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La Relation Famille-école

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La relation famille-école : l’impact de la famille sur la

motivation scolaire et le rapport de l’élève aux savoirs et


à l’école
Léanne Mouriaprégassin

To cite this version:


Léanne Mouriaprégassin. La relation famille-école : l’impact de la famille sur la motivation scolaire et
le rapport de l’élève aux savoirs et à l’école. Education. 2023. �dumas-04132283�

HAL Id: dumas-04132283


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04132283v1
Submitted on 19 Jun 2023

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La relation famille-école :

L’impact de la famille sur la motivation scolaire et le rapport de l’élève aux


savoirs et à l’école

Mémoire présenté pour l’obtention du Master MEEF

Mention Pratiques et Ingénierie de la Formation

Parcours Recherche en éducation

Léanne MOURIAPRÉGASSIN

Sous la direction de M. ALAOUI


Professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation

Année universitaire 2022-2023


Remerciements

La réalisation de ce mémoire ne s’est pas effectuée sans l'appui et la collaboration de plusieurs


personnes que je tiens à remercier.

En premier lieu, je tiens à remercier mon directeur de mémoire M. Driss ALAOUI qui m’a
accompagné durant ces deux années. Je le remercie de m’avoir beaucoup aidé, encadré, orienté
mes idées pour pousser plus loin la réflexion, et surtout de sa rigueur dans les corrections qui
m’ont permis de concrétiser ce travail.

Deuxièmement, je remercie sincèrement toutes les personnes qui sont intervenus et qui ont
accepté de réaliser des entretiens pour alimenter ma recherche : les parents-d ’élèves qui ont été
coopérants ainsi que les enseignants qui ont fait preuve de beaucoup de bienveillance en
m’aidant dans ma recherche. Je les remercie du temps accordé et surtout de m’avoir fait
confiance.

Puis je remercie tous mes proches de leurs encouragements et de leur soutien qui d’ailleurs se
sont beaucoup investis durant mes enquêtes de terrain, dans la recherche des personnes à
interroger. Et plus particulièrement le soutien de mes parents et une personne très importante
pour moi, qui m’ont permis de persévérer tout au long de ce travail de recherche.

Finalement, je tiens à exprimer ma gratitude envers toute ma famille, les intervenants et mes
amis de leur soutien qu’ils m’ont apporté. Sans toutes ces personnes, l’élaboration de ce
mémoire aurait été compliquée.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
Introduction ............................................................................................................................... 1
1. Cadre historique................................................................................................................. 5
1.1. Histoire de la relation famille-école ............................................................................... 5
2. Cadre théorique .................................................................................................................. 7
2.1. Approche clinique .................................................................................................. 7
2.2 Approche sociologique et ethnographique.............................................................. 9
3. Cadre conceptuel de la recherche ................................................................................... 13
3.1 Concepts et définitions .......................................................................................... 13
3.1.1 Concept de motivation scolaire : qu’est-ce qui encourage l’élève à
apprendre ?...................................................................................................... 13
3.1.2 L’élève confronté à apprendre : concept de rapport au savoir ........................ 14
3.1.3 Le rapport à l’école : la famille impacte-t-elle le développement du rapport à
l’école de l’enfant ? ........................................................................................ 17
3.2 Participation des parents dans le suivi scolaire de l’enfant ............................... 18
3.2.1 Avantage de l’implication familiale ............................................................... 18
3.2.2 L’accompagnement des parents favorisant un bon rapport à l’école chez
l’enfant ............................................................................................................ 22
3.2.3 Inégalité dans les aides aux devoirs à la maison qui reste un débat ............... 24
3.3 L’entrée progressive des parents dans l’école..................................................... 25
3.3.1 Concept de coéducation ................................................................................ 25
3.3.2 Rapport famille-école vers une évolution : relation éducative et dispositifs 28
3.3.3 Des malentendus persistants entre la famille et l’école................................. 29
4. Phase de problématisation ............................................................................................. 32
4.1. Synthèse des travaux ........................................................................................ 32
4.2 Problème et question de recherche .................................................................... 34
4.3 Concepts retenus ............................................................................................... 36
4.4 Approche retenue .............................................................................................. 37
4.5 Démarche .......................................................................................................... 39
4.6 Hypothèses ........................................................................................................ 40
5. Cadre méthodologique...................................................................................................... 41
5.1 Procédure ......................................................................................................... 41
5.2 Méthode d’analyse des données ...................................................................... 41
5.3 Présentations des grilles d’entretien ................................................................. 42
5.4 Choix des populations et prises de contact ...................................................... 44
5.4.1 Identification des parents-d ‘élèves ........................................... 45
5.4.2 Identification des enseignants en école élémentaire.................. 46
5.5 Passation des entretiens.................................................................................... 47
5.6. Avantages et désavantages des entretiens ....................................................... 49
5.6.1 Avantages ................................................................................ 49
5.6.2 Désavantages ........................................................................... 49
5.7. Présentation des grilles d’analyse ................................................................... 50
6. Analyse et interprétation des résultats .............................................................................. 58
6.1 La population des parents-d ’élèves ................................................................. 58
6.1.1 Rapport à l’école des parents durant leur passé .................................... 58
6.1.2 Rapport à l’école des parents aujourd’hui ............................................. 63
6.1.3 La collaboration avec l’école ................................................................ 66
6.1.4 La communication avec l’école............................................................ 68
6.1.5 Attitude du parent dans le suivi scolaire de l’enfant ............................. 70
6.1.6 Difficultés rencontrées dans le suivi scolaire de l’enfant ..................... 73
6.1.7 Demande d’amélioration ..................................................................... 75
6.2 La population des enseignants en élémentaire ......................................................... 77
6.2.1 Point de vue sur l’école ......................................................................... 77
6.2.2 Point de vue sur la place de la famille dans la scolarité de l’enfant ...... 80
6.2.3 Point de vue sur la relation parent-enseignant ...................................... 82
6.2.4 Point de vue sur l’impact de l’environnement familial .......................... 85
6.2.5 Point de vue sur la collaboration avec les familles .............................. 87
6.2.6 La communication avec les familles .................................................... 89
6.2.7 Volonté d’améliorer la relation école-famille ....................................... 91
7. Discussion des hypothèses ................................................................................................. 93
Conclusion générale ................................................................................................................ 95
Références bibliographiques .................................................................................................. 98
ANNEXES
Introduction

Le sujet de ce mémoire s’intitule, la relation école-famille : l’implication de la famille sur la


motivation scolaire et le rapport de l’enfant aux savoirs et à l’école.

Tout d’abord, ce travail de recherche a pour but d’évaluer l’importance du rôle de la famille
dans la scolarité de l’enfant. J'ai choisi de travailler sur la population de l'île de la Réunion,
il me semble pertinent de traiter le contexte réunionnais car, comme l’avait
affirmé MALBERT (2019), « à La Réunion, les relations entretenues entre le système éducatif
et les familles ont longtemps été distantes et malmenées par des craintes et des peurs
réciproques (Malbert 2007). Ces deux instances, qui sont à la base de la socialisation de l’enfant
ont pourtant pour mission d’élever et d’éduquer les jeunes générations afin de les rendre
autonomes et de faciliter leur intégration dans la société et la vie professionnelle » (p. 1).

De plus, La Réunion est une île pleine de richesses, avec une grande diversité culturelle et un
système éducatif jeune. En effet, La Réunion connaît un véritable développement et une volonté
de faire accroître le système éducatif dans le but de former les jeunes et de favoriser leur
réussite.
Concernant mes motivations personnelles, ce choix de sujet a été fait pour plusieurs
raisons. Dans un premier temps, le fait d’être en contact avec plusieurs enfants dans le milieu
scolaire m’a permis de constater la grande diversité et la singularité qu’il y a en chacun d’eux.
De plus, l’école est au centre de la société où l’enfant va évoluer et s’intégrer peu à peu à celle-
ci, sortant ainsi des connaissances reçues au sein de sa famille pour pouvoir acquérir des savoirs
savants à l’école. Parler de la relation école-famille est essentielle, car la famille a une attente
envers l’institution scolaire, sachant que certains enfants sont victimes de décrochage scolaire
vont faire que certaines familles s’inquiètent. Mon but est donc de découvrir par ma recherche
le rôle important des parents dans la scolarité et la réussite des enfants.

Ensuite, l’attitude et l’implication de la famille jouent un rôle important dans la motivation


scolaire et le rapport à l’école de l’enfant. Ayant été en stage durant ma licence dans une école
maternelle, j’ai constaté des inégalités sociales entre les élèves et j’ai porté un regard particulier
sur certains enfants créant des situations perturbatrices qui n’avaient pas l’attention de leurs
parents, par exemple par un fort taux d'absentéisme lors des convocations, des réunions ou

1
encore des projets ce qui m’a beaucoup questionné durant mes 70 heures de stage. Alors que
d’un autre côté, j’ai pu observer que l’enfant est plus attentif et appliqué dans son travail lorsque
son parent s’implique dans sa scolarité. Cette expérience a été la raison principale qui m’a
donné envie de travailler dans un niveau supérieur : l’école élémentaire qui représente le début
d’un apprentissage plus complexe et déterminant pour l’enfant tels que la lecture, les calculs ou
encore l’écriture.

Enfin, ce choix de sujet a été fait également grâce aux cours que j’ai reçus sur la parentalité et
la relation des parents avec l’école au cours de mon cursus. Cette matière m’a particulièrement
plu, et il me paraissait intéressant de mêler les connaissances reçues et les recherches que je
ferai au cours de mon mémoire.

Actuellement, l'école a pour rôle d’apporter aux enfants des connaissances scientifiques
cependant, il existe des inégalités scolaires qui persistent encore, bien qu’il y ait eu la
démocratisation grâce aux différentes lois pour une école juste et laïque, les inégalités
demeurent. Ces inégalités distinguent le plus souvent, deux types de classes : les classes
favorisées et les classes défavorisées. Cette distinction va générer le plus souvent des tensions
entre les familles et l’école.
Comme le soulignent dans leur ouvrage, les relations école-famille : de la confrontation à
la coéducation, Humbeeck, Lahaye, Balsamo, et Pourtois, (2006) « Les tensions naissent en
réalité dans le flou que génère cette double immersion : d’une part, l’école qui s’impose, en
intruse, dans la famille, et, d’autre part, la famille qui, par les pratiques socioculturelles qu’elle
transmet à l’enfant, pénètre dans l’école. Les tensions s’intensifient chaque fois que chacune
des parties s’autorise à porter un jugement sur l’autre » (p. 656).

De plus, ces inégalités scolaires peuvent s’expliquer par le vécu et l'expérience des parents de
l'école, qui influent sur leurs implications dans le suivi scolaire de leurs enfants (aide aux
devoirs, la communication avec l’école, mais surtout leurs attitudes). Les parents qui ont un
rapport positif de l’école seront plus ouverts à échanger sur la scolarité de leurs enfants,
contrairement à un parent qui n’a pas de regard positif sur l’école, qui va donc se tenir éloigné
de celle-ci. Comme le confirme encore Malbert (2019) : « Pour de nombreux parents issus des
milieux populaires, l’école n’est pas la culture de leurs ancêtres et il est plus important pour eux
que les enfants leur viennent d’abord en aide aux travaux des champs et de la maison. L’aide à

2
la réussite scolaire n’est pas un objectif premier dans les fonctions parentales de l’époque » (p.
4).
Le soutien affectif de la famille envers les enfants peut influer sur le rapport qu’aura l’enfant à
l’école, par exemple par les appréciations qu’ils recevront, ou encore les éloges qu’ils feront
sur l’école, favorisant la réussite et l’autonomie de l’enfant.

Ainsi, la mobilisation de la famille peut engendrer des inégalités entre les enfants à l’école, car
l’attitude des parents est un des éléments qui favorise la réussite scolaire, c’est pour cela qu’il
est important que les familles s’intéressent à la scolarité en respectant le rythme de travail et en
veillant à un bon environnement.
Comme le confirment Poncelet et Francis (2010), « concernant les formes d’engagement des
parents dans l’espace scolaire et la communauté, les recherches semblent là aussi converger sur
deux points : le degré de communication entre la famille et les professionnels et la participation
des parents aux activités en lien avec la vie scolaire tels que les réunions, encadrement de sorties
pédagogiques, participation à des événements festifs et à des activités au sein de l’école » (p.
9).
Il y a donc la nécessité de travailler sur l’implication familiale, car la famille est la première
instance socialisatrice de l’enfant avant sa scolarisation. Pour réduire cet éloignement de
certains parents et favoriser l’engagement parental, l’État va peu à peu mettre en place le
principe de la coéducation qui visent l’intégration des parents au sein des écoles.

Selon Gaussel (2013), « Partager l’éducation consiste à envisager les complémentarités,


favoriser la porosité entre tous les espaces et temps éducatifs en mobilisant l’ensemble des
acteurs du système » (p. 12).
Le recours à la coéducation a pour but de valoriser le rôle des parents, dans l’objectif de leur
donner des responsabilités et favoriser leurs participations pour la réussite de leurs enfants.

Ainsi, comme question de départ, il serait intéressant de se demander : En quoi l’implication


des parents dans le quotidien scolaire de leurs enfants inscrits en école primaire joue-t-elle un
rôle déterminant dans la motivation scolaire et dans le rapport aux savoirs et à l’école de ces
derniers ?

3
Pour mener à bien cette recherche, j’ai choisi de suivre une démarche hypothético-déductive
permettant de formuler ma réflexion en partant du général au particulier et d'en déterminer la
validité.
Pour ce faire, nous verrons tout d’abord, le cadre historique ainsi qu’une présentation de
quelques apports théoriques et conceptuels. Ensuite, nous verrons la phase de problématisation
de recherche amenant à l’élaboration des hypothèses. Enfin, l’analyse et l’interprétation des
résultats, suivies de la discussion des hypothèses.

4
1. Cadre historique

1.1 Histoire de la relation famille-école

Ce n’est qu’à partir du XXème siècle que la famille va être impliquée dans le domaine scolaire.
Vers la fin du XIXème siècle, les familles traditionnelles ne se préoccupaient pas de l’école et
la relation avec l’école était très marginalisée. La loi de Jules Ferry (1882-1885), qui fait de
l’école une instance laïque, obligatoire et gratuite, va marquer une distanciation entre l’école et
la famille. En effet, la relation famille-école va être malmenée voire quasiment absente car, la
famille sera vu comme un frein à l’éducation de l’enfant. Cela s’explique puisqu’avant l’école,
l’enfant travaillait avec sa famille en étant instruit par des savoirs populaires et des croyances
au cours de son éducation. Ainsi, la relation entre la famille et l’école était tendue, car l’enfant
serait vu comme « arraché de la famille ».

C’est-à-dire, que cette dernière était contrainte de confier leurs enfants à l’école, et que l’enfant
allait passer plus de temps dans le domaine scolaire que dans le milieu familial. L’école s’est
donc construite premièrement dans le rejet des familles, où le but était d’éloigner les enfants
des savoirs populaires afin qu’ils se rapprochent des savoirs savants et qu’ils deviennent
autonomes : « L’objectif de Jules Ferry était de soustraire les enfants de l’influence de l’église
et de les instruire sur les bases d’une République « unie, fraternelle et indivisible » faite de
valeurs universelles, orientée vers le caractère émancipateur et égalisateur du savoir à l’encontre
de tous les particularismes résiduels ». (Malbert, 2019, p.2). Les contacts entre la famille et
l’enfant étaient très minimes, l’enfant était éduqué de façon plus autoritaire, où le rapport de
l’enfant reposait principalement sur l’obéissance.

À partir du XXème siècle, l’ouverture va se faire progressivement et la famille va petit à petit


se réconcilier avec l’école. La famille va également se rapprocher de l’enfant grâce à l’école, et
va permettre à ce dernier de profiter de son enfance, puisqu’il va être vu par la famille comme
un écolier à un avenir plus prometteur et moins comme un individu soumis à des corvées. C’est
donc, une autre vision sur l’enfant qui va se former. De plus, l’école va développer son intérêt
de l’implication des parents : « La volonté de coopération avec les parents d’élèves, portée par
les établissements scolaires, a tendance à se satisfaire de la réponse des parents se présentant le
plus spontanément. Les parents-d ’élèves avec lesquels les enseignants coopèrent sont le plus
souvent ceux avec lesquels ils avaient déjà des relations suivies, bonnes ou mauvaises, la

5
proximité des uns contribuant à l’éloignement des autres. » (Monceau, 2014, p.83). En
revanche, il ne faut pas négliger les difficultés de communication qui se forment entre la famille
et l’école dues à une implication parentale trop importante causant des tensions, soit une
absence d’implication. Ces tensions vont s’intensifier avec le développement de la relation
famille-école au fil du temps, car il y aura des opinions qui vont s’opposer entre les enseignants
et les parents, qui pourront alors perturber le dialogue.

Comme le montre Monceau (2014) : « Les enseignants méconnaissent les véritables


implications scolaires des parents qu’ils rencontrent peu. Il reste souvent difficile pour eux
d’admettre que des parents ne répondant pas à leurs invitations puissent être préoccupés par la
scolarisation de leur enfant ou le fonctionnement de l’école et dès lors d’agir sur la relation de
ces parents à l’institution scolaire » (p.83).

C’est pour cela que la coéducation va être développée, où parents et enseignants exerceront des
responsabilités à tenir dans un but commun, dans la bienveillance pour une bonne coopération
scolaire.

6
2. Cadre théorique

2.1 Approche clinique

L’apparition récente du concept de la relation famille-école, et de l’intérêt porté à l’enfant


suscitent une grande attention portée par l’école qui a pour objectif de façon générale la réussite
et le bien-être de l’enfant ainsi qu’un regard sensible des parents confrontés à des
préoccupations éducatives.
Comme nous le savons, l’enfant qui va à l’école sera confronté au rapport au savoir, et se
détachera peu à peu des savoirs au sein de sa famille reçus avant son entrée à l’école.
L’approche clinique, visera à mettre du sens sur le vécu et l’expérience scolaire dès la première
scolarisation de l’enfant.
Arrivé, à sa scolarisation, l’enfant est déjà dans un monde où il y a de la pensée, des
connaissances différentes, et des relations diverses. En revanche ce dernier, pour forger son
identité, devra se construire avec les individus qui l’entourent pour construire sa pensée, à
travers le rapport au savoir, et le langage, on pourra donc se concentrer sur le fonctionnement
psychique de l’enfant.

Selon Golse (2009) « le système pare-excitation de l’enfant se montre d’emblée double : une
partie est prise en charge par l’adulte qui assure la fonction maternante (holding, protection...)
tandis qu’une autre partie est prise en charge immédiatement par le bébé lui-même à travers la
régulation de ses états de vigilance » (p.12). En effet, le système de pare-excitation est apparu
avec Freud (1920), qui consiste selon lui, à protéger l’enfant des excitations (paroles blessantes,
agression etc.) qui vienne du monde extérieur. Donc, dans cette situation l’adulte a une fonction
protectrice et sécuritaire pour l’enfant qui va constituer sa pensée. Les parents auront donc, la
fonction d’assurer leurs rôles par la fonction protectrice et maternante pour la mère.

De plus, l’enfant sera confronté au désir du savoir, qui lui permettra d’avoir un bon rapport au
savoir, « D. Meltzer, encore, dans Les structures sexuelles de la vie psychique a bien montré
que le désir de savoir peut reconnaître deux dimensions très différentes, la « soif de
connaissance » et la « faim d’informations » (Golse, 2009, p.17). En effet, selon ce psychiatre,
la soif de connaissance est liée au « moi idéal » de l’enfant qui renvoie à une volonté de
s’approprier de l’objet ou du sujet (préœdipienne) et la « faim d’informations », renvoie à la

7
volonté d’obtenir un savoir sur le sujet sans détruire ce qu’il sait déjà, cela se fera dans une
confrontation avec ce qu’il aura reçu de ses parents (post-œdipien). (Golse, 2009, p.8)

Le désir de savoir, peut également mêler la peur d’apprendre. Selon Boimare (1996) : « Pour
que le désir de savoir soit utilisable dans le domaine scolaire il doit être à distance suffisamment
bonne avec les affects, ni trop chaud, ni trop froid » (p.5).
Il montre donc, que de nombreux élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage sont dans
une situation de rencontre précise entre cognition et affectivité, dans ce cas l’accès au savoir
peut venir à créer de la peur, des craintes du fait de se détacher de ce que l’élève sait avant
d’accéder à ce qu’il acquerra. Comme le confirme Golse (2009) « l’accès au savoir peut venir
réveiller des angoisses de type archaïque préœdipiennes fort en deçà des sublimations
œdipiennes habituelles » (p.17).

De plus, pour les élèves en difficulté scolaire, il y a un lien entre son rapport à l’école et sa
relation avec sa famille. C’est-à-dire qu’il y a l’importance de la place de l’enfant au sein de sa
famille et des relations qui se forment. La place que l’enfant va avoir, peut être négative si la
famille détient des problèmes de communication, ou une instabilité l’enfant peut alors
transformer ce problème familial dans son contexte scolaire. Par exemple : peu concentré et
peu investi à l’école, pouvant même amener à de mauvais résultats etc.

C’est ce que confirme DEROY (2006), « « symptôme scolaire » vient s’introduire dans une
logique de l’histoire de la famille à travers des liens dont chacun ne perçoit qu’une infime partie.
Alors que les inquiétudes ne se focalisaient jusqu’alors que sur cet enfant qui n’apprend pas, ce
symptôme viendra alors élargir le questionnement et interroger l’histoire de la famille, car il a
souvent une signification dans le groupe familial et il s’adresse à lui. » (p.25)
Cette approche clinique, montre que l’enfant est un être qui fonctionne avec le regard et
l’investissement de sa famille. La scolarité de ce dernier va dépendre de l’implication et du lien
entretenue avec ses parents. Les études cliniques voient donc au-delà des difficultés de l’enfant
et se concentrent sur le contexte et le fonctionnement de la famille.
Encore DEROY (2006), « l’histoire familiale et la teneur des liens affectifs qui s’en ressentent
font ombrage à l’évolution de l’enfant et l’empêche parfois de s’ouvrir au monde des
connaissances » (p.25).

8
2.2 Approche sociologique et ethnographique

La relation famille-école est récente, la famille n’a pas toujours été intégrée et impliquée avec
l’école. Il faut attendre dans le cadre des sciences humaines, au début du XXème siècle, pour
que l’enfant soit étudié par les sociologues et les chercheurs comme un acteur social qui
contribue et participe à l’évolution de la société.

Sirota (2016), donne la définition classique de Durkheim : « L’éducation est l’action exercée
par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a
pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques,
intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu
social auquel il est particulièrement destiné. » (p.35). Cela montre que l’enfant est vu comme
un individu en devenir inachevé. La sociologie a premièrement étudié l’enfance sous cet aspect,
où l’enfant n’était pas reconnue comme un être à part entière.

De plus, Jellab (2001) affirme que : « c’est toujours à travers la dialectique socialisation
familiale (ou histoire biographique) et socialisation scolaire que le rapport aux savoirs scolaires
devient intelligible. » (p.85). En effet, il y a plusieurs recherches qui vont se développer sur les
rapports complexes entre les élèves, qui montrent que le rapport aux savoirs scolaires se
construit avec du sens chez l’élève où se forme un rapport complexe entre son expérience
sociale et son expérience scolaire.

Montadon et Sapru (2002) « L’éducation des enfants dans le cadre de leur famille a été pendant
longtemps considérée par les chercheurs en sciences humaines et sociales comme un processus
informel qui contribue au développement des enfants et à leur insertion dans la société » (p.1).
En effet, il faut attendre au XXème siècle, pour que les études familiales se développent de
façon spectaculaire d’un point de vue quantitatif et qualitatif. Il est donc important d’étudier
l’éducation de l’enfant en prenant en compte l’éducation familiale.

Cette asymétrie, observée entre l’école et la famille doit être travaillée autant pour les parents
que pour les enseignants qui auront comme objectif de s’armer de savoirs et de savoir-faire pour
gagner la confiance des parents. Les recherches sociologiques, seront tournées dans les
changements sociétaux qui mettent en avant les stratégies familiales face à l’école, et leur
présence ou leur mise à distance par l’école. Le but des recherches sociologiques par les

9
chercheurs est de faire un rapprochement en montrant les inégalités, les difficultés et les
progressions.

C’est ce que va faire Payet (2017), qui va décrire l’évolution des relations école-familles où il
montre que cette relation est ravagée par la partie historique de la relation école-famille qui
laisse des traces dans l’état d’esprit et les pratiques de l’école et de la famille.

Yadan (2018) à travers son compte-rendu sur l’ouvrage de Payet, souligne que
« Traditionnellement, la présence des parents dans l’école n’a jamais été réellement souhaitée.
Peu à peu néanmoins, une participation plus importante et plus active de leur part est attendue
de l’institution. En substance, la relation école-famille apparaît plus collaborative et sans doute
plus équilibrée, à en croire les récentes initiatives relatives au « partenariat école-famille » »
(p.4).
Cela montre qu’avant le XXème siècle les familles traditionnelles ne se préoccupaient pas de
l’école, et leurs relations s’arrêtaient aux portails de l’école. La vision de ces derniers était
perçue comme négative, car leurs transmissions de savoirs populaires vont être remises en
cause.

C’est ce que confirment Blanchard et Cayouette-Remblière (2016) : « À la fin du XIXe siècle,


la fréquentation scolaire, obligatoire jusqu'à treize ans depuis 1882, se trouve concurrencée par
la mise au travail précoce au sein des familles ouvrières et paysannes ; en effet, envoyer son
enfant à l'école signifie la privation d'une force de travail et/ou du revenu qu'il pourrait rapporter
[Delay, 2009] » (p.101).

Par ailleurs, Duru Bellat et Van Zanten (2012) affirment que « Le rôle de la famille dans le
processus de scolarisation a été réduit dans les premiers travaux en sociologie de l’éducation à
la variable « appartenance de classe d’origine ». Aujourd’hui, en revanche, de nombreux
travaux analysent les effets des normes et des pratiques éducatives familiales sur les carrières
scolaires des élèves. » (p.187). Cela montre donc que les travaux tendent à évoluer, et ne
s’arrêtent plus à l’origine sociale, les recherches sont plus ouvertes dans le contexte, le parcours
scolaire de l’élève notamment sur l’échec scolaire.

Du côté ethnographique, on peut se rapprocher des relations qui émergent entre l'école, la
famille et le quartier. Selon Payet et Giuliani (2014) : « La sociologie critique des années 1960
et 1970 a corrigé à sa manière l’image en réintroduisant une lecture en termes de rapports
10
sociaux, la distance entre l’école et les familles valant pour les seules classes populaires et
s’opposant à une connivence avec celles des classes moyennes et supérieures » (p.55).

De plus, il existe une adaptation plus complexe dans la relation avec l’école chez les familles
populaires contrairement aux familles de milieu favorisé. Comme le confirment, les recherches
de Payet et Giuliani (2014) « Dans les discours savants, la relation entre l’école et les milieux
populaires a dès lors été thématisée comme une mise à distance réciproque. Les enseignants
agissent comme des agents au service d’une logique d’assujettissement des classes populaires
(Bourdieu & Passeron 1970) et celle-ci se renforce sous l’effet du refus de ces dernières à
adhérer à une culture scolaire perçue comme radicalement étrangère aux valeurs de leur groupe
social (Hoggart 1970, Willis 1978) » (p.55).

Cette distance provoquée par ces familles est souvent l’origine d’un manque de confiance en
eux. Comme l’affirme, Périer (2012) « Pour nombre de ces parents, la contribution à la scolarité
de l’enfant emprunte des voies tenues, peu visibles, au risque de n’être jamais reconnues pour
ce qu’elles sont ou signifient. » (p.88).

Cela s’explique le plus souvent par les préjugés qui peuvent se créer dans les écoles, entraînant
des tensions entre la famille et l’école. Le plus souvent, ces tensions concernent les enseignants
et les parents : « les parents apparaissent, aux yeux des enseignants, porteurs de caractéristiques
liées à leurs qualités à s’investir dans la scolarité́ de leur(s) enfant(s). Sur cette base, s’élabore
un étiquetage des parents, déterminant la relation des enseignants à ces protagonistes, l’attitude
à adopter avec eux et, au final, la représentation de l’origine de la difficulté́ des élèves. » ( p.6).

De plus, l’environnement de l’enfant est un enjeu influant dans la réussite de l’élève et le bien-
être de sa scolarité qui attirent l’attention d’une grande équipe pédagogique. Selon Pelhate,
(2016) « La vision globale de l’enfant et de son environnement est indispensable aux yeux des
acteurs scolaires et explique en partie la convergence des regards de divers professionnels
(infirmier, éducateur, logopédiste, psychologue, assistant social) dans l’école. » (p.4). En effet,
l’enfant devient la préoccupation, si un enfant rencontre une difficulté, l’enseignant va
collaborer avec la famille et les professionnels pour l’aider et l’accompagner. Par exemple, un
enfant qui rencontre un retard de langage, ou des difficultés de compréhension, sera signalé à
la famille puis pourra les conseiller d’un suivi plus spécialisé par exemple, un orthophoniste.

11
Enfin, les enseignants tendent à améliorer la collaboration avec les parents, bien que d’après
plusieurs recherches les inégalités entre les familles et l’école persistent, ainsi que les tensions
relationnelles. La coéducation permet de lutter contre les distances entre les familles et de
valoriser leurs compétences, bien que cela reste encore difficile. C’est ce que confirme Payet et
Giuliani (2014) « Une partie des enseignants fait aussi entendre une autre voix, qui intègre la
collaboration avec les parents comme un nouveau cadre d’action. Si la majorité souhaite limiter
les contacts, contrôler la parole des parents, déléguer la relation à leur hiérarchie de proximité́
dès qu’elle présente une potentialité́ conflictuelle, s’abriter derrière l’expertise des spécialistes,
l’enquête saisit à la marge des pratiques d’ouverture à la coéducation. » (p.67)

12
3. Cadre conceptuel de la recherche
3.1 Concepts et définitions

3.1.1 Le concept de la motivation scolaire : qu’est-ce qui encourage l’élève


à apprendre ?

Selon le psychologue SILLAMY, la motivation est un « ensemble des facteurs dynamiques qui
déterminent la conduite d’un individu ». (Dictionnaire de psychologie, 1999, p.173).
« Motivation » a pour étymologie, « motivus » qui a pour signification « mobile ». Ainsi, la
motivation renvoie à l’idée de mouvement, qui va pousser l’individu à agir.

Selon Vallerand et Thill (1993), « le concept de motivation représente le construit hypothétique


utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la
direction, l’intensité et la persistance du comportement » (p.18). Dans cette définition,
le construit hypothétique renvoie à un concept d’abstraction, c’est-à-dire il est
immatériel. Par, « forces internes et/ou externes » les auteurs montrent que la motivation a une
origine dynamique qui se déroule autant chez l’individu et dans l’environnement dans lequel il
vit. Cette motivation va « déclencher » le comportement de l’individu, qui va diriger son
comportement à des objectifs qu’il va se fixer. Enfin, « l’intensité », fait référence aux efforts
que l’individu va puiser au cours de son action et « la persistance du comportement », c’est-à-
dire la persévérance au cours d’une période qu’il aura lui-même fixé.

Dans le domaine de la scolarité, la motivation scolaire renvoie aux mouvements et à


l’investissement des élèves. Viau (1994) : « La motivation en contexte scolaire est un état
dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son
environnement et qui l’incitent à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son
accomplissement afin d’atteindre un but » (p.7).

En effet, la motivation scolaire se reflétera dans la valeur de sa perception et les causes de


vouloir réaliser son apprentissage pour réussir, ainsi l’action se fera uniquement si l’élève est
motivé, par exemple dans le cadre des devoirs que l’enseignant lui proposera. L’élève sera
engagé uniquement que s’il est motivé et il va ainsi, endurer dans son apprentissage. Par
ailleurs, la motivation varie au cours de la vie de l’élève et permet d’effectuer positivement son
travail. D’autant plus, que la motivation n’est pas innée, et va être dynamique au fil des années,
selon le contexte de vie, les événements ou encore de l’individu en lui-même.

13
Dans le champ de la motivation scolaire, les parents jouent un rôle important dans la scolarité
de l’enfant, car la motivation d’apprendre existe bien avant l’école. En effet, la famille qui est
la première instance socialisatrice de l’enfant va initier peu à peu ce dernier dans
l’apprentissage tel que les croyances ou encore les valeurs culturelles. Ces valeurs vont
cheminer vers l’école qui vont apporter des connaissances plus solides chez l’enfant.

