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PARKbili

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REPUBLIQUE TUNISIENNE

MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE


DIRECTION GENERALE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA QUALITE DE LA VIE

MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION NATIONAL DE LUTTE


CONTRE LA DESERTIFICATION (PANLCD)

Programme d’action régional de lutte


contre la désertification du
Gouvernorat de Kébili

Février 2006

COOPERATION TECHNIQUE ALLEMANDE


SOMMAIRE

LISTE DES ABREVIATIONS UTILISEES..................................................................................................1


AVANT PROPOS .......................................................................................................................................2
INTRODUCTION........................................................................................................................................4
RESUME ....................................................................................................................................................6
1. Bilan de l’état des ressources naturelles et problématique de développement ...8
1.1 Problématique générale du développement durable de la région .................................................9
1.2 Les ressources en sol ..................................................................................................................11
1.2.1 Les potentialités ...........................................................................................................................11
1.2.2 Problématiques liées au mode d’utilisation des ressources en sol..............................................12
1.3 Les ressources pastorales et l’élevage ........................................................................................14
1.3.1 La végétation naturelle .................................................................................................................14
1.3.2 Caractérisation des principales zones de parcours .....................................................................16
1.3.3 Principales problématiques liées à l’utilisation des parcours .......................................................18
1.3.4 L’élevage et les mouvements des troupeaux...............................................................................20
1.4 Potentialités et exploitation des ressources en eaux ...................................................................23
1.4.1 Les eaux de surface .....................................................................................................................23
1.4.2 Les nappes phréatiques...............................................................................................................23
1.4.3 Les nappes profondes :................................................................................................................24
1.4.4 Bilan de l’exploitation des nappes profondes...............................................................................28
1.4.5 Gestion de l’eau ...........................................................................................................................29
1.4.6 Les causes de la surexploitation des nappes profondes à Kébili ................................................31
1.4.7 Rôle de l’eau dans le développement agricole ............................................................................32
2. Zonage
2.1 Sensibilité du milieu naturel selon les facteurs de dégradation du sol ........................................37
2.1.1 L’érosion hydrique : ......................................................................................................................37
2.1.2. L’érosion éolienne : ......................................................................................................................37
2.1.3. Erosion éolienne et hydrique ;......................................................................................................37
2.1.4. Salinisation et hydromorhie.........................................................................................................38
2.2 Sensibilité du milieu naturel selon les facteurs de dégradation de la nappe ...............................38
2.3 Sensibilité du milieu naturel selon les facteurs de dégradation des ressources végétales .........40
2.4 Essai d’un zonage agro-écologique : ...........................................................................................40
3. Orientations stratégiques et objectifs de développement
3.1 Les objectifs du plan d’action régional de LCD............................................................................44
3.2 Les orientations stratégiques du PAR-LCD .................................................................................45
3.2.1 Alléger la pression sur les ressources naturelles et les conserver ..............................................46
3.2.2 Diversifier le système de production oasien et mieux valoriser les ressources disponibles........47
3.2.3 Diversifier l’économie régionale ...................................................................................................48
4. Les méthodes et les proches d'interventions : propositions d'amélioration
5. Plan d'action et fiches de projets
5.1 Plan d’Action ................................................................................................................................53
5.2 Proposition de Projets pour le 11ème plan.....................................................................................59

1
LISTE DES ABREVIATIONS UTILISEES

AIC : Association d'Intérêt Collectif


BV : Bassin Versant
CCD : Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification
CES : Conservation des Eaux et Sols
CLD : Conseil Local de Développement
CNLCD : Conseil National de Lutte Contre la Désertification
CRD : Conseil Régional de Développement
CRDA : Commissariat Régional au Développement Agricole
CTV : Cellule Territoriale de Vulgarisation
CT : Complexe terminal
CI : Complexe intercalaire
CSA : Coopérative de service agricole
DGEQV : Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie
DRESS : Direction Régionale de l’Environnement du Sud Saharien
GDA : Groupement de Développement Agricole
GIC : Groupement d'Intérêt Collectif
GR : Génie Rural
GTZ : Deutsche Gesellschaft Für Technische Zusammenarbeit
LCD : Lutte Contre la Désertification
MEDD : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable
ODS : Office de Développement du Sud
OEP : Office de l’Elevage et des Pâturages
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAN-LCD : Programme d’Action National de Lutte Contre la Désertification
PAR-LCD : Programme d’Action Régional de Lutte Contre la Désertification
PDES : Plan de Développement des Eaux du Sud
PDRI : Projet de Développement Rural Intégré
PAN-LCD -GTZ : Projet « Appui à la Mise en Œuvre du Programme d’Action National
de Lutte Contre la Désertification » PAN-LCD-GTZ
SIG : Système d’Information Géographique

2
AVANT PROPOS

L’élaboration des Programmes d’action régionaux de lutte contre la désertification


(PARLCD) s’inscrit dans le cadre des initiatives prises par le Ministère de
l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) en vue de renforcer la mise en
œuvre du Programme d’action national de lutte contre la désertification (PANLCD) au
niveau régional, notamment à travers une meilleure intégration et une prise en compte
des exigences du développement durable dans le cadre du XIème Plan.
Il s’agit d’entreprendre, avec les acteurs concernés, au niveau de 9 Gouvernorats, un
travail portant principalement sur l’établissement d’un diagnostic concerté sur la gestion
des ressources naturelles, la définition des orientations stratégiques, répondant aux
exigences de lutte contre la désertification et du développement durable, et la
proposition de programmes et projets appropriés.

L’objectif est en définitive l’élaboration de Programmes d’action régionale de lutte contre


la désertification dans le cadre d’un processus de concertation et de négociation
impliquant les différents acteurs concernés. Le processus d’élaboration de ces
PARLCD vise :
• L’apport d’un appui direct aux régions dans l’élaboration du XIème Plan
régional de développement économique et social (PRDES) concernant la
gestion des ressources naturelles en tenant compte des exigences du PAN et
du développement durable. Cet appui concerne l’amélioration : a) du
processus de planification, b) des méthodes et approches d’intervention et c)
le contenu des programmes et projets de développement à proposer par les
régions,
• L’initiation d’un processus de planification territoriale, intégrée et participative
des programmes et projets de développement à proposer par les régions
dans le cadre du XIème. Il s’agit de favoriser l’émergence d’une dynamique de
planification intégrée des actions de développement ayant trait à la gestion
des ressources naturelles.
Les PAR/LCD constituent ainsi une initiation visant à promouvoir les méthodes et les
approches de planification et de mise en œuvre des programmes et projets de
développement au profit d’une gestion durable des ressources naturelles. En terme
d’approche, il s’agit surtout de passer d’une planification et d’une mise en œuvre
sectorielles à une planification territoriale, intégrée et participative. En terme de
contenu, il s’agit de faire en sorte que les programmes et projets à planifier tiennent
compte des dimensions sociale, environnementale, économique et institutionnelle.
Les résultats attendus de ce processus concernent:
• l’établissement d’un bilan succinct et d’une problématique globale des
ressources naturelles de la région. Ce bilan doit porter à la fois sur les
aspects concernant directement la ressource (potentialités, états et usages)
ainsi que sur les pratiques en matière de gestion des ressources (approches
et méthodes d’intervention),
• la formulation des propositions en vue d’améliorer les approches et méthodes
pour la planification et la mise en œuvre des programmes et projets de
développement et de gestion des ressources naturelles au niveau
opérationnel conformément aux exigences de la LCD,

3
• La définition des orientations stratégiques et des objectifs de développement
axés sur la gestion durable des ressources naturelles et adaptés au contexte
régional,
• La proposition de nouveaux programmes et projets répondant à la fois aux
spécificités des problématiques identifiées et aux exigences du PAN.

L’élaboration du PAR/LCD du Gouvernorat de Kébili a été réalisée dans le cadre de la


coopération Tuniso-Allemande, et plus précisément dans le cadre du projet d’appui à la
mise en oeuvre du PAN/LCD financé par le GTZ. Un consultant tunisien1, appuyé par
l’expert du projet PANLCD-GTZ dans le Gouvernorat de Kébili a été recruté pour une
mission de courte durée pour la réalisation du travail d’élaboration de ce PAR/LCD. Le
travail du consultant a été piloté par une commission formée par les experts du projet
PANLCD-GTZ et les cadres du Secrétariat de l’ONC.

1
Il s’agit de Mohamed Lamine Toumia.
4
INTRODUCTION

La désertification étant entendue comme la dégradation des ressources naturelles à la


fois du fait d’un usage inadéquat des ressources et des conditions climatiques sévères,
de ce fait la lutte contre la désertification devrait s’inscrire dans le cadre d’un
développement durable qui prend en considération les différentes dimensions
économique, environnementale, sociale et institutionnelle.
Le PAR/LCD a pour objectif l’intégration de la dimension environnementale et de lutte
contre la désertification dans la planification au niveau régional. Son élaboration est le
fruit d’un travail collectif ayant mobilisé plusieurs acteurs de développement et de
gestion des ressources naturelles dans la région.
Il a été élaboré dans le cadre de la préparation du XIème Plan et devrait refléter la
vision des différents acteurs impliqués dans la gestion des ressources naturelles. Il offre
ainsi un cadre d’intégration de la lutte contre la désertification dans le plan de
développement économique et social du Gouvernorat par le biais de l’identification de
projets de développement à caractère environnemental et en donnant aux projets de
développement une dimension environnementale qui, dans certain cas, leur fait défaut.
D’autre part la promulgation récente des décrets instituant l’ONC au niveau national et
les Commissions Spéciales de Lutte Contre la Désertification au sein des Conseils
Régionaux au niveau des Gouvernorats sont la preuve de la volonté politique de faire
du développement durable et de la lutte contre la désertification un axe fondamental du
XIème Plan.
L’élaboration du PAR/LCD du Gouvernorat de Kébili a mobilisé les différents acteurs en
charge de la gestion des RN et notamment les différents arrondissements de
l’agriculture.
La démarche qui a été suivie s’est basée essentiellement sur une concertation
approfondie et un échange sur les différentes problématiques de gestion de chaque
ressource et surtout sur l’articulation et la cohérence entre les différents modes
d’intervention et la coordination entre les intervenants.
Ainsi, une première phase a été consacrée à la collecte de l’ensemble de l’information
disponible sur les différentes ressources et, au-delà, en amont et en aval de l’usage et
de la gestion de celle-ci. Une réunion avec le Commissaire Régional au Développement
Agricole nous a permis par ailleurs d’avoir une vision assez cohérente de la
problématique de développement agricole de la région.
Par la suite, une série de réunions de travail et d’ateliers ont été organisés. Il s’agit en
premier lieu de réunions de travail au niveau des arrondissements responsables de la
gestion des principales ressources (eau, sol, et couvert végétal). Ces réunions ont
permis de construire une vision synthétique partagée de la problématique de chaque
ressource. L’élargissement des réunions à d’autres acteurs (ODS, GIC, ONG, Affaires
foncières,…) a permis l’élaboration de la problématique globale du développement et
de gestion durable des ressources naturelles dans le Gouvernorat de Kébili.
Un premier atelier de restitution/validation de la problématique a été alors organisé
dans le but d’élargir le débat à d’autres acteurs du développement et de gestion des
ressources naturelles. Cet atelier qui a été placé sous la tutelle du gouvernorat a vu la
participation de membre du Conseil régional, des conseil locaux de développement, de
membre de certains conseils municipaux, des organisations professionnelles, des ONG
et de GDA, à côté des représentants des différents services administratifs qui ont un
rapport avec le développement et la gestion des ressources naturelles.
La seconde phase du travail a consisté en un retour au niveau des différents acteurs
afin d’identifier avec eux les objectifs, les orientation stratégiques et les axes pour un
5
développement durable, ainsi que les projets à inscrire au XIème Plan afin de traduire
ces orientation en actions.
Cette phase qui a mobilisé les mêmes acteurs que la première phase, s’est soldée par
l’organisation d’un atelier de présentation du PAR/LCD dans son ensemble afin de
recueillir de nouveau leurs remarques et d’assurer une appropriation complète du
projet.
Le rapport présente dans une première partie une analyse approfondie de la
problématique des ressources naturelles. Etant donnée que le développement régional
s’appui principalement sur l’agriculture oasienne, un intérêt particulier a été accordé à
l’état des ressources en eau. La seconde partie du rapport présente des propositions
pour un développement durable et une gestion rationnelles des ressources naturelles.

6
RESUME

Caractérisée par un bioclimat saharien (les 2/3 de la superficie régionale reçoivent environ
50 mm de pluie/an), la région de Nefzaoua, ne dispose pas de suffisamment de sols
fertiles et ce malgré l’étendu de sa superficie. En outre, la salure des sols, les croûtes
superficielles (gypseuses et calcaires), les sables mobiles favorisés par des reliefs érodés
avec des couloirs sont les principales difficultés posées aux ressources en sol de la région
d’une façon générale. Dans les oasis, les sols sont très affectés par le phénomène de
salinisation qui ne cesse de se manifester.
De son coté la végétation naturelle, qui est assez faible, souffre de nombreux
phénomènes de dégradation d’origine physique et anthropique. Ainsi, les terres des
parcours ont souvent un couvert végétal assez pauvres et très affecté par l’aridité et les
phénomènes de dégradation (surpâturage, arrachage des ligneux….) qui se traduisent
souvent par un paysage de regs de pierres ou de dunes de sables.
En ce qui concerne les ressources en eau, la région présente un bilan d’eau
(offre/consommation) largement négatif. En effet, la demande en eau est largement
supérieure à l’offre disponible en plus 98% de l’eau mobilisée est utilisée par le secteur
agricole. Ainsi, la gestion de la ressource «eau» pose des problèmes majeurs à la fois sur
le plan technique (surexploitation, forte salinité…) et socioéconomique (modalités de
gestion, monoculture, écoulement…).
Les nouveaux modes d'exploitation de l'écosystème de la région par les populations
rurales ont certainement joué un rôle dans l'aggravation de la dégradation de celui-ci. Les
pressions anthropiques génératrices de cette dégradation sont surtout liées à la mise en
place de nouvelles oasis (périmètres irrigués illicites) entraînant la surexploitation des
nappes, la salinisation et l'hydromorphie des sols et le gaspillage d'eau. La coupe des
espèces ligneuses pour les besoins énergétiques de la population rurale et le surpâturage
constituent les principales causes de la dégradation de la végétation. Toutes ces pratiques
ont fortement contribué à la détérioration des ressources hydraulique, édaphique et
pastorales constituant ainsi une contrainte majeure pour le développement de cette région
et un risque supplémentaire pour une accentuation du phénomène de la désertification.
Sur le plan économique, le Gouvernorat de Kébili a connu au cours des dernières
décennies une dynamique de développement qui s’est traduite par une amélioration
significative du niveau de vie de l’ensemble des catégories sociales et des infrastructures
de base. Néanmoins, en dépit des grands acquis enregistrés dans ce sens, l’économie
régionale reste peu diversifiée et caractérisée par la prédominance du secteur agricole.
En effet, grâce au contexte hydrogéologique et aux importants investissements publics et
privés entrepris dans la région, le secteur agricole a enregistré durant les trente dernières
années un saut qualitatif grâce notamment l’extension des plantation Déglet nour. En effet,
la superficie des oasis a ainsi plus que doublé entre 1976 et 2002 pour atteindre en 2004
une superficie totale de 16 417 ha.
Néanmoins, malgré les acquis incontestables enregistrés sur les plans économique et
social, le secteur agricole connaît aujourd’hui de sérieux problèmes liés essentiellement
à la mobilisation des ressources en eau profonde. En effet, la nappe du complexe
terminal connaît d’importantes modifications à caractère irréversible. Le niveau de
surexploitation a atteint durant les dix dernières années plus 200% se traduisant ainsi
par le tarissement définitif des sources, la disparition de l’artésianisme, l’assèchement
de la nappe dans certains endroits (à la marge de la nappe) et l’augmentation de la
salinité de l’eau. De même, la situation de la nappe du continental intercalaire avec un
taux de surexploitation de 160% est devenue aussi de plus en plus critique.

7
Le secteur de l’élevage reste assez marginal sur le plan économique et ce malgré le
potentiel pastoral des parcours et fourrager des oasis et les traditions d’élevage de la
région. En raison de la faiblesse et de l’irrégularité des précipitations (50-100 mm),
l’agriculture pluviale reste limitée à certains secteurs favorables et très aléatoires.
Afin de sauvegarder les acquis et les impacts positifs enregistrés dans la région,
quelques orientations stratégiques ainsi que des projets et programmes de
développement ont été identifiés. Ces propositions visent à appuyer toute alternative de
développement économique basée sur une exploitation plus modérée des ressources
naturelles (notamment l’eau). Il s’agit principalement de chercher comment :
1. Alléger la pression sur les ressources en eau et les protéger,
2. Diversifier le système de production oasien et mieux valoriser les ressources
disponibles,
3. Diversifier l’économie régionale.
Le premier axe vise l’élaboration et la mise en œuvre des programmes d’information et
de sensibilisation valorisant les résultats des différents diagnostics thématiques
entrepris. Ces programmes concerneraient l’état des ressources naturelles en général, le
suivi de la dynamique des nappes, le contrôle des puits et des extensions illicites, les
techniques d’économie d’eau et la promotion de la participation des usagers dans la
prise en charge de l’entretien et de la maintenance des infrastructures hydro-agricoles.
Les programmes de recherche-développement pourraient également apporter à la
région un appui incontestable notamment en ce qui concerne les questions liées à
l’utilisation et l’économie des ressources en eau.
Le deuxième axe porte sur la diversification et l’intensification du système de culture
oasien, l’encouragement à l’intensification de l’élevage dans les oasis, l’amélioration des
parcours et l’organisation de la filière des dattes notamment en ce qui concerne le
renforcement des structures chargée de la commercialisation.
Le troisième axe devrait permettre à la région de sortir de l’emprise du secteur agricole
et plus particulièrement de la dépendance de la région de la monoculture de Déglet nour
par le développement du secteur de l’écotourisme et de l’artisanat, la redynamisation des
unités de conditionnement et d’exportation des dattes et la valorisation des eaux
géothermiques.
La préparation du XIème Plan offre l’occasion pour mettre en œuvre les orientations
stratégiques et les programmes et projets permettant un développement durable tel que
défini par le PARLCD. Pour ce faire, l’appui du secteur la recherche scientifique est jugé
nécessaire et ce à travers la mise en œuvre d’un ensemble de projets et d’actions de
recherche-développement bien ciblés.
En outre, des programmes de formation et de renforcement des capacités au profit des
différents acteurs du développement et de gestion des ressources naturelles sont jugés
nécessaires et ce afin d’apporter un appui aux projets de développement qui sont en
cours d’exécution ou qui devraient démarrer avec le XIème Plan.

