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Chronologie Des Presidents de La République

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Chronologie des présidents de la

République française

Maison d’édition : J'ai lu


© E.J.L., 2022
Dépôt légal : février 2022
ISBN numérique : 9782290373552
ISBN du pdf web : 9782290373583
Le livre a été imprimé sous les références :
ISBN : 9782290371398
Ce document numérique a été réalisé par PCA
Présentation de l’éditeur :
Louis Napoléon Bonaparte, Charles de Gaulle, François Mitterrand,
Emmanuel Macron… Combien y a-t-il eu de présidents de la
République en France ? Qui a eu le mandat le plus court ?
Connaissez-vous le point commun entre Paul Doumer et Sadi
Carnot ?
À travers des dates marquantes, cet ouvrage dessine la vie et la
carrière des hommes qui ont occupé la fonction présidentielle, leurs
affinités ou leurs rivalités politiques, ainsi que leurs relations souvent
ambivalentes avec les citoyens français. Surtout, il témoigne des
enjeux brûlants de chaque époque.

Biographie de l’auteur :
Agrégé et docteur en histoire, chercheur associé au Centre d’histoire
sociale des mondes contemporains, Jean-François Bonhoure enseigne
dans le secondaire ainsi qu’à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et à
l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Couverture : Création Studio Flammarion


DANS LA MÊME COLLECTION
o
La Petite Histoire du Monde, n 1174
La Petite Histoire de France, no 1173
o
20 histoires pour comprendre l’économie mondiale, n 1147
Les Grandes Énigmes de l’histoire, no 895
o
Les Grands Procès de l’histoire, n 894
Histoire de l’architecture, no 888
o
Les Grandes Inventions de l’histoire, n 887
Les Grandes Dates de l’histoire de France, no 873
o
Les Grands Mythes antiques, n 866
Les Grands Discours de l’histoire, no 854
e o
Les Grandes Dates du XX siècle, n 852
Les Reines de France, no 782
o
Chronologie universelle, n 773
o
Les Rois de France, n 650
o
Dieux et héros de la mythologie grecque, n 593
Préambule

De 1848 à 2022, au gré des régimes et des évolutions politiques,


la présidence de la République est devenue la pierre angulaire de la
vie politique française. Pourtant, l’histoire de l’affirmation
institutionnelle du président et de ses fonctions est jalonnée de
nombreuses ruptures.
Ainsi, lors de la première élection présidentielle, en
décembre 1848, c’est Louis Napoléon Bonaparte qui l’emporte, au
suffrage universel masculin. Mais l’instrumentalisation du pouvoir à
des fins impériales condamne ensuite ce mode d’élection direct
jusqu’en 1962, date à laquelle le suffrage universel est rétabli par un
référendum voulu par le président Charles de Gaulle. Les brusques
changements de régime, à l’instar du coup d’État du 2 décembre 1851
ou de la promulgation de la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940
confiant les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, montrent aussi que, si
une majorité de Français s’approprie une culture républicaine, le
régime républicain reste, lui, fragile. Enfin, les mandats présidentiels
sont susceptibles de s’interrompre brusquement, que ce soit du fait
des démissions du chef de l’État, comme ce fut le cas pour Patrice
de Mac-Mahon et Charles de Gaulle, ou de fins tragiques, à l’instar de
celle de Sadi Carnot ou de Paul Doumer, tous deux assassinés durant
leur mandat.
Ces ruptures s’inscrivent cependant dans un continuum. Des traits
rémanents apparaissent au fil des présidences. Le président de la
République détient des fonctions honorifiques, parfois moquées et
e e
caricaturées sous la III et la IV République, pourtant elles ont de
l’importance au regard des multiples crises, politiques, sociales et
économiques que le pays a traversées. Garant des institutions et de la
cohésion sociale, veillant au respect de la Constitution, le président
de la République représente l’ensemble des Français.

L’évolution de fond tend à un renforcement de la prééminence du


chef de l’État. En 1875, les lois constitutionnelles qui instituèrent le
cadre légal de la IIIe République, et en particulier l’amendement
déposé par le député Henri Wallon, indiquent que le président doit
être élu à la majorité des suffrages par les deux chambres. Les notions
de République et de présidence furent alors étroitement associées.
Pendant plus d’un siècle, les débats concernant les fonctions
présidentielles, en 1877, 1923 ou encore 1958, animèrent l’actualité
politique, entre les partisans d’un effacement présidentiel devant la
décision parlementaire, et les tenants d’un pouvoir présidentiel fort, à
même de surpasser les divisions politiques, au nom des intérêts
supérieurs de la nation. Les changements constitutionnels,
notamment les modes de désignation, sont le reflet de cette
évolution. Nommé par les chambres, puis par un collège électoral, et
enfin au suffrage universel direct, le président n’a cessé d’être au
cœur de la vie institutionnelle du pays.

Enfin, les biographies des présidents de la République mettent en


exergue des trajectoires individuelles. Celles-ci se recoupent bien
souvent, sur fond de transmissions et de rivalités politiques,
d’opportunismes et de visions à long terme. On y décèle aussi les
liens, parfois forts, parfois fragiles, avec les citoyens français. Si avec
les simplifications abusives qu’apporte le recul du temps on pourrait
être tenté d’identifier des âges d’or, tout comme des périodes plus
obscures de la République, cet ouvrage vient rappeler que chaque
mandat porte en lui les enjeux d’une époque, qu’ils soient sociaux,
politiques, économiques ou culturels.
Jean-François BONHOURE
1.
Louis Napoléon Bonaparte (1848-1851)

20 avril 1808 : naissance de Louis Napoléon Bonaparte

er
Neveu de Napoléon I , Louis Napoléon Bonaparte est l’un des fils
de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d’Hortense de Beauharnais. À
la suite de la chute de l’Empire en 1815, il est banni du territoire
français et vit en exil. Dans sa jeunesse, il réside en Suisse
alémanique, ainsi qu’à Rome. Son italophilie se renforce à mesure
qu’il soutient activement les mouvements indépendantistes italiens,
notamment la société secrète des carbonari, menée par des libéraux
et des nationalistes luttant contre le despotisme étranger.

5-6 août 1840 : Louis Napoléon Bonaparte est arrêté à Boulogne-


sur-Mer, alors qu’il tente une nouvelle fois de rentrer d’exil

Au cours des années 1830, après avoir combattu en Italie, il tente


de revenir en France mais la loi l’en empêche. En 1832, le décès de
son cousin, Napoléon II, fait de lui l’héritier de la couronne impériale.
En 1836, il revient en France, par Strasbourg, et tente de lancer un
soulèvement pour renverser Louis-Philippe, en vain. De nouveau
condamné à l’exil, il part pour les États-Unis en 1836, puis rejoint
l’Angleterre en 1837.
En 1840, Adolphe Thiers conseille à Louis-Philippe de faire
er
rapatrier les cendres de l’empereur Napoléon I depuis l’île de Sainte-
Hélène, afin d’accroître la popularité du roi. Louis Napoléon
Bonaparte veut mettre à profit l’événement, et la ferveur bonapartiste
renaissante, pour rentrer en France. Dans la nuit du 5 au 6 août
1840, il débarque à Boulogne-sur-Mer, mais est blessé et arrêté sur
place. Condamné à l’emprisonnement à perpétuité au fort de Ham, en
Picardie, il devient captif.
En prison, il étudie et s’imprègne des idées saint-simoniennes,
solidaires et progressistes : il est désormais convaincu que son avenir
ne peut s’écrire avec des coups d’éclats isolés, mais avec l’appui des
masses. En 1844, il publie De l’extinction du paupérisme, où il
s’enquiert des conditions économiques et sociales des masses, non
sans arrière-pensées politiques.

10 décembre 1848 : Louis Napoléon Bonaparte est élu président


e
de la II République

Déguisé en ouvrier, après six années de détention, il s’évade et


s’installe à Londres. Son évasion rocambolesque est décrite avec force
détails dans la presse ; il trouve refuge une nouvelle fois en
Angleterre. Alors qu’éclate la révolution de 1848, et que Louis-
Philippe est renversé, il revient en France.
Dans la foulée, il est élu simultanément aux élections législatives
dans plusieurs départements, comme la Corse, et siège à l’Assemblée
en septembre. Fort d’une popularité nouvelle, il se présente à
e
l’élection présidentielle de la II République, proclamée le
4 novembre 1848.
Bénéficiant du soutien monarchiste du parti de l’Ordre, et grâce
au prestige de son nom, il est élu au suffrage universel pour une
durée de quatre ans. Il réunit les trois quarts des voix, l’emportant
largement face à des candidatures républicaines divisées, entre les
éléments modérés et plus radicaux. Louis Napoléon Bonaparte
devient le premier président de la République, à l’âge de 40 ans.
Cependant, son rôle est limité constitutionnellement. En mai 1849,
les élections législatives, remportées par les royalistes, mettent au
jour les divisions entre le président nouvellement élu, et une majorité
parlementaire qui souhaite ardemment le retour de la monarchie.
Les divisions apparaissent plus nettement en mai 1850 lorsque
l’Assemblée vote une loi électorale imposant trois ans de résidence
aux électeurs, ce qui a pour effet d’éliminer 3 millions d’électeurs du
corps électoral, en l’occurrence les ouvriers et travailleurs saisonniers.
Louis Napoléon Bonaparte reste silencieux, mais prend acte de
l’impopularité de la mesure. Début 1851, il demande à l’Assemblée
une révision de la Constitution, afin d’augmenter la durée de son
mandat, pour la porter à dix ans, et de rétablir le suffrage universel.
Le projet de révision constitutionnelle échoue, par manque de soutien
d’une partie des royalistes. En fin stratège politique, Louis Napoléon
se fait le défenseur du suffrage universel et l’incarnation de la
souveraineté nationale : il se détache nettement de la majorité
royaliste.

2 décembre 1851 : après un coup d’État, le président Louis


Napoléon Bonaparte devient prince-président

Par décret, l’Assemblée nationale est dissoute et le suffrage


universel est rétabli. Les soulèvements sont réprimés par l’armée, le
coup d’État est couvert par un état de siège dans 32 départements.
Dix jours plus tard, Louis Napoléon Bonaparte consulte le peuple
français au moyen d’un plébiscite, qui reçoit une majorité d’avis
favorables. La confiance est ainsi votée, donnant une forme d’illusion
démocratique : il déclare qu’il « n’était sorti de la légalité que pour
rentrer dans le droit ». Le président devient le prince-président, la
durée de son mandat est portée à dix ans. Le régime n’est plus
parlementaire mais plébiscitaire : le président est le seul responsable
devant le peuple français, qu’il peut consulter lors de plébiscites.

2 décembre 1852 : Louis Napoléon Bonaparte devient l’empereur


Napoléon III

Un an, jour pour jour, après le coup d’État, le Second Empire est
proclamé, et en l’espace de quatre années, le neveu de Napoléon
Bonaparte s’est emparé du pouvoir. Louis Napoléon Bonaparte n’est
plus président, mais empereur, et prend le nom de Napoléon III.
Fidèle à l’héritage de son oncle, il tient à ramener la France au
premier plan européen, comme lors de la guerre de Crimée contre
l’Empire russe, mais aussi en soutenant le mouvement des
nationalités en Europe. Il soutient les indépendantistes italiens contre
l’Empire d’Autriche, ce qui permet, en retour, le rattachement de Nice
et de la Savoie à la France. Cependant, au sujet de la politique
coloniale, du soutien à la Prusse et de l’expédition mexicaine, le
volontarisme impérialiste est beaucoup plus discuté. Sur le plan
économique, la France connaît d’importantes évolutions, avec la
naissance d’un système bancaire, d’un réseau de chemin de fer et une
urbanisation croissante, alors que Victor Duruy, ministre de
l’Instruction publique, développe l’enseignement primaire, couronné
par le certificat d’études.
Son pouvoir repose sur un césarisme plébiscitaire : les députés
doivent prêter serment de fidélité à l’Empire, alors que les plébiscites
ne font qu’avaliser les décisions du pouvoir exécutif. Au fil du temps,
l’opposition libérale se structure de façon de plus en plus organisée,
alors que Napoléon III fait de plus en plus de gestes d’ouverture vers
l’opposition, comme lors des réformes constitutionnelles de 1862 et
1870, ou en nommant un ancien opposant, Émile Ollivier, à la tête du
gouvernement.

4 septembre 1870 : chute de Napoléon III et du Second Empire

Les tensions avec la Prusse se font plus grandes, à la suite d’une


question de succession, et à une provocation diplomatique du
chancelier Bismarck. Sous la pression d’une majorité parlementaire
plutôt belliciste, la France déclare la guerre à la Prusse. En août 1870,
les armées françaises doivent se replier face à l’offensive allemande.
Napoléon III tente de secourir l’armée du Rhin, encerclée à Metz,
mais est encerclé lors de la bataille de Sedan, aux côtés de 80 000
soldats. Le 2 septembre 1870, l’Empereur se rend et est fait
e
prisonnier. Deux jours plus tard, la III République est proclamée par
er
les députés, et le 1 mars 1871, Napoléon III est officiellement déchu
de son titre, et s’exile en Angleterre.

9 janvier 1873 : mort de Napoléon III

Atteint de calculs rénaux, que les opérations successives ne


peuvent éliminer, Napoléon III meurt à l’âge de 64 ans, à Camden
Place. Sa dépouille repose à l’abbaye Saint-Michel à Farnborough, en
Angleterre.
2.
Adolphe Thiers (1871-1873)

15 avril 1797 : naissance d’Adolphe Thiers

Adolphe Thiers naît à Marseille, d’un père sous-archivicaire et


d’une mère descendante d’une famille bourgeoise déclassée. Boursier,
il fait de brillantes études au lycée de Marseille, puis à Aix. Licencié
en droit, il devient avocat. Bénéficiant d’un prix donné par l’académie
d’Aix, il s’installe à Paris en 1821 et s’essaie au journalisme, politique
et artistique, dans le Constitutionnel et aux Tablettes universelles.
Protégé par Laffitte et le baron Louis, il s’intègre progressivement
dans les cercles et les salons politiques parisiens. Parallèlement, en
1823, il fait paraître le premier volume de son Histoire de la
Révolution, qui connaît un véritable succès d’édition, et dont le
dixième volume paraît en 1827.

27-29 juillet 1830 : pendant les Trois Glorieuses, Adolphe Thiers


soutient l’accès au trône de Louis-Philippe d’Orléans

À partir de 1830, dorénavant publiciste chevronné, il fonde avec


deux associés le National, un journal hostile au régime de Charles X.
Protestant contre les ordonnances liberticides de juillet 1830, il
rappelle les préceptes de la Charte de 1814, notamment le partage
entre l’autorité royale et l’autorité ministérielle, et proteste au nom
des journalistes de la presse écrite. Pendant les Trois Glorieuses, les
27, 28 et 29 juillet 1830, il soutient l’accès au trône de Louis-Philippe
d’Orléans, dans le cadre d’une monarchie parlementaire qu’il appelle
de ses vœux.

11 octobre 1832 : Adolphe Thiers est nommé ministre de


l’Intérieur

En 1830, il est élu député des Bouches-du-Rhône, et le reste


jusqu’en 1848, siégeant dans la majorité parlementaire. Gravissant un
à un les échelons du pouvoir, il est successivement conseiller,
secrétaire général, puis sous-secrétaire d’État. Alors qu’une nouvelle
législature s’installe, il est nommé, le 11 octobre 1832, ministre de
l’Intérieur. Bien que professant des idées plutôt libérales au début de
son parcours politique, il incarne un pouvoir particulièrement
autoritaire et coercitif. Ainsi, il fait réprimer, au cours de ce que l’on
appellera la « semaine sanglante », la révolte des Canuts, du nom des
ouvriers et artisans lyonnais regroupés en associations mutuelles, qui
occupent la ville, provoquant 600 morts et une dizaine de milliers
d’arrestations.

9 septembre 1835 : Adolphe Thiers fait voter la « loi scélérate »


qui opère un virage important contre la liberté de la presse

En septembre 1835, à la suite de l’attentat de Fieschi contre la


personne du roi, Adolphe Thiers fait voter les lois de septembre. Les
jugements des opposants au pouvoir royal sont accélérés, les
décisions des jurés sont secrètes et la presse est muselée : toute
attaque contre le gouvernement ou la personne royale est punissable
d’une détention et d’une amende, alors que la censure est rétablie
pour les dessins et les gravures. Au jeu de l’exercice du pouvoir, le
brillant journaliste d’opposition s’est mué en ministre conservateur,
soucieux de préserver une image royale immaculée.
Il s’oppose, sur les questions internationales, à son adversaire
Guizot, et en 1840, quitte le pouvoir. Sa politique extérieure est jugée
trop belliciste. Adolphe Thiers rejoint l’opposition républicaine, qu’il
combattait quelques années auparavant.

24 février 1848 : après la chute du régime de Louis-Philippe,


Adolphe Thiers rejoint le gouvernement provisoire de la
e
II République

En février 1848, au moment de la chute du régime de Louis-


e
Philippe, il rejoint le gouvernement provisoire de la II République.
Initialement placé au centre-gauche, Adolphe Thiers soutient Louis
Napoléon Bonaparte, pensant pouvoir le manipuler. Les louvoiements
politiciens l’amènent à perdre son poste de député des Bouches-du-
Rhône, mais à être élu au Havre, lors d’élections complémentaires en
avril 1848. Au-delà des étiquettes politiques mouvantes, il suit avec
constance l’ordre social, tout comme le droit de propriété : il soutient
la répression de l’insurrection ouvrière de juin 1848, tout comme la
réduction du corps électoral par la loi du 31 mai 1850.

2 décembre 1851 : Adolphe Thiers ne parvient pas à s’opposer au


coup d’État, il est contraint à l’exil

Décontenancé par les manœuvres politiques de Louis Napoléon


Bonaparte, il tente de s’opposer au coup d’État du 2 décembre 1851,
mais n’a d’autre choix que de se retirer de la vie politique et de
s’exiler en Belgique, puis en Angleterre. En se tenant à l’écart de toute
vie politique, il poursuit ses travaux historiques.

Sa traversée du désert se clôt en 1863, lorsqu’il est élu député de


Paris. Membre de l’opposition libérale au sein du Corps législatif, il
réclame le rétablissement de cinq « libertés nécessaires » : dont la
liberté individuelle et la liberté de la presse. Il revient aux valeurs
libérales qu’il prônait lors de la première partie de sa carrière
politique. Enfin, il alerte face au danger prussien, en invoquant
l’impréparation française.

