Connaissances de l’hypertension artérielle et de ses complications au

CENTRE HOSPITALIER de SOAVINANDRIANA

RM Miandrisoa1,*, B Ramilitiana2, RR Rakotonoel3, W Rasamoelina1, H Ravaoavy1, SA
Ralamboson1, N Rabearivony3, S Rakotoarimanana4
1
Service des Maladies Cardiovasculaires, Centre Hospitalier de Soavinandriana
2
Service de Néphrologie, Centre Hospitalier Universitaire Joseph Raseta Befelatanana
3
Service de Cardiologie, Centre Hospitalier Universitaire Joseph Raseta Befelatanana
4
Unité des Soins Intensifs en Cardiologie, Centre Hospitalier Universitaire Joseph Raseta Befelatanana
DOI: https://doi.org/10.15520/jcmro.v3i01.253
Accepted 13-01-2020; Received 12-11-2019; Publish Online 19-01-2020

Resume:
Reviewed By:
Dr. Negussie Boti Sidemo Introduction: A Madagascar, on assiste actuellement à une nette
Department: augmentation de la prévalence de l'hypertension artérielle (HTA) et de
Reviewer/CMRO ses complications. Le but de cette étudeétait d’évaluer le niveau de
connaissances des patients hypertendus en matière d’HTA, de
connaitre le terme HTA et ses complications ainsi que la valeur
tensionnelle cible sous traitement avant l’éducation thérapeutique.
Méthodes: Nous avons mené une étude transversale et descriptive des
patients hypertendus vus au centre hospitalier de
Soavinandriana(CENHOSOA) du mois d’août 2015 à août 2016, soit
13 mois.
Résultats: Au final, 346 patients ont été sélectionnés avec un âge
moyen de 57,19 11,47 ans. Parmi eux, 61,56 % étaient des femmes;
33,8 % étaient scolarisés; 61,16 % étaient pris en charge et 75,36 %
étaient mariés. Dans notre série, 78,32 % des patients ont déclaré
connaître le terme d’HTA, pourtant 32,47 % seulement ont répondu
exactement aux valeurs de la définition de l’HTA. Sur les 87,54 % des
patients informés par leur médecin sur l'HTA, seuls 33,5 %
connaissaient la définition exacte. Les 66,76 % des patients
surveillaient régulièrement leur HTA, et 53,8 % consultaient leur
médecin en cas d’élévation de la pression artérielle.
Conclusion : Notre étude montre qu'il existe de nombreuses
informations manquantes sur l'HTA chez les patients hypertendus et
que bon nombre d'entre eux ne suivaient pas les recommandations en
matière de gestion de l’HTA.
Mots clés: attitudes, complications, connaissances, hypertension
artérielle, pratiques.

⋆ Corresponding author.
Journal of Current Medical Research and Opinion, Vol 03 Iss 01, 415–421 (2020)
RM Miandrisoa et al. Connaissances de l’hypertension artérielle et de ses complications au CENTRE HOSPITALIER de
SOAVINANDRIANA

Introduction:
L’hypertension artérielle (HTA) se définit par une élévation de la pression artérielle systolique supérieure ou
égale à 140 mmHg et/ou une pression artérielle diastolique supérieure
ou égale à 90 mmHg . C’est un problème majeur de santé publique mondiale. Les complications de l’HTA
1

