Le Point
Le Point
Le Point
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LE POINT
Définitions
Faire le point, c'est localiser l'emplacement où l'on est, en précisant ses coordonnées
(latitude et longitude).
Il existe plusieurs manières de faire le point: si on est en vue de "points remarquables"
dont on connaît l'emplacement sur une carte, on effectuera un point cartographique; si on est
en pleine mer, loin de tout amer, on pourra se placer sur la sphère terrestre grâce à la position
des astres (c'est le point astronomique), à l'aide de signaux radio-électriques (LORAN, radio-
goniométrie…), ou, de façon plus moderne, grâce à une triangulation mettant en jeu des
satellites artificiels (GPS ou Galileo).
Nous nous intéresserons essentiellement, ici, au point cartographique.
Dénomination
Un alignement, par définition, fait appel
à deux éléments remarquables d'une carte,
quels qu'ils soient: pointe, phare, tour,
rocher, épave…(mais pas les balises, sujettes
à mouvements). La dénomination de ces
alignements fait apparaître les deux points
mais parfois aussi la position de l'un par
rapport à l'autre.
C'est ainsi que l'alignement qui passe par la pointe Saint Antoine et le mât du sémaphore
peut être désigné par "La pointe Saint-Antoine & le mât du sémaphore", ou "La pointe Saint-
Antoine par le mât du sémaphore", si le mât du sémaphore est situé devant la pointe, ou "Le
mât du sémaphore par la pointe Saint-Antoine" si le mât du sémaphore est situé en arrière de
la pointe, dans la direction considérée.
Représentation cartographique
Les alignements sont figurés par une ligne de couleur noire, portant généralement le nom
de l'alignement et sa valeur angulaire. Pour des raisons de surcharge des cartes nautiques, la
ligne peut ne pas être prolongée jusqu'aux amers mentionnés.
Intérêt de l'alignement
Les alignements mettent en jeu deux points fixes situés sur le sol. Ils sont donc immuables
et précis (leur valeur est donnée souvent au ½ degré près). D'autre part, on verra plus bas
qu'ils ne sont pas affectés par des corrections, qui sont en revanche nécessaires à d'autres
sources de données.
Relèvement
Définition
Le relèvement d'un amer est l'angle que la demi-droite qui joint le point d'observation et
cet amer fait avec la direction du nord.
Mesure
La mesure d'un relèvement se fait à l'aide d'un compas… de relèvement, qui permet de
juxtaposer l'image du point relevé (soit en vision directe, soit avec un instrument d'optique) et
celle d'un compas, donnant la valeur de ce relèvement par rapport au nord, donné par le
compas.
Expression
Un relèvement doit être exprimé par un angle, mesuré sur toute l'étendue du cercle de
mesure, donc de 0° à 360°. C'est d'ailleurs l'indication qui est directement donnée par le
compas de relèvement! On parlera donc d'un relèvement à 336° ou à 72°.
Report sur la carte
Le report d'un relèvement sur la carte, après des corrections qui seront exposées plus bas,
se fait à partir de l'objet relevé. Il faut donc transformer l'expression "je vois le phare avec un
relèvement de 73° " en expression "le phare me voit avec un relèvement de x°".
La solution à ce problème est simple:il suffit d'ajouter 180° (ou de les retrancher, si le
relèvement initial dépasse cette valeur) au relèvement effectué. Si le résultat dépasse 360°, on
retranche 360° de la valeur trouvée.
Exemples:
Je relève le phare de Cordouan au 93°. Sur quelle l igne passant par Cordouan est-ce que je me
trouve?
Gisement
Définition
Un gisement est l'angle que fait la demi-droite qui joint l'observateur, placé sur un mobile
dont la direction ne varie pas, et le point considéré, avec la direction de ce mobile (qu'on
appelle, sur un bateau, ligne de foi).
Mesure
La mesure visuelle d'un gisement nécessite un appareil particulier ("théodolite"), calé sur
la ligne de foi du bateau; le gisement peut être toutefois déterminé par d'autres méthodes
(radar, en particulier).
