Séance 2 - LA RENCONTRE DES VOLONTES
Séance 2 - LA RENCONTRE DES VOLONTES
Séance 2 - LA RENCONTRE DES VOLONTES
2024-2025
Séance 2
II. L’offre
III. L’acceptation
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le commentaire d’arrêt de l’arrêt Civ. 3, 7 mai 2008, 07-11.690, Publié au bulletin,
reproduit ci-dessous.
• Les copies rendues volontairement pour notation doivent être rédigées intégralement.
Elles ne doivent pas excéder huit manuscrites. (Une copie est rendue par semestre).
• Les exercices non-rendus pour notation doivent malgré tout être préparés. Ces
préparations peuvent être rendus volontairement à chaque TD pour être prises en compte
dans le cadre de la note de participation. Elles ne seront toutefois pas notées en tant que
telles.
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Pau, 17 octobre 2005), que par acte du 24 juin 2000, Mme X... a
signé, par l'intermédiaire d'un agent immobilier, une proposition d'achat d'un immeuble
appartenant aux consorts Y..., avec remise d'un dépôt de garantie ; qu'elle a retiré son offre
d'achat le 26 juin, tandis que l'agent immobilier lui adressait le 27 juin un courrier l'informant
de l'acceptation de cette offre par les consorts Y... ; que Mme X... a assigné ces derniers en
restitution de la somme versée et en paiement de dommages-intérêts ;
Attendu que pour accueillir cette demande, l'arrêt retient la validité de la rétractation de son
offre d'achat par Mme X..., celle-ci étant intervenue par lettre recommandée expédiée le 26 juin
2000, antérieurement à l'émission, par les consorts Y..., de leur acceptation par lettre
recommandée expédiée le 27 juin 2000 ;
Qu'en statuant ainsi, alors que si une offre d'achat ou de vente peut en principe être rétractée
tant qu'elle n'a pas été acceptée, il en est autrement au cas où celui de qui elle émane s'est engagé
à ne pas la retirer avant une certaine époque, et alors qu'elle avait constaté que les consorts Y...
disposaient d'un délai jusqu'au 27 juin 2000 pour donner leur accord, et qu'il en résultait que
Mme X... s'était engagée à maintenir son offre jusqu'à cette date, la cour d'appel a violé le texte
susvisé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen :
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CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 17 octobre 2005, entre les
parties, par la cour d'appel de Pau ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de
Pau, autrement composée ;
Document 1 :
• Article 1113
Le contrat est formé par la rencontre d'une offre et d'une acceptation par lesquelles les parties
manifestent leur volonté de s'engager.
Cette volonté peut résulter d'une déclaration ou d'un comportement non équivoque de son
auteur.
• Article 1114
• Article 1115
Elle peut être librement rétractée tant qu'elle n'est pas parvenue à son destinataire.
• Article 1116
Elle ne peut être rétractée avant l'expiration du délai fixé par son auteur ou, à défaut, l'issue d'un
délai raisonnable. La rétractation de l'offre en violation de cette interdiction empêche la
conclusion du contrat.
Elle engage la responsabilité extracontractuelle de son auteur dans les conditions du droit
commun sans l'obliger à compenser la perte des avantages attendus du contrat.
• Article 1117
L'offre est caduque à l'expiration du délai fixé par son auteur ou, à défaut, à l'issue d'un délai
raisonnable.
Elle l'est également en cas d'incapacité ou de décès de son auteur, ou de décès de son
destinataire.
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NB : Conformément aux dispositions du I de l'article 16 de la loi n° 2018-287 du 20 avril 2018,
les dispositions de l'article 1117 dans leur rédaction résultant de ladite loi sont applicables aux
actes juridiques conclus ou établis à compter de son entrée en vigueur.
• Article 1118
L'acceptation est la manifestation de volonté de son auteur d'être lié dans les termes de l'offre.
Tant que l'acceptation n'est pas parvenue à l'offrant, elle peut être librement rétractée, pourvu
que la rétractation parvienne à l'offrant avant l'acceptation.
