Texte 2H
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ESCLAVES (II)
L’auteur Camara Laye n’a pas tenu compte d’une défense des grands, qui l’ont
battu. Il ne veut plus aller à l’école où « les grands ne sont là que pour battre les
plus petits et leur soutirer leur argent ». Mais son père va s’en expliquer avec le
directeur.
Dans l’après-midi, à l’heure de la sortie, mon père vint comme il avait annoncé.
Le directeur était dans la cour, entouré des maitres. Mon père se dirigea vers lui
et, sans seulement prendre la peine de le saluer, lui dit :
Et il lança ses poings en avant ; mais bien qu’il fût plus fort, il était gras et plus
embarrassé qu’aidé par sa graisse ; et mon père qui était mince, mais vif, mais
souple, n’eut pas de peine à esquiver ses poings et à tomber durement sur lui. Je
ne sais pas trop comment cela se fut terminé, car mon père avait fini par
terrasser le directeur, si les assistants ne les eussent séparés.
Le directeur à présent tâtait ses joues et ne disait plus mot. Mon père épousseta
ses genoux, puis me prit par la main. Il quitta la cour de l’école sans saluer
personne, et je regagnai fièrement notre concession en sa compagnie. Mais vers
la soirée, quand j’allai faire un tour dans la ville, j’entendis sur mon passage les
gens qui disaient : « regardez ! Voici l’écolier dont le père est allé rosser le
directeur dans son école même ! »
Mais mon père n’eut pas à formuler sa plainte, et je ne fus pas exclu car, le
lendemain, un peu avant la tombée de la nuit, la motobécane du directeur
ronflait devant la porte de la concession. Le directeur entra, et tous, mon père
comme les autres, vinrent au-devant de lui, disant aimablement :
- Bonsoir, monsieur.
On offrit une chaise au directeur, et mon père et lui s’assirent, tandis que,
sur un geste, nous nous retirions et les observions de lion. L’entretien me
parut des plus amicaux et il fut en vérité car, dès lors, ma sœur et moi
fumes dispensés de toutes les corvées…
Et les élèves de dernière année cessèrent de nous brimer.
L’enfant noir,
Plon.