ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE

CONSEIL EXECUTIF EB105/INF.DOC./1

Cent cinquième session 16 novembre 1999
Point 8.2 de l’ordre du jour provisoire

Mise en oeuvre de résolutions et de décisions

Alimentation du nourrisson et du jeune enfant :

étude multicentrique de l’OMS sur la référence de croissance

Soumise au Conseil exécutif pour information

1. En 1993, un comité OMS d’experts a appelé l’attention sur un certain nombre de problèmes
techniques et biologiques graves relatifs à la référence de croissance actuellement recommandée au niveau
international. 1 Le comité a mis en doute sa pertinence et s’est déclaré vivement préoccupé par le fait
qu’une référence basée sur des enfants qui étaient principalement nourris de manière artificielle ne
permettait pas d’évaluer la croissance des nourrissons nourris au sein.

2. Des recherches récentes menées par l’OMS montrent que le profil de croissance de nourrissons en
bonne santé allaités au sein diffère considérablement de la référence internationale actuelle. 2 Les écarts
négatifs sont suffisamment importants pour amener les agents de santé à prendre des décisions
inopportunes concernant des nourrissons nourris au sein dont la croissance leur paraît insuffisante et, de
ce fait, à conseiller inutilement aux mères de fournir une alimentation complémentaire ou même de
supprimer totalement l’allaitement au sein. Compte tenu des avantages sanitaires et nutritionnels de ce
type d’allaitement, cette interprétation potentiellement erronée du profil de croissance de nourrissons en
bonne santé allaités au sein a une grande importance en matière de santé publique. L’introduction
prématurée d’aliments de complément peut être extrêmement dangereuse pour les nourrissons dans de
nombreux contextes, notamment là où le rôle de l’allaitement au sein dans la prévention de maladies
infectieuses graves est essentiel pour la survie de l’enfant.

3. En 1994, l’Assemblée de la Santé, dans sa résolution WHA47.5, a prié le Directeur général

d’élaborer une nouvelle référence internationale de façon à évaluer la croissance des nourrissons allaités
au sein. De par sa fonction normative, l’OMS occupe une position de choix et a l’autorité requise pour
exécuter un projet de cette complexité et lui donner le relief voulu au niveau mondial. En collaboration
avec plusieurs organisations du système des Nations Unies et institutions nationales, l’OMS a commencé
à élaborer une nouvelle référence qui, contrairement à la référence actuelle, sera basée sur un échantillon

1
Utilisation et interprétation de l’anthropométrie. Rapport d’un comité OMS d’experts. Série de Rapports
techniques, No 854. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1995.
2
Groupe de travail de l’OMS sur la croissance des nourrissons. An evaluation of infant growth (en anglais
seulement). Genève, Organisation mondiale de la Santé, 1994 (document WHO/NUT/94.8).
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international de nourrissons allaités au sein, vivant dans des populations en bonne santé et ne présentant
pas de problèmes de croissance.

4. L’objectif de l’exercice consiste à établir une nouvelle référence internationale en constituant un

ensemble de courbes de croissance qui serviront à évaluer la croissance et l’état nutritionnel à la fois des
groupes de population et des enfants d’âge préscolaire.

5. En terme de méthodologie , l’OMS mène une étude multipays dans diverses régions géographiques,
et notamment en Afrique, dans les Amériques, en Asie et en Europe, afin d’élaborer une référence solide
et durable. Basées sur un échantillon composite d’enfants vivant dans le monde entier, les nouvelles
courbes renforceront le fait que la croissance de l’homme durant les cinq premières années de sa vie est
très semblable malgré la diversité des milieux ethniques. 1 Cette approche doit également servir à
minimiser les difficultés politiques découlant de l’utilisation du profil de croissance d’un seul pays en tant
que « norme » mondiale de croissance optimale de l’enfant.

6. Le protocole de recherche comprend au total plus de 12 000 nourrissons et enfants en bonne santé
en associant une étude longitudinale depuis la naissance jusqu’à l’âge de 24 mois de 300 nouveau-nés par
site et une étude transversale d’enfants de 18 à 71 mois et portant sur 1400 enfants par site. Les principaux
critères de sélection qui sont appliqués aux nouveau-nés englobés dans l’étude incluent l’absence de
maladies et de difficultés socio-économiques pouvant entraver la croissance et le fait de naître de mères
non fumeuses et allaitant des nourrissons nés à terme.

