Responsabilité Civile Ismail - 220106 - 003727
Responsabilité Civile Ismail - 220106 - 003727
Responsabilité Civile Ismail - 220106 - 003727
La responsabilité en tant que notion est marquée par son imprécision. Sa figure protéiforme et
les évidences qui l'entourent rendent sa nature difficilement cernable. C'est une notion dont le sens est
avant tout extra-juridique, puisque son essence est purement morale. En effet, l'expression « être
responsable » est sous-entendue comme l'impératif de veiller sur soi, sur son comportement, sur ses
actes, voire sur les personnes qui nous ont été confiées. C'est une notion qui implique les vertus d'être
prudent et diligent ; en évitant les fautes et les dangers ou, du moins, en prévoyant les conséquences
dommageables de ses actes.
Dans sa conception juridique, la notion de responsabilité traduit la conséquence d'un acte qui
porte atteinte à autrui. Elle implique l'obligation de répondre de ses actes dommageables à autrui. Sa
mise en jeu exige un fait générateur (la faute) imputée à l'auteur (responsable) et ayant occasionner
(lien de causalité) un dommage (ou préjudice) à la personne atteinte.
La responsabilité juridique désignerait donc le rattachement d'une faute à son auteur qui devrait
en réparer les conséquences ou en subir une sanction (DOC, art. 77). Cette acception juridique de la
responsabilité a évolué pour englober l'idée de « charge ». Ainsi, une personne est responsable non
seulement de ses actes dommageables à autrui, mais également de ceux des personnes dont il doit
répondre (DOC, art. 85). On parle alors de « responsabilité pour autrui
Cette définition juridique de la responsabilité correspond à celle du droit dans sa dimension civile.
Mais dans un sens plus général du droit, la responsabilité signifie la « charge assumée ». On dit, par
exemple, qu'un dirigeant d'une société assume la responsabilité de gérer la société et qu'un chef chantier
est le responsable des employés. La responsabilité dans ce sens correspond à une fonction et elle serait
apprécier, non pas au regard de ce qui a été fait (responsabilité civile), mais de ce qui doit être fait. Le
responsable serait donc celui qui doit « rendre des comptes du pouvoir exercé
De ces différentes acceptions, une typologie de la responsabilité s'impose pour en clarifier le
contenu. Ainsi, on peut relever l'existence de trois grandes catégories de responsabilité :
La responsabilité morale : la personne reste libre et aucune contrainte ou sanction ne peut
lui dicter son action. Toutefois, elle doit exercer un contrôle rationnel de ses propres actions
en distinguant le mal du bien.
La responsabilité politique : elle correspond à l'obligation de rendre compte de ses actions
à une instance publique. Cette responsabilité correspond à une charge. Ainsi le
gouvernement est responsable de sa politique devant le parlement.
La responsabilité juridique : c'est l' « obligation de répondre d'un dommage devant la
justice et d'en assumer les conséquences civiles, pénales, disciplinaires, etc. (soit envers
la victime, soit envers la société)
La responsabilité juridique prend donc appui Sur les conséquences dommageables d'un fait ou
d'un acte. Elle vise principalement à réparer le préjudice causé injustement à autrui ou à la société.
C'est une sorte de sanction tendant à remettre la personne (victime du fait ou de l'acte dommageable)
dans sa situation antérieure.
La responsabilité, au sens général, serait donc l'obligation de répondre d'un dommage devant la
justice et d'en assurer les conséquences civiles et pénales. Cela dit, il existe deux sortes de
responsabilités : civile et pénale.
La responsabilité civile désigne l'obligation de répondre Ou de réparer civilement le dommage
que l'on a causé à autrui : volontaire ou non volontaire. Elle est soit contractuelle, soit délictuelle.
La responsabilité contractuelle est née de l'inexécution d'une obligation contractuelle.
L'existence d'un contrat est donc essentielle. La responsabilité délictuelle, quant à elle, est née en
dehors du contrat à travers la réalisation d'un fait. Dans certains cas, les frontières entre les deux ordres
ne sont pas claires. D'où des difficultés surtout que l'intérêt est grand.
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RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE RESPONSABILITÉ DÉLICTUELLE
On ne répare que le dommage prévisible On répare tous les dommages du moment que les
conditions d'existence sont réunies
La mise en demeure est nécessaire Elle n'est pas exigée
La prescription est de quinze ans, sauf cas particulier Elle est de cinq ans à partir du moment Où la partie
(5 ans entre commerçants, 2 ans entre médecins, lésée a eu connaissance du dommage et de celui qui
etc.) art. 387 du DOC. est tenu d'en répondre. Elle se prescrit en tous les cas
par vingt ans, à partir du moment Où le dommage a
eu lieu (art. 106 du DOC).
Les parties peuvent choisir la loi applicable (clause C'est le droit positif qui s'applique
compromissoire, etc.).
Les intérêts moratoires sont dus à compter de la mise Ils sont dus à compter du jugement de la condamnation
en demeure
Quant à la responsabilité pénale, c'est l'obligation de répondre des infractions commises et de
subir la peine prévue par le texte qui les réprime.
1. LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
CHAPITRE 1. LES FONCTIONS ET LES CONTOURS DE LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
1. LES FONCTIONS DE LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
La responsabilité contractuelle est présentée comme poursuivant une fonction principalement
réparatrice. L'objectif est de rétablir la victime dans sa situation antérieure soit de façon naturelle, à
travers l'exécution forcée du contrat, soit de manière équivalente, par l'octroi d'une indemnité censée
compenser le préjudice subi.
Mais, si la réparation est tellement ancrée dans le régime de la responsabilité contractuelle, on
remarque cependant que sa mise en œuvre est délicate. La spécificité des engagements pris dans
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certains contrats, la relativité de leurs effets et les difficultés liées à l'évaluation du préjudice rendent
l'exercice de la réparation empreint de subjectivité.
