Casimir Oberfeld
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Casimir Oberfeld, né à Łódź en Pologne le et mort en lors d'une marche de la mort entre le camp d'extermination d'Auschwitz et Přelouč (aujourd'hui en Tchéquie), est un compositeur, installé en France, célèbre pour avoir écrit des chansons à succès pendant les années folles, des musiques d'opérettes et des musiques de films.
Biographie
[modifier | modifier le code]Famille
[modifier | modifier le code]Casimir Georges Oberfeld, né Kazimierz Jerzy Oberfeld, est le fils de Roman Oberfeld, banquier d'origine juive, et d'Olga Heryng, poétesse de religion chrétienne. Il a un fils naturel, Grégoire, d'Élisabeth de Donici (sœur d'Olga-Anna de Donici, épouse de Georges Oltramare), qui avait épousé Paul Dunant, lequel lui avait donné son nom.
Le compositeur
[modifier | modifier le code]Déjà à l'école, le jeune Casimir monte des revues musicales de fin d'année. Installé en France, Casimir Oberfeld compose la musique de chansons à succès de style humoristique comme À Paname un soir pour Alibert, C'est pour mon papa pour Georges Milton, avec, entre autres, les paroliers René Pujol, Jean Manse, Charles-Louis Pothier, Albert Willemetz, Émile Audiffred (avec lequel il fait aussi des opérettes). Ses premiers succès datent de 1924. En , il s'installe définitivement en France. À Paris, il obtient ses plus grands succès, parfois sous le nom de Georges Grandchamp. Après avoir émigré en France, il achève ses chansons en polonais pour les publier comme des « succès étrangers ».
Il compose pour des artistes célèbres comme Fernandel et Mistinguett. Il écrit La femme est faite pour l'homme, pour Arletty en 1932, puis C'est vrai pour Mistinguett en 1933. En 1939, deux chansons à succès assoient définitivement sa renommée : Félicie aussi, popularisée par Fernandel, et Paris sera toujours Paris, pour Maurice Chevalier.
Il compose des opérettes, comme La Pouponnière (1932), Cœurs en rodage (1935), La Margoton du bataillon (1937, adaptation d'un film de 1933) — dont un des airs a sans doute « inspiré » deux plagiaires, André Montagard et Charles Courtioux, pour accompagner l’hymne officieux du régime de Vichy, Maréchal, nous voilà ![1],[2] — et Le Rosier de Madame Husson (1937).
Alors que le cinéma devient parlant, il signe la musique d'une soixantaine de films dont Un de la légion (1936), Barnabé (1938), Le Schpountz (1938), Raphaël le tatoué (1938), Fric-Frac (1939), etc.
Il écrit de la musique de revues, de la musique religieuse, des chansons pour virtuose du piano, de nombreux tangos, foxtrot, blues, charleston, rumba, java, des marches, one-step et paso doble. Il compose des sérénades, intermezzos et deux symphonies : Danse de Paulette et Roland et Misterioso Concon (1939). En 1938, Casimir Oberfeld compose même une conga, nouveau rythme en vogue, La Conga.
Pendant la Seconde Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Pendant la « drôle de guerre », Casimir Oberfeld écrit pour Fernandel, au Théâtre aux armées, la musique de Francine, chanson très engagée contre la propagande allemande.
En 1941, il s'installe à Marseille où il rejoint Fernandel pour lui faire encore quelques chansons (par exemple Les Jours sans). Pour sa sécurité, il fait signer ses musiques de chansons par des compositeurs « aryens ». En 1942, les lois antisémites de Vichy et l'invasion de la zone libre par les Allemands l'obligent à se réfugier à Nice, alors occupée par l'Italie, réputée plus clémente. Cette même année, nait son fils naturel, Grégoire Dunant[3].
Il est compositeur et pianiste des studios de la Victorine. En , à l'armistice entre le royaume d'Italie et les Alliés, l'armée italienne évacue la région et est aussitôt remplacée par les Allemands.
Déportation et décès
[modifier | modifier le code]Lors d'une rafle de grande envergure, Oberfeld est arrêté et transféré en train le au camp de Drancy, en région parisienne[4]. Sa dernière adresse est : Hôtel Royal, 23 Promenade des Anglais, à Nice[5].