Relation entre gisement et relèvement
Le relèvement est directement lié au gisement par la connaissance de la direction de la
route du bateau avec le nord (appelée cap): le gisement d'un amer est égal à la différence entre
son relèvement et le cap du bateau. Si cette différence est négative, il suffit d'ajouter 360°
pour obtenir une valeur positive.
Intérêt du gisement
Du fait de l'existence d'une relation soustractive, si les deux éléments qui déterminent le
gisement (relèvement et cap) doivent être corrigés (voir ci-dessous), cette correction n'affecte
pas le gisement.
Exemple
Un bateau, qui fait route plein ouest, relève une cardinale nord au 317°. Quel est le gisement de
cette balise par rapport à la route du navire? Que peut-on en conclure?
La route du bateau est 270° (ouest=3*90°). La cardi nale est relevée au 317°, ce qui donne pour le
gisement une valeur g = 317-270=47°. On peut conclu re de ceci que cette cardinale nord est sur
l'avant tribord du bateau, et que le capitaine a du souci à se faire… (rappel: une bouée cardinale nord
indique la limite nord d'un danger, ce qui signifie que le danger est au sud de cette bouée…)
Ligne de sonde
Définition
Les lignes de sonde sont des courbes, qui joignent les points de même profondeur. Sur les
cartes figurent les lignes de sonde correspondant à certaines profondeurs: 5,10,20,50…
mètres.
Utilisation
Pour utiliser les lignes de sonde, il faut connaître la hauteur d'eau sous le bateau, ramenée
aux conditions dans lesquelles la carte est dressée (voir le chapitre précédent). Il faut donc
éventuellement corriger la hauteur lue (marée, pression…). D'autre part, cette technique n'est
valable que pour des points déterminés, situés sur une ligne de sonde reportée sur la carte.
En pratique, les lignes de sonde sont peu utilisées; elles servent essentiellement à vérifier
la conformité de la détermination d'un point.
Cercle de distance
Définition:
Si on connaît la distance qui sépare le navire d'un amer remarquable, on peut tracer sur la
carte un cercle, de centre l'amer et de rayon cette distance; le bateau se trouve sur le cercle.
Mesure:
Il y a plusieurs techniques qui permettent de mesurer cette distance:
S'il s'agit d'un amer dont la hauteur est connue (ex: un phare, un sommet…), en
connaissant l'angle que fait le sommet avec l'horizontale (mesurée avec un compas, un
sextant…), on peut déterminer, à l'aide de tables, la distance qui sépare le point d'observation
(bateau) de la base ou du sommet de l'amer.
Certaines balises sont dotées d'un répondeur-radar, qui permet, si le bateau est équipé d'un
radar, de mesurer la distance bateau-balise, mais aussi son gisement.
Report sur la carte:
Comme précisé plus haut, le bateau se trouve sur un cercle centré sur le point remarquable
et dont le rayon est égal à la distance mesurée.
Pour terminer cette description, il faut revenir sur un point fondamental: tout relèvement
doit être confronté à la réalité, en se rappelant la disposition générale de la rose des vents.
Utilisation
Remarque préliminaire
La règle CRAS peut être utilisée soit pour tracer une route, soit pour porter un
relèvement. Dans le premier cas, on devra corriger le résultat (variation, dérive) après tracé;
dans le deuxième cas, il faudra corriger les données par la variation avant le report sur la
carte.
Exemple: au large de l'île Dumet, je relève son phare au 310° (relèvement vrai, obtenu après
corrections). Tracer la radiale sur laquelle je me trouve.
On fait passer le bord supérieur de la règle par le phare de l'île Dumet (fixation par pointe
du compas) et on oriente la règle de façon à ce que: a) la flèche soit dirigée vers le lieu relevé
(le phare); b) le centre des graduations situé le plus en bas soit sur un parallèle; c) la
graduation "310" (lue droite pour l'œil) soit également sur ce parallèle. La radiale est
confondue avec le bord supérieur de la règle. (Comme vu plus haut, on remarque que "310"
est sur le cercle externe, puisqu'on utilise un méridien).
