Fin dal suo esordio, il termine ‘Antropocene’ si è presentato come un ‘evento’ (secondo la defini... more Fin dal suo esordio, il termine ‘Antropocene’ si è presentato come un ‘evento’ (secondo la definizione data da Christophe Bonneuil e Jean-Baptiste Fressoz nel loro L’Evénement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, edito nel 2013 per i tipi Seuil), tanto nel senso di uno shock rispetto all’umanità, quanto per ciò che concerne le risposte provenienti da discipline anche molto distanti tra loro. Coniato dal Nobel per la chimica Paul Crutzen nel 2000, e indicante la supposta era geologica, successiva all’Olocene, in cui l’uomo sarebbe diventato il principale fattore di trasformazione delle condizioni ambientali terrestri, l’Antropocene ha conosciuto negli ultimi quindici anni un enorme successo anche nelle scienze sociali e in filosofia. Se lo strato più superficiale del suo significato è direttamente connesso con il cambiamento climatico indotto dall’industrializzazione, le questioni soggiacenti riguardano, infatti, diversi nodi problematici su cui si è retta e continua a reggersi l’attitudine del pensiero occidentale, nonostante le scosse telluriche ricevute almeno da Nietzsche in poi: in primis l’opposizione tra natura e cultura e, come in un effetto a valanga, l’antropocentrismo, l’etnocentrismo, l’androcentrismo, il prometeismo, la razionalità illuministica, la stessa idea di telos e di storia universale nei suoi rapporti intrinseci con il Neolitico. In ultimo, ciò a cui l’Antropocene sembra chiamare, dagli scienziati naturali fino ai filosofi, agli economisti e alla politica, è la possibilità/necessità di pensare il futuro in quanto tale.
in A. Alombert, M. Krzykawski, L. Maronneau (dir.), Bernard Stiegler. Panser le devenir des savoi... more in A. Alombert, M. Krzykawski, L. Maronneau (dir.), Bernard Stiegler. Panser le devenir des savoirs dans le milieu numérique, Le Portique, n°48-49, 2024.
This article draws on Bernard Stiegler’s insights and articulates them alongside other contemporary reflections in order to understand the psychic, social, and political issues raised by our contemporary digital hypomnesic milieu. I will explore the theoretical presuppositions underlying the functioning of digital devices to try to show that this computationalist technoscientific paradigm is based on problematic epistemological foundations, which an organological approach implicitly deconstructs. I will thereafter attempt to develop a pharmacological analysis of “generative artificial intelligence,” showing that its massive proliferation risks a new kind of “symbolic misery,” a “proletarianization” of expression and a generalization of social “disbelief.” Finally, I will try to show that the project of a “hermeneutic web” suggested by Stiegler needs to be revived and transformed in this new organological context: I will suggest some proposals to fight against attention economy and expression economy and to put computational automata in the service of collective intelligence.
Published in Technophany, vol. 2, n°2 (February 2024)
https://technophany.philosophyandtechnolog... more Published in Technophany, vol. 2, n°2 (February 2024)
In this article I will try to suggest a transdisciplinary conception of entropy in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Anthropocene era. According to French philosopher Bernard Stiegler, the Anthropocence can be understood as an Entropocene, because the current ecological crisis consists of a process of massive increases of entropy in all its forms: thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyse this situation, we need a transversal conception of entropy: from Bergson's philosophy of life to Stiegler's philosophy of technics, through Schrodinger's physics, Wiener's cybernetics, Lotka's biology and Levi-Strauss's anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies from a Stieglerian point of view and to explore its economic and political consequences in Stiegler's thought, in order to open new paths beyond the Entropocene era.
Cahiers Costech, n°6, mai 2023.
Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Féli... more Cahiers Costech, n°6, mai 2023.
Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Félix Guattari s’interrogeait sur les évolutions des technologies médiatiques : la jonction entre la télévision, la télématique et l’informatique devait selon lui conduire à un renversement des pratiques, permettant aux récepteurs passifs de se réapproprier les « machines d’information, de communication, d’intelligence, d’art et de culture » et de renverser ainsi le « pouvoir mass-médiatique ». Trente ans plus tard, force est de constater que les « pratiques moléculaires alternatives » alors anticipées par Guattari n’ont pas suffi.
