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Enonciation Et Pragmatique m2

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UNIVERSITÉ BATNA 2

FACULTÉS DES LETTRES ET DES LANGUES ÉTRANGÈRES


DÉPARTEMENT DE LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISES

ENONCIATION ET
PRAGMATIQUE

Cours conçu par Soraya HADJARAB

Niveau : Master 2 - Sciences du langage

2021-2022
CONTENU DU COURS
Introduction
L’approche socio-pragmatique en sciences du langage 
1. L’énonciation
1.1 Les marques linguistiques de l’acte d’énonciation et de l’ancrage
énonciatif
1.1.1 La situation d’énonciation
1.1.2 Les modalités d’énonciation
1.2 Les plans de l’énonciation et ancrage énonciatif
2. La pragmatique
2.1 La théorie des actes de langage
2.2 La pragmatique cognitive (la théorie de la pertinence)
2.3 La pragmatique intégrée
Conclusion
Bibliographie
INTRODUCTION
L’APPROCHE SOCIO-PRAGMATIQUE EN SCIENCES DU LANGAGE 

 Tout acte de parole a lieu dans un contexte défini par des


données spatio-temporelles et socio-historiques.

 La pragmatique vise à montrer comment ces données


interagissent avec le système de la langue et comment le sens
prend naissance dans un contexte situationnel donné.

 Exemple : « Je suis content » n’est pleinement saisi par un


auditeur ou un lecteur qu’après qu’il a appris que le locuteur
est X.
après la contextualisation
1. L’ÉNONCIATION
 Elle trouve son origine au début des années 1960 avec les
réflexions d’Emile Benveniste.

 Elle se fonde sur les critiques de la linguistique de la


langue ou du code.

 L’essentiel du travail du linguiste consistait dans le


repérage et l’analyse des marques (indices) de
l’énonciation dans la parole.

« L’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue


par un acte individuel d’utilisation. » (Benveniste, 1974 : 80)
LA SITUATION D’ÉNONCIATION

L’interloc
Le uteur
locuteur
le lieu et le
moment de
leur échange
(cadre spatio-
temporel)

Situation d’énonciation
1.1 LES MARQUES LINGUISTIQUES DE L’ACTE
D’ÉNONCIATION ET DE L’ANCRAGE ÉNONCIATIF
« L’APPAREIL FORMEL DE L’ÉNONCIATION » (BENVENISTE, 1966)

Les déictiques personnels et Les Modalités


spatio-temporels
 Le je et le tu désignent les  Les modalités d’énonciation
Assertive : Tu restes souvent silencieux.
protagonistes de l’énonciation.
Interrogative : Restes-tu souvent silencieux ?
Exclamative : Tu restes souvent silencieux !
 L’espace et le moment de Jussive : Reste silencieux !

l’énonciation s’inscrivent dans  Les modalités d’énoncé


des formes Elles expriment l’attitude du locuteur par
linguistiques comme les rapport au contenu de l’énoncé. Noms,
adjectifs, verbes et adverbes pouvaient
démonstratifs et les adverbes permettre au locuteur d’exprimer sa
(ceci, cela, ici, maintenant, subjectivité

hier, l’an dernier, demain etc.)


1.2 LES PLANS DE L’ÉNONCIATION ET
ANCRAGE ÉNONCIATIF (BENVENISTE, 1966)

Histoire/récit Discours
(Le locuteur ne s’investit pas dans son texte) (Fort investissement du locuteur dans le texte)

Passé simple, imparfait, conditionnel, - Tous les temps sauf le passé simple
plus-que-parfait, présent de vérité générale - Principaux : présent, futur, passé composé

Domaine de l’écrit Domaine de l’oral et des productions


oralisées

3ème personne Toutes les formes personnelles

Pas de marques déictiques Marques déictiques

Repère : le temps de l’événement énoncé Repère : temps de l’énonciation


2. LA PRAGMATIQUE

 « La pragmatique aborde le langage comme phénomène à la fois


discursif, communicatif et social ». (Francis Jaques, 1979 cité par
Bracops, 2010)

 En tant que discipline qui s’attache à la communication et à ses


acteurs, ces concepts constituent des appuis lui permettant de
répondre aux questions qui la préoccupent : que faisons-nous lorsque
nous parlons ? comment se fait-il que nous ne disions pas toujours ce
que nous voulons dire, ni ne voulions dire ce que nous disons?
Qu’avons-nous besoin de savoir pour que telle phrase cesse d’être
ambiguë ? Pouvons-nous nous fier au sens littéral d’un propos ?etc.
2.1 LA THÉORIE DES ACTES DE
LANGAGE
LES PHILOSOPHES DU LANGAGE
 Elle se fonde sur une opposition à « l’illusion
descriptive » qui veut que le langage ait pour fonction
première de décrire la réalité et que les énoncés
affirmatifs soit toujours vrais ou faux.

