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ED/HED/TED/2006/ME/13

mars 2006
Original: Français

L’Initiative de l’UNESCO
pour la formation des enseignants en Afrique subsaharienne (TTISSA)

Première réunion des coordonnateurs nationaux


de l’Initiative de l’UNESCO pour la formation des enseignants
en Afrique subsaharienne
BREDA, Dakar, 7-9 mars 2006

République Démocratique du Congo


Note sur la politique de formation des formateurs en
République Démocratique du Congo

Clément MWABILA MALELA


Coordinateur national TTISSA
Les idées et les opinions exprimées dans ce rapport sont celles de l’auteur et ne
représentent pas nécessairement celles de l’UNESCO et des Etats membres. Par ailleurs, elles
n’impliquent aucun engagement de la part de l’Organisation.
Aperçu du système éducatif congolais
Le système éducatif congolais est coordonné par trois ministères : le Ministère
de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (MEPSP), pour
l’enseignement fondamental, secondaire et professionnel ; le Ministère de
l’Enseignement Supérieur et Universitaire, pour l’enseignement supérieur et
universitaire (MESU) et le Ministère des Affaires sociales pour l’éducation non
formelle, spécialement l’alphabétisation des adultes et le rattrapage scolaire des
enfants hors âge scolaire (MAS).

Un travail récent coordonné par la Banque Mondiale et consacré au renouveau du


système éducatif de la République Démocratique du Congo indique qu’en
2001/2002, le système éducatif comptait près de 19.100 écoles primaires avec
159.000 enseignants pour un effectif d’élèves estimé à 5,47 millions. Un peu plus
de 8.000 écoles secondaires avec 108.000 enseignants et 1,6 millions d’élèves.
Dans l’enseignement supérieur, pour la même période, il y avait 326
établissements avec près de 200.000 étudiants.

La même étude signale que malgré les bouleversements des 25 dernières années,
le système éducatif congolais a continué à se développer, fait d’autant plus
remarquable que le financement public s’est effondré dès 1986 et que le système
est essentiellement soutenu par le financement des ménages. En dépit de cette
évolution favorable, le système présente des défis majeurs regroupés en quatre
problèmes importants identifiés comme principaux entraves à son bon
fonctionnement. Bien qu’au sortir des conflits de 1996 et de 1998-2002, il ait pu
préserver son cadre institutionnel (conseil de gestion pour les écoles primaires
et secondaires, les conseils d’administration et les comités de gestion pour
l’enseignement supérieur et universitaire, l’association des parents…), on a pu
relever :
- une couverture relativement faible au niveau primaire, avec de grandes
inégalités dans l’accès, et une expansion incontrôlée aux niveaux
secondaire et supérieur ;
- une grave détérioration de la qualité de l’éducation à tous les niveaux ;
- un système d’administration lourd et désuet et,
- un très bas niveau des dépenses et un système financier inefficace et
inéquitable. 1

S’agissant plus particulièrement du corps enseignant de tous les niveaux, les


entraves ainsi identifiées ont encore aggravé une situation peu reluisante. Le

1
Le renouveau du système éducatif de la République Démocratique du Congo ; Priorités et alternative. Banque
Mondiale, 2005
manque d’attraction de la carrière enseignante à cause principalement de la
précarité et des incertitudes de la rémunération allouée à cette catégorie
professionnelle, s’ajoute à la déconsidération sociale qui accompagne ce corps de
métier. Ceci entraîne pour conséquence le vieillissement du corps enseignant,
faute d’une politique réaliste de relève des effectifs éligibles à la retraite 2 , la
détérioration de la performance attendue de ce corps et une démotivation
généralisée due sans doute à la fatigue physique, au stress consécutif aux
exigences du métier et aux conditions déplorables d’exercice de la profession
enseignante.

Cependant, l’environnement politique favorable à l’amélioration de la situation


générale du pays observé depuis la mise en place des institutions de la Transition
politique en cours depuis l’année 2002, a suscité quelques espoirs à la suite de
l’instauration du dialogue syndical ayant abouti, il y a deux ans, à la fixation
d’une grille salariale améliorée au bénéfice des enseignants et à la promesse de
reprise par l’Etat du versement aux écoles des subsides de fonctionnement en
lieu et place des ménages. En dépit du retard mis par le Gouvernement à
concrétiser ses engagements et malgré la multiplicité des mouvements de grève,
principalement dans le chef des enseignants du primaire et du secondaire,
l’espoir semble renaître au travers d’un dialogue désormais possible entre le
Gouvernement et les représentants des enseignants reconnus depuis comme
partenaires sociaux.