les plus fréquentes sont surtout au niveau cardiaque et au niveau vasculaire cérébral, avec 45 % des décès par
maladies cardiaques et 51 % des décès par accident vasculaires cérébraux2 Durant l’année 2015, sur une
mortalité totale de 56,4 millions, ces 2 complications sont à elles seules respectivement responsables de 15
% et 11 % de la mortalité totale 3. La prévalence mondiale de l’ HTA des adultes de 18 ans et plus est autour
de 22 %, avec une forte prévalence dans la région africaine (30 %) et une faible prévalence dans la région
américaine 2. À Madagascar, la prévalence de l’ HTA en 2005 était de 17,67 %4. Dans le rapport de
l’Organisation Mondiale de la Santé en 2014, cette prévalence était de 29,8 % [2]. En 2012 à Madagascar, la
prévalence de l’accident vasculaire cérébral et les syndromes coronariens sont respectivement de 15,2 % et de
8,3 %. L’accident vasculaire cérébral étant la première cause de décès de la population adulte malgache5. Tous
ces chiffres sont toujours en hausse d’où l’intérêt de prendre des mesures appropriées. Ainsi dans notre étude,
nous nous sommes focalisés sur les « Connaissances, Attitudes et Pratiques des patients hypertendus au
CENHOSOA ». L’objectif principal de ce travail était d’évaluer le niveau de connaissances des patients
hypertendus en matière d’HTA, de connaitre le terme HTA et ses complications ainsi que la valeur
tensionnelle cible sous traitement avant l’éducation thérapeutique.

Methodes:
Il s’agit d’une étude transversale et descriptive, sur une période de 13 mois, allant du 1er août 2015 au 31 août
2016. La population d’étude était représentée par les patients hospitalisés et/ou ayant fait une consultation au
service de maladies cardiovasculaires et de médecine interne du CENHOSOA durant la période d’étude.
Etaient inclus, tous les patients sensibilisés et confirmés comme hypertendus selon les critères de la Société
Française de l’Hypertension Artérielle, les patients sous traitement antihypertenseur, les personnes ayant
comme antécédent une HTA, les patients ayant accepté de recevoir et de remplir la fiche d’enquête. Etaient
exclus les patients ayant mal rempli les fiches d’enquête. Le recrutement était exhaustif durant la période
d’étude. Les variables étudiées étaient l’âge, le genre, le niveau d’instruction, la situation matrimoniale, la
connaissance du terme HTA, de ses complications, de la cible thérapeutique et de la source d’information sur
l’HTA. Les données étaient saisies puis analysées sur Epi info version 7.1.3.3 et « IBM SPSS Statistics 24. 0 ».
Nous avons également utilisé le test de Chi-2 de Pearson pour déterminer le degré de signification statistique
p. Le seuil de significativité était fixé à p < 0,05.

Resultats:
Sur une population de 4.435 patients admis dans le service, 373 patients ont été inclus et 27 patients ont été
exclus secondairement. En tout, nous avons retenu 346 patients hypertendus confirmés et/ou patients en cours
de traitement antihypertenseur capables de répondre de façon écrite dans notre étude soit 7,8 % des patients
admis. L’âge moyen était de 57,19 11,47 ans, l’âge médian était de 58 ans. Les patients de 60 ans et plus
étaient nombreux (47,40 %, n = 164).
Soixante et un virgule cinquante-six pourcent (n = 213) étaient du genre féminin, avec un sex-ratio de 0,62.
Un tiers des patients hypertendus de notre étude avaient un niveau universitaire. Les patients mariés étaient
en forte proportion (75,36 %, n = 261). Dans notre série, la majorité des patients (78,32 %, n = 271)
prétendaient connaitre le terme HTA et les complications de l’HTA (80,92 % ; n = 278). Parmi ceux prétendant
connaitre les complications de l’HTA, un tiers (33,50 %, n = 93) n’avaient reconnu qu’une seule complication
de l’HTA (Figure 1).

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Figure 1. Connaissance des complications de l'HTA

Les complications les plus connues des patients étaient les complications vasculaires cérébrales (59,8 %) et
les complications cardiaques (52,9 %) (Figure 2).

Figure 2. Taux de réponse des patients pour chaque complication

Pour la connaissance de l’objectif thérapeutique de l’HTA, 14,45 % (n = 50) ont répondu exact (Figure 3).