L'acceptation non conforme à l'offre est dépourvue d'effet, sauf à constituer une offre nouvelle.
• Article 1119
Les conditions générales invoquées par une partie n'ont effet à l'égard de l'autre que si elles ont
été portées à la connaissance de celle-ci et si elle les a acceptées.
En cas de discordance entre des conditions générales invoquées par l'une et l'autre des parties,
les clauses incompatibles sont sans effet.
En cas de discordance entre des conditions générales et des conditions particulières, les
secondes l'emportent sur les premières.
• Article 1120
Le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu'il n'en résulte autrement de la loi, des usages, des
relations d'affaires ou de circonstances particulières.
• Article 1121
Le contrat est conclu dès que l'acceptation parvient à l'offrant. Il est réputé l'être au lieu où
l'acceptation est parvenue.
• Article 1122
La loi ou le contrat peuvent prévoir un délai de réflexion, qui est le délai avant l'expiration
duquel le destinataire de l'offre ne peut manifester son acceptation ou un délai de rétractation,
qui est le délai avant l'expiration duquel son bénéficiaire peut rétracter son consentement.
II. L’offre
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Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 10 avril 2014), que le 22 février 2010, la société
Kaufman & Broad Côte-d'Azur a adressé au gérant de la société civile Les Rives de la Bevera,
après discussions entre les deux sociétés, un document intitulé "proposition foncière" d'une
durée de validité de trois mois, pour l'acquisition d'un terrain au prix de 8 250 000 euros, en vue
de la réalisation d'un programme immobilier d'environ 15 000 mètres carrés SHON ; qu'il y
était mentionné : "en cas d'accord sur la présente proposition, nous vous proposons d'établir et
de conclure une promesse unilatérale de vente par devant notaire, après validation de notre
comité d'engagement foncier" ; que par lettre du 12 avril 2010, la société Kaufman & Broad
Côte-d'Azur a informé le gérant de la société civile Les Rives de la Bevera qu'elle ne donnait
pas suite à la "proposition foncière", en l'absence de validation par son comité d'engagement
foncier ; que la société civile Les Rives de la Bevera a assigné la société Kaufman & Broad
Côte-d'Azur en paiement de la somme de 412 500 euros en réparation de son préjudice financier
et d'image résultant du retrait de la proposition ;
Attendu qu'ayant relevé que la proposition de la société Kaufman & Broad Côte-d'Azur
détaillait le terrain concerné, le prix proposé, les conditions suspensives, les conditions
particulières, la prorogation du délai de la promesse de vente en cas de recours sur le permis de
construire, le planning prévisionnel, l'indemnité d'immobilisation et la durée de validité de
l'offre fixée à trois mois, et souverainement retenu que cette proposition s'analysait en une offre
de contracter dont l'acceptation suffisait à former le contrat et n'était pas assortie d'une réserve
tenant à la validation par le comité d'engagement foncier de l'offrant, la cour d'appel en a
exactement déduit que sa rétractation avant l'expiration du délai dont elle était assortie engageait
la responsabilité délictuelle de la société Kaufman & Broad Côte-d'Azur ;
D'où il suit que le moyen, qui n'est manifestement pas de nature à entraîner la cassation en sa
seconde branche, n'est pas fondé ;
REJETTE le pourvoi ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Poitiers, 7 mai 2009), que par acte sous seing privé conclu le 29
juillet 2005 avec le concours de la société Toss Avis immobilier, agent immobilier, M. X... a
vendu un immeuble aux époux Y..., sous la condition suspensive de l'obtention d'un prêt avant
le 5 septembre 2005, à 18 heures ; qu'estimant que la condition n'avait pas été réalisée dans le
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délai prévu, M. X... a donné l'immeuble en location à un tiers ; que les époux Y... l'on assigné
en paiement de la clause pénale stipulée au contrat, cependant que la société Toss demandait le
paiement, à titre de clause pénale, des honoraires dont elle avait été privée du fait du
comportement de son mandant ;
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt d'accueillir la demande des époux Y..., alors, selon le
moyen :
1° / que la condition suspensive d'obtention d'un prêt est réputée accomplie dès la délivrance
d'une offre ferme et sans réserve caractérisant l'obtention d'un prêt conforme aux stipulations
contractuelles ; que la cour d'appel a retenu pour condamner M. X... au paiement du montant
d'une clause pénale aux époux Y... et d'honoraires de négociation à la société Toss, qu'il
ressortait d'une attestation du Crédit mutuel de Poitiers du 6 septembre 2005 que les époux Y...
