Châteaux et Atlas. Inventaire, cartographie, iconographie XIIe-XVIIe siècle. Actes du second colloque international au château de Bellecroix 19-21 octobre 2012, Oct 2013
Châteaux et Atlas. Inventaire, cartographie, iconographie XIIe-XVIIe siècle. Actes du second colloque international au château de Bellecroix 19-21 octobre 2012, Oct 2013
Entre nécessités pratiques et besoins de la représentation du pouvoir, les résidences des quatre ... more Entre nécessités pratiques et besoins de la représentation du pouvoir, les résidences des quatre ducs de Bourgogne de la dynastie Valois (Philippe Le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe Le Bon, Charles Le Téméraire) qui se succèdent entre la fin du XIVe siècle et la fin du XVe siècle, sont loin d’être des espaces figés. Ils évoluent au gré des circonstances qui accompagnent le duc et son entourage dans leurs déplacements. Qu’ils s’agissent d’adapter l’habitation aux goûts princiers, à la nécessité d’accueillir ponctuellement de nombreux hôtes (lors des mariages ducaux notamment, comme pour celui de Philippe Le Bon et d’Isabelle de Portugal en 1430 ou celui de Charles Le Téméraire et de Marguerite d’York en 1468, au cours desquels on n’hésite pas à mobiliser la résidence ducale et ses alentours) ou encore aux besoins de garder les résidents des dangers de la guerre et des intempéries, les nombreux comptes de travaux et de réparations parvenus jusqu’à nous témoignent des constantes mutations des espaces résidentiels. Des travaux de grandes ampleurs, souvent éphémères, sont régulièrement initiés par les ducs afin de répondre au mieux aux nécessités du prestige qu’ils cherchent à véhiculer.
Conférence donnée dans le cadre des la Journée annuelle des Doctorants de l'Université de Picardi... more Conférence donnée dans le cadre des la Journée annuelle des Doctorants de l'Université de Picardie Jules Verne (Amiens).
Conférence donnée le 15 janvier 2015, à l'occasion du séminaire d'Histoire et d'Archéologie médié... more Conférence donnée le 15 janvier 2015, à l'occasion du séminaire d'Histoire et d'Archéologie médiévale de l'Université de Picardie Jules Verne (Amiens), sous la direction du Pr. Philippe Racinet.
La première campagne d'investigations archéologiques programmées menées en février 2015 au châtea... more La première campagne d'investigations archéologiques programmées menées en février 2015 au château de Fressin, sous l'égide du SRA Nord-Pas-de-Calais, a permis de réaliser un plan microtopographique du site (haute-cour, basse-cour, fossés) ainsi que quelques premiers relevés de vestiges en plan et relevés pierre-à-pierre ciblés.
Reconstruit par Jean V de Créquy (capitaine de guerre, chambellan et diplomate du duc de Bourgogn... more Reconstruit par Jean V de Créquy (capitaine de guerre, chambellan et diplomate du duc de Bourgogne, Philippe le Bon) vers le milieu du xve siècle, le château de Fressin (Pas-de-Calais) est conçu dans un premier temps comme la nouvelle résidence principale du lignage. Toutefois, les heurts guerriers du début du xvie siècle contraignent rapidement les Créquy à habiter dans leurs châteaux picards, laissant leurs possessions artésiennes au cœur des conflits entre Saint-Empire, royaumes de France et d’Angleterre. Suite à une première série d’investigations archéologiques, le château de Fressin livre de nombreux indices architecturaux et archéologiques de son adaptation au contexte militaire des xvie et xviie siècles. L’article proposé ici a pour but de préciser la manière dont ce château a été transformé au cours du temps, afin de s’adapter aux nouvelles nécessités martiales.Reconstructed by Jean V of Créquy (captain, chamberlain and diplomat for the Duke of Burgundy, Philip the Good) to...
Bien connu depuis le milieu du xixe s., le château de Fressin n’a fait l’objet que d’une unique c... more Bien connu depuis le milieu du xixe s., le château de Fressin n’a fait l’objet que d’une unique campagne de fouilles archéologiques menée entre octobre 1923 et octobre 1924. Dirigée par des érudits et une équipe de mineurs professionnels à la recherche de cavités souterraines, cette campagne n’a apporté que peu de réponses sur l’organisation de ce monumental château du nord de la France. La première campagne archéologique menée en février 2015 avait donc deux objectifs : réaliser un relevé to..
