La Formation Math Ematique Des Futurs Ing Enieurs: To Cite This Version
La Formation Math Ematique Des Futurs Ing Enieurs: To Cite This Version
La Formation Math Ematique Des Futurs Ing Enieurs: To Cite This Version
UFR de Mathématiques
THESE
Pour obtenir le titre de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS 7
SPECIALITE : DIDACTIQUE DES MATHEMATIQUES
Avenilde ROMO-VAZQUEZ
Membres du Jury :
CHAPITRE 1
LA PLACE DES MATHEMATIQUES DANS LA FORMATION DES FUTURS INGENIEURS : PERSPECTIVE
HISTORIQUE .......................................................................................................................................................... 5
I INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 5
II LES PREMIERS MODELES DE LA FORMATION D’INGENIEURS. LE CAS DE L’ECOLE
POLYTECHNIQUE ............................................................................................................................................. 6
III.1 DEBATS AUTOUR DE LA PLACE DES APPLICATIONS DANS L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET UNE REFORME
UNIVERSITAIRE IMPULSEE PAR DES INGENIEURS................................................................................................ 11
IV CONCLUSION GENERALE....................................................................................................................... 20
CHAPITRE 2
LA FORMATION ET LA PROFESSION DES INGENIEURS DANS LE CONTEXTE ACTUEL .......................... 23
I INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 23
II LES MATHEMATIQUES COMME DISCIPLINE DE SERVICE : APPLICATIONS /
MODELISATION............................................................................................................................................... 25
III LES MATHEMATIQUES DANS LES PRATIQUES PROFESSIONNELLES : UNE VISION
GENERALE ........................................................................................................................................................ 28
III.1 LA RECHERCHE DEVELOPPEE PAR NOSS, HOYLES ET POZZI : DES MODELES IMPLICITES, LOCAUX, VISANT
L’EFFICACITE DANS UN CONTEXTE DONNE ........................................................................................................ 28
I
III.2.3 Compréhension à travers l’usage..................................................................................................... 36
III.3 CONCLUSION ............................................................................................................................................. 37
CHAPITRE 3
CADRE THEORIQUE ........................................................................................................................................... 53
I INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 53
V CONCLUSION................................................................................................................................................ 72
II
CHAPITRE 4
CONTEXTE ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE................................................................................... 75
I INTRODUCTION ............................................................................................................................................ 75
CHAPITRE 5
ANALYSE PRAXEOLOGIQUE DES PROJETS .................................................................................................. 97
I INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 97
III
II.5 UNE SITUATION DE CONFLIT : LAMES RECTANGLE/TRIANGLE ........................................................... 130
II.5.1 Le choix initial et le passage à des lames en triangles................................................................ 130
II.5.2 Les calculs erronés font revenir à la solution des lames en rectangle ........................................ 131
II.5.3 La soutenance orale .................................................................................................................... 132
II.6 CONCLUSION DE L’ANALYSE DU PROJET 1 ........................................................................................ 134
CHAPITRE 6
AU DELA DES PROJETS : ANALYSE DES COURS......................................................................................... 201
IV
III.1 DISTANCE A P(M) ................................................................................................................................... 207
III.2 DISTANCE AUX P(DI) ET A LA PROFESSION IP ......................................................................................... 208
V CONCLUSION.............................................................................................................................................. 266
V
VIII CONCLUSION GENERALE.................................................................................................................. 284
CHAPITRE 7
CONCLUSIONS GENERALES.......................................................................................................................... 287
I LE ROLE DES DISCIPLINES INTERMEDIAIRES : UN PONT ENTRE THEORIE ET PRATIQUE ................................... 287
II LES BESOINS MATHEMATIQUES DANS LES PROJETS ET LES RESSOURCES UTILISEES POUR LES SATISFAIRE ... 289
III RECONSTRUCTION DES TECHNIQUES ET TECHNOLOGIES : ELEMENTS METHODOLOGIQUES CLES ................ 290
IV LES EFFETS D’UN CONTRAT MIXTE ............................................................................................................. 291
V UN CADRE D’ANALYSE DU PROCESSUS TRANSPOSITIF PRENANT EN COMPTE L’EXISTENCE DE PLUSIEURS
INSTITUTIONS DE REFERENCE, DISCIPLINES INTERMEDIAIRES ET MATHEMATIQUES......................................... 292
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................................ 302
ANNEXES........................................................................................................................................................... 305
VI
Introduction
INTRODUCTION
La recherche que nous avons menée dans le cadre de la préparation de cette thèse a été
initialement motivée par le travail de mémoire du master que nous avons réalisé au
CINVESTAV 1 à Mexico qui portait sur la conception d’un outil d’analyse des concepts
mathématiques mis en œuvre dans la pratique des ingénieurs (Romo, 2003). La pratique
étudiée constituait en fait un cas très particulier. Elle était développée dans le cadre d’une
formation d’ingénieurs de niveau master 2. Les ingénieurs réalisant ce master étaient des
professionnels travaillant en entreprise et l’objectif de leur mémoire de master était de
résoudre un problème posé dans l’entreprise où ils travaillaient. L’objectif de notre mémoire
qui s’appuyait sur la distinction entre type de pensée théorique et type de pensée pratique
(Sierpinska, et al., 2002) visait à analyser en ces termes les mathématiques utilisées par ces
ingénieurs dans leur mémoire. Plus précisément, le travail avait consisté en l’analyse de
quatre mémoires portant sur des problématiques différentes mais faisant tous intervenir des
mathématiques de manière explicite. Notre mémoire, tout en apportant des éléments
intéressants, nous a confronté aux limites de la catégorisation effectuée, fondée sur une
analyse essentiellement mathématique, pour prendre en compte les caractéristiques
épistémologiques des pratiques étudiées. Et ceci a motivé notre engagement dans un travail de
thèse ayant l’ambition d’étudier de façon plus approfondie les besoins mathématiques
professionnels des ingénieurs, les différents types de savoirs pouvant contribuer à la
satisfaction de ces besoins, leurs origines et les transpositions subies, ainsi que leur place dans
la formation des ingénieurs. Nous avons alors décidé de préparer notre thèse en France. Deux
raisons principales ont motivé ce choix. La première concerne la longue tradition de
formation institutionnelle des futurs ingénieurs qui y existe et accorde aux mathématiques une
place importante. La seconde est celle de l’existence au sein de la didactique des
mathématiques développée en France de cadres théoriques pour étudier les formations et les
pratiques, notamment ceux de la théorie anthropologique du didactique qui nous semblaient a
priori pouvoir nous aider à surmonter les limites théoriques que nous avions rencontrées.
Pour préciser la problématique de la thèse, nous nous sommes d’abord située dans une
perspective historique, cherchant à comprendre la façon dont la question des besoins
mathématiques de la formation des ingénieurs avait été posée et quelles réponses y avaient été
apportées. Nous nous sommes appuyée pour cela sur plusieurs sources : des travaux relatifs à
l’histoire de la formation à l’Ecole Polytechnique et ceux menés au sein de la Commission
Internationale de l’Enseignement Mathématique au début du XXe siècle. Les résultats de cette
première analyse sont présentés dans le chapitre 1. Nous en sommes ensuite venue aux
contextes récents et actuels, examinant l’évolution des débats sur la formation à partir des
années cinquante, et les recherches notamment didactiques qui se sont développées plus
récemment à la fois sur l’analyse des pratiques des ingénieurs et sur les questions de
1
Centre d’Investigation et d’Etudes Avancées de l’Institut National Polytechnique.
1
Introduction
formation. Ces analyses préliminaires ont attiré notre attention sur la permanence des
difficultés rencontrées dans l’établissement de rapports satisfaisants entre théorie et pratique
dans la formation des ingénieurs et nous ont conduite dans la thèse à nous centrer plus
précisément sur ces rapports, sur les différents types de savoirs qui les concernent, leur
circulation et leur articulation dans l’institution de formation. Elles nous ont aussi incitée à
choisir pour contexte expérimental un type de formation d’ingénieurs mettant
particulièrement l’accent sur les relations avec la pratique et s’adressant à des étudiants eux-
mêmes souvent issus de formations technologiques et ayant donc un rapport aux
mathématiques différent de celui des étudiants des Grandes Ecoles passés par les classes
préparatoires : la formation des ingénieurs-maîtres dans les Instituts Universitaires
Professionnalisés mise en place au début des années 90. Cette partie de notre travail est
présentée dans le chapitre 2.
Dès le départ, notre intention était de nous appuyer, sur le plan théorique, sur la théorie
anthropologique du didactique et d’en étudier les potentialités pour ce type de recherche. Les
résultats des analyses préliminaires nous ont montré l’importance de prendre en compte
différents types ou niveaux de discours technologique pour arriver à faire sens au sein de cette
théorie de la diversité que nous entrevoyions dans les rapports institutionnels aux
mathématiques développés dans les différentes disciplines de formation ; le rôle médiateur
entre théorie et pratique des disciplines intermédiaires que constituent les sciences de
l’ingénieur, et de comprendre les raisons des décalages souvent soulignés entre formation et
pratique. Nous nous sommes donc appuyée à la fois sur les outils d’analyse classique fournis
par cette théorie et notamment la notion de praxéologie, et sur les extensions récemment
proposées par Corine Castela qui enrichissent les catégories de description des discours
technologiques au sein de cette approche. Nous présentons le cadre théorique qui en résulte
pour la thèse dans le chapitre 3.
Le contexte expérimental de la thèse est, comme nous l’avons précisé plus haut celui
de la formation d’ingénieurs-maîtres en IUP. Plus précisément, nous nous sommes intéressée
à une pratique innovante mise en place à l’IUP d’Evry, de type projet, cherchant à recréer à
l’intérieur de l’institution de formation les contraintes du monde professionnel. Pendant deux
ans, nous avons suivi ces projets, en adoptant une méthodologie d’immersion. Nous la
décrivons ainsi que le contexte expérimental dans le chapitre 4.
Dans le chapitre 5, nous présentons les résultats de ce suivi et des analyses associées,
en nous centrant sur trois projets. Ceci correspond aux choix que nous avons opéré la seconde
année d’expérimentation, après avoir été confrontée à la difficulté d’identifier les besoins
mathématiques réels des étudiants et leur rapport avec la formation, tant ils apparaissaient
imbriqués dans des complexes de savoirs divers ou dans des artefacts logiciels qui tendaient à
les rendre invisibles, et tant ils étaient mal perçus par les étudiants eux-mêmes. Les projets
sélectionnés l’ont été parce qu’ils faisaient intervenir des mathématiques de façon explicite,
que les mathématiques y intervenaient à travers des contenus et pratiques différentes, en
relation avec des disciplines de formation elles aussi différentes, mais qu’il se regroupaient en
2
Introduction
dépit de ces différences au sein d’une thématique commune de projets liés à l’étude de
phénomènes aérodynamiques en soufflerie.
L’analyse de ces projets a confirmé l’attention nécessaire à apporter aux disciplines
intermédiaires de formation et pour approfondir la réflexion dans cette direction, nous avons
choisi une question rencontrée dans l’analyse d’un des projets qui nous semblé en un sens
emblématique : celle de l’enseignement de la transformée de Laplace. Nous l’avons
approchée par la comparaison de différents cours sur cette notion portés par différentes
institutions, celle du cours d’automatique de l’IUP d’Evry qui visiblement avaient servi de
référence pour le projet concerné mais aussi d’autres enseignements d’automatique et de
mathématiques de cette notion en IUT, université et école d’ingénieur. Les résultats de cette
analyse sont présentés dans le chapitre 6.
Finalement, dans le chapitre 7, nous présentons de façon synthétique les résultats de
notre travail, en pointons les potentialités et les limites, et précisons quelques pistes de
recherche qui s’en dégagent.
Dans les annexes, nous présentons des documents complémentaires au corps du texte.
Notamment, un bilan de la pré-expérimentation dont les données obtenues ne font pas l’objet
d’une analyse approfondie. Cependant nous y présentons des résultats qui ont guidé notre
expérimentation. Nous présentons également les données issues des entretiens menés auprès
des étudiants et des enseignants lors du développement des projets, qui constituent des
éléments substantiels pour l’analyse des projets.
3
Introduction
4
Chapitre 1 Perspective historique
CHAPITRE I
I Introduction
La question de la place à accorder aux mathématiques dans la formation des
ingénieurs, des contenus qui doivent être abordés dans cette formation et de la façon dont ils
doivent être abordés et articulés avec les autres domaines de la formation, est une question
que l’ont voit posée dès la mise en place de telles formations. Dans la première partie de ce
chapitre, nous le mettons en évidence en nous appuyant d’une part sur le cas de l’Ecole
Polytechnique, d’autre part sur des enquêtes et réflexions menées sur ce thème et plus
généralement sur celui de la place à accorder aux applications dans l’enseignement des
mathématiques, au début du XXe siècle, par la Commission Internationale de l’Enseignement
des Mathématiques (CIEM dans la suite). Dans la seconde partie, nous mettons en regard
cette perspective historique avec la façon dont ces mêmes questions sont abordées aujourd’hui
soulignant d’une part la continuité des préoccupations mais aussi la façon dont l’évolution
scientifique, technologique et professionnelle modifie les approches.
5
Chapitre 1 Perspective historique
Dans les choix effectués aux différentes époques se combinent des considérations
académiques, professionnelles et sociales. L’école est par exemple créée dans la foulée de la
Révolution et donc dans une contexte d’exception. Elle est héritière des idéaux
encyclopédistes du siècle des Lumières. Elle est portée dans ses débuts par l’essor de la
science française à cette époque. Ce contexte historique joue un rôle décisif dans l’élaboration
du premier modèle de formation. Par la suite, des contraintes propres à l’Ecole telles que le
recrutement sur concours et l’« examen de sortie », basés notamment sur les connaissances
mathématiques, vont déséquilibrer ce modèle et montrer la difficulté d’élaborer un modèle en
accord avec la vocation de l’Ecole, une vocation par ailleurs en permanence en débat :
« l’Ecole Polytechnique doit-elle être une école d’ingénieurs ou une école de haute science ? »
(Ibid. p.2)
2
« Sur le plan institutionnel cependant, l’Ecole Polytechnique est l’héritière en ligne directe de l’ancienne Ecole
de Ponts et Chaussées » (Belhoste 1994, p. 10)
6
Chapitre 1 Perspective historique
C’est sur la base de son expérience comme professeur à Mézières que Gaspar Monge
va concevoir le premier modèle de formation de l’Ecole Polytechnique. Il est basé sur les
connaissances mathématiques et physiques mais ce qui le caractérise c’est sa proximité avec
l’idéal encyclopédiste d’une alliance possible entre les Sciences et les Arts. A cette époque,
les Sciences correspondent en effet à la théorie pure et les Arts aux applications. Ce sont ces
dernières qui ont un rôle privilégié dans le premier modèle. En effet, « c’est le principe
d’application qui hiérarchise les sciences et les arts et qui détermine l’organisation du cursus »
(Ibid. p.12) Ainsi, « la géométrie descriptive réunit l’ensemble des applications de la méthode
des doubles projections ; l’analyse est étudiée dans ses applications à la géométrie et à la
mécanique ». (Ibid. p.12)
3
Ces cours spéciaux, correspondent aux cours dits « d’application », parmi ceux, il y avait le cours de machines,
enseigné d’un point de vue descriptif.
7
Chapitre 1 Perspective historique
Parmi les examinateurs, on retrouve par exemple Laplace et Bossut, ce qui peut
expliquer que les examens portent en grande partie sur les connaissances mathématiques. Le
modèle est ainsi affecté « …en réduisant le rôle de la pratique, sur laquelle on n’interroge pas,
au profit de la théorie ». Si, de plus, on prend en compte le fait que l’examen qui, au départ,
donne lieu à plusieurs classements suivant l’école choisie, est ensuite unifié en un seul
examen de sortie, la sélection de l’école d’application étant soumise au classement résultant
de celui-ci, la place des mathématiques dans la formation va devenir la plus importante, créant
« une hiérarchie des enseignements selon les points de classement qui disloque, au seul
bénéfice des mathématiques » (ibid. p.21).
Quelles sont les mathématiques qui vont bénéficier de ces déséquilibres ? L’analyse en
fait va s’imposer par rapport à la géométrie descriptive parce que porteuse d’une généralité
supérieure à cette dernière. Comme Belhoste le souligne :
« Pour Lagrange, l’analyse est une méthode générale qui s’applique à la géométrie et à la
mécanique, et, sur ce point, il est en accord avec Monge. Mais, alors que pour Monge, ce sont
les applications qui donnent la vérité de la méthode – conception qui est à la base de son
réalisme géométrique – le programme de Lagrange consiste à réduire toute la mécanique et la
géométrie à l’analyse, elle-même réduite à un calcul purement algébrique, et sa réalisation, tant
pédagogique que scientifique, passe par une réflexion approfondie sur les principes ». (ibid. p.
22)
Mais ce n’est pas Lagrange qui va causer la rupture majeure avec le modèle de Monge,
c’est Laplace en mettant en place un cours « complet » d’analyse différent du cours de
mécanique, et en soulignant que les élèves de l’Ecole sont faibles en mathématiques. On peut
en déduire que Laplace considérait qu’une connaissance approfondie de l’analyse fournissait
aux élèves une « base » solide, qui leur permettrait de maîtriser ultérieurement la géométrie, la
mécanique et les enseignements d’application.
8
Chapitre 1 Perspective historique
9
Chapitre 1 Perspective historique
du modèle de formation. Cette mission est confiée à l’astronome Le Verrier en 1850 qui, avec
l’aide d’une « commission mixte »4 conçoit en quatre mois une réforme qui porte tant sur
l’enseignement de l’Ecole que sur l’enseignement préparatoire à l’admission à l’Ecole. Cette
réforme comporte en particulier, une évolution de l’examen d’admission qui va comporter des
épreuves orales du premier degré pour l’admissibilité, du second degré pour le classement et
des épreuves écrites à valeur informative. Par ailleurs, les candidats devront être titulaires
d’un baccalauréat ès sciences, ce qui motive des transformations de l’enseignement
secondaire telle que :
« la bifurcation, qui institue à partir de la classe de troisième une section de sciences parallèle à
la section des lettres, et donnant accès au baccalauréat ès sciences » (ibid. p. 27)
Pour ce qui est de la réforme faite à l’intérieur de l’Ecole, la pratique devient l’axe
organisateur des enseignements :
« le seul critère est l’utilité pour les applications, et tout développement de pure théorie sera
systématiquement écarté » (ibid. p. 28).
D’autre part, le modèle pédagogique est lui aussi modifié et par la suite, ces
enseignements sont en priorité confiés à des ingénieurs en activité. Le cours de mécanique
appliquée, créé en fusionnant les cours de mécanique et de machines devient l’enseignement
central de l’Ecole.
Ce nouveau modèle de formation comme le signale Belhoste est éloigné du modèle laplacien
mais ce n’est pas non plus un modèle encyclopédiste comme celui de Monge. Il s’agit plutôt
d’un modèle éclectique dont :
« le plan d’études ne prétend pas soumettre l’ensemble des applications, qui tendent a s’y
multiplier, à quelques méthodes générales, mais plutôt à fournir aux élèves des outils
scientifiques et techniques pouvant répondre aux besoins multipliés de la pratique. » (ibid. p.
29).
Une des conséquences immédiates de cette réforme est que l’Ecole de 1850 n’est plus une
école de haute science, mais elle ne se constitue pas pour autant en une école formatrice
d’ingénieurs pour l’industrie, elle continue à former des personnes qui accéderont aux grands
corps de l’état.
II.4 Conclusion
L’Ecole Polytechnique est certainement un cas particulier et l’on ne saurait généraliser
à partir de ce cas particulier, même s’il est emblématique. Le devenir de ses élèves dans les
grands corps de l’état, la tension qui est à l’œuvre entre une vocation de formation
d’ingénieurs et une vocation de formation de scientifiques, éléments rappelés ci-dessus,
illustrent bien ces spécificités. Cependant, les questions qui sous-tendent l’établissement des
modèles de formation et les changements de modèle, de Monge à Laplace puis à Le Verrier,
4
composée des représentants des services publics. (Belhoste, p. 27)
10
Chapitre 1 Perspective historique
sont les questions fondamentales des rapports entre science et application de la science, de
rapports entre science et technologie. Dans les deux premiers modèles : ceux de Monge et de
Laplace, les mathématiques sont centrales mais ce ne sont pas les mêmes domaines
mathématiques qui sont dominants : on bascule de la géométrie à l’analyse. De plus, la vision
des rapports entre mathématiques et applications est différente. Dans le premier modèle, les
mathématiques sont importantes mais légitimées par leur rôle dans les applications et les deux
sont étroitement liés dans l’enseignement. Dans le second modèle, les mathématiques forment
un corpus autonome pourvoyeur de connaissances générales qui sont ensuite réinvesties dans
des enseignements d’application. Le lien avec les applications se distend et permet à chaque
enseignement de se développer avec sa logique propre. Le troisième modèle résulte en
quelque sorte de la dynamique d’écartement favorisée par le précédent. L’utilité des
mathématiques fondamentales n’est plus reconnue, on verse dans un modèle basé sur un
rapport utilitaire aux mathématiques. On voit aussi l’avènement des enseignements
technologiques comme venant combler un vide, en réponse à une demande de la pratique.
Tout ceci nous semble porteur de leçons qui dépassent le seul cas de l’Ecole Polytechnique.
Les facteurs qui gouvernent cette dynamique sont eux aussi intéressants à souligner. On note
certes les effets de l’évolution scientifique dans le basculement entre géométrie et analyse,
mais au-delà on voit l’influence d’une conjonction de facteurs d’origine sociale, le poids des
héritages culturels et des changements de structure.
Avançant dans l’histoire, nous allons dans la partie suivante, nous situer au début du
e
XX siècle. Ce début de siècle est marqué comme Furinghetti le souligne (Furinghetti, 2003),
d’une part par une apogée du développement des mathématiques pures et appliquées, d’autre
part par la constitution de systèmes nationaux d’instruction dans différents pays. Dans ce
cadre scientifique et social, est créée en 1908 à Rome, la Commission Internationale de
l’Enseignement des Mathématiques (CIEM). Cette dernière s’intéresse, dès sa création, à la
question de la place à accorder aux applications des mathématiques dans l’enseignement,
comme signalé dans l’introduction de ce chapitre et, pour comprendre les débats qui
concernent la formation des ingénieurs, il nous semble intéressant de les inscrire dans le
champ plus vaste des débats plus larges que reflète la commission sur la place des
applications dans l’enseignement des mathématiques en général. Pour cela, nous allons
considérer plus particulièrement deux événements : les réformes de l’enseignement
secondaire menées dans différents pays au début du XXe siècle et la Conférence
Internationale de l’enseignement mathématique qui a lieu à Paris en 1914.
11
Chapitre 1 Perspective historique
sciences en général et sur l’enseignement des mathématiques en particulier aux débuts du XXe
siècle, suscité par l’évolution scientifique d’une part et la révolution industrielle d’autre part.
Godfrey prend appui sur cet exemple, montrant comment une formation d’ingénieurs
complètement théorique, celle d’une section d’ingénieurs à l’Université de Cambridge, ayant
un enseignement mathématique « sans base pratique », s’est trouvée fortement questionnée et
réformée, et il en tire des conclusions plus générales :
« Ce mouvement amena la formation de divers comités qui comparèrent les opinions des
hommes de métier et des maîtres d’école et trouvèrent que l’accord était possible sur la plupart
des points. Les professeurs reconnurent que des sujets utiles pouvaient être aussi éducatifs que
les futilités conventionnelles qui avaient fini par s’identifier avec les mathématiques enseignées
dans les écoles. De même que les mathématiques supérieures pures gagnent en valeur et en
intérêt par un contact plus intime avec les problèmes posés par les physiciens et deviennent en
revanche irréelles et sans but quand elles sont séparées de leurs applications, de même les
mathématiques élémentaires ont trouvé leur salut dans l’introduction des applications sans
nombre fournies par la vie industrielle moderne. » (Godfrey, 1908, p.462) cité en (ibid. p. 235)
Soulignons que l’on retrouve dans cet exemple une réforme réalisée par un comité
composé de professeurs et d’hommes de métier, ce que l’on peut mettre en relation avec la
commission mixte qui a conçu le modèle dit de Le Verrier décrit plus haut à l’Ecole
Polytechnique. De même, l’exemple de Godfrey montre bien qu’au cœur de ces réformes il y
a une nécessité et un effort pour concilier la théorie et la pratique, en mettant en valeur les
applications des mathématiques tant pour les services qu’elles rendent aux autres disciplines
scientifiques, en particulier à la physique, que pour les services qu’elles rendent dans des
contextes plus pratiques tels que ceux des milieux industriels. Pour les réformateurs
12
Chapitre 1 Perspective historique
Cette justification met en évidence une autre contrainte à considérer : l'amplitude des
connaissances mobilisées par un ingénieur dans sa pratique. Nabonnand ne traite pas cette
contrainte dans son analyse mais, nous voudrions la souligner, en constatant que le choix de
privilégier les applications mathématiques dans une formation technique ou d’ingénieur ne
suffit à déterminer cette formation. Vu l’ampleur des connaissances potentiellement en jeu
dans la pratique, il sera nécessaire de faire des choix, en se demandant quelles sont les
mathématiques appliquées les plus nécessaires.
Revenons au débat initial. Nous avons présenté ci-dessus des arguments développés
par des réformateurs utilitaristes. Mais il existait aussi des réformateurs s’opposant à cette
orientation, argumentant par exemple, que les applications des mathématiques, dénuées de
rigueur, ne peuvent servir de base à une formation en mathématiques. Parmi ces derniers, on
trouve A. N. Whitehead, qui souligne que, même lorsque l’enseignement mathématique
s’adresse à des personnes dont la formation mathématique sera élémentaire et courte, celle-ci
« doit viser deux objectifs : développer la faculté d’abstraction et développer la faculté de
raisonnement logique. Aussi l’enseignement des mathématiques doit-il être d’une rigueur
logique sans concession. ». (ibid, p. 241). Il est tout aussi catégorique sur la nécessité de la
rigueur dans un enseignement mathématique à vocation professionnelle et écrit par exemple :
« Il est important pour les physiciens et ingénieurs d’avoir un esprit entraîné mathématiquement
(mathematically trained mind) et on ne peut pas se contenter d’une connaissance quasiment
mécanique en vue des applications. (ibid. p. 242).
On voit donc une grande cohérence entre les arguments développés pour ou contre un
enseignement des mathématiques centré sur les applications dans l’enseignement et dans la
formation des ingénieurs même si, comme le souligne Bourlet :
« la question d’un enseignement de mathématiques appliquées est à la fois beaucoup plus
cruciale et plus simple à résoudre pour les formations supérieures d’ingénieurs ou de physiciens
que dans l’enseignement secondaire même technique » (ibid. p. 245)
13
Chapitre 1 Perspective historique
1) Les résultats obtenus dans l’introduction du calcul différentiel et intégral dans les
classes supérieures de l’enseignement moyen.
2) La place et le rôle des mathématiques dans l’enseignement technique supérieur.
Les travaux de la conférence ont été préparés par des enquêtes menées dans les pays
membres de la CIEM. Nous nous limiterons ici aux travaux concernant la seconde question.
Le rôle des mathématiques dans la formation d’ingénieurs est abordée d’une part dans une
séance consacrée à la présentation par Stæckel d’un rapport sur la préparation mathématique
des ingénieurs dans différents pays, d’autre part dans une conférence de Maurice d’Ocagne
consacrée au rôle des mathématiques dans ce qu’il dénomme les sciences de l’ingénieur.
14
Chapitre 1 Perspective historique
Il souligne cependant que ce que l’on attend d’un ingénieur n’est pas une utilisation aveugle
de formules empiriques obtenues par simple tâtonnement :
« Autre chose est non plus de savoir se servir d’une formule, mais d’être en mesure, par une
juste critique, d’en apprécier la valeur et, si besoin est, d’en proposer une nouvelle » (ibid. p.
211-212).
Pour cela, selon lui, la théorie mathématique est souvent utile sinon nécessaire et il l’illustre
en fournissant de nombreux exemples de problèmes d’ingénierie dont la résolution a nécessité
l’application de la théorie mathématique « la plus avancée ».
Le premier exemple donné est celui de la télégraphie sous-marine. D’Ocagne souligne que la
solution trouvée par lord Kelvin relevait de « la théorie pure » et que ce travail mathématique
théorique lui a montré «, en particulier, que pour éviter la confusion à l’arrivée des signaux
expédiés, il était utile de faire suivre toute émission de courant d’une émission égale et
contraire qui ramène la ligne a l’état primitif. D’ailleurs, l’étude du même système
d’équations linéaires aux dérivées partielles […] permet encore de discuter les conditions de
fonctionnement des lignes de transport de force à grande distance. » (ibid. p.212)
Et revenant sur le rôle exact joué par les mathématiques dans l’activité de l’ingénieur, il
ajoute :
« Le rôle des mathématiques consiste à fournir une interprétation rationnelle de faits réductibles
à la notion de mesure, et la question qui se pose est de savoir jusqu’à quel point la théorie de
forme mathématique est susceptible de servir de guide dans les […] faits expérimentaux. »
(ibid. p. 213)
15
Chapitre 1 Perspective historique
Ce rôle donné aux mathématiques nous semble très proche de celui conféré aujourd’hui à la
modélisation mathématique.
« La pratique, dit M. Marbec, donne la connaissance des faits, la théorie donne le moyen d’en
tirer les conséquences lointaines. Un mécanicien complet doit posséder les deux» (ibid. 213)
Pour établir la pertinence de ce point de vue, il utilise plusieurs exemples dans lesquels
un rapport étroit entre théorie et pratique a eu des conséquences productives, tant pour la
Science que pour la technique. Les deux premiers exemples cités veulent montrer comment la
théorie mathématique peut conduire à la découverte de faits expérimentaux et il cite le cas des
ondes hertziennes « nées du besoin de soumettre au contrôle de l’expérience les conséquences
de la théorie toute mathématique des ondes électromagnétiques », et celui des lois de
l’électrostatique, découvertes par Green avant que Faraday ne les mette en lumière de façon
expérimentale. Dans ces deux exemples, la théorie joue un rôle d’outil de prédiction. Elle
permet d’anticiper ce que l’expérimentation va donner, et conduit à une production de
connaissances « techniques ». Ocagne considère cela comme un service rendu par les
mathématiques à la technique.
Il présente ensuite un autre type d’apport des théories mathématiques, selon lui plus
indirect mais avec des conséquences tout aussi importantes pour la pratique :
« Niera-t-on la répercussion qu’a eu le développement de la thermodynamique sur les
perfectionnements réalisés dans la construction et l’emploi industriel des machines thermiques ?
Or, il semble bien difficile que l’on puisse atteindre à la pleine compréhension des principes si
délicats de la thermodynamique sans une forte éducation mathématique. » (ibid, p.214)
16
Chapitre 1 Perspective historique
coefficients sont des fonctions sinusoïdales du temps dans le cas d’alternateurs monophasés »
(ibid. p.16), a déduit la manière de limiter ces surintensités et d’Ocagne souligne que
l’intégration de ces équations n’a pas été obtenue seulement par la « voie des
approximations » mais par des considérations théoriques. En dernier, il cite l’étude de l’effet
Kelvin (skineffect) dans les conducteurs massifs en courants alternatifs et souligne «l’intérêt
pratique » de cette étude réalisée via l’utilisation d’équations aux dérives partielles. D’Ocagne
se sert de ces exemples pour montrer comment des problèmes relevant de champs techniques
divers ont été résolus grâce à l’intervention de connaissances mathématiques « pures » et
comment leur résolution a contribué conjointement au développement des Sciences de
l’ingénieur.
Par la suite, d’Ocagne cherche à resituer cette utilité des mathématiques « pures » et
complexes dans un contexte plus général. Il cite le cas du calcul des quantités imaginaires,
initialement conçu avec un objectif purement théorique mais qui a fait ensuite l’objet
d’exploitations diverses, en particulier en électrotechnique. De même, il signale que des
sciences techniques comme la résistance des matériaux et l’hydraulique sont restées
longtemps « en enfance » parce qu’elles étaient portées seulement par les mathématiques
élémentaires et qu’elles ont dû attendre la production de théories mathématiques plus élevées,
ici celles de l’élasticité et l’hydrodynamique, pour évoluer. Pour d’Ocagne, ce processus de
développement de théories mathématiques potentiellement applicables est continu. Il cite la
théorie générale des corps déformables, les travaux théoriques sur la propagation d’ondes et
les équations de l’hydrodynamique, encore très abstraits au moment de sa conférence mais
qu’il estime potentiellement riches en applications. Même si un long chemin doit être encore
parcouru avant d’atterrir dans le terrain des applications concrètes, elles offrent déjà selon lui
de nouveaux horizons pour le technicien.
L’expérience porte donc des connaissances pour la pratique qu’il est nécessaire de
mettre en œuvre. Il précise que cette mise en œuvre se fait souvent à travers des formules.
Celles-ci fournissent « une sorte de synthèse de forme encore mathématique » mais,
contrairement à celles issues de la théorie, elles ne sont pas obtenues par la voie logique et de
la déduction. A défaut d’une méthode systématique pour effectuer cette mise en forme, la
17
Chapitre 1 Perspective historique
Cet exemple montre bien selon lui l’impossibilité de trouver une expression analytique
« satisfaisante des variations, d’allure compliquée, que révèle un tel enregistrement
expérimental », par une voie qui ferait abstraction de toute théorie pour s’appuyer purement
empiriquement sur les données de l’expérience.
Tout ce qui précède montre la nécessité, selon lui, de continuer à développer les
Sciences de l’ingénieur, qui grâce à l’incorporation de méthodes mathématiques ont à la fois
résolu des problèmes généraux et développé la technique, fournissant de nombreux outils à
l’ingénieur pour sa pratique. On voit bien le rôle d’intermédiaire qu’il fait jouer à ces Sciences
entre une théorie mathématique autonome et abstraite et les problèmes réels que la pratique
doit résoudre. Adossées à une base théorique, ces Sciences produisent aussi des outils
théoriques mais elles le font dans un langage mathématique suffisamment proche des
phénomènes de la pratique. Et il souligne bien la différence entre le travail du mathématicien
et celui de l’ingénieur. Pour lui, le mathématicien, n’ayant pas un contact direct avec la
pratique, développe des théories mathématiques « autonomes » des besoins de l’ingénieur,
son intérêt est purement théorique. L’ingénieur, quant à lui, doit être capable de jouer le rôle
d’emprunteur et de développeur de théories mathématiques pour la résolution de problèmes
propres à l’ingénierie ou, autrement dit, pour la constitution de sciences de l’ingénieur. Pour
mener à bien cette transposition et recontextualisation des mathématiques, il doit disposer
d’une formation mathématique qui lui permette d’accéder au langage du mathématicien.
18
Chapitre 1 Perspective historique
la portée possible aux divers points de vue qui les intéressent et, le cas échéant, d’en réaliser
eux-mêmes, sans maladresse, l’adaptation aux fins pratiques qu’ils se proposent d’atteindre. »
(ibid. 222).
III.3 Conclusion
La question de la place à accorder aux applications mathématiques, abordée au début
de ce chapitre à travers les débuts d’une institution, celle de l’Ecole Polytechnique, a été
traitée également au sein de la CIEM au début du XXe siècle. Cette Commission, comme
signalé plus haut, situe sa réflexion dans un contexte international nécessairement divers mais
marqué par une évolution technologique, sociale et culturelle qui pousse à la réforme des
enseignements scientifiques et mathématiques dans les pays qui en sont membres.
19
Chapitre 1 Perspective historique
Cette importance des sciences de l’ingénieur est affirmée aussi par d’Ocagne dans sa
conférence, même si son objectif principal est de montrer le rôle primordial des
mathématiques pures dans le métier de l’ingénieur. Même s’il concède que les mathématiques
théoriques avancées ne font pas le quotidien du travail de l’ingénieur, il défend l’intérêt de
leur connaissance pour l’ingénieur ordinaire, car elles sont pour lui indispensables à un
rapport non purement empirique à l’expérience, souvent indispensables aussi à l’adaptation
des techniques et à l’innovation. Il montre aussi très bien le rôle d’interface entre les
mathématiques théoriques, abstraites et autonomes et la pratique qui est dévolu aux sciences
de l’ingénieur et en illustre les différentes facettes à l’aide d’exemples. Des exemples où un
travail théorique amène directement à la solution d’un problème d’ingénierie mais aussi des
exemples de rapports plus dialectiques entre théorie et pratique, et des exemples où l’on voit
bien une contribution des mathématiques à la technique médiée par les sciences de l’ingénieur
et la contribution des mathématiques au développement des sciences de l’ingénieur. Et il
souligne bien que, selon lui, une solide formation mathématique est nécessaire pour que
l’ingénieur puisse comprendre et utiliser de façon non aveugle les connaissances produites par
ces Sciences dans sa pratique.
IV Conclusion générale
Ces considérations historiques sur la formation des ingénieurs, bien que très limitées,
nous montrent que, dès les débuts de la formation des ingénieurs, sont débattues des questions
toujours d’actualité portant sur les rapports entre théorie et pratique dans la formation, sur la
place à donner aux mathématiques et, en particulier, aux théories mathématiques et aux
applications de ces dernières. Dès cette époque aussi, divers modèles co-existent ou se
succèdent, comme c’est le cas à l’Ecole Polytechnique avec les modèles dits de Monge, de
Laplace et de Le Verrier.
A travers ces trois modèles de formation, on voit trois conceptions différentes des
rapports entre théorie et pratique, et le poids exercé sur l’évolution des positions
respectivement par le développement scientifique, le développement industriel et les
contraintes propres à l’institution considérée.
20
Chapitre 1 Perspective historique
Il semble y avoir consensus pour considérer, comme le fait d’Ocagne, que les
ingénieurs doivent disposer d’une formation mathématique solide en prise sur les
mathématiques de leur époque. Mais ce qui fait déjà débat, c’est la façon dont doit être
assurée cette formation mathématique et le rôle que doivent y prendre les questions qualifiées
d’utiles, c'est-à-dire les questions qui peuvent être reliées à un besoin de la pratique. Ces
débats ne sont pas tranchés et, même si les positions dites utilitaristes sont portées par des
scientifiques reconnus et mettent l’accent aussi sur la dimension de formation générale
scientifique que doit assurer l’enseignement, on voit bien que les équilibres à trouver posent
problème, que les formations universitaires installées peinent à évoluer.
Cette étude met bien aussi en évidence l’importance croissante prise par les sciences
de l’ingénieur à côté des disciplines d’application classiques comme la physique et la
mécanique. Ces sciences s’installent, comme nous l’avons souligné, comme disciplines
intermédiaires entre les disciplines constituées et le champ de la pratique. Elles semblent
permettre une communication de ces deux mondes qui ne saurait ou ne saurait plus exister
directement.
21
Chapitre 1 Perspective historique
22
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
CHAPITRE II
I Introduction
La profession, ses besoins mathématiques, les moyens de les satisfaire sont comme
nous l’avons souligné dans le chapitre précédent, aujourd’hui très différents de ce qu’ils
étaient il y a un siècle ou même quelques décennies.
Pour apprécier ces évolutions et leurs effets, nous allons nous appuyer sur un certain
nombre de travaux. Parmi ces travaux, figurent deux études ICMI : d’une part la troisième
étude « Mathematics as a service subject », d’autre part la onzième étude, « The Teaching and
Learning of Mathematics at University Level » dont les résultats ont été respectivement
publiés en 1988 et 2001. Dans leur introduction, ces deux études soulignent l’évolution du
contexte universitaire et notamment : l’importance du développement mathématique,
scientifique et technologique, la diversification des formations dans lesquelles les
mathématiques entrent en jeu comme discipline de service, l’augmentation du nombre des
étudiants s’engageant dans une formation universitaire associée à une hétérogénéité croissante
des connaissances des étudiants ; elles abordent les questions que ces nouvelles
caractéristiques posent à l’enseignement universitaire. Cependant, si la première étude
concerne très directement notre sujet, on remarque que, dans la seconde, l’accent reste mis sur
les enseignements et apprentissages concernant les futurs mathématiciens et enseignants. Une
des sections du livre est néanmoins consacrée aux relations entre mathématiques et autres
23
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
disciplines et deux chapitres : celui de Kent et Noss d’une part, celui de Kümmerer d’autre
part, sont centrés sur la formation des ingénieurs.
Au-delà de ces deux ouvrages, nous nous appuierons aussi sur un certain nombre de
recherches didactiques récentes concernant non seulement la formation mais aussi plus
largement l’étude des pratiques professionnelles des ingénieurs : Noss, Hoyles et Pozzi
(2000), Kent et Noss (2002) et Kent (2007), Bissell (2002, 2004), Magajna et Monaghan
(2003), Williams et Wake (2007). Ces recherches, encore peu nombreuses, montrent la nature
des mathématiques utilisées dans la pratique, des mathématiques fortement contextualisées,
re-signifiées et très souvent aussi encapsulées dans les logiciels employés. Tout ceci les rend
difficilement visibles pour les chercheurs qui observent la pratique et sont d’un usage
inconscient pour les utilisateurs eux-mêmes. Ces deux derniers résultats étaient déjà soulignés
dans l’ouvrage de synthèse intitulé : Education for Mathematics in the workplace (2000),
édité par Bessot et Ridgway à partir de contributions présentées sur ce thème au congrès
ICME8 en 1996 et ils le sont aussi dans le cours de Strasser (2005) à la XIIIème Ecole d’été
de Didactique des Mathématiques.
• Les mathématiques vues comme discipline de service orientées vers les utilisateurs de
mathématiques : ingénieurs et scientifiques.
• La transition du modèle de formation théorie-applications vers la modélisation
mathématique, motivée par les besoins mathématiques d’autres disciplines et de la pratique.
• Une question vive : Quelle place accorder aux mathématiques dans la formation des
ingénieurs dans le contexte actuel ?
24
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Ceci n’implique pas à leurs yeux un statut inférieur pour des mathématiques qui
seraient réduites à un rôle utilitaire mais exprime la vie même des mathématiques et les liens
étroits qu’elles ont avec un nombre croissant de disciplines comme avec la vie sociale.
L’étude considère douze universités dans sept pays différents et se propose de fournir un
panorama de la manière dont les mathématiques y interviennent dans les formations autres
que celles destinées à la formation des mathématiciens et enseignants, en particulier celles
destinées aux ingénieurs. Elle donne lieu à une réflexion sur les besoins mathématiques
auxquels ont à répondre ces formations et sur la façon d’y répondre. On y voit en particulier
se dessiner une prise de distance par rapport à la vision classique des rapports entre théorie et
applications décrite dans le chapitre I, soutenue par le langage de la modélisation. C’est
notamment visible dans la contribution de Pollak sur laquelle nous allons plus
particulièrement nous appuyer.
Cependant, les raisons d’être de ce sentiment de plus grande proximité ne sont pas
détaillées.
5
« The teaching of mathematics to students of other disciplines must now be accepted as a fact, a social need and,
also, a relatively new problematic issue. »
6
« When engineers from the French Electricity Board were asked which discipline they felt nearer to,
mathematics or physics, 90% chose the former and only 10% the latter. » (ibid. p. 4)
25
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
traités dans cette formation sont des sujets nécessaires au travail de ces ingénieurs travaillant
dans le secteur des télécommunications mais qui ne sont pas encore enseignés dans les
formations classiques d’ingénieurs :
« L’algèbre linéaire, les variables complexes, les séries de Fourier et transformées de Laplace et
de Fourier, la théorie des probabilités, les statistiques, la physique des semi-conducteurs, et un
certain nombre d'autres sujets qui ne faisaient pas partie à l'époque du cursus universitaire
standard pour les ingénieurs en électricité et en mécanique » (Pollak, 1988, p. 30).7
Selon lui, ce n’est que dans les années 50 que l’université de New York puis d’autres
universités incorporeront l’enseignement de ces contenus, totalement ou en partie, dans leurs
formations d’ingénieurs. Le schéma auquel répond cette formation, même si elle concerne des
contenus nouveaux, est le schéma classique : théorie mathématique puis applications (modèle
de Laplace). Ceci est particulièrement visible lorsque Pollak raconte l’épisode suivant. Une
des catégories employées avec le statut de technicien était formée dans des instituts
techniques sur la base d’une formation en deux ans. A la fin des années 60, cette formation est
prolongée de deux ans consacrés à une formation plus théorique : cours d’analyse et de
physique. Pollak déclare que les laboratoires Bell refusèrent de recruter les étudiants qui
sortaient de cette nouvelle formation car les considérant comme mal formés :
« Notre opinion aux Laboratoires Bell était que l'éducation s'effectuait à l'envers, que les
applications précédaient les connaissances fondamentales... » (ibid. p. 31).8
Si les applications doivent ainsi venir après la théorie, le modèle ne considère pas pour
autant que le fait de disposer de connaissances théoriques suffise à assurer la capacité à les
appliquer. Et Pollak raconte comment, décidant de recruter des mathématiciens de haut
niveau, ils essaient de s’assurer que ces derniers vont aussi avoir les aptitudes requises pour
pouvoir appliquer ces mathématiques. Le langage utilisé est celui de l’expérience ou du
talent :
« Mais il est possible d'être un excellent étudiant en mathématiques sans cependant avoir aucune
expérience ni talent pour l'application des mathématiques à un autre domaine. » (ibid. p. 31).9
Dans cette contribution écrite bien des années plus tard, cette vision classique est
cependant questionnée :
« Incidemment, je ne suis plus sûr que notre position à cette époque soit correcte. Est-ce que les
applications ne fourniraient pas une bonne motivation pour les cours fondamentaux ? » (ibid. p.
31)10
7
« Linear algebra, complex variables, Fourier series and Fourier and Laplace transforms, probability theory,
statistics, semi-conductor physics, and a number of other topics which at that time were not part of the regular
university education of electrical and mechanical engineers » (Pollak, 1988, p. 30)
8
« Our opinion in Bell Laboratories was that this education was now in the wrong order, that the applications
preceded the fundamentals… » (ibid. p. 31)
9
« But it is possible to be a top student in mathematics and still have no experience in, or talent for, applying the
mathematics to any other field. » (ibid. p. 31)
10
« Incidentally, I am no longer sure that our position at that time was indeed correct. Wouldn’t the applied
material make pretty good motivation for the courses in fundamental? » (ibid. p. 31)
26
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Et réfléchissant sur les leçons qu’il tire de son expérience de 35 ans sur les besoins
mathématiques des cadres de l’industrie, il catégorise ainsi les besoins :
Au niveau élémentaire :
« La capacité à établir le bon problème, à estimer correctement la taille de la réponse, et à
obtenir la bonne réponse par n’importe quel moyen disponible - mentalement, calculatrice,
papier et crayon, ordinateur ou autre. » (ibid. p. 31)11
Et, après avoir cité de multiples formes de pensée mathématique, classiques comme
les formes analytique, algébrique et géométrique, mais aussi statistique, probabiliste et
algorithmique, ainsi que celles sous-jacentes aux activités de planification, d’optimisation et à
la recherche opérationnelle, il conclut en affirmant :
« Avant tout, nous avons besoin de la connaissance du fait que la pensée mathématique, la
pensée analytique, structurelle, quantitative, systématique, peut être appliquée au monde réel et
fournir des observations précieuses ; en d'autres termes, que la modélisation mathématique est
possible et peut être efficace. » (ibid. p.32)13
Il insiste par ailleurs sur la nécessité de comprendre les mathématiques que l’on utilise,
dénonçant la caricature de l’ingénieur vu comme une personne qui « looks up a formula in a
handbook, substitutes numbers, multiplies the answer by 10 (the safety factor), and then
builds it. ». Et, également sur le fait, non indépendant, que l’ingénieur doit être préparé à faire
face à des situations ouvertes, et à penser comment il pourrait utiliser les mathématiques pour
y faire face. Selon lui, des cours de modélisation sont particulièrement bien adaptés pour
répondre à ce type de besoin.
On voit donc, au fil de cette contribution se dessiner une évolution nette. On part
d’une vision de la formation des ingénieurs où une formation théorique mathématique solide
pensée en termes de contenus est reconnue comme nécessaire mais vue comme première et
devant être complétée par une formation aux applications. On arrive à une formation qui, tout
en reconnaissant l’importance des besoins mathématiques, ne respecte plus nécessairement le
schéma théorie-applications mais met l’accent sur une formation qui considère davantage la
nature réelle du travail de l’ingénieur, l’ouverture des tâches qu’il a à résoudre, en s’appuyant
sur des activités de modélisation. Au-delà des seuls contenus, l’accent est aussi mis sur les
formes de pensée en relation avec les types de tâches ou de problèmes à gérer.
11
« the ability to set up the right problem, to have a good idea how big the answer should be, and to get the right
answer by any available means whatsoever –mentally, calculator, paper-and-pencil, computer whatever. » (ibid.
p. 31)
12
« We need employees who know that there is a large variety of forms of mathematical thinking, and what
these various forms can do. »
13
« Above all, we need the knowledge that mathematical thinking, analytic, structural, quantitative, systematic
thought, can be applied to the real world and give valuable insights, in others words, that mathematical
modelling is possible and can be successful. » (ibid. p.32)
27
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Cette évolution de la vision des besoins et des moyens de les réaliser se poursuit et se
précise dans les recherches plus récentes. Elle passe par une meilleure connaissance des
pratiques. Y contribuent des travaux comme ceux de Noss, Hoyles et Pozzi (2000), Bissell
(2000, 2002) Kent et Noss (2002) dont nous allons dégager ce qui nous apparaît comme les
résultats les plus importants dans la partie suivante.
III.1.1 La méthodologie
Sur le plan méthodologique, soulignons que les trois études ont été réalisées en deux
étapes : la première consistait à repérer des activités mathématiques dans le lieu de travail et
la deuxième, à repérer des activités mathématisables dans le lieu de travail. La première étape
comporte une analyse de manuels ou guides comportant des contenus mathématiques ou des
aides mathématiques utilisées dans le lieu de travail. Pour valider cette analyse, les auteurs ont
réalisé des entretiens avec des responsables. De même, ils ont interrogé quelques volontaires
sur des sujets professionnels à composante mathématique, en leur demandant par exemple, de
décrire une activité mathématique rencontrée pendant une journée ordinaire de travail.
28
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Les savoirs mathématiques visibles dans les pratiques observées sont ceux dérivés des
savoirs scolaires. Ils utilisent le symbolisme mathématique conventionnel et les
représentations usuelles telles que : nombres, représentations graphiques, tables, formules,
etc. ainsi que des concepts, méthodes et techniques scolaires. Mais ces savoirs sont présentés
dans les manuels et guides de manière différente dans les trois pratiques étudiées, en liaison
avec des activités spécifiques de ces pratiques. D’autre part l’économie de la pratique favorise
les implicites et fait apparaître également des techniques spécifiques. Nous allons illustrer ces
caractéristiques à travers un exemple : celui du calcul du vent traversier lors de l’atterrissage
pour un pilote. La technique mathématique « naturelle » pour accomplir cette tâche serait
l’utilisation d’une fonction trigonométrique.
Le contexte de la tâche est le suivant : Le pilote doit utiliser l’information qui lui est
fournie (vitesse et direction du vent) pour décider si le vent traversier n’excède pas la valeur
limite autorisée pour son avion lors de l’atterrissage. Précisons que les valeurs limites sont
données pour en avion précis en termes de vent traversier et vent arrière et qu’elles dépendent
du coefficient de frottement de la piste (cf. la Table 1). Par exemple, si le coefficient de
frottement est de 0,33, l’action de freinage sera moyenne, la limite du vent arrière est de 5
noeuds et la limite du vent traversier est de 15 noeuds. Si la piste est longue, la situation peut
devenir plus complexe, le coefficient de friction n’étant pas nécessairement homogène.
29
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
nose », c'est-à-dire l’angle du vent et de la piste, ici 50° (un calcul immédiat pour le pilote,
moins évident comme le soulignent les auteurs pour les non pilotes).
Connaissant cet angle, la tâche à réaliser est d’estimer la valeur du vent traversier qui
est égal ici à 13 ⋅ sin (50°) . Pour cela, le capitaine a utilisé un diagramme quadratique (voir
figure 2), conçu spécifiquement pour réaliser ce type d’estimation. Sur ce diagramme, le
pilote estime le vent traversier à 10 nœuds : partant de 13 sur l’axe vertical, il trace un arc de
cercle jusqu’à la droite associée à l’angle de 50°, puis estime l’abscisse du point obtenu par
rappel vertical sur l’axe horizontal.
Figure 2. Copie d’écran et schéma détaillé de l’estimation du vent latéral d’atterrissage faite par le pilote en utilisant le
14
diagramme quadratique.
Une autre méthode pour calculer le vent traversier, utilisée par un autre pilote, consiste
à utiliser la montre. Par exemple, si l’angle est de 45° et la vitesse du vent de 20 noeuds; le
pilote associe 45° à 45 minutes, c'est-à-dire ¾h. Puis il calcule les ¾ de 20 pour trouver le
vent traversier, soit ici 15 noeuds.
Dans ces deux techniques, les modèles mathématiques restent implicites. Dans la
première technique, le modèle est réifié dans l’abaque. Les arcs tracés dans l’abaque sont des
arcs des cercles, les angles sont mesurés à partir de la verticale et la valeur de 13 ⋅ sin (50°) est
donc la mesure du côté opposé AC du triangle OAC (cf. tracé au-dessus), c'est-à-dire
14
Pour le rendre, encore plus explicite, nous avons ajouté le 13 sur l’axe vertical et le 50 sur la droite qui représente l’angle
de 50°.
30
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
l’abscisse du point C. C’est bien cette abscisse qui permet d’estimer la succession des gestes
effectués, sans qu’il soit nécessaire de penser les relations trigonométriques en jeu. De plus,
on notera que si l’on considère le cercle trigonométrique, il y a non congruence au sens de
Duval avec la représentation usuelle où l’origine des angles est l’axe des abscisses et la
longueur estimée correspond alors à un cosinus.
La seconde technique embarque elle aussi des mathématiques. Les auteurs soulignent, que sa
base mathématique est l’interpolation linéaire de la fonction sinus, voir figure 3, qu’elle est
valable pour les valeurs de l’angle comprises entre 0° et 60°, exacte pour les valeurs entre 0°
et 30° et moins exacte pour les valeurs proches de 60°.
Figure 3. Interpolation linéaire de la fonction sinus Figure 4. Enveloppe convexe de la fonction sinus
En fait, elle revient à remplacer la fonction sinus par l’enveloppe convexe constituée
par ses deux tangentes en 0° et 90° (Figure 4). Cette approximation est mathématiquement
tout à fait performante compte-tenu de la précision avec laquelle on peut estimer le vent
latéral et ne le sous-estime pas puisque la valeur de l’approximation est toujours supérieure à
la valeur du sinus. A partir d’un angle de 60°, on considère que le sinus qui est supérieur à
0,86 est égal à 1. On peut faire l’hypothèse que l’analogie avec les fractions horaires qui la
soutient la rend d’une mémorisation et manipulation particulièrement faciles. Et encore une
fois, le ressort mathématique peut en rester complètement implicite.
Les auteurs expliquent que ce type de tâches est très courant dans la pratique des
pilotes et source de méthodes qui leur permettent d’être efficaces dans la pratique, plus
efficaces que s’ils géraient ces problèmes comme on les gèrerait dans un cours de
mathématiques. Ils signalent de plus que pendant leur étude de ces techniques d’estimation du
vent latéral, les pilotes n’ont jamais utilisé de méthode trigonométrique pour résoudre cette
tâche, bien que ces méthodes soient enseignées dans leur formation initiale.
« Ainsi, des procédés empiriques qui répondent avec rapidité et efficacité à la question ‘atterrir
ou non’ sont considérés comme plus efficaces que des méthodes générales ayant recours à la
trigonométrie - surtout quand ces dernières fournissent un degré de précision inutile. » (Noss et
31
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
De telles méthodes utilisées dans la pratique pour résoudre des tâches ordinaires
peuvent semblent justifiées uniquement par des savoirs empiriques et l’intuition, mais les
auteurs montrent que les situations problématiques et les incidents peuvent permettre de
mettre à jour les modèles mathématiques implicites associés :
« Cependant, une analyse plus poussée révèle que des éléments mathématiques sont entremêlés
à ces jugements - mais pas nécessairement ceux des mathématiques visibles. Ces éléments
incluaient souvent un facteur non prévu qui sous-tend leur approche ‘intuitive’ de la pratique
quotidienne, ou correspondaient à un modèle sous-jacent, quand il n'était pas utile de
l'expliciter. » (ibid. p.28)16
C’est pourquoi dans les simulations qu’ils construisent, ils leur accordant une
importance toute particulière.
15
« Thus, rules of thumb which quickly and efficiently answer the question ‘to land or not’ are seen as more
effective than general-purpose procedures involving trigonometry – especially when these latter calculations
provide unnecessary accuracy. » (Noss et al., 2000, p.28)
16
« However, further investigation revealed that intertwined with these judgements were mathematical elements
– but not necessarily those of visible mathematics. These elements often comprised some unpredicted factor hat
underpinned their ‘intuitive’ approaches to routine practice or fitted a model that was hidden when there was no
need for its articulation. » (ibid. p.28)
17
« From a mathematical point of view, efficiency is usually associated with a general method that can then be
flexibly applied to a wide variety of problems. This is clearly not the case in the workplace. Even if a number of
tasks could potentially be solved with a similar approach, practitioners prefer to use different approaches for
each task, partly based on the resources at hand. The crucial point is that orientations such as generalisability and
abstraction away from the workplace are not part of the mathematics with which practitioners work. » (ibid.
p.32).
18
« The model comprises an abstraction from the immediacy of the situation, but because of these workplace
features it retains elements of the setting – hence we have called practitioner’s conceptions of the mathematics
they use at work, situated abstractions » (ibid. 32)
32
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
précédente peut donc nous être utile pour comprendre comment elles fonctionnent dans la
pratique. Mais aujourd’hui, les mathématiques directement ou indirectement en jeu dans les
pratiques d’ingénierie sont souvent bien plus complexes et c’est à cette complexité et la façon
dont elle est gérée que s’attache la recherche de Kent et Noss que nous étudions maintenant.
19
« Once you’ve left university you don’t use the maths you learnt there, ‘squared’ or ‘cubed’ is the most
complex thing you do. For the vast majority of the engineers in this firm, awful lot of the mathematics they were
taught, I won’t say learnt, doesn’t surface again » (kent et Noss, 2002)
20
Ce travail spécialisé, réalisé dans cette entreprise par les ingénieurs analystes, est réalisé en général par des
consultants externes, par exemple des ingénieurs chercheurs appartenant à des institutions universitaires.
33
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
les utiliser peut même ralentir la pratique, parce que la communauté demandera de justifier
qu’une autre manière de faire est légitime.
Dans Vergnaud (1996), des documents similaires à ces guides pratiques sont
mentionés. Il s’agit de « guides méthodologiques » produits au sein d’une entreprise
d’aéronautique. Dans ces guides, les ingénieurs auteurs consignent « …les savoir-faire
spécifiques de leur spécialité technique : dimensionnement de telle ou telle partie d’un
lanceur, aérodynamique, propulsion solide, etc. » (Vergnaud, p. 281). Selon Vergnaud, ces
guides capitalisent les compétences en les conservant et aident à la formation pratique des
ingénieurs débutants.
Dans ce qui suit, nous mettons l’accent sur trois caractéristiques mises en évidence
dans cette étude : la division de travail, rôle différencié des ingénieurs et compréhension à
travers l’usage.
34
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Kent et Noss insistent tout particulièrement sur le fait que pour aucun des ingénieurs,
même au sein d’une équipe multidisciplinaire, les tâches mathématiques de l’analyse ne
peuvent être traitées ni complètement comme des boîtes noires, ni complètement comme des
boîtes transparentes :
« Pour tout ingénieur qui doit utiliser un résultat mathématique, l’analyse mathématique ne peut
pas être absolument une boîte noire, mais, comme nous l'avons suggéré, elle ne peut pas non
plus être absolument ouverte. » (ibid. p. 3)22
21
« So, as an engineer grows up, he may no longer be using the mathematics that they started out using, they are
still using the understanding that they derived earlier in their experience, and some of this is difficult to describe
as to the sort of knowledge it is. » (ibid. p. 3)
22
« Mathematical analysis cannot be a totally black box for any engineer who has to use a mathematical result,
nor, as we have suggested, can it be totally open. » (ibid. p. 3)
35
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Les auteurs illustrent ceci en prenant l’exemple de calculs par des méthodes
d’éléments finis pour des structures où, la génération automatique des éléments pouvant
facilement conduire à des choix d’éléments inappropriés, des moyens de contrôle sont
nécessaires. Ils soulignent également que cette connaissance s’accroît par la pratique.
Les auteurs signalent, que l’utilisation du terme d’interface qu’ils ont emprunté à la
programmation orientée objet permet aussi de discuter le rôle que l’abstraction joue
23
« You need the knowledge of how and what you expect the answer to be, so that you can see where the
problems are. » (ibid. p.3)
24
Répéter des calculs à la main a apporté de la compréhension, mais le même travail peut se faire sur ordinateur,
par exemple avec un tableur. On peut modifier les variables d'entrées et observer le résultat. Même si on ne sait
pas ce qui se passe, tant qu'on peut s'appuyer sur les calculs de l'ordinateur, on développe une certaine
compréhension. On joue un peu avec le modèle informatique d'un pont, on le surcharge et on le voit s'effondrer,
on met des soutènements et on le voit vibrer. (ibid. p.4)
36
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Les barrières d’abstraction ne sont pas figées une fois pour toutes comme on a
tendance à les percevoir en mathématiques. Elles dépendent de la structure de communication,
à l’interface choisie. Elles constituent donc des hiérarchies toute relatives.
III.3 Conclusion
Les mathématiques telles qu’utilisées dans la pratique n’obéissent donc pas, semble-t-
il pas au paradigme théorie-application. Elles sont impliquées dans diverses interfaces, et un
fonctionnement efficace de ces interfaces requiert des niveaux de connaissances et de
compréhension mathématique variés que l’on ne peut aisément faire coïncider avec les
structurations ni même les contenus des mathématiques académiques si l’on excepte leurs
formes les plus élémentaires. Trois caractéristiques se dégagent de plus :
25
« It emphasises that the engineering design task has its own complexities of which mathematics is often a small,
if crucial, component. The “royally” abstract status of mathematics in technological culture may be a distraction
to thinking about what matters in practice. » (ibid. p.4)
37
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
même exactement dans la pratique ? C’est ce que nous allons examiner dans le paragraphe
suivant en nous appuyant sur les travaux de Bissell.
Selon les auteurs, du point de vue de la modélisation mathématique, ces quatre étapes
correspondent à un « cycle de modélisation » (voir figure 6). Un processus de modélisation
met en jeu généralement plusieurs cycles de ce type dans lesquels l’ingénieur va appliquer ou
mobiliser des connaissances et techniques mathématiques itérativement jusqu’à obtenir une
solution au problème réel. Pour un tel processus, ils pointent deux types de limites. Les
premières relèvent de l’implémentation pratique qui peut poser des difficultés concernant en
particulier la précision de la formulation du problème, le niveau de simplification utilisé, la
validation des résultats obtenus.
38
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
spécifier le problème
établir le modèle formuler le problème
(simplification) mathématique
comparer avec la
réalité
interpréter résoudre le problème
la solution
Figure 6. Cycle de modélisation ferme
La modélisation ‘souple’ (softer, figure 7) qui est introduite ensuite est aussi vue
comme une itération de cycles de modélisation, mais plus flexible, au sens où elle ne vise pas
un rapport de type miroir entre le monde des problèmes réels et celui des modèles. De plus,
les processus impliqués dans les phases de création, manipulation et évaluation n’y sont pas
spécifiés. Mais on suppose cependant qu’une méthode existe qui, si elle est employée
correctement, finit par assurer l’obtention d’une solution.
39
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
existants fait sur la base de l’expérience et de la pratique, en incluant ce qui résulte des échecs
de modélisation. La modélisation n’est pas algorithmique, elle est subjective, s’appuie
souvent sur des connaissances implicites, et des savoir faire spécifiques d’une discipline ou
d’un domaine. L’intuition est importante et les bons modélisateurs ont « un sens » des types
de modèles susceptibles d’être adaptés à telle ou telle circonstance. Enfin un modèle
mathématique est considéré comme « utile » si et seulement si il peut être employé avec
succès ; donc souvent un modèle moins précis mais plus facile à utiliser est préféré à un
modèle plus sophistiqué mais moins pratique. Si on se situe dans cette perspective
d’utilisation et d’adaptation de modèles existants, alors la question qui se pose en premier lieu
est la suivante : Quelles sont les compétences mathématiques nécessaires pour un tel usage
des modèles ? Pour répondre à cette question, les auteurs proposent (cf. figure 8) une
hiérarchie de compétences en trois niveaux : la manipulation, l’interprétation et l’application.
Le premier niveau ou « manipulation » est celui des compétences manipulatives. Il recouvre
des compétences mathématiques « basiques » : reformulation d’une expression mathématique,
substitution correcte des variables et modification de formules par exemple dans un tableur.
Le second niveau, celui de l’interprétation s’appuie sur ces compétences manipulatives mais
ces dernières sont de peu d’intérêt sans compétences interprétatives. Interprétation et
manipulation sont ici aussi itératives et ce qu’elles produisent est engagé dans le troisième
niveau, celui de l’application du modèle conduisant à des recommandations explicites.
Les auteurs soulignent que les compétences mathématiques décrites comme utiles dans
ce modèle d’application ne relèvent pas du champ des mathématiques « avancées », celles de
la formation. Souvent, ce ne sont même pas des mathématiques au sens conventionnel. Afin
d’approfondir la discussion sur ce point, ils introduisent trois approches de la modélisation
mathématique d’un processus technologique, d’un système ou d’un objet. Ce sont
respectivement les modélisations empirique, physique et d’identification d’un système.
40
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
La simplification par idéalisation consiste à traiter une chose comme une ‘autre chose’
idéalisée. C'est-à-dire approcher le fonctionnement d’un phénomène par un objet
mathématique idéal, par exemple, une forme d’onde présentant de légères variations sera
considérée idéalement comme constante, un changement relativement brutal d’un état stable à
un autre modélisé par un saut impliquant un gradient infini. Selon les auteurs, la
simplification par abstraction est associée à la modélisation physique tandis que la
simplification par idéalisation est particulièrement fréquente dans la modélisation de
l’identification d’un système propre à l’ingénierie, et ces deux types de simplification ne sont
en rien équivalents :
« System identification tends to give the ‘best fit’ to a given order or model, while physical
analysis provides useful information about model sensitivity and the behaviour of individual
components » (ibid. p.6)
41
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
goal is to understand the behaviour of a system better: the engineer needs to be able to think and
talk in ways that are appropriate to this goal. » (ibid. p. 6)
Et ces modèles utilisés dans une pratique professionnelle passent par un processus
d’institutionnalisation au sein de la communauté des utilisateurs :
« models have to be mediated and negotiated within a community of practice to make any
sense » (ibid. p. 6)
Ces processus de légitimation ne peuvent pas être les mêmes que ceux de la
communauté mathématique. Mais on peut cependant se demander quel rôle jouent les
mathématiques dans ce processus d’institutionnalisation?
42
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
built on a good story (one that is plausible and acceptable within the relevant community) told
about what is going on. » (ibid. p. 7)
Une lecture possible d’un ingénieur peut être que le modèle indique que la tension aux
bornes d’un composant est égale à sa résistance multipliée par l’intensité du courant qui le
traverse, c'est-à-dire qu’un changement dans cette intensité provoque un changement dans la
tension. Une telle lecture introduit une dynamique et temporalité qui n’existent pas dans le
modèle mathématique et une différence substantielle de signification. Elle incite à voir le
courant comme une cause et la tension comme un effet. C’est pourquoi, soulignent les
auteurs, savoir comment transformer les modèles en histoires plausibles et acceptables de ce
qui se passe est une partie de la compréhension des modèles par l’ingénieur.
43
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
usage des courbes normalisées des réponses indicielles dans des domaines tels que
l’électronique, l’instrumentation et la régulation automatique remonte aux années 30. Il se
rattache à tout un ensemble de techniques qui permettent d’éviter la complexité
mathématique. De la même façon, à partir des années 20, les électroniciens commencent à
manipuler des symboles de circuit au lieu de symboles mathématiques dans le cadre de la
conception de filtres. Même si, comme le signale l’auteur, le comportement du filtre est
modélisé par une équation différentielle, ou une réponse fréquentielle exprimée par une
fonction complexe F(jw), ce n’est pas cette équation que l’ingénieur manipule directement
mais des circuits « prototypes ».
44
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Cette importance d’objets qualifiés par Bissell de métalangages est aussi soulignée par
Chauvat dans sa thèse (Chauvat, 1997). Il y analyse les représentations graphiques utilisées
dans des formations en IUT et porte une attention particulière aux abaques dont le diagramme
de Nichols est un exemple. Il s’interroge sur la résistance, en tant qu’objets d’enseignement,
de tels abaques datant de la première moitié du XXe siècle à un moment où l’on pourrait
penser les voir disparaître au profit de moyens de calcul informatiques. Les raisons qu’il voit
à cette résistance résident d’abord dans la facilité de lecture qui rend ces objets utilisables par
des publics peu avertis, leur richesse calculatoire et l’économie de savoir qu’ils permettent :
« Plusieurs types de calculs peuvent y être opérés et les formules algébriques complexes qui les
sous-tendent peuvent être oubliées. De plus l’algorithme d’usage garde un certain lien avec la
situation physique modélisée qui lui confère une certaine sémantique et donc un certain attrait
pédagogique. (ibid.331) ».
Par ailleurs, les savoirs qui sous-tendent leurs procédés de construction en justifient
selon lui l’enseignement en mathématiques, au-delà du seul usage dans les disciplines.
IV.5 Conclusion
Des apports intéressants et complémentaires se dégagent donc des travaux évoqués ci-
dessus. Les approches usuelles de la modélisation mathématique qui s’intéressent surtout à la
création de modèles, y sont questionnées quant à leur pertinence pour approcher les pratiques
de l’ingénieur, le travail de ce dernier consistant essentiellement à adapter et à raffiner des
modèles déjà existants. Il est souligné que les contraintes de l’usage de ces modèles sont ceux
de la pratique, que l’expérience et l’intuition y jouent un rôle fondamental. Les modèles types
utilisés dans une pratique professionnelle sont issus d’un processus d’évaluation
institutionnalisation mené par la communauté des usagers sur des bases bien différentes de
celles qui sont en usage dans la communauté mathématique ; un modèle est notamment
légitimé par son utilité pratique, sa facilité d’emploi. On retrouve ainsi des modalités
45
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Munis de l’éclairage de ce détour par les pratiques, nous allons maintenant revenir à la
question centrale dans notre travail qui est celle de la formation. Quel est l’état actuel de ces
formations ? Comment les mathématiques en tant que discipline de service s’approchent-elles
des besoins de la pratique ? Quel rôle joue la technologie dans la formation ?
46
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
pratique, en particulier, par l’utilisation massive de logiciels qui prennent en charge des
calculs qui étaient faits avant à la main. Comme Kent et Noss l’écrivent :
« The revolution in professional engineering and scientific practice brought about by computer
technology means that the traditional curriculum, with its strong basis in pen-and-paper
calculation techniques, has become of questionable relevance to professional practice. » (Kent
& Noss, p.395)
C’est la première tendance mentionnée ci-dessus qui se trouve favorisée selon eux : la
réduction des ambitions mathématiques permet de s’adapter aux étudiants, l’utilisation de
logiciels incorporant des mathématiques sophistiquées et fonctionnant plus ou moins comme
des boîtes noires permet de faire face aux tâches requises par la pratique. On en vient à l’idée
que les :
« Engineers use computer to design, build and run bridges, road systems, chemical plants etc.
The clever people who write the packages need to understand calculus, but the engineer doesn’t,
in fact she/he is probably not aware of the complexity of analysis » (ibid. p.398).
47
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
which is common in other countries; instead, all engineering students in the UK are required to
aspire to the professional level. ».
Cependant, même si, comme ils le signalent, certains affirment que l’on peut faire de
l’ingénierie et de la science à partir de mathématiques « prêtes à utiliser », c'est-à-dire de
mathématiques existantes et encapsulées dans les logiciels, ils défendent quant à eux le point
de vue opposé, insistant sur le fait qu’un tel usage des mathématiques n’est pas suffisant,
parce il y aura toujours des situations qui requièrent plus que le seul usage du logiciel, qui
nécessitent de la compréhension mathématique. La citation suivante illustre ce point de vue :
« Les ingénieurs habilités ne doivent pas seulement pouvoir appliquer leurs connaissances, mais
doivent aussi avoir une bonne compréhension des idées fondamentales et des techniques
correspondantes, afin de pouvoir adapter et faire progresser leurs connaissances, et se maintenir
à jour avec les progrès futurs. Sont requises une facilité d’exécution mathématique, jointe à une
certain « alphabétisme » mathématique. Cet alphabétisme mathématique est un concept
important, analogue à l’alphabétisme littéraire. Un anglophone instruit devrait être en mesure de
communiquer clairement des idées dans un domaine quelconque, par le moyen de l'anglais écrit.
Cela ne signifie pas que l'on soit expert à tout point de vue, mais que l'on comprenne la manière
d'exprimer des idées. L’ « alphabétisme » est la faculté intellectuelle qui permet une bonne
communication, et son acquisition demande de l'expérience. L’« alphabétisme mathématique »
procède d'une faculté similaire, et le besoin qu’en ont les ingénieurs habilités est clairement
établi si l'on parcourt même rapidement la littérature d'ingénierie. » (IMA et al 1995, p. 16, cité
en ibid. p.399)26
On retrouve ce point dûment argument dans le cours déjà cité de Straesser (2005).
Les auteurs se prononcent donc contre une utilisation aveugle des logiciels. Ils
affirment que même si les logiciels demandent de moins en moins de connaissances pour être
utilisés, l’utilisateur doit avoir « sufficient mathematical literacy to understand what the
software is doing, and being able to open up the ‘black box’ and see how it works. » (ibid.
p.399). En conséquence, le défi pour l’institution formatrice est :
« To decide which aspects of mathematics can be left boxed-up in professional software
packages, and which will need to be opened up and explained. » (ibid. p.399)
On voit donc ici pourquoi le curriculum traditionnel des mathématiques de service est
obligé de s’adapter à une pratique professionnelle profondément renouvelée par
l’omniprésence des logiciels. Bourguignon (2001) de son côté souligne que cette adaptation
dont on pourrait penser a priori qu’elle peut conduire à une réduction des besoins
mathématiques, en fait est exigeante car elle demande de développer une vision plus générale
26
« Chartered Engineers not only need to have the ability to apply their knowledge but also must have a good
understanding of the fundamental ideas and relevant techniques so as to enable them to adapt and update their
knowledge to keep pace with future developments. Fluency in the execution of mathematics coupled with
mathematical literacy is required. This concept is important and is analogous to language literacy, clearly which
is well understood. An educated user of English should be able to communicate clearly ideas on anything using
written English. This does not mean that one is expert on all aspects but that one understands the way to express
ideas. ‘Literacy’ is the intellectual ability that enables the process of good communication and requires a range
of experience for its acquisition. ‘Mathematicalliteracy’ involves a similar process and the need for Chartered
Engineers to possess it is confirmed by even a glance at theengineering literature » (IMA et al 1995, p. 16, cité
en ibid. p.399)
48
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
La complexité de cette adaptation est de plus accrue par un autre élément : l’explosion
de connaissances. Les connaissances scientifiques et de sciences de l’ingénieur considérées
comme utiles voire indispensables et donc ne pouvant être écartées des formations actuelles,
se sont en effet très fortement accrues. Kent 2007 souligne que, pour y faire face, les
ingénieurs professionnels se prononcent pour une formation ayant comme axe organisateur :
la conception, et centrée sur les méthodes d’ingénierie.
« …the way to deal with this « knowledge explosion » is to implement a shift in emphasis from
teaching focussed on knowledge (ie. the topics of engineering theory and science) toward
teaching about the process of engineering, using engineering design as an organising and
motivating principle of an engineering degree. » (p.3, Kent, 2007)
49
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Le second pôle est celui des enseignements dits « technologiques » tels que la
mécanique des solides déformables, la productique, l’automatisme et la robotique.
Prudhomme exprime que les enseignements technologiques sont « tous ceux qui ont, au sens
étymologique du terme technologie, un lien avec une technique ou un discours (qui peut être
scientifique) sur la technique.
Les situations qui sont proposées dans ces deux pôles sont des situations modélisées,
épurées et il s’interroge sur la possibilité d’une telle formation à permettre aux étudiants de
faire sens quant à la validité de l’utilisation de ces modèles et concepts pour résoudre un
problème de conception. L’expérience lui montre en particulier que les étudiants, lors des
projets réalisés en entreprise n’utilisent pas la démarche fonctionnelle enseignée pour le
processus de conception, se bornant à la reconstruire a posteriori pour l’exercice académique
que constitue la soutenance des projets.
La recherche met ainsi en évidence deux logiques différentes celle du monde industriel
et celle du monde universitaire que Prudhomme décrit de la façon suivante :
« Le monde industriel, celui de l’action, dont la respectabilité est construite en regrd de sa
capacité à produire et à vendre des produits sur un marché concurrentiel. Cela confère, aux yeux
des étudiants, une certaine légitimité aux processus et moyens employés. Les outils utilisés
(abaques, formules, connaissances empiriques, maquettes…) sont légitimés par l’expérience.
L’usage qu’en fait l’étudiant est construit par rapport à une attente collective liée à l’action et en
regard de contraintes de temps, sociales, économiques…
Le monde universitaire, vu comme délivrant des diplômes, mais pas comme lieu d’acquisition
de connaissances suffisamment légitimes sur les procédés et processus de conception pour les
réutiliser en entreprises (si elles ne sont utilisées au préalable). Les connaissances et leurs
usages sont construits pour une finalité disciplinaire, pour répondre à une prescription de
l’enseignant, sans que l’on sache si elles deviennent réellement un moyen de résoudre des
problèmes dont les solutions restent d’ailleurs virtuelles. » (ibid p. 15)
Il voit dans l’existence de ces deux mondes et leurs logiques respectives l’explication
de la faible légitimité de fait et donc la faible utilisation dans la pratique. Les connaissances
sont enseignées dans une logique disciplinaire tandis que dans le monde industriel, c’est une
autre logique qui est à l’œuvre et les connaissances construites conformément à la première ne
sont pas directement utilisables dans la seconde.
50
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
Les décalages pointés par d’Ocagne au début du XXe siècle entre les mathématiques
de la formation et les mathématiques de la pratique s’accentuent par ailleurs du fait du
développement de logiciels de plus en plus puissants ainsi que de l’explosion des
connaissances. Les formations doivent s’adapter mais cette adaptation ne peut se limiter au
seul choix des contenus ; elle doit permettre d’établir des liens étroits entre la formation
mathématique et celle des disciplines intermédiaires et problématiser l’incorporation de la
technologie. Des études des pratiques professionnelles deviennent nécessaires. Elles montrent
la division du travail mathématique, les savoirs pratiques institutionnalisés au sein des
communautés d’utilisateurs sous les contraintes propres à la pratique et mettent en valeur
l’expérience et la compréhension à travers l’usage. Des études des pratiques de formation
deviennent aussi nécessaires pour construire des ponts entre l’univers académique et l’univers
de la pratique. Le rôle des disciplines intermédiaires et des mathématiques dans ces
disciplines devient fondamental pour établir un équilibre des tensions entre théorie et pratique
et maintenir une distance « acceptable » entre l’institution mathématique et l’institution de la
pratique. De même, le rôle des objets intermédiaires et des métalangages qui constituent des
médiations sémiotiques par rapport aux mathématiques devient essentiel, ces objets
appartiennent à la fois au monde universitaire et au monde de la pratique, dans le premier en
tant qu’éléments des disciplines intermédiaires et dans le deuxième en tant qu’outils.