La famille va donc jouer un rôle sécuritaire chez l’enfant, affectif et de stimulation afin
d’encourager l’enfant à être autonome. L’environnement familial exerce donc une influence
positive ou négative dans les motivations scolaires de l’enfant, car toutes les familles n’ont pas
la même vision sur l’école et vont par conséquent avoir un impact sur la vision de l’enfant de
l’école. C’est pourquoi un enfant qui grandit dans une atmosphère où l’image de l’école est
positive et prometteuse pour l’avenir aura une motivation plus importante qu’un enfant qui a
reçu une image négative de l’école de la part de ses parents.

Comme le confirme Masson (2019) « Mais il aura également un rôle à jouer auprès des
troisièmes autrui signifiants que sont les parents. La parole qu’il portera sur l’élève auprès des
parents aura bien évidemment un impact sur la construction de l’estime de soi scolaire de
l’enfant. Nombre de parents qui ont été en difficulté durant leur propre scolarité ont parfois une
réticence vis-à-vis de l’école » (p. 61).
Ainsi, cela confirme que l’environnement familial a un rôle direct ou indirect sur la dynamique
motivationnelle de l’enfant.

3.1.2 L’élève confronté à apprendre : concept du rapport au savoir

La notion de rapport au savoir se réfère à un avancement non figé qui évolue au cours de la vie
d’un individu. C’est une notion récente, et tout comme le concept de la motivation, le savoir se
construit dans l’action chez l’individu. Selon Melin (2019) « La thématique du rapport au savoir
est apparue relativement tardivement, dans les années 1980-1990. Elle déplace la façon qu’on
avait ordinairement de penser la question de l’« apprendre ». Elle interroge en effet la
représentation de la situation d’enseignement-apprentissage fondée sur la transmission, qui se
caractérise par un certain nombre de présupposés » (p.1)

14
Dans le cas de l’élève, le rapport au savoir, est en lien avec les relations qui entourent ce
dernier : famille, enseignant, cercle amical etc. Le savoir peut se structurer et changer au bout
de plusieurs points de vue, ou d’expérimentations c’est-à-dire, maîtriser un sujet ou encore un
objet.

Beillerot (1997), définit le rapport au savoir comme : « un processus par lequel un sujet, à partir
de savoirs acquis, produit de nouveaux savoirs singuliers lui permettant de penser, de
transformer et de sentir le monde naturel et social » (Dictionnaire de l’éducation et de la
formation, p.145). Cette définition met en avant le rapport au savoir qui s’exerce tout au long
de la vie de l’individu, c’est-à-dire comprendre comment l’individu va se développer et forger
sa perception en les confrontant à de nouvelles connaissances sans pour autant les rejeter afin
de se les réapproprier.

Le rapport au savoir se fait initialement dans la famille et chez l’individu en lui-même, c’est-à-
dire le désir de savoir. Apprendre devient donc une nécessité au cours de la vie de l’individu.
En revanche, apprendre ce qui sera imposé à l’école ne causera pas forcément une envie
d’apprendre car, l’apprenant peut se retrouver en situation de conflit entre ce qu’il sait déjà et
ce qu’il assimile de nouveau, d’où la frustration ou le refus d’apprendre chez l’enfant. De plus,
la responsabilité reviendra sur la façon dont enseigne l’enseignant.

D’après Bernard Charlot (2000), : « nombre de jeunes des milieux populaires ont des
comportements de conformité en classe au détriment d’une mobilisation sur les savoirs. Aux
apprentissages scolaires, ils opposent « la vie », qui leur permet de réfléchir sur leur propre
expérience qu’ils confrontent à des principes et à des règles tirées de leur environnement. » (p.
1)

Cela veut dire que pour certains élèves, l’école est plus vue comme un devoir, une corvée. Le
rapport au savoir n’est donc pas la même pour tous les élèves, notamment entre les classes
défavorisées et les classes favorisées. Ces travaux tournés sur les classes en milieu défavorisé
ont montré que ces élèves ont un « mauvais » rapport avec l’école car ils n’arrivent pas à trouver
leurs places en tant qu’apprenant. Alors que, chez les classes favorisées, on retrouve le plus
souvent des « bons apprenants » qui sont plus impliqués dans l’apprentissage. De plus, pour les
élèves ayant un mauvais rapport au savoir, montre qu’ils ne sont pas motivés d’apprendre, par

15
exemple, ces derniers se taisent ou ne participent pas, ils ne passent pas à l’état actif et sont
spectateurs lors des apprentissages.

« Le jeune doit pouvoir donner un sens à l’école et au savoir, un sens qui pourrait être différent
que la famille leur confrère mais qui ne doit pas obliger l’enfant à se renier ou à renier sa famille
et son histoire. Il faut aussi que le sens ainsi construit permette d’entrer vraiment dans
l’institution scolaire et dans l’activité cognitive, avec les spécificités qui sont les leurs. »
(Rochex et Charlot, 1996, p.141 ). Ces auteurs montrent que ce n’est pas pour autant une
généralité et que la singularité de chaque individu existe c’est-à-dire qu’un enfant ayant reçues
des valeurs et des cultures de sa famille peut être influencé par le rapport au savoir en dehors
de son domaine familial, ils sont des êtres singuliers et peuvent avoir leur propre vision et
donner leur propre sens de l’école.

Pour mieux comprendre ces travaux, on peut s’y référer à l’ouvrage de Lahire, Enfances de
classe (2019) où il montre que le rapport au savoir est fortement stimulé avant la scolarisation
de l’enfant au sein de la famille. A travers plusieurs portraits d’enfants de classes différentes.
L’école est au centre de la vie de l’enfant et dans son ouvrage LAHIRE, montre que les enfants
de classe favorisée ont intériorisé les attentes de l’école, le plus souvent les parents les reprennes
quand ils s’expriment mal, les parents prennent soin de faire le choix de l’école afin que leurs
enfants puissent facilement réussir. Alors que pour, les enfants de classes populaires, il y a une
stimulation et une préparation moins importante au sein de la famille qui influence les
motivations et l’apprentissage des élèves, par exemple un enfant qui va lire, aller à des sorties
culturelles aura une dynamique motivationnelle plus importante qu’un enfant devant la
télévision ou les jeux vidéo. De même pour le langage, dans la famille qui joue un rôle important
pour le rapport au savoir. Par ailleurs, dans certain cadre familial le plus souvent dans les
classes aisées, on voit que les exigences peuvent exercer une influence moins positive c’est-à-
dire que l’enfant pourra être frustré et moins motivé si ses parents lui mettent beaucoup de
pression.

En revanche, malgré ces stratégies mises en place par les parents, LAHIRE va parler de
« l’agency » qui est la capacité des individus à agir indépendamment de la société et de ce qui
les entoure. La question sur les enfants est donc étudiée sur le terme de l’agentivité, où il
explique que ces enfants sont capables de faire des choix en dehors de sa socialisation.

16
3.1.3 Le rapport à l’école : la famille impacte-t-elle le développement du rapport
à l’école de l’enfant ?

Le rapport à l’école est un rapport de relation qui se forme entre un élève et les connaissances
que l’école va lui apporter. Les rapports sont souvent inégaux entre les élèves, c’est-à-dire que
l’école doit s’adapter à l’élève en le confrontant à ses propres savoirs et l’élève lui, doit
s’adapter à l’école qui aura pour rôle de stimuler sa motivation pour une bonne réussite.

Le rapport à l’école a été défini par Bautier, Charlot, et Rochex (1992) comme « une relation
de sens, donc de valeur, entre un individu et l’école comme lieu, ensemble de situations et de
personnes » (p. 22). En effet, le fait d’être mobilisé à l’école peut conduire à des avantages. Les
savoirs sont acceptés pour ce qu’il apporte de nouveau, c’est-à-dire qu’il amène l’élève à
découvrir, ou à enrichir du nouveau. De plus, il y a de la part de l’élève la satisfaction
d’apprendre pour sa culture générale personnelle.

Le « bon » rapport à l’école, de l’enfant se développe avant sa scolarisation, c’est-à-dire que


souvent la famille prépare l’enfant à sa rentrée, par exemple le fait de le féliciter de grandir,
d’aller à l’école pour apprendre et s’amuser, peut avoir un rôle dans l’influence de façon
positive afin qu’il ne développe pas un rapport négatif avec l’école. Alors que, le mauvais
rapport se développe si la famille ne dévoile pas de satisfaction ou d’encouragement du fait que
l’enfant aille à l’école. Dans ce cas-ci, bien souvent ce sont les parents qui ont eu un mauvais
rapport à l’école qui dévoilent cette image. Comme l’affirment Bresson et Mellier (2015) « Les
parents d’élèves sont avant tout d’anciens élèves et leurs ressentis par rapport à l’école viennent
en grande partie de leur vécu de bon ou mauvais élève, à l’aise ou humilié, voire terrorisé par
les maîtres… Les projections sont massives dans ce cadre. Leur vécu par rapport à l’école est
souvent empreint de dépendance, parfois de rancœur » (p.86).

De plus, comme le confirment Claes et Comeau (1996), « de nombreuses études indiquent que
les enfants provenant de familles qui accordent une haute place à l’éducation ont de meilleures
performances scolaires. Il ne s’agit pas ici seulement pour les parents de déclarer à leurs enfants
que l’éducation est une chose importante mais d’exprimer très tôt, à travers une série de gestes
symboliques qu’ils accordent beaucoup de valeur à l’école et à la réussite. » (p. 77). Ainsi, ce
rapport de l’école est divulgué à travers la figure parentale que l’enfant perçoit, par exemple si
un parent donne l’image que l’école est inutile, l’enfant sera dans le même état d’esprit et ne

17
donnera donc pas d’importance à l’école, il développera un rapport de conflit envers l’école et
l’apprentissage.

De plus, les parents doivent entretenir un rapport affectif qui peut impacter sur le rapport à
l’école. Ce rapport affectif se caractérise comme une volonté de se préoccuper du travail
scolaire de l’enfant, le fait de lui demander ce qu’il a fait à l’école, ce qu’il a appris de nouveau
ou encore ce qu’il ne lui a pas plu peut exercer un point positif sur sa relation avec l’école car
il aura le sentiment d’être apprécié dans sa posture scolaire. L’enfant attache une grande
importance du regard des autres mais surtout de sa famille, car il sera fier de dire ses bons
résultats à ses parents par exemple. Donc, pour le rapport à l’école, l’enfant tiendra surtout en
considération de l’attention portée par sa famille sur sa réussite et pas forcément sur
l’apprentissage ou les notes.

Selon Charlot (2000), apprendre n’a pas la même signification pour les jeunes, le plus souvent
visible dans les classes défavorisées : « pour ces jeunes, apprendre à l’école, c’est faire le
nécessaire pour passer de classe en classe et avoir un emploi. Quand ils parlent de l’école, ces
jeunes (tout au moins la majorité d’entre eux) ne font référence ni au plaisir d’apprendre, ni au
plaisir de savoir, ni au sens produit par l’école » (p. 60). Cela montre que la mobilisation de
l’élève peut être faite sans forcément avoir un bon rapport à l’école, mais qu’il y a une
motivation c’est-à-dire le fait d’aller à l’école en donnant du sens par exemple, avoir un métier.

Dans l’autre cas de figure, il y a des élèves qui ont une réelle volonté d’apprendre et d’effectuer
les devoirs imposés par l’école. Ils sont plus dans la situation de répondre aux demandes de
l’école avec une attente familiale, plutôt que de donner du sens d’aller à l’école. La relation
avec l’école est donc positive dans cette situation car l’élève s’adapte dans les exigences de
l’école et au présent.

3.2. Participation des parents dans le suivi scolaire de l’enfant

3.2.1 Avantage de l’implication familiale

L’implication est un concept qui a pour étymologie « in plicare » en latin signifiant, plier
dedans, liée au verbe « plectere » : signifiant plier, entrelacer, ou encore tisser. Dans la vie
courante, ce concept renvoie donc à l’idée d’être pris dedans, ou encore entraîné. L’idée de cette
notion renvoie donc l’état d’un individu qui est dévoué dans une affaire.

18
Selon Perrault-Soliveres (2001) « L’implication est le nœud des rapports de l’individu au
monde dont il est issu et auquel il participe. Ceci englobe aussi la somme des fils qui l’attachent,
conscients et inconscients, que les options passives et actives qui découlent de ses propres plis.
» (p.234)
Ainsi, l’implication dans le domaine familial renvoie à l’action des parents dans la vie scolaire
de l’enfant, c’est-à-dire les relations qu’ils entretiendront avec le système éducatif où leurs
objectifs sont la réussite scolaire. Cette implication sera donc marquée par l’intervention des
parents, dans l’accompagnement de l’enfant et la relation entretenue avec l’enseignant :
réunions parents-élèves, bénévoles au sein de l’école, participation aux sorties culturelles etc.

De plus, « L’implication est donc également liée à l’autorisation, en tant que capacité de
s’autoriser, de se faire soi-même au moins coauteur de ce qui sera produit socialement.
(Ardoino, 2000, p.208). Cela signifie, que l’on peut être acteur sans être le créateur d’un
élément. Par exemple, la famille impliquée dans le cadre d’une association de l’aide au devoir.

L’implication est proche du terme de l’engagement, « les auteurs notent que « les concepts
d’implication et d’engagement se distinguent dans le sens où l’implication se réfère à des
attitudes dans leurs composantes affective et cognitive, tandis que l’engagement se réfère à des
actes. » (Mias, bataille, 2013, p. 161). Ainsi, l’implication de la famille vis-à-vis de l’école peut
être assimilée par les attitudes que les parents auront de l’école (soucieux, satisfaits) et leurs
engagements par le fait de se mettre en acte.

Comme le souligne Barus-Michel (2007) « L’implication suppose encore d’être engagé, à son
corps défendant ou en toute conscience, dans une situation qui entraîne (suppose, induit) non
seulement des représentations, des émotions, maîtrisées ou non, mais aussi des choix, des prises
de position, qui retentissent sur la situation. » (p.195). Cela explique que se sentir impliqué vise
surtout à intervenir dans une situation parce qu’il y a des objectifs et des buts affectifs,
économiques, culturels ou autres.

L’implication familiale dans la scolarité de l’enfant est un élément de la réussite scolaire. Les
transmissions culturelles de la famille ont un impact important dans la scolarité de l’enfant. Le
type d’éducation que l’enfant reçoit influencera l’élève qu’il sera, dont les relations que l’enfant
a eu au cours de sa vie, son comportement pourra varier selon son type d’éducation. Ainsi,

19
l’implication familiale est influente dans la scolarité de l’enfant pour favoriser sa motivation,
son apprentissage ou encore sa réussite.

Dans les travaux sur l’implication familiale, il y a le modèle de Hoover-Dempsey et Sandler


(1995-1997) qui traite du processus de participation parentale où ils vont identifier trois
composantes influençant le point de vue des parents qui sont la représentation des rôles
parentaux, les sentiments de compétence ou encore les opportunités d’implication (invitations
etc.)

Schéma explicatif du modèle de Hoover-Dempsey et Sandley :

Implication familiale

La participation
La prise en des parents avec
La représentation l’école via les
compte des rôles des rôles par la
et compétences offres de l’école
valorisation des
parentaux compétences

D’après ce modèle, les parents s’investissent s’ils se sentent valorisés ou compétents pour
s’impliquer dans le domaine scolaire de l’enfant, s’ils estiment qu’ils sont utiles et qu’ils se
sentent capables car on les incite à le faire. De plus, l’école a donc la responsabilité de valoriser
les parents dans leurs rôles en leur offrant des dispositions pour s’impliquer.

De plus, Deslandes et Bertrand (2004), qui ont étudié ce modèle, soulignent qu' « Il apparaît
crucial de mieux outiller les parents afin qu’ils soient en mesure de travailler avec leur enfant

20
d’une façon efficace, afin qu’ils perçoivent les résultats positifs de leurs interventions. Les
parents sont alors davantage susceptibles de réagir négativement à ces pratiques non
traditionnelles s’ils n’en comprennent pas les enjeux relativement aux apprentissages de leur
enfant. Outiller ne veut pas dire uniquement donner de l’information. Il faut penser à des
activités qui permettront aux parents d’échanger avec les enseignants et avec d’autres parents
et de vivre des expériences positives » (p. 429).

Cela montre que donner des responsabilités aux parents est positif, et donc, entreprendre la
bonne relation entre l’école et la famille est primordial.

Par ailleurs, le modèle de l’implication familiale a été connu par la typologie d’Epstein (2001)
qui représente trois collaborations : École-Famille-Communauté.

Larrivée (2011) présente à travers ses travaux : la typologie d’Epstein (2001) qui s’appuie sur
six types d’action d’implication des parents qui sont :

- Aide pour favoriser les compétences et rôles parentaux, dans le but d’aider les
parents dans l’éducation des enfants et d’instaurer un bon climat au sein de la famille,
pour un bon apprentissage scolaire de l’enfant
- La communication entre l’école et la famille, c’est-à-dire que la famille sont invitées
à donner leurs avis sur la scolarité de l’enfant : pédagogie, programmes scolaires etc.
- La participation des parents via le bénévolat où ces derniers sont recrutés pour
organiser le soutien à l’apprentissage à l’école et au domicile familial.
- Apprentissage et encadrement de l’enfant à la maison où les familles sont renseignées
et épaulées afin d’aider leurs enfants dans les devoirs, ainsi que de donner leurs avis
dans le programme scolaire.
- Prise de décision qui permet d’investir les parents dans le domaine pédagogique dont
par exemple : parents-délégués afin de participer aux décisions de l’établissement.
- Collaboration avec la communauté qui a pour but de favoriser et soutenir
l’apprentissage.

Ainsi, le modèle d’Epstein s’appuie sur ces six types de soutien qui ont pour avantage
d’impliquer les parents dans l’éducation de leurs enfants et surtout dans la scolarité de ces
derniers. La présence des parents est importante dans les résultats d’apprentissage de l’élève.

21
Les parents peuvent donc influer de façon positive ou négative selon leurs types d’implication
via la communication école-famille mais également dans sa relation avec son enfant.

3.2.2 L’accompagnement des parents favorisant un bon rapport de l’école chez


l’enfant

Le concept d’accompagnement est très large, et est beaucoup utilisé.

Selon Maela Paul (2004), « l'accompagnement est né dans les années 1990. Il surgit partout :
dans le travail social, dans les placements judiciaires, dans la formation, dans le travail éducatif,
dans le travail soignant ou encore dans le monde économique. Dans tous les actes de la vie, le
terme accompagner est présent. Mais, ce terme ne recouvre pas forcément la même réalité »
(p.3) En effet, ce concept dispose de plusieurs statuts, et a évolué dans plusieurs milieux dont
le milieu professionnel. Le concept de l’accompagnement se développe alors dans une prise en
considération de la part du professionnel de faire acte d’ouverture, d’une écoute attentive et de
pratique afin de s’adapter aux situations différentes. Elle s’appuie sur des valeurs
humaines c’est-à-dire faire preuve d’ouverture à autrui.

« L’accompagnement constitue une posture spécifique au centre d’actions déterminées par des
pratiques définies. Ainsi, la notion d’accompagnement fédère un ensemble de pratiques qui lui
sont co-existantes : counselling, coaching, mentoring, tutorat, parrainage, compagnonnage »
(Paul, 2004, p.2). Ce concept implique donc, une relation à l’autre où la personne accompagnée
est prise en charge.

L’accompagnement des parents dans la scolarité de l’enfant se fait par plusieurs moyens. Mais
tout d’abord, la communication est le premier élément qui se crée entre les parents et l’école.
Intégrer, et collaborer chez les parents font partie du quotidien de l’enseignant, pour permettre
aux parents de s’activer dans la vie scolaire de l’enfant où le but est de favoriser la motivation
et la réussite de ce dernier.

De plus, les enseignants ont pour devoir de veiller au respect de la laïcité, de respecter la
confidentialité de la vie privée de son élève et de sa famille. La famille est un enjeu important
pour les enseignants qui doivent instaurer un climat de confiance avec ces derniers. Les
enseignants vont donc, faire participer les parents aux dynamiques de l’école au niveau social,
économique et culturel, dans le but de les inclure et les rapprocher du système scolaire. Pour

22
favoriser l’accompagnement des parents, les relations réciproques avec l’enseignant sont un
élément positif. Pour ce faire, il y a des actions de communication qui vont se créer, via, les
réunions parents-professeurs, les propositions d’accompagnement aux sorties culturelles de
l’enfant, les convocations mais également par le numérique.

L’accompagnement des parents est plus visible, à travers les devoirs à la maison, qui ont pour
objectif de renforcer ce qui a été enseigné à l’école. Leurs visions sur les devoirs à l’école sont
différentes, où l’attitude des parents divergent. De plus, les enfants auront la même perception
que leurs parents sur l’utilité des devoirs à la maison. L’objectif des devoirs à la maison permet
à l’enfant d’améliorer ses connaissances, aux responsabilités, à l’autonomie ainsi que de leur
donner de bonnes habitudes pour le futur.

Selon Poncelet, Tinnes-Vigne et Dierendonck (2019), « il semblerait que les parents doivent
comprendre que leur participation à l’école fasse partie de leurs responsabilités avant de décider
de s’impliquer » (p.59).
Cela montre que les parents doivent avant tout être informés et que l’école mette en avant leurs
responsabilités et leurs compétences.

De plus, Alava (2016) a travaillé sur l’aide au devoir entre parents et enseignants afin de montrer
l’impact des parents essentiel au développement de l’enfant dans l’apprentissage et la
découverte du monde. Et surtout dans l’accrochage scolaire de l’enfant qui est un enjeu
partenarial c’est-à-dire un objectif commun entre les parents et l’école. : « L’aide aux devoirs
est une des actions attendues par les enseignants et une activité́ éducative qui n’est pas sans
conséquence sur les résultats scolaires » (p. 8).

En effet, les parents ont la figure exemplaire pour que l’enfant s’accroche à avoir de bons
résultats, l’école attend de la famille un fort engagement alors que la famille attend également
de l’école une bonne instruction de leurs enfants. Ensuite, pour que le partenariat parent-
enseignant fonctionne il faut être vigilant, car les parents qui ont des ambitions personnelles à
leur engagement dans l’aide au devoir, vont projeter leurs attentes pour l’accomplissement
personnel de l’enfant, mais doivent être neutres car si leurs attentes s’opposent, l’enfant peut se
retrouver en difficulté. Par exemple, le fait de montrer une méthode de travail lors des devoirs
à la maison différente de celle enseignée à l’école peut le perturber.

23
Enfin, pour une bonne participation à l’accompagnement scolaire, les parents doivent entretenir
une bonne relation avec l’enfant. L’enfant aura besoin de s’exprimer et n’aura pas forcément
envie de faire ses devoirs, pour cela les parents doivent communiquer et être à l’écoute de
l’enfant pour savoir ce que ce dernier ressent, savoir ses difficultés et le rassurer afin qu’il
développe ses motivations et qu’il s’accroche. Ainsi, c’est ce que confirme le psychologue
Thomas Gordon (1970) : « Il vaut mieux accepter les sentiments de vos enfants tels qu’ils sont,
plutôt que de prendre l’approche directive qui consiste à tenter de se débarrasser du
pleurnichage et des cris en essayant de rassurer ou de menacer l’enfant. Les enfants veulent que
vous sachiez qu’ils éprouvent des sentiments pénibles et que vous vous rendiez compte de leur
importance » (n.p.)

Donc, la relation affective permettra un meilleur accompagnement parental scolaire pour


l’enfant. Ce dernier aura une meilleure confiance en lui grâce à l’implication de sa famille.

3.2.3 Inégalité dans les aides aux devoirs à la maison qui reste un débat

Malgré, la mise en place des devoirs à la maison, cela reste un débat du point de vue de certains
parents qui se retrouvent en difficulté d’accompagner l’enfant.

En effet, le travail à la maison renvoie aux inégalités sociales dans les familles, au niveau du
climat familial, des conditions de vie des enfants, mais également dans les rapports aux savoirs
que les parents détiennent pour accompagner l’enfant. Par exemple, un parent qui ne sait pas
lire ou écrire ne pourra pas encadrer son enfant. Comme l’avait montré LAHIRE (2019) sur la
stimulation que vont mettre en place les parents, c’est-à-dire, solliciter leurs enfants à la lecture,
ne sera pas égale à celui d’un enfant qui fera ses devoirs devant la télévision, ou les jeux vidéo
par exemple.

En revanche, le travail à la maison reste encore très nuancé, et est vu comme une corvée pour
les parents. Selon Chouinard, Archambault, & Rheault, (2006), « à la maison, bien des parents
jugent que la période des devoirs représente souvent un moment de tension et de conflits avec
les enfants (Kralovec et Buell, 2001) » (p. 309). Car en effet, les parents pour les enfants n’ont
pas le rôle du professionnel, il paraît donc difficile pour les enfants de se laisser faire aider à
la maison qui peut remettre en question les compétences de leurs parents.

24
De plus, à travers leurs travaux il en ressort que : « D’autres personnes sont d’avis que les
devoirs empêchent les enfants de se consacrer à des activités importantes comme les loisirs et
l’activité́ physique et que l’abus de devoirs amène les jeunes à se désintéresser des contenus
scolaires (Palardy, 1995) » (p. 309). Cela montre en effet que le temps de travail de l’enfant est
considéré comme trop important, ce point de vue considère que les élèves ont des journées
longues, et qu’une fois à la maison ces derniers ne veulent plus se concentrer et veulent
s’amuser. Car, le fait de faire ses devoirs à la maison est vu comme une prolongation de l’école
chez l’enfant qui peut le déstabiliser. En revanche, dans la société que nous sommes
actuellement, la technologie s’est développée, parents comme enfant, peuvent donc utiliser
internet pour effectuer des recherches cependant, cela n’est pas le cas de toutes les familles car
certains n’ont pas les moyens d’avoir un ordinateur donc cela cause des inégalités entre les
familles et les élèves.

De plus, selon Bautier (2006), dans certaines familles défavorisées la maîtrise de la langue est
plus difficile, dès la maternelle, et perdurent au cours de leur scolarité, alors que dans d’autres
milieux sociaux, les enfants sont corrigés et sollicités par leurs parents, c’est-à-dire corriger si
nécessaire s’il ne prononce pas un mot correctement par exemple. La tâche confiée aux parents
est donc la plupart du temps perçue comme difficile pour la transmission des savoirs ils doivent
donc préserver ce rôle de parent mais également assurer l’aide aux devoirs.

L’aide au devoir à la maison est une sorte de transfert pour favoriser la relation entre l’école et
la famille. En revanche, cela reste encore un débat, comme l’affirme une nouvelle fois,
Chouinard, Archambault, & Rheault, (2006) : « la question de l’utilité́ réelle des devoirs n’est
pas encore complètement résolue. Même si les travaux de recherche ont réussi à jeter un certain
éclairage sur le bien-fondé de cette pratique pédagogique, plusieurs questions demeurent encore
en suspens » (p. 320). Car, bien que des élèves puissent se retrouver encadrés et aidés par leurs
parents, les aides apportées sont différentes selon les familles, non seulement au niveau des
savoirs, mais également au niveau matériel (dictionnaire, internet, encyclopédie etc.). Ainsi,
certains élèves se retrouvent pénalisés et les parents dépassés par la situation.

3.3 L’entrée progressive des parents dans l’école

3.3.1 Concept de coéducation

Pour favoriser l’engagement des parents dans la scolarité des enfants, la coéducation entre en
vigueur.

25
C’est-à-dire « co », signifiant ensemble, qui est donc le fait d’éduquer ensemble où l’école et
la famille vont se partager l’éducation de l’enfant. La coéducation apparaît au début du XXIème
siècle, c’est avec la reconnaissance de l’enfant et la parentalité dans la société moderne. Car il
faut rappeler, qu’historiquement, les parents ne participaient pas à la vie de l’école des enfants,
leurs rôles s’arrêtaient au portail de l’école. Le rôle des parents n’était pas valorisé, seuls les
enseignants s’occupaient de l’enseignement.

Il faut rappeler que l’école souhaite intégrer les parents et devenir un lieu de socialisation. Son
but est de réconcilier parents et école afin que la transition se fasse, la communication va entrer
en jeu. Cette responsabilité qu’on va donner aux parents peut causer des appréhensions ou de
l’angoisse pour la famille.

D’après Escots (2010), « On peut envisager l’éducation comme une nécessité pour doter
progressivement l’enfant des capacités d’autonomie et d’action dans le monde, et la parentalité
comme un ensemble de capacités (pouvoirs) et de responsabilités (droits et devoirs) pour
réaliser l’éducation. En ce sens, la coéducation est une coordination de ces capacités sans
obligatoirement de contrepartie en termes de responsabilités » (p. 6).

La famille va donc participer à la vie de l’école pour la rendre plus performante et


accompagnante pour l’avenir de leurs enfants ainsi que leur épanouissement. L’école et la
famille vont alors collaborer en ayant un objectif commun.

De plus, selon Humbeeck, Lahaye, Balsamo et Pourtois (2006), « coéduquer reviendrait, dans
un tel schéma bipolaire, à rester chacun à sa place et à respecter scrupuleusement la succession
des périodes réservées à l’un et à l’autre » (p. 655). Cela signifie, que parents et enseignants
doivent garder leurs rôles. Éduquer ensemble, n’est pas d’entrer en conflit sur la pédagogie mais
de s’informer et donner son avis pour l’amélioration. Où ces deux acteurs vont travailler
ensemble sur le parcours scolaire de l’élève pour intervenir de façon commun. Le but
d’informer va permettre aux parents de connaître le cadre éducatif et la pédagogie pour qu’ils
installent ensemble un climat de confiance sur l’apprentissage de l’enfant.

La coéducation englobe donc le terme de « collectif », où les acteurs installent ce principe de


solidarité. La coéducation va donc inviter les parents à participer aux actions proposées par
l’école qui favoriseront la réussite et l’investissement de leurs enfants. Le but primaire est
surtout de rassurer le parent, ils doivent donc ouvrir la communication, les parents peuvent

26
s’exprimer par exemple par des groupes de paroles. « Les groupes de parole, qui rassemblent
les parents, permettent aux participants de se ressourcer en partageant le vécu à la fois commun
et singulier de la relation éducative. Ils contribuent ainsi à diminuer sensiblement l’angoisse
ressentie face à la tâche éducative » (Humbeeck, Lahaye, Balsamo et Pourtois ; 2006)

Car, coéduquer permet de donner des responsabilités aux parents, qui vont permettre la
valorisation de leurs compétences. Cette notion récente va permettre de faciliter les relations en
évitant les confusions et de faire en sorte que l’enfant se sente sécurisé pour son développement.
Les actions que les parents feront vont favoriser leurs engagements, leurs coopérations, et la
motivation de leurs enfants au cours de sa scolarité.

Si les parents ne sentent pas leurs rôles ou compétences valorisés, ils vont alors s’éloigner de la
structure scolaire, c’est pour cela que l’invitation de l’établissement est importante.

Deslandes et Bertrand (2004) soulignent « une autre manière d’aider les parents à accroître leur
sentiment de compétence serait d’acheminer régulièrement à la maison des exemples de
stratégies spécifiques qui portent fruit dans des situations bien précises. Les invitations à
participer de la part des enseignants semblent la clef d’une plus grande participation parentale
à l’école » (p. 429).

Le but est donc de persévérer en favorisant l’écoute, le respect entre les partenaires de la
coéducation et la communication. La coéducation va reposer sur plusieurs éléments : le principe
de la coopération en commun où les parents auront des apports à faire selon leurs opinions ou
ce qu’ils souhaiteraient pour leurs enfants et le principe d’information où le fait d’impliquer les
parents permettra de prendre connaissance et de mieux comprendre les enjeux de la scolarité.

Par ailleurs, Asdih (2012) affirme que « La participation des parents à la vie de l’école n’est
pas obligatoirement un gage de réussite pour leurs enfants, car elle nécessite une orientation et
une adéquation aux activités d’apprentissage. L’engagement des enseignants dans la
collaboration n’est pas non plus le gage que les parents s’engagent dans l’école et dans la
scolarité́ de leurs enfants, ni que ces derniers réussissent. Celui-ci nécessite aussi une orientation
et une adéquation de ses actions tout n’est qu’une question du rapport de l’école qu’ont les
parents. » (p. 48).

Cela montre que le rapport de l’école que vont avoir les parents, exerce une forte influence sur
la motivation de l’enfant. Ainsi cela montre que même si l’engagement favorise la collaboration
27
avec les parents, l’engagement des parents doit venir avant tout d’eux-mêmes afin que la
scolarité de leurs enfants se fasse dans un climat de confiance.

3.3.2 Rapport famille-école vers une évolution : relation éducative et


dispositifs

En effet, comme nous l’avions vu par le principe de la coéducation, le rapport famille-école


s'enrichit et évolue positivement. D’un point de vue général, les parents sont de plus en plus
impliqués et engagés dans la scolarité de leurs enfants.

