitat qui pilote ce programme.
Des espaces verts et collectifs sont parfois prévus dans la planification des établissements humains et les
extensions, mais on assiste malheureusement bien souvent à leur changement de vocation pour le compte des
équipements cultuels. En outre, il faut remarquer que les programmes de restauration urbaine pour des sites de
haute valeur culturelle ou historiques sont très timides à existants.
177
Rapport sur l’état de l’environnement au Sénégal
La gestion des déchets et les pollutions/nuisances est un défi majeur pour les établissements humains qui, dans
leur grande majorité, sont confrontés à une forte croissance de la population, mal maîtrisée et à une évolution des
modes de consommation. Ceux-ci se traduisent par une augmentation des volumes de déchets et par une plus
forte proportion de déchets de type nouveau (déchets plastiques, métalliques, e-déchets) dans un contexte de
pénurie de moyens humains, techniques et financiers.
La caractérisation des déchets au Sénégal donne la composition suivante en moyenne: déchets organiques (43%),
matières plastiques (18%), papiers et cartons (13%), textiles (8%), métaux (4 %), etc. L’ampleur du «péril plastique»
est à la mesure de l’utilisation à grande échelle dont il fait l’objet. Au-delà de leur aspect visiblement polluant, les
sachets plastiques, déposés anarchiquement dans la nature après utilisation, posent un vrai problème
environnemental. Ils provoquent une dégradation aussi bien du paysage urbain que rural tout en dénaturant
l’esthétique des territoires. En mer, les sachets plastiques constituent 60 à 75% des pollutions menaçant
sérieusement la faune et la flore marines.
Ces dernières décennies, diverses actions ont été menées pour résoudre les problèmes des déchets et de
l’insalubrité dans nos villes. Cependant, les moyens, les méthodes et les stratégies mis en œuvre ont connu des
limites dans le temps et dans l’espace. Les nombreuses opérations de nettoiement mettant à contribution les
différents acteurs n’ont pas pu résoudre de manière satisfaisante la collecte et le traitement des déchets, d’où
l’anarchie souvent constatée dans le dépôt des déchets qui est source de nuisances et de pollutions diverses.
Les dépôts sauvages subsistent et tendent à augmenter avec les habitudes des populations à déverser les déchets
sans discernement, soit à la périphérie des quartiers, soit sur les berges des cours d’eau (à l’instar de la ville de
Matam), servant parfois de mode de remblai dans les zones inondables. La photo 7 illustre bien le déversement
des déchets sur les berges du fleuve Sénégal, sur le quai de Matam.
Le risque est d’autant plus grand que ces décharges reçoivent tous les types de déchets : ménagers, industriels
et même hospitaliers. Ces types de déchets sont retrouvés en général tout le long de la filière, depuis la collecte
jusqu’aux lieux de rejets (décharges).
En termes d’élimination, nous constatons dans les localités l’existence d’un Centre d’Enfouissement Technique
(CET) à Sindia, d’une décharge contrôlée à Saint-Louis et à Joal.
Une étude de la caractérisation des déchets solides de Dakar menée par le Bureau EDE (Environnement–Déchets–
Eau) en 2003 et commanditée par le groupe ALCYON a donné les résultats contenus dans le tableau ci-dessous :
Papiers et cartons Papier journal, papier de consommation, papier d’emballage et carton de toute nature 13,30
Métaux ferreux Boîte de conserve, vieux ustensiles, rebuts de forages, fourneaux malgaches usagés 3,22
Métaux non ferreux Principalement des boîtes de conserve ou de boisson en aluminium 0,50
Autres plastiques Bouteilles en plastique, vieux ustensiles en plastiques, sandalettes usagées… 3,85
Autres - 2,08
TOTAL 100
A la lecture du tableau, ci-dessus, on constate qu’il existe une grande proportion de déchets organiques (près de
44%), suivie de papiers et de cartons qui occupent une part de près de 13,5% des déchets. Ce qui montre que
les déchets contiennent une valeur importante de matières fermentescibles.
Au Sénégal, seuls moins de 22% des ménages bénéficient d’un ramassage public ou privé. En milieu urbain, 47%
des ménages ont accès à un système de collecte des ordures contre 2,1% en milieu rural14. Le système de
collecte des ordures ménagères est de plus en plus assuré par les privés et ne concerne que la région de Dakar.
Dans les autres régions et dans les autres quartiers de Dakar non pourvus de système de collecte, les ordures
sont jetées à même le sol, à proximité des maisons, dans les décharges sauvages ou dans les caniveaux destinés
à évacuer les eaux de ruissellement.
La gestion des ordures ménagères est un casse-tête pour les communes qui peinent à trouver une solution durable
du fait que le TEOM15 est donc très loin de couvrir les dépenses engagées pour l’enlèvement des déchets,
lesquelles ne prenant pas toujours en compte les coûts de pré-collecte. La TEOM recouvrable représenterait
environ 10 % des dépenses engagées par les communes pour l’enlèvement et le traitement des déchets, qui sont
déjà largement insuffisantes pour assurer complètement le service puisque le taux de couverture moyen sur ces
villes est de 40 %.
Soulever le problème de l’environnement à Dakar, exige qu’on intègre obligatoirement la décharge publique de
Mbeubeuss. Situé à environ 27 km de la ville de Dakar, la décharge de Mbeubeuss, qui reçoit des ordures depuis
plus de 25 ans, couvre une superficie de 5 km². En 1992, elle recevait 2 800 m³/j d’ordures dont 92,8% proviennent
des ménages, 6% des industries et 1,2 % des hôpitaux.
La décharge de Mbeubeuss accueille la totalité des déchets solides ménagers et industriels produits dans la région
de Dakar, soit 475 000 tonnes par an réparties ainsi : 92.8% provenant des ménages, 6% des industries et 1.2%
des hôpitaux. L’expansion de la décharge qui occupe actuellement plus de 175 ha de terres (réf. Études Econoler
/ BPR / Ville de Dakar, IVD 2004 / 2005) pose donc le problème du développement spatial de la commune
d’arrondissement de Malika dans la ville de Pikine et de toute la région de Dakar.
L’étude réalisée par l’IAGU à Diamalaye (Malika) donne les résultats cités dans l’encadré n°23.
Source : Proposition de projet : Analyse des impacts et amélioration des conditions de vie des populations
et de l’environnement de Diamalaye (Malika). Ce projet financé par le Centre de Recherches pour le
Développement International (CRDI) se rattache à l’ensemble des activités de l’initiative Villes Ciblées (IRVC)
qui se distribue en Afrique, en Asie et en Amérique Latine du programme Pauvreté Urbaine et Environnement
(PURE).
15 Etude et travaux : la gestion des ordures ménagères dans les villes secondaires du Sénégal, Editions du GRET
Les déchets biomédicaux font partie des déchets dangereux identifiés par la Convention de Bâle. Selon l’IAGU,
les structures sanitaires présentent peu d’installations de traitement de ces déchets biomédicaux. Le manque de
formation du personnel sur la gestion des déchets est couramment constaté, ce qui est de nature à exposer tous
les acteurs internes et externes à des risques d’infection. Par ailleurs, en ce qui concerne l’environnement, les
pratiques d’incinération sont souvent productrices de dioxine, de mercure quand la combustion est incomplète.
La ville capitale polarise la plupart des installations de santé de la région, voire du pays (UN-Habitat, 2004). Selon
une estimation de la quantité de déchets biomédicaux produite par année (SRSD, 2006), les hôpitaux et les
cliniques sont les plus grandes sources de déchets biomédicaux et produisent respectivement 434 kg/jour et 205
kg/jour.
A cet égard, le Sénégal, signataire de la convention de Stockholm se doit de réduire toute forme de rejet de ces
substances dans l’environnement conformément à l’article 5 de ladite convention et de l’annexe C. Sur le plan
réglementaire, un grand vide est à noter dans la gestion des déchets biomédicaux ; ce qui suppose la nécessité
de compléter le code de l’environnement mais aussi le code de l’hygiène.
Pour améliorer la gestion des déchets biomédicaux, des initiatives sont mises en œuvre. Le Projet “Démonstration
et Promotion des Bonnes Techniques et Pratiques en matière de Gestion des Déchets Biomédicaux pour Réduire
ou Eviter les Rejets de Dioxine et de Mercure dans l’Environnement” entre dans ce cadre. Il constitue un moyen
important pour parvenir à mieux gérer les déchets biomédicaux à travers des technologies propres, de
renforcement de capacités, par la formation sur les bonnes pratiques de gestion des déchets biomédicaux mais
surtout par la création d’une synergie de l’ensemble des intervenants dans la filière de ces déchets.
L’objectif du Projet de la DEEC relatif au module “déchets” dans le cadre du mécanisme pour un développement
propre (MDP) est de capter le méthane émis dans l’atmosphère au niveau de la décharge de Mbeubeuss et de le
détruire, soit par torchage (combustion à l’air libre, avec production de CO2) ou par un brûlage combiné avec de
la production d’énergie électrique qui peut être vendue à la SENELEC pour être injectée dans son réseau. Cette
activité sera accompagnée d’une meilleure gestion de l’environnement au niveau de la décharge afin d'optimiser
les aménagements pour la production du biogaz.
Les crédits d’émissions issus de ce projet permettront non seulement au Sénégal de participer concrètement à l’effort
global de lutte contre les changements climatiques, mais également vont générer des revenus pour des
investissements sociaux au profit des communautés riveraines de la décharge. Les populations locales seront donc
les bénéficiaires directs de ce projet d’évitement des émissions de GES.
Pour la réduction de la pollution par les sachets plastiques, le Ministère en charge de l’Environnement prépare un
décret interdisant les sachets de mauvaise qualité à utilisation unique pour les substituer aux sachets de qualité
supérieure, réutilisables comme c’est le cas en Afrique du Sud et au Kenya.
La dégradation de la qualité de l’air est un des problèmes majeurs d’environnement urbain à Dakar. La ville de
Dakar concentre 70% du parc automobile sénégalais et plus de 90% du total des industries sur le territoire national.
La densité au km² est de près de six entreprises industrielles, pour des moyennes régionales d’une entreprise au
km² et quasi nulle au niveau national16.
Les risques industriels à Dakar sont accrus par l’accroissement démographique de la ville qui a pour corollaire
l’expansion de “quartiers irréguliers” aux abords des aires industrielles, et par l’augmentation de la complexité des
activités industrielles (plus grand volume et diversification des activités). La présence d’industries vieillissantes à
proximité de certains quartiers résidentiels de Dakar soulève des risques importants d’accidents industriels17. Les
principaux risques d’accidents industriels à Dakar sont reliés aux feux et explosions, aux accidents routiers et
ferroviaires, à la perte de substances dangereuses sur les routes principales, aux fuites de gaz et aux émissions
de vapeurs et de gaz toxiques (CSE, 2002).
Les ressources et équipements pour combattre des feux de grande ampleur sont nettement insuffisants. La zone
Potou-Bel-Air et la Baie de Hann, où sont localisés la plupart des dépôts pétroliers, ne sont pas suffisamment
équipées en matière de bornes d’incendie (IAGU-CUD-CNUEH-PGU, 1996).
Les impacts d’un accident industriel sont accrus par l’absence de périmètres de sécurité, le non-respect des
normes de manipulations et de transport de produits chimiques et d’hydrocarbures, l’absence d’études de danger
relatives à chaque établissement classé, le manque d’opérationnalité de l’organisation des secours, la vétusté des
équipements industriels et l’insécurité au travail.
Concernant la pollution de l’air, les données existantes montrent que le trafic automobile est largement responsable
du niveau de la qualité de l’air dans la région de Dakar. Par ailleurs, parmi les polluants atmosphériques incriminés,
le danger semble plus important pour les particules (PM10)18. Les teneurs en particules dans l’air ambiant à Dakar
dépassent les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé 19.
Notons qu’au niveau international, il est aujourd’hui reconnu que ces particules ont un effet néfaste sur la santé
publique, et augmentent en milieu urbain la prévalence de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les maladies
respiratoires sont la cinquième cause de morbidité pour la région de Dakar soit 38 755 cas notifiés (4.3%). Le
risque est plus élevé chez les populations les plus exposées (conducteurs de poids lourds, d’engins de chantier,
policiers de la circulation, marchands ambulants, etc.) et les plus vulnérables (personnes déjà malades et enfants).
Parmi ces particules, les plus fines en termes de diamètre aérodynamique, ont la capacité de traverser les poumons
et de contaminer le sang. Elles peuvent également adsorber sur leur surface certains composés pouvant être à
l’origine d’allergies et de cancers.
La région de Dakar présente une certaine particularité liée à la météorologie. En effet, toutes les particules émises
ne proviennent pas des sources de combustion (véhicules, décharges sauvages, industries, etc), mais sont
transportés par les vents du désert et les embruns marins.
Par ailleurs, les émissions de monoxyde de carbone (CO) issues d’une combustion incomplète liée aux
embouteillages dans les rues de Dakar sont aussi une menace pour la santé des populations.
Soulignons aussi que le phénomène d’inversion de température qu’on note à peu près à 500 m dans l’atmosphère
à Dakar, bloque la diffusion verticale des polluants atmosphériques et favorise leur retombée en surface.
17 Plusieurs accidents industriels ont eu lieu au cours des dernières années à Dakar, dont le plus meurtrier était l’explosion en
1992 d’un chargement d’arsenic transporté par camion qui s’est soldé par 140 morts.
18 Particule de diamètre aérodynamique inférieur à 10 μm
19 Bjarne SIVERTSEN (NILU), Diffusion de l’Information et rapport sur la qualité de l’air, DEEC, 2006
Au-delà de l’aspect sanitaire, la pollution de l’air à Dakar a un impact négatif important sur le plan socio-
économique. En effet, déjà en 1999, le coût social lié à cette externalité négative était estimé à 65 milliards FCFA
par an20.
Afin de mieux maîtriser les différentes sources de pollution de l’air dans le but d’aider à la bonne décision et
d’atténuer les impacts sanitaires liés à ce phénomène, l’Etat a renforcé le cadre juridique existant et est en phase
de mettre en place un outil technique moderne pour la surveillance de la qualité de l’air à Dakar.
En effet, au plan juridique, les normes NS 05-060 et NS 05-062, respectivement sur la pollution automobile et sur
la pollution atmosphérique fixent des valeurs limites de rejets pour les industries et les véhicules. Aussi, le code de
la route et son décret d’application intègrent-ils la qualité des rejets des véhicules. Dans le même ordre d’idées,
des mesures ont été prises pour améliorer la qualité du carburant, notamment par l’élimination du plomb dans
l’essence et la réduction de la teneur en soufre dans le gasoil.
Il est également important de noter, que certains grands projets de l’Etat ont d’une manière indirecte un impact
positif sur la qualité de l’air, notamment le Programme d’Amélioration de la Mobilité Urbaine.
20 Banque Mondiale, Etude sur la qualité de l’air en milieu urbain à Dakar et à Ouagadougou, 1999
Les données collectées sont traitées et stockées dans une base de données au niveau du laboratoire central.
Grâce à des outils du CGQA, elles seront analysées et une évaluation de la qualité de l’air pourra être faite à
l’échelle de la région de Dakar.
Le réseau de stations fixes sera renforcé par un camion laboratoire (voir photo dans l’encadré n°24) équipé des
mêmes types de capteurs et d’analyseurs de gaz polluants (SO2, CO, NOx, O3, PM), mais aussi d’un mât météo.
Les mesures effectuées avec le camion permettent d’affiner l’état de la pollution dans des endroits spécifiques où
il n’existe pas de station.
Les résultats issus de l’évaluation de la qualité de l’air sont portés à la connaissance du public quotidiennement
de manière à les informer et les sensibiliser sur les mesures subséquentes que le Ministère en charge de
l’Environnement prendra, pour faire face aux niveaux élevés de pollution. Plus tard, le CGQA évoluera vers une
couverture nationale et servira d’Observatoire, avec une participation plus accrue d’autres institutions sous forme
de Conseil.
Au Sénégal, un certain nombre de produits chimiques sont utilisés, à hauteur d’un coût global de 121.1 milliards
de FCFA dont les grandes catégories selon le Profil national sur la gestion des produits chimiques (Décembre
2002) sont les suivantes :
- les pesticides utilisés dans l’agriculture comme intrants agricoles (engrais) : 220 000 tonnes par an ;
- les produits utilisés en santé publique comme désinfectants et/ou médicaments : 20 000 litres et 100 tonnes
par an ;
- les produits pétroliers 1 000 000 tonnes par an ;
- les produits chimiques industriels utilisés dans les établissements de fabrication/ transformation comme
matières premières et/ou produits finis: 1 000 000 tonnes par an ;
- les autres produits chimiques (utilisation inconnue ou mixte) : 100 000 tonnes par an.
Le Sénégal a ratifié un certain nombre de conventions et d’accords internationaux liés à la gestion des produits
chimiques et a mis en place, au niveau national, des textes législatifs et réglementaires. Ce dispositif mis en place
montre l’importance des enjeux liés à la gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques qui touchent
beaucoup de secteurs d’activités. Mais force est de constater que toutes ces activités citées ci-dessus et liées à
la gestion des produits chimiques ne sont pas encore totalement maîtrisées constituant ainsi, une menace sérieuse.
La gestion non rationnelle des produits chimiques est source d’impacts négatifs sur l’environnement et la santé
humaine et animale. On peut souligner en outre les impacts sur la pollution de l’air, des eaux de surface et des
eaux souterraines, la pollution du sol, la présence des résidus de pesticides dans les aliments qui peut conduire
à long terme à une intoxication, la contamination de l’eau potable. S’y ajoutent, les empoisonnements dûs aux
produits chimiques surtout en milieu rural et la pollution due au stockage et à la mise en décharge de produits
chimiques périmés.
C’est pour cette raison, dans le cadre de cette politique de souveraineté alimentaire lancée par les pouvoirs publics
(GOANA, Révolution Rurale…) qu’une stratégie a été élaborée et est axée sur :
• La lutte contre les ravageurs transfrontaliers par la mise sur pied de postes de Contrôle phytosanitaire dans
six régions du pays pour empêcher l’introduction de ravageurs exotiques pouvant compromettre le patrimoine
végétal et l’exécution de programmes conjoints de protection des végétaux avec les pays voisins :
- le programme conjoint Sénégal/Mauritanie de protection intégrée durable des cultures céréalières contre
les oiseaux granivores a permis de réduire fortement les populations aviaires dans le delta et la vallée du
fleuve Sénégal ;
- le programme conjoint Sénégal/Gambie de protection des végétaux a été élaboré pour la surveillance
commune des ravageurs transfrontaliers et la gestion appropriée des pesticides ;
- le programme conjoint Sénégal/Iles du Cap-Vert de protection des végétaux pour échanger des informations
et réaliser des actions communes en matière de contrôle phytosanitaire ;
- Au niveau de la sous-région Afrique occidentale, le Sénégal participe au Programme EMPRES de lutte
préventive contre le criquet pèlerin.
Conclusion
Le diagnostic du secteur de l’environnement rural comme urbain, révèle une situation assez critique en dépit des
initiatives mises en œuvre ces dernières années dans différents domaines, aussi bien par l’Etat, les ONG que les
OCB. Il s’ensuit non seulement une pression au moins constante sur les ressources naturelles mais aussi et surtout
une dégradation sensible des conditions d’existence des populations paysannes presque contraintes à l’exode.
Ces dernières qui viennent s’ajouter au croît urbain déjà important, entraînant ainsi une forte dynamique de
“taudification”.
Les mesures à mettre en œuvre pour freiner et renverser ces tendances lourdes s’avèrent importantes. En effet,
pour réaliser les orientations en matière de politique de conservation de l’environnement et des ressources
naturelles mais aussi d’urbanisme et d’habitat, et mettre résolument le pays sur la voie du développement humain
durable visé par les OMD, le Sénégal a besoin de ressources financières importantes.
L’analyse des situations et les tendances qui se dégagent en matière de développement des établissements
humains et d’amélioration du cadre de vie attire l’attention sur les besoins encore très importants en matière
d’accès à un logement décent, aux services sociaux et infrastructures basiques.
Il est donc fortement recommandé que les ressources financières qui seront mobilisées dans le cadre de l’initiative
OMD, soient affectées à des activités opérationnelles capables de générer un impact significatif dans la dynamique
d’inversion des tendances lourdes observées dans la gestion des établissements humains en s’appuyant sur les
axes suivants :
Bibliographie
ADM, 2005, Programme de Renforcement et d’Equipement des Collectivités locales (PRECOL) : Cadre de
Gestion Environnementale et Sociale (CGES), Rapport final 158p.
ANSTS, 2007, Actes de l’Atelier Préparatoire de la Troisième Conférence Annuelle sur l’Initiative de
Développement des Académies des Sciences d’Afrique, ASADI III, Hôtel Ngor Diorama,
02-04 Mai 2007, 93p.
DAT, 1999, Plan National d’Aménagement du Territoire (PNAT), Document de vulgarisation, 32p.
DEEC, 2006, Vers un Plan d’Action National décennal sur les Modes de Production et de Consommation
Durables au Sénégal, Rapport final, 102p.
IAGU, 2008, Analyse des impacts et amélioration des conditions de vie des populations et de l’environnement
à Malika (banlieue de Dakar), 52p.
Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature, 2004, Troisième rapport national sur la mise en
œuvre de la convention des Nations Unies de Lutte contre la Désertification, Dakar, septembre 2004, 54p.
Objectifs du Millénaire pour le Développement, Environnement et Cadre de vie : Plan d’Action Sénégal (2005-
2015), Rapport préliminaire, Septembre 2004.
PNUE, REDDA/NESDA, 2004, Rapport sur l’Etat de l’Environnement en Afrique de l’Ouest, 93p.
République du Sénégal : Stratégie OMS de coopération avec les pays, 2009-2013, 57p.
Vie Vert – Information Environnementale, Edition spéciale : Mbeubeuss, bombe écologique ou source de vie
? Octobre novembre 2008, 58p.
ZOUNGRANA S., 2007, Evaluation des interventions du Sénégal pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire
pour le Développement, volet environnement. Mémoire de DESS, Université de Cocody, Juillet 2007. 94p.
L’énergie n’est pas une fin en soi mais un outil au service du développement de tous les secteurs. Ainsi, tenir
compte de cela nécessite d’opter pour un style de fourniture de services énergétiques qui répond aux besoins
donc à la demande.
Le Sénégal a projeté un développement économique et social dont la réalisation doit passer par : la création de
richesse, le renforcement des capacités et la promotion des services sociaux de base, l’amélioration des conditions
de vie des groupes vulnérables qui constituent autant d’axes inscrits dans le document de stratégie de Réduction
de la pauvreté (DSRP) et nécessaires pour l’atteinte des objectifs de développement pour le millénaire (ODM).
Réaliser ces axes requiert une amélioration de l’accès à des services énergétiques durables tenant compte de la
préservation de l’environnement. C’est pourquoi, le Gouvernement du Sénégal, dans sa nouvelle Lettre de Politique
de Développement du Secteur de l’Energie (LPDSE), adoptée en février 2008, met en avant trois objectifs majeurs,
à savoir (i) assurer l’approvisionnement en énergie du pays en quantité suffisante, dans les meilleures conditions
de qualité et de durabilité et au moindre coût, (ii) élargir l’accès des populations aux services modernes de l’énergie
et (iii) réduire la vulnérabilité du pays aux aléas exogènes notamment ceux du marché mondial du pétrole.
