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« Durance » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Durance (homonymie)}}
{{Voir homonymes|Durance (homonymie)}}
{{En-tête label|BA|année=2008}}
{{Infobox Cours d'eau|
{{Infobox Cours d'eau
nom=La Durance
| nom = Durance
|image=[[Image:Durance near Manosque.jpg|300px]]<br />La Durance à hauteur de [[Manosque]]
| autres noms =
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|module=180<ref>Serge Gachelin, « Le Réseau hydrographique majeur de la région », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 8</ref>
| carte = Durance.png
|commune=[[Mirabeau (Vaucluse)|Mirabeau]]
| légende carte = Cours de la Durance ([http://u.osmfr.org/m/383617/ carte interactive]).
|surf. bass.={{formatnum:14225}}
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| sources = [[SANDRE]]:{{sandre|X---0000|texte=X---0000|source=non}}, [[Géoportail (France)|Géoportail]], [[Banque Hydro]], [[OpenStreetMap]]
}}
}}


La '''Durance''' (en [[occitan]] : ''Durença'' selon la [[Norme classique de l'occitan|norme classique]] ou ''Durènço'' selon la [[norme mistralienne]]) est une [[Rivière française|rivière]] du sud-est de la [[France]], affluent du [[Rhône]]. D'une longueur totale de 323,8 kilomètres, elle est la plus importante rivière provençale.
La '''Durance''' est une [[Rivière française|rivière]] du Sud-Est de la [[France]] se jetant dans le [[Rhône]], dont elle est le deuxième affluent après la [[Saône (rivière)|Saône]] pour la longueur et le troisième après la Saône et l’[[Isère (rivière)|Isère]] pour le débit. Longue de {{unité|323.2|km}}, la Durance est la plus importante rivière de [[Provence]].


Rivière dite « capricieuse », autrefois redoutée pour ses crues, elle a été soumise à un effort continu d'aménagement depuis cent ans à des fins hydrauliques (approvisionnement en eau potable de [[Marseille]] et de la région) et hydro-électriques (avec le [[Verdon]], 6 à 7 milliards de kWh produits par an).
Rivière dite « capricieuse », autrefois redoutée pour ses crues, elle a été soumise à un effort continu d'aménagement, en particulier depuis le {{s|XIX|e}}, à des fins hydrauliques (approvisionnement en eau potable de [[Marseille]] et des villes alentour), agricole ([[irrigation]] de {{unité|75000|ha}} de cultures, responsable de prélèvements pouvant aller jusqu'à {{unité|114|m|3|/s}} d'eau dans la rivière<ref>R. Muller-Feuga, P. Ruby, « Alimentation artificielle de la nappe des alluvions de la Basse-Durance », ''La Houille Blanche'', {{n°|3}}, avril 1965, pp. 261-267 ([http://www.shf-lhb.org/articles/lhb/abs/1965/03/lhb1965023/lhb1965023.html résumé].</ref>, souvent au moment de l'[[étiage]]) et [[hydroélectrique]]s (avec le [[Verdon (rivière)|Verdon]], {{nobr|6 à 7 milliards}} de kWh produits par an).


== Étymologie ==
== Hydronymie ==
[[Image:Map Provence 1184.jpg|vignette|Le cours de la Durance sur une carte anglaise de la Provence médiévale.]]
La Durance est documentée sous les formes anciennes ''Druentia'' ({{s|I|er}}), ''Drouentios potamos'' (en [[Grec ancien|grec]]), ''Durantia'' ([[854]], [[1271]]) ou ''Durentia'' ([[1127]]). Les formes classiques sont probablement des altérations de ''*Dūrantia'', basé sur l'hydronyme ''[[dur-]]'' que l'on retrouve dans le nom de nombreuses rivières des Alpes occidentales ([[Doire|Dora]] en Italie, [[Dranse (Haute-Savoie)|Dranse]] en [[Haute-Savoie]], [[Drôme (rivière)|Drôme]]), Durensola, associé au suffixe locatif ''-antia''. Toutes ces rivières prennent leur source en haute montagne, et ont un cours torrentiel.


Le nom [[occitan]] ([[vivaro-alpin]], [[provençal]]) est '''''Durença''''' selon la [[Norme classique de l'occitan|norme classique]] ou bien '''''Durènço''''' selon la [[norme mistralienne]].
La Durance est un torrent bien plus faible que la [[Clarée (rivière)|Clarée]] et la [[Guisane]], qui s’effacent pourtant devant elle. Si le nom de Durance est prépondérant sur ceux de ces deux torrents, c’est probablement que la vallée de la Durance est une voie de communication importante et ancienne, alors que celles de la Clarée et de la Guisane sont des culs-de-sac<ref>Nicolas Mastras, « Durance, source et frontière » in Jacques Sapiega, ''La Durance, parcours & regards'', Conseil régional PACA, 2004 (DVD)</ref>{{,}}<ref name="Clébert20">Clébert & Rouyer, ''La Durance'', ''op. cit.'', p 20</ref>.

La Durance est documentée sous les formes anciennes ''Druentia'' ({{Ier siècle}}), ''Drouentios potamos'' (en [[Grec ancien|grec]]), ''Durantia'' (854, 1271) ou ''Durentia'' (1127). Les formes classiques sont probablement des altérations de ''*Dūrantia'', basé sur l'hydronyme ''dur-'' ou ''dru-'' que l'on retrouve dans le nom de nombreuses rivières des Alpes occidentales ([[Doire (rivière)|Doire]] en Italie, [[Dranse (Haute-Savoie)|Dranse]] en [[Haute-Savoie]], [[Drac]], [[Drôme (rivière)|Drôme]]), Durensola, associé au suffixe locatif ''-antia''. Toutes ces rivières prennent leur source en haute montagne, et ont un cours torrentiel.

La Durance est un torrent bien plus faible que ses affluents la [[Clarée (rivière)|Clarée]] et la [[Guisane]], qui s’effacent pourtant devant elle. Si le nom de Durance est prépondérant sur ceux de ces deux torrents, c’est probablement que la vallée de la Durance est une voie de communication importante et ancienne, alors que celles de la Clarée et de la Guisane sont des culs-de-sac<ref name="mastras"/>{{,}}{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=20|loc=|id=}}.


== Géographie ==
== Géographie ==

[[Image:Map Provence 1184.jpg|thumb|Le cours de la Durance sur une carte anglaise de la Provence]]
=== Source ===
La Durance prend sa source en plusieurs endroits, vers {{NaU|2300|mètres}} d'altitude, à proximité de Gondran, sur les pentes du sommet des Anges<ref>Gilbert Bessonnat, ''Durance et Verdon : la région alpine'', Riez, Musée de Riez, 1980, p 1</ref>{{,}}<ref>[http://www.altisud.com/vallee/Hautes%20alpes/vallee-de-la-durance.57.1.html Altisud], consulté le 28 août 2008</ref> dans le [[Département français|département]] [[France|français]] des [[Hautes-Alpes]], près de la [[Frontière entre la France et l'Italie|frontière italienne]], et se jette dans le [[Rhône (fleuve)|Rhône]] à quelques kilomètres au sud-ouest d'[[Avignon]], entre le [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] et les [[Bouches-du-Rhône]] dont elle fait office de frontière. Son affluent qui constitue le système le plus long, la Clarée, prend sa source à {{NaU|2634|mètres}} d'altitude sur les pentes du [[mont Chenaillet]] ({{NaU|2650|m}}), également dans les Hautes-Alpes.

[[Image:Sources durance.jpg|vignette|Sources de la Durance.]]

La Durance prend ses sources vers {{unité|2390|mètres}} d'altitude, au pré de Gondran, sur les pentes du [[sommet des Anges]]{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=18|loc=|id=}}. Les sources se trouvent en contrebas de l’ancien [[Ouvrage du Gondran E|fort du Gondran]], sur la commune de [[Montgenèvre]]<ref name="bessonnat1">{{Ouvrage |langue= |auteur1= Gilbert Bessonnat|titre= Durance et Verdon : la région alpine|sous-titre= |lieu= Riez|éditeur=Musée de Riez |collection= |année= 1980|volume= |tome= |pages totales= |passage= p.1|isbn= |lire en ligne= }}.</ref>{{,}}<ref name="altisud"/>, dans le [[Département français|département]] [[France|français]] des [[Hautes-Alpes]], près de la [[Frontière entre la France et l'Italie|frontière italienne]]. Elle se jette dans le [[Rhône]] à quelques kilomètres au sud-ouest d'[[Avignon]], entre le [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] et les [[Bouches-du-Rhône]] dont elle matérialise la limite.

Son affluent qui constitue le système le plus long, la [[Clarée (rivière)|Clarée]], prend sa source sur les pentes du [[mont Thabor (France)|mont Thabor]] ({{unité|3178|m}}), au [[lac de la Clarée]] située juste sous le [[seuil des Rochilles]], à {{unité|2450|m}} d’altitude, également dans les Hautes-Alpes. Elle emprunte la [[vallée de la Clarée]] et, après un cours de {{unité|28|km}}, rejoint la Durance (qui est longue de {{unité|8|km}} à ce moment-là et a un débit inférieur){{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=18|loc=|id=}}.


=== Géologie ===
=== Géologie ===


Il y a {{nobr|12 millions}} d'années, pendant le [[Miocène]], la Durance bifurquait vers le sud entre la [[chaîne des Côtes]] et les [[Alpilles]], passait le seuil de [[Lamanon]], et allait se jeter directement dans la [[Méditerranée]]{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=11|loc=|id=}}, faisant un large delta dont l'[[étang de Berre]] et la [[Crau]] sont des restes. Cet itinéraire est d'ailleurs ''grosso modo'' celui emprunté aujourd'hui par le grand [[canal EDF]], qui s'éloigne de la Durance à [[Mallemort]] et se jette dans l'étang de Berre.
Douze millions d’années avant notre ère, la Durance coulait directement jusqu’à la [[Méditerranée]], sans se jeter dans le Rhône<ref>Jean-Paul Clébert et Jean-Pierre Rouyer, ''La Durance'', Privat, Toulouse, 1991, dans la collection ''Rivières et vallées de France'', ISBN 2-70899503-0, p 11</ref>.


Pendant la [[glaciation de Riss]], la Durance prenait sa source aux environs de [[Sisteron]], où se terminait la calotte glaciaire recouvrant les [[Alpes]]{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=11|loc=|id=}}. C’est également pendant cette période que la Durance modifie son cours aval{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=12|loc=|id=}}.
Entre [[Sisteron]] et [[Volonne]], la Durance s’écoule dans une vallée de roches calcaires, de [[Grès (géologie)|grès]] et de [[marne (roche)|marnes]] datant du [[crétacé]]. Au confluent de la [[Bléone]], on trouve de larges nappes [[alluvions|alluviales]] du [[quaternaire]], dont les alluvions les plus anciennes sont cimentées par du [[carbonate de calcium]]<ref>M. Jorda, « Sites archéologiques et histoire de l’environnement en Moyenne Durance », ''in'' DRAC PACA, ''Recherches archéologiques en Val de Durance : travaux de sauvetage sur le chantier de l’autoroute A51'', Éditions de la société des Autoroutes Estérel Côte d’Azur, 1990, 55 p, p 7</ref>.


Au plus fort de la [[glaciation du Würm]] (il y a environ {{unité|18000|ans}}), l'érosion, facilitée par des mouvements tectoniques qui soulèvent les roches<ref>[http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/seisme-Lambesc-1909.xml Pierre Thomas 2009].</ref>, ouvre le pertuis d'Orgon qui capte alors la Durance. Elle ne se déverse plus dans la [[plaine de la Crau]] mais dans le Rhône, au sud d'Avignon. Cette « capture » de la Durance est également facilitée par les dépôts de ses propres alluvions qui se sont déposées à l'entrée du seuil de Lamanon et qui entravent son écoulement.
Pendant la [[glaciation de Riss]], la Durance prenait sa source aux environs de [[Sisteron]], où se terminait la calotte glaciaire recouvrant les [[Alpes]]<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', ''[[opus citatum|op. cit.]]'', p. 11</ref>. C’est également pendant cette période que la Durance modifie son cours vers l’ouest, entre le [[Massif du Luberon|Luberon]] et les [[Alpilles]], et se jette dans le Rhône<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 12</ref>.


Les différents [[glaciation|épisodes glaciaires]] ont entraîné la formation de terrasses : le glacier qui descendait jusqu’à Sisteron pendant la [[glaciation de Riss]] a créé une terrasse qui domine le cours de la Durance de 60 m environ. Pendant la [[glaciation de Würm]], deux terrasses se sont formées, environ 15 et 10 m au dessus du lit actuel. Par endroits, on trouve encore une ou deux terrasses post-glaciaires ([[holocène]]s, donc formées il y a moins de 10 000 ans)<ref>{{ibid| M. Jorda}}</ref>.
Les différents [[glaciation|épisodes glaciaires]] ont entraîné la formation de [[Terrasse alluviale|terrasses]] : le glacier qui descendait jusqu’à Sisteron pendant la glaciation de Riss a créé une terrasse qui domine le cours de la Durance de {{unité|60|m}} environ. Pendant la [[glaciation de Würm]], deux terrasses se sont formées, environ {{unité|15|et=10|m}} au-dessus du lit actuel. Par endroits, on trouve encore une ou deux terrasses postglaciaires (de l'[[Holocène]], donc formées il y a moins de {{unité|10000|ans}})<ref name="Jorda7">{{Chapitre |langue=fr |auteur1= M. Jorda|titre chapitre=Sites archéologiques et histoire de l’environnement en Moyenne Durance |auteurs ouvrage= |titre ouvrage= Recherches archéologiques en Val de Durance : travaux de sauvetage sur le chantier de l’autoroute A51|lieu= |éditeur=Éditions de la société des Autoroutes Estérel Côte d’Azur |année=1990 |isbn= |lire en ligne= |pages totales= 55|passage=p.7 }}. </ref>.


À cette période, la Durance se jetait dans le [[Rhône]], non pas en aval mais en amont d'[[Avignon]]. Son cours partait de [[Cheval-Blanc]] pour se diriger vers [[Vedène]], coupant le lit de la Sorgue et rejoignait le fleuve au nord du [[rocher des Doms]]. Cela a été mis en évidence par des forages à [[Saint-Saturnin-lès-Avignon]], [[Jonquerettes]] et [[Entraigues-sur-la-Sorgue]] qui ont révélé un épandage alluvial typiquement durancien sur plusieurs mètres d'épaisseur dans toute la plaine de la Sorgue{{sfn|Truc|1991|p=70-71|loc=|id=}}.
Dans la vallée moyenne de la Durance, quatre couches de sédiments se superposent<ref>M. Jorda, « Histoire géomorphique et paléoécologique : un environnement durancien », ''in'' DRAC PACA, ''Recherches archéologiques en Val de Durance : travaux de sauvetage sur le chantier de l’autoroute A51'', Éditions de la société des Autoroutes Estérel Côte d’Azur, 1990, 55 p, p 9</ref> :

* une nappe [[alluvions|alluviale]] grossière et liée, d’environ 40 mètres d’épaisseur, datant de la glaciation de Riss ;
Entre [[Sisteron]] et [[Volonne]], la Durance s’écoule dans une vallée de roches calcaires, de [[Grès (géologie)|grès]] et de [[marne (roche)|marnes]] datant du [[Crétacé]]. Au confluent de la [[Bléone]], on trouve de larges nappes [[alluvions|alluviales]] du [[quaternaire]], dont les alluvions les plus anciennes sont cimentées par du [[carbonate de calcium]]<ref name="Jorda7"/>.
* une couche de [[limon]]s de 20 mètres d’épaisseur environ, datant de la même époque ;

Dans la vallée moyenne de la Durance, quatre couches de sédiments se superposent{{sfn|Jorda|1990|p=9|loc=|id=}}:
* une nappe [[alluvions|alluviale]] grossière et liée, d’environ {{unité|40|mètres}} d’épaisseur, datant de la glaciation de Riss ;
* une couche de [[limon (roche)|limons]] de {{unité|20|mètres}} d’épaisseur environ, datant de la même époque ;
* un paléosol, parfois recouvert de graviers apportés par des ruissellements torrentiels ;
* un paléosol, parfois recouvert de graviers apportés par des ruissellements torrentiels ;
* une couche de [[colluvion]]s superficielle.
* une couche de [[colluvion]]s superficielle.


== Hydrographie ==
=== Hydrographie ===
[[Image:Pano_Confluent_Rhone_Durance.jpg|thumb|center|upright=2.5|Confluence avec le Rhône]]


Le [[module (hydrologie)|module]] à [[Saint-Paul-lès-Durance]] est de {{unité|176.0|m|3|/s}}<ref name=hydro>{{Hydro|X3000010|texte=La Durance à Saint-Paul-les-Durance (Jouques-Cadarache)|consulté le=3 février 2014}}.</ref> pour un bassin versant de {{unité|11700|km|2}} et à {{unité|247|m}} d'altitude, soit 82 % du bassin total de {{unité|14225|km|2}}.
De sa source au pied du Sommet des Anges, à {{formatnum:2300}} m<ref name="Clébert20" />, au sud du [[col de Montgenèvre|Montgenèvre]], jusqu’au confluent avec le Rhône, la Durance parcourt {{NaU|305|km}}. Toutefois, le plus long cours est tracé par le système Clarée-Durance et a une longueur de {{NaU|323.8|km}}<ref name=sandre>{{lien web
|url=http://sandre.eaufrance.fr/app/chainage/courdo/htm/X---0000.php?cg=X---0000
|titre= Fiche rivière la durance (X---0000)
|auteur=[[SANDRE]]
|consultée le=31 août 2008}}</ref>. L'originalité du cours est sa pente, de 81 m/km sur ses 12 premiers km, puis de 15 m/km jusqu’au confluent avec la [[Gyronde]]<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 35</ref>, et encore près de 8 m/km jusqu’au confluent de l’[[Ubaye (rivière)|Ubaye]]. Cette pente reste relativement élevée dans la partie inférieure : environ {{NaU|0.33|%}} dans son cours moyen (jusqu’au [[Mirabeau (Vaucluse)|pont de Mirabeau]]), puis encore 0,237&nbsp;% dans son cours inférieur<ref>Guy Barruol, « La Durance dans l’Antiquité et au Moyen Âge », ''in'' Denis Furestier, Catherine Lonchambon, Cécile Miramont, ''La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l’histoire d’une rivière capricieuse'', Les Alpes de lumière no 149, Forcalquier 2005, ISBN 2-906162-71-X, p 24</ref>. Pour comparaison, à environ {{NaU|100|km}} de la source, l'[[Isère (rivière)|Isère]] coule à {{NaU|330|m}} d'altitude et la Durance à {{NaU|700|m}}. Ce fait contribue partiellement au caractère torrentiel de la rivière, y compris dans le cours inférieur. Le dénivelé de la Durance de sa source à Mirabeau est de {{formatnum:1847}} m<ref>Guy Barruol, {{opcit}}, p 24</ref>, et de {{formatnum:2090}} m environ au confluent avec le [[Rhône]].
{{clr}}


{{Relevé hydrologique
=== Départements et principales villes traversés ===
|station=X3000010 - La Durance à [[Saint-Paul-les-Durance]] (Jouques-Cadarache) pour un bassin versant de {{unité|11700|km|2}} et à {{unité|247|m}} d'altitude<ref name=hydro/>
Seules les agglomérations de Briançon et Sisteron, construites là où les berges sont très encaissées, sont effectivement traversées par la Durance, les autres villes citées étant bâties sur un coteau proche de la rivière :
|source =[[Banque nationale de donnée pour l'hydrométrie et l'hydrologie|Banque Hydro]] - [[Ministère de l'écologie et du développement durable]]
* [[Hautes-Alpes]] (05) : [[Briançon]], [[Embrun (Hautes-Alpes)|Embrun]] ;
|échelle maxi =400
* [[Alpes-de-Haute-Provence]] (04) : [[Sisteron]], [[Château-Arnoux-Saint-Auban]] ;
|échelle principale=100
* [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] (84) : [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], [[Cadenet]], [[Cavaillon]] ;
|échelle secondaire=50
* les [[Bouches-du-Rhône]] (13), rive gauche de la Durance.
|unité=m{{3}}/s
|date=08/01/2014 - période 1918-2009
|jan1=141.0
|fev1=142.0
|mar1=180.0
|avr1=232.0
|mai1=320.0
|jun1=294.0
|jul1=148.0
|aou1=85.90
|sep1=93.20
|oct1=140.0
|nov1=181.0
|dec1=152.0
}}


De sa source au pied du [[sommet des Anges]], à {{unité|2390|m}}{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=20|loc=|id=}}, au sud du [[col de Montgenèvre|Montgenèvre]], jusqu’au confluent avec le Rhône, la Durance parcourt {{unité|305|km}}. Toutefois, le plus long cours est tracé par le système Clarée-Durance et a une longueur de {{unité|323.8|km}}<ref name=sandre>{{sandre|X---0000|La Durance|consultée le=27 avril 2015}}.</ref>. L'originalité du cours est sa pente, de {{unité|81|m/km}} sur ses {{unité|12|premiers}} kilomètres, puis de {{unité|15|m/km}} jusqu’au confluent avec la [[Gyronde]]{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=35|loc=|id=}}, et encore près de {{unité|8|m/km}} jusqu’au confluent de l’[[Ubaye (rivière)|Ubaye]]. Cette pente reste relativement élevée dans la partie inférieure : environ 0,33 % dans son cours moyen (jusqu’au [[Mirabeau (Vaucluse)|pont de Mirabeau]]), puis encore 0,237 % dans son cours inférieur<ref name="barruol24">Guy Barruol, « La Durance dans l’Antiquité et au Moyen Âge », ''in'' {{harvsp|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=24|loc=|id=}}.</ref>.
La Durance traverse donc quatre départements et 106 communes<ref name=sandre/>.


Pour comparaison, à environ {{unité|100|km}} de la source, l'[[Isère (rivière)|Isère]] coule à {{unité|330|m}} d'altitude et la Durance à {{unité|700|m}}. Ce fait contribue partiellement au caractère torrentiel de la rivière, y compris dans le cours inférieur. Le dénivelé de la Durance de sa source à Mirabeau est de {{unité|1847|m}}<ref name="barruol24"/>, et de {{unité|2090|m}} environ au confluent avec le [[Rhône]].
La Durance forme également la limite entre le département du [[Var (département)|Var]] et celui du Vaucluse sur quelques kilomètres.


[[Image:Pano Confluent Rhone Durance.jpg|vignette|centre|upright=2.5|Confluence avec le Rhône.]]
Quant au bassin versant, il s'étend sur deux autres départements : la [[Drôme (département)|Drôme]] et les [[Alpes-Maritimes]].
[[Image:Profil durance.svg|vignette|centre|upright=3.2|Profil de la Durance.]]


==== Départements et principales villes arrosés ====
=== De la source à Serre-Ponçon : la Haute-Durance ===
[[Fichier:Fort du Chateau - panoramio (2).jpg|vignette|À quelques kilomètres de sa source, la Durance passe sous le [[pont d'Asfeld]] à [[Briançon]] ; vue en direction de la vallée de la Clarée au nord du département des Hautes-Alpes.]]
Jusqu'au [[lac de Serre-Ponçon]], la Durance circule dans une vallée plus ou moins large entourée des hautes montagnes du [[Massifs cristallins externes| massif cristallin]] du [[Mont Pelvoux|Pelvoux]]. C'est une rivière alpine au régime nival, avec des hautes-eaux en juin et un débit soutenu même en été. Le torrent du [[Montgenèvre]] se jette dans la Clarée, traverse Briançon puis reçoit la Guisane. Il se dirige alors vers le sud et reçoit les eaux de la Gyronde (torrent glaciaire des Écrins) à [[L'Argentière-la-Bessée]]. Son cours s'infléchit vers le sud-sud-est jusqu'au confluent avec le Guil en-dessous de [[Guillestre]] et [[Mont-Dauphin]], puis repart vers le sud-sud-ouest et se jette dans le lac de Serre-Ponçon un peu en aval d'Embrun. Le confluent avec l'Ubaye a été noyé lors du remplissage du lac.
La Durance ne traverse que deux départements : les [[Hautes-Alpes]] et les [[Alpes-de-Haute-Provence]]. Elle sert de limite administrative entre ceux de [[Vaucluse (département)|Vaucluse]] et des [[Bouches-du-Rhône]], et fait une brève incursion dans le [[Var (département)|Var]] :
* de sa source jusqu'au [[lac de Serre-Ponçon]] (environ {{unité|75|kilomètres}}), la Durance coule dans le département des Hautes-Alpes ;
* de son confluent avec l'[[Ubaye (rivière)|Ubaye]] jusqu'à son confluent avec le [[Sasse]] en amont de [[Sisteron]] (environ {{unité|50|kilomètres}}), elle fait limite entre les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence ;
* de son confluent avec le [[Sasse]] jusqu'à un kilomètre avant son confluent avec le [[Verdon (rivière)|Verdon]] (environ {{unité|65|kilomètres}}), elle traverse le département des Alpes-de-Haute-Provence ;
* sur ce dernier kilomètre elle sépare le département de Vaucluse de celui du Var ;
* de son confluent avec le Verdon jusqu'à son confluent avec le Rhône (environ {{unité|105|kilomètres}}), elle sert de limite entre les départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.
La Durance est ainsi sur la moitié de son parcours une limite entre départements, ce qui illustre son caractère de rivière difficilement franchissable.


Son bassin versant inclut :
=== De Serre-Ponçon à la clue de Mirabeau : la Moyenne-Durance ===
* la totalité des départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, à l'exception du [[canton de la Grave]], du [[Champsaur]], du [[canton de Rosans]], de la commune de [[Soleilhas]], et des cantons d'[[canton d'Annot|Annot]] et [[canton d'Entrevaux|Entrevaux]] ;
[[Image:Durance Les Mées.JPG|thumb|Vallée de la Durance au niveau de la commune des [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Mées]], avec au second plan la partie nord du [[Plateau de Valensole]] et en arrière-plan le [[Mourre de Chanier]]. On voit le canal EDF, mince ligne blanche à la limite entre les plus hautes terrasses cultivées et la base des collines.]]
* la moitié environ du département de Vaucluse (approximativement l'[[arrondissement d'Apt]]) ;
La moyenne Durance coule dans un paysage qui change radicalement, car les montagnes s’écartent et des plateaux de plus en plus vastes les remplacent. Le lit lui-même redevient encaissé, creusant dans les terrasses alentour un sillon de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur. Ici, le régime de la Durance devient méditerranéen : crues provoquées par les pluies automnales, étiages sévères en été. Juste avant la [[cluse|clue]] de [[Sisteron]], la Durance conflue avec le [[Buëch (rivière)|Buëch]], qui a récupéré les eaux du canal [[Électricité de France|EDF]]. De nombreux affluents mineurs au régime pluvial se déversent également près de Sisteron (Sasse, Jabron, Vançon).
* quelques communes dans les départements de la [[Drôme (département)|Drôme]] ([[Lus-la-Croix-Haute]]), du [[Var (département)|Var]] (tout le [[canton de Comps-sur-Artuby]], la majeure partie du [[canton de Rians]]) et des [[Alpes-Maritimes]] ([[Valderoure]] et [[Séranon]]), « enclaves » explicables par des questions de découpage non topographique des départements ;
* les communes des Bouches-du-Rhône riveraines de la Durance.
Ce dernier point mérite d'être souligné. Aucun cours d'eau important ne draine le nord du département des Bouches-du-Rhône. De [[Jouques]] à [[la Roque-d'Anthéron]], ainsi qu'autour d'[[Orgon]], des collines proches bordent la Durance ; ailleurs, il s'agit de plaines alluviales, anciennement à l'état de marais, où la circulation des eaux est assurée essentiellement par les canaux.