8 février 1871 : Adolphe Thiers est élu chef du pouvoir exécutif,


c’est-à-dire chef du gouvernement

Il est l’un des rares députés hostiles à la déclaration de guerre au


mois d’août 1870. La défaite française contre la Prusse et la crise
nationale qui s’ensuit le ramènent sur le devant de la scène politique.
e
Le 4 septembre 1870, la III République est proclamée à Paris. À
l’initiative d’Adolphe Thiers, un gouvernement de Défense nationale
est mis en place ; l’Assemblée nationale à majorité royaliste élue le
8 février 1871 nomme Thiers « chef du pouvoir exécutif », c’est-à-
dire, chef du gouvernement. Il approuve les préliminaires de paix le
26 février, dans un contexte politique où la République est vue
comme un régime transitoire.

10 mai 1871 : Adolphe Thiers signe la paix avec la Prusse et


réprime violemment la Commune
Il conclut la paix dans des conditions déplorables avec la Prusse,
lors du traité de Francfort, le 10 mai 1871. Les conditions du traité de
paix, et l’entrée des Allemands dans la capitale entraînent
l’insurrection du peuple parisien, qui se constitue en Commune. Ce
mouvement populaire, hostile au gouvernement, réfugié à Versailles,
se solde par une guerre civile. Adolphe Thiers ordonne la répression
du mouvement, particulièrement sanglante, avec 25 000 morts.

30 août 1871 : Adolphe Thiers reçoit officiellement le titre de


président de la République

30 août 1871 : En application de la proposition de loi Rivet, le


chef du pouvoir exécutif prend le titre de président de la République.
Les monarchistes se désolidarisent et se méfient du nouveau
président, à mesure qu’Adolphe Thiers défend une République
conservatrice.
Son programme politique tient à un ordre social conservateur et à
une reprise économique du pays. Il veut mettre fin au plus vite à
l’occupation allemande, en payant l’indemnité de guerre de
5,5 milliards de francs, et pour ce faire, augmente les impôts. Le
dernier soldat allemand quitte le territoire peu après, le 5 septembre,
ce qui vaut, ultérieurement, à Adolphe Thiers, le surnom de
« libérateur du territoire ».

Mai 1873 : Adolphe Thiers quitte le pouvoir

En mai 1873, il quitte le pouvoir, renversé par une Assemblée à


majorité monarchiste, hostile à sa gestion du pouvoir exécutif et à sa
volonté d’installer durablement la République. Cependant, il continue
de siéger à l’Assemblée, cette fois dans les rangs de la gauche.
3 septembre 1877 : mort d’Adolphe Thiers

De retour de villégiature à Dieppe, il meurt d’une hémorragie


cérébrale, à Saint-Germain-en-Laye. Il ne bénéficie pas de funérailles
nationales, en raison d’une mésentente entre les services de l’État et
sa veuve. Il repose au Père-Lachaise, dans un sarcophage
monumental de porphyre, au sein d’une vaste chapelle funéraire.
3.
Patrice de Mac-Mahon (1873-1879)

13 juillet 1808 : naissance de Patrice de Mac-Mahon

Patrice de Mac-Mahon naît au château de Sully, près d’Autun, au


sein d’une famille noble d’origine irlandaise. Ses ancêtres se sont
e
installés en France au XVII siècle, peu après la chute des Stuarts, et
furent anoblis en 1750.

1830-1871 : Patrice de Mac-Mahon participe à de grandes


batailles militaires

Patrice de Mac-Mahon embrasse une carrière de militaire en


entrant à l’École spéciale de Saint-Cyr en 1825, puis cinq ans plus
tard, participe à l’expédition d’Alger. En prenant part à la prise de la
capitale ainsi qu’aux combats du col de Mouzaïa, il progresse dans la
hiérarchie des états-majors, pour se hisser enfin au rang de
commandant de division.
re
En 1855, nommé commandant de la 1 division d’infanterie de
l’armée d’Orient, il part pour la Crimée, où la France de Napoléon III
combat l’Empire russe de Nicolas Ier. Le 8 septembre 1855, il prend le
bastion de Malakoff lors de cette même guerre, entraînant la chute de
Sébastopol. La presse hexagonale relaie abondamment cet exploit
militaire, ce qui confère une grande popularité au commandant Mac-
Mahon.
En 1859, la France soutient les combattants du royaume de
Sardaigne, contre l’empire d’Autriche. Engagé dans le conflit, Mac-
Mahon remporte la victoire décisive de Magenta, contre les
Autrichiens. La route de Milan est ouverte, permettant l’unité et
l’indépendance italienne. Le même jour, Patrice de Mac-Mahon est
nommé maréchal, et est fait duc de Magenta, à la suite de la bataille.
Vingt jours plus tard, il participe à la bataille de Solferino, et
contribue à la victoire. Ses succès militaires successifs lui confèrent
une grande popularité, et il accède à de nouvelles responsabilités. En
1864, l’empereur Napoléon III le nomme gouverneur général de
l’Algérie, de façon à pérenniser la présence française sur place.
Du 4 août 1870 au 15 mars 1871, en tant que commandant du
er
1 corps de l’armée du Rhin, face aux Prussiens, il essuie les défaites
retentissantes de Wissembourg et de Frœschwiller. Il est gravement
blessé à Sedan, et est fait prisonnier par des Prussiens, alors que la
IIIe République est proclamée.

8 avril 1871 : Patrice de Mac-Mahon est nommé à la tête de


l’armée de Versailles et réprime vivement la Commune de Paris

Le 8 avril 1871, rétabli, et libéré par les Prussiens, Mac-Mahon est


nommé par Adolphe Thiers à la tête de l’armée de Versailles,
incarnant la légalité républicaine. À la tête des forces militaires, il
réprime la Commune de Paris dans le sang.

24 mai 1873 : Patrice de Mac-Mahon est élu président de la


République
En 1873, la majorité monarchiste de l’Assemblée nationale retire
sa confiance au président de la République Adolphe Thiers, jugé trop
républicain, et préfère nommer un homme de transition, en la
personne de Patrice de Mac-Mahon. Ses opinions monarchistes et son
passé glorieux en font le candidat idéal. Le duc de Magenta, gloire du
Second Empire, de conviction monarchiste, est alors élu président de
la République, à l’unanimité, moins une voix.
Le président nouvellement élu annonce vouloir rétablir l’ordre
moral en France, après le désastre de 1870, en s’appuyant sur les
députés conservateurs et l’Église. Au côté du président du Conseil,
Albert de Broglie, il œuvre pour un retour de la monarchie, et une
arrivée au pouvoir du comte de Chambord, fils du duc de Berry. Mais
les forces monarchistes se divisent entre orléanistes et légitimistes,
alors que les républicains parviennent à s’ancrer dans le paysage
politique. Plus encore, le 23 octobre 1873, alors que les institutions
républicaines sont prêtes à évoluer vers la monarchie, sous
l’impulsion du président Mac-Mahon, le prétendant au trône, comte
de Chambord, et probable Henri V, exige, par le biais d’une lettre, la
réhabilitation du drapeau blanc, plutôt que le drapeau tricolore. Le
symbole heurte les susceptibilités du peuple français, attaché aux
trois couleurs, et une bonne partie de l’Hémicycle. L’hostilité de la
population française est grande face à cet hypothétique retour
monarchiste. Afin de préserver les chances de retour d’une
monarchie, la majorité monarchiste à l’Assemblée vote une loi, le
20 novembre 1873, qui fixe à sept ans la durée d’un mandat de
président de la République.
Les lois constitutionnelles de 1875 délimitent un peu plus le
pouvoir présidentiel. L’amendement Wallon indique qu’il est élu par le
Sénat et la Chambre des députés : le régime politique devient plus
pérenne et stable. Le président nomme les ministres, peut dissoudre
la Chambre des députés, propose des lois, ratifie les traités, dirige les
armées, et peut, enfin, exercer un droit de grâce. L’horizon
monarchiste s’éloigne un peu plus encore le 20 février 1876 lorsque
les élections législatives tournent à l’avantage des républicains, qui
l’emportent à la Chambre des députés. Patrice de Mac-Mahon se
trouve contraint de nommer un gouvernement de républicains,
représentés par Jules Armand Dufaure, puis par Jules Simon.

16 mai 1877 : Patrice de Mac-Mahon face aux parlementaires,


une crise institutionnelle

Le 16 mai 1877 éclate une crise institutionnelle aux conséquences


majeures pour les futurs présidents de la République. Patrice de Mac-
Mahon interpelle son chef du gouvernement, Jules Simon, en raison
d’un différend sur des questions religieuses, afin de provoquer sa
démission. Suivant la volonté du président, le républicain Jules
Simon est remplacé par le monarchiste Albert de Broglie. Aussitôt,
363 députés, majoritairement républicains, menés par Léon
Gambetta, protestent via un manifeste contre cette brusque reprise en
main conservatrice, mais aussi contre un gouvernement présidentiel,
de nature individuelle. Le lendemain, le gouvernement de droite,
mené par Albert de Broglie, n’obtient pas la confiance de la Chambre
des députés, à majorité républicaine. Les députés républicains
affirment que le gouvernement n’est pas légitime. Imposé par la
volonté présidentielle, il est contraire au principe du régime
parlementaire. Les institutions républicaines sont paralysées.

25 juin 1877 : Patrice de Mac-Mahon dissout la Chambre des


députés
Le 25 juin 1877, le président Mac-Mahon dissout la Chambre des
députés. De nouvelles élections sont organisées, et voient l’opposition
forte entre un pouvoir exécutif monarchiste et un pouvoir législatif
républicain. Face à la volonté de Patrice de Mac-Mahon de se
maintenir au pouvoir, le républicain Léon Gambetta affirme qu’il
faudra se plier aux résultats des urnes, en invitant le président à « se
soumettre ou se démettre ». Le 14 octobre 1877, les élections
législatives voient la victoire des républicains sur les conservateurs,
avec plus d’une centaine de voix d’avance. De Broglie est contraint de
démissionner le 19 novembre, et quelques semaines plus tard, le
président Mac-Mahon est obligé de rappeler à la tête du
gouvernement le républicain Jules Armand Dufaure. Cette nouvelle
législature marque l’échec définitif des monarchistes. Le 15 décembre
1877, Patrice de Mac-Mahon s’adresse aux chambres, et annonce se
soumettre à la Constitution de 1875. Il renonce à son droit de
dissolution, et assure que les ministres de son gouvernement sont les
représentants du Parlement. À partir de 1877, le flou concernant la
e
nature institutionnelle de la III République est dissipé avec le relatif
effacement du président de la République, face au gouvernement.

30 janvier 1879 : Patrice de Mac-Mahon démissionne

Le 30 janvier 1879, devant la nouvelle majorité républicaine, à la


Chambre des députés et au Sénat, Patrice de Mac-Mahon se résout à
démissionner. Dirigeant de la Société de secours aux blessés
militaires, il se consacre à des œuvres de bienfaisance.

8 octobre 1893 : mort de Patrice de Mac-Mahon


Le 8 octobre 1893, il meurt au château de La Forest près de
Montargis, et est inhumé le 22 octobre 1893, lors d’obsèques
nationales, aux Invalides.
4.
Jules Grévy (1879-1887)

15 août 1807 : naissance de Jules Grévy

Le 15 août 1807, Jules Grévy naît dans le Jura, à Mont-sous-


Vaudrey, d’une famille de conviction républicaine, notamment d’un
père volontaire pendant la Révolution. Il suit le même parcours
qu’Adolphe Thiers, en étant licencié en droit et en devenant avocat. À
partir de 1836, il plaide lors de procès politiques, comme celui dit des
« Saisons », où les accusés, de la gauche républicaine et socialiste,
sont poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’État, à la suite d’une
insurrection.

1848 : Jules Grévy s’engage en politique

Ses convictions républicaines se confirment lors de la révolution


de 1848, où il s’engage en politique. Il est nommé par le
gouvernement provisoire commissaire de la République dans le Jura,
puis il est élu député du même département au sein de l’Assemblée
constituante. Siégeant à gauche, il milite pour un pouvoir exécutif, lié
à la souveraineté nationale.
Opposant farouche à la progressive présidentialisation de la
e
II République, il est arrêté lors du coup d’État du 2 décembre 1851.
Emprisonné, il est libéré par la suite et quitte la vie politique pour
une vingtaine d’années. Il reprend alors sa toge d’avocat au barreau
de Paris, et se consacre à ses dossiers judiciaires. En 1868, il revient
en politique, en étant élu député du Jura au sein du Corps législatif
du Second Empire. Il siège dans l’opposition au pouvoir bonapartiste,
et fait partie, en 1870, des rares opposants à la déclaration de guerre
contre la Prusse, aux côtés d’Adolphe Thiers et de Léon Gambetta.
De février 1871 à avril 1873, il occupe la fonction de président de
l’Assemblée nationale, et à partir de 1876, est président de la
Chambre des députés. Le poste est stratégique : il s’agit de conduire
les débats parlementaires, veiller à l’ordre du jour, étudier la
conformité des textes, mais aussi de conseiller le chef de l’État lors
des crises ministérielles. En tant que républicain modéré, il fait partie
des 363 députés qui protestent le 16 mai 1877 contre la reprise en
main du pouvoir par le président Mac-Mahon.

30 janvier 1879 : Jules Grévy est élu président de la République,


à la suite de démission de Patrice de Mac-Mahon

En 1879, le président Patrice de Mac-Mahon démissionne et Jules


Grévy est élu président de la République par le Congrès, réuni à
Versailles. Il est paradoxalement le premier président de conviction
authentiquement républicaine, en succédant au bonapartiste Louis
Napoléon Bonaparte, à l’opportuniste Adolphe Thiers et, pour finir,
au monarchiste Patrice de Mac-Mahon. En s’adressant aux chambres,
il défend une fonction présidentielle a minima, qui doit s’effacer
devant les assemblées.
28 décembre 1885 : Jules Grévy est réélu président de la
République

Détenteur de la plus haute magistrature, Jules Grévy est attaché à


l’unité nationale. En amnistiant les anciens communards en 1880, ou
en adoptant la même année des éléments symboliques de la culture
républicaine, comme La Marseillaise ou la fête nationale, il tient à
e
fédérer autour d’une III République consolidée. Malgré les divisions
profondes entre la gauche radicale incarnée par Georges Clemenceau
et les républicains opportunistes, menés par Jules Ferry, il est réélu
aisément président de la République en décembre 1885.
En novembre 1887, le scandale des décorations éclate dans la
presse. Le gendre du président, et député, Daniel Wilson, aurait
favorisé l’octroi de décorations républicaines, voire de postes,
moyennant finances. La polémique éclabousse le beau-père de Daniel
Wilson, et président de la République, Jules Grévy. La presse et une
partie des députés remettent en cause la probité présidentielle,
l’accusant de conflit d’intérêts, voire de corruption pour les plus
véhéments. Le 2 décembre 1887, Jules Grévy est contraint à la
e
démission, seulement deux ans après sa réélection. La III République
est fragilisée, en étant perçue comme un régime corruptible.

2 décembre 1887 : Jules Grévy démissionne à la suite du


scandale des décorations

L’ancien président s’éteint à Mont-sous-Vaudrey, d’une congestion


pulmonaire, à l’âge de 84 ans, le 9 septembre 1891.

9 septembre 1891 : mort de Jules Grévy


5.
Sadi Carnot (1887-1894)

11 août 1837 : naissance de Sadi Carnot

Le 11 août 1837, Sadi Carnot naît à Limoges, au sein d’une


famille de grands républicains. Il est le fils de Lazare-Hippolyte
Carnot, avocat et homme politique, député de la gauche républicaine,
e
opposant à la monarchie de Juillet, ministre de la II République,
sénateur de la IIIe République, petit-fils de Lazare Carnot, héros de
l’an II en 1793. Il porte le prénom de son oncle paternel, en
e
hommage à un poète persan du XIII siècle, Saadi de Chiraz.

Sa formation d’ingénieur à l’École polytechnique puis à l’École


nationale des ponts et chaussées ne le prédestine pas à la politique,
mais les événements de 1870, et la proclamation de la
IIIe République, le poussent à s’engager en politique. Nommé, le
13 janvier 1871, commissaire extraordinaire au Havre, il a pour
mission d’organiser la résistance locale dans le cadre de la guerre
franco-allemande.

1871 : un député de gauche au parcours classique, des rangs de


l’Assemblée aux ministères
Nommé officiellement préfet de la Seine-Inférieure, il se présente
aux élections législatives et est élu député de la Côte-d’Or en 1871,
sous l’étiquette des républicains modérés. Devenu progressivement
un représentant de la gauche républicaine, il se distingue par son
activisme au sujet des travaux publics et du développement du
chemin de fer. En 1878, il devient sous-secrétaire d’État au ministère
des Travaux publics, avant d’en devenir le ministre en 1880. Ministre
des Finances en 1885, il reste toujours membre de la gauche
républicaine, mais affiche une grande modération dans ses prises de
position.
Le 5 novembre 1887, la commission d’enquête, nommée pour
faire la lumière sur le scandale des décorations, enquête pour
identifier les responsabilités et les coupables. Il est alors établi que
Sadi Carnot, à la différence d’autres, s’est distingué par son
honnêteté, et sa probité. Ce n’est pas le cas du président Jules Grévy,
empêtré dans le scandale, qui doit démissionner.

3 décembre 1887 : Sadi Carnot est élu président de la


République, à la suite de la démission de Jules Grévy

À l’élection, Sadi Carnot présente sa candidature, qui séduit


l’électorat et lui attire le soutien de nombreux républicains,
notamment les radicaux. Son seul nom rappelle le souvenir de 1789,
et son élection peut mettre fin à la crise institutionnelle car Sadi
Carnot est reconnu pour sa modestie et sa probité. Au premier tour, il
bat nettement Jules Ferry, de presque 100 voix au Congrès. Jules
Ferry se désiste, et Carnot devient le seul candidat des gauches face
au général Saussier, candidat des droites. Face à ce dernier, il est élu
président de la République, à une large majorité, le 3 décembre.
Le début de son septennat est perturbé par la crise boulangiste. Le
général Boulanger, belliciste, nationaliste et cocardier, bénéficie d’une
grande popularité depuis 1886. Le président de la République, Sadi
Carnot, et le chef du gouvernement, Pierre Tirard, s’opposent à
l’entrée du général Boulanger au ministère de la Guerre, et lui
préfèrent le général Logerot. Par ailleurs, la question sociale bouscule
la pratique du pouvoir. Les mouvements ouvriers, comme celui
durement réprimé à Fourmies, ainsi que les attentats anarchistes
menacent l’autorité de l’État.
Les multiples scandales affectent la crédibilité du pouvoir exécutif
et législatif. Le 9 juin 1888, la loi autorisant l’emprunt à lots pour le
financement de la construction du canal de Panama, dirigée par
Lesseps, est votée. Plusieurs députés et hommes politiques
encouragent les Français à souscrire aux emprunts. La compagnie fait
ensuite faillite, entraînant dans sa chute la ruine de plus de 80 000
souscripteurs, en partie ou totalement ruinés. En 1892, le scandale
éclabousse l’ensemble du monde politique, présidence comprise. La
succession des cabinets et des législatures, dix pendant le septennat
de Sadi Carnot, en témoigne.