La fonction punitive n'est pas sans heurter les principes généraux qui régissent la responsabilité
civile. L'action punitive vise à réprimer une faute dont la sanction est fonction de la gravité de l'atteinte
portée à la relation contractuelle. Or, en droit de la responsabilité contractuelle, la faute n'est pas un
critère déterminant du montant de la réparation. L'action en responsabilité devrait aboutir, en effet,
à la réparation intégrale du préjudice de la victime. C'est au regard de ce seul critère que
l'indemnisation doit être fixée. Pourtant, il arrive que les juges tiennent compte de la faute de manière
implicite en s'alignant sur la requête des créanciers de l'obligation qui ont souvent tendance à
surévaluer leurs dommages lorsque le préjudice présente des difficultés d'évaluation.
La responsabilité contractuelle tend ainsi à sanctionner un comportement fautif. L'objectif est de
donner de l'exemplarité pour dissuader toute contravention à la loi des parties, ce qui nous ramène à
l'idée que la responsabilité civile remplit également une fonction de prévention de la défaillance des
cocontractants.
11. LES CONTOURS DE LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
Par « contours » on entend le domaine de la responsabilité contractuelle. Pour délimiter ce
domaine, on doit distinguer la responsabilité contractuelle de la responsabilité extracontractuelle.
On parle de responsabilité extracontractuelle chaque fois que la responsabilité
civile survient en l'absence d'un contrat entre la victime et le fautif. Elle est dite également «
délictuelle » et se caractérise par la diversité de ses catégories et de ses régimes (responsabilité du
fait personnel, du fait d'autrui, du fait des choses, etc.). Autrement dit, lorsque le dommage est causé
par l'inexécution d'un engagement contractuel, le débiteur peut obtenir la réparation du préjudice
subi sur le fondement de la responsabilité contractuelle telle qu'elle est édictée par les articles 254 et
s du DOC. En revanche, si aucun lien contractuel préalable n'existe entre le fautif et la victime, ou que
l'obligation inexécutée à une source légale, celle-ci peut obtenir indemnisation sur la seule base de la
responsabilité délictuelle dont le fondement réside dans les articles 77 et 78 du DOC. L'existence d'un
contrat reste donc le critère distinctif entre les deux responsabilités.
Les deux types de responsabilités sont donc catégoriquement distincts. Cette dualité reçoit une
consécration jurisprudentielle à travers le « principe de répartition » entre les deux ordres de
responsabilité civile. Un principe qui implique deux principales conséquences :
Le non-cumul : il est prohibé à la victime de se fonder à la fois sur le terrain
contractuel et extracontractuel pour obtenir la réparation de son préjudice.
Le non-choix : il est interdit à la victime de faire un choix entre les deux types de
responsabilités, en optant notamment pour le terrain le plus favorable. Ainsi, en présence d'un
contrat, la victime ne peut se fonder que sur la responsabilité contractuelle, même si la
responsabilité délictuelle peut lui offrir un régime d'indemnisation plus avantageux.
Cependant, ce principe de répartition connaît des exceptions. Il s'agit notamment de :
La dualité de la qualité de tiers et de partie : dans certains cas, la victime peut
cumuler à la fois la qualité de partie et de tiers. Tel est le cas du bénéficiaire d'une stipulation
pour autrui. Dans cette hypothèse, la victime peut soit agir sur le terrain contractuel, soit
s'abstenir et agir sur le terrain extracontractuel.
L'inexécution qualifiée pénalement: lorsque la responsabilité pénale du débiteur
est recherchée, le créancier bénéficie d'une option entre les juridictions répressives et non
répressives pour exercer l'action civile. Si le choix de la victime porte sur la juridiction civile ou
commerciale, son action en réparation présente un caractère contractuel dans la mesure où le
fondement est l'inexécution du contrat. En revanche, lorsque la victime opte pour la voie pénale
son action demeure extracontractuelle, puisque le fondement n'est pas la violation du contrat,
mais le fait délictueux (l'infraction : abus de confiance par exemple). Dès lors, la voie pénale convertit
la responsabilité contractuelle en une responsabilité extracontractuelle.
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La liberté de choix de la victime reste soumise à des règles relatives à la poursuite. Ainsi, si le
créancier exerce l'action civile devant le juge pénal, cette option est révocable : il peut se désister et
saisir le juge civil. Par contre, s'il exerce l'action civile devant le juge civil, cette option est irrévocable
: il ne peut plus saisir le juge pénal. Néanmoins quand le créancier, ignorant que l'inexécution alléguée
était susceptible d'incrimination, a saisi le juge civil d'une demande ordinaire de dommages et intérêts
contractuels ; le créancier peut donc se rétracter et saisir le juge pénal d'une action civile.
1. LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
CHAPITRE 11. LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle nécessite la réunion d'une condition de
forme (I) et des conditions de fond (II).
1. LA CONDITION DE FORME L'EXISTENCE D'UN CONTRAT
Pour engager la responsabilité contractuelle d'un créancier, il faut prouver l'existence d'un
rapport contractuel. Le contrat conditionne donc la mise en œuvre de la responsabilité contractuelle.
Cependant, l'existence d'un contrat ne suffit pas à elle seule pour actionner la responsabilité
contractuelle. Encore faut-il que l'on soit devant un contrat conclu (A) et efficace (B).
A. L'exigence d'un contrat conclu
La responsabilité contractuelle prend son point de départ dès la conclusion du contrat. Cette
condition relève de l'évidence dans la mesure où l'on ne peut parler d'une défaillance dans l'exécution
d'un contrat qui n'a pas encore été conclu.
Dès lors, la rupture de pourparlers intervenant avant la conclusion du contrat ne peut être
sanctionnée sur le terrain de la responsabilité contractuelle. Elle ne peut l'être que sur le plan
extracontractuel. Par contre, cette rupture peut donner lieu à des dommages et intérêts contractuels,
si elle intervient en présence d'un contrat préparatoire d'un contrat définitif (contrat de pourparlers
ou avant-contrat).