La Durance arrose (ou longe) {{unité|106|communes}} dans cinq départements<ref name=sandre/>. Les villes qui la bordent sont installées de manière à se protéger des inondations : sur le cours supérieur, plutôt encaissé, elles sont installées sur des avancées rocheuses dominant la rivière ([[Briançon]], [[Embrun (Hautes-Alpes)|Embrun]], [[Sisteron]]) ; sur le cours inférieur, plus large, elles sont en retrait au pied des collines ([[Manosque]], [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], [[Cavaillon]], [[Châteaurenard]]). Seul [[Avignon]] est en plaine, et doit d'ailleurs aujourd'hui encore se protéger des grandes crues de la Durance.
Comme plus en amont, la Durance reste entourée de collines ou de plateaux, mais la vallée s’élargit en une plaine alluviale de plusieurs kilomètres de largeur ({{NaU|5|km}} à Manosque), récemment aménagée avec le développement d’une agriculture moderne et la construction de l'autoroute [[A51]].


==== De la source à Serre-Ponçon : la Haute-Durance ====
La rivière reçoit les eaux de la [[Bléone]] près des [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Mées]], l’[[Asse (Alpes-de-Haute-Provence)|Asse]] quelques kilomètres au sud d’[[Oraison (Alpes-de-Haute-Provence)|Oraison]]. Le [[Verdon (rivière)| Verdon]] se jette dans la Durance à proximité de [[Cadarache]] : le lieu de confluence est difficile à voir à moins de se placer en hauteur.


[[Image:Durance à Embrun97.JPG|vignette|droite|La Durance est encore un torrent à l'approche de la retenue de Serre-Ponçon.]]
Plusieurs barrages ont été construits le long du cours moyen de la Durance, en plus de Serre-Ponçon : Espinasses, Sisteron, L’Escale et Cadarache. Ce sont plutôt des prises d’eau dont le but principal est de dévier la plus grande partie du débit de la rivière dans le canal EDF qui alimente des usines hydroélectriques ; les lacs qu’ils créent ne peuvent pas servir à réguler le cours de la rivière. Une partie de l’eau est utilisée pour l’irrigation.
[[Image:Durance risoul.jpg|vignette|gauche|La Durance entre le lac de Serre-Ponçon et la Roche-de-Rame.]]
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Jusqu'au [[lac de Serre-Ponçon]], la Durance draine une vallée plus ou moins large entourée des hautes montagnes du [[Massifs cristallins externes|massif cristallin]] du [[Mont Pelvoux|Pelvoux]]. C'est une rivière alpine au [[régime nival]], avec des hautes eaux en juin et un débit soutenu même en été. Le torrent du [[Montgenèvre]] se jette dans la Clarée, traverse Briançon puis reçoit la Guisane. On appelle alors « Malafosse » la section située entre [[Le Fournel]] et [[Briançon]]. Il se dirige alors vers le sud et reçoit les eaux de la [[Gyronde]] (torrent glaciaire des Écrins) à [[L'Argentière-la-Bessée]]. Son cours s'infléchit vers le sud-sud-est jusqu'au confluent avec le [[Guil]] en dessous de [[Guillestre]] et [[Mont-Dauphin]], puis repart vers le sud-sud-ouest et se jette dans le lac de Serre-Ponçon un peu en aval d'Embrun. Le confluent avec l'[[Ubaye (rivière)|Ubaye]] a été noyé lors du remplissage du lac.
=== Basse-Durance : de Jouques à Avignon ===
[[Image:La Durance près d'Avignon.JPG|thumb|La Durance, près d'Avignon]]
La vallée se resserre sur quelques kilomètres avec le franchissement de la [[cluse|clue]] de Mirabeau (200 m de profondeur<ref>Guy Valencia, « Hydraulique et morphologie du lit en zone de piémont et de plaine », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 11</ref>), qui coupe un [[anticlinal]] de calcaires [[jurassique]]s<ref>Bessonnat, ''Durance et Verdon...'', p 9</ref>. Elle s'élargit ensuite de nouveau en une plaine encore plus large jusqu'au confluent avec le Rhône. Son orientation passe de nord-sud à est-ouest, comme les petits chaînons provençaux entre lesquels elle coule (Alpilles et Luberon). La Durance ne reçoit qu'un affluent significatif pendant cette dernière partie du cours : le [[Calavon|Coulon]], qui contourne le massif du Luberon par le nord.


==== De Serre-Ponçon à la clue de Mirabeau : la Moyenne-Durance ====
=== Récapitulatif des affluents ===


[[Image:Durance Les Mées.JPG|vignette|gauche|Vallée de la Durance au niveau de la commune des [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Mées]], avec au second plan la partie nord du [[plateau de Valensole]] et en arrière-plan le [[Mourre de Chanier]]. On voit le [[canal EDF]], mince ligne blanche à la limite entre les plus hautes terrasses cultivées et la base des collines.]]
Cette liste recense les cours d’eau d’une longueur supérieure à 20 km qui se jettent dans la Durance.
[[Image:Durance aval serre poncon.jpg|vignette|droite|La Durance à la sortie du lac de Serre-Ponçon.]]


La moyenne Durance coule dans un paysage qui change radicalement, car les montagnes s’adoucissent et des plateaux de plus en plus vastes les remplacent. Le lit lui-même redevient encaissé, creusant dans les terrasses alentour un sillon de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur. Ici, le régime de la Durance devient méditerranéen : crues provoquées par les pluies automnales, étiages sévères en été. Juste avant la [[cluse|clue]] de [[Sisteron]], la Durance conflue avec le [[Buëch (rivière)|Buëch]], qui a récupéré les eaux du [[canal EDF]]. De nombreux affluents mineurs au régime pluvial se déversent également près de Sisteron ([[Sasse]], [[Jabron (affluent de la Durance)|Jabron]], [[Vançon]]).
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Comme plus en amont, la Durance reste entourée de collines ou de plateaux, mais la vallée s’élargit en une plaine alluviale de plusieurs kilomètres de largeur ({{unité|5|km}} à Manosque), récemment aménagée avec le développement d’une agriculture moderne et la construction de l'autoroute [[Autoroute A51 (France)|A51]].
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* (CP) la [[Clarée (rivière)|Clarée]] ;
La rivière reçoit les eaux de la [[Bléone]] près des [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Mées]], l’[[Asse (Alpes-de-Haute-Provence)|Asse]] quelques kilomètres au sud d’[[Oraison (Alpes-de-Haute-Provence)|Oraison]]. Le [[Verdon (rivière)|Verdon]] se jette dans la Durance à proximité de [[Cadarache]] : le lieu de confluence est difficile à voir à moins de se placer en hauteur.
* (D) la [[Guisane]]

* (G) la [[Cerveyrette]] ;
Plusieurs barrages ont été construits le long du cours moyen de la Durance, en plus de Serre-Ponçon : Espinasses, Sisteron, L’Escale et Cadarache. Ce sont plutôt des prises d’eau dont le but principal est de dévier la plus grande partie du débit de la rivière dans le [[canal EDF]] qui alimente des usines hydroélectriques ; les lacs qu’ils créent ne peuvent pas servir à réguler le cours de la rivière. Une partie de l’eau est utilisée pour l’irrigation.
* (D) la [[Gyronde]] ;

* (D) le [[Fournel (rivière)|Fournel]] ;
==== Basse-Durance : de Jouques à Avignon ====
* (D) la [[Biaysse]] (ou Biaisse) ;

* (G) le [[Guil]] ;
[[Image:La Durance près d'Avignon.JPG|vignette|droite|La Durance, près d'Avignon.]]
* (G) le [[Crévoux (rivière)|Crévoux]] ;

* (G) le torrent des [[Vachères (rivière)|Vachères]] ;
La vallée se resserre sur quelques kilomètres avec le franchissement de la [[cluse|clue]] de Mirabeau ({{unité|200|m}} de profondeur<ref name="valencia11"/>), qui coupe un [[anticlinal]] de calcaires [[jurassique]]s{{sfn|Bessonnat|1980|p=9|loc=|id=}}. Elle s'élargit ensuite de nouveau en une plaine encore plus large jusqu'au confluent avec le Rhône. Son orientation passe de nord-sud à est-ouest, comme les petits chaînons provençaux entre lesquels elle coule (Alpilles et Luberon). La Durance ne reçoit qu'un affluent significatif pendant cette dernière partie du cours : le [[Calavon|Coulon]], qui contourne le massif du Luberon par le nord.
* (G) le [[Boscodon (cours d'eau)|Boscodon]] ;

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==== Principaux affluents ====
* (D) le [[Réallon (rivière)|Réallon]] ;
[[Fichier:Bassin de la Durance.png|thumb|450px|La Durance et ses affluents de plus de {{unité|50|km}}.]]
* (G) l’[[Ubaye (rivière)|Ubaye]] ;
Les principaux affluents de la Durance sont le Verdon ({{unité|165.7|km}}), le Calavon ({{unité|86.9|km}}), le Buëch ({{unité|85.2|km}}) et l'Ubaye ({{unité|82.7|km}}).
* (G) la [[Blanche (Alpes-de-Haute-Provence)|Blanche]]

* (D) l’[[Avance (affluent de la Durance)|Avance]] ;
Cours d’eau d’une longueur supérieure à {{unité|20|km}} qui se jettent dans la Durance (d'amont en aval) :
* (D) la [[Luye]] ;
{{Début de colonnes|taille=18}}
* (D) le [[Rousine]] ;
* la [[Clarée (rivière)|Clarée]] (rd<ref group=note>[[Abréviation]]s : rd pour ''rive droite'' et rg pour ''rive gauche''</ref>), {{nb|31.8|km}} ;
* (G) le [[Sasse]] ;
* la [[Guisane]] (rd), {{nb|27.7|km}} ;
* (D) le [[Buëch (rivière)|Buëch]] (ou Buech) ;
* la [[Cerveyrette]] (rg), {{nb|22.8|km}} ;
* (D) le [[Jabron (affluent de la Durance)|Jabron]] ;
* (D) le [[Riou de Jabron]] ;
* la [[Gyronde]] (rd) {{nb|22.7|km}} ;
* le [[Guil]] (rg), {{nb|51.5|km}} ;
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* le torrent des [[Vachères (rivière)|Vachères]] (rg), {{nb|21.9|km}} ;
* (G) le [[Vançon]] (ou Vanson) ;
* le [[torrent de Boscodon]] (rg), {{nb|11.9|km}} ;
* (G) la [[Bléone]] ;
* le [[Réallon (rivière)|Réallon]] (rd), {{nb|19.8|km}} ;
* (G) le [[Lauzon (Alpes-de-Haute-Provence)|Lauzon]] ;
* l’[[Ubaye (rivière)|Ubaye]] (rg), {{nb|82.7|km}} ;
* (G) le [[Rancure]] ;
* (G) l’[[Asse (Alpes-de-Haute-Provence)|Asse]] ;
* la [[Blanche (Alpes-de-Haute-Provence)|Blanche]] (rg), {{nb|30.2|km}} ;
* l’[[Avance (affluent de la Durance)|Avance]] (rd), {{nb|20.6|km}} ;
* (D) la [[Largue (Alpes-de-Haute-Provence)|Largue]] ;
* (G) le [[Verdon (rivière)|Verdon]] ;
* la [[Luye]] (rd), {{nb|22.6|km}} ;
* (D) l’[[Aigue Brun]] (ou Aiguebrun) ;
* le [[Sasse]] (rg), {{nb|39.2|km}} ;
* (D) l’[[Èze (rivière)|Èze]] ;
* le [[Buëch (rivière)|Buëch]] (ou Buech) (rd), {{nb|85.2|km}} ;
* le [[Jabron (affluent de la Durance)|Jabron]] (rd), {{nb|36.5|km}} ;
* (D) le [[Calavon|Coulon]] (ou Calavon).
* le [[Riou de Jabron]] (rg), {{nb|20.9|km}} ;
* (G) l’[[Anguillon]].
* le [[Vançon]] (ou Vanson) (rg), {{nb|30.2|km}} ;
|}
* la [[Bléone]] (rg), {{nb|69.5|km}} ;
{{Affluents}}
* le [[Lauzon (Alpes-de-Haute-Provence)|Lauzon]] (rg), {{nb|25.2|km}} ;
* le [[Rancure]] (rg), {{nb|23.9|km}} ;
* l’[[Asse (Alpes-de-Haute-Provence)|Asse]] (rg), {{nb|76.3|km}} ;
* le [[Largue (Alpes-de-Haute-Provence)|Largue]] (rd), {{nb|55.7|km}} ;
* le [[Verdon (rivière)|Verdon]] (rg), {{nb|165.7|km}} ;
* l’[[Èze (rivière)|Èze]] (rd), {{nb|24.3|km}} ;
* l’[[Aigue Brun]] (ou Aiguebrun) (rd), {{nb|22.8|km}} ;
* le [[Calavon|Coulon]] (ou Calavon) (rd), {{nb|86.9|km}} ;
* l’[[Anguillon]] (rg), {{nb|19.5|km}}.
{{fin de colonnes}}


== Hydrologie ==
== Hydrologie ==
Rivière dite ''« capricieuse »'' et autrefois redoutée pour ses [[crue]]s (elle était appelée le 3{{e}} fléau de la Provence<ref>La tradition provençale dit que les deux premiers étaient le [[mistral]] et le [[Parlement d'Aix]]</ref>) aussi bien que pour ses [[étiage]]s, la Durance est une rivière à la fois alpine et méditerranéenne à la morphologie bien particulière.


Rivière dite ''« capricieuse »'' et autrefois redoutée pour ses [[crue]]s aussi bien que pour ses [[étiage]]s, la Durance est une rivière à la fois alpine et méditerranéenne à la morphologie bien particulière. Elle était ainsi appelée « le troisième fléau de la Provence », la tradition provençale disant que les deux premiers étaient le [[mistral (vent)|mistral]] et le [[Parlement d'Aix]]<ref>{{Lien web|url=http://www.vaucluse.gouv.fr/IMG/pdf/85x200_4_Panneaux_2013_03_BAT_cle05c5be.pdf|titre=La Durance, une rivière à risque - PPRI Basse vallée de la Durance|site=vaucluse.gouv.fr|consulté le=18 septembre 2015}}.</ref>.
La Haute-Durance était une rivière alpestre (débit variant de 18 à {{NaU|197|m{{3}}/s}}). Son bassin versant total est de {{NaU|14225|km|2}}<ref>Serge Gachelin, « Le Réseau hydrographique majeur de la région », p 7</ref>. Au [[confluent]] avec l’[[Ubaye]], le [[saumon]] prospérait, et l’on trouvait des [[truite]]s jusqu’à [[Sisteron]] avant les aménagements de la rivière.

Son bassin versant total est de {{unité|14225|km|2}}<ref name="gachelin7">Serge Gachelin, « Le Réseau hydrographique majeur de la région », {{p.}}7.</ref>.

=== Débits moyens ===

[[Image:La Durance près de Cavaillon.JPG|vignette|droite|La Durance, près de Cavaillon.]]

Au confluent avec le Rhône, le débit naturel moyen de la Durance est d'environ {{unité|190|m|3|/s}}, avec une forte variabilité annuelle. Il peut varier de {{unité|40|m|3|/s}} (étiages les plus sévères) à {{unité|6000|m|3|/s}}<ref name="miramont15">Cécile Miramont, « Histoire des paysages fluviaux », dans {{harvsp|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=15|loc=|id=}}.</ref> (crues millénales), les crues de 1843, 1882 et 1886 ayant avoisiné {{unité|5000|m|3|/s}}<ref name="EGMBD"/>.


Au débouché dans le lac de Serre-Ponçon, le débit moyen est de {{unité|81|m|3|/s}}{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=39|loc=|id=}} ; au niveau d'[[Oraison (Alpes-de-Haute-Provence)|Oraison]] il est de {{unité|123|m|3|/s}}{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=38|loc=|id=}} et après la confluence avec le Verdon il atteint {{unité|174|m|3|/s}}{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=38|loc=|id=}} (250 à {{unité|330m|3|/s}} au printemps, {{unité|100|m|3|/s}} en été<ref name="Géraldine Bérard 1997"/>). L'apport des affluents plus en aval est très faible. Le maximum annuel se produit généralement en mai ou en juin, mais les crues les plus violentes surviennent en automne. L'étiage a lieu en hiver dans la haute vallée et en été dans la partie moyenne et inférieure du cours.
=== Débit ===
[[Image:La Durance près de Cavaillon.JPG|thumb|La Durance, près de Cavaillon]]
Au confluent avec le Rhône, le débit naturel moyen de la Durance est d'environ {{NaU|190|m{{3}}/s}}, avec une forte variabilité annuelle. Il peut varier entre {{Unité|40|m{{3}}/s}} (étiages les plus sévères) et {{NaU|6000|m{{3}}/s}}<ref>Cécile Miramont, « Histoire des paysages fluviaux », ''in'' Guy Barruol, Denis Furestier, Catherine Lonchambon, ''La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l’histoire d’une rivière capricieuse'', Les Alpes de lumière no 149, Forcalquier 2005, ISBN 2-906162-71-X, p 15</ref> (crues millénales), niveaux atteints en [[1843]], [[1882]] et [[1886]].


=== Régime mixte ===
Au débouché dans le lac de Serre-Ponçon, le débit moyen est de {{NaU|81|m{{3}}/s}}<ref name="Clébert39">Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 39</ref> ; au niveau d'[[Oraison (Alpes-de-Haute-Provence)|Oraison]] il est de {{NaU|123|m{{3}}/s}}<ref name="Clébert38">Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 38</ref> et après réception du Verdon atteint {{NaU|174|m{{3}}/s}}<ref name="Clébert38" /> (250 à {{NaU|330|m{{3}}/s}} au printemps, {{NaU|100|m{{3}}/s}} en été<ref>Géraldine Bérard, ''Carte archéologique des Alpes-de-Haute-Provence'', Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1997, p 51</ref>). L'apport d'eau des affluents plus en aval est très faible. Le maximum annuel se produit généralement en mai ou en juin, mais les crues les plus violentes surviennent en automne. L'étiage a lieu en hiver dans la haute vallée et en été dans la partie moyenne et inférieure du cours.


[[Image:Durance gelée Sisteron hiver 1907.jpg|vignette|Durance gelée à Sisteron au cours de l'hiver 1907.]]
=== Un régime mixte ===
Le bassin versant de la Durance regroupe des territoires allant des neiges éternelles aux collines et plateaux au [[climat méditerranéen]]. Ainsi, la rivière est soumise à un régime nival dans son cours supérieur (jusqu'à Serre-Ponçon), avec des étiages hivernaux et des crues chaque année de mai à juillet. À Serre-Ponçon, pour un bassin versant de {{NaU|3600|km|2}}, un module de {{NaU|83.3|m{{3}}/s}}, avec un [[étiage]] de {{NaU|18|m{{3}}/s}}, et une crue maximale de {{NaU|1700|m{{3}}/s}} (valeur relevée en 1957)<ref>Serge Gachelin, « Le Réseau hydrographique majeur de la région », p 8</ref>.


Le bassin versant de la Durance regroupe des territoires allant des neiges éternelles aux collines et plateaux au [[climat méditerranéen]]. Ainsi, la rivière est soumise à un régime nival dans son cours supérieur (jusqu'à Serre-Ponçon), avec des étiages hivernaux et des crues chaque année de mai à juillet. À Serre-Ponçon, pour un bassin versant de {{unité|3600|km|2}}, un module de {{unité|83.3|m|3|/s}}, avec un [[étiage]] de {{unité|18|m|3|/s}}, et une crue maximale de {{unité|1700|m|3|/s}} (valeur relevée en 1957)<ref name="gachelin8"/>.
Plus en aval, ses nombreux affluents de moyenne montagne ou des plateaux au régime essentiellement pluvial méditerranéen n'apportent de l'eau qu'en hiver, au printemps et à l'occasion des crues d'automne, avec un débit faible et très irrégulier en été. Il s'ensuit un décalage du maximum naturel de printemps de juin à mai en descendant le cours{{Référence nécessaire}}.


Plus en aval, ses nombreux affluents de moyenne montagne ou des plateaux au régime essentiellement pluvial méditerranéen n'apportent de l'eau qu'en hiver, au printemps et à l'occasion des crues d'automne, avec un débit faible et très irrégulier en été. {{Référence nécessaire|Il s'ensuit un décalage du maximum naturel de printemps de juin à mai en descendant le cours}}.
=== Crues et étiages===


=== Crues ===
[[Image:CrueDuranceMai2008PontEspinasse.jpg|thumb|Évacuateur de crue du barrage de Serre-Ponçon vu du pont d'Espinasse - 30 mai 2008]]
[[Image:CrueDuranceMai2008Belvedere.jpg|thumb|Évacuateur de crue du barrage de Serre-Ponçon vu depuis le Belvédère - 30 mai 2008]]


La rivière est réputée de tout temps pour son cours instable, impétueux et changeant. [[Tite-Live]] signale ainsi la difficulté de sa traversée<ref>XXI, 31, 10-12, [http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/XXI.html#31]</ref>, [[Silius Italicus]], en poète moins soucieux d’exactitude, exalte son caractère torrentueux<ref>''Punica'', III, 468-476, [http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Silius_puniquesIII/lecture/5.htm]</ref>. Ces crues, violentes et fréquentes, sont dues à une combinaison de facteurs :
La rivière est réputée de tout temps pour son cours instable, impétueux et changeant. [[Tite-Live]] signale ainsi la difficulté de sa traversée<ref>{{TitHis}}, XXI, 31, 10-12.</ref>, [[Silius Italicus]], en poète moins soucieux d’exactitude, exalte son caractère torrentueux<ref>[[Silius Italicus]], ''[[Punica (Silius Italicus)|Punica]]'', III, 468-476 {{lire en ligne|lien=http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/Silius_puniquesIII/lecture/5.htm}}.</ref>. Ces crues, violentes et fréquentes, sont dues à une combinaison de facteurs :
* un bassin montagneux aux pentes fortes ;
* un bassin montagneux aux pentes fortes ;
* des roches sensibles à l’érosion, qui augmentent le volume des torrents et leur pouvoir destructeur ;
* des roches sensibles à l’érosion, qui augmentent le volume des torrents et leur pouvoir destructeur ([[Lave torrentielle|laves torrentielles]]) ;
* un couvert végétal peu protecteur, voire absent, à la fois pour des raisons naturelles (pauvreté du sol) et [[anthropisation|anthropiques]] (voir paragraphe suivant) ;
* un couvert végétal peu protecteur, voire absent, à la fois pour des raisons naturelles (pauvreté du sol) et [[anthropisation|anthropiques]] (voir paragraphe suivant) ;
* et enfin, le régime de [[climat méditerranéen|précipitations méditerranéen]], qui combine violence et abondance des pluies<ref>Guy Barruol, ''La Durance de long...'', p 14 et 18</ref>.
* et enfin, le [[climat méditerranéen|régime de précipitations méditerranéen]], caractérisé par des précipitations assez peu fréquentes et violentes{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=14 et 18|loc=|id=}}.
Il en résulte un ruissellement de 63 %, ce qui est très élevé : la hauteur de la lame d’eau écoulée à Cadarache est de {{unité|472|mm}}, pour une moyenne de {{unité|750|mm}} de précipitations{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=39|loc=|id=}}.


À Mirabeau, l’[[étiage]] est de {{unité|45|m|3|/s}}, soit une variation de 1 à 133 ; lors de la [[sécheresse de 1921]], qui dura jusqu’en décembre, le débit descendit jusqu’à {{unité|27|m|3|/s}}<ref name="sapiega"/>.
Ces facteurs se traduisent par un ruissellement très important : la hauteur de la lame d’eau écoulée à Cadarache est de 472 mm, pour une moyenne de {{NaU|750|mm}} de précipitations : 63 % des pluies ruissellent et aboutissent dans la Durance<ref name="Clébert39" />.


==== Crues historiques antérieures à la Révolution ====
À Mirabeau, l’étiage est de {{NaU|45|m{{3}}/s}}, soit une variation de 1 à 133 ; lors de la sécheresse de 1921, qui dura jusqu’en décembre, le débit descendit jusqu’à {{NaU|27|m{{3}}/s}}<ref> Jacques Sapiega, géorama « Durance & Verdon »</ref>.


Les crues s’accroissent en nombre et en force à partir de la deuxième moitié du {{s|XIV|e}}, pour s’atténuer et s’espacer au {{s|XX|e}}. Comme dans toute l’aire alpine méditerranéenne, cette période de fort accroissement de la force et de la fréquence des crues est due à la combinaison d’un refroidissement à partir du {{sp-|XIV|e|et jusqu'au|XIX|e}} (le [[petit âge glaciaire]]) qui provoque des pluies et des chutes de neige plus fréquentes, et à un défrichement important des pentes des montagnes du bassin de la Durance, à partir du {{s|XVI|e}}<ref>Cécile Miramont, ''La Durance de long en large'', p 18-19</ref>. Cet accroissement des crues et de leurs dégâts a notamment pour conséquence l’avancée de la [[Camargue]] pendant cette période<ref>Guy Barruol, ''La Durance de long...'', p 18</ref>, et le colmatage du port d’[[Aigues-Mortes]].
Les crues s’accroissent en nombre et en force à partir de la deuxième moitié du {{s|XIV|e}}, pour s’atténuer et s’espacer au {{s|XX|e}}. Comme dans toute l’aire alpine méditerranéenne, cette période de fort accroissement de la force et de la fréquence des crues est due à la combinaison d’un refroidissement à partir du {{sp-|XIV|e|et jusqu'au|XIX|e}} (le [[petit âge glaciaire]]) qui provoque des pluies et des chutes de neige plus abondantes et plus fréquentes, et à un défrichement important des pentes des montagnes du bassin de la Durance, à partir du {{s|XVI|e}}{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=18|loc=|id=}}. Cet accroissement des crues et de leurs dégâts a notamment pour conséquence l’avancée de la [[Camargue]] pendant cette période{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=18|loc=|id=}}, et le colmatage du port d’[[Aigues-Mortes]].


À la même époque, la Durance emporte la ville de ''[[La Roche-de-Rame|Rama]]'' (entre Briançon et Embrun, au confluent de la [[Biaysse]]) au {{s|XII|e}}<ref>Guy Barruol, « La Durance dans l’Antiquité et au Moyen Âge », p 24</ref>.
La Durance emporte la ville de ''[[La Roche-de-Rame|Rama]]'' (entre Briançon et Embrun, au confluent de la [[Biaysse]]) au {{s|XII|e}}<ref name="barruol24"/>. C'est la plus ancienne crue dont on possède une trace écrite, la suivante étant celle du {{date|17 septembre 1226}}, concomitante avec une crue du Rhône.


