CHAPITRE I or
CHAPITRE I or
CHAPITRE I or
CHAPITRE I
Il nous sera question tout au long du présent chapitre d’aborder la notion sur les
généralités des concepts qui constituent notre étude avant de livrer nos pensées en ce qui
concerne la problématique du présent travail. De ce fait ce chapitre est subdivisé en trois
sections dont la première aborde la question de la responsabilité civile, la deuxième sur la
typologie des préjudices afin le troisième sur les violences sexuelles.
§1 Approche lexicale
1
PUIGELIER Catherine, Dictionnaire juridique, édition Larcier, Bruxelles, 2015, p.867
2
MAINGUY Daniel, Droit des obligations contrats, responsabilité, régime de l’obligation, S.D, p.304
3
KYABOBA KASOBWA Léon, « Cours de droit civil les obligations », G3 Droit Université de Lubumbashi,
2018
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même ne relèverait-on pas de faute pénale. On applique l’adage « le criminel tient le civil en
l’état ».
Si pour une même affaire il y a une action pénale et une action en réparation
civile devant les juridictions civiles, la juridiction civile doit surseoir à statuer et attendre le
résultat des juridictions pénales. Cela permet d’éviter les contrariétés de jugement. Cela se
justifie par le fait que le procès pénal est inquisitoire et permet de découvrir des preuves plus
facilement par opposition au procès civil accusatoire4.
De toutes ces définitions les différentes auteurs qui précèdent, quelques soient
des nuances sur quelques termes utilisés, ils ne s’opposent pas. C’est ainsi pour notre part
nous disons que la responsabilité est une obligation de réparer le préjudice résultant d’une
faute dont on est l’auteur direct ou indirect.
4
CARBONNIER Jean, Droit civil, éd. Dalloz, 20 éme éd, Paris, 2005, p.128
5
BANZA LUNGA Aimé, op.cit., p.30
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Dans cette occurrence, il nous semble parfois difficile d’établir toujours une
responsabilité à l’égard de l’acteur, celui par le fait duquel le préjudice a été causé, qui
d’après notre point de vue parait tiers dans ce cas.
Il est de nos jours difficile d’affirmer que dans chaque cas de responsabilité ;
est le fait d’un tiers : par le simple fait que certains préjudices sont l’émanation des actes
posés directement par l’auteur comme cela était visé dans les civilisations primitives qui
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voyaient plus l’acteur plutôt que l’auteur du préjudice. Les même auteurs poursuivent : » en
outre, l’aspect collectif de la culpabilité se manifeste alors, à la fois par le caractère
contagieux de la culpabilité, notamment à l’égard de l’entourage, et par la nature des
réactions que suscite, dans le groupe le comportement déviant»
Elle est celle qui résulte du préjudice causé à autrui et le but ici est d’assurer la
réparation au profit du particulier lésé.6
A son tour Philippe Le Tourneau affirme que la responsabilité civile porte sur
l’obligation de réparer le dommage causé à autrui par un acte contraire à l’ordre juridique, son
auteur doit répondre.7 Elle a pour but la défense de la société. Elle n’est engagée que
lorsqu’un individu a commis un fait érigé en infraction et puni par texte spécial. Elle suppose
donc une faute pénale qui peut être intentionnelle par exemple : vol, assassinat, ou une faute
de négligence ou d’imprudence par exemple : homicide, ou blessure involontaire.8
Le principe de cette réparation civile est consacré par l’article 258 du code civil
livre III qui dispose : « Tout fait de l’homme qui cause dommage à autrui oblige celui par la
faute duquel, il est arrivé à le réparer » ce principe renferme ainsi l’idée de la vengeance
6
BUFFELLANT LONORE Yvaine et LARRIBAU TERNEYRE Virginie, Droit civil, 2e année, Les
Obligations, 11e éd. Dalloz, Paris, 2008 ; p.476
7
LE TOURNEAU Philippe, Droit de la responsabilité et des Contrats, Dalloz, Paris ; 2009, p.3
8
KYABOBA KASOBWA Léon, op.cit., 2018, p.74
9
BUFFELLANT LONORE Yvaine et LARRIBAU TERNEYRE Virginie, op.cit., p.475
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« Il est difficile, dès qu’on tente de remonter aux origines et à fortiori aux
origines comparées de préciser l’historique de la responsabilité civile. Sans nul doute, le civil
ne s’est dégagé qu’à grand peine du pénal. Reste que, même à une époque où ces deux
approches demeuraient difficilement dissociable, la souillure qui marque le responsabilité a
pu être efface de maintes manières11 »
10
Les articles 1, 36, 44, 53, 143, 194 et 197 du code civil congolais livre III
11
Idem, p.616
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administratives. On peut donc constater qu’en droit privé positif le mot responsabilité acquiert
un sens plus technique.12
Un dommage patrimonial est une atteinte qui se matérialise notamment par une
perte patrimoniale. Dès lors, il est aisément chiffrable puisqu’il dispose d’une valeur
patrimoniale, pouvant s’exprimer en argent. On peut alors distinguer plusieurs types de
dommages patrimoniaux.