Le renouveau du système éducatif

L’une des premières tâches à laquelle s’est attelé le Gouvernement de Transition


dans le secteur éducatif consistait à se doter d’une vision pour le pilotage de ce
secteur. Ainsi a pris corps le Projet de modernisation de l’Enseignement
Supérieur dénommé « PADEM » qui s’est donné pour objectif de définir les
lignes directrices de l’évolution de l’Enseignement Supérieur et Universitaire. Le
plan d’action du PADEM prévoyait, entre autre activité, la valorisation de la
carrière enseignante par l’amélioration des conditions de vie et de travail du
corps enseignant, par l’octroi à ce corps d’une rémunération décente et par une
politique courageuse de préparation de formation des formateurs en vue de la
relève d’un corps professoral dont la moyenne d’âge avoisinait les 60 ans.

Par la mise en application de cette politique, le salaire du personnel de


l’Enseignement supérieur et universitaire a connu une augmentation sensible dès
la promulgation du budget de l’Etat de l’année 2003.

2
La moyenne d’âge des enseignants est estimée à 50 ans pour le primaire et le secondaire, et à plus ou moins 60
ans pour le supérieur
Prenant appui sur le PADEM le Gouvernement, qui en a fait son programme
d’action pour l’enseignement supérieur et universitaire, ainsi que d’autres
partenaires ont entrepris de financer la réalisation de quelques activités
retenues dans ce cadre. Ainsi en est-il :
- de l’élaboration des nouveaux programmes des cours financé par le
Gouvernement ;
- de l’approfondissement de la réforme initiée dans le cadre du PADEM sous
financement de la Banque Africaine de Développement (BAD) ;
- de la publication du recueil de nouveaux programmes d’études et du recueil
d’instructions académiques, administratives et financières à l’usage des
gestionnaires des établissements d’enseignement supérieur et
universitaire, sous financement UNESCO ;
- du lancement de la première phase de l’initiative sur l’utilisation de
l’enseignement ouvert à distance pour la formation des formateurs,
initiative financée par l’UNESCO ;
- de l’élaboration du Projet de redressement du système éducatif congolais
(PRESEC) financé par la Banque Mondiale …

Il convient de signaler, au cours de la même période, et sans doute à cause du


même élan, la mise sur pied d’un Comité de concertation, plate-forme regroupant
les représentants des bailleurs de fonds, les représentants du Gouvernement et
des partenaires actifs dans le domaine de l’éducation, en vue d’une concertation
permanente sur les différentes initiatives entreprises au bénéfice du système
éducatif congolais. Le Comité entend ainsi prévenir toute duplication des
activités entreprises et assurer une meilleure coordination des financements
dans le secteur de l’éducation, aussi bien ceux effectués par le Gouvernement
que ceux en provenance des partenaires éducatifs.

Le document de politique de formation des formateurs.

Partant du constat tiré de plusieurs études menées sur le système éducatif


congolais en vue, notamment, de la réalisation des objectifs du millénaire et ceux
de l’ Education pour tous, il est apparu une nette régression de la qualité de
l’enseignement et donc la nécessité de l’élaboration d’une politique volontariste
de redressement du système à tous les niveaux.

La politique à mener devait de ce fait reposer sur une vision holistique des
problèmes à résoudre, en prenant appui sur les quatre axes stratégiques ci-
après :
- le renforcement du cadre institutionnel ;
- l’amélioration des l’accès à l’éducation ;
- la préservation de la qualité de l’enseignement et de l’équité dans l’offre
de l’éducation ;
- l‘élaboration d’une politique nationale d’alphabétisation.

Sur la base de ces axes stratégiques repris du Document de Stratégie pour la


Réduction de la Pauvreté ( DSRP) dans son volet sur l’éducation et des enquêtes
antérieures 3 , il est apparu que l’amélioration de l’accès à l’éducation, la
préservation de la qualité et de l’équité n’étaient réalisable sans un plan d’action
réaliste sur la formation des maîtres. Les prévisions les plus réalistes montrent,
en effet qu’en considération du taux de croissance annuel de la population de
2,7%, la population scolarisable doublerait, d’ici à l’an 2015, et celle des
enseignants augmenterait dans la même proportion.