Par ailleurs, en raison des conséquences environnementales liées à la prédominance des combustibles ligneux
dans les consommations finales des ménages du bilan énergétique, le Gouvernement a défini la politique et la
stratégie en matière de combustibles domestiques dans la nouvelle Lettre de Politique de Développement du
Sous-secteur des Combustibles Domestiques dont l’objectif est d’assurer de manière durable l’approvisionnement
des ménages urbains et ruraux en énergies de cuisson, en veillant à la préservation des ressources forestières.
L’économie sénégalaise dépend essentiellement de deux sources d’énergie que sont le bois et les produits
pétroliers. Cette dépendance à l’égard du bois et des produits pétroliers n’est pas sans poser des problèmes
structurels graves à l’économie du pays.
L’approvisionnement du pays en produits pétroliers se fait principalement par la raffinerie, la Société africaine de
raffinage (Sar), dont la production tourne autour de 1 200 000 tonnes/an pour un marché intérieur de 1 800 000.
Le déficit de production est complété par des importations. La Sar est une raffinerie de type simple qui ne peut
traiter que des bruts légers à basse teneur en soufre (BTS) dont le rendement en produit léger (les essences,
naphta) est élevé et faible en résidus (fiouls lourds). La consommation pétrolière au long des dernières années a
augmenté très rapidement, avec des taux de l’ordre de 5% par année.
La consommation totale des produits pétroliers (brut et produits finis) est passée de 1750 000 tonnes en 2004 à
1 248 435 tonnes en 2008, soit une baisse de 0,7% en 5 ans alors que le total des importations des grands
produits est passé de 5 815 894 en 2004 à 7 333 075 en 2008, soit une augmentation de 1,3%.
La consommation annuelle de fioul de la société d’électricité est de 547 500 tonnes (en 2008) alors que la
consommation annuelle de fioul du pays s’élève à 608 334 tonnes. Pour ce qui est de la consommation annuelle
en diesel oil de la société d’électricité, elle est de 54 750 tonnes ; dans le même temps, la consommation annuelle
en diesel oil du pays est de 103 191 tonnes.
Le Sénégal est un pays importateur de pétrole et de produits pétroliers raffinés. Les importations d’hydrocarbures
représente jusqu’à 45% de la valeur des importations totales et est couverte par plus de 30% de la valeur de nos
exportations. Les importations d’hydrocarbures ont coûté 426 milliards de francs CFA en 2005 ; en 2008, elles
étaient chiffrées à plus de 580 milliards francs CFA, soit une évolution des importations des produits pétroliers en
3 ans de 74%. En 2008, année ou le prix moyen du pétrole brut a été de l’ordre de 100 USD/BBL, les achats de
fuel oil, le combustible le plus utilisé par la SENELEC ont été de 424 573 MT pour une valeur de 140 milliards de
FCFA. En 2009, lorsque le prix du brut a diminué en moyenne à 63 USD/BBL, la SENELEC a acheté 477 512 TM
de fuel oil pour une valeur de presque 100 milliard de FCFA.
Il convient de souligner que même si la dernière décennie a vu la demande du Sénégal pour des produits pétroliers
augmenter de manière considérable, il n’en demeure pas moins que ces derniers sont devenus de meilleure qualité.
A savoir, des mesures de réduction du plomb dans l’essence (essences sans plomb) et du contenu de soufre
dans le gasoil ont été mises en œuvre. Ceci montre une fois de plus que les autorités étatiques ont pris la bonne
mesure des choses, et cela s’inscrit dans le but de promouvoir une réduction notoire de l’impact de la pollution
atmosphérique pour une meilleure santé des populations, notamment urbaines. En effet, la SAR, à l’instar des
autres raffineries de Côte d’Ivoire (SIR) et du Ghana (TEMA) dans la sous-région de l’Afrique Occidentale, a réussi
vers 2005 à éliminer le plomb des essences et s’est engagée à réduire le soufre dans les carburants moteurs
(essence et gasoil), NS 09- 047 (2009) et NS 09- 048 (2009) . Compte tenu du fait que la SAR, de par sa
configuration ne traite que des bruts nigérians, elle livre ainsi des produits peu soufrés. Toutefois, pour réussir à
produire du diesel de 50 ppm, la SAR devra se doter d’une unité d’hydro désulfurisation. Dans le moyen terme, la
production de carburants à très faible teneur en souffre (i.e. 50 ppm) va devenir nécessaire avec l’entrée sur le
marché d’un nouveau parc de véhicules, plus performants et moins polluants.
2. Le Sous-secteur de l’électricité
Le bouquet énergétique du parc de production (tableau 30) de la SENELEC montre que le mode de production
est essentiellement fossile donc fortement dépendant des hydrocarbures lourds :
- le parc est composé de turbines à vapeur, de turbine à combustion diesel et de turbine dite
« à gaz » fonctionnant au gas oil ;
- certains équipements sont vétustes et en particulier les tranches vapeur du Cap des Biches.
Pour ce qui est de la consommation du gaz naturel, de janvier à avril 2010, un cumul de 7 599 4520 Nm3 de gaz
naturel a été produit et vendu à la cimenterie de la SOCOCIM, soit une moyenne mensuelle de 1 900 000 Nm3 et
une moyenne journalière de 63 300 Nm3.
Pour une production de 2228 GWh en 2008 (tableau 31), la SENELEC et les producteurs indépendants ont
consommé 516 061 tonnes de combustibles pétroliers hors gaz naturel soit prés de 372417 tonnes pour la
production propre de la SENELEC.
L’utilisation de l’électricité pose des problèmes environnementaux de plusieurs ordres dont on peut citer, entre
autres :
b. En dehors des sources de pollution liées aux combustibles, les impacts sur l’environnement peuvent
provenir des huiles usagers ; de l’acide chlorhydrique 33% stocké à plus de 200 m3 de la soude caustique
concentrée à 50% stockée à plus de 150 m3 et plus de 7 tonnes de produits de conditionnement des
circuits de refroidissement des machines de production.
c. Du fait de la probabilité de fortes pluies (réf. Pluies de 2009), le ruissellement peut entrainer vers la mer
certains des produits chimiques stockés, contenus dans des capacités étanches, mais non pourvus de
rétention à l’exemple des réactifs acido-basiques et de conditionnement. Une pollution accidentelle peut
faire suite à un déversement de produits sur le sol avec infiltration d’hydrocarbures.
Ces sources sont essentiellement localisées au niveau des unités de production et découlent :
- des produits rejetés après régénération (acide chlorhydrique et lessive de soude à 50%) ;
- des huiles et combustibles ;
- des purges opérées dans les réservoirs des combustibles ;
- des combustibles rejetés après débourbage (nettoyage) des filtres ;
- des fuites d’eau, d’huile ou de combustibles dans les moteurs diesel ;
- des rejets séparateurs eau/huile, eau/fuel ;
- de la vidange des circuits de refroidissement traités aux nitrates, molybdates, tanins et autres produits
chimiques de protection ;
- des rejets après traitement des eaux des chaudières chargées de phosphate et d’hydrazine : les eaux de
lavage acides ou les boues aqueuses récupérées au moment du lavage des chaudières ou du traitement in
situ des effluents ;
- du rejet d’eau de mer à température relativement élevée ;
- du tartre obtenu après distillation, ou détartrage des circuits de refroidissement.
Au Sénégal, depuis 1995, les gaz à effet de serre produits sont de 11 millions de tonnes de CO2 dont 40%
proviennent du secteur de l’énergie. Les prévisions pour 2005 étaient estimées à 31millions de tonnes de CO2
dont 75% dus à l’énergie (4/5 sont de la biomasse). Aujourd’hui, les émissions de CO2 de la SENELEC se situent
entre 700 et 980 g par KWh produit (750 g pour les nouvelles centrales diesel BOO et 600 g pour le cycle combiné
avec le gaz naturel).
On peut y ajouter dans cette rubrique les vapeurs : les vapeurs d’acide, les vapeurs de soude, les vapeurs de
solvant de nettoyage dans les ateliers ou aires de lavage (white spirite, carboclean, protectsolv, Gamlénol…), et
pour terminer les vapeurs d’hydrazine.
Le potentiel en énergies renouvelables est relativement important au Sénégal, mais reste encore sous exploité. Le
Sénégal, avec une insolation annuelle de 3 000 heures (soit une insolation journalière moyenne de 5,4 kWh/m2),
dispose d’un excellent gisement solaire permettant son utilisation économique pour la production d’électricité ou
le chauffage de l’eau.
Il bénéficie en outre d’un gisement d’énergie éolienne intéressant où la vitesse de vent est comprise entre 3 à 6
m/s sur la bande côtière entre Dakar et Saint-Louis pour assurer le pompage de l’eau et la production d’électricité.
Le potentiel hydroélectrique, sur le territoire sénégalais, est localisé au niveau des fleuves Sénégal (site de Gourbassi
pour 20 MW, sur la Falémé) et Gambie (site de Sambangalou pour 100 MW).
Dans ce domaine de l’hydroélectricité, le Sénégal partage avec ses voisins dans le cadre de l’OMVS et de l’OMVG
un potentiel estimé à près de 1000 MW, dont 200 MW déjà installés à Manantali (Mali).
Au niveau de l’OMVS, le Sénégal est bénéficiaire de 33 % du productible annuel de Manantali évalué en moyenne
à près de 800 GWh. Par ailleurs, deux autres sites, à savoir Félou et Gouina, situés en aval de Manantali et le long
de la ligne Ouest 225 kV de transport, sont en cours d’aménagement. La capacité cumulée des deux sites serait,
en termes de productible, équivalente à celle de Manantali.
En ce qui concerne l’OMVG, l’étude de faisabilité de l’optimisation des investissements de production d’énergie
électrique des pays membres est également en cours de réalisation avec le concours de la BAD. Une étude
préliminaire a recommandé l’approfondissement de l’option de l’interconnexion des réseaux des pays membres
associée à l’aménagement dans une première phase du site de Sambangalou (100 MW) et de Kaleta.
La biomasse constitue l’une des principales sources d’énergie pour satisfaire les besoins énergétiques des
populations, notamment pour la cuisson des aliments. Les ressources forestières ont permis jusqu’à présent
d'assurer l'approvisionnement énergétique des populations rurales et, d'une bonne part des ménages urbains,
pour satisfaire des besoins fondamentaux, tels que la cuisson des aliments. Cependant, l'utilisation du bois, et
surtout celle du charbon de bois, a fortement contribué à la dégradation du potentiel avec des risques
environnementaux majeurs susceptibles de saper les bases de production agricole et pastorale. C’est pourquoi,
le Gouvernement a pris des mesures de rationalisation de ces prélèvements, en développant avec les partenaires
au développement des projets d’aménagement forestier pour la production durable de bois énergie tels que le
PROGEDE.
Malgré les contraintes qui pèsent encore sur les ER et qui ont pour noms : coût élevé des équipements, caractère
novateur de la technologie, ces sources d’énergie possèdent des atouts non négligeables. De 1974 à nos jours,
plusieurs projets et programmes ont été mis en œuvre avec l’appui des partenaires au développement tels que
la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Japon. Ces projets et programmes ont concerné toutes les filières
et applications opportunes pour le Sénégal. De toutes ces filières, la filière solaire photovoltaïque a été celle qui a
connu le plus de succès grâce notamment à ses applications dans le pompage et dans les télécommunications
(alimentation des faisceaux hertziens).
Aujourd’hui, on évalue la puissance installée en solaire photovoltaïque à plus de 3 MWc dont plus de 30% sont
des applications en télécommunication. Cette puissance, qui représente moins de 1% de la pointe de la SENELEC,
devrait augmenter sensiblement, en raison de l’option prise par le Gouvernement de développer à grande échelle
la production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables en partenariat avec le secteur privé.
S’agissant de la filière éolienne, son développement a été longtemps hypothéqué principalement par la faiblesse
de la connaissance de la ressource due à l’insuffisance des données fiables existantes. En effet, en dehors de la
Grande côte (Dakar-Saint-Louis) qui présente un potentiel non négligeable où pourront être exploités des champs
d’aérogénérateurs pour la production de l’électricité, le reste du pays serait peu propice pour le développement de
cette filière. En dépit de cette situation peu favorable, notre pays a eu à entreprendre, notamment dans les années
80 et 90, quelques projets mettant en œuvre l’exploitation de l’énergie du vent aussi bien dans le domaine du
pompage que de production d’électricité.
Sur le plan environnemental, on a l’habitude de dire que les énergies renouvelables sont des énergies propres et
donc ne polluent pas. Mais dans la réalité, la pollution par les énergies renouvelables, si faible soit-elle, existe bel
et bien. Et pourtant, qu’il s’agisse de l’énergie tout comme de l’énergie éolielnne éolienne, les batteries, les
panneaux, les pales usagés sont aussi sources de pollution. Il en est de même du bruit généré par le
fonctionnement des éoliennes. Très souvent, les installations de ces systèmes solaires et éoliens sont la source
de profondes modifications de l’environnement physique et paysager.
Pour ce qui est de la valorisation énergétique de la biomasse, la plupart des technologies existant dans ce domaine
ont fait l’objet d’investigations poussées au Sénégal. La rationaisation de l’exploitation forestière qui permet de
satisfaire les besoins énergétiques des populations a été portée par des projets d’aménagement forestier dont le
PROGEDE qui a permis l’élaboration et la mise en œuvre de plan d’aménagement participatif en domiciliant
l’exploitation forestiere dans les zones aménagées à partir de 2008. Dans ces aménagements, la Meule
Casamance, avec un rendement variant de 30 à 35% a été utilisée pour supplanter la meule traditionnelle qui a un
rendement énergétique moins élevé (18%). Aussi, pour rationnaliser la consommation, des foyers améliorés ont-
ils été massivement diffusés aux dépens de fourneaux malgaches inefficients encore très répandus.
Ainsi, des programmes relatifs à la gazéification, à la production des briquettes utilisées comme combustibles
domestiques, à la mise au point de biodigesteurs ont été entrepris. Mais, en raison de quelques contraintes agro-
écologiques, entre autres, la vulgarisation de ces technologies n’a pas connu le succès attendu. Aujourd’hui, à la
faveur de la politique de diversification énergétique, les technologies relatives à la valorisation de la biomasse
connaissent un regain d’intérêt. C’est le cas notamment de la production du biocarburant qui peut être produit à
partir de la canne à sucre, du pourghère, du tournesol ou du colza, spéculations qui peuvent être cultivées
facilement au Sénégal. Pour contribuer à la politique de diversification énergétique, la promotion de toutes ces
formes de valorisation énergétique de la biomasse (biocharbon, biocarburant, biogaz) constitue un des axes
majeurs de la composante «Promotion des énergies domestiques » du deuxième projet de Gestion Durable et
Participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDEII).
Dans son effort constant de trouver une alternative viable à la tyrannie du pétrole, le Sénégal ne pouvait laisser en
marge l’hydroélectricité. C’est ainsi que dans le cadre de la coopération sous-régionale, notre pays a entrepris
d’exploiter cette forme d’énergie.
Après Manantali, d’autres barrages hydroélectriques sont envisagés tant sur le fleuve Sénégal que sur la Gambie.
L'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) qui a été créée le 30 juin 1978, a pour mission de
promouvoir et d'entreprendre les études et travaux d'aménagement des bassins des fleuves Gambie,
Kayanga/Géba et Kola/Corubal pour, entre autres, produire de l'énergie hydroélectrique (le potentiel énergétique
aménageable dans la zone est estimé entre 230 et 250 MW). Le cadre politique dans lequel s’inscrit le projet
Énergie comprend les politiques environnementales et sociales en vigueur de la Guinée, du Sénégal, de la Gambie
et de la Guinée Bissau. Il comprend également les conventions internationales applicables auxquelles ont adhéré
ces quatre pays. Le programme de développement énergétique de l’OMVG vise le renforcement de la coopération
et de l’intégration régionale par l’exploitation et l’utilisation rationnelle du potentiel des ressources hydro-
énergétiques des quatre pays membres.
Sur le plan des impacts environnementaux et sociaux, Sambangalou ayant comme vocation principale la
production électrique, est un projet qui offre des avantages intéressants mais qui présente aussi des risques
environnementaux et sociaux qu’il faudra gérer avec grande attention, notamment au niveau de la réinstallation
des populations et des zones humides riveraines du fleuve Gambie en aval du barrage.
En phase de construction, les impacts les plus importants sur le milieu naturel sont liés à la perte de ressources
naturelles comme les sols et la végétation terrestre ainsi qu’à la perte d’habitats fauniques, en raison de la création
d’un réservoir de 181 km². Ces impacts ne peuvent être atténués en raison de leur caractère irréversible, mais
peuvent être compensés par la protection et la conservation de milieux naturels existants et la création de nouvelles
aires protégées. Les impacts négatifs les plus importants sont liés au déplacement des populations de trois villages
sénégalais (61 ménages) et de huit villages guinéens (129 ménages) situés dans la zone du réservoir du fait des
incidences que cette situation engendre sur la santé des populations et des travailleurs et de celles liées à la perte
de terres agricoles et de moyens de franchissement du fleuve en saison sèche. Toutefois, le projet a des impacts
positifs sur le milieu humain tels que l’amélioration de la qualité de vie sur les sites d’accueil, la sécurisation foncière
et la création d’opportunités d’emplois et de revenus.
En phase d’exploitation, Sambangalou aura des impacts négatifs sur le milieu biophysique qui pourront être surtout
atténués par des mesures hydrauliques qui pourraient avoir une incidence sur le productible de l’aménagement.
Ces impacts sont liés à la modification du bilan hydraulique des zones humides dans les biefs sénégalais et
gambien, au recul du front salin en saison sèche (impact à la fois positif et négatif), à la dégradation de la qualité
de l’eau du réservoir et en aval de celui-ci, à la modification de l’équilibre morpho-sédimentaire de l’estuaire, à
l’appauvrissement progressif de la mangrove dans l’estuaire central, à la perte d’habitats fauniques en aval du
barrage en saison sèche et à la modification importante de certaines populations animales dans les biefs aval,
particulièrement dans l’estuaire central.
En ce qui concerne le milieu humain, les impacts négatifs de l’exploitation de Sambangalou seront liés à la santé,
particulièrement en ce qui concerne les maladies liées à l’eau, aux accidents et aux noyades, à la réduction des
rendements de pêche à l’aval du barrage et à la perte de ressources naturelles utilisées par les populations.
Toutefois, de nombreux impacts positifs permettront de compenser ces désavantages, tels que l’amélioration de
l’approvisionnement en énergie électrique, le désenclavement de la zone du réservoir et la pratique de la pêche
dans cette zone, l’amélioration du niveau de vie et de l’état de santé général des populations, etc.
Des mesures de compensation et d’atténuation ont pu être définies pour presque tous les impacts. La mise en
œuvre de ces mesures, dans le cadre d’un plan de gestion environnementale et sociale (PGES) et d’un plan de
réinstallation (PR), est considérée réaliste. L’expérience des équipes environnementales et les enseignements de
Garafiri et de Manatali constituent des facteurs favorables pour réaliser ces programmes dans de bonnes
conditions.
Les impacts de l’aménagement de Kaléta ont une portée relativement limitée du fait de la dimension réduite de la
retenue, de la zone du projet et du mode de gestion « au fil de l’eau » des débits du Konkouré.
Sauf en ce qui concerne la qualité de l’eau, les impacts en aval sont sans commune mesure avec ceux d’un barrage
ayant fonction de régulation et peuvent être considérés comme négligeables. Les études ont montré que le projet
affectera une zone soumise à des contraintes particulièrement fortes, malgré une relative proximité de sous-
préfectures, des préfectures voire même de Conakry. Ces contraintes sont l’enclavement, le manque d’écoles se
traduisant par un faible taux de scolarisation, le manque de structures sanitaires, le manque d’eau potable de bonne
qualité, l’appauvrissement des sols, la pression sur les terres et l’insuffisance d’appuis pour résoudre ces contraintes.
C’est pour cela que les mesures prévues donnent une place renforcée au développement économique et social et
à la gestion des ressources naturelles.
L’aménagement de Kaléta se situe dans une perspective d’aménagement intégré du bassin du Konkouré et
permet, ainsi, de valoriser la fonction de réservoir de Garafiri et constituera une première occasion de répartir les
coûts environnementaux liés à cet aménagement sur des projets, comme Kaléta, dont l’impact environnemental
rapporté à la production électrique, sera moindre. C'est aussi l'occasion de relancer le processus de suivi des
paramètres sociaux et environnementaux du bassin du Konkouré, dans la double perspective de suivi des impacts
de Garafiri et de Kaléta et de préparation des étapes ultérieures de l'aménagement hydroélectrique de ce bassin.
S’agissant de l’interconnexion, aucun impact majeur n’a été identifié en ce qui concerne l’interconnexion. Une
grande partie des impacts potentiels est liée aux activités de construction et peuvent être gérés par de bonnes
pratiques de construction. En phase d’exploitation, ces impacts sont en général mineurs ou négligeables. Des
mesures d’atténuation et de suivi sont recommandées et sont intégrées dans le plan de gestion environnementale
et sociale (PGES) de cette composante du projet Énergie. De plus, un cadre de politique de réinstallation viendra
préciser les modalités de compensation des personnes affectées par la construction et la présence de la ligne
d’interconnexion. Parallèlement à ces projets d’envergure sous régionale, des investigations à plus petite échelle
sont faites par le pays pour promouvoir les mini et micro- centrales hydroélectriques notamment au niveau de la
région de Kédougou.
A moyen et long termes, l’exploitation du potentiel hydroélectrique grâce notamment à la réalisation des projets en
cours et en planification et le développement de l’utilisation de l’énergie solaire et éolienne devraient permettre à notre
pays de réduire notablement la part du pétrole dans son bilan énergétique d’ici 2020.
Le Sénégal ayant très tôt compris l'importance qu'il y avait à promouvoir le développement des énergies
renouvelables, a entrepris, au début des années 80, de mettre en place un cadre institutionnel et réglementaire
approprié.
La stratégie, d’alors, a constitué le Plan de Redéploiement Energétique au Sénégal plus connu sous le vocable «
Plan RENES » qui a reçu l’appui de plusieurs partenaires au développement. Le Plan RENES visait à réduire de
moitié la consommation intérieure de produits pétroliers à l’horizon 1990. Cette stratégie est articulée autour des
axes suivants :
- remplacer le pétrole importé par des ressources énergétiques nationales comme la tourbe, les sources
d’énergie renouvelables, ou par d’autres combustibles importés à moindre frais comme le charbon et ;
- freiner la demande d’énergie en accroissant l’efficacité de son utilisation.
L’analyse du diagnostic du secteur fait ressortir deux problèmes majeurs qui hypothèquent le développement du
secteur, à savoir :
- l’absence d’un cadre incitatif apte à attirer le secteur privé national et étranger ;
- le manque d’information des décideurs et des potentiels utilisateurs sur les possibilités réelles qu’offrent
les énergies renouvelables.
Pour lever ces barrières, le Gouvernement a pris des textes législatifs et réglementaires ainsi que des mesures
aptes à promouvoir les ER.
- la circulaire primatoriale N° 10226 du 21 Décembre 1978 relative au développement des applications de l’énergie
solaire et à la prise en compte de la variante solaire dans les marchés publics de fourniture d’énergie ;
- la loi 81-22 du 25 Juin 1981 instituant des avantages fiscaux dans le domaine de l’utilisation de l’énergie
solaire ou éolienne.