31 mars 1889 : Sadi Carnot inaugure la tour Eiffel, symbole de la


modernité française

L’Exposition universelle de Paris est inaugurée, en même temps


qu’est célébré le centenaire de la Révolution française. Héraut de
l’industrie et du secteur ferroviaire, Sadi Carnot salue les progrès des
sciences, en tout premier lieu de l’industrie. Représentant de la
gauche libérale, ayant foi dans le progrès, le président de la
République veut offrir aux yeux du monde une France vigoureuse,
dynamique et pionnière. La tour Eiffel est inaugurée par le président
de la République lui-même, qui grimpe les 1710 marches.
L’Exposition universelle permet aussi de valoriser la
e
III République, menacée par la crise boulangiste et par les
adversaires monarchistes. Le progrès matériel, dont Sadi Carnot
vante les mérites, est ainsi associé au progrès politique. L’Exposition
célèbre aussi la politique coloniale de la France, et sa mission
civilisatrice. 3 000 exposants coloniaux sont présents à Paris,
célébrant à la fois l’exotisme des colonies et le rôle modernisateur de
la métropole.
Sur le plan extérieur, souhaitant approfondir les relations entre la
France et la Russie, Sadi Carnot œuvre pour l’alliance franco-russe,
avec Alexandre III, empereur de Russie. Une convention militaire
secrète est signée entre les deux pays, le 4 janvier 1894, malgré des
orientations politiques opposées, entre un régime libéral français et le
gouvernement autocratique du tsar. Les deux pays se promettent une
assistance mutuelle, par la mobilisation de plusieurs centaines de
milliers de soldats en cas d’attaque allemande.

24 juin 1894 : la fin tragique de Sadi Carnot

Le 24 juin 1894, peu après un banquet public lors d’une


exposition à Lyon, au parc de la Tête-d’Or, et un défilé en voiture
présidentielle dans la ville, Sante Jeronimo Caserio, boulanger italien
de conviction anarchiste, poignarde le président de la République et
le blesse à mort, au motif qu’il incarne la société bourgeoise. Le
retentissement de l’assassinat est immense : les funérailles nationales
du président réunissent une foule de plusieurs centaines de milliers
de personnes dans Paris. Sadi Carnot est enterré au Panthéon, au côté
de son illustre grand-père, tandis que son assassin Caserio est jugé en
cour d’assises et condamné à la peine capitale.
6.
Jean Casimir-Perier (1894-1895)

8 novembre 1847 : naissance de Jean Casimir-Perier

Le 8 novembre 1847, Jean Casimir-Perier naît à Paris, héritier


d’une longue dynastie d’hommes politiques. Il est le petit-fils d’un
président du Conseil de Louis-Philippe et le fils d’un ministre
d’Adolphe Thiers. Particulièrement aisé en tant qu’actionnaire de la
Compagnie des mines d’Anzin et doté d’un patrimoine familial
conséquent, il est un représentant de la haute bourgeoisie. Après une
licence en droit et une licence ès lettres, il entame une carrière
politique nationale en étant élu député de l’Aube, le 20 février 1876.

À rebours des engagements familiaux, il siège à gauche et


participe, le 16 mai 1877, à la fronde des 363 députés contre le
président Mac-Mahon. Dans les années 1880, il gravit un à un les
postes à responsabilités : sous-secrétaire d’État à la Guerre, vice-
président de la Chambre, président de la commission des Finances, et
enfin, président de la Chambre des députés.

3 décembre 1893- 22 mai 1894 : Casimir-Perier est président du


Conseil
En décembre 1893, il est élu président du Conseil, par le
président Sadi Carnot. En pleine vague d’attentats anarchistes, il met
en œuvre les lois dites « scélérates », et s’oriente vers une politique de
centre-droit. Les lois restreignent le droit d’expression, en revenant
sur la loi de la presse de 1881, en encourageant la dénonciation des
associations de malfaiteurs, et enfin, en interdisant nommément
toute activité anarchiste. Le 22 mai 1894, fragilisé à droite par des
enjeux religieux et sur sa gauche par la question sociale, Jean
Casimir-Perier propose sa démission de la présidence du Conseil.

27 juin 1894 : Casimir-Perier est élu président de la République


par le Sénat et la Chambre des députés, à la suite de l’assassinat
de Sadi Carnot

En 1894, le président de la République Sadi Carnot meurt


poignardé par un anarchiste. Le Sénat et la Chambre des députés
élisent Casimir-Perier président de la République, face à son seul
rival, le radical Henri Brisson. Lors de son élection, le 27 juin 1894, la
presse relate la vive émotion du nouveau président de la République
en raison du contexte tragique ainsi que son ascension fulgurante à la
tête du pays. Le nouveau président entend être plus présent dans les
affaires de l’État, mais le président du Conseil, Charles Dupuy, tient à
conserver son influence. Les socialistes et assimilés le critiquent
vertement pour son mandat répressif lorsqu’il était ministre de
l’Intérieur, et pour sa fortune personnelle, alors que plus à droite, il
est considéré comme un modéré, issu originellement du centre-
gauche.

À partir de septembre 1894, Casimir-Perier est violemment pris à


partie dans la presse politique, qui moque sa filiation autant que sa
fortune. Gérault-Richard, dans le journal socialiste Le Chambard, fait
du nouveau président, un « faux patriote », un « faux républicain », et
pour finir, un « faux philanthrope ». L’affaire prend une tournure
judiciaire, lorsque la famille Casimir-Perier intente un procès au
pamphlétaire pour outrage. Malgré une défense tenace de Jean
Jaurès plaidant « l’impopularité présidentielle », Gérault-Richard est
condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende. L’algarade met
en exergue les difficultés du nouveau président, tant dans sa fonction,
où il s’estime impuissant, que dans son image, injustement moquée.

16 janvier 1895 : Jean Casimir-Perier démissionne et se retire de


la vie politique

Moins d’un an après son élection, Jean Casimir-Perier quitte de


lui-même la fonction présidentielle et se retire de la vie politique.
Dans sa lettre de démission, il affirme que la présidence est
« dépourvue de moyens d’action et de contrôle », et qu’il est victime
d’une « campagne de diffamation et d’injures ». Rendu à la vie civile,
il se consacre à ses affaires économiques, notamment l’extraction
minière.

11 mars 1907 : mort de Jean Casimir-Perier

Avec constance, il refuse tout retour en politique : en 1899, il


refuse la proposition du président Émile Loubet de former un
gouvernement, et dans ses dernières volontés, il refuse les obsèques
nationales dont il aurait pu avoir l’honneur. Le 11 mars 1907, il
meurt à Paris d’une angine.
7.
Félix Faure (1895-1899)

30 janvier 1841 : naissance de Félix Faure

Le 30 janvier 1841, Félix Faure naît à Paris, d’une famille de


menuisiers et d’ébénistes. Issu d’un milieu modeste, il devient
tanneur, puis entrepreneur dans le négoce du cuir, au Havre. En
1865, il crée sa première société de négoce. Devenu un notable
influent, il se lance pleinement dans l’importation et l’exportation en
devenant armateur.

Comme d’autres présidents, sa carrière politique commence à


l’échelle locale, dans un contexte trouble. Il se présente aux élections
municipales en pleine guerre franco-allemande, et est élu avec son
e
étiquette de républicain modéré. Lorsque la III République est
proclamée, le gouvernement provisoire s’assure le soutien d’hommes
fidèles, à l’image de Félix Faure, chargé de la défense de la ville
du Havre, menacée par les Prussiens.

21 août 1881- 30 mai 1894 : des rangs de la gauche


parlementaire au ministère de la Marine
Le 21 août 1881, il est élu député républicain modéré au Havre ;
il siège à gauche et soutient la politique des républicains
opportunistes. Il est réélu sans discontinuer en 1885, 1889 et 1893,
dans son département de la Seine-Inférieure, et met à profit son
expérience parlementaire pour se spécialiser sur les questions
marchandes, commerciales et maritimes. Il devient sous-secrétaire
d’État dans différents cabinets et ministères, tels le Commerce et les
Colonies, mais aussi la Marine.
En 1890, ses collègues républicains lui confient le poste clef de la
présidence de la commission du Budget. De ce fait, il analyse
différents rapports, venant de l’ensemble des ministères et donne ses
arbitrages. Le 30 mai 1894, sa carrière devient ministérielle, avec
l’obtention du ministère de la Marine.

17 janvier 1895 : Félix Faure est élu président de la République à


la suite de la démission de Jean Casimir-Périer

17 janvier 1895 : Le président Jean Casimir-Périer démissionne


soudainement le 15 janvier, et les deux chambres se réunissent à
Versailles pour procéder à l’élection de son remplaçant. Trois
candidats s’affrontent. Le radical Henri Brisson, candidat de la
gauche, malgré un fort soutien de sa base électorale, ne peut
l’emporter, et doit laisser s’affronter deux républicains modérés, Félix
Faure et Waldeck-Rousseau. Félix Faure bénéficie de l’appui de la
droite parlementaire et des républicains modérés, et l’emporte face à
Brisson. Il est élu président de la République, mais le déroulé de cette
élection, comme sa carrière politique, l’incite à un grand sens de la
modération, en repoussant au loin les extrêmes.
Son mandat de président se distingue par un activisme
diplomatique remarquable. Il renforce l’alliance avec la Russie, en
recevant le tsar Nicolas II à Paris, en octobre 1896, et en retour, se
rend à la base navale de Kronstadt et à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Sur le plan intérieur, il tente de compenser l’effacement institutionnel
du président par un éclat et un lustre qu’il estime nécessaires, à
commencer par le palais de l’Élysée, qu’il fait moderniser. Une partie
de la presse le moque pour son goût du faste et des honneurs, et
n’hésite pas à le surnommer le « président-Soleil ».
Le 18 septembre 1898, une troupe d’expédition française, la
« mission Congo-Nil », et l’armée anglo-égyptienne, menée par lord
Kitchener, se rencontrent près du Nil Blanc, près de Fachoda et se
disputent le contrôle du Soudan. La diplomatie française est
soucieuse de rallier Dakar à Djibouti, de l’océan Atlantique à la mer
Rouge, alors que les Anglais cherchent à créer un axe Nord-Sud,
du Caire au Cap. Félix Faure, en accord avec son ministre Théophile
Delcassé, souhaite ménager le potentiel allié anglais, et demande à
Jean-Baptiste Marchand, responsable de l’expédition française, de se
retirer. L’incident de Fachoda est clos.

1898 : Félix Faure est le principal destinataire du « J’accuse ! »


d’Émile Zola

En 1898, il est le principal destinataire du « J’accuse ! » d’Émile


Zola. Incarnant la fidélité à l’armée, et ignorant les doutes autour de
la culpabilité de Dreyfus, Félix Faure s’oppose à toute révision du
procès. En tant que président, il tient à rester au-dessus des passions
nationales et ne saisit pas la fracture au sein du pays. Fidèle à son
esprit de modération, ce n’est que tardivement qu’il évolue vers une
révision du procès, et une saisie de la Cour de cassation.

16 février 1899 : mort de Félix Faure, un décès très médiatique


Il meurt à Paris, dans les appartements de l’Élysée, dans les bras
de Marguerite Steinheil, femme mondaine, fille de l’industriel
Édouard Japy et épouse du peintre Adolphe Steinheil. Si les rumeurs
sont nombreuses concernant sa mort, tout comme les gauloiseries qui
y sont associées, il est indiqué officiellement qu’il meurt d’une
hémorragie cérébrale dans la soirée. La postérité n’a longtemps
retenu de son mandat que les aspects les plus superficiels, à
commencer par son souci de paraître, voire les plus spectaculaires, à
l’image de son décès ; oubliant d’autres singularités, à l’instar de son
souci de l’indépendance parlementaire ou ses réalisations
diplomatiques.
Le 23 février 1899, ses funérailles sont des plus agitées. Alors que
le défilé militaire en hommage au président défunt a lieu, Paul
Déroulède et ses partisans de la Ligue des patriotes tentent un coup
d’État, sur fond de nationalisme et d’antidreyfusisme, en appelant le
général Roget, responsable de l’escorte militaire funéraire, à prendre
le pouvoir en marchant sur l’Élysée. Le coup d’État échoue, et Paul
Déroulède est arrêté et condamné à dix ans de bannissement pour
complot contre la sûreté de l’État.
8.
Émile Loubet (1899-1906)

30 décembre 1838 : naissance d’Émile Loubet

Le 30 décembre 1838, Émile Loubet naît dans une famille de


cultivateurs et de notables locaux de la Drôme. Son père est maire de
la commune de Marsanne. Issu de la bourgeoisie provinciale, Émile
Loubet fait son droit à Paris, et obtient le 17 mai 1863 son doctorat. Il
s’inscrit ensuite au barreau de Montélimar, afin d’exercer la
profession d’avocat.

Décembre 1868- janvier 1885 : une ascension locale

Dès décembre 1868, à l’âge de 30 ans, il entre au conseil


municipal de Grignan, pour y exprimer ses convictions républicaines.
Son ascension locale est rapide, il devient conseiller général de
Grignan puis maire de Montélimar. Le 20 février 1876, il poursuit son
parcours politique en devenant député de la Drôme. Il siège au
centre-gauche à la Chambre des députés, fidèle à ses idéaux
républicains. Le 25 janvier 1885, il est élu sénateur de la Drôme et
accède progressivement aux responsabilités les plus importantes, en
étant successivement secrétaire, rapporteur du budget et de la
commission des Finances.

1888-1896 : Émile Loubet passe de président du Conseil à


président du Sénat

Après une courte expérience de ministre des Travaux publics en


1888, il est nommé président du Conseil et ministre de l’Intérieur par
le président Sadi Carnot, le 27 février 1892. Son ministère s’annonce
périlleux, face aux attentats anarchistes, mais aussi aux grèves dans
les bassins miniers. Dans les faits, Émile Loubet n’échappe pas au
scandale de Panama, vaste affaire politico-financière, qui rejaillit
aussitôt sur lui. Il est accusé, en tant que ministre de l’Intérieur,
d’avoir freiné le bon déroulé de l’enquête, notamment en ne
communiquant pas le dossier d’instruction contre les dirigeants de la
compagnie. Il est remplacé le 10 janvier 1893, et reprend son siège
au Sénat. Bien implanté dans l’institution, il en devient le président le
16 janvier 1896.

18 février 1899 : Émile Loubet est élu président de la République,


à la suite de la mort de Félix Faure

La mort subite de Félix Faure cause une nouvelle élection


présidentielle, anticipée, sur fond d’affaire Dreyfus. Deux candidats
s’opposent : Émile Loubet, président du Sénat et Jules Méline. Ce
dernier, républicain modéré, est farouchement antidreyfusard alors
que le premier est beaucoup plus neutre, se contentant d’être « avec
la majorité de la nation pour la vérité ». Bénéficiant du soutien des
dreyfusards et des radicaux, Émile Loubet l’emporte largement au
premier tour, avec près de 60 % des voix. Dans un contexte de fortes
violences nationalistes, l’intégrité du nouveau président est menacée.
En réaction, Émile Loubet nomme un cabinet de « défense
républicaine », à même de répondre au danger nationaliste.

19 septembre 1899 : Émile Loubet gracie le capitaine Dreyfus

Le 19 septembre 1899, il gracie le capitaine Dreyfus, qui avait été


condamné dix jours auparavant une nouvelle fois par le tribunal
militaire, à Rennes. En lui accordant la grâce présidentielle, Émile
Loubet revient sur le jugement de la cour martiale, et consacre la
victoire des républicains dreyfusards.
Élu sur fond de crise politique, lui-même impliqué dans le
scandale de Panama, Émile Loubet a le souci de l’apaisement
national. Par sa fine connaissance du système politique, notamment
de ses pouvoirs constitutionnels limités, il se tient à un rôle de
représentation officielle, qui lui a valu, à tort, et pendant longtemps,
l’image de l’« inaugurateur de chrysanthèmes ». Ainsi, lorsque le
gouvernement d’Émile Combes affiche un anticléricalisme militant, le
président Loubet, réprobateur, s’implique dans les discussions, mais
pour autant, ne s’oppose pas aux décisions prises. Il ne soutient pas la
loi de séparation des Églises et de l’État, votée en 1905, sous le
gouvernement d’Émile Combes, mais ne s’oppose cependant pas au
vote. Par ailleurs, en politique étrangère, il conseille de près le
gouvernement et se montre soucieux de poursuivre l’action entreprise
par ses prédécesseurs, à l’image de l’alliance franco-russe qui se
poursuit avec la réception de Nicolas II, en septembre 1901.
Lors de l’Exposition universelle de 1900, et pour fêter le
re
centenaire de la I République, il convie l’ensemble des maires de
France à un immense banquet. Ce rite de commensalité républicain,
dans le jardin des Tuileries, célèbre la République des territoires
ruraux et urbains, et montre l’enracinement d’une forme de culture
politique républicaine.

20 décembre 1929 : mort d’Émile Loubet

1906 : Échappant de peu à un attentat à la bombe à Paris, en


1905, il est le premier président à achever son mandat depuis Jules
Grévy. Il se retire de la vie politique, et s’établit à La-Bégude-de-
Mazenc, dans la Drôme. Le 20 décembre 1929, il meurt à l’âge de
90 ans, en ayant refusé des obsèques nationales.
9.
Armand Fallières (1906-1913)

6 novembre 1841 : naissance d’Armand Fallières

Le 6 novembre 1841, Armand Fallières naît à Mézin, dans le Lot-


et-Garonne, dans une famille d’artisans. Comme nombre de ses
prédécesseurs, il fait ses études de droit à Toulouse et à Paris, puis
revient au barreau de Nérac.
La proclamation de la République, le 4 septembre 1870, l’amène à
devenir conseiller municipal et maire de Nérac. En l’espace de
quelques années, il devient un personnage politique central dans la
région gasconne. En 1876, il se présente à la députation de Nérac, et
est élu sous l’étiquette républicaine. Un an plus tard, il fait partie des
363 députés qui s’opposent au duc de Broglie lors de la crise du 16
mai 1877.