Celle de l'automne 1345 est provoquée par de fortes pluies qui détruisent les récoltes et provoquent une famine. La crue des 8-{{date|12 septembre 1651}} est également remarquable par les dégâts qu'elle provoque dans la vallée<ref name="smavd30">Syndicat mixte d'aménagement de la vallée de la Durance (SMAVD), ''[http://www.smavd.org/partage/download.php?fichier=./Etude%20globale%20amont/moyenne%20durance%20%E9tat%20actuel.pdf Étude générale de la Durance entre Serre-Ponçon et L'Escale, volet hydraulique et sédimentologie. Bilan de l'état actuel]'', SMAVD, 2004. {{p.}}30.</ref>, mais nous ne disposons d'aucune estimation de débit pour ces crues antérieures à 1800. Seule l'importance des dégâts causés par la Durance les a laissées dans la mémoire.
La crue de [[1907]] est évoquée par [[Jean Giono]] dans son roman ''La Provence perdue''.


La crue de 1907 est évoquée par [[Jean Giono]] dans son roman ''La Provence perdue''.
==== Les crues du {{s-|XIX|e}} ====


==== Crues du {{s-|XIX|e}} ====
On dispose de bonnes séries de relevés des précipitations et des crues à partir du {{s|XIX|e}}.


Même si on ne dispose pas de bonnes séries de relevés des précipitations et des crues avant le {{XIXe siècle}}, il est avéré que le nombre de crues torrentielles augmente fortement dans le bassin de la Durance au {{s|XIX}}. Ces crues ont lieu majoritairement de juin à août, et sont donc liées à des pluies orageuses<ref name="ballandras74"/>.
Entre [[1832]] et [[1890]], la Durance a connu 188 crues de plus de 3 mètres (mesurées au pont de Mirabeau)<ref>Cécile Miramont, ''La Durance de long en large'', p 15</ref>. Les principales crues sont celles de [[1843]], [[1856]] (qui inonde Avignon) et [[1886]]<ref>Bernard Amouretti, « L’Homme a longtemps été sous la dépendance de la Durance », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 25</ref>. Les crues millénales (trois au {{s|XIX|e}} : 1843, 1856, 1886) atteignent 5000 à {{NaU|6000|m{{3}}/s}} selon les auteurs<ref>Dans ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Serge Gachelin donne {{NaU|5000|m|3}} (p 8) ainsi qu’Henri Pignoly (p 99) ; dans le même ouvrage, Bernard Amouretti donne {{NaU|6000|m|3}} (p 25). Cécile Miramont (''voir plus haut'') donne elle aussi une estimation de {{NaU|6000|m{{3}}/s}}. Jacques Sapiega, dans son géorama « Durance & Verdon » (DVD ''La Durance : parcours et regards''), donne {{NaU|5500|m{{3}}/s}} le 26 décembre [[1882]] ; Clébert & Rouyer donnent {{NaU|6000|m{{3}}/s}} en novembre [[1886]], dans ''La Durance'', p 39</ref> ; pour comparaison, la [[crue de la Seine de 1910]] atteint environ {{NaU|2400|m{{3}}/s}} à son plus fort.


Entre 1832 et 1890, la Durance a connu {{Unité|188|crues}} de plus de {{unité|3|mètres}} (mesurées au pont de Mirabeau)<ref name="miramont15"/>. Les principales crues sont celles de 1843, 1856 (qui inonde Avignon) et 1886<ref name="amouretti25"/>. Les [[Crue millénale|crues millénales]] (trois au {{XIXe siècle}} : 1843, 1856, 1886) atteignent {{Unité|5000|à=6000|m|3|/s}} selon les auteurs<ref name="crues millénales"/> ; pour comparaison, la [[crue de la Seine de 1910]] atteint environ {{unité|2400|m|3|/s}} à son plus fort.
Au {{s|XX|e}}, les crues sont moins fréquentes et violentes grâce au reboisement du bassin versant, mais on en observe encore d’importantes en [[1957]] et [[1994]] ({{NaU|3000|m{{3}}/s}}). Ces maximums sont relevés à Mirabeau ; à Sisteron, les crues peuvent avoir un débit de {{NaU|2800|m{{3}}/s}} ; au confluent avec le Verdon, le débit peut atteindre {{NaU|5200|m{{3}}/s}}<ref>Géraldine Bérard, ''Carte archéologique des Alpes-de-Haute-Provence'', Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1997, p 51</ref>.


La crue automnale de [[1843]] atteint les débits suivants<ref>Jean-Marie Gibelin, ''L’Histoire des endiguements de la Durance dans le département des Basses-Alpes'', Digne-les-Bains, DDE des Alpes-de-Haute-Provence, 1990, p 24-25</ref> :
La crue automnale de 1843 atteint les débits suivants{{sfn|Gibelin|1990|p=24-25|loc=|id=}}:
* {{NaU|1675|m{{3}}/s}} à Serre-Ponçon ;
* {{unité|1675|m|3|/s}} à Serre-Ponçon ;
* le Buëch apporte {{NaU|1200|m{{3}}/s}}, ce qui porte le débit de la Durance à {{NaU|3000|m{{3}}/s}} à Sisteron ;
* le Buëch apporte {{unité|1200|m|3|/s}}, ce qui porte le débit de la Durance à {{unité|3000|m|3|/s}} à Sisteron ;
* la Bléone a un débit de {{NaU|960|m{{3}}/s}} à Digne, et de {{NaU|1150|m{{3}}/s}} au confluent ;
* la Bléone a un débit de {{unité|960|m|3|/s}} à Digne, et de {{unité|1150|m|3|/s}} au confluent ;
* l’Asse apporte encore {{NaU|900|m{{3}}/s}} (avec un débit de {{NaU|700|m{{3}}/s}} à [[Mézel]]) ;
* l’Asse apporte encore {{unité|900|m|3|/s}} (avec un débit de {{unité|700|m|3|/s}} à [[Mézel]]) ;
* le Verdon avait un débit maximum de {{NaU|1400|m{{3}}/s}} à [[Sainte-Croix-de-Verdon|Sainte-Croix]] ;
* le Verdon avait un débit maximum de {{unité|1400|m|3|/s}} à [[Sainte-Croix-de-Verdon|Sainte-Croix]] ;
* grossie de ces affluents, la Durance atteint des débits de {{NaU|4000|m{{3}}/s}} aux Mées, {{NaU|4800|m{{3}}/s}} à Manosque, et {{NaU|5500|m{{3}}/s}} à Mirabeau.
* grossie de ces affluents, la Durance atteint des débits de {{unité|4000|m|3|/s}} aux [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Mées]], {{unité|4800|m|3|/s}} à [[Manosque]], et {{unité|5500|m|3|/s}} à [[Mirabeau (Vaucluse)|Mirabeau]].


Elle cause pour 5,1 millions de francs de dégâts<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 24</ref>, en emportant plusieurs ponts suspendus juste construits (ceux de Remollon, datant de [[1829]], des Mées, datant de [[1838]], de Manosque, inachevé, de Mirabeau, construit en [[1835]]).
Elle cause pour {{unité|5,1|millions}} de francs de dégâts{{sfn|Gibelin|1990|p=24-25|loc=|id=}}, en emportant plusieurs ponts suspendus récemment construits (ceux de Remollon, datant de 1829, des Mées, datant de 1838, de Manosque, inachevé, de Mirabeau, construit en 1835).


En [[1860]], deux crues atteignent 4,89 m le 26 novembre, puis 4,30 m le 8 décembre<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 93</ref>. Quatre crues se produisent en 1863, atteignant 5 m le 7 janvier, 3,30 m le 24 mai, 4,15 m le 26 septembre et 4,86 m les 12 et 16 octobre<ref>{{ibid|Gibelin}}</ref>. La crue de 1872 emporte encore le pont de Mallemort (1847)<ref> Philippe Autran, « Le réseau routier aux {{s2-|XIX|e|XX|e}} : de la Révolution à la mécanisation », in Autran, Guy Barruol et Jacqueline Ursch, ''D’une rive à l’autre : les ponts de Haute-Provence de l’Antiquité à nos jours'', Les Alpes de lumière n° 153, Forcalquier, 2006. ISBN 2-906162-81-7, p 46-47</ref>.
En 1860, deux crues atteignent {{unité|4.89|m}} le 26 novembre, puis {{unité|4.30|m}} le 8 décembre{{sfn|Gibelin|1990|p=93|loc=|id=}}. Quatre crues se produisent en 1863, atteignant {{unité|5|m}} le 7 janvier, {{unité|3.30|m}} le 24 mai, {{unité|4.15|m}} le 26 septembre et {{unité|4.86|m}} les 12 et 16 octobre{{sfn|Gibelin|1990|p=93|loc=|id=}}. La crue de 1872 emporte encore le pont de Mallemort (1847)<ref name="autran46"/>.


La crue de [[1882]] se produit avec des pluies automnales importantes. Les 27 et 28 octobre, il tombe 81 mm à [[Apt (Vaucluse)|Apt]], 90 mm à [[Taillades]], 113 mm à [[Ribiers]] et 165 à [[Noyers-sur-Jabron|Noyers]]<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 123</ref>. Le débit dépasse les {{NaU|5000|m{{3}}/s}} à Mirabeau, la hauteur du fleuve passant de 3 m à 6,60 m en moins de 8 heures, baissant ensuite presque aussi rapidement<ref>{{ibid|Gibelin}}</ref>. Le même mécanisme se reproduit en 1886 : il tombe 541 mm de pluie sur le département des [[Alpes de Haute-Provence|Basses-Alpes]] en un mois (avec des précipitations sur une seule journée allant de 60 à 130 mm), provoquant deux crues importantes, les 20 et 21 octobre et les 25 et 26 octobre. L’Ubaye a une crue deux fois plus importante que celle de 1882 ; le Buech a une crue supérieure à celle de 1882, avec {{NaU|1400|m{{3}}/s}}, la Durance dépassant les 6 m à Sisteron et atteignant les 5,75 m à Mirabeau. Début novembre, de fortes précipitations ont encore lieu (150 mm à Noyers), ce qui cause des dégâts sur la ligne de chemin de fer du [[Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée|PLM]] et qui coupe des rampes d’accès aux ponts<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 127</ref>. Au total, les crues de 1886 couvrent la plaine de Mirabeau jusqu’au Rhône pendant plus d’un mois<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 23</ref>.
La crue de 1882 résulte de pluies automnales importantes. Les 27 et {{date|28 octobre}}, il tombe {{unité|81|mm}} à [[Apt (Vaucluse)|Apt]], {{unité|90|mm}} à [[Taillades]], {{unité|113|mm}} à [[Ribiers]] et 165 à [[Noyers-sur-Jabron|Noyers]]{{sfn|Gibelin|1990|p=123|loc=|id=}}. Le débit dépasse les {{unité|5000|m|3|/s}} à Mirabeau, la hauteur du cours d'eau passant de {{unité|3|m}} à {{unité|6.60|m}} en moins de huit heures, baissant ensuite presque aussi rapidement{{sfn|Gibelin|1990|p=123|loc=|id=}}. Le même phénomène se reproduit en 1886 : il tombe {{unité|541|mm}} de pluie sur le département des [[Alpes-de-Haute-Provence|Basses-Alpes]] en un mois (avec des précipitations sur une seule journée allant de 60 à {{unité|130|mm}}), ce qui provoque deux crues importantes, les 20 et 21 octobre et les 25 et 26 octobre. L’Ubaye a une crue deux fois plus importante que celle de 1882 ; le Buëch a une crue supérieure à celle de 1882, avec {{unité|1400|m|3|/s}}, la Durance dépassant les {{unité|6|m}} à Sisteron et atteignant les {{unité|5.75|m}} à Mirabeau. Début novembre, de fortes précipitations ont encore lieu ({{unité|150|mm}} à Noyers), la crue causant des dégâts sur la ligne de chemin de fer du [[Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée|PLM]] et coupant des rampes d’accès aux ponts routiers{{sfn|Gibelin|1990|p=27|loc=|id=}}. Au total, les crues de 1886 inondent la plaine, de Mirabeau jusqu’au Rhône, pendant plus d’un mois{{sfn|Gibelin|1990|p=23|loc=|id=}}.


Et même des crues moins importantes peuvent être ravageuses : celle des 31 mai et 1{{er}} juin 1877 emporte le pont de [[Tallard (Hautes-Alpes)|Tallard]]<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', ''op. cit.'', p 91</ref>.
Même des crues moins importantes peuvent être ravageuses : celle des 31 mai et {{date-|1 juin 1877}} emporte le pont de [[Tallard (Hautes-Alpes)|Tallard]]{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=91|loc=|id=}}.

==== Crues du {{s-|XX|e}} ====

[[Image:Cru durance.JPG|vignette|Crue de la Durance en mai 2008.]]

Les aménagements hydroélectriques ont sensiblement modifié le régime des crues ordinaires et moyennes.

En revanche, les études montrent qu'ils n'ont pas d'influence sur les crues majeures<ref>Contrat de rivière du Val de Durance, rapport de présentation - SMAVD, SOGREAH, 2008.</ref> :
* d'une part parce que les crues les plus violentes pour la basse vallée se forment sur la moyenne Durance (axe Buëch - Bléone - Verdon), comme le montrent les grandes crues du {{s-|XIX|e}}, donc à l'aval des grands réservoirs (Serre-Ponçon notamment) ;
* d'autre part parce que ces grands réservoirs ne sont pas gérés pour écrêter les grandes crues, et que leur volume peut être insuffisant (exemple de la crue de novembre 1994 sur le Verdon, peu modifiée par la retenue de Sainte-Croix).

Des crues importantes ont été observées en 1957 et 1994 ({{unité|2800|m|3|/s}} à Mirabeau, en [[janvier 1994]] et en [[novembre 1994]])<ref name="EGMBD"/>.

{{multiple image | width = 180 | align = center
| image1 = CrueDuranceMai2008PontEspinasse.jpg
| image2 = CrueDuranceMai2008Belvedere.jpg
| footer = Évacuateur de crue du barrage de Serre-Ponçon, vu du pont d'Espinasse (à gauche) et depuis le Belvédère (à droite).
}}

== Morphologie et dynamique fluviale ==

=== Formations d’îles dans le lit de la Durance ===


==== Formations d’îles dans le lit de la Durance ====
Trois types d’îles se forment dans le lit de la Durance :
Trois types d’îles se forment dans le lit de la Durance :
* les bancs de graviers, apportés par les crues, et généralement sans ou avec peu de végétation ;
* les bancs de graviers, apportés par les crues, et généralement sans ou avec peu de végétation ;
* les iscles ou isclons, bancs de [[limon (roche)|limon]]s fertiles sur lesquels peuvent pousser des plantes à croissance rapide ([[osier]]), et qui ne sont balayées que par les fortes crues ;
* les iscles ou isclons, bancs de [[limon (roche)|limons]] fertiles sur lesquels peuvent pousser des plantes à croissance rapide ([[saule]]s), et qui ne sont balayées que par les fortes crues ;
* les bourras, des amoncellements de troncs et de bois flottés<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 32</ref>.
* les bourras, des amoncellements de troncs et de bois flottés{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=32|loc=|id=}}.


Les iscles peuvent faire plusieurs kilomètres de long, et jusqu’à 400 à 500 m de large<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 57</ref>. Selon Jean-Marie Gibelin, qui se fonde sur l’étude des différents plans et cadastres du lit, on peut reconstituer leur cycle de vie ainsi<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 57 et suivantes </ref> :
Les iscles peuvent faire plusieurs kilomètres de long, et jusqu’à 400 à {{unité|500|m}} de large{{sfn|Gibelin|1990|p=57|loc=|id=}}. Selon Jean-Marie Gibelin, qui se fonde sur l’étude des différents plans et cadastres du lit, on peut reconstituer leur cycle de vie ainsi{{sfn|Gibelin|1990|p=57 et suiv.|loc=|id=}} :
* une crue importante dépose un banc de gravier qui émerge du cours moyen ;
* une crue importante dépose un banc de gravier qui émerge du cours moyen ;
* sur ce banc, des herbes et roseaux poussent. La crue suivante est ralentie à cet endroit, et dépose des limons, ce qui permet la pousse de ce qui est indiqué comme des bruyères sur le cadastre ;
* sur ce banc, des herbes et roseaux poussent. La crue suivante est ralentie à cet endroit, et dépose des limons, ce qui permet la pousse de ce qui est indiqué comme des bruyères sur le cadastre ;
Ligne 203 : Ligne 301 :
=== Intérêt écologique ===
=== Intérêt écologique ===


La vallée présente l'intérêt de regrouper de nombreux habitats naturels d'intérêt [[Union européenne|communautaire]], régulièrement remaniés par les crues, et subissant à la fois les influences méditerranéenne et montagnarde. Elle joue aussi un rôle important de corridor biologique, dans le cadre de la [[trame verte]] nationale et du [[réseau écologique paneuropéen]], ce qui explique son classement en zone [[Natura 2000]].
La vallée présente l'intérêt de regrouper de nombreux habitats naturels d'intérêt [[Union européenne|communautaire]], régulièrement remaniés par les crues, et subissant à la fois les influences méditerranéennes et montagnardes.
Elle joue aussi un rôle important de corridor biologique, mis en évidence notamment au sein de la [[trame verte et bleue française]] et du [[réseau écologique paneuropéen]], et forme à cet égard un site [[Natura 2000]].


=== Écologie du cours d’eau ===
=== Écologie du cours d’eau ===


Dans les eaux courantes, on compte aujourd'hui de 150 à 200 espèces de macro-invertébrés<ref>Jean Giudicelli, « Caractéristiques originelles de la rivière », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 57</ref>, mais avec peu d’espèces végétales (en raison du régime des crues).
Dans les eaux courantes, on compte aujourd'hui de {{unité|150|à=200|espèces}} de macro-invertébrés<ref name="giudicelli57"/>, mais avec peu d’espèces végétales (en raison du régime des crues).


La qualité de l’eau est réputée bonne dans la vallée supérieure, malgré le colmatage inévitable avec les nombreuses retenues, qui privent la Durance de la puissance nécessaire à l’emport des sédiments. Cette qualité a été obtenue grâce à des actions d’assainissement (y compris sur les affluents de la [[Luye]] et du [[Calavon|Coulon]]). Il reste quelques points noirs dans la moyenne vallée (en aval de l’usine [[Arkema]] à [[Château-Arnoux]], après la confluence avec le Coulon)<ref> Jean Giudicelli et Karine Viciana, « La Durance aujourd’hui », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', [S.l.] : Conseil régional PACA, p 59</ref>.
La qualité de l’eau est réputée bonne dans la vallée supérieure, malgré le colmatage inévitable avec les nombreuses retenues, qui privent la Durance de la puissance nécessaire à l’emport des sédiments. Cette qualité a été obtenue grâce à des actions d’assainissement (y compris sur les affluents de la [[Luye]] et du [[Calavon|Coulon]]). Il reste quelques points noirs dans la moyenne vallée (en aval de l’usine [[Arkema]] à [[Château-Arnoux]], après la confluence avec le Coulon)<ref name="giudicelli59"/>.


La profondeur de 32 cm en moyenne entraîne de fortes variations de températures selon la saison (de 0 à 28°C) et selon l’heure de la journée (7,5°C d’amplitude l’été, 10°C l’hiver), ce qui sélectionne les organismes aquatiques adaptés à ces changements. <br />
La profondeur de {{unité|32|cm}} en moyenne entraîne de fortes variations de température selon la saison (de {{tmp|0|28|°C}}) et selon l’heure de la journée ({{tmp|7.5|°C}} d’amplitude l’été, {{unité|10|°C}} l’hiver), ce qui sélectionne les organismes aquatiques adaptés à ces changements.
L’aménagement de la vallée ainsi que l'espacement et la diminution de l'importance des crues ont permis la colonisation de l’espace alluvial par une [[ripisylve]] d’[[aulne]]s et de [[peuplier]]s qui constitue localement une [[forêt-galerie]]. Le lit, bien que moins humide, accueille encore 110 espèces d’oiseaux à l’année, plus 82 espèces d’[[oiseaux migrateurs]] qui y trouvent des zones de repos et de nourrissage et parfois de reproduction. 110 espèces y hivernent<ref> Jean Giudicelli et Karine Viciana, « La Durance aujourd’hui », p 59</ref>. La diversité aviaire a augmenté après les aménagements, mais il est probable qu'il y ait eu autrefois une diversité supérieure à celle-ci, de même qu'un nombre d'individus plus élevé pour certaines familles d'oiseaux.


L’aménagement de la vallée ainsi que l'espacement et la diminution de l'importance des crues ont permis la colonisation de l’espace alluvial par une [[ripisylve]] d’[[aulne]]s et de [[peuplier]]s qui constitue localement une [[forêt-galerie]]. Le lit, bien que moins humide, accueille encore {{unité|110|espèces}} d’oiseaux à l’année, plus {{unité|82|espèces}} d’[[oiseaux migrateurs]] qui y trouvent des zones de repos et de nourrissage et parfois de reproduction. La diversité aviaire a augmenté après les aménagements, mais il est probable qu'il y ait eu autrefois une diversité supérieure, de même que des populations plus nombreuses pour certaines espèces.
On trouve aussi dans la Durance ou à ses abords environ 75 espèces de mammifères dont le [[castor d'Europe]], le [[campagnol amphibie]], la crossope (ou [[Musaraigne aquatique européenne|musaraigne aquatique]]), de nombreuses espèces de [[chauve-souris|chauves-souris]] : barbastelle (''[[Barbastella barbastellus]]''), grand murin (''[[Myotis myotis]]''), grand rhinolophe (''[[Rhinolophus ferrumequinum]]''), minioptère<ref>Les [[Miniopterus|minioptères]] sont des [[chauves-souris]]</ref> de Schreibers (''[[Miniopterus schreibersi]]''), petit murin (''[[Myotis blythii]]''), petit rhinolophe (''[[Rhinolophus hipposideros]]''), vespertilion à oreilles échancrées (''[[Myotis emarginatus]]''), vespertilion de Capaccini (''[[Myotis capaccinii]]''). On y trouve aussi des espèces introduites et devenues [[espèce invasive|invasives]] (dont le [[ragondin]])<ref> Jean Giudicelli et Karine Viciana, « La Durance aujourd’hui », p 60</ref> et le [[rat musqué]] arrivé plus récemment. La [[loutre]] pourrait avoir récemment disparu ou sa présence serait très relictuelle<ref>Cf. Inventaires Natura 2000, DIREN</ref>{{,}}<ref>Définition de « relictuelle » sur le [http://www.foret-aquitaine.com/lexique.htm guide des milieux forestiers], consultée le 30 août 2008</ref>.
[[Image:Durance near Manosque.jpg|thumb|La Durance près de [[Manosque]]]]
Les populations d’[[algue]]s et plantes aquatiques (100 espèces en moyenne et basse Durance) et d’[[invertébré]]s aquatiques (77 espèces) sont moins variées qu’avant les aménagements (comparaison avec celles de l’[[Asse (Alpes-de-Haute-Provence)|Asse]] et du Buëch). Les [[ludwigia|jussies]], espèces de plantes invasives, apparaissent progressivement (depuis [[1986]]) dans les eaux stagnantes (gravières, mares, bras morts)<ref>Christophe Garrone, « Les zones humides artificielles de Basse Durance », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 77</ref>.


On trouve aussi dans la Durance ou à ses abords environ {{unité|75|espèces}} de mammifères dont le [[Castor fiber|castor d'Europe]], le [[campagnol amphibie]], la crossope (ou [[Musaraigne aquatique européenne|musaraigne aquatique]]), de nombreuses espèces de [[chauve-souris|chauves-souris]] : barbastelle (''[[Barbastella barbastellus]]''), grand murin (''[[Myotis myotis]]''), grand rhinolophe (''[[Rhinolophus ferrumequinum]]''), minioptère<ref group=note>Les [[Miniopterus|minioptères]] sont des [[chauves-souris]].</ref> de Schreibers (''[[Miniopterus schreibersi]]''), petit murin (''[[Myotis blythii]]''), petit rhinolophe (''[[Rhinolophus hipposideros]]''), vespertilion à oreilles échancrées (''[[Myotis emarginatus]]''), vespertilion de Capaccini (''[[Myotis capaccinii]]''). On y trouve aussi des espèces introduites et devenues [[espèce invasive|invasives]] (dont le [[ragondin]])<ref name="giudicelli60"/> et le [[rat musqué]] arrivé plus récemment. La [[Loutre d'Europe|loutre]] pourrait avoir récemment disparu ou serait très relictuelle<ref name="natura2000"/>{{,}}<ref>Définition de « relictuelle » sur le [http://www.foret-aquitaine.com/lexique.htm guide des milieux forestiers], consultée le 30 août 2008.</ref>.
De même, il y a peu d’espèces de poissons (14), mais quelques espèces patrimoniales ; outre le [[blageon]] et le [[Chondrostoma toxostoma|toxostome]], on y trouve aussi l’[[apron]] du Rhône (poisson très [[Espèce menacée|menacé de disparition]]) et la [[loche de rivière]] (''Cobitis taenia taenia'') encore très significativement présente. Mais l’envasement et le manque d'oxygène compromettent la reproduction des truites<ref>Pour le §, Jean Giudicelli et Karine Viciana, « La Durance aujourd’hui », p 60</ref>. La [[lamproie de Planer]] y était encore récemment signalée. Elle a peut-être disparu<ref>Inventaires Natura 2000, Diren</ref>.

Les populations d’[[algue]]s et plantes aquatiques ({{unité|100|espèces}} en moyenne et basse Durance) et d’[[invertébré]]s aquatiques ({{unité|77|espèces}}) sont moins variées qu’avant les aménagements (comparaison avec celles de l’[[Asse (Alpes-de-Haute-Provence)|Asse]] et du Buëch). Les [[ludwigia|jussies]], espèces de plantes invasives, apparaissent progressivement (depuis 1986) dans les eaux stagnantes (gravières, mares, bras morts)<ref name="garrone77">Christophe Garrone, « Les zones humides artificielles de Basse Durance » dans {{harvsp|La Durance : lien de vie du territoire régional|p=77|loc=|id=lien}}.</ref>.

Avant les aménagements de la rivière on y trouvait plusieurs espèces migratrices amphihalines (qui vivent alternativement en mer et en eau douce) comme l'anguille, l'alose et la lamproie marine, espèces maintenant bloquées en partie basse de la Durance par les seuils et barrages. Il reste encore quelques espèces patrimoniales : outre le [[blageon]] et le [[toxostome]], on y trouve encore l’[[apron]] du Rhône (poisson très [[Espèce menacée|menacé de disparition]]) et la [[loche de rivière]] (''Cobitis taenia taenia'') encore très significativement présente. Mais l’envasement et le manque d'oxygène compromettent la reproduction des truites<ref name="giudicelli60"/>. La [[lamproie de Planer]] y était encore récemment signalée. Elle a peut-être disparu<ref name="natura2000"/>.