- mettre en place une tarification juste et suffisamment rémunératrice pour inciter notamment les producteurs
indépendants à choisir ce mode de génération d’électricité ;
- renforcer les avantages fiscaux accordés aux utilisateurs des équipements en énergie solaire et éolienne
tels que définis dans le nouveau code des impôts (articles 150, 151,152, 180, 181, 182 et 183) et alléger
les procédures d’obtention desdits avantages, ce qui constituerait une manifestation concrète de la volonté
politique des pouvoirs publics de promouvoir le développement des ER ;
- rétablir, en accord avec l’UEMOA, l’exonération en droit de douane et en TVA, les équipements solaires et
éoliens et étendre ces avantages fiscaux aux mini-centrales hydroélectriques ;
- sensibiliser les Banques sur l’intérêt que représentent les ER et aider à la formation de leur personnel dans
l’évaluation des projets dans ce domaine ;
- mettre en place, avec l’appui des partenaires au développement, une ligne de crédit destinée au financement
des PME/ PMI évoluant dans la fabrication, la commercialisation, l’installation et la maintenance des
équipements ER.
Selon le SIE, les ménages sénégalais ont consommé en 2009, en énergie primaire :
Ainsi, le bois et le charbon de bois représentent plus de 50% de la consommation d’énergie primaire des ménages.
C’est dire l’importance des combustibles ligneux qui constituent aujourd’hui encore la seule forme d’énergie
accessible au plus grand nombre de sénégalais.
2 Les enjeux
Pour satisfaire les besoins en énergie ligneuse du Sénégal, il a fallu procéder à des prélèvements équivalents à 3
937 500 mètres-cubes de bois-énergie dont les 50% sont destinés à la carbonisation pour l’approvisionnement
des centres urbains en charbon de bois.
Contrairement aux zones rurales dont la plupart s’auto-approvisionnent en bois de chauffe dans les terres cultivées
ou en jachère (sans conséquence dommageable), les centres urbains sont approvisionnés grâce à des
prélèvements massifs qui sont opérés de façon concentrée sur les formations forestières. Ce qui constitue un
risque supplémentaire de déforestation qui s’ajoute aux sécheresses successives, aux défriches agricoles, au
surpâturage et aux feux de brousse.
Une telle pression sur le couvert végétal pose de sérieux problèmes de surexploitation et de dégradation dans
certaines zones, et constitue un risque très grave pour l’environnement.
A ce risque environnemental majeur est attaché un risque économique non moins important : dans les conditions
actuelles d’exploitation, il deviendra de plus en plus difficile d’approvisionner en combustibles domestiques les
grandes villes dans des conditions économiques acceptables, soit parce que les distances d’approvisionnement
s’allongeront encore, soit parce qu’il faudra recourir à des importations massives et coûteuses de combustibles
de substitution. De nos jours, le bassin d’approvisionnement se trouve dans les régions de Tambacounda et Kolda,
soit à plus de 500 km de Dakar.
Enfin, autre enjeu économique et non des moindres, les filières commerciales d’approvisionnement en bois et charbon
de bois des centres urbains représentent un chiffre d’affaires annuel de plusieurs milliards de
F CFA. Cette activité, qui est à forte intensité de main-d’œuvre, fait donc vivre plusieurs dizaines de milliers de familles.
Ceux qui en tirent de substantiels revenus (bien moins nombreux) sont les exploitants forestiers qui constituent des
lobbies politiques et financiers puissants. Ceci n’est pas une situation nouvelle et le gouvernement tente depuis plusieurs
années de trouver des solutions en intervenant à la fois sur l’offre et la demande à travers des projets participatifs. La
politique menée s’est articulée autour de deux axes :
• la gestion plus rationnelle des ressources ligneuses, qui s’est traduite par une réglementation élaborée de
l’exploitation forestière et la mise en œuvre de nombreux projets sylvicoles destinés en partie à accroître
l’offre en bois et depuis peu par une gestion durable et participative des formations forestières pour la
production de bois-énergie (cadre des aménagements forestiers) ;
• la gestion de la demande, qui s’est traduite par une stratégie de substitution volontariste grâce à une
politique de butanisation déjà ancienne, des études sur la possibilité de valoriser les résidus agro-industriels
et la promotion du kérosène et par de nombreuses tentatives de diffusion de foyers améliorés.
- une meilleure connaissance du potentiel des ressources forestières et de sa distribution spatiale à travers
des inventaires et la cartographie avec la mise en place du SIEF ;
- la décentralisation de la gestion des ressources forestières avec l’implication des populations locales organisées
en comités dans la filière charbon de bois dont elles contrôlent désormais plus de 10% du chiffre d’affaire ;
- la domiciliation totale de l’exploitation du charbon de bois dans les zones aménagées à partir de 2008 ;
- la promotion de techniques de carbonisation plus efficientes et des foyers améliorés ;
- la mise en œuvre encore timide d’initiatives de développement de la bioénergie ;
- l’organisation de large concertation pour la réforme du code forestier dont une copie a été déposée à
l’Assemblée nationale.
Toutefois, l’application de ces différentes stratégies a rencontré et rencontre encore de nombreuses difficultés et
connaît des résultats mitigés dûs à :
• des contraintes d’ordre politique et social qui ont freiné la mise en œuvre des réformes nécessaires en
matière réglementaire et fiscale ;
• des manques de moyens car la réglementation de l’exploitation forestière n’y était appliquée qu’en partie ;
• des projets de reboisement qui n’entraînaient guère l’adhésion du monde rural, en l’absence de garantie
d’usufruit et d’incitation financière quant à la valorisation de l’arbre sur pied ;
• des distorsions en matière de prix, notamment celui du charbon de bois et du bois de feu pour cause de non
prise en considération de leurs coûts de reproduction dans le prix de revient au consommateur, ont incité les
Pouvoirs Publics à subventionner le gaz butane par une sur-imposition du kérosène et autres carburants ;
• les foyers améliorés à charbon de bois ou à bois de chauffe ont du mal à prospérer, en l’absence de
programme d’envergure et d’une stratégie d’intervention et de marketing suivie mais surtout du fait de la
très forte compétitivité du gaz butane face au charbon de bois.
L’analyse et l’examen de toutes ces contraintes ont amené le gouvernement à définir une stratégie globale plus
cohérente dans le sous-secteur, notamment, à travers la Lettre de Politique et de Développement du Sous-secteur
des Combustibles Domestiques adoptée en 2008. En effet, cette Lettre met en exergue le besoin d’aller vers une
diversification des combustibles domestiques et vers une utilisation rationnelle de ces énergies.
Ainsi, la stratégie des combustibles domestiques définit de manière globale les axes de la politique du
gouvernement en ce qui concerne l’intervention dans ce sous-secteur dans le cadre d’une approche coordonnée
de l’ensemble des actions mises en oeuvre. Ainsi, cette stratégie privilégiera une harmonisation des actions dans
les différents domaines (actions sur l’offre, actions sur la demande et la politique des prix comme instrument de
régulation) pour inverser la tendance.
Devant le risque de déforestation encouru (si la tendance au déficit de l’offre par rapport à la demande se maintient),
les Pouvoirs Publics avaient opté pour une politique de substitution du gaz de pétrole liquéfié (gaz butane) aux
combustibles ligneux plus particulièrement le charbon de bois dans les centres urbains et une promotion des
foyers améliorés (aussi bien en zone urbaine qu’en milieu rural) ainsi que pour l’introduction de nouveaux
combustibles d’origine agro-industrielle tels que la balle de riz, la tige de cotonnier... Ce faisant, le gouvernement
escomptait une réduction notable de la consommation de bois et de charbon de bois grâce à la mise en œuvre
de l’ensemble de ces mesures.
Il est à noter qu’il n’y a pas eu véritablement de substitution entre ces combustibles. Il s’est plutôt développé un
complexe d’utilisation marqué par une combinaison des combustibles suivant les types de préparation.
Aujourd’hui, la subvention sur le gaz butane a été levée et on a noté un renchérissement du produit qui fait craindre
une explosion de la demande de charbon de bois surtout dans les centres urbains. Ce risque est d’autant plus
grand que même certaines zones rurales ont basculé sur le charbon de bois au grè de l’urbanisation (enquête
PROGEDE 2001).
Devant le constat de gaspillages d’énergie pour la cuisson des repas, un programme d’économie d’énergie avait
été lancé pour les réduire et limiter la consommation de combustibles ligneux en milieux urbains et ruraux. Ce
programme fut initié en 1980 sur soutien financier de l’USAID et mis en œuvre par le Centre d’Etudes et de
Recherches sur les Energies Renouvelables (CERER) qui mit au point des modèles de fourneaux dont le rendement
(30% à 50%) est supérieur à celui (18 à 20%) des fourneaux traditionnels (les « fourneaux malgaches »).
Le recours à ces fourneaux améliorés était censé faire économiser entre 30 et 50% de la consommation de
combustibles ligneux des ménages et faire gagner du temps aux utilisatrices par rapport aux foyers traditionnels.
Selon le PROGEDE, plus de 250 000 foyers améliorés ont été diffusés entre 2003 et 2008 sur un potentiel d’un
peu plus de 3 000 000 de foyers au plan national, soit un peu moins de 10%. A ce chiffre s’ajoute les réalisations
d’autres projets tels que le PERACOD, PROGERT et des ONG telles qu’ENDA. Ces résultats, pour le moins
décevants, s’expliquent essentiellement par des contraintes de différents ordres :
- la production problématique des inserts céramiques à cause du manque de matière première de bonne
qualité (argile) et de la concurrence des autres produits céramiques plus rentables ;
- contraintes sociales : blocages socio-culturels pour la manipulation des matières premières ;
- des prix de vente (4 500 à 6 000 F cfa) : bien supérieurs à celui des fourneaux traditionnels (vendus entre
450 et 1 000 F) ;
- une inexistence ou insuffisance de promotion et de sensibilisation à l’endroit des ménages ;
- une très forte compétitivité du gaz butane : qui est devenu le combustible-roi des sénégalaises grâce aux
commodités qu’il offre (rapidité, propreté et facilité dans son utilisation).
Cette stratégie vise à limiter les prélèvements en bois-énergie grâce à une substitution de certains produits pétroliers
et la valorisation de résidus agro-industriels aux combustibles ligneux (le charbon de bois plus particulièrement).
L’objectif visé ici est de remplacer une partie des combustibles ligneux consommés dans les centres urbains par
le gaz de pétrole liquéfié (GPL) qui est importé en grande partie (90% de la consommation). Ce programme avait
été initié en 1974 suite à la grande sécheresse de cette année-là grâce à l’introduction de modèles de réchauds
d’une contenance de 2,75 kg suivie plus tard de réchauds plus robustes de 6 kg plus adaptés aux modes et
habitudes de cuisson et aux revenus des ménages.
Grâce à des incitations fiscales (exonérations de droits de douane sur les équipements associés au butane) et
grâce à des subventions accordées à ce combustible en 1987, la butanisation a connu un essor remarquable
(entre 10 et 12% de croissance de la consommation) : de moins de 5 000 tonnes en 1974 ; 15 000 tonnes en
1987, on est passé à plus de 130 000 tonnes en 2007.
En termes d’équipement des ménages, près de 85% des ménages de la capitale et près de 66% des ménages
des principaux centres urbains possèdent un réchaud butane.
Selon le SIE de la Direction de l’Energie, pour les années 2005, 2006, 2007 et 2008, la consommation de butane
est respectivement de 136 330 tonnes, 132 040 tonnes, 120 656 tonnes et 124 584 tonnes.
L’impact écologique ou environnemental du butane en termes d’économie de charbon de bois est réel : on estime
que la consommation de 130 000 tonnes de gaz butane a permis d’économiser/éviter
348 000 tonnes de charbon (soit 53 000 ha de forêts préservées).
La politique de diffusion du gaz butane a été un succès en termes de pénétration de ce combustible mais son
impact sur les finances publiques posait problème depuis plusieurs années. En effet, la subvention allouée pour
alléger le prix au consommateur devenait année après année lourde à supporter (188 Milliards de F de cumul des
subventions entre 1987 et 2006). Aussi, la subvention a-t-elle été supprimée progressivement depuis 1998. Depuis
le mois de juin 2009, il n’y a plus de subvention sur ce produit mais les Pouvoirs Publics ont cherché à maintenir
le prix à la consommation par la suspension de la TVA et des droits de porte.
La Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) produit, depuis bientôt quatre années, de l’éthanol qui pourrait servir
comme énergie de cuisson alternative au bois-énergie. Par ailleurs, des unités de production de bio-charbon sont
en fonctionnement dans la zone de Ross Béthio pour une production nationale de 1 500 tonnes annuellement.
La production de plus en plus importante de riz dans la région du delta et en basse et moyenne Casamance et la
production de coton dans les régions de Tambacounda et Kolda avaient attiré l’attention des planificateurs et
énergéticiens quant à une valorisation des résidus de ces deux produits (balles de riz et tiges de cotonniers) qui
peuvent se substituer au bois de feu et éventuellement au charbon de bois.
Comme on le constate, l’ensemble des actions sur la demande (foyers améliorés) et de substitution (butanisation,
promotion du kérosène, valorisation des sources locales d’énergies domestiques) ne suffisent pas, à elles-seules,
à renverser la tendance.
En effet, le gaz butane, qui demeure la source d’énergie la plus mature, coûte aujourd’hui cher (plus de 3 100
F/bouteille de 6kg) pour le plus grand nombre des ménages qui n’y ont accès que lorsque les ressources
financières du ménage le permettent c’est-à-dire pendant trois semaines du mois.
Quant aux autres sources, excepté le bois de chauffe et le charbon de bois, elles ne sont pas encore arrivées à la
maturité. Dans une stratégie dynamique des combustibles domestiques, y a-t-il lieu de prendre en compte les
activités visant à assurer la pérennisation de la ressource en améliorant la gestion et l’exploitation forestières,
notamment par l’aménagement ?
Pour assurer un approvisionnement durable des populations, en combustibles domestiques, dans le contexte
économique actuel, caractérisé par un renchérissement du baril de pétrole et par conséquent, des combustibles
tels que le pétrole lampant et le gaz butane, il importe davantage de chercher à augmenter l’offre en bois énergie,
en améliorant la gestion et l’exploitation des formations forestières par la responsabilisation et l’implication des
populations rurales riveraines des massifs forestiers, comme le préconise le Code forestier de 1996.
Pour l’heure, il s’agit de rompre avec les habitudes de gestion et d’exploitation forestières caractérisées par un
monopole de gestion de l’Etat et de l’exclusion des populations des bénéfices de l’exploitation des ressources,
mais également, d’introduire des mesures d’incitation (et/ou de découragement) et des procédés de canalisation
de l’exploitation vers les zones les plus pourvues et les plus appropriées.
Afin de soulager la pression sur la ressource des zones les plus mises à contribution, des schémas directeurs
devraient être établis avec pour objectif principal de canaliser l’exploitation vers les régions forestières les mieux
pourvues en ressources ainsi que de limiter les prélèvements en bois-énergie aux stricts besoins de certaines
zones et à la capacité de renouvellement des ressources des zones en question.
Réduire les gaspillages ou les pertes énergétiques en amont de la filière, c’est également augmenter de façon
indirecte l’offre. Parmi les méthodes de carbonisation, la meule dite « casamançaise » est celle qui semble la plus
adaptée aux réalités du pays. Cette meule, qui permet un rendement pondéral de 35% (contre 18% aux meules
traditionnelles) aurait permis une économie de 155 000 tonnes de charbon de bois (soit à peu près la
consommation de la ville de Dakar) si son utilisation était généralisée pour la campagne en cours.
Dans le cadre du volet offre de bois énergie, de nombreux projets de reboisement ont été réalisés en vue
d’augmenter les ressources ligneuses. Mais force est de reconnaître que ces reboisements n’ont pas donné les
résultats escomptés.
Ainsi, de 1970 à aujourd’hui, plus de 150 000 ha ont été reboisés. Depuis 1985, les opérations de reboisement ont
atteint un rythme « croisière » de 20 000 ha par an. Ces opérations portent le plus souvent sur la diversification des
activités englobant la protection des cultures, la restauration des sols et la réhabilitation de l’environnement. Les
reboisements annuels ne couvrent qu’un quart de la superficie déboisée. Ce qui témoigne de l’insuffisance des
actions de reboisement et de la nécessité de combiner à celui-ci d’autres formes d’actions portant sur les autres
secteurs du système socio-économique du pays.
La cause de l’insuccès des reboisements tient au fait que le reboisement ne nourrit pas le sylviculteur dans la
mesure où le paysan n’y trouve nullement son intérêt parce que la législation de l’époque lui interdisait de couper
les arbres situés ou implantés dans son champ de culture sans l’autorisation du Service forestier. Au cas échéant,
il se trouverait dans une situation délictueuse et donc justiciable d’une amende voire d’une peine
d’emprisonnement.
Il faut donc aussi bien conférer à l’arbre sur pied une valeur (jusque-là le bois sur pied ne coûtait à l’exploitant
forestier que 1 F cfa/kg; ce qui est inférieur à son coût de production estimée entre 6,625 et 8 F/kg dans un cadre
d’aménagement et à 18,2 F/kg suivant un système de reboisement) et conforter le paysan dans son droit de
propriété sur les arbres qui pousseraient sur son champ avec tous les droits qui s’attachent à cette propriété
(l’usus, le fructus et l’abusus).
Le recours à l’aménagement forestier se fonde principalement sur le fait que, parmi toutes les opérations forestières,
l’aménagement est le moins coûteux, et ce, sans dégradation de l’environnement. Dans ce cadre, ce qui est
important, c’est le prélèvement qui est opéré et qui doit être au plus égal à la productivité. En d’autres termes,
c’est l’équivalent de la productivité annuelle qui sera prélevée à des fins de production de bois énergie.
Cette approche qui est compatible avec la sauvegarde de l’environnement a été retenue comme une esquisse de
solution et mise en œuvre dans le cadre du programme de gestion participative des énergies traditionnelles et de
substitution (PROGEDE). Depuis quelques années, le charbon de bois qui approvisionne le pays provient à 75%
des zones d’intervention du PROGEDE.
L’application des actions citées plus haut et leur réussite dépendent, pour une part, de ce qui est ou n’est pas fait
en matière de fiscalité et de prix en vue d’inciter ou de décourager les consommateurs. De la sorte, la mise en
œuvre de la stratégie des combustibles domestiques intégrera-t-elle une dimension (fiscale et de prix) incitative,
tant pour la promotion de combustibles et de foyers de substitution, que pour le développement de l’action
forestière dans un cadre de développement durable.
Cette politique devra, autant que faire se peut, refléter la vérité des coûts économiques et des prix des différents
combustibles domestiques. D’aucuns ont pu penser que le relèvement, en mars 1994, du prix officiel du charbon
de bois de 40 à 95 F.CFA/kg (soit une hausse de 137%) allait dans ce sens. Cette hausse des prix du charbon de
bois aurait dû contribuer à favoriser la pénétration des foyers améliorés dans les ménages qui chercheront à
atténuer l’impact de la hausse ou le recours à des énergies de substitution comme le GPL et l’utilisation rationnelle
d'autres formes d'énergies domestiques. Depuis 1999, les prix du charbon de bois sont libéralisés.
La politique des prix, à laquelle il est fait allusion devra, dans une certaine mesure, chercher à afficher les coûts
réels des différents combustibles. Dans cette optique, l’Etat a un rôle primordial à jouer : c’est-à-dire s’abstenir de
toute intervention qui pourrait fausser la concurrence. Il importera donc de supprimer toutes les formes de
subvention ou de surtaxation de tel ou tel autre combustible aux fins de transparence du (ou des) marché(s).
Cette politique fiscale devrait essentiellement s’articuler autour de l’augmentation de la redevance forestière jusqu’à
hauteur de la valeur économique de bois sur pied afin de permettre l’intéressement des sylviculteurs au
renouvellement de la ressource.
Il ne s’agit, ni plus ni moins, que de parvenir à la vérité des prix des combustibles et de leurs équipements de
cuisson. Le relèvement des taxes forestières à 700 F/quintal de charbon de bois provenant des zones mises sous
aménagement et à 1 400 F /quintal de charbon de bois issu des zones non aménagées est un indicateur de la
volonté des pouvoirs publics tendant à inciter les opérateurs à aménager les forêts pour la production de bois-
énergie et de lutter contre le déboisement. Cette mesure constitue, surtout, un moyen pour décourager les
opérateurs à aller s’approvisionner en bois énergie à partir des zones peu pourvues en ressources ligneuses.
Conclusion
Il y a lieu d’adopter une politique de « vérité des prix » qui serait la condition première de toute forme de libéralisation
du secteur des combustibles et qui devrait permettre une vraie diversification qui tiendrait compte des deux
contraintes majeures du système sénégalais (coût des subventions accordées au gaz et dégradation des
formations forestières).
Bibliographie
http://www.sie-energie.gouv.sn/
Introduction
Au Sénégal, la péjoration climatique et les actions anthropiques néfastes affectent l’état des ressources naturelles
ainsi que l’environnement et compromettent ainsi les bases du développement durable.
Pour l’essentiel, les ressources naturelles du Sénégal sont composées de ressources hydriques, pédologiques et
minières, végétales terrestres et marines, halieutiques, fauniques sauvages et domestiques qui constituent les
principales sources d’approvisionnement des populations en biens et services pour la satisfaction de leurs besoins.
La demande ne cesse d’augmenter compte tenu du taux d’accroissement démographique moyen annuel évalué
à 2,5% en 2002 qui permettrait de doubler la population tous les 25 ans selon le 3ème RGPH21. Par ailleurs,
l’urbanisation mal maîtrisée, liée à ce croît démographique, rend difficile la gestion du cadre de vie.
Pour une meilleure gestion des ressources naturelles et de l’environnement, la politique environnementale fixe les
objectifs à atteindre, détermine les interventions et alloue des ressources pour réaliser des objectifs visés à moyen
et long termes au profit des générations actuelles et futures. Face à la demande croissante en ressources naturelles,
à l’essor et à l’impact des activités socio-économiques sur l’environnement, cette politique est passée d’une timide
prise de conscience de la nécessité d’intégrer réellement la dimension environnementale dans les politiques
publiques à la nécessité d’asseoir les bases d’un développement socio-économique durable.
C’est ainsi que la stratégie du développement économique et social à moyen terme du Sénégal a évolué, passant
de la vision restrictive de l’environnement à la vision holistique. En effet, la stratégie de développement du Sénégal,
matérialisée par le VIIIième Plan d’Orientation et de Développement Economique et Social (1992-1996) issu de
l’étude prospective « Sénégal 2015 », qui abordait les questions environnementales sous l’angle du déboisement
des zones rurales et de la lutte contre la désertification a évolué avec le IXième plan (1996-2001) vers une démarche
cohérente de gestion de l’environnement et des ressources naturelles, dans la perspective d’un développement
durable mettant l’accent sur :
- la gestion des ressources naturelles pour satisfaire les besoins des populations et garantir leur préservation ;
- la mise en place de systèmes appropriés de gestion des déchets solides, liquides et gazeux ;
- la promotion de l’éducation environnementale en milieux formel et non formel ;
- l’élaboration et la mise en œuvre de plans et schémas d’action environnementaux assurant la cohérence et
la complémentarité des actions de gestion des ressources naturelles et de l’environnement.
Toutefois, l’examen des différents plans stratégiques et programmes des politiques de développement fait ressortir
une faible articulation entre la politique environnementale et les autres politiques sectorielles, qui s’est traduite au
niveau de l’état de l’environnement et des populations affectées par la crise du développement par :
- une logique productiviste et de survie peu soucieuse de la durabilité des ressources naturelles ;
- une tardive prise de conscience de l’interdépendance entre le caractère structurel de la crise et l’état de
l’environnement.