avaient obtenu le prêt sollicité le 26 août 2005, soit antérieurement à la date d'expiration de la
condition suspensive fixée au 5 septembre 2005 à 18 heures, que le compromis de vente n'ayant
prévu aucune disposition à propos de l'assurance de l'acquéreur, M. X... ne pouvait prétendre
que le prêt n'aurait pas été régulièrement accordé aux époux Y... au motif que ceux-ci ne
justifieraient pas d'une assurance pour le remboursement du prêt, et que le mandat exclusif qu'il
avait consenti à l'agence n'expirait que le 9 septembre 2005 ; qu'en statuant ainsi, et sans
rechercher si l'attestation délivrée par la banque " sous réserve de l'acceptation à l'assurance des
emprunteurs " constituait une offre ferme et sans réserve, la cour d'appel a privé sa décision de
base légale au regard des articles 1134 et 1176 du code civil et L. 312-16 du code de la
consommation ;
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d'obtention du prêt était édictée dans un souci de protection des acquéreurs, lesquels pouvaient
seuls s'en prévaloir ; qu'en statuant ainsi, bien que le vendeur puisse se prévaloir de l'expiration
du délai fixé pour la réalisation de la condition suspensive, la cour d'appel a violé l'article 1134
du code civil ;
Mais attendu que la clause " sous réserve de l'acceptation à l'assurance des emprunteurs " ne
porte pas atteinte au caractère ferme de l'offre de crédit caractérisant l'obtention d'un prêt au
sens de l'article L. 312-16 du code de la consommation ; qu'ayant relevé que les époux Y...
produisaient une attestation du Crédit mutuel de Poitiers établissant qu'ils avaient obtenu le prêt
sollicité le 26 août 2005, soit antérieurement à la date d'expiration de la validité de la condition
suspensive, la cour d'appel en a déduit à bon droit que la condition suspensive d'obtention du
prêt devait être considérée comme réalisée et a, par ces seuls motifs, légalement justifié sa
décision ;
Attendu, d'une part, que le premier moyen étant rejeté, le grief tiré d'une cassation par voie de
conséquence est devenu sans portée ;
Attendu, d'autre part, que M. X... n'ayant pas soutenu que l'opération n'avait pas été
effectivement conclue au sens de l'article 6, alinéa 3, de la loi n° 70-9 du 2 janvier 1970 ni que
le contrat stipulait que la rémunération de l'agent immobilier était à la charge du seul acquéreur,
le moyen est nouveau, mélangé de fait et, partant, irrecevable ;
REJETTE le pourvoi ;
III. L’acceptation
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 28 novembre 2012), que la société Lawrens & Co dont le
gérant était M. X..., était locataire de locaux commerciaux appartenant à M. Y..., lequel, par
courrier daté du 20 janvier 2009, adressé à « M. X... Boutique Lawrens », a informé le
destinataire de son intention de vendre les murs du local au prix de deux cent soixante mille
euros ; que par lettre recommandée avec demande d'avis de réception datée du 2 février 2009,
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M. X... a informé M. Y... de l'acceptation pure et simple de cette offre ; que le 4 avril 2009, M.