Déporté à Auschwitz le par le convoi no 63, il y survit un certain temps en tant que musicien (de). En , devant l'avancée des troupes soviétiques, les SS évacuent les hommes encore valides dans ce qui sera appelé les marches de la mort. Comme la plupart des prisonniers, Casimir Oberfeld y meurt de froid, à 41 ans. Son corps et celui de huit autres victimes sont déchargés le dans la gare de Přelouč (district de Pardubice), et sont enterrés dans la partie juive du cimetière catholique. L'identification d'Oberfeld a lieu plus tard[Quand ?] en raison du numéro tatoué sur son bras.
En 2011, Grégoire Dunant retrouve la sépulture de son père à Přelouč et, le , les restes de Casimir Oberfeld sont réinhumés dans le cimetière de Montmartre (31e division)[6],[7],[2]. La tombe de Přelouč est toujours visible.
Œuvres
[modifier | modifier le code]Opérettes
[modifier | modifier le code]- 1932 : La Pouponnière, opérette en 3 actes, livret de René Pujol, Charles-Louis Pothier et Albert Willemetz, Paris, Bouffes-Parisiens.
- 1935 : Cœurs en rodage, opérette en 3 actes, livret de Max Eddy et Jacques Darrieux, Paris, Folies-Wagram.
- 1937 : Mon oncle Alex, opérette en 3 actes, livret de Jacques Darrieux et Camille François, Paris, Trianon Lyrique.
- 1937 : Le Rosier de Madame Husson, opérette, livret de Louis Verneuil et Jean Manse, Paris, théâtre de la Porte-Saint-Martin.
- 1938 : La Margoton du bataillon, opérette, livret d'André Mouëzy-Éon, Jacques Darmont et René Pujol, Paris, théâtre de la Porte-St-Martin.
- 1938 : La Féerie blanche, revue opérette, livret de Louis Verneuil, lyrics André Hornez, Paris, théâtre Mogador.
Filmographie
[modifier | modifier le code]- 1930 : La Douceur d'aimer de René Hervil
- 1930 : Le Roi des resquilleurs de Pierre Colombier
- 1930 : Une loge et un coeur de Gabriel Rosca
- 1930 : Méphisto de Henri Debain et Georges Vinter
- 1931 : Un homme en habit de René Guissart
- 1931 : La Bande à Bouboule de Léon Mathot
- 1931 : Y'en a pas deux comme Angélique de Roger Lion
- 1931 : La Femme de mes rêves de Jean Bertin
- 1931 : Allô... Allô... de Roger Lion
- 1931 : Le lit conjugal de Roger Lion
- 1932 : Un bouquet de flirts de Charles de Rochefort
- 1932 : L'affaire Blaireau d'Henry Wulschleger
- 1932 : Le Rosier de madame Husson de Dominique Bernard-Deschamps
- 1932 : Avec l'assurance de Roger Capellani
- 1932 : Le Champion du régiment d'Henry Wulschleger
- 1932 : Conduisez-moi Madame de Herbert Selpin
- 1932 : Le Triangle de feu d'Edmond T. Gréville et Johannes Guter
- 1932 : Ne sois pas jalouse d'Augusto Genina
- 1932 : Mimi Pandore de Roger Capellani
- 1933 : La Pouponnière de Jean Boyer
- 1933 : Le chasseur de chez Maxim's de Karl Anton
- 1933 : Non son gelosa de Carlo Ludovico Bragaglia
- 1933 : Une idée folle de Max de Vaucorbeil
- 1933 : La Margoton du bataillon de Jacques Darmont
- 1934 : Le Fakir du Grand Hôtel de Pierre Billon
- 1934 : Bouboule Ier, roi nègre de Léon Mathot
- 1934 : On a trouvé une femme nue de Léo Joannon
- 1934 : L'École des contribuables de René Guissart
- 1934 : L'Oncle de Pékin de Jacques Darmont
- 1934 : Y faut s'marier de René Pujol
- 1935 : Ferdinand le noceur de René Sti
- 1935 : La Caserne en folie de Maurice Cammage
- 1935 : Le Bébé de l'escadron de René Sti
- 1935 : Lune de miel de Pierre-Jean Ducis
- 1936 : Train de plaisir de Léo Joannon
- 1936 : Avec le sourire[8] de Maurice Tourneur
- 1936 : La Petite Dame du wagon-lit de Maurice Cammage
- 1936 : On ne roule pas Antoinette de Paul Madeux
- 1936 : Œil de lynx, détective de Pierre-Jean Ducis
- 1936 : Un de la légion de Christian-Jaque
- 1936 : Prête-moi ta femme de Maurice Cammage
- 1936 : Rigolboche de Christian-Jaque
