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Les investissements de Maroc en Afrique

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Les investissements de Maroc en Afrique subsaharienne

Introduction
L’action diplomatique marocaine s’est assignée comme objectif stratégique de hisser la
coopération avec les pays subsahariens au niveau d’un véritable partenariat agissant et
solidaire. La vision stratégique adoptée donne une importance croissante au volet
économique. Néanmoins, au-delà de l’échange purement commercial, le Maroc cherche à
créer de la valeur ajoutée partagée, en s’appuyant sur un cadre de régulation stable et
transparent. Il fait aussi valoir son nouveau statut de hub africain des investissements directs
étrangers, et promouvoir son savoir-faire récent dans les domaines du transfert de
technologies, de la recherche et développement et de l’innovation. Au-delà d’un partenariat
fondé sur l’assistance technique, qui peut aller jusqu’à la recherche de financements, le Maroc
a investi dans le facteur humain en créant des conditions favorables à l’échange scientifique et
au brassage culturel, pour que s’instaure une réelle relation de proximité entre les hommes : il
facilite l’obtention de visas pour certains ressortissants africains, octroie des bourses aux
étudiants et propose des stages en entreprises et dans les administrations marocaines.
A cet effet, le Gouvernement marocain associe de plus en plus le secteur privé en vue de
renforcer d’augmenter les flux d’investissement du Maroc vers l’espace africain, registre où la
dynamique a déjà porté ses fruits. En effet, depuis plusieurs années, on a assisté à une série
d’investissements d’entreprises marocaines au sud du Sahara, sous forme de création/rachat
de filiales. Mais quelles sont les motivations de cet engouement ?

I – les motivations :
1° - les motivations politiques :
La politique marocaine en Afrique a traditionnellement mis l’accent sur le renforcement
de l’appui diplomatique à sa souveraineté sur le Sahara, qui a conduit à une série de
programmes d’aide au développement, des accords commerciaux bilatéraux, des
investissements importants et une large coopération diplomatique. Cette puissance douce
adoptée par le Maroc est en effet plus efficace avec des pays amis avec lesquels, le Maroc a
également tissé des liens forts. Ces liens ont été facilités et renforcés par des relations
personnelles. Ils visaient à influer sur les décisions de l’Union Africaine (UA) même en étant
absent de cette organisation.

2° - les motivations cultuelles :


Pour des raisons d’ordre linguistique et culturel, le Maroc concentre ses rapports
politiques et économiques avec certains pays de l’Afrique comme, entre autres, le Mali, le
Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Burkina Faso, le Congo Brazzaville et la RDC.

3° - les motivations économiques :


Dans un contexte marqué par l’atonie des marchés européens, l’Afrique fait preuve de
résilience avec des taux de croissance annuel du PIB supérieur à 5%. Elle présente un
potentiel remarquable en liaison avec l’émergence d’un marché de plus d’un milliard de
consommateurs et des ressources naturelles exceptionnelles (30% des réserves minérales
mondiales). Ce continent, en plein développement, constitue ainsi un véritable réservoir de
croissance.
Il n’est pas étonnant alors que le Maroc considère le renforcement des relations de
coopération économique avec l’Afrique parmi ses priorités dans le cadre d’une dynamique
d’intégration régionale et de coopération Sud-Sud.
Les prémisses de cette diplomatie économique apparaissent dès les années 2000, lorsque
le roi Mohamed VI décide d’annuler la dette des pays africains les moins avancés, dont il
exonère également les produits de droits de douanes à l’entrée du Maroc.
L’ampleur des projets inaugurés dans plusieurs pays africains montre également la
volonté du Maroc de conduire une politique cohérente et surtout solidaire en Afrique
Subsaharienne : le Maroc s’implique fortement puisqu’il alloue chaque année aux pays
africains environ 300 millions de dollars dans le cadre de l’Aide Publique au Développement
(APD), ce qui représente presque 10% du montant de ses échanges commerciaux avec
l’Afrique

2° - Devenir un hub vers l’Afrique


Dans sa volonté de devenir un hub vers l’Afrique, le Maroc s’est doté d’atouts
importants. En plus d’un environnement politique stable, une situation géographique optimale
s’appuyant sur des infrastructures physiques performantes, il jouit d’un cadre juridique
opérationnel et une infrastructure de services suffisamment développée. Par conséquent, le
Maroc constitue un tremplin naturel vers l’ensemble du continent.