À « l’ère post-média » s’est en effet substituée « l’ère post-vérité » : si le « pouvoir mass-médiatique » des « industries culturelles » audiovisuelles a été perturbé par la révolution numérique, il semble néanmoins avoir laissé place à de nouvelles formes de captation de l’attention, par des « technologies persuasives » fondées sur la collecte des données et l’exploitation des pulsions, qui génèrent des phénomène de désinformation et exacerbent la polarisation des opinions. Dans un tel contexte, la question qui se pose est moins celle de savoir comment contrôler les contenus, que celle de savoir comment repenser le fonctionnement technique et les modèles économiques des médias numériques, afin de les mettre au service de la controverse et du débat argumenté, caractéristiques de l’activité scientifique comme de la vie politique des sociétés.
Publié le 1 décembre 2023 dans Appareil, n°26 "Vers une organologie de l'esprit" :
https://journ... more Publié le 1 décembre 2023 dans Appareil, n°26 "Vers une organologie de l'esprit" :
https://journals.openedition.org/appareil/6979
Cet article a pour objectif d’appréhender les enjeux philosophiques sous-jacents au développement disruptif des « intelligences artificielles génératives », qui se déploient depuis quelques mois de manière fulgurante et promettent de reconfigurer en profondeur le milieu numérique, c’est-à-dire le milieu à la fois technique et symbolique. Pour ce faire, l’article procède en deux temps. Il s’agit tout d’abord de dépasser les analogies entre humain et machine ou cerveau et ordinateur, qui sont au fondement des paradigmes cognitivistes et computationnalistes, réduisant les esprits à des opérations de calcul statistique ou de traitement de données numériques. Après avoir déconstruit les notions d’« intelligence artificielle » ou d’« apprentissage automatique », nous proposerons de considérer les technologies contemporaines comme la nouvelle phase d’un processus d’automatisation numérique, qui implique l’extériorisation de fonctions et de capacités psychiques et cognitives, déléguées à ce que nous proposerons d’appeler des « automates computationnels interactifs ». Nous questionnerons les enjeux sociaux et politiques de ces nouvelles machines d’écriture algorithmiques, bien souvent déployées à grande échelle par des acteurs hégémoniques. Nous montrerons que la mythologie de l’IA masque une exploitation industrielle des ressources symboliques, qui ouvre les risques d’une prolétarisation des activités de pensée, d’une élimination des singularités idiomatiques et d’une défiance généralisée.
Publié le 6 avril 2023 sur le site du Conseil National du Numérique : https://cnnumerique.fr/comm... more Publié le 6 avril 2023 sur le site du Conseil National du Numérique : https://cnnumerique.fr/comment-penser-chatgpt
Suite au lancement de ChatGPT depuis quelques mois, les prouesses des modèles de langage suscitent autant de fascinations que d'inquiétudes. Quels sont les enjeux de ces nouvelles technologies ? Loin du mythe de l'intelligence artificielle, ce sont nos capacités de penser qui semblent aujourd'hui menacer.
Le 14 mars 2023, OpenAI, en treprise américaine fondée entre autres p ar Elon Musk, Sam Altman et Peter Thiel, annonçait le lancement de son nouveau modèle de langage artificiel, GPT-4, faisant passer une étape supplémentaire aux technologies de génération automatique de textes. Cette nouvelle innovation poursuit la stratégie industrielle de l'entreprise américaine, qui ne cesse de faire parler d'elle depuis quatre mois. Derrière la fascination, il convient de mettre au jour les fantasmes et les dangers : ces technologies ne risquent-elles pas de réduire l'avenir du web à l'extractivisme de la donnée et les capacités expressives humaines à des calculs automatisés ?
Publié dans A. Callu (dir.), Images et architectures mathématiques de la séduction, Paris, Le bor... more Publié dans A. Callu (dir.), Images et architectures mathématiques de la séduction, Paris, Le bord de l’eau, 2023.
Cet article a pour but de mettre au jour les présupposés théoriques et les enjeux politiques sousjacents au fonctionnement des dispositifs numériques contemporains, fondés sur l'intelligence artificielle réticulée au service de l'économie de l'attention et des données. Nous montrons que ces « technologies persuasives » se basent sur un ensemble de recherches en informatique, en psychologie cognitive, en neurophysiologie et en sciences comportementales, qui ne sont pas neutres politiquement, mais qui s'articulent étroitement avec le développement de l'économie néolibérale et implique de nouveaux modes de gouvernement. Outre ses enjeux politiques, ce paradigme technoscientifique s'appuie sur des fondements épistémologiques problématiques, motivés par des analogies entre cerveau ou esprit et machines, qui réduit les conduites humaines à un ensemble de réflexes conditionnés. Nous tenterons de mettre en question ces analogies et ce réductionnisme, en proposant une perspective organologique, qui implique de s'interroger sur la manière dont les évolutions techniques transforment les cerveaux, les esprits et les sociétés. Par-delà le mythe de l'intelligence artificielle et des machines pensantes, il s'agira alors de se demander comment mettre les quantités massives de données et les puissances de calculs au service des activités de pensée, c'est-à-dire, des interprétations singulières et des débats argumentés.