La nécessité de mettre un terme à la logique productiviste et d’une prise de conscience effective de l’interdépendance
entre le caractère structurel de la crise du développement et l’état de l’environnement a été impulsée de l’extérieur par
les pays du Nord avec l’émergence du concept «environnement-développement» à travers des rencontres
internationales parmi lesquelles, on peut retenir principalement :
- la conférence sur la population et le développement du Caire en 1994 qui traitait les problèmes
environnementaux sous l’angle de la maîtrise de la croissance démographique ;
- les conférences de Copenhague, de Berlin et de Vienne en 1995, le deuxième Sommet de la Terre tenue à
New York en 1997, la conférence de Kyoto en 1997 et le troisième sommet de la Terre tenu à Johannesburg
en 2003 qui avaient tous mis l’accent sur la nécessité de définir des principes pour un « développement
durable » préservant les grands équilibres écologiques.
Ces rencontres mondiales confirment les inquiétudes du rapport Brundtland qui alertait le monde dès 1987 sur
l’urgence d’un développement économique soutenu, sans épuiser les réserves naturelles ou nuire l’environnement,
en prônant un développement durable pour la protection de l’environnement, la croissance économique et l’équité
sociale. Ces préoccupations internationales ont conduit le Sénégal à souscrire à une série d’engagements traduits
en politiques de développement. Dès lors, la planification environnementale s’est imposée aux décideurs pour
asseoir les bases d’un développement économiquement viable, écologiquement soutenable et socialement
équitable. Il s’agit de veiller à une bonne intégration de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles,
dans les plans et programmes à mettre en œuvre, à travers un dispositif institutionnel et juridique national devant
s’adapter progressivement au contexte.
Dans ce chapitre, une analyse sera faite du processus de la planification environnementale avec un regard
prospectif sur les mesures et actions futures que les pouvoirs publics doivent maîtriser, dans le but de mieux
assurer la protection de l’environnement compte tenu des atouts et contraintes de la planification environnementale.
La protection de l’environnement passe par des gestes citoyens quotidiens, mais également par des actions mises
en œuvre par les institutions. Pour toute activité dont on attend des résultats, l’organisation s’impose pour atteindre
l’efficacité optimale. Il faut donc planifier en définissant les objectifs et allouer des ressources appropriées pour la
réalisation des activités y afférentes.
La planification environnementale est basée sur le choix des orientations stratégiques des plans et programmes
de la politique environnementale en rapport avec les autres secteurs compte tenu de la diversité des utilisateurs
des ressources naturelles et de l’environnement. Elle opère des options et programme des actions prioritaires
permettant d’accroître l’efficacité et la durabilité de l’impact des interventions retenues pour la gestion durable de
l’environnement et des ressources naturelles aux niveaux local, national et mondial. De ce point de vue, elle
nécessite d’asseoir un cadre institutionnel et juridique adéquat et d’avoir des outils de planification appropriés.
L’attribution des responsabilités de la gestion de l’environnement par les pouvoirs publics a beaucoup évolué. Au
début de l’indépendance, cette compétence était dévolue aux services des Eaux et Forêts et des Mines, puis à
la commission consultative de la protection de la nature et de la conservation des ressources naturelles (1968) et
plus tard à la commission nationale de l’environnement (1971). Ces commissions avaient une compétence
consultative et non décisionnaire et l’environnement était assimilé restrictivement à la protection de la nature.
L’urgence des problèmes d’environnement, liés aux désastres écologiques, à la désertification et à la sécheresse,
exigeait des institutions plus adaptées avec des attributions plus larges et une synergie des interventions. C’est
ainsi que le Secrétariat d’Etat aux Eaux et Forêts, incluant la Direction des Eaux et Forêts et celle des Parcs
Nationaux, a été créé en 1978 et rattaché à la Primature. La Direction de l’Environnement a été mise en place en
1975 et rattachée au Ministère du développement industriel et de l’environnement. Ensuite, le Conseil National de
l’Urbanisme et de l’Environnement, présidé par le Président de la République, est créé par décret n°75-1105 du
04 novembre 1975. Ce dernier disposait d’un pouvoir consultatif et de décision et son intervention tributaire de
trois départements ministériels chargés respectivement du développement industriel et de l’environnement, du
développement rural et de l’hydraulique et des travaux publics, des transports et de l’urbanisme.
En outre, la Direction de l’Environnement sera particulièrement caractérisée par une mobilité entre différents
ministères. Elle dépendait d’abord du Ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Environnement de mai 1979 à
avril 1983 puis du Ministère de la Protection de la Nature d'avril 1983 à avril 1990, ensuite de 1991 à 1993 du
Ministère du Tourisme et de l’Environnement en vue d'une meilleure cohérence avec la priorité que le Gouvernement
attachait au développement du tourisme.
Malgré la multiplicité des institutions et organes de gestion des ressources naturelles et de l’environnement, la
transversalité de l’environnement n’était prise en compte par aucune structure.
En 1983, le Secrétariat d’Etat aux Eaux et Forêts change en Ministère de l'Environnement et de la Protection de
la Nature et devient le principal gestionnaire de la politique environnementale du Sénégal du fait même que
l’environnement constitue un secteur transversal. Il regroupera la Direction des Eaux et Forêts, la Direction les
Parcs Nationaux et la Direction de l’Environnement avec le rattachement du bureau des établissements classés
précédemment au Ministère de l'Industrie. La Direction de l’Environnement est chargée de la lutte contre les
pollutions et nuisances, de suivre et de coordonner l’ensemble des actions des divers services et organismes
intervenant dans le domaine de l’environnement et d’élaborer les textes législatifs et réglementaires concernant
l’environnement. Le caractère multisectoriel des problèmes d’environnement a rendu difficile l’élaboration de tous
les textes sur l’environnement par cette direction.
Le caractère transversal de l’environnement a suscité la création du CONSERE par décret n° 93-885 du 4 août
1993. Cette structure constitue un cadre de concertation chargé, sous la présidence du Premier Ministre,
d’orienter l’action des différents départements ministériels impliqués dans la gestion des
ressources naturelles et de l’Environnement. Ainsi, la mise en place du CONSERE22, qui a piloté le processus participatif
d’élaboration du PNAE23 en 1997, visait essentiellement la cohérence du cadre juridique et institutionnel, l’harmonisation
des approches des différentes catégories d’acteurs, la prise en compte de la dimension environnementale dans la
planification du développement économique et social.
Le CONSERE est composé d’un Conseil interministériel, organe de décision, d’un Comité
permanent, organe de suivi, et d’un Secrétariat permanent, organe d’exécution. Le
Conseil interministériel est présidé par le Premier Ministre et le Comité permanent par le Ministre chargé de
l’Environnement. Le Secrétariat permanent créé par arrêté ministériel n°3850-MEPN du 24 mai 1994 est dirigé
par un coordonnateur national nommé par le Ministre chargé de l’Environnement.
A cet organe s’ajoute la CNDD24, (arrêté primatorial n°5161 du 26 Mai 1995) qui concrétise une décision du
Sommet Mondial de Rio 1992. Elle a pour mandat de développer la réflexion sur les conditions de mise en œuvre
du Développement Durable au Sénégal avec une approche intégrée et participative dans le cadre d’une SNDD25.
La CNDD regroupe, en plus de l’Etat, des acteurs variés que sont le secteur privé, les ONG, les Collectivités
Locales, la Communauté Scientifique, les Organisations Féminines, les Mouvements de Jeunesse, les Syndicats,
les Parlementaires, etc.
La CNDD est présidée par le Ministère des Affaires Étrangères. La DEEC26 en assure le secrétariat. Elle comprend :
(i) une sous-commission orientation, placée sous la Présidence de la Primature chargée de la définition des axes
de la politique globale et cohérente en phase avec l’Agenda 21 ; (ii) une sous-commission suivi-évaluation, présidée
par la DEEC, pour assurer le suivi des recommandations de la conférence de Rio et (iii) une sous-commission
étude de projets, sous la tutelle du Ministère de l’Économie et des Finances, chargée de la présélection des projets
soumis au financement avant transmission aux partenaires au développement.
De ce qui précède, il ressort que la gestion du secteur de l’Environnement a été marquée par des flottements
institutionnels qui dénotent de la difficulté du rattachement de tous les aspects environnementaux à un secteur.
En outre, l’organisation administrative traditionnelle, fondée sur le principe de la spécialisation ministérielle, rendait
difficile toute coordination à ce niveau.
Pour ce qui est des principales conventions internationales relatives à l’environnement, auxquelles le Sénégal est
contractant, elles traitent de la protection de l’atmosphère, de la biodiversité, des écosystèmes, des végétaux et
de la mer contre les pollutions marines. Elles abordent aussi des aspects relatifs à la lutte contre la désertification,
aux déchets et substances dangereux ainsi que de la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. Il s’agit
plus spécifiquement de conventions
• Traitant de la biodiversité : l’accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-
Eurasie de 1995 et son plan d’action (2003-2005) vient compléter la convention sur la diversité biologique
ratifiée par le Sénégal depuis 1994, la convention sur le commerce international des espèces de faune et
de flore sauvages menacées d’extinction de 1973 avec ses annexes I, II et III entrées en vigueur en octobre
2003. Auparavant, les dispositions prises concernaient la convention sur la conservation des espèces
migratrices appartenant à la faune sauvage de 1979 avec ses annexes I & II en 2002, le protocole de
Cartagena pour la prévention des risques biotechnologiques de 2000, la convention de Berne axée sur la
conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe de 1979 et ses appendices adoptés en
mars 1998 et la convention sur la diversité biologique de 1992.
• Sur la désertification et la protection des écosystèmes qui sont prises en charge dans
le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement
touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique. Cette convention a été adoptée
en 1994, à la suite du protocole amendant celle relative aux zones humides, habitats de la sauvagine
d’importance internationale adoptée en 1982 et de celle de Ramsar relative aux zones humides, habitats
des oiseaux d'eau signée en 1971 ainsi que de la convention africaine sur la conservation de la nature et
des ressources naturelles.
• Les déchets et substances dangereux, qui sont réglementés par la convention de Stockholm
sur les Polluants Organiques Persistants (POPs) intervenue en 2001 à la suite de celle de Rotterdam sur la
procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques
et pesticides dangereux faisant l’objet d’un commerce international adoptée en 1998, de la convention de
Bamako sur l’interdiction d’importer des déchets dangereux et le contrôle de leurs mouvements
transfrontières en Afrique signée en 1991 et de la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements
transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination adoptée par la conférence de plénipotentiaires
du 22 mars 1989.
Ces conventions constituent des dispositions juridiques prises par les Parties contractantes et doivent être
appliquées aux niveaux mondial, continental, régional, national et local pour la protection et la gestion durable de
l’environnement et des ressources naturelles. Ainsi, au plan national, leur appropriation est concrétisée par
l’adoption et l’application de textes de loi et règlement constitués de décrets, arrêtés et normes. Pour l’essentiel,
il s’agit des mesures suivantes :
Les dispositions les plus récentes sont la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale de 2004, le code minier avec la loi
n° 2003-36 du 12 novembre 2003, le nouveau code de l'environnement intervenu en 2001 (loi n° 2001-01 du 15
janvier 2001), le code forestier de 1998 (loi n° 98/03 du 08 janvier 1998 et décret n° 98/164 du 20 février 1998) et
le code de la pêche maritime suivant la loi n° 98-32 du 14 avril 1998.
Dans le cadre de la décentralisation, un transfert de compétences environnementales a été effectif et régi par un
recueil des textes dont la loi 96-06 du 22 mars 1996 portant code des collectivités locales, la loi 96-07 du 22 mars
1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales, le décret 96-1118 du
27 décembre 1996 instituant un conseil national de développement des collectivités locales et le décret 96-1134
du 27 décembre 1996 portant application de la loi de transfert de compétences aux régions, aux communes et
aux communautés rurales, en matière d’environnement et des ressources naturelles.
Il faut également noter l’adoption du code de l'urbanisme défini par la loi n° 88-05 du 20 juin 1988, du code de la
chasse et de la protection de la faune de 1986, du code de l'hygiène ou loi n° 83 - 71 du 5 juillet 1983, du code
de l'eau de 1981 et de la loi n° 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national.
Dans le cadre de la mise en œuvre des textes de loi et règlements adoptés, des décrets et arrêtés sont pris pour
encadrer les actions de terrain. A titre d’illustration, les principales mesures prises sont :
Par rapport aux normes environnementales, les dispositions prises sont l’adoption des normes de rejets pour la
pollution atmosphérique en 2003, pour les eaux usées en 2001 et la norme sénégalaise d’émission des gaz
d'échappement des véhicules terrestres à moteur pour les valeurs limites admissibles et les procédures de contrôle
en 1999.
Ces conventions, lois et règlements ont contribué à définir des cadres juridiques pour réguler et organiser l’accès
aux ressources naturelles et protéger l’environnement contre les effets pervers des activités socio-économiques.
Cependant, leur application doit être renforcée par la communication, l’information, la sensibilisation et l’appui
conseil. Il s’agira aussi de financer les programmes des plans d’action y afférents.
Au Sénégal, les règles juridiques et institutionnelles du droit de l’environnement sont antérieures au sommet de
Rio de Janeiro de 1992 sur l’environnement et le développement qui a fait le point sur l’application du droit de
l’environnement depuis la première rencontre de Stockholm tenue en 1972. Elles ont connu des évolutions compte
tenu du changement de contexte aux plans mondial, continental, régional, national et local.
La première évolution est marquée par la ratification des conventions internationales signées à Rio de Janeiro en 1992
portant, entre autres, sur la diversité biologique, les changements climatiques et la lutte contre la désertification avec la
définition des conditions de mise en œuvre des principes contenus dans l’agenda 21.
La seconde évolution est d’ordre institutionnel avec la création du CONSERE dès 1993 par décret n°93-885
du 4 août 1993 qui prenait largement en charge les liens entre la protection de l’environnement et les efforts
de développement économique et social au Sénégal. Il s’y ajoute la mise en place de la CNDD par arrêté primatorial
n° 5161 du 26 mai 1995. Ces mesures concrétisent au plan national des engagements par rapport à l’agenda 21.
La troisième évolution est caractérisée par la révision des principaux textes de loi et règlement de protection de
l’environnement. A titre illustratif, on se limitera aux lois de transfert de compétences environnementales aux
collectivités locales et aux codes forestier, de l’environnement, des mines et de la pêche maritime.
Poursuivant sa politique de décentralisation démarrée depuis 1972, le Sénégal procédera à partir de 1996 à des
transferts de domaines de compétences environnementales aux collectivités locales et fera adopter des textes
législatifs et réglementaires de base en vigueur à partir du 1er janvier 1997. Il s’agit précisément de la loi 96-06 du
22 mars 1996 portant code des collectivités locales, de la loi 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de
compétences aux régions, communes et communautés rurales, du décret 96-1118 du 27 décembre 1996
instituant le conseil national de développement des collectivités locales et du décret 96-1134 du 27 décembre
1996 portant application de la loi de transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales,
en matière d’environnement et de gestion des ressources naturelles dont la planification régionale et locale.
Le code forestier de 1993 qui a vu le jour à la suite de l’adoption du plan d’action forestier de 1992 fera l’objet d’une
réforme pour prendre en charge le contexte de transfert de compétences aux collectivités locales et aboutira en 1998
à l’adoption de la loi n°98-03 du 08 janvier 1998 et du décret n°98-164 du 20 février 1998 portant code forestier. Compte
tenu de l’évolution du contexte économique, politique, social et environnemental, le code forestier de 1998 et celui de
la chasse et de la protection de la faune de 1986 sont actuellement en cours de refonte pour prendre en charge, entre
autres, la fiscalité forestière et les modalités d’accès aux ressources forestières et fauniques pour les communautés de
base et collectivités locales.
En ce qui concerne le nouveau code de l’environnement, il a fait l’objet d’un long processus et d’une démarche
intégrée qui a abouti en 2001 à l’adoption de la loi n°2001-01 du 15 janvier 2001 et de son décret d’application
n°2001-282 du 12 avril 2001. Contrairement à l’ancien code de 1983 qui traînait la grosse lacune de n’avoir ni
décrets, ni arrêtés d’application. Les principales innovations du nouveau code sont la consécration du droit à un
environnement sain, la réglementation des études d’impacts sur l’environnement, la prise en charge du transfert
des compétences environnementales aux collectivités locales, la prise en compte des instruments de planification
environnementale et des principes du développement durable, le renforcement des normes de protection de
l’environnement.
Le nouveau code minier, qui réglemente les conditions de prospection, de recherche et d’exploitation minière,
ainsi que le régime des carrières, s’inscrit dans une dynamique devant assurer la sauvegarde d’une telle richesse.
Ainsi, tout titulaire de permis d’exploitation doit participer à la réhabilitation des sites miniers en ouvrant un compte
fiduciaire destiné à couvrir les coûts de la mise en œuvre du programme de réhabilitation. De même, toute
exploitation minière qui se trouve en forêt classée est tenue de se conformer aux dispositions du Code forestier.
Le code de la pêche maritime adopté par la loi n°98-34 du 14 avril 1998 s’inscrit dans le cadre de la nouvelle
politique des pêches avec comme objectif fondamental la protection des ressources halieutiques nationales. Le
code consacre le principe du repos biologique en vue d’assurer une gestion durable des ressources halieutiques.
La quatrième évolution est marquée par l’adoption de la nouvelle constitution de la république en janvier 2001, la
première à consacrer, au Sénégal, des dispositions relatives à l’Environnement. Elle précise à son article 8 que :
« La République du Sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits
économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. Ces libertés et droits notamment, le droit à un environnement
sain s’exercent selon des conditions prévues par la loi ».
Toutefois, ces évolutions ont été confrontées à des difficultés dans l’application des textes de loi et règlement et
la prise en charge des activités y afférentes ainsi que le déficit en matière d’éducation, de formation, d’information
et de recherche en droit de l’environnement au profit des différentes catégories d’acteurs (universités et écoles de
formation professionnelle, organes et institutions de gestion, organisations communautaires de base, collectivités
locales, etc.).
Le processus de planification environnementale est dynamique et itératif. Les principaux acteurs sont l’Etat
(gouvernement et parlement), les Collectivités locales, le Secteur privé, la Société civile (ONG, organisations
communautaires de base et organisations professionnelles, média), les Partenaires Techniques et Financiers, les
Populations, les Universités, les Etablissements de Formation ou de Recyclage et les Institutions de Recherche.
Tous ces acteurs jouent un rôle spécifique dans le processus de la planification et de la mise en œuvre de la
politique environnementale.
L’Etat en assure le cadre législatif et réglementaire, la planification, la mise en œuvre, le suivi-évaluation des
programmes, la recherche et la mobilisation des ressources.
Les Collectivités locales, de par les compétences qui leur sont transférées au niveau régional et local, veillent au
respect de la loi et sont aussi chargées de la planification, de la mise en œuvre et du suivi-évaluation des
programmes, de la recherche de fonds notamment dans le cadre de la coopération décentralisée et de la
mobilisation des ressources allouées par l’Etat et les partenaires. Elles coordonnent et assurent la synergie entre
les acteurs locaux.
Le Secteur privé, tout en veillant au respect des lois, règlements et normes, participe à la gestion des ressources
naturelles et de l’environnement, capitalise et valorise les résultats de la recherche, à travers des investissements
et l’appui conseil.
La Société civile joue le rôle de veille et d’alerte, assure le plaidoyer, la sensibilisation, la formation, l’appui technique
et financier et le lobbying. Les Populations aussi jouent le rôle de veille et d’alerte, contribuent à la mise en œuvre
de programmes et au contrôle citoyen de l’action publique. Les Partenaires techniques et financiers apportent
leurs appuis technique et financier et conseil.
Les Universités, Etablissements de Formation ou de Recyclage et les Institutions de recherche sont chargés de la
recherche appliquée, de la diffusion des résultats de la formation ou recyclage.
Les principaux outils valorisés au cours du processus de planification stratégique et opérationnelle environnementale
sont : les plans d’actions27 issus de la conférence de Rio 1992 sur l’environnement et le développement ; les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) ; l’Initiative Environnement du Plan d’Action du Nouveau Partenariat pour
le Développement de l’Afrique (NEPAD) ; le Plan d’Orientation de Développement Economique et Social (PODES) ;
le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) ; l’Analyse Environnementale Pays (AEP) ; la Stratégie
Nationale de Développement Durable (SNDD) ; la Stratégie de croissance accélérée (SCA) ; les plans d’actions
sectoriels (forêt, agriculture, élevage…), les Plans d’action environnementaux (PAEER) et les plans régionaux et locaux
de développement ainsi que les Etudes d’Impact Environnemental (EIE).
Mais, le cadre de référence de la politique environnementale est constitué, pour l’essentiel, par la Lettre de politique
sectorielle de l’environnement et des ressources naturelles (LPSERN). Son processus de planification repose sur:
(i) l’identification des orientations majeures pour le secteur, (ii) la déclinaison des axes stratégiques de la politique
environnementale en programmes et projets, (iii) la définition des stratégies de mise en œuvre de la politique et (iv)
de suivi-évaluation des interventions. La LPSERN résume l’apport du secteur de l’environnement et des ressources
naturelles à la politique de développement. Les orientations et axes d’intervention déclinés en projets et
27 Plan National d’Action pour l’Environnement -Programme d’Action National de Lutte Contre la Désertification ; Stratégie
Nationale sur les Changements Climatiques- Plan d’Action National pour l’Adaptation au changement climatique ; Stratégie
Nationale de Conservation de la Biodiversité et son plan d’action.
programmes sont formulés de manière participative en parfaite cohérence avec les plans stratégiques et plans
d’actions établis aux niveaux mondial, continental, régional et national qui sont également des éléments du cadre
de référence de la planification environnementale.
L’élaboration de la lettre de politique sectorielle de l’environnement a démarré par une étude diagnostique du
secteur qui a permis de dresser l’état de l’environnement et des ressources naturelles, d’identifier les contraintes,
les atouts politiques, juridiques, institutionnels, économiques et sociaux du secteur. Cette étude aboutit à la
définition d’un objectif global et des orientations stratégiques de la politique environnementale avec des axes
d’intervention associés et des principes directeurs reposant sur la synergie des interventions, la bonne gouvernance
environnementale, la durabilité des actions, l’approche genre et la qualité des ressources humaines, la focalisation
sur des actions prioritaires et la gestion axée sur les résultats. Le travail mené en concertation entre toutes les
structures du Ministère et ses partenaires stratégiques et opérationnels, a permis de définir de manière consensuelle
les orientations stratégiques, les axes d’intervention et d’identifier les acteurs.
Les axes d’intervention de la lettre de politique sectorielle de l’environnement sont ensuite déclinés en budgets
programmes avec des composantes mises en œuvre à travers un Cadre de Dépenses Sectorielles à Moyen Terme
(CDS-MT), qui est l’outil opérationnel de mise en œuvre de la politique environnementale, adopté depuis 2005 au
niveau du ministère de l’environnement. Les budgets programmes élaborés, suivant une base prédéfinie, font
l’objet d’une évaluation ex-ante par les services compétents du Ministère de l’environnement au regard des
orientations stratégiques, des axes d’intervention et des principes directeurs de la lettre de politique du secteur.
Après la validation interne, les programmes sont transmis au Ministère en charge des Finances pour approbation
et recherche de financement.
Les sources potentielles de financement identifiées pour la mise en œuvre des programmes sont principalement
l’Etat et les partenaires au développement, les ONG, les industries, les instituts de recherche et les collectivités
locales notamment avec la coopération décentralisée. Le rôle du MEPN est de créer un cadre propice à la
mobilisation des ressources nationales et étrangères. Ce faisant, toutes les ressources disponibles seront utilisées
pour lever les contraintes pouvant hypothéquer l’équilibre écologique et la qualité de vie des générations présentes
et futures. Dans cette optique, le CDS-MT a pour objet la gestion axée sur les résultats.