Cependant, même en présence d'un contrat conclu, la responsabilité contractuelle peut être
écartée. En effet, lorsque la défaillance est précontractuelle ou post-contractuelle, la responsabilité
du fautif ne peut être recherchée que sur le terrain extracontractuel.
• La défaillance précontractuelle le manquement à un devoir précontractuel, légal
ou prétorien, par exemple : le devoir d'information, de renseignement ou de conseil ne
relève pas de la responsabilité contractuelle. La défaillance est intervenue à un moment où
il n'y avait point d'obligation contractuelle.
• La défaillance post-contractuelle le manquement postérieur à l'exécution du
contrat et afortiori à son extinction ne relève non plus de
la responsabilité contractuelle. La faute génératrice de la responsabilité a été réalisée après
l'extinction du contrat. Cela implique une responsabilité extracontractuelle, sauf lorsqu'il s'agit
d'obligations stipulées exigibles après la fin du contrat.
B. L'efficacité du contrat
La défaillance contractuelle n'engage la responsabilité du fautif que lorsque le contrat est conclu
et qu'il est en mesure de produire ses effets de façon efficace. Une telle efficacité fait défaut lorsqu'on
se trouve devant un contrat nul ou résilié.
• Le contrat nul : un contrat nul est un contrat vidé du moindre effet ; les obligations
auxquelles il a donné naissance sont anéanties rétroactivement, déliant ainsi les
cocontractants de leurs obligations respectives. Dès lors, le fait générateur de la
responsabilité contractuelle se trouve privé de son fondement contractuel qui est réputé
n'avoir jamais existé. Cependant, il faut noter que tant la nullité n'a pas été déclarée par le
juge, le contrat demeure valable et produit ses effets.
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• Le contrat résilié : la résiliation implique l'anéantissement du contrat pour l'avenir,
libérant ainsi les parties de leurs obligations respectives. La solution serait donc la même
qu'en matière d'annulation.
11. LES CONDITIONS DE FOND
L'existence d'un droit à réparation dépend de trois éléments cumulatifs : une faute contractuelle
(A), un préjudice (B) et un lien de causalité (C).
A. La faute contractuelle
La faute contractuelle constitue la pierre angulaire de la responsabilité contractuelle. Elle
consiste en un manquement aux obligations contractuelles (1) qui doit être imputable au
cocontractant défaillant (2) pour asseoir sa responsabilité contractuelle.
1. Le manquement contractuel
De façon générale, le manquement contractuel réside dans l'inexécution d'une obligation
découlant du contrat. Il peut être soit une inexécution pure et simple de l'obligation, soit un retard
dans son exécutionl. Dans les deux cas de figure, le débiteur de l'obligation sera condamné du seul
fait de l'inexécution, sans que la preuve d'une faute ne soit nécessairement produite. Cependant, il
existerait des obligations dont la preuve s'impose pour que l'on puisse asseoir la responsabilité du
débiteur (1). Parfois,
le créancier a intérêt à prouver une faute particulièrement qualifiée qui lui permettra d'obtenir
une plus large indemnisation du préjudice subi (2).
2. La preuve d'une faute
La charge de la preuve d'une faute en matière de responsabilité contractuelle est fonction de la
nature de l'obligation. Ainsi, une distinction entre l'obligation de résultat et l'obligation de moyen
s'impose en la matière.
• L'obligation est de moyen : lorsque le débiteur n'a pas promis l'exécution du
contrat, mais seulement de mettre en œuvre tous les moyens pour y parvenir. Dans ce
genre d'obligations, le créancier ne peut engager sa responsabilité contractuelle pour le
seul fait qu'il n'a pas obtenu le résultat escompté, mais le créancier doit prouver sa faute
en démontrant qu'il n'a pas mis en œuvre les moyens dont il disposait. L'appréciation de
cette faute est faite in abstracto par référence au modèle abstrait du « bon père de famille
». Le débiteur d'une obligation de moyen peut tenter de s'exonérer de sa responsabilité
contractuelle en démontrant qu'il n'a pas commis de faute ou en prouvant l'existence d'une
cause étrangère.
• L'obligation est de résultat : lorsque le débiteur a promis l'exécution du contrat,
en excluant tout aléa. Dès lors, le défaut du résultat suffit à constituer la faute, et à engager
sa responsabilité. La qualification d'obligation de résultat implique deux conséquences :
d'une part, le créancier n'a pas à rapporter la preuve d'une faute, celle-ci est présumée de
façon irréfragable ; d'autre part, le débiteur peut s'exonérer de sa responsabilité
contractuelle en invoquant une cause étrangère.
Se pose alors la question de la qualification de l'obligation. Celle-ci dépend de deux critères :
principal et subsidiaire.
• Le critère principal : réside dans la volonté des parties. Ainsi, c'est l'intensité de
l'engagement pris par le débiteur à l'égard du créancier (mise en œuvre des moyens ou
promesse du résultat) qui sera déterminant de la nature de l'obligation.
• Le critère subsidiaire : dans le silence du contrat, le juge opère lui-même la
qualification en se référant à l'existence ou non d'un aléa pour le contractant. Si le débiteur
avait en son pouvoir exclusif les moyens lui permettant d'en garantir l'exécution,
l'obligation est de résultat. Dans le cas contraire, elle est de moyens.
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Ces deux critères de qualification sont fortement tempérés dans la pratique judiciaire. Ainsi, le
juge opère parfois la qualification, non au regard de l'application objective des critères ci-dessus
définis, mais en fonction de considérations d'opportunité. Tel est le cas des obligations de donner et
de ne pas faire qui sont dépourvues d'aléa, et sont donc toujours qualifiées par la jurisprudence
d'obligations de résultat.
3. La preuve d'une faute qualifiée
En principe, l'engagement de la responsabilité contractuelle du débiteur n'exige pas une faute
particulièrement qualifiée. Dès l'instant où celle-ci existe, elle peut permettre la condamnation à des
dommages et intérêts, quelle que soit sa gravité. Cependant, le créancier a parfois intérêt à prouver
une faute grave, car cette preuve peut lui permettre d'obtenir une plus large indemnisation en
écartant aussi bien la règle de limitation de la réparation au seul préjudice prévisible que le jeu des
clauses limitatives de responsabilité2.