Nous avons été contactés en juin 2017 par la commune de Sarzeau qui souhaitait s’intéresser à la ... more Nous avons été contactés en juin 2017 par la commune de Sarzeau qui souhaitait s’intéresser à la Fontaine de la Duchesse dans le cadre d’un projet de mise en valeur de cet élément du « petit patrimoine » communal. Le toponyme de la fontaine, particulièrement évocateur, invitait à mener une recherche en archives pour en apprendre plus quant à l’histoire de la structure et à son insertion dans le domaine du château de Suscinio. Ce dernier, classé par Prosper Mérimée en 1840, est particulièrement bien connu des castellologues, qui ont pris conscience de l’intérêt de ce dernier dès le début du XXe siècle. Dans le sillage de la mise en place des premiers chantiers de fouilles archéologiques portant sur la période médiévale, Patrick André et Michel Clément initient la fouille « de sauvetage » de la chapelle, sans doute priorale, puis castrale se trouvant sur le flanc sud du château. Sept campagnes se succèdent ainsi entre 1975 et 1982. Si le château devient un cas d’école dans la plupart des ouvrages de castellologie, il faut attendre le début des années 2000 pour qu’émerge à nouveau le besoin de conforter la connaissance architecturale de l’édifice par des investigations archéologiques. Un premier sondage est mené en 2004, pour vérifier le potentiel du logis ouest, et les observations faites à cette occasion sont confortées en 2011. Un premier programme de recherche triennal est finalement lancé de 2013 et 2015 et les chantiers de fouilles archéologiques continuent encore aujourd’hui.
Les sources concernant des éléments patrimoniaux aussi discrets que les fontaines demeurent particulièrement ténues. Ceci est d’autant plus vrai que les fontaines se trouvent souvent sur des terrains publics qui ne font pas l’objet de mutation et pour lesquels on ne peut donc pas trouver de description dans d’éventuels actes notariés. Par ailleurs, la localisation de la Fontaine de la Duchesse au milieu de terrains agricoles complexifie encore la donne. Face à ce constat, il a fallu compulser un grand nombre de documents issus de la gestion du domaine de Rhuis (série B des Archives départementales de la Loire-Atlantique) pour trouver des indications indirectes de la fontaine, celle-ci servant alors, dans les quelques cas repérés, de bornage pour des parcelles cédées en tenure. Cette approche, si elle confirme l’ancienneté de la Fontaine de la Duchesse, ne permet pas, en revanche, d’en connaître l’aspect ancien. Les premiers documents iconographiques qui nous la représentent ne sont pas antérieurs au milieu du XXe siècle et aucune solution n’a pu être apportée à ce problème malgré la consultation d’un grand nombre de plan représentant le château de Suscinio, ses environs et la presqu’île de Rhuys d’une manière générale.
La fontaine de la duchesse est, telle qu’elle se présente aujourd’hui, le fruit de nombreuses transformations. Les photographies des années 1950 et 1970 montrent que l’édifice était alors associé à un lavoir et à un rinçoir qui sont aujourd’hui presque totalement enfouis sous la terre et la végétation. Les trois bassins rectangulaires que l’on observe en avant de la fontaine ont été installés à une date postérieure que l’examen des délibérations communales ou les témoignages des anciens habitants de Bodérin permettrait peut-être de préciser. L’édicule triangulaire évoque plutôt l’époque moderne voire le XIXe siècle, alors que les fontaines médiévales semblent, le plus souvent, se présenter sous la forme de simples bassins quadrangulaires ou de bassins circulaires pourvus d’une colonne jaillissante centrale plus ou moins ornementée. En l’état, et sans étude archéologique poussée des maçonneries des divers éléments hydrauliques souterrains, il est impossible d’avancer une datation avec certitude, même si de nombreux indices, que nous avons pu mettre en évidence, concordent vers l’idée d’une transformation conséquente de la structure au XIXe siècle, suivie de nombreuses transformations au XXe siècle.
Les liens entre la Fontaine de la Duchesse et le château de Suscinio sont évidents et attestés par les documentations comptables et cartographiques anciennes, tel que l’étude à permis de le mettre en évidence. Il n’est, dès lors, pas impossible d’imaginer que cette fontaine ait pu être un lieu de plaisance pour les ducs de Bretagne à la fin du Moyen Âge, à l’image de ce que furent par exemple les fontaines du château d’Hesdin (aujourd’hui commune de Vieil-Hesdin, Pas-de-Calais), pour les ducs de Bourgogne, qui aimaient à y aller « pique-niquer » à la même époque. Par ailleurs, un célèbre tableau évoque le « Jardin d’Amour de Philippe Le Bon » à Hesdin, qui n’est pas sans rappeler le « Coet L’Amour » (francisé en Bois d’Amour sur le cadastre du XIXe siècle) voisin du château de Suscinio ; transcription toponymique vraisemblable de la culture courtoise qu’affectionnaient particulièrement les aristocrates de ce temps. La résidence ducale et ses abords, par la recomposition du réel mettant en valeur la personne du prince, peuvent être vus comme un microcosme centré sur le duc, alors montré comme dominant l’espace, le temps, les hommes, les animaux, les végétaux et les ressources de toute nature. Le duc ou son épouse sont ainsi, en quelque sorte, placés en position de démiurges de la portion du monde qui dépend d’eux. Et il apparaît désormais vraisemblable de croire que la Fontaine de la Duchesse ait pu participer de cette mise en scène du pouvoir. V. Leman.