8
1. BILAN DE L’ETAT DES RESSOURCES NATURELLES ET
PROBLEMATIQUE DE DEVELOPPEMEN T

1.1 Problématique générale du développement durable de la


région
La région de Nefzaoua appartient à la partie Sud-Ouest de la Tunisie. Elle couvre une
superficie approximative de 22 450 km2, limitée au Nord par la chaîne de montagne de
chott el Fejej, et à l'Ouest par le chott el Jérid. Le Grand Erg Oriental, qui forme la limite
septentrionale du Sahara, borde la région du côté sud. Du point de vue climatique, la
région de Nefzaoua appartient à l'étage saharien. On passe graduellement du climat
semi-désertique au Nord, autour de Chott El Jérid, au climat désertique au centre et à
l'extrême Sud de la région.
La population locale est estimée à 143 000 habitants et 26 500 familles en 2004. La
taille du ménage est en moyenne de 5,39 personnes. Le taux de croissance a
sensiblement baissé passant de 3,3% en 1994: à 0,8 % en 2004.
Sur le plan économique, le Gouvernorat de Kébili a connu au cours des dernières
décennies une dynamique de développement qui s’est traduite par une amélioration
significative du niveau de vie de l’ensemble des catégories sociales et des
infrastructures de base (0,5 % des logements rudimentaires et 4,8% de logement à une
seule pièce contre respectivement 0,8 et 6,9% pour la Tunisie). Le taux de chômage a
également connu une régression très nette: 16,8 % en 1994 contre 12,8 % en 2004
(15,6 % contre 13,9 % au niveau national).
Néanmoins, Malgré les grands acquis enregistrés dans ce sens, l’économie régionale,
caractérisée par la dominance du secteur agricole, reste, contrairement aux autres
régions du pays, peu diversifiée. En effet, la région n’était pas suffisamment attractive
aux investissements extérieurs, mis à part le secteur du tourisme qui a connu
relativement une évolution, notamment en matière d’infrastructure. Comparé à celui de
Tozeur, ce secteur reste confronté à des difficultés surtout d’intégration et de
complémentarité avec les autres secteurs de l’économie régionale. De même, les
secteurs de l’industrie et des services ne se sont pas suffisamment développés, mis à
part la création de quelques unités de conditionnement et d’exportation de dattes (seuls
2% et 1% des investissements prévus par le 10ème Plan sont prévus respectivement
pour l’industrie et le tourisme).
Ainsi, le développement économique et social de la région a donc été principalement
entraîné par le développement du secteur agricole qui occupe 33,7% des actifs contre
seulement 20 % à Tozeur et 17% au niveau national. Le contexte hydrogéologique a
donné la possibilité à la région de développer la culture du palmier dattier, notamment
la monoculture de Déglet nour (de 1% en 1900 à 76 % en 2002 et de quelques tonnes
à 45 500 T en 2002), qui assure environ 50 % de la production totale de dattes du pays
sur une superficie ne dépassant pas 0,75% de la surface du gouvernorat et environ 90
% du revenu agricole total de la région.
Grâce aux investissements publics qui ont atteint entre 1982 et 2006 presque 500
Millions Dinars et aux efforts entrepris par les opérateurs privés, l’agriculture oasienne a
enregistré durant les trente dernières années un saut qualitatif. La superficie des oasis
a ainsi plus que doublé entre 1976 et 2002 pour atteindre une superficie totale de
16417 ha en 2004. La production des dattes qui représente 89% de la valeur agricole
totale au niveau régional contribue avec 10 % des exportations agricoles de la Tunisie
rapportant ainsi entre 60 et 70 MD par an soit 60 à 70 % de la valeur des exportations
dattières du pays.

9
Cette évolution a été également favorisé d’une part par la libéralisation du système de
collecte et d’exportation des dattes (fin du monopole de la STIL) et d’autre part par
l’accroissement spectaculaires des prix à la production de ce produit durant les années
80, (le prix du Kg de dattes augmentait annuellement de 100 millimes).
Néanmoins, malgré les acquis incontestables enregistrés sur les plans économique et
social, le secteur agricole connaît aujourd’hui, étant donné qu’il repose essentiellement
sur la mobilisation des ressources en eau, de sérieux problèmes. En effet, la nappe du
complexe terminal connaît de profondes modifications à caractère irréversible. Le
niveau de surexploitation a atteint durant les dix dernières années plus 200% se
traduisant par le tarissement définitif des sources, la disparition de l’artésianisme,
l’assèchement de la nappe dans certains endroits (limite est de la nappe) et
l’augmentation de la salinité de l’eau. De même, la situation de la nappe du continental
intercalaire avec un taux de surexploitation de 160% est devenue aussi de plus en plus
critique.
Dans les oasis, la salinisation des sols ne cesse d’augmenter soit par insuffisance de
doses d’irrigation permettant un drainage correcte des sels soit par l’augmentation de la
salinité des eaux d’irrigation du à la dégradation de la qualité des nappes.
Le secteur de l’élevage reste, sur le plan économique assez marginal, bien que la
région ait des traditions pastorales et d’élevage et dispose de grands parcours
steppiques et d’un potentiel important de production fourragère en irrigué,. En effet, la
contribution de ce secteur dans la valeur de la production agricole de la région ne
représente que (3%) avec un effort d’investissement dans le 10ème Plan encore plus
faible (2% seulement du montant de l’agriculture).
Par ailleurs, l’agriculture pluviale reste un secteur très limitée et marginale compte tenu
de la faiblesse et de l’irrégularité des précipitations (50-100 mm). Toutefois, dans la
zone du Segui située au Nord de la région, la collecte des eaux de ruissellement
permet de planter des oliviers derrière des ouvrages de CES (Tabias) et de cultiver
épisodiquement des cultures annuelles dans les plaines qui ont la possibilité de
recevoir des eaux par épandage des crues.
En définitif, compte tenu des résultats inquiétants du bilan des ressources en eau, les
acquis du secteur agricole dont dépend fortement la dynamique du développement
économique et social sont en terme de durabilité sérieusement menacés dans la
mesure où la mobilisation des ressources en eau sera caractérisée par une eau de plus
en plus chère rare et salée. Pour sauvegarder les acquis et les impacts positifs
enregistrés dans la région, il est nécessaire d’arrêter des orientations et identifier des
actions et des mesures permettant d’appuyer toutes autres alternatives de
développement économique basées sur une exploitation plus modérée des ressources
naturelles et de valoriser les potentialités et les atouts de la région notamment à travers
des projets innovants.

10
1.2 Les ressources en sol
1.2.1 Les potentialités

En raison peut être de leur manque d’intérêt agronomique (sauf dans les oasis), les sols
de la région restent peu connus sur le plan technique. Mais à l’instar de la géologie qui
est en grande partie calcaire ou gypseuse, les sols se caractérisent par la présence
constante de calcaire, de gypse et de sols salés en particulier aux alentours des chotts.
Le bioclimat de la région fait qu’il n’y a pas un processus d’évolution des sols
(pédogenèse) à part l’extension des sols salés suite aux dépôts des sels et leur
accumulation à la surface ou en faibles profondeurs sous forme de croûtes ou
encroûtement.
En ce qui concerne la pédologie, les principaux types de sols rencontrés dans la région
se repartissent, selon la morphologie du terrain, comme suit:
1. La plateforme saharienne est formée par des placages éoliens (pourtour Est et
Nord de l’Erg) par de vastes accumulations sableuses formant les dunes de
l’Erg. Il existe autour des chotts des sols gypseux avec des accumulations
gypseuses sous forme de croûtes.
2. La zone des Chotts, formant le contact avec la plateforme saharienne et les
chaînons atlasiques, dispose de sols sableux profonds et de sols gypseux en
bordure des chotts où se développent presque la totalité des oasis de la région.
Les sols dans ces oasis longuement utilisés, ont développé des horizons de
surface riches en matière organique et assez bien structurés s’ils sont bien
drainés. Les horizons profonds de ces sols sont très riches en gypse et évoluent
souvent vers des encroûtements gypseux. L’intérieur des chotts est formé par
des accumulations de sels stériles.
3. La zone des chaînons atlasiques est caractérisée par l’absence de sols sur les
montagnes et la présence de sols alluviaux généralement profonds sur les
piémonts et dans les plaines. L’érosion hydrique est très active dans ces zones
durant les rares évènement pluvieux qui produisent un ruissellement. Tous les
djebels sont dénudés à l’exception de rares fosses comblées de matériaux
meubles où se développe une végétation à base de ligneux bas.
4. Sur le Dhaher les sols sont très peu épais et reposent sur une assise calcaire
(bancs calcaires ou croûtes) et c’est seulement dans les vallées mortes où
existent des sols sableux fragiles qui constituent une source d’ensablement.
5. Les oasis sont localisées sur les bordures du chott sur des bourrelets éoliens,
généralement surélevés par rapport au chott, les plus anciennes oasis sont
localisées dans des zones plutôt montagneuses (Souk Lahad).
Selon l’aptitude on peut distinguer :
- Les sols non cultivables situées surtout dans les zones montagneuses et les
affleurements de la roche (calcaire ou gypseuse) sur les chotts et les dunes de
sable. Ils représentent près de 75% de la superficie totale du Gouvernorat et sont
à un stade de dégradation irréversible,
- Les terres à vocation pastorale (parcours collectifs) représentent 25% de la
superficie totale du Gouvernorat,
- Les terres agricoles qui représentent moins de 1,5 % de la superficie totale du
Gouvernorat.
La dégradation des sols dans la région est liée essentiellement à :

11
 L’érosion éolienne : les vastes couloirs formés par les chotts et les chaînes de
montagnes ont facilité la circulation de l’air et par conséquent l’érosion éolienne
qui est très active surtout sur le pourtour des chotts. Cette situation est due à la
texture sableuse fine de la surface du sol, à la rareté du couvert végétal, au
régime bioclimatique très défavorable et au régime des vents (violents, longue
période) auquel est soumise la région.
 La salinisation des sols irrigués : elle est le résultat d’une mauvaise conduite de
l’irrigation et du drainage qui se traduisent par des doses d’irrigation insuffisantes
(manque d’eau ou mauvaise gestion de ces eaux) et une salinisation des eaux
d’irrigation à cause d’un réseau de drainage insuffisant ou mal entretenu.
1.2.2 Problématiques liées au mode d’utilisation des ressources en sol

Caractérisée par un bioclimat saharien (plus de 96% de la superficie fait partie de cette
étage), la région ne possède pas beaucoup de sols fertiles malgré son étendu. La
salure, la présence des croûtes gypseuses et calcaires superficielles, la mobilité des
sables, favorisée par des reliefs complètement érodés et formant des couloirs qui
accélèrent la vitesse des vents et les orientent vers les zones habités de la Nefzaoua,
sont les principales difficultés posées à la gestion des ressources en sols de la région.
A l’exception de très faibles superficies qui bénéficient d’un apport en eau de
ruissellement et qui sont emblavées en céréales durant les rares années pluvieuses
(une fois tous les 10 ans), le reste de la région est soit complètement hors usage
(dunes de sables, djebels nus, chotts) ou utilisées comme parcours. Situés dans les
plaines (Dhaher, Chareb et Ségui), les bons sols sont parfois sujets à des
remaniements de l’horizon de surface ce qui accélère l’érosion éolienne et hydrique.
 Les terres de parcours qui sont peu épais, pauvres et très affectées par l’aridité
(presque les 2/3 reçoivent vers les 50 mm de pluie/an), sont très fragiles et ne
supportent pas le surpâturage ou le défrichement, leur dégradation serait
irréversible, donnant encore plus de regs de pierres ou de dunes de sables. Un
courant nouveau est en cours de faire tache d’huile et qui constitue un danger
pour la durabilité de ces parcours très fragiles ; il s’agit de l’appropriation des
terres collectives (au départ autour des oasis, et des zones proches puis, dans les
profondeurs). La prolifération de ces signes d’appropriation détournée des terres
très fragiles, rompra davantage l’équilibre écologique de ces sols déjà engagé à la
suite d’une gestion non appropriée.
En effet, l’absence d’organisation opérationnelle de gestion de ces parcours a
permis l’émergence de nouvelles formes d’exploitation des parcours par des
éleveurs qui disposent d’importants moyens pour l’élevage de grands troupeaux, à
caractère commercial, dont l’impact sur les ressources pastorales pourrait être
négatif. De ce fait, la situation des terres de parcours sahariens nécessite une
réflexion approfondie sur la façon de mieux les valoriser mais aussi de mieux les
protéger. La réglementation actuelle de gestion des parcours collectifs n’a pas
donnée des résultats intéressants, sa révision pour l’adapter aux différentes
situations spécifiques est nécessaire. (à transférer dans la partie parcours)
 Dans les oasis, on note des variations dans le comportement des pieds de
palmier dattier parallèlement à des variations des propriétés physico-chimiques du
sol. Ceci s’est traduit de l’amont à l’aval de l’oasis par: 1) une diminution de la
vigueur du palmier (circonférence du tronc du pied, nombre de palmes vertes) ; 2)
une nette réduction de la production et de la qualité des dattes.
12
L'utilisation abondante de l'eau salée en irrigation entraîne de sérieux problèmes
de dégradation des sols dans les zones de faible pente, avec pour résultat, la
remontée de la nappe. À cause de ce mouvement ascendant de la nappe et de
l'absence d'un système de drainage efficace, les aires d'extension deviennent de
plus en plus salines. On remarque que la salinité croît lorsque l'on se déplace
vers le Chott, au fur et à mesure qu'augmentent les teneurs en argile et en
limons fins dans les sols, ce qui entraîne la stagnation des eaux et
consécutivement l'affleurement de la nappe au niveau du Chott. La remontée
capillaire de cette nappe concentrée provoque la contamination des horizons de
surface par le sel. De ce fait, les terres irriguées risquent d'être marginales à
cause des problèmes d'hydromorphie et de salinité qui sont fondamentalement
liés à l'aménagement hydro-agricole.
Les sols des oasis sont donc très affectés par le phénomène de salinisation. Ce
fléau ne cesse de se manifester dans les oasis insuffisamment drainées ou
souffrant d’un déficit d’eau empêchant l’apport de doses correctes de lessivage
ou suite à l’augmentation de salinité des eaux d’irrigation (le nombre d’oasis
concernés par ce phénomène est appelé à augmenter à cause de la dégradation
de la qualité des eaux des nappes). Parallèlement à cette situation difficile, les
agriculteurs sont appelés à améliorer la productivité des sols afin de mieux
valoriser une ressource en eau de plus en plus rare et chère. De ce fait, de
nombreux défis sont à relever dont :

• Comment améliorer la productivité des sols dans les oasis avec des coûts
économiquement acceptables?,
• Comment gérer l’eau dans ces oasis à la fois sur le plan quantitatif (l’allocation
à l’ha) et qualitatif sans toutefois compromettre la qualité des sols sur le plan
physique et biologique?
• Comment faire face aux effets du désengagement de l’état notamment en ce
qui concerne l’entretien des réseaux d’irrigation et de drainage compte tenu
surtout de la baisse des prix à la production des dattes?

13
1.3 Les ressources pastorales et l’élevage
1.3.1 La végétation naturelle

La région de Kébili appartient à l’étage bioclimatique saharien et aride. De ce fait la


végétation naturelle ne peut être que limitée. L’extension importante dans la zone de
sols salés, gypseux et squelettiques constitue une autre contrainte pour le
développement de la végétation.
D’une façon générale, la végétation est très clairsemée avec un très faible
recouvrement du sol et peu d’apport en matière organique. En dépit de cette faiblesse
du couvert végétal, le rôle de la végétation naturelle reste non négligeable dans la
fixation et la protection des sols contre l’érosion hydrique et surtout éolienne.
Selon le premier inventaire pastoral national de 1994, la superficie totale des parcours
dans le Gouvernorat est estimée à 570 000 ha (25% de la superficie du Gouvernorat)
répartis entre les différents types de parcours comme suit :
• basses plaines 78 000 ha
• domaine saharien 353 000 ha
• Dhahar 139 000 ha
La répartition de cette superficie pastorale selon la nature de la couverture végétale se
présente comme suit :
• forêts et maquis (200 ha),
• nappes alfatières (17 000 ha) et
• autres formations pastorales (553 000 ha)
Les parcours situés dans le domaine saharien sont en grande partie situés sur des
glacis, des dunes continentales et des sebkhas. Les formations des milieux gypseux
constituent plus de 55% de la superficie et 17% par l’Arthrophytum schmittianum.
Les parcours du Dhahar sont en grande partie situés sur des glacis et des plateaux
montagneux et les principales espèces sont constituées par l’Anthillis sericea et
Arthrophytum scoparium et occupent respectivement 74% et 14 % de la superficie
totales des parcours.
Pour les parcours des basses plaines, (Ségui et Chareb), la majorité sont sur des glacis
et des plateaux et les espèces sont constituées par l’Arthrophytum scoparium et
Traganum nudatum (43% et 27%de la superficie).
Dans l’ensemble, 20 % de la superficie de ces parcours ont une couverture entre 25%
et 50% (113 000 ha environ) et 3% seulement avec une couverture supérieure à 50%.
Sur les 570 000 ha de parcours :
• 440 000 ha ont une faible couverture, soit 77%, qui sont constitués
principalement par : Anthillis sericea (27%), Arthrophytum schmittianum (28%),
• les formations des milieux gypseux (12%) qui sont sur glacis et plateaux,
• les superficies qui ont une moyenne couverture sont situées surtout sur les
dunes continentales.
Le tableau suivant montre que 75 % de la production fourragère des parcours du
Gouvernorat proviennent des parcours sahariens.

Tableau N°1 : Production fourragère des différents parcours de la région


Parcours Domaine saharien Dhaher Basses Plaines
Production (en millions UF) 61 13 8
Production moyenne/ha (en 123 94 101
14
UF)

En conclusion, la végétation naturelle dans la région est maigre et souffre d’une


extrême dégradation. A coté du climat, le surpâturage et le défrichement constituent les
principales causes de cette dernière. Cependant, vu l’étendu de ces parcours, les
possibilités de développement qu’ils offrent ne sont pas négligeables.