=== Espèces présentes dans la vallée ===
=== Espèces présentes dans la vallée ===


Outre la faune et la flore spécifiquement liées à la rivière, on peut noter :
Outre la faune et la flore spécifiquement liées à la rivière, on peut noter :
* dans la haute-vallée de la Durance, la présence fréquente d’une espèce d’un « très beau » papillon nocturne, le [[Isabelle (papillon)|Graellsia isabellae Graells]], protégé<ref name="Bessonnat3">Gilbert Bessonnat, {{opcit}}, p 3</ref> ;
* dans la haute-vallée de la Durance, la présence fréquente d’une espèce d’un papillon nocturne, le [[Isabelle (papillon)|Graellsia isabellae Graells]], protégé{{sfn|Bessonnat|1980|p=3|loc=|id=}} ;
* de la présence de la [[Lavande vraie|lavande]] et de la [[sarriette]] dès [[Mont-Dauphin]]<ref name="Bessonnat3" />.
* la présence de la [[Lavande vraie|lavande]] et de la [[sarriette]] dès [[Mont-Dauphin]]{{sfn|Bessonnat|1980|p=3|loc=|id=}}.

=== Pollution ===

Les premières [[pollution]]s importantes de la Durance remontent à l’installation de l’usine de fabrication d’[[arme chimique|armes chimiques]] et d’[[aluminium]] à [[Château-Arnoux-Saint-Auban|Saint-Auban]], durant la [[Première Guerre mondiale]]. Dans les années 1920 et 1930, tous les résidus de production sont rejetés à la rivière, la bauxite rougissant la Durance<ref name="Lacroix197"/>.

Les relevés effectués dans les [[années 1970]] montrent que la pollution de la Durance restait majoritairement d’origine industrielle en aval de Saint-Auban, sauf dans les traversées d’agglomération<ref name="muckensturm86">{{Article |langue= |auteur1=F. Muckensturm |titre= La pollution des eaux en Provence-Côte d'Azur|périodique=Méditerranée |tome= 12, Deuxième série|numéro= 1|date= 1973|pages=p.86 |issn= |e-issn= |lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1973_num_12_1_1468 |consulté le= |id= }}. </ref>. Les rejets de l’usine [[Péchiney]] de Saint-Auban polluent alors la rivière sur plus de vingt kilomètres{{sfn|Muckensturm|1973|p=90|loc=|id=}}, malgré l’[[Épuration des eaux|épuration]] qui ne concerne à cette époque que moins de la moitié des eaux polluées{{sfn|Muckensturm|1973|p=93|loc=|id=}}. Puis la pollution réapparaît à partir de [[Manosque]], composée principalement de produits chimiques agricoles et d’eaux de lessivage de cuves à [[mazout]]{{sfn|Muckensturm|1973|p=90|loc=|id=}}.

Au milieu des [[années 1970]], la situation ne s’est globalement pas améliorée : la pollution de l’eau nuit fortement à la reproduction des poissons en aval du confluent de la [[Luye]] (qui lui apportait des [[hydrocarbure]]s et la pollution de [[Gap]]), en aval de [[Sisteron]], et sur tout le cours moyen de la Durance, entre le confluent de la Bléone et le confluent du Verdon<ref name="pelissier68">{{Article |langue= |auteur1=F. Pelissier|titre=La lutte contre la pollution de l'eau et sa prévention |périodique=Méditerranée - L'eau en Provence-Alpes-Côte d'Azur|tome=39 , Troisième série|numéro= |date=2 mars 1980 |pages=p.68 |issn= |e-issn= |lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1980_num_39_2_1940 |consulté le= |id= }}.</ref>. La survie des poissons est menacée en aval du confluent de la Bléone par les rejets chimiques et toxiques de l’usine de Saint-Auban<ref name="pelissier68"/>. Si la rivière restait polluée en aval de Cadarache, la situation apparaissait globalement maîtrisée jusqu’au confluent avec le Rhône{{sfn|Pelissier|1980|p=70|loc=|id=}}. Les objectifs d’assainissement étaient d’une qualité 1A (tous les usages possibles) en amont de Sisteron, et 1B de Sisteron à Avignon{{sfn|Pelissier|1980|p=73|loc=|id=}}.


== Histoire ==
== Histoire ==

La Durance a joué un rôle très important dans l'[[histoire de la Provence]], et a grandement contribué à la croissance économique et démographique de la région marseillaise, après avoir été un obstacle à la circulation pendant des siècles.
La Durance a joué un rôle très important dans l'[[histoire de la Provence]], et a grandement contribué à la croissance économique et démographique de la région marseillaise, après avoir été un obstacle à la circulation pendant des siècles.


[[Image:Carte de la Durance au Bac de Noves.jpg|vignette|droite|Le bac à traille entre [[Noves]] et la [[Chartreuse de Bonpas]]]]
Les fouilles de sauvetage qui ont eu lieu sur le chantier de l’autoroute [[A51]] ont permis de découvrir quelques sites préhistoriques et antiques<ref>DRAC PACA, ''Recherches archéologiques en Val de Durance : travaux de sauvetage sur le chantier de l’autoroute A51'', Éditions de la société des Autoroutes Estérel Côte d’Azur, 1990, 55 p</ref>.


Les fouilles de sauvetage qui ont eu lieu sur le chantier de l’autoroute [[Autoroute française A51|A51]] ont permis de découvrir quelques [[site préhistorique|sites préhistoriques]] et antiques<ref name="fouillesA51"/>.
De l'[[Antiquité]] au {{s|XIX|e}}, la Durance était réputée pour sa traversée difficile, ses crues brutales et un débit inconstant. La largeur de son lit, la force et la faible profondeur de son courant, et les changements de cours après les crues rendaient son franchissement par gué ou bac, ainsi que la navigation fluviale, très délicats (malgré une hauteur d'eau relativement importante en période de hautes-eaux). Il fallait parfois plusieurs bacs pour traverser les différents bras ou canaux et reconstruire fréquemment le câble (« traille ») support. Les rives instables et parfois abruptes rendaient l’établissement du bac et son accès difficiles. Les gués étaient difficiles à établir, souvent emportés : les seuls durables sont ceux de Mirabeau et de Pertuis, inutilisables en périodes de crues<ref>Bernard Amouretti, « Pourtant, la vallée de la Durance a toujours été un axe de passage », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', : Conseil régional PACA, p 27</ref>.

De l'[[Antiquité]] au {{XIXe siècle}}, la Durance était réputée pour sa traversée difficile, ses crues brutales et un débit inconstant. La largeur de son lit, la force et la faible profondeur de son courant, et les changements de cours après les crues rendaient son franchissement par gué ou bac, ainsi que la navigation fluviale, très délicats (malgré une hauteur d'eau relativement importante en période de hautes-eaux). Il fallait parfois plusieurs bacs pour traverser les différents bras ou canaux et reconstruire fréquemment le câble (« traille ») support. Les rives instables et parfois abruptes rendaient l’établissement du bac et son accès difficiles. Les gués étaient difficiles à établir, souvent emportés : les seuls durables sont ceux de Mirabeau et de Pertuis, inutilisables en périodes de crues<ref name="amouretti"/>.


=== Antiquité ===
=== Antiquité ===

[[Image:Via_domitia_map600x600_(1).png|right|thumb|la voie Domitienne franchissait la Durance à Cavaillon]]
[[Image:Via domitia map600x600 (1).png|vignette|gauche|La [[voie Domitienne]] franchissait la Durance à [[Cavaillon]].]]

À l'époque préromaine, la Durance formait la frontière entre différents peuples [[celtes]] établis le long de son lit, comme les [[Cavares]] ([[Cavaillon]]) et les [[Salyens]].
À l'époque préromaine, la Durance formait la frontière entre différents peuples [[celtes]] établis le long de son lit, comme les [[Cavares]] ([[Cavaillon]]) et les [[Salyens]].


La vallée de la Durance est une voie de pénétration des Alpes, empruntée par la [[voie domitienne]] ; une statue de [[Janus (mythologie)|Janus]] est d’ailleurs élevée au Montgenèvre, point de passage entre la [[Gaule cisalpine]] et la [[Gaule narbonnaise]]<ref>Nicolas Masras, « Durance, source et frontière », ''in'' Jacques Sapiega, ''La Durance, parcours & regards'', Conseil régional PACA, 2004 (DVD)</ref>. [[Strabon]] ({{s|I|er}}) signale qu’un bac était établi à [[Cavaillon]]<ref>Barruol, ''La Durance de long en large'', p 39</ref>, la grande voie romaine d’Espagne en Italie ne traversant pas la Durance entre Cavaillon et le Mont-Genèvre. Il devait y avoir plusieurs bacs à Cavaillon, du fait de l’importance du point de passage (on a d’ailleurs retrouvé un quai d’embarquement taillé dans le roc). On sait qu’un pont existait à Sisteron<ref name="Barruol40">Barruol, ''La Durance de long en large'', p 40</ref>. On suppose que d’autres [[Bac (bateau)|bacs]] devaient permettre de la franchir<ref name="Barruol40" /> comme cela est attesté à partir du {{s|XI|e}}, notamment à la hauteur de [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], ville dont le nom conserve le souvenir de cette fonction.
La vallée de la Durance est une voie de pénétration des Alpes, empruntée par la [[voie Domitienne]] ; une statue de [[Janus (mythologie)|Janus]] est d’ailleurs élevée au Montgenèvre, point de passage entre la [[Gaule cisalpine]] et la [[Gaule narbonnaise]]<ref name="masras"/>. [[Strabon]] ({{Ier siècle}}) signale qu’un bac était établi à [[Cavaillon]]{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=39|loc=|id=}}, la grande voie romaine d’Espagne en Italie ne traversant la Durance qu’à Cavaillon et à Sisteron{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=40|loc=|id=}}. Il devait y avoir plusieurs bacs à Cavaillon, du fait de l’importance du point de passage (on a d’ailleurs retrouvé un quai d’embarquement taillé dans le roc). Un pont existait à Sisteron. On suppose que d’autres [[Bac (bateau)|bacs]] devaient permettre de la franchir{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=40|loc=|id=}} comme cela est attesté à partir du {{XIe siècle}}, notamment à la hauteur de [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], ville dont le nom conserve le souvenir de cette fonction.


[[Image:Commerce du vin sur la Durance (époque gallo-romaine).png|thumb|left|Bas-relief d'époque gallo-romaine : commerce du [[vin]] sur la Durance ([[Cabrières-d'Aigues|Cabrières-d'Aigues]], Vaucluse)]]Difficile à franchir (sauf à Sisteron, où son cours se resserre entre deux rives rocheuses), la Durance est néanmoins navigable. Les [[bas-relief]]s de [[Cabrières-d’Aigues]] le démontrent, le cours d’eau est utilisé pour le transport de différentes denrées liquides (vin, huile d’olive)<ref>Barruol, ''La Durance de long en large'', p 31-32</ref>, les Gallo-Romains utilisant les [[halage|haleurs]] {{en la|helciarii}} et le vent pour remonter le courant. Plusieurs corporations spécialisées assuraient ce transport : les [[nautes]] avaient le [[monopole]] du transport sur grandes rivières et utilisaient des barques, les [[utriculaires]] {{en la|utricularii}} qui l’avaient sur les petites rivières et dans les marais utilisaient des radeaux flottant sur des outres gonflées. Deux corporations d’utriculaires se trouvaient à Sisteron et à [[Riez]]<ref name="Barruol32-36">Barruol, ''La Durance de long en large'', p 32-36</ref>.
Difficile à franchir (sauf à Sisteron, où son cours se resserre entre deux rives rocheuses), la Durance était néanmoins navigable. Les [[bas-relief]]s de [[Cabrières-d’Aigues]] le démontrent, le cours d’eau est utilisé pour le transport de différentes denrées liquides (vin, huile d’olive){{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=31-32|loc=|id=}}, les Gallo-Romains utilisant les [[halage|haleurs]] {{en latin|helciarii}} et le vent pour remonter le courant. Plusieurs corporations spécialisées assuraient ce transport : les [[nautes]] avaient le [[monopole]] du transport sur grandes rivières et utilisaient des barques, les [[utriculaires]] {{en latin|utricularii}} qui l’avaient sur les petites rivières et dans les marais utilisaient des radeaux flottant sur des outres gonflées. Deux corporations d’utriculaires se trouvaient à Sisteron et à [[Riez]]{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=32-36|loc=|id=}}.


Ce commerce alimentait l’activité d’un port important, proche du carrefour routier de Sisteron, au lieu-dit le Bourguet, à [[l'Escale (Alpes-de-Haute-Provence)|l’Escale]] : le port existait avant la conquête romaine, mais fut aménagé au {{-s|I|er}}, connut la prospérité jusqu’à la [[Crise du troisième siècle|crise du {{s-|III|e}}]], avant de retrouver une activité économique jusqu’au début du {{s|V|e}}<ref name="Barruol32-36" />.
Ce commerce alimentait l’activité d’un port important, proche du carrefour routier de Sisteron, au lieu-dit le Bourguet, à [[l'Escale (Alpes-de-Haute-Provence)|l’Escale]] : le port existait avant la conquête romaine, mais fut aménagé au {{-s|I|er}}, connut la prospérité jusqu’à la [[Crise du troisième siècle|crise du {{s-|III|e}}]], avant de retrouver une activité économique jusqu’au début du {{Ve siècle}}{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=32-36|loc=|id=}}.


=== Moyen Âge et temps modernes ===
=== Moyen Âge et temps modernes ===
Au Moyen Âge, le [[Liste des comtes de Forcalquier|comté de Forcalquier]] s’étire tout en longueur le long de la Durance, de Cavaillon jusqu’à [[La Roche-de-Rame|Roche-de-Rame]] près d’[[Embrun (Hautes-Alpes)|Embrun]]. Du {{sp|XII|e|au|XIX|e|s}}, la [[rivière]] fut employée au [[flottage du bois]], coupé dans les Alpes (notamment par les moines de [[Abbaye Notre-Dame de Boscodon|Boscodon]], qui par privilège de 1191 utilisaient gratuitement le fleuve<ref>Barruol, ''La Durance de long en large'', p 45</ref>) et utilisé dans les villes de plaine et les chantiers navals.


[[Image:Sisteron August2007 2.jpg|vignette|droite|upright|Le pont sur la Durance entre Sisteron et la Baume.]]
D’autres marchandises sont transportées sur le fleuve, dont principalement le [[sel alimentaire|sel]], marchandises qui voient leur prix augmenté par les dix péages établis sur les 300 km du cours d’eau<ref>à [[Savines-le-Lac|Savines]], [[La Bréole]], [[Monêtier-Allemont]], le [[le Poët|Poët]], [[Sisteron]], [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Les Mées]], [[La Brillanne]], [[Saint-Paul-lès-Durance|Saint-Paul]], [[Mallemort]] et [[Orgon]], Barruol, ''La Durance de long en large'', p 46</ref> ; J. Billioud estime qu’en 1587, le prix du bois est multiplié par quinze entre son lieu d’abattage, à Boscodon, et Marseille<ref>cité par Gibelin, {{opcit}}, p 28<!-- mais Billioud ne figure pas dans la bibliographie de Gibelin : il s’agit probablement de Joseph, mais il existe aussi un Jean-Michel. --></ref>.
[[Image:2004 0918 150855.JPG|thumb|right|[[Sisteron]] bâtie sur les rives de la Durance]]


À la fin de l’Antiquité, la Durance, difficilement franchissable, sert à dessiner les frontières. En 470, elle marque la limite de l’avancée vers le sud des [[Burgondes]]<ref name="boekholt77"/>. Quand [[Romulus Augustule]] est déposé en 476, le territoire au sud et à l’est de la Durance échoit aux Wisigoths. Les Burgondes, déjà installés au nord et à l’ouest du cours d'eau, occupent le sud de la Provence à la mort du Wisigoth [[Euric]] en 483<ref name="AHP-c35"/>. En 526, [[Amalasonte]], la reine des [[Ostrogoths]] cède au roi des [[Burgondes]] [[Godomar III]] la portion de terres comprise entre l'[[Isère (rivière)|Isère]] et la Durance, qui devient la nouvelle frontière entre les deux royaumes<ref name="becker-piriou">{{Article |langue= |auteur1= Audrey Becker-Piriou|titre=De Galla Placidia à Amalasonthe, des femmes dans la diplomatie romano- barbare en Occident ? |périodique=Revue historique |volume= |numéro=647 |date=2008/3 |pages=p.531 |issn= |e-issn= |lire en ligne= http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RHIS&ID_NUMPUBLIE=RHIS_083&ID_ARTICLE=RHIS_083_0507|consulté le= |id= }}.</ref>.
Le pont de [[Sisteron]], érigé au Moyen Âge, est resté jusqu'au milieu du {{s|XIX|e}} le seul passage en dur d'une rive à l'autre de la Durance. Après l’an Mil, le nombre de bacs (déjà présents auparavant) augmente cependant : il s’agit de [[bac à traille|bacs à traille]] (équipés d’un mât qui s’appuie sur un câble, la traille, tendu entre les deux rives du cours principal). Le plus ancien connu est celui allant de [[la Roque-d'Anthéron]] à [[Cadenet]] (à Gontard), attesté en [[1037]]<ref name="Barruol48">Barruol, ''La Durance de long en large'', p 48</ref>. Au {{s|XI|e}} existe encore celui de [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]]. Par la suite, les preuves d’existence de bacs se multiplient, notamment à [[Rognonas]], [[La Brillanne]] ({{s|XIII|e}}), [[Noves]], [[Orgon]], [[Le Puy-Sainte-Réparade]], [[Meyrargues]], [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], [[Peyrolles-en-Provence|Peyrolles]], celui de Cante-Perdrix à [[Mirabeau (Vaucluse)|Mirabeau]], [[Manosque]], [[Lurs|Giropey]], [[Château-Arnoux-Saint-Auban|Château-Arnoux]], [[le Bourguet]], [[Volonne]], [[Chartreuse de Bompas|Bonpas]]<ref name="Barruol48" />. Les principaux sont ceux de [[Cadenet]] et de Mirabeau, qui étaient empruntés par les troupeaux de moutons en [[transhumance]]<ref>Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre : le « bac à traille », Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', [S.l.] : Conseil régional PACA, p 33</ref>. D’autres bacs sont mis en place pour alimenter les moulins construits à la fin du {{s|XVIII|e}} au [[Le Poët|Poët]], à [[Upaix]] et [[Claret (Alpes-de-Haute-Provence)|Claret]]<ref>Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre : le « bac à traille» », p 33</ref>. Néanmoins, la desserte par bac reste toujours plus faible que celle du Rhône (un bac tous les 9 à 11 km en moyenne, contre un tous les 5,2 km sur le Rhône)<ref>Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre de la Durance : d’étranges bateaux », ''in'' Guy Barruol, Denis Furestier, Catherine Lonchambon, Cécile Miramont, La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l’histoire d’une rivière capricieuse, Les Alpes de lumière no 149, Forcalquier 2005, ISBN 2-906162-71-X, p 55</ref>. À partir du {{s|XII|e}}, on construit également des ponts de bois, qui durent plus ou moins longtemps, et sont détruits de diverses manières :
* à Maupas (actuel ''Bonpas'', à Caumont), de la fin du {{s|XII|e}} à sa destruction par le comte de Toulouse en 1241 ;
* à Mirabeau, au début du {{s|XIII|e}}, près de Sainte-Madeleine-du-Pont ;
* à [[Savines-le-lac|Savines]], le plus fréquenté des ponts de Haute-Durance ({{s|XV|e}}).


Au Moyen Âge central, le [[Liste des comtes de Forcalquier|comté de Forcalquier]] s’étire tout en longueur le long de la Durance, de Cavaillon jusqu’à [[La Roche-de-Rame|Roche-de-Rame]] près d’[[Embrun (Hautes-Alpes)|Embrun]]. C'est justement grâce à un ''état des dommages'' du comte [[Guillaume III de Forcalquier]] par lequel il revendique ses droits sur [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]] en 1119 qu'on sait que la Durance était naviguée au Moyen Âge<ref>Mariacristina Varano, ''[http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/65/62/10/PDF/ThA_se_M._Varano_vol._1_2_3.pdf Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Âge ({{sp-|IX|-|XIII|s}}). L'exemple de Forcalquier et de sa région]'', thèse soutenue à l'université d'Aix-Marseille I, 2011, {{p.}}453.</ref>. Du {{sp|XII|au|XIX|}}, la [[rivière]] servit au [[flottage du bois]], coupé dans les Alpes (notamment par les moines de [[Abbaye Notre-Dame de Boscodon|Boscodon]], par privilège gratuit de 1191{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=45|loc=|id=}}) et utilisé dans les villes de plaine et les chantiers navals.
Le pont antique de Sisteron est reconstruit en [[1365]]<ref name="Barruol48" />. [[Sébastien Le Prestre de Vauban|Vauban]] confirme la difficulté d’établissement d’un pont en refusant d’en construire un à Cadenet<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 47</ref>.


D’autres marchandises sont transportées sur la Durance, dont principalement le [[sel alimentaire|sel]], marchandises dont le prix augmente au passage des dix péages établis sur les {{unité|300|km}} du cours d’eau à [[Savines-le-Lac|Savines]], [[La Bréole]], [[Monêtier-Allemont]], [[Le Poët]], [[Sisteron]], [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Les Mées]], [[La Brillanne]], [[Saint-Paul-lès-Durance|Saint-Paul]], [[Mallemort]] et [[Orgon]]{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=45|loc=|id=}} ; J. Billioud estime qu’en 1587, le prix du bois est multiplié par quinze entre son lieu d’abattage, à Boscodon, et Marseille<ref>cité par {{harvsp|Gibelin|1990|p=28|loc=|id=}}<!-- mais Billioud ne figure pas dans la bibliographie de Gibelin : il s’agit probablement de Joseph, mais il existe aussi un Jean-Michel. -->.</ref>.
Un important réseau de canaux d'[[irrigation]] se développe, dont certains déviant une petite partie du débit vers [[Arles]] ([[canal de Craponne]]) et la [[Crau]].


Le pont de [[Sisteron]], érigé au Moyen Âge, est resté jusqu'au milieu du {{XIXe siècle}} le seul passage fixe d'une rive à l'autre de la Durance.
=== {{s-|XIX|e}} ===


Après l’an Mil, le nombre de bacs (déjà présents auparavant) augmente cependant : il s’agit de [[bac à traille|bacs à traille]] (équipés d’un mât qui s’appuie sur un câble, la traille, tendu entre les deux rives du cours principal). Le plus ancien connu est celui allant de [[la Roque-d'Anthéron]] à [[Cadenet]] (à Gontard), attesté en 1037{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=48|loc=|id=}}. Au {{XIe siècle}} existe encore celui de [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]].
Des relevés sont effectués en [[1850]], et permettent de mesurer précisément la largeur du lit du cours d’eau : {{formatnum:1200}} m aux Mées, {{formatnum:1600}} m à Manosque, {{formatnum:2000}} m au confluent avec le Verdon<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 56</ref>.


Par la suite, les preuves d’existence de bacs se multiplient, notamment à [[Rognonas]], [[La Brillanne]] ({{XIIIe siècle}}), [[Noves]], [[Orgon]], [[Le Puy-Sainte-Réparade]], [[Meyrargues]], [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], [[Peyrolles-en-Provence|Peyrolles]], celui de Cante-Perdrix à [[Mirabeau (Vaucluse)|Mirabeau]], [[Manosque]], [[Lurs|Giropey]], [[Château-Arnoux-Saint-Auban|Château-Arnoux]], [[le Bourguet]], [[Volonne]], [[Chartreuse de Bompas|Bonpas]]{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=48|loc=|id=}}. Les principaux sont ceux de [[Cadenet]] et de Mirabeau, qui étaient empruntés par les troupeaux de moutons en [[transhumance]]<ref name=lonchambon33>{{Chapitre |langue= fr |auteur1= Catherine Lonchambon|titre chapitre= D’une rive à l’autre : le « bac à traille |auteurs ouvrage= Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture |titre ouvrage='La Durance : lien de vie du territoire régional |lieu= [S.l.] |éditeur=Conseil régional PACA |année= |isbn= |lire en ligne= |passage=p.33 }}. </ref>. D’autres bacs sont mis en place pour alimenter les [[Moteur hydraulique|moulins]] construits à la fin du {{XVIIIe siècle}} au [[Le Poët|Poët]], à [[Upaix]] et [[Claret (Alpes-de-Haute-Provence)|Claret]]<ref name=lonchambon33/>.
En [[1856]], la crue millénale inonde tout le bassin de la Durance, de Sisteron jusqu'à son confluent à Avignon. Elle emporte les terrasses alluviales cultivées, rompt les digues, détruit les canaux. Les syndicats d’arrosants (qui ont remplacé les pareries) et les services locaux des Ponts et Chaussées demandent une intervention exceptionnelle à l’État. Le premier service d’observation d’une rivière est créé, le ''Service spécial de la Durance'', afin d’étudier l’hydrologie de la rivière, suivi de son bornage kilométrique à partir de [[1868]], du confluent avec le Verdon à celui avec le Rhône. Ce bornage permet un [[nivellement (topographie)|nivellement]] et de cartographier les terres inondables<ref>Claude Gouron (photographe), Hélène Vésian (auteur), ''Serre-Ponçon : voyage photographique au confluent de l’Ubaye et de la Durance'', Le Pontet : Éditions Barthélemy et Hangar, 2004. ISBN 2-87923-165-5, p 39</ref>.


Néanmoins, la desserte par bac reste toujours plus faible que celle du Rhône (un bac tous les {{unité|9|à=11|km}} en moyenne, contre un tous les {{unité|5.2|km}} sur le Rhône)<ref>Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre de la Durance : d’étranges bateaux », ''in'' {{harvsp|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=55|loc=|id=}}.</ref>. À partir du {{XIIe siècle}}, on construit également des ponts de bois, qui durent plus ou moins longtemps :
La construction du [[canal de Marseille]] qui capte l'eau de la Durance au milieu du {{s|XIX|e}} a permis à l'agglomération marseillaise de se développer très rapidement.
* à Maupas (actuel ''Bonpas'', à Caumont), de la fin du {{XIIe siècle}} à sa destruction par le comte de Toulouse en 1241 ;
* à Mirabeau, au début du {{XIIIe siècle}}, près de Sainte-Madeleine-du-Pont ;
* à [[Savines-le-lac|Savines]], le plus fréquenté des ponts de Haute-Durance ({{XVe siècle}}).


Le pont antique de Sisteron est reconstruit en 1365{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=48|loc=|id=}}. [[Sébastien Le Prestre de Vauban|Vauban]] confirme la difficulté d’établissement d’un pont en refusant d’en construire un à Cadenet{{sfn|Gibelin|1990|p=47|loc=|id=}}.
=== {{s-|XX|e}} : les aménagements hydroélectriques ===
L’utilisation de la Durance comme voie de transport décroît avec la concurrence de la route, et cesse définitivement avec celle du [[chemin de fer]]. Il ne reste que 10 radeliers en [[1896]], un seul en [[1908]]<ref>Barruol, ''La Durance de long en large'', p 48</ref> (voir aussi la partie [[Durance#La Durance dans les arts|Culture]]).