Deux types de fautes graves peuvent avoir une incidence sur la responsabilité du créancier et
que le débiteur doit en rapporter la preuve. Il s'agit de la « faute dolosive » et de la « faute lourde » :
• La faute dolosive : il ne s'agit pas du dol « vice du consentement » qui intervient
lors de la formation du contrat, mais d'un refus délibéré de la part du débiteur d'exécuter
ses obligations, peu importe qu'elle soit animée par une volonté de nuire ou non.
• La faute lourde : elle consiste traditionnellement en une faute d'une particulière
gravité, révélant une carence extrême du débiteur. Le juge doit alors apprécier de façon
objective l'importance de l'inexécution, et retenir la faute lourde lorsqu'elle dépasse
notoirement le seuil habituel de la faute.
2. L'imputabilité de la faute
Pour que le débiteur soit responsable, il est nécessaire que l'inexécution soit imputable à son
activité (a) et non à une cause étrangère (b).
a. La faute liée à l'activité du débiteur
L'inexécution d'une obligation contractuelle est forcément le fait personnel du débiteur.
Toutefois, il arrive parfois que le débiteur, dans l'accomplissement de son activité tendant à satisfaire
le créancier, fasse usage d'une chose ou recourt à l'assistance d'une personne dont la participation
peut être la source de la défaillance contractuelle. C'est pour cela que la responsabilité du débiteur
peut être engagée à raison du fait d'une chose ou du fait d'autrui.
Le fait de la chose : s'il est inéluctablement source de responsabilité délictuelle, le fait de la chose
peut être également générateur de responsabilité contractuelle du débiteur dans la mesure où cette
chose entre dans le champ contractuel soit en tant qu'objet du contrat, soit en tant que moyen utilisé
pour l'exécution du contrat :
La chose est l'objet du contrat: cette hypothèse se rencontre dans le cadre
des contrats relatifs aux biens dans lesquels le débiteur s'est engagé à transférer la
propriété ou à assurer la jouissance d'une chose, c'est-àdire essentiellement vente, prêt,
bail. Le défaut ou le vice de la chose livrée marque alors l'inexécution d'une obligation de
délivrance qui peut être sanctionnée par la responsabilité contractuelle de droit commun.
Cette responsabilité est alors absolument distincte de la responsabilité délictuelle du fait
des choses puisque l'imputation de la responsabilité repose sur l'engagement contractuel
et non sur la qualité de gardien.
La chose est le moyen d'exécution du contrat : cette hypothèse correspond
au contrat de prestation de services, essentiellement l'entreprise, pour lesquels le
maniement d'un outil est nécessaire. Le débiteur se trouve alors exactement dans la
position d'un gardien délictuel. Entrée dans le champ contractuel lors de l'exécution de la
prestation caractéristique, la chose défectueuse engage la responsabilité du débiteur dès
lors que le dommage a été causé au créancier : c'est donc les règles de la responsabilité
contractuelle qui sont appliquées et non pas celles de la responsabilité délictuelle.
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Le fait d'autrui : le débiteur peut engager sa responsabilité contractuelle pour les actes de ceux
qu'il prend l'initiative de faire intervenir dans l'exécution du contrat pour l'assister, le représenter ou
le substituer. Les exemples de cette responsabilité sont nombreux et l'on peut les citer aussi bien dans
le DOC qu'en dehors de celui-ci.
b. La cause étrangère exonératoire
Qu'il s'agisse d'une obligation de moyen ou de résultat, le débiteur peut s'exonérer de sa
responsabilité contractuelle en invoquant une cause étrangère. Celle-ci peut se traduire à travers trois
variantes : la force majeure, le fait du tiers ou celui du créancier.
La force majeure : c'est un événement imprévisible et irrésistible empêchant le débiteur
d'exécuter ses obligations. Ainsi en est-il, à certaines conditions, d'un événement naturel (par exemple
: tempête, ouragan), d'une grève ou de la maladie du débiteur. Pour qu'un événement soit constitutif
de force majeure, il doit en principe présenter trois caractères cumulatifs, dont l'importance varie
selon la nature du fait invoqué.
L'irrésistibilité : le fait doit empêcher totalement le débiteur d'exécuter ses
obligations. Le fait que l'exécution est devenue onéreuse ou difficile ne constitue pas une
force majeure. En effet, l'obligation doit être absolument impossible. Ce caractère est
apprécié in abstracto par le juge, qui se place au jour de l'inexécution.
L'imprévisibilité : si le fait pouvait être prévu, la force majeure est exclue,
puisque le débiteur aurait dû prendre les mesures nécessaires pour en empêcher la
réalisation, ou refuser de s'engager. Toutefois, il arrive parfois que le débiteur tout en
prévoyant la survenance de l'événement il ne pouvait l'empêcher.
L'extériorité de l'événement : la force majeure ne peut en principe être
retenue que lorsque l'événement invoqué est extérieur au débiteur. À cet égard s'est
posée la question de savoir si une grève peut être invoquée par un débiteur comme force
majeure ? Sur cette question, la jurisprudence opère traditionnellement une distinction
selon la cause de la grève.
Le fait du tiers : parfois le débiteur est empêché d'exécuter son obligation du fait de l'immixtion
d'un tiers dans le contrat. Il s'agit là d'une cause étrangère qui implique l'exonération du débiteur de
sa responsabilité contractuelle. Cependant, le fait du tiers doit présenter les mêmes caractères de la
force majeure (irrésistibilité, imprévisibilité, et extériorité) pour admettre l'exonération du débiteur.
Si le fait du tiers n'a pas les caractères de la force majeure, le débiteur n'est pas exonéré dans ses
rapports avec le créancier victime.
Le fait du créancier : l'inexécution de ses obligations par le débiteur peut parfois résulter du fait
même du créancier victime, qui a empêché l'exécution.