En favorisant le dialogue entre les familles et l’école, de nombreux dispositifs vont être mis en
place dans le but de créer et avantager la communication entre les familles et l’école. Il y aura
des groupes de parole mis en place pour renforcer le lien et vaincre les inquiétudes, les
appréhensions des parents.

Une fois, le climat de confiance installé parents et école pourront coéduquer dans le but de
favoriser la réussite de l’enfant. Il existe les Réseaux d’Écoute, d’Appui et d’Accompagnement
des Parents (REAAP), apparut en 1998, qui est le réseau des parents, favorisant la coéducation
qui permettent la mise en place de dispositifs pour favoriser le dialogue, les capacités et les
compétences de ces derniers. Ces actions sont multiples et proposent une aide aux parents afin
de poser un encadrement de leurs enfants afin qu’ils suivent au mieux leur scolarité et que ces
derniers s’épanouissent.

En effet, selon Monceau (2014), « des dispositifs intitulés cafés de parents et financés dans le
cadre des REAAP (Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents) sont d’autant
plus facilement investis par des parents que leur objet n’est pas explicitement de travailler sur
les difficultés parentales » (p. 40).
Dans ce que cite Monceau comme dispositif, le café des parents est un groupe de parole et
d’échange où parents vont échanger librement, sur leurs ressentis, leurs craintes, leurs points de
vue sans jugement. Ce groupe d’échange est encadré par les professionnels, qui vont
accompagner ces derniers.
De plus, c’est un groupe libre, où les rencontres permettent de s’améliorer, de partager leurs
quotidiens, expériences où tout parent peut assister sans forcément être en difficulté.

Ainsi, les dispositifs sont nombreux et permettent de rapprocher les parents notamment les
classes défavorisées : « En rendant possibles des stratégies parentales de rapprochement, y

28
compris par des activités socialement peu valorisées (accompagnement d’une classe lors d’un
déplacement ordinaire), certaines équipes enseignantes permettent à des parents de milieux dits
populaires de pénétrer l’espace scolaire selon une démarche volontaire » (Monceau, 2014,
p.16). Les familles de classe défavorisée auront donc un moyen de se réconcilier avec l’école
et de parler de leurs craintes, plus spécifiquement sur la difficulté de l’aide au devoir pour
certaines d'entre-elles. Car comme nous l’avons vu précédemment, la maîtrise du langage est
plus difficile pour les familles dans les milieux populaires. C’est donc ici, le but de rapprocher
les parents éloignés de l’école.

3.3.3 Des malentendus persistants entre la famille et l’école

L’intégration du rôle de la famille dans l’apprentissage scolaire de leurs enfants peut causer
des difficultés avec l’école si ces derniers ne se sentent pas à leurs places, ou s’ils se sentent
incompétents.
Ces malentendus persistants s’expliquent par des attentes opposées entre les enseignants et les
parents. Les enseignants, attendent des parents qu’ils répondent à leurs demandes, que ces
derniers s’investissent en suivant les devoirs donnés à la maison et qu’ils soient attentifs et
ouverts aux remarques faites sur leurs enfants dans plusieurs situations.

Comme le confirme Asdih (2012), « dans le partenariat, les enseignants se centrent sur une
logique de transmission, ils attendent des familles qu’elles aident l’élève à achever ou à préparer
les tâches effectuées dans le temps scolaire. Les parents se centrent sur une logique de
développement personnel et familial et attendent de l’école qu’elle garantisse des contenus, des
règles et des perspectives professionnelles » (p. 48).

Le fait que leurs attentes ne soient pas satisfaites, de nombreux malaises peuvent se former. En
effet, les parents qui n’acceptent pas les remarques faites sur les enfants : convocations etc. Il
va y avoir une sorte de rejet de l’école, car ils ne savent pas forcément comment réagir et vont
donc s’éloigner.
Par ailleurs, du côté des enseignants, ils vont percevoir l’absence des parents comme une non-
reconnaissance de leurs implications, face à l’enseignement de leurs élèves.

29
« Ils perçoivent l’absence des parents comme de l’indifférence ou comme un désaveu de leur
travail et de leurs compétences. Le sentiment d’un manque de reconnaissance et de soutien de
la part des parents et de l’institution, alors qu’ils continuent à s’investir, participent à leur
profonde désillusion face aux difficultés rencontrées chez les élèves et dans la profession. »
(Asdih, 2012, p.48)
Ainsi, aux yeux des enseignants, l’engagement des parents comptent autant que les parents
attendent beaucoup de l’école.

Et comme nous l’avons vu antérieurement, cela s’explique car « l’influence positive de


l’investissement des parents dans la scolarité de leur enfant au niveau des performances
scolaires mais également au niveau des variables conatives telles que la motivation à apprendre,
l’attention, l’engagement dans les tâches scolaires ou encore, les comportements scolaires”
(Poncelet, Tinnes-Vigne & Dierendonck, 2019, p.3). Mais pour que cela fonctionne, la relation
entre parents et école doit être saine.

Du côté de la famille, les points d’appréhension sont tout aussi nombreux. On distingue deux
types de parents :
- Les parents trop impliqués, qui peuvent causer des tensions car ils voudront donner
leurs avis sur tout, et même remettre en question la pédagogie et la façon de faire
des parents
- Les parents peu impliqués, voire absents : cette façon d’être des parents, peut causer
également des tensions entre les enseignants et les parents, car ils vont donner l’image
de ne jamais être là et non intéressé par l’engagement des enseignant et la scolarité des
enfants.

Par ailleurs, le manque d’implication des parents peut s’expliquer par la peur de jugement de
l’enseignant, qui les éloigne. Ainsi comme l’explique Monceau (2014) : « lors de l’une de ces
rencontres, une mère évoque ainsi ses difficultés avec son fils adolescent qu’elle doit obliger
chaque jour à se rendre au collège sans pouvoir compter sur l’aide des enseignants, car ces
derniers la perçoivent comme ayant renoncé à son autorité » (p. 81). Le fait, que les parents se
tiennent volontairement éloignés de l’établissement scolaire, montre qu’il y a un mal-être qui
s’installe et qu’ils doutent de leurs compétences de parents.

30
De plus, Monceau (2014) ajoute que « les enseignants méconnaissent les véritables
implications scolaires des parents qu’ils rencontrent peu. Il reste souvent difficile pour eux
d’admettre que des parents ne répondant pas à leurs invitations puissent être préoccupés par la
scolarisation de leur enfant ou le fonctionnement de l’école et dès lors d’agir sur la relation de
ses parents à l’institution scolaire » (p. 83). Donc, on peut dire que le jugement se crée entre les
partenaires, les enseignants gardent une image péjorative sur l’absentéisme des parents et les
parents n’approuvent pas les remarques qui engendrent une distance volontaire du système
scolaire.

Toujours selon Monceau (2009), « Le moment défensif des résistances parentales s’exprime
également sur le plan organisationnel par l’évitement des réunions collectives et des rencontres
individuelles. Pour ne pas risquer d’être enrôlés par les enseignants ou même par les parents les
plus investis dans le fonctionnement scolaire, le plus sûr moyen est encore l’absence. On ne
pénètre dans l’école qu’à condition d’y avoir été explicitement invités » (p.157).
De plus, à travers cet ouvrage, il énumère trois moments, qui expliquent la résistance des parents
: le moment défensif qui renvoie aux appréhensions des parents ou de conflits avec les
enseignants, le moment offensif qui renvoie à leurs oppositions et différents points de vue, et le
moment intégratif qui renvoie à la participation et la collaboration avec l’école.

Pour réagir face aux résistances des parents, les enseignants doivent voir plus loin de leurs
jugements : démission des parents ou alors l’envahissement.

Même si cela persiste, il faut installer un climat de confiance dès le début de la scolarité de
l’enfant, informer les parents, les rassurer afin de favoriser la coéducation. Car c'est le manque
de dialogue et de communication qui fragilisent la relation famille-école, ou encore la qualité
du langage, c’est-à-dire que les parents ne comprennent pas forcément les consignes, ou les
remarques des enseignants, qui ne leur sont pas familières.

31
4- Phase de la problématisation

4.1 Synthèse des travaux

Plusieurs recherches ont été réalisées sur la relation école-famille qui a permis de mettre en
avant, l’impact de la famille dans la scolarité de l’enfant (Deslandes et Bertrand, 2004 ; Alava,
2016 ; Poncelet, Tinnes-Vigne et Dierendonck, 2019). La relation école-famille est un sujet
questionné et abordé récemment (Montadon et Sapru, 2002 ; Payet 2017 ; Duru-Bellat et Van
Zanten, 2012). De plus, cette relation école-famille est le plus souvent représentée dans un rôle
important pour l’accompagnement, le bien-être et la réussite scolaire de l’élève (Poncelet,
Tinnes-Vigne et Dierendonck, 2019 ; Thomas Gordon, 1970). Un enfant peu investi ou qui
n’est pas motivé, ayant un rapport à l’école qui ne favorise pas un investissement dans le
processus d’apprentissage peut s’expliquer partiellement par un manque d’implication de la
famille ou d’une mauvaise relation avec l’école (Asdih, 2012 ; Monceau, 2014).

Plusieurs études ont notamment montré des liens entre le rapport à l’école de l’enfant qui
dépend du passé relationnel des parents eux-mêmes avec l’école (Bresson et Mellier, 2015). En
effet, les parents qui ont une vision négligée ou pessimiste de l’école, vont involontairement le
plus souvent entraîner à ce que leur enfant ait cette vision, d’après quelques recherches, cela
serait plus visible dans les classes défavorisées (Bourdieu et Passeron,1970 ; Charlot, 2000,
Malbert, 2019).

Lorsque les familles n’ont pas un bon rapport avec l’école, cela se traduit par une
marginalisation avec cette dernière, il y aura donc une difficulté de collaborer avec l’école et
de s’impliquer pour leur(s) enfant(s). Cela s’explique, le plus souvent, par une peur et un
sentiment d’impuissance, une baisse de confiance et d’une dévalorisation de leurs compétences
(Humbeeck, Lahaye, Balsamo, et Pourtois, 2016 ; Monceau, 2014). De plus, ces familles qui
s’impliquent peu dans la scolarité de l’enfant. Selon Bresson et Mellier (2015), leur vécu par
rapport à l’école est souvent empreint de dépendance, parfois de rancœur afin de décrire
l’attitude de ces parents qui restent le plus souvent éloignés de l’école et qui ne se mêlent pas
du travail à la maison donné par l’enseignant. En revanche, bien que les familles populaires
soient les plus éloignées de la structure scolaire, certaines ont beaucoup d’attente envers l’école,
pour répondre aux besoins de leurs enfants et lui assurer un avenir plus prometteur (Rochex et
Charlot, 1996 ; Lahire, 2019).

32
Par ailleurs, les enfants appartenant à des classes aisées, qui sont dans des familles où il existe
une préoccupation pour la réussite à l’école semblent mieux réussir que les autres, notamment
dans la préparation de la rentrée ou encore dans le suivie du langage dans la famille (Payet et
Giuliani, 2014 ; Charlot, 2000 ; Lahire, 2019). De plus, l’environnement et les pratiques
culturelles de la famille sont importants pour l’acquisition des compétences de l’enfant : les
sorties culturelles, les livres favorisant la lecture dans le domaine familial favorisent une bonne
scolarité. Selon les recherches exposées dans l’état des connaissances, on peut constater que les
activités culturelles causent un meilleur rapport à l’école et un bon rapport au savoir chez
l’enfant (Duru Bellat et Van Zanten, 2012 ; Lahire, 2019). L’apport des savoirs et des
connaissances au sein de la famille est un facteur déterminant dans la motivation et la réussite
scolaire de l’enfant. En effet, les travaux scolaires, l’encouragement, et les compliments des
parents ont un effet positif sur la réussite scolaire de l’enfant (Bautier, Charlot, et Rochex 1992 ;
Masson, 2019).

De même, leur investissement dans les devoirs à la maison cause un avantage pour l’enfant
(Chouinard, Archambault & Rheault, 2006). En revanche, d’après les études, les devoirs à la
maison représentent une inégalité et restent un débat, car l’enfant ne profiterait pas de son temps
libre et cela perturberait sa perception sur le fait que les devoirs seront vus comme une
prolongation de l’école (Palardy, 1995) et d’un autre côté une inégalité entre les familles
favorisées et défavorisées, au niveau de la maîtrise de la langue ou de l’incapacité
d’accompagner l’enfant à réaliser l’exercice demandé par l’enseignant par manque de
compréhension (Bautier, 2006).

Les recherches vont s’appuyer donc, sur l’engagement parental qui va être classé en six
catégories : l’aide pour favoriser les compétences et rôles parentaux, la communication entre
l’école et la famille, la participation des parents via le bénévolat, l’apprentissage,
l’encadrement, la prise de décision et la collaboration avec la communauté (Epstein, 2001). De
plus, l’engagement des parents va mettre en avant la communication et favoriser sa
collaboration avec l’école (Hoover-Dempsey et Sandler 1995, 1997 ; Deslandes et Bertrand,
2004). Des recherches mettent en valeur et en évidence, le soutien affectif qui prime sur la
motivation scolaire de l’enfant, dont l’aide au devoir, la présence lors des réunions, ou
répondant au besoin de l’école du suivi scolaire de l’enfant (Rolland Viau, 1994 ; Masson,
2019). Bien que des recherches aient montré la difficulté d’implication des parents dans le suivi
scolaire de l’enfant, l’État va mettre en place la coéducation qui aura pour but de favoriser la

33
collaboration de la famille avec l’école et ainsi réduire les inégalités entre les familles (Serges
Escots, 2010 ; Humbeeck, Lahaye, Balsamo et Pourtois, 2006 ; Asdih, 2012 ; Deslandes et
Bertrand, 2004). La coéducation qui favorise le dialogue entre les familles et l’école va
développer de nombreux dispositifs dans le but de créer et avantager la communication entre
les familles et l’école (Monceau, 2014). En revanche, cette coéducation reste encore
questionnée à l’heure d’aujourd’hui car, des malentendus persistent entre école et famille. Des
recherches vont analyser une résistance des parents qui s’explique le plus souvent par la peur
de jugement des enseignants (Poncelet, Tinnes-Vigne & Dierendonck, 2019 ; Asdih, 2012 ;
Monceau 2009).

Ainsi, ces recherches montrent qu’il y a une nécessité de retravailler la coéducation,


en installant un climat de confiance afin de favoriser la coéducation. Le manque de dialogue et
de communication fragilise encore la relation école-famille.

4.2 Problème et question de recherche

D’après les recherches sur la relation famille-école, beaucoup de questions débouchent sur le
rôle de l’école et de l’enseignant. Mais qu’en est-il de la famille ? Sont-ils liés réellement à
l’acquisition de savoir et à la vision de l’école de l’enfant ? Si les familles causent réellement
un impact sur la réussite scolaire des enfants, alors quel est-il ? À la suite des réponses et
recherches analysées, il est possible de se questionner sur le rôle de la famille réunionnaise.

Il serait intéressant alors de répondre tout d’abord à ces questions : Quel est l’intérêt de
l’implication familiale dans le quotidien scolaire de l’enfant à l’école primaire ? Suite aux
recherches et réponses trouvées, on peut alors se questionner sur l’origine de cette motivation,
du rapport au savoir et du rapport à l’école de l’élève. Il est important de montrer le rôle
déterminant que la famille y joue. Dans la situation, de l’action des parents dans la scolarité de
l’enfant : Comment la famille va-t-elle influencer l’élève au cours de sa scolarité ? Comment
va-t-elle l’encadrer et l’accompagner positivement ? Car, il faut souligner que la famille est la
première instance socialisatrice de leurs enfants, c’est dans ce premier espace qu’ils vont se
développer, et acquérir des premières connaissances afin de développer des compétences
cognitives grâce à ses interactions sociales.

Dans quelle mesure donc, l’environnement et ce premier système de socialisation impacteront-


ils l’investissement de l’élève dans sa scolarité, ainsi que dans sa réussite ? Quels sont les

34
différents comportements de la famille face à l’école ? L’origine sociale a-t-elle une
signification dans la réussite ou l’échec de l’enfant ? Les parents ont-ils un rôle et une attitude
à tenir, pour favoriser la relation de l’enfant avec sa scolarité ? De plus, il ne faut pas négliger
que l’enfant sera influencé par les relations que ses parents entretiendront avec l’école. Une
relation négative peut-elle donc être l’élément déterminant des rapports que l’enfant aura de
l’école ?

Ces interrogations restent nombreuses, d’autant plus qu’il y a une distinction entre les familles
favorisées et les familles défavorisées où d’après les recherches effectuées, les familles
défavorisées présentent plus de difficultés dans le suivi scolaire et dans sa relation avec l’école
contrairement à une famille favorisée.

On pourra donc se demander, si des enfants issus d’une famille de milieu défavorisé ne peuvent-
ils pas être davantage encouragé dans leur scolarité pour un avenir plus prometteur ? Un enfant
de milieu favorable n’est-il pas lui, aussi confronté à des difficultés dans la relation école-
famille ? Concernant la coéducation, prend-elle en compte la totalité des parents ? Est-elle
réellement une réponse pour réconcilier famille et école ? Les dispositifs mis en place sont-ils
réellement bénéfiques ?

Les définitions des divers éléments de ma recherche ont mis un point important sur les
interactions entre élève, école et famille, et plus particulièrement des échanges et de la
communication qui émergent entre les parents et l’école.

D’après la recherche de Monceau (2014) il me paraît intéressant de porter mon attention sur la
qualité du lien entre la famille et l'enseignant car sa recherche a permis d’examiner que
l’incompréhension qui émerge entre ces deux acteurs impactant l’élève.

L’ensemble de ce questionnement m’a conduit à la question de recherche suivant : En quoi


l’implication des parents dans le devenir scolaire de leurs enfants et la qualité du lien avec
l’enseignant sont-ils des facteurs déterminants dans le rapport à l’école et le rapport au savoir
de l’enfant en école élémentaire à la Réunion ?

Cette question de recherche pourra faire l’objet d’une recherche sur le terrain dans les écoles
élémentaires à la Réunion.

35
4.3 Les concepts retenus

Quatre concepts principaux ont été définis à travers l’état de connaissance : l’implication, la
motivation scolaire, le rapport à l’école et le rapport au savoir. Ces concepts s’articulent et sont
liés entre eux puisque l’implication de la famille dépend de leurs relations avec l’école qui
influencent le rapport à l’école et le rapport au savoir de leurs enfants. Les pratiques mises en
place dans le but de favoriser la relation école-famille sont influencées par l’engagement de la
famille et de leurs ressentis vis-à-vis de l’école. De plus, la famille et l’école s’influencent
mutuellement dans l’acquisition du rapport au savoir et du rapport à l’école de l’enfant.

Motivation familiale et
motivation scolaire

5
Rapport au savoir et rapport
6 à l’école :
Implication de la famille :
7
Relation famille-école Influencé par la valorisation de
Point de vue sur l’école
8 parents
Accompagnement
9 dans les aides
aux devoirs Attitudes Fonctions
10 Pratiques
Visions dans leurs relations avec Influencé par la valorisation de
11 l’école l’équipe éducative
12

Titre : Schéma récapitulatif des concepts

36
Pour l’implication, nous allons retenir le concept élaboré par Perrault-Soliveres (2001) où
l’implication va être la source des rapports que les parents auront avec l’école et auquel il
participera. Ce concept met en avant l’intervention des parents dans l’accompagnement de son
enfant et de sa relation avec l’école. De plus, dans le cadre familial, l’implication va se référer
à des attitudes qu’ils auront. C’est-à-dire que les parents vont avoir des attitudes au niveau
affectif et cognitif. De plus, par son concept cela permettra d’éclairer et de montrer que
l’implication renvoie à l’action des parents dans la vie scolaire de l’enfant, avec les relations
qu’ils entretiendront dans le système éducatif en ayant leurs propres objectifs.

Ensuite, le concept de motivation scolaire élaboré par VIAU (1994) va être retenu car, ce dernier
cible la perception et l’environnement de l’élève. Ce concept est pertinent car le déroulé de mes
recherches se tournera principalement sur ces critères où je m’appuierais sur l’environnement,
le contexte de vie et des valeurs de l’école transmises à l’élève réunionnais. De plus, ce concept
met en avant que : la motivation scolaire n'est pas innée mais dynamique selon l’individu.

Pour avoir une motivation scolaire le rapport à l’école de l’élève joue un rôle important. Pour
ce concept, on retiendra la conceptualisation de Bautier, Charlot et Rochex (1992). Celle-ci
définit le rapport à l’école comme une relation de sens, si cette relation est bonne, l’élève aura
des avantages sur l’école et acceptera les nouveaux savoirs. De plus, c’est pertinent car la
famille y joue un rôle majeur dans ce rapport avant et pendant la scolarité.

Enfin, le rapport à l’école est fortement lié au rapport au savoir. Pour continuer mes recherches,
je choisis de m’appuyer sur la définition de Beillerot (1997), qui met surtout en avant le rapport
au savoir que l’individu adaptera au cours de sa vie entre ce qu’il sait déjà et ce qu’il apprendra
de nouveau, afin de forger sa perception.

4.4 Approche retenue

Pour tenter de traiter notre question de recherche, l’approche compréhensive serait plus
cohérente et pertinente. Elle favorise la compréhension de façon plus sensible, la vision des
parents sur l’école ainsi que sur la relation qu’ils entretiennent avec l’école. Étant donné que la
sociologie a pour but d’étudier des relations humaines et des phénomènes qui les entourent.
Elle permet également d’observer comment la société évolue et se transforme, sur la manière
de penser en prenant en compte les contextes sociaux.
37
Le fait de s’orienter dans une approche sociologique compréhensive permet de comprendre le
sens visé par l’individu, son ressenti, ses actions, d’adapter une vision compréhensive afin de
comprendre l’individu lors de son action. Comme l’affirme Hanique (2019), « le sens est co-
construit progressivement, dans un dialogue mené pas à pas, entre le chercheur et le sujet. Les
raisons pour lesquelles un individu peut se montrer réticent à une interprétation sont en effet
multiples et il convient de se questionner sur le sens d’une invalidation, ce qui a pour vertu de
relancer le travail d’élaboration » (p. 607).

Cette approche a été élaborée par Max WEBER (1864-1920) qui est le maître de la sociologie
compréhensive, où il met en avant la notion de compréhension. Il insiste sur le fait que la
sociologie ne pourrait rendre véritablement compte de la réalité sociale, et qu’il faut mettre en
avant la compréhension : « Raymond Aron a mesuré combien ce présupposé continuiste tend à
obscurcir, dans la sociologie wébérienne, une définition précise de la compréhension : « Il est
difficile de définir exactement la “compréhension”. Weber la caractérise plutôt qu’il ne la
définit. Il parle de l’évidence spécifique qui s’attache à la saisie de relations significatives, de
motif à acte, ou de moyens à but. Nous avons l’impression de pouvoir reproduire en nous-
mêmes le déroulement de conscience que nous atteignons chez les autres » (Gonthier, 2004, p.
3).
En effet, pour WEBER la compréhension consiste à mettre en avant les actions de l’individu à
interpréter la signification qu’ils leur donnent où « comprendre une activité sociale, c’est
comprendre le sens qui est subjectivement visé par l’individu. » (Gonthier, 2004, p. 4).

L’approche compréhensive qu’établit Weber permet la compréhension de l’individu et du sens


que ce dernier donne à ses pratiques, au monde et à autrui. Ainsi selon ce dernier, pour expliquer
l’activité sociale au cours d’une recherche, il faut comprendre la signification et le sens que les
individus donnent à leurs actions. La compréhension met en avant l’interprétation où le
chercheur interprète ce sens à partir du contexte, de ce que font ou disent les individus en se
décentrant. Partir de cette approche va permettre de ne pas uniquement questionner tous les
parents, mais de mettre un point important sur leurs actions dont leurs implications dans la
scolarité de leurs enfants.

Le but de cette approche est de travailler par des entretiens semi-directifs à visée compréhensive
afin de dévoiler des attentes des parents de l’école et de leurs perceptions, comprendre et savoir

38
la vision des parents sur leurs implications dans l’école notamment dans l’influence qu’ils ont
dans la motivation scolaire de leurs enfants.
Comme l’affirment Charmillot et Seferdjeli (2002), « elles peuvent être exprimées en référence
aux trois moments de la recherche définis par Bachelard (1965), à savoir la conquête, la
construction et le constat » (p. 188).
En effet, le monde social est le nœud des actions sociales qui représentent des agissements et
les comportements des individus. Ces actions sont menées par les objectifs et les attentes de
l’individu. Au moment de la recherche, plusieurs phases sont mises en évidence, dont la phase
de la compréhension, de l’interprétation et de l’explication du fait social, c’est-à-dire que la
démarche compréhensive permet nécessairement d’avoir des questionnements sur un sujet qui
visent à la construction de la recherche.

4.5 Démarche

En lien avec l’approche compréhensive, la question de recherche et les hypothèses ci-dessous,


le recours à la démarche qualitative me semble pertinent. En effet, les méthodes qualitatives,
dont les entretiens de type compréhensif, le choix des entretiens semi-directif contribue de
permettre quelques relances afin de susciter des détails et la parole de l’enquêté ou de recentrer
ses phrases. Ce choix d’entretien permettra un meilleur ajustement entre le directif et le non-
directif.
Ainsi, le choix de cette approche et les entretiens semi-directifs permettent de faire ressortir les
réponses des parents, des interventions de coéducation différentes de ce que propose l’école et
de l’impact qu’il y aura sur les enfants scolarisés.
L’entretien individuel permettra de collecter des informations grâce à l’interaction entre
chercheur et interrogé sur le point de vue. En interrogeant les parents, l’avantage est d’être à
l’écoute afin de comprendre leurs places qu’ils possèdent dans la relation avec l’école.
Toutefois, pour que cette démarche d’approche compréhensive fonctionne et soit efficace,
l’entretien doit constituer des questions qui n’influencent pas leurs réponses, je dois assurer une
posture neutre et me décentrer en tant qu’enquêteur, dans le but qu’elles n’interrompent pas les
interrogés dans leurs propos.

De plus, l’approche compréhensive dans le choix des méthodes qualitatives dont les entretiens
de type compréhensif permettra une meilleure stabilité car il se situera entre le directif et le non-
directif.

39
Enfin, comme l’affirme Kaufmann (2018) « Si l'entretien doit être compréhensif, soutient
l'auteur, c'est parce que son caractère familier, la dynamique de confiance (et de confidence)
nouée avec l'enquêteur permet de « descendre » sous un niveau de surface, qui serait celui de
l'entretien traditionnel, et d'accéder, par bribes, à une « vérité » plus profonde des personnes, à
la personnalité cachée derrière le masque des rôles sociaux » (p. 178). Ainsi, le climat de
confiance avec les populations sera primordial.

4.6 Hypothèses retenues

A partir des questionnements élaborés et les recherches scientifiques abordées, deux hypothèses
ont étaient établis :

▪ Première hypothèse : L’implication des parents réunionnais issus de milieux


défavorisés dans le devenir scolaire de leurs enfants dépend de leurs relations passées
au cours de leur scolarité et de leurs points de vue sur la fonction de l’école.

▪ Deuxième hypothèse : L’affaiblissement du lien enseignant-parents d'élèves ainsi que


le manque de communication influent sur la motivation de l’élève et altèrent son rapport
au savoir ainsi que son rapport à l’école.

40
5. Cadre méthodologique

5.1 Procédure

Pour donner suite à ma question de recherche, le but principal étant de savoir le rôle déterminant
du parent dans sa collaboration avec l’école qui causerait un impact dans la réussite scolaire de
l’enfant.

Pour ce faire, dans un premier temps, j’ai décidé d’élaborer un entretien à destination des
parents-d ‘élèves afin de bien déterminer son opinion sur l’école, en évoquant des questions sur
le passé de ce dernier, et ce qu’il transmet à son enfant tout au long de sa scolarité, l’image qu’il
va donner de l’école sur la motivation de son enfant et sa collaboration avec l’école. Cet
entretien permettra de vérifier l’hypothèse 1.

Dans un second temps, j’ai réalisé un entretien à destination des enseignants de l’école
élémentaire car ces derniers passent plus de huit heures par jour avec l’élève, et il serait
intéressant de connaître leurs visions, leurs constatations sur la réussite de l’école et du rôle
qu’ont les parents dans la scolarité de l’enfant, et surtout de vérifier si la relation enseignant-
parents joue sur le rapport aux savoirs et à l’école de l’enfant. Cet entretien vérifiera l’hypothèse
2.

5.2 Méthode d’analyse des données

Pour l’analyse des données, le but est de connaître le point de vue des parents et d’avoir des
éléments nécessaires pour pouvoir répondre à l’hypothèse 1: l’implication des parents
réunionnais issus de milieux défavorisés dans le devenir scolaire de leurs enfants dépend de
leurs relations passées au cours de leur scolarité et de leurs points de vue sur la fonction de
l’école et l’hypothèse 2: L’affaiblissement du lien enseignant-parents d’élèves ainsi que le
manque de communication influent sur la motivation de l’élève et altèrent son rapport au savoir
ainsi que son rapport à l’école.

Pour les deux populations, les enregistrements ont été préalablement retranscrits, relus et
commentés. J’ai fait le choix d'analyser les entretiens et de faire des catégories afin de pouvoir
monter une grille d’analyse. Cela m’a permis d’établir une liste de catégories et de sous-
catégories. Mais la codification a pris en compte les principales catégories de la grille
d’entretien. Les catégories m'ont permis d’élaborer les grilles d’analyses et de rassembler les
41
éléments de réponses vus lors des retranscriptions qui m’ont permis de mettre en avant les
points communs et les différences entre les individus pour classer les données dans le but, de
traiter plus efficacement les données et apporter des réponses.

5.3 Présentation des grilles d’entretiens

Concernant la première grille d’entretien destinée aux parents-d ‘élèves. Le but, ici étant de
savoir, le rôle déterminant du parent dans leur collaboration avec l’école qui causerait un impact
sur la motivation et la réussite scolaire de l’enfant.

J’ai scindé ma grille d’entretien en quatre parties :

- Les données personnelles du parent, qui permettrait de voir la différence ou non entre l’aide
que donnera le père et/ou la mère. De plus, la précision sur leur âge, leur niveau d’étude et leur
situation professionnelle, et surtout leur structure familiale qui apportera des informations afin
de savoir si une famille plus nombreuse rencontre plus de difficultés qu’une famille nucléaire
ou autre par exemple et également les différences d’implications entre une famille issue d’un
milieu favorisé et défavorisé.

- Le rapport à l’école du parent : est au cœur de la vérification de l’hypothèse 1, afin de voir si


le passé du parent agit réellement sur la scolarité de leurs enfants.

- La collaboration école-famille : permettra d’observer comment les parents prennent leur rôle
dans la transmission des connaissances et vis-à-vis de l’école. Cette catégorie permet également
de montrer leurs réactions face aux difficultés que peuvent rencontrer leurs enfants ; le but est
aussi de vérifier l’implication et les points de vue de l’école entre les familles du milieu favorisé
et les familles issus du milieu défavorisé. De plus, la question sur la motivation permettra de
voir si les parents sont soucieux ou non de l’état psychologique de leurs enfants, (ressenti, etc.)
et du point de vue de leurs enfants concernant l’école.

- Les difficultés rencontrées : est la catégorie qui permettra de voir si les difficultés dans les
aides aux devoirs sont problématiques chez les familles, ainsi que l’implication que les parents
auront, afin de voir si les parents se rapprochent de l’école ou si elle a une vision assez négative
de cette dernière.

42
- Les potentielles améliorations : est une catégorie qui permet une ouverture afin de voir si les
parents sont demandeurs d’une meilleure relation avec l’école, ou de savoir si la question de la
relation école-famille leur reste étranger.

La deuxième grille d’entretien destinée aux enseignants, permet de savoir si le lien enseignant-
parents joue un rôle dans la motivation de l’élève et favoriserait son rapport au savoir ainsi que
son rapport à l’école.

Pour ce faire, j’ai décidé de faire la grille d’entretien en six catégories :

-Les données personnelles de l’enseignant : afin d’étudier son ancienneté, son parcours
professionnel. De plus, la question assez ouverte demandant à l’enseignant de parler de
l’établissement a pour but de connaître le milieu de l’école (défavorisé ou favorisé) et voir si
l’enseignant a un bon rapport et une bonne image de celle-ci.

- Son point de vue sur le rôle de l’école, cette catégorie va me permettre de noter des
informations sur son ressenti du rôle de l’école, les objectifs qu’il se donne pour transmettre les
connaissances, qui permet aussi de voir si l’enseignant lui-même aime réellement ou pas son
métier. La question dédiée aux devoirs à la maison, permet de connaître son ressenti là-dessus
avant d’entamer sur la catégorie de la place de la famille.