- 1936 : J'arrose mes galons de Jacques Darmont et René Pujol
- 1936 : Le Mari rêvé de Roger Capellani
- 1937 : Les Maris de ma femme de Maurice Cammage
- 1937 : Vous n'avez rien à déclarer ? de Léo Joannon
- 1937 : Une femme qui se partage de Maurice Cammage
- 1937 : Les Dégourdis de la 11e de Christian-Jaque
- 1937 : Mademoiselle docteur de Georg Wilhelm Pabst
- 1937 : La Belle de Montparnasse de Maurice Cammage
- 1937 : Mon député et sa femme de Maurice Cammage
- 1937 : Le Porte-veine d'André Berthomieu
- 1938 : Êtes-vous jalouse ? de Henri Chomette
- 1938 : Les Deux Combinards de Jacques Houssin
- 1938 : Une de la cavalerie de Maurice Cammage
- 1938 : Le Schpountz de Marcel Pagnol
- 1938 : Barnabé d'Alexandre Esway
- 1938 : Ernest le rebelle de Christian-Jaque
- 1938 : Tricoche et Cacolet de Pierre Colombier
- 1938 : Vacances payées de Maurice Cammage
- 1938 : Le Dompteur de Pierre Colombier
- 1939 : Raphaël le tatoué de Christian-Jaque
- 1939 : Les Cinq Sous de Lavarède de Maurice Cammage
- 1939 : Fric-Frac de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara
- 1939 : Le Paradis des voleurs de Lucien-Charles Marsoudet
- 1939 : Le Chasseur de chez Maxim's de Maurice Cammage
- 1940 : Bach en correctionnelle d'Henry Wulschleger
- 1940 : Monsieur Hector de Maurice Cammage
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Nathalie Dompnier, « Entre La Marseillaise et Maréchal, nous voilà ! quel hymne pour le régime de Vichy ? », p. 69-88, dans Myriam Chimènes (dir.), La Vie musicale sous Vichy, Éditions Complexe – IRPMF-CNRS, coll. « Histoire du temps présent », 2001, 420 p. (ISBN 2870278640 et 978-2870278642) [lire en ligne (page consultée le 24 décembre 2008)], p. 71-72, note 5 : « […] Informer également M. Courtioux que dans cette même œuvre notre Conseil a trouvé une réminiscence de La Margoton du bataillon d'Oberfeld. La déclaration a été enregistrée sous l'entière responsabilité de M. Courtioux. »
- Guéno 2018.
- « Le compositeur Casimir Oberfeld raconté par son fils, Grégoire Dunant », Étonnez-moi Benoît, sur France Musique le 4 juin 2016.
- Guéno 2018, chapitre VII « Les trains de Casimir ».
- Voir, Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld: Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.
- « Casimir Oberfeld, assassiné par les nazis il a 70 ans, sera inhumé au cimetière de Montmartre à Paris », sur musicologie.org, (consulté le ).
- Audrey Azoulay, « Hommage d'Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, à Casimir Oberfeld », sur Ministère de la Culture, (consulté le ).
- Uniquement compositeur de la chanson.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Pierre Guéno, La Mélodie volée du Maréchal : l'incroyable histoire de Casimir Oberfeld, compositeur (malgré lui) de l'hymne pétainiste, Paris, Éditions de l'Archipel, , 182 p. (ISBN 978-2-8098-2370-7, lire en ligne).
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :
- Ressources relatives au spectacle :
- Ressource relative à la recherche :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Site Du temps des cerises aux feuilles mortes.
- « Le compositeur Casimir Oberfeld raconté par son fils, Grégoire Dunant » dans l'émission Étonnez-moi Benoît, France Musique, 4 juin 2016.
- Présentation du livre de Jean-Pierre Guéno, La Mélodie volée du Maréchal dans l'émission Étonnez-moi Benoît (dernière demi-heure), France Musique, 17 mars 2018.
- Naissance à Łódź
- Naissance en novembre 1903
- Auteur-compositeur français
- Compositeur français de musique de film
- Victime de la Shoah en France
- Victime polonaise de la Shoah
- Camp de Drancy
- Déporté au camp d'Auschwitz
- Décès en janvier 1945
- Décès à 41 ans
- Personnalité inhumée au cimetière de Montmartre (division 31)