B. Le préjudice contractuel
Quelle que soit sa gravité, la faute du débiteur ne suffit pas à elle seule d'engager sa
responsabilité contractuelle. La loi exige que cette faute ait causé un préjudice au créancier (1). Ce
préjudice doit présenter certains caractères pour être réparable (2).
1. L'exigence d'un préjudice contractuel
Le créancier ne saurait être indemnisé s'il ne prouve avoir subi un préjudice (a) dont la nature est
bien déterminée par le DOC (b).
a. L'affirmation de l'exigence d'un préjudice
Dans la responsabilité contractuelle, le débiteur ne peut obtenir réparation que s'il prouve
l'existence d'un préjudice. C'est ce qui découle de la rédaction des articles 263 et 264 du DOC qui
énoncent respectivement que « Les dommages-intérêts sont dus, soit à raison de l'inexécution de
l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution ... », et que ces « dommages sont la perte effective
que le créancier a éprouvée et le gain dont il a été privé, et qui sont la conséquence directe de
l'inexécution de l'obligation...
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Dès lors, l'inexécution qui ne cause pas de préjudice au débiteur ne donne pas lieu à réparation.
D'ailleurs, la jurisprudence refuse classiquement de condamner le débiteur lorsque l'inexécution de la
convention n'a causé aucun dommage au créancier.
L'absence d'un préjudice justifierait tout de même la réparation du créancier ?
Telle est la question que s'est posée la doctrine pour réfuter le principe de l'exigence d'un
préjudice effectivement subi par le débiteur. Ainsi, pour le doyen Carbonnier, le dommage se trouve
"'impliqué dans l'inexécution" de l'obligation. En effet, puisque le créancier compte sur l'exécution de
l'obligation, il serait donc patent que la défaillance du débiteur lui cause de ce fait un dommage.
L'article 262 du DOC nous permet de bien saisir cette logique, puisqu'il énonce que « lorsque
l'obligation consiste à ne pas faire, le débiteur est tenu des dommages-intérêts par le seul fait de la
contravention
2. Les caractères du préjudice contractuel
Comme dans la responsabilité extracontractuelle, le dommage contractuel doit présenter trois
caractères généraux : être certain (a), direct (b) et personnel (c).
a. Le caractère certain
Par caractère certain on entend l'obligation d'existence d'un dommage. L'exigence de certitude
résulte de l'article 264 du DOC, qui vise la perte effective et le gain dont le créancier est privé. Les
suites de l'inexécution doivent donc être avérées et non pas éventuelles.
En effet, le DOC use du passé simple pour désigner le préjudice (la perte effective que le créancier
et le gain dont privé). Cela qui implique l'existence du dommage au jour Où le juge statuera,
ce qui permettra de déterminer avec la certitude nécessaire son existence et sa quotité. Mais il arrive
parfois que le dommage ne soit pas matériellement constaté, notamment lorsque la perte ou le
manque à gagner ne se sont pas manifestés immédiatement. Dans cette hypothèse, le dommage
apparaîtra non pas comme actuel, qualité parfois confondue avec I 'exigence de certitude, mais
comme futur. Or, un dommage futur peut être certain lorsque le lien avec l'inexécution est évident.
b. Le caractère direct
L'article 264 du DOC vise la suite à la fois directe et immédiate de l'inexécution. Ce qui exclut le
préjudice indirect dont il n'est pas certain qu'il découle de l'inexécution, car il pourrait résulter d'une
cause étrangère. Toutefois, il est difficile de tracer la frontière du direct et de l'indirect.
c. Le caractère personnel
L'article 264 du DOC parle du dommage que « le créancier a éprouvé ». Dès lors, le préjudice doit
être personnel au créancier de l'obligation contractuelle, ce qui exclut les tiers au contrat.
C. Le lien de causalité
L'article 264 du DOC prévoit que la réparation en matière de responsabilité contractuelle ne doit
comprendre que le préjudice qui est une suite directe de l'inexécution de l'obligation. Dès lors, un lien
de causalité doit être prouvé pour exiger
des dommages-intérêts. La réparation des conséquences indirecte d'un dommage ne saurait être
mise à la charge du débiteur.
La victime doit prouver l'existence d'un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.
Le défendeur peut contester ce lien de causalité en prouvant l'existence d'une cause étrangère :
fait d'un tiers, faute de la victime ou force majeure.
Si la cause étrangère est la cause unique du dommage, le débiteur est totalement
exonéré.
Si le fait du tiers a concouru à la réalisation du dommage, le débiteur contractuel
et le tiers sont tous les deux tenus in solidum.
Si la faute de la victime a concouru à la réalisation du dommage, le débiteur est
partiellement exonéré.
À noter que contrairement à la formation du contrat, l'exigence de la faculté de discernement
n'est pas requise de l'auteur de l'inexécution contractuelle.
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1. LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
CHAPITRE 3. LE DÉNOUEMENT DE LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE
La mise en cause de la responsabilité contractuelle du débiteur implique la réparation du
préjudice dont la mesure s'impose (II). Cette action en réparation est subordonnée à une mise en
demeure (I).
1. LA MISE EN DEMEURE
La mise en demeure est l'acte par lequel un créancier demande à son débiteur d'exécuter son
obligation. Il s'agit d'un acte unilatéral comminatoire dont l'Objet est d'inciter le débiteur à exécuter
ses obligations.
Sur le plan juridique, la mise en demeure est un acte nécessaire au créancier pour actionner la
responsabilité contractuelle de son débiteur (A) et dont le jeu implique des effets divers (B).
A. L'acte juridique de mise en demeure
La mise en demeure est un acte indispensable pour que l'on puisse mettre en jeu la responsabilité
contractuelle d'un débiteur. Son domaine (1) et sa forme (2) doivent être précisés.
1. Le domaine de la mise en demeure
La mise en demeure reste en principe requise pour actionner la responsabilité contractuelle du
débiteur. Toutefois, il existe plusieurs exceptions d'ordre légal ou conventionnel.
a. Les exceptions légales
Ces exceptions comprennent les cas suivants :
Lorsque l'obligation est de ne pas faire, le débiteur doit des dommages et intérêts
par le seul fait de la contravention sans qu'une mise en demeure soit nécessaire (DOC, art.