15
1.3.2 Caractérisation des principales zones de parcours

Végétation Etat des parcours Infrastructure Collectivités


Zone de parcours Secteurs limites dominante usagères

1- Nefzaoua Ségui, Nord : Gouv. Gafsa Montagne : Alfa, Montagne : Bon état du Points d’eau : SouK Lahad
septentrionale Chareb Est, Ouest : Gouv. Tozeur Rhus, Periploca, couvert végétal dans les insuffisants à Chereb et (Ouled Yagoub et
Chereb Ouest Est : Bhaier et Gouv. Thym, zones traitées par les Segui Ouest ; suffisants autres), Ghyalif
Gabes Chott : halophytes travaux CES ; le reste à Ségui Est Bhaier, Ayeycha
Sud : Souk Lahad et Plaine: annuelles, étant dégradé, Accès (pistes): (Gafsa), Ouled
Kébili Retama retam Plaine : l’état des difficile Yahya (Tozeur)
parcours dépend de la
pluviométrie de l’année
2- Bhaier Bhaier Est : El Hamma, Ghézdir, Retama Très dégradée Points d’eau: suffisants Ghyalif, Beni Zid
Ouest : Tebaga Sud : retam dans les autour des oasis ; (El Hamma)
Tebaga, Nord : Chott cours d’eau, insuffisants au Nord et
Fjej halophytes, Tarfa Est de Bhaier
dans les cours Accès (pistes):
d’eau, Remeth accessible
3- Dhahar Douz : Douz Nord : Douz nord 1 : Rhantherium S., 1. Arefgia : moyen et en Points d’eau : suffisants M’razig
Composé de 6 (Zaafran, Bir Ouest : Algérie Aristida P., Rétama cours de dégradation sauf au sud et sud- Adharas
parcours : Soltan) Est : Gouv. Gabes et R., 2. Dakhlet Touila : ouest : entre Mahbes et Sabira
1. Arefgia Medenine 2: Arthrophytum moyen en cours Bir Haj Brrahim Communautés des
2. Dakhlet Touila Sud : Gouv. S., Rhantherium S, d’amélioration Accès (pistes): difficile, régions limitrophes
3. Srir Tataouine Aristida P, 3. Srir : moyen et (Médenine et
4. Om Chiah Gymocarpos D., récupération rapide après Tataoiune).
5. Rétama R les pluies
Daouaya/Gdah/Argoub 3: Gymocarpos D., 4. Om Chiah : moyen
6 Dabdaba Rétama, 5.
Arthrophytum S, Daouaya/Gdah/Argoub :
Aristida P, bon état
4. Retama, 6 Dabdaba : Bon état
Arthrophytum S,
Aristida,

16
5: Gymocarpos D.,
Rétama,
Arthrophytum S,
Aristida P,
Tamarix,
6: Rétama,
Aristida,
Arthrophytum,
Tamarix
4- Dhouiher Jemna Dhouiher Nord Ouest: Bazma Montagne : Dégradé : plaine et relief Points d’eau: très Jemna, Bazma,
(Kébili Sud) Jemna: vers Asman, Rétama, insuffisants Messaid et Blidett.
concerne Sud Est: Jbel Rhantherium, Accès (pistes):
l’ensemble Daouaya Gymocarpos difficile
du bassin Ouest: Hniket Remeth
versant Oued Est: Bougarfa Plaine : Rétama,
El Maleh Remeth, annuelles,
jemna.
5- Jbil Jbil Sud : Grand Erg Grand Erg : Très dégradé Points d’eau : suffisants Adhara, Sabria,
Nord : Bir Aouin Retama, Azel (mais manque point Mrazig, Rebaya
Ouest : Bir Touil - Plateau : d’eau au niveau Toual (algériens)
Sabria Rhantherium, Hdhalin )
Est: Jbel Barga Ghezdir, Retama Accès (pistes):
Bas fonds : difficile
annuelles, Sbat,
Retama
6- Nefzaoua Faouar, Rgim Nord : Chott Jrid et Plaine : Alanda, Dégradé à très dégradé Points d’eau: suffisant Ghrib, Sabria,
occidentale Maatoug Faouar Zeita, Aristida, sauf à Chouchet Naga Mrazig
Sud : Grand Erg Retama, Remeth, Accès (pistes): difficile (dromadaire),
Ouest : Algerie annuelles, Rebaya,
Est : Faouar Ghidma, Chott : halophytes
Aligaya, Elmahdeth (Souida)

17
1.3.3 Principales problématiques liées à l’utilisation des parcours

Zone de parcours Problématique Proposition d’action


1- Nefzaoua Zone à vocation céréalière surtout en bonne année, mais Potentiel d’agriculture pluviale à valoriser en plaine et
septentrionale utilisation comme parcours des chaumes et de la jachère; sauvegarde des ressources en eau et en sol par des
renforcement de la tendance agricole grâce aux travaux aménagements CES dans les bassins versants.
de CES et au forage récemment créé. Toutefois, le
potentiel pastoral reste important.
2- Bhaier Cheptel ovins et caprins relativement important, Zone assez homogène dont le développement exige la mise
présence de grands troupeaux dromadaires, parcours en œuvre d’un projet intégré avec des composantes: lutte
surexploités, très dégradés et peu productifs ; source contre l’ensablement, géothermie, aménagement des
d’ensablement pour Kébili ; potentiel en sol limité, oasis parcours et amélioration des conditions de vie.
de petite taille et peu productives mais important potentiel
en géothermie ; population à faible revenu et situation
sociale difficile.
3- Dhahar Douz Deux types d’élevage cœxistent : Besoin d’un plan d’aménagement et de gestion des parcours
1) un élevage extensif détenu par des éleveurs possédant de Dhahar ; davantage d’intégration entre l’élevage et le
des troupeaux relativement importants et exploitant les potentiel fourrager des oasis (cultures, fourragères, sous
grands parcours, ses contacts avec le milieu oasien et produits, amélioration génétique des animaux…) ;
urbain se limitent à l’approvisionnement en aliments pour amélioration des techniques d’élevage notamment pour la
bétail. Pour ce type d’élevage se pose un certain nombre race D’man dont l’expérience d’introduction doit faire l’objet
de problèmes : absence de gestion collective des d’une étude d’évaluation ; amélioration génétique de la race
parcours, problème d’infrastructure sur les parcours, locale caprine pour une conduite en intensif.
approvisionnement en aliment pour bétail, faible
productivité des animaux, disponibilité et qualification des
bergers.
2) Un élevage semi intensif et domestique relativement
intégré à l’oasis avec un recours aux cultures fourragères
et aux sous produits de l’oasis. En année pluvieuse le
recours au parcours est pratiqué notamment dans le
cadre de l’association (Khlata). De ce fait, ce type
d’élevage n’est pas totalement ni intégré à l’oasis ni
réellement intensif.

18
4- Dhouihar Jemna Petits troupeaux élevés surtout dans un cadre Proposition d’un projet intégré avec des aménagements CES,
(Kébili Sud) d’association (khlata) ; élevage basé sur une certaine mêmes recommandations que pour l’élevage intensif du
complémentarité entre les oasis et les parcours ; Dhahar de Douz
valorisation des chaumes dans les zones d’agricultures Compléter le projet PRODSUD par un projet équivalent pour
pluviales ; zone de conflit (zones de ruissellement) entre le Dhouihar Jemna.
les éleveurs de dromadaires et les agriculteurs qui
exploitent les zones de bas fonds et garaâ (Dhouihar
Jemna) voire les oasis ;
5- Jbil Bouleversements dans les systèmes d’élevage liés à la Aménager (point d’eau, pistes, amélioration des parcours) la
mise en place du parc de Jbil (itinéraires de déplacement partie située au nord du parc de Jbil (vers Bir Haj Ibrahim),
des animaux et accès aux parcours); pollution et création d’emploi, amélioration des conditions de vie de la
dégradation écologique liées au tourisme saharien : population afin de soulager la pression sur le parcours et
plastique, perturbation des écosystèmes, défrichement. concilier le parc avec son espace environnant. La réussite du
Le tourisme saharien source de dégradation de projet du parc dépend énormément d’un plan d’aménagement
l’écosystème qui constitue la base de son plus global (amélioration des parcours, développement du
développement. tourisme saharien et écotourisme au profit des populations
locales).
Organiser un atelier conjoint avec les différents partenaires
concernés notamment avec le Ministère du Tourisme sur
l’impact du tourisme saharien sur les ressources naturelles
sahariennes.

6- Nefzaoua Problème de défrichement et carbonisation du couvert Projet intégré pour l’amélioration des conditions socio-
occidentale végétal naturel (espèces palatables) ; pression sur les économiques de la population ; organiser l’accompagnement
parcours liée à une sédentarisation accélérée et un des nouveaux attributaires de lots dans les nouveaux
surpâturage autour de Rgim ; problème de bergers en périmètres, valorisation des eaux de drainage de Rgim.
nombre et en qualification ; oasis encore jeunes et peu Meilleure intégration entre les oasis de Rgim et l’espace
productives ; situation sociale difficile ; zone de conflit environnant pastoral y compris à travers des activités
entre l’élevage camelin et les nouvelles oasis surtout en touristiques.
ce qui concerne l’abreuvement ; problème d’accès des
éleveurs algériens aux parcours de la zone accentuant la
pression sur les ressources pastorales.

19
1.3.4 L’élevage et les mouvements des troupeaux

En dépit de la situation difficile des parcours, l’élevage constitue une activité


importante pour une grande partie de la population surtout dans les Délégations de
Douz et El Faouar. La région compte environ 116 000 têtes ovines, 100 000 têtes
caprines, 13 800 têtes camelines et 630 têtes bovines. Les chèvres sont de race
locale; les ovins sont pour l’essentiel de race barbarine et les bovins sont à majorité
de race pure.
Les effectifs du cheptel subissent des variations selon les années dues
essentiellement à l’impact de la pluviométrie sur les pâturages. Cependant, l’effectif
du cheptel a pu maintenir une relative stabilité depuis des années et ce grâce aux
complémentations en aliments et à l’amélioration de l’infrastructure dans les
parcours collectifs (hydraulique pastorale, pistes agricoles).
Dans les oasis, l’introduction des races plus performantes d’ovins et de caprins
(Dman pour les ovins, alpine et damasquine pour les caprins) a permis une certaine
intensification de l’élevage et une intégration de celui-ci à l’agriculture. Comparé à
celui des régions limitrophes (Gabes, Tozeur, Gafsa), l’élevage bovin laitier dans le
Gouvernorat de Kébili, n’a pas connu un développement et ce malgré les
potentialités fourragères des oasis.

Tableau N°2 : Effectifs du cheptel dans le Gouvernorat de Kébili


Délégation Bovin Ovins Caprins Camélidés
effectif éleveurs effectif éleveurs
Kébili N 91 12 22000 19000 1300 31
Kebili S 152 26 23200 20000 1390 15
Douz 311 23 27880 24000 7635 125
Souk Lahad 49 16 24360 21000 200 3
El Faouar 29 11 18560 16000 3289 68
TOTAL 632 88 116000 100000 13823 242
Source : CRDA Kébili, 2004
Sur le plan économique, le secteur de l’élevage reste assez marginal. En effet, la
contribution de ce secteur dans la valeur de la production agricole de la région ne
représente que (3%) avec un effort d’investissement dans le 10ème Plan encore
plus faible (2% seulement du montant de l’agriculture).

En ce qui concerne les mouvements des troupeaux, trois remarques générales sont
à retenir:
• Chaque population ou tribu a un circuit de déplacement qui lui est propre
et qui respecte une certaine tradition de transhumance et change rarement
d’une année à l’autre.
• Le territoire peut se recouper avec celui d’autres éleveurs selon les années
pluvieuse ou sèches.
• D’une façon générale, l’utilisation des parcours reste liée à l’état des
parcours qui dépend de la pluviométrie
Tenant compte de ces deux remarques on peut schématiser les mouvements des
troupeaux par collectivité comme suit :
a. Les mrazig (Douz) se déplacent dans la zone du Dhahar Est et Sud en
passant par les puits de Oued El Hallouf jusqu’à Ksar Ghilan ;
b. Les Ghrib (principalement Rgim Maatoug et El Fouar) fréquentent les
parcours de la Nefzaoua occidentale situés au sud, à l’est et à l’ouest
de Rgim maatoug ;
c. Les éleveurs Adhras (Zaafran, Douz) fréquentent les parcours de Jbil,
Ksar Ghilan et le Grand Sud
d. Les Sabria (Fouar et Sabria) fréquentent les parcours situés à l’est des
parcours fréquentés par les Ghrib puis Jbil, Ksar Ghilan et le Grand
sud. Il s’agit des éleveurs qui s’aventurent le plus loin dans le sud,
e. Les sédentaires de Nefzaoua du sud de Kébili (Blidett, M’saïdi Jemna)
fréquentent les parcours de Dhouihar Jemna. Des conflits entre
collectivités sont fréquents dus essentiellement à la tradition d’errance
des troupeaux dromadaire particulièrement de Mrazig et Ghailif dans
les Garaa (4500 ha environ) qui sont occupées en année pluvieuse par
les grandes cultures et les légumineuses
f. Les Ghialif (kebili nord) fréquentent leurs parcours d’El Bhaier où on
rencontre des troupeaux ovins, caprins et camélidés. Par ailleurs, ces
éleveurs traversent Chott Fejej avec des passages bien délimités pour
aller exploiter les parcours de Nefzaoua septentrionale à Chareb dont
une partie leur appartient.
g. Les sédentaires de Souk Lahad et Kébili Nord fréquentent les parcours
de Ségui et Chareb avec parfois des conflits avec les éleveurs Ouled
Yahia originaires du Governorat de Gafsa et exploitant d’habitude les
parcours du Gouvernorat de Tozeur. Par ailleurs, les parcours de Ségui
sont fréquentés par les éleveurs d’El Ayaicha (Délégation de Belkhir,
Gouvernorat de Gafsa) qui s’associent d’habitude avec les éleveurs de
Souk Lahad pour avoir accès aux parcours de Ségui. En outre, les
troupeaux de la zone de Ségui de Gafsa (Segui Gharbi) s’abreuvent
(les dromadaires sur place et autres animaux par citerne tractée)
pendant les années sèches au niveau des points d’eau de Ségui de
Kébili. Enfin depuis la mise en place des travaux de CES, le
défrichement dans la montagne est strictement interdit.

En plus de ces mouvements des populations locales, on constate en année


pluvieuse des déplacements de troupeaux venant de l’extérieur (non frontaliers) de
Skhira (Ghraira) qui se dirigent vers le Dahar Est sans dépasser les environs de Bir
Soltan et ce souvent dans un cadre d’entente avec les Conseils de gestion des
Mrazig. Dans certains cas ces éleveurs ont été refoulés notamment quant ils
dépassent la limite de Ksar Ghilan.

Par ailleurs les éleveurs des Gouvernorats de Médenine et Tataouine ont l’habitude
de séjourner dans le Dhahar du Gouvernorat de Kébili dans le cadre d’une entente
assez ancienne entre les tribus voisines de ces trois Gouvernorats. Les conflits entre
ces éleveurs sont pratiquement inexistants. Par ailleurs, il convient de signaler que

21
les troupeaux de deux familles Mrazig (El Aouina) séjournent parfois sur les parcours
d’El Ouara de Ben Gardane (Gouvernorat de Médenine) dans le cadre d’une entente
avec les éleveurs Touazin.

Les Rbaya de Souf d’Algérie traversent la frontière au niveau de la zone de


Nefzaoua occidentale (Bir Chikh Ali) et le Grand Erg (Bir Znigra et Loudha) en
passant par Jbil, Ksar Ghilan, Dhahar pour séjourner dans le grand Sud au environ
de Borj Bourguiba dans le Gouvernorat de Tataouine. Ces éleveurs ont l’habitude de
se déplacer en groupe avec des grands troupeaux (plus d’une centaine de têtes par
troupeau) principalement caprins qui causent souvent une surexploitation des
parcours et engendrent des conflits avec les Mrazig, Adhara et Sabria notamment à
propos des parcours du Dhahar (zone de Srir). Les Rabaya ont l’habitude de
commercialiser leurs animaux et de se ravitailler à Douz. Par ailleurs, il convient de
signaler que les éleveurs du Gouvernorat de Kébili ne fréquentent jamais les
parcours algériens.

D’une façon générale, le régime foncier est collectif et géré par les Conseils de
gestion ; absence de soumission au régime forestier. Les tendances vers la
privatisation des terres collectives concernent essentiellement les terres agricoles à
vocation céréalière de la région nord du Gouvernorat (Chereb et Ségui), les terres
agricoles de Dhouiher Jemna (dépressions et garaa) et dans quelques endroits dans
le Dhahar de Douz.

En général, l’accès aux ressources pastorales est libre entre les membres de chaque
collectivité. Par ailleurs, certains élevages sédentaires se sont installés récemment
sur les parcours avec une infrastructure (étables, citerne…) mise en place proches
des points d’eau (Dhahar Douz à Oum Chiah et Ségui). En Outre, la transhumance
et l’achaba dans le nord du pays est pratiquée par certains éleveurs, notamment à
partir de Souk Lahad et de Douz (Mrazig et Adhara), surtout lors des sécheresses
prolongées.

22
1.4 Potentialités et exploitation des ressources en eaux
1.4.1 Les eaux de surface

Les ressources en eau de surface sont très faibles étant donnée que les
précipitations qui produisent un ruissellement ne sont enregistrées dans la région
que très rarement. Sur les reliefs (Ségui, Chareb, Bhaier et Dhaher), la situation
topographique et les conditions climatiques permettent de mobiliser parfois certaines
quantités d’eau ruisselée avec des techniques locales.
Les précipitations qui produisent le ruissellement ne s’observent que très rarement.
Depuis plus de 10 ans, ces ressources commencent à intéresser l’administration
surtout dans le cadre de la stratégie CES. L’évolution des crédits alloués
annuellement à la région a été très rapide (de 0,2 MD en 1994 à plus de 1,6 MD en
2004). Les interventions sont localisées dans les zones les plus favorables aux
aménagements CES notamment par rapport à la pente et à la pluviométrie : Ségui,
Chareb, Bhaier et Dhahar.

Tableau N° 3 : Evolution des travaux de CES dans le Gouvernorat de Kébili


Types d’ouvrages 1994 2004
Aménagement de bassin-versant (en ha) 480 1000
Ouvrages d’épandage (en unités) - 9
Ouvrages de recharge (en unités) - 13
Montants des crédits consommés (en 1000D) 210 1 616
Source : DG/ACTA

La mobilisation de ces eaux s’effectue à travers des techniques traditionnelles


connues dans le Sud tel que : citernes pour la collecte d’eau pluviale, ouvrages de
recharge, ouvrage pour l’épandage des eaux de crues.
Bien que ce potentiel soit très limité et concentré dans certaines zones bénéficiant
d’un apport d’eau de ruissellement (Ségui, Chereb, Dhahar), néanmoins, il permet,
en année pluvieuse, de pratiquer une agriculture pluviale, notamment pour la
production des céréales. La contribution de la valeur de cette production est parfois
non négligeable (5,6 MD en 2004). La mobilisation des eaux de surface a également
permis dans la zone de Dhahar de développer les espèces pastorales autochtones
sur les lits des oueds.

1.4.2 Les nappes phréatiques

Deux groupes de nappes existent dans la région :


a) Les nappes d’oasis : dont l’alimentation provient essentiellement du surplus
des eaux d’irrigation et par drainance verticale des nappes sous-jacentes. La
qualité chimique est souvent mauvaise, de 3,5 à 11,5 g/l. Elles sont susceptibles
de subir des influences directes par les eaux de drainage qui sont chargées par
les produits issus des engrais chimiques et organiques. Les deux nappes les
plus sollicitées sont :

23
• La nappe phréatique de Kébili avec une salinité qui varie entre 3,4 et 9,7
g/l, les teneurs en nitrates restent relativement faibles et les eaux les plus
chargées sont situées à proximité des drains,
• La nappe de Douz, dont les eaux subissent une dégradation liée au rejet
des eaux usées des hôtels. La salinité des eaux est comprise entre 4 et
11,5 g/l et la teneur en nitrates est relativement élevée, de l’ordre de 140
mg/l (Réseau de suivi de la qualité des eaux souterraine de Tunisie-DRE,
1999).
Malgré la mauvaise qualité chimique des eaux de ces groupes de nappes, ces
ressources sont utilisées surtout pour irriguer les zones d’extension. Ces nappes
sont exploitées par 260 puits équipés et un volume annuel de 1,262 Mm3 soit un taux
d’exploitation de 67% (année 2001).
b) Les nappes des alluvions et underflows (Nefzaoua): Elles s’étendent sur
presque l’ensemble du territoire en dehors des oasis. Leur alimentation est issue
de la drainance verticale des nappes jaillissantes et sous-jacentes, sauf pour le
secteur oriental et méridional de la région où une partie des eaux de cette
alimentation provient de l’infiltration des eaux de ruissellement des oueds
descendant du Dhahar (nappes d’underflows). La salinité est relativement élevée
et acceptable avec quelques endroits dans le nefzaoua méridional qui a des
eaux très douces comme, Bir Soltane à partir du quel les habitants de la région
s’approvisionnent en eau potable à cause d’une salinité élevée des eaux de la
SONEDE.
Du fait qu’elles s’étendent sur presque l’ensemble des zones de parcours, ce
groupe de nappes permet surtout l’abreuvement du cheptel (Dhahar, Nefzaoua,
Erg Oriental, Chareb, Ségui). L’exploitation de ces ressources est faible, elle se
fait réalisée par le biais de 54 puits équipés avec un volume annuel de 0,26Mm3
(année2001). Il convient de signaler que le débit des puits ne permet pas une
mise en valeur rentable.