Compte-tenu de ces données et analyses, il nous semble important d’approcher la
question au cœur de notre travail de thèse :
« Quelle place accorder aux mathématiques dans une formation des ingénieurs ? »
• en nous situant dans un modèle de formation d’ingénieurs qui soit proche du monde de
la pratique ; c’est pourquoi nous avons choisi le cas d’une formation d’ingénieurs en IUP
pour la partie expérimentale de ce travail ;
• d’étudier plus particulièrement dans ce modèle, un dispositif de formation qui simule les
conditions de la pratique et obéisse au paradigme de la modélisation ; c’est pourquoi nous
avons centré notre travail expérimental sur un dispositif innovant de projets ;
• de porter au-delà des mathématiques elles-mêmes une attention particulière aux
disciplines intermédiaires qui jouent un rôle d’interface entre les mathématiques et la
pratique, en distinguant trois institutions principales et en étudiant la circulation des savoirs
entre ces institutions ;
• d’accorder une attention particulière aux méta-languages développés dans les
disciplines intermédiaires et au rôle donné à la technologie.
51
Chapitre II La formation et la profession des ingénieurs dans le contexte actuel
52
Chapitre III Cadre théorique
CHAPITRE III
CADRE THEORIQUE
I Introduction
Nous avons analysé dans les deux chapitres précédents différents textes illustrant les
débats sur la formation des ingénieurs et la place des mathématiques dans cette formation.
Nous avons aussi montré comment ces débats rebondissaient aujourd’hui dans un contexte où
la formation doit faire face à de nouvelles demandes et où les besoins théoriques, même
anciens, semblent de plus en plus difficiles à satisfaire. L’étude des évolutions de la formation
et de la profession des ingénieurs nous a permis d’identifier le rôle fondamental qu’y jouent
l’enseignement de mathématiques, l’enseignement de disciplines intermédiaires et la pratique
professionnelle, tant au niveau de l’élaboration que du développement d’un modèle de
formation de futurs ingénieurs.
Compte tenu de ce qui précède, nous situons notre travail dans le cadre de la Théorie
Anthropologique du Didactique développée par Chevallard (Chevallard, 1992, 1997,1999).
Ce cadre nous permet de disposer de notions comme celles d’institution, de rapport
institutionnel à un objet et de praxéologie. Pour approcher les questions au cœur de notre
recherche, nous nous intéresserons aux rapports entre les institutions qui jouent un rôle dans
la formation professionnelle et aux rapports que chacune de ces institutions entretient avec les
mathématiques : pour décrire et comparer la façon dont vivent les mathématiques dans les
différents dispositifs de formation, nous mobiliserons les notions de praxéologie
mathématique et didactique.
53
Chapitre III Cadre théorique
Le chapitre est ainsi organisé en trois parties, dans la première nous décrivons les notions et
les outils que nous empruntons à la TAD pour approcher les questions de notre étude. Dans la
deuxième, nous présentons le modèle praxéologique élargi proposé par C. Castela (Castela,
2008). Castela étend la notion de technologie en lui attribuant six fonctions qui permettent de
prendre en compte les savoirs utiles à l’utilisation des mathématiques dans les disciplines
intermédiaires et dans la profession. Cette extension conduit à distinguer deux composantes
dans la technologie : théorique (composante du modèle classique) et pratique, qui
correspondent à des modalités différentes de validation institutionnelle. Finalement, dans la
troisième partie nous revenons au contexte de la thèse et introduisons une notion de distance
conçue pour l’analyse des enseignements de mathématiques et des disciplines intermédiaires.
Celle-ci permet de mesurer les effets des choix portant sur les praxéologies mathématiques
vivant sous des formes transposées dans ces enseignements.
II.1 Institution
Une institution est considérée dans un sens large et elle existe dès qu’elle a un sujet.
Ainsi, le cours de mathématiques, une pratique professionnelle, l’université, une classe
d’étudiants sont considérés comme des institutions.
Au sein de l’institution, il y a un ou des objet(s), un ou des sujet(s). Les objets existant dans
une institution I sont ceux avec lesquels l’institution I a un rapport.
« A chaque institution I est associé un ensemble d’objets, OI, dit ensemble d’objets
institutionnels (pour I), qui est l’ensemble des objets O que connaît I, c'est-à-dire pour
lesquels existe un rapport institutionnel RI. » (Chevallard, 1992, p.88).
Pour une personne, l’appartenance à une institution I est réalisée lorsque cette personne
accepte de s’assujettir à I.
« Une personne X devient un sujet de I quand elle devient « assujettie » à I » (ibid. 1999, p.89)
De ce qui précède, on peut déduire qu’une institution I est à la fois déterminée par et
déterminant des assujettissements qu’elle impose. On se propose de détailler ce point dans la
partie II.4.
54
Chapitre III Cadre théorique
activité met en œuvre une organisation qu’on peut noter [T/τ/θ/Θ] et qu’on nomme
praxéologie, ou organisation praxéologique ». (Chevallard, 2002, p.3).
Dans ce qui suit, nous précisons les éléments de la praxéologie en nous appuyant sur
(Chevallard, 1999, pp.224-227).
Bloc practico-technique
Le bloc practico-technique, comme le signale la citation précédente, est composé du
type de tâches T et d’une technique τ, « ensemble réglé de gestes » (Chevallard, 1995) qui
permet d’accomplir au moins une certaine partie des tâches relevant de T.
« …la notion de tâche, ou plutôt de type de tâches, suppose un objet relativement précis. Monter
un escalier est un type de tâches, mais monter, tout court, n’en est pas un. De même, calculer la
valeur d’une fonction en un point est un type de tâches mais calculer, tout court, est ce qu’on
appellera un genre de tâches, qui appelle un déterminatif. […] »
Ainsi, tâches, types de tâches et genres de tâches portent sur l’activité à réaliser à
différents niveaux de généralité, l’unité élémentaire étant la tâche.
« Soit donc T un type de tâches donné. Une praxéologie relative à T précise une manière
d’accomplir, de réaliser les tâches T : à une telle manière de faire on donne ici le nom de
technique (du grec tekhnê, savoir faire). […]
une technique τ –une « manière de faire »- ne réussit que sur une partie P(τ) des tâches du type
T auquel elle est relative, partie qu’on nomme portée de la technique : elle tend à échouer sur
T/P(τ), de sorte qu’on peut dire que « l’on ne sait pas, en général, accomplir les tâches du type
T. […] Une technique peut être supérieure à une autre, sinon sur T tout entier, du moins sur une
certaine partie de T. »
Nous retenons ici qu’une technique n’est en général pas un algorithme efficace pour
toutes les tâches du type T ; elle a un domaine d’efficacité qu’il conviendra d’explorer, des
qualités et des défauts qui seront évalués relativement à ceux d’autres techniques possibles
pour T. (cf. II. 5.).
La citation suivante complète ce qui vient d’être dit en insistant sur les moyens mobilisés dans
une technique et les dispositifs dans lesquels ils peuvent être mis en œuvre. C’est l’ensemble
des gestes, moyens et dispositifs qui permet la résolution des tâches ; nous considèrerons que
c’est cet ensemble qui est à prendre en compte dans la praxéologie, à l’instance τ :
«Los objetos y las relaciones a los objetos sólo viven en el marco de prácticas institucionales; y
estas prácticas no se reducen a los gestos que se exigen de los sujetos, están fuertemente
determinadas por los dispositivos que posibilitan estos gestos. Todo este sistema de objetos,
articulados en una técnica, entran en la categoría de los medios de la actividad. Las técnicas, y
pues los dispositivos y los gestos, son así el "substrato concreto" de la actividad, de los objetos y
relaciones que se activan en ella. » (Bosch, 1994, p.19)
55
Chapitre III Cadre théorique
Bloc technologico-théorique
La technique est justifiée, expliquée et produite par le bloc technologico-théorique.
«On entend par technologie, et on note généralement θ, un discours rationnel- le logos- sur la
technique – la tekhnê- τ, discours ayant pour objet premier de justifier « rationnellement » la
technique τ, en nous assurant qu’elle permet bien d’accomplir les tâches du type T, c'est-à-dire
de réaliser ce qui est prétendu. […] une deuxième fonction de la technologie est d’expliquer, de
rendre intelligible, d’éclairer la technique. Si la première fonction –justifier la technique-
consiste à assurer que la technique donne bien ce qui est prétendu, cette deuxième fonction
consiste à exposer pourquoi il en est bien ainsi. […] Enfin une dernière fonction correspond à
un emploi plus actuel du terme de technologie : la production de techniques.
A son tour, le discours technologique contient des assertions, plus ou moins explicites, dont on
peut demander raison. On passe alors à un niveau supérieur de justification-explication-
production, celui de la théorie, Θ, laquelle reprend, par rapport à la technologie, le rôle que cette
dernière tient par rapport à la technique.» (Chevallard, 1999, pp. 226-227)
Dans le cadre de la TAD, une praxéologie est une construction sociale qui vit de
manière stable27 dans une institution donnée I ; en ce sens une praxéologie est une institution,
fruit d’un processus d’institutionnalisation contrôlé par I :
« tâches, types de tâches, genre de tâches ne sont pas des donnés de la nature : ce sont des
"artefacts", des "œuvres", des construits institutionnels, dont la reconstruction en telle
institution, et par exemple en telle classe, est un problème à part entière, qui est l'objet même de
la didactique ». (Chevallard, 1999, p. 224)
27
Notons que stable ne veut pas dire figée, invariante ; il est au contraire vraisemblable qu’une stabilité durable
suppose une certaine souplesse, une certaine adaptabilité aux variations des conditions de réalisations de T dans I.
28
Dans le texte original, aucun mot n’est mis en caractères gras, nous l’avons fait afin de souligner ces fonctions
de la technologie qui seront développées dans le point III.
56
Chapitre III Cadre théorique
57
Chapitre III Cadre théorique
Autrement dit, on peut penser qu’un des rôles d’une institution de production I d’une
praxéologie est de la rendre disponible à la circulation vers d’autres institutions, ce qui
passerait par un processus d’épuration dans lesquels serait éliminé tout ce qui relève des
spécificités des usages éventuels de cette praxéologie dans I (voir II.5 : moment de
l’institutionnalisation). Il s’agirait ainsi de faciliter l’appropriation de la praxéologie par
d’autres institutions I’. Mais cette version dépouillée risque fort d’être sans véritable
fonctionnalité si elle n’est pas complétée dans I’ par des savoirs collectifs qui en permettront
l’usage. Or si l’on examine bien les différentes versions de la définition de la notion de
technologie données par Y.Chevallard comme M.Bosch, un certain doute plane sur
l’amplitude des savoirs incorporés à la notion de technologie. C’est pourquoi nous
proposerons plus loin d’adopter le modèle élargi développé par C.Castela (2008)
Le sujet est une organisation mathématique ponctuelle [T/τ/θ/Θ], avec une seule
technique pour accomplir le type de tâches, le thème est une organisation mathématique
locale qui regroupe toutes les organisations mathématiques ponctuelles associées à la même
technologie θ, le secteur est une organisation mathématique régionale qui regroupe toutes les
organisations mathématiques ponctuelles associées à la même théorie Θ, le domaine est une
organisation mathématique globale qui regroupe certaines des organisations mathématiques
régionales (par exemple, la géométrie est un domaine) et la discipline est le niveau supérieur,
elle est commune à tous les domaines.
Autrement dit, l’institution mathématique est vue comme un emboîtement de sous-institutions,
constitué des organisations mathématiques OM des différents niveaux : ponctuelle, locale,
régionale et globale (figure 1).
58
Chapitre III Cadre théorique
Discipline
Domaine 1 : OM globale [Tji/τji/θj/Θk]kji Domaine 2 Domaine 3
Secteur : OM régionale [Tji/τji/θj/Θ]ji Sec Sec Sec Sec
……
Thème : OM locale [Ti/τi/θ/Θ]i Thè Thè Thè Thè
L’emboîtement met en évidence une cascade d’assujettissements pesant sur une simple
praxéologie ponctuelle, associée à un type de tâches T. Ainsi, le fait qu’un type de tâches soit
regardé comme relevant des mathématiques peut à un moment t interdire certaines techniques
acceptées à d’autres époques ou dans d’autres disciplines, compte tenu de l’état de la
discipline à ce moment-là (validation par des mesures en géométrie, utilisation des fonctions
généralisées avant la formalisation de la théorie des distributions). Mais ce niveau n’est pas le
seul à peser : un type de tâches comme un problème de construction de triangles, identifié
comme relevant du domaine de la géométrie, s’est vu pendant une longue période refuser des
techniques de résolution utilisant des courbes non caractérisées géométriquement (restriction
aux cercles et droites). Enfin, l’inscription dans un secteur restreint la palette des outils et
résultats disponibles pour élaborer une technique. Inversement, les niveaux supérieurs
fournissent des ressources aux niveaux inférieurs pour produire et justifier les éléments des
praxéologies ponctuelles.
59
Chapitre III Cadre théorique
aussi assujettis aux contraintes imposées par ces trois niveaux qui complètent l’échelle vers le
haut. Nous reproduisons le schéma qui les représente ci-après :
Niveau-2 Société
Niveau-1 Ecole
Niveau 0 Pédagogie
Niveau 1 Discipline
Niveau 2 Domaine
Niveau 3 Secteur
Niveau 4 Thème
Niveau 5 Sujet
60
Chapitre III Cadre théorique
61
Chapitre III Cadre théorique
le projet d’évaluer les rapports personnels en les référant à la norme que le moment de
l’institutionnalisation aura ainsi hypostasiée. […]
L'opération d'évaluation doit être entendue aussi en un sens plus large : derrière l'évaluation
toute classique des rapports personnels, […] se profile l'évaluation de la norme elle-même –le
rapport institutionnel qui sert d'étalon. […] Au-delà de l'interrogation sur la maîtrise, par telle
personne, de telle technique on trouve alors l'interrogation sur la technique elle-même –est-elle
puissante, maniable, sûre, robuste aussi ? Cette évaluation […] est ici formatrice, non d'une
personne, mais d'une praxéologie : à ce titre elle participe de l'institutionnalisation. »
Ainsi, ces moments rendent-ils compte du processus de l’étude, que cette dernière soit
située dans l’enseignement des mathématiques, dans l’enseignement d’une discipline
intermédiaire ou même dans une pratique professionnelle. Autrement dit, les moments sont
les phases génériques de l’étude. Mais nous pouvons prévoir qu’il y aura des différences
suivant l’institution qui organise l’étude, en considérant le rapport que ces différentes
institutions entretiennent avec la discipline mathématique.
62
Chapitre III Cadre théorique
d’en faciliter la mise en œuvre. Aux côtés d’éventuels éléments de savoirs empruntés à certaines
théories pertinentes (nous parlerons dans la suite de « la composante théorique » de la
technologie, notée θth) figurent dans la technologie ces savoirs qui, selon les domaines de
recherche, sont qualifiés d’opératoires, pragmatiques, pratiques. Oeuvre collective forgée dans
l’expérience, cette composante pratique de la technologie (notée dans la suite θp) exprime et
capitalise la science de la communauté des praticiens confrontés dans les mêmes conditions
matérielles et institutionnelles aux tâches du type T, elle en favorise la diffusion au sein du
groupe. » (Castela, 2008, p.143)
1. Décrire la technique
Nous considèrerons que la production verbalisée d’une description de la suite des
gestes composant la technique marque dans le processus d’émergence et
d’institutionnalisation d’une part, de transmission d’autre part, du bloc practico-technique, et
qu’il s’agit là d’une étape qui ne peut être négligée. Il nous paraît notamment important de
différencier une praxéologie qui ne pourrait être transmise que par frayage et monstration
d’une praxéologie qui dispose d’outils de représentation suffisants, notamment langagiers,
pour être décrite. C’est pourquoi nous choisissons de mettre en avant cette fonction comme
relevant de la technologie et non, comme c’est souvent le cas, de considérer ce descriptif
comme partie intégrante de la technique.
2. Motiver la technique et les différents gestes qui la composent en lien avec l’analyse
des tâches du type T ;
Expliquer pour …quoi, dans quels buts.
Il s'agit ici de décrire les buts que l’on souhaite atteindre via l’utilisation de la
technique et de fait plus précisément, d'analyser les effets, les conséquences, des différents
gestes et les difficultés que leur absence pourrait susciter. Ici on va motiver les gestes par
29
Cette deuxième extension est elle aussi due à Corine Castela qui en a fait une première présentation lors du
colloque RELME en 2008.
63
Chapitre III Cadre théorique
Cette partie du savoir technologique est aussi un savoir sur le type de tâches car
motiver une technique par ses effets c'est aussi proposer une analyse fine du type de tâches.
On voit très clairement qu'il s'agit d'un savoir orienté vers la pratique. On peut penser que,
pour des utilisateurs, comprendre une technique c'est bien comprendre pour-quoi (pour faire
quoi ?) on accomplit tel geste à tel moment. Il s'agit d'écrire une histoire de la technique qui
va situer notamment ses composantes les unes par rapport aux autres (car le but d'un geste
donné peut être de créer de manière proactive les conditions de l'efficacité d'un geste à venir).
Ce sont les buts atteints qui justifient rationnellement les gestes en montrant leur intérêt, leurs
raisons d’être.
Nous pensons que se retrouvent ici certains aspects mis en avant par Bissell et Dillon
(2000) quant à la démarche de modélisation des ingénieurs :
« Gaining insight into what is going on in a system requires more that just mathematics,
however: it requires a story about the system that suggest reasons for a particular type of
behaviour, proposals about what can be done to produce different behaviour and predictions
about what may or may not occur in the future. » (ibid. p. 7)
64
Chapitre III Cadre théorique
Y.Chevallard désigne par le verbe justifier. Mais ce verbe possède différents sens : selon Le
Grand Robert, « Confirmer (cf. vérifier) ; montrer comme vrai, juste, réel par des arguments,
des preuves (cf. démontrer) ; justifier de quelque chose : en apporter la preuve ex : justifier de
son identité », ce qui correspond assez bien à la fonction envisagée ici ; mais aussi « Rendre
légitime ; faire admettre quelque chose comme juste, légitime, fondé (cf. expliquer,
motiver) ».
Le terme Justifier a donc sans doute une portée plus large que celle que nous voulons
spécifier ici ; c’est pourquoi nous utilisons le terme Valider.
Précisons dès maintenant un point qui sera développé dans le chapitre 6 (III) : le besoin de
validation, le type de validation dépend de l’institution dans laquelle vit une praxéologie.
Ainsi nous avons évoqué dans le chapitre 2 plusieurs travaux ayant montré que les
justifications d’ordre mathématique permettant de valider des techniques utilisées en contexte
professionnel restaient totalement implicites. On peut penser que la validation de telles
techniques s’appuie sur la transmission dans la communauté des utilisateurs d’une
« réputation » d’efficacité vérifiée dans les mises en œuvre réitérées.
Cette fonction est très liée à la précédente ; néanmoins on sait qu'il y a une différence
puisque même à l'intérieur des mathématiques, il y a des démonstrations qui n'éclairent pas
sur le pourquoi (cf. les débats sur les preuves éclairantes et non éclairantes au 17ème siècle,
(Barbin)).
6. Evaluer la technique : définir les conditions, l’étendue et les limites de son efficacité,
par comparaison avec les autres techniques pour T
Comme nous l’avons vu dans II.2., une technique n’est en général pas valable pour
toutes les tâches de T. Cela fait partie de la fonction du moment d’évaluation de définir le
domaine d'efficacité de la technique au sein du type. Pour la fonction Valider, on était du côté
du vrai, éventuellement justifié par une théorie, on va être maintenant du côté de l’efficacité,
donc dans un champ relevant de la pratique. Cette fonction détermine l'intérêt d'une technique
en la comparant éventuellement à d’autres techniques.
30
« En grec, theôria a pris à partir de Platon le sens moderne de « spéculation abstraite ». Mais à l’origine, il
renvoyait simplement à l’idée de contemplation d’un spectacle – le theôros étant le spectateur qui regardait
l’action sans y participer. » (Chevallard 1999, p. 228).
65
Chapitre III Cadre théorique
Pour une technique mathématique, l'évaluation peut être interne aux mathématiques :
efficacité dans des tâches mathématiques. Mais quand les mathématiques sont considérées
comme disciplines de service, dans le cadre d'une formation professionnelle, l'évaluation peut
(doit) référer aux champs d’applications dans les disciplines intermédiaires, voire dans les
pratiques professionnelles. C’est ce que soulignent particulièrement bien les travaux analysés
dans le chapitre II.
Il y a donc plusieurs institutions de références possibles (voir IV.3) au sein desquelles se
développent les pratiques, les types de tâches sur lesquelles on évalue l'efficacité.
L'appréciation de l'efficacité peut différer de l'une de ces institutions à l'autre. Elle peut
également conduire à des résultats différents suivant qu'on s'intéresse à une institution
d'utilisation ou à la communauté des sujets utilisateurs : par exemple, les utilisateurs vont
prendre en compte la facilité, le confort d'utilisation (en quoi cette technique leur rend ou pas
la vie au travail meilleure, on est du côté du métier), l'institution d'utilisation s'intéresse a
priori d'abord à l'étendue du domaine d'efficacité, à la rapidité et seulement dans une moindre
mesure au confort pour les sujets.
La recherche de Noss, Hoyles et Pozzi (cf. chapitre 2, III.1) a ainsi montré que dans
les mondes professionnels, on pouvait préférer des techniques locales, plus ou moins bien
validées mathématiquement, éventuellement moins précises que d’autres, mais d’emploi
simple et rapide à des méthodes générales permettant de traiter, moyennant adaptations, un
ensemble plus large de tâches. Rappelons une fois de plus l’exemple des pilotes et de la
méthode utilisant une montre pour estimer le vent traversier : une méthode trigonométrique
peut donner des résultats plus précis mais cette précision n’a pas véritablement de sens dans le
contexte concret du pilotage et elle est, par ailleurs, trop lourde à mettre en œuvre dans la
pratique.
« Ainsi, des procédés empiriques qui répondent avec rapidité et efficacité à la question ‘atterrir
ou non’ sont considérés comme plus efficaces que des méthodes générales ayant recours à la
trigonométrie - surtout quand ces dernières fournissent un degré de précision inutile. » (Noss,
Hoyles & Pozzi, p.28)
On retrouve pour le cas du Génie Civil ce même style de résultats dans (Kent and Noss
2002). Nous avons également rencontré de telles différences d’appréciation relativement à
l’évaluation des modèles dans le chapitre 2 (IV.2)
Ces fonctions de la technologie intéressent de manière différenciée l’institution I dans
laquelle est utilisée la technique et la communauté des sujets de I utilisateurs ; elles ne
participent pas de la même façon aux processus d’institutionnalisation, d’utilisation et de
transmission. Nous ferons en particulier les hypothèses suivantes. La fonction de validation
correspond plus spécifiquement à une attente de l’institution I, où elle contribue
fondamentalement à l’institutionnalisation ; elle n’a pas un rôle aussi incontournable pour les
sujets utilisateurs, l’aval épistémologique de I pouvant suffire à asseoir la validité de la
technique et à en légitimer la transmission interne, entre pairs. Elle retrouve
vraisemblablement toute son importance dès lors que doit se mettre en place une école EI.
66
Chapitre III Cadre théorique
67
Chapitre III Cadre théorique
justifiée par une théorie : il s’agit principalement des savoirs directement orientés vers la
pratique correspondant aux fonctions 2 et 3 qui sont largement construits dans les mises en
œuvre, ainsi que pour une part à la fonction d’évaluation. Certains des savoirs liés à
l’évaluation sont a contrario justifiés théoriquement ou sont plus que les autres susceptibles
de le devenir ; certains développement théoriques peuvent en effet permettre de spécifier les
hypothèses d’un théorème et donc de préciser le type de tâches pour lequel une technique est
efficace à coup sûr. Enfin une théorie doit elle-même être validée et il faut envisager que le
jeu des justifications31 ne se poursuit pas à l’infini dans le champ des savoirs mais émerge
dans celui des pratiques sociales, pratiques instituées qui se déroulent dans des institutions.
Parmi les institutions qui entretiennent un rapport avec une praxéologie donnée, nous
distinguerons les institutions qui ont une fonction de production de savoirs, que nous
désignons génériquement par le symbole P(S) et les institutions utilisatrices IU de cette
praxéologie, au sens où des sujets de IU ont à accomplir des tâches du type T. Nous ne
considérons pas ici les institutions didactiques ayant pour fonction la transmission de la
praxéologie.
Au sein de P(S) existent des pratiques sociales de validation qui mettent à l’épreuve
les savoirs technologiques s’ils ne sont pas déjà validés par une composante théorique, la
théorie elle même dans le cas où elle existe. Deux types de telles pratiques sont possibles et
s’enchaînent dans la plupart des cas : pratiques internes au champ des savoirs débouchant sur
un consensus au sein de la communauté des sujets, pratiques externes confrontant
scientifiquement, par exemple expérimentalement en laboratoire, les théories produites au réel
modélisé. Ces pratiques apportent un aval scientifique au bloc [θ , Θ] s’il existe, à un sous-
th
ensemble de la technologie que nous continuerons à noter θ même si il n’existe pas (encore)
th
de théorie qui le justifie (une telle possibilité est une hypothèse d’école, dont il faudrait
prouver qu’elle est effectivement réalisée).
Mais, nous avons postulé que dès lors qu’une praxéologie est utilisée dans une institution IU,
une partie de la technologie n’est pas validée par une théorie ; nous prolongeons cette position
en supposant que, dans de très nombreux cas sinon tous, les savoirs technologiques validés
par une institution P(S) n’épuisent pas la technologie, laquelle comporte en général une
31
« el juego regresivo de justificaciones no se puede llevar muy lejos, y siempre aparece la referencia a un "más
allá institucional", más o menos explícito, tomado como aval epistemológico. » (M. Bosch 1994, p.29)
68
Chapitre III Cadre théorique
composante θ dont il faut aussi examiner les modes sociaux de validation. Il s’agit donc
p
d’envisager dans le cadre de IU, des pratiques de construction, mise à l’épreuve dans la
multiplicité des réalisations effectives et institutionnalisation (au sens de stabilisation et non
nécessairement de reconnaissance explicite par une institution donnée) de savoir-faire et
savoirs. On peut penser que ces pratiques, que l’on pourrait qualifier d’empiriques, jamais
totalement déprises du travail réel, dépendent très fortement de l’implication d’un collectif
des sujets utilisateurs dans le développement des praxéologies utilisées.
Nous résumerons les analyses développées dans cette partie III par la
schématisation suivante :
θ th , Θ ← P( S )
T , τ ,
θ p ← Iu
Les flèches se veulent une évocation des pratiques sociales de validation à l'œuvre
th
dans l'une ou l'autre des institutions P(S) et IU portant respectivement sur le bloc [θ ,Θ] et
sur θ .
p
IV Contexte de la thèse
Ce modèle est un modèle simplifié puisque par exemple, il existe plusieurs disciplines
intermédiaires impliquées dans la formation des ingénieurs.
69
Chapitre III Cadre théorique
1. P(M)→E(M)→Ifp
De l’institution de production de connaissances mathématiques à l’enseignement de
mathématiques et de ce dernier au projet.
2. P(M)→E(M)→E(DI)→Ifp
De l’institution de production de connaissances mathématiques à l’enseignement de
mathématiques, de cet enseignement à l’enseignement de disciplines intermédiaires et de ce
dernier au projet.
3. P(M)→P(DI)→E(DI)→Ifp
De l’institution de production de connaissances mathématiques à l’institution de production
de savoirs intermédiaires, de celle-ci à l’enseignement de disciplines intermédiaires et enfin
au projet.
P(M)
P(DI)
E(M) E(DI)
Projet
Figure 13. Schéma de parcours institutionnels
Ces parcours accordent un rôle central aux institutions de productions de savoir, P(M)
et P(DI) ; celles-ci sont donc susceptibles d’occuper vis-à-vis de la praxéologie considérée la
positon de l’institution théorique Ith distinguée dans le modèle et productrice du bloc [θ , Θ].
th
Elles sont aussi utilisatrices et à ce titre peuvent contribuer, différemment l’une de l’autre au
70
Chapitre III Cadre théorique
Mais dans le contexte de formation professionnelle qui est le nôtre, nous devons
prendre également en compte l’Institution professionnelle Ip, autrement dit la profession32. La
praxéologie considérée y vit sous une forme également transposée, dotée d’une composante
θp spécifique, faisant intervenir les contextes professionnels d’emploi. Nous chercherons à
voir dans quelle mesure cette modalité de la transposition trouve un écho dans E(M), E(DI) ou
Ifp, ce qui nous conduit au schéma plus complexe suivant
P(M)
P(DI)
Ip
E(M) E(DI)
Projet
Figure 14. Schéma de parcours institutionnels incluant la pratique Ip.
Une institution I est une institution de référence pour une autre institution I’, si I fait
peser sur I’ un certain nombre de contraintes (déterminations), auxquelles I’ accepte de
s’assujettir ; en contrepartie I offre à I’ un certains nombre de points d’appui. Autrement dit,
une institution I est une institution de référence pour une autre institution I’, si I’ accepte dans
son intérêt d’exercer une partie de ses activités sous un certain nombre de contraintes venant
de I.
32
Ce modèle est de nouveau ici simplificateur : les étudiants exerceront leur métier dans un champ plus ou moins
vaste de professions différentes.
71
Chapitre III Cadre théorique
Dans les chapitres précédents, nous avons identifié plusieurs institutions qui
interviennent dans la conception et le développement d’un modèle de formation des futurs
ingénieurs, à savoir P(M), P(DI) et Ip, selon les conventions introduites dans IV.1. Nous
considérons donc que ces institutions sont des institutions de référence pour l’Institut
Universitaire Professionnalisé d’Evry qui constitue notre terrain expérimental, sur lequel elles
exercent un certain nombre d’assujettissements.
A l’intérieur de l’IUP, nous avons également envisagé diverses sous-institutions de formation,
E(M), E(DI) et Ifp. En tant que sous-institutions, chacune d’entre elles est soumise à des
contraintes venant de l’IUP. De ce fait, nous supposons qu’elles devraient s’assujettir au
moins partiellement aux institutions de référence reconnues par l’IUP : P(M), P(DI) et Ip.
Les analyses en termes de niveaux de détermination développées dans le cadre de la TAD (cf.
II.4) nous amènent à penser que l’étude d’une praxéologie d’origine mathématique, au sein de
E(M) ou de E(DI), éventuellement prolongée dans un projet, doit a priori se soumettre à des
assujettissements issus de trois institutions de référence qui vont peser, dans une mesure que
nous allons chercher à étudier, sur les choix de la transposition didactique.
V Conclusion
Le cadre théorique de la TAD, nous permet ainsi avec les notions de praxéologie,
d’institution et de rapport entre institutions d’approcher notre problématique en termes
d’institutions, de rapports institutionnels et de processus de circulation des praxéologies
mathématiques. La notion « classique » de praxéologie distingue quatre composantes de
l’activité mathématique comportant deux blocs : technique-pratique et thechnologico-
théorique. Ces deux blocs et les praxéologies mêmes sont l’objet d’une dynamique portant sur
les processus de production, de transmission et d’utilisation. Notre intérêt se centre sur les
processus d’utilisation de praxéologies mathématiques, pour les étudier nous considérons les
rapports entre les institutions de :
72
Chapitre III Cadre théorique
33
E(DI) est une institution utilisatrice de P(M).
73
Chapitre III Cadre théorique
74
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
CHAPITRE IV
CONTEXTE ET METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
I Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons le contexte expérimental de notre travail et la
méthodologie de l’expérimentation. Nous présentons d’abord l’institution choisie : l’Institut
Universitaire Professionnalisé d’Evry, le modèle de formation associé, la place des
mathématiques dans ce modèle et le paradigme dans lequel se situe la formation
mathématique. Nous détaillons ensuite un dispositif de formation qui essaie de reproduire les
conditions de la pratique : celui des projets menés en première année de master. Nous
précisons les caractéristiques de ces projets et contraintes institutionnelles dans lesquelles ils
sont développés. Ces projets occupent une place centrale dans notre travail expérimental.
Nous présentons la méthodologie que nous avons mise en place pour leur étude, pendant deux
années consécutives (2004-2005 et 2005-2006), basée sur l’immersion et les outils
méthodologiques associés : entretiens et questionnaires, visant à rendre visibles les
mathématiques en jeu dans les projets. Nous précisons également les données recueillies :
cahier des charges des projets, rapports intermédiaires, rapports techniques, enregistrements
vidéo des soutenances, et la façon dont ces données ont été analysées. Cette étude des projets
nous a conduit à nous intéresser plus particulièrement dans un second temps à une notion
mathématique : la transformée de Laplace. Nous analysons les enseignements correspondants
et les mettons en rapport avec l’usage qui en est fait par les étudiants dans les projets. Nous
75
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
terminons ce chapitre par une première réflexion sur les potentialités et limites de cette
méthodologie.
76
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
II Contexte de la Recherche
77
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
34
Technologies de l'information et de la communication pour l'éducation.
35
Le projet PERSEUS vise à confier aux milieux universitaires et de recherche la conception et le développement d'un
système de lancement pour nanosatellites, avec un encadrement par des professionnels du secteur spatial.
78
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
avec le CNES36 (Centre National d’Etudes Spatiales)… Les sujets relevant de la recherche ou
de la recherche-développement nécessitent des concepts théoriques de manière plus
importante que les projets technologiques. Ce choix institutionnel a pour objectif de préparer
les futurs diplômés à contribuer efficacement à l’innovation dans les entreprises.
36
Ces projets peuvent recevoir une aide de l’Agence Nationale de Valorisation de la Recherche ANVAR.
79
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
Descriptif du ER&D
Titre
Construction d’un « plancher défilant » pour l’essai en soufflerie d’une maquette
d’automobile
Mots clefs
Aérodynamique automobile
Réduction de consommation
Mesure expérimentale du Cx
Essai en soufflerie
Véhicule ultra léger
Spécialités requises
Mécanique des fluides
Mécanique
Contrôle commande
80
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
Métrologie et capteurs.
Intérêt porté par les tuteurs (entre 1 et 4
)
Moyens
Coût estimé Financement
Petit moteur + carte commande à variateur + IUP
châssis support + bande caoutchouc
800 Euros (maximum, à préciser)
Carte acquisition pilotée par Labview 1200 IUT GTE
Euros
Besoins
Informatique Usinage
Type de machine, Environnement : Type de machine :
Logiciels : Machines outils classiques, soudure
PC, Labview (disponible à l’IUT GTE)
NOTE DE CENTRAGE
Affichage étudiant
Thème(s) du ER&D
Aéronautique : ULM / Simulateur de vol / Simulateur de conduite
⌧ Véhicule ultra léger / Plateforme modulaire robotisée / Handicap
Autres
Description du sujet
Le développement d’un nouveau véhicule requiert une étude approfondie de ses formes. Ce
n’est pas qu’une question d’esthétique ! En effet l’influence de l’aérodynamisme du véhicule
sur ses performances devient prépondérante dès que l’on dépasse 50 km/h. L’efficacité
aérodynamique est mesurée par le coefficient de traînée appelé « Cx ». Plus il est faible et
moins le véhicule consommera de carburant.
Pour un véhicule routier on peut étudier le coefficient Cx à l’aide de maquettes placées dans
une soufflerie. Cependant les souffleries sont souvent conçues pour tester des aéronefs et elles
ne prennent pas en compte l’effet de sol, ce qui est un gros handicap.
Dans le cadre du projet pluriannuel « Véhicule ultra léger », il serait souhaitable de se doter
d’un outil expérimental pour évaluer sur maquette les performances d’un véhicule. Les
81
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
maquettes peuvent être construites par des techniques de prototypage rapide (stéréo
lithographie, usinage rapide) disponibles à l’IUP. D’autre part, le département Génie
Thermique et Energie de l’IUT d’Evry possède une soufflerie dont les dimensions de la veine
et la vitesse maximum permettent d’envisager des maquettes au 1/15éme. On peut donc prévoir
d’utiliser cette technique tout au long du développement d’un nouveau véhicule ultra léger.
Cependant il faut adapter la veine de la soufflerie de l’IUT pour les véhicules routiers. On
propose de développer un « plancher défilant ». C’est un tapis roulant qui se place sous la
maquette du véhicule à la place de la paroi fixe. Il n’est pas en contact avec la maquette
(faible jeu). La vitesse de défilement variable doit être asservie à celle de l’air à l’entrée de la
veine d’essai. Ainsi équipée, la maquette respecte les lois de la similitude en mécanique des
fluides et donne une mesure fiable du coefficient Cx.
Nombre d'étudiants 3 ou 4
Profil des étudiants
GEII x GM x
GSI Aéronautique x GSI Design
GSI Productique GSI Energétique x
Pendant la première année, 2004-2005, 105 projets ont été proposés et 45 projets ont
été affectés pour un total de 154 étudiants (58 GEII, 23 GM, 15 Design, 58 GSI). Pendant la
deuxième année, 2005-2006, 62 projets ont été proposés et 40 projets ont été affectés pour un
total de 147 étudiants (52 GEII, 29 GM, 11 Design, 55 GSI). Les étudiants ont à choisir un
projet et à se constituer en équipes pour le réaliser.
82
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
nécessaires pour la deuxième phase du projet. Cette séparation est aussi nécessaire pour
permettre d’obtenir le matériel nécessaire à la réalisation.
b) Rapport intermédiaire
Le rapport intermédiaire porte sur la conception du projet, c'est-à-dire l’étude
théorique qui servira de base à la réalisation pratique et à la fabrication. Il est structuré de
manière générale à partir de :
83
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
c) Rapport technique
Le(s) rapport(s) technique(s) ont pour objectif de préciser les caractéristiques, les
aspects techniques et le fonctionnement des artefacts mobilisés (par exemple d’un moteur)
ainsi que les raisons pour lesquelles les étudiants considèrent ces artefacts comme utiles. Ces
rapports peuvent aussi comporter des calculs détaillés. Ils ne sont pas, contrairement aux
autres, considérés comme obligatoires.
PHASE I PHASE II
Conception du projet Réalisation du projet
soutenance orale /
cahier de rapport document power
rapport(s) technique(s)
charges intermédiare point
poster
SEMAINE 1 SEMAINE 2 SEMAINE 3 SEMAINE 4 SEMAINE 5
Tableau 1. Documents produits dans les deux phases du projet.
Après avoir décrit les documents produits par les étudiants dans les deux phases du
développement du projet. Nous présentons la méthodologie pour réaliser l’étude des projets.
37
Du fait que le terme technologique à une signification particulière dans le cadre de la TAD, il nous semble
nécessaire de détailler la signification de l’expression « la solution technologique » ; il s’agit de la solution
choisie parmi les autres considérées pendant l’étude du projet. Elle va devenir concrète dans la réalisation du
projet (deuxième phase).
84
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
savoirs professionnels. Pour cela, il nous faudra étudier au-delà des projets les rapports que
ces praxéologies mathématiques entretiennent avec la formation, et plus particulièrement avec
les enseignements des disciplines intermédiaires et de mathématiques.
Cours de
Cours de disciplines
intermédiaires E(DI) mathématiques E(M)
praxéologies praxéologies
mathématiques mathématiques
Projets Ifp
praxéologies
mathématiques
Nous présentons dans cette partie la méthodologie mise en place pour réaliser l’étude
des projets, le recueil des données et l’exploitation visée de ces données.
Les recherches réalisées sur les mathématiques dans les pratiques professionnelles
rapportées dans le chapitre II ont montré que ces mathématiques sont souvent invisibles ou
non explicites lors du développement des activités pratiques. Etant donné que nous voulions
étudier une activité reproduisant les conditions de la pratique, nous avons fait l’hypothèse que
nous allions devoir rendre visible ce qui ne l’est pas et que ceci ne serait possible qu’à travers
une immersion dans le contexte du développement des projets. Cette immersion nous est
également apparue nécessaire pour nous familiariser avec les principaux domaines de
connaissance en jeu, une familiarisation nécessaire à la compréhension de praxéologies
mathématiques qui sont souvent des praxéologies mixtes imbriquant mathématiques et autres
domaines. Ceci nous a conduit à réaliser deux observations successives des projets. La
première a eu un statut de pré – expérimentation avec l’objectif de nous familiariser avec la
démarche des projets et les domaines de connaissance concernés, de concevoir et de tester une
méthodologie permettant de rendre visibles les mathématiques en jeu dans les projets. La
deuxième observation a fait l’objet d’une méthodologie plus élaborée et nous avons aussi
cherché à y rendre visibles au-delà des mathématiques élémentaires, des mathématiques
« avancées » rarement trouvées dans la pré - expérimentation.
85
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
38
Fédération Française de Sport Automobile pour un véhicule de classe tout terrain T2.
86
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
l’intention de sélectionner (les trois en mécanique) par un questionnaire plus précis posé
pendant la deuxième semaine et décrit ci-après. La deuxième année, la familiarité acquise
avec le dispositif nous a permis d’effectuer dix entretiens la première semaine et de proposer
le questionnaire à seize équipes pour essayer d’avoir une vision plus globale des
mathématiques en jeu.
b) Questionnaire
Le questionnaire élaboré à partir des réponses obtenues dans les premiers entretiens
comporte neuf questions la première année et onze questions la deuxième année.
87
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
9. Parmi les enseignements que vous avez suivi à l’université quels sont ceux qui
vous semblent les plus utiles pour ce projet ? Précisez pourquoi.
10. Pensez-vous que certains de vos cours de mathématiques vous seront également
utiles pour la réalisation de ce projet ? Si oui, lesquels et pourquoi ? Si non,
pourquoi ?
c) Rapports intermédiaires
Même si les questionnaires apportent des compléments utiles aux entretiens, les
mathématiques y apparaissent généralement sous la forme de titres (par exemple calculs de
trigonométrie…) et les réponses aux questions « Pour quoi faire ? » ne nous renseignent que
très vaguement sur les tâches dans lesquelles ces mathématiques ont été ou risquent d’être
engagées et a fortiori sur les praxéologies associées, ceci d’autant plus que les domaines
considérés nous sont peu familiers. C’est pourquoi, en plus des entretiens et du questionnaire,
une analyse des rapports intermédiaires nous est apparue nécessaire pour rentrer davantage
dans le sujet des projets et accéder aux tâches soit de conception, soit envisagées pour la
réalisation dans la deuxième phase. La deuxième année, cette analyse a aussi été prise en
compte dans la sélection des trois projets finalement choisis. Ce choix s’est basé sur deux
critères :
1. le contenu explicite des mathématiques dans le rapport intermédiaire,
2. le domaine d’inscription du projet, tel que l’aéronautique, la mécanique, l’électronique,
etc.
III.2 Les données recueillies sur les projets choisis les deux années
L’analyse des rapports intermédiaires permet d’identifier des tâches mathématiques,
cependant, l’identification des techniques correspondantes à ces tâches n’est pas toujours
possible, du fait qu’elles ne sont pas explicitées. Ceci peut s’expliquer par la nature du travail
rapporté dans ce document, ce dernier correspondant à la conception générale du projet. La
plupart des tâches mathématiques y apparaissent comme étant à réaliser dans la deuxième
phase. Afin d’avoir une vision plus exhaustive des praxéologies impliquées dans les projets et
ainsi compléter l’étude des rapports intermédiaires, pour les trois projets sélectionnés, nous
avons conduit un second entretien avec l’équipe sur la base du rapport intermédiaire.
88
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
PREMIERE ANNEE
Projet SEMAINE 3 SEMAINE 4 SEMAINE 5
1 1 Entretien : 3 1 Entretien :
E1, E2, E3, E4 : Entretiens :
Questions par rapport au questionnaire
2 1 Entretien : 5 3
E1, E2, E3 Questions par rapport au questionnaire Entretiens : Entretiens :
3 1 Entretien : 2 1 Entretien :
E1, E2, E3 et E4 Questions par rapport au Entretiens :
questionnaire
Tableau 3. Entretiens effectués pendant la pré-expérimentation.
DEUXIEME ANNEE
Projet SEMAINE 3 SEMAINE 4 SEMAINE 5
1 4 Entretiens : 3 Entretiens : 1 Entretien :
E1, E2, E3, E4 E1 Structure de la E2 et E3 Entretien sur
Présentation du projet soufflerie maths
E1 Calculs à faire E2 Modélisation d’une
89
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
c) Soutenances –vidéo
Les soutenances orales ont pour but de former les étudiants à l’exercice professionnel
que constitue la présentation d’un projet développé au sein d’une entreprise mais aussi
d’évaluer le projet en tant qu’activité scolaire. Ainsi, chaque équipe d’étudiants dispose d’une
demi-heure pour présenter son projet, devant un jury formé par trois enseignants et chercheurs
de l’institution, l’un d’eux étant le client du projet. Observer cet exercice nous permet
d’accéder à l’évaluation institutionnelle du projet. Pour cela, nous avons assisté aux trois
soutenances les deux années et nous les avons filmées. La transcription et l’étude de ces
donnés sont faites dans l’objectif d’analyser les types de questions, les explications et
justifications demandées aux étudiants.
Pour notre analyse nous avons également récupéré les présentations des étudiants (format
power point) et les posters (version électronique).
39
Les vides indiquent la non réponse des étudiants à ces questions.
90
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
91
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
Ces outils méthodologiques ont servi de base à l’analyse qui est présentée dans le
chapitre suivant.
92
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
Afin de répondre à cette question et de mesurer les effets transpositifs du cours précédemment
mentionné, nous menons une analyse conjointe de trois cours d’automatique élaborés dans
trois institutions de formation d’ingénieurs différentes : IUP, IUT et Université.
Nous présentons cette analyse en détaille dans le chapitre VI.
De même, nous analysons un enseignement de mathématiques E(M) intitulé :
Fonctions Holomorphes, qui aborde la transformée de Laplace dans une formation
d’ingénieurs. Nous nous intéressons à montrer l’organisation de cet enseignement dont un des
objectifs, est de fournir des praxéologies mathématiques sollicitées aux enseignements des
disciplines intermédiaires E(DI).
93
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
Le choix des projets à suivre pendant la deuxième phase est donc une tâche
primordiale. Le questionnaire et, de manière plus importante, l’analyse de rapports
intermédiaires nous permet de choisir trois projets ayant deux caractéristiques : des
praxéologies mathématiques y interviennent et ils sont inscrits dans la même situation
problématique, celle du travail dans une soufflerie. Cette problématique, encore très large,
permet de limiter le champ des disciplines intermédiaires intervenantes en jeu, des logiciels
utilisés et des connaissances sur les artefacts utilisées (soufflerie). Mais les trois projets font
encore intervenir plusieurs disciplines intermédiaires et des connaissances très diverses au
niveau des logiciels et des praxéologies mathématiques. Suivre ces projets reste donc une
tâche d’une grande complexité qui demande au chercheur tout un travail d’acclimatation au
contexte spécifique (initiation aux domaines disciplinaires en jeu, utilisation des logiciels).
Par ailleurs, le recours à des experts est indispensable pour analyser les solutions adoptées par
les étudiants dans les projets et contrôler la pertinence des analyses développées.
L’analyse des rapports intermédiaires sur les trois projets choisis permet de repérer les
tâches mathématiques qui interviennent dans chacun d’eux. Les entretiens menés sur la base
de ces rapports servent ensuite à identifier la division du travail et à repérer le ou les étudiants
en charge des tâches les plus mathématiques avec lesquels sont réalisés des entretiens
complémentaires. L’objectif est alors de faire apparaître les techniques mathématiques et de
manière plus importante les technologies associées, qui en général ne sont pas explicitées
dans les rapports du fait du contrat du projet ne demande pas d’expliciter. Ces entretiens sont
donc fondamentaux pour notre analyse.
Ces données, complétées par l’analyse des E(DI) impliquées dans le projet concerné et par les
éléments apportées par les experts permettent d’aboutir aux analyses praxéologiques
présentées dans le chapitre 5.
Afin de mettre en évidence les effets transpositifs des institutions étapes E(DI) et E(M)
sur les praxéologies mathématiques impliquées dans les projets, nous avons choisi d’analyser
trois enseignements d’automatique et un enseignement des mathématiques autour de la
transformée de Laplace. Ces analyses permettent de situer une notion dans différentes
institutions, de rendre compte des différentes contraintes et des processus transpositifs ayant
lieu dans la formation et d’apprécier leurs effets dans l’utilisation de cette notion dans un
dispositif comme celui d’un projet.
94
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
Nous n’avons donc accès qu’à une vision partielle de la circulation des savoirs dont
l’étude était a priori visée.
95
Chapitre IV Contexte et méthodologie de la recherche
96
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
CHAPITRE V
I Introduction
Ce chapitre est consacré à l’analyse praxéologique des projets. L’objectif général de
cette analyse est d'étudier les praxéologies mathématiques mobilisées et utilisées dans les
projets, pour essayer de comprendre les besoins mathématiques auxquels les étudiants sont
confrontés pendant la conception et la réalisation des projets, et la façon dont ils font face à
ces besoins. Pour cela, nous utilisons la vision élargie de la technologie présentée dans le
chapitre III avec ses composantes théorique et pratique. Cette vision élargie et plus
généralement les outils de la Théorie Anthropologique du Didactique devraient nous
permettre notamment de mettre en évidence les différents types des savoirs mobilisés, leurs
origines institutionnelles, leurs interactions et les évolutions intervenus au cours de la
réalisation des projets.
Pour l’analyse, comme précisé au chapitre IV, nous nous basons sur les documents produits
par les étudiants : les rapports intermédiaires et techniques, ainsi que sur les entretiens réalisés
auprès des étudiants. L’étude des rapports intermédiaires nous permet de repérer des tâches
impliquant des mathématiques. Ces tâches étant traitées par les étudiants ultérieurement, cette
étude ne suffit donc pas pour rendre compte des praxéologies développées pour les réaliser.
Les rapports techniques et les entretiens réalisés au fil de la réalisation auprès des étudiants
nous apportent un complément substantiel.
97
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Nous nous centrons comme annoncé sur l’analyse des trois projets suivis dans la deuxième
année d’observation. Les données relatives à la pré-expérimentation et notamment celles
issues des questionnaires sont présentées synthétiquement en annexe. Les trois projets
sélectionnés ont été développés dans le cadre d’une étude de phénomènes aérodynamiques
dans une soufflerie et nous avons explicité les raisons de notre choix dans le chapitre
précèdent. Leur titre précis est le suivant :40
Chaque projet est introduit ci-dessous par une présentation succincte précisant
l’objectif principal, l’objet à réaliser, la division du travail entre les membres de l’équipe et le
découpage en tâches du projet. Les projets présentent en effet un découpage du travail à partir
de ce qui est appelé une « analyse fonctionnelle ». Celle-ci fait partie de la méthodologie de
développement de projets, elle consiste à définir les fonctions principales et secondaires de
l’objet décrit à partir des caractéristiques et performances à atteindre dans le cahier des
charges. « L’analyse fonctionnelle » amène les étudiants à repérer des tâches41 principales, à
décomposer celles-ci en sous-tâches et à établir une priorité de réalisation 42 . Pour notre
analyse, un autre découpage des tâches est fait distinguant d’une part les tâches qui
impliquent explicitement des mathématiques et d’autre part les tâches qui contextualisent ces
dernières. Par exemple, dans le projet 3, la tâche de choix du moteur ne fait pas intervenir
d’éléments mathématiques. Cependant, nous l’analysons du fait qu’elle constitue le premier
niveau de modélisation, celui précédant la modélisation mathématique.
Pour mettre en rapport les techniques et technologies des étudiants et celles des
disciplines intermédiaires E(DI), il nous a par ailleurs paru important de reconstruire ces
techniques et les technologies associées en nous appuyant sur ce que font les étudiants et sur
les cours de E(DI). Cette reconstruction vise deux objectifs : le premier est de rendre
compréhensible au lecteur du présent document qui ne connaîtrait pas le domaine dans lequel
40
« Soufflerie aérodynamique : Installation permettant d’étudier les mouvements d’un fluide autour d’un
matériel qui doit être soumis à de grandes vitesses. » (Le petit Robert)
41
On met ce mot et celle de sous-tâches en italique pour indiquer que ce n’est pas dans le sens de Chevallard.
42
Cela n’est pas l’objectif de l’analyse fonctionnelle mais c’est un effet qu’on constate dans les projets analysés.
98
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
les tâches sont proposées, les techniques mises en place par les étudiants ; le deuxième est
d’expliciter les éléments mathématiques visibles dans les traces observables recueillies, ceux-
ci n’étant pas toujours explicites de façon détaillée dans les tâches développées par les
étudiants. Nous comparons en particulier les deux technologies : celle visible dans le travail
de l’étudiant et celle que nous avons reconstruite et nous analysons leur écart. Cela nous
permet d’expliciter les éléments manquants et de situer par rapport à une institution de
référence la technologie intelligible qui légitime les techniques.
99
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
II Analyse de projet 1
Ecoulement
d’air
Afin d’améliorer ce système de mesure, une étude des travaux déjà effectués l’année
précédente est réalisée dans la phase de conception (cf. chapitre 4, p.75). Cette étude va
amener les étudiants à préciser d’abord la structure sur laquelle seront mesurés les efforts de
portance44 et de traînée45. Il s’agit d’un profil d’aile d’avion. La solution ensuite proposée est
celle d’un système mécanique découplant les efforts : la portance est transmise verticalement
et la traînée horizontalement. La mesure des efforts se fait par la mesure de la déformation de
deux lames élastiques au moyen de capteurs extensométriques. Les déformations respectives
des lames doivent être découplées et pour cela les étudiants ont installé des glissières dans la
structure du système de mesure. Les étudiants ont à choisir la forme et les dimensions des
lames qu’ils vont utiliser, choisir les jauges extensométriques, en fonction des caractéristiques
de la soufflerie et des estimations faites des forces de portance et de traînée. Pour cela, ils
considèrent différents types de lames, et notamment des lames rectangulaires et triangulaires.
43
« Soufflerie aérodynamique : Installation permettant d’étudier les mouvements d’un fluide autour d’un
matériel qui doit être soumis à des grandes vitesses. » (Le petit Robert)
44
La portance est la composante de la force aérodynamique qui s’exerce sur la structure orthogonale à la
direction du vent relatif. Dans le cas d’une soufflerie horizontale c’est la composante verticale.
45
La traînée est la composante de la force aérodynamique qui s’exerce sur la structure et est colinéaire à la
direction du vent relatif. Dans le cas d’une soufflerie horizontale c’est la composante horizontale.
100
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
1. Analyse de la soufflerie
a) analyse de la soufflerie
b) caractéristiques de la soufflerie
c) les procédés existants dans les entreprises spécialisées
46
Document annexe aux rapports intermédiaire et final
101
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Nous avons choisi ces tâches du fait qu’elles font intervenir des éléments
mathématiques de manière explicite à la différence des autres tâches présentées plus haut. La
première tâche est réalisée dans le cadre de l’étude des travaux déjà effectués l’année
précédente et la technique associée fait intervenir des calculs de pression et de vitesse sur la
base de formules simples. La deuxième fait intervenir des calculs de résistance de matériaux
incluant la résolution d’une équation différentielle et est réalisée dans le cadre de l’étude des
lames. Ces dernières sont étudiées avec l’objectif de choisir le système de mesure des efforts
le plus adapté. Pour analyser cette tâche, nous la découpons en trois sous-tâches qui sont :
l’obtention de la formule de la flèche, l’obtention de la formule de la contrainte maximale en
flexion et la détermination des dimensions des lames. La troisième tâche est réalisée après
suggestion d’un expert. Ce dernier propose aux étudiants de changer la géométrie des lames et
de considérer des lames triangulaires. Pour ces dernières en effet la position des jauges est
sans influence sur la mesure de la déformation. De ce fait, les calculs faits lors de la
réalisation de la deuxième tâche ne conviennent plus et d’autres calculs sont effectués.
Cependant, à la fin du projet les étudiants reviennent aux lames rectangulaires assurant que
les triangulaires ne permettent pas un choix de jauge compatible avec les contraintes. Lors de
la soutenance, l’expert qui est membre du jury met en évidence que cette affirmation résulte
d’erreurs dans les calculs effectués pour les lames triangulaires.
Pour identifier et analyser les praxéologies associées à la réalisation de ces différentes tâches
et leur évolution au cours du projet, nous nous appuyons sur les rapports intermédiaire et
final47, les entretiens menés dans la deuxième phase du projet et le décryptage de la vidéo de
la soutenance orale du projet. Mais auparavant, vu la distance entre les praxéologies mises en
place par les étudiants et les praxéologies professionnelles associées à ce type de tâche, nous
décrivons une solution experte du problème posé.
47
Le rapport final est réalisé à la demande expresse du « client-tuteur » de cette équipe.
102
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
un rectangle de 25cm x 14cm. La vitesse dans la soufflerie est comprise entre 14m/s et 18m/s.
Enfin la densité de l’air est approchée par 1,3.
On en déduit un ordre de grandeur pour les deux forces : entre 9N et 15N pour la portance,
entre 0,4N et 0,8N pour la traînée.
(½ ρ.S.V² : 4,5 et 7,4)
L’expert utilise ensuite les formules connues donnant les valeurs des déformations
unitaires pour des lames rectangulaires et triangulaires. Ces formules, classiques en résistance
des matériaux, sont les suivantes :
- Pour une lame rectangulaire en flexion, la déformation unitaire longitudinale εx est égale
à 6Fl/Ebh², F étant la force appliquée, l la distance entre le point où la déformation est
mesurée et le point d’application de la force, E le module de Young du matériau, b la
largeur de la lame et h son épaisseur.
- Pour une lame triangulaire en flexion (en fait il y a alors isoflexion), le rapport l/b est
constant, les triangles étant semblables (figure 18) et la valeur de εx est égale à :
6FL/Ebh² quel que soit le point de collage de la jauge sur l’axe de la lame, L étant la
distance entre le point d’application de la force et l’encastrement, c'est-à-dire la hauteur
du triangle isocèle associé à la lame et b la largeur de la lame à l’encastrement.
Pour les jauges, la limite d’utilisation usuelle correspond à un εx de l’ordre de 10-3 et l’on
essaie d’atteindre cette limite d’utilisation. On cherchera donc à s’approcher de la situation où
6FL/Ebh²= 10-3 pour les maxima estimés de portance et de traînée.
Pour l’acier, le module de Young est de 21000kg/mm² et pour l’aluminium il est de
7000kg/mm². On aura donc suivant le matériau utilisé deux équations différentes à satisfaire
approximativement.
Si l’on considère les estimations faites pour la portance et la traînée, on arrive aux
conditions suivantes :
Avec l’acier, pour la portance :
90 L/210000bh² ≈10-3
soit : 90 L/210bh² ≈1
ou : bh²/L ≈9/21 soit approximativement : 0,4
Pour la traînée :
bh²/L ≈ 4,8/210 soit approximativement : 0,02
103
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
D’autre part, la contrainte principale σx est reliée à εx par la relation : σx =E.εx d’où
une contrainte maximale de 21kg pour l’acier et de 7kg pour l’aluminium. Pour être sûr de
rester dans les limites d’élasticité du matériau, on se fixe un coefficient de sécurité par rapport
à cette valeur qui influera sur le choix du matériau. On choisira par exemple un acier
acceptant une contrainte d’une centaine de kg, c'est-à-dire un acier spécial.
104
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
associée à l’égalité prend le relais sous deux formes distinctes, suivant le matériau choisi, ce
qui permet de se ramener uniquement à trois variables homogènes : celles associées au
dimensions de la lame. La résolution, c'est-à-dire le choix des trois dimensions, est effectuée
en raisonnant sur leurs ordres de grandeur respectifs et leurs implications vu la nature des
dépendances en jeu dans la formule. Enfin, bien que deux géométries de lame conduisent à la
même formule, l’expert en privilégie une. Il est intéressant de souligner que la propriété
invoquée : constance du rapport l/b, est une conséquence directe du théorème de Thalès. Pour
ce qui concerne ensuite la détermination de la vitesse dans la gaine, là encore le calcul semble
pour l’expert complètement routinier.
Les techniques utilisées mettent donc en jeu des formules mémorisées, des valeurs
connues pour un certain nombre de grandeurs, des critères de choix hiérarchisés par des
savoirs issus de la pratique qui permettent de guider les calculs, et en particulier de gérer de
façon optimale la multiplicité des variables en jeu, des techniques de calcul approché qui
exploitent la structure des formules utilisées et le jeu sur les unités. Dans le discours
technologique, les fonctions de description et de motivation sont privilégiées. Les formules
apparaissent comme des objets complètement naturalisés et la question de leur validation ne
se pose pas, pas plus que celle des valeurs proposées pour les paramètres. Ce qui semble
essentiel à l’efficacité des praxéologies mises en œuvre, c’est la mise en relation
particulièrement performante entre ces formules et les contraintes de la pratique qui, elles,
sont clairement explicitées. On retrouve bien là une caractéristique soulignée par Bissel (2002)
(cf. chapitre II, p.38).
Venons-en maintenant à l’analyse des praxéologies développées par les étudiants pour
ces mêmes tâches.
105
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Le tube de Pitot comporte deux prises de pressions : une face à l'écoulement (la pression
dynamique Pd) l'autre, perpendiculaire à l'écoulement (pression statique Ps). Pour une ligne de
courant horizontale, ou pour de l'air dont le poids peut être négligé, on a pour la ligne de courant
qui arrive sur la face à l’écoulement :
1
. ρ air .V² + Ps = Pd
2
2.∆p
La vitesse de l'écoulement est alors donnée par : V =
ρ air
Nous avons exprimé la vitesse en fonction de la différence de pression. Il faut maintenant
exprimer la différence de pression (∆P) en fonction de la différence de hauteur (∆h).
Avec la conservation de volume, on sait que : ∆p = ρ eau .g. ∆h
2.ρ eau .g.∆h
V=
ρ air
2.ρ eau .g.10 −3
Relation directe V = f (∆h) en mm : V = . ∆h
ρ air
Avec :
V (m/s) = 4 ∆h
106
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
1
. ρ air .V² + Ps = Pd, Ps désignant la pression statique et Pd la pression dynamique, alors
2
1
que la pression dynamique est égale justement à . ρ air .V².
2
De plus, on ne voit pas comment cette égalité pourrait être cohérente avec la
description faite du dispositif : « Le tube de Pitot comporte deux prises de pressions : une
face à l'écoulement (la pression dynamique Pd) l'autre, perpendiculaire à l'écoulement
(pression statique Ps) », qui, elle-même ne correspond pas à la description du principe de
fonctionnement du dispositif faite par l’expert pour lequel la première prise d’air est soumise
à la somme des pressions statiques et dynamiques.
L’effort visible fait par les étudiants pour construire un discours technologique légitimant la
formule utilisée ne semble donc pas convaincant. Interrogés sur les ressources utilisées pour
construire ce discours, ils disent avoir utilisé Wikipedia.
La consultation de l’article « Tube de Pitot » de Wikipedia montre effectivement une
référence explicite au théorème de Bernouilli mais sans le citer précisément. Cette référence à
Bernouilli est insérée dans un discours qui manque pour le moins de clarté et ne se raccorde
pas de façon évidente aux descriptions précédentes :
« Il est constitué de deux tubes coudés concentriques dont les orifices, en communication avec
le fluide dont on veut mesurer la vitesse, sont disposés de façon particulière.
L'un, placé orthogonalement, a une vitesse relative v égale à la vitesse du fluide et une pression
statique ps égale à la pression ambiante.
L'autre, placé dans le sens de l'écoulement, a une vitesse relative nulle et une pression totale pt,
somme de la pression dynamique et de la pression statique.
La différence entre ces pressions donne la vitesse air de laquelle on peut déduire la vitesse sol,
ces deux paramètres étant des informations primordiales pour le pilote qui en a besoin pour
calculer son déplacement dans l'espace (navigation) et la consommation de son véhicule.
Il suffit alors d'appliquer le théorème de Bernoulli en négligeant le terme z pour avoir une
relation directe entre la vitesse et la pression dynamique pt -ps que l'on mesure avec un capteur
de pression ou un simple manomètre. »
107
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
1
PA = Ps + . ρ air .V².
2
Quel a été le travail technologique réel des étudiants dans ce contexte ? Les entretiens
menés nous en montrent certaines caractéristiques intéressantes.
Lorsque les étudiants expliquent avoir utilisé Wikipedia (au moment de cet entretien, nous
n’avions pas nous-même encore consulté ce site) et non des documents universitaires, nous
leur demandons s’ils ont cherché à vérifier et valider l’information fournie. Un des étudiants
(E4) souligne que, effectivement, cette information nécessite d’être vérifiée et pour lui, le
moyen de le faire, semble être de croiser plusieurs sources. Cependant, il ne précise pas
comment il l’a fait effectivement dans ce cas, avec quelles sources, et il semble peu probable
que le groupe ait mis en place à travers ce croisement une dialectique des médias et des
milieux au sens de Chevallard. (Chevallard, 2007)
« E4 : C’est vrai que sur wikipédia tout le monde peut écrire mais d’un autre côté n’importe qui
peut faire un site Internet sur n’importe quel autre sujet et marquer n’importe quoi, il n’y a pas
que wikipédia qu’il faut vérifier. Normalement, c’est toutes les donnés Internet qu’il faut
vérifier ; tout le monde peut se planter et marquer n’importe quoi sur Internet.
Comment savez-vous que cette information est fiable ?
E4 : On a fait un recoupement d’information dans d’autres sources.
E1 : Et aussi par rapport à ce qui a été fait l’année dernière » (Explication orale des étudiants
lors de l’entretien sur la base de rapport intermédiaire, phase 2)
Comme l’indique la fin de cette citation, un autre étudiant (E1) fait référence au travail
effectué l’année précédente (référence au projet réalisé en 2004-2005 sur le même sujet). La
cohérence avec ce travail, qui a été lui-même validé, assure pour lui la légitimité de la
technique. Les différences existant entre la formule donnée dans Wikipedia et celle écrite par
les étudiants, le fait notamment que la pression dynamique Pd se soit substituée à la pression
totale Pt, n’est pas évoqué dans l’entretien. On peut penser que, pour les étudiants, le but
poursuivi de relier la vitesse de l’écoulement d’air à une différence de pression est atteint,
cette différence étant naturellement celle des deux pressions identifiées : la pression
dynamique et la pression statique. Il a été de plus atteint en se référant à une loi de
l’hydrodynamique et le contrat didactique peut être considéré comme satisfait.
108
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
La réponse, d’abord donnée par E1, fait de façon surprenante, référence au théorème
de Bernouilli et à l’hypothèse de conservation des volumes qui lui est associée :
« E1 c’est les hypothèses sur la loi, cela veut dire que dans le théorème de Bernoulli il y a des
hypothèses de fonctionnement et qui permettent justement la simplification du calcul et de
déterminer cette vitesse-là. C'est-à-dire que si on n’a pas la conservation du volume ça peut
arriver que ce soit plus compliqué pour déterminer la vitesse. » (Explication orale de l’étudiants
lors de l’entretien sur la base du rapport intermédiaire, phase 2)
On voit donc les étudiants pris dans une certaine confusion entre deux dispositifs : le
dispositif du Pitot dont l’analyse relève de la mécanique des fluides et se base sur l’hypothèse
d’écoulement stationnaire isovolume d’un fluide parfait qui a conduit à la première formule
d’une part, le dispositif du manomètre à eau qui permet de mesurer la différence de pression
d’autre part. On notera d’ailleurs que le schéma du Pitot qui est fourni à la page 8 (ici figure 2)
du rapport intermédiaire en regard de l’expression de la relation de Bernouilli entretient la
confusion. Le Pitot n’est pas différencié du manomètre et une flèche « Liquide » pointe vers
l’intérieur du tube de Pitot.
Cette discussion confuse entre les étudiants, nous conduit à leur demander si il n’y
avait pas une autre technique disponible pour déterminer la vitesse. Le premier étudiant à
répondre (E3) dit que non et valide la technique mise en place, en assurant que dans toutes les
recherches faites sur Internet, ils ont abouti aux mêmes formules. Ceci semble donc confirmer
que les étudiants ont utilisé diverses sources Internet et non la seule source Wikipedia pour
s’assurer que leurs formules étaient correctes. Mais, comme E3 le souligne bien, ces sources
Internet sont des sources lacunaires, les formules y sont données mais elles n’y sont pas
établies et un réel travail d’ordre technologique est resté à leur charge :
« E3 Non, non et celle-là on a trouvé cette formule-là dans les recherches sur Internet. Vous
avez toujours celle-ci (référence à la formule 1/2 . ρ air .V² + Ps = Pd de leur rapport) et vous
2.ρ eau .g.10 −3
avez celle-là (référence à v = . ∆h ) qui est donnée, après par contre toute la
ρ air
109
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
partie démonstration, ça c’est nous qui avons fait les calculs… donc on est obligé de passer par
là, parce que dans notre système on a de l’air qui rentre ici, on a de l’air en dessous, on a aussi
de l’eau ici dans le tube… » (Explication orale de l’étudiant lors de l’entretien sur la base de
rapport intermédiaire, phase 2)
« E2 en fait l’eau, elle va monter d’un côte à cause des différences de pression, provoqué par la
vitesse de l’air donc c’est comme ça que on va…par exemple… justement… la tâche c’est la
différence entre h1 et h2 de 1cm ou 2cm ou n’importe quoi et on calcule la vitesse avec ça »
(Explication orale de l’étudiant lors de l’entretien sur la base de rapport intermédiaire, phase 2)
110
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Le profil d’aile
d’avion sera placé
à l’intérieur de la
veine d’étude
Dans cette description, après explication du système mis en place pour découpler
les efforts, le fonctionnement du système est décrit de façon floue en terme de
déplacement. En fait, l’aile est maintenue par les lames et les efforts de portance
s’exercent donc sur les lames, provoquant une flexion de ces dernières qui va être
mesurée par des capteurs à jauges extensométriques.
Dans le rapport final sont précisés la forme des lames (figure 22), le schéma associé
indiquant la force F appliquée (figure 21) et la tâche que les étudiants se donnent : « Dans
ce système de mesure de déplacement par ressort, nous chercherons donc à maximiser la
flèche afin d’avoir une grande plage de mesure d’efforts ».
F
h
L
L b
Figure 21. Schéma associé à la Figure 22. Géométrie des lames
géométrie des lames.
On note dès à présent un décalage évident avec la technique experte qui ne se donne
pas le même but. Il ne s’agit pas en effet pour l’expert interviewé de maximiser la flèche, une
flexion importante des lames ayant des effets sur l’incidence du profil d’aile que les lames
tiennent et rendant donc problématique la mesure effectuée (le but est de mesurer les efforts
111
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
La stratégie développée par les étudiants nous conduit, elle, pour analyser cette tâche,
à la découper en trois sous-tâches :
Oz
Oy
Ox
(Ox) est alors l’axe longitudinal de la lame, (Oz) son axe transversal et (Oy) la direction de
force exercée sur la lame. L’équation fondamentale qui exprime la flexion au point x sur l’axe
longitudinal de la lame est : y’’= M/EIz, où M est le moment de flexion au point considéré, E
le module de Young du matériau et Iz le moment quadratique de la surface de section Sx par
rapport à l’axe parallèle à Oz passant par le centre de la section. On détermine la solution
satisfaisant les conditions initiales y ' (0) = y (0) = 0 qui résultent de l’encastrement de la lame
dans le plan d’équation x=0.
Dans le cas d’une lame en rectangle de longueur L, de largeur b et d’épaisseur h, le moment
h/2
by 3 bh 3
sur la surface Sx, et on obtient = . Si une force F est appliquée à l’extrémité de
3 −h 2 12
112
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Mflz
y' ' = avec Mflz = F(L-x)
EIz
F(L - x)
y' ' = E = module d’Young du matériau
EIz
Iz = bh3/12 (moment quadratique)
FLx Fx 2
y' = − + C1
EIz 2EIz détermination de C1 et C2 :
FLx 2 Fx 3
y= − + C1x + C 2 les conditions aux limites nous donnent :
2EIz 6EIz
En x = 0 ⇔ y’ = 0 et donc C1 = 0
de même en x = 0 ⇔ y = 0 et donc C2 = 0
FL3
y= pour le cas d’une lamelle en flexion simple comme modélisée ci-dessus. » (Rapport
3EI z
final, p.18)
On voit donc que les étudiants ne se contentent pas de donner l’expression de la flèche
comme le ferait sans doute un professionnel mais détaillent soigneusement ces calculs,
classiques en résistance des matériaux, sans préciser cependant le repère, ni re-calculer la
valeur de Iz. Malheureusement, ils n’ont pas choisi les conventions usuelles utilisées ci-dessus
mais noté h la largeur et b l’épaisseur ; leur expression de Iz intervertissant b et h est donc
erronée. La volonté « démonstrative » pour reprendre le discours des étudiants cité plus haut
se manifeste également dans l’utilisation des signes d’équivalence logique dans l’expression
48
Ici on a reproduit la technique développée par les étudiants dans le rapport intermédiaire. On note que dans le
terme Iz, le z apparaît parfois en indice parfois non, les deux notations Iz et Iz représentent le moment
quadratique.
113
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
des conditions initiales, même si elle est ici complètement inutile (une virgule ferait
parfaitement l’affaire) et conduit même à une utilisation abusive de ce symbole.
MFlz
« σm = × ymax
Iz
de plus on sait que :
∆l
σ = Eε et ε = et ymax = b / 2
L
∆l σ FLb FL2b
d’oú ε = = = ⇔ ∆l = » (Rapport intermédiaire, p.13)
L E 2 EI z 2 EI z
114
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
6FL
4. détermination de la formule pour la largeur b, b =
h 2σ m
PARTIE 1
FL3
« Pour la suite des calculs, nous utiliserons donc y =
3EI z
12FL3 4FL3 4FL3
Avec Iz = bh3/12 on arrive à : y = = y=
3Ebh 3 Ebh 3 Ebh 3
De même, pour calculer la valeur de la contrainte maximale en flexion dans la lamelle nous
utiliserons :
MFlz h bh 3
σm = × ymax avec ici ymax = , MFlz = FL et Iz = »
Iz 2 12
PARTIE 2
6FL
d’où σ m = »
bh 2
PARTIE 3
6FL 4FL3
σm = et y =
bh 2 Ebh 3
On remarque que :
4L2 FL FL σm 4L2 σ m
y= × et = y= ×
Eh bh 2 bh 2 6 Eh 6
2L2σ m
y= »
3Eh
PARTIE 4
4FL3 4FL3 2L2σ m
« D’autre part on a : y = b= avec y = on obtient :
Ebh 3 Eyh 3 3Eh
115
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
2L2σ m 6FL
y= et b = 2 » (Rapport final, pp.18-19)
3Eh h σm
Cette fois, la formule obtenue pour σ est bien celle donnée dans les formulaires
techniques, le choix est fait de fixer ymax à h/2, la moitié de la hauteur de la lame, n’est
toujours pas justifié mais les calculs qui sont effectués ensuite sont corrects même si nous
n’en comprenons pas la finalité. En quoi le fait d’exprimer la flèche et la largeur de la lame
en fonction de σm fait-il avancer la résolution du problème posé ? On notera de nouveau la
surcharge logique avec les grosses flèches d’équivalence.
116
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Le matériau utilisé sera continu, c'est-à-dire que la distance entre ses fibres ou ses grains est
suffisamment petite par rapport aux dimensions de la lamelle.
Les lamelles seront considérées comme homogènes c'est-à-dire qu’elles ont une structure
identique en tout point.
Enfin, les lamelles seront isotropes, elles auront les mêmes caractéristiques mécaniques en tout
point.
L’effort appliqué sera situé sur la ligne moyenne de la lamelle. » (Rapport final, p. 17)
117
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
On remarquera que la valeur choisie pour la largeur des lames est de 1cm, ce qui peut
paraître un peu faible, tandis que celles choisies pour l’épaisseur varient sur une plage de
0,5mm à 2,5mm par pas de 0,5mm.
La technique utilisée vise, selon les étudiants, à optimiser les dimensions de la lame afin
d’obtenir une déformation maximale. Ceci est explicité dans le rapport intermédiaire de la
manière suivante :
« Afin de comparer les différentes flèches et les différents ∆l en fonction des géométries
choisies, les calculs ont été fait sous formes de tableaux récapitulatifs […] Le premier tableau
représente explicitement les flèches et les allongements obtenus en fonction des différentes
épaisseurs de lamelles soumises à la force minimale de traînée » (Rapport intermédiaire, p.14)
Le pluriel utilisé concernant les géométries est un peu abusif, puisque l’unique forme
géométrique considérée jusqu’ici est le rectangle.
La technique montrée par ces étudiants est assez déconcertante, même sans tenir compte des
erreurs de calcul précédentes. S’ils veulent étudier l’effet de la géométrie de la lame, on
s’attendrait à ce qu’ils expriment y et ∆l en fonction des dimensions de la lame, ce qui est
aisé puisqu’il suffit de remplacer dans les expressions qu’ils ont Iz par sa valeur en fonction
de b et h, puis qu’ils cherchent à étudier les dépendances en jeu dans les deux expressions
rationnelles de trois variables obtenues pour faire un choix raisonné. Or ils fixent deux des
variables, ce qui ne leur laisse que la possibilité d’étudier l’effet de la troisième. Peut-être
cette priorité donnée à la variabilité de b reflète-t-elle simplement l’ordre de priorité dans les
décisions à prendre : choisir une lame, c’est d’abord choisir un matériau et une épaisseur
pour ce matériau.
Les résultats affichés, même si les étudiants n’ont pas réfléchi aux dépendances en jeu,
devraient à leur tour attirer leur attention. En effet, ils obtiennent pour la flèche une fonction
apparemment décroissante de l’épaisseur et pour ∆l une fonction constante. Ceci n’a rien
d’étonnant si l’on regarde les formules puisque Iz est proportionnel à l’épaisseur. Il s’ensuit
que la flèche est inversement proportionnelle à l’épaisseur et que, par simplification avec le b
figurant au numérateur, ∆l est indépendant de l’épaisseur. Comment les étudiants
commentent-ils et interprètent-ils ces données ?
118
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
« Les dimensions calculées ci-dessous nous ont permis de faire un choix quant à l’utilisation des
lames. L’atelier de l’IUP dispose de certaines fournitures parmi lesquelles des lames de 1,5mm
d’épaisseur. » (Rapport intermédiaire, p. 14)
Ce qui précède nous fait supposer que le rôle des calculs est de vérifier si, parmi les
lames disponibles dans l’atelier, il existe des lames que les étudiants peuvent utiliser dans le
projet. Ceci explique aussi le choix de la plage de variation de l’épaisseur (de 0,5mm à
2,5mm). Cependant, lors de l’entretien, les étudiants ne mettent pas cela en évidence, ils
décrivent une technique dont des paramètres sont fixés pour se ramener à une seule variable
« E2 oui Excel, j’ai entré les formules […] ce qui ne changeait pas c’était la force, la longueur
on l’avait fixée aussi, comme E c’est le module de Young vu que c’était de l’aluminium a été
aussi fixé. Par contre b c’était l’épaisseur, donc je l’ai fait varier de 0,5 millimètres jusqu’à 2,5
millimètres, la hauteur je l’ai fixée aussi et donc du coup vu qu’on varie l’épaisseur, le moment
quadratique (Iz=bh3/2) varie donc d’après la flèche et ∆l…
E4 en fait, donc, arbitrairement on a trois dimensions et on a fixé 2 et on a fait varier qu’une
seule
E2 on voit très bien que ∆l c’est tellement affine que ça ne change pas beaucoup, cela change
que 10-9 ou je n’ai sais pas combien de chiffres » (Explication orale des étudiants lors d’un
entretien)
Au vu de cet extrait, la technique utilisée semble bien une stratégie pour étudier des
variations dans le cas d’expressions dépendant de plusieurs variables. On voit aussi que la
variation de Iz les a conduits à anticiper une variation de y et ∆l qui en dépendent. La
constance des valeurs de ∆l ne les amène pas à remettre en cause cette anticipation. Il doit y
avoir variation, estiment-ils, mais à une échelle inférieure. L’intervention de la notion de
fonction affine pour légitimer cette interprétation est, tout a fait surprenante comme si affine
signifiait variant peu.