- Puis, la catégorie qui me semble la plus pertinente de cette grille : le point de vue de
l'enseignant de la place de la famille dans la scolarité de l’enfant. Cette catégorie va mettre en
avant la place que l’enseignant donnera à la famille, son ressenti sur les parents non-coopérants
et son intervention auprès de celle-ci. Il y aura également des questions mettant en avant la
relation entre l'enseignant et les parents.

- La catégorie du point de vue de l’enseignant sur l’impact de l’environnement familial : qui


permettra de voir si l’enseignant prend en compte du contexte familial et me permettra d’avoir
des éléments de réponses sur son point de vue entre les familles des milieux favorisés et
défavorisés.

- La cinquième catégorie s'appuiera essentiellement sur le principe de coéducation, pour voir


l’intervention de l’enseignant dans l’implication des parents, si l’enseignant favorise ou non
l’implication de celle-ci ou s’il considère que cela n’est pas de son rôle.

43
- Enfin, la dernière catégorie est également, une ouverture sur les potentielles améliorations que
l’enseignant sollicitera ou non pour une meilleure implication des parents dans la scolarité des
enfants.

5.4 Choix des population et prise des contact

Pour mes entretiens, j’ai décidé de me concentrer sur les enseignants des écoles élémentaires
du sud de la Réunion qui s'expliquent par une meilleure accessibilité pour moi, et par une
meilleure connaissance des quartiers. Mon choix des écoles élémentaires s’explique car, c’est
à partir du CP que la scolarité devient plus dense et plus importante dans la scolarité de l’enfant
avec une suite d'étapes dans les apprentissages dont lire, calculer et écrire. De plus, il y a aussi
le fait que les devoirs à la maison commencent à l’école élémentaire et demande quelques
efforts de travail supplémentaires pour une meilleure assimilation de la part des élèves. De plus,
c’est un changement pour l’enfant entre l’école maternelle et l’école élémentaire où le rôle des
parents est encore plus sollicité dans l’accompagnement dans la valorisation des compétences,
la production scolaire ou le relationnel de l’enfant.

De même, pour la grille d’entretien destinée aux parents-d’élèves j’ai décidé de me concentrer
sur les parents ayant des enfants allant à l’école élémentaire dans des différents milieux sociaux,
afin d’avoir leur propre ressenti et de voir des difficultés dans les accompagnements des aides
aux devoirs de l’enfant de la part des parents. De plus, l’inquiétude des parents sur la scolarité
de leurs enfants se renforce concernant la réussite scolaire de leurs enfants.

Dans la prise de contact des enseignants, j’ai décidé de solliciter plusieurs écoles par mail afin
d’avoir des enseignants volontaires pour réaliser l’entretien avec moi. J’ai commencé par
contacter des écoles de milieu défavorisé dont les REP, et les écoles de milieux favorisés dans
des quartiers assez développés. A l'issue de ces mails, j’ai pu avoir une réponse d’un enseignant
volontaire, qui par la suite a facilité les contacts avec d’autres enseignants de différentes écoles.
Étant donné que c’était les vacances scolaires, les entretiens se sont déroulés selon l’interviewé,
parfois à leur domicile ou dans des endroits publics tels que la médiathèque. J’ai donc pu
interroger, huit professeurs des écoles de niveau : CP, CE2, CM1 et CM2.

Concernant, les parents-d’élèves, j’ai tout d’abord été à la sortie d’école d’un quartier
défavorisé (REP) afin d’avoir quelques parents de ce milieu volontaire pour pouvoir répondre
à l’hypothèse 1, puis j’ai pris l’initiative de publier sur les réseaux sociaux ma recherche de

44
parents ayant des enfants scolarisés en élémentaire et de côté-là, la prise de contact a été
beaucoup plus simple. Car, grâce au partage de ma publication, mon entourage sur les réseaux
m’a beaucoup aidé, et par la suite j’ai eu plein de réponses de parents volontaires. J’ai donc eu
le privilège d’interroger six mères mais à la suite de ses entretiens, je me suis dit qu’il serait
également intéressant d’avoir des points de vue masculin dans l’accompagnement scolaire. J’ai
donc, remis par la suite une publication sur mes réseaux en sollicitant les pères qui seraient
volontaires pour un entretien, cela a été moins vifs pour obtenir des réponses, mais au bout de
quelques jours, j’ai pu avoir deux hommes d’accord pour réaliser l’entretien. Ainsi, j’ai pu avoir
des parents de milieu favorisé et défavorisé pour la vérification de l’hypothèse 1.

Pour cette population, les entretiens se sont réalisés selon les interrogés. J’ai pris la décision de
les laisser choisir un endroit pour réaliser l’entretien afin qu’ils soient plus à l’aise et étant donné
que c’était les vacances scolaires tous les entretiens se sont passées en face à face aux domiciles
des interrogés sous leurs demandes et exceptionnellement par appel vidéo pour une maman
volontaire, pour qui le contexte ne permettait pas le face-à-face en raison d’un accouchement
récent.

5.4.1 Identification des parents-d ’élèves interrogés

Concernant, la population des parents-d ‘élèves, tous les répondants devaient avoir au moins
un enfant scolarisé en école élémentaire. Même si de base il n’y avait pas de critères basés sur
le sexe, deux hommes et six femmes ont été interrogés.

La majorité des répondants ont une tranche d’âge qui se situe entre 35-45 ans et 45-55 ans.
Deux parents n’ont pas d’emploi, dont une est encore sous le statut étudiant et une mère au
foyer, les autres ont un emploi stable. Ils ont tous entre un à trois enfants scolarisés.

45
Titre : Tableau représentant les parents-d ‘élèves interrogés

Répondants Sexe Catégorie socio- Nombre Catégorie Type de famille


professionnel d’enfant d’âge
scolarisé

1- Judith D* Femme Sans emploi 1 25-35 ans Traditionnelle


(étudiante)

2- Judith S* Femme Chef d’entreprise 2 35-45 ans Monoparentale

3-Dominique* Femme Sans emploi 2 45-55 ans Monoparentale

4- Kristen* Femme Profession 1 35-45ans Traditionnelle


intermédiaire

5- Aude* Femme Employé 1 25-35 ans Recomposée

6-Monique* Femme Employé 2 35-45 ans Monoparentale

7- Marc* Homme Employé 3 45-55 ans Traditionnelle

8- Patrick* Homme Profession 2 45-55 ans Traditionnelle


intermédiaire

*Nom d’emprunt

5.4.2 Identification des enseignants en école élémentaire

Pour la deuxième population, tous les répondants sont des enseignants en école élémentaire,
allant du CP au CM2. Trois hommes et cinq femmes ont été interrogés.

Les répondants se situent dans une tranche d’âge allant de 44 ans à 50 ans. Ils ont une moyenne
de 18 ans d’ancienneté. La majorité des enseignants sont des enseignants du cycle 3 soit quatre
enseignants du CM1 et un en CM2. Une enseignante qui enseigne à double niveau CM1 et
CM2, et deux enseignantes qui enseignent en cycle 2 (CP et CE2).
Globalement, j’ai des enseignants qui enseignent dans des quartiers sociaux défavorisés et deux
enseignants qui sont dans des quartiers favorisés.

46
Titre : Tableau représentant les professeurs des écoles en élémentaires interrogé

Répondants Sexe Ancienneté Niveau de Milieu social de Catégorie d’âge


classe l’école
enseigné

1-Teddy* Homme 14 ans CM1 Défavorisé 40- 45 ans

2-Sabine* Femme 21 ans CP Défavorisé 45-50 ans

3-Franck* Homme 12 ans CM1 Défavorisé 45-50 ans

4-Fabien* Homme 18 ans CM1 Défavorisé 50-55 ans

5-Camille* Femme 20 ans CM1-CM2 Favorisé 40-45 ans

6-Béatrice Femme 20 ans CM2 Favorisé 45-50 ans

7-Alex* Femme 20 ans CM1 Défavorisé 40-45 ans

8-Sophie* Femme 21 ans CE2 Défavorisé 45-50 ans

*Nom d’emprunt

5.5 La passation des entretiens

Comme je l’ai énoncé, j’ai effectué au total seize entretiens, dont huit parents-d 'élèves et huit
professeurs des écoles. J’ai établi ma publication de sollicitation, en disant que je réalisais une
recherche sur la relation école famille uniquement, et non en soulignant que je travaillais sur
l’impact de la famille dans la scolarité pouvant influer sur les réponses des entretiens. Suite aux
réponses que j’ai eues, vu que nous étions en période de vacances scolaire, les lieux de rendez-
vous étaient principalement à leur domicile. Au début, j’appréhendais un peu de rentrer dans
leur intimité et de ne pas être dans un lieu neutre, mais au fil des entretiens je me suis rendu
compte, qu’eux étaient à l’aise ils prenaient tout grand soin d’être à l’abri du bruit et dans une
pièce de la maison assez calme (salon, terrasse ou bureau).

Globalement, tous les parents étaient à l’aise et motivés pour répondre aux questions, et tous se
sont réalisés dans une bonne ambiance. Il n’y a que pour un parent, l’entretien n°7, que j’ai dû

47
adapter mes questions en créole, car ce dernier n’était pas du tout à l’aise en français. De plus,
à la prise de contact j’avais demandé leurs autorisations d’enregistrer l’entretien en soulignant
que cela restait anonyme, afin qu’ils ne soient pas réticents.

Et pour le seul entretien qui s’est réalisé en appel vidéo avec un parent-d ‘élève (entretien n°1),
cela s’est également bien passé, le fait que ce soit elle qui a proposé ce moyen de rencontre
avait facilité l’ambiance, elle était motivée et elle répondait de façon très à l’aise les questions.

Pour les enseignants, j’ai eu de la chance d’avoir des personnes aussi ouvertes et motivées à
tout contact, ils étaient surtout heureux de faire part de leur vision et d’aider une étudiante dans
le cadre de ses études. J’ai eu de la chance au cours, de mon enquête d’avoir des enseignants
disponibles durant leurs vacances, où l’obtention des rencontres n’a pas été un souci, j’ai pu me
déplacer facilement.

Durant les différents entretiens, j’ai laissé les personnes s’exprimer librement sur leur point de
vue, n'hésitant pas à adapter mes questions lorsque ces derniers s'éloignent du sujet simplement
en relançant si besoins. Je n’ai pas eu de souci avec les parents, j’ai su rester neutre et avoir un
point de vue objectif.

Globalement les entretiens des deux populations ont duré entre 15 minutes et 50 minutes, sauf
pour le cas d’un parent, qui a duré moins de 7 minutes (entretien n°3), cependant c’est
l’entretien qui a été très pertinent dans le cadre de ma recherche, dévoilant le cas d’un milieu
défavorisé rencontrant des difficultés et un mauvais rapport à l’école. Je dirais même que c’est
l’entretien que j’ai le plus apprécié et qui m’a le plus touché dans la sincérité de cette mère qui
restait fluide tout le long de l’entretien. Même si ces réponses étaient souvent courtes, j’ai pu
créer ce climat de confiance facilement.

48
5.6 Avantages et désavantages des entretiens

5.6.1 Avantages

Les entretiens ont eu l’avantage d’avoir, des réponses libres de la part de l’interrogé grâce à des
questions semi-ouvertes, ils étaient plus à l’aise de répondre sans être trop orienté. Cela m'a
permis d’avoir des réponses fluides et de relancer assez facilement sans les brusquer. De plus,
le fait de réaliser plusieurs entretiens m’a fait prendre conscience que chaque personne est
différente, chaque personne a son opinion et qu’il fallait rester vigilant pour relancer sans
influencer les réponses.

Cela a fait grandir mon point de vue et ma posture de chercheur. De plus, ce côté réservé que
j’ai, le fait d’aller vers les gens a été bénéfique sur ma personnalité : je m’exprime mieux et je
n’ai pas du tout mal vécu ou subit mes enquêtes de terrain. Au contraire j’ai beaucoup apprécié,
aller vers les gens, questionner et chercher. Cela, a également répondu à des questions
concernant mon choix professionnel plus tard, car en interrogeant des enseignants, j’ai eu la
chance d’avoir quelques conseils à la fin des entretiens et beaucoup de bienveillance de leurs
parts qui a été très avantageux pour moi.

5.6.2 Désavantages

Bien que j’aie retenu que des avantages en allant sur le terrain, le seul inconvénient que je
soulignerai, c’est le temps que cela demande de réaliser des entretiens, et la mise en place des
rendez-vous car il faut toujours s'adapter aux interviewés et trouver des compromis pour les
rencontres. Parfois, il m’arrivait d’avoir trois entretiens le même jour, et comme j’avais des
heures de travail et des cours la semaine, la majorité de mes entretiens se sont déroulés les
week-ends, surtout les dimanches. Cela demande donc, une prise de temps sur sa vie privée et
une bonne organisation pour ne rien négliger notamment dans le cas des retranscriptions mot à
mot que je réalisais la semaine de mon temps libre.

49
5.7 Présentation des grilles d’analyse

Titre : grille d’analyse pour les entretiens des parents-d ‘élèves :

Catégorie

I- Rapport à l’école des parents durant leur passé :

Rapport de l’école lié à leur vécu

Rapport de l’école lié à l’instruction

Rapport de l’école liée à l’implication de leur parents

Rapport de l’école lié à des difficultés rencontrées

Rapport de l’école lié à l’attitude de leur parent

II- Rapport à l’école des parents aujourd’hui :

Perception du rôle de l’école

Perception de l’école d’aujourd’hui et l’école d’avant

Perception de leur relation et collaboration avec l’école

III- La collaboration avec l’école

En lien avec la communication et la relation avec l’école

En lien avec l'organisation et le suivi scolaire de l’enfant

En lien avec l’accès aux informations de l’école

IV- La communication avec l’école

Type de communication

Fréquence des échanges

Raison de la communication

Ressentis sur les échanges avec l’école (satisfaits ou insatisfaits)

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V- Attitude du parent dans le suivi scolaire de l’enfant

En lien avec les mauvais résultats scolaires de leurs enfants

En lien avec la participation des projets, ou activités scolaire

En lien dans les échanges avec leurs enfants (sujets de l’école, motivations)

VI- Difficultés rencontrées dans le suivi scolaire de l’enfant

En lien avec le manque de connaissance pour accompagner l’enfant (aide au devoir)

En lien avec le manque de temps

En lien avec la connaissance du système scolaire (manque d'information)

En lien avec la relation difficile entretenu avec l’école

VII- Demande d'amélioration

Amélioration de la connaissance du système éducatif

Amélioration de l’accessibilité de communication

Amélioration du soutien des parents

Amélioration de la pédagogie pour les enfants en grande difficulté

Définition/explication des catégories:

Comme la grille d’entretien à destination des parents-d ‘élèves comportait cinq parties, j’ai
scindé ces parties afin de mieux mettre en avant certaines réponses qui revenaient le plus
souvent chez les répondants. J’ai donc réalisé sept catégories.

De plus, j’ai fait de mon mieux, pour respecter la pertinence de chaque catégorie et
l’homogénéité. J’ai donc mis en avant des catégories traitant les perceptions des parents de
l'école, l’accompagnement scolaire de l'enfant et sa collaboration avec l’école. Ensuite, des
sous-catégories vont permettre d’explorer cette thématique afin de dégager des réponses et voir

51
où se situent les répondants. Pour terminer, la dernière catégorie permettra de connaître si les
parents sont demandeurs d’une meilleure relation école-famille.
Tout d’abord, j’ai réalisé une première catégorie sur le rapport à l’école durant le passé, puisque
selon beaucoup de chercheurs, le rapport passé avec l’école influe sur le rapport à l’école
d’aujourd’hui, j'ai décidé de mettre en relief les deux premières catégories.

La première catégorie : « rapport à l’école des parents durant leur passé », cette catégorie
renvoie à la relation que les parents ont eu de l’école durant leur passé, également à la relation
dans l’apprentissage que le parent a eu pour se former. Pour ce faire, comme sous-catégorie,
j’ai décidé de mettre en place : « rapport de l’école lié à leur vécu », afin de voir une idée
générale s’ils ont bien vécu leur scolarité ou non, puis une sous-catégorie : « rapport à l’école
lié à l’instruction », voir s’il avait de bons rapports dans l’apprentissage, une autre sous-
catégorie dans le « rapport à l’école liée à l’implication des parents », pour identifier s’ils
reproduisent ou non ce qu’ils ont reçu de leurs parents avec leur enfant, le « rapport à l’école
liée aux difficultés scolaires » et une dernière sous-catégorie sur le « rapport à l’école liée à
l’attitude des parents » permettant de voir s’ils étaient valorisés ou non.

La deuxième catégorie s’appuiera sur le rapport à l’école aujourd’hui, qui renvoie à la relation
que le parent a aujourd’hui de l’école, c’est-à-dire voir si le passé a influencé ou non sa
perception et sa relation avec celle-ci. Comme sous-catégorie, « perception du rôle de l’école »,
afin de voir si ces derniers jugent l’école nécessaire, la « perception de l’école d’aujourd’hui et
d’avant », permettant de voir s’il y a une nostalgie du passé ou non. Une troisième sous-
catégorie, permettant de connaître leur « perception de la relation et de la collaboration avec
l’école », afin de collecter des informations sur leur relation avec l’école.

J’ai fait une troisième catégorie sur la collaboration avec l’école avec des indicateurs qui ont
été relevés lors des entretiens. Le but de cette catégorie, permettra de désigner l’acte par lequel
les parents réalisent pour entretenir le partenariat avec l’école. Comme sous-catégorie
: collaboration avec l’école, « en lien avec la communication et de la relation avec l’école »
permettant de connaître leur ressenti sur la relation avec l’école, une « en lien avec
l’organisation et le suivi scolaire de l’enfant », une autre sous-catégorie « en lien avec l’accès
des informations de l’école ». Cette catégorie permettra d’apporter des éléments essentiels sur
l’implication des parents, leur perception.

52
Puisque la communication avec l’école est la base pour la collaboration et l’investissement
d’après les réponses de plusieurs interviewés, j’ai décidé d’appuyer ma quatrième catégorie sur
ce thème avec des sous-catégories. Par communication avec l’école, cela s’appuiera sur
l’échange, la transmission entre le parent et l’école afin de divulguer des informations. Tout
d’abord, comme sous-catégories, ce sera « types de communication », afin de voir comment la
forme de communication que les parents favorisent pour la collaboration avec l’école. Ensuite,
nous retrouvons la sous-catégorie « fréquence des échanges », afin de voir si les relations sont
fréquentes ou non avec l’école. Une autre sous-catégorie « raison de la communication » afin
de connaître ce qui oriente les parents de communiquer avec ce type de communication et de la
raison de communication si la communication se fait uniquement en cas de problème, ou de
difficulté de l’élève ou autre. Enfin, une dernière sous-catégorie sur les « ressentis sur les
échanges avec l’école », afin de connaître si les parents prennent plaisir à communiquer et s’ils
y sont satisfaits ou pas.

Puisque l’attitude des parents est une source importante dans la motivation scolaire de l’enfant,
qui renvoie à la façon dont se comporte le parent, j’ai décidé d’appuyer la cinquième catégorie
sur ce thème. Avec comme sous-catégories « en lien avec les mauvais résultats scolaires de
leurs enfants », « en lien avec la participation des projets scolaires », « en lien avec les échanges
avec leurs enfants ».

La sixième catégorie a été choisie comme pour la grille d’entretien : « Difficultés rencontrées
dans le suivi scolaire de l’enfant », cette catégorie renvoie aux complications, aux obstacles que
le parent peut rencontrer au suivi scolaire de leur enfant. Comme sous-catégorie les difficultés
énoncées lors des entretiens : « le manque de connaissances pour accompagner l’enfant”, “le
manque de temps », « la connaissance du système scolaire » et « la relation difficile entretenue
avec l’école ».

Pour finir, la dernière catégorie permet une ouverture afin de connaître si les parents souhaitent
des améliorations, elle s’intitule : « Demandes d’améliorations », qui renvoient dans l’optique
de rendre meilleure, la relation avec l’école. Pour ce faire, les sous-catégories retenues sont
: « dans la connaissance du système éducatif », « dans l’accessibilité de communication »,
« dans le soutien des parents », « dans la pédagogie pour les enfants en grande difficulté », lié
bien souvent au comportement ou au handicap.

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Titre : grille d’analyse des enseignants en école élémentaire

Catégories

I- Point de vue sur l’école

Perception du rôle de l’école

Perception en lien avec le choix du métier (vocation, hasard ou autre)

Perception en lien avec ses objectifs en tant qu’enseignant

Perception des devoirs à la maison

II- Point de vue sur la place de la famille dans la scolarité de l’enfant

Perception de la place de la famille dans le rapport au savoir chez l’enfant

Perception de l’accompagnement des parents dans les devoirs à la maison

Perception des interventions des parents dans la scolarité de l’enfant

III- Point de vue sur la relation parent-enseignant

En lien sur son ressenti de la relation enseignant parent

En lien avec la sollicitation des parents

En lien avec ses attentes envers les parents

En lien avec les périodes difficiles (tensions, conflits)

IV- Point de vue sur l’impact de l’environnement familial

Perception des parents d’élèves issus d’un milieu favorisé et défavorisé

Perception du rôle de la famille dans la motivation scolaire de l’enfant

Perception des familles qui ne coopèrent pas

Perception de l’environnement familial dans la scolarité de l’élève

V-Point de vue relatif à la collaboration avec les familles

Intervention pour favoriser l’implication des parents

Intervention lors des difficultés d’implication des parents

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Intervention lors des absences fréquentes des parents

VI- La communication avec les familles

Formes de communication

Fréquence des échanges

Raisons de la communication

VII- Volonté d’améliorer la relation école-famille

Stratégies d’intervention pour le soutien des familles

Stratégie d’amélioration d’associations pour les familles

Pas d’autres stratégies d’amélioration

Définition/explication des catégories :

Comme ma grille d’entretien à destination des enseignants comporte six catégories, j’ai gardé
ces catégories en gardant des éléments essentiels des informations répétées et données par les
enseignants.

Pour la première catégorie : le point de vue sur l’école, me permet d’avoir des éléments sur la
relation que l’enseignant entretient avec l’école, son métier et ses objectifs, j’ai donc mis en
sous-catégorie: « perception du rôle de l’école », « perception en lien avec le choix de son
métier », afin de savoir si son métier est une vocation ou non (s’il aime son métier), « perception
en lien avec ses objectifs en tant qu’enseignant », permettant d’avoir des éléments de réponse
sur sa position en tant qu'enseignant, enfin une dernière sous-catégorie sur la « perception des
devoirs à la maison ».

Pour la deuxième catégorie : le point de vue sur la place de la famille dans la scolarité de
l’enfant, permet d’élaborer des réponses sur la perception de l’enseignant dans le rôle des
parents, et de savoir leur ressenti sur leur action dans la scolarité de leurs élèves. Pour ce faire,
il y a trois sous-catégories : « perception de la place de la famille dans les savoirs de l’enfant »,
« perception de l’accompagnement des parents dans les devoirs à la maison » et la « perception
des interventions des parents dans la scolarité de l’enfant ».

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Étant donné que la relation enseignant-école semble jouer un rôle important pour le bien-être
et l’épanouissement scolaire de l’enfant, la troisième catégorie sera faite sur ce thème : point de
vue sur la relation avec les parents, il permettra de savoir des éléments de réponse de
l’enseignant sur « son ressenti de la relation parents-enseignant », voir si cela est une chose
importante ou non pour lui, une deuxième sous-catégorie « en lien avec la sollicitation des
parents », « en lien avec ses attentes envers les parents », si les enseignants donnent des rôles
spécifiques ou non aux parents et ont des attentes particulières pour ces derniers. Enfin, une
« en lien avec les périodes difficiles », qui permettra de voir comment l’enseignant parvient à
gérer les périodes difficiles et si cela impacte le lien.

La quatrième catégorie : « point de vue sur l’impact de l’environnement familial », pour avoir
des opinions personnelles de l’enseignant sur les familles favorisées et défavorisées, voir s’ils
distinguent une différence dans les implications et surtout dans la motivation scolaire de
l’enfant. De plus, connaître l’environnement familial permettra de connaître l’opinion de
l'enseignant sur le milieu et l’ambiance dont l’enfant grandit et l’impact qu’il y a sur l’attitude
et les résultats scolaires de ce dernier. Comme sous-catégories, il y a : « perception des parents
d’élèves issus d’un milieu favorisé et défavorisé », cette sous-catégorie permettra de voir si
pour l’enseignant l'implication des parents joue un rôle selon le milieu social, « perception du
rôle de la famille dans la motivation scolaire de l’enfant », « perception des familles qui ne
coopèrent pas » et pour finir « perception de l’environnement familial dans la scolarité de
l’enfant », voir si les enseignants ont une vision en prenant compte de chaque contexte ou non.

La cinquième catégorie : le point de vue sur la collaboration avec les familles, permettra de
mettre en avant les interventions de l’enseignant envers les parents, la façon dont ces derniers
s’y prennent pour impliquer les parents dans la scolarité. J’ai donc mis en évidence trois sous-
catégories selon les indicateurs aperçus dans les entretiens : « intervention pour favoriser
l’implication des parents », « intervention lors des difficultés d’implication des parents » et
« intervention lors des absences fréquentes des parents ».

Comme la communication est importante pour la collaboration, j’ai mis en sixième catégorie la
communication avec les familles, afin de voir comment ces derniers s’y prennent et s’ils
favorisent la communication et par quels moyens. J’ai donc mis en sous-catégorie : « forme de
communication », « fréquence des échanges », et « raison de la communication ».

56
Enfin pour finir, les potentielles améliorations que les enseignants dévoilent
: volonté d’améliorer la relation école-famille, dans le but de collecter des données et de savoir
si les enseignants demandent des améliorations pour une meilleure relation école-famille ou
s’ils considèrent que l’école fournit assez d’efforts. Ainsi, comme sous-catégorie, j’ai décidé
de mettre « stratégie d’amélioration dans les associations », « stratégie d’intervention pour le
soutien des parents », « pas d’autres stratégies d’amélioration » où l’enseignant considère qu’il
y a suffisamment d’aide au sein des écoles pour favoriser la relation école famille.

57
6. Analyse et interprétation des résultats

Le choix d’interroger quelques parents m’a permis de mieux comprendre ce qui favorise la
collaboration des parents pour les élèves en école élémentaire. Les entretiens semi-directifs
réalisés m'ont apporté des informations sur leurs représentations sur l’école, ainsi que sur leur
collaboration. Lors des entretiens, j’ai été face aux parents qui ont des points communs dans
certaines réponses, en revanche, quelques cas ont attiré mon attention.

Une partie de mon analyse isolera volontairement quelques parents sur leurs propos qui
renseignent sur une vision négative de leur rapport avec l’école, et d’une collaboration négligée
voire inexistante. Pour cette raison, mon choix est de rendre compte l’analyse sans pour autant
négliger les réponses pertinentes pour la recherche, j’ai donc utilisé de nombreux extraits
d’entretien, afin de retenir quelques opinions pour une meilleure interprétation des résultats.

Pour rendre compte de l’analyse, je vais réaliser des petits tableaux reprenant la grille pour
chaque catégorie en les justifiant de façon plus synthétique avec de quelques extraits
d’entretiens sélectionnés. Dans cette partie, il y aura également l’interprétation des données,
liées au rapport à l’école des parents et de leurs collaborations avec celle-ci. Les réponses
collectées permettent d’apporter une vision sur plusieurs éléments de cet ensemble en faisant
ressortir les liens. Ainsi, dans cette partie je réalise la synthèse des résultats recueillis, analysés
et interprétés.

6.1 - La population des parents-d ’élèves :

6.1.1 Rapport à l’école du parent durant leur passé

Lors de mes lectures, je voulais comprendre si le rapport à l’école des parents durant leur
enfance jouait sur leur implication. Pour ce faire, je me suis principalement basé sur les propos
de Bresson et Mellier (2015) qui révèlent que les parents qui sont des anciens élèves viennent
en grande partie de leur vécu, et que les projections de ces vécus sont massives et perdurent.
Une partie des questions était donc dirigée sur le souvenir qu’ils ont de l’école :

58
Dominique : “certains enseignants étaient pas gentils, donc
mauvaise relation il y avait beaucoup de violence physique dans
Rapport de l’école liée à leur notre temps, donc je rentrais parfois avec des marques sur le
vécu avec les enseignants corps”

Judith D : “Ah bah dans mon temps, ils étaient durs, ils nous
battaient. [...] Et au lycée j’avais un autre souci, c’est que le prof
ne m’aimait pas.”

Dans les réponses récoltées, la majorité des parents disent ne pas aimer l'école, et ceux qui
attirent beaucoup l’attention dans les réponses de ces derniers est le fait qu’ils ont mentionné
surtout la mauvaise relation qu’ils ont partagé avec l’enseignant. Comme l’ont confirmé les
travaux d’Alava (2016), Deslandes et Bertrand (2004) l’enseignant détient un rôle primordial
dans l’implication des parents pour la réussite des enfants. Ici, la majorité qui souligne des
violences physiques ou verbales montre que la mauvaise relation entretenue avec l’enseignant
a causé un mauvais rapport de l’école.

Toutefois, le mauvais rapport avec l’enseignant n'était pas l’unique raison du mauvais rapport
à l’école chez certains parents :

Rapport de l’école lié à Judith D : “ Je n’aimais pas l’école justement car il y avait des
l’instruction obligations. Écouter, l’enseignant ses consignes, le cadre et ce que
je n’appréciais pas forcément.”

Judith S : “Pas vraiment, du côté instructif mais j'aimais y aller


pour retrouver mes amis.”

Marc : “Oui (rire nerveux), pour jouer mais pas pour apprendre.”

Beaucoup mentionnent que leur rapport à l’école durant leur passé était compliqué pour le côté
instructif de celle-ci. Cela montre que le mauvais rapport à l’école se traduit par le fait de ne
pas aimer d’apprendre et peut être interprété comme un mauvais rapport aux savoirs. Comme
vu dans les lectures, un mauvais rapport aux savoirs peut être interprété comme une peur
d’apprendre Boimare (1996), Golse (2009). Il y a donc un lien entre son rapport aux savoirs et
sa relation avec l’école.

59
De plus, il faut noter que le mauvais rapport aux savoirs exprimé le plus souvent s’explique
pour la plupart par la non-implication des parents :

Rapport de l’école liée à Judith S : “ Non pas du tout, ils n’assistaient pas aux réunions, ils
l’implication de leur parents ne connaissaient aucun programme. J’avais des parents pas du tout
intéressés par l’école, et avec ma mère c’était souvent des moments
conflictuels.”

Dominique : ”Non. Mes parents s’en fichaient de l’école.”

Patrick : “Non en fait, à l'époque enfin je pense qu’il y a encore


des parents comme ça aujourd’hui mais dans mon temps l’école
c’était le professeur, l'instituteur qui s'en occupe. Mes parents, ils
regardaient que les notes mais pas vraiment impliqués pour le
travail.”

La majorité a mentionné qu’il n’y avait pas d’implication de la part de leur parent. Or, à travers
de nombreux travaux de Poncelet, Tinnes-Vigne et Dierendonck (2019), ou encore
de Deslandes et Bertrand (2004) ont montré l’importance de l’accompagnement des enfants
dans leur scolarité, si ces derniers ne ressentent pas le soutien ou la présence de la famille, cela
joue sur leur rapport avec l’école. Ainsi, les parents projettent inconsciemment leur rapport de
l’école vécu dans leur passé sur leurs enfants.

En prenant en compte l’approche compréhensive, le but est de se centrer sur la perception de


ces derniers de façon sensible sur leur rapport à l’école. On peut se référer aux propos
de Yadan (2018) qui a souligné que l’école, historiquement, n’était pas ouverte aux parents. Les
mentalités de la société auront-elles changées entre avant et aujourd’hui ?
Les réponses reçues nous permettent de créer un lien entre le rapport aux savoirs et
l'implication.

60
Toutefois, pour quelques parents, le rôle de la mère durant la scolarité est mis en avant :

Rapport de l’école liée à Aude : “Ma mère oui, mon père non.”
l’implication de leur parents
Judith D : “oui c’était surtout ma mère et mon père un peu moins, car
il était un peu moins patient, il ne supportait pas trop les devoirs à la
maison”

Ces réponses ont permis de mettre en avant les rôles différenciés de l’implication maternelle et
paternelle dans la scolarité de l’enfant. Il en ressort que ce soit plus la mère qui assure le suivi
scolaire. En revanche, on peut se poser plus de questions à ce sujet. Car, selon plusieurs
réponses collectées, les interviewés ont montré que l’implication dans le suivi scolaire du père
et de la mère est significativement différente. Qu’en est-il concrètement ? Pourquoi les pères
semblent-ils moins s’investir que les mères ? La suite de cette démarche d’analyse permettra
peut-être de détenir des réponses à ces questions.