Y... a indiqué à M. X... qu'il n'entendait plus vendre le local ; que M. X... et la société Lawrens
& Co ont assigné M. Y..., afin de faire constater le caractère parfait de la vente et
subsidiairement, d'en voir ordonner la réalisation forcée ;
Attendu que pour débouter M. X... et la société Lawrens & Co de leurs demandes, l'arrêt retient
que M. X... n'a pas précisé dans son acceptation s'il intervenait à titre personnel ou ès qualités
de gérant de la société Lawrens & Co, alors que son notaire a écrit que c'était la société Lawrens
qui, destinataire de l'offre, l'avait acceptée, qu'au surplus M. X... et la société Lawrens
demandent qu'il soit constaté que la vente est parfaite entre M. Y... et M. X... et subsidiairement,
entre M. Y... et la société Lawrens, et que cette ambiguïté quant au destinataire et l'acceptant
de l'offre ne permet pas de considérer qu'il y a eu rencontre des volontés ;
Qu'en statuant ainsi, alors que la lettre de M. Y... du 20 janvier 2009 désigne clairement la chose
à vendre et indique le prix demandé et que dans sa lettre en réponse du 2 février 2009, M. X...
déclare accepter purement et simplement cette offre, de sorte qu'il y a eu accord des parties sur
la chose et sur le prix, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 28 novembre 2012, entre
les parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état
où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel
de Paris, autrement composée ;
Attendu que le préfet de la région d'Ile-de-France a notifié à M. X..., qui avait obtenu un permis
de construire sur une parcelle dont il est propriétaire, un arrêté lui enjoignant de faire réaliser
préalablement aux travaux une opération préventive de fouilles archéologiques ; que M. X... a
accepté un devis "diagnostic archéologique" établi par l'Association pour les fouilles
archéologiques nationales (AFAN), aux droits de laquelle vient l'INRAP ; que l'AFAN a
informé M. X... que le diagnostic était positif et que "la partie arrière de la parcelle nécessitait
une investigation plus approfondie, une petite fouille de sauvetage urgent devant être réalisée",
ce qui a conduit le préfet à prendre un nouvel arrêté prévoyant que l'AFAN procéderait en
urgence à une opération préventive de fouilles entre le 14 avril 1998 et le 17 avril 1998 ; que
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M. X... ayant refusé de régler la facture correspondant à ces travaux au motif qu'il n'avait pas
accepté le devis que lui avait adressé l'AFAN, celle-ci l'a assigné en paiement ;
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt attaqué (Versailles, 1er mars 2002) d'avoir accueilli cette
demande alors, selon le pourvoi :
1 / que le silence ne vaut pas à lui seul acceptation ; que M. X..., destinataire du second devis,
ne l'avait jamais retourné ni signé et n'avait pas davantage déclaré l'accepter ; qu'en décidant
cependant que le propriétaire du terrain aurait de la sorte accepté ce second devis, la cour d'appel
a violé les articles 1101 et 1108 du Code civil ;
Mais attendu que si le silence ne vaut pas à lui seul acceptation, il n'en est pas de même lorsque
les circonstances permettent de donner à ce silence la signification d'une acceptation ; que l'arrêt
relève que le permis de construire délivré à M. X... lui imposait de ne pas mettre en péril les
vestiges archéologiques situés sur le terrain d'assiette de l'opération de construction, que l'arrêté
du préfet de la région d'Ile-de-France, pris en exécution de cette contrainte, a imposé l'opération
de fouille préventive, que cet arrêté a été signé au visa de la convention signée par l'Etat et
l'AFAN et qu'ainsi M. X..., dont la volonté est certes liée par les contraintes administratives, ne
pouvait sans se priver de l'attestation de levée de contraintes archéologiques qui lui a été
délivrée le 29 avril 1998 ne pas faire exécuter les prestations prévues par le second devis ;