L’étudiant E4 justifie ensuite cette technique par son « efficacité » pour le dimensionnement
des lames :
« E4 parce qu’en fait le but de ça est de faire varier une section entre les autres donc on pouvait
jouer sur tous les paramètres pour faire varier la géométrie de la lame, mais bon on aurait une
infinité de solutions pour retomber sur le résultat qu’on voulait. Donc pour réduire les essais on
a fixé deux variables, parce qu’en fait on les a fixés pour que cela soit compatible avec la
conception de la machine elle-même, pour rester dans des ordres de grandeurs raisonnables
comme la longueur par exemple, donc on a fait varier que l’épaisseur ça suffisait pour atteindre
l’objectif qu’on s’était fixé
E1 l’objectif c’était de rester efficace dans les calculs, dans notre approche parce que si on part
dans un dimensionnement, ça n’a aucun intérêt
E4 la longueur on peut la faire varier de quelque millimètres à plusieurs dizaines de mètres c’est
infini on fait ce qu’on veut, donc pour avoir quelque chose de cohérent, il ne fallait pas que ça
dépasse la machine etc. donc on s’est fixé une longueur arbitraire on n’a fait varier qu’une
variable » (Explication orale des étudiants lors d’un entretien)
Notons que cet extrait montre bien la conduite pragmatique des étudiants, qui rejoint
en cela celle de l’expert. Une fois exprimées les grandeurs en jeu, la réponse ne va pas passer
par une étude exhaustive des variations mais par des choix raisonnables en fonction des
matériaux disponibles et des contraintes diverses imposées par la situation. On simplifie donc
la situation en fixant toutes les variables sauf une et on fait quelques calculs avec Excel dans
119
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
une plage choisie à l’avance. On ne cherche pas non plus à comprendre plus avant
qualitativement les dépendances et leurs effets, ce serait une perte de temps. Les données
obtenues servent à un contrôle rapide, elles ne sont pas objet d’étude. Elles conduisent
cependant à repérer la faible valeur de ∆l et à chercher un moyen qui permettra d’amplifier la
mesure.
« La valeur des ∆l étant très petite nous utiliserons des jauges extensométriques afin de mesurer
ces petites déformations. Si les jauges ne mesurent pas ces ∆l, M. Robert Patrick, responsable
HBM France (conception et fabrication de jauges extensométriques) nous a conseillé de venir
mettre un amplificateur, afin d’augmenter le gain, à la suite des jauges pour amplifier le signal
électrique due à la déformation » (Rapport intermédiaire, p.14)
Dans ce document, les justifications à propos des valeurs fixées sont aussi explicitées :
« Nous avons choisi d’imposer une longueur L :
L = 300mm cette variable étant élevée au carré dans la formule, nous la fixons au
maximum afin de maximiser la flèche.
En ce qui concerne h (l’épaisseur de la lamelle), nous avons pris plusieurs épaisseurs standard
existantes. Ces dernières feront varier la flèche et la largeur. » (Rapport final, p.20)
49
σm est la limite élastique du matériau.
120
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
450 80
411,429
Figure 24. La largeur en fonction de la flèche Figure 25. La largeur en fonction de la flèche
pour l’effort de la portance. pour l’effort de la traînée.
La raison d’être de ces deux graphes n’est pas évidente. On s’attendrait d’abord, vu
que les étudiants cherchent à maximiser la flèche, à ce qu’ils cherchent plutôt à étudier
l’évolution de la flèche en fonction de la largeur. Mais surtout, l’expression de la flèche nous
donne à voir une fonction inversement proportionnelle à b, lorsque toutes les autres variables
sont fixées, puisque y=4FL3/Ebh3. La croissance des graphes résulte donc du fait que les
points obtenus correspondent à des valeurs différentes de h. On peut alors se demander si
l’utilisation d’Excel et la facilité avec laquelle ce logiciel permet de générer des
représentations graphiques à partir de tableaux de valeurs n’est pas la source principale de ce
type de représentation. En effet, dans le tableau Excel fourni, les colonnes relatives à y et à b
sont contiguës et la colonne relative à y est à gauche de celle de b. Ceci peut induire le tracé
d’un graphe (largeur/flèche) pour voir.
Les étudiants souhaitent, on le sait, maximiser la flèche, tout en restant dans des limites
raisonnables pour les valeurs de cette flèche. Pour piloter ce choix, les tableaux donnés en
annexe semblent a priori plus efficaces. Comment les étudiants ont-ils procédé en fait ?
Dans le rapport final, à la suite des graphes, ils écrivent :
« D’après le tableau (cf. annexe) et les deux courbes (ci-dessus figures 24 et 25), nous pouvons
remarquer plusieurs points. D’une part, l’aluminium n’est pas le matériau adéquat. En effet, au
moment où la flèche devient exploitable pour une bonne plage de mesure, les autres dimensions
de la lamelle deviennent aberrantes au niveau de l’encombrement.
(Ces dernières sont écrites en rouge dans le tableau). A l’inverse lorsque les dimensions
deviennent « raisonnables », la flèche n’est pas assez importante pour une bonne plage de
mesure. En effet, si l’on souhaite augmenter la précision de notre lecture du déplacement il faut
trouver un bon équilibre entre la flèche et l’encombrement.
D’autre part, on remarque que l’acier offre un bon compromis puisque, dans les deux cas de
mesure de force (portance et traînée), nous trouvons une flèche « correcte » pour une lecture de
la mesure et une largeur réalisable à la conception ». (Rapport final, p.21)
Comme les graphes (figures 24 et 25), ne concernent que l’acier, il semble difficile
qu’ils puissent montrer que l’aluminium n’est pas un matériau adapté. Ceci conduit à penser
qu’ils ont eu une fonction surtout illustrative et de communication et que c’est sur la base du
tableau annexé au rapport final (Tableau 6) que s’est effectuée la sélection. On y remarque en
effet que les largeurs de lames associées à l’aluminium sont bien trop grandes. Vu la taille de
121
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
ces valeurs, on est amené à se demander comment elles ont été obtenues. En fait, b pour
l’aluminium a été calculé avec une limite d’élasticité de 20, tandis que pour l’acier, elle était
prise de façon plus raisonnable à 210 (en Mpa).
F m e s u r e F th (N) F réel (N) L (mm) E (Mpa) h (mm) y ( m m ) b ( m m ) Sigma (Mpa) rendement glissière Matériau
Acier
12 12 300 210000 1 60,000 102,857 210 1
12 12 300 210000 1,25 48,000 65,829 210 1
Portance
Alu
12 12 300 70000 1,25 13,714 691,200 20 1
12 12 300 70000 1,5 11,429 480,000 20 1
12 12 300 70000 1,75 9,796 352,653 20 1
2 2 300 210000 0,5 120,000 68,571 210 1
2 2 300 210000 0,75 80,000 30,476 210 1
Acier
2 2 300 210000 1 60,000 17,143 210 1
2 2 300 210000 1,25 48,000 10,971 210 1
Traînée
C’est bien à partir de ce tableau qu’est choisi le matériau : l’acier et les largeurs de la
lame : 65,8 pour la mesure de l‘effort de portance et 30,5 pour la mesure de l’effort de traînée
comme le confirme l’annexe au rapport final :
« Le tableau ci-dessus exprime les valeurs de flèches et largeur calculées à partir de valeur fixée
pour chacun des deux matériaux. Il apparaît de manière explicite que certaines valeurs calculées
sont aberrantes (surlignée en rouge). D’autre part, certaines d’entre elles, ne permettent plus de
vérifier la théorie de la poutre compte tenu des dimensions. Seule les valeurs (surlignées en vert)
ont retenu notre attention. A partir de ces calculs, nous avons donc retenu les dimensions d’une
seule lamelle en fonction du matériau. » (Annexe au rapport final, p. 48)
122
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Les étudiants calculent finalement, pour les deux largeurs choisies (et on peut
s’étonner que ces dimensions ne fassent pas l’objet d’un arrondi) et les épaisseurs associées
des lames : 1,25mm pour la lame associée à la mesure de l’effort de portance et 0,75mm pour
la lame associée à l’effort de traînée, et des lames en acier de 30cm de long, les flèches et de
la contrainte maximale σm pour des valeurs de l’effort allant de 1N à 12N par pas de 1N pour
la portance et de 0,1N à 2N par pas de 0,1N pour la traînée. On peut penser qu’il s’agit de
s’assurer que, dans les intervalles d’effort qui ont été estimés, on ne dépasse pas avec les
choix de lame effectués la contrainte maximale autorisée pour le matériau choisi. Les calculs
effectués montrent que la limite d’élasticité donnée de 210 pour ce matériau n’est en effet pas
dépassée. En fait, si c’était le cas, puisque σm est proportionnel à F, il suffirait de faire le
calcul pour la valeur maximum de la portance. De fait, la raison d’être de ces calculs n’est
pas claire dans l’annexe du rapport qui indique seulement que : « C’est alors, à partir de ces
dimensions, que nous allons faire varier la plage d’effort afin de déterminer la précision de
notre lecture. » Le rapport lui-même indique que ce calcul a été fait et fournit deux courbes
donnant l’évolution de la flèche (désignée par évolution du déplacement) en fonction de
l’effort de portance, sans les commenter. Comme la flèche est proportionnelle à F, on a un
tracé linéaire.
60
100
Deplacement (mm)
50
Deplacement (mm)
80
40
60
30
20 40
10 20
0 0
0 5 10 15 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5
Force (N) Force (N)
123
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
fixant pas toutes les variables sauf une. On peut faire l’hypothèse qu’il s’agit là d’une
situation de prise de décision nouvelle pour eux, très loin des calculs bien calibrés de
résistance des matériaux qu’ils ont pu avoir à faire dans l’enseignement de cette discipline.
Ils n’arrivent pas à justifier vraiment par rapport à la composante théorique de la technologie,
la pertinence des valeurs trouvées. Et comme dans ce projet, la vérification expérimentale n’a
pas lieu, les justifications données dans le rapport final ne peuvent pas se nourrir d’une
validation pragmatique.
Comme nous l’avons précisé, l’expert à qui ils ont présenté le rapport intermédiaire
leur a conseillé de choisir plutôt des lames triangulaires et leur a fourni les références
concernant les capteurs à jauges extensométriques (cf. annexe). Dans le rapport final, les
étudiants étudient donc cette possibilité de solution.
b b
L
F
Figure 28. Schéma de lames en triangle. Figure 29. Schéma d’isoflexion de lames en
triangle.
« Légende : L= distance force encastrement.
b = largeur à l’encastrement.
e = épaisseur de la lame.
F= Force appliquée (au sommet).
ε1= indication de l’allongement de la jauge placée longitudinalement.
ε2= indication de l’allongement de la jauge placée transversalement.
f = flèche en bout de lame.
Avec :
6FL 6FµL 6FL3
ε1= 2
ε2= - f= » (Rapport final, p. 23)
Ebe Ebe 2 Ebe 3
On notera que les notations utilisées sont celles de l’ouvrage sur les capteurs fourni
par l’expert.
124
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
tâche est annoncée dans le premier entretien (semaine 3 du projet). Nous avons alors mené un
entretien auprès de l’étudiant E2 la semaine quatre du projet, la première technique
(technique 1) mise en œuvre nous est montrée. Cette technique ne figure pas dans le rapport
final. Dans ce dernier figure une autre technique que nous appelons technique 2. Nous
reproduisons d’abord les calculs et le schéma associé (figure 30) à la technique 1 et ensuite
nous présentons la technique 2.
Technique 1 :
b J1 F
J2
e J1 =jauge longitudinale
J2= jauge transversale
L
Figure 30. Schéma des lames en triangle et en isoflexion.
L’étudiant signale que les déformations (ε1, ε2) seront calculées pour les efforts de
portance et de traînée dont les valeurs critiques sont F=0,14 et F=11,47 :
• portance Fmin=0,75 et Fmax=11,47
• traînée Fmin=0,14 et Fmax=2,31
La limite élastique est ensuite calculée pour chaque jauge. Cette limite doit rester plus
petite que 1/10 de la limite élastique du matériau. Dans ce cas, le matériau choisi est
l’aluminium et sa limite élastique prise est σ e ≈ 210Mpa (210 N / m 2 ) . Les calculs montrés
sont les suivants :
Pour F=0,14
Et les paramètres suivants :
e= 1,5mm (1,5 x 10-3m)
b= 100
L= 150
125
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
a) Pour F=11,47N
6 ×11,47 ×150
ε1 = = 6,55×10− 4 mm
70000 ×100 × (1,5)
2
− 6 × 0,3×11,47 ×150
ε2 = = −1,97 ×10− 4 mm
70000 ×100 × (1,5)
2
6 × 0,75×150
ε1 min = = 1,1×10− 5 mm dont
70000 ×100 × (3)
2
Donc pour mesurer la traînée nous avons une lamelle comme celle de la figure 31.
126
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
100 mm
150 mm
20 mm
Figure 31. Schéma de la lamelle en triangle.
Le coefficient de sécurité qui est fixé à 1/10 peut-être compris comme évitant la
fatigue du matériau. Notons que pour les calculs la valeur du module de Young E de 70000
est effectivement celle de l’aluminium. Concernant la limite élastique de ce matériau, il y a
une confusion : la limite élastique de 210Mpa est la limite de l’acier et non celle de
l’aluminium, qui est de l’ordre de 70Mpa. Cette confusion ne pose pas de problèmes pour les
calculs puisque le dixième de la limite élastique de l’aluminium est de 7Mpa donc plus petite
que celle de l’acier qui est de 21Mpa.
Les déformations des jauges sous F=0,14 ne dépassent pas la limite élastique considérée et
l’étudiant poursuit la réalisation du calcul pour F=11,47.
« Ensuite j’ai pris la valeur critique maximale c’est F=11,47 avec une épaisseur de 1,5mm et
donc j’ai fait le même calcul. J’ai trouvé σ1=45,85Mpa et σ2=1,972 x 10-4. Et sachant que le σ
de l’aluminium est de 210Mpa. Parce qu’il y a différents aluminiums ça dépend des alliages, j’ai
fait une moyenne en gros et j’ai pris 210Mpa et donc σ/10 est 21Mpa (210N/m2). On voit qu’on
est largement supérieur, ça veut dire qu’on dépasse le dixième de la limite élastique du matériau.
Ca veut dire que les valeurs qu’on va avoir par la suite ne vont pas être très cohérentes. »
(Explication orale lors d’un entretien, phase 2)
127
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
l’étudiant ne semble pas être convaincu de cette solution, lorsqu’il signale qu’une des lames
aura une épaisseur de 1,5mm et l’autre de 3mm.
« […] j’ai redimensionné la lamelle j’ai pris une épaisseur plus importante, j’ai pris 3mm, j’ai
refait le calcul et je trouve σ=11,47 donc est en dessous de 21Mpa donc c’est bon, là c’est passé.
Par contre, ça veut dire que j’ai une lamelle qui fait 1,5mm d’épaisseur pour la mesure de la
traînée et j’ai une lamelle qui fait 3mm d’épaisseur pour la mesure de la portance et comme la
force minimale de la portance est 0,75N. J’ai quand même fait un calcul avec l’épaisseur de
3mm pour voir si on pouvait voir quelque chose, et donc j’ai fait le calcul et ça fera 0,75Mpa
donc sera mesurable, c’est de l’ordre de micromètres. » (Explication orale lors d’un entretien,
phase 2)
Notons que les calculs sur les valeurs minimale et maximale de traînée et de portance
permettent d’assurer que les déformations de jauges sont mesurables. Ces calculs ont donc le
rôle de justifier et légitimer la solution proposée. La technique utilisée se voit limitée
puisque, à la place du critère de l’expert qui est que ε max doit être 10-3 et qui est moins
sensible aux contraintes sur σ car dit-il on peut choisir des aciers spéciaux par exemple ayant
des limites d’élasticité plus élevées, c’est la contrainte de la limite de σ ≤ 21Mpa qui est
imposée. La justification de la technique portant sur la fixation des valeurs et laissant
seulement une variable, reste implicite puisqu’on ne sait pas pourquoi c’est l’épaisseur est la
variable choisie.
Remarquons que la technique du calcul de la flèche est abandonnée, cela peut être dû
au fait que les étudiants emploient la technique proposée dans l’ouvrage fourni par l’expert.
La technique du calcul de flèche était possible, on le présente ci-dessous, mais ce calcul n’est
nullement demandé dans le cadre du projet, il est considéré inutile par l’expert.
Il faut calculer Iz qui cette fois n’est pas constant puisque la largeur du rectangle de la section
d’abscisse x est b(L-x)/L. On en déduit par intégration que Iz(x) = h3b(L-x)/12L. Quand on
écrit l’équation différentielle, le facteur L-x de Iz se simplifie avec le L-x qui est associé au
moment de la force F et on arrive à y’’=12FL/Ebh3 d’où par double intégration la valeur de la
flèche : 6FL3/Ebh3 qui est la valeur donnée dans l’ouvrage cité.
Technique 2
« Notre démarche, dans ce cas, de dimensionnement va être la suivante :
-Nous allons déterminer la déformation maximale de la jauge elle-même.
-Ensuite, déterminer l’épaisseur en fonction des autres dimensions et de la déformation ε avec la
formule ε1 présentée précédemment. » (Rapport final, p.24)
128
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Tout ce qui est réalisée ne fonctionne pas comme ils le rapportent dans la conclusion
de cette solution mise dans le rapport final :
« Cette solution était un bon compromis facilité de mise en œuvre et précision dans la mesure.
Cependant, il est évident qu’il est nous est impossible de pouvoir mettre en place de telle lames
aux vu des dimensions calculées. Ces dernières, sont beaucoup trop fine pour pouvoir satisfaire
les exigences de notre conception. En effet, elles succomberaient sous l’effet de leur propre
poids, rendant, ainsi impossible tout type de lecture de la mesure. » (Rapport final, p.25)
Analysant les calculs effectués dans cette technique 2, on peut se demander à quoi
sert aux étudiants de calculer l’allongement de la jauge pour ensuite faire la différence ainsi
que le rapport et retomber sur le 5% dont ils sont partis. Il semble qu’ils ont besoin de
signifier le 5% d’allongement en termes physiques : qu’est-ce que ces relations ε=5% = ∆L/L
veulent dire concrètement ? Les premiers calculs permettent ainsi de déterminer la longueur
initiale de la jauge ainsi que celui de son allongement, ils reviennent ensuite au départ pour
s’assurer que ces valeurs correspondent à ce 5% initial.
Si on fait les calculs avec les valeurs indiqués, F=12N, E=210000 module de Young
pour l’acier, b=100 et L=150, on trouve que e = 0,101mm. On se demande comment ils
50
La notation ici présentée est celle utilisée par les étudiants dans le rapport intermédiaire.
129
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
passent de 1,08.10-8 à e=0,000104m puis à 0,103mm. Pour l’aluminium, avec une largeur de
1cm on trouve e de 56mm, ce qui est convenable.
On voit une grande difficulté à adapter la technique à une autre voie que celle de fixer les
valeurs de b et de L, c'est-à-dire à varier les dimensions de leur triangle. Cette difficulté les
amène à choisir des jauges spéciales dites à grand allongement à 5% et non celles standard à
10-3, qui sont proposées par l’expert.
Ils cherchent une solution pratique et ne questionnent pas la technique utilisée. Cela les
amène même à conclure que la solution de lames en triangle ne peut pas être mise en œuvre
car elle ne permet pas de mesurer les efforts. Ils reviennent donc à la première solution
proposée, celle de lames rectangulaires, en cherchant cette fois à optimiser la largeur de la
lame sous la contrainte de respecter la limite d’élasticité du matériau.
Ils font varier la largeur entre 30 et 100mm et calculent le σ correspondant et
comparent au σe donné pour le matériau divisé par 10. Des graphiques sont fournis pour les
différents cas (portance, traînée, acier, aluminium). Seul le cas de la traînée avec l’acier est
sans problème puisque toutes les largeurs conviennent à partir de 30mm. Ceci les conduit à
se décider pour des lames en acier et à assouplir leur contrainte en passant à un coefficient de
sécurité de 3,5 (au lieu de 10) qui selon eux « reste dans les hypothèses de la RDM ».
Finalement les dimensions choisies pour les lames sont : effort de portance (300, 50, 3) et
effort de traînée (300, 30, 2). On notera que la longueur est la même mais que l’épaisseur a
aussi varié. On peut supposer qu’il y a eu des bricolages pour faire rentrer la mesure des
efforts de portance dans les limites de l’épure. Encore une fois, il y a accumulation de
graphes et tableaux en fixant tout sauf une variable, mais pas d’anticipation et régulation par
la compréhension des dépendances.
Nous avons présenté ci-dessus une analyse praxéologique des trois tâches dont les
tâches, techniques et justifications montrées sont celles fournies par les étudiants. Elles sont,
comme on l’a vu, très différentes de celles de l’expert et aboutissent au rejet de la solution
que celui-ci préconise. Il nous a donc paru particulièrement intéressant de voir comment les
étudiants avaient présenté leurs choix et les avaient justifiés lors de la soutenance orale qui en
constitue l’évaluation institutionnelle, et comment ce travail avait été reçu sachant que
l’expert qui les avait conseillés était membre de ce jury.
Nous revenons d’abord sur les arguments présentés par les étudiants à l’appui de leurs
choix successifs de lames dans les entretiens avant d’en venir à la soutenance elle-même en
distinguant deux parties : présentation des étudiants et interventions du jury.
130
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
C’est aussi cette expérience mais sur un plan plus théorique qui les conduit, sans
doute par une analogie praxéologique, à se donner pour tâche de calculer la flèche et la
déformation maximale, un calcul classique dans l’enseignement de résistance des matériaux,
contrairement à la tâche que se donne l’expert.
L’entretien 2 confirme donc (voir citation ci-dessus) que c’est bien l’intervention de
l’expert qui les a amenés à modifier leur choix. Il montre aussi que les étudiants se sont
appropriés les arguments de l’expert mais que, en revanche, pour eux, passer de lames
rectangulaires à des lames triangulaires revient à refaire complètement les calculs, non à les
adapter comme nous en avons montré plus haut la possibilité, et qu’ils n’anticipent pas la
proximité des formules. Les trois extraits ci-après en témoignent :
« E4 de toute façon Jeff (E2) les formules elles ne sont plus d’actualité on va mettre un triangle
à la place du rectangle c’est plus les mêmes calculs, les calculs vont changer
E2 justement avec la formation qu’on a eue récemment
E4 on va changer la géométrie de la lame, en fait, les calculs ne sont plus les mêmes »
(Explication orale des étudiants lors de l’entretien sur la base du rapport intermédiaire, phase 2)
C’est l’étudiant (E2) qui explique que la raison du changement vient de la recherche
de mesures plus précises des efforts :
« E2 c’est plus des lames comme ça, c’est un triangle […] les contraintes elles sont d’iso
flexion sont toutes les mêmes dans le triangle donc c’est pour être sûr d’avoir les bonnes valeurs,
alors que par exemple dans cette lamelle-là, si on décale un petit peu le point d’appui, si on
n’est pas dans la ligne moyenne de la lamelle on risque de faire un peu de torsion et donc on ne
peut pas mesurer » (Explication orale des étudiants lors de l’entretien sur la base du rapport
intermédiaire, phase 2)
Et E3 confirme :
« E3 […] on avait prévu de mettre une jauge vers l’encastrement à une certaine distance r,
malheureusement il est presque impossible de mettre à la bonne longueur parce que les jauges
sont très petites et avec la collage et tout ça, elles sont jamais bonnes. On va utiliser donc un
autre profil comme ça (référence au triangle), bah en théorie voilà avec le même effort, c’est
toujours pareil, là par contre il faut mettre les jauges. Il n’y a pas de longueur donc le système
d’encastrement à 80 degrés et par contre on peut le mettre où on veut, il n’y a pas de longueur à
respecter. » (Explication orale des étudiants lors de l’entretien sur la base de rapport
intermédiaire, phase 2)
II.5.2 Les calculs erronés font revenir à la solution des lames en rectangle
Les deux techniques employées pour réaliser le dimensionnement des lames en
triangle dont nous avons déjà mis en évidence les limites aboutissent au même résultat : une
épaisseur très petite incompatible avec celle des matériaux disponibles à l’IUP et avec la
131
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
pratique. Les étudiants sont alors amenés à revenir à la première solution, celle des lames
rectangulaires. Dans le premier entretien mené auprès de l’étudiant E2, il nous explique
pourquoi les résultats obtenus pour cette tâche prouvent que la géométrie en triangle ne
convient pas pour la solution proposée :
« En fait, il s’est avéré en refaisant les calculs parce qu’on s’est trompé dans les calculs. En les
refaisant il s’est avéré que en fixant les paramètres comme la longueur, la force, encastrement,
la largeur d’encastrement base (tac). Ca nous donné des épaisseurs de : 0,1mm ou 0,2mm donc
ce n’est pas possible. De métal de 0, 1mm c’est possible mais c’est une feuille rien que son
poids ça fléchit tout seul. En changeant la variable L, en changeant juste ça, j’ai fait un petit
graphe pour voir que l’épaisseur monte avec la distance force encastrement et qu’on n’atteint
même pas 0,25mm d’épaisseur. Ensuite j’ai fait varier la variable b, donc la largeur
d’encastrement donc là pareil, plus la largeur d’encastrement augmente, plus l’épaisseur
diminue donc ça ne va pas. On voit que on arrive à 0,1 ça ne va pas non plus. J’ai fait varier les
deux variables en même temps (L, b) et là on voit que c’est pareil pour au dessous d’un
millimètre. » (Explication orale de l’étudiant lors de l’entretien, phase 2)
On voit à partir de cette description de la technique que cette dernière n’est pas
questionnée. On voit aussi que les étudiants ne font toujours aucune analyse qualitative des
dépendances ce qui leur permettrait de raisonner les calculs. L’étudiant modifie d’abord une
variable, puis une autre, puis les deux en même temps. Il confirme également le rôle d’appui
joué par les nombreuses représentations graphiques utilisées. La cohérence des résultats
obtenus le conduit à revenir à la première solution, dans laquelle « les calculs sont bons »,
comme il le souligne dans cet extrait d’entretien :
« …j’ai reparti sur la lamelle rectangulaire et là en fait, on voit que ça passe mieux. Alors, dans
le tableaux j’ai mis la force en newton je fait varier de 0,14N notre force de traînée la plus bas à
12N notre force de portance le plus haut. L est la longueur de la lamelle, j’ai mis 20cm
(200mm), l est la longueur entre la force et l’emplacement des jauges je l’ai mis à 3cm du bord
d’encastrement, E c’est l’acier module d’Young, j’ai mis l’acier et ça c’est la largeur donc j’ai
mis 70mm. […] L’épaisseur j’ai mis 2mm, ensuite j’ai calculé la flèche pour une formule qu’on
a en fonction de tous les autres paramètres. J’ai calculé σmax dans le matériau, le ε atteint c'est-à-
dire l’emplacement que les fils vont atteindre en fonction de la flèche maximale. Parce que il ne
fallait pas que on se déplace plus que le déplacement de la jauge, qui est de 0,05. Et c’est pareil,
quand on va faire des mesures avec des jauges on doit rester à la limite élastique du matériau
divisé par 10 donc un coefficient de sécurité de 10 donc ce qui me ramène à 21 Mpa, ça veut
dire que σmax ne doit pas dépasser 21,
En fait remarque que arriver à 10N je dépasse 21,4. Ce n’est pas grave parce je suis à σ/10 donc
ça veut dire que ma limite élastique est 21Mpa et là je suis à peine à 21Mpa. Donc ça passe
carrément… »
132
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
dimensionnement des lames joue effectivement un rôle important dans ce projet, et qu’il
combine différentes tâches : choix de matériau, étude des deux types de lames. Le jury
questionne les étudiants sur ces trois tâches suivant le même ordre et il met en évidence que
différents éléments doivent être pris en compte au-delà des seuls calculs effectués. Pour le
choix de matériau, c’est le cas notamment du traitement thermique, comme on peut le voir
dans l’extrait suivant :
« J3 Pour le choix de matériau, ce qui m’intéresse, qu’est-ce que vous avez choisi ?
E3 Comme matériau au choix il y avait le polyaluminium et il y avait l’acier et l’aluminium, qui
auparavant étaient des matériaux classiques.
J3 D’accord, et vous avez choisi quoi ?
E3 Nous, avec le dimensionnement qu’on a établi, ça sera l’acier
J3 Quel acier ?
L’étudiant E1 donne une référence d’acier inexistante
J3 Ca pose des problèmes parce que, rappelez-vous, l’acier a des caractéristiques qui nécessitent
un traitement thermique, traitement thermique de l’acier que vous deviez faire…
E1 On ne s’est pas plongé sur ce problème de conception parce que déjà on s’est orienté dans
une première solution et il s’était avéré que cette solution... » (Extrait de la soutenance orale du
projet)
Les étudiants répondent que le traitement thermique n’a pas été fait, parce que la
solution vers laquelle ils se sont orientés n’a pas été convenable (référence aux lames en
triangle). Le jury souligne alors que l’inadéquation de cette solution est sans aucun doute due
à des erreurs dans les calculs :
« J3 C’était quelle solution ?
E4 Les lames en isoflexion
[…] J3 La lame en isoflexion, elle, on ne peut pas la mettre, alors qu’on peut mettre la lame
rectangulaire... ça tient moins de place ?
E1 ce n’est pas le problème, le problème qui s’est posé avec cette lame-là, c’est qu’il se trouve
que… par rapport à notre machine on trouve par exemple, que si on fixe la base et la hauteur de
cette lame qui corresponde à un triangle, il s’est trouvé… qu’on avait une épaisseur de 0.1 mm,
ce qui est infaisable...
J3 Ecoutez, soyons raisonnables, si vous avez mis une lame rectangulaire et si vous l’avez
trouvée compatible, la lame rectangulaire à l’endroit où vous mettez les jauges c’est la même
que celle-là, à un certain moment, du point de vue de la sensibilité. Donc si la sensibilité est
bonne pour la lame rectangulaire, nécessairement vous avez la même épaisseur pour ces jauges-
là... ou la rectangulaire ne passe pas ou les deux passent. Et la seule conclusion est que vous
vous êtes plantés dans les calculs mais cela peut arriver. » (Extrait de la soutenance orale du
projet)
133
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
pour la longueur du rectangle, et une base de 10cm au lieu de 3cm pour la largeur du
rectangle. Ces choix affectent leurs calculs. A ceci s’ajoute la valeur limite prise pour ε, de
5% au lieu de 10-3 pour l’expert et l’on sort des limites de l’épure.
134
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
aux travaux pratiques. La première tâche ainsi proposée par les étudiants l’est par analogie à
ce qui a été fait dans la formation et ceci les conduit à proposer une tâche qui n’est pas
pertinente pour le projet. Ceci est dû au fait que les tâches proposées dans la formation et
même dans les travaux pratiques ne sont pas de même nature que celles du projet.
On retrouve ici le résultat souligné par Kent et Noss (2002), l’expérience modifie le
besoin d’expliciter les mathématiques. Ces auteurs montraient que le travail mathématique
affecté à des ingénieurs experts ne demandait pas l’explicitation des mathématiques comme
celui affecté aux jeunes diplômés. Dans ce projet, l’expert à la différence des étudiants a
tellement intégré les connaissances mathématiques qu’il n’exprime plus ce besoin de les
expliciter.
La deuxième tâche réalisée par les étudiants est celle suggérée par l’expert. Les
motivations exprimées par les étudiants semblent avoir complètement intégré celles de
l’expert, cependant les étudiants manquent de contrôle dans la technique et ils n’aboutissent
pas. La technique à l’oeuvre fait intervenir des relations fonctionnelles avec de nombreuses
variables, contrairement à l’expert, les étudiants font intervenir le calcul numérique dont le
tableur est utilisé comme un moyen d’exploration et de contrôle. Ceci semble, en plus, être
motivé par le contrat du projet dont les graphes sont vus comme un élément de contrôle et
d’évaluation de la technique. Le manque d’un critère pour effectuer les calculs numériques,
d’une étude qualitative de la dépendance de la relation fonctionnelle et une interprétation non
adéquate des résultats obtenus fait rentrer les étudiants dans une situation de conflit. Pour la
confronter la validation théorique et pratique sont des fonctions qui doivent être accessibles.
Cette complémentarité des validations théoriques et pratiques a été également mise en
évidence par Noss et al. (2000), dont les praticiens font intervenir des connaissances pratiques
et mathématiques pour faire face à des situations non habituelles (break-down) dans la
pratique.
Par ailleurs, l’étude qualitative des relations fonctionnelles n’est pas jugée noble pour
faire partie de l’enseignement mathématique ni des disciplines intermédiaires à ce niveau
d’enseignement, ce qui pénalise notamment ces étudiants.
135
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Figure 32. Schéma de perturbations Figure 33. Perturbations sur la Figure 34. Calcul des
déformations provoquées
en vol. surface en plan d’aile.
par des vibrations.
51
« Ecoulement laminaire : le mouvement d'un fluide est qualifié d'écoulement laminaire lorsqu'il peut se
poursuivre sans agitation, comme par couches parallèles entre lesquelles ne s'effectuent que peu d'échanges
significatifs de parcelles de fluide : les molécules du fluide, au sein de ces couches, suivent alors des trajectoires
voisines où les vitesses ne subissent pas de variations marquées, et les lignes de courant, dans un tel mouvement,
semblent se disposer en feuillets parallèles. Ce type d'écoulement, pour le fluide considéré, correspond à des
valeurs suffisamment faibles du nombre de Reynolds. » (Annexe 2 du rapport intermédiaire, p. 30)
136
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
2) Conception
- recherche de solutions existantes ;
- recherche de solutions adaptées à notre cas ;
- recherche de solutions de mesure ;
- choix d’une solution mécanique ;
- détermination de la plage de mesure des vibrations ;
- choix d’une solution de mesure adaptée ;
52
Ce découpage est présenté dans le rapport intermédiaire suivant les phases de réalisation. Pour ce document
nous considérons les tâches associées à chaque partie, excepté la phase de réalisation, comme dans le rapport
intermédiaire.
137
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
3) Fabrication
- préparation du modèle CAO du profil d’aile final et de son moule ;
- création du programme de MOCN (machine-outil à commande numérique) ;
- usinage du moule ;
- -moulage de l’aile.
L’article porte sur une étude d’un cylindre « de diamètre D, plongé dans un fluide
incompressible visqueux (masse volumique ρ et de viscosité ν ), en écoulement uniforme
avec une vitesse à l’infinie U ∞ telle que Re = U ∞ D /ν = 325 53 » (Loret et al. 2003, p.2).
Cette étude est consacrée en grande partie à l’utilisation de méthodes numériques permettant
de déterminer le comportement du cylindre dans le fluide. Ce document semble établir un
« guide » de développement du projet pour les étudiants. Dans l’article, les outils
mathématiques sont explicites, ainsi que leur association aux modèles physiques utilisés.
Cependant, à la différence de l’article, dans le projet il doit y avoir la conception et
réalisation d’une phase expérimentale. La coordination des outils théoriques, des calculs
mathématiques et du travail expérimental est donc à mettre en place.
Notre analyse porte plus particulièrement sur trois tâches de la conception du projet
qui sont :
Tâche 1. Etude théorique des phénomènes de vibration
Tâche 2. Déformation d’une poutre
Tâche 3. Calcul de déformation d’une aile d’avion
Ces tâches sont analysées en deux parties : la première concerne la tâche 1 qui fait
intervenir l’analyse dimensionnelle et la deuxième les tâches 2 et 3 qui sont effectuées avec
53
Re symbolise le nombre de Reynolds.
138
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Dans le rapport intermédiaire, ils précisent que leur étude porte sur un cylindre soumis
un écoulement laminaire (figure 35) et que, sous certaines conditions qui sont données telles
que vitesse de l’écoulement, taille et forme de la structure qui fait obstacle à l’écoulement
ainsi que viscosité du fluide, des tourbillons peuvent apparaître à l’arrière du cylindre (figure
36).
54
Ce cours est analyse car nous n’avons pas eu accès au cours de mécanique des fluides suivi par les étudiants
concernés.
139
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Figure 35. Ecoulement pour un faible Reynolds. Figure 36. Dépressions à l’arrière du cylindre.
« Nombre de Reynolds :
ρ .V . D V . D
Re = =
µ υ
140
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Ces schémas montrent que, plus le nombre de Reynolds est grand, plus les
phénomènes vibratoires sont importants. Les deux derniers décrivent deux régimes : sous-
critique (Re>2500) et sur-critique (Re<500 000).
L’autre nombre introduit est celui de Strouhal, qui est utilisé pour réaliser le calcul de
la fréquence d’émission des tourbillons. Les étudiants mettent en évidence que ce calcul est
très important pour pouvoir reproduire le phénomène de résonance :
« Ce nombre est connu pour un cylindre et vaut approximativement 0,2. De plus, il dépend de la
fréquence d’émission des tourbillons. Ainsi en faisant varier les différentes composantes du
« Strouhal » (vitesse du fluide et dimension du cylindre) nous sommes à même de déduire cette
fréquence. Or, nous savons que si la valeur de cette fréquence se rapproche de celle de la
fréquence propre […] de notre système, nous obtiendrons un état vibratoire important et
facilement détectable. Il ne reste ici qu’à déterminer la fréquence propre et déterminer les
valeurs concordantes de nos fréquences respectives puis nous pourrons déduire les conditions
(vitesse du fluide, dimension du cylindre) à remplir pour provoquer ce phénomène vibratoire. »
(Rapport intermédiaire, p.11)
141
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
« Dans le cas de l’aile nous prenons à la place de D le terme b qui est sa dimension transversale
à l’écoulement, c’est-à-dire son épaisseur. » (Annexe 1. Rapport intermédiaire, p.28)
Ils fournissent ensuite des schémas correspondant à ceux associés au cylindre, dont la
source n’est pas indiquée, soulignant l’analogie avec ce cas particulier (figures 40 et 41) :
« En effet, nous avons le même phénomène pour une aile d’avion et c’est ce cas précis que nous
voulons étudier pour notre projet. Ainsi nous pouvons voir sur les schémas ci-dessous la
répartition des vitesses à la surface de l’aile et les turbulences. Ceci se rapproche du cas du
cylindre vu précédemment. » (Entretien mené pendant la semaine 3 du projet)
Figure 40. Régime laminaire sur le profil d’aile. Figure 41. Régime turbulent sur le profil d’aile.
L’étude du cylindre a donc permis aux étudiants notamment d’identifier des conditions
d’apparition de phénomènes de turbulence et de les relier au nombre de Reynolds, les
paramètres déterminant la fréquence d’émission des tourbillons et de les relier au nombre de
Strouhal, et d’envisager la généralisation via ces nombres adimensionnels à d’autres formes
géométriques. Avant d’analyser les éléments technologiques qui accompagnent l’introduction
de ces nombres, comme ces derniers font intervenir l’analyse dimensionnelle, il nous semble
important d’en présenter synthétiquement les fondements.
142
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
143
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Les nombres adimensionnels sont des rapports qui résultent de la comparaison entre
deux termes de l’équation de bilan (1). Le nombre de Reynolds est ainsi le rapport entre les
forces d’inertie et les forces visqueuses :
r r
ρV • grad V ρ 0U 02 / l 0 ρ 0U 0 l 0
r µ r µ U / l2 = µ
∝
µ∆V + grad divV 0 0 0 0
3
A partir des techniques d’estimation portant sur l’équation (1), quatre nombres
adimensionnels sont présentés : Strouhal (St), Froude (Fr), Euler (Eu) et Reynolds (Re).
D’autres nombres sont obtenus à partir de l’équation de l’énergie.
3) Description de la technique
Une description de la technique est présentée et appliquée ensuite à un exemple
portant sur une étude de l’écoulement d’un fluide isovolume dans une conduite cylindrique :
« On présente ici une analyse systématique aveugle fondée sur la dimension des variables
descriptives du problème étudié. Le principe fondamental repose sur l’homogénéité
dimensionnelle. Il faut :
1) recenser les variables du problème (intuition, expérience…)
2) former avec ces variables une équation hypothétique (généralement un développement
généralisé de type polynomial),
55
Les « variables typiques » telles que, la dimension de l’écoulement l0, la vitesse U0, la pression P0, la masse
volumique ρ0, la viscosité µ0, sont celles sur lesquelles les variables indépendantes varient de manière
significative.
144
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Remarquons que cette technique fait intervenir des mathématiques mais elle-même
n’est pas une technique mathématique. Certains gestes décrits ainsi que le contrôle de la
technique restent en effet à la charge de l’intuition et de l’expérience.
4) Théorème de Vaschy-Buckingham
Le théorème est annoncé comme un élément généralisateur de la méthode présentée.
« Théorème : Soit un phénomène décrit par un relation f(p1, p2,…, pn)=0 faisant intervenir n
paramètres indépendants. Si k est le nombre désigne le nombre de grandeurs fondamentales
nécessaires pour définir les paramètres p1, p2,…, pn alors la relation initiale peut être mise sous
la forme :
φ(Π1,Π2,…,Πn-k) = 0
Une autre technique plus systématique est ensuite proposée et même « recommandée » :
« On commence par choisir k variables dimensionnellement indépendantes parmi les p1, p2,…,
pn. On forme ensuite les groupes suivants :
Il reste finalement à déterminer les combinaisons qui rendent chacun de ces groupements sans
dimension. Il suffit pour cela d’exprimer les unités de chaque quantité pi en fonction des
grandeurs fondamentales [M, L, T, Θ] » (Cours de mécanique des fluides, pp.112-113)
145
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
5) Analyse de Similitude
L’auteur introduit l’analyse de similitude en décrivant d’abord la motivation, comme dans
le reste du cours, qui est liée cette fois aux conditions matériels et pratiques de l’étude sur une
maquette à échelle réduite :
« Pour des raisons de rentabilité, on ne peut guère envisager d’entreprendre des études
expérimentales d’écoulements sur des ouvrages en vrai grandeur. Il se pose aussi souvent des
problèmes de faisabilité subordonnés à des impératifs d’exploitation, des difficultés de contrôle
de paramètres dans le cas de phénomènes naturels…On cherche donc autant que possible à
travailler sur des écoulements de maquette à échelle réduite, et il convient donc d’établir des
lois des similitude » (Cours de mécanique des fluides, p.120)
Cette définition établie donc les conditions qui permettent de déterminer que deux
écoulements sont semblables et permet de dégager un résultat important : l’étude faite sur une
maquette est transposable à celle de l’aile réelle si les écoulements dans les deux cas sont
semblables. L’auteur insiste en détaillant les types de similitudes qui composent ce résultat :
« Il résulte de cette définition que si deux écoulements sont semblables, ils vérifient à la fois une
similitude géométrique (rapport d’échelle), une similitude mécanique (les grandeurs physiques,
dynamiques et éventuellement thermiques homologues sont similaires) » (Cours de mécanique
des fluides, p.120)
Les éléments ici présentés nous permettrons d’analyser dans la partie suivante les
éléments technologiques explicités par les étudiants.
III.3.3 Analyse des éléments technologiques explicités par les étudiants concernant la
tâche 1.
Pour analyser les éléments technologiques mis en place par les étudiants nous nous
appuyons sur les fondements de l’analyse dimensionnelle présentés ci-dessus et sur les
discours produits par les étudiants lors de l’entretien réalisé à la base du rapport intermédiaire
(cf. chapitre 4). Notre analyse est organisé par rapport aux deux parties de la technique :
l’étude de cylindre et la transposition à l’aile réelle.
a) Etude du cylindre
La motivation de l’étude du cylindre est celle de pouvoir déterminer les conditions
pour reproduire des phénomènes vibratoires. Les étudiants suivent la méthodologie employée
d’une part dans l’article de recherche mis à disposition et celle du document Internet. Dans ce
dernier, ils considèrent particulièrement la partie concernant les effets de Reynolds sur corps
cylindriques. Le discours technologique reprend les considérations citées plus haut concernant
146
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
l’analyse dimensionnelle avec une forte fonction de motivation et en combinant les deux
aspects vus dans la partie concernant la technique : obtention de relations des grandeurs et
similitude physique. Lors des entretiens, les étudiants mettent bien en évidence que cette
étude du cylindre fait intervenir notamment le nombre de Reynolds pour déterminer le régime
des turbulences, comme le dit l’étudiant E2 :
« E2 En fait le nombre de Reynolds est utilisé en général…très couramment pour ce type de
problèmes, c'est-à-dire un obstacle placé dans un écoulement et ça permet de prévoir, comme je
dis, les turbulences à l’arrière de l’obstacle mais après si on utilise le nombre de Reynolds, on
n’utilise pas forcement ce théorème-là [référence au théorème de Vaschy-Buckingham].
Les étudiants justifient l’étude du cylindre comme l’étude d’un élément plus simple
que celle du modèle réduit, permettant ainsi de comprendre le phénomène et d’être en mesure
de transposer les résultats de cette étude à celle de l’aile d’avion à travers le modèle réduit. La
légitimation de cette étude est trouvée à partir des documents consultés par les étudiants, ce
qui est remarquable est la tâche qu’ils se donnent pour justifier théoriquement leur travail.
147
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
d’aile (on prendra comme Cxp pour un bord d’attaque isolé celui d’un cylindre en sous-
critique56, soit Cxp=1.1) (L’aérodynamique et l’origine des traînées parasites, p.11)
Tourbillons
Les étudiants ne précisent pas, comme c’était le cas dans le cours cité, que les
équations de la mécanique des fluides utilisées sont celles de Navier-Stokes. Cependant, ils
justifient le choix d’utiliser l’analyse dimensionnelle pour les tâches du projet. Cette
justification est très proche de celle du cours de mécanique. Contrairement au projet 1, les
étudiants se donnent la tâche d’expliciter les éléments technologiques. On voit qu’ils
identifient les outils mis à disposition par le cours pour réaliser les tâches du projet. Le
descriptif synthétique de la méthode associée à l’analyse dimensionnelle est ainsi présenté
dans le rapport intermédiaire :
« Principe de la méthode
L’analyse dimensionnelle repose sur le théorème de Vaschy-Buckingham (théorème des Π cf.
annexe 1).
Il est important de savoir quels paramètres caractérisent le phénomène étudié et comment ils
interviennent (cf. annexe 1)
Les nombres adimensionnels considérés peuvent être générés à l’aide d’une matrice des
paramètres influents. Pour notre étude, le nombre adimensionnel est celui de Reynolds. »
(Rapport intermédiaire, p.12)
56
Cette phrase n’est pas mis en caractères gras dans le document original.
148
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
A partir de cette citation, on voit que le théorème est découvert à l’occasion du projet
et qu’il est cependant associé à des mathématiques. Les techniques mathématiques associées
149
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
À partir de cette citation, on voit que les étudiants valident la transposition de régimes
du cylindre à ceux du modèle réduit et de l’aile d’avion, à partir du caractère adimensionnelle
du nombre du Reynolds. Ils n’exposent pas les techniques qui permettent opérer la
transposition, mais ils évoquent que celles-ci peuvent être liées aux équations. Ce nombre de
Reynolds est strictement lié à l’écoulement et l’analyse dimensionnelle et le théorème à la
transposition modèle réduit–aile, qui sont, sans doute liées aux conditions de similitude et
similitude complète, comme on peut le voir dans la citation suivante :
« Condition de similitude
La taille géométrique du problème réel, doit respecter certaines conditions de fonctionnement
liant l’étude de la maquette et sa transposition au prototype. Cette solution, pour garder sa
généralité, sera toujours donnée sous la forme d'une ou de plusieurs équations
adimensionnalisées dans lesquelles apparaîtront des paramètres particuliers qui sont appelés
communément : nombres sans dimension.
Similitude complète
On dit qu’il y a similitude complète entre deux écoulements, c’est-à-dire l’écoulement autour de
la maquette et l’écoulement autour de l’aile réelle, s’il y a similitude géométrique entre ces deux
écoulements et similitude cinématique, c'est-à-dire si en deux points homologues les vitesses et
les accélérations ont des directions homologues et sont dans un rapport constant indépendant du
point considéré.
Soit : M1 (masse de la maquette), M2 (masse de l’aile réelle), V1 (volume de la maquette), V2
(volume de l’aile réelle), γ1 (l’accélération autour de la maquette), γ2 (l’accélération autour de
l’aile réelle). La similitude géométrique fixe le rapport V1/ V2, la similitude cinématique
impose le rapport γ1/γ2.
Nous avons aussi une similitude dynamique qui fixe le rapport ρ1/ρ2.
150
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Pour que la similitude soit complète, il faut que les trois rapports des forces de viscosité, des
forces de volume et des quantités d’accélération soient égaux, c'est-à-dire que les conditions de
Reynolds soient satisfaites. » (Rapport intermédiaire, pp.12-13)
Nous pouvons voir comme les éléments technologiques sont établis à différents
niveaux et font appel à des démarches différentes de validation. Le théorème de Vaschy-
Buckingham et la similitude relèvent d’une validation théorique, de l’utilisation du nombre
adimensionnel de Reynolds. Mais la formule mathématique qui exprime ce nombre est
également liée à une dimension expérimentale (point 4 ci-dessus : « effectuer quelques
expériences pour déterminer les coefficients constants qui subsistent dans l’équation »).
Les calculs de fréquences propres auxquels est associé le nombre de Strouhal sont
réalisés dans le projet à l’aide du logiciel ANSYS. Nous nous proposons d’analyser le rôle
des éléments technologiques intervenant dans l’utilisation de ce logiciel et de répondre à la
question suivante : comment cet outil modifie-t-il les besoins mathématiques ?
151
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
« […] on a un logiciel qui permet de faire ça, ça permet de calculer les contraintes et les forces
sur une pièce mécanique et entre autres ça permet aussi de calculer ce qu’on appelle la
fréquence propre de l’aile, c'est-à-dire que c’est une valeur qui va nous permettre justement
d’avancer dans nos calculs de vibrations. Etant donné que l’aile est une structure assez
complexe ça nous facilite les calculs ; faire ça à la main ce n’est pas évident du tout… »
(Entretien mené pendant la semaine 3)
La tâche que l’étudiant nous montre ici est une tâche classique pour l’étude de la
résistance des matériaux : le calcul de déformation d’une poutre encastrée d’une extrémité,
reposant sur appui à l’autre et soumise à une force appliquée au milieu de la poutre. Une fois
que la déformation de la poutre est calculée, l’étudiant fait une optimisation de la matière,
152
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
visant à déterminer la matière qui peut être enlevée mais en gardant la même résistance de la
structure. Cela est illustré par la figure suivante :
153
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Ces traces malheureusement ne sont pas suffisantes pour avoir accès aux praxéologies
mathématiques mobilisées par l’étudiant lors de la réalisation de la tâche. Lors de l’analyse
des données, nous avons demandé à un expert, en lui fournissant l’image de la figure 44, de
nous fournir les commandes nécessaires pour reproduire la tâche à l’aide du logiciel. A partir
de ces commandes, nous reconstruisons, ci-après la technique.
154
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Pour les préciser, il faut alors aller sur le menu material props, puis sur le menu material
models et enfin sur la chaîne d’options suivante : Structural>Linear>Elastic>Isotropic. C’est
dans cette dernière qu’on choisit le matériau et qu’on précise ses propriétés : EX (module de
Young), et PRXY (coefficient de Poisson), comme nous pouvons le voir sur la figure 45. Les
options du logiciel proposent un cheminement pour les types d’analyse, c'est-à-dire qu’une
fois l’analyse structurale linéaire choisie, nous pouvons seulement choisir l’option
« élastique ». Ce dernier propose encore trois possibilités (voir figure 45).
Nous pouvons donc construire le profil de l’aile. Définissons d’abord les 5 points
nécessaires pour le profil. Ces points sont définis en entrant leurs cordonnées cartésiennes (x,
y). Pour faire le contour de l’aile, les couples de points (1,5) et (1,2) sont liés par un segment,
et les points 2, 3, 4 et 5 sont liés par une courbe crée avec l’option « Bsplin » (figure 46).
155
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
L’étape suivante consiste à faire le maillage de la structure (figure 48), celui-ci est fait
en utilisant la commande « AMESH,1 » (maillage de l’aire 1) ; on définit ensuite les
dimensions des divisions du profil avec la commande « ESIZE ». Une fois le maillage crée,
on fait une extrusion (donner du volume) pour obtenir un solide ; le maillage est également
appliqué à ce dernier (figure 49).
/PREP7
ET,1,PLANE42 ! Define PLANE42 as element type 1
Choix d’éléments
ET,2,SOLID45 ! Define SOLID45 as element type 2 type
MP,EX,1,38000
MP,DENS,1,8.3E-5 Propriétés du
MP,NUXY,1,.3 matériau
AL,1,3,2
Aire du profil
ESIZE,.25
156
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
AMESH,1
ESIZE,,10 Maillage
TYPE,2
VEXT,ALL,,,,,10 Volume
/VIEW,,1,1,1
/ANG,1 Visualisation de
/REPEPLOT l’image
FINISH
[ K ]{Φ i } = ωi [ M ]{Φ i } où :
2
[K ] = matrice de rigidité ;
{Φ i } = matrice de vecteurs propres ou modes propres de i ;
Ω i = fréquence naturelle du mode i ( ωi sont les valeurs propres) ;
2
[M ] = matrice de masse.
La solution de ce système est trouvée à partir de l’application d’une méthode
numérique. Dans cette technique la méthode choisie est celle de sous-structures, option
« SUBSP » dans le logiciel. Cette méthode permet de traiter la structure comme un ensemble
de sous-structures. Les fréquences et les déformations sont calculées pour chaque sous-
structure. Nous allons choisir cinq sous-structures. La commande est « MODOPT,SUBSP,5 »
indiquant le type d’analyse, la méthode choisie et le nombre de sous-structures.
Les fréquences correspondantes à chaque sous-structure sont affichées sur une liste (voir
figure 50).
157
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Le logiciel permet de voir l’aile déformée pour chaque fréquence. Les déformations
produites avec une fréquence de 127,65Hz et de 236,20Hz sont présentées sur les figures 51
et 52 respectivement. Nous pouvons constater que ces déformations sont très différentes.
Figure 51. Déformation de l’aile avec une Figure 52. Déformation de l’aile avec une
fréquence de 127,65Hz. fréquence de 236,20Hz.
La figure 44, fournie par l’étudiant, montre la déformation produite par une fréquence
de 82,168Hz.
/SOLU
Choix de l’analyse
ANTYPE,MODAL ! Choose modal analysis type
et du nombre de
MODOPT,SUBSP,5 ! Choose the subspace mode-extraction method, sous structures
! extracting 5 modes
158
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
préciser les conditions adéquates pour l’analyse choisie. Par exemple, le logiciel offre de
nombreux « éléments types ». On peut trouver, avec l’aide du logiciel, un guide pour
développer une analyse dynamique dans laquelle huit « éléments types » sont proposés.
Le discours produit par l’étudiant pour cette phase correspond à la description de la technique
et c’est le suivant :
« Ce que je vais lui demander de faire, [référence au logiciel] c’est donc de me dessiner un
profil d’aile, après je vais lui demander de faire donc un maillage, c'est-à-dire que je l’ai extrudé,
j’en ai fait un volume, je vais lui demander de me le couper en petits morceaux pour le calcul, je
vais l’encastrer d’un côté, tu vois c’est une aile d’avion, donc forcement c’est fixé d’un côté »
(Description orale de la technique par l’étudiant)
Notons que dans ce discours les éléments technologiques ne sont pas mis en évidence.
Le maillage, par exemple, semble correspondre à une commande automatique qui ne demande
pas de faire des choix. Le maillage est pourtant une étape clé de la modélisation, il est lié à la
distribution des masses de la structure : mieux les masses sont réparties, plus les inerties
massiques s’approchent de la réalité (cette distribution pour l’aile d’avion sera difficilement
uniforme). Un maillage plus fin de la structure permet alors de trouver une solution plus
précise.
Lorsque l’étudiant fait un maillage de dix éléments (figure 48), certaines questions émergent :
combien d’éléments constituent une maillage adéquat ? La taille de ce maillage est-elle
convenable pour la réalisation de la tâche visée ?
Un utilisateur expérimenté du logiciel (ingénieur professionnel utilisateur du logiciel ANSYS)
remarque que la taille proposée est convenable : « En fait, on sent bien que si le modèle
n'avait que 2 éléments, les masses seraient concentrées en deux points au centre de ces
éléments et donc leur déplacement = énergie potentielle serait relativement fausses... En gros
la précision du maillage me paraît suffisante. » Notons que l’utilisateur expert ne produit pas,
lui non plus, un discours justificatif très argumenté. Il compare le choix fait à un choix qui
serait non satisfaisant mais on est très éloigné. Et il semble bien qu’il s’appuie sur des savoirs
d’expérience pour juger de la pertinence du découpage et n’éprouve pas le besoin d’un
contrôle plus fin.
Le discours de l’étudiant reste dans une description du geste : « je vais lui demander
[référence au logiciel] de me le couper en petits morceaux pour le calcul ».
L’étudiant n’hésite pas à faire un maillage de dix éléments, il n’exprime pas le besoin de faire
un autre maillage pour comparer les résultats ou même de l’envisager comme le fait l’expert.
La mise en œuvre de la technique ne présente aucun incident, l’aide du logiciel n’est pas
consultée et les gestes se suivent les uns après les autres. Cela montre une maîtrise de la
technique et une technologie associée complètement naturalisée, les choix semblaient être
validés par les réponses obtenues.
159
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Le travail mathématique associé à cette technique est totalement pris en charge par le
logiciel. De la même manière que dans la partie précédente, la technique est réalisée sans
incidents et la technologie semble être naturalisée. En revanche, cet extrait met en évidence
une technologie interprétative à un niveau phénoménologique.
Le logiciel est conçu par l’étudiant comme un outil performant permettant de résoudre
certaines tâches, comme le met en évidence l’extrait suivant :
« Tu vas aussi évaluer un matériel pour savoir si celui-ci résiste à la vibration ?
C’est un exemple de ce que tu peux faire, ça peut t’aider à déterminer un matériel pour résister à
un type de contrainte donnée. Ca peut aussi… si t’as déjà ton matériau prédéfini, ce logiciel
peut t’aider pour dimensionner ta structure. C'est-à-dire que la poutre que je t’ai montrée tout à
l’heure par exemple tu peux lui demander de modifier les dimensions, au mieux d’optimiser ta
poutre qu’elle soit à la fois la plus légère possible et en même temps qu’elle tient la force que tu
l’appliques.
Est-ce que pour le projet vous devez faire ça, un profil d’aile qui permet d’étudier certains…
[l’étudiant coupe et répond] Je vais m’en servir, justement pour calculer les vibrations de l’aile,
donc il y a plein de choses qu’on peut faire…
Pourquoi tu as choisi ce logiciel ?
C’est celui qui nous avons appris à utiliser, c’est le seul que je connaisse et qui sache faire ça »
(Entretien auprès de l’étudiant E2)
Dans cette dernière phrase, l’étudiant légitime son choix du logiciel, d’une part il sait
l’utiliser grâce à la formation et d’autre part il le considère apte pour les tâches du projet. Le
160
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
tuteur-client du projet affirme, dans l’entretien que nous avons mené auprès de lui, que
l’utilisation de ce logiciel par les étudiants ne doit pas, d’un point de vue institutionnel, être
utilisé en tant que boîte noire :
« Les étudiants de génie mécanique, normalement, ils sont suivi un cours sur les éléments finis,
donc c’est ce qu’utilise ANSYS, donc ils sont en principe capables de maîtriser en profondeur le
logiciel. Par contre les étudiants des licences GSI (Génie des Systèmes Industriels) n’ont pas le
recul pour utiliser le logiciel ANSYS parce qu’ils n’ont pas de cours d’éléments finis. En fait, si,
ils ont un cours d’éléments finis où ils font uniquement des calculs à la main donc ils voient
tous les problèmes qui va rencontrer le logiciel dans ses calculs. Donc, pour les licences Génie
mécanique comme E1 et E2, ils peuvent maîtriser et avoir du recul ; le logiciel c’est plus une
boîte noire, c’est un truc qu’ils maîtrisent, ils savent ce qu’ils vont trouver. » (Discours oral
produit par le tuteur lors de l’entretien)
Pour la première tâche les étudiants ont recours à trois documents de nature très
différente : un cours de mécanique des fluides pour l’étude de l’analyse dimensionnelle dans
une approche théorique, l’article de recherche fourni par le tuteur et un document Internet
pour justifier la méthodologie de l’étude de l’aile d’avion à partir d’un modèle réduit dans une
approche expérimentale. Notre analyse met en évidence que les étudiants font cette étude dans
le but de réaliser une adaptation d’éléments théoriques aux tâches du projet en essayant de
concilier les deux approches théorique et pratique. A partir du rapport intermédiaire on voit
apparaître la justification du choix de l’analyse dimensionnelle et les éléments choisis pour
réaliser les tâches du projet : théorème de Vaschy-Buckingham, nombres adimensionnels de
Reynolds et Strouhal ainsi que la condition de similitude. La mise en rapport de ces éléments
avec notre synthèse de l’analyse dimensionnelle nous permet de mettre en évidence que les
étudiants ont fait un choix conduit par les besoins mathématiques du projet. Contrairement au
projet précédent les étudiants s’impliquent ici dans une démarche beaucoup moins
expérimentale et leur motivation est celle d’adapter les outils de la mécanique des fluides aux
tâches du projet.
161
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
A partir de deux tâches réalisées avec le logiciel ANSYS nous constatons que la
complexité du logiciel et la quantité de choix à faire n’entraînent pas de problèmes ; au
contraire ce logiciel est perçu comme un outil performant pour réaliser les tâches. Le travail
mathématique est pris en charge par le logiciel et il est très difficile, à partir des traces que
nous avons et de la reconstruction de la technique, de déterminer les praxéologies
mathématiques que l’étudiant mobilise pour réaliser cette tâche. En revanche, la technique
reconstruite et l’analyse des discours produits par l’étudiant nous ont permis de mettre en
évidence la naturalisation de la technique et l’interprétation des résultats comme un élément
permettant d’évaluer la technique.
Pour rendre transparentes les praxéologies mobilisées par le travail sur ce logiciel,
nous considérons comme nécessaire une analyse des enseignements tels que les éléments finis,
la dynamique de structures et le logiciel ANSYS ainsi que la confrontation des résultats
obtenus sur ce logiciel avec le travail expérimental. Cela permettra également de rendre
compte des différentes transpositions et adaptations nécessaires pour réaliser ces tâches dans
différents contextes.
Notre analyse ne rend pas compte du rapport fait par les étudiants entre la première
tâche et les deux dernières mais elle permet, en revanche, de voir comment le projet se
développe en différentes directions, en faisant intervenir différentes connaissances et
ressources pour aboutir aux buts proposés.
162
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
IV Analyse du projet 3
Tapis
Ceci se reflète dans la description détaillée des tâches qui figure dans le rapport
intermédiaire : le premier groupe se consacre à la partie mécanique et le deuxième à la partie
électronique incluant la partie électrique.
163
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Partie mécanique
- concevoir le tapis roulant ;
- concevoir l’architecture des rouleaux ;
- choisir la courroie ;
- déterminer la fixation du tendeur.
Partie électrique
- choisir le moteur ;
- choisir la solution pour contrôler la vitesse du moteur ;
- choisir le capteur de vitesse du moteur.
Dans une optique professionnelle, comme l’indique l’expert consulté, les tâches à
l’intérieur du même pôle ne peuvent pas être gérées de manière indépendante, même si elles
sont séparées. Elles sont fortement liées ; le diamètre et choix de rouleaux, les tours/minute, la
vitesse linéaire du tapis conditionnent le choix du moteur et les caractéristiques de ce dernier :
« L’ensemble moteur à vitesse variable, électronique et capteur sont un tout, fourni en tant que
tel par les constructeurs ». (Discours produit par l’expert)
164
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
place des objets purement mathématiques et le contrôle du modèle est à la charge du logiciel.
La quatrième tâche est une tâche opératoire, demandant l’exploitation de formules et la
réalisation de calculs pour aboutir aux dimensions du moteur.
Nous présentons ce qui précède sous forme de tableau :
Objets
Type de tâche Modèle Objets mathématiques discipline Logiciel
intermédiaire
1 choix de moteur physique
2 représentation du mathématique équations différentielles, fonction de
moteur sous forme transformée de Laplace transfert
de « schéma bloc »
3 simulation du « schéma fonction de Matlab
moteur bloc » transfert
4 dimensionnement mathématique équation différentielle
du moteur
Tableau 8. Types de tâches dans l’analyse du projet 3.
Les tâches analysées sont réalisées par une sous-équipe formée de deux étudiants.
Lorsque nécessaire, nous découpons les tâches en sous-tâches et précisons pour chacune
d’elles la technique utilisée par les étudiants. La reconstruction des technologies figurant dans
cette analyse s’appuie sur le travail des étudiants et sur le cours d’automatique de l’IUP
intitulé : Introduction à l’automatique des systèmes linéaires.
Nous présentons finalement le point de vue d’un professionnel afin de déterminer la proximité
des techniques et technologies associées aux tâches avec celles qui sont en usage dans
l’institution professionnelle.
165
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Pour réaliser ce choix, ils établissent un descriptif de chaque moteur indiquant par
exemple la vitesse, la puissance ou le couple fourni. Ces caractéristiques sont étudiées, dans
les moteurs à courant continu à partir des modèles équivalents de l’induit57 du MCC (figure
54).
Les trois descriptifs et les modèles qui les accompagnent sont reproduits ci-dessous :
Premier descriptif
« Moteur à excitation indépendante
Ce moteur est caractérisé par une vitesse réglable par tension et indépendante de la
charge. En association avec un convertisseur statique (hacheur) fournissant une tension
réglable, la vitesse peut varier sur un large domaine. Il fournit un couple important à
faible vitesse (machines-outils, levage). En petite puissance, il est souvent utilisé en
asservissement avec une régulation de vitesse. » (Rapport intermédiaire, p.14)
Ainsi, le modèle (figure 55) indique que le moteur à excitation indépendante a deux
sources d’alimentation, une alimentant la partie gauche du circuit et l’autre alimentant la
partie droite. Ce circuit a la particularité que la source indépendante (du côté gauche) a
l’inducteur r qui induit une tension dans le moteur E , ceci permettant de réguler (augmenter
ou diminuer) le courant dans le moteur. Lorsque le circuit s’allume, on peut avoir une vitesse
nulle et l’augmenter au fur et à mesure que la tension indépendante (U e ) augmente. U e est
indépendante, c’est pourquoi elle n’est pas jointe au reste du circuit et U e peut être différente
de U .
Explication du circuit.
Lors de l’allumage du circuit, la tension U e est appliquée directement au moteur, le
faisant fonctionner. La tension U produit le courant I pour alimenter la charge résistive R ,
grâce à cela la tension E est suffisante pour alimenter le moteur et la charge.
C’est la charge résistive R couplée au moteur qui impose le courant induit I . La
vitesse de rotation du moteur est proportionnelle à la tension d’alimentation de l’induit
U = E + RI . Le réglage de la vitesse est indépendant de la charge R .
Si U e augmente, E augmente donc U augmente, donc la vitesse du moteur augmente.
Si U e diminue, E diminue donc U diminue, donc la vitesse du moteur diminue.
57
Un induit : organe d’une machine électrique dans lequel prennent naissance des forces électromotrices induites
par l’inducteur.
Inducteur : qui induit, qui produit l’induction est un organe électrotechnique, généralement un électroaimant,
ayant comme fonction d’induire un champ électromagnétique dans un induit : machine, alternateur, moteur. (Le
petit Robert)
166
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Deuxième descriptif
« Moteur à excitation en série
Ce moteur possède un fort couple de démarrage. Il convient très bien dans le domaine des
fortes puissances (1à 10 MW) pour obtenir un fonctionnement satisfaisant en faible
vitesse (traction, laminoirs). En petite puissance il est employé comme démarreur des
moteurs à explosion. » (Rapport intermédiaire, p.15)
Le modèle (Figure 56) indique que le moteur a seulement une source d’alimentation,
celle-ci se trouve sur le côté droit du circuit. Dans ce circuit, on remarque que le courant
induit I est également le courant d’excitation I e .
Si l’on veut augmenter la vitesse du moteur, il est nécessaire d’augmenter le courant I e , qui
est fixé par la charge R .
A la différence du circuit précédent, à l’instant où on allume ce circuit, la tension U
appliquée aux bornes du moteur est égale à la tension U e . Quelques secondes après avoir
allumé le circuit, U e devient presque nulle, ceci est dû au fait que le courant est accumulé
dans la résistance R .
Pour ce moteur, les étudiants n’ont pas présenté de circuit montrant le principe de
fonctionnement.
Nous présentons ensuite la technologie mise en place pour cette technique.
167
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
propositions pour l’élément à choisir. Ceci semble être une contrainte des projets Ifp : le choix
d’un élément doit passer par une comparaison d’au minimum deux éléments.
Les étudiants s’assujettissent à cette contrainte, l’on peut noter que les deux premiers
descriptifs sont accompagnés d’un modèle équivalent de l’induit du MCC, à la différence du
troisième qui se réduit à un descriptif. On peut alors penser que le rôle de ce dernier est de
compléter le trinôme d’éléments requis par les projets.
Pour l’expert, que nous avons consulté, il y a des erreurs dans les descriptifs, le
critère du couple important à faible vitesse concerne les moteurs à excitation en série et non
ceux à excitation indépendante. Pour ces derniers, le comportement est l’inverse de celui
décrit par les étudiants. Pour le deuxième descriptif MCC en série, on trouve également des
affirmations « plus ou moins exactes et absolument pas liées ».
Le troisième descriptif est proche des rappels de cours, mais sans objet dans le cadre du projet.
L’expert commente qu’« un moteur asynchrone avec une alimentation à fréquence variable
(produit industriel disponible) aurait constitué une solution sérieuse et industrielle ». Ceci, du
fait que les moteurs à courant continu (MCC) à excitation indépendante et en série ne sont
plus fabriqués à l’exception des moteurs (MCC) peu performants pour les critères industriels
mais peu chers. Il souligne ensuite que « les moteurs à excitation indépendante [type du
moteur choisi] ne sont pas utilisés en asservissement avec une régulation en vitesse. Ils ont été
utilisés dans le passé (avant 1950) pour faire des systèmes à vitesse variable, mais sans
asservissement. La réponse statique d’un tel moteur ω = f(i) (i = courant inducteur) est de type
hyperbole et il serait difficile de réaliser un asservissement stable en pilotant le courant
d’excitation. »
Ce système n’est pas envisagé par les étudiants, l’élément déterminant leur choix final est la
grande marge de régulation de la vitesse du moteur à excitation indépendante.
Comment peut-on expliquer ce décalage ?
On peut supposer que, ce qui amène aux étudiants à effectuer ce choix non adéquat, est d’une
part l’ignorance de la réalité pratique moderne et d’autre part la proximité de cours des
disciplines intermédiaires dans lesquels ces moteurs sont un objet d’enseignement.
Considérons le chapitre 7, du cours d’automatique qui est analysé dans le chapitre 6,
« Systèmes linéaires – Automatique ». Ce chapitre est consacré à l’étude des moteurs
d’automatisme et il est introduit de la manière suivante :
« Ces dernières années, une véritable révolution a eu lieu concernant les moteurs d’automatisme.
Alors qu’il y a seulement une dizaine d’années, ce sont principalement des moteurs à courant
continu de fabrication très soignée qui étaient utilisés, les moteurs alternatifs asynchrones
constituent aujourd’hui l’essentiel des moteurs utilisés pour les nouvelles installations. A cela
deux raisons :
• Un coût moindre ou égal à l’achat
• Un coût très inférieur à l’entretien
La commande de ces moteurs est plus complexe que celle des moteurs à courant continu et fait
largement appel à l’électronique. Cette partie dépasse le cadre de ces cours. Cependant, la
modélisation des machines reste basée sur les mêmes équations ; nous allons donc parler
essentiellement (pour simplifier) de moteurs à courant continu sachant que les équations que
168
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
nous écrirons restent valables pour les moteurs asynchrones. » (Systèmes linéaires –
Automatique, p. 39)
Après le choix du moteur, une modélisation sous forme de « schéma bloc » est réalisée.
A notre demande, l’étudiant montre une partie de la technique utilisée, nous reconstruisons les
étapes manquantes et la technologie associée, ensuite nous analysons la technologie que
l’étudiant a également explicitée à notre demande.
Type de tâche 2 : Modélisation du moteur à courant continu (MCC) sous forme de « schéma
bloc »
La modélisation du MCC est une sous-tâche de la tâche : réguler la vitesse de rotation
du moteur. Les étudiants écrivent à son propos dans le rapport technique (cf. chapitre 4, p.9) :
« Pour qu’on puisse étudier le comportement d’une maquette d’un véhicule lorsqu’elle est
soumise à un écoulement d’air, dans un environnement réel, il faut que la vitesse de défilement
du plancher suive à tout moment la vitesse d’écoulement d’air dans la veine de la soufflerie. Et
ce qu’on peut comprendre de cet objectif c’est qu’on aura besoin d’un système d’asservissement
169
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
de la vitesse, car la consigne (vitesse) est variable » (Rapport technique FP0 : Réguler la vitesse
de rotation du moteur)
Pour asservir la vitesse du système, il est nécessaire d’en avoir une modélisation ; le
moteur fait partie de ce système, il est donc nécessaire d’avoir un modèle de son
fonctionnement. Pour cela, il est nécessaire de passer d’une modélisation physique à une
modélisation opératoire et calculable, ce que les étudiants vont faire en lui associant le
« schéma bloc » et ensuite la simulation avec le logiciel Matlab. Précisons comment s’opère ce
passage et les techniques utilisées.
e(t ) = kω (t ) et Cm (t ) = ki(t )
170
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
E ( p ) = KΩ ( p ) (3) I ( p ) K = Cm ( p ) (4)
Ces quatre équations vont permettre de réaliser le « Schéma Bloc », que nous
présentons en précisant comment chacune des équations y est exprimée.
1
(U ( p) − E ( p )) = I ( p )
Lp + R
schéma :
1
(Cm ( p ) − Cr ( p )) = Ω( p )
Jp + f
171
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
58
Un asservissement est un type de commande en boucle fermée, défini dans le cours d’automatique de la
manière suivante : « L’asservissement consiste à agir sur les entrées pour obtenir une trajectoire de sortie
désirée. » (Introduction à l’automatique de systèmes linéaires, p.3)
59
Ce cours et deux autres cours d’automatique sont analysés dans le chapitre suivant, ces analyses peuvent
fournir d’éléments pour mieux comprendre cette technologie reconstruite au lecteur qui ne connaîtra pas cette
discipline intermédiaire.
172
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Fonction de Transfert
a) Equation différentielle
Les systèmes physiques sont le plus souvent régis par des équations différentielles
linéaires à coefficients constants du n-ième ordre du type :
dny d n−1 y dy d mu du
bn n
+ bn −1 n −1
K + b1 + b0 y = a m m
+ K + a1 + a0 u
dt dt dt dt dt
dy
exemple : équation différentielle du 1er ordre : T + y=u
dt
b) Fonction de transfert
Si on applique la transformée de Laplace à l’équation différentielle, en supposant que les
conditions initiales son nulles, la fraction rationnelle liant la sortie Y ( p ) à l’entrée U ( p )
est la fonction de transfert du système.
dy d2y dny
L = p.Y ( p ) ⇒ L = p 2 .Y ( p ) ⇒ K ⇒ L = p n .Y ( p )
dt dt dt
⇒ bn p nY ( p) + K + b1 pY ( p) + b0Y ( p ) = am p mU ( p ) + K + a1 pU ( p ) + a0U ( p)
am . p m + K + a1 p + a0
Y ( p ) = H ( p ).U ( p ) = .U ( p)
bn . p n + K + b1 p + b0
On peut noter qu’en mobilisant cette notion, les équations (1) et (2) mentionnées ci-
dessus deviennent des équations de transfert dans le « schéma bloc » :
60
Ce cours est fait au sein de l’IUP.
173
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
I ( p) 1 1
= , donc H ( p) =
U ( p ) − E ( p ) Lp + R Lp + R
Ω( p ) 1 1
= , donc H 1 ( p ) =
Cm ( p) − Cr ( p) jp + f jp + f
Considérons le cas où Cr (t ) = 0.
1 K
= (U ( p ) − E ( p ) )
1 1
Ω( p ) = C m ( p ) = I ( p) K
jp + f jp + f Lp + R jp + f
U ( p ) − E ( p ) K (U ( p ) − Ω( p ) K ) K
= =
Lp + R Jp + f ( Lp + R)( Jp + f )
d’où :
Ω( p)( Lp + R)( Jp + f )
= U ( p ) − Ω( p ) K
K
( Lp + R)( Jp + f )
Ω( p ) + K = U ( p)
K
Et finalement :
Ω( p ) K
=
U ( p ) ( Lp + R)( Jp + f ) + K 2
K 2
Ω( p ) K + Rf
que l’on retranscrit sous la forme =
U ( p ) 1 + JR + Lf p + Lj
p2
K + Rf
2
K + Rf
2
K 2 + Rf 1 JR + Lf
avec ω n = et ξ = ωn
LJ 2 LJ ( K 2 + Rf )
174
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
1 ω0
f (t ) = L−1 = e − zω0t sin(ω0 1 − z 2 t )
1 + 2 z p + 1 p 2 1− z 2
ω0 ω0
u (t ) = e(t , Ω, Φ T ) + RI ind (t ) + L
diind
,
dt
« En fait, on divise en deux parties, une partie (montrant e(t , Ω, Φ T ) ) qui concerne purement la
force électromotrice du moteur, la force qui génère la rotation du moteur ; cette partie là génère
diind
un couple, le couple moteur qui fait tourner le moteur et cette partie (montrant Riind (t ) + L )
dt
là génère un couple résistif. La résistance, ce n’est pas exactement un couple mais du côté
mécanique on peut dire ça… C’est en fait une résistance, une impédance dans laquelle il y a une
175
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
partie de courant qui se dissipe par effet Joule cette partie là (montrant Ri (t ) ind ), c’est elle qui
diind
concerne la dissipation par effet Joule… et celle-là c’est l’induction (montrant L )»
dt
(Explication orale de l’étudiant, entretien phase 2 cf. chapitre 4, p.13)
Les équations évoquent les mathématiques, mais comme on peut le voir chaque
paramètre est contextualisé, invoquant les disciplines intermédiaires et la pratique. Dans sa
description, l’étudiant s’appuie directement sur l’équation sans la relier explicitement au
modèle physique montré dans la tâche précédente (figure 55), lequel reste sans doute présent
au niveau mental. A partir de cette description, on voit que l’équation est aussi validée par les
disciplines intermédiaires : le fonctionnement électrique du moteur est modélisé par l’équation,
on peut donc l’utiliser. L’étudiant décrit et explicite un modèle mathématique qui est un
modèle type de disciplines intermédiaires.
u (t ) = e(t , Ω, Φ T ) + RI ind (t ) + L
diind
dt
« […] quand on met un schéma bloc comme celui-là, ça veut dire que la tension de sortie e
1
divisée par X(p), donc I ( p ) = R et ça c’est ce qui modélise ce qu’on a » (Explication
X (p ) L
1+ p
R
orale de l’étudiant, entretien phase 2 cf. chapitre 4, p.13)
On voit une forte proximité entre cette explication et celle figurant dans la
technologie reconstruite ; une des différences repose sur le langage employé, l’étudiant
n’utilise pas les termes : fonction de transfert, fonction d’entrée et fonction de sortie. Mais,
l’étudiant montre bien que cette partie de « schéma bloc » est une fraction rationnelle égale
au quotient de la tension de sortie (fonction de sortie) par X ( p) (fonction d’entrée) à la place
de U ( p) du fait que X ( p) correspond à la notation générique pour designer une fonction
d’entrée.