18 janvier 1906 : Armand Fallières est élu président de la


République

En l’espace d’une dizaine d’années, il devient une figure de la


gauche républicaine, en occupant successivement les postes de
ministre de l’Intérieur, des Cultes, de l’Instruction publique, et de la
Justice, lui permettant, le 3 mars 1899, de devenir président du
Sénat.
En lice pour l’élection présidentielle, il affronte Paul Doumer,
président de la Chambre. C’est la première fois que les deux
candidats sont les présidents respectifs des deux chambres. Georges
Clemenceau et la plupart des radicaux se rallient à la candidature
d’Armand Fallières, par méfiance vis-à-vis de Paul Doumer. Armand
Fallières est élu président de la République à la suite d’Émile Loubet,
au premier tour de scrutin.
La popularité naissante d’Armand Fallières chute à la suite d’une
grâce présidentielle. En 1907, Albert Soleilland, violeur et assassin
d’une fillette de 11 ans, est condamné à mort par la cour d’assises de
la Seine. Armand Fallières, abolitionniste, le gracie, en commuant la
peine capitale, initialement prononcée, en travaux forcés. La décision
présidentielle est critiquée par la presse, Le Petit Parisien en tête, mais
aussi par l’opinion publique, horrifiée par les faits, et enfin une partie
des députés, qui estiment que le président devrait s’en tenir au
principe d’irresponsabilité, c’est-à-dire un effacement politique au
profit du gouvernement. L’affaire judiciaire, et les polémiques qui y
sont attachées, repoussent les débats sur l’abolition de la peine de
mort, et Armand Fallières prend la décision de ne plus gracier les
condamnés à partir de 1909.

31 août 1907 : Armand Fallières signe la Triple-entente entre la


France, la Grande-Bretagne et la Russie

La pratique présidentielle d’Armand Fallières s’inscrit dans la


continuité de ses prédécesseurs. En premier lieu, le 31 août 1907, la
Triple-Entente entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie est
signée : les trois pays se promettant une assistance mutuelle en cas de
conflit. L’œuvre des présidents successifs est parachevée, puisque la
France sort de son isolement diplomatique. En second lieu, Armand
Fallières poursuit la politique symbolique républicaine, initiée par
Jules Grévy. En 1908, il rend un hommage appuyé à la dépouille
d’Émile Zola, entré au Panthéon.
S’il s’investit dans les négociations internationales, face à
l’Allemagne lors de la crise d’Agadir en 1911, ou dans des décisions
nationales, comme lors des débats sur le secret du vote en 1912, qui
entraînera l’instauration de l’isoloir en 1913, il est régulièrement
moqué par la presse pour sa prétendue inaction, et une fonction
présidentielle dépourvue de prérogatives.

17 février 1913 : Armand Fallières se retire de la vie politique

Parvenu à la fin de son mandat, il se retire définitivement de la


vie politique, et affirme « descendre sans bruit, modestement, du
pouvoir ». Le « père Fallières » se consacre à ses vignes, dans son
domaine du Loupillon, et décède le 22 juin 1931.

22 juin 1931 : mort d’Armand Fallières


10.
Raymond Poincaré (1913-1920)

20 août 1860 : naissance de Raymond Poincaré

Le 20 août 1860, fils d’un ingénieur des Ponts et Chaussées


nancéien, Raymond Poincaré naît à Bar-le-Duc, préfecture de la
Meuse. À l’âge de 10 ans, il assiste à l’invasion du territoire par les
armées prussiennes : la maison familiale loge des officiers prussiens
pendant trois ans, ce qui le marque profondément. Après une licence
en droit et une licence ès lettres, il prête le serment d’avocat à l’âge
de 20 ans au barreau de Paris. Docteur en droit, il incarne, à son tour,
la « République des avocats ».
En 1886, il est élu conseiller général dans la Meuse. Proche de
Jules Develle, ministre de l’Agriculture, il devient son chef de cabinet.
Un an plus tard, il est élu député de Commercy, sous l’étiquette des
républicains libéraux, à l’âge de 27 ans. Son attachement territorial et
la fidélité des voix lorraines lui valent d’être élu député de la Meuse
durant cinq législatures consécutives, jusqu’à son élection au Sénat en
1903.

Avril 1893 : le début d’une carrière ministérielle et littéraire


Il devient ministre de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des
Cultes, à seulement 32 ans. Puis il se spécialise progressivement dans
les questions financières, notamment en étant nommé rapporteur de
la commission des Finances au moment du scandale de Panama.
Devenu ministre des Finances, il occupe un poste clef,
particulièrement exposé, et participe activement à l’exercice du
pouvoir. Bien qu’engagé en politique, Raymond Poincaré continue à
plaider. Brillant civiliste, l’avocat d’affaires défend, entre autres, la
validité du testament d’Edmond de Goncourt, et permet, à terme, la
fondation de l’Académie du même nom.
En 1903, élu sénateur de la Meuse, il poursuit un parcours
politique original. Il se tient en retrait des sujets les plus conflictuels,
comme celui de l’affaire Dreyfus ou celui des questions religieuses
pendant le ministère Combes. Son image consensuelle vient de son
attachement républicain aux institutions et à la laïcité, qui plaît à
gauche, alors que son patriotisme de Lorrain et sa rigueur
économique conviennent davantage à droite.

5 mars 1909 : Raymond Poincaré est élu à l’Académe française

Comme son cousin Henri Poincaré, mathématicien, Raymond


Poincaré est élu à l’Académie française, en 1909, face au numismate,
collectionneur et érudit Léon-Gustave Schlumberger. Plutôt qu’une
solide liste bibliographique, l’impétrant peut se targuer d’avoir plaidé
avec brio de grandes causes, à la tribune comme à la barre. Il est
accueilli par l’historien Ernest Lavisse, qui voit en lui un véritable
« homme d’État », doué d’une grande éloquence.

17 février 1913 : Raymond Poincaré est élu président de la


République
En 1912, son retour sur le devant de la scène politique est
marquant : il est président du Conseil et ministre des Affaires
étrangères. Devant les dangers internationaux, notamment les
tensions grandissantes avec l’Allemagne, il met en place un
gouvernement d’union nationale.
Armand Fallières quittant son poste, Raymond Poincaré se
présente à l’élection présidentielle, et doit affronter un autre
républicain, Jules Pams. Paradoxalement soutenu par la droite, et une
partie des républicains, Raymond Poincaré l’emporte face au candidat
des radicaux, soutenu par Georges Clemenceau. Élu à la magistrature
suprême, une de ses premières décisions est de porter la durée du
service militaire à trois ans, de façon à préparer un éventuel conflit
avec l’Allemagne. Fin stratège politique, afin de gagner les voix de
gauche nécessaires au Parlement, il nomme le socialiste René Viviani,
et cède du terrain, en compensation, au sujet de l’impôt progressif sur
le revenu.

4 août 1914 : Raymond Poincaré devient le président de l’union


sacrée, dans une France en guerre

Le 4 août 1914, si Raymond Poincaré affirme que « la mobilisation


n’est pas la guerre », l’imminence du conflit est certaine. Dans les
faits, il est contraint de laisser la direction des opérations militaires
aux généraux et maréchaux, alors que politiquement, les présidents
du Conseil ont la main. Bien que limité constitutionnellement dans
son action, il lance la formule de l’« union sacrée » : la France « sera
héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant
l’ennemi ». Au cours de la guerre, il soutient les combattants, et
l’ensemble du pays, en se rendant à Verdun par exemple en 1916, et
en remettant la croix de la Légion d’honneur à la ville martyre. Il
applique à la lettre le mot d’ordre de l’union nationale, en nommant
en 1917 son principal adversaire politique, Georges Clemenceau, au
poste de président du Conseil. L’armistice signé, il tente de préserver
au mieux les intérêts français lors des négociations de paix,
notamment en recevant le président des États-Unis, Woodrow Wilson,
en janvier 1919.
En 1920, il quitte l’Élysée fort d’une grande popularité. Quatre
jours plus tard, les représentants des deux chambres lui rendent un
hommage appuyé, en affirmant qu’il a mérité de la patrie, au regard
de son volontarisme politique lors de la Grande Guerre.

15 janvier 1922 : Raymond Poincaré revient sur le devant de la


scène politique

L’originalité du parcours vient de son retour « providentiel » au


premier plan de la vie politique, qui contraste avec les retraits abrupts
des précédents présidents. En effet, le pays traverse une grave crise
économique et Raymond Poincaré apparaît comme un recours de
choix, seul à même de redresser le pays. Sous la nouvelle présidence
d’Alexandre Millerand, il est une fois de plus président du Conseil et
ministre des Affaires étrangères. De façon à ce que l’Allemagne paie
ses réparations de guerre, en application du traité de Versailles, il
ordonne l’occupation de la Ruhr par les troupes françaises.
En 1926, de nouveau face à une crise économique, il est nommé
président du Conseil et ministre des Finances. Il engage une politique
de redressement financier, en quatre axes. Il stimule les exportations,
réduit la dette de l’État, fait voter 11 milliards d’impôts nouveaux et
fixe une nouvelle valeur légale du franc, réduite au cinquième de sa
valeur de 1914. Malade et diminué physiquement, il se résout à
démissionner le 27 juillet 1929.
15 octobre 1934 : mort de Raymond Poincaré

Le 15 octobre 1934, Raymond Poincaré s’éteint à Paris ; ses


funérailles nationales, entre le Panthéon et Notre-Dame de Paris,
voient la réaffirmation de la reconnaissance nationale. La postérité
retient son engagement militariste, suggéré par le surnom « Poincaré
la guerre », mais aussi ses qualités de rigueur et de probité, lorsqu’il a
dû composer avec les multiples crises économiques.
11.
Paul Deschanel (1920)

13 février 1855 : naissance de Paul Deschanel

Le 13 février 1855, Paul Deschanel naît à Schaerbeek en Belgique,


fils d’Émile Deschanel, opposant à Napoléon III, député puis sénateur
de 1885 à 1904. Paul Deschanel, après de brillantes études, obtient
une licence ès lettres et une licence de droit. Dans un premier temps,
il met son talent d’écriture au service de titres de la presse nationale,
comme le Journal des débats politiques et littéraires, la Revue bleue, ou
Le Temps.
Introduit dans les réseaux républicains par son père député, Paul
Deschanel devient le secrétaire particulier d’Émile de Marcère,
ministre de l’Intérieur, puis de Jules Simon, président du Conseil. À
seulement 26 ans, en 1881, il commence une carrière administrative
en étant nommé sous-préfet de Dreux, de Brest, puis de Meaux.
Particulièrement présent dans les cercles mondains, il se marie à
Germaine Brice, fille d’un député d’Ille-et-Vilaine, et a pour témoin le
président de la République Émile Loubet.

1881 : Paul Deschanel débute sa carrière politique, à seulement


26 ans
Imitant son père, il se présente aux élections législatives à Dreux,
sous l’étiquette des républicains modérés, mais échoue face à un
candidat radical. Il parvient à ses fins en 1885, sur une liste
républicaine modérée, et s’implante durablement dans le
département de l’Eure-et-Loir, au point d’être élu sept fois
consécutivement. Au cours des différentes législatures, il défend une
voie médiane entre l’individualisme économique et la doctrine
collectiviste. Il accuse notamment les radicaux de déstabiliser les
gouvernements successifs et de causer une instabilité devenue
structurelle. Ardent patriote, libéral modéré, il s’en prend notamment
à Georges Clemenceau, au point de le provoquer en duel.
Le 9 juin 1898, ce républicain centriste, ou « progressiste » est élu
président de la Chambre des députés, grâce aux voix de droite.
Un an plus tard, il est élu à l’Académie française, qui le choisit
autant pour son œuvre littéraire plurielle – de la critique littéraire
aux sujets internationaux – que pour son éloquence reconnue.
Les années 1900 sont celles d’un relatif retrait de Paul Deschanel,
qui se consacre principalement aux questions internationales. En
1912, de nouveau président de la Chambre des députés, il est
pressenti pour succéder à Armand Fallières, mais ne souhaite pas
concurrencer un de ses proches, Raymond Poincaré.
Durant la Première Guerre mondiale, il est un des premiers
soutiens de l’union sacrée. Il défend le contrôle des parlementaires
sur les opérations militaires de l’état-major, mais modère leurs
ardeurs, notamment face aux échecs de 1917.

Au sortir de la guerre, de nouveau président de la Chambre des


députés, il est pressenti pour succéder à Raymond Poincaré. Opposé à
Georges Clemenceau, qui ne se présente pas au second tour, Paul
Deschanel est élu avec 734 voix sur 868 : aucun de ses prédécesseurs
n’avait réuni autant de suffrages.
Il souhaite un rôle présidentiel plus affirmé, notamment en
s’investissant sur les questions internationales, et sur les trois
fondements progressistes, la propriété, la famille, et les prélèvements
fiscaux, mais se heurte à la réalité des débats parlementaires et à un
président du Conseil toujours aussi influent. Symboliquement, il
inscrit son mandat dans la continuité de la Première Guerre
mondiale, en rendant hommage aux morts de la guerre, en œuvrant
pour les blessés de guerre, et en célébrant le retour de l’Alsace et de
la Moselle.

23 mai 1920 : Paul Deschanel tombe d’un train en marche

C’est en se rendant à Montbrison, le 23 mai 1920, pour un


hommage au docteur Émile Raymond, sénateur, aviateur, mort au
champ d’honneur en 1914, que Paul Deschanel connaît un grave
accident. Alors que le train présidentiel fait route vers sa destination,
Paul Deschanel tombe sur la voie aux environs de Montargis, vers
22 heures. L’annonce officielle faite par l’Élysée mentionne un
malaise, suivi d’un accident, en soulignant que le président n’a pas de
séquelles. De multiples raisons sont invoquées, des plus fondées, avec
la prise d’un calmant hypnotique, ou une crise de somnambulisme,
aux moins établies, comme une tentative de suicide.

16 septembre 1920 : Paul Deschanel démissionne

Ses adversaires politiques, la presse satirique et les chansonniers


tournent en dérision la chute du train du plus haut magistrat de
France. Le corps médical enjoint Paul Deschanel à partir se ménager à
la campagne. Le 16 septembre, il prend la décision de démissionner
en adressant un message aux chambres : il est le premier président à
quitter ses fonctions pour raisons de santé.
Pris en charge dans un sanatorium à Rueil, il se remet
progressivement, aux côtés de Georges Feydeau, son voisin de
pension. Paul Deschanel se rétablit au point de siéger de nouveau à
l’Académie française et de se présenter avec succès aux élections
sénatoriales du 9 janvier 1921. Atteint d’une pleurésie, il subit une
opération chirurgicale, mais il ne se réveille pas du coma dans lequel
il est plongé et décède le 28 avril 1922. L’accident dont il est la
victime occulte son rôle politique central pendant près de trois
décennies, au côté de Raymond Poincaré, mais aussi la lucidité
désabusée dont il fait preuve concernant la fonction présidentielle.

28 avril 1922 : mort de Paul Deschanel


12.
Alexandre Millerand (1920-1924)

10 février 1859 : naissance d’Alexandre Millerand

Le 10 février 1859, Alexandre Millerand naît à Paris, d’un père


marchand de draps. Fidèle représentant de la « République des
avocats », il est licencié en droit et inscrit au barreau de Paris. Avocat
d’affaires, il entame en parallèle une carrière de journaliste, en
collaborant à La Justice de Georges Clemenceau.

22 juin 1899 : Alexandre Millerand est élu ministre du Commerce

Il est élu député de la Seine, sous l’étiquette des radicaux, et au


sein de l’Hémicycle, critique les républicains modérés au pouvoir,
notamment Jules Ferry. De 1899 à 1902, en tant que ministre du
Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes, il fait voter
plusieurs lois d’inspiration socialiste, concernant le temps de travail
journalier, qu’il diminue de 12 à 10 heures, des retraites anticipées, et
une restriction des emplois immigrés afin de protéger les emplois
nationaux. Socialiste pragmatique, à l’opposé d’un Jaurès plus
théorique, Millerand se veut volontiers réformiste, et davantage
focalisé sur des intérêts locaux ou professionnels.
1904 : Alexandre Millerand est exclu du Parti socialiste

En 1904, originellement porté vers le socialisme réformiste, il est


exclu du Parti socialiste, pour avoir œuvré au sein du gouvernement
« bourgeois » de Waldeck-Rousseau, au côté du général Gallifet,
surnommé « l’assassin de la Commune ». Redevenu parlementaire,
toujours membre de la Fédération des gauches, son évolution
politique l’amène plus à droite. Dans les faits, il se rapproche des
positions patronales, souhaite limiter l’intervention de l’État, et se
montre moins ouvert au droit de grève.

1912-1915 : Alexandre Millerand est ministre de la Guerre

En 1912, il est nommé ministre de la Guerre, et est renommé à ce


poste en 1914, à l’heure stratégique de la mobilisation industrielle.
En pleine union sacrée, il défend les décisions de l’état-major,
notamment du général Joffre, contre les commissions parlementaires,
et supprime l’appel de jugement au sein des tribunaux militaires. Il
quitte le poste de ministre de la Guerre en 1915, avec la chute du
gouvernement Viviani.
La guerre terminée, il est chargé par le gouvernement de la
difficile réorganisation des trois départements de la Moselle, du Haut-
Rhin et du Bas-Rhin, en tant que commissaire général de la
République. Sur le plan social, il conserve les coutumes locales, sous
le régime concordataire, mais ordonne l’expulsion de plusieurs
dizaines de milliers d’Allemands immigrés.

23 septembre 1920 : Alexandre Millerand est élu président de la


République, à la suite de la démission de Paul Deschanel
Originellement issu de la gauche, il est devenu un des
responsables incontournables de la coalition de droite, le Bloc
national, au point de figurer sur la même liste que Maurice Barrès. De
janvier à septembre 1920, nommé président du Conseil et ministre
des Affaires étrangères, il fait durement réprimer la grève des
cheminots au mois de mai, en attaquant en justice des dirigeants
syndicaux.
Élu président de la République à la suite de la démission de Paul
Deschanel, il tire les enseignements du mandat précédent. Il n’entend
pas se contenter d’un rôle honorifique, et a une lecture présidentielle
des lois constitutionnelles de 1875, en proposant une élection par un
collège électoral étendu et un pouvoir accru.