12
BANZA ILUNGA Aimé, op.cit., p.31
13
TERRE François, SMLER Philippe et LEQUETTE Yves, op.cit., p.98
14
CHARTIER Yves, op.cit., p.33
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A. Le préjudice matériel
Par préjudice matériel, on désigne la lésion d’un droit ayant une valeur
pécuniaire, par conséquent patrimonial. Il résulte de la destruction ou la détérioration d’objets
corporels. Ce sont là des dommages matériel dans le sens exact du terme (atteinte à un objet
matériel) les autres résultent de lésions corporelles : blessures, mutation. Dans cette rubrique,
on ne retiendra que les conséquences économiques, pécuniaire et ces dommages corporels :
frais médicaux, chirurgicaux et de pharmacie, incapacité totale ou permanente ou temporaire
de travailler.
Il s’agit des atteintes aux biens du groupe ou aux biens personnels tels des
champs, les récoltes, le bétail, les cases d’habitations, en un mot les atteintes au dommage
patrimonial. Ce sont des préjudices qui sont fréquents parce qu’ils relèvent des activités
quotidiennes des populations rurale. Ils se réparent selon un mode et une procédure spéciale16.
15
KALONGO MBIKAYI, Droit civil tome 1 : Les obligations, CRDJ, S.d, p.183
16
BANZA ILUNGA Aimé, Op.Cit, p.712
17
Idem, p.48
18
LUKOO MUSUBAO Ruffin, « La jurisprudence congolais en procédure civile », éd. On s’en sortira, 2009,
p.169
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B. Le dommage pécuniaire
Il s'agit d’une « plaie d’argent », une perte d’argent. La victime doit donc
dépenser directement (si c’est indirect, comme la réparation d’une voiture, il s'agit d’un
préjudice matériel) une certaine somme ou en être privée à cause du fait générateur.
19
MAX Le Roy, DENIS Jacques Le Roy et BIBAL Fréderic, L’évaluation du préjudice corporel, 20e éd. Lexis
Nexis, Paris, 2015, p.22
20
CARBONNIER Jean, op.cit., p.347
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Signalons tout de même que le préjudice moral s’inscrit dans l’ordre des
préjudices extrapatrimoniaux dont nous parlerons dans le chapitre suivant.
Souffrances endurées
21
Antony Divan Évaluation du préjudice extrapatrimoniaux, Nomenclature DINTILHAC » paris, 2010, p12
22
IDEM
23
P. LUCAS, « Vers une harmonisation européenne de l’évaluation du dommage », Préjudices extrapatrimoniaux
: vers une évaluation plus précise et une plus juste indemnisation, Liège, éd. Jeune barreau, 2004, p. 102.
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Déplacement en fauteuil roulant. Seules les altérations importantes sont prises en compte pour
retenir l’existence de ce préjudice. C’est l’expert médical qui évalue la durée et le degré du
préjudice esthétique temporaire.24
Le préjudice d’agrément.
24
IDEM
25
Antony Divan, op.cit., p.14
26
P. Lucas, op.cit., p.103
27
Idem
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visible…) que des atteintes importantes (amputation d’un membre, déplacement en fauteuil
roulant…). Lorsque celles-ci étaient présentes avant la consolidation, elles peuvent également
être indemnisées au titre du préjudice esthétique temporaire. C’est l’expert médical qui fixe le
degré du préjudice esthétique permanent. Il détermine l’importance de l’atteinte selon des
critères objectifs.28
On peut dresser une liste non exhaustive de ces préjudices. Tout d’abord le
pretium doloris qui est le « prix de la douleur », qui recouvre les souffrances physiques
endurées par la victime. Il existe également un préjudice esthétique, une disgrâce physique
dont on peut demander réparation (défiguration, cicatrice, etc.). Il existe également un
préjudice d’agrément, ce qui recouvre « la privation des joies usuelles de la vie », « des
agréments normaux de l’existence ». En réalité, c’est lorsqu’une personne ne peut plus
exercer une activité d’agrément qu’elle pouvait faire avant.
28
Antony Divan, op.cit., p.15
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d’indemniser le pretium doloris, mais rien ne s’opposait à l’indemnisation des autres types de
dommage29.