qu'ayant exactement déduit de ces circonstances que le silence gardé par M. X... à la suite de la
réception du devis que lui avait adressé l'AFAN avait la signification d'une acceptation, c'est
sans inverser la charge de la preuve que la cour d'appel a ensuite énoncé que M. X... ne pouvait,
à défaut de manifestation expresse de volonté, soutenir qu'il n'avait pas accepté le second devis
;
REJETTE le pourvoi ;
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IV. La rencontre des volontés
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 10 octobre 1989), que la société Alamo Trading (société
Alamo) est entrée en relation avec la société Pescabrava France (société Pescabrava) en vue de
l'achat d'une certaine quantité de saumon fumé ; que la société Pescabrava, soutenant qu'il
résultait d'un échange de télex, dont le dernier était daté du 10 novembre 1988, que la vente
était parfaite, a assigné la société Alamo en paiement ; que celle-ci a répliqué que la vente était
restée à l'état de projet, faute de réalisation des conditions tenant aux modalités de paiement du
prix ;
Attendu que la société Pescabrava fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté sa demande, alors, selon le
pourvoi, que, d'une part, la vente est parfaite dès que les parties sont convenues de la chose et
du prix ; qu'en l'espèce, il est acquis aux débats que les sociétés Pescabrava et Alamo sont
convenues, dès le 17 octobre 1988, de la vente de 100 tonnes de saumon fumé au prix de 123
francs le kilo ; qu'il n'est pas contesté qu'elles ont confirmé les termes du contrat par télex le 10
novembre 1988 ; qu'en déniant cependant à la vente son caractère parfait, la cour d'appel a violé
l'article 1583 du Code civil ; et alors que, d'autre part, en estimant que les modalités de paiement
du prix étaient des éléments de formation du contrat de vente, sans relever expressément
l'intention déclarée des deux parties de différer la conclusion de la vente à l'octroi de la lettre
de change, les juges du fond ont privé leur décision de base légale au regard de l'article 1583
du Code civil ;
Mais attendu que, l'arrêt relève que, par télex des 17 octobre et 10 novembre 1988, la société
Alamo avait soumis son engagement à l'octroi d'une lettre de crédit dont elle entendait " vérifier
le contenu " et précisé qu'elle confirmerait dès qu'elle aurait reçu celle-ci " la totalité de la
commande " ; qu'ayant ainsi constaté que cette société avait fait connaître à la société
Pescabrava qu'elle considérait les modalités de paiement du prix comme un élément constitutif
de son consentement, la cour d'appel a pu en déduire qu'il ne résultait pas des termes des
documents invoqués que le contrat de vente s'était formé ; d'où il suit que le moyen n'est fondé
en aucune de ses branches ;
REJETTE le pourvoi ;
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Document 7 : Civ. 3e, 17 sept. 2014, 13-21.824, Publié au bulletin
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 23 mai 2013), que, par acte du 16 janvier 2004, Mme
X... a promis de vendre une maison à M. Y... ; que le 11 février 2004, la société civile
professionnelle Vidal-Cabannes (la SCP), chargée des actes, a notifié à la commune d'Alignan-
du-vent (la commune) une déclaration d'intention d'aliéner ; que la commune a exercé son droit
de préemption lors de sa délibération du 29 mars 2004 et l'a notifié par lettre du 2 avril à Mme
X... et M. Y... ; que, par lettre recommandée avec accusé de réception du 1er avril 2004, la SCP
a informé la commune de ce que Mme X... et M. Y... avaient résilié la promesse de vente;
qu'après reconnaissance de la régularité de l'exercice du droit de préemption par la juridiction
administrative, la commune a assigné Mme X... en perfection de la vente ;
Attendu que la commune fait grief à l'arrêt de la débouter, alors, selon le moyen :
1°/ que, selon l'article 689 du code de procédure civile, lorsqu'elle est faite à personne, la