1.4.3 Les nappes profondes :

Les nappes profondes, existantes dans la région de Kébili, font partie du Système
Aquifère du Sahara Septentrional (SASS), partagé avec l'Algérie et la Libye. Ce
système renferme des réserves d'eau considérables mais qui ne sont que très
faiblement renouvelables et ne peuvent pas être exploitées en totalité (elles sont de
type fossiles, leur renouvellement nécessite plusieurs dizaines de milliers d’années).
Ces nappes ont fait l’objet de nombreuses études et recherches dans le cadre de
plusieurs projets et programmes depuis plus de 40 ans. La majorité a été réalisée
dans le cadre du Plan Directeur des Eaux du Sud (PDES). Divers projets pour
l’exploitation des ressources en eau et en sol ont été mis en œuvre afin d’améliorer
les conditions de vie de la population locale. Toutefois, ces interventions n’ont pas
été toujours sans effets négatifs sur le milieu naturel notamment en ce qui concerne
la surexploitation des nappes qui pose de sérieux problèmes pour le développement
actuel et futur de la région.
Les deux principales nappes existantes dans la région sont le Continental
Intercalaire (CI) et le Complexe Terminal (CT) :

24
a) la nappe du Complexe Terminal (CT)
Il s’agit de la principale nappe de la région, elle est formée par des séries
géologiques dont l’age va du Sénonien au Miocène, elle s’étend sur une superficie
de 350 000 Km2 dont la majeure partie se trouve en Algérie et en Lybie. L’aquifère
est de nature sableuse dans la zone de Régim Maatoug et calcaire dans le reste du
Nefzaoua. La profondeur de cette nappe se situe entre quelques dizaines de mètres
à 300 mètres, l’écoulement général est de direction Sud/Nord vers son exutoire
naturel : Chotts.
Cette nappe se distinguait au départ par son artésianisme et le faible coût de
mobilisation des ses eaux (faible profondeur, forages à trou libre…). Actuellement, la
salinité est variable de 1,5 g/l à 5 g/l dans la presqu’île de Kébili, elle a atteint
dernièrement des valeurs très élevées dans certains endroits : 7 g/l à El Hsay et 5 g/l
à Bouhamza.
Le potentiel de la nappe est estimé à 4500 l/s pour la région de Nefzaoua et 2000l/s
pour la zone de Régim Maatoug. Il faut préciser que l’exploitation de cette nappe
s’effectue depuis des décennies au détriment des réserves géologiques.
L’alimentation est très faible et s’effectue par les affleurements calcaires du Dhahar à
l’Est et indirectement par les sables dunaires et les alluvions recouvrant les
affleurements calcaires à l’Ouest. Par ailleurs, l’analyse de la qualité de l’eau montre
que 30% des eaux utilisées ont un résidu sec supérieur à 3 g/l.
L’exploitation de cette nappe a atteint en 2004 environ 323 Mm3 (soit 157 % du
potentiel) et ce par le biais de 1665 sondages illicites prélevant environ 170 Mm3/an
(53%) et 196 forages (dont 70% sont des forages avec pompage) prélevant 153
Mm3/an (47%). Si on ne considère pas Régim Maatoug, le taux d’exploitation devient
exorbitant (208%). (Inventaire 1995, CRDA Kébili).

Graphique N°1: Evolution de l’exploitation de la nappe du Complexe Terminal


dans trois régions du sud entre 1992 et 2002

Evolution de l'exploitation du CT

12000
Nefzaoua
10000 Djerid

8000 Regim
Debit en l/s

maatoug
6000

4000

2000

0
92

93

94

95

96

97

98

99

00

01

02
19

19

19

19

19

19

19

19

20

20

20

Annee

Sources : Annuaire de l’exploitation des nappes profondes 2002

25
En 1973, l’exploitation de cette nappe était de 2500 l/s et elle a atteint en 1985 les
4500l/s (avec un débit de 1200 l/s exploités illicitement par 300 puits). Le graphique N°1
montre que les forages illicites sont la cause principale de la surexploitation du CT et ce
en comparaison avec l’évolution de l’exploitation de la même nappe à Tozeur.
b) La nappe du continental Intercalaire (CI)
S’étendant sur trois pays (Algérie, Tunisie, Libye), cette nappe est localisée dans un
réservoir constitué par des séries détritiques d’origine continentale déposées entre la fin
du Jurassique et le Cénomanien.
Dans le Nefzaoua, cette nappe, intéresse presque tout le territoire du gouvernorat, elle
est artésienne, profonde (jusqu'à 2800m) et l’eau est à une température élevée (elle
peut arriver jusqu’à 80° C). Elle peut renfermer plusieurs niveaux aquifères qui se
différencient par leurs caractéristiques hydrodynamiques. Dans le Nefzaoua, le principal
aquifère est formé par 3 niveaux gréseux, les deux niveaux inférieurs et moyen se
caractérisent par une importante épaisseur qui diminue de Kébili (400m) vers Jemna et
Douz (200) m, le niveau supérieur constitué de grès fins a une épaisseur de 550 à 600
m à Menchia-Steftimi. Les exutoires naturels sont constitués surtout par la faille d’El
Hamma (alimentation de la nappe côtière de la Jeffara) et à travers les failles verticales
vers la nappe du CT.
Les ressources allouées à la Tunisie sont de l’ordre de 3500 l/s dont 1000 l/s réservés à
la région de Kébili. La subdivision de la nappe selon les bassins versants se présentent
comme suit :
- CI Garaat Bouflija : elle est artésienne, avec une eau chargée (2,3 à 4 g/l),
- CI Bhaier : elle est artésienne, avec une eau chargée (4.5g/l),
- CI Nefzaoua : l’aquifère présente les mêmes caractéristiques
hydrodynamiques que les deux autres nappes du CI, les forages destinés
à l’irrigation présentent une eau relativement chargée (supérieur à 2,5 g/l).
L’exploitation de la nappe du CI a atteint en 2004, les 1600l/s contre 250 l/s seulement
en 1985, soit une exploitation de 160 % par rapport aux ressources allouées à la région
et ce par le biais de 31 puits illicites et 36 forages profonds. Le graphique N°2, qui
compare l’évolution de l’exploitation de la nappe du continental Intercalaire dans le
Nefzaoua avec celle au Jerid, montre que la situation de cette nappe est encore plus
inquiétante à Kébili qu’à Tozeur.
Graphique N°2 : Comparaison de l’évolution de l’exploitation de la nappe du
Continental Intercalaire entre le Jerid et le Nefzaoua
Evolution de l'exploitation du CI

1400
1200
1000
Debit en l/s

800 Nefzaoua
600 Djerid

400

200
0
92

93

94

95

96

97

98

99

00

01

02
19

19

19

19

19

19

19

19

20

20

20

Annee

Sources : Annuaire de l’exploitation des nappes profondes DG/RE, 2002

26
Le tableau N°4 donne un résumé des potentialités en eaux souterraines dans le
Gouvernorat de Kébili, qui sont estimées à 242 millions de m3/an, soit environ 11,5%
des ressources en eau utilisées pour l’irrigation en Tunisie et ce pour une superficie
irriguée qui ne dépasse pas les 5 % du total des périmètres irrigués du pays.
Tableau N°4 : Potentialités en eau souterraine dans le Gouvernorat de Kébili
Nappes Salinité (g/l) Ressources (l/s)

CT Nefzaoua 1.5 – 8 4 500


CT Régim Maatoug 2–3 2 000
CI 2.5 – 4.5 1 000
Nappes de surface 0,5 – 11 175
Total des ressources en eau souterraine 7 675
Source : CRDA Kébili 2004
Les prélèvements sur les deux nappes profondes de la région (graphique N°3) ont
connu ces 20 dernières années, un rythme accéléré favorisé par :
- Le progrès enregistré au niveau de la technique des forages profonds qui a
permis d’atteindre des profondeurs allant jusqu’à 2800 m,
- La politique de mobilisation des ressources en eau, suivie depuis le début des
années 80, dans le cadre du Plan Directeur des Eaux du Sud,
- La facilité d’accéder aux ressources de la nappe du Complexe Terminal
moyennant des techniques rudimentaires et peu coûteuses (ce qui n’est pas
possible dans le Gouvernorat de Tozeur, parce que l’accès à la même nappe
nécessite lus de moyens et une technologie plus coûteuse),
- L’augmentation importante du prix à la production des dattes durant les
années 80, faisant de la culture de deglat une spéculation rémunératrice, ce
qui a encouragé les personnes qui disposent de capitaux à investir dans ce
secteur par la création de forages et des extensions illicites.
Graphique N° 3 : Evolution de l’exploitation des nappes profondes à Kébili

evolution del'exploitation des eaux des nappes a Kebili

14000
12000
10000
Debit en l/s

8000
debit en l/s
6000
4000
2000
0
1970 1973 1981 1997 2004
annee

Sources : Annuaire de l’exploitation des nappes profondes, DG/RE, 2002


Par ailleurs, les secteurs non agricoles utilisent 6,54 millions de m3 /an (2004) dont la
grande majorité est pour l’eau potable (6,48 Mm3).

27
Le faible niveau de consommation de l’eau des secteurs non agricoles traduit en réalité
la contribution assez réduite de ces derniers au développement de la région. A noter
que la consommation des secteurs non agricoles dans le pays est de l’ordre de 20 %.

1.4.4 Bilan de l’exploitation des nappes profondes

Le tableau N° 5 montre que les réserves en eau des deux principales nappes de la région
sont en épuisement, puisque l'exploitation actuelle dépasse largement le potentiel dit
exploitable (de +158%).
Tableau N°5 : Bilan de l’exploitation des nappes profondes à Kébili
Nappe Forages forages Total Ressources Taux
légaux illicites Exploitation potentielles d’exploitation
(2004) %
CT Nefzaoua 3962 5390 9352 4500 208
CT Régim 890 0 890 2000 45
Maatoug
CI 1545 55 1600 1000 160
TOTAL 6397 5445 11842 7500 158
Sources : CRDA Kébili (2004), Annuaire de l’exploitation des nappes profondes,
DG/RE, 2002
Les forages illicites prélèvent une énorme quantité estimée à 5 445 l/s (CRDA, 2004). Les
ressources exploitées à partir de la nappe du CI connaissent aussi un rythme de
surexploitation inquiétant. Elle est surtout sollicitée dans la zone du presqu’île de Kébili
(PIK) où des symptômes de dégradation de la nappe du CT sont apparus il y a plus de 25
ans : le niveau piézométrique se rapprochant du niveau du Chott Djérid avec une salinité
qui a beaucoup augmenté.
Dans le cadre du plan directeur des eaux du sud (tableau N° 5), il était prévu en 1976 la
plantation de 1800 ha de palmier dattier et la création d’un périmètre fourrager de 300
ha à Atilet-Jemna soit 1,4 fois la superficie totale existante. Comparée à la situation en
2002, cette superficie a atteint 16417 ha soit 3 fois supérieure à celle prévues en 1976,
sans toutefois prendre en compte les superficies de la deuxième tranche de Régim
Maatoug.

Tableau N°6 : Evolution des superficies irriguées dans le Gouvernorat de Kébili


1976 2002 Bilan
(ha) (ha) (ha)
Oasis existantes 5 161 6 182 +1021 (extensions régularisées)
Superficies à créer
(prévision 1976) 1 800
 Oasis (palmiers) 300 **
 Périmètres fourragers 3 235 +1 079
Superficies réalisées (2002)
Périmètres illicites 0 7 000 +7 000
Total des superficies 7 261 16 417 +9 100
**Le Périmètre de Atilet-Jemna était programmé comme périmètre fourrager et non
une palmeraie.

28
L’évolution des superficies irriguées entre 1976 et 2002 s’est traduite en
conséquence par de profondes modifications, à caractère irréversible ayant touché la
nappe du CT à Kébili manifestées par:
- tarissement définitif de la totalité des sources dont le débit était de 250l/s
en 1973,
- disparition progressif de l’artésianisme dans tout le Gouvernorat : en 1973
seulement 4% (100l/s) du total des ressources en eau étaient fournies par
pompage alors que ce taux a atteint actuellement 80%,
- salinité de plus en plus élevée de la nappe dont les risques peuvent se
produire selon deux phénomènes (Mamou, 1995). Le premier pourrait être
l’intrusion des eaux salées du Chott Jérid suite à une baisse importante de
la piézométrie de la nappe (les oasis de la presqu’île de Kébili sont
sérieusement menacées). Le deuxième risque concerne la drainance au
sein du système aquifère (disposé en système multicouches et régie par
des échanges de pression). L’intensification de l’exploitation au niveau
d’une couche est une cause pour homogénéiser des salinités différentes
au sein de ces systèmes aquifères (cas d’El Hsay qui connaît une
contamination de la nappe avec des eaux plus salées d’un autre aquifère),
- assèchement de la nappe dans certains endroits: une partie des zones
des oasis se trouve proche de la limite de l’aquifère, un rabattement
exagéré causera le dénoyage de certains forages proche de cette limite.
Ce-ci est le résultat d’un processus ancien d’extension autour des oasis qui s’est
aggravé depuis une vingtaine d’années par l’apparition et la multiplication des sondages
illicites dont la gestion et le contrôle échappe totalement à l’administration technique.
En contrepartie de cette situation difficile et assez problématique, il convient de
souligner les effets positifs sur la situation économique et sociale de la région
caractérisée par la création d’une dynamique régionale de développement économique
et social et une contribution de la région à l’amélioration de l’équilibre de la balance
alimentaire au niveau national (par l’exportation des dattes et les produits de la
géothermie).

1.4.5 Gestion de l’eau

1.4.5.1. Les Groupements d’Intérêt Collectif (GIC)


Le nombre total des périmètres irrigués est d’environ 100, dont presque la totalité
sont gérés par des Groupements d’Intérêt Collectif (GIC). Avant 1988, l’eau était
produite, distribuée et gérée par des associations (AIC, devenues aujourd’hui GIC).
La situation des GIC dans le gouvernorat n’évolue pas suffisamment pour faire face
à la complication des questions de gestion de l’infrastructure hydraulique dans la
région. En effet, la situation générale de ces GIC ne s’est pas beaucoup améliorée
par rapport à celle de départ malgré les efforts importants fournis par les services
techniques concernés (la gestion de l’eau a été la responsabilité des AIC dans ce
gouvernorat). D’après nos entretiens, les principales difficultés que rencontrent les
GIC de Kébili sont :
- faible représentativité et participation des membres du GIC: les conseils
d’administration se réduisent pratiquement aux présidents et aux
trésoriers, il n’y a pas de compte à rendre aux adhérents,

29
- absence de rigueur dans la perception et la mise en vigueur effective des
redevances,
- absence de système de sensibilisation et d’information de la part des
conseils d’administration envers leurs adhérents,
- Les rôles respectifs entre GIC, adhérents et administration ne sont pas
bien clarifiés (le conseil d’administration se considère hiérarchiquement
sous les ordres du chef de l’administration locale)
- Absence d’une institution de coordination et de facilitation (genre GIH)
pour assurer un transfert réel de responsabilité et de pouvoir vers les
usagers,
- Le transfert des ouvrages et des équipements de la part de
l’administration au profit des GIC est souvent non réglementé,
- les fonds perçus par le GIC sont parfois utilisés hors du secteur de l’eau.
En conclusion, on constate que la gestion collective de l’eau d’irrigation n’a pas
réellement démarré. En effet, face à la complexité de la conduite des systèmes
hydrauliques d’irrigation, force est de constater que les GIC, ne sont pas capables, sans
l’appui et l’encadrement continus de la part des services techniques du CRDA, de
relever le défi d’une gestion appropriée répondant aux attentes des agriculteurs et
assurant une gestion adéquate de l’infrastructure en place.
Graphique N°4: Evolution des charges annuelles liées à la consommation
énergétique des GIC à kébili

Evolution des charges annuelles de l'énergie (GIC


Kébili)

1000
Montant en 1000D

800

600
Frais d’énergie
400

200

0
1998 1999 2000 2001 2002 2003
année

Source : CRDA Kébili


1.4.5.2. La gestion de l’irrigation et du drainage
Les travaux de maintenance des installations du système d’irrigation sont en principe
réalisés par les GIC avec l’assistance du CRDA. Toutefois, la contribution de ces
derniers aux travaux et dépenses engendrés par cette maintenance varie selon les GIC.
De son côté, le CRDA se charge généralement des grosses réparations et du
renouvellement des équipements (forages, conduites, génie civil, pompes …) qui
exigent des moyens financiers et un niveau de technicité élevés. Concernant les
installations de drainage, le CRDA s’occupe en principe de l’entretien des canaux
principaux, et le GIC de celui des canaux secondaires et tertiaires. Cependant, il est
important de souligner que les crédits alloués annuellement au CRDA ne permettent

30
pas de couvrir l’entretien de l’ensemble des réseaux qui ne cessent d’augmenter surtout
grâce aux interventions du projet d’économie de l’eau (APIOS). Il faut également
préciser que ces GIC gèrent un patrimoine qui a coûté très cher à la collectivité
nationale et composé de:
 9000 ha de périmètres irrigués aménagés,
 250 forages dont 33 sur le CI,
 550 Km de conduite, 550 Km de drains,
 150 stations de pompage, et ou de refroidissement.
Sur le plan financier, les GIC disposent d’un budget de 2,7 millions de dinars dont 80 %
sont alloués aux charges liés au personnel et à la consommation énergétique. Ce budget
est assez modeste et ne permet pas aux GIC de faire face convenablement aux frais
engendrés par la maintenance de ce lourd patrimoine que l’administration a mis à leur
disposition gratuitement.
La part du budget des GIC réservée à la maintenance et l’entretien des systèmes
d’irrigation et de drainage se situe entre 12% et 20% avec une moyenne de 17%, soit 2
millimes par m3 d’eau consommé. Le reste des charges d’entretien est supporté soit par
le CRDA soit par un « amortissement plus rapide » des installations : en 2003 ces
charges s’élevaient à 987 000 DT dont 83% sont couverts par le budget du CRDA et 17%
par le budget des GIC.
La gestion de l’irrigation et de drainage est aussi confrontée à plusieurs problèmes qui
ont des répercussions sur la valorisation des ressources en eau et en sols dans la région,
il s’agit principalement de:
- Sous exploitation de l’eau en hiver,
- Mode d’irrigation à la parcelle inadapté au contexte actuel (manque d’eau,
salinisation, coût d’exore et d’exploitation élevé…) et reste marqué par un
système traditionnel. L’irrigation localisée est pratiquée seulement dans les
serres géothermiques,
- Insuffisance remarquable de l’entretien du réseau hydraulique (irrigation et
drainage) due surtout à une organisation des irrigants peu efficace.
Le drainage est ordinairement pratiqué pour l’élimination du sel accumulé dans le sol.
Parmi les canaux de drainage existants, la plupart sont à ciel ouvert. Pour cette raison,
les mauvaises herbes et le sable transporté par le vent ont tendance à les obstruer par
endroits. Le drainage enterré est en cours d’installation grâce à l’action du projet APIOS
dans certaines oasis et à Régim Maatoug.