Nous avons été contactés à l’automne 2016 par la commune d’Hennebont, pour réaliser une étude doc... more Nous avons été contactés à l’automne 2016 par la commune d’Hennebont, pour réaliser une étude documentaire et une expertise archéologique de l’emprise de la partie septentrionale de l’ancienne abbaye Notre-Dame-de-Joye d’Hennebont, récemment acquise par la commune à des fins de valorisation. L’abbaye Notre-Dame-de-Joye étant, depuis sa fondation au milieu du XIIIe siècle, un édifice majeur et un acteur local de la structuration et du développement territorial, a laissé un fonds documentaire conséquent, composé de 69 cartons conservés aux Archives départementales du Morbihan. Par la masse documentaire que représente ce fonds (plusieurs milliers de documents allant du XIIIe au XVIIIe siècle), les recherches se sont focalisées sur ce dépouillement. Il faut souligner que le fonds n’a fait l’objet d’aucun classement et qu’il conviendrait donc, dans l’absolu, d’en réaliser un dépouillement complet et exhaustif pour s’assurer que toute la documentation concernant les bâtiments conventuels ait été prise en compte, ce que nous n’avons pu faire dans les délais impartis pour cette étude. Les cotes consultées montrent toutefois que les documents concernant les travaux sur les édifices sont rares et que les actes majoritairement conservés relèvent avant tout de la gestion du domaine de l’abbaye (rentiers, contrats de fermage, pêcheries et moulins, etc.).
La recherche documentaire menée montre les grandes lacunes de la documentation d’époque médiévale en ce qui concerne l’abbaye, surtout en comparaison d’autres édifices monastiques comparables du Morbihan. La perte de l’acte de fondation de l’abbaye, dès avant le XVIIe siècle, est symptomatique de ces lacunes qui apparaissent ainsi comme anciennes et ont gêné la plupart des érudits et historiens dès l’époque moderne. Quoiqu’il en soit, la documentation conservée dans la sous-série 60 H des Archives départementales du Morbihan n’en demeure pas moins précieuse pour documenter, somme toute assez finement, l’histoire de l’abbaye depuis le XVIe siècle. Bien que les indices concernant les travaux de reconstruction et de réparations des bâtiments soient ténus, ils ne sont pas inexistants et permettent de proposer la chronologie qui suit :
*Phase 1 : -Vers 1512 : reconstruction/réparation de l’église et d’une partie du cloître (Dom Lobineau). *Phase 2 : -Vers 1605-1623 : reconstruction du logis abbatial (document d’archives). -Vers 1643 : (re)construction/réparations de l’aile sud du logis abbatial (millésime sur une ouverture). *Phase 3 : -Vers 1669 : (re)construction du pavillon dit « des confesseurs » (millésime sur une ouverture).
-Vers 1693 : (re)construction des parloirs et du logis abbatial (millésime sur une ouverture). -Entre 1707 et 1725 : modification des cheminements et changement d’accès principal. -Entre 1725 et 1735 : réparation des édifices domestiques. Les reconstructions que l’on observe à l’abbaye de la Joye dans la seconde moitié du XVIIe et au début du XVIIIe siècle pourraient bien participer d’un mouvement plus vaste de rénovation des édifices monastiques. En Bretagne, les abbayes de Landévennec, de Beauport et de Daoulas connaissent de fortes restructurations, mises en évidence par les données d’archives et l’archéologie, selon une chronologie similaire. Dans l’ouest, nous ne citerons que l’abbaye Sainte-Barbe-en-Auge, étudiée récemment sur les plans historiques et archéologiques, où l’on voit que l’abbaye est presque intégralement reconstruite dans le courant du XVIIIe siècle. Mais le phénomène s’observe aussi à l’échelle du royaume de France, comme à l’abbaye chef d’ordre de Grandmont, par exemple, où les résultats des fouilles archéologiques menées depuis quelques années ont permis de mettre en évidence une reconstruction complète de l’abbaye dans le courant du XVIIIe siècle.
