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CHAPITRE I

GENERALITES ET APPROCHE CONCEPTUELLE DE L’OBEJT D’ETUDE

Il nous sera question tout au long du présent chapitre d’aborder la notion sur les
généralités des concepts qui constituent notre étude avant de livrer nos pensées en ce qui
concerne la problématique du présent travail. De ce fait ce chapitre est subdivisé en trois
sections dont la première aborde la question de la responsabilité civile, la deuxième sur la
typologie des préjudices afin le troisième sur les violences sexuelles.

SECTION I LA RESPONSABILITE CIVILE

§1 Approche lexicale

Il sied de dire que la responsabilité civile est un mécanisme juridique en vertu


duquel toute personne qui commet une faute doit indemniser la victime en concurrence du
préjudice subi par cette dernière, autremendit la responsabilité c’est une obligation pour une
personne d’assurer une faute et le dommage qui en résulte par le biais d’une éventuelle
réparation1.

La responsabilité est l’idée d’avoir la perception des conséquences des actes


et d’être capable de les assumer. En droit civil, le terme responsabilité a un sens particulier.
La responsabilité civile délictuelle est gouvernée par le principe de la réparation intégrale
du préjudice. Lorsqu’un dommage est subi par autrui, le responsable va devoir le réparer.

La responsabilité est un mécanisme juridique destiné à assurer la réparation


d’un dommage.2

Elle est couramment définie comme l’obligation mise à la charge d’une


personne de réparer un dommage subi par une autre, la responsabilité se traduit dont par une
dette de réparation pesant sur l’auteur du dommage au profit de la victime.3

Pendant longtemps a existé le principe d’identité des fautes civiles et pénales,


aujourd’hui largement abandonné. Une faute civile peut ainsi très bien être relevée quand bien

1
PUIGELIER Catherine, Dictionnaire juridique, édition Larcier, Bruxelles, 2015, p.867
2
MAINGUY Daniel, Droit des obligations contrats, responsabilité, régime de l’obligation, S.D, p.304
3
KYABOBA KASOBWA Léon, « Cours de droit civil les obligations », G3 Droit Université de Lubumbashi,
2018
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même ne relèverait-on pas de faute pénale. On applique l’adage « le criminel tient le civil en
l’état ».

Si pour une même affaire il y a une action pénale et une action en réparation
civile devant les juridictions civiles, la juridiction civile doit surseoir à statuer et attendre le
résultat des juridictions pénales. Cela permet d’éviter les contrariétés de jugement. Cela se
justifie par le fait que le procès pénal est inquisitoire et permet de découvrir des preuves plus
facilement par opposition au procès civil accusatoire4.

Ainsi le concept de responsabilité, lorsqu’on fait abstraction de toute idée de


culpabilité s’apparente étroitement à la notion de garantie. Le responsable est celui qui est
tenu de réparer, ou si l’on veut, de garantir le droit à réparation de la victime, ce qui revient au
même.5

De toutes ces définitions les différentes auteurs qui précèdent, quelques soient
des nuances sur quelques termes utilisés, ils ne s’opposent pas. C’est ainsi pour notre part
nous disons que la responsabilité est une obligation de réparer le préjudice résultant d’une
faute dont on est l’auteur direct ou indirect.

Par exemple : un accident de circulation causé par un cycliste, admettre la


responsabilité de ce dernier signifie qu’il devra indemniser la victime qui peut être piéton, un
automobiliste ou encore un autre cycliste que l’accident ait des suites corporelles,
l’indemnisation compensera les frais médicaux et les cas échéant l’incapacité de travail qui en
résulte ; s’il y a des dégâts matériels (dommages aux biens), elle portera pareillement sur les
frais de remise en état des biens endommagés.

Ainsi définie, la responsabilité peut résulter dans l’inexécution ou de la


mauvaise exécution d’un contrat par exemple : de la perte ou de la détérioration des
marchandises confiées à un transporteur ; ici on parle de la responsabilité contractuelle en
vertu de laquelle le débiteur qui n’a pas exécuté son obligation ou qui l’a mal exécuté, ce qui
inclut l’exécution de faire avec retard et qui suscite des dommages et intérêts à son créancier
pour le retard.

4
CARBONNIER Jean, Droit civil, éd. Dalloz, 20 éme éd, Paris, 2005, p.128
5
BANZA LUNGA Aimé, op.cit., p.30
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Il sied de rappeler qu’il y a une diversité des responsabilités telles que : la


responsabilité morale qui a pour sanction la conscience individuelle. La faute civile et la faute
morale ne se coïncide pas. La responsabilité morale s’opère dans et par la conscience qui
approuve ou blâme la conduite au sujet selon que celle-ci est conforme ou non aux normes
posées par la morale ; à lorsque le code civil considère de manière identique la fuite
intentionnelle et la faute d’imprudence donc la responsabilité morale n’a pas tout intérêt d’être
invoquée ici.

La responsabilité politique : par exemple, la responsabilité du gouvernement


devant l’assemblée nationale (art 91 de la Constitution du 18 février 2006 : « le gouvernement
définit, en concertation avec le président de la république, la politique de la nation et en
assume la responsabilité le gouvernement est responsable devant l’assemblée nationale dans
les conditions prévues).

La responsabilité juridique cette responsabilité emprunte trois formes de


responsabilités que sont la responsabilité administrative, la responsabilité pénale et la
responsabilité civile. Il sied de souligner que ces les deux dernières responsabilités qui nous
intéressent plus.