II – la stratégie adoptée par le Maroc :


La coopération entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne a été marquée tout d’abord
par l’implication des entreprises publiques marocaines (notamment l’ONE et l’ONEP) dans la
mise en œuvre de différents projets ayant trait au développement durable (construction de
barrages, d’infrastructures routières et ferroviaires, de télécommunications, assainissement,
électrification, gestion des ressources en eau et irrigation, ...). Cette coopération a connu, dans
un second temps, l’association du secteur privé en Afrique subsaharienne, qui est
actuellement présent dans des domaines variés (banques, mines, tourisme, télécom …) et pour
lequel l’Afrique est devenue une aire de développement stratégique.

De ce fait, les entreprises marocaines tournées vers l’Afrique subsaharienne ont donc de
belles perspectives de développement devant elles et sont fortement soutenues par la
dynamique nationale d’exportation et d’ouverture. Elles peuvent aujourd’hui s’appuyer sur un
maillage du territoire africain à trois niveaux : un réseau bancaire marocain de plus en plus
étendu et adapté à leurs besoins, des liaisons directes avec leurs marchés par voies aérienne,
maritime et même routière (jusqu’à Dakar), et enfin des opérateurs télécoms bien implantés
sur le continent. Il leur appartient d’en tirer le meilleur, au bénéfice de l’économie nationale et
du développement africain tout entier.

1° - Le réseau bancaire marocain :


Ce secteur représente 25% des IDE marocains en Afrique.

Les trois plus grandes banques commerciales marocaines Attijariwafa Bank (ATW),
BMCE Bank et la Banque Centrale Populaire (BCP) sont présentes dans une vingtaine de
pays africains.
A travers des prises de participation majoritaires, ATW est présent aujourd’hui dans 5
pays en Afrique de l’Ouest et 3 en Afrique centrale. ATW est la 1ère institution bancaire au
Sénégal.

La Banque Centrale Populaire a acquis 7 banques en 2012 après un accord avec


l’ivoirien Atlantic Financial Group.

La BMCE Bank confirme sa vocation de banque du commerce extérieur et se développe


à travers 2 participations directes et sa participation dans Bank Of Africa.

2° - Le secteur de l’assurance :
Après la levée de 250 millions de MAD auprès de la SFI et d’Abraaj Capital, Saham
Finances a résolument accéléré son développement sur le continent à travers le rachat de
Colina en novembre 2010 et se positionne sur 13 pays.

3° - Le secteur des télécommunications :


Ce secteur représente 25% des IDE marocains en Afrique.

Maroc Telecom est présent à travers 4 filiales, toutes leader ou opérateur de référence
dans leurs marchés respectifs avec 30 millions de clients mobiles :

Mauritel acquise en 2001 en Mauritanie, Onatel en 2006 au Burkina Faso, Gabon


Telecom en 2007, Sotelma en 2009 au Mali.

4° - La Royal air Maroc RAM :


Cette compagnie assure 31 destinations en Afrique. Avec les nouvelles liaisons qui
renforcent le réseau et permettent de consolider le rôle majeur de Royal Air Maroc en tant que
plate forme de correspondances incontournable entre l’Afrique et le reste du monde, elle veut
davantage s’impliquer dans la promotion des activités culturelles et artistiques qui participent
de la consolidation de l’identité africaine.

Outre ces nouvelles liaisons, la RAM augmentera son offre sur Londres, au départ de
Casablanca, en passant de 10 à 14 vols par semaine. Ce renforcement des vols sur les deux
aéroports de la capitale anglaise (Gatwick et Heathrow) permettra aux passagers des vols de
Lagos, Abuja et Accra (anglophones dans leur majorité) de bénéficier de meilleures
opportunités de connexions avec la Grande Bretagne qui abrite une importante communauté
issue du Nigéria et du Ghana.

5° - Les autres secteurs


Managem est présent dans 6 pays à travers des concessions d’or, de cuivre et de cobalt.

L’OCP se prépare à investir le marché africain car beaucoup de pays de la région


prévoient d’opérer leur « révolution verte » en développant le rendement de leurs terres
cultivées : l’Afrique représente 1% de la consommation mondiale d’engrais pour 18% de
terres cultivables.