Le cahier des sépultures des pensionnaires et domestiques ouvert en 1777 donne également quelques orientations sur l’emplacement probable de lieux de sépultures dont il faudra tenir compte pour d’éventuels travaux : il s’agit notamment du cloître, lieu d’inhumation « traditionnel », mais aussi de l’église abbatiale, pour laquelle nous avons une mention de sépulture dans la nef. Il ne faut pas non plus exclure le nord de l’enclos monastique où a pu se trouver un cimetière spécifique pour les domestiques de l’abbaye. Il faudra, enfin, tenir compte des potentielles modifications d’importance impliquée par l’installation de l’usine sidérurgique vers 1825-1830.
Nous avons été contactés au printemps 2018 par Monsieur Candio, du cabinet Candio-Lesage, archite... more Nous avons été contactés au printemps 2018 par Monsieur Candio, du cabinet Candio-Lesage, architectes du Patrimoine, en vue de répondre à un appel d’offre de la commune de Plouvien concernant un projet architectural et de valorisation autour des chapelles Saint-Jaoua et Saint-Jean-Balanant, situé sur le territoire de la commune. L’appel d’offre mettait clairement en évidence la nécessité de mener une investigation approfondie dans les fonds d’archives disponibles, afin de retracer l’histoire des lieux le plus précisément possible. Il fut convenu que l’ensemble de la documentation écrite et iconographique recueillie ferait l’objet d’une synthèse mettant en perspective l’histoire des édifices, appuyé sur un travail de recherche bibliographique mené en parallèle des recherches en archives. Sur le plan méthodologique, le riche passé des chapelles Saint-Jean-Balanant et Saint-Jaoua justifiait tout à fait une recherche approfondie en archives, afin de préciser au mieux l’histoire des deux monuments et notamment les évolutions des édifices au cours du temps (mise en place du complexe cultuel, réparations, agrandissements, destructions,…). La mise en synergie des données d’archives et des observations architecturales menées sur le terrain permettront d’orienter les projets architecturaux et urbanistiques afin de préserver au mieux l’authenticité et l’historicité des deux chapelles. Étudier en synergie ces deux chapelles constituait par ailleurs une démarche exemplaire puisque ces édifices de culte, dit « secondaires », sont souvent considérés comme des éléments isolés ; dans le cas présent, mener une étude commune sur les chapelles Saint-Jean-Balanant et Saint-Jaoua a permis de mettre en évidence les pratiques dévotionnelles à l’échelle de la paroisse et donc de mieux mettre en valeur l’insertion des deux bâtiments dans le paysage local. Ces deux chapelles, et d’une manière plus générale la commune de Plouvien, avaient déjà attiré l’attention des érudits dès la fin du XIXe siècle. En 1888, J.L. Le Guen produisit un article pour la Société Archéologique du Finistère où il cherchait à mettre en évidence les origines de la paroisse. Celui-ci ne cite, malheureusement, que très rarement les sources sur lesquelles il appuie son propos. Cependant, la précision des informations avancées nous incite à le considérer comme relativement fiable. Il est d’ailleurs repris (parfois mot à mot) par le chanoine Pèrennes dans la monographie qu’il publie en 1942, qui n’est finalement rien de plus qu’un regeste du précédent. Louis Le Guennec, autre érudit du début du XXe siècle, qui a une production d’articles et d’ouvrages très abondante, a également collecté un certain nombre d’informations sur la commune de Plouvien. Il a laissé aux Archives départementales du Finistère un fonds assez important constitué de notes de travail. D’assez nombreux documents concernant Plouvien se retrouvent sous la cote 34 J 60. Là encore, les informations, qui semblent précises et fiables, ne sont pas systématiquement référencées, empêchant ainsi tout travail de vérification. Enfin, concernant plus spécifiquement le cas de la chapelle Saint-Jean-Balanant, nous nous sommes appuyés sur les travaux d’Amédée Guillotin de Corson qui produisit plusieurs articles et ouvrages sur les Templiers et les Hospitaliers en Bretagne. Ses travaux ont le mérite d’être très documentés et beaucoup mieux référencés que les travaux précédemment cités. Il s’appuie en particulier sur la documentation disponible dans les fonds d’archives départementaux bretons ainsi que de la Vienne. À l’issue de ces observations, force est de constater que les connaissances actuelles sur les chapelles Saint-Jaoua et Saint-Jean-Balanant sont surtout issues de