 Elle est née avec la publication posthume en 1962 d'un


recueil de conférences données en 1955 par John
Austin « Quand dire, c'est faire » (1970)

 A la suite d’Austin, elle est développée par J.-R. Searle


dans deux ouvrages « Les Actes de Langage » (1972), et
« Sens et expression » (1982).
LA THÉORIE DES ACTES DE LANGAGE
Constatifs et performatifs, première Les trois actes de langage, nouvelle
distinction distinction

 Les premiers peuvent recevoir une  l’acte locutoire est accompli


valeur de vérité. Les seconds ne
par le faite de dire quelque
peuvent pas recevoir une valeur de
vérité par contre ils peuvent être chose.(celui de prononcer la
heureux ou malheureux, l’acte peut phrase)
réussir ou échouer.  l’acte illocutoire est accompli
Exemple :
en disant quelque chose.
1/Le chat est sur le paillasson (vrai ou
 l’acte perlocutoire est
faux selon les conditions de vérité qui
le régissent). accompli par le fait de dire
2/ Je te promets que je t’emmènerai au quelque chose. (effets
cinéma demain. (Heureux ou éventuels de l’acte illocutoire,
malheureux selon les conditions de
félicité qui le régissent)
conséquences de cet acte)
L’ACTE PROPOSITIONNEL
 Searle ajoute un quatrième acte aux trois précédents
décrits par Austin, l’acte propositionnel qui correspond à
la référence (SN) et à la prédication (SV).
 Différents actes illocutionnaires peuvent être réalisés au
moyen d’un même acte propositionnel.
Exemple :
Max mange. (affirmation)
Max mange-t-il ? (question)
Mange, Max ! (ordre)
LES ACTES DE LANGAGE INDIRECTS
 Un acte de langage indirect dit aussi primaire est un acte
illocutionnaire exprimé indirectement c'est-à-dire au moyen
d’un autre acte dit secondaire.

 Dans le cas d’un acte de langage indirect ce qui est signifié par
la phrase ne correspond pas à l’intention du locuteur ainsi nous
avons deux actes, l’un accompli par la phrase et l’autre par le
locuteur.

Exemple : Peux-tu me passer le sel ?

(L’acte primaire est une requête, l’acte secondaire est une


question).
LA CLASSIFICATION DES ACTES DE
LANGAGE

Selon Searle Selon Austin

 Les représentatifs (expositifs chez Austin), qui  Verdictifs : actes Juridiques (acquitter,
engagent le locuteur sur la vérité de la proposition condamner, prononcer, décréter, classer,
exprimée (asserter, conclure)
évaluer, etc.)
 Les directifs (exercitifs chez Austin), qui sont des
 Expressifs : jugement que l’on porte sur ce
tentatives du locuteur de conduire l’interlocuteur à
faire quelque chose (demander, ordonner) qui devrait être fait (dégrader, commander,
 Les commissifs (promissifs chez Austin), qui ordonner, léguer, pardonner, etc.)
obligent le locuteur à effectuer une action future  Promessifs : obligent le locuteur à adopter
(promettre, menacer, offrir) une certaine attitude (promettre, garantir,
 Les expressifs (comportatifs chez Austin), qui parier, jurer de, etc.)
expriment un état psychologique (remercier,
 Comportatifs : attitude ou réaction face à la
s’excuser, accueillir, féliciter)
conduite d’autrui ou à la situation
 Les déclaratifs (verdictifs chez Austin), qui
entrainent des changements immédiats d’ordre (s’excuser, remercier, déplorer, critiquer,
institutionnel et tendant à impliquer des structures braver ; etc.)
institutionnelles spécifiques (excommunier, déclarer  Expositifs : employés dans les actes
la guerre, baptiser, etc).
d’exposition (affirmer, nier, postuler,
remarquer, etc
2.2 LA PRAGMATIQUE COGNITIVE
LA THÉORIE DE LA PERTINENCE
 La théorie de la pertinence est une théorie pragmatique (D.
Sperber et D. Wilson, 1986) qui a vu le jour dans les années
1980. Elle est la fois une théorie de l’interprétation des
énoncés en contexte et une théorie de la cognition.
 La théorie de la pertinence est fondée sur un principe
expliquant la communication et la cognition : le principe de
pertinence.
 Le principe de pertinence: tout acte de communication
ostensive communique la présomption de sa propre
pertinence optimale.
 Sans cette présomption de pertinence optimale, il est
impossible d’expliquer pourquoi le destinataire lui prête
attention.
LA PERTINENCE
 Un énoncé est pertinent dans un contexte donné s’il a au moins un
effet dans ce contexte.

