Charte Spectacle Vivant
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Charte Spectacle Vivant
SUPPLÉMENT
DÉPARTEMENT
DE LINFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION LET TRE
rue de Valois
Paris Cedex
DINFORMATION
Culture
Ministère de la culture
www.culture.gouv.fr et de la communication
DE SERVICE PUBLIC
sommaire POUR LE SPECTACLE
03/
Les fondements de
lintervention publique
en matière culturelle Depuis l’institution d’un Ce texte apparaît d’autant
ministère des affaires culturelles plus nécessaire qu’il intervient
04/ il y a près de quarante ans, l’Etat au moment d’une réforme
Lorganisation des a su maintenir, au travers des importante du mode de fonc-
responsabilités de service évolutions profondes de la tionnement de l’Etat, tant à
public dans le domaine société et des alternances poli- travers la déconcentration de ses
du spectacle vivant tiques, un engagement constant moyens d’action au niveau
en faveur de l’art et de la culture, régional, chargé de la mise en
Les responsabilités du ministère au côté des artistes, des acteurs œuvre concrète de la politique
chargé de la culture culturels et artistiques et des col- culturelle, que de la réorgani-
La définition des missions lectivités territoriales. sation de son administration
>> le ministère agit directement La réaffirmation de cet centrale, renforcée dans ses mis-
>> le ministère soutient laction engagement prend aujourd’hui sions de pilotage, d’impulsion et
des collectivités territoriales une importance singulière. La d’évaluation de l’action de
>>le ministère confie à des per- situation de la culture dans notre l’Etat.
sonnes de droit privé des pays est à l’évidence étroitement Enfin, dans une période où
missions dintérêt général dépendante des évolutions éco- les collectivités territoriales
Lorganisation de lEtat nomiques, sociales et idéolo- assurent de manière croissante
giques en France et dans le leurs responsabilités culturelles,
Les responsabilités des équipes monde : la mondialisation des cette charte veut répondre à une
subventionnées échanges, la primauté de l’au- demande générale des élus
et conventionnées diovisuel, les grandes potentia- comme des artistes et des res-
>> La responsabilité artistique lités qu’offre la construction ponsables culturels d’une parole
>> La responsabilité territoriale européenne transforment l’en- forte et claire de l’Etat, ouverte
>> La responsabilité sociale vironnement de la production au dialogue et au contrat.
>> La responsabilité artistique et les modalités
professionnelle d’accès à la culture. De même,
la contestation croissante, sans
Les règles relatives à la direction discernement, du principe de
et à la gestion des établissements financement public de certaines
assurant des missions de service activités et la remise en cause,
public minoritaire mais brutale, des
>> Les conditions de nomination valeurs d’universalité et de plu-
des directeurs ralisme placent l’art et la culture
>> La responsabilité artistique au cœur du débat et des choix
et culturelle du directeur politiques.
>> Les responsabilités Dans ce contexte, la présente
financières et de gestion charte est d’abord le rappel de
des entreprises la volonté du ministère de la
>> Le suivi des coûts culture et de la communication
de production et de diffusion d’un engagement fort de l’Etat
>> Lapplication de la en faveur de la création artis-
réglementation tique et du développement cul-
turel dans le domaine du spec-
tacle vivant.
03/SUPPLÉMENT
LES FONDEMENTS
DE LINTERVENTION PUBLIQUE
LETTRE DINFORMATION
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
décembre
EN MATIÈRE CULTURELLE
Quatre textes constitutifs 1982 et 1983 qui n’ont pas tution de démocratisation des
fondent et légitiment, aujour- réservé de compétence particu- pratiques culturelles, sachant
d’hui, l’intervention des pou- lière à une collectivité publique qu’elle ne peut en approcher
voirs publics en matière cultu- en matière de spectacle vivant. qu’en mettant l’art et les artistes
relle et artistique : Au regard des responsabilités au centre de ce projet. Il n’y a
générales énoncées par la consti- pas de développement culturel
>> le préambule de la constitution, tution, l’Etat, la Région, le sans dynamique artistique forte
qui depuis dispose que « la Département et la Commune et la vitalité artistique est en
Nation garantit l’égal accès de sont donc également fondés à partie tributaire de la rencontre
l’enfant et de l’adulte à l’ins- intervenir dans ce domaine. et du dialogue avec la société.