quelques érudits ayant produit des ouvrages au XIXe et au début du XXe siècle et dont les travaux ont systématiquement été repris sans réel travail de critique ni de remise en perspective. Il est dès lors apparu nécessaire de procéder à une collecte des sources primaires (documents anciens) afin de préciser, vérifier et parfois contredire les écrits de ces mêmes érudits et donc de requestionner l’état actuel de nos connaissances. Le volume de documentation ancienne disponible s’est avéré relativement important, surtout en comparaison des documents habituellement disponibles pour ce genre d’édifices, pour lesquels on ne dispose bien souvent, outre les vestiges encore en élévation, que de quelques maigres indices dispersés dans la documentation seigneuriale. Dans son état actuel, nous avons pu montrer que la chapelle Saint-Jaoua est très probablement le fruit de plusieurs phases de construction s’étalant entre le courant du XVe et la première moitié du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, le complexe cultuel se dote de plusieurs éléments complémentaires : si l’enclos cémétérial existait sans doute auparavant, l’entrée côté bourg est monumentalisée par l’édification de 4 piliers massifs, une sacristie est ajoutée au nord du chœur et un monument est construit pour mettre en évidence la source à proximité et facilité le culte à ses abords. Pourtant, et bien qu’architecturalement la chapelle actuelle renvoie à la fin du Moyen Âge, un faisceau d’indices toponymiques et parcellaires laisse envisager l’existence d’un établissement religieux dans ces parages dès les premiers siècles du Moyen Âge, en lien avec l’hagiographie de Saint-Jaoua. Si aucun texte ne nous a permis de corroborer l’assertion selon laquelle cette chapelle serait l’ancienne église paroissiale, au vu des éléments d’archives recueillis, cette hypothèse fait sens et n’est donc aucunement à exclure. Si l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem a pour vocation d’ouvrir et d’entretenir des hôpitaux destinés, notamment, aux soins des pèlerins, il apparaît que le « membre » de Saint-Jean-Balanant, contrairement à l’affirmation d’Henri Pérennes qui indique qu’un hôpital y était annexé , était en réalité un établissement rural, destiné à engranger des revenus par les prélèvements seigneuriaux, mais n’était pas associé à un hôpital. Un texte de 1656 décrit ainsi l’établissement : « Plus, en la parroisse de Plouvien, evesché de Léon sur les confins de la basse Bretagne, à deux lieues de la ville de Lesneven, est un petit membre apellé Saint Jean de Belanen, dépendant La Feillée, consistant en bastimant, terres, prez, moulin et privilège des impostz et billotz » . Ce membre dépend directement de la commanderie de la Feuillée, à la différence des commanderies de Quimper, Le Croisty, le Loc’h, Plouaret, Plélo, Le Palacret et Pont-Melvez qui, si elles sont rattachées à La Feuillée, semble avoir une certaine autonomie dans leur gestion seigneuriale . Il s’agit donc avant tout d’une exploitation agricole, rattachée à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, mais sans vocation hospitalière, ou en tout cas plus suite à la reconstruction des édifices dans le courant du XVe siècle. Le relatif abandon de la chapelle par les hospitaliers dans le courant du XVIIIe siècle peut éventuellement s’expliquer par les contestations de prééminence à l’initiative des seigneurs de Penmarc’h, comme le suggère le procès-verbal de la visite du 28 juin 1758 . Au total, l’étude simultanée de ces deux chapelles a permis de mieux cerner la vie dévotionnelle mais aussi sociale de la paroisse et des habitants de Plouvien depuis la fin du Moyen Âge.
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Qu’ils s’agissent d’adapter l’habitation aux goûts princiers, à la nécessité d’accueillir ponctuellement de nombreux hôtes (lors des mariages ducaux notamment, comme pour celui de Philippe Le Bon et d’Isabelle de Portugal en 1430 ou celui de Charles Le Téméraire et de Marguerite d’York en 1468, au cours desquels on n’hésite pas à mobiliser la résidence ducale et ses alentours) ou encore aux besoins de garder les résidents des dangers de la guerre et des intempéries, les nombreux comptes de travaux et de réparations parvenus jusqu’à nous témoignent des constantes mutations des espaces résidentiels. Des travaux de grandes ampleurs, souvent éphémères, sont régulièrement initiés par les ducs afin de répondre au mieux aux nécessités du prestige qu’ils cherchent à véhiculer.