262 al. 1er) ;
Lorsque le débiteur déclare à son créancier qu'il refuse d'exécuter son obligation
(DOC, art. 256-10) ;
Lorsque l'exécution est devenue impossible (DOC, art. 256-20).
b. Les exceptions conventionnelle
Le débiteur peut être délié de l'obligation de mise en demeure par une exemption contractuelle.
Il suffit pour cela que le contrat stipule un terme bien établi pour l'exécution de l'obligation
contractuelle. Le débiteur sera constitué en demeure par la seule échéance de ce terme (DOC, art.
255 al. 1er).
B. L'aménagement conventionnel de la réparation
Les parties au contrat peuvent, par leurs conventions, déterminer l'intensité des obligations qui
pèsent sur elles. Elles peuvent également alléger ou renforcer le régime de leur responsabilité à
travers des clauses. Celles-ci ne peuvent porter que sur la responsabilité contractuelle des parties, et
nullement sur leur responsabilité délictuelle qui est d'ordre public et à laquelle il n'est donc pas
possible de déroger.
Ainsi, lors de la conclusion du contrat, les parties peuvent aménager les conséquences de
l'inexécution du contrat en insérant des clauses relatives aux conditions de la responsabilité. Elles
peuvent être : des clauses aggravant ou restreignant le contenu des obligations ; des clauses limitant
ou supprimant la responsabilité en cas d'inexécution (1) ou encore des clauses pénales qui fixent
forfaitairement le montant des dommages et intérêts dus en cas d'inexécution (2).
1. Les clauses exonératoires, aggravantes ou limitatives de la responsabilité
Les clauses exonératoires de responsabilité permettent à une partie d'exclure complètement sa
responsabilité contractuelle en prévoyant qu'elle ne devra aucun dommage et intérêt en cas
d'inexécution.
Les clauses limitatives de responsabilité, elles fixent le montant maximum des dommages et
intérêts qui pourront être versés. Le maximum peut être révisé par le juge s'il est manifestement
dérisoire.
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Les clauses aggravantes de responsabilité, sont celles par lesquelles le débiteur déclare qu'il
répondra de l'inexécution, même si un cas de force majeure en est la véritable cause. Son obligation
devient une obligation de garantie, il en résultera un prix plus élevé pour le créancier, qui sera garanti
contre tout aléa. A distinguer aussi des clauses augmentant le contenu des obligations, on citera par
exemple le locataire qui prend à sa charge toutes les réparations, alors qu'il est normalement tenu
que des réparations locatives.
2. Les clauses pénales
La clause pénale est définie comme une stipulation « comminatoire en vertu de laquelle un
contractant s'engage en cas d'inexécution de son obligation principale (ou en cas de retard dans
l'exécution) à verser à l'autre à titre de dommages-intérêts une somme forfaitaire — en général très
supérieure au montant du préjudice réel subi par le créancier (et appelée peine stipulée) - qui en
principe ne peut être ni modérée ni augmentée par le juge, sauf si elle est manifestement excessive
ou dérisoire » 1.
De cette définition découle la finalité principale de la clause pénale qui consiste à inciter le
débiteur à exécuter ses obligations, mais elle n'est pas la seule, puisqu'elle poursuit, d'une part, un
objectif de réparation d'un éventuel dommage causé par l'inexécution d'une obligation et, d'autre
part, un but de coercition à l'égard du débiteur défaillant.
I
G. Vocabulaire juridique, Assoc_ H Capitant , 8 PUF, 2009, p. 673, «péna1-2 clause »_
11. LA RESPONSABILITÉ DÉLICTUELLE
CHAPITRE 1. LA RESPONSABILITÉ DU FAIT PERSONNEL
Tout fait dommageable oblige son auteur à réparation. L'article 77 du DOC énonce que :
« Tout fait quelconque de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause sciemm ent et
volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit dommage,
lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause » ;
L'article 78 du DOC ajoute :
« Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a causé, non s eulement par son
fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe ».
La mise en œuvre de la responsabilité civile délictuelle nécessite donc la réunion de trois
éléments constitutifs :
Un fait générateur ;
Un dommage, dont les caractéristiques sont identiques à celles du dommage contractuel
: le dommage réparable sera donc le dommage certain, actuel ou futur, licite et direct. Il peut être
moral, matériel ou corporel.
Un lien de causalité entre le dommage et le fait générateur.
1. LA FAUTE
La faute délictuelle ou quasi-délictuelle est une condition nécessaire à la mise en oeuvre de la
responsabilité du fait personnel.
A. La définition
La faute délictuelle peut être définie comme la violation ou le manquement d'une obligation
extracontractuelle. Celle-ci peut résulter soit :
• De l'inobservation d'une loi, d'un règlement ou d'un usage (ex. : code de la route ou droit
de propriété).
• Tout comportement manifestant une absence de précautions ou de soins dont n'aurait
pas fait preuve, placé dans les mêmes circonstances, un « bon père de famille », une personne
normalement prudente et diligente.
La faute s'apprécie in abstracto, l'intention de nuire n'est pas exigée. Il en va autrement
concernant la faculté de discernement. L'article 96 du DOC énonce que : « Le mineur, dépourvu de
discernement, ne répond pas civilement du dommage causé par son fait. Il en est de même de
l'insensé, quant aux actes accomplis pendant qu'il est en état de démence.
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Le mineur répond, au contraire, du dommage causé par son fait, s'il possède le degré de
discernement nécessaire pour apprécie les conséquences de ses actes ». Quand aux sourds-muets et
les infirmes répondent des dommages résultant de leur fait ou de leur faute, s'ils possèdent le degré
de discernement nécessaire pour apprécier les conséquences de leurs actes (art. 97). Par ailleurs,
l'ivresse, lorsqu'elle est volontaire, n'empêche point la responsabilité civile dans les obligations
dérivant des délits et quasidélits. Il n'y a point de responsabilité civile, lorsque l'ivresse était
involontaire; la preuve de ce fait incombe au prévenu » (art. 93).