En s’attachant à l’étude de la responsabilité archaïque on discerne divers traits


fondamentaux. Les civilisations primitives s’efforcent de découvrir derrière tout événement.
L’existence d’une ou de plusieurs volontés. En ce sens, les dommages anonymes leur
paraissent inconcevables. Pourtant dans ce contexte, l’aspect mécaniste de la responsabilité
s’affirme.

Dans la mesure où la responsabilité archaïque » retient l’acteur, celui par le fait


duquel le préjudice été causé plutôt que l’auteur, celui par la fauté duquel il y a dommage ».

Dans cette occurrence, il nous semble parfois difficile d’établir toujours une
responsabilité à l’égard de l’acteur, celui par le fait duquel le préjudice a été causé, qui
d’après notre point de vue parait tiers dans ce cas.

Il est de nos jours difficile d’affirmer que dans chaque cas de responsabilité ;
est le fait d’un tiers : par le simple fait que certains préjudices sont l’émanation des actes
posés directement par l’auteur comme cela était visé dans les civilisations primitives qui
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voyaient plus l’acteur plutôt que l’auteur du préjudice. Les même auteurs poursuivent : » en
outre, l’aspect collectif de la culpabilité se manifeste alors, à la fois par le caractère
contagieux de la culpabilité, notamment à l’égard de l’entourage, et par la nature des
réactions que suscite, dans le groupe le comportement déviant»

§2. Appréhension du monde moderne de la responsabilité civile

Elle est celle qui résulte du préjudice causé à autrui et le but ici est d’assurer la
réparation au profit du particulier lésé.6

A son tour Philippe Le Tourneau affirme que la responsabilité civile porte sur
l’obligation de réparer le dommage causé à autrui par un acte contraire à l’ordre juridique, son
auteur doit répondre.7 Elle a pour but la défense de la société. Elle n’est engagée que
lorsqu’un individu a commis un fait érigé en infraction et puni par texte spécial. Elle suppose
donc une faute pénale qui peut être intentionnelle par exemple : vol, assassinat, ou une faute
de négligence ou d’imprudence par exemple : homicide, ou blessure involontaire.8

Yvaine BUFFELLAN LANORE et Virginie LARRIBAU TERNEYRE disent


que la responsabilité civile est le domaine du droit qui vise à réparer les lésions, les
dommages subis par un individu dans son propre (dommage corporel ou moral) et ou dans ses
bien.9
Comme nous l’avons défini, elle est une obligation de réparer les dommages
causés à autrui. La responsabilité civile est tout autant la sanction du manquement à une
obligation (Contractuelle, délictuelle préexistante) que la source d’une obligation nouvelle
(réparer le dommage causé). Elle tend à la réparation du préjudice subi par la victime c'est-à-
dire remplacé la victime aux dépenses du responsable, dans la situation ou elle ne se serait
trouvée si l’acte dommageable n’avait pas eu lieu.

Le principe de cette réparation civile est consacré par l’article 258 du code civil
livre III qui dispose : « Tout fait de l’homme qui cause dommage à autrui oblige celui par la
faute duquel, il est arrivé à le réparer » ce principe renferme ainsi l’idée de la vengeance
6
BUFFELLANT LONORE Yvaine et LARRIBAU TERNEYRE Virginie, Droit civil, 2e année, Les
Obligations, 11e éd. Dalloz, Paris, 2008 ; p.476
7
LE TOURNEAU Philippe, Droit de la responsabilité et des Contrats, Dalloz, Paris ; 2009, p.3
8
KYABOBA KASOBWA Léon, op.cit., 2018, p.74
9
BUFFELLANT LONORE Yvaine et LARRIBAU TERNEYRE Virginie, op.cit., p.475
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privée soumise à la loi du talion, de la composition forcée et la composition volontaire ; cette


idée était pratique jadis quand la responsabilité civile et la responsabilité pénale étaient
mêlées, il sied de rappeler que la responsabilité civile avec l’idée du législateur de 1988 est
liée à la réparation qui est imposée par la loi.

Cette dernière se divise aussi en deux groupes : la responsabilité délictuelle


(quasi-délictuelle) tous appelés la responsabilité acquilienne et la responsabilité contractuelle
(quasi-contractuelle) les dernières responsabilités jouent qu’entre les personnes liées par une
convention et en raison du préjudice que l’une d’entre elles (partis) pourrait entrainer par
l’inexécution totale ou partielle par des obligations que le contrat lui impose ou encore par
l’exécution avec retard.10

« Il est difficile, dès qu’on tente de remonter aux origines et à fortiori aux
origines comparées de préciser l’historique de la responsabilité civile. Sans nul doute, le civil
ne s’est dégagé qu’à grand peine du pénal. Reste que, même à une époque où ces deux
approches demeuraient difficilement dissociable, la souillure qui marque le responsabilité a
pu être efface de maintes manières11 »

De ce qui précède, il semble soutenable que la responsabilité pénale et


responsabilité civile se différent juste par leur sens. Il s’agit dans ce fait pour le coupable de
répondre de ses fait devant la société pour le trouble de l’ordre public car, c’est l’état qui
règlemente la vie en société et lorsque cette vie est bouleversée, il s’avère impérieux de
condamner le contrevent et de le placer à un endroit isole.