GEMADEC, SOMAGEC, YNNA , ALLIANCE, ADDOHA, …

6° - La formation
Conscient que l’être humain devrait être au centre de toute stratégie de développement,
le Maroc a fait de la formation une composante importante et indispensable dans les
programmes de coopération avec les pays africains. 18 000 africains formés jusqu’à
maintenant et actuellement, 7500 étudiants et stagiaires africains suivent une formation dans
une école, centre ou université au Maroc dont 6000 bénéficient d’une bourse marocaine.

III – Les moyens de promotion du produit Maroc :


1° - la coopération triangulaire
Compte tenu des multiples avantages que présente la coopération triangulaire, le Maroc
considère que cette forme de partenariat peut constituer un vecteur porteur d’avenir pour le
soutien aux efforts de développement des pays d’Afrique subsaharienne. Le Maroc a toujours
marqué sa disponibilité à s’investir avec les pays donateurs et les bailleurs de fonds régionaux
et internationaux qui sollicitent sa collaboration pour la réalisation de programmes tripartites
en faveur des pays d’Afrique subsaharienne.

L’Agence Marocaine de la Coopération Internationale (AMCI) devient ainsi


progressivement l’interlocuteur attitré, sinon privilégié, des partenaires étrangers. A noter à ce
propos que la coopération tripartite, en raison des économies de coûts qu’elle engendre et des
résultats probants qu’elle enregistre, intéresse de plus en plus les bailleurs de fonds et supplée
aux insuffisances de fonds dédiés à l’aide publique au développement.

De nombreux projets ont ainsi été réalisés avec l’appui de l’AMCI, notamment avec la
France et le Japon et des initiatives avec d’autres partenaires sont en cours de réalisation ou
d’examen. Cette forme de coopération a profité, depuis 2000, à plus de 600 stagiaires.

Comme exemples modèles de cette forme de coopération, il y a lieu de citer les


programmes quinquennaux Maroc/Japon/Pays francophones africains en matière de pêches
maritimes, de navigation marchande, d’entretien routier et d’eau potable, qui consistent en
l’organisation au Maroc de sessions de formation de quatre à cinq semaines par an dans ces
différents domaines au profit de cadres africains

2° - le rôle accru des missions diplomatiques marocaines :


Constituée de 19 ambassades en Afrique Subsaharienne, la diplomatie marocaine a un
rôle de suivi des investissements et d’accompagnement. Elle entreprend ainsi différentes
actions de promotion et de veille :

 Elle accompagne les organismes de promotion tels que Maroc Export, l’Agence
Marocaine de Développement des Investissements, l’Office National Marocain
du Tourisme et la Maison de l’Artisan.
 Elle participe à la préparation de la présence marocaine aux différents salons et
foires,
 Elle assure la mission de veille économique…

2° - les visites royales : (25 depuis 2000 et 4 en 2014)


Ces visites permettent de consolider l’ancrage historique et stratégique du Maroc sur le
continent et, par la même occasion, donnent un nouvel élan à la dynamique de coopération
sud-sud que prône le Maroc avec les pays africains. Elles donnent un engagement et une
assurance forts et démontrent le grand intérêt qu’accorde le Souverain marocain au
développement et à l'enrichissement des relations de coopération avec l’Afrique dans
plusieurs domaines et qu’elles s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de consolidation des
liens de partenariat et de fraternité traditionnels avec les pays africains imprimée par le Roi du
Maroc.

3° - La Commission mixte public-privé pour le suivi des investissements :


La Commission mixte public-privé chapeautée par le ministre des Affaires étrangères et
dont mission est d’assurer le suivi de la mise en œuvre des accords signés ou lancés dans les
pays africains a été crée en application des Hautes instructions de Sa Majesté le Roi
Mohammed VI. Elle vise initialement à examiner les moyens de favoriser la mise en œuvre
des 91 accords, signés au Mali, en Côte d'Ivoire, en Guinée-Conakry et au Gabon.

4° - les conventions et les commissions mixtes :


A l’heure actuelle, le Maroc se félicite d’avoir des relations de coopération suivies avec
une quarantaine de pays africains : l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Cap
vert, la République Centrafricaine, les Comores, la République du Congo, la République
Démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Djibouti, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, le
Gabon, la Gambie, le Ghana, La Guinée, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, le Kenya,
le Liberia, la Libye, Madagascar, le Mali, Maurice, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda,
Sao Tomé et Principe, Le Sénégal, Seychelles, Sierra Léone, Soudan, Swaziland, Tchad, Togo
et Tunisie.