Publié dans ELFe XX-XXI n°11, "Ruptures éco-critiques, à l'avant-garde", O. Penot-Lacassagne (dir... more Publié dans ELFe XX-XXI n°11, "Ruptures éco-critiques, à l'avant-garde", O. Penot-Lacassagne (dir.), 2022.
En décrivant l’ère Anthropocène comme une ère Entropocène, c’est-à-dire comme un processus d’augmentation massive de l’entropie sous toutes ses formes (physique, biologique et informationnelle), Bernard Stiegler produit un nouveau diagnostic de la situation contemporaine, qui ne repose plus sur une opposition entre une humanité technicienne et une nature originaire, mais qui suppose d’appréhender le lien intrinsèque entre la destruction des écosystèmes, des espèces, de la biodiversité et la destruction des savoirs, des cultures et de la « noodiversité ». Pour comprendre cette analyse, il est nécessaire de revenir sur la notion transversale d’entropie, ainsi que sur ces implications en termes d’écologie environnementale, mais aussi d’écologie mentale et d’écologie sociale. Nous nous demanderons alors comment bifurquer vers des sociétés anti-anthropiques pour sortir de l’Entropocène.
Published in Techné Logos and the (Neg) Anthropocene (Proceedings of the First Annual Conference ... more Published in Techné Logos and the (Neg) Anthropocene (Proceedings of the First Annual Conference of the European Culture and Technology Laboratory), N. Fitzpatrick and C. McGarrigle (eds.), 2022.
In his latest works, Bernard Stiegler describes the Anthropocene as an Entropocene, that is, as a process of increasing entropy at different levels (thermodynamic level, biological level and informational or psycho-social level). This proposition invites us to rethink the contemporary ecological crisis as a triple problem of environmental ecology, mental ecology and social ecology, as proposed by Félix Guattari at the end of the twentieth century. In order to answer to this entropic ecological crisis, a double energetic transition seems necessary, which requires the conservation, cultivation and care of physical, chemical and mineral resources, but also the conservation, cultivation and care of psychic, social and libidinal resources. In order to conceive such a transition towards an ‘anti-entropic growth’, this article attempts to articulate the works of Nicholas Georgescu-Roegen and Bernard Stiegler, who respectively insisted on the finite and fragile dimension of natural energies and libidinal energies, and who tried to rethink the role of nature and desire in the economic process, in order to intensify and value biodiversity and noodiversity.
Communication lors des Entretiens du Nouveau Monde Industriel
« Prendre soin de l'informatique e... more Communication lors des Entretiens du Nouveau Monde Industriel « Prendre soin de l'informatique et des générations » 22-23 décembre 2020
Ce texte est une version préparatoire du texte suivant : « Vers une organologie de l’esprit : peanser l’exosomatisation de la noèse à l’époque du screen new deal. » in A. Alombert, V. Chaix, M. Montévil, V. Puig (dir), Prendre soin de l’informatique et des générations, Paris, FYP, 2021.
"Déconstruction et transformation de la question du 'propre de l'homme'. Derrida et Simondon face... more "Déconstruction et transformation de la question du 'propre de l'homme'. Derrida et Simondon face au problème de la différence anthropologique."
in A. Alombert et C. Chamois (dir.), La notion d'humanité dans la pensée contemporaine, Paris, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2019.
Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ros... more Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ross), Open Humanity Press.
Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ros... more Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ross), Open Humanity Press.
Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ros... more Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ross)
Fin dal suo esordio, il termine ‘Antropocene’ si è presentato come un ‘evento’ (secondo la defini... more Fin dal suo esordio, il termine ‘Antropocene’ si è presentato come un ‘evento’ (secondo la definizione data da Christophe Bonneuil e Jean-Baptiste Fressoz nel loro L’Evénement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, edito nel 2013 per i tipi Seuil), tanto nel senso di uno shock rispetto all’umanità, quanto per ciò che concerne le risposte provenienti da discipline anche molto distanti tra loro. Coniato dal Nobel per la chimica Paul Crutzen nel 2000, e indicante la supposta era geologica, successiva all’Olocene, in cui l’uomo sarebbe diventato il principale fattore di trasformazione delle condizioni ambientali terrestri, l’Antropocene ha conosciuto negli ultimi quindici anni un enorme successo anche nelle scienze sociali e in filosofia. Se lo strato più superficiale del suo significato è direttamente connesso con il cambiamento climatico indotto dall’industrializzazione, le questioni soggiacenti riguardano, infatti, diversi nodi problematici su cui si è retta e continua a reggersi l’attitudine del pensiero occidentale, nonostante le scosse telluriche ricevute almeno da Nietzsche in poi: in primis l’opposizione tra natura e cultura e, come in un effetto a valanga, l’antropocentrismo, l’etnocentrismo, l’androcentrismo, il prometeismo, la razionalità illuministica, la stessa idea di telos e di storia universale nei suoi rapporti intrinseci con il Neolitico. In ultimo, ciò a cui l’Antropocene sembra chiamare, dagli scienziati naturali fino ai filosofi, agli economisti e alla politica, è la possibilità/necessità di pensare il futuro in quanto tale.