Toutefois, à côté de la responsabilité civile il existe d’autres formes de


responsabilité juridique, notamment la responsabilité pénale et la responsabilité
administrative. Ainsi la responsabilité pénale est fondée sur la violation stricte de la loi dont la
sanction est le prononcé d’une peine, son but est de punir le coupable, elle est strictement
subjective parce que se fondant sur la faute : la culpabilité et l’imputabilité administrative
quant à elle est encourue du fait des dommages causés à autrui par une personne physique ou
morale de droit public ou par une personne physique ou morale de droit privé qui participe à
une mission de service public. L’action en réparation s’exerce devant les juridictions

10
Les articles 1, 36, 44, 53, 143, 194 et 197 du code civil congolais livre III
11
Idem, p.616
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administratives. On peut donc constater qu’en droit privé positif le mot responsabilité acquiert
un sens plus technique.12

Dans la responsabilité pénale, on répond de son fait devant l’Etat ou la société,


car, il y a violation de disposition pénale. Et la sanction est que la personne doit subir la peine
par la loi. Par contre, dans la responsabilité civile, l’auteur du préjudice répond de son fait
devant la victime. Peut-être, est-il illusoire de recherche quel a été en la matière le phénomène
initial, réparation ou répression, dans une large mesure, il ne s’agit que de deux aspects d’un
même phénomène.

SECTION II TYPOLOGIES DES PREJUDICES

En réalité, ce sont des catégories purement pédagogiques, n’ayant aucune


conséquence sur le droit de la responsabilité civile puisque, quel que soit le dommage, le
régime de réparation est le même.

On peut souvent distinguer trois types de dommages : matériel, corporel et


moral. Lorsqu’il y a une atteinte à un bien il s'agit d’un dommage matériel, lorsqu’il y a
atteinte à la personne on parle de dommage corporel et quand il s'agit d’une souffrance
psychique on parle de préjudice moral. Certains auteurs établissent une distinction entre les
dommages patrimoniaux et les dommages extrapatrimoniaux13.
Le droit français de la réparation est dominé par un principe : le dommage doit
être intégralement indemnisé, sous tous ses aspects. Ce principe guide la détermination des
chefs de préjudice indemnisables, il comporte en outre des conséquences pour leur évaluation.
Il faut cependant aussi tenir compte de la volonté des parties14.

§1. Les Préjudices Patrimoniaux

Un dommage patrimonial est une atteinte qui se matérialise notamment par une
perte patrimoniale. Dès lors, il est aisément chiffrable puisqu’il dispose d’une valeur
patrimoniale, pouvant s’exprimer en argent. On peut alors distinguer plusieurs types de
dommages patrimoniaux.

12
BANZA ILUNGA Aimé, op.cit., p.31
13
TERRE François, SMLER Philippe et LEQUETTE Yves, op.cit., p.98
14
CHARTIER Yves, op.cit., p.33
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A. Le préjudice matériel

Il s’agit de toute atteinte aux droits et intérêt d’ordre patrimonial et


économiques15.

Par préjudice matériel, on désigne la lésion d’un droit ayant une valeur
pécuniaire, par conséquent patrimonial. Il résulte de la destruction ou la détérioration d’objets
corporels. Ce sont là des dommages matériel dans le sens exact du terme (atteinte à un objet
matériel) les autres résultent de lésions corporelles : blessures, mutation. Dans cette rubrique,
on ne retiendra que les conséquences économiques, pécuniaire et ces dommages corporels :
frais médicaux, chirurgicaux et de pharmacie, incapacité totale ou permanente ou temporaire
de travailler.

Il s’agit des atteintes aux biens du groupe ou aux biens personnels tels des
champs, les récoltes, le bétail, les cases d’habitations, en un mot les atteintes au dommage
patrimonial. Ce sont des préjudices qui sont fréquents parce qu’ils relèvent des activités
quotidiennes des populations rurale. Ils se réparent selon un mode et une procédure spéciale16.

Ce préjudice résulte de l’atteinte aux biens de la victime (destruction,


détérioration d’objets…) ou la perte économique résulte de certains agissements fautifs (l’acte
de concurrence déloyale par exemple)17.

L’altération physique de l’intimité qui avait une profession lucrative sûre


constitue dans ces circonstances un dommage matériel certain qui doit être évalué ex aequo et
bono par la cour. Même si l’intimité est complètement guérie de ses blessures et n’a subi
aucune diminution de sa capacité de travail, il reste qu’elle a subi un préjudice moral et
matériel méritant réparation du fait de la douleur physique éprouvée dans sa chair et de la
souffrance morale qu’elle ressent en se voyant défigurée18.

15
KALONGO MBIKAYI, Droit civil tome 1 : Les obligations, CRDJ, S.d, p.183
16
BANZA ILUNGA Aimé, Op.Cit, p.712
17
Idem, p.48
18
LUKOO MUSUBAO Ruffin, « La jurisprudence congolais en procédure civile », éd. On s’en sortira, 2009,
p.169
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Selon MAX Le Roy, DENIS Jacques Le Roy et BIBAL Fréderic, c’est


l’atteinte à l’intégrité physique et psychique de la personne est fréquemment considérée
comme un synonyme de la notion du préjudice19.

Il s'agit de l’atteinte à un bien appropriable. Néanmoins, cela ne peut jouer que


pour les biens corporels. Récemment, les juges ont fini par admettre l’idée de préjudice
« écologique », c'est-à-dire un dommage causé à l’environnement. Il faut avoir un intérêt à
agir pour demander réparation à travers le droit de la responsabilité civile, cela ne pourra alors
jouer que pour les propriétaires des terres souillées par le pétrole, les personnes lésées par ces
atteintes.

B. Le dommage pécuniaire

Il s'agit d’une « plaie d’argent », une perte d’argent. La victime doit donc
dépenser directement (si c’est indirect, comme la réparation d’une voiture, il s'agit d’un
préjudice matériel) une certaine somme ou en être privée à cause du fait générateur.