Utilisation des traits perpendiculaires
Supposons que, dans l'exemple précédent, au
moment du relèvement du phare on constate que la
balise est exactement par le travers de la route
(c'est à dire que la ligne qui joint le bateau à cette
balise est perpendiculaire à sa route), et que le
bateau se dirige exactement vers le phare.
Il suffit alors de placer la règle de façon à ce qu'un
des traits transversaux soit confondu avec la route
précédemment déterminée, et qu'un bord de la
règle passe par la balise. Le point d'intersection de
ce bord avec le relèvement précédent donne la
position du bateau.
Son utilisation est très simple: pour déterminer une direction, on place les deux points sur
un des bords de la règle en respectant le sens de la flèche jaune, et on tourne le cercle de
manière à amener le quadrillage parallèle à un méridien ou un parallèle, en s'assurant que
l'indication N est bien dirigée. On lit alors la direction recherchée dans la fenêtre.
Pour tracer une radiale, on tourne le cercle de manière à afficher la valeur du relèvement
dans la fenêtre puis on fait passer un des bords de la règle par le point connu, tout en bougeant
la règle pour que le quadrillage corresponde à un parallèle ou un méridien, en respectant le
Nord, puis; la radiale est matérialisée par le bord de la règle.
Le rapporteur Brocemer
Présenté un peu différemment, il repose sur le même principe.
C
A
A B
Une variation des angles des deux relèvements augmente beaucoup plus la surface de la
zone dans laquelle on peut se trouver dans le cas où les droites de relèvement font entre elles
un angle soit faible soit voisin de 180°. Quand l'angle, en revanche, est voisin de 90°,
l'influence d'une erreur sur les angles de relèvement est relativement modeste.
Triangle d'incertitude
Afin de diminuer l'erreur due à
l'imprécision des relèvements, une solution
est de multiplier ceux-ci en relevant trois,
quatre, voire cinq amers. On aboutit ainsi à
un polygone dont le nombre de côtés croît
avec celui des points relevés. Dans le cas
de trois relèvements, c'est un triangle (dont
la surface doit être la plus faible possible,
gage de relèvements cohérents!). On prend
alors le "centre" de ce triangle comme
résultat.
Cette méthode est beaucoup plus contraignante que la méthode précédente du triangle
d'incertitude. Elle a toutefois un avantage énorme: du fait qu'on s'intéresse uniquement pour le
tracé à la différence d'angles, toute perturbation identique dans la mesure de chacun de ces
trois angles est automatiquement éliminée.
1
Cette technique, très utilisée avant la généralisation des GPS voire des procédés type LORAN, utilisait en
fait le sextant (placé horizontalement) pour établir la valeur (précise à la minute…) de l'écart angulaire entre
deux amers. Tombée en désuétude, elle ne fait plus l'objet de questions dans le cadre du permis hauturier.
Transport de relèvement
Cette méthode est également à la limite de ce qui est demandé pour le permis hauturier.
Elle n'est toutefois pas exclue des techniques destinées à faire le point. Ce transport des
relèvements recouvre en fait plusieurs situations, où les données sont différentes.
Cap, vitesse, et deux relèvements du même amer
La technique du transport des droites de relèvement consiste à repérer le même amer à
deux instants différents dont on connaît l'écart, le bateau gardant une route constante et
connue qu'il parcourt à une vitesse connue et constante. La question est "où suis-je?"
On commence par déterminer la distance
D parcourue par le bateau entre les deux
relèvements du même amer: c'est le produit
de sa vitesse par le temps entre ces deux
relèvements.
Les deux points où les deux relèvements
ont été effectués sont espacés de cette
distance. La droite qui les joint a une
direction connue: c'est le cap du bateau. Il
suffit donc de mener par l'amer les deux
droites qui correspondent aux deux
relèvements, puis de mener une parallèle à la
route du bateau de façon à ce que les points
d'intersection avec les deux relèvements
soient espacés de la distance D.