Au plan opérationnel, le suivi de la mise en œuvre des stratégies et programmes est assuré par des structures du
MEPN ou relevant d’autres départements ministériels sur la base d’indicateurs de résultats et d’impacts prédéfinis
avec une série d’évaluations (ex ante, en cours et ex post).
Le gouvernement du Sénégal a concrétisé l’application des recommandations du sommet de Rio en 1992 sur
l’environnement par l’élaboration et l’exécution de stratégies, de plans d’actions et programmes (PAN/LCD, SNCB,
PANA, SNDD, etc.). Malgré les importants efforts accomplis dans la mise en œuvre, force est de reconnaître qu’il
existe encore des contraintes majeures liées à la persistance de la pauvreté, la sécheresse, les actions
anthropiques, l’insuffisance des moyens (financiers, matériels, logistiques) et le faible niveau d’intégration de la
conservation de la diversité biologique, de l’adaptation au changement climatique et de la protection du cadre de
vie dans les activités structurantes telles que l’agriculture et l’élevage, les productions industrielles, le transport…
Le manque de moyens et l’insuffisance de synergie des intervenants ont conduit à un important déficit en matière
d’aménagement des forêts et de conservation de la biodiversité, de réhabilitation des zones d’exploitation minière,
de lutte contre la baisse de la fertilité des sols, de rétention des eaux de ruissellement, d’intensification agricole,
de renforcement des capacités, de développement d’activités socio-économiques durables, d’amélioration du
cadre institutionnel et politique, de partenariat, de financement durable et d’élaboration d’un système de suivi-
évaluation.
Cependant, pour favoriser une meilleure prise en compte du risque climat et des implications « changements
climatiques » dans les documents de programmation et de planification stratégique un projet pilote a été initié au niveau
national28. Par ailleurs, sur le plan opérationnel, diverses actions sont entreprises par les différents secteurs dont les
travaux de protection côtière, la mise en place de bassins de rétention et de fermes aquacoles, le renforcement des
capacités des populations pour des pratiques agricoles adaptées aux changements climatiques, l’aménagement
participatif et durable des forêts, la lutte contre les feux de brousse, la petite irrigation locale à travers des
aménagements hydro-agricoles et pastoraux durables, la récupération de terres salées, l’efficacité énergétique et
thermique dans les bâtiments, le renforcement des capacités pour l’amélioration de la qualité des inventaires de gaz
à effet de serre…
Ainsi, pour les six prochaines années, l’objectif global de la LPSERN 2009-2015 est « d’assurer une gestion
rationnelle de l’environnement et des ressources naturelles pour contribuer à la réduction de la pauvreté dans une
perspective de développement durable ». Les récentes crises alimentaires et énergétiques mondiales ont démontré
l’importance que revêt pour chaque pays la sécurité alimentaire. C’est pourquoi, les questions relatives à la
dégradation des ressources naturelles et aux changements climatiques sont des priorités nationales. Elles ont une
incidence sur les stratégies et programmes de développement agricole, et donc sur la sécurité alimentaire au plan
quantitatif et qualitatif.
La LPSERN 2009-2015 prête une grande attention à la gestion des ressources naturelles et aux changements
climatiques, mais aussi aux enjeux écologiques tels que la biodiversité, les bioénergies, la biosécurité, la
désertification, la gestion des zones humides, la maîtrise des eaux de ruissellement, la dégradation des terres et
la lutte contre les feux de brousse. A ces enjeux, s’ajoutent la lutte contre l’érosion côtière, les pollutions et
nuisances de toute nature ainsi que la maîtrise des risques chimiques, industriels et technologiques qui ont à la
fois une influence négative sur les ressources naturelles, la sécurité alimentaire et le cadre de vie.
Le transfert de compétences environnementales aux collectivités locales a renforcé l’autorité locale et l’implication
des collectivités de base en matière de planification régionale et locale et de GRNE avec l’appui conseil des
agences régionales de développement et des services techniques déconcentrés de l’Etat. L’existence
d’instruments de planification au niveau régional, communal et local constitue le point fort pour la planification du
développement à la base.
La réflexion sur les conditions de mise en œuvre du développement durable au Sénégal est animée par la
Commission Nationale du Développement Durable instituée à cet effet. Elle regroupe en plus de l’Etat, des
acteurs variés (le secteur privé, les ONG, les Collectivités Locales, la Communauté Scientifique, les
Organisations Féminines, les Mouvements de Jeunesse, les Syndicats, les Parlementaires, etc.). Elle a permis
de guider les politiques et stratégies de relance de la croissance économique pour la satisfaction des besoins
essentiels des catégories sociales les plus démunies, le respect de la capacité de charge de la nature, la
garantie de l’équité et la prise en compte des dispositions des conventions internationales relatives à l’ERN,
auxquelles le Sénégal a souscrit.
En outre, la Cellule d’Etudes, de Planification et de Suivi (CEPS) mise en place par arrêté ministériel
n°04-006292/MEPN du 30 juillet 2004 a développé, au sein du ministère de l’environnement, un système de
planification stratégique et opérationnelle (Lettre de politique sectorielle et CDS-MT) répondant aux orientations
stratégiques nationales et locales et veille à l’harmonisation des interventions des différentes structures dudit
ministère dans le cadre de la mise en œuvre de la politique environnementale pour optimisation de l’utilisation des
ressources mises à disposition et l’efficacité des actions de gestion des ressources naturelles et de préservation
de l’environnement.
Par ailleurs, dans le cadre de l’application des dispositions du code de l’environnement, il a été également tenu
rigueur de tous les projets et programmes assujettis à la prise en charge des études d’impacts environnementaux
préalablement à leur mise en œuvre, ce qui a permis d’améliorer le niveau de prise en charge des problèmes par
la planification environnementale.
L’Analyse Environnementale Pays (AEP) renforce le dialogue sur les enjeux environnementaux du Sénégal. Elle
fournit des avis sur les priorités environnementales nationales et le cadre institutionnel pour la gestion de ces
priorités et appuie les efforts d’intégration des considérations environnementales au DSRP ainsi que le renforcement
de la planification stratégique et opérationnelle par résultats en cours au sein du Ministère de l’environnement.
Ceci en vue d’atteindre les OMD, en gérant les ressources naturelles et l’environnement de manière durable, afin
de contribuer de façon optimale au partage de la croissance et à la réduction de la pauvreté.
En outre, le développement de l’information environnementale a connu un essor avec la diffusion régulière à partir
de l’an 2000 de l’Annuaire sur l’environnement et les ressources naturelles et du Rapport national sur l’état de
l’environnement ainsi que de l’institutionnalisation de la Cellule d’Education et de Formation Environnementale, du
réseau des journalistes de l’environnement, du réseau des parlementaires de l’environnement et des organisations
de la société civile active dans le domaine. A cela s’ajoutent les productions et diffusions d’innombrables supports
d’information et de formation par les structures pérennes de l’administration et de la société civile.
L’organisation administrative traditionnelle, fondée sur le principe de la spécialisation ministérielle, rend difficile
toute coordination des actions en matière environnementale avec la dissémination institutionnelle dans l’attribution
des compétences relevant du domaine. Les flottements institutionnels, soulignés, dénotent de la difficulté du
rattachement de l’environnement à un secteur. En outre, les textes en vigueur se révèlent parfois inadaptés au
contexte pour la prise en charge efficace des problèmes environnementaux qui évoluent dans le temps et dans
l’espace.
Le CONSERE, un organe de coordination interinstitutionnel plus que nécessaire pour orienter l’action des
départements ministériels impliqués dans la gestion des ressources naturelles et de l’Environnement, fait face à
un manque drastique de moyens financiers et humains et est entré en léthargie à la fin du projet qui appuyait ses
activités. De même, la CNDD est caractérisée par l’inertie de ses organes, compte tenu de la faiblesse de ses
moyens. Cette situation constitue une limite décisionnelle des institutions et organes de gestion de la planification
environnementale
L’approche de la double planification nationale et locale pose parfois des problèmes d’articulation des deux
processus qui doivent être complémentaires et intégrés. Il faut également noter les difficultés de mise en œuvre
des priorités déclinées en programmes opérationnels compte tenu de la rareté des ressources. Cela constitue
une contrainte majeure à la mise en œuvre des actions retenues dans le cadre de la planification environnementale
au niveau national, régional et local.
La mise en œuvre des plans et programmes a révélé des limites dont la faible traduction des priorités
environnementales dans les budgets nationaux. Par ailleurs, pour ce qui est de l’environnement, le Budget
Consolidé d’Investissement (BCI) est toujours centralisé au niveau national, ce qui ne facilite pas la prise en charge
des plans et programmes environnementaux aux niveaux décentralisé et déconcentré. Les principales sources de
financement relèvent des partenaires techniques et financiers et de la coopération décentralisée notamment pour
les collectivités locales. Les ressources du mécanisme de financement des plans et programmes en matière
environnementale sont essentiellement externes, ce qui constitue une faiblesse pour un secteur aussi important
que l’environnement et les ressources naturelles.
Au plan opérationnel, le manque de moyens financiers et l’insuffisance de synergie des intervenants ont conduit
à des déficits de prise en charge des axes d’intervention retenus dans le cadre de la planification environnementale
en matière d’aménagement des forêts et de conservation de la biodiversité, de réhabilitation des zones
d’exploitation minière, de lutte contre la baisse de la fertilité des sols, de rétention des eaux de ruissellement,
d’intensification agricole, de renforcement des capacités, de développement d’activités socio-économiques,
d’amélioration du cadre institutionnel et politique, de partenariat, de financement durable et d’élaboration d’un
système de suivi évaluation.
La bonne gouvernance de l’environnement et des ressources naturelles nécessite un cadre institutionnel et juridique
approprié et opérationnel avec les ressources requises. La dissémination institutionnelle actuelle, dans l’attribution
des compétences relevant du domaine environnemental, recommande la mise en place au niveau national d’un
cadre ou organe de concertation et de coordination pérenne et fonctionnel, chargé d’orienter l’action des différents
départements ministériels impliqués dans la gestion des ressources naturelles et de l’environnement.
A cet effet, au plan national, la redynamisation des secrétariats opérationnels du CONSERE et de la CNDD avec
la mise à disposition des ressources humaines et l’allocation de ressources financières destinées spécifiquement
au fonctionnement de ces organes permettraient d’animer de manière continue le dispositif nécessaire à la
planification environnementale pour le développement durable.
Pour ce qui est des niveaux régional, départemental et local, la redéfinition de la composition, du contenu et du
mode d’organisation des comités de développement en fonction de l’esprit de la décentralisation est plus que
nécessaire e ; elle devrait permettre l’harmonisation des cadres d’intervention, des outils de planification et une
meilleure articulation de la planification locale aux politiques sectorielles.
Il faudra, également, finaliser le processus de réforme du code de l’environnement ainsi que des codes forestier
et de la chasse et compléter les textes (décrets d’application de la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale 2004) du
cadre juridique pour l’adapter au contexte de promotion de l’implication du privé dans la GRNE.
Par ailleurs, l’établissement de contrats plans entre l’Etat et les Collectivités locales, dans leurs rapports,
contribuerait à éviter des omissions dans la planification environnementale ou des doublons dans la prise en charge
des problématiques environnementales au niveau opérationnel. Il s’agira aussi de prendre en compte aux niveaux
national, régional et local, les dimensions de l’aménagement du territoire et de la planification par une maîtrise
effective des instruments de l’aménagement du territoire et des outils du système de planification spatiale.
En outre, pour atténuer les effets pervers liés à la multiplicité des institutions responsabilisées en matière de gestion
de l’environnement et au déficit de ressources, il s’agira de faire valoir la synergie intersectorielle pour la planification
stratégique et opérationnelle et la mise en œuvre des programmes et projets. D’autre part, le renforcement de la
coopération décentralisée, la déconcentration et la décentralisation du BCI estplus que nécessaire pour une
meilleure prise en charge de la planification stratégique et opérationnelle et de la mise en œuvre des projets et
programmes environnementaux.
Le renforcement des capacités des collectivités locales et des services techniques déconcentrés en matière de
planification et de gestion axée sur les résultats est également une priorité pour une bonne appropriation et une
meilleure utilisation par les acteurs des outils (DSRP, PAEN, PAER, CDS-MT…) de la planification environnementale
au niveau national, régional et local.
Bibliographie
Conférence internationale sur la réduction de la vulnérabilité des systèmes naturels, économiques et sociaux
en Afrique de l’Ouest, face aux changements climatiques, Ouagadougou, Burkina Faso 24-27 janvier 2007,
62p.
CSE, 2005, Rapport sur l’Etat de l’Environnement au Sénégal, Edition 2005, 231p.
MEPN, 2006, Plan d’Action National pour l’Adaptation au changement climatique, Dakar, 84p.
MEPN, 2004, Troisième rapport national sur la mise en œuvre de la convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification, 64p.
MEPN, 1998, Stratégie nationale et plan national d’actions pour la conservation de la biodiversité, 92p.
UNEP, 2002, Cadre du plan d’action pour l'initiative environnement du nouveau partenariat pour le
développement en Afrique et Programmes et projets prioritaires identifiés dans le cadre de la première phase
de la mise en œuvre du plan d’action, 45p.
Chapitre X : Perspectives
La problématique des scénarios, pour envisager le futur, à partir des résultats présents, a toujours été une
préoccupation majeure tant pour les scientifiques que pour les décideurs. Avec le PNUE (2006), on retiendra que
l’analyse des scénarios permet d’étudier l’avenir à long terme en tenant compte des incertitudes et d’examiner
les exigences pour une période de transition menant à la durabilité. Ces propos sont confirmés par Gallopin et al
(1997) qui affirment que les scénarios sont des ensembles éventuels d’événements futurs qui, contrairement aux
projections des tendances dans les affaires humaines, peuvent être légitimes à court terme, mais pas au fur et à
mesure que les horizons temporels se prolongent de mois en années puis de décennies en générations. En effet,
l’on pourrait les assimiler à des anticipations sur l’avenir, mais avec tout de même une ligne directrice logique et
des hypothèses de travail solides et qui débouchent sur un exposé régissant la manière dont les événements
pourraient se dérouler (Schwartz 1991 ; Cole 1981 ; Miles 1981) et mettant en valeur les problèmes et les
éventualités à long terme.
Selon le PNUE (2006), les scénarios présentent deux qualités particulièrement avantageuses : d’abord, ils
fournissent un cadre cohérent pour analyser la manière dont ces divers secteurs ou questions ont des effets les
uns sur les autres et agissent ensemble ; ensuite, ils servent d’outils pour favoriser la créativité, stimuler la discussion
et concentrer l’attention sur des points d’intérêt spécifiques pour la politique de l’environnement et du
développement et pour ouvrir une analyse constructive des problèmes futurs.
En réalité, au-delà de la description de l’état des ressources naturelles, la préoccupation se tourne sur le futur
dans la mesure où la grande question à laquelle il faudra répondre peut se résumer en ceci : « qu’adviendra-t-il
si… ? ». Il reste entendu, bien évidemment, que le ou les résultats obtenus seront fonction de plusieurs de cas de
figure, sachant qu’une amélioration des politiques régissant l’environnement, ou de la production industrielle ou
encore même du contexte international peut déteindre sur les projections au niveau pays, voire local… Les
questions environnementales sont, certes, transversales car touchant tous les secteurs mais aussi aucun pays, à
lui seul, ne saurait apporter les solutions à tous les problèmes. Finalement, cet exercice sur les scénarios reste
conditionné par les facteurs structurants ou encore les forces motrices ou agissantes. A ce propos, il faut retenir
que les forces motrices ou agissantes sont, pour l’essentiel, des éléments qui suscitent les changements ou
contribuent à leur déclenchement ; leur déroulement et leur interaction sont responsables des tendances
envisagées, quelque soit le scénario envisagé. Ainsi, elles sont suffisamment fortes pour diriger l’évolution de la
croissance de la société de même que les changements environnementaux qui en résulteront. Par ailleurs, elles
peuvent également fixer la voie initiale pour le développement et leurs retombées sont suffisamment puissantes
pour même influer sur le cours du développement (PNUE, 2006) ; c’est pour ainsi dire que leurs effets peuvent
être brefs et précis ou bien durables. En fin de compte, les forces agissantes interviennent à différentes échelles
d’intensité et d’ampleur ; elles peuvent changer de trajectoire, faire émerger d’autres paradigmes ou disparaître,
au gré des circonstances (PNUE, 2006).
Parmi les grandes forces agissantes (facteurs structurants) définies pour le rapport AEO-2 (PNUE, 2006) qui donne
les lignes directrices et méthodologiques de cet exercice, on peut retenir la démographie, la santé, l’économie,
les questions sociales, la culture, la technologie, institutions et gouvernance, la paix et la guerre. A ces facteurs,
peuvent s’ajouter les changements climatiques et les catastrophes naturelles, qui peuvent exacerber dans un sens
ou dans un autre les événements, voire annihiler les efforts gouvernementaux en matière de lutte contre la pauvreté.
Pour le cas du Sénégal, on retiendra comme forces motrices, entre autres, la démographie, l’économie, les
problèmes sociaux, institutions et gouvernance et enfin, les catastrophes naturelles et les changements climatiques.
1.1- Démographie
La population demeure un facteur majeur pour la croissance des sociétés et une force agissante importante pour
le développement et l’état futur de l’environnement. L’évolution du nombre d’habitants dans le temps, des
caractéristiques démographiques, notamment les schémas de migration et d’urbanisation, de la santé et des niveaux
des capacités sont d’importantes considérations dont il faut tenir compte pour une planification (PNUE, 2006).
Selon l’ANSD (2009), la population du Sénégal se caractérise par sa jeunesse. En effet, l’examen du tableau et de
la pyramide des âges (figure 37) révèle qu’en 2008, 42,0% des Sénégalais ont moins de 15 ans, 53,3% ont moins
de 20 ans, alors que 3,6% seulement ont 65 ans et plus. C’est dire que le coefficient de dépendance est élevé. Il
correspond à 83,8 personnes inactives (moins de 15 ans et 65 ans et plus) pour 100 personnes actives (15 à 64
ans). Toutefois, ce taux a largement baissé puisqu’en 1988, 100 actifs avaient en charge 103,3 inactifs et en 2002,
le rapport était de 86,5 pour 100 actifs. La répartition par sexe continue de mettre en évidence un déséquilibre
entre les sexes. En effet, le rapport global de masculinité s’élève à 97,8 hommes pour 100 femmes. En 2002, il
était de 96,9. L’avantage numérique des femmes sur les hommes s’observe presque à tous les âges sauf aux
âges jeunes (moins de 20 ans). Entre 20 et 49 ans, on pourrait expliquer cette situation par une migration
différentielle en faveur des hommes et au delà de 55 ans, en plus de la migration certainement par une espérance
de vie des femmes plus longue que celle des hommes. Il convient de souligner l’importance du poids des 0-4 ans
qui représente 16,6% de la population. Il a connu une hausse par rapport à 2002 (14,7%). On pourrait imputer
cette situation essentiellement à une baisse de la mortalité infantile et juvénile, à un rythme plus rapide que celui
de la baisse de la fécondité.
La population du Sénégal est aussi inégalement répartie dans l’espace. Elle est concentrée à l’Ouest du pays et
au Centre, tandis que l’Est et le Nord sont faiblement peuplés. La densité de la population qui était de 50 habitants
au km² en 2002, est passée à 60 habitants km² en 2008. Dakar se démarque de loin des autres régions avec une
densité de 4 549 habitants au km². Sa population est estimée à 2 482 294 habitants en 2008, soit près du quart
de la population totale sur une superficie représentant 0,3% seulement de celle du pays. Alors que la région de
Tambacounda, qui représente presque le tiers de la superficie du pays, ne regroupe que 6,2% de la population du
Sénégal, soit une densité de 12 habitants au km² (ANSD, 2009).
A propos de l’évolution de la population, on assiste quasiment au doublement de celle-ci tous les 25 ans ; cette
information est fondamentale dans le contexte des scénarios dans la mesure où, cela est synonyme d’une
augmentation de la pression sur les ressources naturelles. La population du Sénégal, évaluée à 4 958 085 habitants
au Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 1976, était estimée à 6 881 919 hts à celui
de 1988 et à 9 858 482 habitants à celui de 2002. Les projections démographiques officielles estiment cette
population à 11 841 123 en 2008. Entre 1976/1988 et 1988/2002, les taux d’accroissement intercensitaire sont
respectivement de 2,7% et 2,5% par an.
L’évolution du taux de croissance démographique est entrain de se ralentir et atteindra des valeurs proches de
1,5% d’ici 2050 (figure 38).
Cette réduction du taux de croissance démographique aura plusieurs implications sur l’environnement. Cette
dynamique ne traduit pas nécessairement une amélioration des conditions de vie qui dépendront des équilibres
économiques et sociaux. Malgré la réduction du taux de croissance démographique, il est prévu une augmentation
de la population totale qui risque d’avoisiner les 18 millions de personnes en 2030 (figure 39).
1.2- Economie
Selon le PNUE (2006), le sous-développement économique des pays africains reflète, d’une part, leur passé de
colonisation économique et politique et d’autre part, les politiques économiques et autres adoptées par les
gouvernements à l’issue des indépendances, à savoir : contrôle des prix et des salaires, subventions généralisées
des produits de base, une administration pléthorique, taux de change fixes entraînant la surévaluation des devises,
taux d’imposition élevés et mesures décourageant les investisseurs étrangers potentiels. S’y ajoute que durant
les années 80 et 90, de nombreux pays on dû accepter des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), souvent
comme condition de l’octroi de prêts par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Les
caractéristiques de ces programmes varient quelque peu d’un pays à l’autre, mais les caractéristiques communes
peuvent être retenues, à savoir :
Plus récemment, à l’instar de ses principaux partenaires, le Sénégal a été fortement affecté en 2009 par la crise
financière internationale à laquelle sont venus s’ajouter plusieurs chocs intérieurs. La baisse de l’investissement
privé, le recul du tourisme, la réduction des transferts de fonds des émigrés constituent les principales retombées
de cette crise mondiale sur l’économie sénégalaise. Ces phénomènes ont eu pour conséquences le ralentissement
de l’activité économique et une quasi stagnation des recettes fiscales
(http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/countries/west-africa/senegal/).
En dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics pour réduire la dette intérieure, la machine économique a
tardé à redémarrer. Résultat : la croissance en volume du produit intérieur brut (PIB) est estimée à 1,5 % en 2009,
à comparer aux 2 % réalisés en 2008. Comme en 2008, la croissance en 2009 est essentiellement tirée par le
secteur primaire, plus particulièrement l’agriculture, et par le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). En
2010, une croissance en volume de 3,4 % du PIB est prévue, mais dans l’hypothèse d’une reprise de l’économie
mondiale et de la poursuite par le gouvernement sénégalais de la mise en œuvre de politiques économiques
appropriées en vue de renforcer l’assainissement des finances publiques et la lutte contre l’inflation :
(http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/countries/west-africa/senegal/).