On peut identifier deux sous-catégories. On y trouve tout d’abord les


conséquences pécuniaires du préjudice corporel. La personne qui subit une atteinte à son
intégrité physique est touchée par une atteinte pécuniaire (frais de soins, d’hospitalisation,
etc.). Un accident peut également entrainer une incapacité ou une invalidité et le droit de la
responsabilité civile prend en compte un taux d’invalidité ou d’incapacité si cela est définitif
ou dure un certain temps. On distingue des taux d’incapacité partielle ou totale (IP ou IT), ce
qui peut se combiner avec le fait que l’incapacité soit permanente ou temporaire20.

On y trouve ensuite, comme dans de nombreux droits européens, de dommages


purement économiques (pure economic loss). Il s'agit de pertes d’argent dans l’exercice d’une
activité lucrative. Il n’y a alors pas forcément atteinte à un bien (cf. concurrence déloyale
entre deux commerçants).

19
MAX Le Roy, DENIS Jacques Le Roy et BIBAL Fréderic, L’évaluation du préjudice corporel, 20e éd. Lexis
Nexis, Paris, 2015, p.22
20
CARBONNIER Jean, op.cit., p.347
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§2. Les préjudices extrapatrimoniaux


Outre les conséquences financières, classées dans la catégorie des préjudices
patrimoniaux, il ya aussi des préjudices correspondant à une atteinte de la sphère personnelle.
Les préjudices extrapatrimoniaux sont ainsi répartis en deux catégories de postes : Avant
consolidation (temporaires) et Après consolidation (permanents)21

Signalons tout de même que le préjudice moral s’inscrit dans l’ordre des
préjudices extrapatrimoniaux dont nous parlerons dans le chapitre suivant.

1. Préjudices extrapatrimoniaux temporaires

Il s’agit des atteintes corporelles ressenties avant la consolidation. L’expert


médical les évalue selon la définition de la nomenclature

 Déficit Fonctionnel temporaire

Il vise à indemniser l’invalidité que la victime peux ressentir dans sa vie


personnelle jusqu’à la consolidation. C’est notamment, les Difficultés à accomplir les actes de
la vie courante, Incapacité de s’adonner à des loisirs. Il s’agit d’un poste de préjudice
temporaire. Si les gênes persistent après la consolidation, elles sont indemnisées au titre d’un
autre poste de préjudice (déficit fonctionnel permanent ou préjudice d’agrément par
exemple).22

 Souffrances endurées

Il s’agit de toutes les souffrances physiques et psychiques que les victimes


ressentent jusqu’à la date de consolidation. Il s’agit d’un poste de préjudice temporaire. Si les
souffrances subsistent au-delà de la date de consolidation, elles sont alors indemnisées au titre
d’un autre poste de préjudice (le déficit fonctionnel permanent principalement.23

 Préjudice esthétique temporaire

Il regroupe les atteintes graves au niveau de l’apparence physique durant la


période de convalescence. Il s’agit de troubles temporaires mais qui ont des conséquences
personnelles préjudiciables comme par exemple : Modification de l’aspect du visage, Boiterie,

21
Antony Divan Évaluation du préjudice extrapatrimoniaux, Nomenclature DINTILHAC » paris, 2010, p12
22
IDEM
23
P. LUCAS, « Vers une harmonisation européenne de l’évaluation du dommage », Préjudices extrapatrimoniaux
: vers une évaluation plus précise et une plus juste indemnisation, Liège, éd. Jeune barreau, 2004, p. 102.
P a g e | 10

Déplacement en fauteuil roulant. Seules les altérations importantes sont prises en compte pour
retenir l’existence de ce préjudice. C’est l’expert médical qui évalue la durée et le degré du
préjudice esthétique temporaire.24

2. Préjudices extrapatrimoniaux permanents

Il s’agit des atteintes de la sphère personnelle qui perdurent après la


consolidation. L’existence et l’étendue du préjudice sont évaluées par l’expert médical.

 Déficit Fonctionnel Permanent

Ce poste consiste à indemniser l’ invalidité définitive. Plusieurs critères sont


ainsi pris en compte. C’est entre autre : Atteinte physiologique, Douleur permanente, Perte de
la qualité de vie, Troubles dans les conditions d’existence. Il s’agit de réparer les
conséquences de l’atteinte physique et psychique dans la sphère exclusivement personnelle.
Les répercussions sur le plan professionnel sont prises en charge au titre d’autres postes de
préjudice (pertes de gains professionnels futurs et incidence professionnelle).25

 Le préjudice d’agrément.

Ce préjudice concerne les répercussions de l’invalidité permanente dans la


pratique de vos activités de loisir. Seules sont indemnisées les conséquences définitives. Par
exemple : l’Impossibilité de reprendre une activité au niveau ou au rythme antérieur,
l’Abandon d’un sport régulièrement pratiqué, il en est de même de Toute conséquence sur la
pratique d’activités de loisir.26

Lorsque les activités de loisir sont interrompues momentanément, le préjudice


est pris en charge au titre du déficit fonctionnel temporaire. C’est l’expert médical qui valide
l’existence du préjudice sur la base de justificatifs établissant la pratique régulière de l’activité
avant l’accident.27

 Préjudice Esthétique Permanent

Il s’agit des atteintes au niveau de votre apparence physique qui persistent


après la consolidation. Ce poste regroupe aussi bien les atteintes légères (cicatrice, cal osseux

24
IDEM
25
Antony Divan, op.cit., p.14
26
P. Lucas, op.cit., p.103
27
Idem
P a g e | 11

visible…) que des atteintes importantes (amputation d’un membre, déplacement en fauteuil
roulant…). Lorsque celles-ci étaient présentes avant la consolidation, elles peuvent également
être indemnisées au titre du préjudice esthétique temporaire. C’est l’expert médical qui fixe le
degré du préjudice esthétique permanent. Il détermine l’importance de l’atteinte selon des
critères objectifs.28

§3. Les conséquences extrapatrimoniales du dommage corporel

Quand il y a atteinte à l’intégrité de la personne, un dommage corporel, cela


peut entrainer un dommage corporel mais également un préjudice moral, douleurs physiques
et psychiques ressenties par la victime. On trouve dans cette catégorie un nombre de
préjudices considérables dont la liste continue à évoluer de jour en jour.