B. Les différentes fautes délictuelles
Il existe une variété infinie de fautes, voici quelques exemples :
La faute par action : elle suppose un acte positif, qui peut être soit matériel (ex. blesser
quelqu'un) ou même intellectuel (ex. diffamation, injures).
La faute par abstention : se caractérise dans l'inexécution d'une obligation légale ; la faute
est aussi reconnue lorsque l'omission est dictée par une intention de nuire.
Les fautes dans l'exercice d'un droit ou abus de droit : l'exercice d'un droit peut
également être considéré comme fautif, lorsqu'il est utilisé de manière abusive (ex. la rupture
abusive des pourparlers).
Les fautes professionnelles : elles concernent les rapports des professionnels avec les
non-professionnels (ex. l'erreur d'un architecte), mais également les rapports des professionnels
entre eux (ex. concurrence déloyale, parasitisme).
C. La hiérarchie des fautes
Comme en matière contractuelle, il existe plusieurs degrés de faute :
Faute intentionnelle (le délit) : elle suppose une volonté d'agir avec l'intention de causer
un dommage à autrui. Elle engage évidemment la responsabilité de son auteur, sur le fondement
de l'article 77 du DOC précité.
Faute non intentionnelle (le quasi-délit) : c'est une faute de négligence ou d'imprudence,
sans vouloir un résultat dommageable. Elle engage aussi la responsabilité délictuelle de son
auteur.
Faute inexcusable : c'est une faute d'une grande gravité émanant d'un acte ou d'une
omission volontaire.
11. LE PRÉJUDICE
A. Les conditions
Direct : le dommage est direct lorsqu'il est en relation de causalité avec la faute commise.
Licite : le dommage doit être licite, c'est-à-dire non contraire à la loi et aux bonnes
moeurs.
Le dommage doit être certain (actuel ou futur) : le dommage futur est réparable lorsqu'il
est susceptible d'être évalué au jour où le tribunal statue. Et tout dommage éventuel doit être
écarté, car on ne sait pas vraiment s'il va se réaliser.
B. La diversité des dommages
Le dommage peut être :
Matériel : c'est toute atteinte aux droits pécuniaires. Il peut être une perte éprouvée ou
un gain manqué.
Moral : c'est un préjudice d'ordre affectif touchant aux sentiments (par ex. atteinte à
l'honneur, décès..).
Corporel : c'est l'atteinte à la santé ou à l'intégrité physique ou mentale d'une personne.
111. LIEN DE CAUSALITÉ
La victime doit prouver l'existence d'un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.
Le défendeur peut contester ce lien de causalité en prouvant l'existence d'une cause étrangère (fait
d'un tiers, faute de la victime ou événement constitutif de force majeure).
L'exonération de l'auteur est totale en cas de force majeure, par le fait d'un tiers ou de la victime.
Elle peut être aussi partielle dans le cas où le fait du tiers ou de la victime a concouru au préjudice.
11
Par ailleurs, en plus de la cause étrangère, l'auteur peut être exonéré en présentant la preuve
d'une conduite et d'un comportement correct, irréprochable, et conforme aux règles.
11, LA RESPONSABILITÉ DÉLICTUELLE
CHAPITRE 2. LA RESPONSABILITÉ DU FAIT D'AUTRUI
L'article 85 DOC énonce que : « On est responsable non seulement du dommage que l'on cause
par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre.
Le père et la mère après le décès du mari sont responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux ;
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les
fonctions auxquelles ils les ont employés ;
Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur
surveillance ;
La responsabilité ci-dessus a lieu à moins que les père et mère et artisans ne prouvent qu'ils n'ont
pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
Le père, la mère et les autres parents ou conjoints répondent des dommages causés par les
insensés et autres infirmes d'esprit, même majeurs, habitant avec eux, s'ils ne prouvent :
1. Qu'ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire;
2. Ou qu'ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l'insensé;
3. Ou que l'accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime.
La même règle s'applique à ceux qui se chargent, par contrat, de l'entretien ou de la surveillance
de ces personnes
Nous traiterons trois sortes de responsabilités du fait d'autrui :
La responsabilité des commettants du fait de leurs préposés ;
La responsabilité des parents du fait de leurs enfants ;
La responsabilité des instituteurs du fait de leurs élèves et les fonctionnaires du service de la
jeunesse et des sports.
1. LA RESPONSABILITÉ DES COMMETTANTS DU FAIT DE LEURS PRÉPOSÉS
A. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité des commettants
1. L 'existence d'un lien de préposition entre l'auteur du dommage et le
responsable
Le commettant est celui qui a le pouvoir de donner des ordres au préposé (pouvoir de direction,
d'autorité et de contrôle). Dès lors, le simple fait de recevoir des instructions est insuffisant pour
retenir la qualification de préposé (ex. entrepreneur et maître d'ouvrage). De l'autre côté, le préposé
est celui qui agit pour le compte d'un commettant, il lui est subordonné. Ce lien de préposition peut
exister dans ou en dehors d'un cadre contractuel (travail non salarié).
Un préposé peut avoir successivement plusieurs commettants ; il faut alors déterminer la
personne qui avait, au moment de la survenance du dommage, l'autorité effective sur lui.
2. Un fait dommageable commis par le préposé
Le préposé doit avoir commis un acte fautif au sens des articles 77 et 78 du DOC (précité).
3. L 'existence d'un lien entre I 'acte dommageable et la fonction
Le commettant n'est responsable que si l'acte dommageable a été commis pendant les fonctions
auxquelles le préposé est employé. Autrement dit, l'acte doit être commis sur le lieu, pendant les
horaires ou avec les moyens du travail.
B. Les causes d'exonération du commettant
Le commettant est exonéré en cas d'abus de fonction. Il est constitué lorsque le préposé a agi
hors des fonctions auxquelles il était employé, sans autorisation, et à des fins étrangères à ses
attributions.