Il en ressort ensuite, que le rapport à l’école des parents ait été perturbé par des difficultés
rencontrées :

Rapport de l’école lié à des Patrick : “J'aimais l'école jusqu'au collège et j'avais des facilités
difficultés rencontrées donc ça me plaisait j'étais curieux. Après quand je suis arrivé au
lycée durant l’adolescence j’avais plus de motivation par le
travail.”

Marc : “(...) quand le prof est malveillant, c’est sûr que l’on a pu
envie d’apprendre ! (...) C’est pour ça qu'au lycée, une année j’avais
beaucoup travaillé les deux premiers semestres, et quand j’ai vu que
deux de mes profs m’ont mis de mauvaises notes, bah le dernier
semestre je n’ai plus travaillé et je bâchais tous les jours.

Ces témoignages sont soulignés par un mauvais choix d’orientation ou encore le fait d’avoir eu
de mauvaises relations a compliqué la scolarité de ces derniers. En effet, dans ces témoignages,
il en ressort la notion de motivation. Comme vu, dans les recherches de Viau (1994), l’élève,
est motivé sur les perceptions qu’il a de lui-même et de son environnement qui l'incite à
s’engager, si ces derniers n’ont pas eu de bonnes relations ou ont fait un mauvais choix cela

61
explique le mauvais rapport qu’ils ont eu avec l’école. L’image de l’enseignant est donc très
importante pour l’élève.

De plus, d’après les témoignages l’attitude des parents dans le rapport à l’école a une place
importante :

Rapport de l’école lié à Monique : “Pas très bien, mes parents étaient exigeants, (...), car eux
l’attitude de leur parent ils n’ont pas forcément eu la chance de faire des études ou d’avoir
des diplômes, donc c’étaient des parents impliqués et exigeants.”

Marc : “AH (rire) (fais signe de menace de la main), ils nous


corrigeaient et pas qu’un peu. J’étais battu pour mes mauvaises
notes.”

Pour la grande majorité d'entre eux, leur famille avait une attitude assez stricte, et était très
exigeante pour la réussite. Cela peut être interprété, comme l’a témoigné Monique, par une
envie de réussite des enfants pour les parents. L’école est perçue différemment pour les parents
de façon déterminante et va permettre peut-être un esprit plus strict, où ils ne veulent pas l'échec
mais uniquement la réussite des enfants.

De plus, comme vue dans les travaux de LAHIRE (2019), les exigences, la sévérité peuvent
exercer une influence moins positive, c’est-à-dire que l’enfant pourra être moins motivé si ses
parents lui mettent beaucoup de pression. Ainsi, il y a un lien entre le rapport à l’école et la
relation avec sa famille. La place de l’enfant dans sa scolarité au sein de sa famille est négative
si la famille n’a pas une bonne attitude envers lui.

62
6.1.2 Rapport à l’école des parents aujourd’hui

Après les questions se référant à leurs passés, j’ai demandé aux parents leur perception sur le
rôle de l'école :

Perception du rôle de Kristen : “Faire en sorte que les enfants apprennent et suivent un peu le
l’école programme proposé par l’enseignant, et que l'enseignant doit jongler un
peu entre chaque spécificité des enfants, donc euh, je pense que voilà c’est
ça qui doit être le cas actuellement.”

Marc : “Pour apprendre, pour leur avenir maintenant sans diplôme c’est
dur de trouver du travail donc, je leur dit d’apprendre !”

Pour la majorité d’entre eux, l’école est vue comme quelque chose de positif, un lieu
d’apprentissage pour leurs enfants et pour leur avenir. En effet, l’école est quelque chose
d’important pour le devenir de l’enfant, l’objectif primaire pour les parents repose sur la réussite
des enfants. Nous pouvons dire ici, que la famille grâce à l’école perçoit son enfant à un avenir
plus prometteur quelque chose qui a évolué et qui leur apporte beaucoup.

En revanche, quelques parents ont une image négative du rôle de l’école :

Perception du rôle de Judith S : “ Pour moi, c’est juste une obligation. Pour mes enfants, une
l’école obligation.”

Dominique : “Pas grand-chose, ça dépend c’est plus aussi important


qu’avant, les diplômes ça ne vaut plus grand chose.”

La majorité estime que l’école n’a plus son importance. Pour les interpréter lors des lectures
des entretiens, deux parents expriment avoir mal vécu l’école, et n’ont pas de bons souvenirs
de l’école. C’est ce qu’ont affirmé les recherches de Bresson et Mellier (2015), où l’individu
qui a mal vécu leur scolarité projette son ressenti sur le rapport à l’école encore aujourd’hui
comme un sentiment de rancœur, ou de réticence.

63
Et concernant, leurs perceptions sur l’école d’avant et d’aujourd’hui, pour tous les parents il y
a un changement visible dans l’accompagnement et l’apprentissage :

Perception de l’école Aude : ”Oui énormément, bah déjà nous avant on avait beaucoup de travail
d’aujourd’hui et l’école grammaire etc. et maintenant c’est limité je dirais même sur la poésie c’est
d’avant moins intense qu’avant, là les enfants ont une semaine pour apprendre c’est
moins de bourrage de crâne”

Judith S : “Euh, disons que dans notre temps il y avait plus d’apprentissages
dans le sens (...) et aujourd'hui il y a plus d’innovations (...) c’est beaucoup
plus numérique et je trouve que les enfants ont moins de connaissances (...).
C’est moins efficace !”

Perception de l’école Kristen : “Euh oui, une différence, par rapport à avant on essaye un petit peu
d’aujourd’hui et l’école plus d’accompagner les enfants sur leurs difficultés et côté individuel avant
d’avant on était un petit peu plus sur du global je dirais donc je dirais que ça a
changé.”

Marc : “De mon point de vue, la famille a plus de pouvoir. Alors qu'avant un
enfant qui n’écoutait pas à l’école étaient puni par les parents, maintenant ce
n’est plus pareil ! Les parents laissent faire et sont plus laxistes.”

Deux points de vue sont observés : la majorité des parents soulignent qu’il y a moins d'exigence
et que la pédagogie a changé, et pour certains parents l’école est plus à l’écoute et prend plus
en considération le bien-être de l’enfant.

En effet, bien que la pédagogie ait changé ces propos s’appuient sur le principe de
la coéducation où l’école a évolué. La coéducation est une notion très récente qui est apparue
au début du XXIe siècle, il y a donc la reconnaissance de l’enfant et des parents dans la
scolarité. Ainsi, ces derniers ressentent que l’école est plus à l’écoute et que la place de la
famille est plus importante.

Concernant leur perception de leur relation et collaboration avec l’école sur le sentiment de

64
l’implication des parents de leurs enfants, je leur ai demandé s’ils se sentent impliqués dans la
scolarité de leurs enfants :

Perception de la relation Judith D : “Oui, impliquée dans le sens où je vais faire en sorte que mon
et la collaboration avec enfant arrive en temps et en heure à l’école, euh qu’elle fasse bien ce qui est
l’école demandé à l’école, cette implication là-oui. Mais après implication près du
personnel scolaire pas particulièrement.”

Judith S : “EUH… je ne sais pas (rire). Je dirais oui impliquée dans le sens
où je les emmène à l’heure et je réponds aux convocations de l’enseignant
pour le plus grand. Mais impliqué dans la vie de l’école, ne m'intéresse pas
je travaille tous les jours et j’ai pas le temps.”

Les réponses sont toutes positives en revanche pour la plupart, s’impliquer s'arrête dans le fait
de répondre aux demandes matérielles de l'école et de déposer ponctuellement leurs enfants.
Cela montre que l’implication est une notion très restreinte chez plusieurs parents. Les travaux
de Deslandes et Bertrand (2004), qui ont étudié le modèle de l’implication ont montré
l’importance de mieux outiller les parents et leur donner les clés pour qu’ils s'impliquent
davantage et connaissent mieux le fonctionnement de l’école et favorisent leurs interventions.

Perception de la relation Judith D : “Euh, une relation normale je dirais, je ne suis pas souvent en
et la collaboration avec contact avec mais je n’ai jamais eu de soucis particuliers.
l’école
Kristen : “Une bonne relation, pour l’instant il n’y a pas de soucis.”

Perception de la relation Marc : “Mais après une vraie relation avec l’école, je dirais non c’est plus
et la collaboration avec ma femme qui s’occupe de tout ça”
l’école
Patrick : “Bah je ne vais pas mentir, je pourrais hein mais je dirais que c’est
plus la maman qui s’occupe de ça.”

Pour la majorité des parents, leur relation est décrite comme bonne relation, ou encore
normale. Cependant, pour les deux hommes que j’ai interrogés, les relations sont quasiment
absentes car pour eux, la relation avec l’école est entretenue par leur femme. Cela confirme que

65
les papas ont une implication différenciée des mères et ne partagent pas de relation avec
l’école. Les pères restent éloignés de l’école, cela joue donc sur leur implication et leur relation
avec l’école.

6.1.3 La collaboration avec l’école

La collaboration avec
l’école

En lien avec la Aude : “Pour nous oui, en tout cas pour Jordan oui. il n’y a pas mal de
communication et la suivi sur ses difficultés et son comportement donc beaucoup de
relation avec l’école communication avec l’enseignante.”

Judith S : “Oui souvent pour me faire part des problèmes de mon plus
grand.”

Monique : “je communique un peu plus avec l’enseignant de ma plus


grande qui a des soucis et qui nécessite pas mal d’échange. “

En lien avec la Dominique : “Non pas du tout, sauf s’il y a un problème elle saura m’appeler.
communication et la ”
relation avec l’école Marc : “Honnêtement, non c’est plus la maman qui s’occupe de ça.”

Patrick : “Non, c’est plus la maman qui s’en occupe (rire) “

Concernant la collaboration avec l’école, pour la majorité des parents, les communications se
font qu’en cas de besoin ou de soucis avec l’enfant et pour trois d’entre eux, la communication
est difficile et n’a pas lieu de leur propre volonté. Ainsi, la communication dans la scolarité de
l’enfant est un caractère aléatoire chez les parents qui semblent ne pas avoir d'échanges
réguliers. Comme l’ont affirmé les travaux d’Epstein (2001), il semble que les parents
communiquent essentiellement avec l’école de façon très limitée et uniquement pour des
problèmes de leurs enfants. Même si plusieurs d’entre eux soulignent l’importance de
communication avec l’école.

Les deux hommes interrogés soulignent qu’ils ne s’investissent pas et que cela relève du rôle
de leurs femmes, ceux-ci ne semblent pas très clairs, cela montre que les pères restent

66
volontairement éloignés de l’école. Est-ce que cela relèverait d’une peur de jugement ? Ou d’un
manque de confiance avec l’école ? La suite de l’analyse permettra peut-être d’avoir des
réponses.

En lien avec Aude : “Le soir on regarde ce qu’il y a à faire dans son cahier de texte [...]
l'organisation et le s’il oublie de noter, ou s’il n’a pas noté ses devoirs, on a accès à la plateforme
suivi scolaire de de l’école.”
l’enfant
Marc : “Bah moi c’est surtout le soir, je demande aux enfants s’ils ont des
leçons, s’ils me disent qu’il n'y a pas je regarde dans leur cahier de texte ou
le site de l’école”

Dominique : “[...] mes enfants ne font pas leur devoir à la maison, ils ont
une aide scolaire le soir et font les devoirs avec. je les réalise jamais avec
eux, même le week-end je demande ce qu’ils ont fait, le vendredi soir avant
de rentrer.”

Dans l'organisation et le suivi scolaire de l'enfant, la majorité des parents suivent la scolarité en
prenant en considération les devoirs du soir qui se font après le goûter de l’enfant, et pour le
suivi, ils mentionnent les supports qui aident au suivi scolaire.

Ainsi, la collaboration avec l’école pour la majorité des parents concerne un intérêt dans
l’encadrement des devoirs scolaires comme l’ont affirmé les travaux de Poncelet, Tinnes-
Vigne et Dierendonck (2019) et Alava (2016).
En revanche pour certains parents, encadrer reste difficile, notamment pour les parents issus du
milieu défavorisé comme l'avaient montré les travaux de Bautier (2006) dû à la difficulté de
connaissance.

En lien avec l’accès aux Kristen : ”Non que l’enseignant pour ma part, moins avec la directrice.
informations de l’école Après les informations sur le déroulement, la façon d’enseigner et les
programmes on est pas mal informé lors de la première réunion, donc
généralement je n’ai pas besoin de passer par autre personne que
l’enseignant.”

Monique : “Oui, les enseignants, le directeur, le directeur adjoint. Après


je n’ai pas rencontré les psychologues scolaires et infirmières qui selon moi
reste important au sein d’une école, et dans mon cas ça aurait été rassurant
de les rencontrer.”

67
Concernant l’accès aux informations de l’école, beaucoup de parents informent que la
connaissance de l’équipe pédagogique est restreinte, ils ne rencontrent que l’enseignant. Ils
n’ont donc pas connaissance de tous les membres de l’école, et pas forcément des informations
de l’école. Comme l’ont montré les travaux de Monceau (2009), le fait de ne pas être bien
informé cela peut causer des malentendus, les parents manquent de confiance, car ils manquent
beaucoup d’informations au sein de l’école, par exemple une mère souligne le fait d’être assuré
de rencontrer l’infirmière de l’école.

6.1.4 La communication avec l’école

Type de Kristen : “Une communication assez régulière que ce soit par mail,
communication ou en face, blog de l’école.”

Aude : “j’ai des convocations après, l’enseignante est tournée vers la


bienveillance, le but de ses convocations est surtout de voir les
solutions ensemble pour ses problèmes.”

Monique : “avec l’école par la plateforme NT1 avec le directeur et les


enseignants et aussi les carnets de liaisons pour avoir des rendez-
vous.”

Fréquence des Judith S : “Ah oui, concernant mon enfant de neuf ans oui. Sur le
échanges et raison de plan scolarisation, et difficultés.”
la communication
Aude : “[...]Pour nous oui, en tout cas pour Jordan oui. il n’y a pas
mal de suivi sur ses difficultés et son comportement donc beaucoup
de communication avec l’enseignante”

Puisque la communication est importante, dans la collaboration école-famille. Comme vu dans


le cadre théorique, la communication permet une bonne relation entre l’école et la famille ainsi
qu’une relation positive et sans jugement (Poncelet, Tinnes-Vigne & Dierendonck, 2019
; Asdih, 2012 ; Monceau 2009).

La majorité des parents ont mentionné échanger par mail, en face-à-face ou encore par les
plateformes. Le moyen le plus utilisé est le cahier de texte qui est privilégié puis le courriel, car

68
ce sont les moyens les plus rapides d’échange. De plus, le cahier de texte est le moyen le plus
facile de suivre les mots et les leçons des enfants le soir. Quand les choses sont plus sérieuses,
les rencontres en face-à-face sont privilégiées car cela permet d’être rassuré et de trouver des
solutions avec l’enseignant, cela permet également aux parents de faire face aux difficultés de
leurs enfants, de parler de leurs inquiétudes et d’en ressortir avec des réponses.

Concernant la fréquence des échanges, la majorité des parents mentionnent être sollicitées
souvent par l’école qu’en cas de problème avec leurs enfants (comportements, etc.) Ainsi,
comme vue dans les travaux Deslandes et Bertrand (2004), la fréquence des échanges peut
avoir un lien positif dans la collaboration école-famille. Cependant, le fait d’être fréquemment
convoqué uniquement pour le comportement ou problème avec l’enfant, provoque-t-il des
malaises ou une insatisfaction de la part du parent ? C’est ce que je tente d’éclaircir à la sous-
catégorie suivante :

Ressentis sur les Marc : ”Bah pas toujours, déjà communiquer le prof reste difficile
échanges avec l’école (rire) et comme la connexion ici n’est pas bonne, l’échange même
(satisfaits ou sur internet est compliqué donc non.”
insatisfaits)
Dominique : “je trouve surtout qu’il y a des jugements des
commérages entre parents, donc je préfère rester chez moi.”

Judith S. : “beaucoup de commérage faut dire les choses comme


elles sont, c’était plus une partie de jugement que de l’entraide en
fait..”

Pour leur ressenti sur les échanges avec l’école, pour la majorité d’entre eux des questions
restent en suspens, des situations qu’ils n’arrivent pas forcément à répondre dont les cas
complexes de situation de handicap. D’autres réponses ont suscité mon attention, dont deux
parents qui mentionnent le sentiment de jugement et le regard des autres, qui explique qu’ils
n’échangent plus avec l’école.

Ainsi, les échanges avec l’école contribuent à la collaboration avec l’école et la famille
cependant, les parents n’en ressortent pas toujours satisfaits des échanges, le fait d’être souvent
convoqués pour parler des difficultés témoignent d’un ressenti de jugement. C’est ce qu’avaient
affirmé les travaux de Monceau (2014), il peut y avoir un mal-être qui s’installe chez les
parents, car ils doutent de leurs compétences.

69
6.1.5 Attitude du parent dans le suivi scolaire de l’enfant

En lien avec les mauvais Kristen : “Je lui donne du courage et je la soutiens.”
résultats de leurs enfants
Judith D : “Euh, positivement je dirais, là-dessus je ne vais pas la
gronder ou montrer mon mécontentement. (...) je serais plutôt dans
l’encouragement.”

Concernant la partie sur l’attitude du parent dans le suivi scolaire de l’enfant, la majorité
mentionne l’encouragement et la valorisation de l’enfant. En revanche, le témoignage de Marc,
attire mon attention, où il mentionne reprendre la même éducation qu’il a reçue durant son
enfance avec ses enfants, par exemple si ces derniers ont des mauvais résultats, ils ont des
sanctions physiques :

Marc : “En fin de compte, je les punis, je les prive de télévision et de téléphone et voilà. Après,
à mon époque c’étaient surtout les coups, on n’avait pas de téléphone, aujourd’hui c’est plus
ce genre de sanction.”“[...] je reproduis le truc d’avant dans mon passé (fais signe de la main
pour faire comprendre), ils sont punis physiquement !”

Comme vu dans les travaux de Poncelet, Tinnes-Vigne et Dierendonck (2019),


l’accompagnement des parents doivent prendre en compte leur responsabilité avant de
s’impliquer. Ici, il semblerait que l’attitude des parents ait un impact sur l’enfant. Dans la
récolte des données les parents priment dans l’encouragement qui permet à l’enfant de
progresser. En revanche, pour le parent qui souligne les sanctions, peut s’expliquer par la
reproduction de son éducation reçue.

Ainsi, le vécu passé dans l’enfance est projeté dans leur relation et attitude envers leurs enfants,
ou alors dans l’autre cas de figure, le parent tente de mieux faire et d’être moins exigeants avec
leurs enfants. Cela confirme les travaux de Pelhate (2016) il y a une prise importante de la
considération de l’enfant dans sa scolarité.

70
En lien avec la participation Monique : “Oui après ça dépend de mon emploi du temps,
des projets, ou activités voir si j’ai le temps ou non”
scolaire
Patrick : Non, ça ne m’intéresse pas, et d’après ce que j’avais
vu dans l’école de mon fils je pense que c’est surtout les
mamans qui y participent, donc ça m’intéresse encore moins
(rire).

Judith D : “Euh, non j’ai pas le temps.”

Concernant la participation dans les projets d’école, la majorité estime y participer selon leur
emploi du temps. De plus, pour le cas des hommes interrogés, ils mentionnent la raison de ne
pas forcément collaborer qui est également le sentiment de jugement.

Ainsi, l’absence de collaboration des parents ne provient pas forcément d’une non-volonté de
la part du parent, mais de leur disponibilité ou encore la peur de jugement, ce qui veut dire que
souvent les hommes n’arrivent pas forcément à trouver leur place au sein de l’école. Comme
l’avait confirmé Humbeeck, Lahaye, Balsamo, et Pourtois, (2006), les propos reçus de l’école,
ou des enseignants créent des tensions et apportent un sentiment de jugement et une non-
implication de la part des parents.

En lien dans les Judith D : “Oui, souvent le soir je lui demande si sa journée s’est
échanges avec leurs bien passée, ce qu’elle a appris, [...] un peu sa journée, c’est
enfants (sujets de important pour moi.”
l’école, motivations)
Monique : “[...] la priorité pour moi c’est ça, qu’elle aime l’école
et peu importe après les difficultés qu’il y a, mon objectif c’est
surtout qu’elle se sente bien et qu’elle aime y aller.”

Marc : “Oui, je leur demande comment s’est passée leur journée,


après je leur répète et leur dit souvent, d'apprendre à l’école parce
que maintenant trouver un travail sans diplôme c’est compliqué !”

Dans la valorisation de l’école avec les enfants, pour tous les interrogés, l’intérêt des échanges
sur l’école ont généralement lieu le soir. En effet, les parents qui communiquent avec leurs
enfants le soir montrent leur intérêt pour l’école. Comme l’avait confirmé Masson (2019) il y a
l’importance du rôle direct ou indirect sur la dynamique motivationnelle de l’enfant.

71
Ainsi, les parents assurent le rôle affectif envers l’enfant qui est très important pour sa scolarité,
l’enfant attache une grande importance au regard de ses parents. Donc, l'attitude des parents est
importante pour le rapport à l'école de l’enfant comme l’ont confirmé les travaux de Claes
et Comeau (1996).

En lien dans les Judith S : “Le chantage (rire), ça arrive où quand il ne veut
échanges avec leurs vraiment pas le faire de faire du chantage. Par exemple, si tu ne
enfants (sujets de fais pas il n’y a pas de télé ou de jeux vidéo, et ça marche ! (Rire)
l’école, motivations) Faut dire les choses comme elles sont, ça arrive que l’on motive
par un peu de chantage ou sinon c’est la sanction.”

Aude : “Je force, je lui dis qu’il n’a pas le choix, que c’est une
obligation et que s’il refuse toujours, on lui dit qu’on va écrire un
courrier à sa maîtresse pour lui dire qu’il refuse de travailler et
généralement ça marche il se met au travail ! (Rire)”

Marc : “ils sont punis physiquement !”

En revanche, les parents confrontés à une situation difficile où l’enfant n’est pas motivé pour
faire ses devoirs le soir témoignent d’utiliser le chantage ou alors la sanction.

Ainsi, les parents s’y prennent de façon parfois difficile pour parvenir à faire travailler l’enfant,
ici, on peut dire que ces derniers sont à court de moyen pour motiver l’enfant et donc font
pression sur l’enfant sans prendre forcément en compte son ressenti. Comme l’avaient montré
les travaux de Lahire (2019), ces exigences peuvent exercer une influence moins positive, c’est-
à-dire que l’enfant pourra être frustré et moins motivé si ses parents lui mettent beaucoup de
pression.

72
6.1.6 Difficultés rencontrées dans le suivi scolaire de l’enfant

En lien avec le manque Judith S : “C’est un peu une corvée pour moi”
de connaissance pour
accompagner l’enfant Marc : “C’est compliqué, niveau primaire encore ça va, même si
(aide au devoir) là en CM2 je trouve que les méthodes ont changé et que c’est
compliqué, après collège je m’y noie, et lycée je m’y noie aussi
(rire).”

Kristen : “Pour l’instant, ça va [...]. Après c’est vrai que les


méthodes changent beaucoup donc euh, on essaye de s’adapter, de
suivre au mieux.”

En lien avec le manque Marc : Pas beaucoup, donc heureusement qu’ils sont assez
de temps autonomes de ce côté-là.

Monique : Bah ça, c’est en fonction de mon emploi du temps


(rire).”

Dans les difficultés rencontrées dans le suivi scolaire de l’enfant, l’aide au devoir est l’élément
principal qui revient le plus chez les parents, représenté comme une corvée ou encore
l’incapacité d’aider leur enfant en raison de manque de connaissances, ou dans les méthodes
qui sont perçus complexes pour certains parents.

Pour ceux qui arrivent à suivre les devoirs mentionnent que plus tard ce sera plus compliqué
car plus le niveau est haut, plus ils ont du mal. De plus, certains mentionnent avoir rencontré
des contraintes dans la disponibilité (les parents qui travaillent par exemple), pour les autres
cela demande une organisation importante.

Ainsi, cela peut être interprété que pour la majorité des parents, il reste difficile de suivre les
devoirs des enfants par manque de connaissance, les parents n’ont plus les bases et cela impacte
donc dans leurs implications, de plus la disponibilité des parents jouent énormément sur
l’implication et l’accompagnement scolaire des enfants comme nous l'avaient confirmé les
travaux de Bautier (2006), Chouinard, Archambault, & Rheault, (2006).

73
En lien avec la relation Kristen : “Pas toujours, il y a parfois des cris, des pleurs, on va dire
avec l’enfant (ambiance que ça dépend des jours.”
lors des devoirs)
Patrick : “Non des fois, ça monte attention (rire), ça monte en
tension et c’est compliqué car de notre de vue d'adulte on pense que
c'est facile et qu'ils devraient comprendre mais ça ne marche pas
forcément (rire).”

Ensuite, lors des entretiens, la majorité des parents rencontrent des difficultés lors de la
réalisation des devoirs avec leurs enfants, où ils mentionnent les moments conflictuels avec ces
derniers : les cris et les pleurs reviennent le plus souvent lors des témoignages.

Ainsi, les devoirs à la maison comme l’avaient affirmé Chouinard, Archambault,


& Rheault, (2006), représente un moment conflictuel avec les enfants. L’implication est donc
perturbée par ces ambiances négatives où l’enfant perçoit les devoirs à la maison comme une
continuité de l’école qui cause des gros moments de tension avec leurs parents. De plus, les
devoirs à la maison peuvent perturber l’enfant dans les méthodes vues en classe et pouvant être
expliquées par ses parents.

En lien avec la relation Aude : “J'ai eu de mauvais échanges avec son enseignante. On lui a
difficile entretenu avec dit que le week-end dernier notre bébé est décédé, Jordan veut venir
l’école à l’école. On lui a demandé si elle pouvait surveiller le
comportement de Jordan et de nous appeler si ça n’allait pas. Elle
m’a répondu d’un ton très sec “mais vous voulez que je fasse quoi”
(...)je l’ai mal vécu et après cette conversation, je n’ai plus jamais
voulu communiquer avec cette enseignante en question.”

Marc : “Bah pour moi l’école ce qui m’agace pour ma dernière


encore en primaire, c’est que maintenant on nous impose de ramener
que des fruits [...] en tant que parent j’estime que nous parents,
avons le droit de donner à nos enfants ce que nous avons par exemple
pain chocolat peu importe, on donne ce qu’on peut.”

En ce qu’il s'agit des difficultés rencontrées, quelques parents ont rencontré des périodes de
conflits ou de tensions avec l’école pour des raisons assez aléatoires. Ainsi, le plus souvent les
parents qui connaissent des périodes de tensions ou de conflits sont principalement avec les

74
enseignants, car c’est avec eux qu’à lieu les plus d’échanges comme l’ont confirmé également
les travaux de Zakaria Serir, (2016), p.6. Ainsi, la relation enseignant-parent doit fonctionner
pour une bonne implication de la part des parents comme l’avait montré les travaux de Payet et
Giuliani (2014).

6.1.7 Demande d’amélioration

Amélioration de la Aude : “Niveau association je ne suis pas vraiment informé par exemple,
connaissance du ce qu’il y a au sein de son école. Donc, peut-être mieux nous informer,
système éducatif sur les aides qu’il y a dans l’école mis en place par les parents. Et s’il n’y
en a pas ce serait bien qu’il y en a.”

Marc : “[...] il manque beaucoup d’information là-dessus, donc peut-


être aussi mieux informer les parents qui ont du mal dans les devoirs.”

Après les nombreuses difficultés mentionnées par les parents, certains mentionnent qu’il
faudrait améliorer la connaissance du système éducatif, car peu sont informés des structures
d’aides qu’il y a au sein des écoles.

Ainsi, les parents demandent des améliorations dans le but d’avoir une meilleure relation avec
l’école, coéduquer revient donc à donner les clés aux parents, à les mettre en confiance et à les
informer. Comme dans les travaux de Humbeeck, Lahaye, Balsamo et Pourtois (2006), qui
affirment qu’informer va permettre aux parents de prendre connaissance du système éducatif
pour qu’ils installent ensemble un climat de confiance sur l’apprentissage de l’enfant.

Amélioration de Judith D : “Après demander plus c’est compliqué car l’enseignant a


l’accessibilité de déjà ses occupations je pense, mais peut-être plus d’écoute et plus
communication d’accessibilité dans l’école.”

Dominique : “Bah plus de communication [...]”.

De plus, plusieurs d'entre eux mentionnent la difficulté d’accès à l’école pour communiquer,
les rendez-vous, ou encore la disponibilité des enseignants qui perturberait leur relation et qu’il
faudrait améliorer.

75
Cela peut être interprété comme les travaux de Deslandes et Bertrand (2004) où communiquer
plus facilement permettrait une relation avec les enseignants ainsi qu'accroître le sentiment de
compétences chez les parents.

Amélioration du Judith S : “[...]que l’école soit plus à l’écoute. Car je me dis que parfois
soutien des l’école prend contact que pour les éléments négatifs et ça ça n'installe pas
parents forcément un bon climat pour la suite.”

Marc : “Peut-être avoir des associations pour mettre les parents dans le
bain des méthodes, nous former et nous donner les clés là-dessus”

Certains parents ont exprimé ne pas se sentir compris au sein des échanges avec l’école dont
une qui mentionne ne pas forcément être dans un climat de confiance, car elle est sollicitée
qu’en cas de problème ou encore des parents qui ont du mal à encadrer les enfants dus au
manque de connaissance. Elle demande des améliorations là-dessus qui pourraient les
rapprocher de l’école.

Ainsi, pour que la relation école-famille fonctionne il faut que les parents se sentent valorisés
et sont mis en confiance dans leur rôle pour qu’ils s’engagent dans la collaboration avec l’école,
comme l’a confirmé Périer (2012) dans ses recherches.

Amélioration de la Judith S : “Peut-être adapter les cours pour les élèves en situation de
pédagogie pour les handicap et améliorer le système qui reste difficile.”
enfants en grande
difficulté Aude : “Peut-être que pour les cas comme Jordan, que l’école prenne
en considération et en priorité les cas psychologiques des enfants.
Donc, peut-être avoir plus d’accompagnateurs pour les enfants
difficiles.”

Pour finir, quelques parents interrogés ayant des enfants en situation de handicap, ou
rencontrant des difficultés dans le comportement, expriment que c’est compliqué de suivre leurs
enfants car la pédagogie et l’école ne sont pas forcément adapter à eux. Cela serait intéressant
d’avoir des clés pour ces enfants et des aides dans la pédagogie. Ces entretiens ont soulevé la
difficulté pour les parents qui ont des enfants à besoins particuliers.

76
Ainsi, cela montre que l’école ne répond pas à toutes les questions des parents,
la coéducation vise à réfléchir ensemble et à trouver des solutions. Cependant les difficultés
perdurent comme l’ont montré les travaux d’Asdih (2012), où il y a encore des problèmes
persistants qui s’expliquent par des attentes opposées entre les enseignants et les parents.

Enfin, quelques parents mentionnent qu’ils ne savent pas ce qui pourrait améliorer leur relation
ou leur rapprocher de l’école. Un entretien en particulier a retenu mon attention, il s’agit de
Patrick, car c’est le seul parent qui reconnaît l’importance de la responsabilité du rôle de
parent où que pour que la collaboration fonctionne, il faut qu’il prenne l’initiative de
collaborer :

Patrick : “Je ne sais pas honnêtement, je pense qu’il faut que je prenne un peu l’exemple de
la maman et que j’aille peut-être un peu plus à l'école de moi-même, car comme j’ai dit ce
n’est pas à l’école de m’impliquer c’est de ma responsabilité aussi et j’en suis conscient.
(rire).”

En effet, pour que la relation école-famille fonctionne, l’engagement des parents doit venir
avant tout d'eux-mêmes, les efforts doivent être fournis des deux côtés pour faciliter le climat
de confiance. Le rapport de l’école des parents exerce donc une forte influence sur la scolarité
de l’enfant, son rapport à l’école et son rapport au savoir comme vue dans les travaux
d’Asdih (2012).

6.2 - La population des enseignants en élémentaire

6.2.1 Point de vue sur l’école

Perception du rôle de Teddy : “EUH, pour moi c’est surtout de former des futurs citoyens. Les
l’école enfants doivent apprendre et doivent avoir autant de savoir-faire que de
savoir-être. C’est pour leur assurer également un avenir professionnel.”

Sabine : “La transmission, la transmission aussi bien de valeurs, de


savoirs, de compétences, de savoir-faire, de savoir-être. C’est vraiment
un rôle de transmission.”