notification est toujours valable quel que soit le lieu où elle est délivrée ; qu'il en résulte que la
notification de la décision de préemption au domicile réel du propriétaire, qui en a accusé
réception, est toujours valable, peu important que celui-ci ait élu domicile chez son notaire ;
qu'en l'espèce, la cour d'appel a constaté que la décision de préemption de la commune
d'Alignan-du-Vent du 29 mars 2004 avait été notifiée à Mme X... par lettre recommandée du
1er avril 2004, laquelle en avait accusé réception le 3 avril ; qu'en retenant que cette notification
était irrégulière dès lors qu'elle aurait dû être adressée à l'adresse du mandataire de la
propriétaire mentionnée sur la déclaration d'intention d'aliéner, à savoir le notaire chez lequel
Mme X... avait fait élection de domicile, la cour d'appel a violé le texte susvisé, ensemble
l'article R. 213-8 du code de l'urbanisme ;
2°/ qu'en matière de préemption, la vente est parfaite à la date à laquelle l'autorité titulaire du
droit de préemption adresse au déclarant sa lettre de notification de la décision de préemption
dès lors qu'à cette date, ladite autorité n'a été saisie d'aucune rétractation de la déclaration ; qu'en
décidant que la vente n'était pas parfaite entre les parties après avoir constaté que la lettre portant
notification de la décision de préemption avait été déposée au bureau de poste le 2 avril 2004,
cependant que c'est le 3 avril 2004 seulement que la commune avait reçu du notaire de la
déclarante notification de l'intention de cette dernière de renoncer à la vente, la cour d'appel a
violé les articles 1583 du code civil, L. 213-7 et R. 213-8 du code de l'urbanisme ;
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Mais attendu qu'ayant relevé, abstraction faite d'un motif erroné mais surabondant, que Mme
X... et M. Y... avaient pris la décision de résilier la vente le 1er avril 2004 et que cette décision
avait été notifiée par lettre recommandée postée le 1er avril 2004 et réceptionnée en mairie le 3
avril 2004, la cour d'appel, qui a retenu à bon droit que l'offre de vente résultant de la déclaration
d'intention d'aliéner constituait jusqu'à son acceptation par le titulaire du droit de préemption
une simple pollicitation qui pouvait être rétractée unilatéralement, a pu en déduire que la
décision de préempter n'avait pu prendre effet puisqu'à sa notification intervenue au mieux le 3
avril, Mme X... avait rétracté son intention d'aliéner avant que la commune ne lui signifie son
intention d'acquérir ;
REJETTE le pourvoi ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Toulouse, 27 mars 1995), que, par acte sous seing privé du 21
mai 1987, les époux Y... ont promis de vendre à M. X... une maison, et ce jusqu'au 31 décembre
1991, que M. Y... étant décédé le 3 février 1989, M. X... a accepté l'offre le 27 avril 1990 et
levé l'option le 1er novembre 1991 ; qu'il a ensuite assigné les consorts Y... afin d'obtenir la
signature de l'acte authentique de vente à laquelle ces derniers s'opposaient ;
Attendu que pour décider que l'offre de vente faite par les époux Y... était devenue caduque lors
de son acceptation par M. X..., le 27 avril 1990 du fait du décès de M. Y..., l'arrêt retient que le
délai prévu à la promesse unilatérale de vente n'était qu'un délai de levée d'option et non un
délai de maintien de l'offre ;
Qu'en statuant ainsi, alors qu'il résultait de ses propres constatations que les époux Y... s'étaient
engagés à maintenir leur offre jusqu'au 31 décembre 1991 et que le décès de M. Y... n'avait pu
rendre cette offre caduque, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 27 mars 1995, entre les
parties, par la cour d'appel de Toulouse ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans
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l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
d'appel de Bordeaux.