14 octobre 1923 : Alexandre Millerand se trouve dans une


impasse institutionnelle

Dans un discours, devenu célèbre, prononcé à Évreux, le


14 octobre 1923, il souhaite réduire le rôle institutionnel du
Parlement, en proposant que le président puisse dissoudre la
Chambre des députés. Il tient à renforcer l’exécutif, dans l’espoir de
mettre fin à l’instabilité ministérielle. De la sorte, il rompt avec
l’impartialité que lui impose sa fonction, et contrarie les
parlementaires, notamment de gauche.
Sur le plan international, opposé à une politique de détente avec
l’Allemagne, il se heurte à Aristide Briand, président du Conseil, qui
démissionne. Alexandre Millerand est partisan d’une réponse ferme
face à l’Allemagne, en militant pour l’occupation de Francfort en
1920, puis de la Ruhr en 1923.
11 juin 1924 : Alexandre Millerand démissionne après qu’une
motion de défiance a été votée contre lui

Définitivement ancré à droite, il est une des figures centrales du


Bloc national, réunissant les groupes modérés et conservateurs. Mais
les élections de juin 1924 voient la victoire du Cartel des gauches. La
nouvelle majorité, réunissant radicaux et socialistes, et portée par
Édouard Herriot et Léon Blum, vote une motion de défiance contre le
président de la République, accusé de vouloir renforcer son pouvoir
individuel. Comme en 1879, ou en 1894, il s’agit pour Alexandre
Millerand de « se soumettre ou de se démettre ». Le 11 juin, faisant le
constat de l’impasse institutionnelle, il démissionne, tout comme
Mac-Mahon ou Casimir-Périer auparavant. Il retourne siéger au
Sénat, en étant élu de la circonscription de Paris, puis de l’Orne, et
n’intervient plus qu’épisodiquement pour alerter sur le danger
allemand.

7 avril 1943 : mort d’Alexandre Millerand

Le 7 avril 1943, il s’éteint à Versailles, laissant l’image d’un


homme politique transgressif, passé de la gauche à la droite, des
préoccupations sociales au dogme économique. En définitive, son
parcours personnel illustre bien les débats liés à la fonction
présidentielle : jeune député, il se heurte à Casimir-Périer, qu’il
accuse d’accroître son pouvoir personnel ; quelques décennies plus
tard, président au périmètre d’action limité, il tend à l’imiter en
disputant aux parlementaires l’exercice du pouvoir exécutif.
13.
Gaston Doumergue (1924-1931)

1er août 1863 : naissance de Gaston Doumergue

Le 1er août 1863, Gaston Doumergue naît à Aigues-Vives, dans


une famille de vignerons du Gard. Élevé dans la foi protestante et les
idées républicaines, il se destine aux études de droit. Après
l’obtention d’une licence et d’un doctorat de droit à Paris, il s’inscrit
au barreau de Nîmes en 1885.

17 décembre 1893 : Gaston Doumergue devient député du Gard


avant d’occuper quasiment tous les ministères

Substitut du procureur de la République à Hanoï en Indochine, il


est ensuite nommé juge de paix à Alger en 1893. La mort de son
père, suivie de celle de son protecteur Émile Jamais, député radical
du Gard, amène le jeune Gaston Doumergue à se présenter à la
députation. Il est élu avec brio, sous l’étiquette radicale-socialiste, à
Nîmes, le 17 décembre 1893. Par la suite, Gaston Doumergue a la
particularité d’avoir occupé en une quinzaine d’années l’ensemble des
ministères, à l’exception de celui de l’Intérieur.
Débutant au sein de commissions, comme celle du Budget ou celle
d’enquête sur l’affaire de Panama, il prend la parole à l’Hémicycle
pour s’opposer à l’expédition militaire de Madagascar, mais aussi pour
exprimer ses convictions républicaines et laïques, comme la défense
des travailleurs salariés et des petits producteurs. Son expérience des
territoires d’outre-mer l’amène à accepter la proposition d’Émile
Combes qui veut lui confier le ministère des Colonies, en 1900. En
1906, il accepte le portefeuille du Commerce, de l’Industrie et du
Travail ; puis en 1908, il se consacre au ministère de l’Instruction
publique et des Beaux-Arts. Du prestige de l’Empire français à la
promotion de l’école laïque, il tente d’imprimer sa marque radicale
dans les ministères, tout en s’accommodant des réalités du pouvoir.

1910-1924 : de sénateur du Gard à président du Sénat

Le 6 mars 1910, il se présente à l’élection sénatoriale du Gard,


qu’il remporte. En 1913, alors que les risques internationaux se font
plus grands, le sénateur Doumergue accepte le portefeuille des
Affaires étrangères. Entre un groupe parlementaire radical résolu à
chercher la paix, et des impératifs nationaux visant à préparer la
guerre, il choisit l’intérêt national et soutient la loi portant le service
militaire à trois ans. Prenant ensuite en charge le ministère des
Colonies en pleine Première Guerre mondiale, il poursuit l’effort de
guerre, en organisant le recrutement des troupes indigènes et en
préparant la conquête des colonies allemandes du Togo et du
Cameroun.

13 juin 1924 : Gaston Doumergue est élu président de la


République, à la suite de la démission d’Alexandre Millerand
Ses nombreuses expériences ministérielles et sa capacité à
dialoguer avec les différents bords politiques sont des atouts de taille
lorsqu’il se présente à la présidence du Sénat, avec succès, en 1923.
Alexandre Millerand ayant démissionné, Gaston Doumergue est
élu président de la République par les parlementaires du centre et de
la droite, face au candidat du Cartel des gauches, Paul Painlevé. À
rebours de son prédécesseur, il affirme devant le Congrès réuni à
Versailles vouloir rester « au-dessus des partis » et respecter les
« volontés du Parlement, expression de la souveraineté nationale ».
Bien que le Cartel des gauches soit majoritaire à l’Assemblée, il doit
faire face à une instabilité politique criante. D’avril 1925 à
juillet 1926, six cabinets se succèdent, sur fond de crise économique.
Gaston Doumergue se résout à appeler Raymond Poincaré, pour un
gouvernement d’action et d’union nationale, qui perdure jusqu’en
1929. Les deux dernières années de son septennat voient le retour
d’une instabilité ministérielle tenace, avec six cabinets différents.
Paradoxalement, il bénéficie d’une certaine popularité, en
incarnant un repère pérenne dans la vie politique française, et en
étant une figure affable et empreinte de bonhommie. Cependant, à
l’instar des autres présidents, il ne parvient pas à imprimer sa marque
dans la gestion du pouvoir. Il a du mal à convaincre son ministre des
Affaires étrangères, Aristide Briand, de la menace allemande. À son
tour, il fait le constat de l’impuissance des partis, des mœurs
parlementaires éloignées des préoccupations citoyennes, des
scandales politiques et financiers.

6 février 1934 : Gaston Doumergue revient sur le devant de la


scène mais démissionne quelques mois plus tard
Parvenu à la fin de son mandat, il quitte ses fonctions, et les
transmet à Paul Doumer, nouvellement élu. Mais le 6 février 1934, à
la suite de manifestations sanglantes et du fait de la menace
nationaliste, Paul Doumer rappelle Gaston Doumergue à la
présidence du Conseil, pour un cabinet d’union nationale. L’ancien
président, fort de son expérience passée, sollicite les pleins pouvoirs
pour réaliser des décrets-lois, afin de redresser la situation
économique et sociale. Le 24 septembre 1934, il s’adresse à la nation
dans un appel radiodiffusé, et annonce vouloir réformer les
institutions, en donnant au président du Conseil un rôle proche d’un
Premier ministre, ayant la capacité de provoquer de nouvelles
élections. Mais l’union au sein de son gouvernement se fissure, et les
ministres radicaux se désolidarisent de Paul Doumer. Le 8 novembre,
ce dernier est contraint à la démission, sans avoir pu mener à bien
son projet de réforme constitutionnelle.

18 juin 1937 : mort de Gaston Doumergue

La popularité de Gaston Doumergue reste telle que, lors des


cérémonies du 11 novembre, la foule parisienne l’ovationne par des
« Vive Doumergue ». En retraite dans sa maison natale d’Aigues-Vives,
« Gastounet », figure consensuelle et appréciée, est emporté par une
crise cardiaque à l’âge de 74 ans.
14.
Paul Doumer (1931-1932)

22 mars 1857 : naissance de Paul Doumer

Le 22 mars 1857, Paul Doumer naît à Aurillac. Issu d’une famille


modeste du Quercy, et ayant perdu son père de manière précoce, il
travaille en tant que coursier, dès ses 12 ans. Devenu ouvrier, en
suivant les cours du soir à l’École des arts et métiers, il devient
bachelier. Puis, licencié en mathématiques et en droit, il devient
professeur de collège à partir de 1877. Trois ans plus tard, il quitte
l’enseignement pour le journalisme, en devenant rédacteur en chef du
Courrier de l’Aisne, où ses idées proches du Parti radical s’expriment.

Novembre 1895 : Paul Doumer est nommé ministre des Finances

En 1885, en devenant conseiller municipal de Saint-Quentin, dans


l’Aisne, sa carrière politique prend une tournure plus institutionnelle.
Charles Floquet, président de la Chambre des députés, sensible à son
activisme, le nomme chef de cabinet.
En 1888, il est élu député radical de Laon, puis d’Auxerre, il se
spécialise alors dans le domaine financier. Figure de plus en plus
incontournable de la gauche radicale, il défend à l’Assemblée le
projet d’impôt sur le revenu, bien que repoussé par la majorité des
parlementaires. En novembre 1895, il occupe la fonction de ministre
des Finances dans le gouvernement de Léon Bourgeois, sous la
présidence de Félix Faure. Son projet d’amortissement de la dette
publique se fonde sur une réforme des impôts sur le foncier et le
revenu.

De 1897 à 1902 : Paul Doumer accepte le poste de gouverneur de


l’Indochine

Face à l’instabilité gouvernementale, et au refus parlementaire de


son projet d’impôt progressif, il accepte le poste de gouverneur
général de l’Indochine, de 1897 à 1902. Revenu en France, après des
réformes administratives d’ampleur en Indochine, il poursuit son
ascension en étant élu président de la Chambre des députés.
Politiquement, il tend à devenir de plus en plus modéré alors qu’il
s’implique de plus en plus dans le monde des affaires, au sein de
différents conseils d’administration d’entreprises.

1906 : Paul Doumer se présente à l’élection présidentielle mais il


est battu par Armand Fallières

En 1906, il propose sa candidature à l’élection présidentielle face


à celle d’Armand Fallières, candidat de la gauche, mais est battu.

1914 : Paul Doumer est gouverneur militaire de Paris

Passé de l’Assemblée nationale au Sénat, sénateur de la Corse en


1912, Paul Doumer s’implique ardemment dans la Grande Guerre, en
acceptant la charge de gouverneur militaire de Paris. Ses qualités
d’organisateur sont appréciées, œuvrant aux côtés du général Gallieni
lors de la bataille de la Marne. Sur le plan personnel, quatre de ses
cinq enfants, ainsi que son gendre, meurent au combat durant le
conflit.

1921 et 1925 : Paul Doumer est nommé ministre des Finances

En 1921 et 1925, ministre des Finances sous les gouvernements


successifs d’Aristide Briand, il pâtit des divisions politiques et de la
mauvaise situation économique, et doit céder sa place l’année
suivante. Bien considéré par ses collègues parlementaires, il est élu
président du Sénat en 1927.

13 mai 1931 : Paul Doumer est élu président de la République

Alors que s’approche la fin du mandat de Gaston Doumergue,


président de la République, Paul Doumer candidate au nom de la
droite, face à Aristide Briand, soutenu par la gauche. Le premier
l’emporte de quelques voix face au second, qui se retire de l’élection.
Paul Doumer est élu président de la République, le 13 mai 1931. Son
parcours, atypique, de fils d’ouvrier à chef de l’État, est sans
équivalent dans l’histoire politique. Politiquement, il respecte à la
lettre un rôle présidentiel en retrait, et laisse la conduite des affaires
au président du Conseil, Pierre Laval.

6 mai 1932 : assassinat de Paul Doumer

Paul Doumer, qui visitait le salon des écrivains anciens


combattants, est mortellement touché par un émigré russe
déséquilibré, Paul Gorguloff. Ce dernier fait feu à plusieurs reprises
sur le président, l’atteignant mortellement à la tête et à l’aine. Les
motivations de l’assassin sont floues : a-t-il agi seul ou sur l’ordre
d’une organisation ? L’enquête semble conclure à un acte isolé, d’un
Russe blanc, reprochant l’ouverture française aux bolcheviks. Paul
Doumer meurt dans la nuit, à l’âge de 75 ans, le drame faisant de lui
le second président de la République assassiné. Dans un contexte de
deuil national, André Tardieu, président du Conseil, assure l’intérim.
L’assassin est condamné à mort et guillotiné le 14 septembre 1932.
Après des funérailles nationales à la cathédrale Notre-Dame de
Paris et au Panthéon, Paul Doumer est inhumé auprès de ses fils. La
mort tragique du président rappelle le don de soi du défunt, Paul
Doumer considérant l’assassinat comme « une belle fin ». Incarnant,
lui et sa famille, la vertu civique, le devoir patriotique et l’ascension
méritocratique, l’ensemble de la représentation nationale vote la loi
spécifique du 29 novembre 1932 indiquant qu’il a « bien mérité de la
patrie ».
15.
Albert Lebrun (1932-1940)

29 août 1871 : naissance d’Albert Lebrun

Le 29 août 1871, issu d’une famille de cultivateurs aisés, Albert


Lebrun naît à Mercy-le-Haut, dans le département de Meurthe-et-
Moselle. Ses études brillantes l’amènent à l’École polytechnique, puis
à l’École des mines. Poussé en politique par Alfred Mézières, député
de Meurthe-et-Moselle, l’ingénieur des mines est élu conseiller
général du canton d’Audun-le-Roman. Fort de son ancrage local et de
sa bonne connaissance du terrain, il est ensuite élu député de Briey
en 1900, sous l’étiquette des républicains de gauche. L’élection fait de
lui le plus jeune parlementaire de France, à l’âge de 29 ans.

1911-1931 : de ministre des Colonies à président du Sénat,


Albert Lebrun défend les intérêts nationaux

Son ascension se poursuit à l’échelle locale et nationale. Élu


président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle en 1906, il est
systématiquement réélu jusqu’en 1932, où au sein de l’Hémicycle, son
expertise porte sur des domaines variés, tels des travaux publics, les
questions militaires, ainsi que le budget.
En 1911, il est nommé ministre des Colonies, à un poste
particulièrement exposé, puisqu’il doit négocier avec l’Empire
allemand, lors du coup de force d’Agadir. La France et l’Allemagne
convoitant toutes deux le protectorat du Maroc, un accord est conclu
en laissant à l’Allemagne un Cameroun aux frontières agrandies, et
un protectorat exclusivement français au Maroc.
Il participe à la guerre en tant que chef d’escadron d’artillerie à
Verdun, et reçoit à ce titre la Légion d’honneur. Au sortir de la guerre,
au sein du gouvernement Clemenceau, il est nommé ministre du
Blocus et des Régions libérées, avant de démissionner en 1919.
Sénateur de Meurthe-et-Moselle, sous l’étiquette des républicains de
gauche, il préside la commission de l’armée. Sa carrière politique se
densifie par l’attribution de nouvelles fonctions, lorsqu’en 1931,
soutenu par Raymond Poincaré, il est élu président du Sénat.

10 mai 1932 : Albert Lebrun est élu président de la République,


après l’assassinat de Paul Doumer

Albert Lebrun est élu président de la République, bénéficiant de


l’unité nationale quelques jours après l’assassinat de Paul Doumer.
Fidèle à la Constitution de Jules Grévy, il n’intervient que de façon
marginale dans la gestion des affaires gouvernementales et se
préoccupe essentiellement des questions internationales. Face à la
montée des périls, il effectue plusieurs voyages auprès de pays alliés,
comme la Yougoslavie, la Belgique ou encore la Grande-Bretagne,
mais se montre impuissant face aux revers diplomatiques, comme lors
du plébiscite allemand à la suite du référundum sur le statut de la
Sarre, à l’Anschluss, ou lors de la guerre d’Espagne.
Sur le plan intérieur, malgré un relatif retrait, il est exposé à des
crises ponctuelles, comme celle du 6 février 1934 face aux ligues
nationalistes, mais aussi plus structurelles. Ces crises sont politiques,
avec pas moins de 17 changements de présidences du Conseil entre
1932 et 1940, mais aussi économiques, avec la dévaluation du franc.
La suite de son mandat est marquée par la victoire du Front populaire
en avril-mai 1936, et l’adoption de mesures sociales, augmentant les
salaires, densifiant le droit du travail et permettant des temps de
repos plus longs. Albert Lebrun, pourtant en désaccord avec la
politique de Léon Blum, renonce à démissionner.

5 avril 1939 : Albert Lebrun est réélu président de la République

Le 5 avril 1939, face aux enjeux internationaux menaçants, et à la


tension grandissante, Albert Lebrun est réélu président de la
République, pour la première fois dans l’histoire de la République
française.

16 juin 1940 : Albert Lebrun nomme Philippe Pétain président du


Conseil

Lors du déclenchement de l’offensive allemande, en mai 1940, la


France subit de lourdes défaites face à l’ennemi, et devant l’urgence
de la situation, Albert Lebrun nomme Philippe Pétain, président du
Conseil, le 16 juin 1940.

1940 : de la fin de la présidence d’Albert Lebrun à la fin du


régime

Le 10 juillet 1940, Albert Lebrun s’estime engagé par l’Assemblée


nationale, qui vote les pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Spectateur
plus qu’acteur des événements, il choisit donc de respecter la décision
des parlementaires et cède son autorité, à rebours de sa volonté, plus
personnelle, de continuer le combat à partir de l’Afrique du Nord,
comme il l’affirmera aux procès de Pétain et de Laval, et dans son
e
Témoignage publié après-guerre. La III République disparaît, au
profit d’un État français, dirigé par un chef, Philippe Pétain. Sans
démissionner officiellement, Albert Lebrun part s’installer en Isère. Le
27 août 1943, il est arrêté par la Gestapo et déporté en Allemagne
dans un château du Tyrol, puis ramené en France, pour raisons de
santé.

6 mars 1950 : mort d’Albert Lebrun

Le 11 octobre 1944, le général de Gaulle, libérateur du territoire,


rencontre Albert Lebrun, dernier président de la République en
exercice, et lui indique qu’il ne pourra pas reprendre son mandat,
interrompu pendant quatre années. Le 6 mars 1950, Albert Lebrun
s’éteint à Paris.
16.
Vincent Auriol (1947-1954)

27 août 1884 : naissance de Vincent Auriol

Le 27 août 1884, Vincent Auriol naît à Revel, dans le département


de Haute-Garonne, d’une famille d’agriculteurs. Son père, boulanger,
l’encourage à poursuivre des études longues. Licencié en philosophie
et commençant une thèse en droit, il s’inscrit au barreau de Toulouse.
Il défend, entre autres, des cheminots grévistes et des ouvriers
chapeliers auprès de la Bourse du travail. Dans le même temps, il
adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en
avril 1905, séduit par le réformisme socialiste de Jean Jaurès.
Après un premier échec, il est élu député socialiste de
l’arrondissement de Muret en 1914, et devient maire de la localité du
même nom, à partir de 1925. Son ancrage local, au sein d’un
territoire jusqu’alors radical, se renforce enfin lorsqu’il est élu
conseiller général de Haute-Garonne, en 1928. À l’échelle nationale,
en homme de compromis, il œuvre à l’unité de la SFIO, en évitant des
scissions entre différents courants, tout en se spécialisant sur les
questions financières.
4 juin 1936 : Vincent Auriol devient un ministre du Front
populaire

Ministre des Finances dans le gouvernement du Front populaire,


puis ministre de la Justice, à partir du 22 juin 1937, et enfin à la
Coordination des services ministériels à la présidence du Conseil, il
prend une part active dans les réformes entreprises. Cependant,
devant le coût des mesures sociales, il est contraint de dévaluer le
franc, le 26 septembre 1936. Lors de la crise de Munich, il se montre
partisan d’une grande fermeté de la part des démocraties
occidentales, mais doit appliquer, à regret, la discipline de vote, au
nom de la paix européenne.