Un important réseau de canaux d'[[irrigation]] se développe, dont certains dévient une petite partie du débit vers [[Arles]] ([[canal de Craponne]]) et la [[Crau]].
Les aménagements hydroélectriques, avec la construction de la chaîne de barrages sur la Durance, le Verdon ainsi que sur le Buëch et la Bléone, ont eu les impacts économiques les plus importants et les plus visibles dans le paysage. La majeure partie du débit a été détournée dans des canaux en aval de Serre-Ponçon, et seul circule dans le lit naturel un débit réservé de 2 à {{NaU|5|m{{3}}/s}}, correspondant à 1/40e du débit naturel. Le lit s'est progressivement fixé et de la végétation commence à y pousser, là où l'eau ne coule plus. Grâce aux réservoirs de [[lac de Serre-Ponçon|Serre-Ponçon]] et de [[lac de Sainte-Croix|Sainte-Croix]], qui peuvent retenir un total de plus de 2 milliards de tonnes d'eau, l'irrigation reste possible en été pendant les années les plus sèches. Les plans d’eau ont permis un développement de l'économie locale grâce au [[tourisme]] estival.


Le cours de la Durance entre [[Savines-le-Lac|Savines]] et [[Sisteron]] constitue la limite entre la [[Provence]] (rive gauche) et le [[Dauphiné]] (rive droite).
{{clr}}

=== {{s-|XIX|e}} ===

C'est pendant ce siècle que se produisent les crues les plus violentes : 1843, 1856, 1882, 1886 (cf. supra) et que la science et la technique modernes sont utilisées pour mieux connaître la rivière et faciliter son franchissement.

Des relevés sont effectués en 1850, et permettent de mesurer précisément la largeur du lit du cours d’eau : {{unité|1200|m}} aux Mées, {{unité|1600|m}} à Manosque, {{unité|2000|m}} au confluent avec le Verdon{{sfn|Gibelin|1990|p=56|loc=|id=}}.

En 1856, la crue millénale inonde tout le bassin de la Durance, de Sisteron jusqu'à son confluent à Avignon. Elle emporte les terrasses alluviales cultivées, rompt les digues, détruit les canaux. Les syndicats d’arrosants (qui ont remplacé les pareries) et les services locaux des Ponts et Chaussées demandent une intervention exceptionnelle à l’État. Le premier service d’observation d’une rivière est créé, le ''Service spécial de la Durance'', afin d’étudier l’hydrologie de la rivière, suivi de son bornage kilométrique à partir de 1868, du confluent avec le Verdon à celui avec le Rhône. Ce bornage permet un [[nivellement (topographie)|nivellement]] et de cartographier les terres inondables<ref name="gouron39"/>.

La construction au milieu du {{XIXe siècle}} du [[canal de Marseille]], qui capte l'eau de la Durance, a permis à l'agglomération marseillaise de se développer très rapidement. De nombreux ponts ont été édifiés ou reconstruits, notamment à Volonne, Manosque, Mirabeau, Pertuis et Cadenet, certains sont des ponts suspendus.

=== {{s-|XX|e}} : les aménagements hydroélectriques ===


L’utilisation de la Durance comme voie de transport décroît avec la concurrence de la route, et cesse définitivement avec celle du [[chemin de fer]]. Il ne reste que 10 radeliers en 1896, un seul en 1908{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=48|loc=|id=}} (voir aussi la partie [[#La Durance dans les arts et la culture|Culture]]).
== L'aménagement du cours de la Durance ==


Les aménagements hydroélectriques, avec la construction de la chaîne de barrages sur la Durance, le Verdon ainsi que sur le Buëch et la Bléone, ont eu les impacts économiques les plus importants et les plus visibles dans le paysage. La majeure partie du débit a été détournée dans des canaux en aval de Serre-Ponçon, et seul circule dans le lit naturel un débit réservé de {{unité|2|à=5|m|3|/s}}, correspondant à 1/{{40e}} du débit naturel. Le lit s'est progressivement fixé et de la végétation commence à y pousser, là où l'eau ne coule plus. Grâce aux réservoirs de [[lac de Serre-Ponçon|Serre-Ponçon]] et de [[lac de Sainte-Croix|Sainte-Croix]], qui peuvent retenir un total de plus de {{unité|2|milliards}} de tonnes d'eau, l'irrigation reste possible en été pendant les années les plus sèches. Les plans d’eau ont permis un développement de l'économie locale grâce au [[tourisme]] estival.
=== Les principaux ponts ===
[[Image:LGV - St Jacques Cavaillon pont sur Durance 2 - By JM Rosier.jpg|thumb|Les trois viaducs de Cavaillon]]
Hautes-Alpes :


== Aménagement du cours de la Durance ==
* [[Pont de Savines]] sur le [[lac de Serre-Ponçon]] ([[route nationale 94|RN94]])


=== Principaux ponts ===
Alpes-de-Haute-Provence :


;Hautes-Alpes :
* Viaduc au niveau de Manosque (D907)
* [[Pont de Savines]] sur le [[lac de Serre-Ponçon]] ([[route nationale 94 (France)|RN94]]) (longueur 924 mètres).


;Alpes-de-Haute-Provence :
Entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône :
[[Image:Barrage de l'Escale26.JPG|vignette|droite|Le pont-barrage de l'Escale.]]
* Vieux pont de la Baume à [[Sisteron]]
* Viaduc de l'autoroute [[Autoroute A51 (France)|A 51]] au sud de Sisteron
* Pont-barrage de [[l'Escale (Alpes-de-Haute-Provence)|l'Escale]] ([[Route nationale 85 (France)|RN 85]])
* Viaduc ferroviaire de la [[ligne Saint-Auban - Digne]]
* [[Pont métallique]] à poutre en treillis des [[Les Mées (Alpes-de-Haute-Provence)|Mées]] (D 4a)
* [[Pont de La Brillanne]] ([[route nationale 207a|D 4b]])
* Pont-canal à [[Villeneuve (Alpes-de-Haute-Provence)|Villeneuve]] ([[canal EDF]]).
* [[Pont de Manosque]] ([[route nationale 207|D 907]])
* [[Pont de Venterol]] (D 4)


;Entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône :
* Viaduc pour l'autoroute [[autoroute française A51|A51]], entre Beaumont-de-Pertuis et Saint-Paul-lès-Durance
* Viaduc au niveau de Pertuis
* Viaduc de l'[[Autoroute A51 (France)|A 51]] entre [[Beaumont-de-Pertuis]] et Cadarache
* Pont de Cavaillon (Viaduc, D938 du Vaucluse)
* [[Pont de Mirabeau]] ([[route nationale 96 (France)|ex-RN 96]])
* Pont suspendu de [[Pertuis (Vaucluse)]]
* Les trois viaducs de Cavaillon (1500 mètres) : important groupe de viaducs pour la [[LGV Méditerranée]] au sud-ouest de [[Cavaillon]], mis en service en [[2001]]
* Pont suspendu de [[Mallemort]]
* Viaduc pour l'autoroute [[autoroute française A7|A7]], au niveau de Bompas
[[Fichier:LGV - St Jacques Cavaillon pont sur Durance 2 - By JM Rosier.jpg|thumb|upright=2.0|Le grand viaduc [[LGV]] de Cavaillon.]]
* Les trois viaducs de la [[LGV Méditerranée]] à Cavaillon (longueurs 940, 900 et 1500 mètres)
* [[Pont de Bonpas|Viaducs jumeaux]] de la [[Route nationale 7 (France métropolitaine)|RN 7]] et de l'[[Autoroute A7 (France)|A 7]], à Bonpas
* Pont suspendu de [[Rognonas]] (D 970) au sud d'Avignon
* Viaduc ferroviaire de la [[ligne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles]] au sud d'Avignon.


====Le Pont de Mirabeau====
==== Pont de Bonpas ====
{{article détaillé|Pont de Mirabeau}}
{{Article détaillé|Pont de Bonpas}}
[[Image:Ponts de mirabeau.jpg|thumb|right|Les deux anciens ponts de Mirabeau]]
Le rétrécissement de la Durance sur la commune de [[Mirabeau (Vaucluse)|Mirabeau]] où la rivière se fraye un chemin entre deux falaises de calcaire abruptes, le ''défilé de Canteperdrix'', est un lieu de franchissement ancien et a donné lieu à la construction de pas moins de trois ouvrages successifs. L'ancienne route romaine qui reliait Aix à [[Riez]] passait en ce lieu et à partir de la première moitié du {{s|XIII|e}}, on utilisait des [[bac à traille|bacs à traille]]. Ces bacs, de 19 m par 5 m et 80 cm de hauteur, étaient constitués de [[mélèze]]. Le passeur utilisait des pieux, cordes et câbles pour faire avancer l'embarcation. La première tentative de construction d’un pont date du {{s|XV|e}}.
Les différents « Pont Mirabeau » qui furent édifiés ont été détruits totalement ou en partie à quatre reprises en [[1440]], [[1635]], [[1843]] et [[1881]] par la Durance déchaînée.


==== Pont de Mirabeau ====
[[Image:Mirabeau (Vaucluse) - Le Pont.JPG|thumb|left|Le pont moderne, une pile de l'ancien pont et la falaise de Canteperdrix]]Au {{s-|XIX|e}}, Jean-François Théophile Sauzet réalise un pont suspendu. Livré en [[1831]], il a une portée de 150 m de long pour 5,50 m de large. Les suspensions sont arrimées à deux immenses portiques [[Art roman|néo-romans]] encore debout aujourd'hui (inscrits à l’inventaire supplémentaire des [[Monument historique (France)|monuments historiques]]<ref>Arrêté du 6 juillet 1988, [http://www.culture.gouv.fr:80/public/mistral/merimee_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=INSEE&VALUE_1=84076&NUMBER=15&GRP=0&REQ=%28%2884076%29%20%3aINSEE%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=100&MAX3=100&DOM=Tous notice de la Base Mérimée], consultée le 26 août 2008</ref>). Achevé en 1835, il est emporté par la crue millénale le 2 novembre [[1843]]<ref>Guy Baruol et Philippe Autran, « Pour en savoir plus », in Autran, Barruol et Jacqueline Ursch, ''D’une rive à l’autre : les ponts de Haute-Provence de l’Antiquité à nos jours'', Les Alpes de lumière no 153, Forcalquier, 2006. ISBN 2-906162-81-7, p 46</ref> et reconstruit en [[1845]].
{{Article détaillé|Pont de Mirabeau}}
[[Image:Ponts de mirabeau.jpg|vignette|droite|upright|Les deux anciens ponts de Mirabeau.]]


Le rétrécissement de la Durance sur la commune de [[Mirabeau (Vaucluse)|Mirabeau]] où la rivière se fraye un chemin entre deux falaises de calcaire abruptes, le ''défilé de Canteperdrix'', est un lieu de franchissement ancien et a donné lieu à la construction de pas moins de trois ouvrages successifs, qui ont succédé aux [[bac à traille|bacs à traille]]. La première tentative de construction d’un pont date du {{XVe siècle}}. Les différents « Pont Mirabeau » qui furent édifiés ont été détruits totalement ou en partie à quatre reprises en 1440, 1635, 1843 et 1881 par la Durance déchainée. Les piles généralement reproduites sont celles du pont construit en 1835 par Jean-François Théophile Sauzet, [[Monument historique (France)|monuments historiques]] inscrits<ref name="mérimée"/>.
Ce pont fut détruit pendant la [[Première Guerre mondiale]] et remplacé par un pont d'une [[travée]] unique de 175 m de long surplombant la Durance à 14 m de hauteur et doté de deux pylônes en [[béton armé]] de 22 m de haut. L’ouvrage est achevé en juillet [[1935]], une sculpture et un [[bas-relief]] sont exécutés par Antoine Sartorio et symbolisent les quatre départements limitrophes<ref>Archives départementales du Vaucluse [http://provence.web.free.fr/provence/plugins/diaporama/diaporama.php?lng=fr&diapo_id=15 Quelques photos des frises et de la situation]</ref>.


[[Image:Mirabeau (Vaucluse) - Le Pont.jpg|vignette|gauche|upright|Le pont moderne, une pile de l'ancien pont et la falaise de Canteperdrix.]]
Durant la [[Seconde Guerre mondiale]], les Alliés, voulant retarder la retraite des chars allemands, le firent bombarder sans succès par leur aviation pendant trois jours. Finalement ce furent les [[résistance intérieure française|résistants]] qui le firent sauter le [[17 août]] [[1944]]. Il fut reconstruit en [[1947]].


En 1935, il est remplacé par un nouveau pont suspendu, qui est saboté en 1944 et reconstruit en 1947. Le pont actuel date de 1987.
L'actuel pont moderne achevé en 1987, fut mis en service en [[1988]] et le précédent pont suspendu supprimé. Il s'agit d'un pont en dalle et double poutre supportant l'ex-route nationale [[Route nationale 96|96]]<ref>Détails sur la base de données Structurae [http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?ID=s0003463], consultée le 2 septembre 2008</ref>.


=== Digues ===
=== Digues ===
Pour se prémunir des inondations ravageuses (qui emportaient parfois tout un pan de rive, et une ville avec), des [[digue]]s ont commencé à être construites au {{s|XV|e}} à Avignon<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 28</ref>. D’autres tentatives ont lieu jusqu’au {{s|XIX|e}} : leur principal point commun est le manque de coordination, et leur manque de réussite, même après l’instauration d’une Commission mixte chargée d’établir des plans annuels d’endiguement par l’ordonnance royale de [[1825]]<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 32</ref>.


Pour se protéger des inondations ravageuses (qui emportaient parfois tout un pan de rive, et une ville avec), les habitants d'Avignon construisent des [[digue]]s à partir du {{s|XV}}{{sfn|Gibelin|1990|p=28|loc=|id=}}. D’autres tentatives ont lieu jusqu'au {{s|XIX}} : leur principal point commun est le manque de coordination, et leur manque de réussite, même après l’instauration d’une Commission mixte chargée d’établir des plans annuels d’endiguement par l’ordonnance royale de 1825{{sfn|Gibelin|1990|p=32|loc=|id=}}.
Sous l’Ancien régime, on utilise souvent des caissons de rondins emplis de pierres, puis des [[gabion]]s, plus efficaces et plus faciles à mettre en œuvre : il s’agit de paniers d’osier ou de saule, de forme conique, la partie pointue étant dirigée vers le lit de la rivière, le remplissage (toujours de pierres) se faisant depuis la rive. Mais ni les uns, ni les autres, ne résistent longtemps aux crues<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 38</ref>.


Sous l'[[Ancien Régime]], on utilise souvent des caissons de rondins emplis de pierres, puis des [[gabion]]s, plus efficaces et plus faciles à mettre en œuvre : il s’agit de paniers d’[[Osier (matériau)|osier]] ou de saule, de forme conique, la partie pointue étant dirigée vers le lit de la rivière, le remplissage (toujours de pierres) se faisant depuis la rive. Mais ni les uns, ni les autres, ne résistent longtemps aux crues{{sfn|Gibelin|1990|p=38|loc=|id=}}.
La première proposition d’endiguement général de la Durance est faite par Bérenguier, habitant de Manosque, et date de 1778<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 28</ref>. De nombreuses études sont faites au siècle suivant, dont une à partir de 1839, qui est définitivement rejetée par Paris en 1851 devant les oppositions, paradoxales, des habitants des deux rives, trouvant que la proposition et ses variantes avantagent le voisin (d’en face, aval, amont)<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 41 et précédentes et p 84</ref>. Les projets d’endiguement partiel échouent également (dont celui en amont du pont des Mées dans les années 1860<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 90</ref>, qui marque encore la campagne municipale de 1888<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 94</ref>).


La première proposition d’endiguement général de la Durance est faite par Bérenguier, habitant de Manosque, et date de 1778{{sfn|Gibelin|1990|p=28|loc=|id=}}. De nombreuses études sont faites au siècle suivant, dont une à partir de 1839, qui est définitivement rejetée par Paris en 1851 devant les oppositions, paradoxales, des habitants des deux rives, trouvant que la proposition et ses variantes avantagent le voisin (d’en face, aval, amont){{sfn|Gibelin|1990|p=41 et 84|loc=|id=}}. Les projets d’endiguement partiel échouent également (dont celui en amont du pont des Mées dans les années 1860{{sfn|Gibelin|1990|p=90|loc=|id=}}, qui marque encore la campagne municipale de 1888{{sfn|Gibelin|1990|p=94|loc=|id=}}).
Les projets qui eux, sont réalisés, ne sont que rarement durables dans la vallée de la moyenne Durance :
* les épis en T mis en place par la commune de [[Valensole]] sont emportés entre 1860 et 1863<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 93</ref> ;
* les épis mis en place en collaboration par les communes de [[Volx]] et Manosque sont emportés par les crues de [[1860]].


Les aménagements finalement réalisés ne sont que rarement durables dans la vallée de la moyenne Durance :
À l’inverse, les endiguements à épis et digue mis en place en basse Durance, là où le courant est moins fort (Vaucluse et Bouches-du-Rhône), ont de bons résultats, et ont même inspiré les projets précédents<ref>Gibelin, {{opcit}}, p 92</ref>.
* les épis en T mis en place par la commune de [[Valensole]] sont emportés entre 1860 et 1863{{sfn|Gibelin|1990|p=93|loc=|id=}} ;
* les épis mis en place en collaboration par les communes de [[Volx]] et Manosque sont emportés par les crues de 1860.

À l’inverse, les endiguements à épis et digue mis en place en basse Durance, là où le courant est moins fort (Vaucluse et Bouches-du-Rhône), ont de bons résultats, et ont même inspiré les projets précédents{{sfn|Gibelin|1990|p=92|loc=|id=}}.


=== Canaux ===
=== Canaux ===


Dans un autre sens, depuis la même époque, on utilise l’eau de la Durance pour irriguer les terres voisines, puis alimenter en eau toute la Provence. Le premier canal connu est le [[canal Saint-Julien]], creusé en [[1171]]<ref>Nicolas Bonci, « L’eau transportée », ''in'' Jacques Sapiega, ''La Durance, parcours & regards'', Conseil régional PACA, 2004 (DVD)</ref>. Suivent ceux d’[[Adam de Craponne]] (50 km creusés en neuf mois en [[1554]] de [[Silvacane]] à [[Arles]]), des [[canal des Alpilles|Alpilles]] (ou Alpines), de [[canal de Marseille|Marseille]], de [[canal de Carpentras|Carpentras]], de [[canal de Manosque|Manosque]], de [[canal de Ventavon|Ventavon]], et des centaines d’autres plus petits<ref>Guy Barruol, « La Durance dans l’Antiquité et au Moyen Âge », p 25</ref> pour un total de 540 km creusés de la fin du {{s|XVI|e}} à la fin du {{s|XIX|e}}<ref>Nicolas Bonci, {{opcit}}</ref>.
Dans un autre sens, depuis la même époque, on utilise l’eau de la Durance pour irriguer les terres voisines, puis alimenter en eau toute la Provence. Le premier canal connu est le [[canal Saint-Julien]], creusé en 1171<ref name="bonci"/>. Suivent ceux d’[[Adam de Craponne]] ({{unité|50|km}} creusés en neuf mois en 1554 de [[Silvacane]] à [[Arles]]), des [[canal des Alpilles|Alpilles]] (ou Alpines), de [[canal de Marseille|Marseille]], de [[canal de Carpentras|Carpentras]], de [[canal de Manosque|Manosque]], de [[canal de Ventavon|Ventavon]], et des centaines d’autres plus petits{{sfn|Miramont|Furestier|Barruol|Lonchambon|2005|p=25|loc=|id=}} pour un total de {{unité|540|km}} creusés de la fin du {{XVIe siècle}} à la fin du {{XIXe siècle}}<ref name="bonci"/>.


==== Le Canal de Marseille ====
==== Canal Saint-Julien ====
{{article détaillé|Canal Saint-Julien}}
[[Image:Viaduc de Roquefavour.jpg|thumb|[[Aqueduc de Roquefavour]]]]
{{article détaillé|Canal de Marseille}}
De [[1839]] à [[1854]], l'ingénieur [[Franz Mayor de Montricher]] construit un canal destiné à approvisonner la ville de [[Marseille]] en eau potable. Le canal suit un tracé tourmenté de {{NaU|80|km}} de long dont {{NaU|17|km}} en souterrains à travers les [[Bouches-du-Rhône]]. Le canal est en béton, les ouvrages aériens en pierres ou pierres et briques. Le débit de l'ouvrage est de {{NaU|10|m{{3}}/s}}, la pente de {{NaU|0.36|m/km}}. La largeur au sommet est de {{NaU|9.40|mètres}}, la largeur à la cuvette de 3 mètres.


==== Canal de Craponne ====
La prise d'eau initiale était située sur la Durance au niveau du pont de [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], à une altitude de 185 mètres, et à 50 kilomètres à vol d'oiseau de Marseille. De là, le canal partait vers l'ouest sous Le Puy-Sainte-Réparade. Lors de la construction du grand canal [[Électricité de France|EDF]], qui double la Durance depuis [[Serre-Ponçon]] jusqu'à [[Salon-de-Provence]] et l'[[étang de Berre]], la prise d'eau du canal de Marseille a été reportée sur le canal EDF lui-même, après [[Saint-Estève-Janson]]. De là, le canal de Marseille continue vers le nord-ouest jusqu'au pont de [[Cadenet]], où il alimente le bassin de ''Saint-Christophe''.
{{article détaillé|Canal de Craponne}}

==== Canal de Marseille ====

[[Image:Viaduc de Roquefavour.jpg|vignette|droite|L'[[aqueduc de Roquefavour]], sur l'Arc, principal ouvrage d'art du canal de Marseille.]]
{{Article détaillé|Canal de Marseille}}

De 1839 à 1854, l'ingénieur [[Franz Mayor de Montricher]] construit un canal destiné à approvisionner la ville de [[Marseille]] en eau potable.

La prise d'eau initiale était située sur la Durance au niveau du pont de [[Pertuis (Vaucluse)|Pertuis]], à une altitude de 185 mètres, et à 50 kilomètres à vol d'oiseau de Marseille. De là, le canal partait vers l'ouest sous Le Puy-Sainte-Réparade. Lors de la construction du grand [[canal EDF]], qui double la Durance depuis [[Serre-Ponçon]] jusqu'à [[Salon-de-Provence]] et l'[[étang de Berre]], la prise d'eau du canal de Marseille a été reportée sur le canal EDF lui-même, après [[Saint-Estève-Janson]]. De là, le canal suit un tracé tourmenté de {{unité|80|km}} de long, dont {{unité|17|km}} en souterrains, jusqu'à Marseille. Le canal est en béton, les ouvrages aériens en pierres ou pierres et briques. Le débit de l'ouvrage est de {{unité|10|m|3|/s}}, la pente de {{unité|0.36|m/km}}.


La Durance fournit encore aujourd'hui les deux-tiers de la ressource en eau de la ville de Marseille.
La Durance fournit encore aujourd'hui les deux-tiers de la ressource en eau de la ville de Marseille.


=== Aménagement hydro-électrique ===
=== Aménagement hydroélectrique ===

{{Article détaillé|Aménagement hydroélectrique Durance-Verdon}}
{{Article détaillé|Aménagement hydroélectrique Durance-Verdon}}

En [[1955]], une loi est votée pour l’aménagement de l’ensemble Durance-[[Verdon (rivière)|Verdon]]. Dans ce cadre, trois missions sont confiées à EDF :
L’utilisation de la force motrice de la Durance pour produire de l’électricité commence en 1908, avec la construction d’une centrale à [[La Brillanne]] par l’[[Énergie électrique du littoral méditerranéen]] (pour une commercialisation sur la côte), suivie dès 1909 par [[Pechiney]] qui construit à [[L'Argentière-la-Bessée|L’Argentière]] une centrale pour les besoins de son usine d’[[aluminium]]<ref>{{Article |langue= |auteur1=Christiane Spill |titre=L'équipement hydro-électrique de la Provence |périodique=Méditerranée - L'eau en Provence-Alpes-Côte d'Azur|tome=39 , Troisième série|numéro= |date=2 mars 1980 |pages=p.81 |issn= |e-issn= |lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1980_num_39_2_1942 |consulté le= |id= }}.</ref> ; en 1909 également, l'usine de [[Ventavon]] est construite<ref>SMAVD (2004), {{opcit}}, {{p.}}113.</ref>. Des [[Moteur hydraulique|moulins]], établis sur des canaux de dérivation, utilisaient déjà cette force pour d’autres usages. La technique du canal de dérivation est souvent utilisée pour mouvoir les turbines des centrales : celles de Ventavon et du [[Le Poët|Poët]] sont implantées sur un canal commun, et le canal de La Brillanne alimente celles de La Brillanne, Le Largue et [[Sainte-Tulle]]. D’autres centrales sont construites dans la première moitié du {{s|XX|e}} : Les Claux et Champcella-Le Fournel{{sfn|Spill|1980|p=82|loc=|id=}}.

Cependant, le potentiel hydroélectrique apparaît largement sous-exploité, en partie à cause du régime de la rivière : les hautes eaux se produisent au printemps, alors que la demande est maximale en hiver (et que les besoins d’irrigation sont importants en été). {{pas clair|L'aménagement permettant d’accroître la production hydroélectrique durancienne et d’approvisionner directement la Provence, pauvre en unités de production}}{{sfn|Spill|1980|p=82|loc=|id=}}.

En 1955, une loi est votée pour l’aménagement de l’ensemble Durance-[[Verdon (rivière)|Verdon]]. Dans ce cadre, trois missions sont confiées à EDF :
* la production d’électricité ;
* la production d’électricité ;
* l’alimentation en eau des cultures (irrigation) et des villes ;
* l’alimentation en eau des cultures (irrigation) et des villes ;
* la régulation des crues<ref>Alain Daubas, ''L’origine du projet d’aménagement hydroélectrique Durance-Verdon'', Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 39</ref>.
* la régulation des crues<ref name="daubas39">Alain Daubas, ''L’origine du projet d’aménagement hydroélectrique Durance-Verdon''dans {{harvsp|La Durance : lien de vie du territoire régional|p=39|loc=|id=lien}}.</ref>.

[[Image:serre-poncon-warly.jpg|right|thumb|Vue d'avion du [[lac de Serre-Ponçon]] en août 1997]]
[[Image:serre-poncon-warly.jpg|vignette|Vue d'avion du [[lac de Serre-Ponçon]] en août 1997.]]
Ce programme a entraîné, sur une période de 40 ans, la construction de 23 barrages et prises d’eau (des prises d’eau en amont des Claux sur l’Argentière à celle de Mallemort en passant par le [[barrage de Serre-Ponçon]]), du canal EDF de la Durance, alimentant 33 centrales hydroélectriques, et de plusieurs stations de commande.<ref>Alain Daubas, ''Le réseau durancien : une source d’énergie renouvelable'', Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 41-42</ref>.

