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SESSION 2024

UE 211 – GESTION JURIDIQUE FISCALE ET SOCIALE

Durée de l’épreuve : 4 heures

Le sujet comporte : 6 pages numérotées de 1 à 6

 Il vous est demandé de vérifier que le sujet est complet dès sa mise à disposition.

 Aucun document n’est autorisé.

 Aucun matériel n’est autorisé. En conséquence, tout usage d’une calculatrice est
INTERDIT et constituerait une fraude.

Le sujet se présente sous la forme de CINQ dossiers indépendants :

Dossier 1 : TRANSMISSION DE L’ENTREPRISE (2 QUESTIONS) 4,0 points


Dossier 2 : ENTREPRISE EN DIFFICULTE (4 QUESTIONS) 4,0 points
Dossier 3 : TERRITORIALITE DE L’IMPOT ET DROIT PENAL (4 QUESTIONS) 4,0 points
Dossier 4 : DEVELOPPEMENT ET RESTRUCTURATIONS (8 QUESTIONS) 5,5 points
Dossier 5 : DROIT FISCAL ET DROIT DES CONTRATS (3 QUESTIONS) 2,5 points

Le sujet comporte UNE annexe.

AVERTISSEMENT
Si le texte du sujet ou de ses questions vous conduit à formuler une ou plusieurs hypothèses, il
vous est demandé de la (ou les) mentionner explicitement dans votre copie.

Il vous est demandé d’apporter un soin particulier à la présentation de votre copie.


Les réponses doivent être pertinentes, complètes et brèves.
Les numéros d’articles de loi ne sont nullement exigés des candidats.
Justifiez vos réponses.

SUJET
_________________________________________________________________________________

DOSSIER 1 : TRANSMISSION DE L’ENTREPRISE

Madame Ingénue souhaiterait acquérir le fonds de commerce de Monsieur Malin qui vend des produits
parfumés pour la maison : bougies, encens et autres diffuseurs de senteurs. Elle n’est malheureusement
pas très compétente en droit et vous pose de multiples questions.

Monsieur Malin lui a montré les éléments suivants lui appartenant aujourd’hui et ayant un lien avec
l’exploitation du fonds de commerce :
- les locaux dans lesquels le fonds de commerce est exploité (Monsieur Malin en est propriétaire) ;
- les meubles de présentation des produits ;
1
- les marchandises ;
- un charriot élévateur facilitant le stockage des marchandises ;
- le contrat de franchise conclu avec un franchiseur ;
- les dettes liées au paiement des marchandises non encore réglées ;
- le prix 2020 remis par la Mairie de la ville pour la plus belle boutique de l’année.

Madame Sanbon est aujourd’hui salariée à temps plein en tant que vendeuse dans la boutique.

Travail à faire :

1.1.-Madame Ingénue voudrait savoir, parmi les éléments mentionnés ci-dessus, quels sont
juridiquement nécessaires pour que la cession du fonds de commerce soit possible. Il est inutile
d’étudier les éléments non mentionnés ci-dessus.

1.2.-Que va-t-il devenir le contrat du travail de Madame Sanbon ?

DOSSIER 2 : ENTREPRISE EN DIFFICULTÉ

Le célèbre restaurant, « La Girolle joyeuse », exploité depuis sa création en 2005 sous forme de SARL
connaît, comme beaucoup d’autres, des moments difficiles du fait des crises sanitaires et politiques
mondiales.

Fort de deux étoiles dans le guide Michelin et d’une clientèle habituellement importante et fidèle, le chef
et propriétaire du restaurant, Madame Latoque, espère bien avec un peu d’aide surmonter ses difficultés.

Le restaurant n’est pas encore en état de cessation des paiements. Le chef a mis à profit son temps libre
pendant le confinement pour inventer de nouvelles recettes qui a fait parler de lui…

Toutefois, les difficultés s’accumulent :


- la trésorerie s’appauvrit malgré les aides de l’Etat ;
- les emprunts vont devenir difficiles à rembourser ;
- le coût augmente considérablement en raison de la hausse des prix de matières premières et d’énergie
ainsi que du manque du personnel.

Madame Latoque aimerait bien trouver un accord global avec ses principaux créanciers et éviter toute
mauvaise publicité.

Travail à faire :

Vous répondez aux questions suivantes :

2.1.-A quelle procédure pourra-t-elle songer ? Citer quatre principaux avantages juridiques de
cette procédure pour elle. Il est inutile de citer les avantages pour les autres personnes, par
exemple, les créanciers du restaurant.