1940 : Vincent Auriol subit les représailles du gouvernement


Pétain

En 1940, il est l’un des 80 parlementaires à refuser de voter les


pleins pouvoirs à Philippe Pétain. En représailles de son vote, à partir
du mois de septembre, il est interné administrativement dans l’Indre,
puis vit en résidence surveillée dans son fief de Muret. Parmi les
accusés lors du procès de Riom, jugeant les anciens responsables de
e
la III République, il est l’objet d’un non-lieu, et part pour le maquis
dans l’Aveyron et dans les Causses du Tarn. Il participe à la fois à la
résistance intérieure et extérieure. Le 21 novembre 1945, il est
nommé ministre dans le gouvernement de Gaulle, et participe à
l’Assemblée nationale constituante.

21 novembre 1945 : Vincent Auriol devient ministre sous


de Gaulle, puis président de l’Assemblée nationale et
représentant de la France à l’ONU
e
La Constitution de la IV République, à laquelle il a œuvré, est
adoptée le 29 septembre 1946. Le rôle présidentiel n’est guère
différent de la précédente République, avec une élection par le
Parlement et un rôle essentiellement représentatif. Élu président de
l’Assemblée nationale, deux mois plus tard, Vincent Auriol représente
la France à la Première Assemblée de l’ONU et du Conseil de sécurité.
Doté d’une stature internationale, d’une forte légitimité auprès des
Français, il semble être le mieux placé pour endosser le rôle de
président.

16 janvier 1947 : Vincent Auriol est élu président de la


République

Vincent Auriol est élu président de la République et de l’Union


française, par le Parlement, réuni en congrès à Versailles, grâce aux
voix majoritaires de gauche. Mais l’unité nationale, des gaullistes et
communistes, que Vincent Auriol appelait de ses vœux, n’est plus
qu’une chimère à partir de 1947. Les divisions politiques sont de plus
en plus vives, amenant une instabilité ministérielle latente, facilitée
par la loi des apparentements favorisant des alliances à courtes vues.
Au sommet de l’État, il est confronté à une forte instabilité
ministérielle, avec 11 gouvernements successifs en l’espace de sept
années. Comme ses prédécesseurs, il tente de résoudre la difficile
équation entre une présidence investie et un retrait présidentiel
recommandé par la Constitution, en annonçant exercer une
« magistrature morale ».

1953 : Vincent Auriol se retire progressivement de la vie


politique
En 1953, devant la difficulté de la tâche présidentielle, Vincent
Auriol ne souhaite pas se présenter de nouveau et cède sa place à
René Coty. Il se retire alors progressivement de la vie politique, tout
en intervenant dans la presse ou les institutions internationales.
En 1958, il fait campagne pour le « non » lors du référendum sur
la Constitution, refuse de siéger au Conseil constitutionnel en
opposition au « pouvoir absolu » du général de Gaulle, qui restreint
les compétences du Conseil et du Parlement.

1er janvier 1966 : mort de Vincent Auriol

Le 1er janvier 1966, Vincent Auriol s’éteint à Paris, et est enterré


au cimetière de Muret. Il laisse derrière lui une quantité prodigieuse
de notes et de comptes-rendus de son activité présidentielle, éditée
en 1970 par Pierre Nora, selon la volonté de sa veuve, Michelle
Auriol.
17.
René Coty (1954-1959)

20 mars 1882 : naissance de René Coty

Le 20 mars 1882, René Coty naît au Havre, d’une famille


d’instituteurs, de convictions républicaines. Il poursuit des études de
lettres et de droit à l’université de Caen. Devenu avocat, il s’inscrit au
barreau du Havre en 1902. En parallèle, il s’implique dans la
campagne électorale de Jules Siegfried, député-maire radical
du Havre, et devient conseiller municipal du Havre, sous l’étiquette
du Bloc des gauches. Son essor politique est freiné par la guerre, où,
bien qu’exempté d’obligations militaires pour maigreur, il s’engage en
tant que volontaire, et participe notamment à la bataille de Verdun. Il
est décoré de la croix du combattant volontaire et de la croix de
guerre.
Après un échec aux élections municipales en 1919, il se présente,
cette fois avec succès, à la succession de Jules Siegfried au poste de
député, en juin 1923. Intervenant régulièrement dans des
commissions économiques, il ne bénéficie pas de charge ministérielle
et se consacre essentiellement à la mise en place de réformes
économiques et fiscales. Son passage au Sénat en 1936, où il
représente la Seine-Inférieure, ne le fait pas dévier de ses projets de
réforme essentiellement économiques.

1940 : René Coty est déclaré inéligible après avoir voté les pleins
pouvoirs au maréchal Pétain

Le 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain,


et fait le choix de se retirer de la vie publique, en refusant la mairie
du Havre notamment. À la Libération, rattrapé par son vote de 1940,
il est déclaré inéligible.
Rétabli dans ses droits par un Jury d’honneur, il est élu député de
Seine-Inférieure au sein de la première Assemblée nationale
constituante. Réélu lors de l’élection de la deuxième, en 1946, il est
membre de la Commission des finances, et ne propose pas moins de
13 lois préparant la reconstruction du pays. Devenu ministre de la
Reconstruction et de l’Urbanisme en 1947, il fixe les dépenses au titre
des dommages de guerre et de leurs réparations via une caisse
autonome de reconstruction, entame une lutte contre l’inflation des
loyers, favorise les crédits de reconstruction garantis par l’État, et
facilite l’indemnisation d’éviction des sinistrés.

23 décembre 1953 : René Coty est élu président de la République


à l’issue d’une élection ubuesque

La succession du président Vincent Auriol s’avère complexe. En


l’absence de majorité absolue, les tours de scrutin se succèdent. Au
e
10 tour de scrutin, le favori de l’élection, Joseph Laniel, se retire, et
des parlementaires avancent le nom de René Coty, républicain,
conservateur, quoique opposant à la Constitution de 1946. Pour
raisons de santé, il n’a pas pris part aux débats enflammés concernant
la Communauté européenne de défense, et fait preuve d’une grande
discrétion. Sans qu’il se présente lui-même, son nom réunit l’adhésion
e
de 49 % des voix au 12 tour, et lors de l’ultime scrutin, il est enfin
élu. René Coty devient président de la République et de l’Union
française, à l’âge de 72 ans, après 13 tours de débats. Cependant, le
déroulé de l’élection est un des signes les plus alarmants des divisions
politiques et d’un régime politique d’une grande instabilité. Durant
son mandat, René Coty milite ardemment pour une réforme de l’État,
à même de lui redonner sa légitimité perdue. Il affirme publiquement
que les divisions, ou les « féodalités », menacent son autorité.

13 mai 1958 : une passation de pouvoir est amorcée entre René


Coty et le général de Gaulle

Dans le contexte de la guerre d’Algérie, le putsch mené par le


général Massu renverse le gouverneur d’Alger. Les rebelles, partisans
de l’Algérie française, réclament le retour au pouvoir du général
de Gaulle. Par crainte d’une guerre civile, René Coty, via un message
au Parlement, propose de nommer de Gaulle président du Conseil, en
tant que personnalité « la plus illustre des Français ». Le 1er juin 1958,
l’Assemblée investit de Gaulle des pleins pouvoirs, lui permettant de
proposer une nouvelle Constitution.
e
Une fois la Constitution de la V République promulguée, René
Coty annonce vouloir transmettre ses pouvoirs. Deux mois plus tard,
Radio Luxembourg lance une campagne « Merci monsieur Coty », où
des millions de cartes postales affluent à l’Élysée pour remercier René
Coty. Le 8 janvier 1959, les pouvoirs sont transmis officiellement au
général de Gaulle, et René Coty devient membre de droit au Conseil
constitutionnel. Favorable à la Ve République, il s’oppose toutefois au
projet d’élection au suffrage universel du président de la République.
22 novembre 1962 : mort de René Coty

Le 22 novembre 1962, René Coty s’éteint au Havre, à l’âge de


80 ans.
18.
Charles de Gaulle (1959-1969)

22 novembre 1890 : naissance de Charles de Gaulle

Le 22 novembre 1890, Charles de Gaulle naît à Lille, au sein d’une


famille de juristes parisiens, venus de Champagne, et fait ses études
dans les congrégations religieuses. Influencé par une mystique
nationale, où il fond son destin avec celui du pays, mais aussi par le
catholicisme social et le monarchisme constitutionnel, il est
impossible de le réduire à une idéologie.

1916 : Charles de Gaulle est fait prisonnier par les soldats


allemands

Saint-cyrien, ayant choisi l’infanterie, le capitaine de Gaulle se


distingue par sa bravoure au combat lors de la Grande Guerre. Blessé
à plusieurs reprises, il est capturé par les Allemands en mars 1916,
parvient à s’échapper, est finalement repris et emprisonné pour le
restant de la guerre, à son grand désarroi.

1940 : Charles de Gaulle est promu colonel


De retour en France en 1922, il est admis à l’École de guerre.
Dans les années 1920 et 1930, il est partisan d’une théorie militaire
nouvelle, bousculant les principes anciens. Militant pour une armée
de métier, ainsi que l’usage des blindés, il ne bénéficie pas de l’écoute
de la hiérarchie militaire. En 1940, de Gaulle est promu au rang de
e
colonel et commande le 507 régiment de chars de combat à Metz.
Dans le contexte de la défaite, il est l’un des rares gradés à se signaler
par sa maîtrise tactique, et se voit nommé général à titre temporaire.

6 juin 1940 : Charles de Gaulle est nommé sous-secrétaire d’État


à la Guerre et à la Défense nationale

Le 6 juin 1940, Paul Reynaud, président du Conseil, ministre de la


Guerre, le nomme sous-secrétaire d’État à la Guerre et à la Défense
nationale. Trois jours plus tard, les forces britanniques rembarquent
dans la précipitation à Dunkerque alors que les lignes de défense
françaises sont enfoncées. Malgré son activisme forcené, la demande
d’armistice est déjà adressée aux forces allemandes.

18 juin 1940 : Charles de Gaulle lance un appel à résister aux


Français

Ne pouvant se résoudre à voir son pays sombrer dans l’abîme, le


général de Gaulle s’adresse aux Français depuis Londres, au
microphone de la BBC. Il appelle tous les officiers et les soldats
français à le rejoindre pour continuer le combat. Durant toute la
guerre, en exil, sans territoire, et sans armée, il est le chef des
Français libres. De Gaulle organise les forcées armées, crée un Comité
national français, et unit la Résistance intérieure. Cette France
résistante permet au pays de faire partie des États vainqueurs de la
guerre, aux côtés de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de l’Union
soviétique.

9 septembre 1944 : Charles de Gaulle devient président du


gouvernement provisoire de la République

Revenu en France, de Gaulle devient le libérateur du territoire.


Son arrivée à Paris et son discours à l’Hôtel de Ville du 25 août 1944
sont l’occasion de célébrer une capitale, et une France, « outragée[s],
brisée[s], martyrisée[s] », mais in fine, « libérée[s] ». Le 9 septembre
1944, un gouvernement provisoire de la République française est
fondé, présidé par le général de Gaulle, qui manifeste le souhait d’un
lien fort entre lui et le peuple.

1946 : Charles de Gaulle démissionne

Cependant, après un premier temps d’unité nationale, les


divisions politiques refont surface, et de Gaulle, en désaccord avec
l’Assemblée, démissionne. Le 16 juin 1946, son discours de Bayeux va
e
à l’encontre des pourparlers pour la future IV République : il propose
une Constitution avec un exécutif fort, luttant contre l’instabilité
parlementaire. En 1947, il lance un mouvement politique, le
Rassemblement du peuple français, mais empêtré dans la lutte des
partis et les querelles internes, il ne peut faire entendre sa voix
durablement.
L’impuissance du pouvoir et les erreurs du régime face à la
question indochinoise, puis à la question algérienne ramènent sur le
devant de la scène le Général, resté volontairement, et
orgueilleusement, silencieux.
er
1 juin 1958 : Charles de Gaulle devient président du Conseil de
e
la IV République

Lors du putsch d’Alger en 1958, le président de la République,


René Coty, fait appel à lui. Charles de Gaulle se présente, le 1er juin,
devant l’Assemblée, qui lui accorde sa confiance et les pleins pouvoirs
pour six mois. Devenu le dernier président du Conseil de la
e
IV République, il forme alors un gouvernement d’union nationale. La
nouvelle Constitution, proposée par le général de Gaulle, est adoptée
par référendum au mois de septembre, avec 79,2 % de « oui ». Le
régime, semi-présidentiel, voit le pouvoir exécutif grandement
renforcé, grâce à un chef de l’État devenu clef de voûte des
institutions

21 décembre 1958 : Charles de Gaulle est élu premier président


e
de la V République

Il est élu président de la République par un collège électoral. De


façon à résoudre le conflit en Algérie, il propose l’autodétermination
aux Algériens, acceptée par les Français en janvier 1961 à l’issue d’un
référendum. En l’espace de trois ans, l’opinion publique a basculé
vers le désengagement français en Algérie, suivant le pragmatisme
gaulliste.
En 1962, les accords d’Évian sont signés, reconnaissant
l’indépendance algérienne. La situation apaisée, le général de Gaulle
propose au référendum, le 28 octobre, l’élection du chef de l’État au
suffrage universel, pour lui assurer une légitimité nécessaire face aux
députés. Le Sénat, Gaston Monnerville en tête, et l’Assemblée,
s’opposent à la réforme, mais se trouvent isolés et marginalisés par la
voie référendaire.
Dans le contexte international de la guerre froide, le Général se
montre soucieux d’une troisième voie, authentiquement française. La
France se singularise diplomatiquement par une prise de distance
avec son partenaire états-unien, en se retirant du système intégré de
l’Otan, tout en tendant la main à la République populaire de Chine, et
tient à garder son influence en Afrique au moyen de l’Union
française, laissant agir Jacques Foccart et ses réseaux obscurs.

19 décembre 1965 : Charles de Gaulle est réélu face à François


Mitterrand

En 1965, l’élection du président a lieu au suffrage universel, et


voit la réélection du général de Gaulle face à son opposant socialiste,
François Mitterrand. Le déroulé du second mandat est moins fluide,
en raison des dégradations des relations entre de Gaulle et son
Premier ministre, Georges Pompidou, notamment à propos des
questions économiques. Mais l’enjeu principal est la gestion des
événements de Mai 68. En effet, les contestations étudiantes et
ouvrières bousculent la société française ; 7 millions de grévistes
manifestent dans les rues. Après un départ soudain à Baden-Baden, et
un prompt retour, le président dissout l’Assemblée nationale, pour
provoquer de nouvelles élections législatives, à même de lui conférer
une forte autorité : le plan fonctionne et des accords peuvent être
signés permettant une sortie de crise.

1968 : face aux événements de mai, Charles de Gaulle dissout


l’Assemblée pour provoquer de nouvelles élections législatives

27 avril 1969 : Charles de Gaulle se retire de la vie politique


Déterminé à faire évoluer les institutions, le général de Gaulle
porte une loi sur la régionalisation et la réforme du Sénat, avec une
ouverture vers les corps intermédiaires, et engage sa personne sur
l’issue du vote. La proposition est rejetée à 52,4 % des voix. Fidèle à
sa promesse, il démissionne dès le lendemain et se retire à Colombey-
les-Deux-Églises. Il s’abstient alors de toute prise de position
politique.

9 novembre 1970 : mort de Charles de Gaulle

Charles de Gaulle meurt en 1970 à l’âge de 79 ans, laissant à sa


patrie un riche héritage. Ses Mémoires portent en elles une
formidable identification du personnage à la France, à la fois réaliste
et mystique, résumée par l’épigraphe : « Toute ma vie, je me suis fait
une certaine idée de la France. » Enfin, la Constitution de la
e
V République échappe à toute typologie, à l’instar de son créateur, et
s’affirme comme un régime hybride, indissociablement présidentiel et
parlementaire.
19.
Georges Pompidou (1969-1974)

5 juillet 1911 : naissance de Georges Pompidou

Le 5 juillet 1911, il naît à Montboudif, dans le Cantal, de parents


instituteurs. Installé ensuite à Albi, il incarne la méritocratie
républicaine en étant admis à l’École normale supérieure, et suit les
enseignements de l’École libre des sciences politiques. Reçu premier à
l’agrégation de lettres, il devient professeur de classe préparatoire au
lycée Henri-IV à Paris.

1944 : Georges Pompidou se place dans le sillage du président


de Gaulle et devient son chef de cabinet

Chargé de mission pour l’Éducation nationale auprès du cabinet


du général de Gaulle, il se rapproche du gaullisme, au point de
devenir son chef de cabinet jusqu’en 1953. Mais, à l’image de son
mentor, déçu par le « régime des partis », il se place en retrait de la
vie politique, et rejoint le monde des affaires en travaillant auprès de
la banque Rothschild. En occupant des fonctions de direction et
d’administration, il s’initie aux activités économiques et profite de
cette période pour présenter des éditions critiques de Racine, Taine et
Malraux manifestant ainsi sa culture lettrée.
En 1958, Georges Pompidou devient directeur de cabinet du
général de Gaulle et prépare activement son retour au pouvoir par
trois voies. Tout d’abord, il prend part aux pourparlers mettant fin à
la crise algérienne, puis suit de près la création de la Constitution de
e
la V République, et enfin anticipe l’entrée de la France dans la
Communauté économique européenne.