La politique budgétaire s’est signalée par une consolidation des ressources de l’État, surtout fiscales, pour mieux
faire face aux dépenses. Le ratio recettes fiscales sur PIB est relativement stable : 18,2 % en 2009 contre 18,3 %
en 2008. Ce niveau satisfaisant s’explique par la pertinence des réformes fiscales engagées depuis plusieurs
années. Dans l’ensemble, le contexte politique et social du Sénégal est apaisé. L’indicateur de troubles politiques
est passé de 4,5 en 1997 à 0,6 en 2008, celui du durcissement de 1 en 1997 à 0,8 en 2007. Néanmoins, le déficit
de dialogue entre le gouvernement et l’opposition, le chômage élevé chez les jeunes, l’absence de solution à la
crise casamançaise et les difficultés rencontrées pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD) pourraient, s’ils persistaient, gripper les moteurs de la croissance.
L’économie sénégalaise a connu une croissance moyenne de 4% sur la période 2002-2008, en dépit des contre-
performances économiques notées en 2002, 2006 et 2008 et des chocs extérieurs défavorables liés notamment
à la facture pétrolière et céréalière. Aussi, dans le souci d’atteindre le taux minimal de 7% à 8% requis pour réduire
durablement la pauvreté sur une longue période (d’après les simulations), le Sénégal s’est-il fixé comme objectif
d’augmenter le niveau de la croissance, à travers la mise en place de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA)
basée sur une série de grappes prioritaires à fort potentiel en termes de croissance, de compétitivité internationale
et de création d’emplois. L’amélioration du climat des affaires30, l’assainissement du cadre macroéconomique et
les travaux de construction d’infrastructures routières mis en œuvre par le Gouvernement au cours des cinq (5)
dernières années, ont contribué à relever substantiellement le taux d’investissement qui est passé de 21,5 % en
2003 à 26,6 % du PIB en 2008, soit une augmentation de 5 points sur la période.
Les mesures appliquées pour élargir l’assiette de l’impôt, accroître l’efficacité de l’administration dans le
recouvrement de l’impôt sur le revenu par une politique de motivation du personnel, enfin des taxes sur les biens
et services intérieurs ont néanmoins conduit à une augmentation des recettes fiscales. La collecte de l’impôt sur
le revenu enregistre une augmentation de 15,7 % en 2009 pour atteindre 175,1 milliards XOF. La baisse des
recettes non fiscales s’explique par le report de certaines privatisations.
A propos du développement du secteur privé, on peut retenir quelques faits marquants. En effet, après avoir été
classé 5e meilleur pays au monde en matière de réformes et progressé de 19 places en 2009, le Sénégal a perdu
5 places dans le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale. Il recule ainsi à la 154e position sur 181
pays. Pour reconquérir le terrain perdu et ainsi améliorer le climat des affaires, le Sénégal devra régler plusieurs
problèmes : notamment réduire les arriérés de paiement intérieurs, trouver une solution définitive à la distribution
de l’électricité qui handicape la productivité des entreprises et enfin approfondir les réformes fiscales entreprises
depuis quelques années.
Dans le domaine énergétique, le gouvernement a adopté en 2008 la LPSE. Elle vise à assurer la fourniture d’énergie
de qualité à moindre coût et est soutenue par les principaux bailleurs de fonds du pays (Banque mondiale et
Agence française de développement - AFD). Concrètement, cette politique s’est traduite par la création de
nouvelles unités de production. La centrale de Kounoune 1 d’une capacité de 67,5 MW a été inaugurée en janvier
2008, celle de Kounoune 2 le sera bientôt. En dépit de ces initiatives importantes, les coupures d’électricité ont
encore été très pénalisantes durant l’année 2009 et plus particulièrement au mois d’août. Une mission dépêchée
par la Banque mondiale et l’AFD a pu déceler plusieurs causes à cette situation : des défaillances techniques au
niveau de certaines centrales qui ont fortement augmenté les coûts de production, des compensations tarifaires
de l’État non versées en 2008, des stocks d’arriérés et un service de la dette élevé. Pour surmonter ces obstacles,
et en collaboration avec ses partenaires, le gouvernement, dans une lettre d’intention envoyée au Fond Monétaire
International (FMI) en juin 2009, propose les mesures suivantes : restructuration de la dette à court terme de la
Société nationale d’électricité (SENELEC), lutte contre la fraude, remise en service de la centrale du fournisseur
GTI arrêtée depuis juin 2008.
30 Doing Business 2009 : le Sénégal, 1er en Afrique et 5ème parmi les 10 meilleurs réformateurs au monde.
En matière d’infrastructures, des efforts importants ont été accomplis ces dernières années dans le cadre de
l’Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique (ANOCI) pour rendre fluide la circulation dans Dakar
à partir de 2008. D’un coût global de 174 milliards XOF, ces travaux ont été financés en partie par le Fonds koweïtien
pour le développement économique arabe, en partie par le budget de l’État. Hormis ces travaux de l'ANOCI, il faut
citer la réalisation de l’autoroute Dakar-Diamniadio, qui en est à son deuxième tronçon (Pikine-Diamniadio) et les
investissements massifs de Dubaï Ports World (DPW) dans le port de la capitale (300 milliards XOF sur 25 ans).
L’engagement du Sénégal à développer les infrastructures a été récompensé par la signature le 22 septembre
2009 d’un accord de don d’un montant de 270 milliards XOF dans le cadre du Compte du défi du millénaire
(Millenium Challenge Account - MCA). Cette aide va permettre l’accélération du programme de réduction de la
pauvreté et la promotion d’une croissance économique durable. Afin de développer les échanges avec les pays
voisins à l’échelle d’un marché régional, les fonds issus du MCA seront prioritairement employés pour la remise à
neuf de la route nationale 2 dans son tronçon Richard-Toll-Thilogne-Bakel, long de 456 km, le tronçon Saint-Louis-
Richard-Toll ayant déjà été pris en charge par l'Union européenne. Au total, depuis 2000, des progrès notables
ont été réalisés pour les infrastructures avec un volume global de financement de 307 milliards XOF. Le financement
du MCA permettra de résorber en partie le déséquilibre constaté ces dernières années entre la capitale Dakar et
le reste du pays, ce qui devrait faciliter la mobilité entre régions et donc le transport des biens et produits vers les
points de collecte et les marchés.
Dans le domaine agricole, le Sénégal se heurte à une difficulté majeure. Alors que la production nationale de riz
tourne autour de 150 000 à 200 000 tonnes, les importations se situent aux environs de 800 000 tonnes. Le pays
importe ainsi 80 % de sa consommation en riz, ce qui grève fortement la balance commerciale. Pour régler ce
problème, le gouvernement a lancé en avril 2008 la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance
(GOANA). Son principal objectif est l’attribution de terres et la fourniture d’équipements pour parvenir à
l’autosuffisance alimentaire. Le défi est de taille. L’agriculture représente en effet 15 % du PIB et emploie 70 % de
la population active alors que les récoltes dépendent à 95 % des précipitations. Pour changer cette donne, le
gouvernement devra consentir les efforts nécessaires pour assurer localement le relais de ce plan.
S’agissant des ressources naturelles et de la protection de l’environnement, le Sénégal est confronté à une baisse
de la pluviométrie et à des comportements humains ayant entraîné une forte dégradation des ressources forestières
et des conditions d’existence de la population. Le gouvernement a réagi en investissant entre 2006 et 2009 la
somme de 122,5 milliards XOF dans la protection de l’environnement, dont 41,7 milliards XOF sur ressources
internes. Cette prise de conscience des autorités, de la nécessité d’une bonne protection de l’environnement,
s’inscrit dans un cadre régional et continental, à travers le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
(NEPAD) et d’importantes initiatives comme la Grande Muraille Verte (GMV) ou le Mur de l’Atlantique…
MA (2005) rappelle avec intérêt que le degré de bien-être humain a des conséquences sur l’éventail d’opportunités
dont disposent les populations et le genre de choix qu’elles peuvent faire. La santé et l’éducation, ainsi que l’accès
aux biens matériels, ont un effet direct sur les capacités et par conséquent, sur l’environnement.
La situation sociale du pays est déclinée ici à travers les principaux objectifs poursuivis dans la réalisation des
Objectifs du Millénaire pour le Développement, lesquels sont guidés par la stratégie déclinée dans la deuxième
génération du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP II). A cet égard, il convient de noter
que la mise en œuvre de la première version du DSRP a permis d’enregistrer des progrès en la matière et que le
DSRP II, qui couvre la période 2006-2010, vise à consolider les résultats enregistrés en vue de réduire la pauvreté
de moitié à l’horizon 2015 et d’atteindre ainsi les OMD.
Le taux de pauvreté rapporté à un indicateur de 1,25 $/jour (% de la population totale affectée) montre une nette
amélioration au Sénégal (figures 40 et 41). Cette tendance, si elle se poursuit, pourrait entraîner voire devrait se traduire
par une réduction de la pression sur les ressources naturelles. Cette tendance est confirmée par l’évolution du PNB.
Figure 40 : Evolution du PNB au Sénégal (Source : Banque Mondiale et d’autres sources compilées par
Gapminder : http://www.gapminder.org/downloads/documentation/gd001)
Cependant une amélioration du revenu par tête pourrait se traduire par de nouvelles formes de consommation et
de production qui devrait s’articuler avec le principe du développement durable pour éviter des impacts négatifs
sur l’environnement.
- un relèvement du nombre de nouveaux inscrits au cours d’initiation (CI) dans les écoles publiques et privées,
qui est passé de 240 492 en 2000 à 312 545 en 2006, soit un taux d’accroissement moyen annuel de 4,5%.
Au cours de cette période, la proportion de filles parmi les nouvelles recrues a sensiblement augmenté ;
- une forte progression des effectifs de l’élémentaire durant la période 2000-2006, avec un taux
d’accroissement moyen annuel de 5%, alors que le taux d’accroissement de la population scolarisable se
situe à 2,7% ;
- un accroissement de la capacité du système éducatif à accueillir les enfants en âge scolaire, avec un taux
brut de scolarisation (TBS) qui est passé de 71,8% en 2000 à 81,8% en 200632, soit un gain de 10 points
(taux encore inférieur à l’objectif de 85% fixé dans le cadre du Programme Décennal de l’Education et de la
Formation) ;
- le taux de mortalité infanto-juvénile reste assez élevé malgré la baisse importante observée entre 1992-2005 :
121 pour mille en 2005 contre 157 pour mille en 1992 (selon les Enquêtes Démographiques et de Santé
IV et II) ;
- les maladies diarrhéiques, la malnutrition, le paludisme et les infections respiratoires aiguës demeurent les
principales causes de cette mortalité ;
- le taux de prévalence du SIDA, dans la population générale, est de 0,7%. Cette prévalence est plus marquée
chez les femmes où elle se situe à 0,9% contre 0,4% chez les hommes. Les efforts entrepris par le
Gouvernement, à travers le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS), ont permis de contenir ce
taux en deçà de 3% ;
- le paludisme constitue toujours la principale cause de mortalité au Sénégal surtout chez les femmes
enceintes (973 384 cas de paludisme recensés en 2005 avec un taux de morbidité de 32,39%).
Par rapport aux objectifs visant à asseoir un environnement durable, la situation est
appréciée à partir des indicateurs d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le taux d’accès à l’eau courante
se situe à 67,0% (ESP 2005) contre 55,0% en 2002 (ESAM II), traduisant ainsi une amélioration notable dans la
qualité de la principale source d’eau utilisée. Les niveaux d’accès à de bonnes conditions d’assainissement restent
encore faibles. Les ménages ruraux vivent pratiquement en dehors de toute protection, avec le risque permanent
associé à une évacuation inadéquate des excréments : moins de 14% seulement des ménages disposent de
chasse d’eau, tandis que la grande majorité utilise des toilettes non protégées. Les 31% qui n’ont pas de toilettes,
font leurs besoins dans la nature.
Le terme institutions représente généralement l’ensemble des instruments par lesquels un peuple, vivant dans un
état et partageant des valeurs essentielles, se gouverne ; il comprend les politiques, les lois, les règlements et les
réglementations, ainsi que les coutumes. Le terme gouvernance se rapporte aux processus par lesquels ces
32 Les données sur le TBS ont été revues suite à la prise en compte des données du Recensement Général de la Population
et de l’Habitat de 2002 (RGPH 3) publiées en décembre 2006.
institutions sont mises en œuvre. La gouvernance s’appuie sur des valeurs et des principes qu’applique une
société, qu’elle soit locale, nationale, régionale ou mondiale. Invariablement, la gouvernance s’appuie sur
l’interaction entre l’état, la société civile et le secteur privé, bien que les rôles relatifs de ces secteurs diffèrent en
fonction des priorités et des valeurs d’un système social donné. De nos jours, l’ampleur de la participation publique
en matière de prise de décision en est souvent le reflet et par ailleurs, il constitue un indicateur fort apprécié par
les bailleurs de fonds ou les partenaires au développement.
Qu’on le veuille ou non, la gouvernance intervient dans tous les domaines, y compris économique, politique et
administratif… De même, son action a un impact sur le développement, notamment le potentiel d’efficacité du
marché, la sérénité des investisseurs, la gestion durable de l’environnement et la réalisation des droits. De bonnes
pratiques de gouvernance améliorent le potentiel de croissance économique et créent de nouvelles opportunités de
développement et d’amélioration du bien-être des populations (WRI et al, 2004 ; World Bank 2005b). D’ailleurs au
Sénégal, le processus de décentralisation qui a amené l’Etat à transférer certaines compétences parmi lesquelles
l’environnement a permis, non seulement aux populations, mais aussi à la société civile au sens large et aux privés
de prendre part activement au processus de la gouvernance. Les opportunités qu’offre une plus grande participation
publique pour le développement et les bonnes décisions politiques sont aujourd’hui assez bien documentées.
L’opportunité d’améliorer la gouvernance est restreinte par plusieurs facteurs dont la faiblesse des Etats (faiblesse
économique s’entend !), celle des processus démocratiques qui se caractérisent par la personnalisation du pouvoir,
la corruption et l’injustice (voire l’impunité). L’iniquité et la pauvreté déterminent la capacité à participer efficacement
à la vie publique, comme le prouve la marginalisation des femmes et autres minorités dans la gouvernance (PNUE,
2006). Toutefois, pour affronter ces défis de gouvernance, un grand éventail de solutions a été adopté par les
gouvernements aux niveaux régional, sous-régional et national ; et fort heureusement, le Sénégal s’inscrit dans
cette dynamique.
Si l’on se fie aux enseignements de Ghobarah et al (2001), Rehn et Johnson Sirleaf (2002) et Luckham et al
(2001), les conflits constituent une force considérable agissant comme les changements climatiques et ont des
conséquences importantes sur le développement et le bien-être humain. Le PNUE (2006) rappelle avec intérêt
que les conflits influent sur la manière dont l’environnement est utilisé : par exemple, les mines antipersonnel et
les munitions non explosées (UXO) rendent les terres inaccessibles et constituent un danger physique pour les
humains et les animaux. A cela s’ajoute le fait que les conflits détournent les ressources financières du
développement vers l’achat d’armes et d’autres équipements militaires, exacerbant du même coup la vulnérabilité
des populations ainsi que leur pauvreté. Ils menacent le bien-être humain en accentuant l’insécurité alimentaire,
la mauvaise santé, la violence et le crime. Ils peuvent aussi avoir des retombées négatives sur les opportunités
d’éducation et de santé. Ils réduisent l’accès aux biens matériels essentiels, notamment les ressources naturelles,
qui sont la base des moyens de survie et du bien-être. Il peut s’agir de l’accès aux terres, aux marchés et à
l’information. Enfin, les conflits entraînent la destruction des infrastructures (routières, sanitaires, scolaires…). A
cela peut s’ajouter enfin les déplacements des populations qui en découlent ainsi que l’effondrement de la
cohésion sociale et ses bouleversements insurmontables... Les mouvements transfrontaliers des habitants ont
toujours des conséquences sur les pays d’accueil, par exemple en terme d’augmentation de la pression sur les
ressources naturelles (PNUE, 2006).
Les dangers naturels peuvent être de nature diverse (hydrométéorologique ou géophysique) et parmi ceux-ci, on
compte notamment les inondations, les sécheresses, les incendies de forêt, les tempêtes, les cyclones, les séismes,
les éruptions volcaniques et les glissements de terrain... Certains de ces dangers peuvent causer des catastrophes.
Celles-ci, qu’elles soient naturelles, technologiques, biologiques ou causées par des conflits internes aux nations
sont souvent déterminées par des facteurs anthropologiques.
Aujourd’hui, l’une des préoccupations majeures qui ont bouleversé la géopolitique environnementale, c’est sans nul
doute les changements climatiques. Certes, la gamme des incertitudes qui lui sont associées restent élevées (ce qui
montre qu’il y a encore du travail pour les scientifiques) mais nier son existence, sans pour autant en apporter la
preuve, sera d’autant plus dangereux que cela va accentuer la confusion.
En 2007, le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat) fournissait les principales
conclusions suivantes du Groupe 1 :
Pour les besoins de cet exercice, le PNUE (2006) avait arrêté quatre scénarios « Force du Marché », « Réformes
des politiques », « Univers Forteresse » et « Grandes Transitions ».
Le scénario « Forces du marché » est défini en termes de paradigmes prédominants de la croissance économique,
d’après l’expérience des pays développés, principalement d’Europe et d’Amérique, et il s’appuie sur l’hypothèse
que ce schéma de développement est approprié au reste du monde ou qu’il s’agit du schéma ultime sur lequel le
monde entier doit s’appuyer ou qu’il doit adopter pour le développement. Au coeur de la réflexion de ce paradigme
se trouve l’existence de la main invisible des mécanismes du marché, qui contrôlent la répartition des ressources
et la distribution des bénéfices de la croissance. Dans le scénario Forces du marché, les obstacles au commerce
entre les pays et les régions continuent à tomber, surtout en raison de la mondialisation et parce que les pays
s’accordent pour un mouvement sans entrave du commerce et des ressources, notamment les ressources
financières. L’environnement économique devient très propice aux initiatives de recherche et de développement
(R&D). Motivés par les avantages de la liberté économique, les gens mettent en oeuvre tous les efforts possibles
pour en optimiser les bénéfices. Tous ces facteurs continuent à stimuler la croissance économique par une utilisation
plus répandue et plus efficace des opportunités et des ressources existantes (PNUE, 2006). L’exposé du scénario
« Réforme des politiques » quant à lui, grâce à l’inclusion de programmes pour minimiser les retombées négatives
de ce développement va tempérer voire réduire l’impact des mécanismes du marché. Ainsi, le débat se centre sur
le fait que les considérations socioéconomiques et politiques peuvent encourager les gouvernements à adopter
des mesures expéditives pour favoriser les citoyens plutôt que d’attendre que le marché agisse pour corriger ces
méfaits (PNUE, 2006).
Le scénario « Univers forteresse » émerge de la lutte pour le pouvoir entre deux groupes ou plus au sein d’un état,
à savoir l’élite et les masses populaires. L’élite a accès aux ressources de la croissance économique et les
monopolise pour son propre développement, alors que les masses populaires qui n’en disposent que très peu
restent à la merci de celle-ci et n’ont pas souvent la possibilité de décider de leur propre destin. En raison de sa
détermination à vouloir protéger ses investissements, l’élite s’organise en enclaves, bastions ou garnisons. Ces
enclaves sont reliées les unes aux autres par des traités et des alliances au niveau national et régional, et par des
réseaux d’interaction économique au niveau mondial et international. Elles établissent souvent de fortes connexions
avec des sociétés multinationales qui opèrent dans ces enclaves (PNUE, 2006). Enfin, le scénario Grandes
transitions vise à adapter les aspects positifs des autres scénarios pour renforcer les trois piliers du développement
durable : l’environnement, la société et l’économie. Ce scénario estime que ni les Forces du marché, ni la Réforme
des politiques ne suffisent pour redresser les méfaits causés par la croissance économique à l’environnement,
mais il constate le besoin de faire évoluer un nouveau paradigme de développement dans lequel la durabilité de
l’environnement n’est pas compromise. Il est envisagé que les schémas comportementaux qui caractérisent les
sociétés modernes, comme le consommateurisme, s’effacent et qu’à leur place, le peuple définisse un nouveau
niveau de satisfaction qui n’est pas matérialiste. En outre, dans ce scénario, on envisage qu’il y aura une
renaissance culturelle qui libèrera la « folie » actuelle des importations de produits alimentaires, consommables et
de luxe (UNEP 2002a).
Plus récemment, lors de l’élaboration du GEO-Ville de Dakar (IAGU et PNUE, 2009), la problématique a été
abordée. En effet, « l’élaboration des scénarios dans le cadre de la préparation du rapport GEO ville de Dakar a
été un exercice itératif basé sur des hypothèses déclinées en tendances probables des facteurs structurants et
de leurs conséquences sur l’environnement. Les scénarios qui sont proposés sont des trajectoires qui peuvent
être influencés par le contexte régional, avec un impact national précis sur l’environnement et les options politiques.
La vision du futur n’est pas considérée, ici, comme une prédiction, encore moins une prédiction d’un destin
aveugle. Il s’agit de partir des tendances observées et vraisemblables pour décrire les futurs possibles en se basant
sur un diptyque « Si…alors ». Ainsi trois tendances seront définies pour chaque paramètre :
Pour le cas d’espèce, le groupe d’experts a fait la synthèse des méthodes proposées par le PNUE en s’inspirant
aussi de ce qui avait été réalisé dans le cadre de l’élaboration du GEO-Ville de Dakar (IAGU et ONUE, 2009).
L’analyse s’est plus focalisée sur les tendances climatiques, les ressources en eau, l’environnement marin et
côtier, et le triptyque biodiversité-terres et agriculture. Mais, il faut préciser tout de même les immenses efforts
apportés aux différentes contraintes environnementales se déroulent dans un contexte bien particulier. En effet,
malgré la crise économique mondiale, le Sénégal a pu maintenir un taux de croissance de 4,7% en 2007 qui
s’est affaibli en 2008 à 2,5%. L’indice de développement humain (IDH) reste faible, même s’il est passé de 0,499
en 2007 à 0,502 en 2008 faisant passer ainsi le pays de la 159éme à la 153éme place. Ainsi, le Sénégal reste
dans la catégorie des PMA avec un niveau de pauvreté de 42,6% en 2008. Ces résultats sont le fruit des efforts
déployés par le Gouvernement sénégalais pour réduire autant que possible la vulnérabilité des populations face
aux chocs exogènes. Cela est d’autant plus important, qu’il s’est doté d’instruments lui permettant de planifier
et de mettre en œuvre ses objectifs dans le cadre de l’atteinte d’un développement durable. Parmi ces dits
outils, on peut citer :
Ces instruments de pilotage s’inscrivent dans un cadre stratégique dont l’objectif visé est le Développement
durable. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pouvant dans ce cadre être considérés comme
des jalons importants. Ces orientations politiques et stratégiques se traduisent sur le plan opérationnel par
différents programmes sectoriels exécutés dans les secteurs de développement primaire, secondaire et tertiaire
(tableau 32 ; UNDP, 2009).
3. Résultats
Le Sénégal, pays à faible Indice de Développement Humain (IDH, classement PNUD 2005 : 157/173), figure parmi
les pays les moins avancés (PMA) a très tôt compris la menace qu’est le changement climatique. Il a, en effet,
ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques en juin 1994 et le protocole de
Kyoto en Juillet 2001. Suite à cette ratification, un Comité National de suivi sur les Changements Climatiques a
été mis en place en 1994, pour l’application effective des objectifs de la Convention (MEPN, 2006). Le Sénégal a
publié sa première communication nationale changement climatique en décembre 1997. La seconde a été
récemment finalisée (DEEC, 2010).