Par ailleurs, on voit que l’étudiant éprouve le besoin d’exprimer la fonction de
1
R 1
transfert sous la forme et non sous la forme de la technologie reconstruite.
1+ L p R + Lp
R
1
On peut supposer que l’étudiant se ramène à la forme : = F ( p ) qui apparaît dans la
1 + τp
1 −t
table des « Transformées de Laplace » et où l’inverse est f (t ) = e τ . L’étudiant fait une
τ
reconstruction des calculs donnant lieu au « schéma bloc » :
176
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
di
[…] par exemple si on prend celle-là (montrant u (t ) − e(t ) = Ri (t ) + L ) […] et si on
dt
applique la transformée de Laplace on aura U ( p ) − E ( p ) = RI ( p ) + LpI ( p ) si on fait par
exemple ça (factoriser I ( p ) ) on aura I ( p )( R + Lp ) = U ( p ) − E ( p ) donc ça, ça veut dire
U ( p) − E ( p) I ( p) 1
que = R + Lp et si on fait l’inverse on aura = , et si on
I ( p) U ( p ) − E ( p ) R + Lp
multiplie ici par un 1 et ici par 1 (montrant le numérateur et le dénominateur de la fraction)
R R
1
I ( p)
= R […] donc cette équation là elle est modélisée par cette partie là. »
U ( p) − E ( p) 1 + L p
R
(Explication orale de l’étudiant, entretien phase 2 cf. chapitre 4, p.13)
On peut voir les différentes attentes des institutions dans les projets : la tâche de
construction du « schéma bloc » est considérée dans le contexte du projet comme une tâche
routinière. Elle ne doit apparaître ni dans le rapport intermédiaire, ni dans la présentation orale
du projet, elle a le statut d’exercice et correspond au travail de conception qui n’intéresse pas
le « client ». De ce fait, on ne trouve les équations et le « schéma bloc » que dans une annexe :
177
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Type de tâche 3 : Simulation du système de contrôle de la vitesse d’un MCC avec le logiciel
Matlab
La tâche principale est de contrôler la vitesse du moteur afin de pouvoir assurer au
plancher défilant une vitesse égale à celle de l’écoulement d’air dans la soufflerie. Dans ce
contexte, la tâche annoncée est de simuler le système de contrôle de la vitesse d’un MCC.
Figure 59. Schéma Bloc de l’asservissement de la vitesse d’un moteur à courant continu.
Le moteur est modélisé dans ce schéma par le cercle rouge (M), il est un élément de
l’asservissement. Le fonctionnement de l’asservissement représenté par ce schéma bloc est
décrit de la manière suivante :
« Le système réagit de sorte que l'erreur de vitesse ε v (issue de la comparaison de la consigne
de vitesse Vc et du retour vitesse Vr) s’annule. Si Vc augmente, ε v augmente, Ic augmente, U
augmente : la vitesse du moteur augmente. Si Vc diminue, la vitesse diminue. Le branchement
de la tachymétrie est important : s'il n'a pas la polarité correcte ou s'il est inexistant, l'erreur de
178
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
vitesse ε v reste grande, voire augmente. La tension U tend vers son maximum, et en fonction
du variateur et des réglages effectués, peut entraîner une vitesse excessive de la machine.
Les variateurs industriels possèdent un réglage de la vitesse maximale et un réglage de la
stabilité de la boucle de vitesse. Pour effectuer ce dernier réglage, on applique un échelon de
consigne et on observe le comportement de la machine. » (Rapport intitulé : fonctionnement
normal du produit, p.3)
Cette tâche est une tâche complexe et nous allons en analyser la partie la plus
mathématique qui concerne la simulation du MCC dans le logiciel Matlab.
Cette technique n’est pas explicite, nous demandons à l’étudiant de la décrire lors d’un
entretien. A partir de ce dernier, nous reconstruisons la technique en essayant de compléter les
éléments manquants et nous reconstruisons la technologie associée. Nous présentons d’abord,
la technique et la technologie reconstruites afin de mieux comprendre les éléments
technologiques que l’étudiant mobilise.
61
« Simulink est une plate-forme pour la simulation multidomaine et l’approche Model-Based Design des
systèmes dynamiques. Il s’agit d’un environnement graphique interactif qui propose un ensemble
personnalisable de bibliothèques de blocs et peut être étendu pour des applications spécialisées. » (Présentation
du logiciel par le fabricant, http://www.mathworks.fr/products/simulink/)
179
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Figure 60. Menu opérateurs mathématiques du Figure 61. Fenêtre du travail du logiciel Matlab.
logiciel Matlab.
Figure 62. Menu « continuos » de l’option Simulink. Figure 63. Paramètres de la fonction de
transfert.
On peut modifier sur le bloc (Figure 63), les valeurs du numérateur et du
dénominateur : coefficient de s ( variable de Laplace) et la constante. Pour connecter un bloc
avec l’autre, on élargit la flèche apparaissant dans une des extrémités du bloc jusqu’à
l’extrémité de l’autre bloc.
180
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
De la même manière qu’avec les autres éléments, on peut modifier les paramètres de
ces fonctions. Par exemple, pour la rampe qui représente une droite d’équation y = mx + b , on
peut modifier la pente m (slope) et l’ordonnée à l’origine b (initial output) et aussi borner par
la gauche (start time) le domaine de la fonction pour indiquer le temps de commencement de
la simulation.
Figure 67. Affichage des fonction d’entrée et sortie associés de la simulation faite avec le logiciel Matlab.
181
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
a) Echelon unitaire
Dans le cours d’automatique, l’échelon unitaire est défini comme « la fonction y(t) qui
correspond à un changement de régime permanent. » (p.10)
u = 0 t ≤ 0
u = u0 Γ(t ) Γ(t ) échelon unitaire
u = u 0 t > 0
De même, il est souligné que « lorsque l’entrée passe d’un niveau constant u1 à un
autre niveau constant u2, la sortie passe du régime permanent y1 au régime permanent y2 mais
pas instantanément. » (p.4)
Dans la section du cours : « Systèmes du 1er ordre », est étudié un système qui est
dy
décrit par l’équation différentielle : T + y (t ) = k .u (t ) . Lorsque on applique la transformée
dt
k
de Laplace, on obtient la fonction de transfert : H ( p ) = . La fonction de sortie, pour
1 + pT
182
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
une fonction d’entrée d’échelon unitaire est alors : y (t ) = k .u0 (1 − e − t / T ) 62. Dans le graphe63
ci-dessous s’affichent les deux fonctions : on peut voir que le système passe d’un régime
permanent à « un autre ku0 ».
L’autre question étudiée est celle du temps pris par le système pour atteindre le
nouveau régime ku0 . Mathématiquement, vue l’expression de y (t ) le nouveau régime est
atteint si e −t / T = 0 soit t = ∞ . Ceci est souligné dans le cours :
« Le régime transitoire étant exponentiel, ce n’est qu’au bout d’un temps infini que le système
atteint son régime définitif. On considère pour chiffrer la rapidité de réponse du système, le
temps de réponse à 5% : temps au bout duquel le système atteint son régime défini à 5% près et
à partir duquel il ne s’écarte pas de plus de 5%. » (p.11)
Tout ce qui précède nous permet de conclure que si on choisit un échelon unitaire
comme fonction d’entrée, c’est que l’on souhaite que le système atteigne le régime permanent
de l’échelon choisi.
b) Rampe
La « rampe » est définie dans le cours comme un échelon de vitesse : « Soit un
échelon de vitesse ou rampe : u (t ) = at ».
De la même manière que pour l’échelon unitaire, le système précédent est étudié pour une
« rampe » comme fonction d’entrée. Dans ce cas, la fonction de sortie est
y (t ) = ka(t − T + Te −t /T ) 64, le graphe ci-dessous, permet de voir que la fonction de sortie a un
écart de kaT par rapport à la fonction d’entrée.
62
Les calculs sont détaillés dans l’annexe 5.1
63
Extrait du cours d’automatique considéré pour cette analyse.
64
Les calculs sont détaillés dans l’annexe 5.2
183
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Cet écart est connu comme « l’erreur dynamique » et correspond à la différence entre
la fonction d’entrée et la fonction de sortie : e(t ) = x(t ) − y (t ) . Pour le système étudié l’écart
est kat − ka(t − T + Te − t / T ) = kaT (1 − e −t / T ) et celui-ci tend vers kaT lorsque t → ∞ . Mais,
comme dans le cas de l’échelon, il correspond à un régime permanent supposé atteint après un
certain temps fini.
La fonction de sortie à une « rampe » est ainsi marquée par un retard du système.
Nous avons présenté ici seulement la technologie associée à ces deux fonctions
d’entrée. Ce choix répond au fait que, dans la mise en œuvre de la technique par l’étudiant,
ce dernier utilise comme fonction d’entrée une « rampe ».
A la différence du « schéma bloc » que nous avons reconstruit, les deux blocs
constants (les triangles correspondants à la constante k ) ont disparu. On peut supposer que
ces derniers ont été intégrés aux blocs représentant les fonctions de transfert.
L’étudiant décrit dans un premier temps la technique générale de la simulation, signalant
l’entrée de paramètres, le choix de la fonction d’entrée et l’évaluation de la fonction de sortie
comme les étapes de la technique :
« Mathématiquement on va rentrer les paramètres, les différents paramètres, les différentes
équations, on aura un système de trois équations ; on va entrer par exemple la fonction d’entrée
u (t ) . On va lui donner une certaine fonction, sinusoïdale ou une fonction comme ça (montrant
une « rampe ») ; après on aura une sorte de matrice, et après on aura le résultat et la réponse, les
différents paramètres : i , ω (t ) , jT et tout ça. » (Explication orale lors de l’entretien dans la
phase 2)
184
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
transfert ne sont pas explicitement citées, elles sont remplacées par les équations et
paramètres.
L’étudiant associe l’entrée des paramètres à un travail mathématique sans jamais montrer
comment on les obtient. Ceci sera explicité dans la tâche du dimensionnement du moteur par
l’autre étudiant de la sous-équipe.
Pour entrer les paramètres, l’étudiant exploite deux possibilités. La première laisse apparaître
les paramètres en tant que variables dans le « schéma bloc » (Figure 55) ; on entre donc les
valeurs numériques dans la fenêtre appelée comand window, celles-ci sont affichées dans la
fenêtre workspace comme on peut le voir dans la figure 72.
La deuxième possibilité alors exploitée est celle d’entrer directement dans le « schéma
bloc » (voir figure 73).
185
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
D’une part, l’étudiant utilise cette fonction d’entrée pour modéliser le retard du
démarrage du moteur et d’autre part, pour observer la réponse du système à ce retard. Dans la
partie suivante, l’étudiant explique ce que l’analyse des graphes fonctions d’entrée et de sortie
permet d’en déduire :
« […] tu peux savoir le courant de sortie à une certaine tension d’entrée, tu peux voir d’ailleurs
comment le système se comporte en fonction d’une certaine tension… ça, c’est ce qu’on a
appliqué à l’entrée c’est la droite et ça c’est la réponse (figure 74), on peut déduire qu’en fait là,
le moteur ne réagit pas immédiatement, il y a une durée de retard, il ne démarre pas
directement…[…] Par exemple là, au début là quand on commande le moteur la vitesse du
moteur va diminuer au bout d’un moment, après il va commencer à accélérer jusqu’à atteindre
une certaine vitesse et elle va se stabiliser après » (Explication orale lors de l’entretien dans la
phase 2)
D’après la technologie reconstruite, on sait que, pour avoir une vitesse constante, la
fonction d’entrée à choisir est l’échelon unitaire. L’étudiant cherche à évaluer la réponse du
système suite au retard au démarrage. Le travail mathématique est complètement économisé
par le logiciel, l’étudiant ne doit pas faire les calculs que cette même tâche dans un
environnement papier-crayon demanderait. L’étudiant met bien en évidence l’utilité du
logiciel pour modéliser le moteur. Cet outil permet de modifier les paramètres et d’étudier le
comportement du moteur en fonction de ces derniers. A travers le document de
186
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
dimensionnement du moteur, nous avons accès à des formules pour calculer le moment
d’inertie ( j ) et la vitesse angulaire du moteur (ω ) . Cependant, l’étudiant n’explicite pas
comment il obtient les paramètres, ce qu’il dit est que le logiciel permet de les faire varier et
d’étudier la réponse.
L’analyse de la fonction de sortie consiste, dans ce cas, à repérer les intervalles (plages) dans
lesquelles la vitesse est linéaire.
[…] vous voyez ici le scope, on a mis un scope à l’entrée, un autre scope à la sortie pour
visualiser les deux : l’entrée et la sortie pour pouvoir les comparer et c’est pour ça qu’on a
obtenu ça, l’entrée ça correspond à ce scope 1, la sortie à ce scope 2. Ça, ça nous permet d’avoir
une modélisation, ça nous permet de tester, par exemple si on veut concevoir le moteur. On peut
le concevoir sur le logiciel, si on veut tester les différents paramètres par exemple, en
augmentant la tension on peut savoir les différents comportements, par exemple dans cette
partie-là ou dans cette partie-là (montrant le graphe de la fonction de sortie, figure 74). Cette
partie-là elle est linéaire, donc on peut dire que le moteur peut être utilisé linéairement dans
cette partie-là, on peut augmenter la vitesse. Par contre, dans d’autres parties ce n’est pas
linéaire, donc si on veut utiliser le moteur par exemple pour une locomotive, un train ou quelque
chose comme ça on a besoin que la vitesse reste linéaire par rapport à la tension d’alimentation,
on ne peut pas utiliser le moteur que dans cette plage d’alimentation-là, les autres parties ce
n’est pas linéaire, donc que on ne peut pas les utiliser. » (Explication orale lors de l’entretien
dans la phase 2)
La simulation que nous avons présentée ici est une des premières faites par l’étudiant.
L’asservissement de la vitesse est dans l’étape initiale. Afin de montrer l’évolution de cette
technique, on montre ci-dessous le schéma final présenté lors de la soutenance orale du projet :
Moteur
187
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Les « schémas blocs » associés (moteur et régulateur) apparaissent sous cette forme
dans la présentation orale du projet. La simulation est également montrée, la commande
(fonction d’entrée) du moteur est un échelon unitaire. De ce fait, la vitesse du moteur est une
constante, comme on peut le voir dans les graphes ci-dessous :
Commande Fonction
du moteur de sortie
Moteur
La difficulté de cette tâche consiste à assurer une tension constante, c'est-à-dire une
fonction d’entrée échelon unitaire pour le moteur. On n’est pas dans le cas de la seule
modélisation d’un moteur où il suffit de choisir la fonction d’entrée. En lisant le schéma de la
figure 76, on voit qu’il y a une fonction pour convertir la pression dynamique en vitesse
linéaire. Celle-ci est nécessaire pour traduire l’écoulement d’air mesuré à partir de la pression
dynamique en vitesse linéaire. Ensuite, on va mesurer la différence entre cette vitesse et celle
fournie par le moteur. La fonction du régulateur est d’assurer une tension constante à la sortie.
Les modèles mathématiques dont sont issus les schémas blocs sont à la base de cette
simulation. Le contrôle des modèles est fait grâce au logiciel, mais ce dernier semble ne pas
être complètement une boîte noire pour l’étudiant-utilisateur. Nous avons produit des
technologies reconstruites après le suivi des projets. De ce fait, nous n’avons pas eu la
possibilité de récupérer plus d’éléments pour nous assurer que l’étudiant était capable de
rendre transparent tout le travail mathématique fait dans le logiciel. Cependant, l’analyse
praxéologique des tâches présentées ici et la proximité des éléments technologiques récupérés
188
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
L’expert met en évidence le décalage des techniques utilisées par les étudiants et celles
utilisées dans un contexte professionnel. La modélisation du moteur sous la forme de
« schéma bloc » est considérée par l’expert, comme une modélisation avec un intérêt
purement pédagogique et dans une logique disciplinaire :
« Ce schéma permet de formaliser chaque composant (moteur, correcteur, régulateur, etc.) et
d’évaluer donc le comportement de l’ensemble. Cependant, le « schéma bloc » est utilisé dans le
monde industriel seulement dans l’espace direct et sans utiliser la transformée de Laplace ».
(Discours produit par l’expert)
Les techniques65 mises en place par les étudiants présentent des limites lorsqu’on se
situe dans l’institution professionnelle, particulièrement car celles-ci ne permettent pas
d’aborder la non linéarité de systèmes présents dans le milieu professionnel.
« On ne cherche plus à étudier le système en entier par ces méthodes, qui sont à la fois
complexes et réductrices : elles ne permettent pas de traiter les non-linéarités intrinsèques aux
composants ou voulues créées par le logiciel). On vérifie la cohérence des variables entrant et
sortant de chaque bloc ainsi que l’échelle des grandeurs de ces variables.
Dans presque tous les cas pratiques on se place dans des conditions telles que les variations de
phase, les constantes de temps, les irrégularités de la réponse en fréquence sont assez faibles
pour qu’une étude fine (Laplace ou Fourier) soit inutile. » (Discours produit par l’expert)
Le décalage entre les techniques utilisées dans le projet et celles de la pratique professionnelle
concerne également l’utilisation du logiciel Matlab. Pour ce dernier, le professionnel affirme :
« L’emploi de Matlab est limité au monde de la recherche, il est très peu utilisé dans le monde
industriel, même dans les bureaux d’études ».
65
Effectuer le passage d’un modèle mathématique à la représentation du « schéma bloc » en passant par la
fonction de transfert et finalement l’utilisation du logiciel Matlab.
66
Référence à des artefacts technologiques.
189
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
transmission des données via les réseaux de commande informatique, etc. sont étudiées avec
plus de finesse. »
De manière générale, la réalité pratique semble dépasser ou se situer dans une logique
différente de celle du projet :
« Cette problématique n’existe PLUS. Pratiquement tous les systèmes sont pilotés en temps réel
par l’informatique (pas des PC, mais des informatiques spécialisées).
Ces informatiques commandent les moteurs :
de sorte qu’il n’y ait pas d’échelon de vitesse
calculent automatiquement, de façon invisible à l’utilisateur, la bonne excitation du moteur pour
que la consigne soit respectée (sous réserve que les contraintes énergétiques le permettent)
utilisent des algorithmes non linéaires qui n’utilisent pas les transformées de Laplace.
ont des procédures d’autoréglage des paramètres d’asservissement » (Discours produit par
l’expert)
Et dans ce sens, le travail effectué par l’étudiant en ce qui concerne à utiliser la rampe
comme fonction d’entrée est souligné comme ce qui s’approche le plus de la réalité :
« L’approche Simulink plus « bricolage des paramètres », décrite par l’étudiant pour visualiser
la réponse correspond plus au cas réel, dans le monde professionnel. » (Discours produit par
l’expert)
190
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
67
Nous reproduisons les formules que les étudiants ont utilisées y compris la notation où * indique la
multiplication.
191
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
c) Calcul de l’accélération
Pour calculer l’accélération l’étudiant donne une formule et un graphe.
« L’accélération
ω = v/r
ω : vitesse angulaire
v : vitesse linéaire
r : rayon de la poulie
Application numérique :
dΩ / dt = 112,5ms 2
Le calcul du couple résistant ne consiste pas dans l’application d’une simple formule.
L’étudiant exprime que ce calcul nécessite de calculer la tension en différents points des
courroies et des frottements. Pour faciliter la tâche, il considère que ce couple résistant est nul :
192
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
« Cela est trop dur (référence au calcul du couple résistant), donc le professeur m’a proposé
d’estimer que le couple résistant est nul. Du coup, je vais calculer seulement le couple
d’accélération, je vais la multiplier fois un coefficient d’estimation pour estimer tout le couple
(couple utile). Parce que sinon pour le couple résistant, il faut calculer la tension de la courroie
dans différents points par rapport à son poids, après il y a une deuxième courroie et il faut
calculer les tensions dans des différents points ; plus les points de frottement dans différents
points. Donc ça fait beaucoup de théorie qui ne sert à rien, pour l’instant. » (Explication orale
lors d’un entretien, phase 2)
L’expert met en évidence qu’on ne peut pas admettre le couple résistant nul :
« Si l’on suppose que pour les étudiants le terme « couple résistant » désigne le moment à
vitesse stabilisée, l’affirmation : « on admet la couple résistant est nul » est totalement fausse.
Les frottements mécaniques et aérodynamiques seront très importants aux vitesses envisagées ».
Considérer donc ce couple nul permet de faciliter les calculs mais pose un problème
certain. La phase de réalisation ou de fabrication n’ayant pas eu lieu, l’étudiant ne sera
confronté à ce problème.
L’étudiant souligne qu’il a choisi un temps de 10 secondes pour que la vitesse soit
constante à 1125rad/s. Pour obtenir l’accélération, l’étudiant calcule la dérivée :
dΩ
« L’accélération c’est quoi, c’est dt ça fait la différence entre 1125-0 =1125 sur 10 donc ça
-2
donne 112,5 m/s . » (Explication orale lors de l’entretien phase 2)
Il justifie dans le document que y (10) = 1125 par un graphe (figure 26), mais il ne
montre pas comment on l’obtient. Il signale dans le graphe que 1125 correspond bien à 10
193
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
secondes. Afin de comprendre les éléments technologiques disponibles pour justifier cette
estimation, nous cherchons à trouver l’origine du graphe. Il s’agit de la reconstruction de la
technologie, l’étudiant n’explicitant pas plus d’éléments pour le calcul fait.
En observant le graphe, on peut supposer que ce dernier correspond à la constante choisie
(1125) moins une fonction exponentielle : ω (t ) = 1125(1 − e −t ) . Par ailleurs, l’étudiant a
signalé que l’accélération à calculer correspond au phénomène du passage d’un état constant à
un autre état constant : du moteur éteint au moteur à une vitesse de 1125rad/s. Cela
correspond à une fonction d’entrée échelon unitaire. Par le graphe, on sait que la fonction de
sortie est la vitesse angulaire. Nous mobilisons la technique pour trouver la fonction de sortie
correspondant à une certaine fonction d’entrée. On peut constater que ce graphe correspond à
une fonction de sortie de l’équation différentielle68 :
dω (t )
Cm (t ) − Cr (t ) = J + fω (t ) Équation du fonctionnement mécanique (cf. p.163)
dt
− t
f
ω (t ) = 11251 − e
J
IV.8 Conclusion
L’analyse de ce projet nous permet de mettre en évidence une praxéologie de
l’asservissement de vitesse qui fait intervenir d’éléments mathématiques dans les différentes
68
On montre la technique en détaille dans l’annexe 5.2
69
Le graphe montré par l’étudiant semble une fonction affine y=1125 sur l’intervalle [10, ∞], de ce fait
l’étudiant considère la dérive nulle. Cela constitue une approximation puisque la fonction ω n’est
qu’asymptotique à la droite y= 1125
194
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
modélisations et les passages entre celles-ci. Ces passages sont opérés par différentes
transformations sur les modèles : du modèle physique (modèle équivalent) au modèle
mathématique (équations différentielles), puis au « schéma bloc » et finalement au travail sur
le logiciel Matlab à l’aide des paramètres. Ces transformations sont associées à un travail
mathématique différent qui est mis en évidence par les techniques et technologies
reconstruites à partir du travail effectué par les étudiants et de l’analyse du cours
d’automatique. L’analyse de ce cours nous permet de mettre en évidence que la praxéologie
de l’asservissement de vitesse ainsi que les éléments mathématiques qui y interviennent sont
mis à disposition par cet enseignement.
La tâche de simulation est la tâche clé dans la phase de conception car d’une part, elle
motive les tâches du choix du moteur et sa modélisation sous forme de « schéma bloc » et
d’autre part, elle a pour objectif de guider et garantir la réussite de l’expérimentation.
L’étudiant réalisateur de cette tâche avec le logiciel Matlab explicite, à notre demande
expresse, les éléments mathématiques qui y interviennent : équations différentielles et
transformée de Laplace. Notre analyse met en évidence que l’enseignement de l’automatique
opère une transposition sur ces deux éléments pour les assujettir aux contraintes de cette
discipline. Les équations différentielles fonctionnent comme modèles « types » et la
transformée de Laplace comme outil pour effectuer le passage entre ces équations et le
« schéma bloc ». La fonction de transfert est une notion hautement mathématisée et également
rendue disponible par cet enseignement, la transformée de Laplace est un élément
technologique associé à cette notion qui permet la simulation sur le logiciel Matlab. Le travail
sur le logiciel ne demande pas l’utilisation de ces éléments mathématiques, car l’affichage de
la fonction de sortie pour chaque fonction d’entrée et la disponibilité d’éléments pour
reproduire le « schémas blocs » remplacent le travail mathématique de l’utilisateur et restent à
la charge du logiciel. Le « schéma bloc » et le modèle mathématique associé sont ainsi des
outils d’interface entre un environnement papier-crayon et un environnement logiciel ; entre
un modèle mathématique et la simulation ; et donnent la possibilité à l’utilisateur de passer de
l’un à l’autre pour réaliser différentes tâches.
195
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
techniques mises à disposition par les enseignements des disciplines intermédiaires dans
lesquelles les limites de la pratique industrielle ne figurent pas.
Par ailleurs, nous considérons que les rapports entre théorie et pratique sont différents
dans une optique professionnelle. Dans cette dernière, les éléments théoriques, ayant un poids
important dans les disciplines intermédiaires (comme c’est le cas de la transformée de
Laplace), semblent être remplacés par des savoirs d’expérience.
V Conclusion générale
L’analyse des trois projets nous a permis de mettre en évidence un certain nombre de
praxéologies. Il ne s’agit pas à proprement parler de praxéologies mathématiques, même si
une composante mathématique y est présente. Ceci montre bien que les mathématiques vivent
dans les projets étroitement imbriquées avec d’autres domaines de connaissances et de
pratiques, et que chercher à les isoler au sein de praxéologies spécifiques fait courir le risque
de dénaturer les tâches réelles en jeu. Pour comprendre les besoins mathématiques auxquels
font face les étudiants, la façon dont ils y répondent et les liens de leurs réponses avec la
formation, il est donc important de décoder ces mathématiques en les resituant au sein des
domaines de connaissances et pratiques avec lesquelles elles sont imbriquées. Ceci n’est pas
une tâche facile, d’autant plus que dans les observables recueillies, malgré la diversité du
recueil de données qu’a permis l’immersion, les praxéologies ne sont pas entièrement
explicitées. Des techniques et des bribes des technologies constituent ainsi nos premiers
observables. Ils demandent à être complétés pour les besoins de l’analyse et situés par rapport
à d’autres possibles. Pour cela, nous avons utilisé principalement deux types de sources :
l’analyse de cours des disciplines intermédiaires, l’avis d’experts professionnels.
L’analyse des cours des disciplines intermédiaires nous a permis de reconstruire, dans
une sorte d’analyse a priori rétrospective, le détail des techniques observées dans les projets et
surtout les technologies potentiellement associées. On retrouve ainsi dans le projet 1 des
éléments de résistance de matériaux dans le calcul de la flèche et le dimensionnement des
lames, dans le projet 2, une identification des conditions associées aux phénomènes
vibratoires s’appuyant sur une analyse dimensionnelle portée par la mécanique des fluides et
dans le projet 3 un asservissement de vitesse relevant de l’automatique. Le recours à ces
enseignements nous a été nécessaire pour compléter et faire sens des praxéologies observées,
y compris dans leur composante mathématique. Nous n’avons en revanche pas eu l’occasion
d’observer des éléments mathématiques dont le parcours aurait été direct, de l’enseignement
des mathématiques de l’IUP à leur utilisation dans le projet. Ceci nous semble-t-il confirme
bien le rôle des disciplines intermédiaires pour opérer les transpositions nécessaires sur les
praxéologies mathématiques en vue de les mettre à disposition pour réaliser des activités plus
proches de la pratique, et le rôle donc clef de ces disciplines dans la circulation des savoirs au
sein de la formation.
Ce travail de reconstruction met en évidence des différences entre les projets. Il
singularise en particulier le projet 2, dans lequel le bloc technologico-théorique est le plus
196
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
visible. Dans ce projet qui vise à établir les conditions à réaliser pour permettre l’étude des
phénomènes vibratoires sur un profil d’aile d’avion en soufflerie, une étude « théorique » est
menée par les étudiants pour comprendre ces conditions. L’analyse que nous avons faite du
cours de mécanique des fluides et plus précisément du chapitre consacré à l’analyse
dimensionnelle nous permet de confirmer la pertinence de la démarche suivie par les
étudiants : l’étude du profil d’aile d’avion à partir d’une aile cylindrique, la caractérisation des
conditions de vibration et turbulence à partir des nombres adimensionnels de Reynolds et
Strouhal et le théorème de Vaschy-Buckingham comme un savoir technologique associé. Elle
nous permet aussi de montrer la proximité du discours technologique des étudiants avec celui
du cours. La présence forte d’éléments technologico-théoriques dans ce projet, leur caractère
explicite dan le rapport intermédiaire et lors de la soutenance, nous semblent aussi au fait que
les étudiants ont démarré leur projet en lisant un article de recherche produit par leur tuteur, et
en essayant de le comprendre à travers l’utilisation d’autres sources : leur cours de mécanique
des fluides et un cours d’aérodynamique trouvé sur Internet. Dans cet article, les éléments
technologiques sont exposés et les contraintes du monde académique dominent sur celles de
la pratique. A ceci, s’ajoute le fait que la phase de réalisation n’ayant pas lieu, l’accent reste
mis sur ce travail technologico-théorique et les simulations qu’il permet ensuite avec le
logiciel ANSYS utilisé par l’enseignement.
Contrairement à ce projet, dans les projets 1 et 3, la reconstruction est plus complexe.
Dans les premiers observables recueillis, le discours technologique reste très insuffisant pour
simplement comprendre les calculs effectués et les choix faits sur leur base. Le lien avec les
enseignements des disciplines intermédiaires est évident mais plus difficile à déchiffrer. De
plus, le contrat semble basculer au fil du projet vers une occultation des ressorts
mathématiques, ce qui ne facilite pas l’analyse. Les questions qui restent ouvertes, même
après les entretiens avec les étudiants, vont nécessiter le recours à des experts professionnels.
Le recours à ces experts va mettre en évidence plusieurs phénomènes et tout d’abord la
distance entre les solutions expertes et celles développées par les étudiants, ainsi que dans les
discours associés. Les solutions expertes engagent des connaissances naturalisées provenant à
la fois des disciplines intermédiaires et de la pratique. Celles provenant des disciplines
intermédiaires sont très souvent cristallisées dans des formules, celles venant de la pratique
fournissent des valeurs à certains paramètres, permettent de hiérarchiser les choix et de gérer
efficacement la multiplicité des variables intervenant, de contrôler les estimations faites. On
note aussi une aisance à mener des calculs d’estimation en s’appuyant sur les dépendances
exprimées dans les formules. En comparaison, le travail mené par les étudiants montre la
difficulté à gérer ces calculs « élémentaires » dont Maurice d’Ocagne soulignait l’importance
dans le travail quotidien de l’ingénieur, en combinant la syntaxe et la sémantique des
formules, le jeu sur les différentes variables, et l’impact sur ces difficultés d’une expérience
pratique encore très limitée.
Le discours technologique de l’expert est un discours qui donne la priorité aux fonctions de
description et motivation. Du côté des étudiants, on voit apparaître des fonctions de validation
197
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
qui reflètent leur compréhension du contrat du projet, par exemple lorsqu’ils essaient de
justifier les formules utilisées avec un discours qu’ils essaient de rendre proche du discours de
la formation mais aussi la difficulté qu’ils rencontrent à mettre le discours de la formation au
service des questions qu’ils ont à résoudre. La différence entre les tâches rencontrées en
formation même dans les disciplines intermédiaires et celles en jeu dans les projets est
évidente, et en conséquence l’important travail d’adaptation des praxéologies qui serait
nécessaire. La faiblesse de l’expérience pratique rend difficile cette adaptation et l’on en voit
les effets, par exemple dans le projet 1 quand les étudiants se donnent pour tâche de
maximiser la flèche, ou dans le projet 3 quand ils décident que le couple résistant est nul pour
l’estimation du couple utile du moteur ou qu’ils calculent le moment d’inertie de l’assemblage
tapis tambour et rouleaux, pour les besoins de la tâche de dimensionnement du moteur.
Pour apprécier cette distance, il est aussi intéressant d’étudier les réactions des
étudiants aux suggestions de l’expert dans le projet 1 pour le choix de la géométrie de la lame.
Les calculs nécessaires pour dimensionner la lame triangulaire ne constituent pas un travail
mathématique complexe, cependant les étudiants n’arrivent pas à les mettre en œuvre. Ils
reviennent alors à la solution en lames rectangulaires dont les calculs mathématiques ne leur
posent pas de problèmes et justifient ce choix à partir d’un élément extra-mathématique, telle
que la sensibilité (par rapport à l’épaisseur des lames), sans s’apercevoir du manque de
cohérence de leur raisonnement. Ce dernier sera pointé lors de la soutenance par l’expert en
s’appuyant sur un discours faisant directement référence à la pratique. On notera aussi dans ce
projet l’accumulation de tableaux et représentations graphiques qui, sans aucun doute, pour
ces étudiants, ont en eux-mêmes un pouvoir de légitimation.
Lorsque les mathématiques deviennent plus complexes, elles sont prises en charge par
des logiciels spécifiques, les projets 2 et 3 le montrent particulièrement bien. L’usage de ces
logiciels (ANSYS et Matlab) est complexe et nous sommes rentrés dans les détails de cet
usage pour bien mettre en évidence cette complexité. Cet usage est pris en charge dans la
formation et les étudiants y semblent relativement à l’aise, en particulier lorsque l’on compare
avec les difficultés qu’ils rencontrent avec les calculs élémentaires. Dans le projet 2 par
exemple, un point de vue d’expert a été sollicité en particulier pour le travail développé à
l’aide du logiciel ANSYS. La reconstruction de la tâche met en évidence la quantité des choix
à faire pour la réaliser, même si les mathématiques sont encapsulées par le logiciel.
L’utilisateur expert qui a évalué la technique mise en place par l’étudiant considère qu’il a
résolu la tâche convenablement. Pour le projet 3, l’avis de l’expert a en partie modifié notre
vision. Il valide le schéma-bloc définitif obtenu avec Matlab même s’il déclare que son intérêt
pour la pratique est aujourd’hui limité. Il valorise aussi la démarche d’exploration et
d’ajustement des paramètres suivie par l’étudiant, à partir de différents signaux, et notamment
de la rampe qu’il considère vraiment utile dans la pratique. En souligne la présence
d’incohérences dans la gestion et l’interprétation de certaines représentations intermédiaires,
en particulier quand l’étudiant recherche dans la représentation de la figure 74, une plage de
linéarité, ce qui n’a ici pas de sens. Dans le projet 3, l’étudiant à notre demande explicite les
198
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
199
Chapitre V Analyse praxéologique des projets
Enfin, pour terminer, nous voudrions rappeler que les tâches que nous avons analysées
ne constituent pas la totalité des projets concernés et qu’il serait tout à fait abusif de juger des
compétences acquises par ces étudiants à la seule lumière de ces analyses. Seul le projet 1
parmi les trois analysés a fait l’objet de véritables critiques lors de sa soutenance et les
informations recueillies par ailleurs montrent une bonne évaluation de ce dispositif comme de
celui du long stage en entreprise de l’année suivante.
200
Chapitre VI Analyse des cours
CHAPITRE VI
I Introduction
Dans le chapitre précédent nous avons présenté l’analyse des projets et
particulièrement les praxéologies mathématiques en jeu dans ces derniers. Regardés comme
activités des étudiants, les projets représentent l’ultime étape d’un parcours de formation au
cours duquel les étudiants ont eu à s’approprier certaines praxéologies, rencontrées dans
certaines institutions. Regardé comme institution, le dispositif du projet est donc aussi
l’ultime étape du parcours interinstitutionnel et donc du processus transpositif suivi par les
praxéologies en jeu depuis leur institution de production, dernière étape au moins dans le
cadre strict70 de la formation. Afin de mieux comprendre la dynamique des praxéologies au
sein de l’IUP, nous avons décidé d’approfondir notre recherche en nous intéressant aux
institutions étapes, enseignement de mathématiques E(M) et enseignement de disciplines
intermédiaires E(DI). En particulier, nous sommes intéressés par l’étude des institutions qui
mettent à disposition des étudiants les praxéologies mobilisées dans ces projets.
Compte tenu du nombre d’institutions E(DI) intervenant dans les projets et de notre
connaissance limitée de ces disciplines, nous avons décidé d’analyser un de ces
enseignements à titre paradigmatique pour avoir un aperçu des effets transpositifs exercés par
l’institution E(DI) sur les praxéologies mathématiques ЛM et sur leur transposition dans P(DI).
Pour cela, l’automatique a été choisie parmi les autres enseignements des disciplines
70
On exclut le stage en entreprise qui participe directement à la formation.
201
Chapitre VI Analyse des cours
intermédiaires en jeu dans les projets car les notions d’asservissement et de transformée de
Laplace dans le développement du projet 3 sont issues de ce cours. Les asservissements sont
utilisés pour réguler la vitesse du moteur. Le modèle mathématique à la base de cette
régulation est composé par des équations différentielles du premier ordre à coefficients
constants modélisant le comportement électrique et mécanique du moteur. L’application de la
transformée de Laplace à ces équations permet de les traduire dans un « Schéma Bloc » ou
schéma fonctionnel qui permet également de traiter le système dans le logiciel Matlab,
principalement avec l’option Simulink en fixant un certain nombre des paramètres. L’analyse
du projet montre que, dans cette activité, l’étudiant se ramène à des modèles types en
mobilisant des praxéologies mathématiques rendues disponibles par l’enseignement
d’automatique.
Dans cette analyse nous essayons donc de répondre aux questions suivantes :
Comment cette modélisation mathématique est-elle construite ? Quelles praxéologies
mathématiques y interviennent ? Dans quelle mesure les praxéologies explicitées dans chaque
cours se réfèrent-elles à P(M), P(DI) et Ip ? Comment s’opère cette explicitation ?
Pour cela, nous menons une analyse conjointe de trois cours d’automatique élaborés chacun
dans une institution de formation différente :
1. Institut Universitaire Professionnel d’Evry, IUP ; (notre terrain expérimental)
2. Institut Universitaire Technologique, IUT ;
3. Université de Savoie.
Nous avons eu accès à ces deux derniers cours par Internet et nous n’avons pas de
détails précis concernant les connaissances mathématiques pré-requises, la quantité d’heures
consacrée aux cours, TD et TP. Pour l’IUP, nous analysons le polycopié remis aux étudiants
comme support d’un cours en présentiel auquel nous n’avons pas assisté. Ceci introduit
évidemment un décalage entre les deux types de sources : on peut penser que les cours en
ligne ont l’intention de pallier l’absence d’interactions directes en explicitant des éléments qui,
dans l’enseignement de l’IUP, sont présentés oralement. Sans perdre de vue ces limites de
notre travail, l’analyse de ces trois cours nous permettra, de comparer les blocs technologico-
théorique [θ/Θ] intervenant dans ceux-ci, de mettre en évidence des écarts quant aux niveaux
de références aux mathématiques P(M), aux disciplines intermédiaires P(DI) et à la pratique
professionnelle Ip.
Afin de compléter notre étude, nous analysons un cours de mathématiques abordant la
transformée de Laplace dans une formation d’ingénieurs. Le cours choisi est le cours de
« Fonctions Holomorphes » élaboré à l’Ecole des Mines de Nancy et enseigné dans d’autres
écoles comme l’Ecole des Mines de Nantes. L’analyse de ce cours nous permettra de
comparer les effets transpositifs d’une institution E(M) à ceux des institutions E(DI) telle que
l’automatique.
L’analyse se centre dans un premier temps sur les rapports que les institutions E(M) et
E(DI) établissent avec les institutions de référence, de production des mathématiques P(M),
pour les enseignements de mathématiques E(M), de production des disciplines intermédiaires
202
Chapitre VI Analyse des cours
Notre analyse est introduite par une synthèse historique portant sur le rôle de la
transformée de Laplace dans le développement théorique de l’automatique.
203
Chapitre VI Analyse des cours
71
Pour les rapports entre techniques et sciences, on peut citer quelques exemples illustrant l’antériorité des
techniques sur les sciences. La réalisation de la machine à vapeur au XVIIIe siècle a précédé la théorie de la
thermodynamique introduite par Sadi Carnot (1796-1832) au milieu du XIXe, ainsi que la mise au point des
premières machines électriques au milieu du XIXe siècle précédant les théories de l’électromagnétisme de la fin
du XIXe siècle. Il est à noter tout de même que cette tendance s’est inversée au XXe siècle avec, en particulier, la
physique nucléaire ou l’électronique.
72
La technique de régulation était déjà connue des Grecs comme le montrent les réalisations de Ktesibios (IIIe
siècle avant J.-C.) ou de Héron d’Alexandrie (Ie siècle après J.-C.). Voir les ouvrages suivants : Bertrand Gille,
Les Mécaniciens Grecs, Editions du Seuil, 1980 ; Bruno Jacomy, Une histoire des techniques, Editions du Seuil,
1990 ; Otto Mayr, The origins of Feedback Control, The M.I.T. Press Cambridge, Massachussetts, an London,
England, 1970.
204
Chapitre VI Analyse des cours
Cependant, cette méthode a été difficilement acceptée par les mathématiciens qui
critiquaient son manque de rigueur. Pour Heaviside, les mathématiques sont issues d’une
réalité physique ou associées à elle, comme souligné dans Camarena (1999) :
« Heaviside no estaba interesado en teoremas de existencia […] pues decía que todas las
relaciones consideradas provenían de realidades físicas, como hechos establecidos, y las
soluciones debían ser expresiones físicamente realizables; asimismo, que las relaciones entre
funciones tratan con procedimientos de funciones con buenos comportamientos y no tienen que
ser sujetas al análisis crítico de todas las posiblidades de la matemática abstracta. » (Camarena,
1999, p.56)
Camarena signale également que les opérateurs définis par Heaviside le « sont
toujours en fonction des constantes électriques et de l’opérateur différentiel par rapport au
temps ».
La méthode d’Heaviside permettait ainsi de traiter l’opérateur différentiel en tant qu’identité
algébrique et donc de résoudre des équations différentielles linéaires à coefficients constants.
Cependant, le manque de généralité conduisait à des contradictions, comme souligné dans le
cours de Hladik (1969)
« Le paramètre p était traité à priori comme un élément algébrique ordinaire, mais dans certains
cas on aboutissait à des contradictions. Il fallait alors édicter, au fur et à mesure des besoins, des
règles particulières dont la seule justification était que leur inobservation aboutissait à des
résultats absurdes. » (p. 2)
La méthode ne pouvait pas non plus s’appliquer aux équations aux dérivés partielles,
comme le souligne Erdélyi (1971) dans son cours :
205
Chapitre VI Analyse des cours
« Généralement, les opérateurs rencontrés dans de telles circonstances sont des fonctions
transcendantes de D 73 ; il est alors difficile de développer, et davantage encore de justifier,
quelque interprétation correcte des expressions opérationnelles ainsi obtenues. »
73
D= d/dt
206
Chapitre VI Analyse des cours
P(M)
P(DI)
Ip
E(M) E(DI)
Schéma 1. Parcours institutionnels.
Dans la suite, nous distinguerons les disciplines intermédiaires génériques DIg (dans
notre cas l’automatique) et les disciplines intermédiaires spécialisées DIs (par exemple,
électricité, mécanique) dont nous considérons les situations comme plus proches des
situations professionnelles.
• Niveau V3 : Les théorèmes sont démontrés, les notions mathématiques utilisées sont
importées de P(M) avec une distance minimale
• Niveau V2 : Les démonstrations ne sont pas reproduites mais P(M) est mentionnée
explicitement en tant qu’aval épistémologique.
• Niveau V1 : La terminologie, le formalisme, les rituels correspondent à ceux de P(M)
mais P(M) n’est pas explicitement mentionnée en tant qu’aval épistémologique. Par
exemple, un résultat technologique est énoncé sous forme de théorème, en utilisant les
concepts et les notations usuelles dans P(M) mais on ne fait aucune référence à
l’existence d’une démonstration.
• Niveau V0 : Aucun des niveaux précédents n’est atteint, ce que nous rencontrons par
exemple lorsqu’une affirmation d’ordre mathématique est partiellement fausse sans que
la question de son domaine de validité ne soit soulevée ou lorsqu’une telle affirmation
est présente au fil du texte sans être mise en évidence comme un résultat remarquable,
207
Chapitre VI Analyse des cours
ayant donc soulevé un besoin de preuve mathématique. Nous avons rencontré les deux
cas relativement au domaine d’existence de la transformée de Laplace puis de sa
transformation inverse dans un des cours analysés.
Pour le second point, relatif au travail de la technique, nous distinguons trois niveaux
de référence à P(M) pour la mise en œuvre :
• Niveau MO 2 : les techniques mathématiques utilisées pour traiter les sous-tâches qui
apparaissent sont celles qu’utiliserait un mathématicien compte tenu des savoirs
mathématiques des étudiants, avec le même niveau de rigueur ;
• Niveau MO 1 : certaines phases de traitement ont recours à des techniques
mathématiques marquées par les usages du contexte de la discipline DI ou de la
profession ; par exemple, la recherche des solutions d’une équation est obtenue par
essai-erreur quand l’équation peut être résolue exactement.
• Niveau MO 0 : les traitements proposés manquent de rigueur au regard de ce qui serait
mathématiquement attendu dans les justifications.
Ces éléments nous permettent d’analyser la distance prise avec l’institution P(M) par
une institution d’enseignement relativement à une praxéologie mathématique.
• Dans P(DI), la partie mathématique de la technique pour réaliser une tâche relevant
de DI est validée à partir d’une validation expérimentale (en laboratoire) de la technique
208
Chapitre VI Analyse des cours
entière (c’est ce que faisait Heaviside dans les premiers temps de développement de sa
technique).
• Dans le monde professionnel, la technique impliquant une partie mathématique est
effectivement et explicitement validée par des utilisations en situation professionnelle.
Toutefois ces considérations qui pourraient être pertinentes pour des professions de niveaux
de technicité inférieurs, nous semblent ici peu opérationnelles.
Par contre, nous signalerons dans le cours de l’analyse l’apparition d’éléments de validation
par référence à P(DIg), P(DIs) ou Ip du modèle mathématique utilisé. En effet la validité
d’une technique dans DI intégrant une technique mathématique suppose que soient vérifiées
les hypothèses des théorèmes qui valident la technique mathématique.
Par ailleurs, nous mettrons également en avant l’existence d’éléments de description et
d’explication de la technique (fonctions 1 et 5 de la technologie θp) relevant des P(DI) ou de
Ip.
Il s’agit en quelque sorte d’une sur-validation liée à une institution utilisatrice, P(DI)
ou de Ip : la technique étant connue comme validée par P(M), certains éléments
technologiques, destinés particulièrement au public des utilisateurs, reformulent, interprètent
la technique et/ou la complètent en référence au sens en contexte. Par exemple, dans le
premier cours analysé, la linéarité est définie en utilisant les termes cause et effet : « L’effet
de la somme de plusieurs causes est égal à la somme des effets agissant séparément ».
209
Chapitre VI Analyse des cours
convoquée alors que le niveau T2 convoque des Disciplines Intermédiaires plus spécialisées
P(DIs).
Prendre en compte la nature des tâches dans lesquelles est utilisée une praxéologie
mathématique nous permet d’explorer les élaborations technologiques liées à l’emploi de la
technique mathématique considérée, c’est-à-dire aux fonctions de motivation et d’évaluation
dont nous postulons qu’elles sont très variables suivant l’institution dans laquelle se déroulent
les utilisations. Cet aspect de l’analyse nous conduira à nous intéresser particulièrement à
l’introduction des cours examinés ainsi qu’aux exemples d’applications qu’ils proposent.
Les niveaux de référence, le modèle élargi et les niveaux de proximité à P(M) et Ip,
vont nous permettre de déterminer sous quelle forme les praxéologies mathématiques sont
transposées et adaptées aux contraintes de cet enseignement.
Les notions analysées en termes des niveaux de référence à P(M) et Ip des trois cours sont
ensuite présentées sous forme de tableaux, de la manière suivante :
COURS 1
Eléments analysés Distance à P(M) Distance à P(DI) et Ip
Transformée de Niveaux de validation (V3, V2, V1, V0) Types de tâches (T3,
Laplace T2, T1, T0)
Fonction de transfert
Etude des réponses Mise en œuvre (MO 2, MO 1, MO 0)
Tableau 9. Tableau type de l’analyse de cours.
1) Introduction du cours
2) Notion de linéarité
3) Transformée de Laplace
210
Chapitre VI Analyse des cours
Dans la suite, nous étudions d’abord séparément les trois cours. Pour chacun d’entre
eux, nous examinons, successivement les différentes composantes mentionnées ci-dessus, ces
analyses étant finalement reprises dans une synthèse.
C’est la fonction de validation qui intervient ici, les praxéologies intervenant dans ce
cours sont présentées comme validées par P(M). La motivation du cours est, quant à elle,
décrite de la manière suivante, qui met l’accent sur la généralité des techniques élaborées sur
la base de ces théories mathématiques :
« Cette technique ou science peut être appliquée à n’importe quel système, c'est-à-dire à
n’importe quel ensemble d’éléments interconnectés ». (p. 1)
211
Chapitre VI Analyse des cours
L’automatique est donc décrite à la fois comme une science et une technique. Plus
exactement, nous dirions que l’automatique est un ensemble de praxéologies (ou une
praxéologie), validées par des théories mathématiques (composante θth - Θ) et de champ
d’applications extrêmement vaste (« elles s’appliquent à n’importe quel système » : cet
énoncé relevant de θp concerne la motivation et l’évaluation de la ou des techniques
considérées). Le cours introduit donc son objet par une évaluation doublement positive, du
fait de sa forme scientifique de validation et de l’étendue de son champ d’utilisation.
Rappelons que d’Ocagne avait déjà souligné ce rôle des mathématiques mais, cette fois, dans
un sens négatif lorsqu’il évoquait la résistance des matériaux qui, selon lui, ne pouvait pas être
considérée comme une science parce qu’elle n’était pas suffisamment mathématisée et ne
faisait pas intervenir de mathématiques assez complexes. (cf. chapitre I, p.14)
On notera que les références concrètes apparaissant dans l’introduction, sont faites à
partir de deux exemples portant sur le chauffage d’une maison illustrant la régulation de
systèmes mono-entrée, mono-sortie et de systèmes multi-entrées, multi-sorties. Ces exemples
très concrets, renvoient à un contexte professionnel spécialisé mais ils sont très généraux, les
données ne permettraient pas de les traiter et d’ailleurs dans le cadre du polycopié, ils ne
seront pas repris. Il s’agit de motiver le cours en évoquant des problématiques
professionnelles, sans plus.
2ème condition :
L’effet de la somme de plusieurs causes est égal à la somme des effets agissant séparément :
si u1 (t ) engendre un effet y1 (t )
si u 2 (t ) engendre un effet y 2 (t )
Alors k1u1 (t ) + k 2 u 2 (t ) engendre un effet k1 y1 (t ) + k 2 y 2 (t )
3ème condition :
Invariance temporelle :
si u (t ) engendre un effet y (t )
alors u (t + τ ) engendre un effet y (t + τ ) » (p. 2)
212
Chapitre VI Analyse des cours
langage qui les accompagne n’est pas mathématique mais relève du domaine de la physique
ou des disciplines intermédiaires. Ce ne sont pas des conditions de stabilité vis-à-vis des
opérations qui sont énoncées mais la façon dont ces invariances s’expriment dans le contexte
concerné. La linéarité est ainsi associée à des références concrètes cause-effet, faisant
intervenir les constituants des systèmes étudiés : une fonction d’entrée u (t ) , un processus
(exprimé par une fonction reliant u (t ) à y (t ) ) et une fonction de sortie y (t ) . L’entrée est
alors vue comme la cause, la sortie comme l’effet et la linéarité exprime des propriétés
particulières de cette relation cause-effet.
Ceci explique peut-être pourquoi la troisième condition qui correspond à l’invariance
temporelle et relève elle aussi de relations entrée-sortie mais non de la linéarité dans le sens
mathématique, est amalgamée dans ce cours aux conditions de linéarité. Précisons que ce
n’est pas le cas dans les autres cours. Par exemple, dans le cours 3, l’invariance est définie
dans un paragraphe spécial, après la linéarité, de la manière suivante :
« Un système est dit invariant si la réponse du système à un signal x(t ) différé d’un temps τ
est la même que la réponse y (t ) du système différé de τ . » (p.3)
cette définition étant accompagnée de la figure suivante :
qui ne fait l’objet d’aucune justification. Le cours va ensuite présenter les équations
différentielles associées à un certain nombre de systèmes types. On peut alors faire
l’hypothèse que P(M) est invoqué comme aval épistémologique : le terme équation intégro-
différentielle sert à étiqueter un objet mathématique et ce qui reste à justifier et à produire par
l’automatique est l’adaptation des techniques mathématiques de traitement de cet objet.
La linéarité des systèmes à modéliser est fondamentale pour cette adaptation, il est donc
nécessaire de déterminer les intervalles sur lequel ces systèmes peuvent être considérés
comme linéaires et donc d’identifier les limites à la linéarité. Dans le cours, ces limites sont
ainsi énoncées :
« Les principales limites sont vers :
-les valeurs élevées de l’amplitude de la grandeur d’entrée (saturation)
-les valeurs faibles de l’amplitude de la grandeur d’entrée (bruits de fond, frottements…) » (p.2)
213
Chapitre VI Analyse des cours
Les limites de la linéarité sont donc d’abord exprimées dans le langage de disciplines
intermédiaires, en référence à des phénomènes concrets (saturation, bruits, frottement, etc.),
donc en référence à P(DI) ou Ip. Cette référence principale à P(DI) est doublée d’une
visualisation à caractère mathématique via la donnée d’un graphe montrant le caractère affine
de la relation entre fonctions d’entrée et la sortie sur une certaine plage.
C’est donc, nous semble-t-il, à travers le rapport à la pratique et aux DI que ce cours
essaie en priorité de construire le sens et le contrôle des praxéologies mises en place, même si
l’automatique est présentée comme une théorie mathématique et les références mathématiques
nullement absentes.
a) Définition
« Application biunivoque de l’ensemble des fonctions du temps, nulles avant l’instant t=0 ; dans
l’ensemble de fonctions d’une variable complexe p (variable de Laplace notée aussi s) définie
par :
214
Chapitre VI Analyse des cours
∞
L( f (t )) = F ( p ) = ∫ e − pt . f (t )dt » (p.6)
0
D’un point de vue mathématique, cette définition est cependant approximative. Elle
semble considérer que l’existence de l’intégrale ainsi que celle de la transformée inverse sont
assurées dans l’espace vectoriel des fonctions à support dans , ce qui n’est pas le cas.
Notons toutefois que la non convergence de l’intégrale ne pose pas de problèmes dans le cas
de l’exploitation faite de cette notion en automatique, dans la mesure où la transformée de
Laplace est bien définie pour toutes les fonctions utilisées dans les contextes concrets.
On peut donc considérer la définition donnée comme une adaptation de celle de P(M),
utilisant le symbolisme mathématique usuel, mais visant avant tout son exploitation pratique
et évitant de ce fait d’aborder les questions de fondement. Les questions d’existence de la
transformée de Laplace et de sa réciproque ne font d’ailleurs l’objet d’aucun commentaire
dans ce cours. Nous dirons que sur le plan de la validation, P(M) est ici ignorée (niveau V0).
L’auteur aurait pu soulever explicitement la question de l’existence et faire référence aux
limites de conditions d’utilisation de l’automatique P(DIg) (fonctions spécifiques de signal)
en invoquant ou pas l’existence des preuves mathématiques d’existence dans ces cas
particuliers. C’est implicitement cette option qui guidera la suite du cours (partie c
Transformées usuelles ; chapitre Systèmes du premier ordre)
b) Propriétés fondamentales
Dans ce cours, six propriétés dites fondamentales sont présentées, la deuxième étant
soulignée comme la plus utile : « En automatique, c’est essentiellement la transformée de la
dérivée qui nous servira » (p.6)
« linéarité L (a1 . f1 (t ) + a 2 f 2 (t )) = a1 F1 ( p ) + a2 F2 ( p )
df (t )
transformée de la dérivée L = p.F ( p) − f (0+)
dt
théorème de la valeur finale f (∞) = lim p.F ( p )
p →0 +
Ce sont les propriétés usuelles, essentielles au calcul des transformées de Laplace, que
l’on s’attend à trouver dans tout enseignement de ce type. On peut considérer ces énoncés
comme une technologie de nature théorique, associée à la technique. On notera l’emploi du
mot théorème évoquant encore une fois P(M) pour justifier et valider, mais aucune des
propriétés n’est en fait démontrée (V1). On peut remarquer que les titres utilisés se situent
dans une perspective appliquée à DI (retard, échelle…)
Le cours se poursuit avec la présentation de transformées usuelles utilisées en automatique.
215
Chapitre VI Analyse des cours
c) Transformées usuelles
Les transformées usuelles sont présentées sous forme de tableau :
f (t ) F ( p) f (t ) F ( p)
1 1
Echelon unitaire 1 t.e − at
p ( p + a )2
1 ω
rampe t sin ωt
p2 p +ω2
2
p
impulsion δ (t ) 1 cos ωt
p +ω2
2
e − at 1 t n−1 1
p+a (n − 1)! pn
Tableau 10. Transformées usuelles (Cours 1).
Il est précisé que les démonstrations pour les principales fonctions d’entrée seront
faites dans le cours oral. P(M) est donc convoquée explicitement cette fois (V3) –nous
ignorons à quel niveau de mise en œuvre se situent les démonstrations présentées- mais en
même temps les exemples choisis montrent une référence très concrète à l’automatique
(échelon unitaire, rampe t et impulsion δ(t)). L’effort de justification mathématique nous
semble limité aux contextes d’usages dans P(DI)-E(DI) et Ip.
On notera que la notion d’impulsion qui correspond à la Distribution delta de Dirac n’est pas
explicitement définie. Mais on peut supposer que ce n’est pas une notion naturelle pour les
étudiants.
On passe ensuite à la fonction de transfert.
dy d2y dny
L = p.Y ( p ) ⇒ L = p 2 .Y ( p ) ⇒ K ⇒ L = p n .Y ( p )
dt dt dt
⇒ bn p nY ( p) + K + b1 pY ( p) + b0Y ( p) = am p mU ( p) + K + a1 pU ( p) + a0U ( p)
am . p m + K + a1 p + a0
Y ( p ) = H ( p ).U ( p ) = .U ( p) » (pp. 7-8)
bn . p n + K + b1 p + b0
216
Chapitre VI Analyse des cours
discours explicatif. Par exemple on se situe dans le cas où les conditions initiales sont nulles
sans expliquer en quoi c’est utile d’une part (absence de motivation), possible d’autre part par
rapport aux caractéristiques des systèmes que l’on cherche à étudier (absence de validation).
Après cette définition, on trouve une explicitation des différentes étapes de la
technique associée et un premier exemple qui l’illustre, détaillant tous les calculs y compris la
décomposition en éléments simples de la fraction rationnelle obtenue.
« Résolution d’une équation différentielle en utilisant la transformée de Laplace :
*Chercher la fonction de transfert
*Décomposer en éléments simples la fraction rationnelle,
*Revenir à l’original en utilisant le tableau des transformées usuelles
Soit un système du premier ordre décrit par une équation différentielle de la forme :
dy
T + y = k .u
dt
Quelle est l’équation de la sortie y (t ) si l’on applique à l’entrée une rampe de la forme
u = at ? (on supposera les conditions initiales nulles)
Fonction de transfert :
T . p.Y ( p) + Y ( p) = k .U ( p)
k
Y ( p) = .U
1 + pT
k .a
⇒ Y ( p) = 2
p .(1 + pT )
a
Si u = at ⇒ U ( p ) = 2
p
Notons que l’exemple n’est pas contextualisé, on ne sait pas quel type de système
physique est décrit par l’équation différentielle choisie, le but est celui de décrire, de montrer
une technique générale de nature mathématique pour trouver la fonction de sortie
correspondant à une fonction d’entrée donnée. Il est mentionné que la technique sera
appliquée à d’autres fonctions d’entrée, échelon, impulsion et sinusoïde, c'est-à-dire les
fonctions d’entrée basiques en automatique mais on reste pour l’instant dans le champ d’un
217
Chapitre VI Analyse des cours
calcul purement mathématique, c’est-à-dire d’une tâche relevant du niveau T0 que nous avons
introduit. Cette partie est suivie d’une courte liste d’exercices qui sont tous de type T0
(résoudre une équation différentielle, décomposer en éléments simples et résoudre une
équation intégrale, ce qui demande une adaptation de la technique de résolution des équations
différentielles).
Dans le chapitre suivant intitulé, « Systèmes de premier ordre », la technique est étendue : non
seulement, il faut trouver les fonctions de sortie, désignées maintenant comme « réponses
transitoires », mais il faut aussi les interpréter. Les « réponses transitoires » aux fonctions
d’entrée échelon unitaire, rampe et impulsion représentent théoriquement différentes
transitions du comportement d’un système. Elles sont présentées dans ce chapitre en
considérant le même système que dans l’exemple précédent, modélisé par l’équation :
dy
T + y = k .u
dt
Cette étape semble faire une transition vers le contexte d’utilisation de la technique
mais on en restera au niveau T1 de tâches génériques, sans référence à des situations précises
qui pourraient évoquer Ip. Nous analysons dans ce qui suit la présentation des trois réponses
transitoires mentionnées plus haut. Les techniques permettent d’aboutir aux graphes de
réponses de sortie, ce travail est pris en charge par le logiciel (Matlab dans le projet 3) lorsque
le système est sous forme de « schéma bloc ». Cependant, connaître ces graphes et ce qu’ils
représentent est une dimension du travail sur le logiciel à laquelle sont associés des éléments
technologiques spécifiques.
Figure 81. Fonction échelon unitaire. Figure 82. Réponse à un échelon unitaire.
218
Chapitre VI Analyse des cours
Il s’agit ici dans un premier temps d’une résolution mathématique même si la fonction
ku0 n’est pas désignée comme une fonction constante mais comme le nouveau régime
permanent. Après le graphe de la figure 4, on aborde une question relevant du niveau T1, dans
le champ de la Discipline Intermédiaire générique qu’est l’automatique, en s’intéressant au
temps nécessaire pour que le nouveau régime permanent soit atteint.
Si l’on demeure dans le cadre strictement mathématique, la résolution mathématique conduit
à un temps infini puisque vue l’expression de y (t ) ceci impose e −t / T = 0 ce qui n’est pas
possible. Pratiquement, on choisit donc de définir le temps de réponse comme celui qui est
nécessaire pour que y (t ) atteigne 0,95ku0 :
« Le régime transitoire étant exponentiel, ce n’est théoriquement qu’au bout d’un temps infini
que le système atteint son régime définitif.
On considère pour chiffrer la rapidité de réponse du système, le temps de réponse à 5% : temps
au bout duquel le système atteint son régime défini à 5% près et à partir duquel il ne s’écarte pas
de plus de 5%. » (p.11)
Le fait que l’inégalité recherché reste valide pour des valeurs supérieures à 3T n’est
pas considéré explicitement ni a fortiori justifié.
On voit particulièrement bien là, nous semble-t-il, le jeu entre les institutions de référence.
P(M) est d’abord convoquée pour valider et mettre en œuvre la technique mathématique
(résolution par transformation de Laplace), puis on change d’institution de référence pour
l’exploitation du produit de cette technique avec, à ce moment, une résolution que nous
considérons au niveau 1 de mise en œuvre (MO 1) pour mettre en avant l’élément suivant : la
technique proposée n’utilise pas le potentiel mathématique disponible (ici la fonction
logarithme népérien) et se rabat sur une approche très élémentaire (mais on pourrait
également situer cette résolution au niveau MO 0 du fait qu’elle interprète sans justification
une égalité en un point comme une inégalité sur un intervalle). Par ailleurs, seule la référence
au contexte de P(DI), voire celui de Ip, peut valider le choix du seuil 0,95.
219
Chapitre VI Analyse des cours
« y (t ) = ka.(t − T + T .e − t / T )
Erreur dynamique
e(t ) = k .u (t ) − y (t )
» (p.12)
= k .a.T .(1 − e −t / T )
lorsque t → ∞ ce terme tend
vers l’écart permanent : ε = k .a.T »
c) Réponse impulsionnelle
La réponse impulsionnelle est la fonction de sortie correspondant à une impulsion
δ (t ) comme fonction d’entrée. Nous reproduisons la présentation faite dans le cours, ci-
dessous :
« Soit u (t ) = δ (t ) ⇒ U ( s ) = 1
k
Y ( s) = H ( s) =
1 + sT
La réponse impulsionnelle h(t ) est
k −t / T
donc l’original de H(s) h(t ) = e »
T
Figure 84. Réponse impulsionnelle.
De la même manière que dans les deux autres cas, la technique mathématique pour
trouver la fonction de sortie h(t ) est mise en place et le graphe associé est présenté (figure 6),
mais ici aucune contextualisation de la réponse n’est proposée. On ne sait pas quelle est la
transition modélisée par cette réponse ni ce qui est représenté par k / T . La tâche pourrait
220
Chapitre VI Analyse des cours
donc quasiment être identifiée au type T0, n’était le contexte global lié à la notion de fonction
impulsion.
221
Chapitre VI Analyse des cours
222
Chapitre VI Analyse des cours
223
Chapitre VI Analyse des cours
les outils mathématiques sont différents. Ce cours concerne uniquement les Asservissements
continus » (p.3)
Notons qu’ici, contrairement au cours précédent, ce sont les techniques et non les
théories mathématiques qui sont considérées. L’intérêt des techniques mathématiques qui
vont être enseignées est motivé en référence aux types de tâches T1 de DIg (l’Automatique)
qu’elles vont permettre de traiter. On notera également un effort pour illustrer la diversité des
grandeurs concernées, ce qui peut être considéré comme une évocation des disciplines
intermédiaires plus spécifiques (électricité, mécanique, thermique, hydraulique, optique,
chimique-T2).
On notera que la fonction y e (t ) appelée ici « loi de consigne », n’apparaît pas comme
telle dans le cours précédent et correspond au comportement souhaité du système. La
technique d’asservissement doit permettre de rapprocher la fonction de sortie y (t ) de la
fonction y e (t ) souhaitée. Le langage pour exprimer le type de tâches et les références sont
ceux du domaine (l’Automatique DI générique), c’est seulement dans la section suivante que
l’on parle de modèles mathématiques :
« Supposons connaître un modèle mathématique parfait décrivant le fonctionnement du
processus entre la commande x(t ) et la sortie y (t ) . Ce modèle peut être une équation
différentielle, une fonction de transfert ou une représentation vecto-matricielle. Il paraît assez
simple de déterminer la loi de commande x(t ) permettant d’obtenir y (t ) = ye (t ) […] Outre
que l’hypothèse de départ est utopique (on ne peut pas avoir un modèle mathématique parfait),
mais surtout cette commande directe ne pourrait pas donner satisfaction car y(t) ne dépend pas
seulement de x(t) mais est aussi sensible à d’autres grandeurs qui varient de façon imprévisible
et qu’on appelle perturbations. » (p.4)
P(M) est évoquée lorsque les équations différentielles, les fonctions de transfert ou la
représentation vecto-matricielle sont mentionnées comme modèles, mais la motivation est
pratique au niveau de la discipline intermédiaire Automatique puisque l’accent est mis sur la
fonctionnalité de ces modèles mathématiques pour réaliser y (t ) égale à y e (t ) . Cette
fonctionnalité n’est pas sous-estimée même s’il est signalé qu’un modèle « parfait » n’existe
pas et que par ailleurs, la réalité modélisée, en particulier du fait des perturbations, dépasse
une relation directe entre x(t ) et y (t ) . Notons que la notion de fonction de transfert qui n’est
pas une notion mathématique, même si elle est hautement mathématisée, est ici amalgamée
aux modèles mathématiques. A la fin du chapitre, il est mentionné que les notions présentées
seront « reprises mathématiquement » dans le chapitre 5.
Le chapitre suivant est consacré entièrement à la notion de transformée de Laplace.
224
Chapitre VI Analyse des cours
a) Définition
La définition mathématique de la transformée de Laplace est introduite par une
explication qui fait intervenir explicitement les deux niveaux d’abstraction dans le langage du
cours opposant « monde symbolique » et « monde réel ».
« A toute fonction f (t ) dans notre monde réel correspondra une fonction F ( p ) dans le monde
symbolique. Cette fonction sera appelée : image de f (t ) . Inversement f (t ) sera appelée
originale de F ( p ) . Ce passage du monde réel au monde symbolique est défini par la
transformée de Laplace suivante :
∞
L[( f (t )] = F ( p ) = ∫ e − pt . f (t ).dt = image de f (t ) » (1)
0
225
Chapitre VI Analyse des cours
« Une tension v(t ) dans le monde réel deviendra V (P ) dans le monde symbolique
Un débit q (t ) deviendra Q (P )
Une vitesse angulaire w(t ) deviendra Ω(P ) » (p.8)
b) Propriétés fondamentales
Les propriétés de la transformée sont introduites en mentionnant qu’elles doivent être
connues parce qu’elles vont permettre de calculer les transformées des fonctions sans revenir
à la définition. On retrouve le souci de motiver les éléments de savoir introduits dans une
perspective de mise en œuvre technique. Le cours présente huit propriétés :
1. L[ f1 (t ) + f 2 (t ) + f 3 (t )] = F1 ( p ) + F2 ( p ) + F3 ( p ) 2. L[k . f (t )] = k .F ( p )
3. L[ f (t − T )] = e − pt .F ( p ) [ ]
4. L f (t )e − at = F ( p + a )
df (t ) d n f (t )
5. L = pF ( p ) avec f (0) = 0 6. L = p n F ( p)
dt
n
dt
Notons que la propriété 5 est un cas particulier de la propriété 6. Toutes les propriétés
sont effectivement démontrées. On constate donc que P(M) est convoquée pour la validation
(V3).
Nous allons d’abord analyser les démonstrations des propriétés relatives à la linéarité (1 et 2),
à la dérivée (5 et 6), à l’intégrale (7), puis au « retard » (3), à l’amortissement (4) et
finalement aux valeurs initiale et finale (8).
« 1. Somme de fonctions, multiplication, par une constante
Dans l’expression de l’intégrale de Laplace [il est indiqué de regarder la définition donnée, ici
(1)] si on remplace f(t) par une somme de fonctions : f1(t)+ f2(t)+f3(t) on pourra séparer
l’intégrale en une somme de trois intégrales correspondant chacune à l’image d’une des trois
fonctions. Ainsi :
L[ f1 (t ) + f 2 (t ) + f 3 (t )] = F1 ( p ) + F2 ( p ) + F3 ( p )
De même, si on multiplie f(t) par une constante k, on peut sortir cette constante de l’intégrale et
on en déduit que l’image est simplement multipliée par k :
L[k . f (t )] = k . f ( p )
226
Chapitre VI Analyse des cours
L’image d’une somme de fonctions est la somme des images. Si on multiplie la fonction par une
constante, l’image est multipliée par la même constante. Si on s’arrêtait là, ça n’aurait aucun
intérêt cette transformée ! » (p.9)
Cette « démonstration » est discursive. L’auteur n’explicite pas le détail des calculs
mais en décrit les gestes justifiant la linéarité de la transformée de Laplace par celle de
l’intégrale. On notera cependant que le terme « linéarité » n’est jamais utilisé : on reste au
niveau des opérations. A la dernière ligne, il souligne d’ailleurs qu’elles ne montrent pas
encore le potentiel pratique de la transformée de Laplace.
« Dérivation d’une fonction : soit g (t ) la dérivée de f (t ) . On veut exprimer G ( p ) en fonction
de F ( p ) .
∞
Lg (t ) = ∫ e − pt .g (t ).dt
0
− pt
On va intégrer par partie : on pose u = e et g (t ).dt = dv d’où du = − p.e − pt et v = f (t )
puisque g (t ) est la dérivée de f (t )
∞
[ ]∞
Lg (t ) = e − pt . f (t ) 0 + p ∫ e − pt . f (t ).dt = p.F ( p ) − f (0)
0
Donc dans le monde symbolique, la dérivation d’une fonction consiste à la multiplier par p
ensuite retrancher une constante correspondant à la valeur initiale de la fonction originale.
Si on extrapole le résultat précédent aux dérivées successives de f (t ) , on obtient :
Lf (t ) = F ( p )
Lf ' (t ) = p.F ( p ) − f (0)
» (p.9)
Lf ' ' (t ) = p[ p.F ( p ) − f (0)] − f ' (0)
Lf ' ' ' (t ) = p{p[ p.F ( p ) − f (0)] − f ' (0)}− f ' ' (0)
227
Chapitre VI Analyse des cours
« Nous nous placerons toujours dans l’hypothèse suivante : le système qui va générer la
fonction f (t ) en réponse à une excitation d’entrée doit être initialement au repos c'est-à-dire
que f (t ) doit être constant avant qu’on applique un signal de commande. Ainsi dans les
expressions précédentes : f ' (0) = 0 et f ' ' (0) = 0 et de façon générale toutes les valeurs
initiales des dérivées successives de f (t ) sont nulles. Seulement subsiste la valeur f (0) qui
n’est pas nulle. Et bien il suffira de considérer que les fonctions du temps calculées (théorie) ou
enregistrées (pratique) ne seront pas comptées à partir du zéro absolu mais seront comptées à
partir de la valeur initiale de repos. Autrement dit, ce qui nous intéresse c’est la variation
de f (t ) par rapport à sa valeur initiale de repos » (p.9)
« Le calcul de la dérivée 7ème d’une fonction du temps f (t ) quelconque est très long et
7
fastidieux. Dans le monde symbolique, il suffit de multiplier l’image de f (t ) par p . » (p.10)
228
Chapitre VI Analyse des cours
[ ] F ( p)
L ∫ f (t ).dt = »(p.10)
p
La preuve repose sur un discours en langue naturelle qui ne permet pas véritablement
d’exercer un contrôle rigoureux de la validité des arguments. Une rédaction du type suivant
serait plus familière à un mathématicien :
Les deux formules qui viennent d’être justifiées, transformée de Laplace d’une
dérivée et d’une intégrale sont ensuite présentées dans un contexte fonctionnel relevant de
l’automatique, via un schéma (figure 86). Celui-ci montre le système physique représenté par
une boîte avec une entrée (x) et un sortie ( y ) , sous trois modélisations : équation
différentielle, fonction de transfert et graphe de transfert.
Ces modélisations sont liées et c’est la transformée de Laplace qui permet le passage
entre elles. La notion de fonction de transfert est introduite en acte dans les deux cas
particuliers déjà rencontrés, sans définition préalable ; la technologie correspondante sera
présentée ultérieurement. On notera que les icônes utilisées renvoient à des usages relevant
229
Chapitre VI Analyse des cours
des P(DI) (le système à asservir comme une boite), de même que les termes « dérivateur » et
« intégrateur » peu utilisés en mathématiques. Le discours accompagnant ce schéma met
l’accent sur la facilité associée à l’utilisation des transformées de la dérivée et de l’intégrale,
vues comme opérations algébriques. Cette première contextualisation est faite en restant dans
le domaine mathématique, comme l’auteur le signale en reprenant l’analogie du « monde
symbolique », toutefois, la volonté de produire un discours technologique associé à la
fonctionnalité de la transformée fait intervenir un langage qui s’éloigne de P(M) et s’approche
de P(DIg).
On trouve, après ce schéma, une deuxième contextualisation, cette fois à partir d’une diversité
d’exemples : électriques, mécaniques et hydraulique, c’est-à-dire pour des contextes relevant
de P(DIs), se rapprochant donc de Ip (T2). Ces exemples correspondent à des systèmes
modélisés par des équations différentielles, la dérivée étant associée à une situation et
l’intégrale à une autre.
« Prenons une self d’inductance L traversée par un courant instantané i(t).
La tension instantanée à ses bornes sera v(t)=L.di(t)/dt. en posant V(p)=Lv(t) et I(p)=Li(t) on
obtient :V(p)=L.pI(p) et la fonction de transfert de la self est alors V(p)/I(p)=Lp
Prenons maintenant un condensateur de capacité C dans les mêmes conditions d’expérience. On
aura v(t)=1/C.§i(t)dt
Remarque :Le symbole § doit se lire : Somme de 0 à t (c’est une intégrale) Donc
V(p)=1/C.I(p)/p et la fonction de transfert du condensateur est alors V(p)/I(p)=1/Cp.
L’inductance est un dérivateur de courant et la capacité est un intégrateur du courant. » (p.11)
La technique mathématique est présentée à partir de ces exemples, les deux propriétés
de la transformée (relatives à la dérivée et à l’intégrale) permettant de trouver la fonction de
transfert. Cette dernière prend sens et est justifiée par le contexte, puisque la technologie
associée à la technique n’est pas encore explicitée.
La propriété introduite ensuite est celle du « retard » qui était présentée dans le cours 1
comme un théorème.
« Retard
Supposons connaître l’image de F ( p ) d’une fonction du temps f (t ) nulle avant l’instant
initial. Déterminons l’image de la même fonction mais retardée d’un temps T par rapport à
l’instant initial. La valeur à un instant t de cette nouvelle fonction est égale à la valeur de la
fonction de départ à l’instant (t − T ) . Calculons l’image de f (t − T ) .
∞
Lf (t − T ) = ∫ e − pt . f (t − T ).dt on pose u = t − T d’oú t = u + T et du = dt
0
∞ ∞
− p (u +T )
∫e . f (u ).du = e − pT ∫ e − pu . f (u ).du pour u<0 f (u ) est nulle
−T −T
∞
= e − pT ∫ e − pu . f (u ).du = e − pT F ( p ) » (p.12)
0
230
Chapitre VI Analyse des cours
le cas simple d’un changement affine (V3). Ici la démonstration proposée ne peut pas être
considérée comme ayant un défaut de rigueur (MO 2), à la question de l’intégrabilité près
mais celle-ci n’a jamais été envisagée. Le discours explicatif reflète cependant la volonté de
rendre significative cette transformée. De ce fait, dans la détermination de la transformée
associée, le langage fait intervenir le domaine, t en tant que variable de temps et T comme
constante du temps. On a donc une interprétation du résultat mathématique dans P(DIg).