14 avril 1962 : Georges Pompidou est nommé Premier ministre


par Charles de Gaulle

En avril 1962, Georges Pompidou devient Premier ministre,


particulièrement apprécié par le président pour son pragmatisme.
Son équipe de gouvernement est composée de parlementaires
gaullistes, mais aussi de non-parlementaires, aux profils plus
technocratiques. Georges Pompidou applique le planisme français, la
politique de stabilité du franc, la modernisation industrielle, ainsi que
l’aménagement du territoire. Néanmoins, face aux événements de
Mai 68, des divergences de points de vue apparaissent entre le
président et lui. Il veut éviter la radicalisation du conflit, et prône le
dialogue, à l’encontre d’un président plus ferme. Les accords de
Grenelle, visant une hausse des salaires, portent sa marque. Mais, à la
suite de la crise, il est remplacé par Maurice Couve de Murville et
retrouve son poste de député du Cantal. En avril 1969, l’échec du
référendum sur la régionalisation provoque la démission du général
de Gaulle ; Georges Pompidou annonce alors sa candidature.

15 juin 1969 : Georges Pompidou est élu président de la


République, après la démission de Charles de Gaulle
Il est élu président de la République face au centriste Alain Poher,
avec 58,2 % des suffrages. Tout en reprenant le modèle gaulliste de la
prééminence présidentielle, il nomme Jacques Chaban-Delmas
Premier ministre. Sur le plan intérieur, Georges Pompidou poursuit le
travail de modernisation industrielle, à travers le programme
ferroviaire à grande vitesse, la densification du réseau routier, mais
aussi des mesures sociales, comme la mensualisation des ouvriers et
l’actionnariat des salariés.
À l’échelle internationale, il ménage à la fois les États-Unis de
Nixon, au nom de la politique atlantiste, et l’URSS. Son principal
chantier reste l’Europe, qu’il décrit comme un nouvel horizon pour les
Français. La conférence de La Haye en décembre 1969 voit la relance
de la construction européenne, par l’intégration de la Grande-
Bretagne, de l’Irlande et du Danemark. Cependant, le contrecoup de
la crise pétrolière de l’automne 1973 et des problèmes de santé
assombrissent la fin de son mandat.

2 avril 1974 : mort de Georges Pompidou

Sa mort, en 1974, du fait de la maladie de Waldenström, met fin à


un mandat de quatre ans et neuf mois. Son enterrement a lieu dans la
plus stricte intimité, mais ses obsèques sont nationales, voire
mondiales à en juger par l’aréopage de chefs d’États présents.
L’originalité de son parcours résiste à l’oubli : dans le sillage du
général de Gaulle, il a accédé aux plus hautes fonctions de l’exécutif,
sans toutefois être passé par le cursus honorum de ses prédécesseurs.
20.
Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)

2 février 1926 : naissance de Valéry Giscard d’Estaing

Le 2 février 1926, issu d’une lignée d’anciens parlementaires,


orléanistes et républicains, il naît à Coblence, en Allemagne, où son
père Edmond était en poste. Après des études parisiennes et
clermontoises, à l’âge de 18 ans, il participe à la Libération de Paris,
re
en août 1944, puis s’engage dans la 1 armée française, sous les
ordres du général de Lattre de Tassigny. Pour sa bravoure, il est cité à
l’ordre de l’armée et décoré de la croix de guerre. De 1949 à 1951, en
tant que polytechnicien, il se forme au sein de la récente École
nationale d’administration. À sa sortie, il intègre le corps de
l’inspection générale des Finances.

En 1956, après une courte expérience de directeur de cabinet


auprès d’Edgar Faure, président du Conseil, il se présente aux
élections législatives du Puy-de-Dôme. Il est élu, reprenant la
tradition familiale et locale, de son arrière-grand-père et de son
grand-père. Son ancrage puydomois se maintient jusqu’en 2002, où il
cédera la place à son fils.
1959 : reconnu pour son expertise économique, Valéry Giscard
d’Estaing devient secrétaire d’État aux Finances, puis ministre
des Finances et des Affaires économiques

Secrétaire d’État aux Finances en 1959, puis trois ans plus tard,
ministre des Finances et des Affaires économiques, il est reconnu
pour sa maîtrise des questions économiques. Il poursuit une politique
libérale, soucieuse des équilibres monétaires et financiers. Ses
principales mesures concernent les questions douanières
européennes, ainsi que des mesures de stabilisation de la monnaie.
En 1966, perçu comme un technocrate par les gaullistes, et
payant les résultats électoraux de l’année précédente, il est débarqué
du gouvernement. Réintégré dans l’inspection des finances, il met à
profit cette mise à l’écart pour structurer une droite alternative au
gaullisme. Menant les républicains indépendants, il exprime par deux
fois ses réserves face au pouvoir gaulliste : d’abord lors des
événements de Mai 68 ; puis l’année suivante, où il vote contre au
référendum du général de Gaulle. Lorsque Georges Pompidou est élu
président en 1969, Valéry Giscard d’Estaing obtient une nouvelle fois
le portefeuille des Finances, où il œuvre au futur Système monétaire
international, puis à une première coordination des monnaies
européennes.

19 mai 1974 : Valéry Giscard d’Estaing est élu président de la


e
V République

Après une campagne reposant sur une communication jeune et


e
dynamique, il est élu troisième président de la V République, avec
une courte majorité, face à François Mitterrand. Son projet de
« société libérale avancée » se fonde sur plusieurs mesures sociétales,
puisqu’il fait voter l’abaissement du droit de vote à 18 ans, dépénalise
l’avortement et instaure le divorce par consentement mutuel. D’un
point de vue plus institutionnel, la libéralisation de l’audiovisuel et
l’élargissement du droit de saisine du Conseil constitutionnel
montrent la rupture avec le gaullisme. Économiquement, face aux
deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, l’échec de la politique libérale
menée est latent ; le pouvoir en place ne peut juguler l’inflation et la
montée du chômage.

10 mai 1981 : Valéry Giscard d’Estaing s’incline au second tour


de l’élection présidentielle face à François Mitterrand

En 1981, se représentant à l’élection présidentielle, il doit faire


face à une double opposition : de droite avec son ancien Premier
ministre Jacques Chirac, et de gauche, toujours menée par François
Mitterrand. Fragilisé par le contexte économique et les divisions
politiques au sein de la droite et du centre, il perd l’élection au
second tour. Désormais en retrait de tout mandat national, il ne
conserve qu’un engagement local sur ses terres auvergnates.

1984 : Valéry Giscard d’Estaing revient sur la scène politique, à


échelle locale, puis européenne

En 1984, il est député du Puy-de-Dôme et président du Conseil


régional d’Auvergne. Il retrouve l’Hémicycle à l’âge de 55 ans, une
première pour un ancien président. Après son échec national de
1981, il rebondit donc à l’échelle locale mais aussi à l’échelle
européenne, devenant député européen de 1989 à 1993.
En 2002, il préside la Convention pour l’avenir de l’Europe,
chargée de réformer les institutions européennes, et de garantir une
meilleure représentativité. Deux ans plus tard, son projet de traité
constitutionnel est prêt et signé, mais doit être soumis aux États
membres par référendum. Le désaveu est manifeste lorsque les
populations françaises et néerlandaises rejettent massivement le
traité au printemps 2005, notamment par crainte d’une perte de
souveraineté nationale.

2003 : Valéry Giscard d’Estaing est élu membre de l’Académie


française

En 2003, il est élu membre de l’Académie française au fauteuil de


Léopold Sédar Senghor, et l’année suivante, siège au Conseil
constitutionnel, afin de vérifier la conformité des lois à la
Constitution. Il décède à l’âge de 94 ans dans sa propriété d’Authon,
dans le Loir-et-Cher, le 2 décembre 2020.

2 décembre 2020 : mort de Valéry Giscard d’Estaing


21.
François Mitterrand (1981-1995)

26 octobre 1916 : naissance de François Mitterrand

Le 26 octobre 1916, il naît à Jarnac en Charente, d’un père


employé, puis directeur d’entreprise et d’une mère férue de
littérature. Après des études secondaires à Angoulême, il s’établit à
Paris pour entamer des études de lettres et de droit, avant d’intégrer
l’École libre de sciences politiques. Sympathisant des Croix-de-Feu du
colonel de La Rocque, il s’en détache vers la fin des années 1930.

1940 : François Mitterrand participe à la bataille de France où il


est fait prisonnier, puis fédère les mouvements de résistance

Encore étudiant à Paris, il est mobilisé pendant la bataille de


France. Trois fois cité, il est blessé et fait prisonnier. Il parvient à
s’évader en décembre 1941. De retour en France, il s’occupe des
services d’information au Commissariat général des prisonniers de
guerre auprès de l’État français, et, à ce titre, est décoré de la
Francisque par Philippe Pétain. Il entre ensuite dans la Résistance, où
il fédère les mouvements de résistance des prisonniers de guerre.
Ayant gagné Londres puis Alger, il ne s’inscrit pas totalement dans les
réseaux gaullistes de la France combattante, et ce n’est que
tardivement qu’il est reconnu comme secrétaire général des
prisonniers de guerre et déportés, malgré son refus de travailler aux
côtés du ministre résistant Henri Frenay au sortir de la guerre.

1947 : François Mitterrand cumule plusieurs postes ministériels

En 1946, il se lance dans les élections législatives, après un


premier échec à Paris. Il vise une circonscription de la Nièvre, qu’il
dispute aux communistes. En adaptant opportunément ses
propositions à l’électorat conservateur, il parvient à être élu et
conserve son siège jusqu’en 1981. C’est alors qu’il cumule plusieurs
postes ministériels, dans un fort contexte d’instabilité, en étant
ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre, en 1947,
puis ministre de la France d’outre-mer en 1950. En 1956, garde des
Sceaux dans le cabinet Guy Mollet, il signe le décret dessaisissant la
justice civile au profit des tribunaux militaires sur place.

1958 : François Mitterrand prend position contre le général


de Gaulle et les institutions de la Ve République

En 1958, François Mitterrand dénonce le « coup d’État » qui a


porté le général de Gaulle au pouvoir et prend position contre les
e
institutions de la V République. Il perd son siège de député, qu’il
retrouve dès 1962. Toujours ancré localement dans la Nièvre, il remet
en question la pratique gaulliste du pouvoir, notamment la
marginalisation du Premier ministre, au profit d’un président
omnipotent.
1971 : après l’élection prometteuse de 1965, François Mitterrand
fonde un nouveau Parti socialiste

Candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle en 1965,


il met le général de Gaulle en ballottage et recueille près de 45 % des
suffrages au second tour. Cette défaite prometteuse fait de lui
l’homme fort de la gauche non communiste, et l’amène plus tard à
fonder un nouveau Parti socialiste sur les cendres d’une SFIO
moribonde, au congrès d’Épinay, en 1971.

1974 : François Mitterrand perd, de peu, l’élection présidentielle


face à Valéry Giscard d’Estaing

Battu de peu en 1974 à l’élection présidentielle par Valéry Giscard


d’Estaing, avec un programme commun à l’ensemble de la gauche, il
profite de l’impopularité croissante du pouvoir exécutif, qu’il
considère « en fin de course », et de la fracture entre les centristes
giscardiens et les néogaullistes chiraquiens.

10 mai 1981 : François Mitterrand est élu président de la


République

François Mitterrand remporte l’élection présidentielle face au


président sortant, lors de sa troisième tentative. L’état de grâce,
autorisé par une majorité socialiste à l’Assemblée, se concrétise par
une politique de relance économique, marquée par des embauches,
des nationalisations et le contrôle des changes, fait écho aux réformes
sociales, avec la semaine de travail réduite à 39 heures et l’âge de la
retraite fixé à 60 ans, ainsi que des mesures juridiques, comme la
dépénalisation de l’homosexualité et l’abolition de la peine de mort.
Devant les dépenses publiques grandissantes, et l’absence de reprise
économique, dès l’automne 1982, le pouvoir se convertit à l’économie
de marché, en désindexant les salaires sur les prix, et en restant dans
le cadre du Système monétaire européen. La progression continue du
chômage, la spéculation financière et les scandales installent une
distance entre le pouvoir et l’opinion, conduisant à la première
cohabitation en 1986, avec le gouvernement de droite de Jacques
Chirac.

8 mai 1988 : François Mitterrand est réélu président de la


République

Malgré l’épisode de la cohabitation, François Mitterrand est réélu


président de la République en 1988, en paraissant au-dessus de la
mêlée et proche des Français. Grâce à une majorité relative au
Parlement, le Premier ministre socialiste Michel Rocard peut alors
adopter la contribution sociale généralisée (CSG), prélèvement
obligatoire sur l’ensemble des revenus, et installer le revenu
minimum d’insertion (RMI) pour les personnes précarisées. Face à
l’exercice du pouvoir, différents gouvernements se succèdent, avec
ceux d’Édith Cresson, puis de Pierre Bérégovoy.

7 février 1992 : François Mitterrand signe le traité de Maastricht


qui voit l’intégration de la France à l’Union européenne

François Mitterrand, devant les difficultés économiques sur le


plan intérieur, croit à une destinée plus européenne pour la France.
Avec le voisin allemand, mettant à profit la chute du mur de Berlin, il
fait avancer le projet d’une monnaie européenne commune. Son
dernier combat politique concerne le traité de Maastricht, signé le
7 février 1992, avec l’intégration de la France à l’Union européenne,
que les Français approuvent à une courte majorité.
En 1993, dans une France en récession, la gauche est défaite et la
droite triomphe lors des élections législatives, ouvrant une nouvelle
cohabitation. Édouard Balladur parvient au pouvoir et mène une
politique libérale, alors que l’autorité présidentielle est critiquée
jusque dans les rangs socialistes, Lionel Jospin revendique par
exemple un « droit d’inventaire ». Affaibli par une longue maladie,
pris à partie dans des affaires politiques, notamment celle des écoutes
de l’Élysée, et critiqué pour un parcours de jeunesse tortueux, sinon
ambigu, sa fin de mandat est crépusculaire. En 1995, lors de
l’élection présidentielle, Jacques Chirac est élu avec 52,6 % des voix
face à Lionel Jospin.
8 janvier 1996 : mort de François Mitterrand, après une fin de
mandat difficile
Malade, diminué et critiqué, François Mitterrand laisse le pouvoir
et meurt le 8 janvier 1996. Ses deux septennats sont marqués par un
ensemble significatif de mesures sociales de gauche, mais devant
composer avec deux cohabitations durant ses mandats, il laisse un
Parti socialiste exsangue à son décès, alors que le pays s’est enfoncé
dans la crise économique. Sans héritier, ni héritage politique, il se
distingue avant tout par une politique symbolique qui lui survit, faite
de « grands projets » : l’Arche de la Défense, le Grand Louvre, le parc
de la Villette, l’Institut du monde arabe, l’Opéra Bastille, et enfin la
Bibliothèque nationale qui porte son nom.
22.
Jacques Chirac (1995-2007)

29 novembre 1932 : naissance de Jacques Chirac à Paris

Le 29 novembre 1932, Jacques Chirac naît à Paris d’une famille


d’administrateurs de biens aux origines corréziennes. En 1951, il
intègre l’Institut d’études politiques de Paris, puis l’École nationale
d’administration (ENA). Son parcours est interrompu par ses
obligations militaires et un service volontaire en Algérie. À son retour,
en 1959, il est auditeur à la Cour des comptes. Georges Pompidou,
alors Premier ministre, le prend sous son aile, dès décembre 1962.
Devant la nécessité d’un ancrage local, il est élu conseiller municipal
de Sainte-Féréole en Corrèze, en 1965, puis remporte les élections
législatives de Corrèze, dans la circonscription d’Ussel.
Cornaqué par son mentor Georges Pompidou, il devient, en 1967,
secrétaire d’État aux Affaires sociales, puis à l’Économie et aux
Finances. Pendant les événements de Mai 68, il joue un rôle
prépondérant dans les négociations des accords de Grenelle. Son
ascension se poursuit avec l’élection présidentielle de Georges
Pompidou, puisqu’il est nommé ministre délégué, chargé des
Relations avec le Parlement, puis ministre de l’Agriculture et du
Développement rural, et enfin ministre de l’Intérieur.
1974 : Jacques Chirac est nommé Premier ministre par Valéry
Giscard d’Estaing

En 1974, s’étant désolidarisé de la candidature gaulliste de


Jacques Chaban-Delmas et ayant apporté un soutien décisif à Valéry
Giscard d’Estaing, il est nommé Premier ministre par ce dernier. Il
incarne une voie néo-gaulliste, attachée, entre autres, à
l’indépendance nationale et à la planification. Il souhaite une réponse
libérale, puis keynésienne face à la crise de 1973, soit deux voies qui
ne donnent pas les résultats escomptés.

Août 1976 : Jacques Chirac démissionne ; il fonde le RPR en


décembre ; et est élu maire de Paris en mars 1977

En août 1976, il démissionne avec fracas du gouvernement,


s’estimant marginalisé par le président et peu écouté par les ministres
giscardiens. En décembre, fort du soutien des gaullistes historiques, il
crée le Rassemblement pour la République (RPR). Il met ensuite à
profit sa popularité pour remporter la première élection municipale
de Paris, au suffrage universel.

1986 : Jacques Chirac est nommé Premier ministre par François


Mitterrand

En 1986, dans le cadre de la cohabitation avec le président


François Mitterrand, il est nommé Premier ministre, mais doit
affronter les réticences des étudiants face à ses réformes
universitaires, ainsi qu’un contexte économique moribond.
1988 : Jacques Chirac échoue à l’élection présidentielle face à
François Mitterrand

En 1988, lors de l’élection présidentielle, il ne parvient pas à peser


au second tour face à François Mitterrand. S’ensuit une remise en
question du maire de Paris, avec pour résultat une conversion à
l’idéal européen, au point de militer pour la construction européenne
et pour la monnaie unique.

7 mai 1995 : Jacques Chirac est élu président de la République

Vainqueur du duel fratricide avec Édouard Balladur, il parvient au


second tour grâce à un programme de droite sociale, se proposant de
réduire la « fracture sociale ». Il est élu président de la République
française, et tient à faire appliquer des réformes sociales de grande
ampleur, concernant notamment la Sécurité sociale et les retraites.
Ces propositions de lois suscitent d’immenses manifestations dans le
pays. Après des mesures libérales menées grand train par son Premier
ministre, Alain Juppé, Jacques Chirac prend la décision de dissoudre
l’Assemblée nationale afin de retrouver une forme de légitimité, sur le
modèle gaulliste de 1968. L’opération politique échoue puisqu’une
majorité socialiste est élue, menée par Lionel Jospin. Dans ce mandat
contrasté, deux réformes durables émergent néanmoins : la
disparition du service militaire et l’adoption du quinquennat, ayant
pour effet d’aligner les élections présidentielles et législatives, pour
garantir une cohérence et une continuité des pouvoirs exécutif et
législatif.
À la fin de son premier mandat, sa cote de popularité s’effondre, à
la suite des affaires judiciaires liées à la Mairie de Paris (marchés
publics truqués, emplois fictifs, montants des frais de bouche et de
représentation liés à sa fonction).