truction, la formation profes-
sionnelle et à la culture » L’engagement de l’Etat en
faveur de l’art et de la culture
>> le traité de Maastricht sur relève d’abord d’une conception
lUnion européenne qui fait et d’une exigence de la démo-
figurer dans son article au cratie :
nombre des objectifs de l’action
de la Communauté : « une >> favoriser l’accès de tous aux
contribution à une éducation et œuvres de l’art comme aux pra-
à une formation de qualité ainsi tiques culturelles
qu’à l’épanouissement des cul-
tures des Etats membres ». En >> nourrir le débat collectif et la
outre, l’article permet la réa- vie sociale d’une présence forte
lisation d’actions d’encoura- de la création artistique, en
gement destinées, dans le reconnaissant aux artistes la
respect de la diversité nationale liberté la plus totale dans leur
et régionale, et en rappelant travail de création et de dif-
l’héritage culturel commun, à fusion
appuyer et à compléter les
actions des Etats membres. >> garantir la plus grande liberté
de chaque citoyen dans le choix
>> le décret relatif aux attributions de ses pratiques culturelles.
du ministre chargé de la culture qui
lui donne pour missions de La politique culturelle s’est
rendre accessibles au plus grand enrichie depuis l’après-guerre
nombre les œuvres capitales de d’une histoire encore brève mais
l’humanité, et d’abord de la riche qui va de la décentrali-
France, d’assurer la plus vaste sation dramatique, en passant
audience à notre patrimoine cul- par la création du ministère, jus-
turel, de favoriser la création des qu’au fort développement
œuvres de l’art et de l’esprit et depuis une quinzaine d’années
de développer les pratiques des politiques culturelles de
artistiques (...) l’Etat et des collectivités locales.
Elle conser ve son objectif
>> les lois de décentralisation de majeur affirmé par la consti-
04/SUPPLÉMENT
LORGANISATION
DES RESPONSABILITÉS DE SERVICE
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MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
décembre
LES RESPONSABILITÉS
DU MINISTÈRE CHARGÉ
DE LA CULTURE
L’action publique dans le domaine de la culture engage la respon- la Cité de la Musique, le Centre national de la Danse, l’établis-
sabilité de l’Etat dans son ensemble et concerne de nombreux dépar- sement public du parc et de la grande halle de la Villette.
tements ministériels. Au-delà de ses responsabilités propres, le
ministère chargé de la culture a donc aussi celle de proposer à l’en- Le ministère soutient laction des collectivités territoriales :
semble du Gouvernement une stratégie cohérente de dévelop- Dans le cadre de leurs politiques culturelles, les collectivités terri-
pement culturel. toriales sont en partenariat fréquent avec l’Etat pour soutenir des
équipes artistiques et des institutions culturelles. Elles sont éga-
La définition des missions lement conduites, compte tenu des cadres juridiques et statutaires
Le ministère agit directement : actuellement en place, à gérer directement des services culturels.
>> par l’aide à la création, sous forme de commandes musicales ou Elles disposent enfin de la plupart des lieux affectés, ou suscep-
dramatiques à des artistes, ou bien de soutien aux projets de création tibles d’être affectés au spectacle vivant.
artistique des compagnies dramatiques, chorégraphiques, des Les subventions du ministère aux collectivités locales sont justi-
ensembles musicaux ou lyriques, après avoir recueilli l’avis de com- fiées par une convergence d’objectifs culturels relevant de l’intérêt
missions ou de comités d’experts indépendants. général afin de favoriser un projet de portée nationale et de
>> par les nominations qu’effectue et les agréments que donne le contribuer à l’aménagement culturel du territoire.
ministre dans le cadre de l’administration de réseaux nationaux ou Ces interventions peuvent s’appliquer par exemple :
d’organismes d’ampleur nationale ou internationale. >> aux constructions ou aux travaux d’équipement.
>> par l’aide aux échanges artistiques internationaux. >> à des théâtres lyriques, à leurs ballets, à certains orchestres et aux
>> par la protection d’ordre patrimonial de certains théâtres histo- théâtres de ville.
riques ainsi que des salles de spectacles relevant de l’ordonnance >> à des programmes et projets concertés inscrits dans les conven-
du octobre modifiée. tions de développement culturel ou dans les contrats de plan.
