Spectroscopie_et_imagerie_raman_
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SPECTROSCOPIE
ET IMAGERIE RAMAN :
DES MATÉRIAUX QUANTIQUES
À LA MATIÈRE VIVANTE
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https://doi.org/10.1051/photon/202312131
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permettant de filtrer efficacement la Figure 1. (a) Principe de la diffusion Raman. (b) Spectre Raman obtenu sur le silicium
raie élastique, la diffusion Raman s’est cristallin montrant la présence d’un phonon optique de nombre d’onde ω0 = 520 cm-1.
progressivement imposée en chimie On notera la présence de processus Stokes à 2 phonons (2ω0).
et en physique pour les études vibra-
tionnelles des molécules et cristaux.
La spectroscopie Raman est ainsi vite Ce développement a permis une Dans la suite de cet article, nous allons
devenue un outil de caractérisation extension majeure de l’utilisation de illustrer avec quelques exemples ces
des matériaux complémentaire aux la spectroscopie Raman dans deux deux avancées.
techniques de diffraction des rayons X directions. La première concerne
pour identifier les phases cristallines l’étude des excitations non vibration- AU-DELÀ DU RAMAN
et détecter des transitions de phases nelles, électroniques ou magnétiques VIBRATIONNEL : L’EXEMPLE
structurales [1]. Pour certaines transi- par exemple, pour lesquels les signaux DES SUPRACONDUCTEURS.
tions plus subtiles comme la transition étaient souvent trop faibles pour être Dans les années 1980, les effets de
paraélectrique ferroélectrique, elle a analysés. La seconde porte sur le dé- résonance apparaissant lorsqu’une
même eu un rôle pionnier dans l’étude veloppement de l’imagerie Raman énergie de laser incident proche
des oxydes de type pérovskites ferroé- permettant de combiner l’information du gap optique du matériau, ont
lectriques comme BaTiO3 et PbTiO3. spectroscopique, par exemple fonc- été mis à profit pour sonder les
Un second pas a été franchi dans les tionnelle pour une molécule, et l’in- excitations électroniques dans les
années 1980 avec le développement formation spatiale par microscopie. semiconducteurs dopés et dans les
des détecteurs CCD à haut rendement
quantique permettant une acquisition
multicanale beaucoup plus rapide des Figure 2. (a) Excitation d’une paire de Cooper brisée par diffusion Raman dans un supra-
spectres par rapport aux détecteurs conducteur à l’énergie 2Δ où Δ est le gap supraconducteur. (b) Spectre Raman dans l’état
monocanaux comme les photomul- supraconducteur (bleu, T<Tc) et dans l’état métallique (rouge, T<Tc) pour deux matériaux
tiplicateurs utilisés précédemment. supraconducteurs à haute température critique.
PUBLI-RÉDACTIONNEL
de type III-V comme GaAs [2]. Ces point de vue fondamental, ces mau-
études pionnières avaient démontré vais métaux sont très intéressants car Raman compacts
que la spectroscopie Raman pouvait ils sont le siège d’ordres électroniques – Pro-Lite
sonder des excitations électroniques. quantiques exotiques dus aux interac-
Plus récemment ces études fondamen- tions électroniques, on parle alors de Pro-Lite propose les spectromètres
tales ont été étendues aux matériaux matériaux quantiques. L’exemple le plus de son partenaire Wasatch, qui
métalliques pour lesquels ces effets de emblématique est celui des matériaux développe des systèmes compacts
résonance sont faibles voire inexistants supraconducteurs qui se comportent hautes performances.
en raison de l’absence de gap optique. comme des conducteurs parfaits (leur Leur large gamme est composée
Il est souvent communément admis résistance électrique est nulle) sous une de spectromètres Raman mono
que la diffusion Raman n’est pas obser- température de transition Tc de l’ordre longueur d'ondes d'excitation (248,
vable dans les métaux. C’est en partie du Kelvin ou moins dans la plupart des 405, 532, 633, 785, 830 et 1064 nm).
vrai pour les « bons » métaux comme métaux. Du point de vue microscopique Chaque système peut être proposé
l’or ou l’argent : la lumière incidente vi- l’état fondamental supraconducteur se avec une source Laser et une sonde
sible pénètre très peu dans le matériau caractérise par un appariement des de mesure.