1.4.6 Les causes de la surexploitation des nappes profondes à Kébili

Parmi les causes de la surexploitation des nappes, nous pouvons citer :


a) Les forages et les extensions «illicites» qui sont engendrés par une pression
démographique et une demande d’emploi en nette croissance surtout en l'absence de
développement des autres secteurs (industrie, tourisme, services…). En effet, la
population locale, convaincue par la grande rentabilité économique de la culture de
Deglet Nour, s'est mise à coloniser de nouvelles terres. C'est dans ce contexte qu'on a
assisté durant les années 1980 à l'apparition des premières exploitations privées
«illicites» qui dépassent actuellement les 7000 hectares. Ces nouvelles créations

31
reposaient sur l'autofinancement et le plus souvent créées par des personnes ayant de
grands moyens financiers (agriculteurs/éleveurs, commerçants, fonctionnaires, etc...).
Ceci s’est effectué au moment ou l’Etat a distribue plus de 4000 lots (de 0,25 à 1,5 ha),
et a procédé successivement à la régulation de la situation de plus de 1000 ha
d’extensions illicites autour des oasis existantes. A noter que 75% des lots attribués,
sont concentrés dans le Nefzaoua méridionale (la même zone de concentration des
puits illicites) alors que la population de cette zone représentait moins de 40% du total
du gouvernorat.
b) La notion de ressource potentielle (ou allocation) adoptée pour ces deux nappes est
différente de celles des autres nappes dans le Pays (sur une définition qui tient compte
de l’équilibre entrée-sortie). Il s’agit surtout d’un arrangement, qui a servi de base pour
définir les quantités à exploiter, obtenu (ERESS et PDES) en considérant le prix à ne
pas dépasser pour payer la mobilisation et l’exploitation de l’eau d’une part et les pertes
à accepter (pertes en rendements admises) due à une augmentation de la salinité
d’autre part.
L’imprécision de cette définition a été l’une des causes des interprétations différentes.
Certains décideurs dans le secteur de l’eau ont pris la responsabilité de faire tirer ces
seuils vers la hausse, surtout pour le cas du CI à Kébili, ou de «laisser faire » pour le
CT et ce malgré un décret paru en 1985, déclarant la zone de Nefzaoua comme une
zone de sauvegarde.
c) La tentation de s’approprier illégalement des terres des collectives,
d) La législation et les mécanismes de son application qui ne sont pas adaptées à la
spécificité du problème de l’eau dans la région. La nappe est gérée de manière
centralisée mais la règlementation est peu observée. Les agriculteurs ne demandent
pas d'autorisation pour créer leurs puits. La prolifération des puits et leur
électrification sont indirectement favorisés. L'administration se trouve freinée par sa
double fonction: d'une part, promouvoir le développement régional (principalement
agricole), d'autre part, veiller à l'application des règles en vigueur.

1.4.7 Rôle de l’eau dans le développement agricole

En dépit de l’aridité du climat, l’agriculture reste le secteur économique le plus important


de la région et ce grâce à son potentiel oasien. Ce secteur occupe 35,7% de la
population active, dégage une production agricole d’une valeur annuelle de l’ordre de 90
millions de DT et assure environ 65% de la valeur des exportations des dattes
(notamment la variété Deglet nour).
1.4.7.1. Un développement rapide de l’agriculture irriguée
Le développement de l’agriculture irriguée dans la région était soutenu et favorisé par un
grand effort public et privé axé principalement sur:
- Des investissements publics notamment depuis la création du
Gouvernorat à travers, la réalisation de grands programmes et projets de
développement agricole et rural: PDES, Nefzaoua, Régim Maatoug, PDR,
PDRI, PRD, Projets Présidentiels APIOS, PRODSUD, CES Segui….
(entre 1982 et 2006: presque 500 Millions Dinars),

32
- La mise en place de structures d’encadrement et d’accompagnement:
CRDA, OMVPI, GID, ODRM, APIA, ODS, IRA, BNA, OEP, GIC…..
- Des efforts entrepris par les agriculteurs de la région avec parfois des
investissements non négligeables,
- La libéralisation du système de collecte et d’exportation (fin du monopole
STIL) et la création d’entreprises de conditionnement et de
commercialisation des dattes, dont plusieurs d’entre elles étaient installées
dans la région (6),
- La promotion des dattes tunisiennes au niveau international grâce aux
efforts du GID et une meilleure organisation de la filière.
- L’accroissement de la demande locale (coïncidence de la campagne avec
Ramadan), qui était accompagné d’un accroissement des prix des dattes
au niveau de la production notamment durant les années 80.

Graphique N°5 : Evolution des prix des dattes à la production et à l’exportation

140

120

100

% 80

60

40

20

0
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

Prix des dattes à la production


Prix des dattes à l'exportation
Prix des agrumes à l'exportation
Prix des agrumes à la production

Source : A. Abaab et H. Sabara, 2005


Ces efforts importants ont permis d’enregistrer de grands acquis se traduisant notamment
par :
- L’évolution importante des superficies des palmeraies en 25 ans pour
atteindre trois fois celle de 1976,
- L’augmentation de la production des dattes dans la région de plus de 250%,
et la contribution aux exportations des dattes avec 60 à 70 % de la valeur
totale des dattes exportées par la Tunisie,
- L’attribution d’environ 4000 lots et la régularisation des extensions autour
des oasis (un millier d’ha)
- L’amélioration des conditions de vie des populations de la région ces
dernières années: 0,5 % des logements rudimentaires et 4,8% de logement
à une seule pièce contre respectivement 0,8% et 6,9% pour la Tunisie,

33
- La régression très nette du taux de chômage: 16,8 % en 1994 contre 12,8
% en 2004 (15,6 % contre 13,9 % au niveau national).

Graphique N°6: Evolution de l’effectif des palmiers Deglet nour à Kébili

Evolution de l'effectif du deglet nour a Kebil

2500
effectif en 1000 pieds
2000

1500 palmiers
1000 deglat

500

0
1909 1947 1992 2002
annee

Néanmoins, le développement de l’agriculture irriguée qui était le moteur de la dynamique


économiques et sociales de la région a connu des limites et contraintes caractérisées
surtout par :
- Incertitude du marché des dattes qui s’est traduit par une tendance à la
baisse des prix à la production et à l’exportation (Graphique N°7) : combien
de temps le marché des dattes restera-t-il favorable ? en cas de
détérioration quel type de reconversion pourrait on envisager ?
- Des difficultés d’écoulement liées à un marché traditionnel des dattes
en voie de saturation (Graphique. No 7),
- Absence de structures socioprofessionnelles de commercialisation
efficaces capables de faire face aux intermédiaires et conditionneurs
notamment en ce qui concerne la négociation des prix à la production,
- Faible niveau d’équipement de la région par des unités de conditionnement
et d’exportation,
- Problème de morcellement mettant en question la viabilité des
exploitations de petites tailles. En effet le tableau N° 6 montre que 79%
des exploitations ont une taille inférieure à 1 ha.

Tableau N°7 : Répartition des exploitations selon la taille


0-1 ha 1-2 ha 2-5 ha 5-10 ha >10 ha Total
Taille des exploitations
Nombre d’exploitations
(en 1000) 10.1 1.4 1 0.2 0.1 12.8
% 79 11 8 2 1 100
% de la superficie 36 13 23 9 19 100
- Age relativement élevé des agriculteurs : 42 % ont plus de 60 ans,

34
- Une économie régionale reste basée sur l’agriculture qui occupe 35,7%
des actifs contre seulement 20 % pour le Gouvernorat de Tozeur et 17
% au niveau national,
- Un système de culture peu diversifié avec une prédominance de la
monoculture de Deglat nour : 90% de la valeur de la production agricole
totale contre 5,5% pour les cultures maraîchères, 3% pour l’élevage et
1 % pour l’arboriculture (autres que palmier),
- Risque de développement de maladies graves dans les oasis (feuille
cassante…),
- Une véritable concurrence de la part des dattes algériennes qui affaiblit
la position des exportateurs tunisiens,

Graphique N°7 : Part du marché des dattes tunisiennes et algériennes en France

part du marche des dattes sur la France

100
90
Part du marche en %

80
70
60 Algerie
50 Tunisie
40 Total
30
20
10
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Annee

Sources : Statistiques du commerce international


En terme d’intensification et de diversification de l’agriculture, l’augmentation de la
production des dattes dans la région (250%), due essentiellement à l’extension des
périmètres irrigués, ne s’est pas traduite par l’intensification du système de culture et
l’amélioration de la productivité dans les palmeraies. Ce constat nous amène à conclure
que la dynamique de développement agricole, qu’a connu la région ces dernières
décennies, aurait pu aboutir aux mêmes résultats économiques avec un système de
production agricole amélioré et une mobilisation moins intensive des ressources en eau
dont l’état de dégradation actuel risque de mettre en péril les acquis de la région.

35
Graphique N°8 : Rendement moyen des dattes en Tunisie t/ha

Rendement des dattes en Tunisie t/ha

rendement en tonnes/ha
4
3.5
3
2.5
2 Rendement t/ha
1.5
1
0.5
0
90

92

94

96

98

00

02
19

19

19

19

19

20

20
annee

1.4.7.2. La géothermie pour les cultures sous serres, un secteur peu valorisé
La région de Kébili dispose d’un potentiel en eau chaude très important (1600 l/s) qui
permet d’offrir une énergie «renouvelable» gratuitement afin de produire des fruits et
légumes à grande valeur ajoutée. Cette opportunité reste peu valorisée : 50 ha seulement
sont installés, contre un potentiel d’au moins de 100 ha, ceci est du entre autres à:
- Choix des agriculteurs et des sites qui répond parfois plus à des critères
sociaux qu’économiques,
- Faible niveau d’encadrement et d’organisation de la filière: un vulgarisateur
pour 1000 ha irrigué soit 4 fois moins que le nécessaire. L’investissement
dans la vulgarisation durant le 10éme plan ne représente que 0,3% du
montant prévu pour l’agriculture,
- Manque d’organisation socioprofessionnelle des agriculteurs surtout pour la
commercialisation,
- Faible niveau d’investissement public et privé,
- Objectifs stratégiques non suffisamment développés, notamment sur le plan
économique : plusieurs promoteurs ont abandonné rapidement.
- Problèmes techniques liés à la maîtrise des eaux de chauffage durant la
période hivernale caractérisée par une faible demande de l’eau d’irrigation.
- Par ailleurs, la valorisation de ce secteur promoteur constitue pour la région
d’une part une alternative pour la diversification de l’activité agricole et
d’autre part une véritable solution pour l’économie des ressources en eau,
en plus de la promotion de l’emploi et des exportations des produits
agricoles.

36
2. ZONAGE

2.1 Sensibilité du milieu naturel selon les facteurs de dégradation du sol


Les ressources en sol de la région de Kébili sont limitées, les conditions bioclimatiques,
marquées par l’aridité et la faiblesse du couvert végétal sont à l’origine de la faible
extension des bons sols.
Par ailleurs, l’influence de la dépression du chott Jérid, au cours du temps, sur la
formation des sols est déterminante pour une bonne partie de la région par l’effet de
l’halomorphie et la redistribution du gypse. Les principaux facteurs de dégradation du sol
qui agissent dans la région sont :

2.1.1 L’érosion hydrique :

Étant donnée l’aridité du climat, l’érosion hydrique peut être considérée comme limitée,
elle ne touche que des zones peu étendues, mais ses effets peuvent être catastrophiques
là ou elle se produit. D’une manière générale les versants des djebels sont stables en
raison de la phase avancée du processus de leur dégradation. L’action de l’érosion
hydrique se manifeste de deux façons : le ravinement par érosion régressive et l’attaque
des berges des principaux ravins et oueds.
L’érosion par érosion régressive agit surtout dans les cuvettes des plateaux. Ce type
d’érosion est dangereux puisqu’il emporte les meilleurs sols de la région.
Moins fréquent que le ravinement, le recul des berges des principaux axes d’écoulement
ne se produit qu’à l’occasion des crues exceptionnelles et ne concerne que les oueds
dans les plaines.
C’est surtout la région de Dhahar, qui peut être considérée comme étant sensible à
l’érosion hydrique. Ceci est en rapport aussi avec la nature du matériel rocheux affleurant
qui est dans l’ensemble meuble (sables et limons) et faiblement couvert par une
végétation dégradée.

2.1.2. L’érosion éolienne :


Ce type d’érosion est lié à l’aridité du climat, aux vents actifs accentués par des couloirs
naturels, à la dégradation du couvert végétal, à la texture fine des sols et à la proximité
de l’erg oriental. Le maintien et la sauvegarde de l’infrastructure socioéconomique (oasis,
habitat, routes…), nécessitent obligatoirement des aménagements de lutte contre
l’ensablement.
Les zones marquées par une grande sensibilité à l’érosion éolienne sont celles des
bordures du chott Jérid (Nefzaoua, Mrazig, Sabria et Ghrib) et la zone de contact Dhaher-
Erg Oriental.

2.1.3. Erosion éolienne et hydrique ;


Les zones en relief formants en même temps des couloirs éoliens sont sensibles à
l’érosion hydrique et éolienne en même temps c’est le cas de Tebaga, du Chareb et du
Ségui. La présence d’oueds avec des pentes fortes et la forme de couloirs d’accélération
des vents les plus actifs sont les caractéristiques de ces zones.

37
2.1.4. Salinisation et hydromorhie.
Les sols présentent simultanément des critères gypseux et salins, selon la dominance
des teneurs en gypse ou en sol et en fonction du processus de pédogenèse. Ils peuvent
émerger dans différentes classes de sols : minéraux bruts, peu évolués, calci-
magnésiques jusqu'aux salsodiques.
Des sebkhas sont en cours de formation dans les zones de déjection des eaux de
drainage et de décharge des eaux d’irrigation, autour des oasis.
L'excès d'eau d'irrigation, couplé au manque de drainage contribuent à la remontée de la
nappe très salée du chott. Cette remontée peut avoir des conséquences très graves sur
toutes les zones basses avoisinantes des oasis et peut les entraîner dans une situation
de dégradation irréversible.

2.2 Sensibilité du milieu naturel selon les facteurs de dégradation de la


nappe
Durant les 30 dernières années la nappe du Complexe Terminal à Kébili a connue,
progressivement, de profondes modifications à caractère irréversible :
 Un tarissement définitif de la totalité des sources : les sources ont complètement
disparu depuis déjà longtemps,
 L’artesianisme de la nappe du CT est en disparition définitif dans tout le
Gouvernorat (y compris pour Régim Maatoug),
 Une salinisation de la nappe qui devient de plus en plus élevée, jusqu’au point que
dans certaines zones, ses eaux ne sont plus utilisables,
 Un grand risque d’assèchement de la nappe pour les forages se trouvant proches
de la limite de l’aquifère.
Sur la ligne tracée sur la carte N°: 1 sont matérialisées toutes les oasis qui connaissent
actuellement des problèmes de dégradation de la nappe du Complexe Terminal (les
rabattements et les augmentations de la salinité les plus élevés observés sur cette ligne).
Sur cette ligne se trouvent toutes les anciennes oasis de la région.
La Salinité des forages passant par cette ligne est en progression inquiétante :
 Hsay : 7 g/l
 Bouhamza : 4.3 g/l
 Douz : 3,6 à 5,5 g/l, même le CI est à 4,15 g/l (accidenté 12,25 g/l)
 Jemna : > à 3 g/l (Brika 3.4 g/l, Atilet 3.4 g/l, SCAST 3,2 g/l)
 Rahmet : 3,26 g/l (un projet d’AEP de la ville de Kébili est mis en service en
1985)
 Kébili : 3,3 à 4,3 g/l (Kébili Militaire 3.4 g/l, Dar Kousksi 4.3 g/l, Ras Ain 3,3
g/l)
 Axe Mansoura -Souk Lahad : > 4 g/l (Bouabdellah 4,3 g/l, Ziret Ouled Touati
4,1 g/l, Jdida 4,7 g/l)
Cas de l’alimentation en eau des oasis de la presqu’île de Kébili (PIK) :

Un groupe d’une dizaine d’oasis très anciens et s’alignant sur une vingtaine de Km (de
Mansoura à Fatnassa, voir carte N°1), était irrigué avant les années 70 à partir des
sources naturelles. Le développement des extensions illicites et la création de nouveaux
périmètres irrigués par l’administration ont été à l’origine de la réduction des débits des
sources alimentant ce groupe d’oasis. 1ere situation : le manque d’eau pour ces oasis.

38
2eme situation : Pour combler le déficit en eau pour ce groupe d’oasis, des forages sont
crées dans la nappe du CT. Ces forages étaient artésiens. L’alimentation en eau de ces
oasis étant améliorée, la situation des extensions illicites sont alors régularisées par les
autorités, mais le processus des extensions redémarre de nouveau. Ceci s’est traduit par
l’augmentation du débit d’exploitation de la nappe du CT et l’abaissement du niveau
piézométrique, puis par une diminution du débit des forages artésiens dans la zone du
PIK. La zone souffre à nouveau du manque d’eau.
3eme situation : Pour combler de nouveau le déficit, l’administration équipe les forages
existants sur la nappe du CT par des motopompes. Et de nouveau, régularisation des
extensions, continuation du programme de création de nouveaux périmètres irrigués dans
la région (début du PDES en 1976) et le pompage des forages ne permet pas d’avoir la
quantité d’eau suffisante pour ces oasis.
4eme situation : Pour combler de nouveau le déficit pour ces oasis, un grand projet de
transfert de l’eau à partir d’El Gataaya est mis en service (1979), sa gestion a été confié
à l’OMVPI. Les débits des forages du CT continuent à baisser, et la situation se dégrade
de nouveau.
5eme situation : On fait appel aux eaux de la nappe du Continental Intercalaire (CI), et
une première série de 5 forages profonds ont été réalisés pour ce groupe (profondeur
supérieur à 2000 m). Réhabilitation des réseaux d’irrigation pour toutes les oasis (Projet
Nefzaoua). Les débits des forages sur le CT continuent à baisser et la salinité commence
à se manifester mais cette fois c’est la zone de Guetaaya qui n’arrive plus à assurer la
quantité d’eau prévue (rabattement de la nappe et coût élevé d’exploitation).
6eme situation : multiplication des forages sur le CI, et arrêt du transfert de l’eau à partir
d’El Guetaaya (2005) et intervention du projet APIOS pour réduire les pertes d’eau dans
le réseau d’irrigation.
Les simulations prévisionnelles réalisées sur le Modèle du SASS ont mis en évidence les
zones les plus vulnérables, les nuisances et les risques auxquels sont exposées les
nappes dans la région. Un premier scénario, dénommé scénario zéro, consiste à
maintenir constants les prélèvements effectués en 2000. Le second scénario, prévoit que
les économies réalisées par l'amélioration de l'efficience de l'irrigation vont compenser la
demande additionnelle des nouveaux périmètres irrigués, ce qui correspond au maintien
des prélèvements actuels mais avec une répartition différente. Les résultats de cette
simulation correspondants à l'évolution du système à l'horizon 2050 sont :
 Pour le CI : d'importants rabattements seront enregistrés, de l'ordre de 20
à 50m autour du Chott
 Pour le CT : les rabattements dépassent 30 à 50 m autour des chotts avec
la disparition totale de tout artésianisme dans la région, avec un risque de
réalimentation de la nappe du CT par les eaux des chotts, et une
probabilité de contamination par les sels. Ce scénario constitue donc un
danger majeur pour la région.
La principale conclusion qui concerne la région de Kébili serait que le secteur le plus
exposé pour le CT est le bassin des chotts. C'est la région où la nappe est la plus
vulnérable. Les calculs effectués sur le modèle du SASS ont clairement montré que la
simple poursuite des taux de prélèvements actuels entraînerait, à l'horizon 2050, des
rabattements supplémentaires de l'ordre de 30 à 50 mètres sur chacune des deux
nappes. Une telle situation serait inacceptable pour le Complexe Terminal: Le risque de
percolation du chott vers la nappe serait fatal pour cette dernière en terme de salinité. La
simple poursuite de l'existant, du moins dans le CT, serait donc tout à fait inacceptable

39
pour la région des Chotts. Il faudrait sérieusement envisager la réduction des
prélèvements, et s'y préparer immédiatement.