77
Tout d’abord, concernant la perception du rôle de l’école, la majorité mentionne son importance
dans la transmission des connaissances et le devenir citoyen de l’enfant. En effet, comme vu
dans mes précédentes lectures des travaux de Malbert (2019), à partir du XXe siècle, il y a un
changement de mentalités où le point de vue sur l’école devient plus positif de la part de la
société pour la réussite et le devenir des enfants.

Perception du rôle de Béatrice : “je trouve que le métier a beaucoup changé et que maintenant
l’école on ne transmet pas que les savoirs, j’ai l’impression que les familles
comptent sur nous pour l’éducation et c’est vrai qu’on nous demande des
choses qui dépassent nos compétences (ton ironique)”

Camille : “je pense que l'école elle va aider à la réussite de l'enfant donc
elle va lui apporter les savoirs on dit l'éducation nationale mais moi je
trouve enfin c’est mon point de vue hein je trouve que ça devrait plutôt
être l'instruction nationale parce que je trouve que l'éducation c'est plus
le rôle des parents.”

Alex : “Bah, sûrement pas éduquer mais instruire (rire).”

Cependant, un élément ressort de ces entretiens où certains enseignants font bien la distinction
entre instruction et éducation, n'hésitant pas à souligner le rôle des parents qui fait la
complémentarité du rôle de l’école.
Ainsi, les enseignants soulignent que l’école n’est pas l’éducation de l’enfant, le rôle de l’école
repose sur la transmission des savoirs comme l’avait confirmé Asdih (2010) dans ses travaux
où les enseignants se centrent sur une logique de transmission. Les enseignants ont des attentes
envers les familles dans leurs participations et leur accompagnement pour pouvoir assurer
également dans leur rôle d’enseignant.

Perception en lien Franck : “[...] c’est un métier que j’ai toujours souhaité faire depuis tout
avec le choix du petit”
métier (vocation,
hasard ou autre) Fabien : “Oula, c’est pas forcément une vocation ça s’est fait comme
ça,au début j’avais fait CAPES de sciences éco, je n’ai pas eu le
concours, donc j’ai passé le concours PE[...]”

Sophie : “J’ai fait mes études en disant que j’avance et je verrais où ça


me mènera [...]”

78
Concernant leur choix de métier, je distingue deux types d'enseignants, ceux pour qui cela a été
une vocation et ceux pour qui ce n’était pas leur premier choix, voire un hasard pour certains.
Ainsi, le choix du métier pour ceux que cela n’a pas été une vocation, ont-ils une vision plus
négative du métier ou rencontreraient-ils plus de difficultés ? C’est ce que nous tenterons de
savoir au cours de l’analyse.

Perception en lien Teddy : “Que l’enfant réussit et arrive à à suivre le programme et des
avec ses objectifs en compétences donnés par le ministère de l’éducation national car en tant
tant qu’enseignant qu’enseignant on a tous, un programme et une formation à respecter.

Camille : “Alors moi mes objectifs c'est de suivre évidemment le


programme scolaire, [...].”

Perception en lien Franck : “[...] moi c’est avant tout déjà c’est que les enfants soient déjà
avec ses objectifs en heureux de venir à l’école. ”
tant qu’enseignant
Alex : “Bah faire passer des notions, après il y a toujours un lien, où il
faut prendre en compte les évolutions, les enfants ont changé, les parents
ont changé, la société a changé.”

En ce qu’il s’agit des objectifs, on distingue deux opinions : la majorité des enseignants
énoncent le programme scolaire à suivre et la réussite des élèves tant au niveau des savoir-faire
et du savoir-être. D’un autre côté, certains mentionnent la prise en compte de l’élève.

Ainsi, dans les objectifs des enseignants, bien que le programme soit important, il y a une
dimension de prise en compte psychologique de l’élève comme l'avait démontré le psychologue
Thomas Gordon (1970) ou encore Pelhate (2016) sur le bien-être de l’élève.

Perception des devoirs Sophie : “Pour moi s’il n’y a pas d’entraînements on ne peut pas
à la maison avancer. Donc, il en faut un peu pour les bases, comment apprendre les
tables de multiplications, car parfois il y a des choses qu’un enfant a
compris en classe, il faut s’entraîner pour pas qu’il oublie.”

Teddy : “[...] C’est surtout pour systématiser la notion vue en classe, de


façon à ce que la notion soit assimilée. Après moi, je regarde pas si les
devoirs sont faits, c’est pour l’enfant lui-même.”

79
En ce qu’il s'agit des devoirs à la maison, qui peuvent être des moments conflictuels entre les
parents et l’école, tous les enseignants sont pour les devoirs à la maison. Ils mentionnent leurs
importances dans la scolarité de l’enfant.

En effet, l’objectif des devoirs à la maison est vu comme bénéfique chez les enseignants qui
permettraient à l’enfant d’améliorer ses connaissances. Comme l’avait confirmé Alava (2016),
où les devoirs sont une des actions attendues par les enseignants, important pour la réussite de
l’élève.

6.2.2 Point de vue sur la place de la famille dans la scolarité de l’enfant

Perception de la place Sabine : “Primordiale, c’est primordial. [...] C’est euh, des savoirs qui
de la famille dans le sont appris avec papa et maman qu’ils ramènent à l’école. Donc, la
rapport au savoir chez place de la famille est primordiale. “
l’enfant
Franck : “Bah elle est essentielle, la place de la famille, c’est clair que
s’il n’y a pas un milieu familial qui pousse l’enfant, bah l’enfant s’il
n’est pas tiré vers le haut malheureusement par sa famille ça se ressent
à l’école.

Perception de la place Alex : “C’est compliqué, car dans la transmission même, il y a des
de la famille dans le familles qui vont pouvoir aider leurs enfants et d’autres non [...]”
rapport au savoir chez
l’enfant Fabien : ”Euh, déjà la famille la place est importante dans le sens où il
y a des prérequis, et le milieu social dans lequel est l’enfant va
conditionner son apprentissage (...)”

Pour connaître la perception sur la place de la famille dans la scolarité, j’ai demandé aux
enseignants leur représentation de la famille dans la scolarité des élèves. Beaucoup mentionnent
la primordialité des familles, alors que certains vont directement souligner le côté plus délicat
concernant les difficultés et les inégalités entre les familles.

En effet, la famille joue un rôle dans la scolarité et est très importante, elle doit entretenir une
bonne relation principalement avec l’enfant, l’accompagner pour suivre sa scolarité et le
rassurer afin que l’enfant soit motivé comme l’avaient montré les travaux de Poncelet, Tinnes-

80
Vigne et Dierendonck (2019). De plus, la place de la famille dans la scolarité est sujette à
plusieurs inégalités entre les élèves et les familles dans le rapport au savoir comme l'avaient
confirmé les auteurs LAHIRE (2019) et Bautier (2006) sur la stimulation que vont mettre en
place les parents, c’est-à-dire, solliciter leurs enfants à la lecture, ne sera pas égale à celui d’un
enfant qui fera ses devoirs devant la télévision, ou les jeux vidéo par exemple. Ainsi, les
conditions dans lesquelles l’enfant va travailler aura un impact dans ses résultats scolaires ou
encore sa motivation de travailler.

Perception de Sabine : “Donc, moi je dis que les devoirs à la maison permettent aux
l’accompagnement parents aussi de participer, d’avoir sa place aussi. C’est important de
des parents dans les faire ce lien-là et de donner aux parents sa part aussi sur la scolarité de
devoirs à la maison son enfant [...] ”

Fabien : “[...] moi je pense que c’est un lien entre la famille, l’enfant et
l’école. Un lien permanent, si les parents regardent les devoirs des
enfants, ils connaissent la progression de l'enfant.”

Concernant l’accompagnement des parents dans les devoirs à la maison, la majorité des
enseignants soulignent que l’objectif des devoirs est avant tout un moment de partage avec les
parents.
Ainsi, les devoirs à la maison ont pour but de rapprocher les parents de l’école et de les
impliquer de façon qu’ils se familiarisent avec les connaissances que l’enfant apprenne comme
l’avait également montré Alava (2016). On peut donc dire que les parents font figure importante
que l’enfant s’accroche pour travailler, elle joue donc un rôle important dans l’accompagnement
des devoirs à la maison.

Perception des Teddy : “Sans leurs parents, je pense que les élèves ne feront pas leurs
interventions des devoirs [...] le soutien des parents c’est quelque chose qui motive l'enfant
parents dans la à revoir des notions ou même de réussir.”
scolarité de l’enfant
Sabine : “[...] on a besoin de l’aide de la famille.”

Fabien : “[...] sans le soutien des parents ce n’est pas possible, il faut
absolument que l’enfant sente qu’il ait de la présence.”

81
Pour la perception sur les interventions des parents, tous les enseignants soulignent que c’est
un besoin que les parents interviennent dans la scolarité de l’enfant que ce soit dans les devoirs
à la maison, le soutien moral ou encore dans les difficultés.
En effet, comme vu dans le cadre théorique les enseignants ont besoin du soutien des parents,
et ont besoin d’une bonne entente, on peut dire que si l’enseignant n’a pas de bons rapports
avec un parent cela impacte la scolarité de l’enfant. Ainsi, dans le partenariat parent-enseignant,
il y a une logique de transmission où les enseignants attendent beaucoup des parents pour la
réussite des enfants.

6.2.3 Point de vue sur la relation parent-enseignant

Point de vue sur son Alex : “Oui, c’est compliqué car si l’enfant sait que le parent est là,
ressenti de la relation qu’il y a communication il va peut-être faire plus attention et être plus
enseignant parent appliqué. [...] Mais bon, voilà après ça dépend des parents pour que la
relation fonctionne.”

Teddy : “Sans une bonne entente de l’enseignant et des parents, l'enfant


va comprendre et il y aura forcément une tension dans son
apprentissage.”

En ce qu’il s’agit de leur ressenti, tous les enseignants mentionnent que la relation parent-
enseignant est importante mais compliquée, car la relation doit être bonne si cela n’est pas le
cas, il y a des impacts négatifs dans la scolarité de l’élève.
En effet, pour que la relation école-famille fonctionne, il faut absolument qu’il y ait un climat
de confiance, entre les enseignants et les parents, c’est la base de la coéducation comme
l'avaient montré Monceau (2014) et Asdih (2012).

Point de vue sur Camille : “[...] je sollicite quand je vois que quelque chose ne va pas d'enfant,
la relation en que l’enfant est différent et pas comme d'habitude”
lien avec la
sollicitation des Alex : “Euh, quand il y a des soucis, [...] Mais voilà, sinon je contacte les
parents parents s'il y a des problèmes de comportement.”

Sophie : “[...] Euh, ça dépend je dirais plus dans des domaines où l’on va
faire des sorties, des projets [...] ou quand il y a un souci avec leur enfant
mais sinon les apprentissages même non mais plus dans des activités
annexes.”

82
Point de vue sur Alex : “Non, non je limite parce que ça m’agace (rire). En fait, le problème de
la relation en notre métier j’ai envie de dire c’est les parents et la hiérarchie. En début de
lien avec la carrière bien évidemment j’étais à fond dans plein de projets, et il y avait les
sollicitation des parents tout le temps. Mais en fait, on se rend compte que plus on avance, plus
parents les parents sont très pointilleux dans un truc. Donc, dès qu’il arrive un truc
c’est la faute de l’enseignant.”

De plus, concernant la communication, les enseignants mentionnent qu’ils sollicitent les parents
qu’en cas de problèmes avec l’élève.
En effet, comme pour la population des parents, les enseignants communiquent qu’en cas de
soucis ou de problèmes avec les élèves, cela peut perturber le lien de la relation avec les parents.
On peut dire que la communication est restreinte des deux côtés.

Les enseignants donnent l’explication que la communication est limitée en raison des mauvaises
expériences vécues avec les parents et que de ce fait, ils évitent de solliciter les parents. Ainsi,
solliciter les parents uniquement pour des problèmes peut être mal vécu par ces derniers, car ils
ont le sentiment d’être jugés comme l’avaient montré Humbeeck, Lahaye, Balsamo, et Pourtois
(2006). Pour qu’il y ait donc une bonne relation, la communication doit venir de chaque
population. L’engagement des parents et des enseignants est important pour la réussite et la
scolarité des enfants pour une bonne collaboration des parents et des enseignants comme l’a
montré Asdih (2012).

Point de vue sur Franck : “Ah bah, qu’ils suivent ou du moins que tous les soirs ils s'intéressent
ses attentes de ce que l’enfant a fait de la journée, ne serait-ce que ça, l’interroger en
envers les demandant ce qu’ils ont fait”
parents
Fabien : “Qu’ils soient présents, qu’ils soient derrières, qu’ils suivent, qu’ils
s’investissent, qu’ils soutiennent l’enfant.”

Point de vue sur Béatrice : ”je trouve que ce n'est pas mon métier qu’ils s’impliquent un
ses attentes minimum et qu’ils s’y intéressent.”
envers les
parents Alex : “Pour moi il faut que chacun reste à sa place, il ne faut pas rompre le
lien, mais il faut que chacun reste à sa place, de pas empiéter sur notre travail
et nos valeurs de l’école.”

83
Pour mieux comprendre leurs visions, j’ai demandé à tous les enseignants leurs attentes envers
les parents et à ma grande surprise, la majorité des enseignants souhaitent que les parents
s’investissent, qu’ils suivent et s'intéressent. Certains, en revanche, estiment que les parents
doivent être présents et que cela ne doit pas impacter leur rôle d'enseignant et que chacun doit
rester à sa place.
Ainsi, les enseignants souhaitent l'investissement des parents, l’accompagnement et leur
présence. Cependant, pour que l’entente fonctionne, il faut que les enseignants ne soient pas
perturbés dans leur métier et estiment que chacun garde son rôle, pour ne pas entrer en conflit
sur la pédagogie comme l'avaient confirmé Humbeeck, Lahaye, Balsamo et Pourtois (2006).

Point de vue de Camille : “On a déjà eu des parents alors soit qui sont réfractaires à l'école
la relation sur le soit qui estiment que votre méthode de travail ne leur convient pas. Ou
lien avec les justement, ils sont un peu déséquilibrés aussi certains [...] ils disent totalement
périodes le contraire qui d'ailleurs n’est pas cohérent du tout c'est compliqué après. “
difficiles
(tensions, Béatrice : “j'ai failli démissionner il y a trois ans avec une histoire qui m'a
conflits) vraiment dégoûtée du métier, donc j’explique le contexte, en fait j'avais une
élève qui était brillante qui j'avais CM1”

Teddy : “j’ai eu des cas compliqués avec des parents qui m’ont déjà menacé
voire même menacés de mort et cela est allé jusqu’au tribunal. Ce sont souvent
des parents qui refusent la relation avec l’école ou les difficultés de leurs
enfants.”

La majorité des enseignants ont été confrontés à des périodes conflictuelles et de tension avec
les parents, bien souvent les histoires sont différentes mais ils ont tous vécu cette situation où
pour certains ces histoires ont été très conséquentes et qu’ils ont même failli démissionner.

Ainsi, cela peut être interprété comme lorsque la relation avec les parents n’est pas bonne, cela
peut être un mal-être autant pour les parents et pour les enseignants pouvant aller jusqu’à un
abandon de poste comme l'avaient montré les travaux de Payet et Giuliani (2014).

84
6.2.4 Point de vue sur l’impact de l’environnement familial

Perception des Teddy : “Ah bien sûr, les inégalités scolaires. Chaque élève n'a pas le
parents d’élèves issus même niveau de vie, et d’éducation et c’est délicat.”
d’un milieu favorisé
et défavorisé Camille : “Ah bah oui, de toute façon on le voit statistiquement, [...] ce
sont les milieux qui sont les plus élevés, bah ce sont des écoles qui
réussissent mieux que les écoles au milieu défavorisé donc voilà oui.”

Perception des Sabine : “Bah c’est vrai que quand il arrive à l’école, ils ne sont pas sur
parents d’élèves issus le même pied d’égalité chacun son milieu. Mais après, il y a des cas
d’un milieu favorisé d’enfant défavorisé qui sont aussi bon qu’un gamin qui vient d’un milieu
et défavorisé aisé. [...]”

Fabien : “Moi je pense qu’il n’y a pas que le milieu qui compte, il y a
aussi la motivation des parents qui compte..”

Concernant le point de vue sur l'impact de l’environnement familial, je distingue deux types
d’opinion : il y a certains enseignants qui sont catégoriques, sur le fait qu’il y a un impact négatif
pour les élèves du milieu défavorisé alors que d’autres jugent que cela n’est pas une généralité,
un élève de milieu défavorisé peut tout autant réussir qu’un élève issu de milieu favorisé par sa
motivation.

En effet, bien que les familles défavorisées aient une culture générale plus restreinte que les
familles favorisées, les enfants sont moins stimulés dans les connaissances comme l’avaient
montré les travaux de Bautier (2006). Cependant, cela ne perdure pas, les élèves du milieu
défavorisé peuvent agir pour combler leur retard, si les parents sont présents et que l'enfant reste
motivé au cours de sa scolarité comme vu dans les travaux de Bernard Charlot (2000). Ainsi,
l’élève d’un milieu défavorisé peut être sujette à l’agentivité, terme donné dans les travaux de
LAHIRE (2019), où l’élève défavorisé peut avoir des parents investis et réussir.

85
Perception du rôle Sophie : “Ah bah oui, parce que si le parent donne un mauvais discours de
de la famille dans la maîtresse sur l'apprentissage, l'enfant va écouter. Donc, le rôle du parent
la motivation par rapport à nous c’est important.”
scolaire de l’enfant
Franck : “Ah oui, bien sûr à 200% c’est l’élément déclencheur de faire
plaisir à maman, à papa et à l’enseignant donc euh s’il n’y a pas ça derrière
donc à quoi bon.”

Concernant le rôle des parents dans la motivation scolaire de l’enfant, tous les enseignants
mentionnent que les parents y jouent pour beaucoup.
En effet, la motivation scolaire des enfants dépend des parents, car le regard familial est très
important pour ces derniers, si les parents ne se montrent pas présents ou que l’enfant se sent
négligé alors ce dernier peut rencontrer des difficultés au cours de sa scolarité. Ainsi, les enfants
travaillent surtout pour leurs parents, l’intérêt des parents et leurs attitudes vont influer sur la
motivation des enfants comme l’avait montré Masson (2019).

Perception des Sabine : “C’est compliqué, c’est un peu agaçant. De mon point de vue
familles qui ne d’enseignante, c’est compliqué car c’est souvent les parents des élèves qui
coopèrent pas sont en difficulté, euh ces enfants-là on ne voit pas leurs parents.[...]”

Alex : “[...] ça me saoule, parce qu’après ça dépend, comment les parents


en sont arrivés là. Parce que si on a des élèves en difficulté et qu’on voit que
les parents sont là et qu’ils sont soucieux, bah on fait ce qui faut et on trouve
des solutions ensemble. [...]”

Lors des situations des parents non-coopérants, la majorité des enseignants mentionne que c’est
une chose pénible qui complique les choses surtout pour les enfants en difficultés.
En effet, pour les parents absents lors des sollicitations de l'école, les enseignants ont un point
de vue négatif, car ils perçoivent cette absence comme un non-intérêt pour l’école et l’élève.
Ainsi, les absences fréquentes sont mal perçues par les enseignants et causent des tensions entre
enseignants et parents où l’enseignant peut avoir un étiquetage, ou encore un jugement sur les
parents, comme l’avait confirmé Monceau (2014).

86
6.2.5 Point de vue sur la collaboration avec les familles

Intervention pour Fabien : “Bah, il y a les devoirs à la maison, il y a la réunion de la


favoriser l’implication rentrée comme ça on explique bien le fonctionnement de la classe. [...]
des parents le parent peut s’impliquer dans les projets notamment dans les sorties
scolaires.”

Camille : “Alors bah moi j'aime bien les projets et tous les ans j'essaie
de faire un projet [...]”
.

Intervention pour Franck : “ j’estime que ce n’est pas moi de les impliquer c’est à eux de
favoriser l’implication s’impliquer pour leurs enfants, moi ça me dépasse un petit peu [...]
des parents j’estime que ce n’est pas mon rôle.

Béatrice : “[...] je ne sais pas si c'est notre rôle, [...] j'ai l'impression
qu'on nous demande d'être psychologue, orthophoniste, médiateur
entre les parents des choses auxquelles je n’ai pas été formé, j'ai
passées ça comme concours (Rire)”

Concernant le point de vue de la collaboration avec les familles, la majorité des enseignants
mentionnent les éléments permettant la coéducation tel que la communication, les projets, etc.
En revanche, certains estiment qu'impliquer les parents n’est pas de leur rôle.

En effet, d’après les témoignages, il semblerait que le métier d’enseignant soit devenu plus
complexe avec la coéducation, car l’enseignant se retrouve face à des rôles qui ne sont pas les
leurs, pour favoriser la relation école-famille. Ils ont une grande responsabilité envers les
parents pour installer un climat de confiance qui rassure et ouvre la discussion. Ainsi, la
collaboration avec les parents est compliquée pour les enseignants et est une grande
responsabilité pour chacun d’entre eux comme l’avaient confirmé les travaux d’Escots (2010).

Intervention lors des Sophie : “Bah, je donne des conseils, [...] et surtout qu’ils sentent que je ne porte
difficultés pas un regard de jugement mais de bienveillance pour le bien-être de l’enfant.”
d’implication des
parents Alex : “Bah là, c’est compliqué, donc déjà le fait d’en parler c’est bien, mais
après on essaye de trouver des solutions. [...] Mais, quand c’est comme ça on
essaye de les aider et de faire plus facile et proposer des choses mais tout dépend
du relationnel encore une fois.”

87
À propos de l’intervention des enseignants face aux difficultés rencontrées par les parents, bien
que certains soulignent que cela reste compliqué de trouver des solutions, tous mettent en place
des moyens pour pouvoir les aider. Face à cette situation, ils soulignent l’aspect positif qu’un
parent fasse part de leur faiblesse et difficultés et que pour cela, c’est de leur rôle d’encourager
ce comportement et d’établir un climat de confiance pour établir l’échange.

En effet, cela peut expliquer que les enseignants soient satisfaits que les parents s'intéressent,
s’inquiètent et viennent demander de l’aide pour le suivi scolaire. Cela facilite les échanges,
sans passer par les sollicitations, et permet une facilité de collaboration. Ainsi, quand les parents
viennent d’eux-mêmes vers les enseignants, la relation est plus saine et la collaboration a lieu
plus facilement que lors d’une convocation qui pourrait être mal ressentie par le parent. De plus,
la collaboration des deux partenaires donne un sentiment de compétence chez chacun d’eux
ayant les mêmes objectifs : trouver des solutions pour l'élève comme l’avaient affirmé les
travaux de Deslandes et Bertrand (2004) ou encore Humbeeck, Lahaye, Balsamo et Pourtois
(2006).

Intervention lors des Franck : “Ah bah un moment quand ça devient critique, j’ai tendance
absences fréquentes des à discuter avec le directeur quand même, il faut que ça réponde présent
parents quand même à un moment.”

Sophie : “[...] s’il n’y a pas de réponse j’appelle et pire des cas je
convoque en présence du directeur mais voilà on essaye toujours de les
avoir de la manière la plus douce.”

Lors des absences fréquentes des parents, beaucoup d’enseignants énumèrent les différentes
façons de procéder pour agir. Généralement, pour la majorité des enseignants, la meilleure
façon est de procéder par des mots avec de nombreuses relances si nécessaire, puis des appels
téléphoniques et dans une situation où ils ne coopèrent pas, ils remontent au directeur de l’école.
En effet, les enseignants privilégient les interventions en allant de la manière la plus douce et
dans les situations les plus difficiles, ils convoquent avec présence du directeur.

Ainsi, on peut dire que l’enseignant a une responsabilité de faire intervenir les parents, par de
nombreuses sollicitations et si cela n’aboutit pas, il se rapproche du soutien de l’école,
associations, voire le directeur. Cela montre qu’il est difficile et que beaucoup de situations
impactent l’enseignant car il doit faire preuve de bienveillance et de patience pour que la

88
communication ait lieu. Ils ont pour devoir de veiller au respect envers l’élève et sa famille.
Mais la famille de l’élève a elle aussi des efforts à faire, pour que la relation soit bonne comme
vue dans les travaux de Poncelet, Tinnes-Vigne et Dierendonck (2019) où les enseignants ont
pour devoir de veiller au respect de la laïcité, de respecter la confidentialité et la vie privée des
parents et de l’enfant.

6.2.6 La communication avec les familles

Formes de Sophie : “Euh, en général j’utilise le cahier de texte, je préfère cette


communication méthode, que les transmissions par mail je n'aime vraiment pas tous
ces réseaux.”

Franck : “Oui j’essaye, je les vois en début de rentrée, par semestre,


deux fois pour les réunions ça c’est au minimum et après quand ils
veulent je leurs donnent un rendez-vous, en passant par le carnet de
liaison j’essaye de me rendre disponible.”

Au sujet de la communication avec les familles, la majorité des enseignants préfèrent privilégier
la communication par le cahier de texte, qui est le moyen le plus simple d’y mettre les
informations et les mots. Les convocations qui ne se font qu’en cas de soucis particulier.

Ainsi, bien que le numérique soit récent dans les écoles pour favoriser la communication avec
les parents, le cahier de texte est la méthode traditionnelle la plus utilisée pour communiquer
vu comme un point relais entre enseignants et parents où c’est l’enfant qui transmet le moyen
de communication en donnant le cahier de texte. La rencontre est privilégiée qu’en cas de
problème, cependant la communication doit être bienveillante afin que les parents ressentent un
sentiment de compétence comme l’ont confirmé Deslandes et Bertrand (2004). Les moyens de
communication soulignent bien le partenariat entre l'enseignant, le parent et l’élève.

89
Fréquence des échanges Fabien : “Oui, on est souvent en contact et puis c’est un petit quartier,
donc les parents me connaissent bien, il y a une bonne entente. Je les
sollicite pour des réunions, des projets et en cas de soucis.”

Raisons de la Teddy : “[...] la réunion parents-professeurs déjà c’est important


communication pour moi et disons que je compte beaucoup sur les parents où aux
moindres difficultés dans la scolarité ne pas hésiter à venir me le faire
savoir par le biais de la direction voire le petit carnet de l’élève. Le
but est qu’on travaille ensemble et qu'on ait une bonne entente.”

Béatrice : “[...] je contacte les parents s'il y a des problèmes de


comportement.”

Concernant, la fréquence des échanges, on distingue deux types d’enseignant : ceux qui
communiquent que lorsque c’est nécessaire (difficultés, problème de comportement, troubles,
etc.), et ceux qui privilégient des communications régulières et qui se rendent disponibles.
Généralement, lors de la communication, plusieurs sujets peuvent y être source, mais ceux qui
reviennent le plus sont généralement pour des questions d’information du système éducatif, de
la pédagogie, ou encore le fonctionnement de la classe. Les convocations et les rendez-vous
servent à parler des problèmes personnels de l'élève plus délicats.

En effet, les moyens de communication dépendent du motif de la communication, se voir en


face-à-face sert aux enseignants à trouver des compromis et des solutions face aux problèmes
personnels d’un élève avec ses parents. Là encore les fréquences des échanges sont plus fluides
quand les parents ressentent qu’ils sont pris en compte dans leur rôle et qu’ils sont en confiance.
La relation enseignant-parent est donc primordiale pour une bonne scolarité de l’enfant et pour
une communication saine comme l’ont montré Deslandes et Bertrand (2004). Ainsi, préserver
une communication favorisant le respect entre les deux partenaires, et l’écoute permet une
coéducation où les parents et enseignants apporteront leurs opinions dans une confiance
mutuelle.

90
6.2.7 Volonté d’améliorer la relation école-famille

Teddy : “ça serait bien d’avoir les soutiens scolaires après l’école qui
Stratégie nous a été enlevé et mis pour midi. Car ce serait intéressant de revoir
d’amélioration des notions vues au cours de la journée.”
d’associations pour les
familles Franck : “Après à une époque il y avait le café des parents aussi qui est
une bonne initiative pour les parents, mais avec le covid ça s’est arrêté
du coup-là ne se remet pas en place.”

Stratégies Teddy : “Bah c’est compliqué, niveau matériel peut-être les aider niveau
d’intervention pour le équipement(...).”
soutien des familles
Sabine : “(...) solliciter les parents pour quelques ateliers de jardinage
par exemple, les journées de patrimoine, les fêtes des mères etc. J’avais
aussi demandé l’intervention des infirmières(...).”

Lors des questions posées sur les éléments qui permettraient d’améliorer la relation famille-
école. Certains estiment que c’est compliqué, et proposent des interventions pour le soutien des
familles tels que, plus de projets pour impliquer la famille, des aides dans le matériel ou encore
des stages pour mettre les parents en confiance.
Ainsi, les enseignants demandent plus de soutien pour les parents et ont conscience de la
difficulté de certaines familles. Coéduquer, consiste donc pour les enseignants de mettre en
confiance les parents et de comprendre leurs attitudes en évitant les préjugés et l'étiquetage
comme l'avait affirmé Zakaria Serir (2016), dans ses recherches. De plus, le café des parents
est un moyen qui est très sollicité par certains d'entre eux pour sa remise en place qui est un
groupe libre de parole encadré permettant de redonner confiance aux parents comme cité dans
les travaux de Monceau (2014).

Pas d’autres stratégies Alex : “Bah, peut-être que oui il y a d’autre façon de faire, mais là j’estime que
d’amélioration ce sont aux parents de s’y mettre, car j’estime que ce n’est pas notre travail.
Vous faites des enfants, bah il faut les assumer. (...) après oui, en tant que
parent c’est difficile d’entendre les difficultés de leurs enfants. Mais c’est notre
rôle de parents d’accepter ça et d’accepter de l’aide. Après, c’est compliqué
de proposer autre chose.”

Béatrice : “(...) pour moi l’école fait déjà son rôle et ce n’est pas son rôle
d’impliquer la famille. Pour que la relation fonctionne, il faut que la famille
ait envie aussi.”

91
En revanche, certains enseignants estiment que ce n’est pas seulement de leur rôle d’améliorer
la relation avec la famille, qu’ils n’ont pas d’autres stratégies d’amélioration à proposer, que
l’école fait déjà le nécessaire et que c’est aux parents de s’impliquer et d’en avoir envie.

En effet, il faut souligner que parmi ces répondants, on distingue des enseignants qui ont
témoigné avoir eu des gros conflits avec les familles qui leur avait beaucoup impacté et écœuré
du métier. Dans cette situation-là, ces enseignants sont très limités dans leur communication et
avaient antérieurement témoigné avoir fait ce choix de métier par défaut.

Ainsi, lorsque le choix du métier n’a pas été une vocation, il peut y avoir des impacts sur la
personne si elle rencontre des difficultés. Le métier est devenu plus complexe comme vu dans
les témoignages, et pour être investi, il faut aimer le métier. Le rôle de l’enseignant est très
dense et beaucoup d’entre eux ont une vision moins positive de leur métier. Enfin, il est vrai
que pour que la relation fonctionne la famille doit en avoir envie comme l’avait affirmé Asdih
(2012).

92
7. Discussion des hypothèses

Il faut rappeler que dans ce mémoire, l’étude visait à répondre à la question de recherche
suivante : En quoi l’implication des parents dans le devenir scolaire de leurs enfants et la
qualité du lien avec l’enseignant sont-ils des facteurs déterminants dans le rapport à l’école et
le rapport au savoir de l’enfant en école élémentaire à la Réunion ?

À partir de cette question de recherche, deux hypothèses ont été émises :

● Première hypothèse : l’implication des parents réunionnais issus de milieux défavorisés


dans le devenir scolaire de leurs enfants dépend de leurs relations passées au cours de
leur scolarité et de leurs points de vue sur la fonction de l’école.
● Deuxième hypothèse : L’affaiblissement du lien enseignant-parents d'élèves ainsi que
le manque de communication influent sur la motivation de l’élève et altèrent son rapport
au savoir ainsi que son rapport à l’école.

L’analyse des résultats se concentre sur des questions qui ont permis de vérifier ces hypothèses.
En effet, l’analyse a permis de mettre en avant, tout d’abord le rapport des parents à l’école. En
effet, selon les témoignages, en m’appuyant sur les parents issus de milieu défavorisé, il a été
montré que les attitudes soient aléatoires. Les relations passées au cours de leur scolarité ont
exercé une influence sur leur relation présente avec l’école, cela a été remarqué dans le manque
de connaissances qui ont des impacts négatifs dans l’encadrement dans les devoirs des enfants,
ou encore la difficulté de communication avec les membres de l’école.

Du côté des familles issues de milieu favorisé, la relation et le rapport à l’école ne sont pas
systématiquement satisfaisants pour tous les individus de ce milieu. On a également constaté,
que pour les familles du milieu défavorisé, il y a le caractère aléatoire : le rapport à l’école
dépend de leur vécu passé qui peut être positif. C’est-à-dire qu’une personne de milieu favorisé
qui a mal vécu l’école durant son enfance peut garder une vision négative de l’école aujourd’hui
en conservant un mauvais rapport de l’école.