Pour faire face à cette obligation, le Gouvernement entend affirmer une


politique de formation des formateurs dont l’objectif est de pallier le déficit du
personnel enseignant et d’améliorer l’offre d’enseignement à tous les niveaux du
système éducatif. Former des enseignants capables d’impulser une nouvelle
dynamique au nouveau type d’éducation qui devra viser, suivant les
recommandations des Etats Généraux de l’Education (EGE 1992), à former des
hommes et des femmes compétents, imprégnés des valeurs humaines, morales
spirituelles, culturelles, civiques et artisans créatifs, bâtisseurs d’une nouvelle
société congolaise, démocratique, solidaire, prospère et pacifique.

L’ambition ainsi affirmée a conduit à l’élaboration d’un document de politique de


formation des formateurs devant servir de catalyseur aux initiatives à
entreprendre dans ce domaine. Ce document affirme, entre autres actions, la
volonté du Gouvernement :
- d’allouer au moins 25% du budget national à l’éducation d’ici à l’an 2015 ;
- de redéfinir le rôle de l’enseignant et d’améliorer son statut professionnel
et social afin de raffermir sa crédibilité dans la société ;
- de renforcer et d’accélérer la formation des enseignants à tous les
niveaux du système éducatif à travers des efforts conjugués à l’intérieur
comme avec le concours des partenaires éducatifs ;
- de mettre en place une politique d’incitation au retour volontaire des
enseignants nationaux formés et résidant à l’étranger ;
- de faire jouer à l’Enseignement supérieur un rôle de premier plan dans le
processus de formation des enseignants,

3
L’Enquête MICS-2, coordonné par l’Université de Kinshasa (2004), a montré par exemple qu’en RDC, le taux
net de scolarisation des garçons est de 55% contre 49% pour les filles. Par rapport à son niveau de 1990,
l’indicateur de l’objectif visé par l’EPT a accusé un recul annuel moyen de 3,4% au lieu d’un accroissement
annuel de 4% requis pour atteindre l’éducation universelle en 20015, soit un retard de 7% par an.
- de relancer de manière soutenue le partenariat, en faveur de cette
initiative, le partenariat dans le cadre des accords de coopération
bilatéraux et multilatéraux.
Les axes stratégiques fixés à cet effet répondent aux quatre objectifs
spécifiques suivants :
- renforcer la capacité institutionnelle et opérationnelle du système
éducatif ;
- renforcer la politique de formation des formateurs dans l’ensemble du
dispositif éducatif : enseignement maternel, primaire, secondaire et
professionnel, enseignement supérieur et universitaire, éducation non
formelle (alphabétisation et rattrapage scolaire) ;
- améliorer et gérer rationnellement les ressources financières affectées à
l’éducation ;
- gérer rationnellement les ressources humaines et enfin,
- développer un partenariat éducatif dynamique, notamment en ce qui
regarde l’utilisation des nouvelles technologies de l’information dans le
processus de formation (continue) des formateurs.

En conclusion

A la faveur de la renaissance de l’Etat congolais augurée par l’évolution politique


actuelle favorable à une gestion démocratique des institutions, un renouveau
parallèle du système éducatif se met progressivement en place. Des études de
faisabilité entreprises dans le cadre de ce même dynamisme ont permis de
tracer des axes des réformes indispensables au bon fonctionnement du secteur
éducatif mais de façon intégrée dans une politique d’ensemble de réduction de la
pauvreté, de lutte contre le VIH/Sida et de gestion des conflits.

La politique de formation des formateurs est conçue comme une des


composantes de cet ensemble qui se réalise dans un effort conjugué du
Gouvernement et des partenaires éducatifs, parmi lesquels la coopération
bilatérale et multilatérale, les associations des parents, le secteur privé et les
partenaires sociaux telles les ONGs. Le Comité de concertation joue, dans ce
processus, le rôle d’évaluation et de suivi des actions entreprises et financées
afin de prévenir des duplications des initiatives et d’amener les différents
bailleurs de fonds à prendre en compte la politique définie par le Gouvernement.
Ce Comité sert aussi à conseiller les autorités politiques dans leur choix de
politique applicable au secteur de l’éducation lorsque celle-ci pourrait
éventuellement requérir l’intervention des bailleurs extérieurs.

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