La cinquième et avant dernière propriété correspond à « la fonction amortie » :
« Fonction amortie
Etudions l’influence d’un amortissement exponentiel d’une fonction du temps quelconque don
on connaît l’image. Calculons l’image de la fonction f (t ).e − at
∞ ∞
Lf (t ).e −at = ∫ e − pt . f (t ).e −at .dt = ∫ .e −( p+a ) t . f (t ).dt = F (a + p ) » (p.12)
0 0
Notons que, une fois de plus, l’intérêt d’utiliser la transformée de Laplace est mis en
évidence, en utilisant la motivation pratique ici en référence à P(DIg). L’argument porte cette
fois sur la précision dans l’étude d’un asservissement. Cette technique est ensuite présentée :
« La démonstration se fait en repartant de l’image de la dérivée g (t ) d’une fonction f (t ) :
∞
df (t ) − pt
g (t ) =
dt ∫e
0
.g (t ).dt = p.F ( p ) − f (0)
Faisons tendre p vers 0 dans les deux membres de cette égalité e − pt → 1 et ainsi le premier
membre est l’intégrale de g (t ) c.à.d f (t ) donc :
[ f (t )]0∞ = lim [ p.F ( p)] − f (0) = f (∞) − f (0) d’où lim[ p.F ( p )] = f (∞)
p →0 p →0
231
Chapitre VI Analyse des cours
Maintenant faisons tendre p ver l’infini dans les deux membres de l’égalité du haut. Cette fois
e − pt → 0 et on déduit que lim[ p.F ( p )] = f (0) » (p.13)
p →∞
Est ainsi justifiée une technique permettant d’obtenir les valeurs aux bornes d’une
fonction connaissant sa transformée. La démonstration proposée comporte un certain nombre
d’approximations au niveau de la rigueur mathématique puisque l’on est amené à permuter
intégration et passage à la limite sans qu’aucune vérification des conditions qui autorisent
cette permutation ne soit proposée. Par ailleurs la notation f (∞) est un abus qui semble
correspondre à l’identification de la limite avec un état stationnaire déjà rencontrée dans le
cours 1. De même que pour la démonstration de la propriété 5, nous considérerons que si P(M)
est convoquée (V3) pour la validation, la mise en œuvre est à niveau 0 (MO 0).
L’intérêt pratique de la propriété est tout de suite souligné, en référence aux P(DI) :
« Cette dernière relation est utile pour connaître la valeur initiale à t=0 + uniquement s’il y a
discontinuité (c’est le cas par exemple de la réponse impulsionnelle d’un système du premier
ordre). Sinon on trouvera toujours une valeur initiale nulle c’est notre hypothèse de travail. La
seule relation qui nous intéresse vraiment est celle qui permet de déterminer la valeur finale de
f (t ) : lim f (t ) = lim[ p.F ( p )] » (p.13)
t →∞ p →0
c) Transformées usuelles
Dans ce cours, les transformées usuelles correspondent à celles des « fonctions
canoniques » et seulement trois sont introduites : l’échelon de position (dit unitaire dans le
cours 1), l’échelon de vitesse et l’échelon d’accélération. Les formulations utilisées sont tout à
fait spécifiques des Disciplines Intermédiaires (notion d’échelons). L’auteur précise :
« en Automatique, on utilise une terminologie de mécanicien car les premiers asservissements
industriels réalisés furent de technologie entièrement mécanique comme par exemple le
régulateur de vitesse à boules sur les machines à vapeur » (pp.13-14)
Le cours est ainsi mis en relation avec des perspectives appliquées qui peuvent relever
de Ip.
Les transformées annoncées sont ensuite déterminées :
« Commençons par l’échelon unitaire c.à.d. un échelon d’une unité. Cette fonction sera
nommée u(t). Elle est initialement nulle, et vaut 1 pour t > 0.
∞ ∞ ∞
e − pt 1
L[u (t )] = . » (p. 14)
− pt − pt 1
∫e
0
.u (t ).dt = ∫ e dt =
0 p 0 p
=
p
232
Chapitre VI Analyse des cours
on obtient la fonction a.t2/2 qu’on appelle échelon d’accélération de a unités par seconde-carré.
La représentation de cette fonction est une parabole (de position). Puisque cette fonction est
intégrale de la précédente, son image est à nouveau multipliée par 1/p donc :
a a at 2 a
L a.u (t ) = L a.t.u (t ) = L .u (t ) = 3 » (p. 14)
p p2 2 p
On pourra noter que l’auteur n’utilise pas une méthode qui consisterait à reprendre
trois fois la définition de la transformée de Laplace, il déduit du premier calcul deux résultats
en utilisant un théorème.
La question de la transformation inverse est ensuite abordée mais elle n’est pas problématisée
en terme d’existence ; l’auteur souligne seulement que revenir à la fonction f (t ) est une tâche
difficile à réaliser et que cela sera fait uniquement en cas de nécessité. Trois techniques pour
ce faire sont ensuite présentées :
« Transformation inverse
Il est très facile de travailler dans le monde symbolique, mais il est plus difficile de revenir dans
le monde réel et pourtant c’est parfois nécessaire. Si ce n’est pas indispensable, on évite ce
travail souvent long et fastidieux. La transformation inverse consiste donc à trouver la fonction
du temps f (t ) correspondant à l’originale d’une fonction F ( p ) qui a été élaborée par des
opérations simples dans le monde symbolique : f (t ) = L−1 F ( p ) . » (p.14)
233
Chapitre VI Analyse des cours
On constate d’abord que les notions de résidu et de pôle sont introduites sans être
définies. Les hypothèses nécessaires pour écrire la fonction f sous la forme n(p)/d(p) ne sont
pas explicitées. Il faut notamment vérifier que la fonction n(p) est holomorphe au voisinage
du point considéré et non nulle en ce point. On voit une application du théorème des résidus
qui n’est pas explicitée et justifiée. Il n’y a pas donc aucun discours justificatif de cette
technique (on peut au mieux considérer que le formalisme utilisé évoque P(M) et sa validation
– V1), les gestes sont décrits sans aucun souci d’explication, ce qui est tout à fait contraire
aux choix que nous avons jusqu’à présent rencontrés dans ce cours. La technique est illustrée
par un exemple :
p+3 p+3
« F ( p) = = les deux pôles simples sont p1 = −1 et p2 = −2
p + 3 p + 2 ( p + 1)( p + 2)
2
p+3 p + 3 pt p + 3 pt
H ( p) = e pt R p1 = e = 2 e −t R p 2 = e = e −2t
( p + 1)( p + 2) p + 2 p = −1 p + 1 p=−2
[ ]
donc : f (t ) = 2e − t + e −2t u (t ) » (p.15)
Cette technique sera évoquée dans l’introduction du chapitre 2 pour l’étude des
réponses des systèmes aux différentes fonctions d’entrée. F ( p) sera la fonction de transfert
du système, qui jusqu’ici n’est pas encore définie.
Il ne semble pas que le projet de l’auteur soit véritablement d’enseigner la technique utilisant
le calcul de résidus. Ce qui est déclaré fonctionnel est en fait l’utilisation d’une table de
transformées de fonctions usuelles rencontrées en Automatique :
« C’est grâce à cette table que nous pourrons exprimer les fonctions du temps sans trop de
calculs. […] Elle est parfaitement adaptée à nos besoins en Automatique. […] Pour les
fonctions F(p) compliquées il faudra faire une décomposition de cette fonction en une somme
d’éléments simples puis prendre l’originale de chaque élément afin d’en faire à nouveau la
somme. » (p.15)
234
Chapitre VI Analyse des cours
On notera que le lien fait entre les constantes τ et a n’est pas évident. La constante du
temps τ apparaît dans la transformée d’une fonction f et elle devient la constante a dans la
transformée inverse de f. La technique ici montrée permet donc de trouver la valeur de τ sans
utiliser la table de transformées inverses.
Notons que selon son habitude l’auteur s’attache particulièrement à mettre en avant la
fonctionnalité des techniques mathématiques et particulièrement de la transformée de Laplace.
A partir de la notion de fonction de transfert, l’auteur reprend les trois fonctions échelon unité,
échelon vitesse et échelon accélération présentées dans la section précédente, et calcule les
fonctions de transfert associées :
« Si b0 n’est pas nul, le système est dit de classe 0 et la forme canonique de T ( p ) est :
Y ( p) 1 + α1 p + α 2 p 2 + K + α m p m
T ( p) = = K0
X ( p) 1 + β1 p + β 2 p 2 + L + β n p n
avec K 0 = a0 / b0 = gain en position (gain statique), α k = ak / a0 et β k = bk / b0
Si b0 = 0 est si b1 est non nul, le système est dit de classe 1 (un intégrateur) et la forme
canonique de T ( p ) est :
235
Chapitre VI Analyse des cours
Y ( p ) K1 1 + α1 p + α 2 p 2 + K + α m p m
T ( p) = =
X ( p) p 1 + β1 p + β 2 p 2 + L + β n−2 p n−2 + β n−1 p n−1
avec K1 = a0 / b1 = gain vitesse, α k = ak / a0 et β k = bk +1 / b1
Si b0 = 0 et si b1 = 0 , le système est dit de classe 2 (deux intégrateurs) et la forme canonique
de T ( p ) est :
Y ( p) K 2 1 + α1 p + α 2 p 2 + K + α m p m
T ( p) = = 2
X ( p ) p 1 + β1 p + β 2 p 2 + L + β n−3 p n−3 + β n−2 p n−2
avec K 2 = a0 / b2 = gain en accélération, α k = ak / a0 et β k = bk + 2 / b2 » (p.17)
Y ( p ) K i 1 + α1 p + α 2 p 2 + K + α m p m
T ( p) = =
«
X ( p ) p i 1 + β1 p + β 2 p 2 + L + β n−i p n−i » (p.18)
La technique associée à cette fonction est ensuite présentée. On voit que l’idée de
conserver la fonction de transfert T ( p) comme le rapport entre deux polynômes Y ( p) / X ( p) ,
sert à introduire la technique de décomposition en éléments simples du dénominateur X ( p) .
Cette technique n’est pas supposée connue, elle est introduite par l’exemple d’un polynôme
de 5ième degré et ensuite généralisée ainsi :
Y ( p) K i 1 + α1 p + K + α m p m
« T ( p) = = i
X ( p ) p (1 + τ 1 p ) + (1 + τ 2 p ) L (1 + a1 p + b1 p 2 ) (1 + a2 p + b2 p 2 )
En effectuant le produit de facteurs on retrouve bien sûr le polynôme
( 1 + β 1 p + β 2 p 2 + L + β n −i p n −i ).
On peut maintenant décomposer la fraction en une somme d’éléments simples et ceci sans avoir
à factoriser le numérateur :
Y ( p ) K i A1 A2 B1 + C1 p B2 + C2 p
T ( p) = = i + +L+ + + L
X ( p ) p (1 + τ 1 p ) (1 + τ 2 p ) (1 + a1 p + b1 p ) (1 + a2 p + b2 p )
2 2
» (p.18)
On retrouve encore une fois cette volonté d’expliquer la technique et de montrer son
confort d’utilisation, tout en essayant de rester dans un niveau d’invocation de P(M), V2. La
technique mise en place est générale et permet de déterminer, à la fin du chapitre, six
fonctions de transfert associées aux six éléments dits élémentaires :
« le gain K , l’intégrateur 1 / p , le dérivateur p , le premier ordre 1 /(1 + τp ) , le second ordre
1 /(1 + ap + bp 2 ) et le retard e −Tp » (p.19)
Ces six éléments sont dits élémentaires en invoquant P(DI), l’étude de réponses est
faite sur ceux-ci.
236
Chapitre VI Analyse des cours
y (t ) = ∑1 à n résidus de H ( p ) + ∑ 1à k
résidus de H ( p )
L’étude porte ensuite sur les réponses aux fonctions d’entrée classiques : delta de
Dirac, échelon unitaire, rampe. Les réponses à ces trois fonctions classiques sont présentées
pour chacun de six éléments simples, mentionnées plus haut. Une généralisation est ensuite
faite en considérant une fonction quelconque comme fonction d’entrée.
Nous analyserons les réponses classiques concernant l’équation du premier ordre.
a) Réponse impulsionnelle
La réponse impulsionnelle est la fonction de sortie à une distribution delta de Dirac
comme fonction d’entrée. La distribution delta est mentionnée comme « l’impulsion de
Dirac » comme dans le cours 1 et définie de la manière suivante :
« L’impulsion de Dirac est définie mathématiquement comme étant la dérivée d’un échelon
unité parfait. Ce serait donc une impulsion (à l’instant t=0) d’amplitude infinie et de largeur
nulle, dont la surface serait 1. […] L’image de l’échelon unité étant 1 / p et la fonction de
transfert du dérivateur étant p, on en déduit : Lδ (t ) = 1 » (p.20)
Notons que voir l’impulsion de Dirac comme la dérivée de l’échelon unité, permet de
justifier que sa transformée est égale à 1. Ceci, sans une autre explication, est difficilement
compréhensible car la fonction échelon n’est pas dérivable en 0. Une telle explication que
l’auteur essaie de développer en utilisant le conditionnel et en écrivant que cela serait une
237
Chapitre VI Analyse des cours
238
Chapitre VI Analyse des cours
On constate donc que pour n’importe quel système, donc pour T ( p ) quelconque, la réponse
indicielle est l’intégrale de la réponse impulsionnelle. Inversement la réponse impulsionelle est
la dérivée de la réponse indicielle :
yimp (t ) = dyind (t ) / dt et yind (t ) =§ yimp (t ).dt » (p.22)
L’association faite entre ces deux réponses est cohérente avec l’introduction de la
réponse impulsionnelle et la vision de l’impulsion de Dirac comme la dérivée de l’échelon
unitaire. On notera que cette association est purement mathématique, aucun commentaire
concernant P(DI) n’est faite.
D’un point de vue mathématique, on peut dire que les théorèmes et propriétés permettant de
justifier le lien entre ces deux réponses, impulsionelle et indicielle, restent dans l’implicite.
La réponse est étudiée pour un échelon unitaire d’amplitude a.u (t ), de la même
manière que dans le cas précédente, la fonction de transfert est connue et la réponse de y (t )
est trouvée en utilisant la table des inverses.
« T ( p ) = Y / X = A /(1 − τp ) d’où YIMP ( p ) = [A /(1 + τp )].a / p = aA /[ p (1 + τp )]
donc yind (t ) = aA(1 − .e − t /τ ).u (t ) » (p.22)
L’analyse de la réponse est faite en prenant appui sur le graphe (figure 10) qui est
accompagné de l’explication suivante :
« C’est une courbe exponentielle qui, à partir de la valeur initiale, varie de ∆y = a. A où a
représente l’amplitude de l’échelon, A le gain position (gain statique) du système. » (p.22)
Notons que le graphe, rapidement décrit dans un langage mathématique : « c’est une
courbe exponentielle » est interprété dans celui de P(DIg), ce qui permet de donner un sens
aux constantes A et a en référence au contexte de l’automatique et non en termes d’une
asymptote. Le graphique fait apparaître les éléments relatifs aux temps de réponses déjà
rencontrés pour l’impulsion (figure 88) :
On présente ensuite une technique pour déterminer les constantes A et τ à partir d’un
enregistrement temporel de la réponse :
« Identification : il s’agit grâce à cet enregistrement de retrouver la fonction de transfert T ( p )
c'est-à-dire ici les valeurs de A et τ :
239
Chapitre VI Analyse des cours
A = ∆y / ∆x = ∆y / a τ = t * / ln .2 ≅ 1,44t *
La mesure de t * à 50% de la variation est précise et commode. La mesure de t R 5% est très peu
précise car la pente de la courbe est faible. » (p.23)
Cette formule qui permet de calculer y∞ est donc validée mathématiquement (niveau
V3 de validation, MO2).
La démonstration est suivie d’un avertissement visant à éviter une erreur vraisemblablement
classique (fonction 3 favoriser) : on rappelle que les valeurs de y sont déterminées par rapport
à la valeur initiale (rappel de la translation opérée pour ramener la valeur initiale à 0).
Ainsi, la technique liée à la transformation de Laplace est clairement mise en œuvre dans des
tâches de type T1, voire même T2 (référence aux systèmes thermiques et hydrauliques).
240
Chapitre VI Analyse des cours
De la même manière que dans les cas précédents, la fonction de sortie est trouvée à
partir de la table des inverses et le temps de réponse lorsque t → ∞ est considéré comme 7τ .
Cela est justifié ici par la technique mathématique qui fait intervenir la propriété de la valeur
finale de la transformée de Laplace et non en utilisant directement la valeur de y(t) :
« En régime établi (au bout de 7τ ) c’est une rampe retardée d’un temps τ par rapport à x(t ) .
Erreur de traînage ε 1 = lim[x(t ) − y (t )]t →∞ = lim[ p ( X − Y )]t →0
{ [
= lim p a / p 2 − a / p 2 (1 + τp ) ]}
p →0 = lim[aτ /(1 + τp )]p→0 = aτ » (p. 26)
Par ailleurs, on notera que les graphes des réponses sont fournis sur un quadrillage qui
constitue un appui visuel pour montrer le seuil de la réponse attendue du système.
L’interprétation de ces graphes et les technologies associées sont des éléments fondamentaux
pour contrôler et évaluer, comme on l’a vu dans le projet 3, les asservissements réalisés à
l’aide d’un logiciel.
Après l’étude de la réponse rampe, une généralisation est proposée pour trouver la fonction de
sortie associée à une fonction d’entrée quelconque. Cette généralisation est introduite par des
conseils liés à la durée du régime transitoire (fonction 3 favoriser) :
« Donc c’est la constante du temps la plus grande qui détermine la durée totale du régime
transitoire : t ∞ = 7τ max . Il faut par conséquent que le dénominateur de la fonction de transfert
du système quelconque soit factorisé pour connaître la valeur de la plus grande constante de
temps. Il faut prendre l’habitude de décrire une fonction de transfert sous forme canonique
factorisée et ordonnée, de façon à mettre en évidence en première position au dénominateur le
facteur (1+τmaxp). Si en outre le système possède un retard, sa valeur s’ajoute évidemment à
cette durée. » (p.27)
241
Chapitre VI Analyse des cours
Ce projet est mis en évidence dans l’introduction mais il est poursuivi dans la suite :
les techniques et savoirs mathématiques présentés sont reformulés, interprétés, utilisés dans le
contexte de DIg mais aussi, une fois, dans des contextes de DI plus spécifiques qui font écho
aux exemples de l’introduction. Dans le chapitre 2, les réponses déterminées théoriquement
sont interprétées dans le contexte de DIg (régime transitoire, régime permanent) et l’on traite
la question de la détermination empirique des constantes en prenant en compte à la fois les
242
Chapitre VI Analyse des cours
marges d’erreurs acceptables et les contraintes liées à des systèmes particuliers (évolution
lente).
Enfin, à une occasion, la référence au contexte de DIg permet de justifier que certaines
hypothèses simplificatrices insérées dans un théorème (conditions initiales nulles) sont
pertinentes pour les situations rencontrées dans cette discipline.
243
Chapitre VI Analyse des cours
valeurs décroissantes des τ) et à leur éviter des erreurs fréquentes. Il est clair que cette
composante de la technologie remplit ici un rôle didactique : l’auteur s’attache à enrôler les
étudiants dans l’étude d’un cours dont il semble savoir par expérience qu’il est rébarbatif et
paraît abstrait aux étudiants, il cherche à les accompagner dans l’acquisition des techniques
enseignées.
Ce cours consacre donc un temps relativement important d’une part aux références
précises à DIg voire aux DIs, d’autre part au développement de la composante pratique de la
technologie. Cela est rendu possible par la nature des cours en ligne, laquelle n’impose pas les
contraintes temporelles d’une formation classique, permettant ainsi d’inclure de nombreuses
explications. On peut également penser que de telles explications cherchent à anticiper sur les
difficultés que vont rencontrer de manière prévisible de nombreux étudiants.
Le document comporte 72 pages y compris deux annexes, une sur la distribution Delta
de Dirac occupant 7 pages et l’autre sur la table de transformées occupant 5 pages. Ce cours
débute le premier chapitre avec les notions de système, système linéaire et système invariant.
Les réponses impulsionnelle et indicielle sont ensuite présentées comme réponses
« particulières » de ces systèmes. La notion de convolution est présentée à la fin de ce
chapitre, sa finalité est de produire la technique permettant d’obtenir la fonction de sortie
correspondant à une fonction d’entrée quelconque. Le chapitre 2 aborde la mise en équation
d’un système linéaire, puis présente la transformée de Laplace et la notion de fonction de
244
Chapitre VI Analyse des cours
Suivent trois exemples (chauffage, moteur, circuit électrique- T2) qui inscrivent donc
ce qui va suivre dans des perspectives appliquées à DIg et DIs qui motivent le cours.
245
Chapitre VI Analyse des cours
Cette propriété des systèmes linéaires est aussi appelée principe de superposition. » (p.2)
Ici, on peut considérer que P(M) est évoquée lorsque la définition de la linéarité fait
intervenir explicitement la notion de combinaison linéaire ; mais la notion de fonction linéaire
reste implicite ; la caractérisation est exprimée dans le langage des systèmes et reformulée en
tant que « principe de superposition », expression qui appartient au langage de DI.
La motivation des modèles mathématiques linéaires est décrite par la citation suivante qui
insiste sur l’aspect commodité :
« Dans la plupart de cas on essaie de se ramener à l’étude d’un système linéaire. En effet, le
principe de superposition simplifie beaucoup les problèmes : en particulier, on peut distinguer
l’étude de conditions initiales d’une part et l’étude du comportement dynamique d’autre part. »
(p.2)
On trouve ici exprimé le fait non explicité dans les cours précédents, que la linéarité
permet l’étude de ces systèmes à partir d’une décomposition en conditions initiales et
comportement dynamique, ou en d’autres termes qu’elle permet de séparer les régimes
transitoires des régimes permanents (dans le cours 1, il était simplement mentionné que la
somme de causes produisait la somme des effets respectifs associés). D’où l’intérêt des
modèles linéaires, lorsqu’ils sont pertinents.
« Dans certains cas, en physique, l’excitation e(t ) est de très courte durée du point de vue de
l’observateur - flash d’un appareil photo par exemple. L’excitation e(t ) est nulle avant le
déclenchement du flash, très intense pendant un instant très bref, puis nulle ensuite. On est alors
obligé de renoncer à une expression de l’excitation e(t ) en raison des énormes discontinuités
ou des variations non analysables. Les excitations e(t ) ne sont en effet ni dérivables, ni même
continues par morceaux. Ce ne sont pas des fonctions mais des distributions. » (p.63)
Dans le cours lui-même, la distribution de Dirac apparaît très tôt dans l’étude des
réponses particulières d’un système scalaire (p.5) : « On appelle réponse impulsionnelle, la
246
Chapitre VI Analyse des cours
réponse notée h(t ) , obtenue par l’application d’une impulsion de Dirac δ (t ) », ceci est
illustré graphiquement (figure 91) et le lecteur est renvoyé à l’annexe.
Dans l’annexe, il est par ailleurs très rapidement souligné que, même si une théorie
mathématique des distributions existe (Invocation de l’aval épistémologique de P(M)-V2),
cette approche ne sera pas utilisée dans le cours qui se contentera de validations qualifiées de
plus empiriques, ce qui demande à être éclairci puisqu’il s’agit néanmoins d’utiliser des outils
mathématiques comme le passage à la limite :
« C’est le mathématicien français Laurent Schwartz qui à la demande des physiciens à élaboré
en 1947 la « Théorie des distributions », outil indispensable pour analyser mathématiquement
de façon rigoureuse de tels phénomènes. […] Nous nous contenterons ici de façon plus
empirique de considérer certaines distributions comme des passages à la limite de fonctions
continues et dérivables. Nous procéderons ainsi pour l’échelon unité et ses dérivées. » (p. 63)
La notion de distribution n’est pas définie de façon générale, elle est seulement
illustrée dans le cas de la distribution de Dirac définie comme la dérivée de l’échelon unité,
implicitement pris au sens des distributions. L’auteur a exprimé clairement qu’on ne va pas
développer la théorie des Distributions qui cherche à définir l’impulsion de Dirac comme la
fonctionnelle linéaire continue qui aux fonctions d’un autre espace associe leurs valeurs en 0.
La distribution de Dirac est en fait « définie » par les deux conditions :
∞ pour t = 0
δ (t ) =
0 pour t ≠ 0
Pour donner un sens mathématique à cette définition, une suite de fonctions dérivables
convergeant vers l’échelon unité et la suite des fonctions dérivées associées sont ensuite
considérées, conduisant à percevoir la distribution de Dirac classiquement comme la limite
faible d’une suite de fonctions paires positives dont le support [-tm,tm] tend vers {0} tandis
que l’aire sous la courbe reste constante égale à 1.
247
Chapitre VI Analyse des cours
Plusieurs suites possibles de telles fonctions sont également introduites. Il est conclu
que :
« La distribution de Dirac est donc la limite d’une impulsion rendue de plus en plus étroite, son
aire restant égale à 1 ».
Mais les espaces sur lesquels on se situe et la topologie dont on les munit ne sont pas
précisés. On observe donc là une introduction de la distribution de Dirac qui évite les
constructions mathématiques sous-jacentes à la théorie des distributions, tout en en faisant
ressentir les idées clefs. Les problèmes posés par la transposition didactique de cette théorie
en formation d’ingénieurs, en particulier pour des formations s’adressant à des étudiants ayant
un bagage mathématique limité, ont déjà été mis en évidence par divers travaux de recherche
concernant la formation des ingénieurs et notamment (Camarena, 1999 Rossignol, 1997).
E(DI) invoque donc l’aval épistémologique de P(M) –théorie des distributions- mais en même
temps, présente aux étudiants une validation complémentaire, appuyée sur une théorie
mathématique plus approximative du point de vue de P(M) mais qui peut être considérée
comme plus intelligible par le public visé. Le caractère approximatif du référent théorique qui
soutient ce que nous avons appelé une sur-validation est rendu institutionnellement acceptable,
dans E(DI) mais aussi dans P(DI), du fait qu’il existe aujourd’hui une théorie validée dans
P(M). Cette adaptation explicitant les distributions comme des passages à la limite des
fonctions continues et dérivables n’est pas faite dans les deux autres cours.
Les graphes et le discours accompagnateur ont pour but de rendre la notion de distribution
exploitable et insérable dans des praxéologies à un coût mathématique minimum.
« Considérer l’impulsion δ (t ) comme la limite d’une fonction n’a rien d’artificiel mais
correspond au contraire à la stricte réalité physique. En effet u (t ) et δ (t ) ne sont que des
idéalisations mathématiques de la réalité physique des phénomènes. Dans la réalité, un échelon
ou une impulsion (de tension, de pression, de force, d’intensité lumineuse) possède toujours un
temps de montée t m non nul. Un système physique met toujours un certain temps pour passer
d’un état vers un autre. » (p, 65)
Autrement dit, cette justification est produite pour légitimer l’usage de la distribution
Delta de Dirac autrement que comme une distribution, en montrant la pertinence pour
modéliser une réalité physique. L’annexe 1 se termine par l’utilisation de la distribution de
248
Chapitre VI Analyse des cours
Dirac pour une tâche relevant de la mécanique, le choc élastique de deux boules (T2), qui est
intégralement traité.
Notons que, cette notion peut-être considérée comme évoquant P(M) par la notation,
mais elle est fortement contextualisée dans P(DIg). Aucune validation n’est proposée pour
une affirmation qui n’est pas mise en évidence comme un résultat puisqu’elle n’est pas
pointée comme théorème, figurant sous une rubrique « définition ». Cependant, la façon dont
ce cours met l’accent sur le fait qu’une fois connue la réponse impulsionnelle, la réponse à
tout signal est en principe connue à partir de la notion de convolution, produit une
organisation différente du cours, plus proche d’un cours de mathématiques.
La motivation de la technique associée à cette définition est ensuite présentée :
« Cette expression est fondamentale. Elle permet, connaissant le système par sa réponse
impulsionnelle h(t ) et l’entrée x(t ) , de déterminer y (t ) . Elle peut donc remplacer totalement
l’équation différentielle régissant le système. » (p.6)
Cette technique est incomplète puisque aucune technique, pour la sous-tâche trouver la
réponse impulsionnelle du système, n’est montrée jusqu’ici. Elle ne sera plus utilisée dans le
cours, mais la notion de convolution sera réinvestie une fois la fonction de transfert définie.
249
Chapitre VI Analyse des cours
On propose ensuite de donner du sens au produit de convolution en interprétant les effets sur
la réponse dans le cas d’appareils (signal vrai, signal observé) : la perspective est alors
clairement au niveau des DIs, voire de Ip. Le premier chapitre s’achève par la définition des
systèmes asservis en boucle ouverte et boucle fermée ainsi que le schéma fonctionnel
(Schéma Bloc) associé. Contrairement aux deux cours déjà étudiés, le schéma précède la
modélisation du système à étudier. La structure générale d’un système à asservir est ainsi
présentée par la figure suivante :
C’est après ce schéma que les modèles mathématiques sont mentionnés comme des
outils pour contrôler les commandes. Ces modèles mathématiques sont à établir par
l’automaticien, l’auteur montre alors trois schémas portant sur l’asservissement du chauffage
d’un immeuble. Ces schémas sont d’abord explicités en termes de phénomène et ensuite
modélisés mathématiquement. Le phénomène à asservir est le suivant :
« C’est l’utilisateur qui règle T en vue d’obtenir θ=19°C (en régime permanent). Il sait, par
expérience qu’il obtient un bon résultat en réglant T, par exemple à 45°C. Il sait aussi que si la
température extérieure θe diminue, il devra revenir régler T qu’il augmentera d’autant plus que
θe aura diminué. » (p.9) [θ est la température à l’intérieur de l’immeuble et θe la température
extérieur]
250
Chapitre VI Analyse des cours
On peut dire que cette tâche est de nature T3, puisqu’elle fait intervenir le modèle
mathématique et le schéma bloc comme un élément intermédiaire dans le traitement d’une
situation que les étudiants peuvent concevoir comme professionnelles.
a) Définition
Dans ce cours, la transformée est présentée sous le titre d’une « formulation
mathématique », la définition est la suivante :
« Transformée de Laplace
Soit f (t ) une fonction réelle de la variable réelle t , définie pour toute valeurs de t , sauf
éventuellement pour certaines valeurs, en nombre fini dans tout intervalle fini, et nulle pour
t<0
∞
La transformée de f (t ) est définie par l’égalité : F ( p ) = e − pt . f (t ).dt
∫
0
251
Chapitre VI Analyse des cours
Dans ce cours, comme dans les deux autres, la transformée de Laplace est présentée
comme élément d’une praxéologie mathématique ЛM,.permettant de résoudre des équations
différentielles. Dans le paragraphe cité ci-dessus qui définit la transformée, les hypothèses
concernant f sont un peu plus précises que dans les deux autres cours mais celles qui
contrôlent l’existence de l’intégrale restent encore implicites.
Toutefois, le théorème dit « d’inversion » exprime des conditions nouvelles sur f, en
particulier des conditions de convergence d’intégrales, conditions sous lesquelles une formule
d’inversion permet de retrouver les valeurs de f connaissant celles de F :
« Pour résoudre les équations différentielles grâce à la transformée de Laplace, il est nécessaire
de savoir effectuer le passage de f (t ) à F ( p )
Théorème : formule d’inversion
Soit f (t ) une fonction réelle de la variable réelle t , de classe C 2 par morceaux (c'est-à-dire
continue et pourvue d’une dérivée première et seconde continues, sauf éventuellement pour
certaines valeurs, en nombre fini), telle que - f (t ) = 0 pour t < 0 - il existe σ tel que
∞ ∞
− pt −σt
∫ e . f (t ) .dt et ∫ e .F ( p).dp sont convergentes.
0 0
b) Propriétés fondamentales
Les propriétés sont données sous forme de tableau de la manière suivante :
252
Chapitre VI Analyse des cours
Intégration
∫ f (t ).dt F ( p)
p
Retard f (t − θ ) e −θp .F ( p )
Changement f (a.t ) 1 p
d’échelle .F
a a
Tableau. Transformée usuelles.
Théorème de Borel :
Si f (t ) et g (t ) ont respectivement pour transformée de Laplace F ( p ) et G ( p) , alors
h(t ) = f (t ) * g (t ) a pour transformée : H ( p) = F ( p).G ( p) .
Théorème du développement de Heaviside :
Pour trouver l’originale d’une fraction rationnelle F ( p ) / G ( p ) , où le degré de F ( p ) est
inférieur au degré de G ( p ) , on la décompose en éléments simples de première espèce, et l’on
t k −1 at 1
applique la formule : LP e = » (p.11)
(k − 1)! ( p − a )
k
Ces propriétés et les théorèmes évoquent P(M) par la notion de Théorème notamment
mais aucun des ces éléments n’est démontré. Les théorèmes de Borel et du développement de
Heaviside sont considérés ici, contrairement aux deux autres cours. Le développement de
Heaviside est un élément technologique associé à la fonction de transfert et on pourra dire
qu’il synthétise la technique mise en place pour résoudre l’équation différentielle.
Il faut donc noter la présence d’un ensemble technologique plus développé que dans les autres
cours : nous ferons le choix de considérer qu’il constitue par son insistance une invocation de
P(M) (V2), invocation d’une théorie non enseignée mais dont on va utiliser plus de ressources
que dans les cours 1 et 2 pour justifier les techniques, sans chercher à proposer des
justifications plus locales pour le domaine restreint d’usage abordé.
Ici, il n’y a pas de référence explicite à P(DI) ou à Ip, les éléments présentés sont des
éléments relevant de la technologie théorique des techniques qui vont être utilisées pour
étudier les systèmes, leur fonctionnalité n’est pas mise en avant. De ce fait, nous considérons
que le rôle de ces éléments est strictement de validation des techniques.
253
Chapitre VI Analyse des cours
c) Transformées usuelles
Les transformées usuelles sont présentées sous forme de table. Un discours est produit
pour mettre en évidence l’efficacité de cette table ainsi que les propriétés et les théorèmes sur
des fonctions déjà connues :
« Il est souvent plus simple de calculer la Transformée de Laplace d’une fonction à partir de la
transformée connue d’une autre fonction en utilisant les propriétés et théorèmes énoncés […]. A
partir des quelques résultats de base, on peut ainsi retrouver rapidement les Transformées de
Laplace de la plupart des fonctions utilisées en électronique ou en automatique dans les
asservissements. Afin d’éviter le calcul systématique de ces fonctions de base, on les regroupe
dans des tables de Transformées de Laplace » (p.11)
La table est présentée dans l’Annexe 2 sous le titre : « Table des transformées de
Laplace à l’usage des automaticiens et électroniciens ». On notera l’allusion forte aux
professionnels à qui elle s’adresse (P(DIs) ou Ip). Elle comporte 5 pages, ce qui en fait de loin
la table la plus complète rencontrée dans les trois cours et elle permet de retrouver de manière
efficace les transformées des fonctions utilisées dans les deux domaines considérés. Aucun
exemple de démonstration des résultats de la table n’est proposé (V1 ou V0)
Nous analysons ensuite la notion de fonction de transfert et le rapport explicité entre cette
notion et la transformée de Laplace.
254
Chapitre VI Analyse des cours
On peut noter que deux résultats très forts et non démontrés (le théorème de la
convolution temporelle et le théorème de Borel) ont été utilisés pour obtenir ce résultat. Or,
on a vu dans le cours 2 qu’il suffit de montrer que la transformée de Laplace de la distribution
de Dirac est la fonction constante 1 pour obtenir le résultat annoncé ici. Ce cours semble donc
chercher à se rapprocher d’un cadre théorique le plus proche possible de ce qui est
aujourd’hui légitimé dans P(M) en utilisant les résultats les plus généraux possibles.
La technique de traitement des équations différentielles est illustrée pour les équations
de premier ordre dans le chapitre 5.
dy
τ . + y = K .x
dt
« Exemple :
θe Thermomètre θs
Soit un thermomètre à mercure placé dans une ambiance à la température θ e . Si l’appareil est
précis, au bout d’un temps assez long, il indiquera une température θ s = θ e . C’est le régime
permanent pour lequel le mercure est à la température ambiante. Si θ e varie rapidement, θ s est
74
Un système scalaire est celui qui a une entrée et une sortie.
255
Chapitre VI Analyse des cours
relié à θ e par une équation différentielle traduisant le fait que, d’une part, pendant un temps dt ,
la quantité de chaleur dQ échangée avec le mercure est proportionnelle à la différence θ e − θ s
et que, d’autre part, la vitesse avec laquelle s’effectue la dilatation du mercure dθ s / dt est
proportionnelle à la quantité de chaleur échangée :
dθ s dQ
dQ = k1 (θ e − θ s ).dt et = k2 .
dt dt
1 dθ s 1
soit : . + θ s = θe avec : τ = » (p.27)
k1k 2 dt k1.k 2
256
Chapitre VI Analyse des cours
Le discours du cours 1 soulignait que ces réponses sont transitoires, elles modélisent
une transition du système, ici l’accent est mis sur la stabilité du système. De ce fait et
contrairement aux deux autres cours, « le temps de réponse » n’est pas calculé, il est
seulement approché, sans aucune justification. De même, l’affirmation concernant la pente à
l’origine et la localisation de la valeur τ en lien avec la tangente ne sont l’objet d’aucun
traitement mathématique. On aborde ensuite la réponse à une rampe, ce qui donne l’occasion
d’utiliser la méthode de décomposition en éléments simples
« Réponse à une rampe
Cette réponse est obtenue pour x(t ) = a.t.u (t )
K 1 a
On a X ( p ) = a / p 2 , et : Y ( p ) = . . 2
τ p + 1/τ p
K .a t
d’où : y (t ) = τ 2 e −t /τ + − 1u (t )
τ τ
257
Chapitre VI Analyse des cours
A11 = ( p − p1 ) n .Y ( p )
p = p1
d
A12 = ( p − p1 ) n .Y ( p )
dp p = p1
1 d2
A13 = 2
( p − p1 ) n .Y ( p)
2 dp p= p 1
K
A11 A12 A2
Dans notre cas, on a : Y ( p ) = + +
p 2
p p + 1/τ
avec :
K .a
A11 = p 2 . = K .a
p (τ . p + 1)
2
p =0
d K .a − K .a.τ
A12 = . = = − K .a.τ
dp τ . p + 1 p=0 (τ . p + 1) 2 p =0
K .a
A2 = = K .a.τ
2. p.(τ . p + 1) + τ . p 2 p =−1 / τ
K .a K .a.τ K .a.τ
Finalement : Y ( p ) = + +
p 2
p p + 1/τ
Ce qui donne : y (t ) = K .a.t − K .a.τ + K .a.τ .e − t /τ » (pp.30-31)
La technique est décrite dans un cas plus général que celui qui est ici à traiter (pôle
d’ordre n alors qu’on a un pôle d’ordre 2, deux pôles simples alors qu’il n’y a dans l’exemple
qu’un seul pôle simple). De plus la technique donne un moyen pour déterminer les différentes
constantes qui interviennent. Aucun élément de cette technique n’est validé : de nouveau, ce
cours veut utiliser au maximum les savoirs mathématiques existants mais il ne les valide pas
autrement qu’en évoquant P(M) par le langage et le formalisme utilisé, ou, pourrait-on
considérer, en l’invoquant par le caractère très formel et général du résultat énoncé.
On peut noter que la table fournie dans l’annexe 2 donnait directement le résultat ; peut-être
faut-il voir dans la démonstration précédente l’occasion d’apporter la preuve non fournie dans
cette annexe de l’un des résultats donné dans la table.
258
Chapitre VI Analyse des cours
Contrairement au cours 2, ce cours ne cherche pas à aider les étudiants dans leur
utilisation des techniques présentées. Si certains éléments de motivation apparaissent, ils sont
rares.
Ce cours s’inscrit par contre clairement dans la perspective d’un cours sur les
asservissements.
Il consacre du temps au processus de modélisation. A la différence des deux autres cours, il
introduit très tôt le schéma fonctionnel (schéma bloc) comme un élément clé de la
modélisation, par l’exemple du chauffage d’un immeuble, explicitement référé à la profession
de chauffagiste. La mise en équation est également abordée et la double dimension –
utilisation de connaissances scientifiques pour établir des lois, expérimentations sur le terrain
pour déterminer les paramètres- est présentée. L’équation différentielle constitue un modèle
général, un élément qui permettra, à partir des techniques associées, de réaliser les
asservissements. La transformée de Laplace est vue ici comme l’élément qui permet le
passage de l’équation différentielle à la fonction de transfert et ensuite au schéma bloc.
Plusieurs exemples relevant d’une Discipline Intermédiaire spécifique sont intégralement
traités, ce qui n’était pas le cas dans les deux autres cours (chauffage d’un immeuble, circuit
RLC, mesure de température et –annexe 1- choc élastique de 2 boules) ; une interprétation des
effets de la convolution en termes de différence entrée-sortie dans le contexte des appareils de
mesure est également proposée. Cependant, cette prise en compte de l’étude des conditions
réelles en situations professionnelles ou au niveau des DIs n’est pas du tout développée dans
la partie consacrée aux réponses temporelles.
259
Chapitre VI Analyse des cours
Distance à P(M)
Validation Mise en œuvre de la technique
V3 convocation MO 2 démarche mathématique
V2 invocation MO 1 démarche influencée par DI
V1 évocation MO 0 Manque de rigueur
V0 ignorance
Tableau 11. Distance à P(M).
Distance à P(DI) et Ip
Nature des tâches faisant intervenir DI
T3 tâches contextualisées convocation de Ip
T2 tâches relevant de P(DIs)- convocation P(DIs) invocation de Ip
T1 tâches relevant de P(DIs)convocation P(DIg) évocation de Ip
T0 tâches purement mathématiques ignorance de Ip
Tableau 12. Distance à P(DI) et Ip.
COURS 1
Eléments Distance à P(M) Distance à P(DI) Fonctions de θp
analysés
Introduction Automatique comme Evocation rapide de 2 Motivation,
théorie mathématique exemples de types T2 évaluation
Linéarité P(M) quasiment ignorée Linéarité physique.
Définie étroitement
par les
caractéristiques des
systèmes faisant
intervenir un langage
de DI ou Ip :cause-
effet
Transformée
de Laplace
260
Chapitre VI Analyse des cours
COURS 2
Eléments Référence à P(M) Référence à P(DI) Fonctions de θp
analysés
Introduction évocation de P(M) Motivation du cours par Motivation
au cours liée à l’idée de modèle rapport aux tâches T1
mathématique d’une relevant de DIg
situation évocation de DIs par des
d’asservissement tâches T2
Langage de DIg
motivation pratique
faisant intervenir DIg
Linéarité Notion qui n’est pas
abordée
Transformée Motivation
de Laplace
261
Chapitre VI Analyse des cours
262
Chapitre VI Analyse des cours
COURS 3
Eléments Référence à Référence à Fonctions de θp
analysés P(M) P(DI)
Introduction évocation de P(M) Contextualisé dans
au cours par le formalisme de P(DIg)
la définition
générale de système Exemples T2
relevant de DIg et
DIs
Linéarité V1 évocation de évocation de DI Motivation
P(M) par le pour la formulation
vocabulaire « principe de
superposition »
Fonctions / V2 Théorie des contextualisées par
Distributions distributions un exemple T2
(Annexe) relevant de la
distributions mécanique
explicitées comme pertinence de
de passages à la l’approche par les
limite de suites de limites en référence à
fonctions continues DI
et dérivables
Convolution V1 évocation de -notion fortement
P(M) par la notation contextualisée en
P(DIg), elle permet
d’obtenir la réponse
y(t) à une fonction
d’entrée x(t)
arbitraire
-la technique
associée est
présentée à partir
d’un exemple T2
relevant de DIs
(électricité)
-une interprétation de
263
Chapitre VI Analyse des cours
cette notion au
niveau de DIs voire
Ip
Transformé Motivation
de Laplace
264
Chapitre VI Analyse des cours
Les choix d’élaboration des trois cours peuvent ainsi être traduits et synthétisés en termes de
distances à P(M) et à P(DI) et Ip.
le second cas, faire de manière plus ou moins explicite référence à l’existence d’une
théorie mathématique qui valide (V2 vs V1 voire V0) : le cours 3 présente ainsi
l’ensemble le plus riche de résultats mais donne le moins de démonstrations. Le cours 2
se situe plutôt du côté de la convocation (validation par démonstration) mais on peut
noter qu’il fournit des démonstrations relativement peu préoccupées des différents
points de rigueur (MO 1). Le cours 1 présente quelques démonstrations mais moins que
le cours 2 et on n’a pas pu juger les raisonnements.
• Au cours des différentes mises en œuvre des techniques, pour les tâches plus simples,
utiliser les techniques mathématiques les plus sophistiquées disponibles chez les
étudiants ou non (MO 3 ou MO 2) : premier cas pour le cours 2, second cas pour le
cours 1, le cours 3 ne nous donne pas l’occasion de renseigner cette dimension.
265
Chapitre VI Analyse des cours
(T0) : le cours 3 est celui qui traite le plus d’exemples spécialisés, le cours 2 s’en tenant
surtout au niveau générique ; quant au cours 1, il ne fait presque pas référence au
contexte des DI, même générique dans les tâches traitées.
• Interpréter les résultats ou les hypothèses mathématiques en lien avec DI : la définition
de l’impulsion comme la limite d’une suite de fonctions paires positives dont le support
[-tm, tm] tend vers {0} (cours 3), justification des conditions initiales nulles (cours 2), la
motivation de la formule de Bureau et les réflexions sur l’effet de traînage à propos de
la réponse à une rampe (cours 2). On constate d’ailleurs que c’est le cours 2 dont les
interprétations en lien avec DI occupent une place beaucoup plus importante que dans
les autres cours. Cela est également mis en évidence par la quatrième colonne qui
montre les fonctions de θp qui interviennent dans ce cours.
V Conclusion
Les analyses de ces trois cours nous permettent de les comparer et de mettre en
évidence les choix d’élaboration à travers la distance aux institutions P(M), P(DI) et Ip.
Un premier élément est la nature de document des cours analysés ; les cours 2 et 3, ressources
en ligne, sont caractérisées par une richesse des discours, contrairement au cours 1 qui est un
document d’appui du cours oral.
Un deuxième élément qui semble peser sur les choix faits en référence à P(M) est le rapport
que les étudiants entretiennent avec les mathématiques. Un cours s’adressant à des étudiants
avec un rapport négatif avec les mathématiques peut avoir recours à des mathématiques
élémentaires, techniques simples et des technologies réduites qui permettant une entrée dans
la discipline intermédiaire.
Le cours 1 présente ainsi une définition de la transformée de Laplace dont l’existence n’est
pas problématisée et la transformée inverse reste complètement implicite. L’auteur de ce
cours fait intervenir la notion de fonction de transfert, sans faire intervenir la convolution, ni
la distribution delta Dirac autrement que dans les tables des transformées et les techniques
restent locales pour l’étude des réponses. Ce cours ne fournit pas une formule pour trouver la
réponse d’un système à une fonction d’entrée arbitraire. Le « schéma bloc » ne figure pas
dans la configuration du cours et de ce fait il n’y a pas de lien avec les logiciels comme
Matlab utilisés pour réaliser les asservissements comme dans le cas du projet 3. Le cours 2 est
confronté à la même situation que le cours 1, mais l’auteur de ce cours se propose de rendre
intelligibles les praxéologies mathématiques intervenant ainsi que de rassurer les étudiants-
utilisateurs sur la difficulté des techniques mathématiques. L’accent est donc mis sur l’intérêt
des éléments mathématiques pour l’asservissement des systèmes et sur la commodité de ces
éléments.
Remarquons tout particulièrement le choix fait pour aborder la transformée inverse de
Laplace, en présentant la « méthode des résidus » dérivée du théorème des résidus. Cependant,
le théorème n’est pas présenté et la méthode est decontextualisée de son habitat
mathématique : elle est utilisée pour introduire l’étude générale des réponses des systèmes et
justifier les techniques utilisées.
266
Chapitre VI Analyse des cours
267
Chapitre VI Analyse des cours
VI.1 Introduction
Nous avons exposé précédemment l’analyse de trois cours d’automatique où la
transformée de Laplace figure comme une notion fondamentale. Dans notre analyse nous
avons montré, à partir des niveaux de référence à P(M) et à P(DI), les effets transpositifs
exercés sur la transformée de Laplace dans des institutions E(DI). Dans cette partie, nous nous
proposons de compléter notre analyse des institutions étapes en décrivant l’organisation
didactique d’un enseignement de mathématiques E(M) abordant cette transformée dans une
formation d’ingénieurs. Nous avons choisi de considérer l’enseignement élaboré par l’Ecole
des Mines de Nancy, enseigné aussi dans d’autres écoles, comme l’Ecole de Mines de Nantes.
La transformée de Laplace y a un habitat au sein du cours de « Fonctions Holomorphes »
enseigné au niveau L3 (troisième année de licence) et ceci, comme nous le verrons, influence
la présentation qui en est faite. Nous voudrions cependant préciser que cet habitat n’est pas le
seul possible dans les enseignements de mathématiques des écoles d’ingénieurs de niveau
similaire. La transformée de Laplace y vit souvent dans des cours centrés sur l’analyse de
Fourier dans le cadre des espaces L1 et L2 et s’appuyant donc sur l’intégrale de Lebesgue ce
qui n’est pas le cas dans l’enseignement considéré ici, voire sur la théorie des distributions.
Par ses exigences mathématiques, le cours de l’Ecole des Mines, nous semble occuper une
position intermédiaire entre ces derniers et les cours que nous avons analysés. C’est pourquoi
nous l’avons choisi.
Cet enseignement est élaboré dans une institution qui vise une formation scientifique et
technique des futurs ingénieurs destinés à devenir des cadres opérationnels dans l’industrie.
Les étudiants intégrant cette formation ont a priori une formation théorique solide puisque
l’admission se fait sur concours après la scolarité dans les classes préparatoires aux grandes
écoles, et que la réussite au concours des Mines suppose un bon niveau en mathématiques.
Les deux premières années de formation visent à fournir une base théorique générale pour les
enseignements de disciplines intermédiaires constituant la formation spécialisée des deux
dernières années. L’enseignement de fonctions holomorphes en fait partie. La formation
spécialisée peut être, choisie ensuite parmi neuf options dont une est « Automatique et
systèmes industriels ».
Notre analyse vise à répondre aux questions suivantes : Comment la notion de transformée de
Laplace est-elle présentée dans cette E(M) ? Quelles transpositions en sont faites ? Comment
sont-elles opérées ?
268
Chapitre VI Analyse des cours
Nous allons nous intéresser pour cela en priorité à l’organisation mathématique de cet
enseignement et plus précisément à celle qui concerne la transformée de Laplace.
269
Chapitre VI Analyse des cours
« Comme les fonctions que nous manipulerons seront censées décrire l’évolution d’un système
au cours du temps, à partir de la connaissance du système au temps initial ou t=0, seules les
valeurs positives de t nous intéresseront. » (p.57)
Le même contexte sert à justifier, pour des raisons dites de « commodité » la fonction
échelon d’Heaviside.
« Au lieu de manipuler des fonctions définies uniquement sur +, il s’avère plus commode dans
la pratique de supposer, par convention que les fonctions sont nulles pour t < 0. Il sera très
utile, dans ce contexte, d’introduire la fonction suivante appelée échelon d’Heaviside :
1 si t ≥ 0
Y (t ) = » (p.57)
0 si t < 0
∀t ≥ A , f (t ) ≤ Mect (5.2)75
La borne inférieure de l’ensemble de réels c tel que (5.2) soit satisfait s’appelle abscisse de
convergence de f et est notée σ ( f ) .
b
[…] On rappelle qu’on dit qu’une fonction f est localement intégrable sur si ∫
a
f (t ) dt est
La notion d’intégrale sous-jacente est celle de Riemann, même si cela n’est pas précisé.
L’auteur du cours mentionne d’emblée la structure d’espace vectoriel de L+ et insiste sur le
fait que les conditions introduites sont peu restrictives puisque toutes les fonctions usuelles
rentrent dans le cadre prescrit :
« Il est facile de vérifier que L+est un espace vectoriel. Il contient la plupart des fonctions
usuelles de la forme Y (t ) f (t ) avec f continue. En effet, pour ne pas être dans L+, il faut
vraiment avoir un comportement spécial en + ∞ . L’exemple le plus simple d’une fonction qui
2
t
n’est pas dans L+ est celui de la fonction Y (t )e qui tend vers l’infini extrêmement rapidement
en + ∞ » (p.58)
75
Numération du cours.
270
Chapitre VI Analyse des cours
La transformée de Laplace est ainsi définie sur le demi-plan complexe défini par
e(p)> σ(f ) pour lequel la convergence de l’intégrale impropre est assurée. Contrairement
aux autres cours analysés, la définition est d’emblée donnée dans le cadre des fonctions d’une
variable complexe, ce qui peut être interprété comme un choix découlant naturellement de
l’habitat choisi.
La convergence de l’intégrale est ensuite soigneusement démontrée comme le montre l’extrait
suivant, en prenant soin de couper l’intégrale en deux pour tenir compte du fait que la
majoration exponentielle est asymptotique :
« Justifions en effet que l’intégrale (5.3) est bien convergente quand p est tel que e(p) > σ(f ).
− pt − Re( p ) t
Fixons un réel c tel que σ(f ) < c < e(p). On a f (t )e = f (t ) e Soit A le nombre réel
intervenant dans la définition de la croissance exponentielle à l’infini.
+∞ A +∞
− pt − Re( p ) t − Re( p ) t
∫ f (t )e
0
dt = ∫ f (t ) e
0
dt + ∫ f (t ) e
A
dt. Or
A A
+∞ +∞
271
Chapitre VI Analyse des cours
∞
F ' ( p ) = L(−tf )( p ) = ∫ (−t ) f (t )e − pt dt. » (p.59)
0
(i) t → f(t,z) est mesurable pour tout z ∈ Ω et z→f(t,z) est holomorphe pour presque tout t ∈ I
(ii) Il existe une fonction g(t) positive, intégrable sur I telle que f(t, z) ≤ g(t) pour tout z ∈ Ω.
Mais on voit bien que l’auteur du cours, quand il présente ce théorème, ne suppose pas
les étudiants familiers avec la théorie de la mesure. Il ajoute en effet le commentaire suivant :
« Ce Théorème est du domaine de la théorie de la mesure que certains d’entre vous ont un peu
abordé l’an dernier. Il se démontre à l’aide du Théorème de convergence dominée de Lebesgue,
nous ne le ferons pas ici. Si le vocabulaire employé ci-dessus vous est complètement étranger,
remplacez mesurable par continue, pour presque tout par pour tout et rappelez-vous que g
intégrable sur I signifie simplement que ∫ g (t ) dt est finie. » (p.39)
I
272
Chapitre VI Analyse des cours
Les propriétés suivantes sont elles aussi identiques à celles présentées dans les cours
d’automatique et le même langage est utilisé pour les identifier : décalage, retard, changement
d’échelle, transformée d’une dérivée. Dans chaque cas, elles sont démontrées en suivant la
même technique. Celle-ci consiste à prouver d’abord que la fonction f considérée dans
chacune d’elles appartient bien à la classe de fonctions L+, puis à invoquer ensuite les
propriétés des intégrales généralisées et des techniques de calcul comme changement de
variable et intégration par parties pour justifier les formules obtenues. En revanche, les calculs
eux-mêmes ne sont pas détaillés. On a donc, même si les propriétés sont identiques et
formulées dans les mêmes termes, une présentation sensiblement différente : toujours concise
mais où l’accent est mis sur l’existence des objets manipulés et les principes qui vont
permettre le bon fonctionnement des calculs plus que sur les calculs eux-mêmes.
« Décalage
Si f est dans L+ et a ∈ , on voit facilement que t → e at f (t ) est encore dans L+(avec une
abscisse de convergence qui devient σ ( f ) + a et on a immédiatement
L(e at f (t ))( p ) = L( f )( p − a )
Retard
Si f est dans L+ et t0 ≥ 0 , on voit facilement que t → f (t − t0 ) est dans L+ et on a
immédiatement par changement de variable (n’oubliez pas que f est nulle sur [− t0 ,0]
L( f (t − t0 ))( p) = e − pt0 L( f )( p)
Changement d’échelle
Si f est dans L+ et a > 0 , on voit facilement que t → f (at ) est encore dans L+ et on a
immédiatement par changement de variable
1 p
L( f (at ))( p ) = L( f )
a a
273
Chapitre VI Analyse des cours
t
L( f )( p )
Pour p tel que e( p) > σ ( f ) f1 (t ) = ∫ f ( s )ds ⇒ L( f1 )( p ) = » (p.60)
0
p
La consistance de cette définition suppose que les deux intégrales soient définies et
égales. L’auteur, comme il l’a fait jusqu’ici, n’évite pas le problème, développant pour y faire
face le discours technologique suivant :
« La deuxième égalité dans (5.15) vient du fait que f et g sont toutes nulles sur − . Le fait que
la fonction f * g soit bien définie quand f et g sont toutes deux des fonctions continues est clair,
mais ce n’est plus aussi évident quand f et g sont simplement intégrables sur tout segment. Par
ailleurs, puisque nous allons être amenés à calculer la Transformée de Laplace de f * g, nous
avons besoin de
Théorème 5.2 Si f et g sont dans L+, alors la fonction f * g est définie pour presque tout x de
et elle est dans L+ (avec σ ( f * g ) = max (σ ( f ), σ ( g )) ) » (p.61)
Ce théorème est ensuite démontré. La démonstration, qui occupe plus d’une page, fait
intervenir des arguments relevant de la théorie de la mesure et notamment que si l’intégrale
A
∫
0
f * g ( x) dx est finie pour tout réel A > 0, la fonction f *g est intégrable sur tout compact
donc nécessairement définie pour presque tout x. Le fait que f *g est à croissance au plus
exponentielle est démontré de façon détaillée.
274
Chapitre VI Analyse des cours
L’auteur explicite clairement que lorsque le produit de convolution f * g est défini sur
la classe des fonctions L+, il est à démontrer que la transformée de Laplace de ce produit est
égale au produit usuel des transformées de f et g respectivement. Il insiste donc sur la
légitimité mathématique de ce résultat et mentionne ensuite son intérêt pratique :
« C’est surtout dans l’autre sens que cette propriété sera précieuse : quand on reconnaîtra le
produit de deux Transformées de Laplace, on saura qu’il s’agit de la Transformée de Laplace du
produit de convolution des deux fonctions originales. » (p.62)
+∞ +∞ x
L( f * g ) = ∫ f * g ( x)e − px dx = ∫ ∫ f (t ) g ( x − t )e − px dt dx
0 00
Intervertissons l’ordre des intégrations dans cette dernière intégrale. Puisqu’à x fixé, t varie
entre 0 et x, à t fixé, x varie entre t et + ∞
+∞
+∞
L( f * g )( p) = ∫ f (t ) ∫ g ( x − t )e − px dx dt
0 t
+∞
+∞
L( f * g )( p) = ∫ f (t ) ∫ g (u )e − pt e − pu du dt =
0 0
275
Chapitre VI Analyse des cours
+∞
+∞
= ∫ f (t )e − pt dt ∫ g (u ) e − pu du dt = L( f )( p) L( g )( p) » (p.63)
0 0
Contrairement aux cours d’automatique, les équations abordées ici dans la section
d’applications de la transformée de Laplace portent sur un domaine plus large et le théorème
suivant fournit un élément de la technique pour la résolution d’équations :
« Théorème 5.4 La Transformée de Laplace d’une fonction L+ tend vers 0 quand
e( p) → +∞
Plus précisément, si f ∈L+ possède une limite à droite f(0+) à l’origine, alors
pL( f )( p ) → f (0 + ) quand p → +∞ (p réel). » (p.63)
La démonstration, comme les précédentes, est faite en détail. Elle occupe presque une
page et fait intervenir le théorème de convergence dominée de Lebesgue, qui relève de la
théorie de l’intégration de Lebesgue pour justifier la première partie.
« Démonstration : Considérons un nombre complexe p avec e( p) ≥ c > σ ( f ) . Alors,
− pt − ct − pt
f (t )e ≤ f (t ) e ∈ L ( ) et f (t )e
1
→ 0 quand e(p) → +∞ pour presque tout t (en
276
Chapitre VI Analyse des cours
fait tout t, sauf t=0). Le théorème de convergence dominée de Lebesgue fournit alors la
première partie du Théorème 5.4.
+∞
Pour la seconde partie, on commence par observer que f (0+) = pf (0+) e − pt dt et on forme la
∫
0
+∞
différence pL( f )( p ) → f (0 + ) = p ( f (t ) − f (0 + ))e − pt dt
∫
0
Fixons maintenant un réel ε > 0 petit. Par hypothèse, il existe α > 0 tel que pour tout
t ∈ [0, α ] , f (t ) − f (0 + ) < ε / 3 on découpe alors l’intégrale ci-dessus en » (p.63)
pL( f )( p ) − f (0 + )
α A +∞
= p ∫ ( f (t ) − f (0 ))e dt + p ∫ ( f (t ) − f (0 ))e dt + ∫ ( f (t ) − f (0 + ))e − pt dt
+ − pt + − pt
0 α A
(le réel A est celui qui apparaît dans la définition de la croissance exponentielle à l’infini de f).
On majore la première intégrale ci-dessus par
α α
ε ε ε
+ − pt
p ∫ ( f (t ) − f (0 ))e dt ≤ p − pt
(1 − e − pα ) ≤
3∫
e dt =
0 0
3 3
+∞ A
p ∫ ( f (t ) − f (0 + ))e − pt dt ≤ pe − pα ∫ f (t ) − f (0 + ) dt
A α
+∞
lim L( f )( p ) =
p →0 ∫ f (t )dt » (p.64)
0
Ce théorème est mobilisé dans la résolution d’une équation différentielle aux dérivées
partielles, comme on peut le voir dans le dernier paragraphe du chapitre (auquel il est fait
allusion dans la citation au début de page) :
« Maintenant, on utilise le fait qu’une Transformée de Laplace doit tendre vers 0 quand p réel
tend vers l’infini. Comme x ∈ ]0,1[ ,
1
→ +∞ quand p → +∞ . Ceci implique que, si on
xp
cherche une solution admissible […] » (p. 71)
277
Chapitre VI Analyse des cours
La transformée de Fourier est située dans le cours des distributions, cela implique que
c’est la théorie de distributions qui généralise la correspondance entre f et sa transformée de
Laplace F . Cependant il est possible de montrer cette correspondance et plus précisément
L−1 [F ] = f , en présentant d’abord la transformée de Fourier, ensuite la transformée de
Fourier inverse et finalement le théorème 5.5 fondamental qui énonce que la transformée
inverse de Fourier appliquée à la transformée de Fourier d’une fonction f est égale à 2πf :
278
Chapitre VI Analyse des cours
« Définition 5.5 Soit f une fonction intégrable sur , on appelle Transformée de Fourier de f
(resp. Transformée de Fourier inverse de f) la fonction définie par
+∞
−iyt
F ( f )( y ) = ∫ f (t )e
−∞
dt 5.22
+∞
F ( f )( y ) = ∫ f (t )e
iyt
dt 5.23
−∞
Théorème 5.5 Soit f une fonction intégrable sur telle que F ( f ) soit intégrable sur . Alors
on a la formule F ( F ( f )) = 2πf 5.24 » (p.66)
φ (t ) = e − ct f (t ) 5.25
( φ est bien dans L1( ) pour c > σ ( f ) . » (p.66)
Notons que l’auteur mentionne d’abord que f appartient à la classe de fonctions L+,
mais étant donné que la transformée de Fourier est définie dans la classe de fonctions L1( ),
la fonction φ doit aussi appartenir à cette classe. On voit donc, que la condition f ∈L+ doit
être complétée par une condition faisant intervenir L1( ).
« Supposons que sa Transformée de Fourier soit également dans L1( ), il vient après (5.24)
+∞
1 +∞
φ (t ) =
∫−∞ ∫0
e iyt
f ( s ) e −cs −iys
e ds dy
5.26 » (p.66)
2π
« (l’intégration ne se fait que de 0 à + ∞ dans la deuxième intégrale car f est nulle sur − ).
Dans l’intégrale ci-dessus posons, p= c+ iy. Le domaine d’intégration en y devient la droite
verticale d’abscisse c, nous noterons les bornes c-i∞ c+i∞ pour signifier qu’on intègre sur cette
droite verticale. L’égalité (5.26) se réécrit :
c + i∞
1 +∞
φ (t ) = ∫ e ( p −c ) t
∫ f ( s )e − ps ds dp
5.27
2iπ c −i ∞ 0
On reconnaît dans l’intégrale entre parenthèse la Transformée de Laplace F ( p ) de la fonction
f (t ) , si bien que cette dernière formule donne après simplification par e − ct :
c + i∞
1
f (t ) = ∫ F ( p )e
pt
dp » (p.66)
2iπ c −i ∞
279
Chapitre VI Analyse des cours
« Théorème 5.6 Soit f(t) une fonction de L+ et F(p) sa Transformée de Laplace. Soit c un réel,
c > σ ( f ) . On suppose que la Transformée de Fourier de e − ct f (t ) est intégrable sur , alors
on peut retrouver f à partir de F par la formule (dite de Mellin-Fourier)
c +i∞
1
f (t ) = ∫ F ( p) e
pt
dp 5.28
2iπ c −i∞
280
Chapitre VI Analyse des cours
Notons que la technique mise en place fait intervenir les propriétés et les transformées
usuelles précédemment présentées, mais que les calculs ne sont pas détaillés. La technique de
281
Chapitre VI Analyse des cours
décomposition en éléments simples est mise en œuvre comme dans les cours d’automatique,
mais à la différence du cours 1 aucun des calculs n’est présenté.
Notons également que, l’application de la transformée de Laplace dans cet exemple est
utilisée dans la perspective de résoudre une équation différentielle, alors que ceci n’est
qu’une première étape dans les cours d’automatique où la fonction de transfert à la base de
cette transformée et la résolution d’équations différentielles ont pour objectif final l’étude des
réponses d’un système.
Cette différence fondamentale peut se voir aussi lorsque l’auteur signale que
l’exemple précédent ne constitue pas un exemple justifiant l’utilisation de la transformée de
Laplace, puisqu’on peut également résoudre cette équation à partir de l’équation
caractéristique :
« Sur l’exemple précédent, on ne voit pas trop ce qu’on a gagné vis-à-vis de la méthode
traditionnelle faisant intervenir l’équation caractéristique sinon peut être une plus grande
simplicité des calculs qui se présentent de manière plus systématique (il n’y a pas besoin de
discuter sur les racines simples ou multiples de l’équation caractéristique.) » (p.68)
L’équation initiale étant linéaire du deuxième ordre, ses solutions forment un espace
vectoriel de dimension 2. Même en fixant une condition initiale, il n’y a pas donc a priori une
solution unique sur le plan mathématique :
« Il y a évidemment une autre solution (puisque l’ensemble des solutions forme un espace
vectoriel de dimension 2), mais celle-ci ne doit pas être dans L+. » (p.69)
Deux exemples sont ensuite traités sur les équations intégrales de Volterra de
première et deuxième espèce. Considérons l’équation de première espèce :
282
Chapitre VI Analyse des cours
On suppose bien entendu que toutes les fonctions qu’on manipule sont dans L+. On peut
réécrire l’équation (5.34) en utilisant le produit de convolution : u*k =f. Si on introduit alors les
Transformées de Laplace U, K, F de u, k, f respectivement, l’équation 5.34 se transforme en
UK=F qui fournit immédiatement U=F/K. Il reste alors à retrouver l’original, soit en utilisant un
dictionnaire et les règles de calcul usuelle, soit à l’aide de la formule de Mellin-Fourier. » (p.69)
Notons que avant d’utiliser cette transformée, l’auteur mentionne que toutes les
fonctions intervenant appartiennent à L+. Cette préoccupation n’apparaît pas dans le cours 3,
lorsque l’équation déterminant une réponse y(t) à une fonction d’entrée arbitraire x(t) à partir
de la réponse impulsionnelle du système h(t) est abordée :
+∞
Ce chapitre s’achève par un exemple portant sur une équation aux dérivées partielles
et une liste d’exercices. Les exercices sont au nombre de sept, le premier demande de
déterminer l’abscisse de convergence et la transformée de Laplace de quatre fonctions. Le
deuxième demande de démontrer les quatre formules de la table donnée qui font intervenir la
fonction de Bessel. Le troisième demande de calculer la transformée de Laplace du produit
de convolution de deux fonctions. Le quatrième demande d’utiliser la formule de Mellin-
Fourier pour déterminer la transformée de Laplace inverse de trois fonctions transformées.
Le cinquième demande de résoudre deux équations différentielles de deuxième ordre à
coefficients constants un et l’autre à coefficients non constants. Le sixième porte sur deux
équations intégrales et le dernier sur une équation aux dérivées partielles.
VII Conclusion
L’analyse de ce cours et particulièrement du chapitre consacré à la transformée de
Laplace nous permet de constater une organisation sensiblement différente de celle des cours
d’automatique. Les choix faits par l’auteur dans l’élaboration de ce cours mettent en avant
l’espace vectoriel des fonctions L+ sur lequel la transformée de Laplace et ses propriétés sont
définies.
La fonction d’Heaviside est introduite dans ce chapitre très tôt et le lien de cette
fonction avec les systèmes étudiés dans des disciplines intermédiaires est explicité.
Cependant on ne voit pas intervenir ultérieurement des applications relevant de DIg, DIs ni
de la pratique Ip. Les préoccupations restent dans le domaine mathématique, toutes les
propriétés et tous les théorèmes sont démontrés, les détail des calculs sont parfois fournis
mais pas toujours. Le souci de l’auteur de rendre explicite les technologies et la théorie
283
Chapitre VI Analyse des cours
associée à celles-ci est reflété par de nombreux discours justificatifs et par l’insistance sur les
conditions d’existence.
Un élément qui nous semble fondamental est l’analyse de la présentation de la
transformée inverse de Laplace dans cet enseignement, du fait que cette transformée inverse
apparaît dans les cours d’automatique, avec une distance considérable à P(M). Dans cet
enseignement de fonctions holomorphes, un choix qui semblait naturel était celui du
théorème des résidus, cependant l’auteur choisit de faire intervenir la transformée de Fourier,
la transformée de Fourier inverse et le théorème qui assure que la transformée inverse de
Fourier de la transformée de Fourier de f est égale à 2πf. Ce choix est assumé et quatre
remarques sont produites pour justifier les éléments que le recours à un cadre théorique
extérieur à celui du cours rend nécessaire. On voit que la théorie invoquée est la plus
générale et moderne, celle des distributions. L’auteur vise donc à faire apparaître les
éléments que l’enseignement de la théorie des distributions rendra disponibles.
Le chapitre termine par la présentation d’applications de la transformée de Laplace
dont l’exemple concernant l’équation intégrale de Volterra offre un cas différent de celui
abordé dans le cours 3 pour obtenir la fonction de sortie à une fonction d’entrée arbitraire.
L’équation de Volterra correspond au cas où la fonction de sortie est connue et ce qui est
recherchée est la fonction d’entrée u(s), c’est le cas qui apparaît dans le projet 3 : la fonction
de sortie est déterminée par les étudiants et ce qui recherché est la fonction d’entrée.
On constate donc une absence totale des liens avec les disciplines intermédiaires DIg
et avec la pratique Ip.
284
Chapitre VI Analyse des cours
A partir de ces analyses on peut donc supposer que des équilibres entre théorie et
pratique sont possibles à partir des distances « adéquates » aux institutions de références P(M),
285
Chapitre VI Analyse des cours
P(DI) et Ip, permettant de présenter les notions mathématiques ainsi que l’opérationnalité des
techniques mathématiques et technologies associées. Cependant, on constate qu’élaborer un
enseignement des disciplines intermédiaires avec ces distances « adéquates » aux institutions
P(M), P(DI) et Ip entraîne une grande complexité car les contraintes de chaque institution sont
complètement différentes y comprises celles de l’institution d’enseignement.
286
Conclusions générales
CHAPITRE VII
CONCLUSIONS GENERALES
287
Conclusions générales
288
Conclusions générales
Pour satisfaire les besoins élémentaires qui apparaissent dans les projets, une
adaptation des techniques mathématiques aux tâches du projet est demandée. Ces techniques
se retrouvent prises dans une multiplicité de paramètres et de notations. Pour les utiliser
efficacement, et avec un certain contrôle, une approche strictement syntaxique est insuffisante,
donner du sens aux objets formels manipulés semble être nécessaire. Or le contenu
sémantique attribué aux symbolismes est lié à un référent qui n’est pas purement
mathématique. L’imbrication des mathématiques avec les disciplines intermédiaires se
retrouve donc également à ce niveau.
En ce qui concerne les mathématiques avancées, des logiciels qui encapsulent ces
mathématiques sont utilisés, comme des boites noires qui permettent de contourner les
besoins de certaines connaissances. Ils facilitent donc le travail mathématique. Mais ils le
modifient également : ces logiciels permettent de réaliser de nombreuses explorations,
l’interprétation des résultats devient donc un élément fondamental du travail. On voit
particulièrement dans le projet 2, que l’évaluation et le contrôle de la technique réalisée avec
le logiciel ANSYS s’appuient bien plus sur une interprétation adéquate des résultats que sur la
maîtrise des calculs ou des mathématiques sous-jacentes. Ceci est également le cas du projet 3
dans lequel l’ajustement des paramètres est réalisé à partir des résultats obtenus avec le
logiciel, l’étudiant n’ayant pas de calculs à effectuer et l’interprétation des réponses de sortie
obtenues étant son moyen de contrôle et d’évaluation de la technique. Dans le projet 1, les
étudiants multiplient les tableaux de valeurs obtenus grâce au logiciel Excel mais, faute d’une
compréhension suffisante, ils n’en interprètent correctement ni les raisons d’être ni les
résultats ; ils ne contrôlent pas la technique utilisée. Le rôle légitimateur donné aux logiciels, -
la validité donnée aux résultats obtenus par rapport à l’instrument- est donc en rapport étroit
avec les interprétations adéquates de ces résultats. La question qui se pose à l’enseignement
des mathématiques est d’identifier et mettre en place les dispositifs qui permettront aux
étudiants de tirer parti des connaissances mathématiques pour piloter ces logiciels et
interpréter les résultats qu’ils produisent.
289
Conclusions générales
Deux autres types de ressources sont utilisés dans le développement des projets pour
satisfaire tant les besoins mathématiques élémentaires qu’avancés, les cours de disciplines
intermédiaires et l’Internet. Les cours de disciplines intermédiaires permettent aux étudiants
d’approcher les justifications théoriques et de concevoir l’expérimentation, ceci est
particulièrement mis en évidence dans notre analyse des projets 2 et 3, dans lesquels les cours
de mécanique des fluides et d’automatique respectivement, occupent une place très
importante. L’Internet est aussi une ressource hautement utilisée, les sites et documents
consultés sont très variés : wikipedia pour avoir des informations précises sur un élément ; des
sites proposant des cours de disciplines intermédiaires de différents niveaux, comme ceux qui
développe un discours méthodologique visant la pratique (cours d’aérodynamique, utilisé
dans le projet 2) ; des sites proposant des méthodologies pratiques. Cette ressource facilite la
recherche et offre un univers très vaste d’informations, mais gérer la pertinence et l’adaptation
aux projets est à la charge des étudiants et ce n’est pas sans poser problème. Ils donnent une
forte légitimité à cet outil pour satisfaire principalement les besoins élémentaires : choix des
formules, d’éléments mathématiques (nombres adimensionnels) et méthodes mathématiques.
290
Conclusions générales
Cette reconstruction faite à partir de notre première source, à savoir l’analyse de cours
de disciplines intermédiaires effectuée par un chercheur en didactique doté d’une solide
formation mathématique, apparaît comme insuffisante. La consultation des experts s’est
révélée ainsi indispensable pour compléter cette reconstruction ainsi que pour comparer le
travail des étudiants (techniques et technologies) avec des solutions expertes qui reflètent les
contraintes des institutions professionnelles où se déroule la pratique. Cette ressource a joué
un rôle fondamental dans l’analyse du projet 1, elle nous a permis d’établir dans un premier
temps ce qui était attendu des étudiants et dans un second temps, de préciser le rôle des
savoirs pratiques et d’expérience pour cristalliser les connaissances mathématiques dans une
solution concrète. Le manque de tels savoirs fait rentrer les étudiants dans une situation de
conflit, pour la surmonter, des arguments théoriques et pratiques auraient dû être mobilisés.
Dans le projet 3, l’avis de l’expert consulté met en évidence le décalage entre la démarche
suivie dans ce projet et celle qui aurait plus de sens dans la pratique. Ceci nous a permis de
souligner l’existence d’écarts entre institution de formation et institution professionnelle, la
confrontation des logiques et les différences des contraintes pesant sur l’une et sur l’autre. De
manière générale, la consultation des experts nous permet de mettre en évidence la distance
entre les solutions expertes et celles des étudiants : les experts cristallisent les connaissances
théoriques mises à dispositions par les disciplines intermédiaires en y intégrant des savoirs
pratiques et d’expérience. Les étudiants se situent eux davantage dans des démarches scolaires.
Dans l’adaptation de celles-ci aux tâches de projet, apparaissent des difficultés que leur
manque de savoirs pratiques et d’expérience n’aide pas à pallier.
Ces éléments méthodologiques élaborés et mis au point dans notre recherche mettent
en évidence que l’analyse d’activités comme celles de projets doit faire intervenir ces deux
institutions : disciplines intermédiaires et pratique.
76
Terminologie qui désigne la solution conçue par les étudiants à la problématique du projet. Le mot
technologique n’est pas ici utilisé dans le sens de la théorie anthropologique du didactique.
291
Conclusions générales
ils doivent être utilisés explicitement comme éléments de validation des solutions produites.
Du point de vue de la pratique, cette explicitation peut être considérée comme non nécessaire,
dans la mesure où c’est l’efficacité de la solution qui est importante et non le savoir théorique
qui la supporte. L’explicitation demandée sous forme d’un discours technologique (au sens de
Chevallard) répond au souci de faire ressentir les liens entre formation et projet, de disposer
d’un cadre pour mobiliser les connaissances mises à disposition par la formation et de montrer
l’intérêt de ces disciplines pour la vie professionnelle. Le contrat de projet porte ainsi la
marque de l’institution de formation.
Les solutions expertes mettent en évidence que ce sont des savoirs théoriques
recomposés avec des savoirs pratiques et d’expérience qui sont mobilisés par les
professionnels dans le traitement des tâches. Or pour effectuer et contrôler les adaptations
demandées, les étudiants ne disposent pas guère de savoirs pratiques et d’expérience. Ils
effectuent des visites en entreprises et demandent l’avis des professionnels, mais vu l’ampleur
des contraintes et des savoirs nouveaux à prendre en compte, ceci reste très restreint.
L’institution projet a donc des décalages importants avec l’institution pratique : les équipes
sont composées uniquement de novices, les techniques et technologies disponibles sont
scolaires, il y a peu de professionnels expérimentés comme ressources pour guider les
adaptations, et les expérimentations sont limitées.
Ces caractéristiques sont tout particulièrement réalisées lorsque les étudiants sont
placés par la thématique du projet dans une situation d’innovation, c'est-à-dire qu’on leur
demande de produire une démarche pour une nouvelle problématique, ce qui implique de
gérer un nombre important de tâches et de faire subir aux techniques disponibles des
adaptations importantes. A ce niveau, on ne se situe plus dans une situation ordinaire de la
pratique mais plutôt dans une situation de recherche dans laquelle aucun professionnel ayant
déjà réfléchi au problème ne peut les guider. Or la contrainte de temps permet difficilement
aux étudiants de mettre en place la phase de réalisation ou expérimentation et dans ce cas le
rôle de la validation théorique devient encore plus important. Ceci conduit les étudiants à
valider la technique plus que la pertinence de la technique pour le projet, ils cherchent des
justifications théoriques avec des moyens qu’ils jugent pertinents en disposant d’un référent
théorique qui demande encore à être rendu opérationnel et fonctionnel.