Au Sénégal, déjà en 1999 et sur la base des projections du climat global obtenues grâce à deux scénarios
d’émissions du GIEC (IS92a et IS92d) d’une part, et d’autre part, une modélisation statistique permettant de relier
ces sorties globales et les données historiques d’observation du climat sur le Sénégal, il a été déterminé les
changements futurs de température, d’humidité relative et de précipitation (MEPN, 1999). On aboutissait alors
aux résultats suivants33 :
- d’abord à propos des changements de température, pour toutes les sensibilités, on obtient un
gradient positif des valeurs de réchauffement variant 0,8 et 1,1°C (sensibilité = 1,5°C), 0,95 et 1,55 °C
(sensibilité = 2,5°C), 1,5 et 2,2 °C (sensibilité = 3,5°C). Il faut noter que les faibles valeurs de réchauffement
enregistrées en zone côtière seraient dues à l’effet de l’uppwelling qui est pris en compte par le modèle.
Ainsi, le Sénégal se subdivise en deux (2) parties de part et d’autre de la longitude 14° W, où la région Ouest
se caractérise par des valeurs inférieures à la moyenne du globe alors que celle plus à l’Est, présenterait
des valeurs de réchauffement supérieures ou égales à la moyenne mondiale. A l’horizon 2050, on pourrait
s’attendre sur Dakar à une augmentation de 1,5°C, Ziguinchor (1,0 °C), Saint-Louis (1,6°C), 2,35 °C à
Matam et enfin 2,05 °C à Kédougou (MEPN, 1999) ;
33 La référence citée en objet (MEPN, 1999) donne des précisions méthodologiques, les limites et incertitudes liées à cette étude.
- ensuite concernant les changements d’humidité relative, les scénarios montraient que l’air deviendra
de plus en plus sec, surtout dans les zones du Nord-Est et du Sud-Est du pays, entraînant des diminutions
moyennes oscillant entre -3,5 à -5,0 %. A l’horizon 2050, respectivement de Dakar à Kédougou, en passant
par Ziguinchor, Saint-Louis et Matam, les valeurs suivantes seront enregistrées -1,0 %, -1,5%, -1,6 %, -
10,0 % et -11,0 %. Matam et Kédougou seront durement touchées (MEPN, 1999) ;
- enfin pour les changements de pluviométrie, le sud du pays s’asséchera plus que le nord quelle que soit
la sensibilité. A l’horizon 2050, on pourrait s’attendre sur Saint-Louis à une baisse de - 6,0%, -7,0 % à Matam,
-10,0 % à Dakar, -24,0 % à Ziguinchor et enfin -23,0 % à Kédougou (MEPN, 1999).
Sagna (2008) signalait que l’évolution climatique récente au Sénégal se traduit par : (i) une diminution de l’ordre
de 30% de la pluviométrie ; (ii) une augmentation des températures de l’ordre 0,9°C ; (iii) une aridification de plus
en plus importante de la partie nord ; (iv) une tendance forte vers l’aridité des régions centrales et (v) une tendance
plus ou moins forte vers la semi-aridité des régions méridionales.
Il faut avouer que les résultats qui datent de 1999 ont été améliorés grâce aux progrès notés en météorologie et
ce, tant du point de vue méthodologique que de celui des outils et logiciels. En effet, le débat actuel du
changement climatique consiste en sa régionalisation. Grâce aux progrès notés dans les modèles climatiques
régionaux (RegCM) d’une part, et d’autre part, des modèles de haute résolution à aire limitée (HRLAM), on parvient
aujourd’hui, à simuler de façon satisfaisante, le climat du Sénégal à l’échelle locale (Gaye et al, 2009 ; Sylla et al,
2009a ; Sylla et al, 2009b ; Sylla et al, 2009c). Récemment, Gaye et al (2009) ont utilisé le modèle RegCM3
(Giorgi et al., 1993a ; Giorgi et al., 1993b ; Pal et al., 2007), imbriqué dans le modèle global ECHAM5. Validé sur
l’Afrique de l’Ouest et le Sénégal, il a été utilisé pour envisager de nouveaux scénarios de changements
climatiques ; le scénario d’émission SRES sélectionné à cet effet est A1B (IPCC, 2000). Les deux périodes futures
(2031-2050 et 2081-2100), enregistrent un déficit sur tout le Sénégal et dans toutes les différentes zones pour
chaque mois d’été et aussi pour la moyenne des trois mois (juin, juillet et août). En 2031-2050, le déficit
pluviométrique est plus grand en Juin et à l’Est du Sénégal alors qu’en 2081-2100, il sera beaucoup plus
important dans tout le Sénégal. Les précipitations montrent, en général, des anomalies négatives dans tous les
mois d’été. Les amplitudes les plus importantes sont notées au mois d’août sauf au Sud du pays où les larges
amplitudes apparaissent en juillet (figure 42).
Les températures pour leur part, ont tendance à augmenter avec un plus grand réchauffement dans les deux
dernières décennies du 21ème siècle et ce, sur tout le Sénégal. Les plus petites anomalies sont localisées en juin,
partout au Sénégal sauf à l’Est alors que les plus grandes amplitudes sont notées en juillet et août. Le record sera
atteint en juillet à l’Est du Sénégal avec plus de 6°C de réchauffement (figure 43).
Gaye et al (2009) ajoutent, qu’en plus de l’augmentation des températures, l’évaporation pourrait être plus
importante. Le flux de mousson pourrait transporter, certes, beaucoup plus d’humidité de l’océan vers le
continent. Mais toute cette humidité serait transportée en dehors du continent par le JEA (Jet d’Est Africain) qui
a vu sa vitesse augmenter de plus 6 m/s ; ce fait est imputable à l’augmentation du gradient de température. Le
JEA subissant un déplacement vers le sud, pourrait rendre les régions nord du Sahel comme le Sénégal beaucoup
plus secs. Cette faiblesse du JET aura comme conséquence de rendre davantage l’Afrique de l’Ouest sèche en
empêchant le déplacement des systèmes convectifs de méso échelle (principaux systèmes précipitants de
l’Afrique de l’Ouest).
Figure 42 : Respectivement, Différences Entre la Moyenne sur 20 ans de chaque mois d’été (juin, juillet,
août) du Climat Futur et la Moyenne sur 20 ans (1981¬-2000) du mois correspondant du
Climat Actuel Pour les Précipitations au Sénégal et dans différentes zones a) pour 2031-
2050 et b) pour 2081¬-2100 (Source : Gaye et al, 2009).
Figure 43 : Respectivement, Différences Entre la Moyenne sur 20 ans de chaque mois d’été (juin, juillet,
août) du Climat Futur et la Moyenne sur 20 ans (1981-¬2000) du mois correspondant
du Climat Actuel les Températures au Sénégal et dans différentes zones. a) pour 2031¬-2050
et b) pour 2081¬-2100 (Source : Gaye et al, 2009).
Il est difficile de prévoir avec précision tous les impacts que le changement climatique peut avoir sur les hommes
et leur environnement. La raison est liée aux incertitudes des modèles climatiques. Mais il n’en demeure pas moins
que l’Etat du Sénégal, sur la base des productions de connaissances scientifiques actuelles (Première et Deuxième
communication nationales à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques ; le Plan
d’Action National d’Adaptation, PANA ; la Stratégie Nationale de d’Adaptation aux Changements Climatiques,
etc.) a élaboré beaucoup de réponses afin de minimiser les impacts du changement climatique.
Le Sénégal est assez bien doté en eau douce. Il existe de nombreux fleuves et nappes d’eau douce. Cependant
avec les sécheresses et les fortes pressions sur les ressources en eau y compris la pollution hydrique, on note, de
façon générale, une réduction de la satisfaction des besoins en eau du fait d’un décalage entre la croissance
démographique et l’augmentation de l’offre en eau douce (figure 44). Cette tendance ne devrait pas s’inverser
avec le changement climatique…
Une certaine disparité est fortement notée entre les centres urbains et les zones rurales :
- en 2004, 17% des ménages ruraux ont un système adéquat d’évacuation des excrétas ;
- 1/3 des ménages ruraux sans système d’évacuation d’excrétas ;
- en milieu urbain, un taux d’accès de 57% sensiblement inférieur à celui de l’eau potable.
Pour répondre à ces défis et articulant les efforts avec l’atteinte des OMD, on a noté au Sénégal un prolongement
du PSE (Projet Sectoriel Eau), à travers le Projet Eau Long Terme (PLT) dans sa sous-composante « Distribution »
pour l’amélioration du taux d’accès à l’eau potable, la réhabilitation et le renforcement du réseau de distribution.
Au terme fixé initialement à fin 2005 mais repoussé jusqu’en décembre 2006 (à cause du retard d’exécution accusé
par le projet dans son échéancier), les travaux suivants avaient été envisagés :
- 48.000 branchements sociaux dont 31.000 à Dakar et 17.000 dans les villes secondaires ;
- 200 bornes fontaines (financement IDA) ;
- le renforcement de 41 km de réseau.
Les objectifs visés par les OMD au Sénégal pour la période 2005 à 2015 sont de passer le taux d’accès à
l’assainissement de 56,7% à 78% et, de 17% à 59% en milieu rural.
Les importants efforts en matière d’investissement sont montrés sur la figure 45.
Au bout de dix années d’application de la réforme, et huit ans après le lancement des projets PSE et PLT,
d’importantes améliorations ont été notées dans le service de l’eau potable par une production accrue d’eau, de
qualité meilleure et pour plus de personnes, et des opportunités d’accès physique au réseau de distribution
diversifiées. Les avantages semblent donc avoir été bien répartis, avec beaucoup d’urbains défavorisés bénéficiant
du service pour la première fois, et un service plus fiable dans les quartiers périurbains à faibles revenus. Des
efforts parallèles sont entrain d’être menés dans le domaine de l’assainissement avec le programme PEPAM.
Les réformes entreprises portent sur l’amélioration de l’offre de service aux populations défavorisées dans le cadre
de la réforme axée sur la subvention des prix de branchement (sociaux), la construction de bornes fontaines, de
forages et de puits et la tarification sociale. Si ces réformes, financées par les partenaires comme la Banque
Mondiale, se consolident dans le sens de l’atteinte des OMD, on pourrait arriver à améliorer très significativement
la satisfaction des besoins en eau douce et un assainissement durable en milieu rural et urbain.
Ndiaye (2009) fait observer que, s’agissant des ressources en eau de surface et souterraine, elles seront toutes
probablement affectées par le changement climatique. Pour les eaux de surface, une décroissance exceptionnelle
de la même forme que la pluviométrie a été notée. Un processus de tarissement de la Casamance à Kolda pourrait
même subvenir (Ndiaye, 2009). A propos des ressources en eau souterraine, elles vont subir de plein fouet la
menace du changement climatique. En effet, à l’horizon 2100, une baisse considérable des niveaux phréatiques
allant de 5 m (pour une sensibilité moyenne du climat, scénario de base) à 10 m (pour une sensibilité haute, scénario
pessimiste de doublement du déficit pluviométrique actuel) pourrait subvenir (figure 46).
Figure 46 : Projection du niveau des nappes phréatiques (en mètre) à l’horizon 2100 ; SBM : Scénario
de Base moyen, (poursuite du déficit pluviométrique actuel), SBP Scénario de Base
Pessimiste (doublement du déficit pluviométrique actuel) ; SBO : Scénario de base Optimiste
(retour aux conditions climatiques d’avant les années 1970 ; Source : Ndiaye, 2009).
A Dakar, sur la nappe infrabasaltique, la simulation réalisée par le modèle FEFLOW stipule qu’avec une élévation
du niveau de la mer de 0,50 m, une réduction de 10 % de la recharge et un maintien des débits de pompage
actuels, on devrait aboutir à une très nette progression de l’intrusion saline. Celle-ci va affecter à son tour une
bonne partie du champ de captage de la nappe ainsi que les différents forages d’exploitation (MEPN, 1999). Dans
l’estuaire du Saloum, la principale nappe phréatique est celle du Continental Terminal. Il est à redouter à ce niveau,
surtout dans la partie ouest de cet aquifère (frontière gambienne-nord Sokone), que l’interface eau douce - eau
salée ne puisse pas excéder une distance supérieure à 1 km par rapport à la côte en cas d’élévation du niveau
marin. A cela, pourraient s’ajouter les risques d’infiltration d’eau salées à partir, soit du Saloum, soit des divers
marigots présents dans l’estuaire, avec comme impact direct la contamination de la nappe du Continental Terminal
par l’eau de mer.
Selon Ndiaye (2009), il ressort de l’étude que l’impact des modifications climatiques sur les ressources en eau est
bien une réalité vécue au Sénégal. Avec l’augmentation de la température, l’évaporation qui est un élément
déterminant du cycle hydrologique augmente aussi. Le résultat est la modification générale des différents termes
du bilan hydrologique. Le niveau des nappes ainsi que les écoulements dans les cours d’eau ont considérablement
baissé. Les études de modélisation des écoulements ont montré que la baisse pourrait dépasser 30% avec
l’augmentation de l’évapotranspiration. Dans le horst de Ndiass, le niveau piézométrique des nappes est
actuellement à plus de 30 m sous le niveau de la mer, par endroits, ce qui favorise l’avancée du biseau salé et
l’augmentation de la salinité de la nappe. Les ressources en eau du Sénégal sont aussi soumises à d’autres types
de vulnérabilités : les impacts des activités humaines. L’accroissement rapide de la demande liée à la démographie
galopante, l’aménagement du territoire qui est mal appliqué et l’urbanisation spontanée, la pollution des eaux due
à l’absence d’assainissement urbain et aux rejets des eaux usées agricoles ou industrielles expliquent en grande
partie cette vulnérabilité anthropique des ressources en eau.
Bien évidemment, la demande en eau déjà élevée pourrait s’accroître du fait de l’augmentation de la population,
de la croissance des zones urbaines même si des efforts sont réalisés dans le cadre de l’atteinte des OMD. Le
changement climatique pourrait exacerber les problèmes d’approvisionnement dans un contexte de réduction
voire de raréfaction de la ressource. A cet effet, rien que pour l’Afrique, les projections indiquent que vers l’an
2020, 75 à 250 millions de personnes seront exposées à un stress hydrique accru en raison de changements
climatiques. Couplé à une demande en augmentation, il y aura sans nul doute des incidences néfastes sur les
moyens d’existence et aggravera les problèmes liés à l’eau. Ainsi dans de nombreux pays et régions d’Afrique, on
s’attend à ce que la production agricole et l’accès à la nourriture soient sérieusement compromis par la variabilité
et l’évolution du climat. Les zones propices à l’agriculture, la durée des saisons de végétation et le potentiel de
production vont certainement diminuer, particulièrement en marge des zones semi-arides et arides. La sécurité
alimentaire du continent sera encore plus menacée qu’aujourd’hui et la malnutrition aggravée. Dans certains pays,
le rendement agricole dépendant de l’irrigation par les eaux pluviales pourrait diminuer de 50% vers 2020 (GIEC,
2007). Il va s’en suivre des problèmes d’accès à l’eau, quelqu’en soit l’usage.
Les zones côtières font parties des écosystèmes les plus vulnérables aux changements climatiques. Les prévisions
sur le soulèvement du niveau marin entraîneront des pertes importantes de terres sur des zones fortement occupées
par les habitations. Des zones comme Rufisque et Hann, la Petite Côte (pour ne citer que celles-là), seront
immédiatement affectées. Avec l’accentuation de l’érosion marine, il faut s’attendre à de probables déplacements
de populations. Ce problème sera d’autant plus grave qu’il est à prévoir une croissance démographique plus que
galopante ainsi que l’urbanisation de certains urbains comme Mbour, Dakar qui devrait se poursuivre… Pour le cas
de Dakar, il est utile de rappeler ceci : « L’occupation du Domaine Public Maritime (la privatisation d’un espace
publique) pose le problème du droit à l’accès à la mer à tous les citoyens. Du fait de l’occupation rapide de cette
zone, le domaine public maritime est souvent cité parmi les questions essentielles du processus d’urbanisation rapide.
L’occupation de ces sites a connu une évolution rapide qui s’est accélérée avec la saturation foncière de la ville. Le
plus souvent, ce sont des populations nanties qui ont accès à ces terres. Mais ce qu’on observe, de plus en plus,
c’est la construction du Domaine Public Maritime par des projets initiés par l’Etat. Avec l’ANOCI, plusieurs hôtels
sont installés sur les côtes. Le long de la corniche Ouest depuis l’hôtel Terrou Bi jusqu’aux Almadies, on ne peut
observer que de faibles poches où il est possible d’apercevoir la mer. Les grandes inquiétudes liées à cette occupation
sont liées au caractère vulnérable du littoral (des sols parfois marneux, des failles, une érosion soutenue accentuée
par le déficit de transit sédimentaire, etc.). L’exclusion d’une bonne partie de la population à l’accès à la mer ne
convient pas pour un bien public. Avec la croissance démographique et la consolidation de l’enrichissement d’une
catégorie de la population, il est possible d’envisager un renforcement de ce processus. » (IAGU et PNUE, 2009).
Un contexte économique favorable devrait aboutir à plusieurs tendances positives ou négatives. Les avantages
d’une économie saine sont d’abord une augmentation de l’investissement sur la protection des côtes. Plusieurs
initiatives prises depuis ces dernières années en termes d’érection de murs de protection, d’édifices de stabilisation
des côtes y compris la mise en place de bandes vertes, accréditent cette hypothèse. Que ce soit à Rufisque, sur
la corniche Ouest ou sur la Grande côte, de grands projets sont exécutés pour une meilleure protection de la côte.
Ces projets s’inscrivent dans une politique résolue de gestion côtière portée par les Ministères de l’Environnement,
de l’Urbanisme et de l’Equipement. On peut citer à cet effet, le projet INTAC (« Intégration de l’adaptation
au changement climatique dans le Développement durable au Sénégal (PAA/INTAC)) financé
par la coopération nippone, le projet « ADAPTATION TO COASTAL EROSION IN VULNERABLE
AREAS » financé par le Fonds d’Adaptation ainsi que l’appui apporté par l’Union Européenne toujours dans le
secteur de la lutte contre l’érosion côtière (Gestion Intégrée des Zones Côtières : étude approfondie
et actions pratiques de lutte et d’adaptation au changement climatique) et enfin le projet de mise
en place de l’Observatoire du Littoral de l’UEMOA… De même la création de la Haute Autorité chargée de la
Coordination de la Sécurité Maritime et de la Protection de l’Envrionnement marin (HASSMAR, Décret n° 2006-
322) ainsi que celle de la « Plateforme Nationale pour la Prévention et la réduction des Risques Majeurs de
Catastrophes » (Décret n° 2008-211) peuvent être versées dans ce registre. Tous ces efforts devront changer
considérablement la côte sénégalaise à long terme et de manière durable.
Mais, il n’en demeure pas moins que l’attention devrait être portée aussi sur d’autres problèmes récurrents que
sont les perturbations des mécanismes fonctionnels de régulation naturelle des équilibres écologiques, avec
notamment le décapage, au niveau de la zone des Mamelles des formations de roches volcaniques, qui fait affleurer
une couche marneuse fortement sensible à l’érosion, l’exploitation du sable de mer, l’augmentation des rejets non
traités et une forte pression sur les ressources halieutiques (IAGU et PNUE, 2009). De même, la politique de gestion
des ressources et des espaces côtiers mise en place par le Ministère chargé de la pêche et de l’économie maritime
et celui de l’environnement auront pour vocation de consolider les acquis. Avec la mise en place de projets
d’envergure nationale comme le GIRMAC, les nombreux projets de gestion durable et de protection de
l’environnement marin et côtier sont des amorces positives d’une meilleure politique environnementale. La mise
en place d’AMP, le principe du repos biologique, le souci de renouvellement de la bande de filaos sur la grande
côte sont des exemples prometteurs pour une meilleure prise en charge de ces zones. Enfin, une plus grande
responsabilisation des collectivités locales sur la gestion du Domaine Public Maritime, dans
le cadre d’une bonne gouvernance, avec les moyens adéquats, devrait permettre une
meilleure gestion de proximité de ces milieux vulnérables (IAGU et PNUE, 2009).
Au Sénégal, la raréfaction des ressources naturelles marginales couplée avec une forte pression spatiale, a fini de
créer une spirale d’accentuation de la pauvreté et la réduction de la biodiversité. Il y a des rétroactions positives à
travers la perte de moyens de subsistance malgré l’intensification de l’investissement dans différents secteurs de
production du fait d’une perturbation majeure sur les écosystèmes, exacerbée par les effets du climat.
Ce « syndrome » de la dégradation des services écosystémiques est amplifié ou mis en exergue par la demande
croissante en ressources naturelles du fait de la croissance démographique. Cette situation est vivement ressentie
dans les zones rurales, avec des effets directs sur la dynamique d'intensification et de diversification agricole
(GOANA, REVA, Coton, Riz). En ajoutant la demande urbaine, dont la croissance rapide n’a pas connu un
développement parallèle de la production intérieure brute, on assiste à une reconfiguration des relations rurales
urbaines en termes de flux humains, mais surtout, d’un massif transfert des ressources de l’arrière pays vers la
ville de Dakar en particulier. Déjà, la filière du charbon de bois donne les prémisses de cette boulimie urbaine en
services écosystémiques, sans que les populations rurales puissent en tirer autant de bénéfices que les acteurs
de ce commerce fructueux (Ribot, 2002).
L’une des tendances majeures des dynamiques terrestres s’articulent avec la gestion du patrimoine foncier au
Sénégal. Comme dans plusieurs pays du Sahel affectés par la pauvreté et les changements climatiques, on observe
une substitution de population pour l’accès aux terres fertiles. Certains pays producteurs de pétroles tendent à
louer les terres fertiles et des espaces de forte productivité pour satisfaire des besoins externes. Cette tendance
observée par plusieurs rapports (Cotula, 2009 ; Mbow, 2010.) ne met pas en exergue le développement fulgurant
des grands agriculteurs avec la promotion de la motorisation.
Pour les besoins de l’intensification agricole, 700 machines agricoles ont été offertes par la Chine pour aider à la
réalisation de la « Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l'Abondance (GOANA) ». Ce programme a aussi
nécessité l’implication du privé national. Dans le Cahier du Projet d’Investissement de la GOANA, on note que le
coût des grands aménagements publics qui est cependant très supérieur à celui des aménagements privés, ce
qui devrait promouvoir ces derniers au bout du processus.
La forte mécanisation de toutes les étapes est possible mais il faudra que la taille et la forme des parcelles soient
adaptées. La mécanisation est difficile si les parcelles, séparées par des diguettes ou des canaux, sont trop petites.
En cas de choix de mécanisation intensive, le design de l'aménagement doit privilégier les parcelles longues.
Comment concilier cette exigence avec la domination des systèmes de production de type agriculture familiale
(de très petite taille) ou groupements de petits producteurs, ou encore le mode de culture extensif, en majorité
pluvial, avec une faible utilisation d’intrants et un très faible niveau de mécanisation/utilisation d’équipement agricole
y compris pour les opérations post-récolte (moissonnage/battage) ? Au titre des autres contraintes, il faut
mentionner : le niveau de rendements relativement faible avec de fortes fluctuations liées aux aléas climatiques, la
dégradation de la qualité des sols contribuant à la baisse de productivité dans plusieurs zones de production.
De même, la mise en place et l’exécution pratique de la politique de Gestion Durable des Terres (GDT) seront un
atout de taille au cours des années à venir. Tous ces efforts devront contribuer à la sécurité alimentaire. La figure
47 montre le caractère limité des terres de culture et nécéssite des efforts d’intensification pour répondre à la
demande croissante en nourriture.