 Si l’interprétation d’un énoncé demande un certain coût de


traitement ou effort cognitif, alors sa pertinence en dépend. On
définira dès lors la pertinence de la manière suivante :

-Toutes choses étant égales par ailleurs, plus un énoncé produit des
effets contextuels dans un contexte donné, plus il est pertinent dans
ce contexte.

- Toutes choses étant égales par ailleurs, plus un énoncé demande des
efforts cognitifs dans un contexte donné, moins il est pertinent
dans ce contexte.
EFFORTS ET EFFETS COGNITIFS 
 Efforts cognitifs : effort de traitement de l’acte de
communication. Ils dépendent de : la longueur de
l’énoncé, accès aux informations encyclopédiques,
nombre de règles logiques impliquées par le mécanisme
déductif.

 Effets cognitifs ou contextuels : résultat du processus


d’interprétation. Ils sont de trois types : ajout d’une
hypothèse, via une implication contextuelle ;
modification de la force avec laquelle une hypothèse est
entretenue ; suppression d’une hypothèse en cas de
contradiction.
LES PROCESSUS INFÉRENTIELS
 Inférence : c’est une activité de raisonnement, une opération de
déduction qui consiste à tenir pour vraie une proposition en
raison de son lien avec d’autres proposition déjà tenues pour
vraies.

 Hypothèses contextuelles
«De manière générale, on peut dire que toute hypothèse que
l’auditeur d’un énoncé est capable de se représenter, soit par sa
mémoire, sa perception, ou par déduction logique, et qui
contribue à l’interprétation d’un énoncé, fait partie du contexte
dans lequel cet énoncé est traité. Nous définirons donc la notion
de contexte comme étant l’ensemble des hypothèses que le
locuteur se représente mentalement et qui contribuent à
l’interprétation de l’énoncé ». (Zuferey et Moeschler, 2012 : 11) 
Le sens de l’énoncé
ne correspond
généralement pas à
Contexte Enoncé Hypothèses Sens la signification de la
contextuelles phrase. Pour

L’INTERPRÉTATION DES ÉNONCÉS


comprendre le sens
Le facteur de l’énoncé,
Quelle heure passe à 11 Il est 11 heures l’interlocuteur doit
faire des inférences
est-il ? heures sur la base de la
signification de la
phrase et
On va chercher l’hypothèse
Bruit d’une le courrier dès Va chercher le contextuelle. C’est
voiture Le facteur que le facteur courrier une activité de
vient de passer est passé raisonnement, une
opération de
déduction qui
On libère le consiste à tenir pour
Bruit d’une chien dès que On peut libérer vraie une
voiture le facteur est le chien proposition en
raison de son lien
passé avec d’autres
proposition déjà
On sait qu’il ya tenues pour vraies.
Il y a du du courrier Je ne sais pas
courrier ? quand on a
levé le courrier
2.3 LA PRAGMATIQUE INTÉGRÉE
OSWALD DUCROT
 Elle s’inspire de la linguistique de l’énonciation .
 Elle est essentiellement développée à partir des années 1970 et surtout
des années 1980.
 Elle est vue comme une discipline fille de la linguistique, intégrée à la
linguistique.
 Elle s’intéresse à l’interprétation des énoncés et prend le relais de la
sémantique lorsque celle-ci a achevé son rôle et épuisé ses possibilités.
 Elle partage avec la pragmatique cognitive l’idée que le langage est un
moyen d’action.
 Elle considère l’énonciation comme une composante fonctionnelle de la
langue, une propriété associée au code linguistique et inscrite dans la
structure de la langue.
 C’est une théorie sémantique et une théorie de l’argumentation. Une
théorie non vériconditionnelle.
SIGNIFICATION CONCEPTUELLE ET
SIGNIFICATION PROCÉDURALE
 Ducrot constate que certains mots renvoient à des entités du monde. Ce
sont les verbes, les noms et les adjectifs (termes à contenu
conceptuel) et d’autres livrent des instructions, des procédures sur la
façon d’utiliser les phrases. Il s’agit essentiellement des pronoms
personnels, des conjonctions et des adverbes (termes à contenu
procédural).