Les étudiants doivent faire face à un contrat qui peut être perçu comme ambigu : plus
scolaire que ce qui est à la base souhaité, hésitant entre pratique professionnelle et pratique de
recherche. Projeter l’univers pratique (ordinaire) et celui de la recherche dans celui de la
formation est un choix qui entraîne une énorme complexité.
292
Conclusions générales
propres à ces disciplines ou relevant des mondes professionnels. L’analyse des projets a
confirmé le rôle évidemment crucial des enseignements de Disciplines Intermédiaires dans la
mise à disposition des étudiants des praxéologies utilisées. Nous avons donc consacré une
partie de notre travail à l’étude comparée de plusieurs cours consacrés à la transformation de
Laplace, outil particulièrement impliqué dans le projet 3.
293
Conclusions générales
des savoirs relatifs à la fonctionnalité de la technique. Il développe par ailleurs une grille
d’analyse des fonctions du savoir technologique plus détaillée et explicite que celle qui est en
général proposée par la Théorie Anthropologique du Didactique qui nous sert de référence, le
modèle élargi distinguant six fonctions technologiques (Décrire, Motiver, Faciliter, Valider,
Expliquer, Evaluer).
294
Conclusions générales
fonctions Motiver, Evaluer et Faciliter et en faisant en même temps apparaître une grande
variété d’exemples relevant des DIg et DIs, (tâches des types T1 et T2).
Le cours 3 élaboré dans l’université de Savoie a une approche plus théorique que les
deux autres cours, ce qui est reflété dans la présentation du produit de convolution et la
distribution de Dirac. Pour définir cette dernière, la théorie des distributions est invoquée
comme aval épistémologique de P(M). Cependant une autre validation complémentaire,
appuyée sur une théorie mathématique plus approximative du point de vue de P(M) est
présentée aux étudiants. Le caractère approximatif du référent théorique qui soutient ce que
nous avons appelé une sur-validation est rendu institutionnellement acceptable, dans E(DI)
mais aussi dans P(DI), du fait qu’il existe aujourd’hui une théorie validée dans P(M). Des
hypothèses associées au théorème d’inversion de la transformée de Laplace sont précisées.
L’appareil technologique semble correspondre à une recherche de proximité avec P(M). Mais
ces résultats ne font l’objet d’aucune démonstration. Les résultats relevant des mathématiques
sont énoncés, contrairement aux deux autres cours qui font intervenir le langage des
disciplines intermédiaires, dans le langage des mathématiques. Par ailleurs, la mise en
équation de situations très contextualisées (T3) et le « schéma bloc » y ont une place très
importante, c’est d’ailleurs l’unique cours parmi les trois qui fait ce choix. On constate alors
une proximité à P(DIg) et un lien entre P(M) et P(DI).
295
Conclusions générales
La nature du cours
Un cours conçu pour un enseignement classique (cours en amphithéâtre plus TD et TP) doit
s’adapter à la contrainte du temps, ce qui oblige à répartir le temps disponible entre les
institutions de référence P(M), P(DI) et Ip. Ce n’est pas le cas d’un cours de « ressource en
296
Conclusions générales
ligne », qui dispose ainsi d’une plus grande marge de manœuvre pour développer toutes les
références souhaitées.
297
Conclusions générales
298
Conclusions générales
299
Conclusions générales
300
Conclusions générales
Une direction de recherche qui nous semble devoir être également prolongée est celle
du rôle qui jouent les mathématiques avancées dans l’utilisation des logiciels. Ceci afin de
créer des dispositifs didactiques qui prennent en compte les nouveaux besoins mathématiques
que l’usage de ces logiciels sollicite.
301
Bibliografie
BIBLIOGRAPHIE
Belhoste, B. (1994), Un modèle à l’épreuve. L’Ecole Polytechnique de 1794 au Second
Empire. In Belhoste, B., Dalmedico, A., & Picon, A. (eds), La formation Polytechnicienne
1774 – 1994, pp.9-30. Paris : Dunod
Bessot A. & Ridway, J. (Eds.) (2000), Education for mathematics in the workplace.
Netherlands: Kluwer Academic Publishers
Bissell, C.C. (2004), Mathematical 'meta-tools' in 20th century information engineering.
Hevelius, 2, pp.11-21.
Bissell, C. C. (2002), Histoires, héritages, et herméneutique : la vie quotidienne des
mathématiques de l'ingénieur. Annales des Ponts et Chaussées. 107-8, 4-9
Bissell, C. C. (2000), Telling tales: models, stories and meanings. For the Learning of
Mathematics. 20(3) pp.3-11
Bourguignon, Jean-Pierre (2001), Mathematics and others subjects. In Holton, D. et al. (eds),
The teaching and learning of mathematics at university. pp. 313-320. Netherlands: Kluwer
Academic Publishers (Series: ICMI Study).
Bosch M. (1994), La dimensión ostensiva en la actividad matemática. El caso de la
proporcionalidad. Thèse de doctorat. Universitat Autonoma de Barcelona.
Camarena, P. (1999), Las funciones generalizadas en ingeniería. Construcción de una
alternativa didáctica. Serie Investigaciones. Anuies. México.
Castela, C. (2008), Travailler avec, travailler sur la notion de praxéologie mathématique pour
décrire les besoins d’apprentissage ignorés par les institutions d’enseignement. Recherches en
didactique des mathématiques, 28(2), 135-179.
Cantoral, R., Farfan, R.M., Lezama, J., Martinez-Sierra, G. (2006), Socioepistemologia y
representación : algunos ejemplos. Relime 9(1), 83-102.
Cartraud, P. (2004), Cours de résistance des matériaux. Département : M.M.G.C. Ecole
Centrale de Nantes.
Chevallard, Y. et Jullien, M. (1989), Sur l’enseignement des fractions au Collège.Ingénierie,
recherche, société. Publication de l’IREM d’Aix-Marseille, n°15.
Chevallard, Y. (1992). Concepts fondamentaux de la didactique : Perspectives apportées par
une approche anthropologique. Recherches en didactique des mathématiques 12(1), 73-112.
Chevallard, Y. (1994) Les processus de transposition didactique et leur théorisation en Arsac
et Al. La transposition didactique à l’épreuve 135-180 Grenoble : La Pensée Sauvage
Chevallard, Y. (1999) La recherche en didactique et la formation des professeurs :
problématiques, concepts, problèmes. Actes de la X Ecole d’été de Didactique, pp.98-112.
Académie de Caen, France.
Chevallard, Y. (1999), L'analyse des pratiques enseignantes en théorie anthropologique du
didactique. Recherches en didactique des mathématiques 19(2), 221-266.
302
Bibliografie
Chevallard Y. (2002), Organiser l’étude 1. Structures et Fonctions. In J-L. Dorier & al. (eds)
Actes de la 11ième Ecole d’été de didactique des mathématiques -Corps- 21-30 Août 2001
(pp. 3-22). Grenoble : La Pensée Sauvage.
Chevallard, Y. (2007). Séminaires pour l’enseignement, la formation et la recherche. Journal
du Séminaire de formation de formateurs 2006-2007.
http://yves.chevallard.free.fr/spip/spip/IMG/pdf/seminaire_dsmf_2006-2007.pdf
Chauvat, G. (1997), Etude didactique pour la réalisation et l’utilisation d’un logiciel de
représentations graphiques cartésiennes des relations binaires entre réels dans
l’enseignement des mathématiques des DUT industriels. Thèse de doctorat. Université
d’Orléans.
Denis-Papin, M. & Kaufmann, A. (1960), Cours de Calcul Opérationnel. Paris : Editions
Albin Michel.
D’Ocagne, M. (1914), Le rôle des mathématiques dans les sciences de l’ingénieur. In H. Fehr.
Compte rendu de la Conférence Internationale de l’Enseignement des Mathématiques du
1914. pp. 211-222. Paris, France.
Erdélyi, A. (1971). Calcul opérationnel et fonctions généralisées. Paris : Dunod.
Hladik J. (1969), La transformation de Laplace à plusieurs variables. Paris : Masson et Cie
Editeurs.
Holton, D., Artigue, M., Kirchgräber, U., Hillel, J. & Schoenfeld. (eds) (2001), The teaching
and learning of mathematics at university level. Netherlands: Kluwer Academic Publishers
(Series: ICMI Study).
Howson, G., Kahane, J. P., Lauginie, P., de Turckheim E. (Eds.) (1988), Mathematics as a
Service Subjec. Cambridge : Cambridge University Press (Series : ICMI Study).
Kent, P., & Noss, R. (2002) The mathematical components of engineering expertise : The
relationship between doing and understanding mathematics. Proceedings of the IEE Second
Annual Symposium on Engineering Education: Professional Engineering Scenarios 2 (pp.
39/1 -39/7). London U.K.
Kent, P. (2007), Learning Advanced Mathematics: The case of Engineering courses.
contribution to the NCTM Handbook chapter: Mathematics thinking and learning at post-
secondary level. In Lester, K., F. (Ed.), Second handbook of research on mathematics
teaching and learning: a project of the National Council of Teachers of Mathematics. (pp.
1042-1051). Charlotte, NC: Information Age Pub
Magajna, Z. & Monaghan, J. (2003), Advanced Mathematical Thinking in a Technological
Workplace. Educational Studies in Mathematics, 52(2), 101-112.
Mercier, A. (1992). L’élève et les contraintes temporelles de l’enseignement, un cas en calcul
algébrique. Thèse de doctorat. Université Bordeaux I.
Moës, N. (2004), Mécanique des Milieux Continus. Département M. M. G.C. Ecole Centrale
de Nantes.
Nabonnand, P. Les débats autour des applications des mathématiques dans les réformes de
l’enseiggnement secondaire au début du vingtième siècle. In D. Coray, F. Furinghetti, H.
Gispert, B.R. Hodgson, G. Schubring (eds), One Hundred Years of L'Enseignement
303
Bibliografie
304
Annexes
ANNEXES
305
Annexes
Annexe 1. Réponses aux questionnaires ………………….305
Annexe 2. Fiches de proposition de sujets des projets …326
Annexe 3. Rapports intermédiaires ……………………… 332
Annexe 4. Entretiens réalisés au cours de la deuxième
phase……………………………………………………………..429
Annexe 5. Bilan de la pré-expérimentation……………….462
Annexe 6. Entretiens et questionnaires de la pré-
expérimentation………………………………………………..474
Annexe 1. Réponses aux questionnaires
Annexe 1. Réponses aux questionnaires
Les réponses aux questionnaires sont présentées sous forme de tableaux ci-dessous :
Projet 5.
Titre : Scanner 3D Partie 2 : Electronique
Description du sujet SCANNER 3D – Partie 2 : électronique
Ce projet s’inscrit dans la réalisation d’un
Scanner 3D. L’idée est d’associer une caméra avec
un laser. En mono vison (une seule caméra) , la
notion de profondeur est « perdue » et c’est à l’aide
d’un plan Laser que l’on peut retrouver ce relief
afin d’obtenir un modèle 3D virtuel de l’objet
filmé. Le laser utilisé projette une « ligne » que
l’on devra « déplacer » sur l’objet. En réalité, on
peut soit déplacer la caméra et le laser autour de
l’objet ou bien faire tourner l’objet et laisser la
caméra fixe. Dans tout les cas, le système nécessite
une motorisation. On utilisera pour cela des
moteurs pas à pas commandés en mode « multi
pas » (type montures de télescopes) afin d’éviter les
vibrations induites par les modes « pas entier » et
« demi pas ».
305
Projet 6
Titre : Reconstruction en 3D de la surface de l'aorte abdominale puis
conception d'un moule pour fabriquer un anévrisme en silicone transparent.
Description du sujet
Reconstruction en 3D de la surface de l'aorte Le but de la plate-forme MATEO est
abdominale puis conception d'un moule pour « d'améliorer le traitement de l'anévrisme de
fabriquer un anévrisme en silicone transparent l'aorte abdominale par pose d' endoprothèse
Ce projet est composé de deux parties : (voir Fig1) en apportant des outils de
caractérisation de l'anévrisme en pré-opération,
– La première partie «conception » est un avant-des outils d'aide au placement de
projet sur une reconstruction automatique 3D sousl'endoprothèse pendant l'opération et des outils
solidworks de la forme surfacique de l'aorte àde suivi du traitement en post-opération [...] ».
partir d'un fichier de points (venant d'un scanner Figure 1 : Endoprothèse
médical).
306
Projet 7
Titre : Optimisation de forme d'une hélice pour drône.
Description du sujet
Optimisation de forme
de l'hélice d'un drône
Ce projet est composé de trois parties :
Etudiant 1
Aérodynamique, CAO, programmation,
Type de connaissances, d’outils, de compétences
mécanique
Logiciels utilisés Solidworks, Ansys, Office, Visual Basic
Calculs faits dimensionnements, tension, flexion…
Utilisation de formules, de représentations
oui, sous Excel
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
Gauss afin de retrouver les coefficients
linéaire, équations différentielles, probabilités,
d’équations
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le Toute la mécanique, CAO et l’informatique
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le Non, pas vraiment
déroulement du projet
Etudiant 2
Type de connaissances, d’outils, de compétences Aérodynamique, conception, programmation,
Logiciels utilisés Cosmosexpress, Visual Basic sous Solidworks
Calculs faits calcul de dimensionnement, RDM
Utilisation de formules, de représentations
Sous visual basic et Excel
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, oui, pivot de Gauss
statistique, …)
307
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Matériaux
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le Mécanique, conception, informatique
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le Non, pas vraiment besoin
déroulement du projet
Etudiant 3
Type de connaissances, d’outils, de compétences Aérodynamique, CAO, Rdm
Solidworks, Cao, Ansys pour étudier les
Logiciels utilisés
contraintes dans la structure
Calculs faits RDM
Utilisation de formules, de représentations
Calcul sous VBA et Excel
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, ---------------
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances connaissances de matériaux
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
mécanique, CAO
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
--------------
déroulement du projet
308
Projet 7
Titre : Conception d'une plate-forme expérimentale pour mettre en évidence
les phénomènes d'instabilité d'une aile d'avion soumise à écoulement
transverse
Description du sujet
Fig 1 : Déplacement du
centre d'un tube sous
écoulement
et son sillage mis en
évidence par des courbes de
«iso-tourbillon».
Conception d'une plate-forme expérimentale pour mettre en évidence les phénomènes
d'instabilité d'une aile d'avion soumise à écoulement transverse.
Les ailes d'avion soumises à un écoulement transverse d'air vibrent et sont sujettes à des
phénomènes d'instabilité. Pour éviter ces instabilités, on doit pouvoir les prévoir. Ces instabilités
dépendent de la souplesse de l'aile, de la vitesse de l'avion et des caractéristiques de l'air. Les ailes
ont des profils de type NACA. Pour simplifier le problème, on modélise ici l'aile par un tube de
section circulaire.
La première partie de ce projet est de réaliser un « avant projet ou projet » d'une maquette
expérimentale permettant de mettre en évidence ces instabilités. La deuxième partie de ce projet est la
conception d'un capteur muni de jauges de déformation pour mesurer les déplacement du tube. On
pourra par la suite remplacer ce tube par un cylindre de section de type NACA (modélisant plus
fidèlement l'aile).
309
Projet 8
Titre : Réalisation d’une maquette d’aile d’avion pour soufflerie
aérodynamique. Etude du décrochage.
Description du sujet
Maquette d’aile d’avion pour soufflerie aérodynamique
Un simulateur de vol réaliste se doit de prendre en compte les phénomènes d’instabilité, dont le
décrochage. Ce phénomène complexe peut être étudié sans risques sur un modèle réduit placé dans
une soufflerie aérodynamique.
Dans ce projet il s’agit de réaliser une maquette d’un corps profilé de type aile d’avion. Elle sera
utilisée dans une soufflerie aérodynamique de type Eiffel construite à l’IUT Génie Thermique de
Brétigny , dont la veine (de 350 mm de côté) peut atteindre des vitesses de 160 km/h.
Le profil sera « classique » (type NACA). La maquette devra intégrer des prises de pression sur
une ou les deux faces (intrados et extrados) selon le profil retenu. Elle devra résister aux contraintes
mécaniques avec le minimum de déformation. Cette maquette sera fixée à une balance déjà en
place (jauges de contraintes). S’agissant d’un modèle réduit la réalisation devra être très soignée
(conformité géométrique, état de surface). Une des difficultés sera la réalisation du bord de fuite
qui est très fin. Le projet sera l’occasion de définir un protocole de réalisation de ce type de
maquette. Différentes solutions techniques devront être envisagées.
Ce projet est proposé depuis plusieurs années. Les étudiants qui s’y sont frottés n’ont pas trouvé de
solution satisfaisante. Serez vous ceux qui relèveront le défi et qui réussiront là où les autres ont
échoué ?
Eléments mathématiques :
-réalisation de calculs
-mathématiques prises en charge par le logiciel : intéressant d’étudier jusqu’à quel point c’est
vrai.
310
Projet 3
Titre : Construction d’un « plancher défilant » pour l’essai en soufflerie d’une
maquette d’automobile
Description du sujet
Le développement d’un nouveau véhicule requiert une étude approfondie de ses formes. Ce n’est
pas qu’une question d’esthétique ! En effet l’influence de l’aérodynamisme du véhicule sur ses
performances devient prépondérante dès que l’on dépasse 50 km/h. L’efficacité aérodynamique est
mesurée par le coefficient de traînée appelé « Cx ». Plus il est faible et moins le véhicule
consommera de carburant.
Pour un véhicule routier on peut étudier le coefficient Cx à l’aide de maquettes placées dans une
soufflerie. Cependant les souffleries sont souvent conçues pour tester des aéronefs et elles ne
prennent pas en compte l’effet de sol, ce qui est un gros handicap.
Dans le cadre du projet pluriannuel « Véhicule ultra léger », il serait souhaitable de se doter d’un
outil expérimental pour évaluer sur maquette les performances d’un véhicule. Les maquettes
peuvent être construites par des techniques de prototypage rapide (stéréo lithographie, usinage
rapide) disponibles à l’IUP. D’autre part, le département Génie Thermique et Energie de l’IUT
d’Evry possède une soufflerie dont les dimensions de la veine et la vitesse maximum permettent
d’envisager des maquettes au 1/15éme. On peut donc prévoir d’utiliser cette technique tout au long
du développement d’un nouveau véhicule ultra léger.
Cependant il faut adapter la veine de la soufflerie de l’IUT pour les véhicules routiers. On propose
de développer un « plancher défilant ». C’est un tapis roulant qui se place sous la maquette du
véhicule à la place de la paroi fixe. Il n’est pas en contact avec la maquette (faible jeu). La vitesse
de défilement variable doit être asservie à celle de l’air à l’entrée de la veine d’essai. On réalisera
pour cela une boucle d’asservissement via des capteurs de pression et de position qui pilotera un
moteur électrique. Une difficulté majeure de ce projet est liée à la très grande vitesse de défilement
(~ 45 m/s). A cette vitesse il y a d’une part un risque d’instabilité vibratoire et d’autre part un
échauffement possible.
Ainsi équipée, la maquette respecte les lois de la similitude en mécanique des fluides et donne une
mesure fiable du coefficient Cx.
Etudiant 1
Compétences sur le traitement informatique,
dessin industriel et des méthodes de calcul et
Type de connaissances, d’outils, de compétences
de modélisation, outil : informatique et les
connaissances acquises lors des TP
Traitement de texte : Word, Excel
Logiciels utilisés Desing et modélisation industrielle :
Solidworks
Calculs de couple moteur et de couple
Calculs faits transmission
calcul de puissance nécessaire
Utilisation de formules, de représentations -Les lois et les formules d’élasticité : lois
graphiques, géométriques d’Hoock, bilan de puissance
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilité, Analyse et un peu d’algèbre
statistique, …)
…car il nous reste à élaborer le système
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances d’asservissement, équations différentielles,
transformée de Fourier
311
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
Conception mécanique, asservissement
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le oui, presque tous les outils mathématiques
déroulement du projet qu’on a acquis jusqu’à maintenant
Etudiant 2
Type de connaissances, d’outils, de compétences Recherche sur internet
Solidworks permet la conception de
Logiciels utilisés
différentes pièces mécaniques
Calculs de coûts, des dimensions exigées pour
Calculs faits
le tapis roulant
Utilisation de formules, de représentations
relations trigonométriques
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, -------------------
statistique, …)
Certaines formules qui permettent de trouver
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
le couple nécessaire pour notre moteur
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
mécanique
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
------------------
déroulement du projet
Etudiant 3
Type de connaissances, d’outils, de compétences De connaissances en mécanique
Solidworks pour la conception de pièces
Logiciels utilisés
mécaniques, word, Excel
Calculs faits Calculs de couple de moteur électrique
Utilisation de formules, de représentations formules de vitesse, de couple et de puissance
graphiques, géométriques moteur
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, -non
statistique, …)
connaissances en fabrication de pièces dans
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
l’atelier
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
mécanique, aérodynamique
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
Non
déroulement du projet
Eléments mathématiques
-Calculs
Couple moteur
Couple transmission
Dimensions pour le tapis roulant
-formules
de vitesse, de couple moteur, de puissance, d’élasticité
-relations trigonométriques
312
Projet 1
Titre : Système expérimental d’analyse en soufflerie
Description du sujet
Eléments mathématiques :
-Calculs en mécanique (efforts, vitesse, frottements) – Sciences de l’ingénieur
-formules
313
Projet 33
Titre : Etude d’une machine à attacher les pieds de vigne
Description du sujet
Les pieds de vignes sont attachés à un poteau de bois. Le fil utilisé est un fil de plastique creux.
Pour l’instant, cette opération se fait manuellement ou presque. Un souhait des viticulteurs serait
d’avoir une machine (portable ou adaptable sur un tracteur) qui leur permettrait de réaliser cette
opération. Il faut donc que la machine soit capable d’encercler le cep de vigne puis de nouer le fil et
de le couper.
Ce projet est pluriannuel. Il faudra dans un premier temps lancer, en parallèle, une étude de
l’existant, un sondage auprès des viticulteurs pour cerner plus concrètement leur besoin et leur
souhait. Une étude de marché est donc à réaliser. Un cahier des charges complet définissant les
caractéristiques de la machine devra donc être rédigé. Ceci constitue le thème central du projet de
cette année.
Il sera essentiel que tous les résultats soient rassemblés et des synthèses réalisées pour les années
futures.
Eléments mahématiques :
Calculs – effort, couple moteur
Dans la description du projet apparaît la nécessité de faire des dimensionnements, pour cela
n’est-il pas nécessaire de faire des calculs ?
314
Projet 42
Titre : Remorqueur
Description du sujet
Dans les ateliers de maintenance de l’aviation générale (les petits avions), dans les aéroclubs on
doit, au sol, déplacer les avions pour les entrer et sortir des hangars, les parquer. Ces avions
peuvent avoir des poids compris en général entre 500 et 2500 Kg. Il s’agit donc de tâches
fastidieuses et pénibles. Il existe quelques tracteurs spécialisés conçus artisanalement et
généralement pas adaptés à un parc d’avion très différents.
Il est proposé d’étudier un tracteur adapté à l’aviation générale. Il devra être capable de manoeuvrer
les avions d’aéroclub en marche avant et arrière avec une vitesse allant de l’homme au pas à des
vitesses très lentes pour le parcage en hangar encombré. Les avions sont tractés par la roulette
avant. Le tracteur doit s’adapter facilement aux différents types d’atterrisseurs. Il doit être piloté
facilement, éviter tous efforts. Susceptible de fonctionner en hangar, il sera animé par moteur
électrique et batteries.
Le travail proposé comporte plusieurs étapes :
1/ Cadrage du produit
2/Consultation d’entreprises de maintenance et d’aéroclubs : intérêt pour le produit, coût maximal,
contrainte d’emploi, type d’avions concernés, dispositif de remorquage
3/ Définition du cahier des charges, prise en compte de la qualité, du coût, de la maintenance
4/ Choix technologiques majeurs (mode de tractage, mode de traction, énergie, aide à l’usage)
3/ Consultation d’entreprises pour le fabrication du produit
4/ Etablissement d’un dossier ANVAR
5/ Etude du produit
6/ Réalisation d’un prototype
7/ Essai et validation du produit
Il faut pour ce projet des étudiants ayant des compétences de conception et fabrication mécanique
pour l’étude et la fabrication du tracteur, des compétences en gestion de projet, calcul des coûts et
qualité pour la définition du produit, des compétences en électrotechnique et électronique pour la
commande (éventuellement quelques compétences informatiques) et aussi design pour un produit
marchand.
Eléments Mathématiques
Calculs – pression hydraulique, couple, puissance, dimensionnement
315
Projet 43
Titre : Indicateur d’assiette
Description du sujet
Lors de différentes phases de vol, la tenue de l’assiette d’un avion est fondamentale. L’assiette est
l’angle que fait l’avion avec l’horizontale. Les avions commerciaux sont pourvus d’un dispositif de
contrôle d’assiette, il n’en est pas de même pour les petits avions (aviation générale).
Le repérage de l’horizontale, facile au sol de manière statique (fil à plomb, niveau à bulle), ou en
vol stabilisé est beaucoup plus difficile dés lors que l’instrument de mesure doit subir des
accélérations parasites. Ont fait souvent appel à des dispositifs gyroscopiques mais qui doivent être
régulièrement recalés.
En vol le pilote se doit de regarder hors de l’avion et ne pas se focaliser sur ses instruments. On
privilégiera des dispositifs d’indication tête haute (projection sur le pare brise). La mesure
demandée ne dépasse pas 10° autour de l’horizontale.
Le dispositif se doit de comporter une mesure quasi statique permettant un calage en vol à peu prés
stable et un dispositif gyroscopique pour une mesure instantanée (gyroscope électronique). Le
recalage doit être automatique. On repèrera par logiciel les instants ou le recalage est possible.
L’affichage pourrait se faire par faisceau laser sur une cible sur le pare-brise.
Eléments mathématiques
En quoi consiste-t-il exactement ?
-déterminer un angle
-sphère, cercle, formules trigonométriques. A utiliser Matlab
316
Projet 54
Titre : Point mobile pour la toilette et la douche
Description du sujet
Imaginez un espace confortable et mobile permettant avec un minimum d’intimité de faire sa
toilette et de prendre une douche pour une utilisation en camping / camping car, comme dépannage
d’urgence en cas de sinistre…
- cet élément intégrera les diverses fonctions avec un souci de compacité et d’ergonomie
- il ne comportera pas sa propre réserve d’eau ou alors d’une capacité minimale, mais il sera
raccordé à une source d’approvisionnement d’eau ou une réserve sera remplie pour
l’alimenter
- pour le confort des usagers, il devra pouvoir assurer de manière autonome et naturelle
[panneau solaire, éolienne…] un réchauffement de l’eau aux environs de 40°C [en définir
les limites d’utilisation raisonnable ; sur la banquise ça ne marchera peut être pas ! ]
- l’évacuation des eaux usées se fera sur un réseau existant sinon proposer un système
« propre » d’évacuation / décantation, dispersion.
- il se repliera facilement et rapidement dans un volume minimal pour en assurer un
transport aisé
-
NB : Il ne s’agit pas de solutionner le problème de toilette / douche d’une ville sinistrée avec ce
seul élément mais de permettre à une famille de 4/5 personnes de se laver dans des conditions qui
sans être celle de leur domicile, soient acceptables, sachant que dans ce contexte les utilisateurs
seront conscients que l’eau est un élément précieux à ne pas gaspiller.
Etudiant 1
Type de connaissances, d’outils, de compétences Littéraire, artistique
Logiciels utilisés Ilustrator, Word
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Pas du tout
statistique, …)
oui, techniques de chauffage pour l’eau,
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances capteur solaire, énergie renouvelable,
Mécanisme pliage
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
culture design, infographie, design
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
Non, on n’a pas besoin
déroulement du projet
Etudiant 2
Nos utilisons notre expérience de l’année
dernière (le projet). Et puis nos compétences
Type de connaissances, d’outils, de compétences
acquises lors de notre formation
professionnelle
Photoshop, Illustrator – plein de recherche
Word – rédaction des documents
Logiciels utilisés Power point – présentation au tuteur du
travail effectué
Internet - recherche
Calculs faits -------
Utilisation de formules, de représentations -------
317
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, -------
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances -------
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le les enseignants en design, infographie et
projet culture design
Cours de mathématiques également utiles pour le
Pas de cours de math
déroulement du projet
Etudiant 3
nous avons fait des brainstornnings des
Type de connaissances, d’outils, de compétences
comptes rendus
Word – pour rédiger les textes
Logiciels utilisés Ilustrator et Photoshop pour les planches
tendances
Calculs faits Non, aucun
Utilisation de formules, de représentations
Non, aucune
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non pas du tout
statistique, …)
oui, sûrement pour travailler sur la partie plus
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances technique du projet (chauffage de l’eau,
évacuation d’eau)
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
culture design, infographie, design
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le Non, car nous n’avons pas de cours de
déroulement du projet mathématiques.
318
Projet 58
Titre : Véhicules magasins
Description du sujet
Vendre au plus frais et au plus près ; être à l’emplacement parfait et au moment idéal sont les atouts
du commerce ambulant. Les « VÉHICULES MAGASINS » ont été conçus et pensés pour
accompagner les commerçants dans la réussite et le développement de leur entreprise.
Véritables espaces de vente ; ces véhicules doivent permettre d’établir une relation de qualité entre
le vendeur et les clients, de mettre en place des qualités de confort et d’accueil indispensable.
Ils doivent faire oublier au maximum, lorsqu’ils s’installent sur une place de ville ou de village,
leur aspect et leur architecture de véhicule industriel pour participer à la « scénographie » du
marché forain.
Ils doivent aussi, lorsqu’ils reprennent la route, être reconnus comme des véhicules à part entière et
s’intégrer dans le flot des autres usagers de la route.
Cette double identité doit donc être développée sans jamais pour autant pénaliser l’une ou l’autre
de ses composantes.
Indépendamment des qualités de l’analyse et de la méthodologie de projet ; vous devez veiller à
mettre en évidence :
- L’image générale du véhicule sur la route et installé sur le lieu de vente.
- La qualité des matériaux et des finitions.
- L’optimisation des volumes et des surfaces.
- L’organisation générale des espaces de ventes du point de vue du commerçant et de celui
du client (définir le type de vente : boucherie, boulangerie, poissonnerie …).
- L’aspect technique et ergonomique lors de la transformation du véhicule routier en espace
de vente.
NB. Travail effectué à partir d’un véhicule de la gamme RENAULT « Master, Trafic » en gardant
le châssis et sa motorisation ainsi que le poste de conduite (son emplacement et une partie de son
équipement).
Etudiant 1
Type de connaissances, d’outils, de compétences ------
oui, Solidworks, pour réaliser des pièces en
Logiciels utilisés CAO assez complexe et pour créer les
assemblages
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Non, en tu cas pas pour le moment
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
conception, fabrication, éléments finis, calcul
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
------
déroulement du projet
Etudiant 2
Type de connaissances, d’outils, de compétences ------
oui, Solidworks, pour la CAO
Logiciels utilisés
Word pour le rapport et les comptes rendus
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
319
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Non, en tu cas pas pour le moment
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le conception, fabrication, les éléments finis
projet (Calcul de structure)
Cours de mathématiques également utiles pour le
------
déroulement du projet
Les étudiants ont répondu que dans leur projet il n’y a pas de éléments mathématiques, (pas
de calculs, pas de formules, représentations graphiques, géométriques, etc.), cependant les
deux ont mentionné « les éléments finis » comme enseignements utiles suivis à l’université.
320
Projet 61
Titre : Réalisation d’un algorithme d’attribution des choix pour les projets M1 et
pour les UE Libres et de la base de donnée de gestion administrative des
projets
Description du sujet
Le but de projet est de créer un outil qui permettrait de gérer l’inscription des étudiants dans les UE
libre et la gestion des projets M1.
Dans les deux cas, il faudra définir un cahier des charges précis avec les futurs utilisateurs afin de
comprendre leur attente et la complexité du problème.
Pour les projets M1, il faudra en plus développer un algorithme qui permettrait d’allouer
automatiquement les sujets aux étudiants.
Etudiant 1
connaissances informatiques, avec comme
Type de connaissances, d’outils, de compétences outils un ordinateur et le logiciel Access 97.
Mes compétences en base de données
oui, Accés 97 pour la création et la gestion de
Logiciels utilisés
base de données
Calculs faits Non, aucun calcul pour le moment
Utilisation de formules, de représentations
Non, aucunes formule, graphique
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non, aucune mathématique
statistique, …)
oui, approfondir mes connaissances en base
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances de données et sur le fonctionnement du
logiciel
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le L’enseignement « Base de données » car c’est
projet celui le plus approprie à mon sujet de projet
Peut être les probabilités et les statistiques
Cours de mathématiques également utiles pour le pour évaluer le questionnaire mis en place
déroulement du projet dans notre projet afin d’avoir les critères de
satisfaction les plus courant
Etudiant 2
Type de connaissances, d’outils, de compétences Access, Internet
Logiciels utilisés Access
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Non
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le Les langages de programmation, Base de
projet données
Cours de mathématiques également utiles pour le Probabilité, statistique, car on devra connaître
déroulement du projet la meilleur méthode suivant les critères
321
Etudiant 3
Pour l’instant seulement des connaissances
Type de connaissances, d’outils, de compétences
générales
oui, Word : pour établir un questionnaire,
faire le cahier des charges et de comptes
Logiciels utilisés
rendu, Excel : faire des tableaux pour recevoir
les données du questionnaire
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Oui, une connaissance sur les algorithmes du
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
recuit simulé et génétique
Algèbre matricielle et probabilité/statistique.
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
C’est les matières que se rapprochent le plus
projet
de ce que l’on doit faire
Non, je crois que seul les mathématiques de
Cours de mathématiques également utiles pour le
bases seront nécessaires avec celles citées
déroulement du projet
précédemment
Etudiant 4
Logiciels tel que Word, Access, VB, aussi
Type de connaissances, d’outils, de compétences
Internet pour la recherche sur les algorithmes
oui, Word : pour faire un questionnaire
Excel : Afin de faire un planning prévisionnel
Logiciels utilisés
Access : base de données étudiants,
enseignants
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Informatique, pour les algorithmes, tel que
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
Visual Basic
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le Statistiques, algèbre, probabilités : pour
projet interpréter les résultats
Cours de mathématiques également utiles pour le Non, car pas énormément de calculs pour ce
déroulement du projet projet, orienté informatique
322
Projet 48
Titre : Conception du châssis (suspension comprise) d’un Véhicule Ultra Léger
Ce projet est réalisé par trois équipes d’étudiants (12 étudiants).
Description du sujet
L’année dernière, un groupe d’étudiant a travaillé sur les principes d’un véhicule à faible
consommation d’énergie. A partir de leurs travaux, il faut travailler sur la conception du
châssis et de l’ensemble de la mécanique hors moteur et boite de vitesse..
Etudiant 1
Connaissances automobile (moteur,
Type de connaissances, d’outils, de compétences suspensions), résistance des matériaux, calcul
de masse volumique
Logiciels utilisés Solidworks
Calculs de poids en réalisant une pièce sur
Calculs faits Solidworks et en lui appliquant sa masse
volumique
Utilisation de formules, de représentations Calcul de Cx, coefficient de pénétration dans
graphiques, géométriques l’air (pour la carrosserie)
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Je pense qu’on va essayer d’utiliser au
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
maximum des méthodes de calcul simple
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le Cours de matériaux et beaucoup de culture
projet générale en automobile
Cours de mathématiques également utiles pour le
Oui (pour le calcul de Cx)
déroulement du projet
323
Etudiant 2
Connaissances techniques automobile, calcul
Type de connaissances, d’outils, de compétences
des structures, résistance des matériaux
Oui, Solidworks, RDM-6 pour la conception
Logiciels utilisés
et le dimensionnement du châssis
Calculs faits Oui, dimensionnement de châssis
Utilisation de formules, de représentations Oui, schématisation d’un véhicule en parties
graphiques1, géométriques principales
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
Non et oui, pour le dimensionnement, on
linéaire, équations différentielles, probabilités,
utilise des équations différentielles
statistique, …)
Oui, surtout connaissances en matériaux et
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
technologie automobile
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le Construction mécanique, calcul des structures,
projet RDM
Cours de mathématiques également utiles pour le Oui, résolution des équations différentielles,
déroulement du projet matrices
Etudiant 3
Type de connaissances, d’outils, de compétences Matériaux, productique
Logiciels utilisés Non
Calculs faits Oui, conversions
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Oui, motorisation et transmission
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
Matériaux, gestion de projet
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
Non, pas utilisé
déroulement du projet
Etudiant 4
Type de connaissances, d’outils, de compétences Organisation et gestion de la production
Logiciels utilisés Msprojet : gestion du temps
Calculs faits Non
Utilisation de formules, de représentations
Non
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Non
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
OGP, gestion de projet
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
Non, pas utilisé sauf petits calculs
déroulement du projet
1
Soulignage effectué par l’étudiant.
324
Etudiant 5
Type de connaissances, d’outils, de compétences Connaissances matériaux
Logiciels utilisés RDM 6, Solidworks
Calculs faits C’est les logiciels qui ont fait les calculs
Utilisation de formules, de représentations
Oui, formules des matériaux
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances ----
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
Calcul de structure, matériaux
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
Calcul basique
déroulement du projet
Etudiant 6
Type de connaissances, d’outils, de compétences Connaissances mécaniques, outil Internet
Logiciels utilisés Non, pas pour l’instant
Oui, concernant la puissance du moteur et son
Calculs faits couple nécessaire à l’entraînement de la
voiture
Utilisation de formules, de représentations 1
Oui, p SCxv3 fmgv
graphiques, géométriques 2
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, Non, pas pour le moment
statistique, …)
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Probablement mais trop tôt pour préciser
Cours de mécaniques et de mathématiques car
il est nécessaire de connaître la mécanique
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
pour comprendre le fonctionnement des
projet
systèmes et les mathématiques pour calculer
les efforts
Les mathématiques sont à la base de toutes les
Cours de mathématiques également utiles pour le
matières, donc elles seront sûrement utiles
déroulement du projet
pour la réalisation du projet
Etudiant 7
Type de connaissances, d’outils, de compétences
RDM 6, Solidworks pour étudier la rigidité de
Logiciels utilisés
la structure « choisie »
Calculs faits Des calculs de résistance des matériaux
Oui des représentations des forces, de centre
Utilisation de formules, de représentations
de gravité, pour étudier la stabilité d’un
graphiques, géométriques
véhicule
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre Oui, mais pas encore approfondies, toujours
linéaire, équations différentielles, probabilités, pour étudier la stabilité, la limite au
statistique, …) renversement d’un véhicule
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances Oui sûrement, mais je ne sais pas encore
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le La résistance des matériaux car on est amené
projet à étudier la rigidité du châssis
Oui les mathématiques sont partout, mais il y
Cours de mathématiques également utiles pour le
a beaucoup de maths que j’ai étudiées et qui
déroulement du projet
ne servent à rien ici
325
Etudiant 8
Calcul engrenages, géométrie pour la
Type de connaissances, d’outils, de compétences
transmission de puissance
Oui, Solidworks, afin de donner un modèle
Logiciels utilisés
virtuel
-pour le rapport d’engrenages
Calculs faits -pour la longueur du type pour arriver au
résultat voulu
Utilisation de formules, de représentations
---
graphiques, géométriques
D’autres mathématiques (fonctions, algèbre
linéaire, équations différentielles, probabilités, que de relations liées à la mécanique
statistique, …)
On a besoin de formation qui nous prépare
Pour l’étape suivante, nouvelles connaissances
aux exigences du monde du travail
Enseignements suivis à l’université, utiles pour le
La conception
projet
Cours de mathématiques également utiles pour le
Tout dépend du domaine
déroulement du projet
326
Annexe 2. Fiches de proposition de sujet
ANNEXE 2. Fiches de proposition de sujet des projets
Thème(s) du ER&D
Aéronautique : ULM / Simulateur de vol / Simulateur de conduite
Véhicule ultra léger / Plateforme modulaire robotisée / Handicap
Autres
Descriptif du ER&D
Titre
Spécialités requises
Moyens
Besoins
Informatique Usinage
Type de machine, Environnement : Type de machine : Conventionnelle, Soudage
Logiciels : Internet, Solid Works, Excel, Word,
Rdm6…
326
Réf 1
NOTE DE CENTRAGE
Affichage étudiant
Thème(s) du ER&D
Aéronautique : ULM / Simulateur de vol / Simulateur de conduite
Véhicule ultra léger / Plateforme modulaire robotisée / Handicap
Autres
Description du sujet
Le but de ce projet est de se doter d’un système expérimental permettent, dans les limites
possibles, de pouvoir étudier l’aérodynamique d’un système. C’est à dire définir autant le
comportement d’une structure soumise à un écoulement d’air (mesure des actions
aérodynamiques) que l’écoulement du fluide autour de cette structure.
Il faudra vérifier les caractérisations déjà réalisées de la soufflerie existante, réaliser la conception
d’un système de mesure tout en ayant réalisé un état précis de l’existant mais aussi la définition
du cahier des charges d’un tel produit.
Un cahier des charges global sur les capacités nécessaires d’une telle soufflerie sera à rédiger :
système de mesure d’actions mécaniques mais aussi de systèmes de visualisation de
l’écoulement…. définition de nouvelles caractéristiques pour la soufflerie ou aménagements,
améliorations à réaliser sur l’existante.
Il sera essentiel que tous les résultats soient rassemblés et des synthèses réalisées pour les
années futures.
Nombre d'étudiants 4
GEII GM 2
GSI Aéronautique 2 GSI Design
GSI Productique 2 GSI Energétique
327
FICHE DE PROPOSITION DE SUJET
Travaux d’Etudes, Recherches &Développement
Partie 1 – Réservée à l'encadrement
Thème(s) du ER&D
[x] Aéronautique : ULM / [ ] Simulateur de vol / [ ] Simulateur de conduite
[ ] Véhicule ultra léger / [ ] Plateforme modulaire robotisée / [ ] Handicap
[ ] autre : MATEO (Projet biomécanique)
Descriptif du ER&D
Titre
Conception d'une plate-forme expérimentale pour mettre en évidence les phénomènes
d'instabilité d'une aile d'avion soumise à écoulement transverse.
Mots clefs
Conception – RDM - Capteur de déplacement - Fabrication - matériaux
Spécialités requises
Moyens
Besoins
Informatique Usinage
Type de machine, Environnement :
Type de machine : MOCN TNC 426
Logiciels :
Solidworks – Camworks – ANSYS – EXCEL - Répartition sur les cinq semaines : 4 dernières
Visuel Basic
328
Réf
Réf 2
NOTE DE CENTRAGE
Thème(s) du ER&D
[x] Aéronautique : ULM / [ ] Simulateur de vol / [ ] Simulateur de conduite
[ ] Véhicule ultra léger / [ ] Plateforme modulaire robotisée / [ ] Handicap
[ ] autre : MATEO (Projet biomécanique)
Description du sujet
Les ailes d'avion soumises à un écoulement transverse d'air vibrent et sont sujettes à des
phénomènes d'instabilité. Pour éviter ces instabilités, on doit pouvoir les prévoir. Ces instabilités
dépendent de la souplesse de l'aile, de la vitesse de l'avion et des caractéristiques de l'air. Les ailes
ont des profils de type NACA. Pour simplifier le problème, on modélise ici l'aile par un tube de
section circulaire.
La première partie de ce projet est de réaliser un « avant projet ou projet » d'une maquette
expérimentale permettant de mettre en évidence ces instabilités. La deuxième partie de ce projet
est la conception d'un capteur muni de jauges de déformation pour mesurer les déplacement du
tube. On pourra par la suite remplacer ce tube par un cylindre de section de type NACA
(modélisant plus fidèlement l'aile).
Nombre d'étudiants 4
GEII 1 GM x
GSI Aéronautique x GSI Design
GSI Productique x GSI Energétique
329
FICHE DE PROPOSITION DE SUJET
Travaux d’Etudes, Recherches &Développement
Partie 1 – Réservée à l'encadrement
Thème(s) du ER&D
Aéronautique : ULM / Simulateur de vol / Simulateur de conduite
Véhicule ultra léger / Plateforme modulaire robotisée / Handicap
Autres
Descriptif du ER&D
Titre
Construction d’un « plancher défilant » pour l’essai en soufflerie d’une maquette d’automobile
Mots clefs
Aérodynamique automobile
Réduction de consommation
Mesure expérimentale du Cx
Essai en soufflerie
Véhicule ultra léger
Spécialités requises
Mécanique des fluides
Mécanique
Contrôle commande
Métrologie et capteurs.
Intérêt porté par les tuteurs (entre 1 et 4 )
Moyens
Besoins
Informatique Usinage
Type de machine, Environnement : Type de machine :
Logiciels : Machines outils classiques, soudure
PC, Labview (disponible à l’IUT GTE)
330
Réf 3
NOTE DE CENTRAGE
Thème(s) du ER&D
Aéronautique : ULM / Simulateur de vol / Simulateur de conduite
Véhicule ultra léger / Plateforme modulaire robotisée / Handicap
Description du sujet
Le développement d’un nouveau véhicule requiert une étude approfondie de ses formes. Ce
n’est pas qu’une question d’esthétique ! En effet l’influence de l’aérodynamisme du véhicule sur
ses performances devient prépondérante dès que l’on dépasse 50 km/h. L’efficacité
aérodynamique est mesurée par le coefficient de traînée appelé « Cx ». Plus il est faible et moins
le véhicule consommera de carburant.
Pour un véhicule routier on peut étudier le coefficient Cx à l’aide de maquette placée dans une
soufflerie. Cependant les souffleries sont souvent conçues pour tester des aéronefs et elles ne
prennent pas en compte l’effet de sol, ce qui est un gros handicap.
Dans le cadre du projet pluriannuel « Véhicule ultra léger » il serait souhaitable de se doter d’un
outil expérimental pour évaluer sur maquette les performances d’un véhicule. Les maquettes
peuvent être construites par des techniques de prototypage rapide (stéréo lithographie, usinage
rapide) disponibles à l’IUP. D’autre part, le département Génie Thermique et Energie de l’IUT
d’Evry possède une soufflerie dont les dimensions de la veine et la vitesse maximum permettent
d’envisager des maquettes au 1/15éme. On peut donc prévoir d’utiliser cette technique tout au long
du développement d’un nouveau véhicule ultra léger.
Cependant il faut adapter la veine de la soufflerie de l’IUT pour les véhicules routiers. On propose
de développer un « plancher défilant ». C’est un tapis roulant qui se place sous la maquette du
véhicule à la place de la paroi fixe. Il n’est pas en contact avec la maquette (faible jeu). La vitesse
de défilement variable doit être asservie à celle de l’air à l’entrée de la veine d’essai. On réalisera
pour cela une boucle d’asservissement via des capteurs de pression et de position qui pilotera un
moteur électrique. Une difficulté majeure de ce projet est liée à la très grande vitesse de
défilement (~ 45 m/s). A cette vitesse il y a d’une part un risque d’instabilité vibratoire et d’autre
part un échauffement possible.
Ainsi équipée, la maquette respecte les lois de la similitude en mécanique des fluides et donne
une mesure fiable du coefficient Cx.
Nombre d'étudiants 4 ou 3
Profil des étudiants
GEII x GM x
GSI Aéronautique x GSI Design
GSI Productique GSI Energétique x
331
Annexe 3. Rapports intermédiaires
E1 M1GM1G1
E2 Méca 1
E3
E4
RAPPORT DE PROJET
332
SOMMAIRE
Pages
I. Sujet 4
a) Caractéristiques de la soufflerie. 5
b) Projet M13 : définition d’un capteur de charge de mesure d’effort. 5
c) Les procédés déjà existant dans les entreprises spécialisées. 7
IV. Planning 10
V. Gestion du projet 10
a) Notions d’aérodynamiques 10
b) détermination de la vitesse maximale 10
c) Détermination des efforts s’appliquant sur le profil d’aile 12
a) Solution globale 15
b) Solution « lames ressorts » 17
c) Solution « lame triangle en isoflexion avec jauge extensométrique» 23
d) Solution « lame rectangle avec jauge extensométrique » 25
IX. Conclusion 30
X. Continuité du projet 30
XI. Annexes 31
2
333
A. Cahier des charges 32
B. Planning 37
C. Comptes-rendus de réunions 39
D. Devis 44
E. Calculs et dimensionnement 47
F. Dessin d’ensemble 49
334
I. SUJET: SYSTEME D’ANALYSE EXPERIMENTALE EN SOUFFLERIE
Le but de ce projet est de se doter d’un système expérimental permettant, dans les limites du
possible, de pouvoir étudier l’aérodynamique d’un système. C’est-à-dire définir autant le
comportement d’une structure soumise à un écoulement d’air (mesure des actions
aérodynamiques) que l’écoulement du fluide autour de cette structure.
Il faudra donc vérifier les caractéristiques de la soufflerie existante dans l’atelier de l’IUP,
réaliser la conception d’un système de mesure tout en ayant fait un état précis de l’existant.
Le cahier des charges d’un tel produit sera donc rédiger en fonction de ces paramètres et des
limites que nous nous imposerons.
Un cahier des charges global sur les capacités nécessaires d’une telle soufflerie sera à rédiger :
Système de mesure d’actions mécaniques, systèmes de visualisation de l’écoulement,
définition de nouvelles caractéristiques pour la soufflerie ou aménagements mais aussi les
améliorations à réaliser sur l’existante.
Il sera essentiel que tous les résultats soient rassemblés et des synthèses réalisées pour les
années futures.
335
II. ANALYSE DE L’EXISTANT :
a) Analyse de la soufflerie :
La soufflerie est un système en boucle ouverte (dite type « Eiffel »), par aspiration.
Contrairement à un système en boucle fermée (« Göttingen »), on a l’opportunité d’utiliser
des fumées ou des particules en suspension dans la zone d’essais. Par contre la soufflerie
« Göttingen » permet de varier les conditions d’expérience (gaz, pression) et demande moins
de puissance de récupération.
Le coût d’une soufflerie en boucle ouverte est moindre qu’avec une de type « Göttingen ».
b) Caractéristiques de la soufflerie :
Dans les locaux de l’I.U.P se trouve la soufflerie qui est la base de notre étude de systèmes de
mesure et d’analyses.
La soufflerie est un système en boucle ouverte (dite type « Eiffel »), par aspiration.
La veine d’essais est déjà équipée d’un tube de Pitot parallèle au champ de vitesse, appareil de
mesure de vitesse des fluides, couramment utilisé en aéronautique.
Sur la structure, un manomètre différentiel à eau est déjà présent.(Photos)
En premier lieu, il était important de connaître les performances de la soufflerie, c’est à dire la
vitesse maximale de son flux d’air.
La vitesse est mesurée à l’aide d’un tube de Pitot ainsi qu’un manomètre différentiel à eau
dont voici la représentation et le principe :
Le flux d’air crée par l’aspiration de la soufflerie pénètre dans le tube de Pitot. Cet air exerce
une pression sur l’eau du manomètre ce qui engendre une différence de hauteur. La vitesse est
donc directement liée à la lecture de la différence de hauteur.
336
mm
V
10
-10
L’année passée, un groupe d’étudiant a réalisé toutes les études théoriques nécessaires a la
conception d’un système de mesure d’efforts dans la veine.
Les élèves ont calculé théoriquement la force de portance ainsi que la force de traînée
s’exerçant sur un profil d’aile d’avion de type NACA 0012 pour un angle d’incidence variant
de 0 a 16°(au delà, il y a décrochage) pour une vitesse de flux de 25 m.s-1.
Ils ont observé que la force de portance varie jusqu'à 3 N et que la force de traînée ne dépasse
pas 1 N.
Les valeurs à mesurer étant très petites (en sachant que notre vitesse de flux n’est que de
14 m.s-1), les outils de mesures devront donc être très précis.
Sur trois capteurs d’efforts possibles (ressorts, capteurs extensométriques, capteurs a mesures
directe) ils ont opté pour les capteurs extensométriques, et, plus précisément, des jauges a
trames pelliculaires du fait de leurs plus grande précision et de leurs faibles coûts.
Ces jauges mesurent un déplacement, c’est a dire une déformation de structure.
Les efforts a mesurer étant très faibles, ils ont donc testé deux lamelles de matériaux
différents : l’acier et l’aluminium.
L’aluminium ayant un module d’Young plus de deux fois moins important que celui de
l’acier, les déformations sont plus importantes et donc plus facilement mesurables par les
jauges extensométriques.
6
337
Deux déformations mesurables étaient possibles sur les lamelles en fonction de la conception
du système de mesure : la flexion ou la traction.
Après des tests et des comparaisons, il s’est avéré que la flexion engendrait plus de
déformations et donc des mesures plus précises.
En conclusion, la lamelle en aluminium soumis a un effort de flexion est la solution de
mesure la plus précise retenue.
Mise au point en 1990, la soufflerie de Maranello est un véritable chef-d’œuvre, tant par son
efficacité, que par sa technologie. Elle permet la construction de voitures très
aérodynamiques :
- La 456 GT
- La F355
- La F550 Maranello
- La F50
Elle définit aussi, un bon nombre de paramètres, quant au bon fonctionnement général des
voitures. Les essais se réalisent sur des modèles grandeur nature. Il y a 3 types d'essais qui se
suivent successivement:
Il s'agit de définir les dimensions des radiateurs de chaque modèles. Pour cela, les essais ont
lieu sur une voiture montée sur un tapis en mouvement, pour simuler la vitesse.
Il y a aussi des lampes halogènes pour reproduire l'effet du soleil, et un flux d'air pour simuler
l'action du vent.
Il s'agit de mettre au point les installations de climatisation. Pour y parvenir, ils utilisent les
mêmes moyens techniques que ceux des essais thermiques.
Ils consistent à limiter les bruits émis durant la conduite, tant à l'intérieur, qu'à l'extérieur.
La structure de la soufflerie se divise en deux étages:
- au rez-de-chaussée, on trouve le poste de contrôle, où se trouvent les techniciens de la
division dynamique des fluides acoustique, et la voiture qui subit le test et la soufflerie.
- au premier étage, se trouvent les convoyeurs d'air qui servent à simuler l'effet du vent, de la
vitesse.
La soufflerie possède:
- un tapis comprenant quatre rouleaux, capable de simuler les oscillations de la route à une
vitesse de 400km/h
- une cellule climatisée pour que les techniciens puissent contrôler,
à l'aide d'un puissant radiateur, la température du vent variant de 10° à 55°.
- une ventilation qui peut émettre un flux d'air allant de 0 à 210km/h.
- une balance pour mesurer jusqu'à six directions de force. 7
338
La soufflerie S1 (source :Institut aérotechnique du CNAM)
La soufflerie S1 fut la première soufflerie du type « Eiffel» réalisée après le prototype mis au
point par Gustave Eiffel dans son laboratoire de la Porte d'Auteuil à Paris. Elle fut mise en
chantier en 1914 mais ne devint opérationnelle qu'en 1919.
Elle est généralement utilisée pour les essais aérodynamiques d'automobiles à échelle 1/5 ou
de demi-maquette d'avions. Le diamètre de la veine est de 2m et la longueur utilisable peut
atteindre 6 mètres. Elle est équipée d'un plancher plat de 2,50m de longueur et de 1,60m de
largeur à l'avant duquel est installé un dispositif d'aspiration de la couche limite. Ce plancher
porte une balance aérodynamique à jauges de contraintes à 6 composantes pouvant pivoter sur
360°. La vitesse de l'écoulement dans la veine, est variable d'une manière continue et est au
maximum égale à 40 m/s.
Plancher plat
Balance aérodynamique à 6 composantes équipée de jauges de contraintes pouvant
pivoter de 0 à 360°
Dispositif d'aspiration de la couche limite en amont du plancher
La soufflerie S10 été conçue principalement pour des essais automobiles à échelle 1/1 et a
subi d'importantes modifications afin de s'adapter à d'autres domaines d'étude. Elle a été
réalisée en 1985 sur la base d'une longue expérience acquise avec la soufflerie S4.
La veine d'essai (5m de largeur, 3m de hauteur et 10m longueur) est du type ventilée à parois
ventilées munies de fentes longitudinales afin de minimiser les effets de blocage.
La perméabilité et la position des parois latérales sont variables pour simuler au mieux la
réalité. La vitesse maximale de l'écoulement dans la veine est de 55 m/s.
339
Caractéristiques :
340
III. CAHIER DES CHARGES (cf. annexes) :
Le cahier des charges est un document qui définit l’ensemble des informations nécessaires au
déroulement du projet. Il comprend le sujet, la manière dont il sera traité, les contraintes
« physiques » et budgétaires, ainsi que les délais.
Dans notre cas il nous a été nécessaire de « cerner » les limites de l’étude ainsi que les
besoins. Après quoi des contraintes de conception et de réalisation on pu être dégagée.
De plus, un planning à été défini pour cette première période ce qui à permis de répartir les
tâches pour chaque personnes du groupe.
Dans le but d’assurer une meilleure gestion de notre projet nous avons pris l’initiative de
rédiger, à chaque réunion réalisée avec l’ensemble du groupe ainsi que notre tuteur, des
comptes-rendus. Ces documents nous ont essentiellement permis de bien « centrer » les idées
de chaque intervenant. De plus les réunions se sont suivis dans le même temps de
« débriefing ».Cette façon de procéder a permis à chaque membre « d’avancer » dans la même
direction.
a) Notions d’aérodynamiques
- La traînée représente la
force engendrée par la
résistance de l’air, qui
tend à freiner le
mouvement de l’avion
dans l’air. Elle doit être
équilibrée par la poussée
du moteur.
341
Les efforts que notre système devra mesurer, se résument à la force de portance, ainsi que la
force de traînée.
Afin de pouvoir entamer notre phase de conception ils nous à été nécessaires d’effectuer des
mesures préliminaires.
2.p
La vitesse de l'écoulement est alors donnée par : V =
air
Avec : air = 1.25 Kg/m³ ; eau = 1000 Kg/m³ ; g = 9.81 m/s² ; on obtient :
V (m/s) = 4 h
11
342
Sur le manomètre différentiel à eau on mesure :
Présence du filtre : Δh = 12 mm V max = 13.8 m/s
Absence du filtre : Δh = 20 mm V max= 17.8 m/s
Notre système de mesures se greffera au niveau de la veine d’essai qui nous permettra de
mesurer les trois paramètres qui nous intéressent :
La force de portance :
La portance, comme son nom l'indique, est la force exercée sur une aile qui tend à la porter,
donc à la tirer vers le haut.
La force de traînée :
La traînée représente la force engendrée par la résistance de l’air, qui tend à freiner le
mouvement de l’objet dans l’air.
A partir des dimensions imposées dans le cahier des charges, nous avons pu déterminer la
plage d’effort, afin de choisir le système de mesure approprié et de déterminer les premières
architectures à concevoir.
On se place dans le cas le plus critique :
343
Le coefficient de traînée est différent selon la forme du corps étudié (pour un profil d’aile
d’avion, d’après les projets des années passées, Cx 1,22).
La surface varie avec l’angle d’incidence (voir schéma ci-dessous) :
1
Fp = . air . S P .Cz.V² avec S P = l . L . cos (α) et Cz = 2π . sin (α)
2
1
F p = . air . l . L . cos (α). 2π . sin (α).V²
2
1
Ft = . air . S t .Cx.V² avec S t = l . L . sin (α) et Cx 1,22
2
1
Ft = . air . l . L . sin (α). (1,22).V²
2
344
VII. SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES :
Après avoir déterminé l’ensemble des paramètres (vitesses et efforts), nous avons pu
concevoir un système compatible avec les grandeurs mesurées. En effet, les efforts engendrés
par l’écoulement d’air sur le profil sont faibles, il était donc judicieux d’adapter notre
conception.
Les efforts dans notre cas sont : la portance et la traînée. Lors des premières études nous nous
sommes aperçu que les efforts étaient « couplés ». C’est à dire qu’un effort engendre l’autre.
La conception c’est donc faite dans le but de pouvoir visualiser les deux efforts séparément.
Après étude de plusieurs solutions nous avons pu en retenir une.
Notre système se compose d’un bâti, de lames, de deux glissières et d’un contrepoids. Les
lames sont soumises à la flexion, ce qui nous permet de « visualiser » les déformations faites
par les efforts décrit ci-dessus. Les glissières permettent le « découplage » de la traînée et de
la portance. Le contrepoids compense le poids de la structure ainsi que celui du profil étudié.
Nous avons donc dimensionné les « lames » qui vont travailler en flexion.
Lors de la conception de notre système nous avons suivi une certaine « logique ».
Cette logique nous a été donnée par un diagramme de type FAST.
Après avoir utilisé cette méthode nous avons pu en dégager une solution « globale ». La
solution « globale » correspond à la structure retenue pour mener à bien notre projet, c'est-à-
dire pouvoir mesurer la portance et la traînée séparément. A partir de la structure générale
nous avons trois « sous solutions ». Ces « sous solutions » possèdent la même structure, seul
les systèmes de mesures des efforts diffèrent.
Les « sous solutions » seront nommé de la manière suivante :
Nous allons donc présenter la solution « globale » ainsi que les « sous solutions ». Nous
étudierons également la faisabilité de celles-ci afin de mieux percevoir les avantages et les
inconvénients de ces dernières.
14
345
a) Solution globale :
Ci-dessus est présenté la solution globale. Nous pouvons donc en comprendre, dans une
première approche, le fonctionnement. Lorsque la soufflerie est en fonctionnement, elle aspire
de l’air, cet air circule dans le corps de la soufflerie jusqu’à parcourir la veine d’étude. La
veine d’étude est située entre l’entrée de l’air et le moteur aspirant. A l’intérieur de celle-ci est
tenu un profil. Dans notre cas il s’agit d’un profil d’aile.
En fonction de l’angle d’attaque choisi, réglé grâce à un rapporteur intégrer, les efforts
transmis sont plus ou moins important.
Comme nous le savons, il s’agit de la portance ainsi que de la traînée. Pour pouvoir mesurer
chacun des efforts, il est important de les « découpler ». Dans notre solution proposée, l’effort
de portance est transmis verticalement, la traînée, elle, est transmise horizontalement. Le
découplage est réussi grâce aux glissières placées dans la structure. Le déplacement engendre
alors un déplacement. Ce dernier, est lui directement transmis sur les lamelles.
Ils nous restent uniquement, alors, a « récupérer » l’information.
En effet, il apparaît de manière assez explicite, que les efforts de portance et de traînée vont
être mesuré via un déplacement. On remarque également que les efforts sont découplés.
15
346
Voici le diagramme FAST :
Solutions technologiques :
Lame en flexion
+ jauges de
contraintes +
Mesurer Créer un conditionneur
faibles système
efforts mesurant de
petits efforts
Lame en flexion
avec lecture
directe d’un
déplacement.
347
Pour une meilleure compréhension le schéma cinématique figure ci-dessous :
Schéma cinématique :
Lame
Contre-poids
Lame
Comme nous l’avons énoncé précédemment, les solutions conservent la même structure
générale. Seul le système de mesure diffère. Dans cette solution, nous proposons donc de
mesurer les efforts via un déplacement. En fonction des caractéristiques des lames, il nous est
apparu possible de dimensionner ces dernières afin de pouvoir relever une flèche, due à la
déformation, ce qui par simple lecture et conversion nous donnerai la valeur de l’effort
(portance et traînée) appliqué sur le profil.
.
1) Détermination de la force par une mesure de déplacement :
Hypothèses :
Le matériau utilisé sera continu, c'est-à-dire que la distance entre ses fibres ou ses grains est
suffisamment petite par rapport aux dimensions de la lamelle.
Les lamelles seront considérées comme homogènes c'est-à-dire qu’elles ont une structure
identique en tout point.
Enfin, les lamelles seront isotropes, elles auront les mêmes caractéristiques mécaniques en
tout point.
L’effort appliqué sera situé sur la ligne moyenne de la lamelle. 17
348
2) Dimensionnement des lamelles :
F
h
L b
L
Dans ce système de mesure de déplacement par ressort, nous chercherons donc à maximiser la
flèche afin d’avoir une grande plage de mesure d’efforts.
F(L - x)
y’’ = E = module d’Young du matériau
EIz
Iz = bh3/12 (moment quadratique)
FLx Fx 2
y’ = C1 détermination de C1 et C2 :
EIz 2EIz
FLx 2 Fx 3
y= C1 x C 2 les conditions aux limites nous donnent :
2EIz 6EIz
En x = 0 y’ = 0 et donc C1 = 0
de même en x = 0 y = 0 et donc C2 = 0
FL3
y= pour le cas d’une lamelle en flexion simple comme modélisée
3EI z
ci-dessus.
FL3
Pour la suite des calculs, nous utiliserons donc y =
3EI z
Avec Iz = bh3/12 on arrive à :
18
349
12FL3 4FL3 4FL3
y= = y=
3Ebh 3 Ebh 3 Ebh 3
De même, pour calculer la valeur de la contrainte maximale en flexion dans la lamelle nous
utiliserons :
MFl z h bh 3
m = ymax avec ici ymax = , MFlz = FL et Iz =
Iz 2 12
6FL
d’où m=
bh 2
6FL 4FL3
m= et y=
bh 2 Ebh 3
On remarque que :
4L2 FL FL m 4L2 m
y= et = y=
Eh bh 2 bh 2
6 Eh 6
2L2 m
y=
3Eh
19
350
Au final nous aurons donc :
2L2 m 6FL
y= et b=
3Eh h 2 m
Ces équations étant composées de plusieurs variables, nous fixerons certaines d’elles en
prenant en compte les contraintes d’encombrement de notre conception.
Les calculs de dimensionnement ont été établis de manière à faire varier les épaisseurs
existantes et ainsi ne pas dépasser le m du matériau choisi. Le choix des matériaux utilisé,
s’est effectué en fonction des produits à notre disposition et des coûts de ces derniers.
Dans notre système, nous ferons la comparaison de deux matériau : l’acier et l’aluminium.
450
400 411,429
Largeur de lame (b en mm)
350
300
250
200
182,857
150
100 102,857
65,829
50 45,714
33,586
0
0 50 100 150
Fleche (y en m m )
20
351
Voici la courbe représentative de l’évolution de la largeur en fonction de la flèche pour
l’effort de traînée :
80
20
17,143
10 10,971
7,619
5,598
0
0 50 100 150
Fleche (y en m m )
D’après le tableau (cf. annexe) et les deux courbes (ci-dessous), nous pouvons remarquer
plusieurs points. D’une part, l’aluminium n’est pas le matériau adéquat.
En effet, au moment où la flèche devient exploitable pour une bonne plage de mesure, les
autres dimensions de la lamelle deviennent aberrantes au niveau de l’encombrement.
(Ces dernières sont écrites en rouge dans le tableau). A l’inverse lorsque les dimensions
deviennent « raisonnables », la flèche n’est pas assez importante pour une bonne plage de
mesure.
En effet, si l’on souhaite augmenter la précision de notre lecture du déplacement il faut
trouver un bon équilibre entre la flèche et l’encombrement.
D’autre part, on remarque que l’acier offre un bon compromis puisque, dans les deux cas de
mesure de force (portance et traînée), nous trouvons une flèche « correcte » pour une lecture
de la mesure et une largeur réalisable à la conception.
60
50
Deplacement (mm)
40
30
20
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14
Force (N)
21
352
Voici la courbe représentative de l’évolution du déplacement en fonction de l’effort pour
l’effort de traînée :
90
80
70
Deplacement (mm)
60
50
40
30
20
10
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5
Force (N)
Pour conclure cette étude, nous pouvons constater que d’après l’ensemble des calculs réalisé
que si, en choix de matériau, nous optons pour l’aluminium la solution n’est pas réalisable. En
effet, compte tenu des hypothèses et de l’encombrement nous ne pouvons choisir ce matériau.
Si nous devions optez pour cette solution, alors nous choisirions comme matériau : l’acier.
22
353
c) Solution « lame triangle en iso flexion avec jauges extensométriques» :
Cette seconde solution se compose toujours de la même structure. Cependant, la mesure est
réalisée par déformation de lame triangle en iso flexion. Sur les lames sont disposés
orthogonalement l’une par rapport à l’autre, sur la partie supérieure de la lame, des jauges
extensométriques. Ces dernières présentes des avantages à l’utilisation par rapport aux autres
solutions. Toutefois, lorsque nous souhaitons utiliser ce type de solution afin de pouvoir
relever une mesure, il est important de satisfaire certaines contraintes:
En effet, lorsque nous souhaitons utiliser des jauges de déformations il est important de
maîtriser, dans un premier temps, certains paramètres, notamment le placement de ces
dernières sur la lame.
Notre système provoque une sollicitation sur les lames, cette sollicitation est la flexion. Or,
dans un cas « standard » (lame rectangle), si les jauges ne sont pas correctement placées sur
les lames, elles ne mesureront pas que la flexion, d’autres sollicitations viendront « parasiter »
la mesure. Mais en choisissant les lames de type triangle, ce type de problème n’existe pas car
l’avantage de ces dernières est que l’ensemble des contraintes est constant.
De plus, la longueur encastrement – jauges, n’entre pas en ligne de compte lors de la mise en
place des jauges. C’est pourquoi nous avons étudié la faisabilité de cette solution.
Dans un premier temps nous avons étudié le dimensionnement de ces lames.
Schéma de la lame :
e
b
L
Pour ce type de solution, nous avons du prendre en compte la déformation limite des jauges
qui sont à notre disposition. 23
354
Voici les données que nous avons à notre disposition concernant les jauges extensométriques :
la référence est PA 06 250 BA 120 7. Ce type de référence nous informe de la manière
suivante :
PA conducteur
06 décrit le matériau pour lequel elle est adaptée.
250 Longueur de la jauge en millième de pouce
120 résistance de la jauge en ohms.
Nous savons que 1 pouce = 25,4 mm. La jauge mesure 250 millièmes de pouce. Il apparaît
après calcul que la longueur de la jauge est de 6,35mm.
Après calculs, que l’épaisseur est de 1,08 * 10^-8 m, e = 0,000104 m soit 0,103 mm environ.
Nous trouvons donc, une valeur pour l’épaisseur de nos lames, cependant il apparaît très
clairement que la réalisation et la mise en œuvre sont impossibles.
En effet, les lames succomberaient aux efforts dus à son propre poids. De plus, dans le
commerce il n’existe de « plaque d’acier qu’à partir de 0,75 mm d’épaisseur à vendre.
Nous avons également tenté de modifier le matériau, en optant pour un module d’Young plus
faible. Mais le résultat est sensiblement identique.
24
355
Par exemple, pour l’aluminium. E = 70000Mpa. En utilisant la même démarche nous trouvons
une épaisseur de 0,3 mm ce qui est également irréalisable
Cette solution était un bon compromis facilité de mise en œuvre et précision dans la mesure.
Cependant, il est évident qu’il est nous est impossible de pouvoir mettre en place de telle
lames aux vu des dimensions calculées. Ces dernières, sont beaucoup trop fine pour pouvoir
satisfaire les exigences de notre conception. En effet, elles succomberaient sous l’effet de leur
propre poids, rendant, ainsi impossible tout type de lecture de la mesure.
Notre dernière solution, est constituée de lame rectangle. Les jauges extensométriques sont
disposées sous le dessous des lames afin de mesurer une traction. Les jauges choisies pour ce
type de solution sont les mêmes que précédemment. Comme dans le cas des lames triangle, il
nous faut pouvoir déterminer le matériau que nous allons choisir et également dimensionner
les lames en fonction des efforts mais également des jauges.
Les jauges seront disposées orthogonalement l’une par rapport à l’autre.
Il est également important de respecter la limite élastique du matériau de la jauge ainsi que
celle du matériau qui constitue les lames.
En effet, si l’on souhaite réaliser des mesures, nous nous devons de ne pas atteindre la limite
élastique de la jauge, au quel cas aucune mesure ne sera faisable par la suite. Nos calculs de
dimensionnement se sont donc orienté dans ce sens, afin de respecter l’ensemble des ces
contraintes de « fonctionnement ».
Nous devions également prendre en compte l’encombrement compte tenu des dimensions de
notre structure et de la soufflerie.
Notre démarche a été la suivante, dans un premier temps pour chaque effort (traînée et
portance) nous avons cherché à déterminer la largeur d’encastrement « optimale ». Cette
largeur est calculée en fonction des autres dimensions et des autres données, c'est-à-dire,
longueur, épaisseur, force de portance et de traînée, module d’Young, ε de la jauge et enfin la
limite élastique du matériau utilisé pour les lames avec un coefficient de sécurité.
Pour l’étude des jauges, ce coefficient de sécurité est imposé en théorie a 10.
Nous devrons donc faire les calculs avec σe = σe /10.
Nous ferons également des calculs pour σe .
Les calculs apparaissent en annexe.
Voici les courbes :
25
356
1) Courbe représentative de l’évolution de la largeur de l’encastrement pour l’effort de
traînée avec une lame en acier :
2,50E+01
contrainte (Mpa)
2,00E+01
1,50E+01 sigma élastique /10
1,00E+01 sigma max atteind
5,00E+00
0,00E+00
0 20 40 60 80 100
largeur a (mm)
Nous remarquons ici que pour l’effort de traînée, la largeur optimale est de 30mm pour une
question d’encombrement (collage des jauges) et pour une question de contrainte. (cf. fichier
de calcul).
60,00
contrainte atteinte
50,00
40,00
sigma max=f(a)
(Mpa)
30,00
sigma elastique /10
20,00
10,00
0,00
0 20 40 60 80 100
largeur a (m m )
Nous remarquons ici que la largeur optimale calculée pour l’effort de portance est de 76mm
(cf. fichier de calcul).
Si on veut rester dans la théorie des poutres, cette largeur n’est pas acceptable compte tenu de
la longueur imposée à la lame.
26
357
3) courbe représentative de l’évolution de la largeur d’encastrement en fonction du matériau
et de l’effort de portance, pour une lame en aluminium :
Evolution de la contrainte
6,00E+01
5,00E+01
contrainte atteinte
4,00E+01
sigma élastique /10
3,00E+01
sigma atteind
2,00E+01
1,00E+01
0,00E+00
0 20 40 60 80 100
largeur "a"
Nous remarquons ici que la contrainte reste largement au dessus de σe / 10 avec une épaisseur
imposée de 3mm.
Il sera donc préférable d’utiliser de l’acier aux vues de ces courbes.
évolution de la contrainte
1,00E+01
9,00E+00
8,00E+00
contrainte atteinte
7,00E+00
6,00E+00
sigma élastique /10
5,00E+00
4,00E+00 sigma atteind
3,00E+00
2,00E+00
1,00E+00
0,00E+00
0 20 40 60 80 100
largeur "a"
27
358
5) solutions adoptées :
Pour la mesure des efforts de portance et de traînée, nous utiliserons donc des lames en acier
qui auront les côtes suivantes :
Force de portance :
7,00E+01
contrainte atteinte
6,00E+01
5,00E+01
4,00E+01 sigma elastique/10
3,00E+01 sigma atteind
2,00E+01
1,00E+01
0,00E+00
0 5 10 15 20 25 30
force réelle (N)
Force de traînée :
30
contrainte atteinte
25 sigma atteind
20 sigma élastique /10
15
10
5
0
1
7
0,
0,
0,
0,
0,
1,
1,
1,
1,
359
Nous remarquons ici que nous dépassons σe / 10 malgré le matériau utilisé.
En revanche, la contrainte maximale atteinte étant de 60 Mpa, nous restons toutefois dans la
limite élastique de l’acier avec un coefficient de sécurité de 3.5.
Nous restons donc dans les hypothèses de la RDM en ne dépassant pas σe /3.5, où 3.5 reste un
coefficient de sécurité plus que raisonnable.
Force de portance :
Evolution de la contrainte
contrainte atteinte (Mpa)
7,00E+01
6,00E+01
5,00E+01
4,00E+01 sigma max/3.5
3,00E+01 sigma max atteint
2,00E+01
1,00E+01
0,00E+00
0 5 10 15
Nous remarquons ici que la contrainte atteinte ne dépasse pas σe /3.5, donc ce coefficient de
sécurité pour l’effort de portance permet l’utilisation de cette lame.
Evolution de la contrainte
7,00E+01
contrainte atteinte (Mpa)
6,00E+01
5,00E+01
2,00E+01
1,00E+01
0,00E+00
0 0,5 1 1,5 2 2,5
On remarque ici que notre contrainte atteinte reste inférieur à notre σe /3.5.
Les dimensions des lames et le coefficient de sécurité choisis sont donc raisonnables pour
notre prise de mesure.
29
360
VIII. VISUALISATION DE L’ECOULEMENT:
Dans le cahier des charges il apparaissait qu’il était nécessaire de pouvoir visualiser
l’écoulement de l’air autour du profil choisi dans la veine d’étude. Compte tenu des normes
de sécurité et de l’architecture de la soufflerie (boucle ouverte), il est impossible d’utiliser un
gaz quelque soit le type. De plus, afin de respecter les limites budgétaires alloués à la
réalisation de notre projet il nous a été difficile de trouver un système permettant une bonne
visualisation. Nous avons donc choisi d’opter pour le placement sur le profil de l’aile d’avion
de « bande » de fil de laine.
IX. CONCLUSION :
Des trois solutions que nous avons étudié, une est techniquement infaisable. Il s’agit de la
solution retenant les lames triangle en isoflexion.
En effet, les épaisseurs calculées ne permettent aucune exploitation. Il reste alors les deux
suivantes. La solution « lame ressort » est la solution la plus simple, techniquement parlant,
de plus elle possède une assez bonne précision (cf. annexe).
Pour la dernière solution, il apparaît clairement que la fiabilité de la mesure sera plus
important que celle des « lame ressort », cependant il est plus difficile de mettre en œuvre une
telle solution compte tenu du collage, du placement des jauges ainsi que l’acquisition de la
mesure.
X. CONTINUITE DU PROJET :
Dans les années futures, il est possible pour les prochains étudiant d’acheminer le projet à sa
fin. En effet, nous avons réalisé ces études de manières à ce que le prochain groupe de travail
puisse continuer, améliorer et réaliser notre solution. Pour cela nous avons mis à disposition
l’ensemble de nos plans de travail ainsi que tout les calculs.
30
361
ANNEXES
31
362
A. Cahier des charges :
Référence du Projet
Numéro : 1
Sujet :
Le but de ce projet est de se doter d’un système expérimental permettant, dans les
limites du possible, d’étudier l’aérodynamique d’un système. C’est-à-dire définir autant le
comportement d’une structure soumise à un écoulement d’air (mesure des actions
aérodynamiques) que l’écoulement de celui-ci autour de la structure étudiée.
Un cahier des charges global sur les capacités nécessaires d’une telle soufflerie sera à
rédiger :
Système de mesure d’actions mécaniques mais aussi les systèmes de visualisation de
l’écoulement…définition de nouvelles caractéristiques pour la soufflerie ou aménagements,
améliorations à réaliser sur l’existante.
Il sera essentiel que tous les résultats soient rassemblés. Des synthèses seront à
réalisées pour les années futures.
Client : M. XXXX
E1 E1@hotmail.com
E2 E2@hotmail.com
E3 E3@hotmail.com
E4 E4@hotmail.com
32
363
Désignation du projet
Contexte
Notre projet est une suite logique des projets effectués depuis plusieurs années sur la
soufflerie. D’après les documents qui nous ont été fournis, un projet similaire a déjà été
réalisé, mais les étudiants n’ont pas eu le temps de construire un système de mesure. Ils ont
évoqué des solutions possibles, avec des études théoriques. Parallèlement à notre projet, des
élèves de DEUST 2ème année souhaitent déterminer les champs de pression s’appliquant sur
un profil d’aile. Il sera donc nécessaire de collaborer avec eux pour effectuer des choix
judicieux pour les deux groupes.