2.2.-Combien de temps au maximum pourrait durer cette procédure ?

2.3.-Pour que l’accord conclu dans le cadre de cette procédure soit valable, tous les créanciers du
restaurant devront-ils l’accepter ?

2
2.4.-Si un accord était trouvé dans le cadre d’une telle procédure, le banquier de l’établissement
aurait-il un intérêt particulier à accepter de lui prêter de l’argent ?

DOSSIER 3 : TERRITORIALITÉ DE L’IMPÔT ET DROIT PÉNAL

La SA française « Sur le fil », fabricante renommée de fibres optiques destinées à équiper des dispositifs
médicaux, multiplie des efforts pour se développer à l’international.

Elle vient notamment d’ouvrir en Australie une succursale destinée à lui donner une véritable visibilité
et à conquérir de nouveaux clients. Pour cela, elle a investi 34 millions d’euros, veillant notamment à ce
que la succursale soit d’autant mieux accueillie qu’elle réalise entièrement sur place la fabrication et la
commercialisation des produits à partir de talents et matériaux du pays concerné sans avoir à dépendre
des activités françaises.

Travail à faire :

3.1.-Le résultat des activités réalisées par la société « Sur le fil » en Australie sera-t-il imposable en
France ? Attention : il est inutile d’étudier la convention fiscale franco-australienne.

Dans le cadre d’une information judiciaire, il est apparu que la société « Sur le fil » a eu des
comportements susceptibles d’être qualifiés de blanchiment. La société ne conteste pas le bien-fondé des
faits et cherche à régler rapidement cette affaire.

Travail à faire :

3.2.-De façon générale, quels sont les éléments constitutifs de l’infraction de blanchiment ?

3.3.-Quel est le délai de prescription de l’action publique dans notre cas ?

3.4.-Le procureur de la République n’a pas encore déclenché l’action publique à l’encontre de la
société « Sur le fil », quelle procédure conseillez-vous à celle-ci ?

DOSSIER 4 : DÉVELOPPEMENT ET RESTRUCTURATIONS

La société française Youpi, spécialisée dans l’événementiel, est une société anonyme à conseil
d’administration.
Son dirigeant est Monsieur Bonhumeur, P-DG de la société.
Le conseil d’administration est composé de cinq administrateurs dont la société SAS Fêtegrandiose
(actionnaire de la société) et Madame Bonhumeur (elle n’est pas actionnaire de la société).
La société n’est pas dotée d’un commissaire aux comptes et son dirigeant trouve cette situation simple
car il n’a pas de comptes à rendre.

Travail à faire :

4.1.-Une société peut-elle être administrateur d’une société anonyme ?

4.2.-Madame Bonhumeur, sans être actionnaire de la société Youpi, peut-elle être administrateur
de celle-ci ?
3
4.3.-La société Youpi est-elle tenue de désigner au moins un commissaire aux comptes ?

La société Youpi souhaite opérer une fusion-absorption avec la société SA Lajoie, qui exerce la même
activité. La première va absorber la deuxième. La société SA Lajoie est une concurrente sans lien
capitalistique avec la société Youpi.
Le banquier de la société Youpi qui lui a consenti un prêt il y a un an ne voit pas d’un bon œil ce projet.

Travail à faire :

4.4.-Les sociétés Youpi et Lajoie devront-elles nommer un commissaire à la fusion ? De qui


s’agira-t-il ?

4.5.-Quels organes de quelles sociétés seront compétents pour décider de cette fusion ?

4.6.-Le banquier de la société Youpi pourra-t-il s’opposer à la fusion ? Quelles en seraient les
conséquences ?

Monsieur Bonhumeur a finalement renoncé à ce projet de fusion avec la société Lajoie.


Afin d’améliorer le financement de l’entreprise, il projette une opération d’augmentation de capital
suivie d’une réduction de capital.

Travail à faire :

4.7.-Quel est l’organe compétent pour prendre une telle décision ?

4.8.-Quel est le nom de cette opération d’augmentation de capital suivie de réduction de capital ?

DOSSIER 5 : DROIT FISCAL ET DROIT DES CONTRATS

La société SARL Bienêtre exploite plusieurs centres de thalasso en Bretagne.

A l’issue d’un contrôle fiscal qui s’est déroulé convenablement, une proposition de rectification (dans le
cadre de la procédure de rectification contradictoire) a été notifiée à la société Bienêtre.