On peut modifier cette construction, qui
présente une difficulté: mener des parallèles
au cap dont la distance entre les points
d'intersection avec les deux relèvements
mesure exactement D. On peut en effet à
partir de l'amer relevé porter, dans le sens
relèvement 1 vers relèvement 2, la distance D
sur une parallèle à la route. A partir de
l'extrémité de ce segment, on mène une
parallèle au relèvement 1 qui coupe le
relèvement 2 en un point, qui est la position
du bateau lors de ce deuxième relèvement.
Cette construction est basée sur l'égalité des côtés opposés d'un parallélogramme.
Trois relèvements du même amer
Comme dans la question précédente, on mène les 3 relèvements passant par l'amer. Par un
point choisi sur le relèvement 2, on trace une perpendiculaire à celui-ci, et on place sur cette
droite en direction du relèvement 1 un point à un distance d1 proportionnelle au temps mis
pour parcourir le trajet entre les deux premiers relèvements, et en direction du relèvement 3
on place un point à une distance d2 proportionnelle au temps mis pour parcourir le trajet entre
les deux derniers relèvements.
AUTRES TECHNIQUES DE
POSITIONNEMENT
Point satellitaire (GPS)2
Rappels sur le GPS
Positionnement
Le GPS (en anglais: Global Positionning System) est un système de triangulation,
utilisant 24 satellites, en orbite substationnaire (20 000km environ), groupés en 6 grappes. Il
permet de déterminer la position d'un objet dans l'espace grâce à la mesure des distances
séparant cet objet d'au moins 3 satellites (en fait, on utilise un minimum de 4 satellites pour
avoir une précision suffisante et pour se passer de la génération d'un temps "interne", voir ci-
dessous).
Les 24 satellites composant la constellation sont répartis dans 6 plans distincts de 60°;
chacun de ceux-ci est incliné de 55° par rapport à l'équateur; chaque plan contient 4 satellites
également espacés (angle de 90° entre 2 satellites d'une même orbite).
Cette répartition permet de disposer en permanence d'un minimum de 4 satellites ayant
une élévation (hauteur sur l'horizon) supérieure à 9,5°. De plus elle assure la présence d'au
moins 5 satellites observables au dessus de l'horizon. Enfin, par mesure de sécurité, trois
autres satellites sont également placés en orbite, destinés à pallier les pannes éventuelles.
Théorie de la mesure
Les mesures de distance reviennent, en fait, à la mesure de déphasages entre des signaux
émis par ces satellites, ou, ce qui revient au même, par la mesure des différences entre la
mesure du temps à l'endroit du récepteur GPS et celui de chacun des satellites, qui est décalé à
cause de la distance entre le satellite et le récepteur.
Comme un objet est défini, dans un repère absolu, par ses coordonnées spatiales x, y et z,
il suffit théoriquement de trois satellites; mais il est alors nécessaire que le récepteur GPS soit
doté d'une horloge atomique, seule possibilité de mesurer avec une précision suffisante des
déphasages temporels très petits. Comme cela n'est pas physiquement possible, on crée une
nouvelle inconnue: le temps absolu, et on est alors ramené à une système d'équations à 4
inconnues (x,y,z,et t), nécessitant au moins 4 mesures, donc 4 satellites, pour donner une
solution.
Le GPS est finalement un système permettant de définir la position du récepteur sur le
globe terrestre avec une précision dépendant du nombre de satellites utilisés, qui peut
atteindre quelques mètres seulement si le signal issu des satellites ne subit pas de dégradation
volontaire, comme c'était encore récemment le cas. Une modification de la position
américaine sur ce sujet permet actuellement d'utiliser les GPS avec toute la précision possible;
mieux encore, l'invention de la technique dite "GPS différentiel", permettant d'introduire une
correction de position à partir d'un signal terrestre, ou satellitaire (satellite géostationnaire)
débouche sur des précisions métriques; enfin, le futur système européen Galileo permettra une
précision encore meilleure.
Finalement, le GPS donne une position sur un ellipsoïde de référence; celui utilisé
actuellement est l'ellipsoïde WGS-84 (voir le chapitre sur la cartographie, dans les
2
Ces procédés de positionnement "électroniques" font l'objet d'un chapitre à part (navigation électronique)