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Darwinisme

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Le naturaliste Charles Darwin, photographié en 1868.

Le darwinisme désigne, en son sens strict, la théorie formulée en 1859 (dans L'Origine des espèces) par le naturaliste anglais Charles Darwin, qui explique « l'évolution biologique des espèces par la sélection naturelle et la concurrence vitale »[1].

Il est aussi relativement courant d'entendre parler d'évolution darwinienne, pour parler de l'évolution autonome d'un pool quelconque (population et distribution de caractères) sur plusieurs générations.

Les théories de l'évolution et le darwinisme

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Position du darwinisme dans les théories de l'évolution

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Au début du XIXe siècle, l'existence d'espèces éteintes ne fait plus de doute dans la communauté scientifique, grâce notamment aux travaux de Georges Cuvier sur les mammouths et sur les mastodontes. C'est ainsi qu'en 1808 Jean-Baptiste Lamarck propose une théorie explicative de ce phénomène en mettant en jeu l'évolution des espèces, qu'il fonde en particulier sur l'affirmation des principes de la transmission des caractères acquis – déjà soutenue par Aristote – ainsi que de l'adaptation au milieu. Darwin précise cette théorie en expliquant plus profondément ce dernier point par la sélection naturelle.

Utilisation du terme de « darwinisme »

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Le terme darwinisme provient de l'anglais darwinism introduit dès 1864 par le biologiste Thomas Henry Huxley[2], et non par Alfred Russel Wallace[2], codécouvreur du « darwinisme ». Toutefois, la première attestation[2] du terme « darwinisme » date de 1856, mais en référence aux théories évolutionnistes du grand-père de Charles Darwin, Erasmus Darwin, lui-même scientifique et poète anglais.

À l'origine, le terme darwinisme n'avait pas le même sens que celui qu'on lui donne actuellement. En effet, le terme de darwinism était bien souvent employé dans un sens différent d'un auteur à l'autre : il était bien souvent utilisé pour désigner le « darwinisme social » introduit par Herbert Spencer. Ainsi encore Alfred Russel Wallace parle de « pure-darwinism » pour évoquer sa vision de la sélection naturelle (parfois aussi dénommée « wallacéisme »), plutôt que simplement de darwinism[3],[4]. Toutefois, les idées de Darwin sont vite acceptées un peu partout en Europe, à l'exception notable de la France[2], où elles se heurtent à de nombreux géologues et paléontologues français soutenant déjà les théories anti transformistes (Cuvier), anti uniformitarisme ou anti gradualisme face aux partisans de la théorie évolutionniste de Lamarck[2]. Pour Spencer, la concurrence est justifiée par le darwinisme comme caractéristique primordiale des rapports sociaux, dont il déduit un ordre inégalitaire et libéral. Inversement, le « prince anarchiste » Pierre Kropotkine, relativise l’importance de la concurrence dans le processus évolutif et privilégie l’entraide et l’altruisme, autres facteurs de l’évolution, comme rapports fondamentaux des relations sociales.

Darwinisme et enseignement

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Aux États-Unis, l'enseignement de la théorie de l'évolution est interdit ou remis en cause à partir des années 1920 en Floride, en Oklahoma et au Tennessee, aboutissant dans cet état au Butler Act en 1925. Des campagnes visant à obtenir son interdiction sont également menées un peu partout dans le pays. Cette interdiction conduit en 1925 au procès du singe, l'un des procès les plus célèbres de l'époque[5].

Si les théories de Darwin sont enseignées dans la plupart des pays, elles ne sont pas abordées dans quelques pays, essentiellement pour des raisons religieuses, le darwinisme s'opposant au créationnisme enseigné notamment par les religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam).

Ainsi, aux États-Unis, selon une étude de 2011 publiée par la revue Science et menée auprès d'un échantillon représentatif de 926 professeurs de biologie enseignant à l'école publique, une majorité d'entre eux soit ne traite pas du sujet, soit place la théorie darwinienne sur le même plan que le créationnisme[6].