Ce programme a entraîné, sur une période de {{unité|40|ans}}, la construction de {{unité|23|barrages}} et prises d’eau (des prises d’eau en amont des Claux sur l’Argentière à celle de [[Mallemort]] en passant par le [[barrage de Serre-Ponçon]]), du [[canal EDF]] de la Durance, alimentant 33 centrales hydroélectriques, et de plusieurs stations de commande<ref name="daubas41">Alain Daubas, ''Le réseau durancien : une source d’énergie renouvelable'' dans {{harvsp|La Durance : lien de vie du territoire régional|p=41-42|loc=|id=lien}}.</ref>.
[[File:La Durance dans la clue de Mirabeau P1010435mod.jpg|thumb|La vallée et le canal EDF de la Durance avant la clue de Mirabeau.]]


Ce programme est une réussite presque complète :
Ce programme est une réussite presque complète :
* l’ensemble Durance-Verdon produit 6 à 7 milliards de kWh par an (10 % de la production hydroélectrique française) ;
* l’ensemble Durance-Verdon produit {{unité|6|à=7|milliards}} de kWh par an (10 % de la production hydroélectrique française) ;
* les barrages réservoirs fournissent de l’eau potable à toute la région, et irriguent toute la Provence (un tiers de l’irrigation française) ;
* les barrages réservoirs fournissent de l’eau potable à toute la région, et irriguent toute la Provence (un tiers de l’irrigation française) ;
* les lacs sont une attraction touristique (Serre-Ponçon attire 10 % des touristes fréquentant les Hautes-Alpes) ;
* les lacs sont une attraction touristique (Serre-Ponçon attire 10 % des touristes fréquentant les Hautes-Alpes) ;
* si le débit est régularisé, et les crues faibles et moyennes parfaitement contrôlées, l’aménagement n’a aucun effet sur les crues majeures, comme l’a montré la crue de 1994 ({{NaU|3000|m{{3}}/s}} à Cadarache<ref>Serge Gachelin, « Le Réseau hydrographique majeur de la région », p 8</ref>). En effet le barrage réservoir de Serre-Ponçon ne régule que le cours supérieur de la Durance, et ne joue aucun rôle sur les affluents, dont le rôle est important dans la formation des crues majeures. Tous les autres barrages ne sont que des prises d’eau. Seul le Verdon voit son débit contrôlé par le barrage de Sainte-Croix (si des capacités de stockage existent au moment de la crue)<ref>Henri Pignoly, « La problématique des crues et la culture du risque » Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, p 99</ref>.
* si le débit est régularisé, et les crues faibles et moyennes parfaitement contrôlées, l’aménagement n’a cependant aucun effet sur les crues majeures, comme l’a montré la crue de 1994 ({{unité|3000|m|3|/s}} à Cadarache<ref name="gachelin8"/>). En effet le barrage réservoir de Serre-Ponçon ne régule que le cours supérieur de la Durance, et ne joue aucun rôle sur les affluents, dont le rôle est important dans la formation des crues majeures. Tous les autres barrages ne sont que des prises d’eau. Seul le débit du Verdon est contrôlé par le barrage de Sainte-Croix (si des capacités de stockage existent au moment de la crue)<ref name="pignoly">Henri Pignoly, « La problématique des crues et la culture du risque » dans {{harvsp|La Durance : lien de vie du territoire régional|p=99|loc=|id=lien}}.</ref>.

=== Stade d'eau vive ===
[[Fichier:VUE DU SLALOM À L'ARGENTIERE.jpg|vignette|Le [[stade Michel Baudry]] à [[L'Argentière-la-Bessée]]]]
Deux [[Stade d'eau vive|stades d'eau vive]], permettant la pratique du slalom et des sports en eau vives comme le [[Slalom (canoë-kayak)|slalom]], sont aménagés dans le lit de la Haute-Durance :

* Le [[stade Michel Baudry]] à [[L'Argentière-la-Bessée]]
* Le stade de [[Saint-Clément-sur-Durance]]


=== Impact des aménagements ===
=== Impact des aménagements ===

La Durance avait un débit naturel moyen de {{NaU|188|m{{3}}/s}} et un régime fluvial de type méditerranéen, mais les aménagements hydrauliques ont modifié son cours. À part un très faible débit réservé, la masse des eaux circule désormais dans un « canal usinier » qui longe le lit naturel de la grande rivière afin de les faire passer par une série d'[[usine hydroélectrique|usines hydroélectriques]]<ref>[http://publications.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport-Durance-Prempart.pdf Ministère de l'Écologie et du développement durable]</ref>. Ce canal usinier peut contenir jusque {{NaU|250|m{{3}}/s}}. De ce fait, lors des grandes crues, les eaux excédentaires empruntent à nouveau le lit naturel, les réservoirs étant largement insuffisants pour emmagasiner de pareilles masses d'eau (il s'agit surtout de Serre-Ponçon, mais aussi des grands réservoirs du [[Verdon (rivière)|Verdon]], son affluent principal).
La Durance avait un débit naturel moyen de {{unité|188|m|3|/s}} et un régime fluvial de type méditerranéen, mais les aménagements hydrauliques ont modifié son cours. À part un très faible débit réservé, la masse des eaux circule désormais dans le [[canal EDF]] qui longe le lit naturel de la grande rivière afin de les faire passer par une série d'[[usine hydroélectrique|usines hydroélectriques]]<ref>[http://publications.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport-Durance-Prempart.pdf Ministère de l'Écologie et du développement durable].</ref>. Ce canal usinier peut débiter jusqu'à {{unité|250|m|3|/s}}. De ce fait, lors des grandes crues, les eaux excédentaires empruntent à nouveau le lit naturel, les réservoirs étant très insuffisants pour stocker de pareilles masses d'eau (il s'agit surtout de Serre-Ponçon, mais aussi des grands réservoirs du Verdon, son affluent principal).

== Gestion ==

Le Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance<ref name=smavd>{{Lien web|url=http://www.smavd.org|titre=SMAVD - Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance|site=smavd.org|consulté le=28 avril 2013}}.</ref>, dont le périmètre d'intervention s'étend de Serre-Ponçon au Rhône, est la structure gestionnaire de la rivière. Il est concessionnaire du Domaine public fluvial (DPF) sur la Basse Durance mais intervient également sur le DPF de l'État sur la Moyenne Durance. Il œuvre essentiellement dans les domaines suivants : la gestion des crues, l’amélioration de la sécurité, le transport solide, la préservation et de la gestion du patrimoine naturel, la gestion des différents usages. Il est [[Établissement public territorial de bassin]].


== Économie ==
== Économie ==
[[Fichier:SNCF B 81500 Embrun - Montdauphin-Guillestre.jpg|vignette|La [[ligne de Veynes à Briançon]] au long de la Durance, avec un train propulsé par des locomotives [[B 81500]] vers [[Briançon]]. Février 2016.]]
Le lit de la Durance fournit depuis les années 1950 des [[granulat]]s très durs, utilisés pour la couche de roulement des routes et les bétons résistants. La plupart des sites de prélèvement sont en cours de fermeture. De même, les quelques usines utilisant l’énergie de la rivière ont fermé (usine d’aluminium de l’Argentière-la-Bessée) ou sont en cours de fermeture ([[Arkema]] à Saint-Auban).
Le lit de la rivière en basse Durance présente de nombreuses [[wikt:Iscles|iscles]] de plus ou moins grande importance qui ont été de tout temps des lieux de pâture pour les bergers du Luberon<ref>{{Ouvrage|prénom1=Roger, ...|nom1=Jouve|titre=Roger : une vie de berger entre Durance et Luberon : les mémoires de Roger Jouve|éditeur=Arnoult Seveau|date=DL 2016|isbn=978-2-7466-9080-6|isbn2=2-7466-9080-2|oclc=989668544|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/989668544|consulté le=2021-06-13}}</ref> quand fin mai la sécheresse asséchait les points d'eau du massif. Certaines, mieux protégées, parfois par des digues sont aujourd'hui de bonnes terres cultivées (serres de l'Iscles du mois de mai). La dérivation du canal EDF a diminué les submersions et les déplacements qui en résultaient, mais aussi les dépôts de limon qui les fertilisaient.

Le lit de la Durance fournit depuis les années 1950 des [[granulat]]s très durs, utilisés pour la couche de roulement des routes et les bétons résistants. La plupart des sites de prélèvement sont en cours de fermeture.

De même, les quelques usines utilisant l’énergie de la rivière ont fermé (usine d’aluminium de l’Argentière-la-Bessée) ou sont en cours de fermeture ([[Arkema]] à Saint-Auban).


Enfin, c’est dans la vallée de la Durance, à [[Cadarache]], que le réacteur expérimental de [[fusion nucléaire]], [[ITER]], est en cours de construction.
Enfin, c’est dans la vallée de la Durance, à [[Cadarache]], que le réacteur expérimental de [[fusion nucléaire]], [[ITER]], est en cours de construction.


== La Durance dans les arts et traditions ==
== Dans les arts et la culture ==
[[Image:Marseille Palais Longchamp Zentralsektion JD25032007.jpg|thumb|upright=0.7|Le Palais Longchamp à Marseille.]]
[[Image:Marseille Palais Longchamp Zentralsektion JD25032007.jpg|vignette|upright=0.7|Le palais Longchamp à Marseille.]]


La Durance est représentée sous la forme d’un groupe sculpté majestueux au [[palais Longchamp]], à [[Marseille]], construit entre [[1862]] et [[1869]] par l'architecte [[Henri-Jacques Espérandieu|Espérandieu]] afin de célébrer l'arrivée des eaux de la Durance dans la ville, via le [[Canal de Marseille]].
La Durance est représentée sous la forme d'un groupe sculpté majestueux au [[palais Longchamp]], à [[Marseille]], construit entre 1862 et 1869 par l'architecte [[Henri-Jacques Espérandieu|Espérandieu]] afin de célébrer l'arrivée des eaux de la Durance dans la ville, via le [[canal de Marseille]].


Elle est également sculptée sous les traits d’une femme au ventre fécond, à [[Charleval (Bouches-du-Rhône)]].
Elle est également sculptée sous les traits d’une femme au ventre fécond, à [[Charleval (Bouches-du-Rhône)]].
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Elle est présente dans la littérature :
Elle est présente dans la littérature :
* les poètes [[Adolphe Dumas]] (1806-1861), [[félibrige|félibre]], républicain et traditionaliste, [[Paul Arène]], [[Clovis Hugues]], à propos de sa région natale, et [[Élémir Bourges]] ont évoqué cette rivière ;
* les poètes [[Adolphe Dumas]] (1806-1861), [[félibrige|félibre]], républicain et traditionaliste, [[Paul Arène]], [[Clovis Hugues]], à propos de sa région natale, et [[Élémir Bourges]] ont évoqué cette rivière ;
* [[Henri Bosco]] en fait un personnage de son roman ''[[L'Enfant et la Rivière]]'' ;
* l’écrivain le plus connu à s’être inspiré de la Durance est cependant [[Jean Giono]], qui s’en sert dans sa géographie imaginaire de la Provence, la transformant en fleuve (il en parle au masculin<ref>d’après P. Citron, ''Giono'', Seuil, 1990</ref>, lui faisant traverser la clue de Sisteron sans évoquer la ville, puis le haut pays Rebeillard complètement imaginaire<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 180</ref>. ''[[Le Hussard sur le toit (roman)|Le Hussard]]'' suit lui aussi le cours de la Durance.
* l’écrivain le plus connu à s’être inspiré de la Durance est cependant [[Jean Giono]], qui s’en sert dans sa géographie imaginaire de la Provence, la transformant en fleuve (il en parle au masculin<ref>d’après P. Citron, ''Giono'', Seuil, 1990.</ref>, lui faisant traverser la clue de Sisteron sans évoquer la ville, puis le haut pays Rebeillard complètement imaginaire{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=180|loc=|id=}}). ''[[Le Hussard sur le toit]]'' suit lui aussi le cours de la Durance.


Parmi les peintres à l’avoir représentée, [[Paul Guigou|Guigou]] et [[Adolphe Joseph Thomas Monticelli|Monticelli]], amis proches, s’installent à [[Saint-Paul-lès-Durance]] et exécutent de nombreux tableaux où elle figure, soit comme décor, soit comme sujet (86 des 421 tableaux de Guigou). Le peintre [[surréalisme|surréaliste]] d’origine [[Roumanie|roumaine]] [[Victor Brauner]], réfugié en [[1942]] à [[Remollon]], en fait plusieurs tableaux sur des matériaux de fortune<ref>Clébert & Rouyer, ''La Durance'', {{opcit}}, p 180-183</ref>.
Parmi les peintres à l'avoir représentée, [[Paul Guigou|Guigou]] et [[Adolphe Joseph Thomas Monticelli|Monticelli]], amis proches, s’installent à [[Saint-Paul-lès-Durance]] et exécutent de nombreux tableaux où elle figure, soit comme décor, soit comme sujet (86 des 421 tableaux de Guigou). Le peintre [[surréalisme|surréaliste]] d’origine [[Roumanie|roumaine]] [[Victor Brauner]], réfugié en 1942 à [[Remollon]], en fait plusieurs tableaux sur des matériaux de fortune{{sfn|Clébert|Rouyer|1991|p=180-183|loc=|id=}}.

La Durance est la rivière remontée par le petit âne gris dans la [[Le Petit Âne gris|chanson éponyme]] d'[[Hugues Aufray]].


Depuis quelques années, une association fait revivre les radeliers, en construisant chaque année des radeaux de troncs d’arbre et en leur faisant descendre une portion de la Durance.
Depuis quelques années, une association fait revivre les radeliers, en construisant chaque année des radeaux de troncs d’arbre et en leur faisant descendre une portion de la Durance.


L'[[escadron d'hélicoptères 4/67 Durance]], créé en 1976, était chargé de la protection de la [[base aérienne 200 Apt-Saint-Christol]] et du site lancement de missiles du [[plateau d'Albion]]. Une radio locale de la bande [[Modulation de fréquence|FM]] a choisi [[Durance (radio)|Durance]] comme nom.
== Annexes==
=== Articles connexes ===
* [[Aménagement hydroélectrique Durance-Verdon]]


La [[classe Durance]] est une classe de cinq pétroliers ravitailleurs et de commandement de la Marine nationale française mis en service de 1977 à 1990.
=== Liens externes ===

{{Commons|Category:Durance|Durance}}
Dans le cinéma français, la Durance est le cadre de [[L'Eau vive]], film de [[François Villiers]], dans l'ambiance de la construction du barrage de Serre-Ponçon.
*[http://www.savines-le-lac.fr Site officiel de Savines-Le-Lac]

*[http://www.geographie-geomatique.ac-aix-marseille.fr/banque_photos/banque_photos.html Photos libres de droits pour utilisation pédagogique (3 pages sur la Durance)]
''La Durance'' est le nom du bulletin académique des professeurs d'histoire-géographie d'Aix-Marseille.
*[http://www.geographie-geomatique.ac-aix-marseille.fr/durance/index.html Un parcours pédagogique sur les aménagements de la Durance]
*[http://www.smavd.org Syndicat mixte d'aménagement de la vallée de la Durance]
*[http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR9301589.html Fiche Natura 2000] (DIREN)


== Sources ==
== Sources ==

=== Sources bibliographiques ===
=== Sources bibliographiques ===
{{plume}} : source utilisée pour la rédaction de cet article


{{légende plume}}
* Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, ''La Durance : lien de vie du territoire régional'', Conseil régional PACA, 106&nbsp;p {{plume}}
* {{Ouvrage |langue= |auteur1= Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture |titre=La Durance : lien de vie du territoire régional |sous-titre= |lieu= |éditeur= Conseil régional PACA|collection= |année= |volume= |tome= |pages totales=106 |passage= |isbn= |lire en ligne= |id=lien|plume=oui }}.
* Claude Gouron, photographe, Hélène Vesian, auteur des textes, [[Pierre Magnan]], préfacier, ''Durance : voyage photographique des Alpes à la Provence'', Avignon : Alain Barthélemy, 2002
* Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance, ''Contrat de rivière du Val de Durance, rapport de présentation'', SOGREAH, 2008, {{unité|93|p}}. {{plume}}
* Henri Julien, et Jean-Marie Gibelin, ''Toi, Durance'', Barras, Ed. Terradou, 1991, {{ISBN|978-2-907389-36-5}}
* Claude Gouron, photographe, Hélène Vesian, auteur des textes, [[Pierre Magnan]], préfacier, ''Durance : voyage photographique des Alpes à la Provence'', Avignon : Alain Barthélemy, 2002. {{plume}}
* Cécile Miramont, Denis Furestier, Guy Barruol, Catherine Lonchambon, ''La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l'histoire d'une rivière capricieuse'', Forcalquier : les Alpes de lumière, 2005, Collection : Les Alpes de lumière, num. 149, 120 p, ISSN 0182-4643, {{ISBN|978-2-906162-71-6}}
* Jean-Paul Clébert et Jean-Pierre Rouyer, ''La Durance'', Privat, Toulouse, 1991, dans la collection ''Rivières et vallées de France'', {{ISBN|2-70899503-0}} {{plume}}
* Henri Julien, et Jean-Marie Gibelin, ''Toi, Durance'', Barras, Ed. Terradou, 1991, {{ISBN|978-2-907389-36-5}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue= |auteur1= Jean-Marie Gibelin|titre=L’Histoire des endiguements de la Durance dans le département des Basses-Alpes |sous-titre= |lieu=Digne-les-Bains |éditeur=DDE des Alpes-de-Haute-Provence |collection= |année= 1990|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= |plume=oui }}.
* Catherine Lonchambon, ''Les bacs de la Durance : du Moyen Âge au {{s-|XIX|e}}'', Publications de l'Université ́de Provence, 2001, {{ISBN|2-85399480-5}}, {{ISBN|978-2-853994-80-4}}
* {{Ouvrage |langue= |auteur1= Cécile Miramont |auteur2=Denis Furestier |auteur3= [[Guy Barruol]] |auteur4= Catherine Lonchambon|titre='La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l'histoire d'une rivière capricieuse |sous-titre= |lieu=Forcalquier |éditeur=les Alpes de lumière |collection=Les Alpes de lumière|numéro dans collection=149 |année= 2005|volume= |tome= |pages totales=120 |passage= |isbn=978-2-906162-71-6|issn= 0182-4643|lire en ligne= |plume=oui }}.
* Paul Veyret, ''Les pays de la moyenne Durance alpestre : bas Embrunais, pays de Seyne, Gapençais, bas Bochaine ; étude géographique'', Publié par Arthaud, 1945
* {{Ouvrage |langue= |auteur1=Jean-Paul Clébert |auteur2=Jean-Pierre Rouyer|titre=La Durance |sous-titre= |lieu=Toulouse |éditeur=Privat |collection=Rivières et vallées de France |année=1991 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=2-70899503-0 |lire en ligne= |plume=oui }}.
* Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Laurence Fumey, Félix Laffé, Arlette Playoust, ''Des plaines de la Durance au pays d'Aix : agriculture, négoce, société ({{sp-|XVIII|e|-|XX|e|s}}) : répertoires numériques des sous-séries 61 J, 64 J, 81 J, 94 J, 95 J, 96 J, 108 J, 119 J'', Publié par Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1997 {{ISBN|2-86013034-9}}, {{ISBN|978-2-860130-34-9}}
* Catherine Lonchambon, ''Les bacs de la Durance : du Moyen Âge au {{s-|XIX|e}}'', Publications de l'Université ́de Provence, 2001, {{ISBN|2-85399480-5}}, {{ISBN|978-2-853994-80-4}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue= |auteur1=Georges Truc |titre=L'eau en Vaucluse. Origine, fonctionnement, potentiel et qualité des réservoirs aquifères |sous-titre= |lieu=Avignon |éditeur=Éd. Conseil Général de Vaucluse |collection= |année=1991 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* Paul Veyret, ''Les pays de la moyenne Durance alpestre : bas Embrunais, pays de Seyne, Gapençais, bas Bochaine ; étude géographique'', Publié par Arthaud, 1945.{{plume}}
* Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Laurence Fumey, Félix Laffé, Arlette Playoust, ''Des plaines de la Durance au pays d'Aix : agriculture, négoce, société ({{sp-|XVIII|e|-|XX|e|s}}) : répertoires numériques des sous-séries 61 J, 64 J, 81 J, 94 J, 95 J, 96 J, 108 J, 119 J'', Publié par Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1997 {{ISBN|2-86013034-9}}, {{ISBN|978-2-860130-34-9}}.
* {{article | auteur=L. Pelloux | titre=La Durance | périodique=Annales des Basses-Alpes : bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes | tome=18 | numéro=66 | date=juillet-septembre 1897 | passage=137-147 | lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62823543/f27.image }}, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56839317/f10.image {{n°|67}}, octobre-décembre 1897, {{p.|206-228}}], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6323914j/f43.item t. 19, {{n°|68}}, janvier-mars 1898, {{p.|289-314}}], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56839332.r=Bonpas?rk=64378;0 {{n°|69}}, avril-juin 1898, {{p.|317-353}}], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5683934g.r=Bonpas?rk=21459;2 {{n°|70}}, juillet-septembre 1898, {{p.|389-429}}], [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62758762/f28.item {{n°|71}}, octobre-décembre 1898, {{p.|484-538}}]


=== Vidéos ===
=== Vidéos ===
* {{DVDBibliographie|langue=fr|prénom réalisateur=Jacques |nom réalisateur=Sapiega |nom producteur =Conseil régional PACA|titre= La Durance, parcours & regards|titre original=La Durance, parcours & regards |année=2004 |mois= |jour= |format= |durée= |ean= |ean2= |ean3= |numéro épisode= |titre épisode= |passage= |voir en ligne= |présentation en ligne= |commentaire= |id= |référence= |référence simplifiée= }}. {{plume}}
* Jacques Sapiega, ''La Durance, parcours & regards'', Conseil régional PACA, 2004


== Voir aussi ==
{{Autres projets|wiktionary=Durance|Commons=Category:Durance|commons titre=La Durance}}{{GeoGroup}}{{Début de colonnes|taille=30}}
* l'[[aménagement hydroélectrique Durance-Verdon]]
* la [[liste des cours d'eau des Hautes-Alpes]]
* la [[liste des cours d'eau des Alpes-de-Haute-Provence]]
* la [[liste des cours d'eau des Bouches-du-Rhône]]
* la [[liste des cours d'eau du Var]]
* la [[liste des cours d'eau de Vaucluse]]
* le [[Rhône]]
{{Fin de colonnes}}

=== Liens externes ===
{{Bases géographiques}}{{Autorité}}
* [http://www.donnees.paca.developpement-durable.gouv.fr/docHTML/val-de-durance/durance.html Site de la région sur la Durance]
{{clr}}

== Notes et références ==
=== Notes ===
=== Notes ===
{{Références|colonnes=2}}
{{Références|group=note}}

=== Références ===
{{Références nombreuses<!-- |taille=24 -->|références=
<ref name="mastras">Nicolas Mastras, « Durance, source et frontière », dans Jacques Sapiega, ''La Durance, parcours & regards'', Conseil régional PACA, 2004 (DVD).</ref>
<ref name="altisud">[http://www.altisud.com/vallee/Hautes%20alpes/vallee-de-la-durance.57.1.html Altisud], consulté le 28 août 2008.</ref>
<ref name="valencia11">Guy Valencia, « Hydraulique et morphologie du lit en zone de piémont et de plaine » dans {{harvsp|La Durance : lien de vie du territoire régional|p=11|loc=|id=lien}}.</ref>

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<ref name="bonci">Nicolas Bonci, « L’eau transportée », ''in'' Jacques Sapiega, {{opcit}}.</ref>


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Durance
Illustration
Carte.
Cours de la Durance (carte interactive).
Caractéristiques
Longueur 323,2 km [1]
Bassin 14 225 km2 [réf. nécessaire]
Bassin collecteur Rhône
Débit moyen 180 m3/s (Mirabeau) [2]
Organisme gestionnaire SMAVD[3]
Régime pluvio-nival
Cours
Source Pré de Gondran, versant est du sommet des Anges (2 465 m)
· Localisation Montgenèvre
· Altitude 2 300 m
· Coordonnées 44° 53′ 37″ N, 6° 43′ 06″ E
Confluence le Rhône
· Localisation Avignon
· Altitude 24 m
· Coordonnées 43° 55′ 23″ N, 4° 44′ 36″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Ubaye, Sasse, Bléone, Verdon, ...
· Rive droite Buëch, Largue, Calavon
Pays traversés Drapeau de la France France
Départements Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Var, Vaucluse, Bouches-du-Rhône
Régions traversées Provence-Alpes-Côte d'Azur
Principales localités Briançon, Embrun, Sisteron, Manosque, Pertuis, Cavaillon, Avignon

Sources : SANDRE:« X---0000 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap

La Durance est une rivière du Sud-Est de la France se jetant dans le Rhône, dont elle est le deuxième affluent après la Saône pour la longueur et le troisième après la Saône et l’Isère pour le débit. Longue de 323,2 km, la Durance est la plus importante rivière de Provence.

Rivière dite « capricieuse », autrefois redoutée pour ses crues, elle a été soumise à un effort continu d'aménagement, en particulier depuis le XIXe siècle, à des fins hydrauliques (approvisionnement en eau potable de Marseille et des villes alentour), agricole (irrigation de 75 000 ha de cultures, responsable de prélèvements pouvant aller jusqu'à 114 m3/s d'eau dans la rivière[4], souvent au moment de l'étiage) et hydroélectriques (avec le Verdon, 6 à 7 milliards de kWh produits par an).

Le cours de la Durance sur une carte anglaise de la Provence médiévale.

Le nom occitan (vivaro-alpin, provençal) est Durença selon la norme classique ou bien Durènço selon la norme mistralienne.

La Durance est documentée sous les formes anciennes Druentia (Ier siècle), Drouentios potamos (en grec), Durantia (854, 1271) ou Durentia (1127). Les formes classiques sont probablement des altérations de *Dūrantia, basé sur l'hydronyme dur- ou dru- que l'on retrouve dans le nom de nombreuses rivières des Alpes occidentales (Doire en Italie, Dranse en Haute-Savoie, Drac, Drôme), Durensola, associé au suffixe locatif -antia. Toutes ces rivières prennent leur source en haute montagne, et ont un cours torrentiel.

La Durance est un torrent bien plus faible que ses affluents la Clarée et la Guisane, qui s’effacent pourtant devant elle. Si le nom de Durance est prépondérant sur ceux de ces deux torrents, c’est probablement que la vallée de la Durance est une voie de communication importante et ancienne, alors que celles de la Clarée et de la Guisane sont des culs-de-sac[5],[6].

Géographie

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Sources de la Durance.

La Durance prend ses sources vers 2 390 mètres d'altitude, au pré de Gondran, sur les pentes du sommet des Anges[7]. Les sources se trouvent en contrebas de l’ancien fort du Gondran, sur la commune de Montgenèvre[8],[9], dans le département français des Hautes-Alpes, près de la frontière italienne. Elle se jette dans le Rhône à quelques kilomètres au sud-ouest d'Avignon, entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône dont elle matérialise la limite.