Description
Veine d’étude
Opérateur
Fc1
Fp1
Système expérimental
d’analyse en soufflerie
Fc3
Fc2
Soufflerie
Profil d’étude
364
Objectifs
Les objectifs fixés dans ce projet sont d’obtenir à la fin des six semaines, un système
de mesure d’actions mécaniques (force de portance, force de traînée), ainsi qu’un système de
visualisation de l’écoulement.
Contraintes
a) Profil d’étude :
Nous avons recueilli les caractéristiques géométriques de profil d’aile auprès d’un
groupe d’étudiant de DEUST 2ème année qui les réalisent dans le cadre de leur projet. Les
procédés qu’ils utilisent pour créer les profils leurs imposent des cotes maximales en longueur
et largeur.
l = 135.10¯³ m
L = 252,2.10¯³ m
Contrainte : Le profil utilisé par notre système de mesure et de visualisation des flux sera
uniquement un profil d’aile avec des dimensions maximales imposées ci-dessus.
365
Présence du filtre : 0 V(m/s) 13,8
Absence du filtre : 0 V(m/s) 17,8
Nous avons donc décidé d’imposer une plage d’effort mesurable dans notre cahier des
charges.
d) Visualisation de l’écoulement :
e) Système d’acquisition :
Pour relever les valeurs des efforts appliqués nous avons prévu de mettre en place un
système d’acquisition. En effet, si la solution retenue nécessite l’utilisation de jauges de
déformations nous avons pensé à mettre en place un amplificateur ainsi qu’un conditionneur.
Eléments fournis
Moyens logiciels :
366
Moyens matériels :
Moyens financiers :
Un budget nous est alloué, il peut varier si les dépenses sont justifiées.
Le budget dépend surtout du choix du système de mesure.
En effet les capteurs de déformations disposent d’une certaine sensibilité, plus ils sont
sensibles, plus les prix augmentent.
Délais
Budget
Signature
36
367
Groupe complet Mr.Coïa Mr.Gomes Mr.Dufaur Mr.L'Huillier
Tâches Jours 23/01/2006 24/01/2006 25/01/2006 26/01/2006 27/01/2006 30/01/2006 31/01/2006 01/02/2006 02/02/2006 03/02/2006
Analyse du sujet
Analyse du fonctionnement de
la soufflerie
Déplacement en entreprise
Rédaction du rapport
interrmédiaire
Remise du rapport
intermédiaire
Recherche de solutions
Conception
368
369
Groupe complet E1 E2 E3 E4
Tâches Jours 01/06/2006 02/06/2006 05/06/2006 06/06/2006 07/06/2006 08/06/2006 09/06/2006 12/06/2006 13/06/2006 14/06/2006 15/06/2006 16/06/2006 19/06/2006 20/06/2006 21/06/2006 22/06/2006 23/06/2006
Rédaction planning
Rédaction compte
rendu de réunion
Rédaction rapport
Remise du rapport
Conception
Impression des
dessins
d'ensembles
Préparation du
matériel et des
installations
Usinage des
différentes pièces
Réalisation du
système
Dimensionnement
des "lames"
Préparation de la
soutenance
370
C. Compte rendu de réunions :
Tuteur : XXXX
Etudiants présents : E1
E2
E3
7/ Quand vous rend-on le cahier des charges pour le signer ? (Normalement, vendredi 27/01)
39
371
Après quelques observations préliminaires de la soufflerie, M. XXXX nous a rejoint afin de
nous faire part de ses attentes ainsi que les buts à atteindre.
Le but :
En effet, la vitesse de l’écoulement influe directement au niveau des efforts exercés sur la
structure à l’étude : il nous faudra concevoir un système de mesure d’effort polyvalent.
Il nous sera également intéressant de mettre en place un système d’observation du flux d’air
autour de la structure, au niveau de la veine d’essai.
Il faudra rédiger le cahier des charges, qui sera rendu le lundi 30/01/06.
Il faudra prévoir un devis, dans le cas d’achats de pièces, celui-ci sera rendu à la fin de la
période des deux semaines, ainsi que le rapport intermédiaire.
Les moyens :
Pour aboutir à ces exigences, nous aurons les ressources disponibles de l’atelier, un budget
nous sera alloué.
M. XXXX nous apportera le 24/01/06 des travaux déjà réalisés sur cette soufflerie.
372
Compte rendu de réunion du 25/01/06
Tuteur : XXXX
Etudiants présents : E1
E2
E3
E4
M. XXXX nous a remis les rapports des années précédentes. Nous avons été informé que les
DEUST 2ème année, travaillent aussi sur la soufflerie. Il doivent créer un système pour
mesurer les différences de pression sur un profil d’aile.
Il sera donc nécessaire de collaborer avec eux pour effectuer des choix judicieux pour les
deux groupes.
De plus, ils ne souhaitent utiliser la soufflerie qu’a plein régime, c’est à dire en enlevant le
filtre de protection contre les poussières.
Il faudra déterminer la vitesse maximale et la plage de mesure de ces efforts, avant de débuter
le dimensionnement du système ainsi que sa conception.
41
373
Compte rendu de réunion du 01/02/06
Tuteur : XXXX
Etudiants présents : E1
E2
E3
E4
Objet : Etat de l’avancement après une semaine de projet, et analyse du cahier des charges.
Après une semaine de projet nous avons pu présenter un cahier des charges, des solutions
technologiques ainsi que des devis.
Lors de cette réunion notre tuteur nous à fait part de ses remarques ainsi que de ses
interrogations. Nous avons pu dégager de cette réunion des conclusions nous permettant
d’approfondir le travail réaliser lors de la première semaine.
42
374
Compte rendu de réunion du 13/06/06
Tuteur : XXXX
Etudiants présents : E1
E2
E3
E4
43
375
BON DE COMMANDE
Nom
Prénom
N° de projet
Date : 06/02/06
FOURNISSEUR : HBM
Téléphone : 01 69 90 63 70
Fax : 01 69 90 63 80
Référence
obligatoire Désignation Quantité Prix Unitaire HT Total HT
K-LY43-6/120 Lot (10) jauges extensométriques 1 61,00 61,00
Z 70 Colle pour jauges 1 41,00 41,00
TOTAL HT : 102,00
Nom et signature du responsable de projet
TVA : 19,60
44
376
BON DE COMMANDE
Nom
Prénom
N° de projet :1
Date : 06/02/06
FOURNISSEUR : ABAQUEPLAST
Téléphone : 01 48 26 32 80
Fax : 01 48 26 88 19
Référence
obligatoire Désignation Quantité Prix Unitaire HT Total HT
PVC rigide PVC rigide 1m carré, épaisseur 10 mm 1 117,80 117,80
TOTAL HT : 117,80
Nom et signature du responsable de projet
TVA : 19,60
377
BON DE COMMANDE
Nom
Prénom
N° de projet 1
Date : 06/02/06
FOURNISSEUR : HPC
TOTAL HT : 3,86
Nom et signature du responsable de projet
TVA : 19,60
46
378
E .CALCULS ET DIMENSIONNEMENT :
a) « lames ressort » :
Acier
12 12 300 210000 0,75 80,000 182,857 210 1
Portance
12 12 300 210000 1 60,000 102,857 210 1
12 12 300 210000 1,25 48,000 65,829 210 1
12 12 300 210000 1,5 40,000 45,714 210 1
12 12 300 210000 1,75 34,286 33,586 210 1
Alu
12 12 300 70000 1 17,143 1080,000 20 1
12 12 300 70000 1,25 13,714 691,200 20 1
12 12 300 70000 1,5 11,429 480,000 20 1
12 12 300 70000 1,75 9,796 352,653 20 1
Acier
2 2 300 210000 0,75 80,000 30,476 210 1
Traînée
Alu
2 2 300 70000 1 17,143 180,000 20 1
2 2 300 70000 1,25 13,714 115,200 20 1
2 2 300 70000 1,5 11,429 80,000 20 1
2 2 300 70000 1,75 9,796 58,776 20 1
Le tableau ci-dessus exprime les valeurs de flèches et largeur calculées à partir de valeur fixée
pour chacun des deux matériaux. Il apparaît de manière explicite que certaines valeurs
calculées sont aberrantes (surlignée de couleur rouge). D’autre part, certaines d’entre elles, ne
permettent plus de vérifier la théorie de la poutre compte tenu des dimensions. Seule les
47
379
valeurs (surlignées en vert) ont retenu notre attention. A partir de ces calculs, nous avons donc
retenus les dimensions d’une seule lamelle en fonction du matériau.
C’est alors, à partir de ces dimensions que nous allons faire varier la plage d’effort afin de
déterminer la précision de notre lecture. Ces calculs apparaissent donc dans le tableau ci-
dessous.
F F th F réel L E h b rendement
mesure (N) (N) (mm) (Mpa) (mm) y (mm) (mm) Sigma (Mpa) glissière Matériau
1 1 300 210000 1,25 4,002 65,8 17,508 1
2 2 300 210000 1,25 8,003 65,8 35,015 1
Portance
Acier
0,1 0,1 300 210000 0,75 3,997 30,5 10,492 1
0,2 0,2 300 210000 0,75 7,994 30,5 20,984 1
0,3 0,3 300 210000 0,75 11,991 30,5 31,475 1
0,4 0,4 300 210000 0,75 15,988 30,5 41,967 1
0,5 0,5 300 210000 0,75 19,984 30,5 52,459 1
0,6 0,6 300 210000 0,75 23,981 30,5 62,951 1
0,7 0,7 300 210000 0,75 27,978 30,5 73,443 1
Traînée
380
Projet numéro 2
E1 Client :
E2 Mr AAA
E3
E4 1
380
SOMMAIRE
INTRO........................................................................................................ 5
1) CONTEXTE ............................................................................................. 5
3) OBJECTIFS ............................................................................................. 5
4) CONTRAINTES ........................................................................................ 5
CONCLUSION ........................................................................................... 23
381
INTRODUCTION
L' effet du vent sur les ailes d'un avion est un phénomène complexe à étudier. Les
forces induites ainsi que les efforts résultants sur la structure sont difficiles à définir.
Ceux-ci dépendent en effet de nombreux paramètres tels que la géométrie du profil
de l’aile, le type de l’écoulement du fluide, les matériaux utilisés, etc.
Dans le cadre de ce projet, nous souhaitons plus particulièrement observer les
phénomènes vibratoires induits par les perturbations du fluide. Pour cela il nous a été
demandé de concevoir une plate-forme expérimentale, pouvant accueillir un modèle
réduit d'un profil d’aile (type NACA). Ceci, dans le but d’observer et mesurer les
vibrations.
Pour y parvenir , nous emploierons la méthodologie suivante : nous rappellerons
le cadrage du projet afin d’inventorier les moyens disponibles et les contraintes
auxquelles nous seront soumis.
Pour une meilleure compréhension des phénomènes observés nous devrons
ensuite faire un parallèle avec les outils théoriques dont nous disposons. Cette étude
nous orientera sur les paramètres à prendre en compte dans la phase de
conception : nous établirons la définition du modèle réduit de l’aile d’avion,
l’architecture de la structure de la plate-forme ainsi que la technologie de mesure. Un
choix varié de solutions dans les différentes spécialités sera soumis a notre client.
Ainsi pour concrétiser nos travaux, nous développerons les solutions retenues en
accord avec ce dernier.
382
I PRESENTATION DU PROJET
1) Contexte
L'étude du comportement en vol d'une aile d'avion fait partie des enseignements
dispensés en aéronautique. Cette matière enseignée à l'IUP d'Evry aborde par la
théorie les phénomènes liés au vol.
La mise en pratique de ces phénomènes à l'aide d'une plateforme d'essai a pour
vocation de faciliter leur compréhension. Dans cette optique, notre tuteur Mr. Loret
nous a demandé de concevoir un système adapté capable de simuler le
comportement d'une aile en vol. Les étudiants de l'IUP sont les principaux
bénéficiaires de cette réalisation.
2) Description du projet
L'expérimentation sur un avion réel étant bien entendu hors de nos moyens, nous
emploierons un tronçon de profil d'aile de dimension réduite. Nous prévoyons de
soumettre ce modèle réduit à l'écoulement d'un fluide.
La conception de la maquette expérimentale va permettre, à terme, de mettre en
évidence les vibrations engendrées par cet écoulement dues aux interactions entre
l’aile et le fluide (Interactions Fluides Structures).
383
3) Objectifs
4) Contraintes
Les degrés de liberté de l’aile sont les suivants : uniquement les translations
suivant x et y (pas de translation suivant z et pas de rotation suivant x, y et z).
Pas de roulis, ni de tangage autorisés.
Le système de maintien de l’aile doit avoir une raideur réglable, ceci afin de
concilier le maintien en position et les degrés de liberté exposés dans le point
précédent.
384
5) Organisation du groupe (Plannings)
Cependant, l’organisation retenue n’a pas été figée durant ces deux semaines. Il
nous est arrivé de provoquer des rencontres avec nos tuteurs afin d’exposer
l’avancée de nos travaux et de clarifier certains points.
385
Voici le planning prévisionnel pour le mois de Juin :
Nous avons réparti les tâches au sein du groupe en tenant compte des
compétences et de la formation de chacun. Cette organisation de la gestion du
temps qui nous était alloué a pour objectif d’atteindre une efficacité optimale.
Nous tenterons dans la partie suivante, d’expliquer quelles sont les causes des
vibrations d’une structure placée dans un écoulement de fluide.
386
II APPROCHE THEORIQUE
1) Cas du cylindre
Fig. 3 : vecteu
On dit, dans ce cas, que l’écoulement
devient turbulent. Nous pouvons décrire
l’apparition de ce comportement du fluide par
un terme appelé le nombre de Reynolds (cf.
glossaire, annexes 1 et 2). Ce terme est un
nombre adimensionnel qui tient compte des
caractéristiques du fluide et de la structure et
qui, selon la valeur qu’il prend, nous permet
de prévoir le régime adopté par le fluide.
387
Nous souhaitons observer les influences de ces turbulences sur la structure, c’est-à-
dire, les vibrations qu’elles provoquent sur cette dernière. Le but étant de déterminer
les conditions à remplir pour des vibrations suffisamment importantes, voir proches
de la résonance (cf. glossaire, annexe 2) afin de les reproduire sur une plate-forme
d’essai.
2) L'aile d'avion
388
3) L’analyse dimensionnelle
Principe de la méthode
Condition de similitude
Similitude complète
11
389
La similitude géométrique fixe le rapport V1/ V2, la similitude cinématique impose
le rapport 1/2.
Nous avons aussi une similitude dynamique qui fixe le rapport 1/2.
Pour que la similitude soit complète, il faut que les trois rapports des forces de
viscosité, des forces de volume et des quantités d’accélération soient égaux, c’est à
dire que les conditions de Reynolds soient satisfaites.
Similitude restreinte
La similitude complète est presque impossible, c’est à dire qu’il est impossible de
réaliser l’égalité de tous les produits sans dimension. On dit qu’on réalise une
similitude restreinte. C’est le cas dans notre situation car on est en face de l’étude de
turbulence autour d’un profil.
12
390
III CONCEPTION
Notre problématique, dans ce cas ci, est de savoir si l’on peut définir un lien entre
le modèle réduit d’une aile pour la plate-forme d’essai et une aile d’avion réelle.
1) Maintien de l’aile
Essai
sur la REGLER
plate- A1
forme
Mesures
ANALYSER
A2
Visuel
Comme nous pouvons le constater le résultat escompté est fonction des réglages
du système.
13
391
En considérant les contraintes auxquelles est soumis notre système, nous avons
déterminé un schéma cinématique. Cette schématisation donne une vision simple,
mais cependant concrète du problème.
Bâti
Y Y
Profilé
X
X
14
392
Nous avons envisagé à partir de ces données diverses solutions.
Solution 1
Le profil est monté sur un "u" (pièce rouge). Cette dernière transmet à des lames
flexibles les mouvements de l'aile.
15
393
Avantages
Les pièces décrites dans les vues précédentes sont une première approche du
mécanisme abouti. Les éléments normalisés correspondants sont disponibles dans
le commerce.
Cependant pour des raisons de coût il peut être envisagé d'usiner ces pièces en
utilisant le matériel disponible à l'IUP (Machine outils).
Ce montage s'adapte sur la soufflerie de l'IUP.
Inconvénients
Le dimensionnement de la sensibilité des lames flexible doit faire l'objet d'un calcul
précis.
Des problèmes de frottement et de chocs au niveau des contacts des lames et du
"u" doivent être résolus.
16
394
Solution 2
395
Avantages
Inconvénients
18
396
2) Capteur
Principe
Le principe repose sur le fait de pouvoir mesurer les vibrations qui se présentent
sous forme de déplacements de l’aile. Ce système peut être représenté sous forme
de schéma bloc :
Déplacement
Bloc de traitement Réponse
des données
Deux méthodes de mesures nous ont parues inévitables pour atteindre nos
objectifs:
- l’utilisation d’un faisceau laser permettant de visualiser les déplacements à l’œil nu.
- l’utilisation d’un ou de plusieurs capteur à jauge de contrainte délivrant un signal
électrique en sortie et permettant de déduire le déplacement.
19
397
Catalogue des produits capteurs
398
Pointeur laser Laser vert Portée 1500m dans 119 EUR
vert réf : O5679 l’obscurité
ORION
21
399
Pointeur laser Duplex Marksman Normes classe II :
22
400
Ce faisceau Laser nous permettra de visualiser le déplacement décrit par l’aile sur
un support d’affichage. Cela est possible en projetant le faisceau laser sur un miroir.
Il subit les mêmes excitations que l’aile, le miroir pourra reporter le déplacement de
celui-ci sur le plan désiré.
Pour les capteurs à Jauge de contrainte, le principe repose tout simplement sur le
fait de pouvoir récupérer un déplacement qui est proportionnel à la variation de
résistance du capteur. Cette variation sera par la suite traité pour définir le
déplacement réel subit par l’aile.
Nous avons une étendue de choix très large en ce qui concerne les capteurs.
Certes, tous ces capteurs (Laser et Jauge), que nous avons énumérés sur le tableau
ci-dessus, peuvent nous aider à atteindre notre objectif. Mais leur fiabilité par rapport
à notre système diffère selon leurs caractéristiques respectives.
Après une longue documentation et une analyse des différents capteurs, notre
choix se porte plus particulièrement sur les capteurs à jauge de contrainte qui
présentent une meilleur fiabilité et adaptabilité.
De ce fait une étude plus approfondie sera établie sur la seconde partie des
travaux, qui viseront à satisfaire notre client.
23
401
CONCLUSION
L’ensemble du groupe de travail s’est employé, par l’étude théorique des principes
de l’aérodynamique, à comprendre les phénomènes auxquels il était confronté.
Ayant acquis, tous ensemble, les bases nécessaires à la poursuite du projet nous
avons pu poursuivre nos activités, chacun dans son domaine de compétence
respectif.
L’étude du théorème de Vaschy-Buckingham nous a permis de créer un lien entre
le profil réel et le modèle réduit.
Pour la conception, deux solutions technologiques ont été représentées sous
SOLIDWORKS. Les différentes parties de ces solutions peuvent être combinés
ensembles.
Pour l’acquisition des mesures vibratoires, un panel de capteur a été proposé.
Chacun d’entre eux représente, de part son coût ou sa technologie, un atout dans
l’association avec les éléments conçus pour la plate-forme.
Avec les informations que nous avons pu réunir, il est désormais possible au client
de faire son choix quant aux futures orientations de notre projet. Cependant, il nous
est apparu clairement que les jauges de contraintes associées aux lames métalliques
de la première solution seraient le montage le plus judicieux du point de vue pratique
et du coût. Nous devrons aussi déterminer dans quel type de fluide sera plongé
l’ensemble (soufflerie ou circuit hydraulique) et voir les modalité de réalisation de
l’ensemble.
Une fois finalisée, la plate-forme expérimentale sera à la disposition de l’équipe
pédagogique de l’IUP.
24
402
ANNEXES
403
Annexe1
Formules employées au cours de ce projet :
Nombre de Reynolds :
.V .D V .D
Re
Dans le cas de l’aile nous prenons à la place de D le terme L qui est la longueur de
corde.
Fig. a : type Stokes, pas de décollement Fig. d : tourbillons alternés (régime Von
Fig. b : tourbillons attachés au cylindre Karman)
Fig. c : la recirculation devient instable Fig. e : sous-critique - couche limite encore
laminaire au point de décollement D.
Fig. f : sur-critique - le point de décollement
"D" recule et s'établit à un angle de 110 à
140 degrés. Le sillage est alors plus étroit.
26
404
Calcul réalisé à titre indicatif pour l’aile modèle réduit et réel :
Données
Masse vol. de l'air(kg/m3): 1,29
Masse vol. de l'eau(kg/m3): 1000
Vitesse relative aile V (m/s): 80
Vitesse relative maquette V (m/s): 14
Longueur de corde aile L (m): 1,1
Longueur de corde maquette L (m): 0,1
Viscosité dynamique air (kg.m-1.s-1): 1,983E-05
Viscosité cinématique air (m2/s): 1,568E-05
Viscosité dynamique eau (kg.m-1.s-1): 1,007E-03
Viscosité cinématique eau (m2/s): 1,006E-06
Viscosité cinématique huile (m /s):
2
1,E-02
Reynolds: Re = ( * V * L) /
Reynolds de l'aile réelle
Air 5,612E+06
Eau 8,748E+07
Huile 8,800E+03
Reynolds de la maquette
Air 8,929E+04
Eau 1,392E+06
Huile 1,4E+02
Nombre de Strouhal :
f e .D
St
V
Dans le cas de l’aile nous prenons à la place de D le terme b qui est sa dimension
transversale à l’écoulement, c’est-à-dire son épaisseur.
27
405
Fréquence propre d’une poutre rotulée-rotulée de masse négligeable
avec masse localisée :
Théorème de Vaschy-Buckingham
28
406
Annexe2
Glossaire
- Viscosité : la simple observation de l'écoulement d'un fluide tel que l'eau ou l' air
met en évidence sa plus ou moins grande propension à évoluer d'un mouvement
d'ensemble plutôt que par parcelles autonomes : on dit qu'il présente alors une
plus ou moins grande viscosité.
29
407
Bibliographie
30
408
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Client : XXX
Contact client : XXX@iut.univ-evry.fr
409
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Sommaire
410
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
I. Introduction
411
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Le projet est réalisé dans le cadre de développement d’un véhicule ultra léger. Il doit
permettre aux étudiants de l’UFR Sciences et Technologies d’étudier les forces qui s’exercent
sur un système soumis à des tests aérodynamiques dans une soufflerie.
Ce projet sera encadré par Mr A.Neveu enseignant d’énergétique au sein de l’Institut
Universitaire de Technologies d’Evry Brétigny.
2. Description du projet
412
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
3. Description du matériel
A. La soufflerie
La soufflerie dont on dispose est une soufflerie dite de type Eiffel (à boucle ouverte)
qui permet de produire un écoulement d'air à l’aide d’un moteur à hélice dont la vitesse de
rotation se règle à l'aide d'un potentiomètre gradué. La vitesse de l’écoulement dans la
soufflerie peut varier de 0 à 45 m/s. Les dimensions de la soufflerie sont représentées dans le
schéma suivant.
B. Système de mesure
Le système de mesure dont on dispose, et qui existe déjà dans la soufflerie, est un tube
de Pitot ( voir ci-dessous).
Le tube de Pitot comporte deux prises de pressions : une face à l'écoulement (pression totale
Pt), l'autre perpendiculaire à l'écoulement (pression statique Ps).
413
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
C. La maquette
Pour le choix de la structure à étudier, nous nous sommes penchés sur l’utilisation
d’une maquette d’un véhicule routier, en particulier le modèle réduit de la Smart à l’échelle
1/12ème. Cette maquette nous permettra de définir son comportement lorsqu’elle sera soumise
à un écoulement d’air et de calculer ses différents paramètres (Portance, Traînée, Cx…). La
raison du choix d’une telle maquette est liée aux dimensions de la veine d’essai de la
soufflerie.
4. Objectifs
414
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
5. Contraintes
1. Méthodologie
415
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Tout au long de l’étude théorique du projet nous avons fait appel à plusieurs
enseignants ayant différentes spécialités de notre UFR qui ont eu la bienveillance de nous
aider à résoudre quelques problèmes auxquels nous étions confrontés.
Afin de réaliser notre plancher défilant, nous étions dans l’obligation de contacter
plusieurs fournisseurs, en vue de comparer les prix et les caractéristiques des éléments à
utiliser, ainsi que les différents techniciens qui nous ont renseignés sur les différents
composants se trouvant à l’UFR. Ensuite nous avons proposé les différentes solutions à notre
tuteur pour avoir son accord final.
En premier lieu et afin d’étudier toute la partie théorique de notre projet nous avons
décidé de travailler en commun en étudiant ensemble les recherches propres à chacun de nous.
Pour la partie pratique nous avons décidé de se diviser en deux groupes :
- Un groupe pour la conception et la réalisation du mécanisme du tapis roulant
constitué d’une courroie, de deux rouleaux, d’un tendeur et du châssis qui maintient
tout l’ensemble.
- Un groupe pour la solution électronique du système, en l’occurrence, le moteur et le
régulateur permettant de réguler la vitesse du moteur pour établir une égalité à la
vitesse d’écoulement d’air.
Naturellement, les deux groupes s’entraidaient en cas de difficultés pouvant ralentir
l’avancement du projet.
416
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Après avoir étudié le sujet, nous nous sommes penchés sur les solutions et la manière
dont on va concevoir notre système. En premier lieu, nous avons visité le site de la soufflerie
pour avoir une idée de l’ensemble du matériel sur lequel nous allons travailler. Nous avons
pris les dimensions de la veine d’essai ainsi que celles du massif en béton.
Ensuite, nous avons établi une architecture pour le châssis qui maintient l’ensemble
des éléments du tapis roulant ainsi que son support. L’ensemble sera posé sur le massif en
béton.
Cependant, nous avons réfléchi sur la démarche à suivre pour fabriquer le tapis roulant
au niveau du nombre de rouleaux à utiliser ainsi qu’une éventuelle utilisation d’un ou
plusieurs tendeur(s).
Par ailleurs, nous avons aussi pensé au type de courroie que nous utiliserons pour le
fonctionnement du plancher défilant. Ce dernier ne sera pas trop volumineux, car la courroie
ne sera pas trop longue, et ne sera munie d’aucune jonction pour un fonctionnement optimal.
En revanche, afin d’entraîner l’ensemble des rouleaux et le tapis, nous étions dans
l’obligation de choisir un revêtement spécial pour un bon contact entre les deux éléments. Un
moteur électrique aura pour but d’entraîner l’ensemble en tenant compte du couple et de la
charge existants dans le mécanisme. Une des difficultés à laquelle nous serons confrontés, est
la rapidité du défilement. Elle peut atteindre une vitesse maximale de 160km/h.
Après avoir choisi le type de rouleaux et de courroie qu’on va utiliser, nous avons
entamé la conception du mécanisme du tapis roulant et le support sous SolidWorks. Les
calculs ont été réalisés avec soin pour la conception afin de respecter les dimensions et
l’environnement où le système évoluera. Cela induit la géométrie du système, les dimensions
des rouleaux et la longueur de la courroie.
417
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Dans une soufflerie telle que celle qu’on utilise pour notre projet, un capteur à tube de
Pitot est installé à l’intérieur de la veine d’essai face à l'écoulement d’air dans le but
d’effectuer des mesures de la vitesse d’écoulement. Ainsi le tapis roulant que nous réaliserons
et logerons sous la veine d’essai, aura une vitesse de défilement égale à la vitesse
d’écoulement d’air générée par la soufflerie. Sachant que la vitesse de défilement variera de
0m/s à 45m/s, le tapis doit être composé de pièces mécaniques fiables et performantes pour
pouvoir supporter une telle vitesse. Pour cela, nous étudierons certains types de réalisation du
tapis ainsi que les pièces qui le composent.
Premièrement nous proposons un aspect général du tapis roulant, ensuite nous
étudierons chaque pièce en détaillant ses spécificités.
Partie mécanique
418
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
choix retenu
Parmi les propositions du plancher défilant, nous avons opté pour la deuxième solution
qui consiste à utiliser un tapis roulant avec deux rouleaux et un tendeur. La raison de ce choix
est liée à la technologie employée qui assure un bon fonctionnement et à la possibilité de la
réalisation au sein de l’atelier de l’UFR Sciences et Technologies, ainsi qu’un coût faible de
fabrication.
419
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
N.B: Tout les rouleaux proposés sont des rouleaux à roulements intérieurs et munis d’un axe
avec double méplat sur chaque extrémité et un orifice pour goupille.
choix retenu
Parmi les solutions proposées, nous avons choisi d’utiliser les rouleaux en tonneaux
pour leur avantage et leur simplicité d’installation ainsi que pour leur bon fonctionnement.
12
420
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
choix retenu
Au niveau des courroies, nous avons opté pour la deuxième solution, car elle permettra
une utilisation optimale avec les rouleaux en tonneaux et offrira une durée de vie plus longue.
13
421
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
choix retenu
Suite au trois solutions que nous avons proposées, nous optons pour le troisième
système, car il permet une stabilité meilleure du tendeur et une bonne position.
Partie électrique
Modèle équivalent
14
422
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Modèle équivalent
Moteur asynchrone
Ces moteurs se caractérisent par le fait qu'ils sont constitués d'un stator (inducteur)
alimenté en courant alternatif et d'un rotor (induit) soit en court-circuit, soit bobiné
aboutissant à des bagues dans lesquelles le courant est créé par induction. On distingue 2
catégories de moteur asynchrone en fonction du type de rotor :
- les moteurs asynchrones à rotor en court-circuit, ils sont en général de faible puissance.
- les moteurs asynchrones à rotor bobiné à bagues dans lesquelles l'enroulement du rotor
aboutit à des bagues par l'intermédiaire desquelles on peut insérer des résistances. Ils sont de
grande puissance.
choix retenu
Parmi les types de moteurs proposés, nous avons choisit la première solution qui
consiste a utiliser une MCC à excitation indépendante. La raison de ce choix est liée à ça
grande marge de régulation de vitesse.
15
423
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Cette solution consiste à réaliser un système électronique qui fera le traitement des
signaux capturés par un capteur (ex : tachymètre, codeur).
Ud : vitesse désirée
e : erreur entre la vitesse désirée et la vitesse réelle
U : Consigne appliquée au moteur
Y : Vitesse réelle
Les trois coefficients Ki, Kd, Kp ont des rôles différents et complémentaires. Leurs réglages
sont très importants pour la régulation correcte du moteur.
16
424
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
Pour obtenir une réponse « unique » à une même sollicitation, il faut mettre en place un
asservissement. Parmi les différentes solutions, nous avons opté pour un asservissement PID
(Proportionnel Intégral Dérivé), car c’est le seul moyen d’intégrer les effets positifs des trois
correcteurs dont le schéma bloc est le suivant:
choix retenu
Afin de commander le moteur électrique, nous avons optés pour la première solution
qui consiste à utiliser un asservissements par le biais du logiciel LabView. La raison de ce
choix est que le matériel nécessaire existe déjà au sein de l’Institut Universitaire de
Technologie de Brétigny, ainsi ce type d’asservissements permet un contrôle précis de la
vitesse du moteur, une possibilité de supervision à distance et une flexibilité de commande.
capteur tachymètrique
17
425
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
choix retenu
En se basant sur le choix d’asservissement que nous avons effectués, on remarque que
nous disposerons d’un système entièrement numérique, par conséquent nous nous penchons
sur la deuxième solution de capteur, pour sa précision, sa fiabilité ainsi que la rapidité de sa
réponse.
18
426
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
7. Le budget prévisionnel
Après avoir rédigé le Cahier des Charges et l’avoir signé par notre tuteur, nous nous
sommes concentrés sur les éléments dont nous aurons besoin pour réaliser notre projet. Ce
sont les éléments mécaniques (courroie, rouleaux, tendeur, barres en aluminium) et les
éléments électroniques (moteur électrique, régulateur de vitesse). Pour se faire, nous avons
contacté plusieurs fournisseurs et comparé les prix des composants, afin de trouver des
équipements à moindre coût et soumettre un meilleur budget.
19
427
Noms des auteurs E1 - E2 Numéro du projet 3
E3 -E4
Référence document RI 01 – B Date de rédaction 18/03/06
IV. Conclusion
20
428
Annexe 4. Entretiens
Annexe 4. Entretiens réalisés au cours de la deuxième phase
Entretiens du projet 1
429
E4 : De l’atelier, oui.
E2 : Avant, il y a 3 ou 4 ans, on a repris tout doucement. On a repris justement des connaissances là-
dessus.
E4 : Sachant qu'on n’a pas eu de formation sur la fabrication, on n’a jamais fait des TP en atelier.
E3 : Ce qui nous a servi aussi, c’est le TP en matériaux. On avait fait de traction, de compression, de
jauges, de contraction, de…etc. Ce qui fait qu'on avait pas mal d’informations et un petit peu de…
E1 : Bon sens.
E2 : Ce qui nous a donné les idées.
I : Quels logiciels utilisez-vous ?
E2 : Solidworks, pour la conception.
E4 : Après... Excel.
I : Quand vous utilisez Solidworks, si j’ai bien compris, il y a une partie théorique et une partie
pratique. Le passage entre la partie théorique et pratique est difficile ?
E1 : Non, parce qu'on a bien délimité, en fait avant de se lancer dans la partie pratique. On a tous bien
en tête ce qui... dans quel sens on va partir. On a très bien compris le but donc, il n’y a pas vraiment de
problème dans la transition.
E2 : Le concepteur du groupe, ce monsieur qui est en face de moi... Donc, du coup, il a fait le plan de
fabrication directement sur Solidworks. Il a fait le plan et tout. Chaque pièce a un plan de fabrication,
donc on a tout ce qu’il faut... ce qui concerne le plan. Après, on coupe en brut, on va à l’atelier et on
usine à la fraiseuse pour avoir tout qu'il nous faut.
E4 C'est-à-dire qu’on a tout conçu en pensant déjà à la phase de fabrication. Au début, on a fait juste
une architecture de la machine, donc sans fabrication. C’était purement théorique, pour voir comment
ça allait bouger, si cela fonctionnait ou pas. Et, quand on a été d’accord sur le principe, on a fait des
plans où on a revu la conception pour que ce soit réalisable, pour que cela soit fabricable.
E3 : On est encore en train d’ajouter la conception aux derniers éléments.
E4 : Au fur et mesure, on fait évoluer un peu.
E2 : On s’est rendu compte que, au niveau de la conception, surtout au niveau de jauges, on n’a pas
pensé à tous les paramètres qui rentrent en compte pour la prise de mesures.
E1 :C’est toujours pareil, parce que, ce problème là, on se rend compte qu'on n’a pas eu une formation
vraiment adaptée (commentaire qui provoque la discussion).
E2 : Oui, c’est ça.
(Lui, il n’est pas d’accord avec l’idée d’une formation qui n’est pas adaptée. Pour lui, c’est plutôt le
projet qui a une nature différente.)
E3 : On découvre les problèmes au fur et mesure. On essaie d’anticiper au maximum; mais il y a
quand même beaucoup de choses qu'on a découvert. Ils nous ont donné des informations, de petites
choses comme ça. Et, c’est à partir de ces informations qu'on doit modifier la conception. On a fait à la
base une conception avec nos connaissances et c’est, au fur et mesure, qu'on a rajouté des éléments.
On a fait varier la conception pour rester dans…
E2 : Plus précis, en fait.
E4 : C’est pour ne pas finir à chaque fois.
I : Depuis le début, avez-vous su que la soufflerie à utiliser dans votre projet, c’était la soufflerie qui
est à l’atelier ?
E1, E2, E3, E4 Oui.
I : Pourquoi avez-vous fait la recherche sur différentes souffleries ?
E2 : Ah ! Cela ? Là (page 4 Rapport intermédiaire) ? C’est un petit paragraphe. On a analysé
l’existant, tout ce qui existait déjà des autres souffleries; dans les autres souffleries de voiture,
n’importe quoi pour comparer; entre guillemets. Ce n’est pas comparable, mais bon...
E4 : C’était pour savoir ce qui existait.
E2 : Déjà, pour nous renseigner, nous.
I : J’ai vu que vous avez utilisé Wikipédia, est-ce que c’est fiable ?
E4 : Comment ça ?
I : Parce que je sais que, sur Wikipédia, tout le monde peut écrire ?
430
E4 : Oui, c’est une base libre.
E1 : Ah, si c’est fiable ?
I : Oui, si c’est fiable.
E2 : Des choses complètement aberrantes qui n'ont rien avoir avec ce qu’on cherche, en général, on
voit…
E3 : Là, on s’est servi pour le sujet tube de « Pitot ». Donc, c'est quelque chose d’assez connu.
E1 : On a fait plusieurs recherches, on ne s’est pas arrêté à Wikipédia sur Internet.
E3 : On a recoupé les informations, c’est tombé toujours sur les bonnes choses.
E1 : Voilà, on a vu sur plusieurs sites qu'ils revenaient tous au même truc.
E3 : On savait à peu près comment ça fonctionnait mais, après, sur Wikipédia, c’était mieux expliqué.
Je crois qu’il y avait de meilleurs schémas.
E4 : C’est vrai que sur wikipédia tout le monde peut écrire mais d’un autre côté n’importe qui peut
faire un site Internet sur n’importe quel autre sujet et marquer n’importe quoi, il n’y a pas que
wikipédia qu’il faut vérifier. Normalement, c’est toutes les donnés Internet qu’il faut vérifier ; tout le
monde peut se planter et marquer n’importe quoi sur Internet.
I : Comment savez-vous que cette information est fiable ?
E4 : On a fait un recoupement d’information dans d’autres sources.
E1 : Et aussi par rapport à ce qui a été fait l’année dernière.
I : La formule, cela sert à quoi ?
E4 : Cela, c’était pour vérifier la vitesse du vent dans la soufflerie et...
E2 : C’était pour connaître la vitesse de la soufflerie jusqu’à...
E4 : Parce qu'en fait, il y avait déjà un capteur qui était choisi et il y avait déjà cette solution-là qui a
été implantée dans la soufflerie du tube de Pitot. Et, en fait, on l’a rénové. On a voulu faire des
mesures pour vérifier, savoir si la vitesse du vent que le groupe d’avant avait mesurée était bonne ou
pas. Pour exploiter ce capteur-là, on a dû vérifier l’équation, on a dû rechercher.
E3 : On arrive à ça [rapport intermédiaire, p.9] en partant de l’équation de Bernoulli. On arrive à ça
concernant le test de notre soufflerie.
I : J’ai vu la première équation et après vous avez changé et vous l’avez écrit comme ça ? C’est très
bien, mais pourquoi avez-vous changé la manière d’écrire ?
E1 : Simplification.
E3 : C’est plus compact, parce que, là, on a du delta h.
E1 : Facilité de lecture.
E4 : On est un peu habitué dans le formulaire qu'on a en mécanique, ou math ou quels que soient les
professeurs, ils aiment bien condenser les écritures pour mettre plus d’information possible sur les
pages. C’est vrai que ça reste assez suivant… on garde delta, on sait que ça vaut dire différence.
E1 : C’est un truc relatif.
E2 : Ça fait scientifique, quoi (rires).
E4 : Non, même, on sait que cela va être ça [comparaison des deux écritures], c’est plus léger d’écrire
quelque chose comme ça. En pratique, on saura que cela sera une différence.
I : La conservation du volume, cela est apparu comme ça, c’est… ?
E1 : C’est les hypothèses sur la loi, cela veut dire que dans le théorème de Bernoulli il y a des
hypothèses de fonctionnement et qui permettent justement la simplification du calcul et de déterminer
cette vitesse-là. C'est-à-dire que si on n’a pas la conservation du volume ça peut arriver que ce soit
plus compliqué pour déterminer la vitesse.
E2 : C’est l’air qui rentre dans l’entrée de la soufflerie, c’est la même quantité d’air que sur un mètre
cube par exemple, c’est la même quantité d’air qui va sortir derrière c’est cela la conservation du
volume. C’est les hypothèses des fluides.
I : Pour calculer la vitesse, on a vraiment besoin de tout cela ? Il n’ y a pas une formule qui est plus…
E3 : Non. Non, on n’a pas trouvé cette formule-là (montrant 3) dans les recherches sur l’internet. Vous
avez toujours celle-ci [Rapport intermédiaire, p.8] et vous avez celle-là [Rapport intermédiaire, p.9]
qui sont donnés. Après, par contre, toute la partie démonstration, ça, c’est nous qui avons fait les
431
calculs… donc, on est obligé de passer par là, parce que, dans notre système, on a de l’air qui rentre
ici, on a de l’air au dessous, on a aussi de l’eau ici dans le tube.
E2 : En fait l’eau, elle va monter d’un côté à cause des différences de pression, provoquées par la
vitesse de l’air donc c’est comme ça que on va…par exemple… justement… la tâche c’est la
différence entre h1 et h2 de 1cm ou 2cm ou n’importe quoi et on calcule la vitesse avec ça.
E3 : Et, pour la conservation du volume, je crois qu’il s’est trompé tout à l’heure (E2), mais c’est la
conservation de volume d’eau.
E2 : C’est de l’eau ? Ah oui ?
E3 : Oui, parce que, si on met une certaine quantité d’eau, et ici cela va être en pression donc ça va se
décaler et en fait, on a la concentration du volume d’eau. Voilà, on va utiliser ça.
E1 : Donc, il ne s’est pas trompé, je suis désolé.
E2 : C’était un exemple monsieur.
I : La portance, on la modélise toujours comme ça ?
E2 : Traînée, c’est la résistance à l’air.
E1 : Quand on traîne, quoi !
I : La surface de portance, cela ça veut dire quoi ?
E1 : C’est une projection. C’est quel problème ?
I : C'est qu'il y a deux représentations différentes de la portance (figure 1 et figure 2) et, dans la fig. 1,
la portance est représentée avec l’axe vertical, tandis que, dans la fig. 2, c'est l’horizontal.
E1 : C'est-à-dire que, là, c’est schématique. On sait que la portance est dirigée vers le haut.
E3 : Là (fig1), c’est un effort. Tandis que, là, c’est une surface (fig.2).
E2 : C’est la résistance de l’air par rapport à son incidence.
I : Avez-vous besoin de mesurer la surface de portance ?
E3 : Oui, parce qu'après les petites formules qui sont là [montre les formules], on a besoin de cela,
c'est-à-dire de la surface de portance et de la surface de traînée. Si on n’a pas ces composantes-là, on
ne peut pas déterminer nos efforts qu’on vient justement de mesurer ; donc ces deux efforts-là qui
dépendent de la géométrie de l’aile, plus on a un profil très grand plus il va y avoir un effort ici.
I : Où avez-vous trouvé les formules ?
E : Pareil, c’est la recherche sur Internet pour vérifier ce que les autres ont fait et puis, après, on se sert
de données qui ont été déjà données [rires], fournies par les autres élèves les années précédentes.
Nous, en fait, on est parti d’une base de travail des autres élèves. Le premier temps a été juste de la
vérification pour voir si, ce qu’ils avaient fait, c’était vrai.
E2 Juste.
E1 : Et, à partir de là, on a complété et puis on s'est réorienté par rapport à nos buts et à notre projet.
I : Comment savez-vous que la portance et la traînée sont couplées ?
E1 : Parce qu'en fait…
E2 : Comme, par exemple, imaginez l’aile dans la veine d’étude de la soufflerie. Elle va monter par la
force de portance. Bon, il ne va pas monter mais il y aune force… et en même temps il y a la
résistance de l’air. En fait l’aile couple les deux forces en même temps, elle va monter et, en même
temps, il va y avoir une résistance à l’air.
E1 : Un avion, pour qu’il décolle, il est obligé d’incliner son aile. Donc, forcément, cela va induire les
efforts de traînée et de portance.
E4 : Les deux sont liées parce qu'elles sont issues du même élément. Donc, géographiquement, si on
fait varier cette variable-là, la surface qui est ici, l’autre va varier forcément. En fait, vu que c’est un
objet qui lui-même est indéformable. S'il y a une géométrie déformable, ça sera indépendant mais, vu
que c’est une géométrie indéformable, si on fait varier une valeur, il y a forcement l’autre qui va suive,
c’est pour cela que les deux son liées.
I : D’accord.
Après, je n’ai pas compris la relation entre cette partie-là (fig. 1 page 12) et cela (fig. 2 page 12) ?
432
Fig. 1
E4 : Ah, ça, ce n’est pas moi !
E3 : C’est rien de compliqué, c’est purement la résistance des matériaux. C’est vraiment un cas
classique de flexion simple.
E2 : Voilà, c’est ça, vous avez la lame en flexion et la force appliquée, en gros c’est ça notre système
de mesure simplifié et là, on a fait juste un petit schéma pour dire le h, le b, l’épaisseur.
E3 : Ça, c’est la plaque…
E4 : De tout façon, ça va changer, ça, a priori.
E1 : Ça va changer pourquoi ?
E4 : C’est plus un rectangle, ça sera un triangle maintenant.
E2 : En fait, les lames en flexion sont juste là, ici, là (explication du fig. 1) et cela, là, juste là, et, dans
celle-ci, on va mettre des jauges à ce niveau, là, et, grâce à ça, on va mesurer par la suite…
I : Pourquoi vous avez mis ça horizontalement et cela verticalement ?
E2 : Parce que, justement, l’aile est fixée ici. Donc, la force de portance, elle va pousser comme ça,
donc pousser sur la jointure ici et donc mesurer l’effort du haut et pareil pour la force de traînée.
E4 : De toute façon, Jeff, les formules, elles ne sont plus d’actualité. On va mettre un triangle à la
place du rectangle c’est plus les mêmes calculs, les calculs vont changer.
E2 : Justement avec la formation qu'on a eue récemment.
E4 : On va changer la géométrie de la lame. En fait... donc, les calculs sont plus les mêmes.
E2 : C’est plus de lames comme ça, c’est un triangle. D’abord, parce que, en fait, les contraintes elles
sont d’isoflexion, ce sont toutes les mêmes dans le triangle. Donc, c’est pour être sûr d’avoir les
bonnes valeurs alors que, par exemple, dans cette lamelle-là, si on décale un petit peu le point d’appui,
si on n’est pas dans la ligne moyenne de la lamelle, on risque de faire un peu de torsion et donc on
peut pas mesurer.
E4 : Même, il faut parfaitement mesurer la longueur. Il faut maîtriser toutes les longueurs, entre les
longueurs de la lame et les distances d’implantation de jauges. Il faut absolument maîtriser. Et, si on
ne maîtrise pas, on a fait des erreurs avec le système en isoflexion, la distance à laquelle on met les
jauges n’a pas d’influence sur le résultat, en fait, de la mesure. Donc, cela nous simplifie la mise en
œuvre.
E2 : [schéma fait par cet étudiant] On avait prévu d’avoir notre petite lame comme ça, grosso modo
ici, on a l’encastrement qu'on trouve ici. On avait prévu de mettre… donc que cela va se déformer un
petit peu sous l’effort. On avait prévu de mettre une jauge vers l’encastrement à une certaine distance
r. Malheureusement, elles sont presque impossibles à mettre à la bonne longueur parce que les jauges
sont très petites et, avec le collage et tout ça, elles ne sont jamais bonnes. Donc, on va utiliser un autre
profil comme ça, bah en théorie... voilà ! Avec le même effort, bah, c’est toujours pareil. Là, par
contre, il faut mettre les jauges comme on veut il n’y a pas de longueur à respecter donc le système
433
d’encastrement à 80 degrés et, par contre, on peut le mettre où on veut, il n’y a pas de longueur à
respecter.
E4 : Là, tu te trompes un peu, parce que, normalement, ... est vu dessus et on met la force dans ce
sens-là…c’est un triangle isocèle, comme ça, et on met la force directement comme ça. Parce que, là,
tu faisais un triangle comme ça et on met la force comme ça.
E3 : En perspective.
I : Et cette équation Elzy’’=Mflz [Rapport intermédiaire, p. 1] ?
E2 : Alors, ça, c’est la formule de l’équation de la flèche qu’on apprend au cours de matériaux.
E3 : Pour la flexion simple.
E4 : C’est un peu l’algorithme, il n’y a pas trop à justifier en fait.
E2 : Il n’y a pas à justifier.
E4 : Vraiment ce… dans notre cours.
I : Je vois que vous présentez ici tout le développement de la formule de la flèche mais, après, quelle
formule allez-vous utiliser ?
E2 En fait, on a besoin parce que…(il hésite)
E3 Oui, on en a besoin.
E4 Ça, c’est un élément de celle-ci en fait.
E2 Oui, voilà « y » c’est… et puis, δl, c’est pour avoir la…
I : Mais, dans l’autre partie du projet, utilisez-vous la formule ou pas ?
E1 : Oui, oui, juste après.
E4 : c’est primordial, ça conditionne tout, en fait
E1 : on s’en sert, même pour cela, parce que tout est lié en fait, on va lier force et déplacement, donc
ça [rapport intermédiaire, page 13] en utilisant cette relation de la Rdm ça nous permet de déterminer
le déplacement par rapport aux efforts qu'on a rendus et qu'on va relever, ce que on a d'ailleurs calculé
ici [rapport intermédiaire, page 11] et ce que on a trouvé là [rapport intermédiaire, page 11]. Et avec
ces formules-là [rapport intermédiaire, page 13], on va pouvoir déterminer le déplacement des lames et
donc que c’était juste en fait une histoire de dimensionner, de savoir dans quelle proportion on pouvait
mesurer les contraintes et tout ça par rapport à la conception.
I : Comment avez-vous trouvé cela [rapport intermédiaire, page 14] ?
E4 : ça c’est du calcul
E1 : ça est du calcul uniquement, c'est des calculs justement par rapport à ces formules-là [rapport
intermédiaire, page 13]
E3 : En faisant varier les paramètres de longueur de nos lames et puis l’épaisseur…
E2 : La largeur cela modifie le moment quadratique et du coup ça sera plus costaud soit elle fléchira
plus ou elle fléchira moins, de plus ou de moins de delta l, de plus ou de moins de…soit dépasse la
limite élastique ou pas, soit ça marche ou ça marche pas.
I : Donc la lame il va à avoir une déformation ?
E1, 2, 3,4 oui
I : D’abord elle comme ça et la déformation ?
E1 : comme ça là elle est encastrée et là, la force de portance avec le vent ça soulève et puis à partir de
là les jauges elles vont relever les valeurs qui seront transmises par rapport aux conditions et tout ça
l’amplification.
E4 : Mais cela c’est plus long.
E3 : Ca sera après.
E1 : Mais voilà tout ce qui est acquisition, nous on prépare l’acquisition, on va le mettre, si vous
voulez on va débroussailler le terrain, c'est-à-dire que on va tout mettre bien pour qu’il puisse
travailler derrière. Mais nous, tout ce qui relève de l'amplification ça nous concerne pas
E3 : Mécaniquement ça marche comme ça, ici à cet endroit là comme ça l’épaisseur de la poutre vous
avez une section quand il n’y a pas de contrainte, donc bien droit et après quand vous allez appliquer
un effort. La section va se déplacer comme ça et les jauges commenceront à cet endroit-là à relever ici
un déplacement et commencer de petit fils en tissu comme ça, ça va s’allonger et ça va faire une
variation résistance.
434
E2 : donc qu’on a de différenties de potentialités… donc qu'avec le système de Pont Bristol et tout, les
jauges.
E1 : tout est lié, en fait.
E3 : pour arriver à ça dans la démarche ce qu’on a fait, on a calculé la vitesse du vent, après il a fallu
la taille du profil et les efforts qui s’appliquent sur le profil. A partir des efforts comme on savait que
on voulait déterminer un peu le modèle de la lame donc la longueur, etc. On a fait différents essais.
E2 : d’où justement, il avait été établi ici de savoir si ça a été assez important ou pas assez important
pour mesurer ou si les jauges peuvent mesurer le ∆l…
I : Avez-vous utilisez le logiciel pour le calcul ou pas ?
E2 : Oui Excel, j’ai entré les formules
E1 : On entre les formules et puis on entre les valeurs et c’est parti.
E2 : ce qui change pas c’était la force, la longueur on l’avait fixée aussi, E comme c’est le module de
Young, vu que c’était de l’aluminium, était fixé, par contre b c’était l’épaisseur, donc je l’ai fait varier
de 0,5 millimètre jusqu’à 2,5 millimètres; La hauteur je l'ai fixée aussi et donc du coup vu que on varie
l’épaisseur, le moment quadratique (Iz=bh3/2) varie donc après la flèche et ∆l…
E4 : en fait donc arbitrairement on a trois dimensions, on en a fixé 2 et on en a fait varier qu’une seule.
E2 : on voit très bien que ∆l c’est tellement fin que ça ne change pas beaucoup, cela change que 10-9
ou je ne sais pas combien de chiffres.
I : Avez-vous fixé un paramètre ?
E4 : 2 sur 3 la longueur et la largueur.
E3 : oui la longueur, la largeur et après juste l’épaisseur et du coup ça fait modifier dans la formule du
moment quadratique…
E4 : parce que, en fait, le but de ça est de faire varier une section entre les autres donc on pouvait jouer
sur tous les paramètres pour faire varier la géométrie de la lame, mais bon on aurait une infinité de
solutions pour retomber sur le résultat qu’on voulait. Donc pour réduire les essais on a fixé deux
variables, parce que en fait on les a fixées pour que cela soit compatible avec la conception de la
machine elle-même, pour rester dans des ordres de grandeurs raisonnables comme la longueur par
exemple, donc on n'a fait varier que l’épaisseur, ça suffisait pour atteindre l’objectif qu’on s’était fixé
E1 : l’objectif c’était de rester efficace dans le calculs, dans notre approche parce que si on part dans
un dimensionnement, ça a aucun intérêt.
E4 : la longueur on peut la faire varier de quelques millimètres à plusieurs dizaines de mètres c’est
infini on fait ce qu’on veut, donc pour avoir quelque chose de cohérent, il ne fallait pas que ça dépasse
la machine etc. Donc on s’est fixé une longueur arbitraire on n'a fait varier que une variable.
I : Cette semaine qu’est-ce que devez-vous faire dans le projet ?
E4 : C’est ce qu'on disait au début on a de nouvelles informations, on va encore modifier la conception
et là ça va modifier la géométrie des lames, comme on vous avez dit de prendre des lames plutôt
triangulaires. On va prendre des triangles parce qu'après la distance d’implantation des jauges dans ce
sens là n'est pas importante pour ce système là.
I : L’idée, c'est de modéliser avec un triangle, c’est votre idée ?
E4 : Nous on l'a donné.
E1 : Je me rends compte que c’est qu'on a pas d’élément fini parce le gradient ne varie pas dans les
éléments triangulaires.
E4 : C’est vrai.
E3 : Parce que nous on est parti sur ce modèle-là, c’est un peu pour l’expérience parce que en fait, les
travaux pratiques qu’on a vu les années passées on avait fait des essais de flexion et c’était des
modèles comme ça en bas (atelier) donc à l’IUP donc on est parti un peu là-dessus et après on a eu des
petits renseignements par plusieurs personnes qui nous ont confié des livres et même sur Internet on a
trouvé pas mal de choses qui sont faites avec un profil comme ça. Donc pour nous sera préférable
d’avoir ça, voilà.
I : Avez-vous quelque document qui montre cela ?
E3 : On a un livre, un manuel comme ça (gros)
E4 : C’est un gros pavé qu’ils nous ont prêté, qu’il va falloir rendre
435
E3 : Non, il n’y a rien de compliqué à part les formules qui vont changer donc on est plus dans ce cas-
là.
I : Avez-vous utilisez les logiciels RDM ?
E1 : RDM 6, non ça ne sert pas à grande chose dans le sens où c’est que des cas simples.
E2 : Les calculs se font à la main.
E1 : On les connaît.
E3 : On n’a pas grande chose à calculer : de la torsion, de la flexion vraiment un cas de flexion simple.
E4 : cela reste comparable à ce qu’on fait en TD c’est une poutre, on a des formules, etc.
E1 : il n’ y a pas grande chose de compliqué, à la main ça reste faisable.
Calculs semaine 2,
E2 : 075, 47N et pour la traînée, donc en fait nos deux valeurs critiques, 0,14 le minimum et 0,1147N
la maximum. La lamelle elle va se présenter comme ça, ça va être un triangle au début et ça va se finir
en rectangle. Ensuite, la force va être appliquée ici. Les paramètres de la lamelle, b la longueur de
base, L la longueur de la force F appliquée à l’encastrement et l’épaisseur e de la lamelle. Par rapport
au bouquin qu'il nous avait prêté, j’avais les formules pour calculer ε1 et ε2, ε1 est la jauge
longitudinale donc celle-ci et l’autre ε2 est la jauge transversale. J’ai calculé en fait le σ associé aux
epsilons (ε1, ε2) par rapport aux efforts appliqués donc pour F=0,14N, j’ai fait le calcul et on avait σ
=0,56Mpa et σ2 =0,14. Pour faire des bonnes valeurs avec les jauges il faut rester dans le dixième de
la limite élastique du matériau.
I : Comment tu sais ça ?
E2 : C'est écrit dans le bouquin qu’on m’a passé, c’est un bouquin épais comme ça qui parle que des
jauges, des éprouvettes, études sur des matériaux et tout ça. C'est ce qui avait été écrit dedans. Voilà,
ça c’était pour une épaisseur de 1,5mm. Pour une lamelle d’aluminium de 1,5mm et on voit que pour
0,14N ça passe carrément. Ensuite j’ai pris la valeur critique maximale c’est F=11,47 avec un
épaisseur de 1,5mm et donc j’ai fait le même calcul. J’ai trouvé σ=45Mpa et σ2=2-12 et sachant que le
σ de l’aluminium est de 210Mpa. Parce qu’il y a différents aluminiums, ça dépend des alliages j’ai fait
une moyenne en gros et j’ai pris 210Mpa et donc σ/10 est 21Mpa*N2 et on voit qu’on est largement
supérieur, ça veut dire qu’on passe le dixième de la limite élastique du matériau. Ça veut dire que les
valeurs qu’on va avoir par la suite ne vont pas être très cohérentes. C’est pour ça qu’il faut travailler
dans le dixième de la limite élastique. Donc j’ai redimensionné la lamelle, j’ai pris une épaisseur plus
importante j’ai pris 3mm, j’ai refait le calcul et je trouve σ=11,47 donc on est en dessous de 21Mpa
donc c’est bon, là ça passe. Par contre, ça veut dire que j’ai une lamelle qui fait 1,5mm d’épaisseur
pour la mesure de la traînée et j’ai une lamelle qui fait 3mm d’épaisseur pour la mesure de la portance
et comme la force minimale de la portance est 0,75N. J'ai quand même fais un calcul avec l’épaisseur
de 3mm pour voir si on pouvait voir quelque chose et donc j’ai fait le calcul et ça fera 0,75Mpa donc
sera mesurable, c’est de l’ordre du micromètre.
I : Ces calculs sont différents … ?
E2 : Par rapport à ce que j’avais fait, c’est carrément différent, on a changé complètement. C’est pour
cela qu'on va refaire. Au début, nous, les lamelles c’était ça des lamelles rectangulaires normales. Et
là, en fait, on a changé parce que en fait quand c’est un triangle isocèle à ce niveau là partout les
contraintes elles sont constantes. Ça veut dire qu'on met la jauge là ou là, ou là c’est pareil on aura les
mêmes déformations, pour avoir des résultats plus cohérents et voilà.
Au moment de le mettre au propre, il va falloir que j’explique plus parce que ça c'est un brouillon.
Calculs : étudiant E3
E3 : Pour pouvoir dimensionner la lame en isoflexion, on a récupéré les jauges qu’il nous fallait,
dessus il y avait les numéros de type de jauges et derrière c’est expliqué un peu à quoi ça correspond :
le matériau de la jauge, la contrainte maximum, etc. Et aussi le choix de matériau, par exemple, ces
jauges-là, nous, on avait prévu que ce soit pour l’acier, parce que ce qui a commandé c’est le matériau
aluminium dans un premier temps et on a besoin de savoir la déformation maximale que peuvent
accepter les jauges pour ne pas les mettre en… Si vous voulez, vous avez une courbe comme ça, on
fait par exemple un essai de traction sur un matériau là vous êtes en limite élastique, ici, donc cette
436
partie-là. Donc, en fait, si vous tirez sur le matériau et que vous relâchez il revient dans cette position.
Par contre, si vous arrivez ici, à la partie plastique, le matériau ne reviendra jamais dans cette position.
Une fois qu’il est déformé, il est déformé. Les jauges doivent pouvoir se déformer seulement dans la
partie élastique. Comme ça on ne va pas les abîmer et les valeurs seront toujours bonnes.
Parce si elles sont dans la zone plastique c’est fini, ça veut dire que il y a eu des petites cassures à
l’intérieur. C’est comme quand vous tordez une règle, au début vous pouvez la fléchir un petit peu
alors que la règle en aluminium, si vous faites ça, elle se plie et c’est fini. C’est pareil avec la zone
plastique ici.
I : Donc vous devez contrôler ça ?
E3 : En fait, il y a une certaine longueur de jauge. En regardant bien, elles sont fabriquées ainsi : il y a
un fil et des plots soudés et une certaine longueur. Par exemple, on vient de voir que pour une jauge de
telle longueur on peut accepter une déformation d’une valeur associée. Maintenant, il faut qu’on reste
dans cet intervalle-là. Et si vous exploitez l’intervalle de la dimension nominale à la dimension
maximale il faut varier la jauge au maximum et c’est là qu’on aura le plus d’informations à récupérer
derrière. Parce que si on n’utilise qu’une petite plage de 1 % de la jauge ce n’est pas intéressant, il faut
essayer d’utiliser la plage totale de la jauge.
I : A la fin comment est-ce que vous allez mesurer ça ?
E3 : Nous, on ne s’occupe pas à la fin de mesurer. Ce qu’on va faire c’est l’étude théorique mais par
contre il y aura un autre groupe l’année prochaine de GEII qui va récupérer le signal avec un
amplificateur. Ils utiliseront peut-être encore d’autres systèmes pour amplifier le signal parce les
variations vont être infimes. Nous, on va essayer de se débrouiller pour que justement on ait le signal
de sortie le plus grand. Après, on n'est pas assez spécialisés en électronique pour prendre le relais
derrière et c’est un peu compliqué, il y a des groupes de Stone et il faut faire des translations à gauche
et à droite. Il y a déjà du boulot.
En fait, vous avez vu la formule qu’il avait fait pour calculer sur des lames en forme rectangulaire et là
pour une lame triangulaire, il faut utiliser cette formule-là. Vous avez toujours les mêmes paramètres :
ça c’est l’effort, vous avez la longueur, b la largeur à l’encastrement et le e est l’épaisseur. Il faut jouer
sur tous ces paramètres pour la déformation. Donc il va falloir relier cette équation avec la
déformation que la jauge peut accepter. Parce si on a une déformation beaucoup plus grande que ce
que la jauge peut accepter, alors c’est fini, on fera un essai et on détruira la jauge et on ne pourra plus
l’utiliser donc il faut rester dans la plage d’utilisation.
437
Entretiens du projet 2
438
les turbulences à l’arrière de l’obstacle mais après si on utilise le nombre de Reynolds on n’utilise pas
forcement ce théorème-là. Par contre, dans le théorème … je ne suis pas sûr qu’on ait…
I : Avez-vous déjà utilisé le théorème dans le projet même ?
E1 : En fait, on essaie de comprendre le théorème mais ce n’est pas évident.
E2 : Parce qu’en fait, c’est plus appliqué à une aile d’avion ; nous en fait on a simplifié le problème
d’abord, parce que c’est vrai, c’est trop compliqué. Dans le nombre de Reynolds je crois qu’il y a la
forme géométrique qui intervient, mais les premiers calculs qu’on a faits c’est juste avec un cylindre
ce n’est pas avec le modèle réduit parce que forcement c’est un peu plus compliqué.
I : Tu as dit que vous aviez fait des calculs ?
E : Des calculs, oui, pour estimer la fréquence et ce genre des choses, mais en fait le problème du
modèle réduit de l’aile qui va se poser pour nous… dans le groupe 4 qui vont fabriquer un modèle
réduit d’aile. En nous comptant nous il y a trois groupes qui travaillent là-dessus : il y a un groupe de
GSI qui vont eux modéliser une aile, je crois que le but de leur projet est de faire un modèle d’aile
donc ils vont le mouler et tout ça ; le groupe 4 va l’utiliser et je pense que nous si on arrive à terme on
l’utilisera aussi. Ce théorème-là nous aura servi à fabriquer l’aile, mais nous on ne va pas le faire ; et
en comparaison avec le groupe 4 ils sont plus avancés que nous par rapport à la solution
technologique.
I : Jusqu’à maintenant qu’est-ce que vous avez fait ?
E1 : Jusqu’à maintenant on a conçu les différentes solutions sur Solidworks donc avec le système de
capteur qui sont associés au type de mesure qu’on a trouvé et là donc on est en train de déterminer
quel types d’éléments du commerce on va mettre dans ces solutions c'est-à-dire avant les choses plus
concrètes. Quel type de vis ? Comment résoudre certains problèmes ? Comment… par exemple, on
avait orienté notre choix au niveau du capteur sur des jauges des contraintes… Comment on fait pour
justement mettre… ? Quelle est la mise en œuvre à faire pour mettre des jauges de contraintes ?
E3 : On a énuméré deux types de choix, deux types de mesure soit par effet laser ou par jauges des
contraintes. Après à partir des études qu’on a faites, on a vu que seuls ces deux types de mesure
peuvent nous aider à répondre à nos besoins. Juste le système de mesure qu’on a fait… on est en train
de l’étudier pour voir comment on va les utiliser afin de pouvoir mesurer.
I : Qui travaille sur le logiciel Solidworks ?
E1 E2 : C’est nous deux.
I : Si on parle de manière générale, pour le projet quelles connaissances sont les plus importantes ?
Quelles connaissances sont vraiment nécessaires ?
E3 : Mécanique des fluides, un peu d’électricité, électronique on parlait des capteurs, de
l’instrumentation.
E1 : Aéronautique : les notions en aéronautique sont fondamentales par rapport à… on va utiliser les
résultats d’un autre groupe projet, mais si on avait été vraiment seuls on aurait dû concevoir l’aile eh !
[Expression dénotant la complexité de cette tâche]
I : Il y a trois projets qui sont liés ?
E1 : Oui, il y a un qui est censé être similaire au nôtre.
I : Et dans le logiciel solidworks, qu’est-ce vous avez déjà fait ?
E2 : On a fait ce système-là [montrant figure 1, rapport intermédiaire, p.16] en fait, on a fait deux
solutions qui ne sont pas encore vraiment abouties, c'est-à-dire qui sont plus des ébauches, il n’y a rien
de dimensionné, on ne sait pas encore… les capteurs ne sont pas encore implémentés. C’est un
système avec des lamelles et on comptait récupérer les mouvements des vibrations de l’aile et mesurer
cela avec des jauges de contraintes. C'est-à-dire qui mesurera les déformations de ces lamelles en
fonction des vibrations.
E3 : Les jauges de contraintes, on a deux bornes en fait, qui sont très sensibles aux vibrations et donc
le déplacement parce que ça fait varier une tension interne au niveau du capteur, c’est cette tension qui
est récupérée et visualisée pour faire voir ce qu’il y a comme mouvement… une idée de ce qu’on peut
avoir comme mouvement.
I : Ce système-là existe seulement au niveau de la conception à l’aide du logiciel ?
439
E1 : En fait, dans ces moments on essaie de le dimensionner. Trouver… parce qu’il y a quelques
problèmes, par exemple à ce niveau ici [montre la figure] il y a des problèmes de chocs, du fait que le
truc doit se déplacer de haut en bas et comme la lame est libre dans le petit carré il faut qu’on trouve
un système qui la maintient en position de manière à qu’il n’y ait pas des chocs… il y a un tas des
petits détails comme ça, la manière de coller les jauges aussi. Au niveau dimensionnel c’est assez
compliqué, par exemple ce matin on s’était aperçu que bon, là sur le dessin c’est bien, c’est grand mais
on s’est aperçu qu’en fin de compte il sera plus petit que ça et que si on regarde sur le catalogue des
raids de ces dimensions c’est difficile à trouver. Quand on compare la soufflerie et ça, la soufflerie est
assez réduite au niveau dimensionnel ; ce n’est pas évident, quel type de lames on va utiliser ?
Comment on va faire pour déterminer la flexion ?
I : Maintenant, vous travaillez cela au niveau du logiciel, pour voir si ça marche ou non, est-ce que
vous devez réaliser tout ça ?
E1 : Non, non, en fait, on devait aboutir mais…
E2 : On devait mais on ne va pas avoir le temps de tout finir.
E3 : Par rapport à l’aile je ne sais pas si les autres auront le temps de finir la conception.
E1 : Ils sont en train de faire le moulage… ils sont en train de le faire en quelque sorte, parce que
même la réalisation de l’aile visiblement ce n’est pas si facile que ça, il y a des problèmes de
surfaçage. Même le moulage en silicone c’est une technique qui est compliquée, bon ce n’est pas
compliqué mais il faut que ce soit bien fait, il faut éviter qu’il y ait des petites boules dans le
silicone… c’est assez complexe.
E3 : La structure aussi, il faut bien la concevoir, après qu’on puisse avoir des mesures, tout dépend du
matériau qu’ils utiliseront : si ils utilisent un matériau par exemple très solide, très lourd, il nous
faudra une force…il y a plein des paramètres qui sont en jeu.
E2 : On compte effectivement le poids de l’aile pour pouvoir dimensionner notre système de maintien
et déjà en plus on a un problème qui me vient à l’idée : c’est qu’avec une aile de cette taille et un
écoulement d’air avec la soufflerie qu’on a en bas ; est-ce qu’on va pouvoir obtenir les vibrations
qu’on espère mesurer ? On pensait peut-être éventuellement à transposer le problème avec un système
de… comportant de l’huile ou de l’eau, pour créer plus de turbulences, éventuellement solliciter l’aile
de façon plus importante.
I : Vous vous rapprochez plus des conditions de la réalité ?
E2 : On découvre peu à peu des problèmes liés à ce qu’on veut faire et on se rend compte que la
théorie et la réalité parfois…
E3 : il y a des écarts.
E2 : Vous voyez on a prévu de faire ça sur la soufflerie en bas, mais on ne sait pas si on va pouvoir
obtenir ce qu’on veut…en tout cas, tel qu’on a là ce type de soufflerie.
I : C’est possible de voir comment cette solution marche [Rapport intermédiaire, p.16] ?
E1 : Il n’y a pas vraiment d’animation, ce n’est pas animé.
I : Est-ce que produire la conception est difficile ?
E4 : Je pense que c’est plusieurs pièces en fait, qu’ils ont fait plusieurs pièces après qui sont
assemblées.
E2 : C’est un assemblage.
I : Je connais un peu le logiciel, mais je serais incapable de le faire, il y a des contraintes…
E2 : C’est du dessin pur.
E1 : Il n’y a pas de simulation ; c’est vraiment que du dessin.
I : Et pour les dimensions comment avez-vous fait ?
E1 : On est parti de la petite fente qui est au milieu, on est parti de la soufflerie parce que sur le dessus
il y a une petite fente et donc on est parti du principe que nous allions faire des essais dans cette fente
qui est matérielle, on est parti de ça en fait.
I : Le système est mécanique mais il n’y a pas de simulation dans le logiciel ?
E2 : C’est un peu difficile.
440
E1 : Oui, parce qu’il faudrait re-simuler l’écoulement sur l’aile, faire quelque chose qui ferait en sorte
que les incidents de l’écoulement sur l’aile mettent en mouvement le système, le petit U, ensuite bien
modéliser les barres, les bonnes barres ça c’est compliqué, de tout modéliser…
I : Alors, faire le système dans le logiciel, dans quel but ? Pourquoi avez-vous fait ça dans le logiciel ?
E2 : Ca en fait c’est pour représenter, c’est comme il disait sur le dessin pur, c’est vraiment pour
montrer à notre tuteur et aux gens qui ont corrigé notre rapport ce qu’on a en tête et après ne
l’expliquer avec des mots qu’ici : c’est la soufflerie, il y a l’écoulement ; que là : on espère récupérer
le déplacement de la vibration et après récupérer les mesures par l’intermédiaire des jauges de
contraintes ; c’est vraiment pour montrer aux gens ce qu’on souhaite faire.
E1 : C’est vrai qu’effectivement ce que vous dites on aurait pu le faire sur un logiciel, c’est à dire
qu’on a toujours conservé ce qu’on a fait jusqu’à présent, donc là toujours être dans la phase de
dimensionnement. C'est-à-dire qu’on va trouver les éléments sur le catalogue, par exemple trouver les
glissières, la vis qui va nous permettre… et puis réaliser ça sur un logiciel, mais bon ça demanderait
plus de temps, de bien dimensionner les barres, c’est-à-dire trouver quel type de matériau, résistance
élastique, ce genre des chose, résistance de matériaux, on pourra le faire à la limite, mais ça serait
super long.
E2 : Je ne sais pas si…
E1 : Si, avec Solidworks on doit pouvoir le faire.
I : Qu’est-ce que vous devez montrer à la fin du projet ?
E2 : On était censé le fabriquer.
E3 : On va essayer, l’aile avec les supports là-dessus, l’écoulement qui va prendre et qui est pas
seulement de la conception ; c’est ça qui permet de mesurer le profil d’aile ; c’est ça l’objectif.
I : Mais jusqu’à maintenant vous voyez que …
E1 : Jusqu’à maintenant, oui, si on voulait atteindre cet objectif on aurait dû passer la commande
depuis longtemps. Ah oui, déjà commander les éléments, bon mais… Commander les jauges ce genre
de choses, se renseigner sur la manière de les poser, parce que je ne sais pas si on peut vraiment le
faire, poser une jauge de contrainte c’est vraiment… Apparemment.
E2 : Il ne faut pas faire n’importe quoi.
E1 : ça paraît simple comme ça, mais c’est vraiment un travail d’une grande minutie, même au niveau
de type…
E3 : Je comptais voir un spécialiste, j’ai contacté une entreprise sur Internet et j’attends qu’il me
réponde, et puis je peux faire le déplacement pour aller voir comment ils font pour coller les jauges,
comment ils font pour récupérer les mesures. Parce que sinon, j’ai aucune idée pour savoir comment
exactement il faut le placer, il faut le placer l’intérieur de l’aile ou sur la surface etc. si pour coller les
jauges, pour mesurer
E3 : On a les jauges, on a tout ce qu’il faut, mais comment mesurer à travers les jauges ? C’est ça le
problème… Tout est théorique, en pratique je ne vois pas trop comment… Mais je dois pouvoir le
faire, si j’ai réussi à les avoir … Ça devrait marcher.
I : Cela, est une représentation de… ?
E : C’est l’intérieur d’un bloc, c'est-à-dire que pour récupérer le mouvement de l’aile si elle se déplace
comme ça, c’est un système qui fait que quand on a une tige qui est dans… et la tige va se déplacer
comme ça et au bout on doit mettre un capteur ou quelque chose pour récupérer l’amplitude du
mouvement, là ça aurait été un système différent
E2 : C’est un ressort, parce qu’en fait, on avait un problème à la base c’était le maintien de l’aile mais
sans étouffer les vibrations et donc ce qu’on avait pensé faire c’était un système de ressort qui l’aurait
maintenu en place mais qui aurait permis à l’aile de se déplacer d’un mouvement, donc ça c’est une
idée qu’on a… mais
E1 : Trop encombrant. Pour le coup… on est obligé de le mettre à l’extérieur de la soufflerie. Je ne
sais pas si vous avez vu la soufflerie ?
I : Oui.
E2 : c’est vraiment tout petit, on peut mettre que l’aile et après il faudrait mettre toute la structure
autour…
441
I : Ca c’est… [Montrant le dessin]
E1 : C’est une conception assistée par ordinateur.
I : Les calculs numériques, c’est quoi ?
E2 : Les calculs numériques c’est… on a un logiciel qui permet de faire ça. Ça permet de calculer les
contraintes et les forces sur une pièce mécanique et entre autre ça permet aussi de calculer ce qu’on
appelle la fréquence propre de l’aile, c'est-à-dire que c’est une valeur qui va nous permettre justement
d’avancer dans nos calculs de vibrations. Etant donné que l’aile c’est une structure assez complexe, ça
nous facilite les calculs. Faire ça à la main ce n’est pas évident du tout.
I : Quel logiciel ?
E2 : Ça s’appelle Ansys.
I : Le logiciel RDM permet de faire seulement des calculs de structures ?
E1 : RDM, oui c’est approximatif.
I : Ansys est pareil que RDM ?
E2 : Ah non ! C’est beaucoup plus compliqué, c’est la méthode des éléments finis.
I : Vous l’avez déjà utilisé ce logiciel dans le projet ?
E2 : Oui, hier je m’en suis servi.
442
E2 : Les contraintes, en fait, lui, il sait les calculer [référence au logiciel]. C'est-à-dire que là c’est pour
définir le matériau et on travaille aussi avec différents types d’éléments qui ont des différentes
caractéristiques. C’est-à-dire que… Vu que j’ai travaillé en 2D, je vais définir qu’une surface…
J’entre une constante d’épaisseur et je vois après comment il l’interprète et à partir de là, je vais
demander de calculer donc les contraintes planes. Cette contrainte, tu vois, je vais lui donner pour la
calculer et je ne sais plus où elle est… Ici tu vois, il calcule la contrainte, c’est moi qui lui demande de
calculer les contraintes, ça il sait faire. Il y a des commandes là dedans pour le faire.
Voilà, je vais te montrer une autre chose. Voilà ce qu’on peut faire avec… On peut lui demander de
dessiner une poutre. On applique une force et il peut nous donner la déformée de la poutre, la
déformation. Et donc, il nous a affiché les contraintes, tu vois quelle partie travaille plus ou moins, tu
peux bien noter qu’au niveau des appuis…
443
E1 : En gros, il y aura un moule en silicone, sur le côté il y aura deux avions comme ça…
I : L’aile va être faite en silicone ?
E1 : Non, le moule était en silicone, ils ont fait une aile en plastique, ils l’ont dessinée en Solidworks
et ensuite ils ont envoyé ça sur une machine, la machine elle construit par couches, donc là ils ont une
aile en plastique, (si tu veux, on peut aller la voir, ils sont en train de faire). Là c’est une aile en
plastique et autour de cette aile, ils vont la mouler en silicone, ils vont mettre plein de silicone autour,
tu auras une empreinte de l’aile qui sera dans le silicone séché et après ce moule-là tu peux le réutiliser
pour injecter ce que tu veux dedans et après tu injectes ce qui tu veux à l’intérieur. Ça va être une aile
en mousse ou une aile un plastique, ce que tu veux… le problème ce que son aile, elle est très longue.
Donc nous, on va la couper et donc tout ça pour dire… En théorie, l’aile est bonne donc on va la
prendre, la seule chose c’est qu’elle est très longue, nous on va la couper pour qu’elle rentre dans la
veine. Ensuite, nous en a prévu de faire un système, au lieu de briguer la lame comme ça, on va en
mettre plusieurs pour régler la rigidité de manière à ce que si, là c’est plusieurs lames, tu mets une,
après une deuxième pour que ça vibre à la même fréquence, la jauge sera là. Il faut qu’on en mette une
autre comme ça.
I : Pourquoi utilisez-vous une lame ressort ?
Parce qu’on fait la lame dessus on va pouvoir placer une jauge des contraintes, mes collègues sont en
train de bosser sur ça. Donc là, on va passer une jauge des contraintes qui mesure des micro
déformations.