Attendu, selon l'arrêt attaqué que M. X... a souscrit, le 28 novembre 2003, auprès de la société
Nemian Life, aux droits de laquelle se trouve la société Allianz Life Luxembourg (l'assureur)
un contrat d'assurance sur la vie dénommé "Cadre Plus" prenant effet au 1er janvier 2004 sur
lequel il a investi la somme totale de 12 000 euros ; qu'estimant ne pas avoir reçu une
information précontractuelle conforme aux exigences légales, M. X... a exercé son droit de
renonciation le 9 juillet 2012 ; que l'assureur n'ayant pas donné suite à cette demande, M. X...
l'a assigné en remboursement des primes versées et en paiement de dommages-intérêts ;
(…)
Attendu que si la faculté prorogée de renonciation prévue par ce texte en l'absence de respect,
par l'assureur, du formalisme informatif qu'il édicte, revêt un caractère discrétionnaire pour le
preneur d'assurance, son exercice peut dégénérer en abus ;
Attendu que pour juger que M. X... était en droit de renoncer au contrat d'assurance et
condamner l'assureur, en conséquence, à lui restituer la somme de 12 000 euros, outre les
intérêts au taux légal, l'arrêt retient que le fait que M. X... ait été directeur d'une société de
production de produits laitiers et qu'il dispose d'un patrimoine immobilier d'environ 150 000
euros, essentiellement constitué de sa résidence principale, ne permet pas de le qualifier d'assuré
averti, ses connaissances spécifiques dans le domaine financier n'étant nullement démontrées ;
qu'il ne peut être déduit du seul fait que M. X... a exercé son droit de renonciation neuf années
après la souscription du contrat que ce dernier est de mauvaise foi et a commis un abus de droit
dans l'exercice de celui-ci ; que M. X..., insuffisamment informé, n'a pas été en mesure
d'apprécier la portée de son engagement, de sorte qu'il ne peut être considéré comme ayant
d'une part, agi de mauvaise foi, d'autre part, commis un abus de droit ;
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renonciation et s'il n'en résultait pas l'existence d'un abus de droit, la cour d'appel n'a pas donné
de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la deuxième branche du moyen :
CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 14 septembre 2017, entre les
parties, par la cour d'appel de Douai ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état
où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel
de Douai, autrement composée ;
V. La méthodologie du commentaire
Le commentaire d’arrêt se rapproche plus du cas pratique que de la dissertation. L’étudiant doit
réfléchir à la manière dont il aurait solutionné l’affaire s’il avait été Juge à la Cour de cassation.
Il n’y a pas de plan type, l’idée est de décortiquer l’arrêt.
Pour réaliser un commentaire d’arrêt, il faut d’abord analyser l’arrêt et cette analyse passe par
la réalisation de la fiche d’arrêt. Cette étape préalable ne doit pas être négligée car il constitue
le matériel de l’étude à réaliser.
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• Les thèses en présence : présenter les arguments mis en avant par la décision de la
juridiction du fond attaquée et par les parties.
o A ce moment-là, il ne faut surtout pas aborder la solution de la Cour de cassation.
• Le problème de droit : il correspond à la question à laquelle la Cour de cassation a dû
répondre en l'espèce.
o Pour parvenir à trouver ce problème, il faut confronter les motifs de la Cour
d'appel, les moyens du pourvoi ainsi que la solution rendue par la Cour.
• La solution : Exposer la solution de la Cour de cassation en précisant d’abord s'il y a
cassation de l'arrêt d'appel ou rejet du pourvoi, mentionner les visas au nom desquels
l'arrêt a été rendu ainsi que, le cas échéant, l'attendu de principe.
Lorsque l’étape de la fiche d’arrêt au brouillon est faite, il est temps d’analyser la solution de
la Cour de cassation.
1. La méthode par scission de l’attendu principal : en théorie rien de plus simple. Il suffit de
prendre la solution dégagée lors de l'introduction, de la couper en deux, puis de traiter chacune
des moitiés ainsi obtenues en une partie. Il ne reste plus alors qu'à effectuer un choix judicieux
des titres, ne serait-ce que pour respecter le principe du parallélisme. Il s’agit de la méthode la
plus raffiner et la plus difficile à acquérir mais qui permet une véritable compréhension de
l’arrêt.
2. Certains professeurs demandent aux étudiants de repérer un mot clef dans l’attendu de
principe et dans la solution, mot clef qui est censé opérer le basculement dans le raisonnement
du juge.