2.3 Sensibilité du milieu naturel selon les facteurs de dégradation des


ressources végétales

Tableau N°8 : Perte de la biodiversité (monoculture de deglet nour)


Souk El
Kebil-Sud Kébili-Nord Douz Lahad Faouar TOTAL
Deglat (1000pieds) 439 189 376 347 243 1 594
Total palmiers
(1000pieds) 525 300 458 532 276 2 091
Palmiers/ha 132 162 115 187 107 137
Dont % deglat 84 63 82 65 88 76
La perte de biodiversité dans la région est liée à :
 Une monoculture de Deglat très sensible au Bayoudh (fusariose vasculaire), aux
problèmes de commercialisation, manque de main d’oeuvre …
 Un appauvrissement génétique en espèces fruitières léguées par une sélection
étendue sur plusieurs siècles avec une remarquable adaptation à l’environnement,
 Une simplification de la composition en espèces et variétés de l’étage inférieur,
 Une disparition accélérée de plusieurs espèces pastorales dans les parcours.

2.4 Essai d’un zonage agro-écologique :


Dans la région on peut distinguer les zones agro écologiques suivantes :
1. La zone des Chotts : elle englobe les 2/3 chott Jerid, une grande partie du chott El
Fejej et les terres environnantes. Les ressources en eau souterraine au sud et sud-
ouest de ces dépressions sont très importantes. Elles sont à l’origine de l’existence
des oasis de Nefzaoua et de Régim Mâatoug. L’activité agricole dans cette zone est
basée sur le système oasien et quasiment absente en dehors des oasis. Les oasis de
Nefzaoua (environ 16.000 ha et 2 millions de palmiers dattiers) sont partagés en deux
grands systèmes de production (oasis traditionnelles et modernes). Dans les deux
types, le palmier constitue l’élément principal, ce qui diffère ce sont : les densités, les
méthode de culture et le taux d’intensification. Les oasis modernes ont une densité
de 100 à 130 palmiers à l’ha avec un taux élevé en Deglet nour alors que les oasis
traditionnelles ont une densité de 160 à plus de 300 palmiers à l’ha avec un taux élevé
de palmiers de dattes communes.
2. La zone des chaînons Atlasiques Sahariens et Dahar : administrativement, elle fait
partie des délégations de Souk Lahad, Kébili et Douz. Les sols à bonnes potentialités
agricoles y occupent une faible place. Un élevage extensif est pratiqué dans cette
zone Les hauteurs servent d’impluvium, les piémonts et l es plaines collectent les
eaux de ruissellement qui sont valorisées essentiellement comme parcours.
Episodiquement, on pratique des cultures annuelles dans les plaines qui ont la
possibilité de recevoir des eaux par épandage des crues.
3. La zone de l’Erg oriental : est une zone à très faible potentialité. Quelques rares
végétations adaptées à l’aridité sont exploitées par une faune sauvage avec une faible
activité anthropique. Il s’agit d’une vaste étendue où des sables en provenance du

40
Sahara central et oriental sont accumulés par le vent. Cette zone occupe la partie
ouest de la région et s’étend jusqu’à la frontière Tuniso-algériènne.

41
Tableau N°9 : zonage agro-écologique du Gouvernorat de Kébili

Zone Couverture des sols Phénomène de Sols végétation


dégradation
 Erosion éolienne,
mouvement de Sablonneux à gypse
Chott 20 % dunes pulvérulent  Pâturage
 Salinisation  oasis
 Dégradation de la
nappe profonde

Chaînes de 5 % sur reg  Erosion éolienne et Croûtes calcaires Maigre pâturage (sauf les
Ségui-Chareb– caillouteux hydrique Croûtes et années pluvieuses). Possibilité
Tebaga et 10 à 20% sur voiles encroûtement gypseux d’amélioration des pâturages
Dhahar sableux Série gypseuse sur voiles sableux. Le reste est
géologique un milieu stérile,

1 % Maigre
Erg Oriental végétation, espèces  Erosion éolienne Sables mobiles Pâturage estival
annuelles très rare,
Carte des zones d'oasis
1: Possibilités très limitées d'iirigation
des oasis à partir du CT et recours
au CI
2: Possibilité d'irrigation à partir du CT
1 avec risque de dégradation
1 3: Oasis de Réjim Matoug sans
problématique spécifique
2
3

W E
70 0 70 140 Kilometers
S

43
3. ORIENTATIONS STRATEGIQUES ET OBJECTIFS DE
DEVELOPPEMEN T

3.1 Les objectifs du plan d’action régional de LCD


Les objectifs proposés dans le cadre de ce PAR-LCD constituent des mesures visant le
renforcement de la dynamique du développement régional et local et ce dans une
perspective de développement durable.
3.1.1 La dimension environnementale :
Le bilan offre/consommation des ressources en eau établi est largement négatif. Ce-ci est
dû principalement à la surexploitation des nappes qui se caractérisent de plus en plus par
une dégradation quantitative et qualitative. Les ressources en eau disponible ne sont plus
en mesure de répondre aux besoins des superficies irriguées qui sont en perpétuelle
extension. Pour consolider et conserver les acquis enregistrés par le secteur agricole
durant les 30 dernières années, il important de mettre en place un plan de gestion
durable des ressources en eau engageant l’ensemble des acteurs concernés qui pourrait
à moyen ou long terme évolué vers une charte à caractère obligatoire. Les mesures à
prendre d’urgence concernent surtout l’arrêt immédiat de la création des puits non
autorisés et des extensions illicites.
Par ailleurs, les perspectives d’extension des surfaces irriguées sont ne plus justifiées
(sauf à Régim Maatoug). Ainsi, les seules possibilités d’augmenter la production résident
davantage dans l'amélioration de la productivité, notamment à travers l’introduction de
nouvelles technologies visant surtout l’optimisation de l’utilisation des ressources en eau.
Pour rendre le secteur agricole plus résistant face aux limitations de la disponibilité en
eau, il est important de chercher quelques adaptations/ reconversions des systèmes de
production. Il s’agit donc de rendre ces systèmes moins consommateurs en eau, tout en
préservant leurs performances économiques.
3.1.2 Les dimensions économique et sociale :
L’agriculture irriguée doit continuer à remplir sa mission fondamentale dans un contexte
en pleine mutations économique et sociale marqué surtout par la libéralisation du marché
intérieur et extérieur, l'émergence de nouveaux concurrents de taille pour le principal
produit de la région (deglat) et le désengagement de l'Etat. Néanmoins, compte tenu des
défis à relever sur le plan environnemental (disponibilité des ressources en eau),
l’agriculture ne serait plus en mesure d’assurer, durablement à elle seule, un niveau de
vie acceptable pour toute la population de la région. L’économie régionale doit par
conséquent s’orienter davantage vers la diversification des secteurs non agricoles en vue
d’alléger d’une part la pression sur les ressources naturelles et de promouvoir d’autre
part la création de petites et moyennes entreprises. Il s’agit entre autres de développer le
secteur des services, notamment liés aux activités para-agricoles, le tourisme saharien et
le secteur de l’artisanat.
En effet, la région de Kébili possède tous les atouts pour devenir une destination
touristique de renommé mondiale. La création d’un musé saharien international
valoriserait le plus grand potentiel de développement économique de la région et pourrait
offrir d’autres opportunités telles que le tourisme de nature et d’aventure, camping,
randonnée, etc. Les oasis disposent aussi d’un potentiel qui pourrait être valorisé à
travers les circuits agro-touristiques et le développement des produits locaux.

44
3.1.3 La dimension institutionnelle
Les causes de la dégradation des ressources naturelles de la région, notamment eau et
végétation, ne sont pas seulement liées à une utilisation inappropriée de la ressource,
mais elles sont aussi d’ordre institutionnelles liées surtout à la faible capacité des GIC et
des organisations socioprofessionnelles. Le cadre juridique présente également dans
certains cas, compte tenu des mutations rapides que connaît le secteur de l’eau, des
insuffisances, notamment en terme d’application du code des eaux. Pour ce faire,
certaines mesures doivent être prises en vue de renforcer l’implication des usagers dans
la gestion et la conservation des nappes, et l’intégration de leurs préoccupations dans les
plans de développement régionaux. Le renforcement des capacités concernera les GIC
pour assurer progressivement une prise en charge totale de la gestion des réseaux
d’irrigation et de drainage, et les coopératives de service agricoles pour mieux jouer leurs
rôles dans la commercialisation des dattes qui pose de plus en plus problème pour les
producteurs.
Des réformes liées à la politique de prix de l’eau sont également à prévoir. Il s’agit surtout
de l’adoption d’une politique de tarification, à travers l’instauration de quota, qui devrait
permettre le recouvrement des coûts réels de mobilisation de l’eau par les usagers
(incluant les équipements des périmètres irrigués). Cette politique devrait accélérée le
transfert de la gestion des ressources en eau aux usagers.
La recherche-développement constitue également des mesures qui doivent accompagner
le processus de gestion durable des ressources naturelles. Dans ce sens, les thèmes
prioritaires qui ont été identifiés se rapportent surtout à l’optimisation de l’utilisation de
l’eau pour les cultures irriguées dans l’oasis et la recherche des méthodes d’amélioration
de la productivité du palmier dattier.

3.2 Les orientations stratégiques du PAR-LCD


La sauvegarde des acquis de la dynamique de développement et ses impacts positifs
enregistrés dans la région sur le plan économique et social constitue pour l’ensemble des
opérateurs de développement l’objectif principal auquel toutes les interventions doivent
conférer. A cet effet, il conviendrait d’arrêter de nouveaux choix pour une meilleure
gestion et protection des nappes profondes de la région et d’appuyer toutes autres
alternatives de développement économique s’inscrivant dans une optique de
développement durable. La conservation des nappes et la valorisation des ressources en
eau constituent à cours terme les principaux défis auxquels la région est confrontée. A
moyen et long terme, la diversification de l’économie régionale reste l’alternative de
développement la plus appropriée.
Sur la base de l’analyse globale de la problématique de développement régional et des
résultats du bilan de l’état des ressources naturelles, des orientations stratégiques ont été
arrêtées dans le cadre d’un processus de concertation auquel ont participé les différents
acteurs concernés. Ces orientations pourraient constituer une base de travail pour la
préparation du 11ème PDES (2007-2011).
Trois principaux axes stratégiques ont été identifiés:
1. Alléger la pression sur les ressources en eau et les protéger,
2. Diversifier le système de production oasien et mieux valoriser les ressources
disponibles,
3. Diversifier l’économie régionale

45
3.2.1 Alléger la pression sur les ressources naturelles et les conserver
Cet axe repose sur :
 L’élaboration et la mise en œuvre des programmes d’information et de
sensibilisation portant sur la diffusion des résultats des différents diagnostics
thématiques entrepris sur l’état des ressources naturelles. Ces programmes
doivent cibler des groupes différenciés selon la nature et le mode d’utilisation de la
ressource. Il s’agit principalement de deux programmes. Le premier concernera à
la fois la gestion de la nappe et l’économie de l’eau à la parcelle. Le second
s’intéressera aux problèmes de dégradation et de gestion des parcours collectifs.
Les résultats attendus de ce programme visent surtout une auto-responsablisation
des usagers vis-à-vis de l’utilisation des ressources naturelles. Pour atteindre ces
résultats et en assurer leur durabilité, les organisations de base, les ONG et d’une
façon générale la société civile doivent être les principaux acteurs sur lesquels
devrait s’appuyer le programme de sensibilisation.
 Le renforcement du suivi de la dynamique des nappes et du contrôle des puits et
des extensions illicites. Le contrôle reposera d’une part sur des mesures
répressives basées sur une application rigoureuse de la législation en vigueur
(police des eaux) avec l’apport, le cas échéant, de certains ajustements et
adaptations institutionnelles au contexte de la problématique de Kébili, et d’autre
part sur des mesures participatives permettant une meilleure implication et
détermination des organisations de base concernées. L’expérience a montré que
le recours simple aux mesures de répression n’a pas amélioré la situation. Ainsi,
les services techniques responsables de la gestion des ressources en eau devront
par conséquent développer les mécanismes nécessaires permettant de renforcer
la communication et le dialogue surtout sur la question des extensions illicites. Des
études d’aide à la prise de décision sur cette question devront être élaborées dans
le cadre d’un processus participatif et de concertation impliquant l’ensemble des
acteurs concernés.
Par ailleurs, les résultats de suivi des nappes doivent être diffusés auprès des
usagers d’une façon périodique à travers des publications simples (dépliant,
journée d’information..).
 Le renforcement des mesures techniques et d’encadrement concerne d’une part la
généralisation de l’expérience du projet APIOS tout en mettant plus l’accent sur la
promotion de la participation des usagers en vue d’atteindre à moyen terme une
prise en charge totales des infrastructures hydro-agricoles, et d’autre part
l’élaboration d’une stratégie régionale de gestion des ressources en eau spécifique
au contexte de la région. Cette stratégie visera entre autres:
- le passage de la gestion de l’offre à la gestion de la demande,
- l’instauration du système de quota d’eau,
- la mise en place d’une réglementation stricte de pompage (durée puissance
superficie, prix…),
- l’appui à l’émergence d’unités privées de service d’entretien et de
maintenance des infrastructures hydro-agricoles,
- la révision de la politique des prix de l’eau,

46
- la recherche de solutions technique et institutionnelle pour la question de
rejet des eaux de drainage et des eaux de retour utilisées pour le chauffage
des serres géothermiques,
Les contrats programmes établis entre l’administration de tutelle et les
organisations de base gestionnaire de l’eau (GIC) devraient évoluer à long terme
vers une charte régionale de gestion durable des ressources en eau à caractère
obligatoire. Vu la multitude d’utilisateurs des ces ressources, cette charte
nécessiterait un ancrage institutionnel au niveau du conseil régional de
développement.
 Le renforcement des programmes de recherche-développement doit surtout cibler
les problèmes les plus pertinents posés au niveau régional. Un programme de
partenariat entre l’institut des régions arides et le CRDA de Kébili pourrait être
établi sur les thèmes prioritaires suivants :
- Détermination des besoins réels en eau pour les différentes cultures des
systèmes de production de la région,
- Adaptation des techniques d’économie d’eau à la parcelle,
- Le renforcement de la recherche sur l’utilisation des eaux usées et de drainage
pour l’irrigation.
La mise en œuvre des ces programmes de recherche nécessite obligatoirement la
participation des usagers aux différentes étapes du processus.
3.2.2 Diversifier le système de production oasien et mieux valoriser les
ressources disponibles
En vue d’assurer une certaine complémentarité avec la gestion durable des ressources
en eau, cet axe vise surtout :
 La diversification et l’intensification du système de culture à travers l’introduction et le
développement de la mécanisation dans l’oasis, la redynamisation du système à trois
étages et la promotion des variétés de dattes communes. L’agriculture biologique,
notamment des dattes et le développement du secteur de la géothermie, pourraient
également constituer un créneau promoteur en mesure d’assurer une amélioration
nette de la valeur ajouté des ces produits. Le problème de morcellement des
exploitations qui constitue aujourd’hui une véritable contrainte pour la valorisation des
investissements entrepris dans les oasis et la modernisation de ce secteur devrait être
sérieusement pris en considération dans le cadre de la planification régionale.
 L’encouragement à l’intensification de l’élevage dans les oasis, notamment par la
valorisation des sous-produits et des déchets de l’oasis et le développement des
cultures fourragères. Les techniques de conduite et de contrôle des performances
surtout pour les races introduites des ovins et des caprins doivent être renforcées.
Compte tenu de la présence d’important effectif d’ovins et de caprin dans les villages
limitrophes aux oasis, il est important d’adapter l’activité de l’élevage aux conditions
d’aménagement urbain.
 L’amélioration des parcours collectifs à travers l’élaboration et la mise en œuvre des
plans d’aménagement participatifs et intégrés. Cette démarche qui concerne
actuellement les parcours de Dhahar dans le cadre du projet PRODESUD doit être
généralisée en vue de limiter la dégradation du couvert végétal, notamment dans les
zones EL Baïer, EL Faouar et Réjim Maatoug, dont la situation a atteint dans certain
cas un stade irréversible. D’autres mesures institutionnelles devraient être prise

47
concernant surtout l’interdiction de l’attribution des terres à vocation pastorale et la
création d’associations d’usagers et le renforcement de leur capacité.
 Le renforcement des structures chargée de la commercialisation des dattes et
l’organisation de la filière à travers l’établissement des cahiers et la promotion d’un
marché régional.
3.2.3 Diversifier l’économie régionale
Pour permettre à la région de sortir de l’emprise du secteur agricole et plus
particulièrement de la dépendance de la région de la monoculture de Déglet nour, la
diversification de l’économie constitue la seule alternative pouvant assurer à moyen et
long terme un développement équilibré et durable de la région. Cette diversification qui
devrait se fixer comme objectif principal la promotion de l’emploi, pourrait reposer, selon
les potentialités de la région, sur le développement du secteur de l’écotourisme et de
l’artisanat, la redynamisation des unités de conditionnement et d’exportation des dattes et
la valorisation des eaux géothermiques. Le développement des ces différents secteurs
nécessiterait l’encouragement des initiatives privés et l’amélioration des conditions
d’investissement, notamment pour les promoteurs étrangers.

48
4. LES METHODES ET LES APPROCHES D’IN TERVENTIONS :
PROPOSITIONS D’AMELIORATION

Ce chapitre a pour objectif de proposer, conformément aux exigences du développement


durable, des recommandations pour améliorer les méthodes d’interventions des projets et
programmes de développement et de gestion des ressources naturelles dans la région.
Participation :
Les acteurs intervenants dans le développement rural et plus particulièrement ceux qui
interviennent dans la gestion des ressources naturelles (eau, sol et végétation) doivent
disposer des capacités nécessaires pour cerner les aspects liés aux méthodes et
approches participatives. Ils doivent être en mesure d’adapter ces outils aux différentes
situations qu’ils peuvent rencontrer. Ceci permet aux populations concernées de
participer réellement et activement aux interventions du projet/programme favorisant ainsi
leur durabilité. Le choix des zones et des méthodes d’aménagement ainsi que les
modalités de mise en œuvre devront être soigneusement négociés avec la population. La
prise en compte des exigences de cette démarche facilitera l’exécution des activités et
surtout leur appropriation par la population. Les ONG et les organisations de base (GIC,
groupements informels…) pourraient à ce titre être efficacement impliquées. La mise en
œuvre de cette méthode, relativement nouvelle pour la région, nécessite la mise en place
d’un programme de formation continue au profit de tous les techniciens des
arrondissements techniques concernés.
La surexploitation des ressources en eau demeure le problème le plus important auquel
est confronté la région de Kébili. La recherche de solution pour cette situation
problématique nécessiterait obligatoirement l’implication de tous les acteurs concernés.
Ceci doit s’effectuer à travers la promotion de la participation effective de groupes
d’usagers des ressources, notamment dans la définition des orientations stratégiques et
des mesures à prendre. La sensibilisation des usagers, surtout à travers leurs
organisations de base (GIC) constitue une forme de participation non négligeable dans la
mesure où l’ensemble des concernés sera suffisamment informé de la problématique de
l’eau posée et des conséquences qui en découlent.
Intégration :
Il est difficile de parler d’une façon générale d’intégration dans les projets et programmes
de développement dans la région. Pour certains projets l’intégration n’est qu’une
juxtaposition dans la même zone géographique d’actions d’investissement et d’actions
productives. Les projets en cours d’exécution par le CRDA de Kebili, que ce soit financé
sur le budget national ou co-financé, ont peu de particularité dans l’innovation au niveau
des méthodes de planification ou en matière de modalités de mise en œuvre. L’approche
participative et intégrée est peu utilisée mis à part dans le cas du projet PRODSUD dont
le schéma organisationnel du projet tel que proposé confère à l’unité de gestion un rôle
essentiellement de planification, de coordination, d’animation et de suivi. La mise en
œuvre des composantes techniques est généralement assurée d’une façon sectorielle
par les arrondissements concernés. La mise en œuvre de l’approche participative et
intégrée au niveau de ce projet exige d’une part la formation de l’équipe chargée de
l’animation et de la planification participative et d’autre part l’appui aux organisations de
base.