Travail à faire :

5.1.-La société Bienêtre est-elle tenue de répondre à la proposition de rectification ? Quelles


seraient les conséquences du silence éventuellement gardé par celle-ci ?

5.2.-A ce stade, la société Bienêtre peut-elle saisir le juge de l’impôt afin de régler ses différends
avec l’Administration fiscale ?

Le 25 février, au centre Thalasso de Carnac exploité par la société Bienêtre, est arrivé un couple de
clients, Madame et Monsieur Boneau. Ces derniers ont payé un séjour de cinq jours. Le 27 février, suite
à l’hospitalisation en urgence de Monsieur Boneau, le couple a mis fin à leur séjour.
Le 4 avril, le couple a demandé à leur prestataire le remboursement des frais correspondant aux jours où
ils n’ont pas pu profiter de leur séjour, ce qui a été refusé.
Le couple décide d’agir en justice afin de demander la résolution du contrat avec indemnisation en
invoquant un cas de force majeure.
4
Travail à faire :

5.3.-En vous aidant du document proposé en annexe, vous indiquerez si le couple Boneau peut
valablement invoquer la force majeure pour demander la résolution du contrat avec
indemnisation.

Annexe : extrait de l’arrêt Cass. civ. 1re, 25 nov. 2020, n° 19-21060

Faits et procédure
1. Selon le jugement attaqué (tribunal d’instance de Manosque, 27 mai 2019), rendu en dernier ressort,
par acte du 15 juin 2017, M. et Mme X... ont souscrit un contrat d’hébergement auprès de la société
Chaîne thermale du soleil (la société) pour la période du 30 septembre 2017 au 22 octobre 2017 pour
un montant total de 926,60 euros, payé le 30 septembre 2017. Le 4 octobre, M. X..., hospitalisé en
urgence, a dû mettre un terme à son séjour. Mme X... a quitté le lieu d’hébergement le 8 octobre.
2. Soutenant n’avoir pu profiter des deux dernières semaines de leur séjour en raison d’une
circonstance revêtant les caractères de la force majeure, M. et Mme X... ont assigné la société en
résolution du contrat et indemnisation.
[…]
Énoncé du moyen
3. La société fait grief au jugement de prononcer la résiliation du contrat à compter du 9 octobre 2017
et de la condamner au paiement d’une certaine somme, alors "que, si la force majeure permet au
débiteur d’une obligation contractuelle d’échapper à sa responsabilité et d’obtenir la résolution du
contrat, c’est à la condition qu’elle empêche l’exécution de sa propre obligation ; qu’en retenant que
l’état de santé de M. X... était constitutif d’une situation de force majeure de nature à justifier la
résolution du contrat et la condamnation de la société à lui reverser les sommes perçues, quand ces
difficultés de santé ne l’empêchaient aucunement d’exécuter l’obligation dont il était débiteur, mais
uniquement de profiter de la prestation dont il était créancier, le tribunal d’instance a violé l’article
1218 du code civil."

Réponse de la Cour
Recevabilité du moyen
4. M. et Mme X... contestent la recevabilité du moyen. Ils soutiennent qu’il serait contraire aux
arguments développés par la société devant le tribunal d’instance.
5. Cependant la société a contesté l’application de la force majeure dans ses conclusions.
6. Le moyen est donc recevable.

Bien fondé du moyen


Vu l’article 1218, alinéa 1, du code civil :
7. Aux termes de ce texte, il y a force majeure en matière contractuelle lorsqu’un événement échappant
au contrôle du débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat et
dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées, empêche l’exécution de son
obligation par le débiteur.
8. Il en résulte que le créancier qui n’a pu profiter de la prestation à laquelle il avait droit ne peut
obtenir la résolution du contrat en invoquant la force majeure.
9. Pour prononcer la résiliation du contrat à compter du 9 octobre 2017, après avoir énoncé qu’il
appartenait aux demandeurs de démontrer la force majeure, le jugement retient que M. X... a été victime
d’un problème de santé imprévisible et irrésistible et que Mme X... a dû l’accompagner en raison de son
transfert à plus de cent trente kilomètres de l’établissement de la société, rendant impossible la
poursuite de l’exécution du contrat d’hébergement.

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10. En statuant ainsi, alors qu’il résultait de ses constatations que M. et Mme X... avaient exécuté leur
obligation en s’acquittant du prix du séjour, et qu’ils avaient seulement été empêchés de profiter de la
prestation dont ils étaient créanciers, le tribunal a violé le texte susvisé.

PAR CES MOTIFS, … : CASSE ET ANNULE, … ;

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