De plus, il y a également le cas des parents qui font preuve d’une implication remarquable
auprès de leurs enfants qu'eux-mêmes n’ont pas connu avec leurs parents durant leur enfance.
Au vu de ces éléments, nous ne pouvons donc pas valider la première hypothèse. Les attitudes

93
des parents quel que soit leur milieu social restent aléatoires, tout dépend de l’importance qu’ils
donneront au rôle de l’école. Le passé des parents ayant mal vécu leur scolarité et qui ont eu un
mauvais rapport avec l’école peut engendrer deux attitudes : une méfiance voire une rancœur
envers celle-ci ou alors s’ouvrir à l’école et avoir un point de vue positif dans le but que son
enfant ait un meilleur vécu dans sa scolarité. On peut parler d’”agency” comme le suggérait
LAHIRE (2019) qui est « la capacité des individus à agir indépendamment de structures
sociales et des processus de leur incorporation », c’est-à-dire la façon dont les individus vont
s'adapter et avoir la capacité d’agir, d’être acteur de sa vie et de ses propres choix. Cette notion
s’oppose au déterminisme de BOURDIEU qui considère que les comportements des individus
sont le résultat de leur milieu social. Par exemple ici, le fait que les parents du milieu défavorisé
qui ont eu un mauvais vécu et un mauvais rapport avec l’école et qui s’implique dans la scolarité
de son enfant montre que son comportement ne résulte pas de son milieu et de son passé.
Ainsi, l’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants reste aléatoire. L’implication
doit venir du parent lui-même pour que la collaboration fonctionne.

En ce qu’il s’agit de la deuxième hypothèse, l’analyse de la population des enseignants a permis


de mettre en avant le lien entre l'enseignant et les parents. Dans les témoignages recueillis, on
a vu que le lien qu'entretiennent l'enseignant et le parent influe sur la scolarité de l’enfant.
Lorsque les deux partenaires sont en désaccord, cela peut perturber l’élève, car ces derniers ont
des attentes mutuelles qui peuvent impacter la communication. Un enfant qui rencontre des
difficultés, qui voit que son parent convoqué par l’enseignant, ne répond pas présent peut
provoquer des incompréhensions et une perturbation chez l’enfant mais aussi une insatisfaction
de la part de l’enseignant. De plus, les parents absents sont souvent étiquetés par les enseignants
qui perçoivent cette absence comme de l’ignorance, qui va affaiblir leur relation.

Ainsi, la relation enseignant-parent va jouer sur la motivation, le rapport aux savoirs et à l’école
de l’enfant car comme prouvés par plusieurs chercheurs, l’enfant a besoin de sa famille pour le
soutien, l’accompagnement et pour pouvoir s'épanouir dans sa scolarité. Si l’enfant a un
discours sur l’école différent à la maison et à l’école peut le perturber par exemple, recevoir un
discours positif avec l’enseignant et un discours contraire avec son parent, peut déstabiliser ce
dernier et donc provoquer une amotivation comme le suggérait Masson (2019) où le parent a
un impact sur l’estime de soi scolaire de l’élève. Nous pouvons donc valider la deuxième
hypothèse.

94
CONCLUSION GÉNÉRALE

Pour rappel, les objectifs principaux de cette recherche étaient de savoir si l’implication
parentale dans le devenir scolaire de leurs enfants et la relation avec l’enseignant sont des
facteurs déterminants dans le rapport à l’école et le rapport au savoir de l’élève réunionnais.

Cette recherche visait également à connaître la perception des parents de l’école et de leurs
collaborations avec celle-ci. Durant cette recherche, huit parents et huit enseignants de l’école
élémentaire ont été interrogés pour récolter des données en lien avec ma question de recherche
: En quoi l’implication des parents dans le devenir scolaire de leurs enfants et la qualité du lien
avec l’enseignant sont-ils des facteurs déterminants dans le rapport à l’école et le rapport au
savoir de l’enfant en école élémentaire à la Réunion ?

Ce qu’il en ressort de cette recherche, c’est que la famille joue un rôle très important dans la
scolarité des enfants, sa participation et son attitude influent sur l’investissement et la
motivation scolaire de ce dernier. Il convient de préciser que le degré d’implication des parents
dépend en partie de la qualité relationnelle qu’ils ont avec l’enseignant de leur enfant.

Les parents-d’élèves et les enseignants ont identifié l’échange, le climat de confiance comme
éléments favorables à la coéducation. Les enfants sont les principaux sujets de la collaboration,
dans le but de les accompagner dans leur réussite, leur bien-être dans les apprentissages et leur
épanouissement scolaire.

De plus, la communication est l’élément qui en ressort le plus de cette recherche, pour que la
collaboration fonctionne, il faut que la relation soit saine. Ainsi, parents et enseignants ont tous
les deux, un rôle à jouer pour maintenir une bonne relation. Cela a été montré que les attitudes
que les parents ont envers l’école exercent une influence sur le comportement et
l’investissement de l’enfant à l’école, si le parent a un bon rapport avec l’école et collabore avec
celle-ci, l’enfant aura plus de facilité à l’école et sera motivé à apprendre. Cependant, la relation
école-famille n’est pas toujours aussi simple, surtout pour plusieurs parents qui ont eu un passé
compliqué avec l’école cela engendre un inconfort dans la collaboration avec l’école, car ils ont
peu de connaissance quant au fonctionnement du système éducatif. Pour les enseignants,

95
solliciter les parents n’est pas toujours une partie de plaisir, car l’absence de certains parents est
mal perçue, ce qui cause des tensions dans la relation école-famille.

Ainsi, l’implication des parents dans le devenir scolaire des enfants et la qualité du lien avec
l’enseignant ont un impact sur le rapport des élèves à l’école et le rapport au savoir. La
collaboration entre l’école et la famille ainsi que la réconciliation des parents avec leur passé
sont des conditions indispensables pour davantage de réussites scolaires.

• Limites

Le choix de ce sujet a été très pertinent, et le fait d’avoir utilisé l’approche compréhensive a
permis de mettre du sens sur les dires des interrogés. Cependant, la conduite des entretiens dans
le cadre du mémoire a causé quelques limites durant le recueil des données, il est impossible de
traiter la totalité des réponses, car certaines données obtenues n’étaient pas en lien avec le sujet
de recherche.

● Apports personnels

Cette recherche m’a apporté des réponses pertinentes sur la relation école-famille à La
Réunion. C’est un domaine de recherche qui m’a toujours intéressé et questionné.
De plus, étant quelqu’un qui était peu familiarisé avec la recherche, ce sujet de recherche m’a
enrichie : j’ai appris à apprécier la lecture, à m'intéresser davantage aux articles scientifiques,
ainsi qu’aux cours d'enseignement de ce domaine de recherche reçus.

Elle m’a apporté des réponses sur lesquelles je me questionnais et m’a également ouvert les
yeux sur mon avenir professionnel en me faisant prendre conscience que la recherche du
domaine de la parentalité, de la famille ou encore de la relation avec l’école sont des éléments
qui me pousseront plus tard à approfondir davantage.

Enfin, sur le plan personnel, ce mémoire m’a appris à mieux m'ouvrir aux individus, à
développer davantage mon esprit critique et surtout à contribuer à enrichir ma connaissance
dans le domaine étudié. Notamment à faire preuve d’autonomie pour gérer au mieux mon temps
et la capacité à rendre clair mon travail de recherche.

96
● Perspectives

Ce travail de recherche effectué ouvre d’autres questionnements qui pourraient être pertinents
pour d'éventuelles recherches.

En effet, ma recherche a permis de prouver que l’implication familiale ainsi que la collaboration
école-famille déterminent partiellement le rapport à l’école et la motivation de l’enfant. Nous
pouvons nous pencher sur les améliorations pour une meilleure implication des parents dans la
scolarité de l’enfant. Comment les parents doivent s’y prendre pour que l’enfant ait un bon
rapport à l’école ?

Il serait intéressant d'étudier comment les parents éduquent l’enfant à la responsabilité et à


l’autonomie car l’enfant qui arrive à l’école est confronté à un rythme nouveau où ces
compétences sont beaucoup sollicitées.

Ensuite, comme nous avons vu une implication parentale différenciée entre le sexe masculin et
le sexe féminin, on pourrait chercher des solutions pour que les pères se sentent plus à l’aise
dans leur rôle et qu’ils s’investissent plus dans la scolarité de l’enfant.

Enfin, comme ce travail de recherche s’est limité à l’école élémentaire, nous pouvons nous
creuser plus loin sur des élèves plus âgés, où les parents sont beaucoup moins sollicités afin de
connaître si la valorisation des parents est-elle toujours aussi importante dans la scolarité de
l’adolescent.

97
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102
ANNEXES

Annexe 1 : Grille d’entretien à destination des parents-d ’élèves

Grille d’entretien pour les parents-d ’élève en école élémentaire :

Catégories Questions :

● Prénom ?
Données personnelles du
parent : ● Âge ?
● Quelle est votre situation familiale ?
● Combien d’enfants avez-vous ?
● Quel âge ont-ils ?
● Quel est votre niveau d’étude ?
● Quel est votre plus haut diplôme ?
● Quelle est votre situation professionnelle ?
● Combien d'enfants scolarisés avez-vous à charge ?
● En quelle classe sont-ils ?

● Comment percevez-vous l’école ?


Rapport à l’école du
parent : ● Quelle est votre perception des devoirs à la
maison ?
● Durant votre enfance, aimiez-vous l’école ?
● Vos parents étaient-ils impliqués dans votre scolarité ?
● Avez-vous rencontré des difficultés durant votre
scolarité ?
● Si oui, comment avez-vous fait pour les surmonter ?
● Durant votre enfance, quelle relation aviez-vous avec
vos enseignants ?
● Lorsque vous aviez de mauvais résultats, comment

103
réagissaient vos parents ?
● Pour vous y-a-il une différence entre l’école
d’aujourd’hui et l’école d’avant ?
● Pourquoi ?
● Aujourd’hui, comment percevez-vous le rôle de
l’école ?
● Communiquez-vous souvent avec l’enseignant de
votre enfant ?
● Quelle relation entretenez-vous avec l’école de vos
enfants ?

Collaboration école- ● Avez-vous déjà rencontré les membres de la pédagogie


famille
de l’école de votre enfant ?
● Vous sentez-vous impliqué dans la scolarité de vos
enfants ?
● Comment participez-vous au suivi scolaire de vos
enfants ?
● Échangez-vous avec vos enfants sur ce sujet ?
● (Aide, soutien psychologique, encouragement,
etc.)
● Vous sentez-vous capable de suivre les devoirs de vos
enfants ?
● Avez-vous les connaissances nécessaires ?
● Avez-vous le temps nécessaire ?
● Comment vous organisez-vous au niveau des devoirs de
vos enfants ?
● Y-a-t-il un horaire programmé pour le travail
de vos enfants ?
● Combien de votre temps donnez-vous en
moyenne à vos enfants ?
● Lorsque votre enfant a de mauvais résultats, comment
réagissez-vous le plus fréquemment ?
● Selon vous, votre enfant a de meilleures notes

104
grâce aux devoirs et au travail donnés à la
maison ?
● Parvenez-vous à améliorer les résultats scolaires de
votre enfant ?
● Si oui comment ?
● Si non, pourquoi ?
● Selon vous, votre implication dans la scolarité de votre
enfant est-elle nécessaire pour sa réussite ?
● Lorsque votre enfant a de mauvais résultats, comment
réagissez-vous ?
● Et lorsque votre enfant a de bons résultats que faites-
vous ?
● Comment motivez-vous votre enfant le soir pour les
devoirs à la maison ?
● Favorisez-vous à ce que votre enfant aime l’école ?
● Si oui, comment ?
● Parvenez-vous à motiver vos enfants durant leur
scolarité ?
● Comment catégorisez-vous votre relation avec l’école
?
● Êtes-vous souvent sollicités par l’école ?
● (Réunion, convocation etc.)
● Interagissez-vous avec l’équipe pédagogique ?
● Échangez-vous pour prendre des informations
avec les enseignants etc. ?
● Est-ce que vous participez à des associations de
parents d'élèves et autres dispositifs ?
● Si oui, lesquels ?
● Sinon, pourquoi ?
● (Groupe de parole, aide aux devoirs pour les
parents etc.)
● Participez-vous aux activités scolaires ou extra
scolaires ?

105
● Si oui, lesquelles ?
● Sinon, pourquoi ?

● Est-ce que vous rencontrez des difficultés dans


Difficultés rencontrées :
l’accompagnement de vos enfants ?
● Est-ce que les devoirs se font dans une bonne
ambiance ? (Conflit etc.)
● Quand vous ne pouvez pas aider votre enfant dans ses
devoirs, que faites-vous ?
● (Sollicitez-vous quelqu’un d'autre ? fratrie,
membre de la famille ou autres etc.)

● Avez-vous des difficultés de communication avec


l’école ?
● Est-ce que l’école répond à toutes vos
questions ?
● Est-ce que l’école apporte un encadrement
suffisant ?
● Est-ce que l’école vous soutient suffisamment
?
● Avez-vous déjà rencontré des périodes de tensions ou
de conflits avec l’école ?
● Pour vous, quelle est votre plus grande difficulté dans
le suivi scolaire ou dans votre relation avec l’école ?

Potentielles ● Pour vous, quelle mesure pourrait être mise en place


améliorations :
pour améliorer votre relation école- famille ?
● Qu’est-ce qui pourrait selon vous, vous rapprocher de
l’école ?
● Mettrez-vous des stratégies en place pour améliorer la
relation école-famille ?

106
Annexe 2 : Grille d’entretien à destination des professeurs des écoles

Grille d’entretien pour les professeurs des écoles élémentaire :

Catégories : Questions

● Prénom ?
Données personnelles de
● Âge ?
l’enseignant :
● Depuis combien de temps enseignez-vous ? Et dans
cet établissement ?
● Dans quelle classe enseignez-vous ?
● Pouvez-vous décrire rapidement votre parcours
professionnel et votre parcours de formation ?
● Pouvez-vous me parler de votre établissement ?

Point de vue sur l’école ● Pourquoi exercez-vous ce métier ?


● Motivations etc.
● Pour vous, quel est le principal rôle de l’École ?
● Quels sont vos objectifs en tant qu’enseignant ?
● Avez-vous une bonne vision sur les devoirs à la
maison ?
● Si oui, quel est son importance ?
● Quel est selon vous, la méthode de travail la plus
efficace pour de meilleurs résultats ?
● Devoirs à la maison, révision en classe, oral
etc.

Point de vue sur la place de


● Selon vous quelle est la place de la famille dans la
la famille dans la scolarité
de l’enfant transmission des connaissances chez l’enfant ?
● Sollicitez-vous souvent les parents ?
● Lors des devoirs donnés à la maison, avez-vous
déjà constaté un manque de travail de la part des

107
élèves ?
● Si oui, comment avez-vous réagi ?
● Êtes- vous pour ou contre de l’aide au devoir par les
parents ?
● Lors des absences fréquentes des parents au sein
des école (réunions, convocation etc.) comment
réagissez-vous ?

Relation de l’enseignant ● Communiquez-vous souvent avec les parents de


avec la famille
vos élèves ?
● Convoquez-vous souvent les parents ?
● Pensez-vous que la relation parent-enseignant est
importante pour l’apprentissage de l’enfant ?
● Lorsqu’un parent vous fait part de ses difficultés
comment intervenez-vous ?
● Qu’attendiez-vous des parents dans la scolarité de
leur enfant ?
● Comment désignerez-vous votre relation avec la
famille de votre élève ?
● Avez-vous déjà été dans un cas complexe ou le
parent ne coopérait pas du tout ?
● Si oui, comment avez-vous agit ?

● Pensez-vous que l’implication des parents joue un


Point de vue sur l’impact de
l’environnement familiale rôle primordial dans la motivation scolaire ou dans
les résultats de l’enfant ?
● En cas d’échec scolaire qui tiendrait vous le plus
souvent responsable ?
● Vous-même, les parents, les élèves etc.
● Lors de vos séances, avez-vous déjà été confronté à
des élèves qui représente peu de motivation ?
● Percevez-vous la différence de niveau entre un élève

108
issu d’un milieu favorisé et défavorisé ?
o Si oui, comment réagissez-vous face aux
inégalités ?
● Avez-vous l’impression que le milieu social joue un
rôle significatif dans les résultats des élèves ?
o Si oui, pourquoi selon-vous ?
o Comment l’observez-vous concrètement ?

Vision sur la collaboration ● Comment parvenez-vous à impliquer les parents


école-famille (coéducation)
dans la scolarité de vos élèves ?
● Lorsqu’un enfant ne réalise pas ses devoirs à la
maison, comment réagissez-vous ?
● Observez-vous souvent des cas de décrochage
scolaire pour des enfants qui ont des parents qui ne
s’impliquent pas ?
● Si, oui, comment réagissez-vous ?
● Pensez-vous que l’école donne toutes les clés aux
familles en difficultés ?
● Pourquoi ?

Potentielles améliorations
● Mettrez-vous des stratégies en place pour améliorer
pour de meilleurs résultats
la collaboration école-famille ?
● Associations, dispositifs, aides etc.
● Qu’est-ce que vous proposerez pour un meilleur
investissement des parents et des élèves ?

109
Annexe 3 : Retranscription d’entretien d’un parent-élève
Traduction française retranscription entretien n°7 (par MOURIAPRÉGASSIN Léanne) :

Interrogée : Marc*, 50 ans


Situation familiale : marié
Enfant scolarisé : 3
Date de l’entretien : 15 octobre 2022
Durée de l’entretien : 15 :31 minutes
*Nom d’emprunt

Alors, comme convenu, je vais vous poser des questions sur votre relation avec l’école et
l’accompagnement de votre enfant durant votre scolarité.

D’accord.

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Bah moi, c’est Marc*, je viens d’avoir 50 ans.

Quelle est votre situation familiale ?

Je suis marié.

D’accord, et combien d’enfants avez-vous ?

Trois enfants, un garçon et deux filles.

Très bien, et quel âge ont-ils ?

Alors, mon garçon Willy a 15 ans, et mes filles 12 ans et 10 ans.

D’accord, et du coup en quelle classe sont-ils ?

Mon garçon en seconde, ma fille en cinquième et ma dernière en CM2.

Et quel est votre niveau d’étude ?

CAP.

D’accord, et actuellement quelle est votre situation professionnelle ?

Je suis agent de sécurité.

Très bien, et selon votre point de vue, comment percevez- vous l ‘école ?

On peut parler en créole ? (RIRE)

110
Oui, pas de soucis !

Bah pour moi l’école ce qui m’agace pour ma dernière encore en primaire, c’est que maintenant
on nous impose de ramener que des fruits, c’est juste ça qui m’embête, en tant que parent
j’estime que nous parents, avons le droit de donner à nos enfants ce que nous avons par exemple
pain chocolat peu importe, on donne ce qu’on peut.

D’accord, quel est votre point de vue sur les devoirs à la maison le soir ?

Ça va, c’est une bonne chose, c’est pour que les enfants réussissent.

D'accord, et dans votre passé, est ce que vous aimiez aller à l’école ?

Oui (rire nerveux), pour jouer mais pas pour apprendre.

Et est-ce que vos parents étaient impliqués dans votre scolarité ?

Oui mais jusqu’au collège à peu près.

D’accord, avez-vous déjà rencontré des difficultés dans votre scolarité ?

AH oui.

Et c’était quel genre de difficultés, des difficultés dans les matières, dans les relations ou
bien ?

Bah dans les matières je n’étais pas bon et après c’était avec les profs aussi.

D’accord, et les professeurs étaient comment avec vous ?

Ah bah dans mon temps, ils étaient durs, ils nous battaient. En primaire surtout, quand on avait
de mauvaises notes on était frappé à coup de règle sur les doigts, ou encore puni à genoux sur
du gros sel. Et au lycée j’avais un autre souci, c’est que le prof ne m’aimait pas.

D’accord, donc c’était surtout une mauvaise relation avec les enseignants ?
Voilà.

Et cela a beaucoup impacté sur l’apprentissage ?

Oui c’est ça, quand le prof est malveillant, c’est sûr que l’on a plus envie d’apprendre ! Surtout
que dans mon temps, si le prof nous battait et que ma maman ou mon papa l’apprenaient, ils
nous « achevaient » quand on rentrait le soir. C’est pour ça qu'au lycée, une année j’avais
beaucoup travaillé les deux premiers semestres, et quand j’ai vu que deux de mes profs m’ont
mis de mauvaises notes, bah le dernier semestre je n’ai plus travaillé et je bâchais tous les jours.

D’accord, et quand vous aviez de mauvaises notes, comment réagissez vos parents ?

AH (rire) (fais signe de menace de la main), ils nous corrigeaient et pas qu’un peu. J’étais battu
pour mes mauvaises notes.

111
Et selon vous, y-a-t-il une différence entre l’école d’avant et l’école d’aujourd’hui ?

OUI. C’est que déjà les profs n’ont plus le droit de frapper les enfants. Maintenant, si le prof
gronde un peu, les parents refusent et se manifestent jusqu’à aller solliciter l’assistante sociale.
De mon point de vue, la famille a plus de pouvoir. Alors qu'avant un enfant qui n’écoutait pas
à l’école étaient puni par les parents, maintenant ce n’est plus pareil ! Les parents laissent faire
et sont plus laxistes.

D’accord, et selon vous, quel est le rôle de l’école, pourquoi vos enfants vont à l’école ?

Pour apprendre, pour leur avenir maintenant sans diplôme c’est dur de trouver du travail donc,
je leur dis d’apprendre !

Et est-ce qu'en tant que parents, vous communiquez souvent avec les professeurs de vos
enfants ?

Honnêtement, non c’est plus la maman qui s’occupe de ça.

D’accord et quelle relation avez-vous avec l’école ?

Bah pas trop d’échange on va dire, maintenant toutes les choses se font sur internet, primaire
aussi il y a un site qui donne les informations, les devoirs et pour collège c’est pareil c’est que
pronote. Mais après une vraie relation avec l’école, je dirais non c’est plus ma femme qui
s’occupe de tout ça.

D’accord, et est-ce que vous avez pu rencontrer les membres de l’école c’est-à-dire
professeurs, directeurs ou autres ?

Moi non, juste pour la dernière je connais la maîtresse et c’est tout. Après comme je dis madame
est plus investi dedans, c’est elle qui y va aux réunions parents-professeurs et tout.

Et est-ce que vous vous sentez impliqué dans la scolarité de vos enfants ?

Oui, je m’y intéresse quand même.

Et quand par exemple, il y a un souci avec l’école, allez-vous voir l’enseignant directement
à l’école ?

Oui bah par exemple, le problème c’était pour Lindsay, en école primaire la maîtresse lui a
demandé de réaliser un truc en instrument de musique. Mais j’estime que ma fille n'est pas
ingénieure, ni musicienne et la maîtresse lui a mis un zéro. Donc, j’ai fait un mot, j’ai voulu
voir le professeur mais le prof ne m’a jamais répondu et ne m’a jamais accepté le rendez-vous.
Le problème c’est surtout de voir le professeur, qui devient compliqué il faut systématiquement
prendre rendez-vous et tout.

D’accord, donc entrer en communication avec l’école est compliqué du coup ?

Oui voilà.

112
D’accord, et du coup en tant que parent, comment participez-vous au suivi scolaire de vos
enfants ?

Bah moi c’est surtout le soir, je demande aux enfants s’ils ont des leçons, s’ils me disent qu’il
n'y a pas je regarde dans leur cahier de texte ou le site de l’école. Mais sinon, ça va ils sont
assez autonomes et ils font leurs leçons. Après si c’est correct ou pas, je ne sais pas.

D’accord et échangez-vous souvent avec vos enfants au sujet de l’école ?

Oui, je leur demande comment s’est passée leur journée, après je leur répète et leur dis souvent,
d'apprendre à l’école parce que maintenant trouver un travail sans diplôme c’est compliqué !

Et du coup, vous m’avez dit, que les enfants réalisent leurs devoirs de façon autonome,
mais s’ils vous demandent de l'aide, vous sentez-vous capable de suivre les devoirs ?

C’est compliqué, niveau primaire encore ça va, même si là en CM2 je trouve que les méthodes
ont changé et que c’est compliqué, après collège je m’y noie, et lycée je m’y noie aussi (rire).

D’accord, du coup c’est surtout le manque de connaissances qui fait que vous avez du mal
à suivre ?

Oui voilà.

Et avez-vous quand même le temps nécessaire ?

Pas beaucoup, donc heureusement qu’ils sont assez autonomes de ce côté-là.

Et le soir, comment les enfants sont-ils organisés pour faire les devoirs ?

Bah quand ils rentrent de l’école, ils font leur devoir dans leur chambre, après le goûter.

Et combien de temps en moyenne prennent-ils pour faire les devoirs ?

Ça dépend, ils viennent me voir juste pour me dire qu’ils ont fini. Moi, je jette juste un œil mais
après corriger je n’y parviens pas. Donc, la plupart du temps, c’est la maman qui assure dedans.

Et quand vos enfants ont de mauvais résultats comment réagissez-vous ?

En fin de compte, je les punis, je les prive de télévision et de téléphone et voilà. Après, à mon
époque c’étaient surtout les coups, on n’avait pas de téléphone, aujourd’hui c’est plus ce genre
de sanction.

Et est-ce que les devoirs à la maison contribuent à de meilleures notes selon vous ?

Je pense que oui, ça doit aider.

Et est-ce que vous pensez que votre implication est nécessaire pour la réussite de vos
enfants ?

113
Oui, c’est clair, ils ont besoin du soutien de papa comme maman. Sans nous, ils seraient un peu
perdus je pense.

Et dans le cas contraire, quand vos enfants ont de bonnes notes, comment réagissez-vous
?

Je les félicite, je leur fait plaisir et je les emmène au McDonald's (rire).

Et par exemple, quand vos enfants n’ont pas envie de faire leurs devoirs, comment
réagissez-vous ?

AH bah là je reproduis le truc d’avant dans mon passé (fais signe de la main pour faire
comprendre), ils sont punis physiquement !

Et est-ce que vous favorisez à ce que vos enfants aiment l’école ?

Oui, bah je parle de l’importance d’apprendre, et les motive en disant qu’en échange papa va
acheter quelque chose, manger Mcdo et que s’ils ne travaillent pas ils n’auront rien.

D’accord, et comment catégorisez-vous votre relation avec l’école ?

Je pense qu’il n’y a pas de communication tout court avec l’école, si on ne force pas de nous-
même l’école ne vient pas vers nous. Ils vont appeler que quand il y a un problème et comme
mes enfants sont assez sages bah il n’y a aucun échange avec l’école. Après, c’est vrai que moi
aussi je devrais aller vers eux, mais je n’y arrive pas à faire ce pas.

D’accord, et êtes-vous souvent sollicité par l’école ?

Oui je pense mais ça aussi, c’est ma femme qui s’en charge et qui y va. Sauf dans le cas où il y
aurait deux réunions en même temps pour les enfants.

Et les enseignants communiquent régulièrement sur les plateformes du coup ?

Oui, mais en ce moment on rencontre des problèmes de connexion, le NT1 pour ma fille en
primaire. Après, ça c’est quand même une bonne idée, pour les parents comme moi qui ne vont
pas sur le lieu pour communiquer cela permettait d’avoir un peu le suivi des cours, et comment
progresse ma fille.

Et participez-vous aux associations ou dispositifs de parents-d ‘élèves ?

Non, (rire).

Et aux activités scolaires ou extra-scolaires ?

Juste une fois dans ma vie j'étais partie à la sortie scolaire de mon garçon quand il était plus
petit, mais après il n’y avait que des mamans à la sortie donc, je me suis dit que la prochaine
fois ce sera ma femme qui ira (rire).

114
D’accord, donc vous ne vous êtes pas senti à l’aise du fait que c’était que des mamans à la
sortie ?

Oui voilà, on ne parlait pas de la même chose et j’étais un peu à l’écart.

Et concernant le suivi scolaire de vos enfants, avez-vous déjà rencontré des difficultés ?

Oui, bah surtout de suivre les nouvelles méthodes, les maths sont différentes qu’avant je trouve
que c’est plus difficile et moi comme je ne suis pas partie très loin dans mes études et que j’avais
déjà du mal l’école, bah pour suivre c’est de plus en plus difficile.

D’accord, et si les enfants n'arrivent pas à faire les devoirs, qui sollicitez-vous du coup ?

Les taties qui habitent à côté, les grandes cousines aussi qui les aident beaucoup.

D’accord, et avez-vous déjà rencontré des périodes de tensions ou de conflit avec l’école ?

Non, pas vraiment juste une fois pour la note de musique mais sinon, globalement pour les
enfants ça se passe bien.

Et est-ce que l’école répond à toutes vos questions ?

Bah pas toujours, déjà communiquer le prof reste difficile (rire) et comme la connexion ici n’est
pas bonne, l’échange même sur internet est compliqué donc non.

D’accord, et selon vous, l’école encadre-t-elle suffisamment les enfants ?

Bah je pense qu'il faut un encadrement à la maison et à l’école. Il ne faut surtout pas prendre
parti de l’enfant, si l’école dit un une remarque négative sur l’enfant il ne faut pas montrer son
mécontentement envers l’école et demander l’explication à l’enfant. Parce que l’enfant
comprend très bien.

Du coup, il faudrait que l’école et la famille tiennent le même discours devant l’enfant ?

Oui voilà.

Et l’école vous soutient-elle suffisamment dans votre rôle de parent ?

Juste une fois, quand mon garçon avait des difficultés en math plus jeune, l’école a pris le temps
de parler avec nous et nous a donné des exercices adaptés, et des cours du soir pour lui.

D’accord, et quelle est votre plus grande difficulté dans le suivi scolaire de votre enfant ?

C’est vraiment quand on n’a pas un bon niveau d’étude, les connaissances pour aider les enfants
ou même pour comprendre un exercice quand ils ont du mal. Car nous sommes bloqués sur
plein de choses, les méthodes d’avant ne sont pas les mêmes par exemple les divisions on ne
fait pas les divisions comme eux. Donc en tant que parents on est perdu et l’enfant aussi est
perdu parce que ce n'est pas la même méthode.

115
Et du coup, vu que vous avez des difficultés dans ce domaine, que proposeriez-vous comme
mesure pour améliorer votre relation avec l’école ?

Peut-être avoir des associations pour mettre les parents dans le bain des méthodes, nous former
et nous donner les clés là-dessus. Parce que c’est vrai que nous voulons des enfants qui
réussissent mais quand ils voient eux-mêmes que maman et papa ont du mal bah ça devient
compliqué.

D’accord, mais au sein de l’école des enfants, il n’y a pas d’associations pour les parents
?

Non, je ne pense pas.

D’accord, et pour finir, qu’est-ce- qui pourrait vous rapprocher de l’école ?

Que les enseignants soient plus ouverts sur ce sujet là pour aider les parents, les cours de soutien
pour les parents, après les cours de soutien pour les enfants je ne sais pas s’il y en a dans l’école,
il manque beaucoup d’information là-dessus, donc peut-être aussi mieux informer les parents
qui ont du mal dans les devoirs.

D’accord, merci, je n’ai plus de questions avez-vous des choses à rajouter ?

Non c’est bon, de rien. (rire)

116
Annexe 4 : Retranscription d’entretien d’un enseignant en élémentaire

Nom de l’interrogé : Béatrice*


Âge : 45 ans
Classe : CM 2
Durée de l’entretien : 43 minutes
*Nom d’emprunt

Bonjour, alors comme convenu je vais vous poser des questions sur la relation-école
famille et de votre point de vue en tant qu’enseignant.

D’accord.

Alors, pour commencer pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Béatrice*, je suis enseignante depuis vingt ans depuis 2002 et là j’ai pour projet
de passer au secondaire si ça se passe bien.

D’accord, et dans l’établissement actuel depuis combien de temps enseignez-vous ?

En fait, j’ai commencé à Saint- André, ensuite j’ai eu une année de stage ensuite je suis partie
six ans en Chine mais dans les six ans c’était trois ans de contrat local donc j’ai perdu quand
même six ans sur ma carrière et ensuite je suis revenue à la Réunion en 2011 jusqu’à 2019, puis
en 2019 on a décidé de repartir avec ma famille en Andorre. Voilà donc on vient de revenir en
juin 2022 c’est tout récent.

D’accord, et pouvez-vous me décrire rapidement votre parcours professionnel ?