Figure 3. Connaissance des patients de la cible thérapeutique

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La connaissance du terme HTA et les chiffres de la définition de l’HTA étaient connus par 32,47 % (n = 81)
des patients dans notre population d’étude. Les femmes étaient les plus nombreuses à connaitre le terme HTA
(63,1 %). (p = 0,263). On avait constaté une association significative uniquement dans la tranche d’âge de 40
à 59 ans, même s’il y avait une grande prédominance de connaissance du terme HTA chez les sujets de 60 ans
et plus. Dans notre série, les patients de niveau universitaire étaient les plus nombreux à connaitre le terme
HTA (33,2 %). Mais, le niveau d’instruction n’a pas d’association significative sur la connaissance du terme
HTA (p = 0,24). Trente-sept patients parmi 117 (31,62%) de niveau d’instruction universitaire avaient répondu
exact aux chiffres de la définition de l’HTA (Figure 4) :c’était la plus grande proportion de patients ayant
donné les valeurs exactes. Sur 87,54 % des patients informés par leur médecin sur l’HTA, seuls 33,5 % en
connaissaient la définition exacte. La source d’information n’avait pas une association significative à la
connaissance de la définition de l’HTA (p = 0,54).

Chiffres définissant l'HTA

Figure 4. Relation entre le niveau d'instruction et les chiffres définissant l'HTA

Discussion:
Dans notre étude, 78,32 % des patients prétendaient connaitre le terme HTA. Dans la littérature, l’étude
d’Alexander et al aux Etats-Unis en 2003 objectivait 76,1 % et celle d’Oliveria et al en 2005 était de 81,8 %
6,7
. Pour l’étude de Sabouhi et al, 17,1 % des patients connaissaient la signification du terme HTA 8. Dans les
pays développés, les informations sur l’HTA sont accessibles à tous et partagés sur beaucoup de plateformes
d’information. Selon toutes ces études, l’amélioration de la connaissance des patients sur l’HTA permet de
mieux contrôler les chiffres tensionnels lors du suivi, permet de réduire le risque de survenue de complications
cardiovasculaires et l’adhérence à la prise de médicament antihypertenseur. Tout cela certifie l’importance de