On peut dresser une liste non exhaustive de ces préjudices. Tout d’abord le
pretium doloris qui est le « prix de la douleur », qui recouvre les souffrances physiques
endurées par la victime. Il existe également un préjudice esthétique, une disgrâce physique
dont on peut demander réparation (défiguration, cicatrice, etc.). Il existe également un
préjudice d’agrément, ce qui recouvre « la privation des joies usuelles de la vie », « des
agréments normaux de l’existence ». En réalité, c’est lorsqu’une personne ne peut plus
exercer une activité d’agrément qu’elle pouvait faire avant.

On a pu considérer que le fait de ne plus pouvoir jardiner constituait un


préjudice d’agrément, tout comme le fait de ne plus pouvoir pratiquer un sport. Si l’on ne
peut plus exercer une profession, il peut s’agir d’un préjudice d’agrément mais également
d’une perte de revenu.

Dans un arrêt d’Assemblée plénière, La Cour de cassation a eu à préciser la définition du


préjudice d’agrément. S’est d’abord posé la question de savoir comment devait être réparé le
préjudice, objectivement ou subjectivement. La question du ressenti du préjudice par la
victime a posé question, notamment pour les victimes en état végétatif. Il semblait impossible

28
Antony Divan, op.cit., p.15
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d’indemniser le pretium doloris, mais rien ne s’opposait à l’indemnisation des autres types de
dommage29.

SECTION III : NOTION SUR LES VIOLENCES SEXUELLES

Il est vrai et certain que certains mouvements ont déposé les armes, le
phénomène de violences sexuelles et surtout du viol a pris une allure plutôt inquiétante ces
derniers temps. En effet, ce fléau gagne du jour au lendemain beaucoup plus de terrain semant
ainsi une grande terreur dans le pays d'autant plus que sa preuve est généralement très difficile
à apporter.

Signalons que nous ne pouvons pas étudier le problème concernant la


réparation du préjudice moral causé par une violence sexuelle sans toutefois savoir ce que
c'est le viol dans une optique de violence. Il convient de faire tout d'abord un bref aperçu sur
le phénomène de viol. Nous essaierons donc d'apporter une définition du concept de viol, d'en
cerner les formes afin qu'on puisse parvenir à faire une distinction de ce crime avec les autres
infractions à caractère sexuel.

§.1. Approche lexicale de l'infraction de viol et violence

Qu'est-ce que la violence sexuelle ? Le terme « violence sexuelle » désigne les


actes à caractère sexuel commis en usant de la force ou de la coercition – coercition pouvant
s’exercer par la menace de violences, la contrainte, la détention, des pressions
psychologiques, un abus de pouvoir sur la victime (homme, femme, garçon ou fille), ou par le
fait de profiter d'un climat coercitif ou de l'incapacité de la victime à donner un consentement
éclairé. Les actes de violence sexuelle englobent le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution
forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée et toute autre forme de violence sexuelle de
gravité comparable.30

Avec des éléments nous permettant de définir, la législation congolaise dans le


code pénal prévoit et punit le viol. Article 170 :
Aura commis un viol, soit à l’aide de violences ou menaces graves ou par
contrainte à l’encontre d’une personne, directement ou par l’intermédiaire d’un tiers, soit par
29
Dans un arrêt d’Assemblée plénière du 19 décembre 2003, la Cour a dit que le préjudice d’agrément « est un
préjudice subjectif de caractère personnel résultant des troubles ressentis dans les conditions d’existence. Sur
les tiers payeurs et les assurances (sécurité sociale) : compléter avec le livre.
30
PARFAIT OUMBA, le viol et les violences sexuelles dans le droit international humanitaire, ucac, garoua,
séminaire de formation des avocats sur le droit international humanitaire,, 31 janvier au 3 février 2017, p2
P a g e | 13

surprise, par pression psychologique, soit à l’occasion d’un environnement coercitif, soit en
abusant d’une personne qui, par le fait d’une maladie, par l’altération de ses facultés ou par
toute autre cause accidentelle aurait perdu l’usage de ses sens ou en aurait été privé par
quelques artifices :
a) Tout homme, quel que soit son âge, qui aura introduit son organe sexuel,
même superficiellement dans le celui d’une femme, ou toute femme, quel que soit son âge,
qui aura obligé un homme à introduire, même superficiellement son organe sexuel dans le
sien ;
b) Tout homme qui aura pénétré, même superficiellement, l’anus, la bouche
ou tout autre orifice du corps d’une femme ou d’un homme par un organe sexuel, par toute
autre partie du corps ou par un objet quelconque ;
c) Toute personne qui aura introduit, même superficiellement, toute autre
partie du corps ou un objet quelconque dans le vagin ;
d) Toute personne qui aura obligé un homme ou une femme à « pénétrer,
même superficiellement son anus, sa bouche ou tout orifice de son corps par un organe
sexuel, pour toute autre partie du corps ou par un objet quelconque.
P a g e | 14

Quiconque sera connu coupable de viol sera puni d’une peine de servitude pénale de cinq à
vingt ans et d’une amende ne pouvant être inférieure à cent mille francs congolais constants.
Est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de
sexes commis sur les personnes désignées à l’article 167, alinéa 231.

