Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Aller au contenu

An-Najm

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

53e sourate du Coran
L’Étoile
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلنَّجْمِ, An-Najm
Titre français L’Étoile
Ordre traditionnel 53e sourate
Ordre chronologique 23e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 62
Nombre de prosternations 1 (verset 62) ou 1 Ruku (si le verset est récité lors d'une prière)
Ordre traditionnel
Ordre chronologique
An-Najm

An-Najm (arabe : سُورَةُ ٱلنَّجْمِ, français : L’Étoile) est le nom traditionnellement donné à la 53e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 62 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.

Origine du nom

[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate L’Étoile[2]. Le titre et ses variantes, comme « Par l’étoile », proviennent du verset 1[3].

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4],[5], cette sourate occupe la 23e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8],[9], pour qui cette sourate est la 28e.

Selon plusieurs chercheurs du XIXe et du XXe siècle, cette sourate est très composite et est formée de strates de périodes variées. Plusieurs subdivisions différentes ont été proposées par Nöldeke[Note 1], Blachère et Bell (en)[3].

Interprétations

[modifier | modifier le code]

Cette sourate est en prose rimée[10].

Les 18 premiers versets sont, pour Azaiez, construits de manière circulaire[10]. Dans la tradition musulmane, ces versets sont considérés comme une allusion au voyage nocturne. Pour Crone, les verset 18-23 sont à inclure dans cette première partie. Elle pose plusieurs problèmes de compréhension en raison de la question de l’identité du narrateur mais aussi celle de « Son Serviteur » (v. 10). Pour plusieurs raisons, il ne peut s’agir d’Allah, celui-ci ne parlant pas directement aux êtres humains. L’hypothèse que ce soit Mahomet est spéculative[10]. Pour Rippin, il pourrait s’agir de Moïse (appelé Moussa dans le Coran et par la tradition islamique postérieure). Pour Van Ess et Sirry, le texte pourrait évoquer une vision divine mais aurait été réinterprété tardivement pour des raisons théologiques. Pour Crone, ce passage est fortement influencé par une conception judéo-chrétienne des relations entre les anges (malāʾika) et Allah[10].

Pour Crone, la partie v.23-v.32 est « généralement considérée comme un ajout tardif ». La seconde partie est polémique et tente de prouver que les polythéistes n’ont pas de preuve de leur religion, à l’inverse, selon le Coran, des musulmans. Dye relève la circularité de l’argumentaire, l’origine divine de la révélation étant argumentée au moyen de visions[10].

Dye, à propos de la vision évoquée au verset 18, reprend l’hypothèse de Tesei de reconnaître comme sous-texte la troisième Hymne sur le Paradis d’Éphrem le Syriaque. L’auteur reconnait aussi une influence du Pasteur d’Hermas[10]. Pour Tesei, la mention de l’arbre est du paradis trouve des parallèles dans l’Hymne sur le Paradis. S’inspirant des travaux de Luxenberg, celui-ci propose une autre vocalisation et explication du verset 16[10]. Pour Khalfallah, ce texte illustre les modes de transmission aux humains de la parole d’Allah[10].

Les versets 19 et 20 de cette sourate sont les seuls du Coran à mentionner les trois divinités préislamiques Al-Lat, Manat et Uzza. Le verset 49 est également la seule mention coranique de l'étoile Sirius.

Versets sataniques

[modifier | modifier le code]

C’est dans cette sourate que prend place la problématique des « versets sataniques ». Cet épisode raconte comment Satan aurait soufflé à Mahomet de rajouter des versets coraniques au sein de cette sourate comme concession au polythéisme[10].

Pour Crone, la majorité des auteurs occidentaux, à l’inverse d’Ernst et d’al-Badawy, considère ce récit comme véridique, celui-ci étant trop peu flatteur pour avoir été inventé par des musulmans.[10] Néanmoins, l’auteur rappelle que ce récit n’est devenu gênant que lors de la mise en place de la doctrine de l’impeccabilité de Mahomet et qu’un tel verset n’aurait pas sa place dans ce contexte coranique[10].

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • P. Neuenkirchen, "Sourate 53", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1597 et suiv
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell (en) publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

[modifier | modifier le code]
  1. (en) « Le Coran - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
  2. (en) « Le Coran/Sourate 53 : L’étoile (An-Najm) - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
  3. a et b P. Neuenkirchen, "Sourate 53", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1597 et suiv
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  10. a b c d e f g h i j et k M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie. QS 39 Q 53