Cette coopération est actuellement régie par un cadre juridique comportant quelques
478 Accords, Conventions et Protocoles. Sa mise en œuvre est assurée par des commissions
mixtes. Des dispositifs institutionnels, tel l’Agence Marocaine de Coopération Internationale
(AMCI), sont également mis en place pour donner une forte impulsion à cette coopération.

5° - l’assistance :
Pour promouvoir son image de marque, le Maroc n’hésite pas à assister les pays
africains les moyens avancés.

Ainsi il a, par exemple, offert la construction des bureaux du ministère des affaires
étrangères et un hôpital en Gambie, des cités universitaires au Benin et aux Iles Comores, …

A côté de cela, il a envoyé des aides ou des hôpitaux militaires de campagne dans
plusieurs pays chaque fois que le besoins s’est fait sentir (Niger, Gabon, …).

Les contingents militaires marocains ont été ou sont encore présents dans les opérations
de maintien de paix dans plusieurs pays africains qui connaissent des conflits (RDC, Côte
d’Ivoire, RCA, …)

IV - L’encours des investissements directs marocains en Afrique


A fin 2012 le stock des investissements directs marocains réalisés en Afrique a atteint
8,5Mds DH, en augmentation de 3,7%. Sa part dans le total des investissements directs
marocains à l’étranger s’élève à 46,8%, une part qui demeure relativement stable d’une année
à l’autre
Par pays, en termes de stock, le Mali est le premier pays récepteur d’investissements
marocains en Afrique en 2012 avec 2,2Mds DH ou 25,5%. Ce montant représente près de
10% du stock d’investissements directs étrangers détenu en Afrique. Il est suivi de la Côte
d’Ivoire avec un encours de 1,7 Md DH ou 20% et du Gabon (1,1 Md DH ou 12,9%).
L’encours de ces trois pays représente 58,8% du stock des investissements directs marocains
en Afrique.

Par secteurs, la présence du Maroc en Afrique est plus marquée dans le secteur bancaire
avec un stock d’investissements marocains de 4,3 Mds DH en 2012, soit 50,6% suivi du
secteur des télécommunications (2,1 Mds DH ou 24,7%) et des cimenteries (0,8Md DH ou
9,4%)

Conclusion
La présence de banques marocaines dans différents pays d’Afrique Subsaharienne de
même que l’amélioration générale des infrastructures de transport, ainsi que les bonnes
relations bilatérales cultivées par la diplomatie marocaine sont évidemment un plus pour les
potentiels investisseurs marocains.

Avec près de 1.000 entreprises déjà présentes en Afrique, le Maroc se positionne


comme un des premiers fournisseurs d’IDE au niveau intracontinental. La nouvelle
dynamique de coopération économique offre aux investisseurs marocains de nouvelles
possibilités de croissance

Néanmoins, même si cette politique, dans son versant économique, n’est pas la success
story relayée par un certain nombre d’acteurs et d’analystes, plusieurs résultats sont déjà
tangibles : - une solidification de l’axe Rabat-Nouakchott-Dakar ; - une présence économique
plus affirmée dans l’Afrique francophone ; - des jalons posés qui laissent augurer des progrès.
Cette offensive économique participe, à sa mesure, à l’amélioration de l’image du pays sur le
continent.

Et les efforts déployés par le Maroc paient. De plus en plus d’entreprises étrangères
s’installent ainsi au Maroc avec pour objectif de se développer, à plus ou moins long terme,
vers d’autres pays d’Afrique.

Les yeux du Maroc seront dirigés, dans l’avenir vers l’Afrique orientale et l’Afrique
australe qui renferment beaucoup de potentialité. Mais le travail sera dur car les pays dans ces
régions généralement anglophones sont dominés par l’Afrique du Sud qui est hostile au notre
Pays et à notre cause.

Références:
 Les investissements directs marocains en Afrique – Office des Changes 20 Mars 2014.
 Tribune de l’Institut Thomas Morc N° 40 de Mars 2014.
 Note de l’institut français des relations internationales (IFR) - «Le Maghreb dans son
environnement régional et international».
 Site du MAEC.
 Revue REGARDS du 3 Mai 2013.

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