Cette définition marque un progrès considérable dans la recherche d'une


définition précise et stable. Elle offre de nombreuses possibilités de poursuivre le viol sous
toutes ses formes, notamment les actes de pénétration anale (sodomisation) ou buccale
(fellation) commis au moyen du sexe. Elle permet de poursuivre également le viol avec
introduction d’objets quelconques dans le vagin ou l'anus de la victime dans un but sexuel.

C'est en se basant sur cela que nous préférons retenir comme définition qui va
nous guider au cours de notre travail, le fait que le viol est : « Tout acte de pénétration
sexuelle de quelque nature qu'il soit et de quelques moyens que ce soit commis sur la
personne d'autrui par violence, menace, contrainte, surprise ou en abusant de la personne de la
victime ».

§2. Eléments constitutifs

Le viol ainsi défini présente quelques éléments qui le caractérisent et


permettent de le distinguer à d'autres infractions. Ce sont ces éléments que nous allons
analyser dans ce paragraphe.

I. L'élément légal

L'infraction consiste dans la violation de la loi pénale. L'élément légal réside


donc dans le fait que cette infraction soit prévue et punie par la loi. En effet, la définition
fournie par le texte doit être la plus précise possible parce que d'une part la précision de la loi
est une condition de la légitimité de l'incrimination, d'autre part la règle correspond à une pure
exigence technique, dans la mesure où elle est une condition de l'efficience de
l'incrimination32.

31
Article 170 de la loi sur les violences sexuelles loi nº06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le
décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais
32
RASSAT, M.L., Droit pénal spécial, infractions des et contre les particuliers, 3 ème éd. Paris, Dalloz, 2001,
p.484
P a g e | 15

L'infraction de viol est punie et prévue par le code pénal congolais dans ses
articles 170, 171, 172 parmi les infractions contre la famille et la moralité publique, comme
nous venons de l’annoncer.

II. L'élément matériel

L'élément matériel est l'action ou l'omission illicite permettant de parvenir au


résultat prohibé. Une action existe par son activité matérielle qui est la manifestation
extérieure de l'infraction33.

L'élément matériel du viol est composé non seulement d'un acte qui implique le
recours à la violence, la menace, la contrainte ou la surprise mais aussi et surtout de la
pénétration sexuelle commise sur la personne d'autrui.

1. Notion de pénétration sexuelle

La qualification du viol doit être retenue dès lors qu'une pénétration sexuelle a
été réalisée sur la personne de la victime. Le résultat du viol est ainsi également réalisé en cas
de pénétration buccale (fellation), pénétration vaginale, pénétration anale (sodomisation) ou
même en cas d'introduction d'un objet dans le vagin ou l'anus de la personne de la victime.
Dans ce cas, le viol peut donc être commis indifféremment par un homme ou une femme sur
un homme ou une femme.

Mais pour que la pénétration vaginale puisse être valablement retenue comme
qualifiant le viol, il doit revêtir deux caractères principaux.

Premièrement, la pénétration doit être commise sur la personne d'autrui. Ceci


implique que le viol ne peut être commis que sur une personne vivante. La pénétration
sexuelle sur un cadavre peut en revanche tomber sur le coup de la qualification d'atteinte à
l'intégrité du cadavre34.

Le viol n'est également constitué que si la pénétration est pratiquée sur la


personne de la victime. Le crime de viol n'est caractérisé que si l'auteur réalise l'acte de
pénétration sexuelle sur la personne de la victime.

Deuxièmement, la pénétration doit être de nature sexuelle. Ceci désigne toute


pénétration par le sexe, qu'elle soit vaginale ou orale et toute introduction de corps étrangers
33
PRADEL, J. et DANTI-JUAN, M., droit pénal spécial , 2ème éd, Paris, Cujas, 2001, p.612
34
GATTEGNO, P., Droit pénal spécial, 5 ème éd., Paris, Dalloz, 2003, p. 80.
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dans le sexe ou l'anus dans un but sexuel ; que ce soit par la main ou d'autres objets. Et dans
ce cas, le viol d'un homme par une femme est envisageable35.

Le critère de pénétration sexuelle évite donc que de simples attouchements ou


des comportements analogues soient considérés comme du viol. Il ne peut y avoir de viol en
l'absence de pénétration par le sexe ou par un autre objet quelconque, il doit s'agir d'une
pénétration sexuelle. Des actes de pénétration dépourvus de cette dominante sexuelle ne
pourront être qualifiés de viol.

2. Absence de consentement

Le consentement de la victime est l'adhésion donnée d'avance par une personne


à une infraction portant atteinte à ses droits. Il ne supprime pas légalement l'infraction sauf si
celle-ci exige pour sa constitution une fraude ou une violence36.

En matière de viol, c'est le non consentement de la victime qui caractérise le


viol. Ce défaut de consentement peut résulter des moyens employés par l'agresseur pour
imposer sa volonté. C'est notamment la violence, les menaces, la ruse, la contrainte, surprise
ou en abusant de la personne de la victime.