Si on utilise un ressort ça entraîne des calculs plus poussés, parce qu’on fait un ressort il y a toute une
histoire de rigidité en fonction de la matière, du style du ressort. Tandis qu’une lame… c’est la RDM,
si tu connais les appuis, tu peux modéliser ça par une poutre en flexion c’est vraiment un calcul
simplifié, il y a une formule avec la déformation ; avec la force que tu appliques, enfin tu peux
calculer ça. Un deuxième problème, c’est le système de mesure, parce que si tu utilises un ressort,
qu’est-ce que tu peux utiliser comme capteur pour récupérer le déplacement ; les jauges des
contraintes tu ne peux pas les mettre…
E1 : Une jauge c’est un ressort de petits circuits imprimés, qui vont être placés sur la lame et quand la
lame va se déformer l’écart que tu as entre les résistances, il faut qu’il y ait une déformation. L’écart
entre les résistances va varier et c’est cet écart qui fait que la jauge puisse mesurer les déformations, si
tu la places sur l’aile, il n’y a pas de déformation sur l’aile. C’est qu’on aurait pu faire directement sur
l’aile un accéléromètre, mais c’est pour mesurer les fréquences… L’avantage c’est que si tu as le
déplacement, tu peux avoir les fréquences. Bah… déplacement tu as la position, tu as les fréquences
en dérivant, mais si tu as la fréquence, tu as que la fréquence tu ne peux rien faire d’autre. Parce que
avec le logiciel Labview si tu as le déplacement en position, tu utilises une fonction qui va te dériver la
position, tu vas avoir la vitesse et tu dérives encore une deuxième fois tu auras l’accélération. Tu peux
faire une analyse spectrale, donc, ça ce n’est pas mal d’avoir le déplacement et la position.
444
I : Et cela, tu ne peux pas le faire dans l’autre logiciel (ANSYS) ?
E2 : Il n’est pas vraiment fait pour faire la modélisation. Tu peux modéliser des pièces là-haut, mais
c’est plus compliqué, tu perds du temps. Là, tout est simplifié, tu as des icônes, des pièces toutes faites
qui permettent d’avancer plus rapidement. Ce genre de pièces tu peux les amener là-haut. Tu peux
enregistrer sous un certain format qui s’appelle « igs » et ce format est compris par le logiciel là-haut,
il sait le lire, tu vois.
Ce qu’on aimerait faire, on aura une première barre comme ça, une deuxième barre qui va se sur cette
pièce-là dans ce sens là, et là même chose mais à l’horizontale, de cette façon on aura un déplacement
de côté comme ça et de l’autre on aura un déplacement comme ça. Et avec donc nos capteurs des
déformations conviendra que les deux… On pourra lire les deux déformations et mesurer les
déplacements.
I : Avez-vous déjà choisi le capteur ?
E2 : On a une idée de ce qu’on veut, le problème ce qu’il faut bien les choisir après, parce que le
problème ce donc… je t’avais déjà expliqué, c’est que les jauges de déformation sont faites comme ça
avec un petit fil, je ne sais plus si c’est du cuivre ou un autre métal, avec la déformation donc de notre
poutre ce fil va s’allonger et sa résistance va se modifier donc on pourra le lire avec un petit montage
électronique, on pourra lire des variations de tensions électrique et le problème ce que si on prend une
jauge trop petite et que notre barre se déforme fortement, on risque d’abîmer notre jauge c’est comme
tu tires trop sur un fil et qui se casse ou qui se déforme de façon irréversible.
I : Et ça [des feuilles avec de formules], tu as fait quelque chose avec ça
E2 : Alors ça c’est les formules de RDM tu vois, c’est pour calculer par la théorie d’une manière
simplifiée. En fait, on utilise des poutres, c’est à dire des formes plutôt simples, on applique des forces
et après on peut calculer des déformations et des contraintes, c’est vraiment pour donc tout ça c’est
empirique, c’est vraiment pour donner une première approche de ce qu’on veut faire.
Le but ça serait d’utiliser les deux pour valider une solution par autre, pour voir si on a fait une erreur
quelque part, donc on essaie d’utiliser les méthodes pour vérifier nos calculs…
I : Et ça, c’est des calculs ou.. ?
E2 : ça c’est un début de calcul mais je ne l’ai pas terminé, je pense que je suis passé à autre chose
entre tant …
I : As-tu un formulaire ?
J’ai le formulaire, j’ai une idée de ce qu’on va faire, j’ai commencé donc le calcul, mais j’ai vu que
j’avais fait une erreur donc qu’il faut que je recommence les calculs.
I : Qu’est-ce que tu vas utiliser comme formules ?
E2 : Alors, je vais utiliser ce genre des formules base pour calculer les déformations, elles vont donc
me permettre… le problème tu vois c’est qu’il me manque des choses, ce que j’aimerais moi c’est dont
calculer, comme je te dis tout à l’heure là-haut le déplacement maximale qu’on va obtenir dans notre
structure pour pouvoir donc l’appliquer ici dans la RDM et de faire des calculs à partir de cela, j’ai
aucune idée du déchargement qu’on va avoir en bout de la poutre de notre structure et c’est pour cela
que je bloque…
I : Et ça, c’est quoi ?
Ca c’est d’autre formulaire.
I : Et ça ?
E2 : Ca c’est des TD qu’on a fait il y a quelques années que je regarde pour me souvenir des
méthodes…
445
Entretien sur la base du rapport intermédiaire : Projet 3
Contexte : La présentation du projet a été faite par deux étudiants lors de deux entretiens. Durant le
premier entretien l’étudiant E1 a fait une présentation générale du projet et lors du deuxième entretien
l’étudiant E2 a présenté le travail sur la modélisation du moteur. Cette présentation générale du projet
est basée sur les deux versions du rapport intermédiaire.1
Figure 1. Soufflerie.
I : Donc la smart va se trouver dedans ?
E : Voilà. Et dans [référence à la figure 1et plus précisément à *] on aura le système pour mesurer la
vitesse, l’écoulement d’air …
I : Mais le tapis, il va se situer où ?
E : Le tapis, il doit être en bas, je vais vous faire un petit dessin (figure 2)
1
Après avoir rendu la première version du rapport intermédiaire, on a demandé aux étudiants de corriger
cette version et de rendre une nouvelle version du rapport.
446
Figure 2. Dessin produit par l’étudiant.
[…] la soufflerie qui est là, donc ça c’est la partie transparente, c’est le bloc en béton, là on va mettre
le châssis et là on va avoir le tapis roulant. En fait, le tapis roulant va être là et c’est là où on aura la
voiture 5. La voiture ne vas pas toucher le tapis, donc la voiture va être maintenu par une espèce
d’arbre, elle va être maintenue en l’air. Le but de concevoir un tapis roulant, c’est de simuler l’effet
sol, donc on aura un effet de sol et là il y aura un écoulement d’air.
I : Dis moi, le tapis sera à l’intérieur de la veine d’essaie ?
E : Il est juste en dessous de la voiture, en fait.
I : Et cela suffit pour recréer l’effet sol ?
C’est au niveau de la paroi en bas de la soufflerie, en fait on va enlever la paroi de la soufflerie et on
va mettre le tapis à ce niveau là donc en fait, on va couper ça, on va couper là après on va mettre le
tapis et on va mettre la voiture au dessus et quand le tapis va rouler il va simuler l’effet sol avec
l’écoulement d’air. On va calculer les effets du déplacement de la voiture parce que quand vous êtes
dans voiture vous avez l’air qui revient en face et vous avez le sol qui défile, mais bon c’est la voiture
qui bouge. Nous, on veut réaliser l’effet inverse. La voiture elle ne bouge pas, par contre le sol défile
et l’air vient, d’accord ?
I : D’accord
E : C’est là le but de l’étude que l’on effectue. On doit réaliser l’environnement total de la voiture pour
calculer les efforts appliqués sur la voiture. Donc là on va mettre le tapis, on va mettre la voiture et
puis il y aura une petit distance entre la voiture et le tapis pour qu’il n’y aie pas de frottements.
I : Devez vous négliger les frottements ?
E :On néglige les frottements, il n’y en a pas. Pour le tapis il y aura une certaine vitesse, vitesse tapis,
et l’air aura une vitesse, vitesse d’air. Nous en fait ce que l’on veut effectuer c’est que la vitesse de
l’air soit égale à la vitesse de tapis, qu’elles soient proportionnelles en fait, parce que l’on a un moteur.
I : Quel moteur devez vous commander ?
E : Le moteur existe déjà dans la soufflerie. Mais nous on va commander le moteur pour le tapis parce
que là, il y aura un moteur et celui-ci va entraîner le tapis. Comme ça. Donc là c’est la soufflerie, là
c’est la smart, parce qu’en fait, on le schéma 1 la longueur et puis on a le schéma 1 deuxième, donc la
voiture c’est le schéma 1 deuxième. On a un moteur, on a une courroie pour entraîner les rouleaux et
les rouleaux vont entraîner tout le tapis mais la voiture ne va pas toucher celui-ci car elle va juste être
suspendu au tapis.
I : Dans le rapport intermédiaire, j’ai vu que vous aviez fait une étude pour décider de la structure du
tapis et vous aviez plusieurs solutions, n’est ce pas ?
E : Plusieurs solutions tout à fait, nous en fait on a commencé à voir un petit peu comment on va faire
pour le tapis, après on a étudié les solutions pour réduire le coup, pour avoir une facilité de conception
et de réalisation de tapis et puis pour que tout marche bien, on propose des solutions simples. Si on fait
des trucs complexes peut être que cela ne va pas bien marcher, alors on essaie de faire des choses
simples qui ne coûtent pas très cher et qui marchent sans problème. Là on a trouvé des solutions
mécaniques permettant de faire rouler le tapis très simplement, on a un tapis roulant à trois rouleaux
447
[référence au rapport intermédiaire, p. 10] et là on a un tapis roulant à cinq rouleaux [référence au
rapport intermédiaire, p. 11] le problème que l’on a rencontré ici c’est que le tapis peut vibrer, vous
voyez
I : Mais vous avez moins de contrôle ?
E : Voilà quand le tapis roule il peut commencer à vibrer et là on a l’avantage de régler le tendeur,
parce que ça c’est un tendeur il permet de tendre le tapis. Comme ça le tapis ne va plus vibrer et là on
va essayer de mettre plusieurs rouleaux et de mettre un tendeur, mais le problème c’est quand on met
cinq rouleaux il y aura un couple supplémentaire, ce qui va créer des difficultés puisque la charge sera
plus importante parce que le tapis doit entraîner 5 rouleaux.
I : Tu veux dire quoi en parlant de couple ?
E : C’est la charge, en fait quand on dit un couple c’est la charge qui existe au niveau du rouleaux,
parce que chaque rouleau a un couple et ce couple là on l’appelle le cr c’est le couple résistant, le
couple c’est concrètement quand les rouleaux tourneent, il a une certaine inertie, il a un poids pour le
faire tourner, il faut un certain moment pour qu’il se mette dans l’état de rotation en fait. Et pour qu’il
se mette dans un état de rotation il y a des frottements et c’est ça qu’on appelle le couple résistant
voilà. C’est pour cela que si il y a 5 rouleaux ça va être plus dur, c’est pour cela qu’on a choisi trois
rouleaux il y a moins de couple, moins de frottement, moins d’entraînement et puis on a la possibilité
de tendre le tapis donc il ne va pas vibrer.
I : Au moment de faire l’étude, avez-vous fait des calculs pour prendre une décision sur le nombre de
rouleaux?
E : On n’a pas fait de calculs, on a analysé avec notre tuteur. On a parlé de ça, on s’est dit que celui-là
va avoir plus de frottements [système avec 5 rouleaux] on aura plus de mal entraîner et puis en
analysant le schéma on s’est dit que l’on va prendre celui-là donc que cela c’est au niveau du tapis
roulant.
E : Après on a regardé un petit peu en détail, ça c’est les rouleaux [référence au rapport intermédiaire,
p. 11] qu’on va utiliser. On a plus de rouleaux. On a le rouleau situé là c’est un rouleau simple, rouleau
en plastique [figure 3] et celui là c’est un rouleau qui a une rainure à l’intérieur [figure 4] et là c’est un
rouleau bombé c’est ce que l’on a choisi, c’est le rouleau comme ça [figure 5] parce qu’en fait avec la
forte vitesse, le tapis a tendance à sortir de son axe de défilement. Je vous explique donc en fait quand
le tapis tourne, le tapis a tendance à s’écarter, il peut s’écarter, si on utilise des rouleaux comme ça
c’est clair.
448
Figure 6 Figure 7 Figure 8
Figure 9
ça il faut le mettre là, mais il faut regarder aussi que quand la courroie va se mettre sur le tapis il y a
plusieurs frottements. Il y a des frottements là et quand il y a des frottements il y a encore plus de
couple donc le moteur doit générer plus de puissance pour entraîner le tapis. Et nous on va utiliser un
moteur simple on n’a pas envie de gérer tous les frottements donc c’est pour ça qu’on a annulé cette
technologie et on a choisi ça, ça c’est la meilleure [Figure. 8] Pourquoi ? Parce qu’elle est simple, elle
est moins chère et puis avec le rouleau en tonneau ça marche bien, ça ne décale pas. Tout va bien et
comme je vous ai dit ça va marcher.
[Explication du fonctionnement de la courroie trapézoïdale]
E : Avec ça [Figure.8] le cran qui est ici va rentrer là dedans dans la courroie. Ce qui permet ce qu’on
appelle un guidage, un guidage du tapis et quand le tapis est guidé ça veut dire qu’il ne glisse pas sur
le rouleau, en fait on a le rouleau comme ça et on a la courroie qui va être comme ça. Ca c’est la
courroie et ça c’est le rouleau quand ça va rentrer ici ça ne va pas glisser. Ca on l’appelle un guidage
[figure 10]. Guidage de courroie. Par contre il y a des frottements, il y a beaucoup de frottements pour
avoir une courroie comme ça c’est très cher, très, très cher parce que le fabricant utilise une
technologie pour la fabriquer et quand on en a demandé, parce qu’on veut une seule courroie, c’est
toujours plus cher quand vous achetez par exemple une dizaine ou une vingtaine. En fait le problème
que l’on a rencontré c’est qu’au niveau des fabricants, il n’y en a pas beaucoup qui produisent les
courroies ou les rouleaux à l’unité c’est des gens qui travaillent avec de grands fabricants et qui
fabriquent des quantités importantes donc on a choisi une courroie simple de tonneau comme ça elle
est fabriquée à l’unité avec un prix moins cher.
Figure 10
E : Comme je vous ai dit cette technologie avec le trois rouleaux ça devrait marcher.
I : Comment es-tu sur que cela est la meilleure solution ?
E : Comment ça ?
449
I : Pour le tapis, tu as choisi les rouleaux comme ça, mais comment es-tu sur que c’est la meilleure
solution ?
Cela peut être la meilleure solution au niveau du prix, ça c’est le prix déjà, le prix et le vent deuxième
solution le frottement, frottement faible
I: Et comment tu sais que le frottement est faible ?
Parce qu’il n’y a qu’une surface de contact sur le rouleau, par exemple là il y a cette surface de
contact, il y a cette surface de contact et il y a ça aussi et c’est pour cela qu’il y a plusieurs frottements.
I : Avez-vous mesuré le frottement ?
E : Non, on n’a pas mesuré le frottement parce qu’il nous faut la courroie pour connaître, comment
dire ? Sa dureté, après on va calculer les frottements et le couple.
I : En regardant la forme du rouleau on est capable de dire s’il y a plus ou moins de frottements, c’est
ça ?
E : Voilà. Mais là c’est souvent parce qu’il y a une seule surface de contact donc il n’y a pas beaucoup
de frottements comme ça.
E : Aussi l’inconvénient d’utiliser des courroies comme ça c’est que ça peut créer des fissures. Ca peut
casser ou ça peut créer des fissures et après un mauvais fonctionnement du système alors qu’avec une
courroie plate [Figure. 7] il n’y a pas problème, c’est simple, ça tourne bien alors que là [Figure. 6] ça
peur créer des fissures.
I : Est ce que vous devez acheter ça ?
Non, on a contacté le fabricant, on doit voir notre tuteur pour savoir si on va la commander ou pas,
parce qu’une courroie comme ça coûte 250€ la courroie c’est très chère. Donc on va voir avec le tuteur
pour savoir si on va la commander ou pas.
E : On a aussi regardé les tendeurs, vous voyez ça ? (page 13)
Le tendeur en fait, comme je vous avez dit c’est pour tendre la courroie pour que le tapis ne vibre pas
donc on a choisi plusieurs solutions. Dans cette solution là, on va faire monter et descendre le rouleau,
on va le serrer avec des écrous et pour l’autre côté on va essayer de monter et puis serrer mais le
problème c’est que le rouleau, il ne peut pas être bien aligné, on n’est pas sur de la bonne qualité du
tendeur et là on a pensé à mettre des ressorts. Le rouleau est stable, il est aligné et avec les ressorts,
c’est eux qui vont maintenir le tapis bien serré ça va être comme ça et les ressorts seront là et le tapis
là. Par contre on se dit que quand le tapis va rouler, les ressorts vont commencer à bouger, donc le
tapis va commencer à vibrer et ce n’est pas bien, on ne veut pas que le tapis vibre, parce que si le tapis
commence à vibrer il va toucher la voiture et ce n’est pas bon. Après notre système c’est là, ce
système là, il nous permet d’avoir un bon alignement de rouleaux parce que ses bras ne bougent pas, il
ne bouge pas dans les bras, il est bien aligné, on a fait ça pour pouvoir le baisser ou le monter en fait et
on va serrer par là et on va serrer par là.
I : A votre avis, quelle solution allez vous prendre ?
E : Celle là, (la troisième)
E : Voilà, on a pris celle là. Le rouleau est bien aligné, il ne bouge pas, cela va pouvoir le descendre, le
remonter… Donc cela est la partie électrique.
I : Qu’est ce qui vous permet vraiment de retenir une solution entre plusieurs possibles ?
Donc nous on a choisi un moteur à courant continu à excitation indépendante … Parmi les types de
moteurs proposés, nous avons choisi la première solution qui consiste à utiliser un MCC (moteur à
courant continuo) à excitation indépendante, (page 15) c’est celui là, c’est le premier.
I : Devez-vous commander le moteur ?
E : Non on ne l’a pas encore commandé.
I : Mais devez-vous le commander ?
E : On va voir avec le tuteur déjà si il est d’accord ou pas, si il est d’accord, c’est bon on va le
commander, si il n’est pas d’accord on ne va pas le commander, on va voir.
450
E : Donc ça c’est la partie Matlab. C’est la partie que E1 vous a expliquée hier. Donc on a l’ordinateur
et c’est par là qu’on fait varier la vitesse, là on a un moteur et là on a Labview.
I : Attendez ! Pouvez-vous m’expliquer qu’est ce que Labview?
C’est le logiciel Labview. Je vous explique par exemple là vous avez votre ordinateur et là vous avez
une carte, c’est la carte d’acquisition et puis on a le tapis et on a le moteur et le moteur aura un
courant, la carte d’acquisition va être reliée au moteur et là on aura la carte électronique. Mais sur le
logiciel Labview, on va utiliser un logiciel : c’est le logiciel Labview qui nous permet de créer des
cartes électroniques sur un schéma et puis à partir de cette carte on peut générer un signal pour
commander le moteur. En fait à partir de la carte d’acquisition on aura notre schéma. Ca c’est le
schéma électronique [Figure 11] donc sur l’ordinateur on va faire le schéma et c’est à partir de ça
qu’on va commander notre moteur.
Figure 11
I : Donc avec l’ordinateur vous pouvez changer la vitesse?
E : Voilà exactement! On a une consigne de vitesse. La consigne de vitesse c’est quoi, je vais vous
expliquer comme je vous ai dit, la vitesse de l’air c’est la vitesse du tapis, ça doit être égal, et ça c’est
un capteur, ce capteur là il nous permet de connaître la vitesse d’air. Là on a une entrée et là une sortie
donc la sortie va vers le moteur et l’entrée c’est quoi, l’entrée c’est le capteur c’est celui- là.
Figure 12
E : Donc ça c’est la soufflerie et ça c’est le capteur figure 13
Figure 13
451
donc en fait la vitesse d’air peut varier de 0km/h à 160km/h. C’est la vitesse dans la soufflerie et pour
connaître la vitesse de la soufflerie on utilise un capteur, capteur qui est le tube du Pitot associé à un
capteur électronique avec un capteur électrique différentiel de pression ce capteur il a deux entrées
[figure.14]. Donc là on a l’écoulement d’air, il est électrique en fait, et là c’est une sortie et entre les
deux bornes on a entre 0 et 5 volts, là on a une entrée d’air et le capteur il génère un potentiel entre 0
et 5 volts donc 0 volts = 0km/h et 5 volts = 160km/h.
E : On peut avoir des valeurs entre 0 et 5? on peut avoir par exemple 2,3 ?
Oui, oui par exemple si on a 2 volts c’est par exemple, je ne sais pas moi 80 km/h, juste pour vous
expliquer, mais lui (capteur) il peux aller de 0 à 5 volts 1, 2,3 4,1 donc
Figure 14
à partir de là on va connaître l’entrée (0,…,5) volts à partir de cette consigne sur notre schéma, ça va
passer par le schéma électrique et ça va nous donner la vitesse par exemple si on a 2,3 volts ici
[l’entrée] à la sortie on aura par exemple 100km et ce qui nous permet de donner la proportion entre la
vitesse et le voltage c’est le Labview.
I : Devez vous programmer cela ?
E : Voilà pour connaître à partir de ça, donc à partir de ça on va faire notre schéma et on a notre carte
d’acquisition, la sortie et le moteur, après ça va tourner.
I : Ce schéma là, devez vous le faire avec le même logiciel ?
Oui dans le logiciel Labview c’est un schéma électrique
I: Qui va concevoir le schéma ?
E : C’est lui … [Montrent l’étudiant à la charge de cette tâche]
En gros le système va être comme ça, donc nous on doit réaliser le tapis et puis eux ils doivent gérer la
partie électrique
I : Pour réaliser le tapis utilisez vous Solidworks ?
E : Voilà pour concevoir le tapis, sur Solidworks on fait la conception et pour le réaliser on a l’atelier.
I : Avez-vous déjà réalisé la conception avec Solidworks ?
E : Oui, c’est ça, j’espère que je l’ai.
I : Pouvez vous faire des simulations ?
E : Non, on ne peux pas faire de simulations c’est juste pour concevoir le tapis, là on n’a pas de tapis,
c’est le cadre… et là comme vous pouvez voir, il y aura le tapis si on veut le serrer on va descendre ça
et là on a le moteur qui va être entraîné.
I : Pourquoi c’est important de faire ça ? [La conception du système en Solidworks]
E : On pourrait juste faire un dessin, pour voir si ça marche.
E : Si on fait comme ça, ça nous permet d’avoir une idée, une idée en 3D du système et normalement à
partir de ça, on peut savoir si ça va marcher ou pas, comme je vous avez dit, là on peut voir très bien
que ça marche, là il reconstitue la réalité du système comme il va être réalisé (35 00) c’est pour ça
qu’on fait la conception sur Solidworks, ça nous permet de voir comment ça va bouger ici, par
exemple si on fait un dessin, on ne sait pas comme ça va bouger, on fait bouger ça, le moteur il est là,
on peut faire beaucoup de choses.
I : Et pour trouver les dimensions, comment avez-vous fait ?
E : c’est quand on fait la conception de la pièce, si vous voulez par exemple, on peut faire une
nouvelle pièce, si vous voulez on va créer une pièce, donc là on va créer un cercle, on va créer le
452
rouleau on fait un cercle…je n’arrive pas... donc là on a le cercle et on a fait ça, après il faut qu’on
fasse tout ça, ça nous permet d’élargir le cercle, par exemple on va mettre 300mm, voilà, donc là on a
l’autre… on va choisir ce point là alors, après on va mettre ça, on va mettre ça, on va mettre l’axe vous
voyez, là normalement il est de 8mm donc là on va mettre le rayon 4mm on fait ça l’axe, on a 8mm
I : Pourquoi vous mettez 8mm ?
E : Parce que c’est nous qui l’avons choisi. C’est le minimum, ça dépend du minimum, parce que là
sur le bloc en béton que l’on a sous la soufflerie on a une certaine dimension, après on a la dimension
du châssis, après la dimension du tapis roulant et après on a choisi le petit rouleau, on a pris toutes les
dimensions en compte pour qu’ils puissent rentrer dans la soufflerie. Donc on a mis 4, donc ça c’est
bon, après on va enlever la matière, on va trouer en fait avec ça on va essayer de tourner, normalement
c’est bon voilà. Donc là c’est…et à partir de là on peut mettre un axe, donc normalement j’ai l’axe ici,
je dois l’avoir … voilà
[…] Qu’est-ce qu’il a fait ?
[…] J’ai ouvert un fichier.
Donc en fait nous, on a fait ça et ça c’est l’axe, mais ce qui nous intéresse c’est de mettre l’axe dedans
c’est ce qu’on appelle un assemblage, assembler les deux pièces, donc là on a créé un fichier
assemblage donc on a les deux pièces voilà donc là on a le tendeur et on a l’axe donc pour mettre pour
faire rentrer le tendeur dans l’axe on va choisir la contrainte, une contrainte ça veut dire une liaison qui
va lier les deux pièces, donc nous, on veut une liaison entre cette partie là et la partie là donc on va
choisir la surface de l’axe et puis le trou du tendeur, on va faire ça, on va choisir ça et ça on va faire
click et voilà. Là maintenant on a le tendeur avec l’axe et c’est comme ça qu’on continu de faire la
conception et puis on assemble tout. On fait de petits assemblages qu’on appelle des sous
assemblages, après on prend les sous assemblages et puis on les assemble entre eux ce qui nous donne
ça, à la fin il nous donne toute la pièce.
I : Combien de temps avez-vous mis pour faire tout ça ?
Deux semaines.
I : Je ne sais pas, mais j’imagine que parfois les assemblages ne marchent pas
Ou parfois ce diamètre est plus grand que ce diamètre et donc ça ne vas pas rentrer, il faut donc
refaire la pièce.
I : Le logiciel n’est pas très complexe ?
E : Non, une fois qu’on connaît, après c’est bon
I : Au niveau outil, est ce que le logiciel est bien ?
Oui, il est bien il nous apporte une utilité dans le travail, il est très utile parce que maintenant toutes les
sociétés travaillent avec des logiciels de conception comme ça, quand ils veulent créer des pièces
mécaniques ils font les conceptions sur un logiciel, ils regardent si ça marche bien ou pas comme ça
après ils font la fabrication. Par exemple pour une voiture ou n’importe quelles pièces mécaniques de
voiture, d’avion ou de train, ils le font sur le logiciel et après ils les réalisent. Il y a des logiciels qui
nous permettent de faire la réalisation à partir de logiciels de conception par exemple vous avez votre
logiciel sur un ordinateur, après vous faite votre conception et directement ça va dans une machine
numérique comme on a en bas, vous voyez la grande machine en bas, il y a des logiciels qui
permettent de faire ça par exemple nous, on ramène un bloc d’acier ou de laiton et à partir de là on
lance la fabrication et ça part tout seul et après ils nous font la pièce
I : Avez-vous déjà choisi les matériaux ?
E : Oui, mais ce n’est pas nous qui allons choisir. Nous on ne vas pas réaliser ça, nous on va le
commander. Parce que c’est dur à faire ça, il faut avoir les machines appropriées pour faire le boulot
comme ça. Donc on a contacté des fournisseurs et puis ce sont eux qui nous ont conseillé de choisir
des matériaux pour les pièces en fait.
I : D’accord, par exemple vous avez demandé un rouleau comme ça en plastique à un fournisseur.
Comment est-ce que les caractéristiques du rouleau sont données? C’est-à-dire il est en plastique, il
peut supporter certaine vitesse…
453
Ça c’est par rapport à la courroie en fait, nous on connaît déjà la courroie, donc en fait on a un
fournisseur celui là MASS S.A. On l’a appelé on lui a dit que voilà on va avoir une courroie qui
marche avec des rouleaux en plastique parce qu’on a contacté aussi un fournisseur de rouleaux c’est
Matrex, les rouleaux c’est chez Matrex et la courroie c’est chez MASS, donc on a contacté Matrex et
on lui a dit, oui on veut des rouleaux pour un tapis qui marche dans une soufflerie on lui a expliqué la
situation après il nous a dit il vaut mieux mettre des revêtements en PVC… ils ont trois techniques
pour les faire. Il nous a dit que ça dépend de notre courroie donc on est partie contacté le constructeur
de la courroie, il nous a dit que la courroie intérieur c’est du tissu et celle extérieur c’est du PVC, donc
ceux qu’on a contacté nous ont dit que le tissu ça marche avec le PVC comme ça, ça va être bien
entraîné et ça ne va pas glisser, il y aura des quantités de chaleur mais ce n’est pas grave, ça reste
négligeable par rapport à ce qui va fournir comme , donc il nous a dit ça. On a choisi aussi une autre
qualité au niveau du tapis, vous savez pour faire une courroie, normalement la courroie après on doit
l’attacher comme ça quand elle est attachée quand elle va passer par la, passer par là, passer par là, ça
va éclater, donc en fait on s’est renseigné pour avoir une technique de collage ou bien une autre
technique pour avoir une corroie uniforme, pour qu’on ne voit pas le collage, alors ce qui nous a été
proposé c’est la technique, c’est si vous voulez utiliser cette technique c’est un peu plus chère, c’est
pour ça que ça coûte 250€ une courroie classique ça coûte une qualité de fonctionnement irréprochable
avec cette technique là il n’y aura pas de collage et avec les rouleaux il nous a dit que ça devra bien
marcher.
I : Maintenant dans le projet qu’est-ce que vous devez faire ? Par exemple, la semaine prochaine ?
E : Il faut qu’on avance dans la conception, il faut qu’on fasse la mise en phase.
I : Avez vous fait ça pour chaque pièce?
E : On n’a pas encore terminé il faut qu’on avance pour faire la mise en phase parce qu’au moment de
la soutenance, ils vont nous dire pouvez vous nous donner les pièces que vous avez conçu avec le
dimensions et tout, donc il faut qu’on termine ça, il faut qu’on réalise les bonnes de commande, c’est
pour savoir si on contacte le fournisseur ou pas et puis après il faut qu’on les réalise à l’atelier
454
Modélisation d’un moteur à courant continu : projet 3
Contexte : Cet entretien a été fait la semaine trois du projet. C’est le premier entretien de la deuxième
phase. L’équipe a divisé le travail de projet en deux parties prises en charge par deux sous- équipes : la
première est chargée de la modélisation du tapis roulant et la seconde de la modélisation du moteur.
L’entretien est réalisé avec l’étudiant responsable de cette seconde partie. Il vise à clarifier le travail
effectué pour la modélisation du moteur tel que présenté dans le premier rapport intermédiaire (annexe
Caractéristiques et limites d’utilisation du MCC).
E : Parce qu’en fait le moteur à courant continu, il peut être modélisé de deux façons, euh !, de trois
façons : une modélisation électrique, c’est ce qui convient à cette équation-là :
U E , T RI ind , on a un courant qui passe à travers le moteur, c’est le courant induit, c’est
celui-là, on a l’ E c’est celui-là on a le R ou le L normalement c’est Z l’inductance, c’est ce
paramètre (il montre en même temps à quoi cela correspond dans l’équation), c’est l’équation du
modèle électrique. Et il peut être aussi modélisé par une équation mécanique, c’est celle-là, le couple
[il montre l’équation C e K e T I ind ]
E : C’est l’équation mécanique ; on a un couple, le couple est égal à K e un coefficient qu’on avait
déjà calculé par cette équation [il montre la seconde équation], ensuite multiplié par le flux T fois
I ind C’est mal écrit…rigidité (?)
I :Et vous connaissez déjà Ω?
E : Oui, c’est la vitesse.
I : Et U aussi ?
Ça, en fait, c’est un paramètre qui caractérise le moteur. Quand on achète un moteur électrique, on
l’alimente par une tension, pour obtenir une certaine vitesse. Et si on augmente la tension, on va savoir
automatiquement qu’on va atteindre une certaine vitesse. Ça ce sont les caractéristiques du régime
permanent et c’est presque la même chose qu’en régime dynamique. En régime dynamique, on n’a pas
une tension U qui est constante, on a une tension u t qui varie en fonction du temps, mais c’est
presque la même chose.
I : Donc ici on a : U E , T RI ind , la tension est constante et ce n’est pas la puissance du
moteur ?
E : Oui, la tension ce n’est pas exactement la puissance, la puissance est égale à U*I, la tension fois le
courant, la tension avec laquelle on alimente le moteur fois le courant qui circule à travers ce moteur-
là. En fait la puissance on peut dire ça : si on fixe le courant, par exemple pour le premier cas on fixe,
on lui donne un certain courant constant et si on varie la tension, la puissance sera proportionnelle
directement à la tension, donc on peut déduire que, on peut définir la tension comme étant le
paramètre de puissance qui réagit directement sur la puissance.
I :Et ça, c’est… [montre I ?
E : Ça c’est le courant, dans le premier cas…
I : Le courant est constant ?
E : Dans le premier cas, on le fixe, dans le régime permanent.
I :Donc dans ce cas là… ?
E : Le courant, il est fixe donc la tension elle aussi sera constante c’est pour ça qu’on les modélise par,
qu’on met ? Ici U majuscule comme étant une constante et aussi I majuscule comme étant une
constante.
455
Par contre, dans le régime dynamique on va alimenter le moteur par une tension qui varie en fonction
du temps, c’est pour ça qu’on a u t , u en fonction de t , une tension variable, par exemple on
attaque par une tension comme ça qui varie comme ça [montre sur l’écran de l’ordinateur une
représentation graphique] on a u t , on va savoir automatiquement qu’à cet instant-là on aura cette
tension donc le moteur aura un comportement ; par contre à ce point-là, on aura un autre
comportement qui est différent du premier c’est pour ça qu’ici il y a un troisième paramètre qui
diind
intervient, c’est l’inductance L
dt
I : Et ça c’est quoi ?
Le L c’est l’inductance comme vous voyez ici [montre un schéma], on l’a modélisée par une bobine
et une force électromotrice, le e , donc, dans cette partie là [montre l’équation] le Z il y a une
résistance qui, elle, on l’a déjà utilisée là [référence au régime permanent], par contre dans le
deuxième cas, le régime dynamique il y un autre paramètre qui intervient c’est le L . Pourquoi ? Parce
diind
qu’on a le Z normalement il est égal à Riind L et puisqu’on a dit que dans le premier cas le I ,
dt
diind
le courant il était constant donc que c’était égal à zéro, c’est pour ça que ce paramètre à été
dt
supprimé, par contre dans la seconde partie, le courant i il varie en fonction du temps c’est pour ça
qu’on garde ce paramètre-là.
I :Et Z c’est quoi ?
diind
[Dans sa réponse, l’étudiant parle de cette équation u t et , , T RI ind t L (1) et
dt
pour l’expliquer lui, il a divise en deux parties la première partie c’est et , , T (2) et
diind
Riind L (3) c’est la deuxième partie]
dt
E : Z c’est l’impédance, en fait comme j’ai fait dans ce schéma-là (montre le premier rectangle sur le
schéma bloc) il y a le Z qui est l’impédance du moteur et le e (2) c’est… En fait, on divise en deux
parties, une partie qui concerne purement la force électromotrice du moteur, la force qui génère la
rotation du moteur ; cette partie-là génère un couple (2), le couple moteur qui fait tourner le moteur et
cette partie-là génère un couple résistif (3). La résistance, ce n’est pas exactement un couple mais du
côté mécanique on peut dire ça…C’est en fait une résistance, une impédance dans laquelle il y a une
partie de courant qui se dissipe par effet Joule : cette partie-là (montre RI), c’est elle qui concerne la
dissipation par effet de Joule… et celle-là c’est l’induction (montre Ldi/dt)
I : Cela c’est la dissipation ?
E : Ri , c’est la résistance. En fait si on veut faire le bilan énergétique on a la partie e qui fait tourner
le moteur, la partie R qui elle dissipe purement par effet Joule et une autre partie c’est l’inductance
c’est qu’on a écrit : inductance. En ce qui concerne les autres équations, c’est le même système
E : Ici on va définir… ?
Le e [il fait référence à cette équation et , , T K e T t ] la force électromotrice puisque là,
dans ce cas, elle varie aussi en fonction du temps, c’est pour ça qu’on a rajouté trois paramètres au
trois variables : le temps, la vitesse angulaire et le flux électromagnétique. Et là, c’est le couple [il fait
référence à cette équation c e t K e T iind ] ça c’est l’équation mécanique [en faisant référence à
d
C e t C r t , J T ], on a le couple qui était égal à « coefficient fois flux fois le I » c’est la
dt
même chose que c e t et là on a une autre partie qui s’ajoute : un couple résistif et le couple moteur.
456
d
Le couple moteur c e t moins le couple résistif c r t , c’est égal à J T . Ces deux parties là,
dt
concernent l’équation mécanique ou modélisation mécanique.
457
paramètre],…la fonction d’entrée u (t ) . On va lui donner une certaine fonction, sinusoïdale ou une
fonction comme ça [montrant une rampe] ; après on aura une sorte de matrice, et après on aura le
résultat et la réponse, les différents paramètres : i , (t ) , jT et tout ça ; et on peut aussi faire ça, si
vous voulez [montre sur le logiciel]
[…] c’est juste la partie concernant la modélisation du moteur
[…] je ne sais pas ce qu’il y a…
[…] Là, en fait, on va… j’ai enlevé le k, parce qu’elle est perturbée, on va dire le k=0 ( ?) là on a
appliqué une rampe, une rampe d’inclinaison 3 et on a obtenu comme réponse ça.
I : Et rampe, ça veut dire quoi ?
E : Une rampe c’est comme là, en fait c’est que je présente ici, [montre l’écran] en fait on a ça, un
certain a ici et là on a y … c’est comme si on décale l’axe par a ce paramètre-là 3 fois x plus a ,
y 3 x a , moins a , c’est moins ou plus ? plus a , c’est comme si on a représenté ça, ça c’était
l’équation d’entrée, ce qu’on a mis à l’entrée [scope 1] et ça c’est ce qu’on obtient à la sortie [scope 2],
c’est ça qu’on a obtenu à la sortie.
SCOPE 1 SCOPE 2
Figure 15. Graphes des fonctions d’entrée et de sortie correspondant au schéma bloc ci-dessus, produites
sur le logiciel Matlab.
I :Ça (la rampe) pourquoi on la considère comme ça ?
E : en fait là c’est juste parce que, ça c’est un retard en fait parce que, si on veut simuler un nouveau
système, on va prendre un repère de temps, par exemple 0, à l’instant t égal à 0, mais le temps
d’appuyer sur le bouton il devrait y avoir un petit retard .
I : Donc que ça c’est un retard ?
E : Oui, mais en fait la rampe c’est juste ça y=3x, ça s’appelle une rampe parce que ce n’est pas…
I : Ça, ça veut dire quoi, que la vitesse est constante ?
E : Oui à peu près comme ça, c’est comme une variation à vitesse constante si on veut l’appliquer dans
un TP on va prendre une alimentation, une alimentation à courant continu et on va alimenter le moteur
à courant continu par cette alimentation là, on va augmenter à vitesse constante la tension, on va varier
la tension, on va commencer par une tension qui est égale à zéro, on va atteindre une tension de…
458
I : Cela modélise la tension ?
E : C’est l’entrée, la fonction d’entrée et comme on a dit, si la fonction d’entrée c’est la tension et la
fonction sortie c’est le courant, on peut faire ça pour mieux visualiser (montre les graphiques).
I : Quand tu vois la réponse, qu’est-ce que ça t’inspire ?
E : Là [référence à la figure 1], tu peux déduire plein de choses, tu peux savoir le courant de sortie à
une certaine tension d’entrée, tu peux voir d’ailleurs comment le système se comporte en fonction
d’une certaine tension… ça, c’est ce qu’on a appliqué à l’entrée c’est la droite et ça c’est la réponse, on
peut déduire qu’en fait là, le moteur ne réagit pas immédiatement, il y a une durée de retard, il ne
démarre pas directement…
I : Ça indique que le moteur, ici, ne fonctionne pas ?
E : A partir de ce point là le moteur se met à tourner, la vitesse augmente, augmente, augmente,
jusqu’à qu’elle atteigne une certaine vitesse ici.
I : Et ça c’est comme ça ?
E : Non, comme vous voyez ici ce n’est pas linéaire.
I :On va voir si j’ai bien compris, ça c’est les paramètres qu’on va considérer dans le système
E : Et ça représente aussi la modélisation mathématique.
I : Et ça c’est le schéma bloc qui représente aussi ça ?
E : Oui, qui représente le modèle mathématique.
I :Quand on utilise le logiciel c’est plus facile d’utiliser la modélisation sous forme de schéma bloc ?
[L’explication est faite en référence au schéma bloc du rapport intermédiaire]
E : Parce que si on utilise Matlab, tu es obligé de taper à chaque fois la fonction et pour afficher les
différents graphes pour chaque module, chaque bloc qu’on utilise dans le schéma bloc, ici, ça
correspond à quelque chose : là c’est un opérateur arithmétique qui additionne ce que t’as ici à la
sortie, c’était égal à ça moins ça ici, par exemple, là ici on peut mettre une fonction ici
x p u p e p ça correspond à cet opérateur-là, c’est ce qu’il fait ici.
I : Les signes ici ça veut dire quoi ?
E : C’est addition, en fait si on avait mis moins ici, on aurait X p U p E p
Le premier terme est positif suivant multiplié par moins 1 quand on met un schéma bloc comme celui-
1
I p
là, ça, ça veut dire que la tension de sortie divisée par X(p), donc R
X p L et ça c’est ce qui
1 p
R
modélise ce qu’on a ici, [régime permanent] plutôt ce qu’on a ici [régime dynamique], par exemple si
on prend celle-là… et qu’on applique la transformée de Fourier inverse on aura d’abord… On va faire
ça
di
u (t ) e(t ) Ri(t ) L et si on applique la transformée de Fourier, la transformée de Laplace on
dt
aura U ( p ) E ( p ) RI ( p ) LpI ( p ) si on fait par exemple ça on
U ( p) E ( p)
R Lp
aura I ( p )( R Lp ) U ( p ) E ( p ) donc ça, ça veut dire que I ( p) et si on fait
1 1
l’inverse on aura I(p)/U(p)-E(p)=1/R+Lp, et si on multiplie ici par un et ici par [montre le
R R
1
I ( p)
numérateur et le dénominateur de la fraction] R
U ( p) E ( p) L en fait là, c’est plus…dont ce
1 p
R
459
paramètre là est égal à ça divisé par ça et ça c’est ce qu’on aura à la sortie, ça c’est qu’on a à l’entrée
X ( p ) U ( p ) E ( p ) donc cette équation là elle est modélisée par cette partie là et le reste, l’autre
équation mécanique, ça intervient ici. [Il montre la seconde partie du schéma]
I : Au moment de faire ça dans le logiciel, tu n’as qu’à manipuler les paramètres ?
E : Les paramètres d’entrée, les variables… comme on a fait ici R= 3, L=2, et ici je pense que j’ai
changé de paramètre, au début j’avais utilisé Ke, et après j’ai fait K =Ke pour ne pas…
I : Ici, ça veut dire que tu demandes le graphique ?
E : Un graphique. Si on veut faire ici, on….[manipule]. C’est ça, si on veut afficher, on est obligé à
chaque fois de….
I : Mais ce graphique-là, il n’a considéré que cette partie de schéma bloc seulement ou il considère
tout ?
E : Non, il considère tout, c’est qu’on a fait ici ; vous voyez ici le scope, on a mis un scope à l’entrée,
un autre scope à la sortie pour visualiser le deux : l’entrée et la sortie pour pouvoir les comparer et
c’est pour ça qu’on a obtenu ça, l’entrée ça correspond à ce scope 1, la sortie à ce scope 2. Ça, ça nous
permet d’avoir une modélisation, ça nous permet de tester, par exemple si on veut concevoir le moteur
on peut le concevoir sur le logiciel, si on veut tester les différents paramètres par exemple, en
augmentant la tension on peut savoir les différents comportements, par exemple dans cette partie-là ou
dans cette partie-là. Cette partie-là elle est linéaire, donc on peut dire que le moteur peut être utilisé
linéairement dans cette partie-là, on peut augmenter la vitesse. Par contre, dans d’autres parties ce
n’est pas linéaire, donc si on veut utiliser le moteur par exemple pour une locomotive, un train ou
quelque chose comme ça on a besoin que la vitesse reste linéaire par rapport à la tension
d’alimentation, on ne peut utiliser le moteur que dans cette plage d’alimentation-là, les autres parties
ce n’est pas linéaire, donc on ne peut pas l’utiliser.
I : C’est seulement toi qui travaille dans cette partie du projet ?
E : C’est moi et mon copain, lui il s’occupe juste du choix du moteur, comment on va choisir le
moteur, les différentes parties.
I : Mais c’est toi qui travailles sur cette partie de la modélisation ?
E : Dans cette partie là, c’est moi, je m’en suis occupé pour le rapport, mais après quand on va réaliser,
on va travailler tous les deux, lui il est en train de chercher sur le moteur, sur le moteur qu’on va
choisir, qu’on va utiliser, c’est presque la même chose le même système, comparer par rapport aux
graphes et tout ça. Lui, il va comparer par rapport aux graphes pour pouvoir choisir…
C’est maintenant que je fais la simulation, là c’est la modélisation du moteur, c’est juste la
modélisation du moteur. Là quand on va l’alimenter, on va l’alimenter, le comportement du moteur,
mais nous on va ajouter un autre ici, on va mettre ça au lieu de faire ça directement, on va ajouter un
coup d’asservissement comme ça ce sera presque la même chose… [après incompréhensible].
[…] Mais là on n’étudie pas trop des choses par rapport à d’autres formations… je ne sais pas… c’est
la formation de l’IUP qui est comme ça, il veut former des gens généralistes qui peuvent faire
n’importe quoi, une formation avec des stages en entreprises ; par contre dans d’autres écoles
d’ingénieurs, ils sont plus théoriques, plus mathématiques, il y a même des écoles d’ingénieurs qui
n’ont pas ces systèmes de modélisation.
En fait, tu vois là j’ai ajouté un régulateur non identifié, on doit voir sa réponse, la réponse par rapport
à…
I : Réponse ça veut dire quoi ?
E : La réponse c’est comment la machine de notre système se comporte avec ce système-là, on a le
moteur dans cette partie-là et on a rajouté un autre élément qui va réguler. Là on a mis à l’entrée une
rampe et c’est ça ce que ça nous a donné, si on utilise par exemple ce système-là il change le
comportement du moteur, si on ajoute ce système-là.
I : Et comment tu vois ça ?
E : Par exemple là, au début là quand on commande le moteur la vitesse du moteur va diminuer au
bout d’un moment après il va commencer à accélérer jusqu’à atteindre une certaine vitesse et celle-ci
va se stabiliser après
460
I : Dans le projet vas-tu faire l’étude du moteur ?
E : On a fait tout ça pour pouvoir déterminer un moteur, il nous reste encore une partie puisqu’on fait
le système qu’on veut utiliser…ça c’est presque la même chose qu’ici, on a un système électrique, on
a modélisé mathématiquement, après on a trouvé par exemple, on a ça, ça c’est les équations
électriques du système, on peut les modéliser sous forme d’un schéma électrique, d’un schéma bloc et
on peut aussi étudier le comportement du système [pas clair]
I : C’est toi qui décides tout ça ?
E : Non, c’est un exercice après ils nous ont donné ce schéma là, après une manière de déterminer les
équations après on les a déterminées, je pense qu’après ils nous ont demandé de faire l’équation d’état
du système. L’équation d’état de système, ça s’écrit sous cette forme-là, la dérivée d’un paramètre
intermédiaire de x et l’équation de sortie, c’est une sorte d’équation différentielle et une équation de
sortie, après il fallait déduire, déterminer le comportement du système, tracer le graphes et tout ça. Je
voulais faire une antenne pour le wifi et j’ai fait des études pour déterminer une antenne quand j’étais
à l’IUT, je faisais l’électronique et c’est pour ça que…
461
462
Annexe 5. Bilan de la pré-expérimentation
Annexe 5. Bilan sur l’état du travail pré-expérimental
I INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 462
II METHODOLOGIE DE LA PRE-EXPERIMENTATION ................................................................... 462
II.1 METHODOLOGIE QUALITATIVE BASEE SUR LE SUIVI D’UN CERTAIN NOMBRE DE PROJETS ................. 462
II.2 ENTRETIENS ......................................................................................................................................... 463
II.3 ANALYSE DES DONNEES ...................................................................................................................... 464
II.4 ANALYSE DES TACHES ......................................................................................................................... 467
II.4.1 Projet : Conception d’un châssis de buggy tout terrain en fonction de la réglementation FIA T2
467
Technique ...................................................................................................................................................... 468
II.4.2 Synthèse .......................................................................................................................................... 470
II.4.3 Projet 1 : Véhicule Biplace Economique ....................................................................................... 471
II.4.4 Synthèse .......................................................................................................................................... 472
III SYNTHESE GENERALE ......................................................................................................................... 473
I Introduction
Nous présentons ici des éléments de la pré-expérimentation que nous avons menée durant
l’année 2004-2005 à l’IUP d’Evry. Cette pré-expérimentation nous a permis de nous familiariser avec
le dispositif de projets et d’analyser la pertinence de ce contexte expérimental par rapport à notre
problématique.
Nous avons exploré le contexte expérimental et nous avons mis à épreuve une méthodologie
d’immersion. Le choix de projets, les entretiens « prise de contact » et le questionnaire sont des
éléments méthodologiques que nous avons mis en œuvre dans la pré-expérimentation à titre
« exploratoire ». Nous présentons ici ces éléments et une première analyse de données obtenues avec
l’objectif d’évaluer ces éléments méthodologiques et leur pertinence quant à l’expérimentation.
L’analyse des tâches ici présentée constitue une première analyse qui est très incomplète mais
qui permet de montrer la nature des tâches des projets et les difficultés que nous avons rencontrées
pour les analyser. La réflexion sur ces difficultés nous permettra d’élaborer des outils
méthodologiques mieux adaptés afin d’obtenir des données pour réaliser l’analyse des projets de
l’expérimentation : ceci est l’objectif général de ce bilan.
II Méthodologie de la pré-expérimentation
II.1 Méthodologie qualitative basée sur le suivi d’un certain nombre de projets
La quantité de projets affectés aux équipes d’étudiants varie chaque année mais peut être
évalué à plus d’une quarantaine. Les thèmes des projets sont proposés selon différents domaines tels
que : l’aéronautique, le design, l’informatique, la mécanique, la productique et la thermique. Certains
projets sont associés à un thème quadriennal tel que : Automobile légère, assistance, simulateur, drone
et plateforme modulaire.
Afin d’effectuer un premier choix de projets nous avons eu accès aux fiches de proposition des
sujets de projet dans lesquelles est présentée la note de centrage qui porte sure une brève description
du projet. A partir de ces descriptions nous avons décidé de choisir certains projets encadrés dans le
même thème ou domaine afin de pouvoir centrer notre étude. Ce critère laisse encore une grande
quantité des projets possibles comme objets d’étude. Pour choisir les projets à suivre pendant toute
leur démarche, il est nécessaire de mener des entretiens avec certaines équipes. Ceci permettre de
mieux connaître les projets et de considérer ceux qui sont susceptibles de faire intervenir des
mathématiques dans leur développement.
Pour notre pré-expérimentation nous avons choisi trois projets, un d’aéronautique et deux de
mécanique :
462
Système expérimental d'analyse en soufflerie, projet réalisé par l’équipe que nous appelons
1, qui a été composée par quatre étudiants de GSI aéronautique.
Véhicule Biplace Economique, projet réalisé par l’équipe que nous appelons 2, qui a été
composée par deux étudiants GSI design et deux étudiants GSI Productique.
Conception d’un châssis de buggy tout terrain en fonction de la réglementation FIA T21,
projet réalisé par l’équipe que nous appelons 3, qui a été formée par quatre étudiants de GM.
Ce choix, comme signalé plus haut, a été effectué à partir de la lecture des fiches de proposition
ainsi que des premiers entretiens réalisés auprès de certaines équipes. Nous présentons ces outils
méthodologiques dans la partie suivante.
II.2 Entretiens
Nous présentons ici les caractéristiques de deux entretiens que nous avons réalisés dans la
première phase du projet.
Pour préparer ces entretiens, nous avons particulièrement pris en compte un résultat issu de la
recherche de Noss & Kent (2000) : le peu ou la non reconnaissance de l’utilisation des mathématiques
dans le monde du travail, surtout dans les activités quotidiennes ou de routine, tandis que dans les
situations imprévues ou accidentelles les manières de réagir des praticiens pour les envisager,
permettent de voir l’utilisation des mathématiques de manière plus évidente. Ceci nous a fait supposer
que trouver l’utilisation explicite des mathématiques, était peu probable à partir d’un entretien. Nous
avons, cependant, décidé de poser la question de manière directe dans le premier entretien.
Premier entretien
Le premier entretien a été réalisé dans la première semaine dans l’objectif de nous approcher des
sujets des projets et de connaître l’utilisation possible des mathématiques. Dans la première semaine
du projet les équipes ont à peine commencé à faire le plan du projet, à effectuer les premières
recherches sur le sujet, les matériaux et produits existants et à planifier la conception du projet. Pour
cela, nous avons demandé aux étudiants s’ils considéraient une utilisation possible des mathématiques
pour le développement de leur projet. L’idée de la démarche du projet était très générale et obtenir des
réponses à des questions plus précises concernant les mathématiques était difficile. Les questions
posées permettent, en revanche, d’avoir une vision générale des projets et d’établir une première prise
de contact avec les équipes.
Deuxième entretien
Cet entretien s’est réalisé le neuvième jour de travail. A ce moment là, il y avait beaucoup plus
d’idées, une vision plus globale de la démarche à suivre et une première division du travail. Pour ce
deuxième entretien, nous avons pris en compte les réponses obtenues dans le premier entretien. Les
questions sur l’utilisation de mathématiques ne pouvaient ainsi être posées de manière générale, en
utilisant seulement le terme « mathématique ». Nous avons décidé de poser trois questions concernant
l’utilisation des mathématiques, de la manière suivante :
4. Avez-vous fait des calculs ? Si, oui lesquels ?
5. Avez-vous utilisé des formules, des graphiques, des représentations géométriques ? Si oui,
lesquelles et pourquoi faire ?
6. Avez-vous utilisé d’autres mathématiques (algèbre, analyse,…) ? Si oui, lesquelles et
pourquoi faire ?
Afin de connaître le rapport entre les mathématiques explicitées dans le projet pour les étudiants et
celles de leurs cours des mathématiques, nous avons posé la question suivante :
8. Pensez-vous que certains de vos cours de mathématiques vous seront utiles pour la
réalisation de ce projet ? Si oui, lesquels et pourquoi ? Si non, pourquoi ?
1
Fédération Internationale Automobile – Véhicules Tout Terrain
463
Nous avons complété cet entretien avec cinq questions autour de la démarche du projet et des
connaissances utilisées ou susceptible de l’être.
1. Où êtes-vous dans le déroulement de cette partie du projet ?
2. Etes-vous satisfaits de l’avancement de votre travail ?
3. Quels types de connaissances, d’outils, de compétences, avez-vous utilisé ?
4. Pour l’étape suivante, quels éléments croyez-vous qu’il vous sera nécessaire de connaître ?
5. Le projet vous semble-t-il important dans votre formation ? Pourquoi ?
Par ailleurs et afin de connaître les objectifs institutionnels de la réalisation des projets, nous
avons réalisé un entretien avec le professeur responsable de la conception et la démarche de cette
activité. Cet entretien s’est réalisé avec l’objectif de clarifier les caractéristiques des projets, leurs
objectifs, les attentes institutionnelles, leur évaluation et leur raison d’être dans la formation des futurs
ingénieurs.
464
Q : Avez-vous fait des calculs ? Si, oui lesquels ?
Réponses Equipe 1
-oui, des calculs de dimensionnement de la soufflerie (puissance…) et aussi des calculs en aéronautique
pour pouvoir déterminer le rapport entre la pression dans la veine d’essaie de la soufflerie et la vitesse
d’écoulement, et aussi le rapport entre la pression et la hauteur affichée sur le tube en U.
-Nous avons utilisé les calculs pour calculer la vitesse de l’air dans une soufflerie à partir de la pression.
Pour cela nous avons utilisé le théorème de Bernoulli.
-Oui des formules de pression, Bernoulli et les formules des actions mécaniques.
-On a utilisé des formules de mécanique des fluides (Bernoulli par exemple), des graphes sur Excel.
Réponses Equipe 2
-oui, un peu de trigonométrie sur la partie suspension.
-Calculs de résistance du châssis sous le logiciel RDM6.
-Calcul d’angles et de distances, calcul du poids.
-Trigonométrie
D’autre part, l’utilisation des mathématiques est vue à travers l’utilisation des logiciels.
Q : Avez-vous utilisé des formules, des graphiques, des représentations géométriques ? Si oui,
lesquelles et pourquoi faire ?
Equipe 2
-Oui, sous RDM6.
-Oui avec RDM6 (modélisation des efforts que doit soutenir le châssis).
-Nous avons utilisé des représentations géométriques (graphique).
-Oui par l’intervention du logiciel RDM 6.0.
L’équipe 3 qui avait répondu non à la réalisation de calculs avait reconnu l’utilisation de
formules dans la question suivante :
Nous avons utilisé une formule pour l’Aérodynamisme :
cst var cst cst
-carrosserie-
La forme à un
S c x 0,3
ρ : masse volumique de l’Air à 0,2
-la donnée est constante
S : Section au vent
-la donnée est variable
Conclusion
465
Pour faire une carrosserie et donc un véhicule Aérodynamique avec peu de traînée
S, la section doit être petite. Les passagers seront l’un derrière l’autre.
-une petit approche de la puissance nécessaire pour amener le véhicule à 130 km / h à savoir
1
p S c x v 3 fmgv
2
A la question posée pour traiter le rapport possible entre les mathématiques apprises dans les
cours et les mathématiques nécessaires ou utilisées dans la réalisation du projet, l’équipe 2 seulement a
répondu affirmativement ; cependant ces réponses sont très vagues. Les autres deux équipes n’avaient
pas trouvé une utilisation de ces mathématiques : l’équipe 1 a dit qu’il n’y a pas de rapport entre ces
mathématiques et la réalisation de leur projet, tandis que l’équipe 3 a remarqué plutôt l’utilisation des
logiciels pour trouver ces résultats.
Q : Avez-vous utilisé des formules, des graphiques, des représentations géométriques ? Si oui,
lesquelles et pourquoi faire ?
Equipe 1
-Dans ce projet on n’applique pas tout a fait ce qu’on apprend en maths mais c’est un peu utile pour
l’avancement et le bon déroulement du projet.
-Non pour le projet de la soufflerie, il ne faut pas un niveau en maths trop important.
-Non parce que notre projet n’est pas forcément électronique et les maths qu’on a eues seront plutôt
utilisées en électronique.
- Nous n’aurons pas l’occasion d’utiliser certains cours de maths car il sont très spécifiques et ne
touchent pas le thème de notre projet réellement.
Equipe 3
-Non, on travaille sur logiciel informatique.
-Non, car les logiciels nous fournissent les résultats directement.
-Non aucun rapport avec les cours de cette année.
-Non aucun rapport avec le projet.
Ces deux entretiens nous ont apporté une idée plus générale de chaque projet ainsi que la
connaissance des logiciels, des ressources et des outils employés pour effectuer la conception globale
du projet. Nous avons eu aussi un aperçu de l’avancement du projet dans les deux premières semaines
de travail.
L’analyse des données nous permet également de mettre en évidence que le niveau de
mathématiques explicitées comme utilisées, reste à un niveau de mathématiques dites élémentaires.
Les savoirs mathématiques qui interviennent dans l’utilisation des logiciels que nous supposons
correspondent à des mathématiques dites complexes (universitaires) qui restent formulée dans des
termes d’une utilisation implicite pour les étudiants. Des questions émergent : quels types de
connaissances mathématiques interviennent dans l’utilisation des logiciels ? Jusqu’à quel niveau
l’utilisateur du logiciel doit-il connaître ces mathématiques ? Quelles technologies (dans le sens de la
TAD) sont mobilisées dans cet usage ?
Une analyse praxéologique de projets concernant les tâches réalisées à l’aide de ces logiciels nous
permettra d’approcher ces questions.
466
II.4 Analyse des tâches
Notre analyse porte sur des tâches qui font intervenir les mathématiques de manière explicite et
qui sont repérées dans le rapport intermédiaire. Les rapports intermédiaires sont des documents conçus
pour expliciter la démarche générale du projet.
Pour notre analyse, nous allons donc considérer les trois rapports intermédiaires correspondants aux
projets choisis, en portant une attention particulière aux besoins mathématiques et aux types de savoirs
mathématiques utilisés dans la réalisation du projet.
Pour notre analyse nous faisons un découpage des tâches et nous faisons une analyse
praxéologique en nous appuyant sur les outils fournis par la Théorie Anthropologique du Didactique
(Chevallard, 1999).
Les tâches que nous allons analyser ne s’inscrivent pas dans notre domaine, nous allons donc
considérer deux éléments pour connaître la validité des résolutions faites pour les étudiants :
1. des entretiens avec les professeurs réalisés afin de connaître son point de vue sur les
résolutions faites pour les étudiants,
2. les évaluations des rapports faites pour les professeurs.
Nous portons une attention particulière à la nature des tâches qui interviennent dans le projet,
ainsi qu’aux techniques mises en œuvre par les étudiants. Ceci afin de savoir, si elles constituent des
techniques purement mathématiques, « empiriques » ou associées à des savoirs pratiques. A partir des
entretiens menés pendant la première phase, nous avons constaté que les types de savoirs
mathématiques intervenant dans les projets, ne constituent toujours pas de savoirs théoriques. Nous
allons donc analyser les types d’éléments mathématiques utilisés dans la résolution de la tâche et la
façon dont ils sont utilisés : comme modèle, comme algorithme, au moyen d’une formule ou comme
un type de représentation (graphique, géométrique, etc.)
L’analyse est faite en faisant un découpage en « tâches principales » et en sous tâches. Les
tâches principales ne font nécessairement pas intervenir de mathématiques ; les sous-tâches par contre
sont de tâches qui font intervenir de mathématiques de manière explicite. Au début de la deuxième
phase nous avons demandé aux étudiants de faire une présentation orale du travail ; à ce moment-là la
démarche du projet est définie. Cette présentation est demandée afin de rendre compte de quelques
indices des mathématiques en jeu.
Nous présentons dans la suite l’analyse d’une tâche du projet 3 : la conception d’un châssis de
buggy tout terrain en fonction de la réglementation FIA T2 ainsi que le découpage et une première
analyse de deux tâches du projet 2.
467
Pour caractériser les structures de châssis, les étudiants ont fait des recherches sur les différentes
architectures utilisées par les constructeurs ; l’objectif étant de savoir quels éléments on doit
considérer pour la réalisation du châssis.
Technique
Les étudiants ont fait une analyse des différentes photographies et des textes descriptifs. Dans
le rapport intermédiaire il n’apparaît pas d’exemple de ces photographies ; les livres et les ouvrages
consultés ne sont pas non plus mentionnés. A partir des entretiens menés auprès des étudiants et de
l’observation faite, on sait que la recherche des modèles existants s’est faite la plupart du temps sur
Internet. Afin de connaître si cette façon de faire est celle attendue, le tuteur du projet nous a indiqué
que l’Internet est devenu un outil nécessaire pour connaître ce qui existe déjà. Ces informations
permettent ensuite de déterminer si on fait le produit proposé ou si on l’améliore.
A partir des observations précédentes, les étudiants ont remarqué que deux types de tubes
existent : des tubes carrés et des tubes ronds. Ils ont effectué alors une analyse pour choisir le type de
tube à utiliser.
Technique
Les étudiants ont modélisé deux poutres (une pour chaque type) de quantité de matière et
d’encombrement identique.
« Les deux tubes sont encastrés à leurs extrémités. Nous avons alors appliqué une même charge
ponctuelle au milieu de celles-ci. Cette comparaison a été effectuée à l’aide du logiciel de
résistances des matériaux RDM 6 » (Rapport intermédiaire, p.8)
Cet exercice de comparaison a été réalisé dans le logiciel RDM6. Dans le logiciel, les
étudiants doivent choisir la quantité de matière d’encastrement, la force et le point où la force va
s’appliquer.
Technique concernant la comparaison des tubes à section ronde et carrée avec le logiciel RDM
Les étudiants décrivent la technique de la manière suivante :
« Nous avons modélisé deux poutres (une pour chaque type) de quantité de matière et d’encombrement
identique. Les deux tubes ont été encastrés à leurs extrémités. Nous avons alors appliqué une même
charge ponctuelle au milieu de celle-ci » (Rapport intermédiaire, p.8)
Les étudiants présentent dans le rapport six figures obtenues dans le logiciel en précisant qu’à
partir d’une analyse de celles-ci il est possible de conclure que le tube à section ronde est meilleur que
le tube à section carrée.
« En analysant les résultats obtenus, nous avons constaté que les tubes à section ronde étaient moins
sujets aux déformations que les tubes à section carrée (figure 1, 2 ,3, 4, 5 et 6) » (rapport intermédiaire
p.8)
Dans le rapport il n’apparaît aucune explication sur les figures. Afin de comprendre la
réalisation de la tâche, nous avons demandé à un des enseignants si la tâche réalisée dans le logiciel
était bien réalisée. L’enseignant nous a expliqué que les figures 1 et 2 montrent les efforts sur une
section de tube, et que la valeur numérique assignée à chaque couleur mesure l’effort causé dans la
zone colorée correspondante.
468
Figure 1.Section ronde effort normal. Figure 2. Section carrée effort normal
Les figures 5 et 6 montrent les efforts sur la section de tube de la même façon que les figures 1
et 2 mais avec la différence que ces deux dernières sont considérées par rapport aux deux axes x et y et
pas avec seulement un seul axe. L’enseignant nous a expliqué que si on fait la dernière tâche, les deux
premières ne sont pas nécessaires.
469
Technologie
Les étudiants doivent choisir la forme tubulaire qu’ils vont utiliser pour la construction du
châssis ; pour ce faire, ils réalisent une recherche dans laquelle ils découvrent que les constructeurs
utilisent deux types de tubes. Il est nécessaire d’expliquer les raisons de l’utilisation de l’un ou l’autre.
Ils utilisent alors le logiciel RDM 6 pour faire cette comparaison. La manière de faire est celle de
soumettre les deux types de tubes aux mêmes conditions, c'est-à-dire qu’on place le même poids sur le
tube carré et sur le tube rond. Puis, on calcule les déformations causées et à partir de cette information
on a un critère pour choisir. On voit que cette tâche s’avère nécessaire pour justifier le choix des
étudiants ; à partir de l’entretien avec le tuteur, on en déduit qu’il y a plusieurs autres critères pour
faire la comparaison (y compris le prix) mais que dans le cas que nous étudions, le critère utilisé est un
bon critère.
Il est difficile d’identifier les éléments mathématiques qui contribuent à la réalisation de cette
tâche puisque le travail mathématique est pris en charge par le logiciel. L’interprétation de
l’information que donne le logiciel est l’élément qui permet de conjecturer, évaluer, et proposer la
solution au problème posé. Nous pouvons dire que, pour faire l’interprétation de ces représentations
graphiques, il est nécessaire de connaître la représentation graphique du minimum d’une fonction.
Déterminer d’autre type de connaissance semble compliqué, du moins, à partir de la seule information
qui apparaît dans le rapport.
Néanmoins, il est intéressant de relever que l’étudiant est capable de reconnaître les calculs
d’efforts effectués automatiquement par le logiciel, comme résultats valides. Cette affirmation
s’appuie seulement sur le fait que l’étudiant utilise le résultat obtenu comme valide, c’est difficile de
savoir s’il fait totalement confiance à l’instrument ou s’il est obligé de vérifier.
Dans ce scénario, dans lequel l’élève utilise un logiciel comme une interface pour réaliser les tâches
mathématiques, on se pose la question suivante : quels types de connaissances doit-il avoir pour
interpréter et valider les résultats obtenus ?
Tâche Diminuer l’écartement
Le buggy a différents empattements selon sa position :
- si le buggy reste dans sa position d’équilibre, il y aura un certain empattement,
- mais si l’amortisseur est comprimé, il y aura un changement de distance entre les deux
moyeux.
Technique
Les étudiants ont fait un modèle du phénomène qui est décrit ci-dessus. Pour la première position, ils
ont désigné par d1, la distance qui existe entre les deux moyeux, et quand le buggy change à la
deuxième position, ils l’ont désigné par d2. Ensuite ils ont défini l’écart comme dI = d1 – d2. Pour
diminuer la distance dI le plus possible, ils ont proposé de mettre en place un angle de carrossage, de
façon à que ce dernier permette d’avoir un empattement constant entre les deux positions.
Cette tâche n’est pas réalisée après par les étudiants.
II.4.2 Synthèse
On présente seulement l’analyse d’une tâche du projet 3 qui fait intervenir des mathématiques.
Cette analyse nous a demandé cependant beaucoup de temps car nous avons besoin de connaître la
technique institutionnelle et la technologie associée ; ceci nous permet d’analyser le travail de
l’étudiant ainsi que sa pertinence. Afin d’avoir accès à la technique institutionnelle nous avons réalisé
un entretien auprès d’un enseignant de l’institution qui nous a montré la technique sur le logiciel ; cet
enseignant juge aussi le travail des étudiants. De même, nous avons interrogé le tuteur du projet sur
l’intérêt de réaliser cette tâche. A partir de ces deux entretiens on voit que la technique utilisée par les
étudiants afin de déterminer le tube à section ronde ou à section carrée ressemble à ce qui est mis à
disposition par la formation. Ils ne considèrent pas comme une autre possibilité celle du critère du prix
qui est suggérée par le tuteur ; lorsqu’ils essaient de justifier le type de tube à utiliser, ils font donc
appel à des techniques institutionnelles.
470
Dans notre analyse, on ne peut pas déterminer le rôle que les mathématiques jouent dans cette
tâche, sont-elles encapsulées par le logiciel ?
La deuxième tâche de l’écartement est mise en évidence dans l’entretien sur le rapport
intermédiaire mais les étudiants n’ont pas fini cette tâche.
On constate une difficulté à analyser les tâches à partir des données et les traces du travail fournies par
les étudiants. Afin de rendre compte des mathématiques encapsulées et des mathématiques mobilisées
par les étudiants, il nous semble nécessaire d’analyser les enseignements des disciplines intermédiaires
et de nous familiariser avec les logiciels tels que RDM. Nous avons mené un entretien auprès du tuteur
et d’un autre enseignant afin d’obtenir d’une part l’évaluation des techniques faites par les étudiants et
d’autre part un éclaircissement des éléments de ces techniques. Dans l’éclairage concernant la tâche du
choix de tubes à section ronde et carrée, nous remarquons que l’enseignant utilise des connaissances
autres que mathématiques pour évaluer cette technique.
Technique :
Pour réaliser cette tâche, il est nécessaire de réaliser certaines sous-tâches telles que :
-Déterminer la puissance la plus faible possible
-Déterminer la surface frontale S la plus petite possible
Tâche 1.1 Déterminer la puissance la plus faible possible
« La puissance absorbée par le véhicule doit être la plus faible possible par rapport aux contraintes
identifiées par le cahier des charges ». (Rapport intermédiaire, p. 4)
Technique
Les étudiants font une interprétation de la formule ; ils identifient les éléments qui sont des
variables ou des constantes, uniquement dans ce cas particulier. Après l’identification de ces éléments,
les étudiants déterminent que la variable à minimiser est F, et font varier deux paramètres : la surface
frontale S et Cx qui est déterminé par la forme du véhicule.
F = 1/2ρ v² S Cx
Technologie
Les étudiants font une analyse qualitative de cette relation fonctionnelle et l’adapte à la tâche
du projet. L’utilisation de la formule permet de dégager d’autres sous-tâches pour optimiser la variable
souhaitée. Ces sous-tâches ne sont pas seulement mathématiques, elles font entrer d’autres éléments
comme la distribution des passagers à l’intérieur de la voiture.
La formule est un modèle type, elle est institutionnelle mais les étudiants doivent l’adapter au
contexte du projet ; autrement dit, ils doivent donner du sens à cette formule pour réaliser la tâche
proposée.
Tâche 1.2 Déterminer une surface frontale S la plus petite possible
Cette tâche est nécessaire afin de respecter les contraintes du cahier des charges.
Technique
Afin de déterminer S, les étudiants considèrent la position des passagers à l’intérieur du véhicule :
« La section maximale perpendiculaire au vent relatif dépend de la position des passagers, des roues ou
encore de la position du moteur » (Rapport intermédiaire, p.5)
Pour définir la position des passagers, ils considèrent différents schémas possibles :
Passager couché Passager assis
Roue Sol
Passager couché 1 5
Passager assis
Roue 2 6
Sol
3 7
4 8
Cette définition de positionnement de passager à l’intérieur du véhicule est une sous-tâche qui
est nécessaire pour réaliser la tâche précédente. Dans ce projet, la vitesse est considérée comme une
constante, la masse comme une constante physique, et le coefficient de pénétration dans l’air est en
relation avec la structure du véhicule, il est donc nécessaire de définir d’abord la structure du véhicule
avant de pouvoir calculer le Cx.
On voit que la technique utilisée ici ne fait pas intervenir explicitement des mathématiques.
On peut s’interroger sur l’intérêt d’analyser cette sous-tâche.
II.4.4 Synthèse
Nous avons présenté ici un découpage de tâches et une ébauche d’analyse afin de montrer la
difficulté qui en résulte (voire même l’intérêt de l’effectuer). On voit apparaître une formule
mathématique que les étudiants analysent qualitativement dans le but de déterminer des sous-tâches et
de développer leur projet. D’un point de vue mathématique et plus précisément du point de vue de
l’enseignement de mathématiques, il est difficile de montrer le rôle de mathématiques dans les projets.
472
Il nous semble que les données obtenues ne nous permettent pas d’analyser ces tâches.
Comme dans le cas précédent, nous considérons que ceci peut être lié à la nature des tâches, et à un
certain manque d’outils méthodologiques. Par conséquent, nous avons suivi la deuxième phase du
projet. Nous avons réalisé des entretiens pendant cette phase à propos du rapport intermédiaire afin de
comprendre certaines tâches, certains processus, les manières de valider ainsi que les techniques mises
en places et les ressources employées. On constate alors le rôle important du logiciel mais nous
n’avons pas d’éléments pour rendre compte du rôle des mathématiques qui interviennent dans cet
usage.
473
Annexe 6. Entretiens de la pré-expérimentation
Annexe 6. Entretiens prise de contact et questionnaire.
-oui, beaucoup
-bien sûr !
-Non, pas encore, pour le moment c’est la partie théorique, nous devons penser comment faire
le projet…
-les choses que nous devons utiliser, faire le plan
-Bien, je crois qu'en même temps on doit faire, une partie théorique et une autre partie
pratique, mais pour le moment, nous faisons le plan…
Vous croyez que les mathématiques sont importantes dans les travaux d’ingénierie ?
-oui, je crois
-Cela dépend de ce que tu fais comme ingénieur, mais je crois que oui
-pour le moment, oui, le principal problème de notre projet, c’est de calculer la vitesse.
-C’est un plan
474
-oui, ici dans le dessin, se trouvent toutes les choses qui ont un rapport avec notre travail
principal
- oui, chaque chose qui se trouve ici, a une relation avec le moteur, nous devons définir quel
type de relation et pourquoi
- c’est pour le contrôle du travail
Vous croyez que vous pouvez garder toutes ces feuilles pour que je les regarde ?
- je ne crois pas
-mais pour le moment nous n’avons rien fait
475
-Notre tâche c’est de faire le dessin
- Les formules empiriques ce sont elles qu’on utilise dans la pratique, où il n’y a pas à faire
les démonstrations.
-Vous apprenez à les utiliser avec l'expérience
-C’est pas nécessaire de les comprendre, vous devez seulement savoir faire, et comment on
doit s’appliquer.
- Cela dépend, dans les entreprises, il y a des rôles, il y a des ingénieurs mathématiciens,
ceux-là, oui, mais les autres, non
476
Outils nécessaires
Utilisation de
Equipe 1 pour le déroulement Pour quoi faire
mathématiques
du projet
-Faire des calculs
de pression, de
-la physique
vitesse, de
-l’informatique
température
2éme jour -mathématiques pour
faire le calcul de la
-utilisations des
vitesse
formules
mathématiques
-outils informatiques recherches sur les systèmes
(Internet) de soufflerie déjà existants
Mathématiques,
pour la partie installation
mécanique et
des capteurs
électronique
-dimensionnement de la
calculs calculs mathématiques
soufflerie (puissance)
déterminer le rapport entre
la pression dans la veine
calculs en aéronautique
d’essaie de la soufflerie et
la vitesse d’écoulement
calculer la vitesse de l’air
théorème de
mathématiques dans une soufflerie à partir
Bernoulli
de la pression
Questionnaire mécanique de fluides
Trouver le rapport entre
l’écoulement et les
physique et
formules différentes pressions et
9vième jour
aérodynamique
aussi d’effort sur la
structure à étudier
Pour déterminer le capteur
à choisir et les différentes
Conception formules électronique
étages et composants de la
carte du transmetteur
Réalisation d’une aile
Représentations d’avion et pour représenter
mathématiques
géométriques l’écoulement de l’air
autour de cette structure
L’étude aérodynamique et
analyses mathématiques
électronique
-la réalisation et
l’installation du capteur
- étude de l’aéronautique
algèbre mathématiques de la soufflerie et le profil
à étudier
477
formules
Réaliser ce qu’on a
propose comme solution
Electronique, mécanique
Réalisation pour les problèmes de la
soufflerie
mathématiques calculs
Outils nécessaires
Utilisation de
Equipe 2 pour le déroulement Pour quoi faire
mathématiques
du projet
-nous devons
dimensionner
Entretien
prise de -Logiciel
-nous utiliserons
contact Les calculs
des calculs déjà
2éme jour faits, des
applications, des
formules
-outils informatiques
Questionnaire
word, Excel, photoshop,
CATIA V5,
solidworks, Conception en 3D
word
9vième jour Faire une carrosserie et
donc un véhicule
Formule pour
Mathématiques, aérodynamique avec peu
l’Aérodynamisme
de traînée S, section doit
être petite.
Conception
Formule de la Pour amener le véhicule à
mathématiques
puissance 130 km/h
Pour connaître la rigidité
Résistance de matériaux
des véhicules
-Pour calculée la rigidité
Logiciel Catia
Réalisation -conception 3D
Travailler sur le poster de
Photoshop, ilustrator
présentation
Algèbre linéaire mathématiques
L’étude des forces qui
Mathématiques s’exercent pour notre
véhicule
478
Outils nécessaires
Utilisation de
Equipe 3 pour le déroulement Pour quoi faire
mathématiques
du projet
-calculs de
Entretien résistances
prise de -logiciel CAD
contact (Conception assistée par Modélisation du châssis
-utilisations des
ordinateur)
2éme jour formules
empiriques
Connaissances de
résistances de matériaux
Trigonométrie Mathématiques, Calcul du déplacement
calculs de -pour la partie de
Questionnaire mathématiques
trigonométrie suspension
-Modélisation de la
structure
9vième jour
On travaillé sur le -calculs de résistance du
logiciel RDM châssis
479