49
L’approche intégrée exige également le renforcement du système de coordination, de
concertation et de circulation de l’information au sein du CRDA et entre celui-ci et les
structures chargées de la planification et de la mise en ouvre des projets et programmes
de développement. Ce-ci devrait permettre de préparer des interventions cohérentes
répondant aux problématiques posées au niveau zonal et aux besoins des populations
concernées. L’approche territoriale et fortement recommandée dans le sens qu’elle est en
mesure d’assurer l’harmonisation et l’intégration des interventions des différents acteurs
de développement dans le même terroir.
Responsabilisation des acteurs :
La responsabilisation des acteurs de développement à l’égard des interventions de
développement et de gestion des ressources naturelles commence d’abord à travers leur
participation à toutes les étapes de planification et de mise en œuvre. Le dialogue, la
concertation et la négociation qui constituent les bases de cette démarche, devraient
permettre à chacun des acteurs de jouer pleinement son rôle dans le cadre d’une
approche multisectorielle et facilitera par la suite la prise en charge des actions mises en
œuvre. Dans ce sens, la question de la gestion des eaux de la nappe ne peut être traité
sans la responsabilisation aussi bien des services techniques concernés que les
organisations des usagers (AIC, GIC..). Il est de même pour la gestion des parcours,
notamment de Dhahar qui constituent les dernières réserves pastorales de la région.
Dans le cas de la mise en œuvre du programme de CES, notamment dans la région de
Ségui (domaine privé et collectif), il est important d’impliquer dés le départ la population
concernée et les organisations de base en vue de garantir la prise en charge de
l’entretien des ouvrages réalisés.
Plus d’importance aux mesures d'accompagnement
Il existe un réel potentiel de développement dans la région, que ce soit dans le secteur
agricoles ou non agricole, mais ceci nécessite la mise en place des instruments adaptés,
en particulier dans les domaines suivants:
 pour dynamiser le financement des investissements privés, il serait utile de
disposer tout d'abord d'une bonne analyse des principaux obstacles
rencontrés par les promoteurs pour accéder au financement, de façon à mieux
adapter l'offre de produits financiers à leurs besoins et à leurs
caractéristiques ;
 Mettre en place un système d’appui conseil aux promoteurs de projets, en
impliquant les partenaires publics et privés dans l'objectif de faciliter et orienter
les investissements productifs, de faciliter le montage des projets,
accompagner les producteurs et faciliter leur accès au crédit. Un appui
particulier devrait être apporté à l'innovation et à la recherche de créneaux
porteurs susceptibles de générer une forte valeur ajoutée (agriculture
biologique, produits du terroir, labellisation, petites unités de transformation et
de commercialisation). Il s'agit aussi d'appuyer la commercialisation des
produits, le développement et la sécurisation des marchés;
 la recherche-développement devrait être renforcée de façon à améliorer la
qualité et la productivité et à identifier les nouveaux paquets techniques les
plus appropriés. Les activités de recherche et de diffusion des résultats
devraient être conduites en liaison étroite avec les producteurs.

50
Appui aux organisations de base :
Du fait de la généralisation de groupement d’intérêt collectif dans la région (gestion
des périmètres irrigués, eau potable), il est important de s’appuyer sur ces acquis
pour mieux mobiliser les populations autour de plans de développement (spécifiques
à chaque groupement). Lesquels plans qui devraient intégrer des actions
d’aménagement et de conservation des ressources naturelles. Ces structures, qui
existent depuis plusieurs décennies, offrent une excellente opportunité à la fois pour
la mobilisation des populations, et pour une implication plus grande dans la
contribution au développement durable de la région. L’encouragement de la création
de petites entreprises privées autour des activités liées à l’eau, pour soutenir l’effort
des GIC, permet de développer certaines compétences au niveau de la région et la
création d’emploi direct et indirect autour de cette activité.
Appui au CRDA de Kébili
Compte tenu du rôle joué par les arrondissements techniques, et de la masse de travail
qu’ils fournissent dans l’élaboration et la réalisation des projets et programmes de
conservation des ressources naturelles, il serait nécessaire d’envisager leur renforcement
en personnel et moyens de travail, surtout les arrondissements RE, PPI, Forêt,
Vulgarisation et Production animale. Par ailleurs, pour faciliter la communication et la
collaboration entre les arrondissements concernés, et assurer leur implication effective
dans l’élaboration et la mise en œuvre des actions en cohérence avec les objectifs de
développement durable, il est recommandé de prendre les dispositions suivantes:
- Instituer un système régulier de réunions de programmation et de suivi au
niveau du CRDA,
- instituer une planification mensuelle des activités des différents
arrondissements pour mieux faciliter la coordination, optimiser l’utilisation du
temps, des ressources humaines et des moyens matériels,
- mettre en place un système d’information pour transmettre à temps et à tous
les arrondissements et les partenaires concernés, toutes informations produites
(procès- verbaux de réunions, état d’avancement des activités de terrain,
rapport de consultants, documents..).
Dans le cadre de la mise en œuvre des programmes forêt et CES, le problème le plus
important réside dans l’utilisation de multitude d’approches d’interventions. Les
interventions menées à travers les chantiers, dont les objectifs sont en autres orientés
vers la résorption du chômage, prime généralement sur ceux de la conservation et de la
protection de l’environnement (conservation des eaux, lutte contre l’ensablement…).
Compte tenu du temps réservé à la gestion administrative de ces chantiers et au manque
de personnel d’encadrement, le recours à des entreprises locales permettrait de réduire
ce genre de travail et par conséquent d’améliorer les fonctions de ces services en matière
de planification et de suivi-évaluation.
La mise en œuvre des axes proposés dans le cadre du PARLCD, et en particulier ceux
qui sont à caractère novateurs, nécessiterait la mise à la disposition de la région de
moyens d'appui diversifiés. Ainsi les modalités de mise en œuvre devront mettre l'accent
sur: (i) la formation des acteurs, (ii) le recours à une assistance extérieure notamment en
ce qui concerne la mise au point et le développement des approches et des méthode
d’intervention, (iii) la mise en place de solides systèmes de suivi-évaluation, qui peut
servir d'instruments de pilotage des projets, centrés non seulement sur le suivi des

51
réalisations physiques mais aussi sur l'évaluation de leurs effets, et associant les acteurs
locaux à leur définition et à leur mise en œuvre.

52
5. PLAN D’ACTION ET FICHES DE PROJETS

5.1 Plan d’Action

Problèmes 1 : Déséquilibre très accentué entre les ressources en eau et leurs utilisations dans l’agriculture causant une vraie menace
écologique pour la région (risque d’intrusion des eaux salées du Chott et risque d’assèchement de la nappe dans certains
endroits)

Causes Orientations /Actions


• intégrer les préoccupations de conservation de l’eau dans les stratégies de développement au niveau régional
et local ;
Plus de 1700 Puits • Chercher le moyen pour arrêter immédiatement toute création nouvelle de forages illicites,
créés illicitement, ils • préparer un plan d’action avec toutes les parties prenantes pour réduire, durant le 11ème plan, au moins de 50%
utilisent plus de 6000 le volume exploite d’une manière progressive (quota d’eau, système d'autorisation, installer des compteur et
l/s, soit plus de la vannes, fermeture définitive moyennant une indemnisation partielle …),
moitie de toutes les • Intervenir auprès de la STEG pour résilier les contrats d’électrification des forages illicites,
ressources en eau du • Sensibiliser d’une manière continue le public et l’inciter à arrêter la création des forages « illicites » et réduire
Gouvernorat. l’exploitation des ressources en eau,
• Développer les alternatives de l’emploi en dehors agricoles
• Arrêter le processus de régularisation de situation des extensions,
Extensions autour des • Mettre des mécanismes pour interdire définitivement ces extensions,
oasis • Sensibiliser le public et l’inciter à arrêter les extensions « illicites » et alléger la surexploitation des nappes.
Législation et • Projet spécial pour la création et l’équipement d’une police des eaux pour la région,
mécanismes de leur • Modifier la législation actuelle en proposant des dispositions plus rigoureuses (en étudiant la possibilité de
application ne sont proposer la mise en place des autorités juridiques spécialisées tel que « juge de l’eau » spécial pour Kébili,
pas en rapport avec rendre plus facile les poursuites en justice, interdire le libre accès aux ressources,…),
les dangers d’une • Faire de la région une zone d’interdiction et de protection pour les nappes surexploitées
catastrophe
écologique.
• mettre en place des instruments pour surveiller les prélèvements, installer des compteurs et moderniser le
Position de « laisser système de contrôle des nappes de suivi de la piézomètrie et de la qualité des eaux,
faire » prise par • Responsabiliser la population dans la gestion des ressources en eau en encourageant l’émergence d’ ONG de

53
l’environnement sauvegarde des nappes (mise en place d’organisations de base pour une gestion participative des nappes),
institutionnel  Développer les travaux de CES sur les affleurements favorables à l’infiltration
 Conduire une étude sur l’eau de la région pour trouver un compromis entre les niveaux de la satisfaction des
besoins en eau des différents secteurs économiques d’une part, et la nécessite de réduire la pression sur la
nappe d’autre part et réviser le Plan Directeur des Eaux du Sud (PDES)

• Créer un groupement au niveau de la région (fédération des GIC par exemple) qui appuiera le conseil
régional dans la gestion de l’eau : propose les politiques, participe dans la fixation des priorités et contribue
dans le contrôle et l’encadrement des institutions de gestion (GIC). cette institution facilitatrice mais
opérationnelle favorisera aussi le transfert réel des responsabilités vers les usagers
• élaborer et mettre en œuvre un programme de renforcement des capacités du Groupement cite ci-dessus
Gestion non adéquate • Améliorer la qualité des services de gestion de l’eau au niveau des oasis en renforçant les capacités des
de l’eau d’irrigation GIC (formation des responsables des groupements, préparation de plans de développement et
accompagnement pour leur mise en œuvre…) et en associant le secteur privé dans la gestion de
l’infrastructure hydraulique au niveau des oasis
• Améliorer le système actuel de gestion et de contrôle des GIC (financier et administratif)
• Mieux réglementer le transfert des ouvrages hydrauliques aux GIC, les subventions de l’état a ces
groupements….
• élaborer une stratégie régionale d’économie d'eau pour : Introduire des techniques d’irrigation d’économie
d’eau a la parcelle et remplacer progressivement les cultures consommatrices d’eau par des cultures plus
résistantes a la sécheresse

Problème 2 : Une végétation naturelle et un paysage en dégradation

Causes Orientations /Actions


• Appuyer les éleveurs à s’organiser et les accompagner dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs plans de
développement et de gestion de leur parcours collectif.
• Protéger ces parcours contre le surpâturage par la mise en œuvre d’un plan de gestion
Mauvaise gestion des • Intensifier l’encadrement technique et préserver les races locales (surtout pour les camélidés).
parcours collectifs • Développer davantage l’élevage camelin
(surpâturage) • encourager des vétérinaires de libre pratique à s’installer dans la région en les associant dans la mise en œuvre
des campagnes de vaccination contre les principales maladies contagieuses et le contrôle des épidémies
• Créer et équiper des puits pour l’abreuvement du cheptel et l’arrosage des bosquets.
Peu d’interventions • Consolider les actions pour préserver la faune et la flore et la diversité biologique de la région

54
pour développer la • Améliorer le taux de couvertures des parcours par le resemis des semences pastorales
faune et la flore de la • Préservation et conservation de la biodiversité et du milieu naturel à travers l’achèvement de l’aménagement
région (en dehors de du parc national Jbil (idée de le transformer en une muse de Sahara international pour développer le
points d’eau) tourisme).

Problème 3 : Les sols de la région sont menaces par la salinisation et l’érosion éolienne et hydrique

Causes Orientations /Actions


Erosion hydrique due à orienter les travaux de conservation des eaux et du sol dans la région de :
des eaux de ruissellement • Dhaher vers les objectifs de l’alimentation des nappes et l’amélioration des parcours.
non maîtrisé dans • Chareb et Bhaier vers les objectifs l’amélioration des parcours.
certaines zones • Ségui vers les objectifs de développement de l’arboriculture en sec et les plantations pastorales
Erosion éolienne en • Réaliser une étude approfondie pour améliorer les interventions techniques dans la lutte contre
position de menacer en l’ensablement
permanence les • Associer les municipalités et les GIC dans la maintenance et l’entretien de l’infrastructure de lutte contre
infrastructures socio- l’ensablement.
économiques de la région • Consolider le programme de lutte contre l’ensablement par la création et le rehaussement des tabias
• Renforcer le programme de lutte contre le charbonnage et le défrichement abusif
• Utiliser des espèces plus résistantes au sel
Dégradation et diminution • Encourager les techniques d’amendement du solen l’ajoutant aux textes actuels (FOSDAP)
de la fertilité des sols • Renforce le programme annuel d’entretien du réseau de drainage
• Moderniser le système de suivi de la salinisation des sols dans les oasis de la région

Problème 4 : Dynamique de développement basée sur la monoculture (dattes) est fragile, elle est menacée par la dégradation des
ressources en eau et en sol et par une mauvaise commercialisation du deglat

Causes Orientations /Actions


La taille des exploitations • Contribuer à chercher une solution à ce problème, on peut réaliser une étude (Conseil Régional) sur cette
est très faible et morcelée : question et proposer des ébauches de solutions, on peut réaliser un Projet pilote de remembrent pour une
pas de possibilité pour oasis dans la région
agrandir ces exploitations • Réviser la politique d’attribution des lots sociaux suivie actuellement dans la région (Régim Maatoug,
Géothermie…)
Des problèmes de • Encourager l’organisation des producteurs en coopératives et renforcer leur capacité

55
commercialisations qui ne • Encourager la création de sociétés de services agricoles et de conseils
trouvent pas les solutions • Evaluer (mi-parcours) la stratégie du froid au niveau de la région pour apporter les améliorations
adéquates (incertitude sur nécessaires
le marché de la datte.. ) et • Préparer un programme de reconversion : diversifier la production et réduire l’importance du deglat
absence d'organisation de • Elaborer une étude pour préparer un plan d’action opérationnel pour résoudre les questions qui se pose à
producteurs (faible position la commercialisation des principaux produits de la région.
dans la négociation des • promouvoir la production de dattes biologiques et améliorer la productivité des plantations arboricoles
prix). existantes
Le système de production • diversifier la production à travers l’intégration de l’élevage à l’oasis, le développement des cultures
n’est plus adapte aux fourragères d’hiver, le développement des créneaux porteurs tels que la géothermie, l’agriculture
ressources en eau (l’eau biologique
reste trop subventionnée, • Augmenter progressivement le prix de l’eau
ce qui n’a pas laissé les • Réduire la quantité d’eau allouée a l’ha
agriculteurs de fournir des • Elaborer un programme pour développer l’Economie d’eau a la parcelle
efforts pour améliorer ce • Instaurer un système de quota d’eau.
système) • Installer un projet pilote d’aquaculture dans le cadre du plan directeur actualisé d’aquaculture ;
• Réduire l’importance du deglat et augmenter celles des autres dattes (consomment moins d’eau,
Plusieurs problèmes causés supportent plus de sel)
par la monoculture de • Etudier comment dynamiser la filière des dattes : Améliorer les rendements, renforcer l’organisation
deglet: sanitaires, manque professionnelle, encourager la création de société de services (mécanisation, pollinisation, récolte et
de main d’œuvre, entretien des palmeraies…)
écoulement, dégradation de • Renforcer le Programme de protection phytosanitaire des cultures et le contrôle des frontières (il existe un
la nappe… grand risque de contamination de la palmeraie par le bayoudh, une fusariose vasculaire)
• Protéger les ressources génétiques locales (luzerne, palmier, variétés fruitières…)
• périmètres géothermiques : encourager les grandes sociétés à s’installer et mieux organiser et encadrer le
secteur,
L’effort d’intégration de • Développer les cultures fourragères d’hiver et valoriser les sous produits de l’oasis dans l’alimentation du
l’élevage à l’oasis reste très cheptel
modeste • Promouvoir le secteur par des mesures d’encouragement spécifiques
• Préparer et mettre en œuvre un projet d’assistance technique pour le développement de l’élevage dans les
oasis
• Etudier comment adapter ce secteur aux conditions de l’habitat actuel autour des oasis
• consolider le centre de recherche de l’IRA et diversifier ses programmes (dans les secteurs autre que
L’itinéraire technique l’agriculture : artisanat, écotourisme, labellisation, transformation des produits agricole).