>> par la régulation d’ordre économique ou réglementaire des sec- >> aux aides à la création d’emplois en matière de médiation ou d’é-
teurs du spectacle vivant les plus insérés dans le marché (le théâtre ducation artistique et culturelle.
privé, les variétés, le cirque, les musiques actuelles, les industries Les collectivités territoriales (régions, départements, communes ou
musicales notamment). leurs regroupements) interviennent en outre de leur propre ini-
>> par la définition d’un cadre juridique adapté aux professions du tiative, en faveur des équipes artistiques et de l’offre de spectacle
spectacle. vivant, dans le cadre de la compétence générale qui leur est reconnue.
Elles sont ainsi responsables des théâtres de ville.
Le ministère confie des missions à des établissements publics sous sa tutelle :
>> l’Opéra national de Paris, la Comédie-Française, les théâtres Le ministère confie enfin à des personnes de droit privé des missions de
nationaux de l’Odéon, de la Colline, de Chaillot et de Strasbourg, service public
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décembre
Cette démarche repose sur un projet d’orientation et un contrat des critères et des modalités de mise en œuvre des objectifs et des
afin que soient fixés : l’objet et la durée de la mission ; les engage- priorités politiques ; action sur le cadre juridique, social, écono-
ments mutuels qui en résultent pour l’Etat et ses partenaires ; les mique de l’activité des entreprises de spectacle vivant ; action sur
règles professionnelles et administratives qui s’y attachent ; les la cohérence et la dynamique des politiques artistiques ; attention
modalités d’évaluation. particulière et soutien aux actions innovantes, tant du point de
Ce mode de coopération a pris une ampleur particulière dans le vueartistique que social.
domaine du spectacle vivant, jusqu’à structurer, pour une bonne >> la préparation du choix des nominations de directeurs d’entre-
part, le fonctionnement et l’économie de ce secteur, notamment en prises artistiques, quand la règle en est posée statutairement ou par
favorisant la constitution de réseaux formels ou informels. convention.
Il concerne : >> l’agrément préalable à la nomination des directeurs, comme à
>> les centres dramatiques (avec les contrats de décentralisation celle des administrateurs dans certains cas.
dramatique). >> l’approbation préalable à la signature des conventions-cadre ou
>> les centres chorégraphiques nationaux (conventions). contrats d’objectifs liant l’Etat à certaines entreprises artistiques et
>> les scènes nationales (avec les projets d’orientation et les contrats culturelles relevant de la présente charte.
d’objectifs). >> l’évaluation de l’ensemble des actions conduites, en particulier par
>> les orchestres symphoniques (contrats d’objectifs). les réseaux participant à des missions de service public, allant d’un
>> les ensembles vocaux et musicaux missionnés (conventions). suivi général de l’activité jusqu’à des inspections approfondies, en
>> les scènes de musiques actuelles conventionnées. assurant, notamment, une évaluation systématique de chaque insti-
>> les compagnies, théâtre, danse, marionnette, arts de la rue et de tution à l’occasion de l’échéance d’un mandat ou d’une convention.
la piste, les associations lyriques et les centres de création musicale >>la responsabilité spécifique de l’Etat à l’égard de l’enseignement
conventionnés. artistique spécialisé comme des enseignements à vocation profes-
>> les festivals d’intérêt national comme certains lieux de fabrication sionnelle.
et de production de spectacles vivants. Les responsabilités des directions régionales des affaires cultu-
>> les associations départementales et régionales de développement relles sont renforcées et clarifiées.
musical et chorégraphique. Sous l’autorité des Préfets, il revient aux directions régionales des
>> des organismes de ressources pour la diffusion (Office national affaires culturelles d’assurer la mise en œuvre de la politique cul-
de diffusion artistique) ou l’information du public (Centre national turelle de l’Etat dans le cadre des directives ministérielles.
du théâtre, Centre d’information et de ressources pour les musiques Cette mise en œuvre suppose un suivi et une animation de la vie
actuelles...). artistique et culturelle dans la région ainsi qu’une coopération étroite
Les organismes qui composent ces ensembles bénéficient généra- avec les collectivités territoriales.
lement, et parfois de manière prépondérante, du soutien des col- Les directions régionales des affaires culturelles sont en particulier
lectivités territoriales. chargées : de l’expertise, du conseil et de l’information ; de l’éla-
boration et du suivi du partenariat avec les collectivités territo-
Lorganisation de lEtat riales ; de l’animation des partenaires culturels au niveau régional ;
Le mouvement de déconcentration administrative progressivement de l’attribution de la majeure partie des subventions ; du contrôle
mis en place par l’Etat depuis une trentaine d’années s’applique des organismes et des actions qu’elles subventionnent, le cas échéant
pleinement au secteur culturel. avec l’appui de l’administration centrale.