3. Il est possible aussi de raisonner à partir des contradictions relevées dans la décision c’est à
dire:
-dans le cas où la Cour casse l’arrêt d’appel, il s’agit de la contradiction entre la solution de la
cour d’appel et celle donnée par la Cour de cassation.
-dans le cas où la Cour rejette le pourvoi, il s’agit de la contradiction entre le raisonnement
suivant dans le cadre du pourvoi et la solution de la Cour de cassation.
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Lorsque les grands axes (I/ A. B. et II/ A. B.), il est temps de trouver les titres correspondant à
ces axes. L’étudiant ne doit pas être trop lyrique (ce ne sont pas des titres de dissertation) ni
trop abstrait (ce ne sont pas des titres de cours magistraux). Ils doivent démontrer
l’argumentation de la Cour de cassation qui a été identifiée.
- Les titres doivent être clairs ; il vaut donc mieux qu’ils soient un peu longs plutôt que
simplement « jolis ». Il faut que le correcteur puisse comprendre précisément ce dont l’étudiant
parle
- Les titres des parties et des sous-parties doivent bien englobés les développements qui
suivent.
La solution de la Cour de cassation n’est pas apparue par magie. La Cour s’appuie sur les
normes en vigueur qui peuvent être interne ou international, sur sa jurisprudence ou sur des
concepts doctrinaux.
Le commentaire d’arrêt doit faire apparaitre l’ensemble de ces éléments qui ont conduit la Cour
de cassation à prendre sa décision. Il est donc nécessaire de rassembler l’ensemble des
connaissances qui sont accessibles et qui permettent d’éclairer la solution.
Etape 4 : La rédaction
L’introduction commence par une phrase d'accroche qui peut être une citation ou une remarque
d’actualité puis se poursuit par la fiche d’arrêt, selon la méthode précédemment rappeler, pour
se conclure par l’énonce du plan (avec les I. et II. entre parenthèse).
Il est recommandé pour chaque étape de l’introduction de faire des alinéas mais de ne pas faire
mentionner directement les étapes de la fiche d’arrêt.
Le plan doit être apparent et être facilement repérable et relativement aéré. On utilise les codes
« I, A, B / II, A, B ». L'idée générale est de faciliter la lecture.
Les grandes subdivisions doivent être présentées, sur la base des « chapeaux », c'est-à-dire
uniquement pour les A et B, ainsi que des transitions entre le A et le B, le B du I et le II, etc.
Inutile de présenter les subdivisions internes. Les « chapeaux et transitions » servent à
coordonner les subdivisions du type « étant entendu le problème que je traite (le « I »), voici
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comment je vais l'envisager à travers A et B, et les transitions pour « conclure » rapidement la
partie traitée et présenter la seconde, ce qui cimente le plan et aide à assurer sa cohérence.
Il n’y a jamais de conclusion à la fin du commentaire d’arrêt, la fin du II/ B/ doit correspondre
à une ouverture du sujet, au niveau de l’actualité juridique ou d’une question juridique connexe
par exemple.
Il faut toujours revenir à l’arrêt (toujours être capable de citer l’arrêt); il est très bien de citer la
partie de l’arrêt que l’on va commenter
Attention :
• Le commentaire d’arrêt n’est pas une coquille vide, il ne s’agit pas de répéter et de
reformuler les faits dans l’ensemble des sous parties mais d’utiliser ses connaissances
juridiques qui ont permis d’aboutir à cette solution;
• Le commentaire d’arrêt n’est pas une dissertation, il ne s’agit pas d’étaler ses
connaissances juridiques mais de les utiliser pour expliquer la décision.
Fascicule recommandé
B. Petit et S. Rouxel, Art. 1113 à 1122 - Fasc. unique : CONTRAT. – Formation du contrat. –
Offre et acceptation, JurisClasseur Civil Code, Lexis, Première publication : 1er octobre 2017
(Dernière mise à jour : 31 août 2023).
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