Les sources concernant des éléments patrimoniaux aussi discrets que les fontaines demeurent particulièrement ténues. Ceci est d’autant plus vrai que les fontaines se trouvent souvent sur des terrains publics qui ne font pas l’objet de mutation et pour lesquels on ne peut donc pas trouver de description dans d’éventuels actes notariés. Par ailleurs, la localisation de la Fontaine de la Duchesse au milieu de terrains agricoles complexifie encore la donne. Face à ce constat, il a fallu compulser un grand nombre de documents issus de la gestion du domaine de Rhuis (série B des Archives départementales de la Loire-Atlantique) pour trouver des indications indirectes de la fontaine, celle-ci servant alors, dans les quelques cas repérés, de bornage pour des parcelles cédées en tenure. Cette approche, si elle confirme l’ancienneté de la Fontaine de la Duchesse, ne permet pas, en revanche, d’en connaître l’aspect ancien. Les premiers documents iconographiques qui nous la représentent ne sont pas antérieurs au milieu du XXe siècle et aucune solution n’a pu être apportée à ce problème malgré la consultation d’un grand nombre de plan représentant le château de Suscinio, ses environs et la presqu’île de Rhuys d’une manière générale.
La fontaine de la duchesse est, telle qu’elle se présente aujourd’hui, le fruit de nombreuses transformations. Les photographies des années 1950 et 1970 montrent que l’édifice était alors associé à un lavoir et à un rinçoir qui sont aujourd’hui presque totalement enfouis sous la terre et la végétation. Les trois bassins rectangulaires que l’on observe en avant de la fontaine ont été installés à une date postérieure que l’examen des délibérations communales ou les témoignages des anciens habitants de Bodérin permettrait peut-être de préciser. L’édicule triangulaire évoque plutôt l’époque moderne voire le XIXe siècle, alors que les fontaines médiévales semblent, le plus souvent, se présenter sous la forme de simples bassins quadrangulaires ou de bassins circulaires pourvus d’une colonne jaillissante centrale plus ou moins ornementée. En l’état, et sans étude archéologique poussée des maçonneries des divers éléments hydrauliques souterrains, il est impossible d’avancer une datation avec certitude, même si de nombreux indices, que nous avons pu mettre en évidence, concordent vers l’idée d’une transformation conséquente de la structure au XIXe siècle, suivie de nombreuses transformations au XXe siècle.
Les liens entre la Fontaine de la Duchesse et le château de Suscinio sont évidents et attestés par les documentations comptables et cartographiques anciennes, tel que l’étude à permis de le mettre en évidence. Il n’est, dès lors, pas impossible d’imaginer que cette fontaine ait pu être un lieu de plaisance pour les ducs de Bretagne à la fin du Moyen Âge, à l’image de ce que furent par exemple les fontaines du château d’Hesdin (aujourd’hui commune de Vieil-Hesdin, Pas-de-Calais), pour les ducs de Bourgogne, qui aimaient à y aller « pique-niquer » à la même époque. Par ailleurs, un célèbre tableau évoque le « Jardin d’Amour de Philippe Le Bon » à Hesdin, qui n’est pas sans rappeler le « Coet L’Amour » (francisé en Bois d’Amour sur le cadastre du XIXe siècle) voisin du château de Suscinio ; transcription toponymique vraisemblable de la culture courtoise qu’affectionnaient particulièrement les aristocrates de ce temps. La résidence ducale et ses abords, par la recomposition du réel mettant en valeur la personne du prince, peuvent être vus comme un microcosme centré sur le duc, alors montré comme dominant l’espace, le temps, les hommes, les animaux, les végétaux et les ressources de toute nature. Le duc ou son épouse sont ainsi, en quelque sorte, placés en position de démiurges de la portion du monde qui dépend d’eux. Et il apparaît désormais vraisemblable de croire que la Fontaine de la Duchesse ait pu participer de cette mise en scène du pouvoir.
V. Leman.
Par la masse documentaire que représente ce fonds (plusieurs milliers de documents allant du XIIIe au XVIIIe siècle), les recherches se sont focalisées sur ce dépouillement. Il faut souligner que le fonds n’a fait l’objet d’aucun classement et qu’il conviendrait donc, dans l’absolu, d’en réaliser un dépouillement complet et exhaustif pour s’assurer que toute la documentation concernant les bâtiments conventuels ait été prise en compte, ce que nous n’avons pu faire dans les délais impartis pour cette étude. Les cotes consultées montrent toutefois que les documents concernant les travaux sur les édifices sont rares et que les actes majoritairement conservés relèvent avant tout de la gestion du domaine de l’abbaye (rentiers, contrats de fermage, pêcheries et moulins, etc.).
La recherche documentaire menée montre les grandes lacunes de la documentation d’époque médiévale en ce qui concerne l’abbaye, surtout en comparaison d’autres édifices monastiques comparables du Morbihan. La perte de l’acte de fondation de l’abbaye, dès avant le XVIIe siècle, est symptomatique de ces lacunes qui apparaissent ainsi comme anciennes et ont gêné la plupart des érudits et historiens dès l’époque moderne.