Figure 47 : Aptitude des terres au Sénégal (Source : Ministère de l’Agriculture, 2008 (a)).
Il faut toutefois noter que malgré les efforts consentis depuis une dizaine d’années pour redresser la production de
céréales, dans le cadre de la politique de sécurité alimentaire, il existe toujours un important déficit qui n’est résorbé
qu’en faisant recours à l’importation (figure 48). Avec le caractère volatile des prix des céréales sur le marché
international, on peut prévoir d’importants déséquilibres économiques qui auront nécessairement des impacts sur
la surexploitation des maigres ressources disponibles.
Figure 48 : Evolution nationale de la production de céréale (Source : Ministère de l’Agriculture, 2008 (b)).
La question du rendement revient dans toutes les analyses agricoles du Sénégal. L’équation est d’améliorer le
ratio entre les surfaces cultivées et la production. Il apparait sur la figure 49 concernant la production de mil, qu’on
n’a pas encore atteint cet objectif et l’essentiel des efforts devrait porter sur l’amélioration des rendements. Selon
les données de la Banque mondiale, la contribution de l’agriculture au PIB s’est réduite au cours des dernières
années (figure 50).
De récents efforts ont été consentis par le Gouvernement du Sénégal dans le cadre de la Politique d’impulsion de
l’agriculture (GOANA) et a nécessité une réforme juridique qu’il faudra cependant mettre en œuvre. Le tableau 33
donne les 4 Articles du Projet de loi sur le régime fiscal permettant de faciliter la mise en œuvre de la GOANA.
Tableau 33 : Projet de loi fixant le régime fiscal et douanier des activités effectuées dans
le cadre de la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance.
Tableau 33 : Projet de loi fixant le régime fiscal et douanier des activités effectuées dans le cadre de la Grande Offensive
Agricole pour la Nourriture et l’Abondance.
Article 2 : Les revenus générés par les exploitations agricoles créées dans le cadre du programme de la GOANA sont
exonérés de l’impôt sur le revenu, dans la limite de cinq (5) ans.
Article 3 : Les revenus résultant d’activités agricoles menées dans le cadre de la GOANA peuvent être transférés
librement à l’extérieur du Sénégal, dans le respect des textes en vigueur.
Article 4 : Les modalités d’application de la présente loi seront précisées par voie réglementaire.
Dans la pratique, il existe deux grands volets structurants pour accélérer la production de nourriture au Sénégal :
La politique d’intensification, en raison de la croissance démographique sur les ressources marginales, prend plusieurs
formes. En général, les menaces à la biodiversité dans la région sont plus ou moins liées à la pauvreté, où des besoins
urgents à court terme peuvent l'emporter sur des considérations à long terme. Une grande partie des moyens de
subsistance de la population de la région est étroitement tributaire des ressources naturelles, et l'utilisation excessive
conduit souvent à une sérieuse dégradation de la biodiversité. Par exemple, les traditionnelles techniques d'abattis-
brûlis ont été associées à une technique de rotation spatiale de la forêt, ce qui a permis une reprise rapide des sols
et la végétation (Tschakert, 2004 ; Wood et al, 2004 ; Vagen et al, 2005). Avec une densité de population plus élevée,
aggravée par des terres retirées de la production des petits exploitants par la promotion de cultures commerciales
(arachide, coton, cacao, gomme, café, palmier à huile, etc) pendant la période coloniale, la durée de jachère est de
plus en plus courte voire inexistante dans certains endroits. Cette situation est encore aggravée par l'afflux de paysans
des terres arides et improductives en direction du sud, en raison de meilleures précipitations et où les sols exercent
une forte attraction (Mbow et al, 2008 ; Mertz et al, 2008).
La sur-utilisation du feu comme un outil de gestion ou d'extraction des ressources naturelles est un autre obstacle
à une bonne gestion de la biodiversité. En Afrique de l'Ouest, le brûlage annuel (au début de la saison sèche) a
plusieurs objectifs tels que la prévention des incendies intempestifs, qui peuvent endommager les ressources
naturelles, l'extraction des ressources forestières (chasse, miel), et l'entretien des terrains de parcours (Mbow et
al., 2000). L’habitude de brûler, de manière systématique, la végétation séche crée une surabondance de parcelles
d'habitat saisonnier qui augmentent le potentiel du paysage, multipliant ainsi l’usage des terres sèches, notamment
la chasse, la cueillette des produits de savane, et le pâturage. Le broutage peut rapidement se transformer en
surpâturage par un usage excessif du feu. Cela crée des changements irréversibles au niveau local qui, accumulés
sur de grandes surfaces, peuvent changer la couverture terrestre à une échelle régionale.
La dégradation continue des formations végétales du pays montre plusieurs formes de dégradation des
écosystèmes. Cependant, selon l’USAID, le nombre d'espèces végétales et animales menacées au Sénégal est
probablement plus élevé que celui indiqué sur les listes actuelles d'espèces menacées d'extinction. En outre,
certaines plantes et animaux mentionnés sur la Liste Rouge des espèces menacées d'extinction de l'UICN ne
sont pas mentionnées sur la liste des espèces intégralement ou partiellement protégées par le Code forestier, la
liste des espèces protégées par le Code de la chasse et la liste des espèces protégées par le Code de la pêche.
Il est important, par conséquent, de revoir le statut des espèces à la lumière des profonds changements intervenus
ces dernières décennies afin d’ajuster la législation aux réalités actuelles de conservation des espèces. La
présentation des scénarios dans cette partie est exposée en fonction des écosystèmes du Sénégal.
La zone Sahélienne
Dans cette zone, dominent les steppes arbustives et les savanes arbustives. Au cours des dernières décennies,
les formations végétales de cette zone ont subi une nette réduction de leur potentiel, de leur productivité et de
leur diversité. En dehors des aires protégées, la couverture ligneuse spontanée est généralement réduite à un parc
dominé par quelques espèces d’acacias. Les principales menaces dans cette zone sont les feux de brousse, le
surpâturage, et la forte pression sur les ressources marginales. Cependant, avec des projets structurants comme
la Grande Muraille Verte et des projets de réhabilitation des terres notamment Acacia senegal et des initiatives
privées telles que Asylia GUM, en plus des programmes de pastoralisme (nutrition animale, insémination artificielle,
etc.), on pourrait entrevoir l’avenir dans le sens d’une optimisation de l’utilisation des ressources et par conséauent
d’une atténuation des processus de dégradation. Déjà des observations récentes, utilisant les tendances des
indices de végétation sur le site de Dahra, montrent une légère augmentation de la productivité végétale avec une
amélioration sensible de la pluviométrie. La figure 51 illustre cette théorie du reverdissement du Sahel qui reste
très discutée dans la communauté scientifique.
Figure 51 : Tendance des Indices de végétation (NDVI) sur le site du CRZ de Dahra (Source : Fensholt
et Mbow, base de données DGG-ISE)
La zone soudanienne
La zone soudanienne est caractérisée par une mosaïque de savanes arbustives, de savanes arborées, de savanes
boisées de quelques vestiges de forêts claires. Dans cette zone, les parties centrale et occidentale (bassin
arachidier traditionnel), jadis caractérisées par une végétation relativement dense, sont aujourd'hui marquées par
un parc arboré d’origine humaine où prédominent les acacias (Acacia albida et Acacia raddiana). La végétation
des parties méridionale et orientale (zone du Saloum et des Terres Neuves) est hétérogène et résulte de la
colonisation de cette zone par l’agriculture. Aujourd'hui, on y retrouve essentiellement un parc arboré caractérisé
par l’abondance de Cordyla pinnata, une espèce relique de la forêt qui couvrait cette région. Seuls quelques
vestiges de savanes boisées caractérisées par un nombre limité d'espèces y subsistent encore. Le potentiel de la
plupart des espèces exploitées a diminué, laissant la place aux espèces vivaces à valeur économique moins
importante telles que les espèces du genre Combretum. Les espèces les plus menacées sont Pterocarpus
erinaceus, Bombax costatum, Sterculia setigera, Cassia sieberiana, Daniellia oliveri, Celtis integrifolia, Diospyros
mespiliformis, Detarium senegalense, etc.
Cette zone a fait l’objet de nombreuses pressions pour le développement des cultures de rentes comme l’arachide
le coton. La particularité de cette zone est la coexistence entre des pratiques agricoles et pastorales autour de
plusieurs sites de conservation constitués de parcs nationaux et de forêts classées. Avec l’accentuation de la
pauvreté et la pression démographique, on assiste à des pratiques destructives sur les formations forestières
résiduelles qui, à terme, pourraient compromettre la biodiversité et les équilibres écologiques. L’évolution du front
agricole est plus marquée que dans la zone nord (figure 52).
La zone sub-guinéenne
Cette zone est caractérisée par des savanes boisées, des forêts claires, des forêts sèches en voie de dégradation,
des forêts ripicoles situées le long des cours d’eau comme le fleuve Gambie et le fleuve Niokolo. La diversité de ces
écosystèmes est citée dans les rappports nationaux sur la biodiversité. La protection de ces forêts permet la
conservation d'une grande partie des ressources génétiques menacées de disparition au Sénégal. Au cours des
dernières années, la plupart des mares du Parc National du Niokolo Koba ont été envahies par deux espèces
introduites, Mimosa pigra et Mitragyna inermis en raison des modifications environnementales majeures liées à
differents facteurs naturels dont les feux de brousse et l’exploitation du bois et des facteurs naturels avec les
nombreuses crises climatiques depuis 1970. L’envahissement des mares a entraîné un comblement et un
tarissement de ces importantes sources d'eau pour la faune sauvage. Le niveau d’envahissement de certaines
mares pose aujourd'hui un problème d'accès à l'eau pour la faune sauvage. Les forêts sèches de cette zone sont
en train de disparaître à cause des changements climatiques et des pressions exercées par les activités humaines.
Les espèces végétales potentiellement menacées dans cette zone sont les suivantes: Pterocarpus erinaceus (bois),
Cordyla pinnata (bois), Adansonia digitata (fruits), Tamarindus indica (fruits), Bombax costatum (bois), Afzelia africana
(bois), Khaya senegalensis (bois), Sterculia setigera (gomme), Parkia biglobosa (fruits), Anogeissus leiocarpus (bois),
Pterocarpus lucens (feuilles), Sclerocarya birrea (bois), Lannea acida (bois), Borassus aethiopum (bois, feuilles et
sève), Raphia sudanica (feuilles et sève), Oxythenanthera abyssinica (bois), Saba senegalensis (fruits), Grewia
bicolor (écorces), Celtis integrifolia (feuilles), Diospyros mespiliformis (bois), Vitellaria paradoxa (fruits), Mitragyna
stipulosa (sécheresse), Albizia ferruginea (bois). Les espèces intégralement protégées par le Code forestier dans
cette zone sont Vitellaria paradoxa, Celtis integrifolia, Mitragyna stipulosa et Diospyros mespiliformis (Annexe F).
Azadirachta indica, une espèce introduite dans les années 1960, a complètement envahi les vallées des petites
îles situées dans la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum, au détriment de certaines espèces natives
menacées dans ces vallées. La partie ouest de cette zone (Casamance) renferme des forêts sèches qui se
caractérisent par des arbres dominants avec des couronnes plus ou moins contiguës et une strate herbacée
relativement dense. Ces forêts constituent des sites refuges pour de nombreuses espèces végétales et animales
rares et menacées. Parmi les espèces végétales très menacées dans cette zone, figurent Anthocleista nobilis,
Anthocleista procera, Anthocleista djalonensis, Calamus deeratus, Pandanus candelabrun et Raphia sudanica.
Sous l'effet des sécheresses et des activités humaines au cours des dernières décennies, ces écosystèmes qui
renferment la plupart des espèces rares et/ou menacées d’extinction, ainsi que des plantes et animaux
endémiques, connaissent une dégradation. Dans le fleuve Sénégal, les peuplements d’Acacia nilotica qui formaient
d'énormes forêts ripicoles ont subi un fort taux de mortalité. Les ressources halieutiques des cours d’eau ont
également subi une forte dégradation.
Récemment, la politique agricole du Sénégal orientée vers les grands projets de développement agricole inscrit
une grande majorité de ses activités vers la promotion de l’irrigation (plan GOANA et Plan REVA) et la maîtrise des
ressources en eau dans le cadre de la gestion intégrée des ressources en eau. Ces options politiques pour le
développement économique et social du monde rural pourraient amener des modifications profondes sur l’écologie
des écosystèmes d’eau douce. Déjà certains bassins de rétention, comme celui de Mont Rolland à Thiès,
présentent certains impacts à prendre en compte dans les mesures d’atténuation. Les Nouvelles initiatives, sur le
fleuve Gambie, dans le cadre de l’OMVG portant sur la construction du barrage Samba Ngalou font apparaître
d’autres impacts sur la biodiversité qu’il faut tout aussi bien considérer. En outre, avec l’exploitation minière de
plus en plus importante à Kédougou, des implications réelles sur les écosystèmes se font sentir et méritent une
évaluation et des mesures de protections efficaces.
De nombreuses espèces végétales, en particulier des espèces à affinité guinéenne, sont menacées avec les
grandes mutations écologiques au niveau des Niayes (développement du maraichage, exploitation minières,
ensablement des dépressions, vieillissement des plantations de Filao, etc). La diversité des formations végétales
sur le littoral montre des groupements de végétation halophile avec Sporobolus robustus, Salicornia senegalensis
des Tamarix senegalensis et Zyzigium postulacastrum. Il existe des groupements constitués d’espèces d’affinité
sahélienne (Combretum sp, Faidherbia albida, Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, etc). Cependant la particularité
des Niayes, c’est aussi la présence d’espèces guinéennes qui y survivent en dépit d’une nappe peu profonde.
Ainsi les nombreuses activites humaines qui s’y déroulent et qui s’accentuent du fait de la forte concentration
humaine pourraient entraîner des déséquilibres majeurs sur le fonctionnement des écosystèmes et la richesse des
espèces. Dans le Delta du Saloum et en Casamance, les formations de mangroves et la végétation des îles
sableuses sont de plus en plus victimes de la sécheresse et des fortes pressions causées par les activités
humaines, y compris la construction de nombreux barrages antisels qui ont pour effet de bloquer le transit des
sédiments vers les estuaires et de garantir ainsi les processus écologiques au niveau des mangroves. Les
écosystèmes marins sont également affectés par l’intense exploitation des ressources marines. Au cours des
dernières décennies, ces écosystèmes ont subi une dégradation accélérée sous la pression de multiples facteurs
qui compromettent leur avenir. Les sécheresses récurrentes, la croissance urbaine rapide et les multiples usages
qui ne tiennent pas compte des seuils écologiques menacent gravement ces écosystèmes. Avec les changements
climatiques, ces écosystèmes fragiles doivent cristalliser une attention spéciale pour des mesures de gestion
durables.
Conclusion
La question envrionnementale est aujourd’hui au cœur des préocupations et des politiques de développement.
Le devenir de l’environnement intéresse au plus haut point les décideurs politiques et financiers quelle que soit
l’étendue spatiale de la juridiction dont ils ont en charge la gouvernance.
En passant en revue tour à tour les conclusions de la Conférence de Stockholm de 1972, le Rapport de Brundtland
en 1987, la Conférence de Rio en 1992, il est apparu un « réveil mondial » d’une conscience environnementale qui
se poursuit encore... L’acuité de la question du changement climatique est là pour le rappeler à chacun et le
Sénégal n’échappe pas à la régle.
L’Etat du Sénégal fait de son mieux pour respecter ses engagements internationaux et aussi apporter ainsi sa
modeste contibution à ce débat mondial. Au niveau national, des mesures institutionnelles, fiancières,
réglementaires et juridiques sont mises en œuvre pour préserver et gérer au mieux les ressources naturelles.
La gestion de l’environnement est un exercice complexe, du fait de la diversité et de l’ampleur des défis
environnementaux, mais aussi de la pluralité des secteurs concernés (IAGU & PNUE, 2009). Avec le PNUE (2006),
on convient que la politique de développement environnemental et durable doit étudier les synergies ou «
coavantages » et les politiques contradictoires à éviter. La création d’institutions fortes pour la gouvernance
environnementale, en tant que politique, est une condition préalable à toute autre démarche.
L’intégration des questions environnementales au processus de développement exige que des informations
précises soient disponibles en temps voulu, ce qui est, déjà en soi, une mesure efficace. La réalisation des objectifs
environnementaux nécessitera des actions décisives, rencontrera des imprévus et ne surviendra pas du jour au
lendemain mais, d’ores et déjà, il se dessine d’excellentes perspectives soutendues par une volonté politique réelle
de vouloir aller de l’avant.
Bibliographie
Cole S., 1981, Methods of analysis for long-term development issues. In Methods for Development Planning
(UNESCO). United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, Paris.
Cotula L., Vermeulen S., Leonard R., Keeley J., 2009, IIED/FAO/IFAD, London/Rome, ISBN: 978-1-84369-
741-1. 120pp. http://www.fao.org/docrep/011/ak241e/ak241e00.htm.
DEEC, 2010, Deuxième communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, 177p.
Gallopin G., Hammond A., Raskin P., Swart R., 1997, Branch Points: Global Scenarios and Human Choice.
PoleStar Series Report No. 7. Stockholm Environment Institute, Stockholm.
http://www.tellus.org/seib/publications/branchpt.pdf.
Gaye, A. T., Sylla, M.B., 2009, Scénarios climatiques au Sénégal, Rapport préliminaire - Deuxième
communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, 23p.
Ghobarah, H., Huth P., Russett, B., and King, G., 2001, The Political Economy of Comparative Human Misery
and Well-being.Paper presented at the annual meeting of the American Political Science Association, San
Francisco, September 2001.
GIEC 2007, Résumé à l’intention des décideurs. In: Bilan 2007 des changements climatiques: Impacts,
adaptation et vulnérabilité. Contribution du Groupe de travail II au quatrième Rapport d’évaluation. Rapport
du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, M.L. Parry, O.F. Canziani, J.P. Palutikof,
P.J. van der Linden and C.E. Hanson, (éd.), Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni.
Giorgi F., Marinucci M.R., Bates G.T., 1993a, Development of a second-generation regional climate model
(RegCM2). Part I: boundary-layer and radiative transfer processes. Monthly Weather Review 121(10): 2794–
2813.
Giorgi F., Marinucci M.R., Bates G.T., Canio G.D., 1993b, Development of a Second-Generation Regional
Climate Model (RegCM2). Part II: convective processes and assimilation of lateral boundary conditions.
Monthly Weather Review 121: 2814–2832.
IPCC, 2000, Emission Scenarios: A special report of Working Group III of the Intergovernmental Panel on Climate
Change, Nakicenovic N., Coordinating Lead Author, Cambridge University Press, Cambridge, U.K., 599 pp.
Luckham R.,White S., Ahmed I., Muggah R., 2001, Conflict and Poverty in Sub-Saharan Africa:An Assessment
of the Issues and Evidence. IDS Working Paper 128. Institute of Development Studies, Brighton.
Mbow C, 2010. Africa's risky gamble. Global Change, IGBP Secretariat, number 75 of June 2010, pp. 20-23.
Mbow C., Mertz O., Diouf A., Rasmussen K., Reenberg A., 2008, The history of environmental change and
adaptation in eastern Saloum-Senegal – driving forces and perceptions. Global and Planetary Change-Elsevier,
64 (210-221).
Mbow C., Nielsen T.T., Rasmussen K., 2000, Savanna fires in East-Central Senegal: distribution patterns, resource
management and perceptions. Human Ecology, Kluver Academic Publishers, New York.28 (4): 561-583.
MEPN, 2006, Plan national d’action pour l’adaptation au changement climatique, 84p.
Mertz O., Mbow C., Reenberg A., Diouf A., 2008, Farmers' perceptions of climate change and agricultural
adaptation strategies in rural Sahel. Environmental Management.
Miles I., 1981, Scenario analysis: identifying ideologies and issues. In Methods for Development Planning
(UNESCO). United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, Paris.
Ministère de l’Agriculture, 2008 (a), Cahier de repères techniques pour le programme de la Grande Offensive
Agricole pour la Nourriture et l’abondance (GOANA), 11p.
Ministère de l’Agriculture, 2008 (b), Cahier d’orientations stratégiques pour le programme de la Grande
Offensive Agricole pour la Nourriture et l’abondance (GOANA), 15p.
Ministère de l’Agriculture, 2008 (c), Cahier d’opportunités filières pour le programme de la Grande Offensive
Agricole pour la Nourriture et l’abondance (GOANA), 8p.
Ndiaye G., 2009, Impacts du changement climatique sur les ressources en eau du Sénégal, Rapport
préliminaire - Deuxième communication nationale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques, 46p.
Pal J.S., Giorgi F., Bi X., Elguindi N., Solomon F., Gao X., Francisco R., Zakey A., Winter J., Ashfaq M., Syed
F., Bell J.L., Diffanbaugh N.S., Kamacharya J., Konare A., Martinez D., da Rocha R.P., Sloan L.C., Steiner A.,
2007, The ICTP RegCM3 and RegCNET: regional climate modeling for the developing world. Bulletin of
American Meteorological Society 88: 1395–1409.
Rehn E., Johnson Sirleaf E., 2002, Women,War and Peace: The Independent Experts’ Assessment on the
Impact of Armed Conflict on Women and Women’s Role in Peace-building. Progress of the World’s Women
2002, Vol. 1. United Nations Fund for Women, New York.
Ribot, 2002, African Decentralization Local Actors, Powers and Accountability. UNRISD Programme on
Democracy, Governance and Human Rights Paper Number 8, 103 p.
Sagna P., 2008, L’évolution du climat du Sénégal, Forum régional sur le changement climatique en Afrique
de l’Ouest Dakar, 06-07 Novembre 2008.
Sylla M. B., Coppola E., Mariotti L., Giorgi F., Ruti P. M., Dell‟Aquila A., Bi X., 2009a, Multiyear simulation of
the African climate using a regional climate model (RegCM3) with the high resolution ERA-interim reanalysis,
Climate Dynamics.
Sylla M. B., Gaye A. T., Pal J. S., Jenkins G. S, Bi X. Q., 2009b, High-resolution simulations of West African
climate using regional climate model (RegCM3) with different lateral boundary conditions, Theor. Appl.
Climatol., DOI 10.1007/s00704-009-0110-4.
Sylla M.B., Dell’Aquila A., Ruti P. M., Giorgi F., 2009c, Simulation of the intraseasonal and the interannual
variability of rainfall over West Africa with RegCM3 during the monsoon period, Int. J. Climatol. (2009), DOI:
10.1002/joc.2029.
Schwartz P., 1991, The Art of the Long View. Doubleday, New York.
Tschakert P., 2004. The costs of soil carbon sequestration: an economic analysis for small-scale farming
systems in Senegal. Agricultural Systems 81, 227–253.
UNEP, 2002a, Africa Environment Outlook: Past, Present and Future Perspectives. United Nations
Environment Programme, Nairobi.
Vagen T-G., Lal R., Sing B. R., 2005. Soil carbon sequestration in sub-saharan Africa: a review. Land Degrad.
Develop. 16: 53–71.
World Bank, 2005, World Development Report 2006: Equity and Development.The World Bank and Oxford
University Press, New York.
WRI, UNEP, UNDP, 2004, World Resources Report 2002-2004: Decisions for the Earth. Balance, Voice and
Power. World Resources Institute in collaboration with United Nations Environment Programme and United Nations
Development Programme World Resources Institute, Washington, D.C.
Wood E.C., Tappam G.G., Hadji A., 2004, Understanding the drivers of agricultural land use change in south-
central Senegal. Journal of Arid Environments 59 565–582.