7. Des normes scientifiques rigoureuses sont appliquées à ce projet interculturel complexe mené sur
le terrain. Les mesures de contrôle de la qualité comprennent des réunions de coordination régulières, une
sélection soigneuse et une formation approfondie des responsables des interviews, un matériel de mesure
conçu spécialement et extrêmement fiable, des sessions de normalisation régulières, des échanges de
personnel entre les sites et une évaluation continue de la qualité des questionnaires remplis et des mesures
effectuées. Grâce à l’appui fourni aux mères allaitantes participant à l’étude, on pourra sélectionner un
échantillon sans biais en permettant à une proportion plus importante de mères qui souhaitent allaiter de
le faire.

8. L’OMS sert de centre de coordination et est chargée de regrouper les données émanant des sites
d’étude et de préparer les nouvelles courbes à l’aide des techniques statistiques les plus perfectionnées.
Des données insérées localement dans un système de gestion des données élaboré au niveau central sont
transférées tous les mois à l’OMS, qui contrôle à nouveau la qualité et évalue dans quelle mesure le
protocole de l’étude est respecté.

9. L’étude est en cours au Brésil, aux Etats-Unis d’Amérique, au Ghana, en Norvège et à Oman ;
et il est prévu de commencer en janvier 2000 la collecte des données en Inde . La Chine est envisagée
comme site d’étude de l’Asie orientale. La collecte des données devrait se terminer en 2003, mais cela
dépendra des fonds disponibles.

1
Utilisation et interprétation de l’anthropométrie ; groupe de travail de l’OMS sur le protocole de la référence de
croissance et groupe spécial de l’OMS sur les méthodes de régulation naturelle de la fécondité. Growth patterns of breastfed
infants in seven countries (schémas de croissance des enfants allaités au sein dans sept pays). Acta Paediatrica, 2000, 89
(sous presse).

2
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10. Jusqu’ici, outre l’OMS qui a engagé des ressources mondiales et régionales considérables dans cet
exercice, les autres grands bailleurs de fonds de l’étude comprennent les gouvernements du Brésil, du
Canada, des Etats-Unis d’Amérique, de la Norvège, d’Oman et des Pays-Bas, ainsi que l’Organisation
des Nations Unies et l’UNICEF. Malgré ce soutien financier généreux, il reste à trouver un peu moins
d’un quart du total des fonds alloués à l’étude si l’on veut que cette dernière soit menée à bien dans son
intégralité et en temps voulu.

11. On pense que cette étude revêtira une grande importance pour la santé publique, dans les pays
développés comme dans les pays en développement, compte tenu de son utilité en matière de santé, de
nutrition et d’espacement des naissances. La nouvelle référence internationale de croissance atteindra
plusieurs objectifs importants. Elle fournira en particulier, pour de nombreuses années à venir, un étalon
scientifique fiable de la croissance des enfants obtenu dans des conditions sanitaires et nutritionnelles
correctes, qui servira :

• à surveiller la croissance et le bien-être nutritionnel des nourrissons et des enfants ;

• à fournir des estimations communautaires et nationales valables de la dénutrition et de la

surnutrition ;

• à permettre d’évaluer la pauvreté, la santé et le développement.

12. Enfin, et ce n’est pas là le point le moins important, cette nouvelle référence fera de l’enfant allaité
au sein le modèle normatif à l’aune duquel toutes les autres méthodes d’alimentation devront être
mesurées en termes de croissance, de santé et de développement. Elle constituera également un instrument
de sensibilisation important concernant la promotion du droit de tous les enfants de réaliser pleinement
leur potentiel de croissance génétique dans un environnement sans tabac. Enfin, et cela sans coût
supplémentaire, l’étude servira à compiler les données de référence dont on a besoin d’urgence pour
évaluer l’état nutritionnel des femmes allaitantes.

= = =