Quoiqu’il en soit, la documentation conservée dans la sous-série 60 H des Archives départementales du Morbihan n’en demeure pas moins précieuse pour documenter, somme toute assez finement, l’histoire de l’abbaye depuis le XVIe siècle.
Bien que les indices concernant les travaux de reconstruction et de réparations des bâtiments soient ténus, ils ne sont pas inexistants et permettent de proposer la chronologie qui suit :
*Phase 1 :
-Vers 1512 : reconstruction/réparation de l’église et d’une partie du cloître (Dom Lobineau).
*Phase 2 :
-Vers 1605-1623 : reconstruction du logis abbatial (document d’archives).
-Vers 1643 : (re)construction/réparations de l’aile sud du logis abbatial (millésime sur une ouverture).
*Phase 3 :
-Vers 1669 : (re)construction du pavillon dit « des confesseurs » (millésime sur une ouverture).
-Vers 1693 : (re)construction des parloirs et du logis abbatial (millésime sur une ouverture).
-Entre 1707 et 1725 : modification des cheminements et changement d’accès principal.
-Entre 1725 et 1735 : réparation des édifices domestiques.
Les reconstructions que l’on observe à l’abbaye de la Joye dans la seconde moitié du XVIIe et au début du XVIIIe siècle pourraient bien participer d’un mouvement plus vaste de rénovation des édifices monastiques. En Bretagne, les abbayes de Landévennec, de Beauport et de Daoulas connaissent de fortes restructurations, mises en évidence par les données d’archives et l’archéologie, selon une chronologie similaire. Dans l’ouest, nous ne citerons que l’abbaye Sainte-Barbe-en-Auge, étudiée récemment sur les plans historiques et archéologiques, où l’on voit que l’abbaye est presque intégralement reconstruite dans le courant du XVIIIe siècle. Mais le phénomène s’observe aussi à l’échelle du royaume de France, comme à l’abbaye chef d’ordre de Grandmont, par exemple, où les résultats des fouilles archéologiques menées depuis quelques années ont permis de mettre en évidence une reconstruction complète de l’abbaye dans le courant du XVIIIe siècle.
Le cahier des sépultures des pensionnaires et domestiques ouvert en 1777 donne également quelques orientations sur l’emplacement probable de lieux de sépultures dont il faudra tenir compte pour d’éventuels travaux : il s’agit notamment du cloître, lieu d’inhumation « traditionnel », mais aussi de l’église abbatiale, pour laquelle nous avons une mention de sépulture dans la nef. Il ne faut pas non plus exclure le nord de l’enclos monastique où a pu se trouver un cimetière spécifique pour les domestiques de l’abbaye.
Il faudra, enfin, tenir compte des potentielles modifications d’importance impliquée par l’installation de l’usine sidérurgique vers 1825-1830.
Sur le plan méthodologique, le riche passé des chapelles Saint-Jean-Balanant et Saint-Jaoua justifiait tout à fait une recherche approfondie en archives, afin de préciser au mieux l’histoire des deux monuments et notamment les évolutions des édifices au cours du temps (mise en place du complexe cultuel, réparations, agrandissements, destructions,…). La mise en synergie des données d’archives et des observations architecturales menées sur le terrain permettront d’orienter les projets architecturaux et urbanistiques afin de préserver au mieux l’authenticité et l’historicité des deux chapelles. Étudier en synergie ces deux chapelles constituait par ailleurs une démarche exemplaire puisque ces édifices de culte, dit « secondaires », sont souvent considérés comme des éléments isolés ; dans le cas présent, mener une étude commune sur les chapelles Saint-Jean-Balanant et Saint-Jaoua a permis de mettre en évidence les pratiques dévotionnelles à l’échelle de la paroisse et donc de mieux mettre en valeur l’insertion des deux bâtiments dans le paysage local.