Il est vrai et certain que certains mouvements ont déposé les armes, le
phénomène de violences sexuelles et surtout du viol a pris une allure plutôt inquiétante ces
derniers temps. En effet, ce fléau gagne du jour au lendemain beaucoup plus de terrain semant
ainsi une grande terreur dans le pays d'autant plus que sa preuve est généralement très difficile
à apporter.
surprise, par pression psychologique, soit à l’occasion d’un environnement coercitif, soit en
abusant d’une personne qui, par le fait d’une maladie, par l’altération de ses facultés ou par
toute autre cause accidentelle aurait perdu l’usage de ses sens ou en aurait été privé par
quelques artifices :
a) Tout homme, quel que soit son âge, qui aura introduit son organe sexuel,
même superficiellement dans le celui d’une femme, ou toute femme, quel que soit son âge,
qui aura obligé un homme à introduire, même superficiellement son organe sexuel dans le
sien ;
b) Tout homme qui aura pénétré, même superficiellement, l’anus, la bouche
ou tout autre orifice du corps d’une femme ou d’un homme par un organe sexuel, par toute
autre partie du corps ou par un objet quelconque ;
c) Toute personne qui aura introduit, même superficiellement, toute autre
partie du corps ou un objet quelconque dans le vagin ;
d) Toute personne qui aura obligé un homme ou une femme à « pénétrer,
même superficiellement son anus, sa bouche ou tout orifice de son corps par un organe
sexuel, pour toute autre partie du corps ou par un objet quelconque.
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Quiconque sera connu coupable de viol sera puni d’une peine de servitude pénale de cinq à
vingt ans et d’une amende ne pouvant être inférieure à cent mille francs congolais constants.
Est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de
sexes commis sur les personnes désignées à l’article 167, alinéa 231.
C'est en se basant sur cela que nous préférons retenir comme définition qui va
nous guider au cours de notre travail, le fait que le viol est : « Tout acte de pénétration
sexuelle de quelque nature qu'il soit et de quelques moyens que ce soit commis sur la
personne d'autrui par violence, menace, contrainte, surprise ou en abusant de la personne de la
victime ».
I. L'élément légal
31
Article 170 de la loi sur les violences sexuelles loi nº06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le
décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais
32
RASSAT, M.L., Droit pénal spécial, infractions des et contre les particuliers, 3 ème éd. Paris, Dalloz, 2001,
p.484
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L'infraction de viol est punie et prévue par le code pénal congolais dans ses
articles 170, 171, 172 parmi les infractions contre la famille et la moralité publique, comme
nous venons de l’annoncer.
L'élément matériel du viol est composé non seulement d'un acte qui implique le
recours à la violence, la menace, la contrainte ou la surprise mais aussi et surtout de la
pénétration sexuelle commise sur la personne d'autrui.
La qualification du viol doit être retenue dès lors qu'une pénétration sexuelle a
été réalisée sur la personne de la victime. Le résultat du viol est ainsi également réalisé en cas
de pénétration buccale (fellation), pénétration vaginale, pénétration anale (sodomisation) ou
même en cas d'introduction d'un objet dans le vagin ou l'anus de la personne de la victime.
Dans ce cas, le viol peut donc être commis indifféremment par un homme ou une femme sur
un homme ou une femme.
Mais pour que la pénétration vaginale puisse être valablement retenue comme
qualifiant le viol, il doit revêtir deux caractères principaux.
dans le sexe ou l'anus dans un but sexuel ; que ce soit par la main ou d'autres objets. Et dans
ce cas, le viol d'un homme par une femme est envisageable35.
2. Absence de consentement
a. Violence
b. Les menaces
35
Idem, p.81
36
CORNU, G., Vocabulaire juridique, 6 ème éd., Paris, P.U.F, 1996, p. 196.
37
MINEUR et VOVIN, droit pénal spécial, 3ème éd., Paris, Dalloz, 1992, p.326
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La menace est en effet toute forme d'expression morale. Elle se confond avec la
contrainte morale par le fait que tous les deux consistent à menacer quelqu'un de lui faire du
mal à lui ou à ses proches, voire de causer du tort à ses biens.
c. Surprise
C'est le cas d'un agresseur qui s'introduirait dans le lit d'une femme marié, la
nuit pour se livrer à des attouchements et qui parviendrai à avoir des rapports sexuels avec
elle, alors qu'elle croyait se livrer à son mari40.