5 mai 2002 : une réélection face à l’extrême droite

À l’élection de 2002, pourtant donné perdant, il joue sur les


divisions de la gauche plurielle au premier tour. Face à Jean-Marie
Le Pen au second tour, il incarne un recours démocratique et
consensuel, avec un score de 82,21 % des voix. Néanmoins, une fois
élu, en lieu et place d’un gouvernement d’union nationale réunissant
droite et gauche, il opte pour une voie plus conservatrice, épousant
les contours d’une droite traditionnelle.
La singularité diplomatique française, historique, se manifeste à
l’occasion de la guerre en Irak en 2003, conflit auquel le président
refuse de participer, ou lors du discours à propos de la préservation
de l’environnement au Sommet mondial de Johannesburg en
septembre 2002, où la métaphore de la « maison qui brûle »
interpelle l’opinion publique.

29 mai 2005 : les Français rejettent le traité en faveur de la


Constitution pour l’Europe

Alors qu’il s’était engagé personnellement en faveur de la


Constitution pour l’Europe, supposée entrer en vigueur le
er
1 novembre 2006, les Français rejettent à 55 % le traité, imités
ensuite par les Néerlandais. Socialement, l’éclatement de la crise des
banlieues en novembre 2005, et les manifestations contre le projet de
loi instituant le contrat première embauche (CPE) montrent une
fracture nette avec la jeunesse.
16 mai 2007 : Jacques Chirac quitte l’Élysée et se retire de la vie
politique

Le 16 mai 2007, il quitte l’Élysée, en laissant le pouvoir à Nicolas


Sarkozy. Souhaitant lui aussi laisser une trace, à la manière de son
prédécesseur, il lance conjointement deux projets : la Fondation
Jacques-Chirac, pour le développement durable et le dialogue des
cultures, ainsi que le Musée du Quai Branly, regroupant des
collections des arts premiers. Malade et en retrait de la vie publique,
il s’éteint à Paris le 26 septembre 2019.

26 septembre 2019 : mort de Jacques Chirac

Jacques Chirac se distingue des autres présidents par le cumul de


toutes les plus hautes fonctions au service de l’État, du conseiller
municipal de Sainte-Féréole à la plus haute magistrature, de l’Hôtel
de Ville de Paris à l’hôtel Matignon. Résistant à toute catégorisation, il
renvoie l’image d’un président proche du peuple, fin connaisseur du
terrain, gardant pourtant une forme de distance présidentielle. Cette
figure, perçue comme rassembleuse et protectrice, atténue la relative
faiblesse de son bilan économique et social.
23.
Nicolas Sarkozy (2007-2012)

28 janvier 1955 : naissance de Nicolas Sarkozy

Le 28 janvier 1955, Nicolas Sarkozy naît à Paris, au sein d’une


famille d’émigrés hongrois. Après des études de droit à l’université de
Nanterre, il intègre l’Institut d’études politiques, et exprime
parallèlement ses convictions néo-gaullistes. Avocat de profession, il
est adhérent au RPR, parti de Jacques Chirac, et représente les jeunes
militants.

1983-1993 : de l’élection en tant que maire de Neuilly-sur-Seine à


la nomination comme Premier ministre

En 1983, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 28 ans,


puis conseiller général des Hauts-de-Seine, et enfin député en 1988.
Son ascension, particulièrement rapide, se poursuit lorsqu’il est
nommé porte-parole du gouvernement, puis ministre du Budget, en
1993, par le Premier ministre Édouard Balladur. Dans une volonté de
réduction du déficit budgétaire, pour préparer la convergence
européenne, il procède à l’ouverture de capital d’entreprises d’État.
Pour favoriser la consommation, il relance le pouvoir d’achat par une
baisse des prix de première consommation et une réforme
simplificatrice du barème de l’impôt sur le revenu.
À l’élection présidentielle de 1995, dans le schisme politique qui
divise le RPR, il choisit de soutenir Édouard Balladur. Jacques Chirac,
meurtri et trahi, lui en tient rigueur et une fois parvenu au pouvoir,
éloigne Nicolas Sarkozy des affaires gouvernementales lors de son
premier mandat présidentiel.

7 mai 2002 : Nicolas Sarkozy est nommé ministre de l’Intérieur

En 2002, Jacques Chirac, soucieux de réunir sa famille politique,


nomme Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur, de la Sécurité
intérieure et des Libertés locales : un poste relativement exposé.
Chantre d’une politique sécuritaire, et d’une « tolérance zéro », il met
en place une législation pénale plus répressive, notamment à
l’encontre de la petite délinquance, dans le cadre de la loi pour la
sécurité intérieure. Cette image d’homme d’action, volontaire et
entreprenant, lui confère une relative popularité. Après une courte
parenthèse au ministère de l’Économie, il revient dans son ministère
de prédilection, à l’Intérieur, et fait face aux émeutes des banlieues.

6 mai 2007 : Nicolas Sarkozy est élu président de la République

Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP, est élu président de la


République avec 53,06 % des voix face à la candidate socialiste,
Ségolène Royal. En mettant en avant des thématiques sécuritaires, il
capte une partie de l’électorat du Front national, et propose un
programme économique pleinement libéral, incarné par la formule
invitant à « travailler plus pour gagner plus ».
Le président met en avant des réformes d’ampleur. Sur le plan
judiciaire et sécuritaire, l’adoption de peines planchers, de la
rétention de sûreté, l’agrandissement des prisons, et le durcissement
des règles en matière d’immigration manifestent un virage plus
répressif. Économiquement, la loi Travail, emploi et pouvoir d’achat
exonère les heures supplémentaires de cotisation et d’impôts, alors
que l’âge de départ à la retraite est repoussé de deux ans, de 60 à
62 ans. Cependant, l’éclatement de la crise financière de 2008, dite
des subprimes, due au dérèglement du système financier américain,
et dans une moindre mesure la crise grecque de 2010, causent une
croissance économique atone, proche de 0 %, et d’une envolée du
chômage, autour des 10 %.

2012 : Nicolas Sarkozy ne parvient pas à être réélu pour un


second mandat

En 2012, Nicolas Sarkozy est candidat à sa réélection, et joue sur


les thématiques identitaires et sécuritaires. Mais les conséquences
sociales de la crise économique, les critiques concernant le style
hyperprésidentiel, et l’épuisement du logiciel sécuritaire freinent la
campagne sarkozyste. Face à un François Hollande défendant les
mérites de l’alternance, Nicolas Sarkozy recueille 48,36 % des voix.
Opiniâtre, il préside au changement du nom de son parti, rebaptisé
Les Républicains, et candidate à la primaire de la droite dans
l’optique de l’élection de 2017. Cependant, il ne parvient pas à se
hisser au second tour de la primaire, et doit laisser la place à François
Fillon et Alain Juppé. Il annonce qu’il se retire de la vie politique,
alors qu’il fait l’objet de différents chefs d’inculpation – association de
malfaiteurs, corruption et financement illicite de campagne
électorale – dans plusieurs affaires judiciaires, Kadhafi, Bismuth et
Bygmalion.

2017 : Nicolas Sarkozy échoue à la primaire de son parti


rebaptisé Les Républicains, il se retire de la vie politique
24.
François Hollande (2012-2017)

12 août 1954 : naissance de François Hollande

Le 12 août 1954, François Hollande naît à Rouen. Son parcours


l’amène à l’école des Hautes études commerciales (HEC) et à l’Institut
d’études politiques de Paris. Après avoir intégré l’École nationale
d’administration (ENA), il devient auditeur à la Cour des comptes. À
la suite de l’élection de François Mitterrand, il devient chargé de
mission à l’Élysée, puis directeur de cabinet au sein du gouvernement
de Pierre Mauroy, puis conseiller à la Cour des comptes.

Novembre 1994 : après plusieurs années de combat politique


pour s’implanter en Corrèze, François Hollande devient
secrétaire du Parti socialiste

Sous l’étiquette socialiste, lors des élections législatives de


juin 1981, il est candidat en Corrèze, mais il est battu. Il lui faudra
attendre 1988 pour l’emporter sur les terres chiraquiennes, avant
d’être de nouveau battu en 1993. Son ancrage se renforce lorsqu’il est
élu maire de Tulle en 2001, puis président du conseil général de
Corrèze. Son implantation corrézienne se lit en parallèle d’une
ascension plus partisane. En novembre 1994, il est nommé secrétaire
national du Parti socialiste, en charge des questions économiques,
puis porte-parole en 1995, et enfin premier secrétaire à partir de
1998.

Mars 2011 : François Hollande est candidat à la primaire


socialiste

En mars 2011, candidat à la primaire socialiste, il bénéficie du


retrait de Dominique Strauss-Kahn, impliqué dans des affaires de
mœurs. Après l’avoir emporté sur ses rivaux socialistes, notamment
Martine Aubry, il fait campagne lors de l’élection présidentielle autour
du « changement » et d’une « normalité » exemplaire, à rebours de la
pratique présidentielle de Nicolas Sarkozy. La spontanéité
revendiquée du candidat socialiste séduit à gauche, davantage que le
programme politique, moins ambitieux que celui de 1981.

6 mai 2012 : François Hollande est élu président de la


République

Élu président de la République, François Hollande doit composer


avec les conséquences de la crise de 2008. Le pouvoir en place
engage des réformes sociétales, comme la loi sur le mariage pour
tous, sur la fin de vie, sur la moralisation de la vie publique, mais
aussi des changements sociaux, avec des efforts budgétaires en
matière d’éducation et de santé.
Pour répondre à la crise économique, le président s’inspire de la
social-démocratie allemande. Il met en place le crédit d’impôt pour la
compétitivité et l’emploi, qui abaisse les charges pour les entreprises.
Cette créance fiscale, d’inspiration libérale, n’empêche pas des vagues
de licenciements marquantes dans l’industrie et le commerce, et ne
permet, en définitive, que peu de créations d’emplois. Enfin, la loi
relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la
sécurisation des parcours professionnels, permettant les accords
d’entreprises ou de branches sur le temps de travail, provoque une
fracture avec une partie de la majorité. Menée sans négociations
syndicales approfondies, adoptée en force grâce à l’article 49-3 de la
Constitution, elle déstabilise l’ensemble de la gauche. Les désaccords,
bruyants, se font entendre jusque dans les ministères, partagés entre
gestionnaires et frondeurs. Les résultats économiques et sociaux
phagocytent une partie du bilan présidentiel. Les indicateurs
économiques montrent une maîtrise relativement contenue du déficit
public, une Sécurité sociale dont les comptes sont équilibrés, et une
timide reprise de la croissance. Mais le chômage – défi du
quinquennat selon François Hollande – reste, lui, significativement
élevé.
D’un point de vue international, il ouvre la COP21 à Paris, qui
permet de fixer des accords signés par 195 pays sur la limitation de la
production de gaz à effet de serre, sans toutefois de véritables
moyens de coercition, ni quotas précis. Cet accord international sauve
un bilan environnemental fragile : les changements de directives et
les tergiversations à propos de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
ou de l’écotaxe ont nui à la crédibilité environnementale du projet
socialiste.

2015 : la présidence de la République face aux attentats


islamistes

L’année 2015 est marquée par une vague d’attentats qui frappent
notamment la rédaction de Charlie Hebdo ainsi que le public d’un
concert au Bataclan et des personnes attablées à des terrasses
parisiennes, revendiqués par l’organisation terroriste Daech. Devant
la nation meurtrie et endeuillée, le président de la République appelle
au rassemblement du pays tout entier, en soulignant la « confiance
dans [un] destin collectif ». Jusqu’alors président neutre et
consensuel, il endosse véritablement le rôle de chef de l’État, premier
représentant de la nation, au-dessus des clivages politiques. C’est
alors que le président s’engage personnellement pour la proposition
de déchéance de nationalité pour les individus coupables de
terrorisme ou d’atteinte à la sécurité de l’État. En reprenant une
proposition de la droite parlementaire, il heurte les rangs de la
gauche, en remettant en cause l’égalité des citoyens ainsi que le droit
du sol, avant d’y renoncer en dernière instance.

2017 : François Hollande décide de ne pas se présenter de


nouveau à l’élection présidentielle

En 2017, conscient de l’impopularité dont il fait l’objet, il choisit


de ne pas se représenter face à une nouvelle proposition sociale-
libérale portée par Emmanuel Macron, et deux radicalités politiques
antinomiques, incarnées de part et d’autre du spectre politique par
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Depuis 2017, il commente les
recompositions politiques à l’œuvre, principalement à gauche, lors de
conférences et en publiant ses témoignages personnels.
25.
Emmanuel Macron (2017-…)

21 décembre 1977 : naissance d’Emmanuel Macron

Né le 21 décembre 1977 à Amiens, au sein d’une famille de


médecins, dans la Somme. Diplômé de l’Institut d’études politiques, il
entame en parallèle des études de philosophie avant d’intégrer l’École
nationale d’administration (ENA), dont il est diplômé en 2004.
Proche du philosophe Paul Ricœur, il participe à la revue Esprit, mais
œuvre aussi aux côtés de Jacques Attali au sein de la Commission
pour la libération de la croissance française. Il intègre alors
l’Inspection générale des finances, puis rejoint le secteur bancaire et
la banque Rothschild, imitant alors Georges Pompidou.
Politiquement, il milite auprès de Jean-Pierre Chevènement, pour se
rapprocher ensuite du Parti socialiste.
En 2012, secrétaire général adjoint de la présidence de la
République, il participe à la création du Pacte de responsabilité et de
solidarité, proposant un allégement du coût du travail, une fiscalité et
des normes administratives modernisées et simplifiées. En 2014,
prenant ses distances avec les arcanes du pouvoir, il quitte le cabinet
de la présidence pour l’enseignement et la recherche. Mais la mise à
l’écart des ministres frondeurs sous François Hollande, Arnaud
Montebourg en tête, le ramène au cœur du pouvoir.

26 août 2014 : Emmanuel Macron est nommé ministre de


l’Économie, de l’Industrie et du Numérique

Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, il propose


une loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances
économiques aux multiples aspects : réglementation concernant le
travail dominical, les professions réglementées, la libéralisation des
moyens de transport. Par crainte d’un refus parlementaire, la loi est
adoptée en mobilisant l’article 49-3 de la Constitution. Son suivi des
dossiers industriels, souvent au rythme des cessions étrangères, en
fait un personnage en vue au sein du gouvernement.

6 avril 2016 : Emmanuel Macron fonde le mouvement En


marche !

Le 6 avril 2016, il fonde le mouvement En marche !, avec


l’intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2017, et quitte
le gouvernement durant l’été. Son départ est vu comme une trahison
par plusieurs membres du gouvernement, notamment par le
président de la République. Soucieux d’être transpartisan, il refuse de
participer à la primaire de la gauche et rédige Révolution, un ouvrage
à l’adresse de l’ensemble des Français.

7 mai 2017 : Emmanuel Macron est élu président de la


République face aux partis traditionnels et devient le plus jeune
e
président de la V République
En 2017, arrivé en tête au premier tour de l’élection, il affronte la
candidate du Front national, Marine Le Pen, qu’il bat avec 66,10 %
e
des suffrages. Plus jeune président de la V République, sans mandat
électif local ou national, il bouscule l’ordre établi des deux grands
partis présents au pouvoir depuis 1958. Profitant de l’épuisement des
partis politiques et réussissant à autonomiser le centre, il met fin à la
relative bipolarisation de la vie politique française. La composition de
son gouvernement en témoigne, avec des personnalités venues de
tous horizons, du Parti socialiste aux Républicains, des centristes aux
écologistes, ainsi que des membres de la société civile. Président
« jupitérien », Emmanuel Macron revendique la verticalité du pouvoir,
avec un lien privilégié avec la nation, au-dessus des appareils
politiques partisans. Économiquement, il tient de nouveau à libérer
l’économie, par une politique simplifiée, avec un taux de prélèvement
forfaitaire unique, un impôt sur la fortune immobilière allégé, et des
exonérations concernant la taxe d’habitation.

Novembre 2018 : Emmanuel Macron doit faire face à la crise des


Gilets jaunes

En novembre 2018, une contestation sociale d’ampleur se forme


de façon spontanée dans le pays. La crise des Gilets jaunes éclate
notamment à la suite d’une annonce gouvernementale sur la mise en
place d’une taxe sur le prix des carburants devant prendre effet au
1er janvier 2019. Les troubles sociaux et la violence des
manifestations poussent le gouvernement, entre autres, à annuler la
hausse des taxes et à annoncer une augmentation du Smic.

Décembre 2019 : la réforme des retraites voulue par Emmanuel


Macron donne naissance à une forte contestation sociale
La contestation sociale, cette fois syndicale et partisane, revient
sur le devant de la scène, s’agissant du projet de réforme des
retraites, à l’hiver 2019. Le président de la République souhaite
réformer le système par répartition pour parvenir à un système à
points, et mettre fin aux 42 régimes de retraite différents, au profit
d’un modèle « universel ». Face aux grèves, nombreuses et soutenues,
le Premier ministre Édouard Philippe annonce son intention de
poursuivre la réforme.

Mars 2020 : face à l’épidémie de Covid-19, Emmanuel Macron


décrète l’état d’urgence sanitaire et adopte une série de mesures

Au début de l’année 2020, la France est touchée par la pandémie


de Covid-19, qui suspend un certain nombre de réformes prévues.
Emmanuel Macron décrète l’état d’urgence sanitaire afin de juguler
les effets de la crise sanitaire. Par une politique de confinements,
couvre-feux et restrictions de déplacements, les conséquences
sanitaires de la pandémie sont contenues. La stratégie vaccinale ainsi
que l’instauration d’un « pass sanitaire », bien que contestées,
permettent une baisse de la surcharge des services de réanimation
hospitaliers.
TABLE

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Dans la même collection

Préambule

1. Louis Napoléon Bonaparte (1848-1851)

2. Adolphe Thiers (1871-1873)

3. Patrice de Mac-Mahon (1873-1879)

4. Jules Grévy (1879-1887)

5. Sadi Carnot (1887-1894)

6. Jean Casimir-Perier (1894-1895)

7. Félix Faure (1895-1899)

8. Émile Loubet (1899-1906)

9. Armand Fallières (1906-1913)

10. Raymond Poincaré (1913-1920)

11. Paul Deschanel (1920)


12. Alexandre Millerand (1920-1924)

13. Gaston Doumergue (1924-1931)

14. Paul Doumer (1931-1932)

15. Albert Lebrun (1932-1940)

16. Vincent Auriol (1947-1954)

17. René Coty (1954-1959)

18. Charles de Gaulle (1959-1969)

19. Georges Pompidou (1969-1974)

20. Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981)

21. François Mitterrand (1981-1995)

22. Jacques Chirac (1995-2007)

23. Nicolas Sarkozy (2007-2012)

24. François Hollande (2012-2017)

25. Emmanuel Macron (2017-…)

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