Alors, j’ai une licence d’espagnol mention FLE français, langues étrangères, à l’époque on va
dire que les latinos espagnols étaient contre le français langue étrangère je n’ai pas été choisi
pour partir en Espagne. Mon but c’était d’être professeur d’espagnol mais de partir quand même
un an en Espagne, j’étais la deuxième de la promo, mais je n’ai pas été prise car je n’avais pas
pris latin (ton ironique). Et il fallait que j’attende qu’une étudiante rate son année pour avoir de
la place, mais ça m’a tellement énervé sur le coup que je me suis dit pourquoi pas faire
professeur des écoles, donc j’ai tenté le concours, et j’ai eu le concours d’entrée en PE.

Et quelles ont été vos motivations pour être enseignante du coup ?

Bah honnêtement, au début on va dire que je voulais être vraiment professeur d’espagnol,
certains m’avait dit à l’époque que le CAPES était dur qu’il fallait le passer trois quatre fois
pour l’avoir euh que j’étais jeune que je devais passer professeur des écoles et après faire une
bretelle dans le secondaire. Au final, j’ai fait vingt ans dans le primaire car d’une, une fois qu’on
est posée c’est pas évident de reprendre ses études et de repasser le CAPES et puis je n’ai pas
été bien conseillé je pense à l’époque, il n’y avait pas tous ces centres d’orientations aussi.

117
Très bien, et pour vous quel est le principal rôle de l’école ?

Euh, bien entendu apprendre des choses mais pff. Ce que je disais c’est que je trouve que le
métier a beaucoup changé et que maintenant on ne transmet pas que les savoirs, j’ai l’impression
que les familles comptent sur nous pour l’éducation et c’est vrai qu’on nous demande des choses
qui dépassent nos compétences (ton ironique). Moi, je n’ai pas été formé en psychologie de
l’enfant, en orthophonie, en relation entre des parents qui se bagarrent (rire) donc tout ça ça fait
que je trouve que le métier a beaucoup changé. Et comme dirait le petit livre “Hein si j’aurais
su je ne serais pas venu ! ” (Rire)

Et quels sont vos objectifs en tant qu’enseignante ?

Au final, on a des programmes, et j’ai des CM2 mais il faut le dire que deux tiers de ma classe
n’ont pas le niveau de CM2 quoi ! Au final, je suis obligé de revenir sur des révisions. Par
exemple je regarde le niveau du CM2 on commence par des millions, mais euh je fais une
évaluation diagnostic à la rentrée et je m'aperçois que le tiers de la classe ne savent pas, à
manipuler les milliers donc, je me dis que ça ne vaut pas la peine de faire les millions. Sauf, qu'
après évidemment il y a du retard dans le programme normal de CM2. Et on a aussi la pression
des parents qui disent qu’on n’a pas tout fait dans le fichier et tout mais bon pour moi c’est
inutile d’aller faire les millions, si le gamin ne sait pas faire les milliers.

Et concernant les devoirs à la maison, qu’en pensez-vous, quel est votre point de vue ?

Alors, je sais que d’après les lois on ne donne plus de devoirs écrits et c’est vrai qu’avant moi,
je donnais des devoirs écrits j’ai dû arrêter de le faire. Par contre, je donne toujours des leçons
à apprendre, des poésies et puis des mots de dictée sur une semaine donc euh voilà. Après de
temps en temps, je donne un petit calcul à faire. Pour moi, c’est important car je suis parmi ceux
qui ont appris comme ça, donc au niveau des enfants il y en a pour qui ça peut être bénéfique
surtout les élèves qui sont en difficulté.

Très bien, et selon-vous, quelle est la méthode de travail la plus efficace pour un meilleur
apprentissage chez l’élève ?

Bah pour moi c’est de la manipulation qui est très importante donc les jeux de société pour
apprendre des mots par exemple, apprendre à compter. Mais, il y a quand même un problème
de matériel tout simplement qui peut limiter la manipulation, car moi avant je prenais de ma
poche, il n’y avait pas de coopérative. Mais, il y a trois ans de ça j’ai eu un problème avec des
parents-d ’élèves qui m’ont un peu dégoûté du métier on va dire et du coup j’ai décidé que je
n’achèterai plus de chocolats s’il n’y a plus de coopérative, voilà je fais avec ce qu’il y a dans
la classe et s’il n’y a pas on fait avec l’ardoise, on fait sans matériel. Donc, voilà c’est vrai que
je faisais des choses avant que je ne fais plus maintenant.

D’accord, et selon vous, quelle est la place de la famille dans la transmission des
connaissances chez l’enfant ?

Bah pour moi, elle est importante et primordiale le rôle de la famille mais on a deux types de
parents, on a les parents qui sont abonnés absents, donc une grande partie de ma classe cette

118
année c’est ça. Les enfants de CM2 se gèrent tout seul, impossible de voir les parents, j’ai une
gamine qui a eu son fichier là avant les vacances-là alors que nous on a commencé le fichier de
math qui était dans la liste des effets hein, depuis juillet dans la librairie qui est juste à côté de
l’école donc euh, après c’est peut-être un soucis financier, mais ce sont des familles qui ont
quand même des aides et le fichier coûtait même pas 15 euros je crois 13 euros et elle a eu son
fichier il y a deux semaines. Donc, pour moi c’est comme partout dans la vie hein, il y a des
parents qui s’investissent et puis il y a des parents pas du tout pas du tout ! Après, il y a des
parents qui suivent mais j’en vois moins, avant on avait des parents qui suivaient tellement que
voilà ils avançaient dans le programme, genre le gamin avait appris des notions pas forcément
bien apprises, et pas les bonnes méthodes mais j’avoue que j’en trouve plus vraiment ce type
de parent surtout cette année.

Et en tant qu’enseignante, sollicitez-vous souvent les parents ?

Euh, quand il y a des soucis, maintenant on voit le profil des élèves en difficulté où on peut
vraiment cerner, dyslexie etc. Si c’est que les difficultés scolaires, apprentissage on met des
aides en place mais je trouve que maintenant c’est plus défini pour repérer les difficultés des
élèves et au final pour certains, c’est bénéfique quand c’est détecter plus tôt. Mais voilà sinon
je contacte les parents s'il y a des problèmes de comportement.

Et avez-vous déjà constaté un manque de travail de la part de certains élèves lors des
devoirs donnés à faire à la maison ?

Oui, il y en a qui n’ont jamais appris leur leçon, jamais appris leur table en CM2 hein, jamais
appris leur poésie ! Donc, ce que je fais avec eux, ces élèves-là qui parfois ont des tâches
ménagères à la maison s’occuper du petit frère etc. Du coup, j’essaye d’adapter, je leur donne
par exemple une poésie niveau CP-CE1 au lieu de CM2 j’essaye de garde les mêmes thèmes
que les autres on va dire ou sinon c’est la même poésie mais ils apprennent une strophe, ils
redescendent à la récréation avec le cahier de poésie pendant deux jours n’est-ce pas (ton
ironique). Donc, voilà essayer de leur donner un rituel d’apprentissage. Car au final moi je suis
là en CM2 mais en sixième je leur dis qu’il n’y aura personne pour les booster comme je le fais.

D’accord, et percevez-vous une différence de niveau entre un élève de milieu favorisé et


un élève défavorisé ?

Oui, euh par exemple moi je n’ai rien contre la population mahoraise mais dans mon école il y
a un tiers de population mahoraise dans ma classe et forcément ce tiers-là n’a pas payé la
coopérative, donc voilà au final pour les projets on ne peut pas faire autant de chose que prévu,
les sorties on en fera moins et puis comme je disais la gamine qui a eu son fichier tardivement
bah pareil je vois la maman pour qui j’ai dû forcer pour la voir et au final elle dit que oui elle
va aller acheter mais je vois bien que la pauvre dame est débordé avec d’autres petits frères de
maternelle etc. Oui, ça joue, et ces élèves-là ont plus de contraintes de matériels par exemple,
et on va dire qu’ils sont les plus en difficultés. C'est surtout l’environnement familial je pense,
par exemple comme je disais les tâches ménagères c’est que ces enfants-là ont des petits frères
pour qui certains ont la responsabilité de s’en occuper, je vois certains de mes élèves à pied le
soir aller rejoindre leurs petits-frères et soeurs, donc voilà.

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D’accord, et comment faites-vous pour pallier un peu ces différences dans les
apprentissages ?

Bah de pallier dans les apprentissages je fais des groupes, forcément je ne les laisse pas choisir
les groupes. Donc, je mets en place des groupes hétérogènes et au moins que ce soit intéressant
pour les groupes. Après comme je dis, j’essaye mais ça reste compliqué.

Et du coup, lors des absences fréquentes des parents lors des sollicitations, comment
réagissez-vous ?

Bah par exemple, je reprends l'histoire de fichier ce que j’ai fait c’est que j'ai demandé à la
gamine pendant des semaines et des semaines, j’ai écrit des mots, donc un mot, le 2e et le 3e en
fluo (rire) le papa dit oui où se trouve la librairie bah je lui ai dit c'est écrit dessus après j'ai
essayé d'appeler quand j’avais toujours pas de nouvelles et au final après le RASED m'a dit bah
de faire avec la présence du directeur et tu verras ça a plus de points, donc on a fait on a
convoqué la maman qui est venue, elle était là les 2 petits frères qui bougent je voyais qu'elle
était débordée. Donc, au final elle a fini par dire oui on va acheter le fichier et donc 2 jours
après la gamine avait eu son fichier alors que ça faisait 2 mois qu'on attendait quoi donc des
fois c'est géré comme ça. On a un premier mot un 2e mot après un appel téléphonique et après
bah si ça ne répond pas, je parle au directeur hein pour certaines personnes le directeur ça
marche.

D’accord, et communiquez-vous souvent avec les parents ?

Dans mon ancienne école on avait un blog donc on a internet dans les classes ça c'était
formidable quand on a besoin de projeter les choses on a le projecteur avec internet donc dès
qu'on parle d'un truc aux enfants toc on a internet en haut débit là-bas donc ça c'était chouette.
Le blog était super, on partageait plusieurs photos pour les parents dans les activités etc. Chaque
jour, moi je mettais beaucoup l'art visuel, enfin les productions d'arts visuels et puis les projets
et ça marchait vraiment beaucoup le blog. Par contre, dans l’école actuelle, ça dépend des écoles
nous chez nous on n’a même pas de salles informatiques, je crois que voilà y a eu un manque
de budget la personne qui s'occupait de l'informatique n'a pas été réembauchée donc on a même
pas de salle informatique alors qu’il faut faire le B2I ça s'appelle plus comme ça je crois
d’ailleurs, mais voilà il faut faire toute une partie informatique on peut pas le faire parce qu'on
n’a pas le matériel et donc y a pas de longue et donc communication avec le cahier de liaison
pour les parents car pas possibilité d’avoir des blogs.

Et pensez-vous que la relation parent et enseignant est importante pour la réussite scolaire
de l’enfant ?

Oui c’est très important et puis il faut mettre les choses au clair dès la rentrée, sauf que bah y a
des parents qui ne viennent pas, donc j’explique mon moyen de fonctionner enfin la façon de
fonctionner ma classe tous les activités qui vont justement faciliter la communication avec les
enseignants le fait que souvent on a besoin de l'accompagnateur pour les sorties parce que sinon
y a pas de sortie et ça ils comprennent pas que s’il n’y a pas d'accompagnateur moi je peux pas
emmener les 23 élèves toute seule c’est interdit. Donc voilà, donc moi je mets les choses au
clair à la réunion de rentrée en fait, sauf que, bon on n’a même pas la moitié des parents qui
sont venus quoi et vraiment j'ai de plus en plus ce cas. Il y a des parents absents et puis ceux

120
qui sont là parfois ils sont super stressés envoyer 2,3 mails par jour donc voilà on a vraiment
les 2 opposés quoi les parents super stressés qui vont envoyer 33 mails par jour et parce que par
exemple l’enfant est malade il faut que vous m'envoyez devoir oui mais s'il est malade il va
peut-être pas beaucoup travailler de parents on va dire (rire).

Très bien, et lorsqu’un parent vous fait part de ses difficultés que faites-vous ?

En fait là j'ai des parents qui paniquent c'est que y a un qui a déjà un PPS c'est à dire que c'est
pour ces familles c'est vraiment une procédure de longue haleine quoi c'est à dire que l'enfant
a des difficultés depuis la maternelle ou le CP il est repérait, il faut prendre rendez-vous avec
le médecin et il faut monter les dossiers et enfin au bout de 3 ans quand ils ont une aide de
l’AESH et ben je comprends. Moi, j'ai une maman là qu'elle me dit oui la PPS ça fait longtemps
qu’on a bataillé pour avoir quelques heures et je l'ai écouté mais je lui ai dit que de toute façon
là il en CM 2 les heures d’AESH en fait c'est surtout pour les cycles 2 donc lui il a le droit mais
il a le droit pour les heures restantes des AESH. Donc j'essaie de lui expliquer pour lui dire ben
voilà donc elle panique pour les évaluations oui mais il va tout rater etc. s’il n’y a pas d’AESH
moi je lui dis bah ne vous en faites pas, je sais son niveau, je donne pas la même choses tout
simplement, où je n'utilise pas le même barème que les autres ou je mets pas de notes et je mets
exercices non faits en fait je mets non évalué tout simplement et je note seulement sur ce qui
est fait. Enfin, y a plein de remédiation à faire mais c'est vrai que pour ces parents-là qui ont
bataillé par exemple on va voir une AESH et que et voilà qui ont fait les démarches sur les
médecins et qui finalement ne sont pas prioritaires c’est vraiment compliqué, donc j’essaye
vraiment de rassurer.

Et plus concrètement, qu'attendez-vous des parents dans la scolarité de leurs enfants ?

Bah un minimum quoi voilà je ne sais pas moi, mais quand l'enfant vient à l’école avec le sac
sale, avec des chaussettes sales et troué dedans je trouve que ce n'est pas mon métier qu’ils
s’impliquent un minimum et qu’ils s’y intéressent. Par exemple, il y a 3 ans de ça j'ai eu un
problème avec des parents, enfin voilà je faisais confiance un peu à tout le monde et puis moi
c'était l'enfant en premier donc à un moment donné il y avait un petit qui avait donc un sac tout
sale tout croûté, avec des chaussettes sales, le goûter écrasé, un morceau de cahier, etc. Et puis
j'ai secoué le sac moi-même et j’ai olala on n’est pas chez les cochons c'était une expression on
n'est pas chez les cochons ce n’était pas méchant donc je dis ça tu mets de côté le goûter là, sur
la table, le cahier j'ai agrafé j'ai dit bon là c'est bon. Et en fait, cette expression-là s’est retournée
contre moi parce que moi j'ai pensé au bien de l'enfant et donc les parents me voulaient du mal
et ont dit que Madame a dit que cet enfant venait d'une famille de chiens ou de cochon alors là,
forcément moi je n’ai pas apprécié du tout, et maintenant je ne touche plus les affaires des
gamins hein je me dis ça peut être grave et après ça va au tribunal là-bas maintenant s'il a le
goûter écrasé dans le sac et bah tant pis pour lui. Donc, on va dire que mon intérêt pour l'enfant-
même a beaucoup changé avec le temps, parce que maintenant je me protège et je ne touche
plus les affaires personnelles des enfants c'est clair.

Et actuellement, comment désignerez-vous la relation avec les parents de vos élèves ?

Ça va avec ceux qui s'impliquent, ça se passe bien. Mais comme je vous dis il y a 1/3 des parents
abonnés absents, ensuite les autres qui sont venus à la réunion ils sont présents parce que je vois
dans le travail par exemple fait à la maison et sur les dires des enfants. Certains par exemple,

121
pour accompagner à la piscine ils sont volontaires mais ils ont pas forcément le temps mais je
vois que bon il y a quand même eu quelques volontaires et puis je vous ai dit il y a aussi les
gens super stressés parce que leur enfant a toujours eu des difficultés que voilà et puis voilà on
a vraiment toutes sortes de parents mais on a un bon tiers abonné absent c'est-à-dire jamais
payer la coopérative, jamais vue à l'école et l’école bah pas leur premier souci (ton ironique et
rire).

Mise à part l’histoire du fichier, avez-vous déjà eu un cas complexe où le parent ne


coopérait pas du tout ?

Moi j'ai failli démissionner il y a trois ans avec une histoire qui m'a vraiment dégoûtée du métier,
donc j’explique le contexte, en fait j'avais une élève qui était brillante de CM1 et c'est vrai que
je trouvais qu'elle s'ennuyait elle était vraiment brillante mais vraiment on voyait que son niveau
était beaucoup plus fort que les autres, très autonome etc. pour moi au bout de 2 semaines je
voulais la faire sauter la classe et donc ça s'est bien passé tout ça. Mais quelques mois plus tard
donc au mois de mars j'ai le parent qui m'a dit oui nous avons fait les bilans psy mais c'est pas
le psy scolaire hein des psychologues privées on a le bilan de l’ergothérapeute et le bilan de ce
psychomotricité donc au départ c'était un problème juste parce qu'elle devait écrire en scripte
j’ai dit y a pas de souci pour écrire en script parce que ça lui faisait mal à la main je dis OK bah
même si ça va écrire plus lentement on me dit que le médecin a dit que ça va être plus bénéfique
dans sa vie d'adulte j’ai dit ok. Et puis la réunion continue alors que c'était pas prévu, parce
qu'elle veut sauter de classe j'ai dit bah par contre elle est peut-être douée le papa faisait le
programme de mathématiques de 5e en CM1, j'ai dit bah forcément si vous faites les maths en
cycle de 5e, oui elle s'en sort bien mais par contre en orthographe elle ne fait pas forcément les
accords et c'est pas excellentissime et surtout je leur dis et surtout au bout de 20 ans de carrière
on m'a dit que la maturité de l'enfant ça compte je dis votre fille le premier avril elle a collé les
petits poissons dans le dos comme toute ma classe de CE2 CM1 mais les CM2 6ème, ce n’est
pas la même ambiance. Et donc j’ai dit que je n'y étais pas forcément favorable parce qu'elle
n'est pas excellentissime en français et je pense qu'elle manque de maturité et c'était pour le
bien-être de l'enfant que j'ai dit ça. Mais, holala et bah les parents m'ont fait des lettres comme
quoi Madame insultait ses élèves tous les jours, un courrier envoyé au directeur et un à
l'inspecteur etc. Et moi, comme j'étais nouvelle dans l'école j'ai des collègues qui m'ont soutenu
verbalement mais le directeur ne m'a pas forcément soutenu parce l'inspecteur m’a plus soutenu
que mon directeur c'était grave ouais. Et donc, j'ai essayé voilà de tenir au bout d'un mois parce
qu’au final tous les jours je me faisais insulter, où Madame m'a dit ceci Madame m'a dit cela.
C’est partie jusqu’au tribunal mais, on m'a dit que comme les parents ont dit que c'est leur fille
qui a dit ses dires c'est une enfant et juridiquement ce n’était pas valable. Mais voilà ce qui s’est
passé y a 3 ans m'a complètement changé ma vision du métier maintenant, je me protège moi
et ma famille et mon métier ben je ne me donne plus autant à fond, c’est si y a pas d'argent bah
y a pas de projet et puis voilà en fait je voulais être gentille et bienveillante et ça s'est retourné
contre moi et maintenant je me protège de ça, je ne veux plus que ça arrive ce genre de chose.

D’accord, et pensez-vous que l’implication des parents joue un rôle dans la motivation
scolaire de l’enfant ?

C'est sûr, c'est sûr, c'est sûr, parce que je vois bien les élèves qui sont un peu laissés livrés à
eux-mêmes, ils sont à l'école pour être à l'école mais ils n’ont pas forcément cette motivation
alors que j'en ai qui voilà qui en veulent en fait, et qui vont au-delà de ce que je les apprend. Je
dit aussi aux parents hein de pas compter seulement sur l'école pour la réussite de leur enfant,
c'est ce qu'un collègue avait dit il y a quelques années j'ai trouvé ça un peu fort en chocolat mais

122
au final je finis par dire la même chose au bout de quelques années et c'est vrai que bah ceux
qui font la différence c'est ceux, qui vont faire un peu plus ce qui s'intéresse à d'autres choses à
l'extérieur de l'école ça c'est sûr hein donc oui je pense que l'intérêt que porte les parents au
travail de leurs enfants et la réussite de leurs enfants bah ça c'est carrément important.

Et en cas d’échec scolaire, ou de mauvaises notes répétées de l’enfant, qui tiendrez-vous


le plus souvent responsable ?

Bah ça dépend on signale les élèves au RASED, on voit très bien d'ailleurs y a le maître E et le
maître G et moi j'ai un élève-là qui est arrivé 3 semaines après la rentrée, donc on avait déjà fait
les évaluations diagnostiques etc. il est arrivé complètement fermé triste et on voyait qu'il était
pas bien quoi donc là si on voit tout de suite que c'est relationnel et que c'est comme il est pas
bien il va pas forcément bien travailler. Je l’ai vu, un peu motivé pour les maths parce qu'il aime
le calcul et pour le sport parce qu'il adore courir dans l'esprit de beaucoup mais à part ça il fait
toujours la tête, c'est toujours triste dans la classe et bon la mère est venue me voir pour me
parler de sa situation familiale qui est compliquée qu'elle a un peu fuit Saint Paul et qu'elle se
retrouve au Tampon qu’elle a perdu la garde de ses autres enfants plus petits et que bah mon
élève il a du mal à gérer ça, parce qu’au final il voit plus son petit frère quoi et donc, là je pense
que voilà c'est super compliqué de bien travailler qu'on n'est pas bien dans sa tête et dans son
esprit et c'est pareil pour les adultes et c'est pareil pour les enfants mais pour les enfants c'est le
plus visible, ça dépend du contexte je dirais.

Et lors de vos séances, avez-vous souvent des cas d’enfants qui représentent peu de
motivation ?

Oui oui, et c'est pour ça que des fois que je passe souvent par le jeu donc je fais des petits jeux
au tableau, celui qui gagne il reste celui qui perd il s’en va ! Ils ont l'habitude et en fait, ça les
motive bien avant d'écrire la leçon avant de passer aux exercices systématiques, ils ne se rendent
pas compte parce qu’au final ils sont en train de travailler mais eux c'est gagner gagner ! Donc
ils sont contents de faire le travail.

Comment parvenez-vous à impliquer les parents dans la scolarité de leurs enfants ?

Euh, là par exemple pour la piscine, il faut des accompagnateurs j'ai essayé de voir qu'ils
pouvaient passer l’agrément mais vraiment qui était volontaire pour le faire parce que, avant il
fallait l'agrément ça suffisait mais maintenant il faut l'agrément 3 donc il faut savoir nager il ne
faut pas juste rester en tant que surveillant donc je leur dis bien que c'est important pour leurs
enfants que ils savent nager et que sinon je peux pas y aller seule. C'est génial donc voilà, les
choses comme ça et puis je leurs dit à chaque fois qu'on a de la chance d'être dans une école, au
centre-ville donc, il y a des choses qu'on peut faire sans prendre le bus et là on va rencontrer
par exemple, une autrice créole et il faut quelqu'un pour m'accompagner donc j’essaye de les
impliquer, ils ont de la chance c’est gratuit et il faut profiter. Donc voilà j’ai toujours les projets
de la classe et que et donc voilà de toute façon s’il n’y a pas les parents c’est compliqué par
exemple là on a fait un projet sur la carte postal pour aller mettre le time dessus acheter le timbre
et je sais que y a beaucoup qui vont pas le faire donc à la rentrée, je vais récupérer les enveloppes
qui n’ont pas été affranchies et puis en espérant que voilà qu’ils ne sont pas perdus. Enfin bref
voilà, je fais passer par l'enfant et si les parents veulent que le projet marche et bah il faut y
mettre du sien (rire).

123
Très bien et quand un enfant ne réalise pas les devoirs à la maison, comment réagissez-
vous ?

Souvent je leur parle du collège, je joue là-dessus beaucoup et ça stresse certain parce que
certain disent « tu nous stresses tu nous stresses » j'ai dit mais oui j'ai dit par contre au collège
tu as pronote et quand tu es encore en cours avec un autre professeur mais le prof d'avant il a
déjà mis la note et je leur dis qu'il n'y a pas que des notes, il y a des petits points de compétence
rouges et verts. Donc, je parle souvent du collège pour leur faire prendre conscience et je
regarde qui a travaillé à la maison sur plusieurs semaines hein et par exemple au lieu de mettre
A- je mets A pour les motiver et leur donner envie.

Et avez-vous déjà eu des cas de décrochage scolaire pour des enfants, pour qui les parents
ne s’impliquent pas ?

Oui y en a, alors il y en a beaucoup et donc je les prends en APC le matin donc, ce que je fais
des fois c'est un peu bébête certains vont trouver par exemple, le vendredi quand on va faire la
dictée bilan et bien je leur donne la dictée hein et je leur donne la dictée, on prépare ensemble
juste avant en fait. Et au moins, ils sont en réussite, au début pas forcément motivé mais après
quand ils ont compris qu’au final ils ont vraiment la dictée et qu’ils ont de quoi avoir une bonne
note, bah ils sont contents et voilà donc je les met dans une situation de réussite ces enfants-là
et je pense qu’au final il faut plus les mettre dans une situation de confiance et de réussite, et
non aller chercher le résultat oui donc je me dis si on a déjà leur confiance c’est déjà gagné !

Et pensez-vous que l’école donne suffisamment de clés aux familles en difficulté ?

Est-ce que c'est notre rôle, je ne sais pas si c'est notre rôle, parce que comme je le dis au bout
de 20 ans j'ai l'impression qu'on nous demande d'être psychologue, orthophoniste, médiateur
entre les parents des choses auxquelles je n’ai pas été formé, j'ai passées ça comme concours
(Rire). Cela s’est dégradé avec la crise sanitaire parce que en fait on a très bien vu en tout cas
moi, ceux qui avaient les moyens qui avaient de l'ordinateur, internet à la maison et ceux qui
avaient du mal, qui travaillait, qui essayait de me rendre un truc sur le téléphone et ils avaient
un téléphone et ils essayaient de voilà de faire des trucs sur le téléphone répondre juste 3 phrases
comme ça mais ça a mis en valeur les inégalités sociales et les inégalités entre enfants hein.
Parce que c'est bien joli l'école pour tous, mais au final, je trouve que oui mais il y a les inégalités
et donc ça je pense ça a renforcé la perte de la motivation des parents de milieux défavorisés
surtout.

D’accord, et pour les améliorations, mettrez-vous d’autres stratégies en place pour


améliorer la collaboration école-famille ?

Alors il y a l’UDAF après parfois je me dis, que les parents ne sont jamais contents par exemple,
j’avais un gamin justement qui est capable mais qui les parents suivent pas les devoirs, donc ils
ont dit au RASED ouais ce serait bien que l'école paye l’UDAF alors là, le directeur me regarde
me dit pourquoi c'est l'école qui devrait payer l’UDAF, c'est pas censé marcher comme ça et
en effet ça marche pas comme ça, parce que c'est payant donc c'est je sais pas combien par mois
c'est une association qui aide les enfants à faire le travail si besoin, mais il faut payer pour que
ça fonctionne quoi. Après il y a des associations, mais tout est payant quoi et là par contre ça
c'est chouette. Après on a l’USEP, mis en place bah payant à 13 euros à cause de la crise
sanitaire, donc moi j’ai 8 ou 9 élèves qui ont payé et là on a eu une dernière réunion du Conseil

124
des maîtres et on apprend qu'il y a la cité éducative, donc le théâtre qui est juste à côté qui
propose des activités gratuites aux enfants. Du coup, on est content parce que les enfants en fait
pourront faire plein de choses en midi et deux mais sauf que les parents qui ont payé 13€ on a
peur qu'ils ne soient pas content donc ce sont des choses qui nous prennent la tête et ça nous
dépasse nous en tant qu'enseignant hein et que il faut vraiment hein aller voir le directeur le dire
voilà après ce qu'on va essayer de faire c'est de proposer à ceux qui ont payé 13€ une 2e activité
gratuite, pour essayer de temporiser tout ça mais bon voilà. Après d'autres mesures je ne sais
pas, pour moi l’école fait de son maximum, donc maintenant c’est au bon vouloir des parents
s’ils veulent que ça fonctionne. Là encore j’ai des collègues qui ont un grand projet de voyage
à Paris et tout ça si les parents ne s'impliquent pas pour faire des gâteaux pour payer c'est sûr
que y a pas de voyage. Et actuellement, on a un projet qui est culture créole et moi j'aime bien
parce que les enfants accrochent bien ça s'appelle karambolaze donc on a rencontré Monsieur
Sorres qui fait de la musique donc ça s'appelle la musique créole bref et il nous a montré ce
qu'il est capable de faire avec les enfants. En fait, c'est à dire sur juste une phrase qui peut être
soit sur la laïcité ou les animaux de la réunion ou n'importe quoi. Et la dernière fois il y a eu
une présentation sur le gecko de manapany avec une classe plus petite et ils ont réussi à faire
vraiment une petite chanson sympa donc ce genre de projet qui je trouve sympa permet de faire
un lien entre tous. Et, ça c'est fédérateur ça c'est bien. Mais, voilà pour moi l’école fait déjà son
rôle et ce n’est pas son rôle d’impliquer la famille. Pour que la relation fonctionne il faut que la
famille ait envie aussi.

D’accord, je vous remercie je n’ai plus de questions. Avez-vous des choses à rajouter ?

Des choses à rajouter, hé faut bien réfléchir pour être maîtresse, que le métier a beaucoup
changé et que j'ai beaucoup de personnes de ma génération en fait après 20 ans dans un métier
bah on a envie de changer et j'ai beaucoup de collègues-là qui ont la quarantaine, qui reste dans
l'éducation nationale mais qui font autre chose que professeur des écoles par exemple, il y a une
qui s'occupe par exemple d'un centre de lecture donc assez différent, parce que les enfants ils
viennent à la journée c'est pas tes élèves, et tu mets en place un projet donc c'est vraiment
différent quoi t'as pas la gestion des livrets, ou des parents à gérer et puis les enfants sont
toujours heureux de venir à un projet. Et après il y a notre collègue-là qui va être responsable
de l’USEP donc ça aussi c'est cool hein parce que final il met en place des projets dans
différentes écoles et voilà. Et moi aussi je ferais bien autre chose et on verra mais je ne sais pas
quoi (rire) !

D'accord merci à vous !

125
Léanne Master MEEF
MOURIAPRÉGASSIN Mention PIF
Parcours
Recherche en
éducation

Résumé :
Ce travail de recherche s’intitule, la relation famille-école : l’implication de la famille dans la motivation scolaire et le rapport à l’école de
l’enfant en école primaire.

L’objectif de ce mémoire est d’étudier l’impact que les familles peuvent avoir au cours de la scolarité de l’enfant et sa motivation scolaire à
travers leur implication et leur participation au sein de l’école. Cette recherche s’est réalisée par le biais d’une méthode qualitative grâce à
l’élaboration des entretiens semi-directifs sur deux populations : les parents-d ‘élèves et les professeurs des écoles élémentaires dans des
milieux sociaux différents (milieu favorisé et milieu défavorisé). J’ai donc choisi de porter mon intérêt sur ce sujet en raison du contexte
réunionnais, où le système éducatif est jeune.

J’en suis parvenue à la question de recherche : En quoi l’implication des parents dans le devenir scolaire de leurs enfants et la qualité du
lien avec l’enseignant sont-ils des facteurs déterminants dans le rapport à l’école et le rapport au savoir de l’enfant en école élémentaire à
la Réunion ?

Les entretiens réalisés ont apporté des réponses sur l’importance de la collaboration école-famille pour la bonne scolarité de l’enfant et que
le rapport à l’école des parents a une influence sur le rapport de leurs enfants à l’école et leurs motivations scolaires. Selon nos résultats, les
acteurs de cette collaboration insistent sur l’importance du respect mutuel, la permanence de la communication afin de favoriser
l’épanouissement et la réussite scolaire de l’enfant.

Mots-clés : Relation famille-école, implication, rapport au savoir

Abstract:
The title of this research is "The family-school relationship: the involvement of the family in the school motivation and the relationship to
the school of the child in primary school".

The objective of this thesis is to study the impact that families can have during the child's schooling and his or her motivation at school
through their involvement and participation within the school. This research was carried out by means of a qualitative method using semi-
directive interviews with two populations: parents and primary school teachers from different social backgrounds (privileged and
disadvantaged). I therefore chose to focus on this subject because of the context of Reunion Island, where the education system is young.

I arrived at the research question: How are parents' involvement in their children's schooling and the quality of the relationship with the
teacher determining factors in the child's relationship to school and to knowledge in primary school in Reunion?

The interviews provided answers to the question of the importance of school-family collaboration for a child's successful schooling and the
fact that parents' relationship with school has an influence on their children's relationship with school. According to our results, the actors
in this collaboration insist on the importance of mutual respect and the permanence of communication to promote the child's development
and success at school.

Keywords: Family-school relationship, involvement, relationship to knowledge

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