L'infirmité ou la déficience qui porte sur l'état physique ou sur l'état mental de
la victime peut être définitive, mais aussi temporaire et résulter à titre d'exemple, de
38
RASSAT, M.L, op. cit. , 2001, p. 481
39
BOLONGO, L., Droit pénal spécial Zaïrois, Paris, Librairie de droit
40
DURRIEU & WANQUET : Aide aux victimes : les agressions sexuelles: http://www.SOSfemmes.com
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l'absorption d'un médicament, de l'alcool ou de la drogue41. C'est le cas pour l'agresseur qui
profiterait de l'état d'évanouissement ou de l'état d'ivresse de la victime pour la violer.
Le viol est un crime, donc une infraction intentionnelle. Cette intention est
constituée dès lors que l'auteur a la volonté ou la conscience d'imposer des rapports non
désirés à la victime. Il existe une difficulté lorsque l'auteur explique qu'il s'est mépris sur
l'absence de consentement. Les tribunaux vont alors apprécier le défaut d'intention de l'auteur
selon les circonstances.
Le viol n'est donc constitué tout d'abord que si l'auteur a voulu l'acte de
pénétration sexuelle et ensuite que s'il l'a perçu comme tel. Le caractère volontaire de l'acte ne
pose pas en principe de difficulté et découlera de la nature de l'acte accompli42.
I. Le viol individuel
Est considéré comme viol individuel si l'acte a été réalisé par une seule
personne. Souvent le viol individuel est prémédité car il est préparé et généralement
l'agresseur connaît la victime.
Est considéré comme viol collectif si l'acte est réalisé par deux ou plusieurs
personnes sur une seule victime. Ce cas est généralement constaté en temps de conflits armés.
41
Ibidem
42
MACKELLAR, J., Le viol « l'appât et le piège », Paris, Dalloz, 1980, p.50
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Cette forme de viol s'est beaucoup répandue pendant les périodes de crises qu'a traversé notre
pays43.
Le viol avec violence est constaté quand le violeur a fait recourt à la force pour
arriver à ses fins. Par force on sous-entend par exemple les coups qui peuvent causer des
blessures ou parfois même entraîner la mort44.
Le viol incestueux est réalisé quand le violeur est une parenté de la victime. Il
peut s'agir du père, de la mère, d'un frère ou un oncle, ... Rappelons aussi que c'est une forme
aggravante de l'infraction de viol45.
Il s'agit d'une forme de viol qui est constaté dans les organisations et les
communautés où les autorités profitent de leur position pour abuser de leurs subalternes. C'est
aussi une circonstance aggravante de l'infraction de viol46.
En effet le viol conjugal est un rapport sexuel forcé par un des conjoints sans le
consentement de l'autre.
43
Ligue des droits de l'homme « ITEKA » : Rapport annuel sur la situation des droits de l’homme, à l’Est de la
R.D.Congo, 2007, p. 106.
44
Idem
45
Ligue Burundaise des droits de l'homme « ITEKA » : Rapport annuel sur la situation des droits de l’homme,
Bujumbura, inédit, 2007, p. 94.
46
. Ligue Burundaise des droits de l'homme « ITEKA » : Enquête sur les violences sexuelles dans les sites des
sinistrés et leurs alentours dans les communes de Buyengero , Burambi , Rumonge, Kayogoro, Nyanza-lac,
Bukey et Ruhororo , Bujumbura, inédit, 2004, p. 7
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Le viol conjugal n'est pas prévu par la législation Congolaise et il est très
difficile de le faire comprendre même aux femmes qui le subissent car la tradition estime
qu'une bonne femme est celle qui est soumise entièrement à son mari.
47
DURRIEU-DIEBOLT et WANQUET, aide aux victimes des agressions sexuelles,
http://www.SOSfemme.com/violences/viol.menu.htm. (27/08/2007)
48
JOSSE E, Violences sexuelles et conflits armés en Afrique : http://www.resilience.netfirms.com .(27/08/2007)
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collectifs (la victime est agressée par plusieurs assaillants) accompagnés le plus souvent de
brutalité et de coups49.
3° Les viols perpétrés par des individus infectés par le VIH en vue de
contaminer volontairement les femmes de la communauté adverse.
6° L'esclavage sexuel imposé aux enfants soldats ainsi qu'aux jeunes filles et
aux fillettes chargés des tâches domestiques des belligérants.
La législation Congolaise tient comme âge de mineur l'âge de 18 ans qui est la
majorité d'une personne de sexe féminin. Mais dans ce cas la loi prend globalement l'âge de
49
Idem
50
Idem
51
Ligue Burundaise des Droits de l'homme « ITEKA », Rapport annuel sur la situation des droits de l’homme,
Bujumbura, inédit, 2007, p.101.
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18 ans sans distinction de sexe. On estime donc qu'un enfant âgé de moins de 18 ans est
incapable d'émettre un consentement valable.