En Turquie, à partir de 2019, la théorie de l'évolution est bannie des programmes scolaires du secondaire (collège et lycée) pour n'être abordée que dans l'enseignement supérieur[6]. En 2011 déjà, le pays avait bloqué des sites sur Darwin et la théorie de l’évolution[7].

Bibliographie

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  • Patrick Tort, Darwin et le darwinisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », n°3738, rééd. 2017, 128 p.
  • Charles Darwin, Esquisse au crayon de ma théorie des espèces (Essai de 1842). Trad. M. Benayoun, M. Prum et P. Tort. Précédé de Patrick Tort, « Un manuscrit oublié ». Volume X des œuvres complètes de Darwin (P. Tort, dir.). Travaux de l’Institut Charles Darwin international, Genève, Slatkine, 2007.
  • Charles Darwin, La Variation des animaux et des plantes à l’état domestique, trad. sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « L’épistémologie implicite de Charles Darwin ». Paris, Champion Classiques, 2015.
  • Charles Darwin, L’Origine des espèces [édition du Bicentenaire], trad. A. Berra sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « Naître à vingt ans. Genèse et jeunesse de L’Origine ». Paris, Champion Classiques, 2009.
  • Charles Darwin, Journal de bord (Diary) du Beagle, trad. Marie-Thérèse Blanchon et Christiane Bernard sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, avec la collaboration de Claude Rouquette, « Un voilier nommé Désir ». Paris, Champion Classiques, 2012.
  • Charles Darwin, La Filiation de l’Homme et la sélection liée au sexe, trad. sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « L’anthropologie inattendue de Charles Darwin ». Paris, Champion Classiques, 2013.
  • Charles Darwin, Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. Première partie : Mammifères fossiles, trad. Roger Raynal sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « L’ordre des successions ». Vol. IV, 1 des Œuvres complètes de Darwin. Travaux de l’Institut Charles Darwin international, Genève, Slatkine, 2013.
  • Charles Darwin, Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. Deuxième partie : Mammifères, trad. Roger Raynal sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « L’ordre des coexistences ». Vol. IV, 2 des Œuvres complètes de Darwin. Travaux de l’Institut Charles Darwin international, Genève, Slatkine, 2014.
  • Charles Darwin, Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. Troisième partie : Oiseaux, trad. Roger Raynal sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « L’ordre des migrations ». Vol. V des Œuvres complètes de Darwin. Travaux de l’Institut Charles Darwin International, Genève, Slatkine, 2015.
  • Charles Darwin, La Formation de la terre végétale par l’action des vers, avec des réflexions sur leurs habitudes, trad. A. Berra, sous la direction de P. Tort, coord. par M. Prum. Précédé de Patrick Tort, « Un regard vers la terre ». Vol. XXVIII des Œuvres complètes de Darwin. Travaux de l’Institut Charles Darwin International, Genève, Slatkine, 2016.

Références

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  1. Dictionnaire de l'Académie française, 9e édition (lire en ligne), « Darwinisme ».
  2. a b c d et e Trésor de la langue française informatisé (partie étymologie) (lire en ligne), « Darwinisme ».
  3. Alfred Russel Wallace, Darwinism: An Exposition of the Theory of Natural Selection, with Some of Its Applications, Macmillan and Company, 1889.
  4. John L. Heilbron, The Oxford Companion to the History of Modern Science, OUP, USA, 2003, p. 203 (ISBN 978-0195112290).
  5. Frank Browning et John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde,
  6. a et b « Turquie : la théorie de l'évolution bannie des programmes scolaires », lepoint.fr, 23 juin 2017.
  7. Julien Lausson, « La Turquie avait bloqué des sites sur Darwin et la théorie de l’évolution », numerama.com, 23 décembre 2011.

Articles connexes

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