Quand la victime est un mineur, cette absence de consentement n'est pas


requise pour que l'infraction soit constituée. En effet, la loi présume qu'un enfant de moins de
18 ans ne peut pas donner un consentement légalement valable. Ce qui fait que la personne
majeure qui a des relations sexuelles avec un mineur même consentant se rend coupable d'une
infraction de viol.

a. Violence

La violence désigne les pressions physiques exercées sur la victime pour


obtenir d'elle le comportement sexuel qu'on souhaite. La violence peut être directe et physique
ou violence morale sur la victime. Par violence physique, nous sous-entendons qu'il y a
utilisation de la force pour obtenir le consentement de la victime. L'agresseur exerce des
pressions corporelles pour obtenir ce qu'il désire37.

b. Les menaces

35
Idem, p.81
36
CORNU, G., Vocabulaire juridique, 6 ème éd., Paris, P.U.F, 1996, p. 196.

37
MINEUR et VOVIN, droit pénal spécial, 3ème éd., Paris, Dalloz, 1992, p.326
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La menace supprime le consentement et caractérise l'agression. La violence


morale résulte des menaces reçues par la femme pouvant inspirer à celle-ci la crainte sérieuse
et immédiate d'exposer sa personne ou celle de ses proches à un péril considérable et
imminent38.

La menace est en effet toute forme d'expression morale. Elle se confond avec la
contrainte morale par le fait que tous les deux consistent à menacer quelqu'un de lui faire du
mal à lui ou à ses proches, voire de causer du tort à ses biens.

Ainsi, pour BOLONGO, constituent un viol à l'aide de menaces :

 Le fait de se livrer à un patron sous menace de licenciement,


 Le fait de céder à la suite d'une menace d'arrestation de la part
d'un gendarme,
 Le fait pour une femme mariée surprise en flagrant délit
d'adultère de se livrer à un témoin qui la menacerait de la dénoncer à son mari39.

c. Surprise

Pour le cas de la surprise, le défaut de consentement peut résulter d'un acte


commis à l'insu des intéressés. Il faudra comprendre le mot « surprise » dans le sens juridique
de tromperie et non dans le sens commun d'étonnement.

C'est le cas d'un agresseur qui s'introduirait dans le lit d'une femme marié, la
nuit pour se livrer à des attouchements et qui parviendrai à avoir des rapports sexuels avec
elle, alors qu'elle croyait se livrer à son mari40.

d. Abus d'une personne

Il y a abus de la faiblesse de la victime lorsque celle-ci, à raison de son état


physique ou de son état mental, est dans l'incapacité de consentir.

L'infirmité ou la déficience qui porte sur l'état physique ou sur l'état mental de
la victime peut être définitive, mais aussi temporaire et résulter à titre d'exemple, de

38
RASSAT, M.L, op. cit. , 2001, p. 481

39
BOLONGO, L., Droit pénal spécial Zaïrois, Paris, Librairie de droit
40
DURRIEU & WANQUET : Aide aux victimes : les agressions sexuelles: http://www.SOSfemmes.com
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l'absorption d'un médicament, de l'alcool ou de la drogue41. C'est le cas pour l'agresseur qui
profiterait de l'état d'évanouissement ou de l'état d'ivresse de la victime pour la violer.

III. L'élément moral

Par élément moral, on entend aussi l'élément intellectuel ou psychologique. Cet


élément détermine la psychologie, l'attitude intellectuelle, l'état d'esprit lors de la commission
de l'infraction.

Le viol est un crime, donc une infraction intentionnelle. Cette intention est
constituée dès lors que l'auteur a la volonté ou la conscience d'imposer des rapports non
désirés à la victime. Il existe une difficulté lorsque l'auteur explique qu'il s'est mépris sur
l'absence de consentement. Les tribunaux vont alors apprécier le défaut d'intention de l'auteur
selon les circonstances.

Le viol n'est donc constitué tout d'abord que si l'auteur a voulu l'acte de
pénétration sexuelle et ensuite que s'il l'a perçu comme tel. Le caractère volontaire de l'acte ne
pose pas en principe de difficulté et découlera de la nature de l'acte accompli42.

§3. Les formes de viol

L'acte de viol revêt différentes formes. On essaiera de citer et de définir


quelques formes qui sont couramment constatées. Il s'agit ainsi du viol individuel, viol
collectif, viol avec violence et selon la qualité de l'auteur du viol, le viol incestueux, le viol
conjugal, le viol par une autorité morale et enfin le viol en temps de guerre.

I. Le viol individuel

Est considéré comme viol individuel si l'acte a été réalisé par une seule
personne. Souvent le viol individuel est prémédité car il est préparé et généralement
l'agresseur connaît la victime.

II. Viol collectif

Est considéré comme viol collectif si l'acte est réalisé par deux ou plusieurs
personnes sur une seule victime. Ce cas est généralement constaté en temps de conflits armés.

41
Ibidem
42
MACKELLAR, J., Le viol « l'appât et le piège », Paris, Dalloz, 1980, p.50
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Cette forme de viol s'est beaucoup répandue pendant les périodes de crises qu'a traversé notre
pays43.

III. Viol avec violence

Le viol avec violence est constaté quand le violeur a fait recourt à la force pour
arriver à ses fins. Par force on sous-entend par exemple les coups qui peuvent causer des
blessures ou parfois même entraîner la mort44.

IV. Viol incestueux

Le viol incestueux est réalisé quand le violeur est une parenté de la victime. Il
peut s'agir du père, de la mère, d'un frère ou un oncle, ... Rappelons aussi que c'est une forme
aggravante de l'infraction de viol45.