Son affluent qui constitue le système le plus long, la Clarée, prend sa source sur les pentes du mont Thabor (3 178 m), au lac de la Clarée située juste sous le seuil des Rochilles, à 2 450 m d’altitude, également dans les Hautes-Alpes. Elle emprunte la vallée de la Clarée et, après un cours de 28 km, rejoint la Durance (qui est longue de 8 km à ce moment-là et a un débit inférieur)[7].

Il y a 12 millions d'années, pendant le Miocène, la Durance bifurquait vers le sud entre la chaîne des Côtes et les Alpilles, passait le seuil de Lamanon, et allait se jeter directement dans la Méditerranée[10], faisant un large delta dont l'étang de Berre et la Crau sont des restes. Cet itinéraire est d'ailleurs grosso modo celui emprunté aujourd'hui par le grand canal EDF, qui s'éloigne de la Durance à Mallemort et se jette dans l'étang de Berre.

Pendant la glaciation de Riss, la Durance prenait sa source aux environs de Sisteron, où se terminait la calotte glaciaire recouvrant les Alpes[10]. C’est également pendant cette période que la Durance modifie son cours aval[11].

Au plus fort de la glaciation du Würm (il y a environ 18 000 ans), l'érosion, facilitée par des mouvements tectoniques qui soulèvent les roches[12], ouvre le pertuis d'Orgon qui capte alors la Durance. Elle ne se déverse plus dans la plaine de la Crau mais dans le Rhône, au sud d'Avignon. Cette « capture » de la Durance est également facilitée par les dépôts de ses propres alluvions qui se sont déposées à l'entrée du seuil de Lamanon et qui entravent son écoulement.

Les différents épisodes glaciaires ont entraîné la formation de terrasses : le glacier qui descendait jusqu’à Sisteron pendant la glaciation de Riss a créé une terrasse qui domine le cours de la Durance de 60 m environ. Pendant la glaciation de Würm, deux terrasses se sont formées, environ 15 et 10 m au-dessus du lit actuel. Par endroits, on trouve encore une ou deux terrasses postglaciaires (de l'Holocène, donc formées il y a moins de 10 000 ans)[13].

À cette période, la Durance se jetait dans le Rhône, non pas en aval mais en amont d'Avignon. Son cours partait de Cheval-Blanc pour se diriger vers Vedène, coupant le lit de la Sorgue et rejoignait le fleuve au nord du rocher des Doms. Cela a été mis en évidence par des forages à Saint-Saturnin-lès-Avignon, Jonquerettes et Entraigues-sur-la-Sorgue qui ont révélé un épandage alluvial typiquement durancien sur plusieurs mètres d'épaisseur dans toute la plaine de la Sorgue[14].

Entre Sisteron et Volonne, la Durance s’écoule dans une vallée de roches calcaires, de grès et de marnes datant du Crétacé. Au confluent de la Bléone, on trouve de larges nappes alluviales du quaternaire, dont les alluvions les plus anciennes sont cimentées par du carbonate de calcium[13].

Dans la vallée moyenne de la Durance, quatre couches de sédiments se superposent[15]:

  • une nappe alluviale grossière et liée, d’environ 40 mètres d’épaisseur, datant de la glaciation de Riss ;
  • une couche de limons de 20 mètres d’épaisseur environ, datant de la même époque ;
  • un paléosol, parfois recouvert de graviers apportés par des ruissellements torrentiels ;
  • une couche de colluvions superficielle.

Hydrographie

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Le module à Saint-Paul-lès-Durance est de 176,0 m3/s[16] pour un bassin versant de 11 700 km2 et à 247 m d'altitude, soit 82 % du bassin total de 14 225 km2.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : X3000010 - La Durance à Saint-Paul-les-Durance (Jouques-Cadarache) pour un bassin versant de 11 700 km2 et à 247 m d'altitude[16]
(08/01/2014 - période 1918-2009)
Source : Banque Hydro - Ministère de l'écologie et du développement durable

De sa source au pied du sommet des Anges, à 2 390 m[6], au sud du Montgenèvre, jusqu’au confluent avec le Rhône, la Durance parcourt 305 km. Toutefois, le plus long cours est tracé par le système Clarée-Durance et a une longueur de 323,8 km[1]. L'originalité du cours est sa pente, de 81 m/km sur ses 12 premiers kilomètres, puis de 15 m/km jusqu’au confluent avec la Gyronde[17], et encore près de 8 m/km jusqu’au confluent de l’Ubaye. Cette pente reste relativement élevée dans la partie inférieure : environ 0,33 % dans son cours moyen (jusqu’au pont de Mirabeau), puis encore 0,237 % dans son cours inférieur[18].

Pour comparaison, à environ 100 km de la source, l'Isère coule à 330 m d'altitude et la Durance à 700 m. Ce fait contribue partiellement au caractère torrentiel de la rivière, y compris dans le cours inférieur. Le dénivelé de la Durance de sa source à Mirabeau est de 1 847 m[18], et de 2 090 m environ au confluent avec le Rhône.

Confluence avec le Rhône.
Profil de la Durance.

Départements et principales villes arrosés

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À quelques kilomètres de sa source, la Durance passe sous le pont d'Asfeld à Briançon ; vue en direction de la vallée de la Clarée au nord du département des Hautes-Alpes.

La Durance ne traverse que deux départements : les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence. Elle sert de limite administrative entre ceux de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, et fait une brève incursion dans le Var :

  • de sa source jusqu'au lac de Serre-Ponçon (environ 75 kilomètres), la Durance coule dans le département des Hautes-Alpes ;
  • de son confluent avec l'Ubaye jusqu'à son confluent avec le Sasse en amont de Sisteron (environ 50 kilomètres), elle fait limite entre les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence ;
  • de son confluent avec le Sasse jusqu'à un kilomètre avant son confluent avec le Verdon (environ 65 kilomètres), elle traverse le département des Alpes-de-Haute-Provence ;
  • sur ce dernier kilomètre elle sépare le département de Vaucluse de celui du Var ;
  • de son confluent avec le Verdon jusqu'à son confluent avec le Rhône (environ 105 kilomètres), elle sert de limite entre les départements de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.

La Durance est ainsi sur la moitié de son parcours une limite entre départements, ce qui illustre son caractère de rivière difficilement franchissable.

Son bassin versant inclut :

Ce dernier point mérite d'être souligné. Aucun cours d'eau important ne draine le nord du département des Bouches-du-Rhône. De Jouques à la Roque-d'Anthéron, ainsi qu'autour d'Orgon, des collines proches bordent la Durance ; ailleurs, il s'agit de plaines alluviales, anciennement à l'état de marais, où la circulation des eaux est assurée essentiellement par les canaux.

La Durance arrose (ou longe) 106 communes dans cinq départements[1]. Les villes qui la bordent sont installées de manière à se protéger des inondations : sur le cours supérieur, plutôt encaissé, elles sont installées sur des avancées rocheuses dominant la rivière (Briançon, Embrun, Sisteron) ; sur le cours inférieur, plus large, elles sont en retrait au pied des collines (Manosque, Pertuis, Cavaillon, Châteaurenard). Seul Avignon est en plaine, et doit d'ailleurs aujourd'hui encore se protéger des grandes crues de la Durance.

De la source à Serre-Ponçon : la Haute-Durance

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La Durance est encore un torrent à l'approche de la retenue de Serre-Ponçon.
La Durance entre le lac de Serre-Ponçon et la Roche-de-Rame.

Jusqu'au lac de Serre-Ponçon, la Durance draine une vallée plus ou moins large entourée des hautes montagnes du massif cristallin du Pelvoux. C'est une rivière alpine au régime nival, avec des hautes eaux en juin et un débit soutenu même en été. Le torrent du Montgenèvre se jette dans la Clarée, traverse Briançon puis reçoit la Guisane. On appelle alors « Malafosse » la section située entre Le Fournel et Briançon. Il se dirige alors vers le sud et reçoit les eaux de la Gyronde (torrent glaciaire des Écrins) à L'Argentière-la-Bessée. Son cours s'infléchit vers le sud-sud-est jusqu'au confluent avec le Guil en dessous de Guillestre et Mont-Dauphin, puis repart vers le sud-sud-ouest et se jette dans le lac de Serre-Ponçon un peu en aval d'Embrun. Le confluent avec l'Ubaye a été noyé lors du remplissage du lac.

De Serre-Ponçon à la clue de Mirabeau : la Moyenne-Durance

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Vallée de la Durance au niveau de la commune des Mées, avec au second plan la partie nord du plateau de Valensole et en arrière-plan le Mourre de Chanier. On voit le canal EDF, mince ligne blanche à la limite entre les plus hautes terrasses cultivées et la base des collines.
La Durance à la sortie du lac de Serre-Ponçon.

La moyenne Durance coule dans un paysage qui change radicalement, car les montagnes s’adoucissent et des plateaux de plus en plus vastes les remplacent. Le lit lui-même redevient encaissé, creusant dans les terrasses alentour un sillon de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur. Ici, le régime de la Durance devient méditerranéen : crues provoquées par les pluies automnales, étiages sévères en été. Juste avant la clue de Sisteron, la Durance conflue avec le Buëch, qui a récupéré les eaux du canal EDF. De nombreux affluents mineurs au régime pluvial se déversent également près de Sisteron (Sasse, Jabron, Vançon).

Comme plus en amont, la Durance reste entourée de collines ou de plateaux, mais la vallée s’élargit en une plaine alluviale de plusieurs kilomètres de largeur (5 km à Manosque), récemment aménagée avec le développement d’une agriculture moderne et la construction de l'autoroute A51.

La rivière reçoit les eaux de la Bléone près des Mées, l’Asse quelques kilomètres au sud d’Oraison. Le Verdon se jette dans la Durance à proximité de Cadarache : le lieu de confluence est difficile à voir à moins de se placer en hauteur.

Plusieurs barrages ont été construits le long du cours moyen de la Durance, en plus de Serre-Ponçon : Espinasses, Sisteron, L’Escale et Cadarache. Ce sont plutôt des prises d’eau dont le but principal est de dévier la plus grande partie du débit de la rivière dans le canal EDF qui alimente des usines hydroélectriques ; les lacs qu’ils créent ne peuvent pas servir à réguler le cours de la rivière. Une partie de l’eau est utilisée pour l’irrigation.

Basse-Durance : de Jouques à Avignon

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La Durance, près d'Avignon.

La vallée se resserre sur quelques kilomètres avec le franchissement de la clue de Mirabeau (200 m de profondeur[19]), qui coupe un anticlinal de calcaires jurassiques[20]. Elle s'élargit ensuite de nouveau en une plaine encore plus large jusqu'au confluent avec le Rhône. Son orientation passe de nord-sud à est-ouest, comme les petits chaînons provençaux entre lesquels elle coule (Alpilles et Luberon). La Durance ne reçoit qu'un affluent significatif pendant cette dernière partie du cours : le Coulon, qui contourne le massif du Luberon par le nord.

Principaux affluents

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La Durance et ses affluents de plus de 50 km.

Les principaux affluents de la Durance sont le Verdon (165,7 km), le Calavon (86,9 km), le Buëch (85,2 km) et l'Ubaye (82,7 km).

Cours d’eau d’une longueur supérieure à 20 km qui se jettent dans la Durance (d'amont en aval) :

Rivière dite « capricieuse » et autrefois redoutée pour ses crues aussi bien que pour ses étiages, la Durance est une rivière à la fois alpine et méditerranéenne à la morphologie bien particulière. Elle était ainsi appelée « le troisième fléau de la Provence », la tradition provençale disant que les deux premiers étaient le mistral et le Parlement d'Aix[21].

Son bassin versant total est de 14 225 km2[22].

Débits moyens

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La Durance, près de Cavaillon.

Au confluent avec le Rhône, le débit naturel moyen de la Durance est d'environ 190 m3/s, avec une forte variabilité annuelle. Il peut varier de 40 m3/s (étiages les plus sévères) à 6 000 m3/s[23] (crues millénales), les crues de 1843, 1882 et 1886 ayant avoisiné 5 000 m3/s[24].

Au débouché dans le lac de Serre-Ponçon, le débit moyen est de 81 m3/s[25] ; au niveau d'Oraison il est de 123 m3/s[26] et après la confluence avec le Verdon il atteint 174 m3/s[26] (250 à 330m 3/s au printemps, 100 m3/s en été[27]). L'apport des affluents plus en aval est très faible. Le maximum annuel se produit généralement en mai ou en juin, mais les crues les plus violentes surviennent en automne. L'étiage a lieu en hiver dans la haute vallée et en été dans la partie moyenne et inférieure du cours.

Régime mixte

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Durance gelée à Sisteron au cours de l'hiver 1907.

Le bassin versant de la Durance regroupe des territoires allant des neiges éternelles aux collines et plateaux au climat méditerranéen. Ainsi, la rivière est soumise à un régime nival dans son cours supérieur (jusqu'à Serre-Ponçon), avec des étiages hivernaux et des crues chaque année de mai à juillet. À Serre-Ponçon, pour un bassin versant de 3 600 km2, un module de 83,3 m3/s, avec un étiage de 18 m3/s, et une crue maximale de 1 700 m3/s (valeur relevée en 1957)[2].

Plus en aval, ses nombreux affluents de moyenne montagne ou des plateaux au régime essentiellement pluvial méditerranéen n'apportent de l'eau qu'en hiver, au printemps et à l'occasion des crues d'automne, avec un débit faible et très irrégulier en été. Il s'ensuit un décalage du maximum naturel de printemps de juin à mai en descendant le cours[réf. nécessaire].

La rivière est réputée de tout temps pour son cours instable, impétueux et changeant. Tite-Live signale ainsi la difficulté de sa traversée[28], Silius Italicus, en poète moins soucieux d’exactitude, exalte son caractère torrentueux[29]. Ces crues, violentes et fréquentes, sont dues à une combinaison de facteurs :

  • un bassin montagneux aux pentes fortes ;
  • des roches sensibles à l’érosion, qui augmentent le volume des torrents et leur pouvoir destructeur (laves torrentielles) ;
  • un couvert végétal peu protecteur, voire absent, à la fois pour des raisons naturelles (pauvreté du sol) et anthropiques (voir paragraphe suivant) ;
  • et enfin, le régime de précipitations méditerranéen, caractérisé par des précipitations assez peu fréquentes et violentes[30].

Il en résulte un ruissellement de 63 %, ce qui est très élevé : la hauteur de la lame d’eau écoulée à Cadarache est de 472 mm, pour une moyenne de 750 mm de précipitations[25].

À Mirabeau, l’étiage est de 45 m3/s, soit une variation de 1 à 133 ; lors de la sécheresse de 1921, qui dura jusqu’en décembre, le débit descendit jusqu’à 27 m3/s[31].

Crues historiques antérieures à la Révolution

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Les crues s’accroissent en nombre et en force à partir de la deuxième moitié du XIVe siècle, pour s’atténuer et s’espacer au XXe siècle. Comme dans toute l’aire alpine méditerranéenne, cette période de fort accroissement de la force et de la fréquence des crues est due à la combinaison d’un refroidissement à partir du XIVe et jusqu'au XIXe siècle (le petit âge glaciaire) qui provoque des pluies et des chutes de neige plus abondantes et plus fréquentes, et à un défrichement important des pentes des montagnes du bassin de la Durance, à partir du XVIe siècle[32]. Cet accroissement des crues et de leurs dégâts a notamment pour conséquence l’avancée de la Camargue pendant cette période[32], et le colmatage du port d’Aigues-Mortes.

La Durance emporte la ville de Rama (entre Briançon et Embrun, au confluent de la Biaysse) au XIIe siècle[18]. C'est la plus ancienne crue dont on possède une trace écrite, la suivante étant celle du , concomitante avec une crue du Rhône.

Celle de l'automne 1345 est provoquée par de fortes pluies qui détruisent les récoltes et provoquent une famine. La crue des 8- est également remarquable par les dégâts qu'elle provoque dans la vallée[33], mais nous ne disposons d'aucune estimation de débit pour ces crues antérieures à 1800. Seule l'importance des dégâts causés par la Durance les a laissées dans la mémoire.

La crue de 1907 est évoquée par Jean Giono dans son roman La Provence perdue.

Crues du XIXe siècle

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Même si on ne dispose pas de bonnes séries de relevés des précipitations et des crues avant le XIXe siècle, il est avéré que le nombre de crues torrentielles augmente fortement dans le bassin de la Durance au XIXe siècle. Ces crues ont lieu majoritairement de juin à août, et sont donc liées à des pluies orageuses[34].

Entre 1832 et 1890, la Durance a connu 188 crues de plus de 3 mètres (mesurées au pont de Mirabeau)[23]. Les principales crues sont celles de 1843, 1856 (qui inonde Avignon) et 1886[35]. Les crues millénales (trois au XIXe siècle : 1843, 1856, 1886) atteignent 5 000 à 6 000 m3/s selon les auteurs[36] ; pour comparaison, la crue de la Seine de 1910 atteint environ 2 400 m3/s à son plus fort.

La crue automnale de 1843 atteint les débits suivants[37]:

  • 1 675 m3/s à Serre-Ponçon ;
  • le Buëch apporte 1 200 m3/s, ce qui porte le débit de la Durance à 3 000 m3/s à Sisteron ;
  • la Bléone a un débit de 960 m3/s à Digne, et de 1 150 m3/s au confluent ;
  • l’Asse apporte encore 900 m3/s (avec un débit de 700 m3/s à Mézel) ;
  • le Verdon avait un débit maximum de 1 400 m3/s à Sainte-Croix ;
  • grossie de ces affluents, la Durance atteint des débits de 4 000 m3/s aux Mées, 4 800 m3/s à Manosque, et 5 500 m3/s à Mirabeau.

Elle cause pour 5,1 millions de francs de dégâts[37], en emportant plusieurs ponts suspendus récemment construits (ceux de Remollon, datant de 1829, des Mées, datant de 1838, de Manosque, inachevé, de Mirabeau, construit en 1835).

En 1860, deux crues atteignent 4,89 m le 26 novembre, puis 4,30 m le 8 décembre[38]. Quatre crues se produisent en 1863, atteignant 5 m le 7 janvier, 3,30 m le 24 mai, 4,15 m le 26 septembre et 4,86 m les 12 et 16 octobre[38]. La crue de 1872 emporte encore le pont de Mallemort (1847)[39].

La crue de 1882 résulte de pluies automnales importantes. Les 27 et , il tombe 81 mm à Apt, 90 mm à Taillades, 113 mm à Ribiers et 165 à Noyers[40]. Le débit dépasse les 5 000 m3/s à Mirabeau, la hauteur du cours d'eau passant de 3 m à 6,60 m en moins de huit heures, baissant ensuite presque aussi rapidement[40]. Le même phénomène se reproduit en 1886 : il tombe 541 mm de pluie sur le département des Basses-Alpes en un mois (avec des précipitations sur une seule journée allant de 60 à 130 mm), ce qui provoque deux crues importantes, les 20 et 21 octobre et les 25 et 26 octobre. L’Ubaye a une crue deux fois plus importante que celle de 1882 ; le Buëch a une crue supérieure à celle de 1882, avec 1 400 m3/s, la Durance dépassant les 6 m à Sisteron et atteignant les 5,75 m à Mirabeau. Début novembre, de fortes précipitations ont encore lieu (150 mm à Noyers), la crue causant des dégâts sur la ligne de chemin de fer du PLM et coupant des rampes d’accès aux ponts routiers[41]. Au total, les crues de 1886 inondent la plaine, de Mirabeau jusqu’au Rhône, pendant plus d’un mois[42].

Même des crues moins importantes peuvent être ravageuses : celle des 31 mai et emporte le pont de Tallard[43].

Crues du XXe siècle

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Crue de la Durance en mai 2008.

Les aménagements hydroélectriques ont sensiblement modifié le régime des crues ordinaires et moyennes.

En revanche, les études montrent qu'ils n'ont pas d'influence sur les crues majeures[44] :

  • d'une part parce que les crues les plus violentes pour la basse vallée se forment sur la moyenne Durance (axe Buëch - Bléone - Verdon), comme le montrent les grandes crues du XIXe siècle, donc à l'aval des grands réservoirs (Serre-Ponçon notamment) ;
  • d'autre part parce que ces grands réservoirs ne sont pas gérés pour écrêter les grandes crues, et que leur volume peut être insuffisant (exemple de la crue de novembre 1994 sur le Verdon, peu modifiée par la retenue de Sainte-Croix).

Des crues importantes ont été observées en 1957 et 1994 (2 800 m3/s à Mirabeau, en janvier 1994 et en novembre 1994)[24].

Évacuateur de crue du barrage de Serre-Ponçon, vu du pont d'Espinasse (à gauche) et depuis le Belvédère (à droite).

Morphologie et dynamique fluviale

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Formations d’îles dans le lit de la Durance

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Trois types d’îles se forment dans le lit de la Durance :

  • les bancs de graviers, apportés par les crues, et généralement sans ou avec peu de végétation ;
  • les iscles ou isclons, bancs de limons fertiles sur lesquels peuvent pousser des plantes à croissance rapide (saules), et qui ne sont balayées que par les fortes crues ;
  • les bourras, des amoncellements de troncs et de bois flottés[45].

Les iscles peuvent faire plusieurs kilomètres de long, et jusqu’à 400 à 500 m de large[46]. Selon Jean-Marie Gibelin, qui se fonde sur l’étude des différents plans et cadastres du lit, on peut reconstituer leur cycle de vie ainsi[47] :

  • une crue importante dépose un banc de gravier qui émerge du cours moyen ;
  • sur ce banc, des herbes et roseaux poussent. La crue suivante est ralentie à cet endroit, et dépose des limons, ce qui permet la pousse de ce qui est indiqué comme des bruyères sur le cadastre ;
  • progressivement, des arbres peuvent croître ;
  • ces arbres devenus grands sont abattus, ce qui, même en petite quantité, permet au courant de la crue de détruire ces îles, d’abord en les divisant. Les destructions sont plus importantes au moment de la décrue, qui affouille les rives, notamment sur ces coupures, et la destruction s’amplifie à chaque crue.

Écologie de la Durance

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Intérêt écologique

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La vallée présente l'intérêt de regrouper de nombreux habitats naturels d'intérêt communautaire, régulièrement remaniés par les crues, et subissant à la fois les influences méditerranéennes et montagnardes.

Elle joue aussi un rôle important de corridor biologique, mis en évidence notamment au sein de la trame verte et bleue française et du réseau écologique paneuropéen, et forme à cet égard un site Natura 2000.

Écologie du cours d’eau

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Dans les eaux courantes, on compte aujourd'hui de 150 à 200 espèces de macro-invertébrés[48], mais avec peu d’espèces végétales (en raison du régime des crues).

La qualité de l’eau est réputée bonne dans la vallée supérieure, malgré le colmatage inévitable avec les nombreuses retenues, qui privent la Durance de la puissance nécessaire à l’emport des sédiments. Cette qualité a été obtenue grâce à des actions d’assainissement (y compris sur les affluents de la Luye et du Coulon). Il reste quelques points noirs dans la moyenne vallée (en aval de l’usine Arkema à Château-Arnoux, après la confluence avec le Coulon)[49].

La profondeur de 32 cm en moyenne entraîne de fortes variations de température selon la saison (de 0 à 28 °C) et selon l’heure de la journée (7,5 °C d’amplitude l’été, 10 °C l’hiver), ce qui sélectionne les organismes aquatiques adaptés à ces changements.

L’aménagement de la vallée ainsi que l'espacement et la diminution de l'importance des crues ont permis la colonisation de l’espace alluvial par une ripisylve d’aulnes et de peupliers qui constitue localement une forêt-galerie. Le lit, bien que moins humide, accueille encore 110 espèces d’oiseaux à l’année, plus 82 espèces d’oiseaux migrateurs qui y trouvent des zones de repos et de nourrissage et parfois de reproduction. La diversité aviaire a augmenté après les aménagements, mais il est probable qu'il y ait eu autrefois une diversité supérieure, de même que des populations plus nombreuses pour certaines espèces.

On trouve aussi dans la Durance ou à ses abords environ 75 espèces de mammifères dont le castor d'Europe, le campagnol amphibie, la crossope (ou musaraigne aquatique), de nombreuses espèces de chauves-souris : barbastelle (Barbastella barbastellus), grand murin (Myotis myotis), grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), minioptère[note 2] de Schreibers (Miniopterus schreibersi), petit murin (Myotis blythii), petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), vespertilion de Capaccini (Myotis capaccinii). On y trouve aussi des espèces introduites et devenues invasives (dont le ragondin)[50] et le rat musqué arrivé plus récemment. La loutre pourrait avoir récemment disparu ou serait très relictuelle[51],[52].

Les populations d’algues et plantes aquatiques (100 espèces en moyenne et basse Durance) et d’invertébrés aquatiques (77 espèces) sont moins variées qu’avant les aménagements (comparaison avec celles de l’Asse et du Buëch). Les jussies, espèces de plantes invasives, apparaissent progressivement (depuis 1986) dans les eaux stagnantes (gravières, mares, bras morts)[53].

Avant les aménagements de la rivière on y trouvait plusieurs espèces migratrices amphihalines (qui vivent alternativement en mer et en eau douce) comme l'anguille, l'alose et la lamproie marine, espèces maintenant bloquées en partie basse de la Durance par les seuils et barrages. Il reste encore quelques espèces patrimoniales : outre le blageon et le toxostome, on y trouve encore l’apron du Rhône (poisson très menacé de disparition) et la loche de rivière (Cobitis taenia taenia) encore très significativement présente. Mais l’envasement et le manque d'oxygène compromettent la reproduction des truites[50]. La lamproie de Planer y était encore récemment signalée. Elle a peut-être disparu[51].

Espèces présentes dans la vallée

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Outre la faune et la flore spécifiquement liées à la rivière, on peut noter :

Les premières pollutions importantes de la Durance remontent à l’installation de l’usine de fabrication d’armes chimiques et d’aluminium à Saint-Auban, durant la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920 et 1930, tous les résidus de production sont rejetés à la rivière, la bauxite rougissant la Durance[55].

Les relevés effectués dans les années 1970 montrent que la pollution de la Durance restait majoritairement d’origine industrielle en aval de Saint-Auban, sauf dans les traversées d’agglomération[56]. Les rejets de l’usine Péchiney de Saint-Auban polluent alors la rivière sur plus de vingt kilomètres[57], malgré l’épuration qui ne concerne à cette époque que moins de la moitié des eaux polluées[58]. Puis la pollution réapparaît à partir de Manosque, composée principalement de produits chimiques agricoles et d’eaux de lessivage de cuves à mazout[57].

Au milieu des années 1970, la situation ne s’est globalement pas améliorée : la pollution de l’eau nuit fortement à la reproduction des poissons en aval du confluent de la Luye (qui lui apportait des hydrocarbures et la pollution de Gap), en aval de Sisteron, et sur tout le cours moyen de la Durance, entre le confluent de la Bléone et le confluent du Verdon[59]. La survie des poissons est menacée en aval du confluent de la Bléone par les rejets chimiques et toxiques de l’usine de Saint-Auban[59]. Si la rivière restait polluée en aval de Cadarache, la situation apparaissait globalement maîtrisée jusqu’au confluent avec le Rhône[60]. Les objectifs d’assainissement étaient d’une qualité 1A (tous les usages possibles) en amont de Sisteron, et 1B de Sisteron à Avignon[61].