Ces deux chapelles, et d’une manière plus générale la commune de Plouvien, avaient déjà attiré l’attention des érudits dès la fin du XIXe siècle. En 1888, J.L. Le Guen produisit un article pour la Société Archéologique du Finistère où il cherchait à mettre en évidence les origines de la paroisse. Celui-ci ne cite, malheureusement, que très rarement les sources sur lesquelles il appuie son propos. Cependant, la précision des informations avancées nous incite à le considérer comme relativement fiable. Il est d’ailleurs repris (parfois mot à mot) par le chanoine Pèrennes dans la monographie qu’il publie en 1942, qui n’est finalement rien de plus qu’un regeste du précédent. Louis Le Guennec, autre érudit du début du XXe siècle, qui a une production d’articles et d’ouvrages très abondante, a également collecté un certain nombre d’informations sur la commune de Plouvien. Il a laissé aux Archives départementales du Finistère un fonds assez important constitué de notes de travail. D’assez nombreux documents concernant Plouvien se retrouvent sous la cote 34 J 60. Là encore, les informations, qui semblent précises et fiables, ne sont pas systématiquement référencées, empêchant ainsi tout travail de vérification. Enfin, concernant plus spécifiquement le cas de la chapelle Saint-Jean-Balanant, nous nous sommes appuyés sur les travaux d’Amédée Guillotin de Corson qui produisit plusieurs articles et ouvrages sur les Templiers et les Hospitaliers en Bretagne. Ses travaux ont le mérite d’être très documentés et beaucoup mieux référencés que les travaux précédemment cités. Il s’appuie en particulier sur la documentation disponible dans les fonds d’archives départementaux bretons ainsi que de la Vienne. À l’issue de ces observations, force est de constater que les connaissances actuelles sur les chapelles Saint-Jaoua et Saint-Jean-Balanant sont surtout issues de quelques érudits ayant produit des ouvrages au XIXe et au début du XXe siècle et dont les travaux ont systématiquement été repris sans réel travail de critique ni de remise en perspective. Il est dès lors apparu nécessaire de procéder à une collecte des sources primaires (documents anciens) afin de préciser, vérifier et parfois contredire les écrits de ces mêmes érudits et donc de requestionner l’état actuel de nos connaissances.
Le volume de documentation ancienne disponible s’est avéré relativement important, surtout en comparaison des documents habituellement disponibles pour ce genre d’édifices, pour lesquels on ne dispose bien souvent, outre les vestiges encore en élévation, que de quelques maigres indices dispersés dans la documentation seigneuriale. Dans son état actuel, nous avons pu montrer que la chapelle Saint-Jaoua est très probablement le fruit de plusieurs phases de construction s’étalant entre le courant du XVe et la première moitié du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, le complexe cultuel se dote de plusieurs éléments complémentaires : si l’enclos cémétérial existait sans doute auparavant, l’entrée côté bourg est monumentalisée par l’édification de 4 piliers massifs, une sacristie est ajoutée au nord du chœur et un monument est construit pour mettre en évidence la source à proximité et facilité le culte à ses abords. Pourtant, et bien qu’architecturalement la chapelle actuelle renvoie à la fin du Moyen Âge, un faisceau d’indices toponymiques et parcellaires laisse envisager l’existence d’un établissement religieux dans ces parages dès les premiers siècles du Moyen Âge, en lien avec l’hagiographie de Saint-Jaoua. Si aucun texte ne nous a permis de corroborer l’assertion selon laquelle cette chapelle serait l’ancienne église paroissiale, au vu des éléments d’archives recueillis, cette hypothèse fait sens et n’est donc aucunement à exclure.
Si l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem a pour vocation d’ouvrir et d’entretenir des hôpitaux destinés, notamment, aux soins des pèlerins, il apparaît que le « membre » de Saint-Jean-Balanant, contrairement à l’affirmation d’Henri Pérennes qui indique qu’un hôpital y était annexé , était en réalité un établissement rural, destiné à engranger des revenus par les prélèvements seigneuriaux, mais n’était pas associé à un hôpital. Un texte de 1656 décrit ainsi l’établissement : « Plus, en la parroisse de Plouvien, evesché de Léon sur les confins de la basse Bretagne, à deux lieues de la ville de Lesneven, est un petit membre apellé Saint Jean de Belanen, dépendant La Feillée, consistant en bastimant, terres, prez, moulin et privilège des impostz et billotz » . Ce membre dépend directement de la commanderie de la Feuillée, à la différence des commanderies de Quimper, Le Croisty, le Loc’h, Plouaret, Plélo, Le Palacret et Pont-Melvez qui, si elles sont rattachées à La Feuillée, semble avoir une certaine autonomie dans leur gestion seigneuriale . Il s’agit donc avant tout d’une exploitation agricole, rattachée à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, mais sans vocation hospitalière, ou en tout cas plus suite à la reconstruction des édifices dans le courant du XVe siècle. Le relatif abandon de la chapelle par les hospitaliers dans le courant du XVIIIe siècle peut éventuellement s’expliquer par les contestations de prééminence à l’initiative des seigneurs de Penmarc’h, comme le suggère le procès-verbal de la visite du 28 juin 1758 .
Au total, l’étude simultanée de ces deux chapelles a permis de mieux cerner la vie dévotionnelle mais aussi sociale de la paroisse et des habitants de Plouvien depuis la fin du Moyen Âge.