V. Viol par une autorité morale

Il s'agit d'une forme de viol qui est constaté dans les organisations et les
communautés où les autorités profitent de leur position pour abuser de leurs subalternes. C'est
aussi une circonstance aggravante de l'infraction de viol46.

VI. Viol conjugal

Les violences sexuelles conjugales ébranlent le fondement de relations


hommes-femmes dans une société où la sexualité, même tabou, définit l'essence des relations
féminin-masculin. Celui qui est censé être protecteur pour la femme devient dans ce cas
l'agresseur, un loup qui s'ignore.

En effet le viol conjugal est un rapport sexuel forcé par un des conjoints sans le
consentement de l'autre.

43
Ligue des droits de l'homme « ITEKA » : Rapport annuel sur la situation des droits de l’homme, à l’Est de la
R.D.Congo, 2007, p. 106.

44
Idem
45
Ligue Burundaise des droits de l'homme « ITEKA » : Rapport annuel sur la situation des droits de l’homme,
Bujumbura, inédit, 2007, p. 94.
46
. Ligue Burundaise des droits de l'homme « ITEKA » : Enquête sur les violences sexuelles dans les sites des
sinistrés et leurs alentours dans les communes de Buyengero , Burambi , Rumonge, Kayogoro, Nyanza-lac,
Bukey et Ruhororo , Bujumbura, inédit, 2004, p. 7
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Cependant, le consentement aux relations sexuelles entre époux est plus


difficilement mis en doute. Entre époux, il y a une présomption de consentement.

Selon DURRIEU-DIEBOLT et WANQUET, lorsqu'une procédure de divorce


est ouverte, il n'y a aucun problème. Le viol est reconnu dès lors que les conditions générales
sont remplies.

Le problème se pose quand le viol est commis durant le mariage. Pendant


longtemps, la justice présumait le consentement des époux et cela ne permettait pas de retenir
le viol d'un mari à l'égard de sa femme. Les seuls cas ayant entraîné une condamnation étaient
des viols accompagnés de violences proches de la torture47.

Le viol conjugal n'est pas prévu par la législation Congolaise et il est très
difficile de le faire comprendre même aux femmes qui le subissent car la tradition estime
qu'une bonne femme est celle qui est soumise entièrement à son mari.

VII. Viol en temps de guerre

Ces dernières décennies, les viols commis durant le génocide au Rwanda et au


cours de la guerre au Burundi, au Libéria et plus récemment dans notre pays ont fait l'objet
d'une attention croissante de la communauté internationale48.

Comme son appellation l'indique, cette forme de viol s'observe en temps de


conflits armés. En effet, ces conflits armés exposent les femmes à un risque accru, souvent
massif de violences sexuelles. On distingue différents types de viols en temps de guerre
comme par exemple :

1° Viol comme arme de guerre : cette forme de viol vise l'exclusion


symbolique du sujet par destruction de l'identité individuelle, culturelle et ethnique.

Il s'agit généralement des viols de masse (perpétrés sur de nombreuses


victimes), de viols multiples (une victime est agressée à plusieurs reprises) et des viols

47
DURRIEU-DIEBOLT et WANQUET, aide aux victimes des agressions sexuelles,
http://www.SOSfemme.com/violences/viol.menu.htm. (27/08/2007)

48
JOSSE E, Violences sexuelles et conflits armés en Afrique : http://www.resilience.netfirms.com .(27/08/2007)
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collectifs (la victime est agressée par plusieurs assaillants) accompagnés le plus souvent de
brutalité et de coups49.

En effet, les femmes sont vues comme l'incarnation de l'identité culturelle


adverse et leur corps comme un territoire à conquérir ou comme un moyen d'humilier les
hommes de leurs communautés. Dans certains cas, le viol est une stratégie délibérée visant à
corrompre les liens communautaires. Il constitue une forme d'attaque contre l'ennemi et
caractérise la conquête et l'avilissement de femmes et des combattants.

2° Viol opportuniste : les belligérants profitent de l'avantage que leur procurent


leur armes pour exiger les faveurs sexuelles des femmes de la communauté adverse, voire de
la leur. Ainsi lors des conflits armés en R.D.Congo, les femmes n'étaient pas violées
uniquement par les combattants ennemis mais également par les hommes de leur propre
camp50.

3° Les viols perpétrés par des individus infectés par le VIH en vue de
contaminer volontairement les femmes de la communauté adverse.

4° Les violences sexuelles comme monnaie d'échange : certaines femmes sont


contraintes de consentir à des relations sexuelles pour survivre, en échange de nourriture, d'un
abri de protection51.

5° Les mariages et les grossesses imposés par la force.

6° L'esclavage sexuel imposé aux enfants soldats ainsi qu'aux jeunes filles et
aux fillettes chargés des tâches domestiques des belligérants.

7° La prostitution forcée ou l'esclavage sexuel imposé aux femmes emmenées


comme butin de guerre.

§4. Viol contre la personne d'un mineur

La législation Congolaise tient comme âge de mineur l'âge de 18 ans qui est la
majorité d'une personne de sexe féminin. Mais dans ce cas la loi prend globalement l'âge de

49
Idem
50
Idem
51
Ligue Burundaise des Droits de l'homme « ITEKA », Rapport annuel sur la situation des droits de l’homme,
Bujumbura, inédit, 2007, p.101.
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18 ans sans distinction de sexe. On estime donc qu'un enfant âgé de moins de 18 ans est
incapable d'émettre un consentement valable.

On comprend donc à ce stade que pour un mineur, il ne faut pas


nécessairement qu'il y ait pénétration, le seul fait du rapprochement charnel des sexes suffit
pour condamner l'agresseur pour viol.

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