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l’éducation des patients sur l’HTA, également à toute la population. A Madagascar, le taux d’accès et le
partage des informations sur l’HTA est encore faible.
La connaissance du terme HTA et la valeur des chiffres de la définition de l’HTA sont connus par 32,47 %
des patients dans notre population d’étude. Notre étude se rapprochait des résultats retrouvés par Oliveria et
al. en 2005 (30 % de la population d’étude ont reconnu les chiffres de la définition de l’HTA)7. Notre résultat
est en discordance avec l’étude d’Alexander et al. qui a objectivé que 67,8 % des patients étaient capables de
reconnaître les chiffres de la définition de l’HTA6 . Notre résultat est aussi
en discordance avec l’étude de Sabouhi et al avec 49,1 % des patients qui reconnaissent les mêmes chiffres de
définition8. Dans les pays développés, les informations sur l’HTA sont vulgarisées. Pour notre étude, si 78,32
% des patients prétendaient connaître le terme HTA, 32,47 % ont répondu exact sur les vraies valeurs de
l’HTA. Cela démontre une insuffisance importante de connaissance concernant l’HTA ; d’où l’intérêt
primordial de l’éducation thérapeutique des patients hypertendus dans le cadre de la prévention des
complications.
Sur les 87,54 %des patients informés par leur médecin sur HTA, seuls 33,5 % des patients de notre étudeétaient
capable de donner la définition exacte de l’HTA. Alexander et al qui ont rapporté que 60 % des patients
hypertendus connaissaient la définition exacte de l’HTA par l’intermédiaire de leur médecin 6 et 91 % des
patients pour la série d’Oliveria7.Ce contraste flagrant entre Madagascar et les pays occidentaux pourrait
avoirplusieurs raisons. A Madagascar, les médecins ne disposeraient pas assez de temps pour informer ses
patients hypertendus sur l’HTA. De plus, il existerait à un manque de formations médicales continues des
médecins et de mise à jour de leurs connaissances sur les dernières recommandations de la prise en charge de
l’HTA.
Notre série a démontré que 80,92 % des patients prétendaient connaitre
les complications de l’HTA dont 33, 50 % n’ont reconnu qu’une seule complication. Les complications les
plus connues sont les accidents vasculaires cérébraux (59,8 %) et les complications cardiaques (52,9 %).
L’étude de Malik et al en 2014 a objectivé que 65,1 % des patients reconnaissaient 3 complications de l’HTA
ou plus9. L’étude de Lin et al en 2008 en Chine a démontré qu’un tiers des patients connaissaient les
complications de l’HTA10. Selon Alexander et al en 2003, les complications les plus importantes citées par
les patients étaient les accidents vasculaires cérébraux (92 %) et l’infarctus du myocarde (86,8 %)6 ; dans
l’étude de Taylor et al en 2003 : 71 % pour les accidents vasculaires cérébraux et 62 % pour l’infarctus du
myocarde11. Pour le cas de Madagascar, la relation entre l’HTA et les complications comme les accidents
vasculaires cérébraux et les syndromes coronariens n’est pas encore connue de tous, à cause des insuffisances
des mises à jour de connaissance des médecins traitants sur l’HTA et ses complications. Familoni et al en
2004 au Nigeria (étude de 12 mois sur 254 patients) ont retrouvé 55,2 % de patients citant principalement
comme complications : les accidents vasculaires cérébraux, l’atteinte cardiaque et l’insuffisance rénale12.
Quant à l’étude de Samal et al, 87 % des patients ont cité lesaccidents vasculaires cérébraux comme
complication de l’HTA et 64 % des patients ont cité les infarctus du myocarde13. L’étude de Kumar et al en
2015 a objectivé que les complications vasculaires cérébrales et cardiaques sont les plus prédominantes et que
dans 45,8 % des cas le patient ignorait les complications de l’HTA14.
Dans notre étude, 14,45 % ont répondu exact à l’objectif thérapeutique
de l’HTA. Notre résultat ne concorde pas avec l’étude faite par Alexander et al dans laquelle 67,8 % des
patients hypertendus connaissent la cible thérapeutique lors du traitement de l’HTA6. Pour l’étude d’Atallah
et al en 2011 : 70 % patients connaissaient la cible thérapeutique15 ; c’est le reflet de l’insuffisance
d’information de nos patients.
Des séances d’informations des patients par les médecins sont à programmer pour mieux poser les objectifs
thérapeutiques et mieux prévenir ainsi les complications. L’étude faite par Dean et al par contre avait retrouvé
9 % de patients qui connaissaient la valeur cible à atteindre16. En pratique, l’objectif thérapeutique est de
stabiliser en dessous de 140 mmHg pour la pression artérielle systolique et en dessous de 90 mmHg pour la
pression artérielle diastolique. Notre étude objective une lacune énorme sur la connaissance des objectifs
thérapeutiques de l’HTA. Il faudrait organiser un enseignement post universitaire sur les dernières mises à
jour de cette pathologie. Des séances d’informations des patients par les médecins sont à programmer pour
mieux poser les objectifs thérapeutiques et mieux prévenir les complications.

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Conclusion:
Ce travail nous amène à considérer qu'il existe de nombreuses informations manquantes sur l'HTA chez les
malgaches hypertendus et que les recommandations en matière de gestion de l’HTA ne sont pas suivies. Leurs
évaluations dans cette étude nous conduisent à faire une reforme dans le contrôle de l’HTA des patients
malgaches. Il est primordial de faire un changement radical pour optimiser la prise en charge de l’HTA en
fournissant des informations basées sur les dernières recommandations internationales sur l’HTA, sur ses
complications cardiovasculaires et sur la valeur tensionnelle cible sous traitement. L’application de façon
impérative servira pour avoir une bonne observance et une bonne adhésion au traitement au long cours pour
réduire les complications cardiovasculaires. A Madagascar, la couverture médicale universelle n’existe pas
encore ; ainsi, une politique nationale pour la formation de chaque médecin en matière de bonne gestion de
l’HTA serait souhaitable avec mise en œuvre d’un protocole national sur le diagnostic, la prise en charge et le
suivi des patients hypertendus malgaches. La principale limite de notre étude était sa réalisation dans un seul
centre. De ce fait, elle n’est pas représentative sur l’échelle nationale et une étude plus large sur les patients
hypertendus dans la population est une nécessité pour baser les stratégies ultérieures.

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