 Le contexte est primordial pour déterminer la signification des mots qui


encodent de l’information procédurale.

 Les termes à contenu procédural sont étudiés dans le cadre de la


pragmatique plutôt qu’en sémantique.

Exemple: Hier, je me suis promené dans la forêt.


PRÉSUPPOSITION ET SOUS-ENTENDU

 Ducrot observe que tout énoncé assertif communique


une information explicite (exprime une proposition)
appelée contenu posé.

 Il peut véhiculer une information implicite


(présupposition ou sous-entendu)
LA PRÉSUPPOSITION
 Par un acte d’assertion, le locuteur accomplit de façon secondaire un acte
de présupposition, lequel est conventionnellement codé dans le langage.
Exemple : Felix est un farceur
Contenu posé (assertion) : Felix est un farceur
Contenu présupposé : Felix existe. (contenu implicite)

 La valeur de vérité de la présupposition et celle de l’énoncé sont


indépendantes l’une de l’autre.

 La présupposition est un principe de cohérence, c’est pourquoi elle peut


se manifester dans des énoncés non assertifs.
Exemple : Pour les vacances, tu veux qu’on aille en Italie?
Présupposé : Nous partons en vacances (contenu implicite)
LE SOUS-ENTENDU
 Un énoncé non littéral véhicule un contenu sous-
entendu.
 La production d’un sous-entendu dépend directement du
contexte, il est lié à l’énonciation (l’intonation, la
gestuelle, la mimique du locuteur ainsi que d’autres
données relevant de la situation de communication).
 Les facultés de déduction de l’interlocuteur sont
mobilisées pour l’interprétation de cet énoncé. *
Exemple: Bravo ! (énoncé ironique)
Sous-entendu : T’es nul.
L’INTERPRÉTATION DES ÉNONCÉS
 Elle s’accomplit en deux étapes successives. D’abord
linguistique ensuite pragmatique.
 Ce processus met en jeu un composant linguistique et un
composant rhétorique ou pragmatique.
 A la sortie du composant linguistique se trouve la
signification de la phrase.
-Le présupposé est un produit du composant linguistique. son étude
relève de la linguistique
 A la sortie du composant rhétorique se trouve le sens de
l’énoncé.
-Le sous-entendu relève du composant rhétorique. Son étude relève
de la pragmatique.
CONCLUSION
 La pragmatique a connu différents développements :
linguistique de l’énonciation, théorie des actes de
langage, pragmatique cognitive et pragmatique intégrée.

 L’analyse pragmatique du langage dans ses diverses


approches prend en compte des éléments intervenants
dans l’interprétation des énoncés (contexte, situation
de communication, connaissances encyclopédiques,
informations extralinguistiques, désambigüisation,
attribution des référents, force illocutoire, etc.) que la
linguistique (sémantique) écarte.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Ouvrages
Garric, N et Calas, F. (2007). Introduction à la pragmatique. Paris : Hachette
Kerbrat-Orecchioni, C. (1980). L’énonciation de la subjectivité dans le langage. Paris : Armand
Colin
Kleiber, G. (1994). « Contexte, interprétation et mémoire : approche standard vs approche
cognitive», Langue française, n° 103. Paris : Larousse. pp 9-22
Moeschler, J et Auchlin, A. (2009). Introduction à la linguistique contemporaine (3è éd.). Paris :
Armand Colin
Moeschler, J et Reboul, A. (1998). Pragmatique du discours, de l’interprétation de l’énoncé à
l’interprétation du discours. Paris : Armand Colin.
Paveau, M-A et Sarfati G-E. (2003). Les grandes théories de la linguistique. Paris : Armand Colin
Zuferey,Z et Moeschler, J. (2010). Initiation à la linguistique française. Paris : Armand Colin
Zuferey,Z et Moeschler, J. (2012). Initiation à l'étude du sens, sémantique et pragmatique. Auxerre :
Editions sciences Humaines.

Dictionnaires
Charaudeau, P et Maingueneau, D. (2002). Dictionnaire d’analyse du discours. Paris : Editions Du
Seuil.
Dubois, J et al (2012). Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage. Paris : Larousse
Neveu, F. (2004). Dictionnaire des sciences du langage. Paris : Armand Colin
 

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