Sous l’autorité du ministre chargé de la culture, responsable de la L’articulation de l’activité des directions régionales des affaires cul-
globalité de la politique culturelle de l’Etat, les services décon- turelles avec celle de l’administration centrale est assurée notamment
centrés sont chargés de la mise en œuvre des actions, dans le cadre par des échanges réguliers d’informations et d’analyses, par la pro-
de directives annuelles. duction de schémas directeurs nationaux et de schémas plurian-
Dans le champ de responsabilité du ministre chargé de la culture nuels d’action régionale, par les bilans d’activité des directions régio-
et sous son autorité, la conception et la définition de la politique nales et par la fonction de suivi et d’évaluation de l’inspection de
culturelle de l’Etat relèvent de l’administration centrale : la création et des enseignements artistiques.
>> la conception et l’animation des politiques nationales : définition
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LES RESPONSABILITÉS
DES ÉQUIPES SUBVENTIONNÉES
ET CONVENTIONNÉES
L’Etat attend que les organismes et équipes composant les réseaux internationale, à commencer par l’espace européen, un terrain
nationaux qu’il soutient assument clairement leurs responsabilités concret d’application. L’action internationale des établissements
artistiques, territoriales, sociales et professionnelles, pour la meilleure doit être fondée sur la recherche du pluralisme culturel et du dia-
utilisation des deniers publics. logue entre les cultures.
Les responsabilités financières et de gestion du directeur ration emprunte d’autres procédures, un plafond de rémunération
>> Les décisions artistiques, sociales et techniques sont prises avec pourra être fixé par le ministère chargé de la culture.
le souci de maîtriser les coûts de production, d’accueil et de gestion
dans le plus juste rapport aux objectifs artistiques et culturels. Le suivi des coûts de production et de diffusion
>> Dans la gestion de l’entreprise et les arbitrages budgétaires Les contrats liant l’Etat à des entreprises assurant des responsabi-
internes, la priorité doit être donnée à la valorisation du budget lités de production artistique, ou gérant des masses artistiques per-
artistique et aux dépenses directement liés à la production, et plus manentes, doivent préciser le niveau recherché des indicateurs éco-
particulièrement à l’emploi artistique. nomiques et financiers les plus appropriés au suivi propre à chaque
>> L’équilibre de la gestion est une obligation pour les responsables type d’entreprises.
des institutions artistiques et culturelles. Il doit être absolument A titre d’exemple : le niveau du budget artistique ; la part
réalisé au terme de l’exercice qui marque la fin du mandat du minimale consacrée à la production et la part maximale affectée à
directeur. des productions propres des directeurs artistiques ; la part des salaires
>> L’apparition de tout déséquilibre financier doit faire l’objet, dans artistiques dans la masse salariale globale, ou un nombre minimal
les délais les plus courts, d’une proposition de redressement de la de paiement de mois de salaires artistiques.
part du directeur. Une transparence totale doit être assurée sur le coût de vente
>> Les conventions liant l’établissement aux financeurs publics des spectacles proposés en tournée.
doivent prévoir les conditions d’information de ceux-ci sur les
résultats de la gestion, selon des cadres analytiques définis au niveau Lapplication des réglementations
national pour l’ensemble des établissements, ainsi que des procé- Les entreprises visées par la présente charte ont pour règle et pour
dures d’alerte en cas de difficultés imprévues. obligation d’adopter une attitude exemplaire de respect des régle-
>> La responsabilité des administrateurs pouvant être engagée au mentations érigées par l’Etat, qu’elles s’appliquent à toute entre-
même titre que celle des directeurs, il peut être prévu, contractuel- prise et tout citoyen, ou qu’elles soient spécifiques au spectacle vivant
lement avec l’Etat, ou statutairement, que le choix de leur dési- (réglementation des entrepreneurs de spectacles, régime des inter-
gnation fasse l’objet d’un agrément du ministère chargé de la culture. mittents du spectacle, règles relatives au droit d’auteur notamment).
>> Les grilles de salaires, notamment pour les entreprises qui ne sont
pas régies par une convention collective de branche, doivent être
soumises à l’approbation des instances délibératoires et de tutelle.