(quelques nanomètres) et le signal déjà électrons par paires, appelées paires
très faible est souvent dominé par celui de Cooper. Contrairement à un métal
de la couche d’oxyde qui se forme en sur- normal, cet état de la matière possède
face. En revanche pour les « mauvais » un gap dans son spectre d’énergie : le
métaux comme bon nombre d’oxydes premier niveau d’énergie excité en éner-
par exemple, la situation est très diffé- gie correspond à la brisure de paires de
rente : la lumière visible pénètre sur Cooper en deux électrons non-appariés.
plusieurs dizaines voire centaines de Cette excitation de brisure de paires de
nanomètres et les signaux, bien que Cooper est de nature purement électro-
faibles, sont facilement observables nique et non vibrationnelle. Deux À encombrement équivalent, grâce
au choix méticuleux des compo-
sants, ils sont les systèmes les plus
Figure 3. (a) Principe de la microscopie Raman confocale. L'aperture installée dans sensibles du marché et permettent
le trajet du faisceau de signal supprime toutes les contributions du signal provenant la détection de signaux faibles. Cette
des points en dehors du point focal de l'objectif, améliorant ainsi la qualité des images haute sensibilité des spectromètres
Raman. (b) Spectres Raman dans différentes régions d’un dispositif graphène/hBN/SiO2 repose sur 3 éléments principaux :
avec contacts métalliques (image optique en (c)). On notera notamment les phonons • Une plus grande ouverture d'entrée
« G » et « 2D » typiques du graphène. La forme spectrale de la bande 2D sur le spectre 1 que la concurrence (f/1.3 ou f/2).
est typique d’un échantillon de graphène épais (<10 couches). Celle sur le spectre 2 cor- • Des réseaux en transmission bre-
respond à un graphène bi-couche. (d) Variation spatiale de la forme de la bande 2D indi- vetés par Wasatch.
quant un échantillon globalement bi-couche mais avec 2 zones en rouge plus épaisses. • Des optiques en transmission qui
assurent une efficacité de 93%
entre l’entrée et le capteur.
Ces trois éléments permettent la
collection de plus de photons et au-
torisent une plus grande proportion
d’entre eux à rejoindre le détecteur.
Par leur compacité et leur transpor-
tabilité, ils sont adaptés aux applica-
tions de recherche générale visant
à minimiser des ensembles sans
compromis sur la sensibilité.
CONTACT
Pro-Lite Technology France
Nicolas Marlet
05 47 48 90 70
nicolas.marlet@pro-lite.fr
www.pro-lite.fr
CONCLUSION
Dans cet article, nous avons illustré quelques applications
nouvelles ou originales de la spectroscopie et de l’imagerie
Raman. Les directions futures vont vers l’amélioration
de sa résolution spatiale avec les techniques de champ
proche comme le TERS (tip-enhanced Raman spectrosco-
py), et vers l’imagerie ultra-rapide reposant sur la diffusion
Raman stimulée (SRS). Ces deux techniques encore peu
démocratisées ont un avenir prometteur dans l’imagerie
des nanomatériaux et du vivant.
RÉFÉRENCES
[1] W. H. Weber, R. Merlin, « Raman Scattering in Materials
Science », Springer Series in Materials Science (2000)
[2] G. Abstreiter, M. Cardona et A. Pinczuk « Light scattering
by free carrier excitations in semiconductors», dans Light
Scattering in Solids IV, Springer (1984)
[3] T.P. Devereaux et R. Hackl, Rev. Mod. Phys. 79, 175 (2006)
[4] X. Cong, X. L. Liu, M. L. Lin, P. H. Tan, npj 2D Mater. Appl.
4, 13 (2020)
[5] K. Kong, C. Kendall, N. Stone, I. Notinghe, Adv Drug
Deliv. Rev. 89, 121 (2015)