56
agricole existant est soit ; • Détermination des besoins en eau a l’ha pour les principales cultures de la région
pauvre, peu innovant ou • Adaptation des techniques d’économie d’eau a la parcelle
non adapte pour la région • Développement des cultures qui consomment moins d’eau
• Adaptation des nouvelles technologies (géothermie) et étudier la possibilité de récupérer les eaux
d’évaporation
• dynamiser le système de 3 étages dans les oasis
• Valorisation des eaux salées (eaux de drainage)
• déterminer les doses de lessivage et améliorer le système de drainage actuel
insuffisance de la • Préparer un plan d’action pour le développement des services de la vulgarisation et de la formation
vulgarisation et de agricole au niveau de la région, ce plan a préparer s’intéressera aux niveaux suivants : CRDA GIC et
l’accompagnement Coopératives et Conseillers agricoles prives
(technique, économique, • Etudier la faisabilité de créer un centre de formation pour l’agriculture oasienne et la maintenance de
commercial….) l’infrastructure d’irrigation (pour les GIC)
Problème 5 : Le secteur agricole ne permet plus d’assurer a lui seul la charge de développement socioéconomique dans la région, et les
autres secteurs économiques n’ont pas su démarrer

Causes Orientations /Actions


• Elaborer une étude régionale pour déterminant quels sont les secteurs porteurs et orienter les promoteurs
vers ces secteurs,
• attirer les promoteurs dans certains secteurs ciblés
efforts insuffisants pour • Favoriser le développement d’entreprises dans les secteurs porteurs existants ou en émergence
favoriser et promouvoir la
• Développer la filière datte et le recyclage de ses sous-produits
diversification de l’assise
économique régionale • Encourager les métiers et les petites entreprises lies à la gestion de l’eau (gestion, maintenance…) et les
petites industries lies au tourisme
• mettre a disposition de ces promoteurs, des personnes conseillères en développement
• Encourager l’installation des bureaux de prestation de services et de conseils
• Installer un système d’information et de visibilité en mettant a disposition une personne ressources en
L’animation, l’accueil, communication pour diffuser les actions régionales et locales
l’orientation, le conseil • favoriser le développement d’une infrastructure de conseils à l'investissement (industriel, commercial ou de
technique et financier dans services)
les secteurs non agricoles • prévoir des fonds pour prendre en charge les frais d’expertises techniques ou commerciales aux bénéfices
sont insuffisants ou des petits et moyens projets individuels dans les domaines non agricole.
inexistants • proposer une formation professionnelle adaptée ainsi qu’un programme régional de renforcement de

57
capacité techniques, commerciales et de gestion pour les jeunes entrepreneurs
• Préparer une étude pour développer le tourisme saharien (paysage, sport, culturels, environnement,
Un secteur touristique qui thermalisme…)
ne se développe pas • Développer l’artisanat (comme filière) et l’encourager en élaborant et réalisant un programme régional
comme souhaitable, il reste (investissement et accompagnement technique et commercial)
un sous produit du tourisme • Etudier la possibilité de créer un muse saharien international (Jebil peu constituer un noyau de ce muse) :
balnéaire il pourrait déboucher sur le développement d’autres opportunités liées au tourisme du Sahara
• Développer les différents produits que les oasis peuvent offrir : événements à caractère agricole, circuits,
randonnées, hébergement et restauration chez l’habitant, agro-tourisme, …,
• Mettre un mécanisme régional pour appuyer techniquement et financièrement les initiatives, innovantes
dans le domaine de l’écotourisme.
Infrastructure de base • Améliorer et renforcer l’infrastructure de base et la rendre plus attractive et confortable pour les milieux des
insuffisante affaires : aéroport, routes plus rapides, pistes sahariennes bien entretenues, réseau de communication…

58
5.2 Proposition de Projets pour le 11ème Plan

Pour garantir un saut qualitatif dans le domaine de l’agriculture et particulièrement dans la


gestion durable des ressources naturelles, il est souhaitable d’accorder une attention
particulière au cours du XIème Plan aux recommandations suivantes :

1. L’hydraulique occupera une autre fois, mais différemment, une place prépondérante
dans la stratégie de développement de l’agriculture dans la région, un rôle qui lui est
dévolu en matière de conservation et de valorisation des ressources en eau, de
diversification de la production et l’amélioration de la productivité des exploitations
agricoles. L’orientation des différents travaux de conservation des eaux et du sol vers
les objectifs de l’amélioration de la nappe et la consolidation des travaux de
conservation des eaux et du sol relatifs au développement des parcours.
2. Durant le 11ème plan, les investissements concerneront entre autres, l’achèvement des
projets en cours dont notamment : la réalisation de la deuxième tranche du projet
Régim Maatoug, la deuxième phase du projet d’économie d’eau dans le Sud (APIOS)
et la mise en oeuvre du plan d’action de lutte contre la dégradation des sols dans les
périmètres irrigués (PISEAU).
3. La continuation du projet de développement agro-pastoral et la promotion des
initiatives locales du Sud-Est (PRODESUD) et l’amélioration de la gestion des
parcours collectif, avec l’implication et la participation effective des éleveurs de la
région.
4. La consolidation des actions de lutte contre l’ensablement par la création et le
rehaussement des tabias et la poursuite des efforts visant la préservation de la faune
et de la flore.
5. Le renforcement des capacités des Groupements d’Intérêt Collectif et des
agriculteurs en vue d’une meilleure maîtrise des techniques et des technologies
surtout liées à l’atténuation des effets du manque d’eau en quantité et qualité, à
l’amélioration de la productivité et à la valorisation des différents produits de l’oasis.
6. La promotion de l’agriculture biologique, notamment des dattes et des cultures de
serre géothermiques. Ces produits devront contribuer aux efforts d’exportation.
7. L’intégration de l’élevage dans l’oasis à travers la diversification des ressources
fourragères, l’accroissement du cheptel de race, l’amélioration génétique et
l’encadrement des petits et moyens éleveurs.
8. L’organisation de la filière des dattes et l’appui aux structures chargées de la
commercialisation visant la préservation des intérêts des producteurs.
La préparation du XIème Plan offre l’occasion de mettre en œuvre à la fois les stratégies
de gestion des ressources naturelles et des actions, des projets et des programmes pour
la réalisation des objectifs inscrits dans le cadre du PAR/LCD. Pour cela un ensemble de
projets et d’actions de recherche-développement a été identifié.
Il s’agit de projets d’appui à la formation et au renforcement des capacités des différents
acteurs du développement et de gestion des ressources naturelles, mais aussi d’appui
aux projets de développement qui sont en cours d’exécution ou qui devraient démarrer
avec le XIème Plan.

59
FFIICCHHEE DDEE PPRRO OJJEETT NN°°11
RREENNFFO
ORC EMENT DE CAPACITE D
R C E M E N T D E C A P A C I T E DEESS AACCTTEEUURRSS CCHHAARRGGEEEESS
D
D E L A G E S T I O N D E S R E S S O U R C E S E N E AUU
E L A G E S T I O N D E S R E S S O U R C E S E N E A

Justificatifs :
La situation critique de l’état des ressources en eau exige l’adoption de nouvelles méthodes
et approches d’interventions prenant en compte les orientations et les principes de lutte
contre la désertification et du développement durable. Il s’agit d’identifier et de mettre en
place avec les différents acteurs concernés par le secteur de l’eau un projet
d’accompagnement à caractère horizontal visant le renforcement de capacités surtout des
services techniques du CRDA et des organisations de base (GIC) chargés de la gestion des
ressources en eau.
Les services techniques sont appelés à promouvoir les principes : de communication, de
négociation, de participation, du partenariat et de l’entreprenariat. Les capacités des
groupements d’intérêts collectifs devront être développées pour assurer une gestion plus
modérée des ressources en eau.
Objectifs et impacts attendus
Ce projet a pour objectif principal d’assurer une gestion durable des ressources en eau à
travers la mise à niveau des différents acteurs concernés par le secteur de l’eau. Il s’agit
principalement d’améliorer les méthodes d’intervention des services techniques du CRDA et
de renforcer le rôle des GIC.
Résultats attendus :
1. Les services techniques du CRDA sont en mesure d’assurer, dans une perspective
de développement durable, les opérations de planification, de pilotage et de suivi-
évaluation des ressources en eau,
2. Les services techniques du CRDA ont acquis les outils et les mécanismes
nécessaires de communication, de diagnostic et de négociation pour gérer la
question des extensions illicites dans une optique de régularisation rationnelle de la
situation,
3. Les GIC ont adhéré au processus de régularisation rationnelle de la question des
extensions illicites,
4. Les GIC ont développé leur capacité en matière de suivi-évaluation des ressources
en eau et des infrastructures hydro-agricoles,
5. Les GIC sont dotés de mécanismes de contrôle interne de gestion financière et de
suivi des activités de leurs adhérents,
6. Le processus d’extension autour des oasis est définitivement arrêté.
Principales composantes du projet :
- Mise en place d’un processus participatif pour le diagnostic de la situation actuelle
des extensions illicites avec l’implication de l’ensemble des acteurs concernés,
- Etudes et suivi de la mise en œuvre du système de gestion piézomètres
- Appuyer l’émergence d’une institution de coordination et de facilitation (genre ex-GIH
opérationnel et non consultatif) pour assurer un transfert réel de responsabilité et
pouvoir vers les usagers
- Acquisition des équipements de contrôle et de suivi de la gestion des périmètres
irrigués (compteurs volumétriques sur antennes et forages,..)
- Acquisition et mise en place d’une station agro-climatique,
- Système de communication et de transfert de données (PC, modems et serveurs)
- Formation du personnel des services techniques du CRDA,
- Formation du personnel des GIC
- Véhicules et un camion atelier

60
- Appui à l’unité de gestion du projet.
Durée du projet : 5 ans
Coûts du projet: 3 millions de dinars

61
FFIICCHHEE D DEE PPRRO OJJEETT NN°°22
LLAA M
M I S E E N Œ U V R E D U P L A N D’’AACCTTIIO
I S E E N Œ U V R E D U P L A N D ONN LLO
OCCAALL DDEE LLUUTTTTEE
CCOO N T R E L A D E S E R T F I C A I O N ( P A L - L C D ) D E S E G U I--M
N T R E L A D E S E R T F I C A I O N ( P A L - L C D ) D E S E G U I MEENNCCH HIIAA

Ce PAL a été élaboré par le « Projet d’Appui à la Mise en Œuvre du Programme d’Action
National de Lutte contre la Désertification » mis en œuvre par le Ministère de
l’Environnement du développement durable avec l’appui de la GTZ.
Justificatifs :
L’élaboration du PAL LCD de la zone de Ségui-menchia constitue l’une des deux premières
expériences dans le pays, ayant mobilisé, pour sa préparation, des moyens relativement
consistants et a permis d’initier un processus innovant en matière de planification locale. La
traduction du contenu de ce PAL sur le terrain permettrait de garantir le respect de la
population, des organisations de base et des institutions avec lesquels la préparation de ce
travail a pris beaucoup de leur temps. Apres l’achèvement de la préparation de ce PAL, des
ressources en eau viennent d’être mobilisées à travers les résultats positifs d’un forage de
reconnaissance (plus de 2000m). Ce forage, qui se trouve dans une région limitrophe de la
zone, capte le CI donnant un débit élevé et des eaux très chaudes (plus de 80l/s). Cet acquis
consolidera certainement les actions productives du PAL (dans le cas où la zone du projet
sera élargie).
Objectifs et impacts attendus :
Le projet a pour objectif de soutenir les initiatives locales et d’encourager l’installation des
populations dans la zone de Ségui et Chareb à travers l’amélioration de l’infrastructure de
base, des équipements sociaux et la réalisation d’actions de développement intégrés
(agricoles et non agricoles).
Résultats attendus :
1. L’amélioration de la valorisation de nouveaux espaces du Ségui et de leurs
ressources dans un cadre de complémentarité avec l’oasis
2. La protection des ressources naturelles contre les formes de dégradation et
de désertification
3. l’amélioration des conditions de vie, l’intégration économique et la promotion
de l’emploi des jeunes
Ces résultats visent en définitive la création d’une nouvelle dynamique de développement
multisectoriel basée sur les principes d’intégration et de complémentarité entre les zones
steppiques et les oasis.
Principales composantes du projet :
- Infrastructures et équipements communs
- Aménagement agricole et de CES
- Développement de l'oasis de Menchia
- Développement des activités économiques
- Renforcement institutionnel
- Mise en œuvre d’un système de suivi évaluation du PAL
- Appui aux actions de recherche-développement
Durée du Projet : 5 ans (1ère tranche)
Coût du Projet : 12 millions de dinars (comme première tranche, le coût total du PAL est de
24 millions de dinar)

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FFIICCH
HEE DDEE PPRROOJJEETT NN°°33
LLEESS PPRRO
O G R A M M E S D E R E C ERRCCH
G R A M M E S D E R E C E HEE--D
DEEVVEELLO
OPPPPEEM
MEENNTT

Justificatifs :
La région connaît de sérieux problèmes liés à la gestion des ressources en eau (qualité et
quantité) dont les principaux se rapportent la surexploitation des nappes. Ceci pourrait
mettre en péril la durabilité de l’activité agricole dans les oasis qui constituait le moteur de la
dynamique de développement de la région.
Il est par conséquent nécessaire de procéder à une gestion rationnelle des ressources en
eau et en sols qui correspondent aux objectifs sociaux, économiques et environnementaux.
Cela suppose l’existence d’un paquet technique utilisable par les aménagistes et les
développeurs.
Il est proposé dans le cadre de ce PAR de réaliser un programme de recherche appliquée à
travers l’établissement de contrats entre les structures de développement et les institutions
de recherches spécialises dans le Pays.
Les thèmes identifiés sont mentionnés ici à titre indicatif. Un travail d’affinement devrait être
fait avec la contribution du CRDA, des institutions de recherche et les représentants des
agriculteurs concernés par la problématique de l’eau.
Thèmes proposés :
1. Modes de fonctionnement et de maintenance des forages profonds,
2. Détermination des besoins en eau des cultures dans l’oasis,
3. Adaptation/amélioration du système de culture au contexte de réduction de
l’allocation en eau à l’hectare et l’augmentation de la salinité de l’eau et du sol,
4. Etude de la filière des dattes et choix de nouvelles orientations,
5. Evaluation technique et socio-économiques des projets de serres géothermiques :
Etat et perspectives,
6. Etude des systèmes de refroidissement des eaux et possibilité de récupérer les eaux
d’évaporation,
7. Evaluation des besoins en eau pour le lessivage dans les oasis,
8. Récupération et utilisation des eaux de drainage
Nombre de contrat proposes : 4 à 5 (selon les thèmes à retenir)
Coût estimatif : environ 1 million de dinars
Durée du programme : 5 ans (1 à 5 ans selon le thème)

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FFIICCH
HEE DDEE PPRRO
OJJEETT NN°°44
CCO
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DAATTIIO
ONN DDEESS PPRROOGGRRAAM
MM MEESS DDEE LLUUTTTTEE CCOONNTTRREE
LL’’EENNSSEEM
M B L E D A N S L E G O U V E R N O R A T D E K E B ILLII
B L E D A N S L E G O U V E R N O R A T D E K E B I

Justificatifs :
Le présent projet vise le renforcement de la lutte contre la dégradation des ressources
naturelles et l’amélioration des conditions de vie des populations dans les zones exposées
au phénomène de l’ensablement dans la région de Kébili
L’ensablement menace les villages, les infrastructures de base et les oasis. Les actions
entreprises jusqu'à présent pour combattre ce phénomène sont très coûteuses et
nécessitent un entretien permanent qui est aussi très coûteux. Les techniques utilisées ne
permettent qu’une protection très rapprochée (localisée).
En effet, les efforts déployés en matière de lutte contre l’ensablement (tabia,
rehaussement…) en dépit de leur importance, demeurent insuffisants par rapport à
l’importance et à la rapidité du processus.
Objectifs et impacts attendus:
Il s’agit d’évaluer l’effort actuel de la lutte contre l’ensablement et de proposer des
améliorations à introduire dans les programmes (améliorer l’efficacité, réduire les coûts,
impliquer les acteurs concernés..). L’évaluation et les propositions porteront sur:
 L’approche de protection localisée et de protection générale,
 Les techniques et les modalités de mise en œuvre,
 Les coûts d’installation et d’entretien et de maintenance,
 L’association des organisations de base, des municipalités des conseils ruraux…
dans la planification, la réalisation et la maintenance.
Principaux résultats :
1. Un rapport diagnostic de la situation actuelle du programme de lutte contre
l’ensablement est préparé avec la collaboration de la population de la région, l’IRA,
les responsables et les techniciens du CRDA,
2. Des améliorations (faisabilités technique, économique et sociale) sont, identifiés,
étudiées et introduites dans les programmes de lutte contre l’ensablement dans la
région,
3. les populations locales sont mieux organisées et participent activement à la
planification, la mise en œuvre et la maintenance des actions de lutte contre
l’ensablement qui les concerne.
La mobilisation et l’implication des populations dans une dynamique de développement
durable, nécessitent la mise en place et le renforcement des organisations de base, capable
de jouer efficacement le rôle de partenaire avec l’arrondissement forestier. Le projet
soutiendra le renforcement (ou la création en cas de nécessite) des groupements d’intérêt,
associations, municipalités pour la gestion de l’infrastructure de protection contre
l’ensablement.
Le projet assurera le renforcement des capacités en gestion et en planification de ces
groupements et municipalités en les appuyant à élaborer et mettre en œuvre leurs plans de
développement. Le projet soutiendra également l’établissement des mécanismes de
partenariat entre ces groupements et les municipalités et l’arrondissement forestier (contrat
de maintenance …).

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Ce travail s’effectuera à travers une équipe multidisciplinaire d’experts (aménagiste,
économiste, sociologue…) qui travaillera en étroite collaboration avec une équipe
d’homologues mise a la disposions de cette étude par le CRDA.
Durée du projet : 3 ans
Coûts du projet : 600 000 Dinars

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FFIICCHHEE DDEE PPRRO OJJEETT NN°°55
DDIVE RSIFICATION D ES SYS TEMES D
I V E R S I F I C A T I O N D E S S Y S T E M E S DEE PPRROODDUUCCTTIIOONN OOAASSIIEENN EETT
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M E L I O R A T I O N D E L A P R O D U C T I V I T E D A N S U N E P E RSSPPEECCTTIIVVEE
E L I O R A T I O N D E L A P R O D U C T I V I T E D A N S U N E P E R
DDEE DDEEVVEELLOOPPPPEEM MEENNTT D DUURRAABBLLEE

Justificatifs :
La dynamique actuelle de développement, qui a permis d’améliorer sensiblement les
revenus et les conditions de vie de la population de la région de Kébili est le résultat de la
mobilisation des ressources en eau grâce aux importants investissements publics et privés.
Cette dynamique a été accélérée entre autres par la libéralisation du système de collecte et
d’exportation des dattes, de l’accroissement spectaculaire des prix des dattes au niveau de
la production durant les années 80. Néanmoins, la région se trouve aujourd’hui confrontée à
de nombreuses contraintes et limites caractérisées par :
- Une eau d’irrigation de plus en plus coûteuse, moins disponible et plus salée
- Une économie totalement prisonnière de la monoculture de Déglet nour sans effort de
diversification (cultures maraîchères et élevage sont peu développés malgré les
potentialités en eaux chaudes et fourragères), ni d’intensification (faibles rendements,
très faible valorisation des ressources en eau et de la main d’oeuvre).
- Un marché des dattes en voie de saturation : Baisse des prix à la production et à
l’exportation accompagnée de difficultés d’écoulement, prix minimum à l’exportation
n’a pas pratiquement changé depuis une vingtaine d’années avec une véritable
concurrence de la part des dattes algériennes.
- Une faible viabilité des exploitations. Environ 80% des exploitations ont mois de 0,25
ha
Pour sauvegarder les acquis et les impacts positifs enregistrés dans le secteur agricole, que
ce soit sur le plan économique ou social il a été recommandé dans le cadre du PAR de,
diversifier le système de production oasien et mieux valoriser les ressources naturelles
disponibles (en donnant l’importance nécessaire a la question de valorisation et de
commercialisation des produits agricoles) et d’appuyer toutes alternatives de
développement basée sur une exploitation plus modérée des ressources naturelles.
Objectifs et impacts attendus :
Le projet vise l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs à travers la diversification,
l’intensification du système d’exploitation et la valorisation des produits agricoles de la
région.
Les objectifs arrêtés se réfèrent également à l’amélioration du rendement des différentes
activités agricoles. La vulgarisation agricole et la recherche appliquée devraient jouer un rôle
déterminant dans l’amélioration de la productivité et de la qualité des différents produits ainsi
que dans l’atténuation des effets de manque d’eau en quantité et qualité. L’implication des
organisations de base, des conseillers agricoles privés et des producteurs, permettra, de
consolider l’encadrement des producteurs en vue d’une meilleure maîtrise des nouvelles
techniques et technologies.
Principaux résultats :
1. Alléger la pression sur les ressources en eau de la région,
2. Elaboration et mise en œuvre des programmes de recherche-développement
répondant aux priorités de la région,
3. Renforcer et intensifier l’élevage dans l’oasis,
4. Diversifier et intensifier le système de culture dans l’oasis,
5. Développer davantage le secteur de la géothermie,
6. Renforcer l’encadrement des producteurs,

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Principales composantes du Projet :
- Animation, formation et accompagnement des producteurs,
- Renforcement des actions de recherche-développement,
- Financement des actions pilotes pour le développement de l’élevage, la
diversification du système de culture, l’encouragement de l’agriculture biologique
à l’intérieur des oasis,
- Développement du secteur de la géothermie (sous projet),
- Appui et assistance technique,
- Acquisition de matériels et équipements,
- Appui à l’unité de gestion du projet.
Durée du Projet : 5 ans
Coût du projet : 5 millions de dinars

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