Le commettant a la possibilité de s'exonérer en prouvant l'existence d'une cause étrangère qui
ne soit pas imputable au préposé.
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11. LA RESPONSABILITÉ DES PARENTS DU FAIT DE LEURS ENFANTS
A. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité des parents
- La minorité de l'enfant ;
- L'exercice de l'autorité parentale ;
- Un fait dommageable commis par l'enfant.
B. Les causes d'exonération des parents
Les parents ont la possibilité de s'exonérer en prouvant l'absence d'une ou plusieurs conditions
d'application, la force majeure ou la faute de la victime.
W. LA RÉPARATION
La victime directe ou par ricochet peut choisir un ou plusieurs fondements de responsabilité
délictuelle . le cumul des régimes de responsabilité délictuelle à l'encontre d 'une même personne est
donc possible.
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du DOC afin de condamner le gardien à le réparer ( ex . une chute dans un escalier , le sol d'un magasin
humide ) . Le lien de causalité entre le fait de la chose inerte et le dommage doit être certain , mais il
peut être indirect ; c'est - à - dire qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait eu eu contact . Il appartient au
gardien de rapporter la preuve contraire .
§ . 3. Un responsable, le gardien de la sélection
pour appliquer l'article 88 du DOC, la sélection ne suffit pas en elle-même, mais il faut qu'elle
soit associée à la notion de la garde (A). Le principe de responsabilité de plein droit du fait des choses
trouve son fondement dans la notion de garde, indépendamment de toute faute personnelle du
gardien. Toutefois, la notion de garde la loi ne donne aucune définition de la garde et n'indique pas
les modes de détermination du gardien et de son exonération (B). C'est la jurisprudence et la doctrine
qui ont pris la charge d'en préciser . En outre , l'absence de discernement ne s'oppose pas à
l'attribution de la qualité de gardien .
A. La notion de garde
Selon la jurisprudence , deux conceptions de la garde se sont affrontées :
- La première privilégie plutôt la garde matérielle de la chose , c'est - à - dire rechercher , au
moment du dommage , celui qui exerçait un pouvoir de l'usage , le contrôle et de direction sur la chose
( ex . accident occasionné par une voiture volée ) . Dans ce cadre la garde n'est plus juridique , mais
matérielle .
-La seconde conception considère que le gardien est celui qui a la qualité de propriétaire . C'est
ce dernier qui est présumé responsable . Il peut décider de transférer la garde ( ex . location , prêt ,
etc ) , ce qui emportera transfert de la responsabilité Il appartient à ce dernier de prouver le transfert
de la garde antérieurement au dommage pour écarter sa responsabilité . Le transfert peut être aussi
involontaire ( ex . vol ) qui doit être aussi prouvé . Par ailleurs , le préposé ne devient jamais le gardien
; la subordination à laquelle il est soumis l'empêche de prendre la direction de la choisi. Le
commettant devenait le gardien de la propriété du préposé dès lors que ce choix était utilisé par le
préposé pour accomplir sa mission . Le commettant ne pourra échapper à sa condamnation qu'en
démontrant que le préposé à un abusé de ses fonctions c'est qu'il s'est placé en dehors de ses
fonctions , lui permettant alors d'acquérir la maîtrise de la maîtrise origine du dommage. Concernant
la garde commune de la choose , la responsabilité dans est in solidum dans accident le cas où la
détermination de l'auteur de l'acte est impossible (ex .s provoqué par des armes d'un groupe de
chasseurs; un incendie des provo enfants en jouant avec des allumettes
B. L'exonération du gardien
Le gardien a la possibilité de s'exonérer en prouvant l'existence d'une cause étrangère qui ne lui
soit pas imputable. La cause étrangère revêt la forme :
• Soit de la force majeure (caractéristiques identiques à celles étudiées dans le cadre de la
responsabilité contractuelle) ; elle exonère totalement le gardien de sa responsabilité ;
• Soit du fait de la victime, qui exonère totalement le gardien, si elle est la cause exclusive
du dommage ou si elle possède les caractéristiques de la force majeure ; partiellement le gardien,
dans les autres cas.
• Soit le fait d'un tiers qui exonère le gardien de sa responsabilité parce qu'il est la cause
exclusive du dommage ; qui n'exonère pas le gardien de sa responsabilité parce qu'il n'est qu'une
cause du dommage parmi d'autres et entraîne l'application du principe de la responsabilité in
solidum.
11. LA RESPONSABILITÉ DU FAIT DES ANIMAUX
Chacun doit répondre du dommage causé par l'animal qu'il a sous sa garde, même si ce dernier
s'est égaré ou échappé, s'il ne prouve :
• Qu'il a pris les précautions nécessaires pour l'empêcher de nuire ou pour le surveiller ;
• Ou que l'accident provient d'un cas fortuit ou de force majeure, ou de la faute de celui qui
en a été victime (DOC, art. 86).x
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111. LA RESPONSABILITÉ DU FAIT DES BÂTIMENTS EN RUINE
Le propriétaire d'un édifice ou autre construction est responsable du dommage causé par son
écroulement ou par sa ruine partielle, lorsque l'un ou l'autre est arrivé par suite de vétusté, par défaut
d'entretien, ou par le vice de la construction. La même règle s'applique au cas de chute ou ruine
partielle de ce qui fait partie d'un immeuble tel que
les arbres, les machines incorporées à l'édifice et autres accessoires réputés immeubles par
destination. Cette responsabilité pèse sur le propriétaire de la superficie, lorsque la propriété de celle-
ci est séparée de celle du sol.
Lorsqu'un autre que le propriétaire est tenu de pourvoir à l'entretien de l'édifice,
soit en vertu d'un contrat, soit en vertu de l'usufruit ou autre droit réel, c'est cette personne qui
est responsable.
Lorsqu'il y a litige sur la propriété, la responsabilité incombe au possesseur actuel de l'héritage
(DOC, art. 89)
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