La Durance a joué un rôle très important dans l'histoire de la Provence, et a grandement contribué à la croissance économique et démographique de la région marseillaise, après avoir été un obstacle à la circulation pendant des siècles.

Le bac à traille entre Noves et la Chartreuse de Bonpas

Les fouilles de sauvetage qui ont eu lieu sur le chantier de l’autoroute A51 ont permis de découvrir quelques sites préhistoriques et antiques[62].

De l'Antiquité au XIXe siècle, la Durance était réputée pour sa traversée difficile, ses crues brutales et un débit inconstant. La largeur de son lit, la force et la faible profondeur de son courant, et les changements de cours après les crues rendaient son franchissement par gué ou bac, ainsi que la navigation fluviale, très délicats (malgré une hauteur d'eau relativement importante en période de hautes-eaux). Il fallait parfois plusieurs bacs pour traverser les différents bras ou canaux et reconstruire fréquemment le câble (« traille ») support. Les rives instables et parfois abruptes rendaient l’établissement du bac et son accès difficiles. Les gués étaient difficiles à établir, souvent emportés : les seuls durables sont ceux de Mirabeau et de Pertuis, inutilisables en périodes de crues[63].

La voie Domitienne franchissait la Durance à Cavaillon.

À l'époque préromaine, la Durance formait la frontière entre différents peuples celtes établis le long de son lit, comme les Cavares (Cavaillon) et les Salyens.

La vallée de la Durance est une voie de pénétration des Alpes, empruntée par la voie Domitienne ; une statue de Janus est d’ailleurs élevée au Montgenèvre, point de passage entre la Gaule cisalpine et la Gaule narbonnaise[64]. Strabon (Ier siècle) signale qu’un bac était établi à Cavaillon[65], la grande voie romaine d’Espagne en Italie ne traversant la Durance qu’à Cavaillon et à Sisteron[66]. Il devait y avoir plusieurs bacs à Cavaillon, du fait de l’importance du point de passage (on a d’ailleurs retrouvé un quai d’embarquement taillé dans le roc). Un pont existait à Sisteron. On suppose que d’autres bacs devaient permettre de la franchir[66] comme cela est attesté à partir du XIe siècle, notamment à la hauteur de Pertuis, ville dont le nom conserve le souvenir de cette fonction.

Difficile à franchir (sauf à Sisteron, où son cours se resserre entre deux rives rocheuses), la Durance était néanmoins navigable. Les bas-reliefs de Cabrières-d’Aigues le démontrent, le cours d’eau est utilisé pour le transport de différentes denrées liquides (vin, huile d’olive)[67], les Gallo-Romains utilisant les haleurs (en latin : helciarii) et le vent pour remonter le courant. Plusieurs corporations spécialisées assuraient ce transport : les nautes avaient le monopole du transport sur grandes rivières et utilisaient des barques, les utriculaires (en latin : utricularii) qui l’avaient sur les petites rivières et dans les marais utilisaient des radeaux flottant sur des outres gonflées. Deux corporations d’utriculaires se trouvaient à Sisteron et à Riez[68].

Ce commerce alimentait l’activité d’un port important, proche du carrefour routier de Sisteron, au lieu-dit le Bourguet, à l’Escale : le port existait avant la conquête romaine, mais fut aménagé au Ier siècle av. J.-C., connut la prospérité jusqu’à la crise du IIIe siècle, avant de retrouver une activité économique jusqu’au début du Ve siècle[68].

Moyen Âge et temps modernes

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Le pont sur la Durance entre Sisteron et la Baume.

À la fin de l’Antiquité, la Durance, difficilement franchissable, sert à dessiner les frontières. En 470, elle marque la limite de l’avancée vers le sud des Burgondes[69]. Quand Romulus Augustule est déposé en 476, le territoire au sud et à l’est de la Durance échoit aux Wisigoths. Les Burgondes, déjà installés au nord et à l’ouest du cours d'eau, occupent le sud de la Provence à la mort du Wisigoth Euric en 483[70]. En 526, Amalasonte, la reine des Ostrogoths cède au roi des Burgondes Godomar III la portion de terres comprise entre l'Isère et la Durance, qui devient la nouvelle frontière entre les deux royaumes[71].

Au Moyen Âge central, le comté de Forcalquier s’étire tout en longueur le long de la Durance, de Cavaillon jusqu’à Roche-de-Rame près d’Embrun. C'est justement grâce à un état des dommages du comte Guillaume III de Forcalquier par lequel il revendique ses droits sur Pertuis en 1119 qu'on sait que la Durance était naviguée au Moyen Âge[72]. Du XIIe au XIXe siècle, la rivière servit au flottage du bois, coupé dans les Alpes (notamment par les moines de Boscodon, par privilège gratuit de 1191[73]) et utilisé dans les villes de plaine et les chantiers navals.

D’autres marchandises sont transportées sur la Durance, dont principalement le sel, marchandises dont le prix augmente au passage des dix péages établis sur les 300 km du cours d’eau à Savines, La Bréole, Monêtier-Allemont, Le Poët, Sisteron, Les Mées, La Brillanne, Saint-Paul, Mallemort et Orgon[73] ; J. Billioud estime qu’en 1587, le prix du bois est multiplié par quinze entre son lieu d’abattage, à Boscodon, et Marseille[74].

Le pont de Sisteron, érigé au Moyen Âge, est resté jusqu'au milieu du XIXe siècle le seul passage fixe d'une rive à l'autre de la Durance.

Après l’an Mil, le nombre de bacs (déjà présents auparavant) augmente cependant : il s’agit de bacs à traille (équipés d’un mât qui s’appuie sur un câble, la traille, tendu entre les deux rives du cours principal). Le plus ancien connu est celui allant de la Roque-d'Anthéron à Cadenet (à Gontard), attesté en 1037[75]. Au XIe siècle existe encore celui de Pertuis.

Par la suite, les preuves d’existence de bacs se multiplient, notamment à Rognonas, La Brillanne (XIIIe siècle), Noves, Orgon, Le Puy-Sainte-Réparade, Meyrargues, Pertuis, Peyrolles, celui de Cante-Perdrix à Mirabeau, Manosque, Giropey, Château-Arnoux, le Bourguet, Volonne, Bonpas[75]. Les principaux sont ceux de Cadenet et de Mirabeau, qui étaient empruntés par les troupeaux de moutons en transhumance[76]. D’autres bacs sont mis en place pour alimenter les moulins construits à la fin du XVIIIe siècle au Poët, à Upaix et Claret[76].

Néanmoins, la desserte par bac reste toujours plus faible que celle du Rhône (un bac tous les 9 à 11 km en moyenne, contre un tous les 5,2 km sur le Rhône)[77]. À partir du XIIe siècle, on construit également des ponts de bois, qui durent plus ou moins longtemps :

  • à Maupas (actuel Bonpas, à Caumont), de la fin du XIIe siècle à sa destruction par le comte de Toulouse en 1241 ;
  • à Mirabeau, au début du XIIIe siècle, près de Sainte-Madeleine-du-Pont ;
  • à Savines, le plus fréquenté des ponts de Haute-Durance (XVe siècle).

Le pont antique de Sisteron est reconstruit en 1365[75]. Vauban confirme la difficulté d’établissement d’un pont en refusant d’en construire un à Cadenet[78].

Un important réseau de canaux d'irrigation se développe, dont certains dévient une petite partie du débit vers Arles (canal de Craponne) et la Crau.

Le cours de la Durance entre Savines et Sisteron constitue la limite entre la Provence (rive gauche) et le Dauphiné (rive droite).

XIXe siècle

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C'est pendant ce siècle que se produisent les crues les plus violentes : 1843, 1856, 1882, 1886 (cf. supra) et que la science et la technique modernes sont utilisées pour mieux connaître la rivière et faciliter son franchissement.

Des relevés sont effectués en 1850, et permettent de mesurer précisément la largeur du lit du cours d’eau : 1 200 m aux Mées, 1 600 m à Manosque, 2 000 m au confluent avec le Verdon[79].

En 1856, la crue millénale inonde tout le bassin de la Durance, de Sisteron jusqu'à son confluent à Avignon. Elle emporte les terrasses alluviales cultivées, rompt les digues, détruit les canaux. Les syndicats d’arrosants (qui ont remplacé les pareries) et les services locaux des Ponts et Chaussées demandent une intervention exceptionnelle à l’État. Le premier service d’observation d’une rivière est créé, le Service spécial de la Durance, afin d’étudier l’hydrologie de la rivière, suivi de son bornage kilométrique à partir de 1868, du confluent avec le Verdon à celui avec le Rhône. Ce bornage permet un nivellement et de cartographier les terres inondables[80].

La construction au milieu du XIXe siècle du canal de Marseille, qui capte l'eau de la Durance, a permis à l'agglomération marseillaise de se développer très rapidement. De nombreux ponts ont été édifiés ou reconstruits, notamment à Volonne, Manosque, Mirabeau, Pertuis et Cadenet, certains sont des ponts suspendus.

XXe siècle : les aménagements hydroélectriques

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L’utilisation de la Durance comme voie de transport décroît avec la concurrence de la route, et cesse définitivement avec celle du chemin de fer. Il ne reste que 10 radeliers en 1896, un seul en 1908[75] (voir aussi la partie Culture).

Les aménagements hydroélectriques, avec la construction de la chaîne de barrages sur la Durance, le Verdon ainsi que sur le Buëch et la Bléone, ont eu les impacts économiques les plus importants et les plus visibles dans le paysage. La majeure partie du débit a été détournée dans des canaux en aval de Serre-Ponçon, et seul circule dans le lit naturel un débit réservé de 2 à 5 m3/s, correspondant à 1/40e du débit naturel. Le lit s'est progressivement fixé et de la végétation commence à y pousser, là où l'eau ne coule plus. Grâce aux réservoirs de Serre-Ponçon et de Sainte-Croix, qui peuvent retenir un total de plus de 2 milliards de tonnes d'eau, l'irrigation reste possible en été pendant les années les plus sèches. Les plans d’eau ont permis un développement de l'économie locale grâce au tourisme estival.

Aménagement du cours de la Durance

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Principaux ponts

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Hautes-Alpes
Alpes-de-Haute-Provence
Le pont-barrage de l'Escale.
Entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône
Le grand viaduc LGV de Cavaillon.

Pont de Bonpas

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Pont de Mirabeau

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Les deux anciens ponts de Mirabeau.

Le rétrécissement de la Durance sur la commune de Mirabeau où la rivière se fraye un chemin entre deux falaises de calcaire abruptes, le défilé de Canteperdrix, est un lieu de franchissement ancien et a donné lieu à la construction de pas moins de trois ouvrages successifs, qui ont succédé aux bacs à traille. La première tentative de construction d’un pont date du XVe siècle. Les différents « Pont Mirabeau » qui furent édifiés ont été détruits totalement ou en partie à quatre reprises en 1440, 1635, 1843 et 1881 par la Durance déchainée. Les piles généralement reproduites sont celles du pont construit en 1835 par Jean-François Théophile Sauzet, monuments historiques inscrits[81].

Le pont moderne, une pile de l'ancien pont et la falaise de Canteperdrix.

En 1935, il est remplacé par un nouveau pont suspendu, qui est saboté en 1944 et reconstruit en 1947. Le pont actuel date de 1987.

Pour se protéger des inondations ravageuses (qui emportaient parfois tout un pan de rive, et une ville avec), les habitants d'Avignon construisent des digues à partir du XVe siècle[82]. D’autres tentatives ont lieu jusqu'au XIXe siècle : leur principal point commun est le manque de coordination, et leur manque de réussite, même après l’instauration d’une Commission mixte chargée d’établir des plans annuels d’endiguement par l’ordonnance royale de 1825[83].

Sous l'Ancien Régime, on utilise souvent des caissons de rondins emplis de pierres, puis des gabions, plus efficaces et plus faciles à mettre en œuvre : il s’agit de paniers d’osier ou de saule, de forme conique, la partie pointue étant dirigée vers le lit de la rivière, le remplissage (toujours de pierres) se faisant depuis la rive. Mais ni les uns, ni les autres, ne résistent longtemps aux crues[84].

La première proposition d’endiguement général de la Durance est faite par Bérenguier, habitant de Manosque, et date de 1778[82]. De nombreuses études sont faites au siècle suivant, dont une à partir de 1839, qui est définitivement rejetée par Paris en 1851 devant les oppositions, paradoxales, des habitants des deux rives, trouvant que la proposition et ses variantes avantagent le voisin (d’en face, aval, amont)[85]. Les projets d’endiguement partiel échouent également (dont celui en amont du pont des Mées dans les années 1860[86], qui marque encore la campagne municipale de 1888[87]).

Les aménagements finalement réalisés ne sont que rarement durables dans la vallée de la moyenne Durance :

  • les épis en T mis en place par la commune de Valensole sont emportés entre 1860 et 1863[38] ;
  • les épis mis en place en collaboration par les communes de Volx et Manosque sont emportés par les crues de 1860.

À l’inverse, les endiguements à épis et digue mis en place en basse Durance, là où le courant est moins fort (Vaucluse et Bouches-du-Rhône), ont de bons résultats, et ont même inspiré les projets précédents[88].

Dans un autre sens, depuis la même époque, on utilise l’eau de la Durance pour irriguer les terres voisines, puis alimenter en eau toute la Provence. Le premier canal connu est le canal Saint-Julien, creusé en 1171[89]. Suivent ceux d’Adam de Craponne (50 km creusés en neuf mois en 1554 de Silvacane à Arles), des Alpilles (ou Alpines), de Marseille, de Carpentras, de Manosque, de Ventavon, et des centaines d’autres plus petits[90] pour un total de 540 km creusés de la fin du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle[89].

Canal Saint-Julien

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Canal de Craponne

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Canal de Marseille

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L'aqueduc de Roquefavour, sur l'Arc, principal ouvrage d'art du canal de Marseille.

De 1839 à 1854, l'ingénieur Franz Mayor de Montricher construit un canal destiné à approvisionner la ville de Marseille en eau potable.

La prise d'eau initiale était située sur la Durance au niveau du pont de Pertuis, à une altitude de 185 mètres, et à 50 kilomètres à vol d'oiseau de Marseille. De là, le canal partait vers l'ouest sous Le Puy-Sainte-Réparade. Lors de la construction du grand canal EDF, qui double la Durance depuis Serre-Ponçon jusqu'à Salon-de-Provence et l'étang de Berre, la prise d'eau du canal de Marseille a été reportée sur le canal EDF lui-même, après Saint-Estève-Janson. De là, le canal suit un tracé tourmenté de 80 km de long, dont 17 km en souterrains, jusqu'à Marseille. Le canal est en béton, les ouvrages aériens en pierres ou pierres et briques. Le débit de l'ouvrage est de 10 m3/s, la pente de 0,36 m/km.

La Durance fournit encore aujourd'hui les deux-tiers de la ressource en eau de la ville de Marseille.

Aménagement hydroélectrique

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L’utilisation de la force motrice de la Durance pour produire de l’électricité commence en 1908, avec la construction d’une centrale à La Brillanne par l’Énergie électrique du littoral méditerranéen (pour une commercialisation sur la côte), suivie dès 1909 par Pechiney qui construit à L’Argentière une centrale pour les besoins de son usine d’aluminium[91] ; en 1909 également, l'usine de Ventavon est construite[92]. Des moulins, établis sur des canaux de dérivation, utilisaient déjà cette force pour d’autres usages. La technique du canal de dérivation est souvent utilisée pour mouvoir les turbines des centrales : celles de Ventavon et du Poët sont implantées sur un canal commun, et le canal de La Brillanne alimente celles de La Brillanne, Le Largue et Sainte-Tulle. D’autres centrales sont construites dans la première moitié du XXe siècle : Les Claux et Champcella-Le Fournel[93].

Cependant, le potentiel hydroélectrique apparaît largement sous-exploité, en partie à cause du régime de la rivière : les hautes eaux se produisent au printemps, alors que la demande est maximale en hiver (et que les besoins d’irrigation sont importants en été). L'aménagement permettant d’accroître la production hydroélectrique durancienne et d’approvisionner directement la Provence, pauvre en unités de production[pas clair][93].

En 1955, une loi est votée pour l’aménagement de l’ensemble Durance-Verdon. Dans ce cadre, trois missions sont confiées à EDF :

  • la production d’électricité ;
  • l’alimentation en eau des cultures (irrigation) et des villes ;
  • la régulation des crues[94].
Vue d'avion du lac de Serre-Ponçon en août 1997.

Ce programme a entraîné, sur une période de 40 ans, la construction de 23 barrages et prises d’eau (des prises d’eau en amont des Claux sur l’Argentière à celle de Mallemort en passant par le barrage de Serre-Ponçon), du canal EDF de la Durance, alimentant 33 centrales hydroélectriques, et de plusieurs stations de commande[95].

La vallée et le canal EDF de la Durance avant la clue de Mirabeau.

Ce programme est une réussite presque complète :

  • l’ensemble Durance-Verdon produit 6 à 7 milliards de kWh par an (10 % de la production hydroélectrique française) ;
  • les barrages réservoirs fournissent de l’eau potable à toute la région, et irriguent toute la Provence (un tiers de l’irrigation française) ;
  • les lacs sont une attraction touristique (Serre-Ponçon attire 10 % des touristes fréquentant les Hautes-Alpes) ;
  • si le débit est régularisé, et les crues faibles et moyennes parfaitement contrôlées, l’aménagement n’a cependant aucun effet sur les crues majeures, comme l’a montré la crue de 1994 (3 000 m3/s à Cadarache[2]). En effet le barrage réservoir de Serre-Ponçon ne régule que le cours supérieur de la Durance, et ne joue aucun rôle sur les affluents, dont le rôle est important dans la formation des crues majeures. Tous les autres barrages ne sont que des prises d’eau. Seul le débit du Verdon est contrôlé par le barrage de Sainte-Croix (si des capacités de stockage existent au moment de la crue)[96].

Stade d'eau vive

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Le stade Michel Baudry à L'Argentière-la-Bessée

Deux stades d'eau vive, permettant la pratique du slalom et des sports en eau vives comme le slalom, sont aménagés dans le lit de la Haute-Durance :

Impact des aménagements

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La Durance avait un débit naturel moyen de 188 m3/s et un régime fluvial de type méditerranéen, mais les aménagements hydrauliques ont modifié son cours. À part un très faible débit réservé, la masse des eaux circule désormais dans le canal EDF qui longe le lit naturel de la grande rivière afin de les faire passer par une série d'usines hydroélectriques[97]. Ce canal usinier peut débiter jusqu'à 250 m3/s. De ce fait, lors des grandes crues, les eaux excédentaires empruntent à nouveau le lit naturel, les réservoirs étant très insuffisants pour stocker de pareilles masses d'eau (il s'agit surtout de Serre-Ponçon, mais aussi des grands réservoirs du Verdon, son affluent principal).

Le Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance[3], dont le périmètre d'intervention s'étend de Serre-Ponçon au Rhône, est la structure gestionnaire de la rivière. Il est concessionnaire du Domaine public fluvial (DPF) sur la Basse Durance mais intervient également sur le DPF de l'État sur la Moyenne Durance. Il œuvre essentiellement dans les domaines suivants : la gestion des crues, l’amélioration de la sécurité, le transport solide, la préservation et de la gestion du patrimoine naturel, la gestion des différents usages. Il est Établissement public territorial de bassin.

La ligne de Veynes à Briançon au long de la Durance, avec un train propulsé par des locomotives B 81500 vers Briançon. Février 2016.

Le lit de la rivière en basse Durance présente de nombreuses iscles de plus ou moins grande importance qui ont été de tout temps des lieux de pâture pour les bergers du Luberon[98] quand fin mai la sécheresse asséchait les points d'eau du massif. Certaines, mieux protégées, parfois par des digues sont aujourd'hui de bonnes terres cultivées (serres de l'Iscles du mois de mai). La dérivation du canal EDF a diminué les submersions et les déplacements qui en résultaient, mais aussi les dépôts de limon qui les fertilisaient.

Le lit de la Durance fournit depuis les années 1950 des granulats très durs, utilisés pour la couche de roulement des routes et les bétons résistants. La plupart des sites de prélèvement sont en cours de fermeture.

De même, les quelques usines utilisant l’énergie de la rivière ont fermé (usine d’aluminium de l’Argentière-la-Bessée) ou sont en cours de fermeture (Arkema à Saint-Auban).

Enfin, c’est dans la vallée de la Durance, à Cadarache, que le réacteur expérimental de fusion nucléaire, ITER, est en cours de construction.

Dans les arts et la culture

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Le palais Longchamp à Marseille.

La Durance est représentée sous la forme d'un groupe sculpté majestueux au palais Longchamp, à Marseille, construit entre 1862 et 1869 par l'architecte Espérandieu afin de célébrer l'arrivée des eaux de la Durance dans la ville, via le canal de Marseille.

Elle est également sculptée sous les traits d’une femme au ventre fécond, à Charleval (Bouches-du-Rhône).

Elle est présente dans la littérature :

Parmi les peintres à l'avoir représentée, Guigou et Monticelli, amis proches, s’installent à Saint-Paul-lès-Durance et exécutent de nombreux tableaux où elle figure, soit comme décor, soit comme sujet (86 des 421 tableaux de Guigou). Le peintre surréaliste d’origine roumaine Victor Brauner, réfugié en 1942 à Remollon, en fait plusieurs tableaux sur des matériaux de fortune[101].

La Durance est la rivière remontée par le petit âne gris dans la chanson éponyme d'Hugues Aufray.

Depuis quelques années, une association fait revivre les radeliers, en construisant chaque année des radeaux de troncs d’arbre et en leur faisant descendre une portion de la Durance.

L'escadron d'hélicoptères 4/67 Durance, créé en 1976, était chargé de la protection de la base aérienne 200 Apt-Saint-Christol et du site lancement de missiles du plateau d'Albion. Une radio locale de la bande FM a choisi Durance comme nom.

La classe Durance est une classe de cinq pétroliers ravitailleurs et de commandement de la Marine nationale française mis en service de 1977 à 1990.

Dans le cinéma français, la Durance est le cadre de L'Eau vive, film de François Villiers, dans l'ambiance de la construction du barrage de Serre-Ponçon.

La Durance est le nom du bulletin académique des professeurs d'histoire-géographie d'Aix-Marseille.

Sources bibliographiques

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Direction de l'environnement, du développement durable et de l'agriculture, La Durance : lien de vie du territoire régional, Conseil régional PACA, 106 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance, Contrat de rivière du Val de Durance, rapport de présentation, SOGREAH, 2008, 93 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Claude Gouron, photographe, Hélène Vesian, auteur des textes, Pierre Magnan, préfacier, Durance : voyage photographique des Alpes à la Provence, Avignon : Alain Barthélemy, 2002. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Henri Julien, et Jean-Marie Gibelin, Toi, Durance, Barras, Ed. Terradou, 1991, (ISBN 978-2-907389-36-5). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Marie Gibelin, L’Histoire des endiguements de la Durance dans le département des Basses-Alpes, Digne-les-Bains, DDE des Alpes-de-Haute-Provence, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Cécile Miramont, Denis Furestier, Guy Barruol et Catherine Lonchambon, 'La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l'histoire d'une rivière capricieuse, Forcalquier, les Alpes de lumière, coll. « Les Alpes de lumière » (no 149), , 120 p. (ISBN 978-2-906162-71-6, ISSN 0182-4643). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Jean-Paul Clébert et Jean-Pierre Rouyer, La Durance, Toulouse, Privat, coll. « Rivières et vallées de France », (ISBN 2-70899503-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Catherine Lonchambon, Les bacs de la Durance : du Moyen Âge au XIXe siècle, Publications de l'Université ́de Provence, 2001, (ISBN 2-85399480-5), (ISBN 978-2-853994-80-4). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georges Truc, L'eau en Vaucluse. Origine, fonctionnement, potentiel et qualité des réservoirs aquifères, Avignon, Éd. Conseil Général de Vaucluse, .
  • Paul Veyret, Les pays de la moyenne Durance alpestre : bas Embrunais, pays de Seyne, Gapençais, bas Bochaine ; étude géographique, Publié par Arthaud, 1945.Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Laurence Fumey, Félix Laffé, Arlette Playoust, Des plaines de la Durance au pays d'Aix : agriculture, négoce, société (XVIIIe – XXe siècles) : répertoires numériques des sous-séries 61 J, 64 J, 81 J, 94 J, 95 J, 96 J, 108 J, 119 J, Publié par Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1997 (ISBN 2-86013034-9), (ISBN 978-2-860130-34-9).
  • L. Pelloux, « La Durance », Annales des Basses-Alpes : bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, t. 18, no 66,‎ , p. 137-147 (lire en ligne), no 67, octobre-décembre 1897, p. 206-228, t. 19, no 68, janvier-mars 1898, p. 289-314, no 69, avril-juin 1898, p. 317-353, no 70, juillet-septembre 1898, p. 389-429, no 71, octobre-décembre 1898, p. 484-538
  • La Durance, parcours & regards, de Conseil régional PACA (prod.) et de Jacques Sapiega (réal.), 2004. Document utilisé pour la rédaction de l’article

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Abréviations : rd pour rive droite et rg pour rive gauche
  2. Les minioptères sont des chauves-souris.

Références

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  3. a et b « SMAVD - Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance », sur smavd.org (consulté le ).
  4. R. Muller-Feuga, P. Ruby, « Alimentation artificielle de la nappe des alluvions de la Basse-Durance », La Houille Blanche, no 3, avril 1965, pp. 261-267 (résumé.
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  27. Géraldine Bérard, Carte archéologique des Alpes-de-Haute-Provence, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1997, p. 51.
  28. Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne], XXI, 31, 10-12.
  29. Silius Italicus, Punica, III, 468-476 [lire en ligne].
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  36. Dans La Durance : lien de vie du territoire régional , Serge Gachelin donne 5 000 m3 (p. 8) ainsi qu’Henri Pignoly (p. 99) ; dans le même ouvrage, Bernard Amouretti donne 6 000 m3 (p. 25). Cécile Miramont (voir plus haut) donne elle aussi une estimation de 6 000 m3/s. Jacques Sapiega, dans son géorama « Durance & Verdon » (DVD La Durance : parcours et regards), donne 5 500 m3/s le 26 décembre 1882 ; Clébert & Rouyer donnent 6 000 m3/s en novembre 1886, dans La Durance, p. 39.
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  47. Gibelin 1990, p. 57 et suiv..
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  73. a et b Miramont et al. 2005, p. 45.
  74. cité par Gibelin 1990, p. 28.
  75. a b c et d Miramont et al. 2005, p. 48.
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  77. Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre de la Durance : d’étranges bateaux », in Miramont et al. 2005, p. 55.
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  81. Arrêté du 6 juillet 1988, « notice de la Base Mérimée », notice no IA84000129, consultée le 26 août 2008.
  82. a et b Gibelin 1990, p. 28.
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  92. SMAVD (2004), op. cit., p. 113.
  93. a et b Spill 1980, p. 82.
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