in A. Alombert, M. Krzykawski, L. Maronneau (dir.), Bernard Stiegler. Panser le devenir des savoi... more in A. Alombert, M. Krzykawski, L. Maronneau (dir.), Bernard Stiegler. Panser le devenir des savoirs dans le milieu numérique, Le Portique, n°48-49, 2024.
This article draws on Bernard Stiegler’s insights and articulates them alongside other contemporary reflections in order to understand the psychic, social, and political issues raised by our contemporary digital hypomnesic milieu. I will explore the theoretical presuppositions underlying the functioning of digital devices to try to show that this computationalist technoscientific paradigm is based on problematic epistemological foundations, which an organological approach implicitly deconstructs. I will thereafter attempt to develop a pharmacological analysis of “generative artificial intelligence,” showing that its massive proliferation risks a new kind of “symbolic misery,” a “proletarianization” of expression and a generalization of social “disbelief.” Finally, I will try to show that the project of a “hermeneutic web” suggested by Stiegler needs to be revived and transformed in this new organological context: I will suggest some proposals to fight against attention economy and expression economy and to put computational automata in the service of collective intelligence.
Published in Technophany, vol. 2, n°2 (February 2024)
https://technophany.philosophyandtechnolog... more Published in Technophany, vol. 2, n°2 (February 2024)
In this article I will try to suggest a transdisciplinary conception of entropy in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Anthropocene era. According to French philosopher Bernard Stiegler, the Anthropocence can be understood as an Entropocene, because the current ecological crisis consists of a process of massive increases of entropy in all its forms: thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyse this situation, we need a transversal conception of entropy: from Bergson's philosophy of life to Stiegler's philosophy of technics, through Schrodinger's physics, Wiener's cybernetics, Lotka's biology and Levi-Strauss's anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies from a Stieglerian point of view and to explore its economic and political consequences in Stiegler's thought, in order to open new paths beyond the Entropocene era.
Cahiers Costech, n°6, mai 2023.
Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Féli... more Cahiers Costech, n°6, mai 2023.
Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Félix Guattari s’interrogeait sur les évolutions des technologies médiatiques : la jonction entre la télévision, la télématique et l’informatique devait selon lui conduire à un renversement des pratiques, permettant aux récepteurs passifs de se réapproprier les « machines d’information, de communication, d’intelligence, d’art et de culture » et de renverser ainsi le « pouvoir mass-médiatique ». Trente ans plus tard, force est de constater que les « pratiques moléculaires alternatives » alors anticipées par Guattari n’ont pas suffi.
À « l’ère post-média » s’est en effet substituée « l’ère post-vérité » : si le « pouvoir mass-médiatique » des « industries culturelles » audiovisuelles a été perturbé par la révolution numérique, il semble néanmoins avoir laissé place à de nouvelles formes de captation de l’attention, par des « technologies persuasives » fondées sur la collecte des données et l’exploitation des pulsions, qui génèrent des phénomène de désinformation et exacerbent la polarisation des opinions. Dans un tel contexte, la question qui se pose est moins celle de savoir comment contrôler les contenus, que celle de savoir comment repenser le fonctionnement technique et les modèles économiques des médias numériques, afin de les mettre au service de la controverse et du débat argumenté, caractéristiques de l’activité scientifique comme de la vie politique des sociétés.
Publié le 1 décembre 2023 dans Appareil, n°26 "Vers une organologie de l'esprit" :
https://journ... more Publié le 1 décembre 2023 dans Appareil, n°26 "Vers une organologie de l'esprit" :
https://journals.openedition.org/appareil/6979
Cet article a pour objectif d’appréhender les enjeux philosophiques sous-jacents au développement disruptif des « intelligences artificielles génératives », qui se déploient depuis quelques mois de manière fulgurante et promettent de reconfigurer en profondeur le milieu numérique, c’est-à-dire le milieu à la fois technique et symbolique. Pour ce faire, l’article procède en deux temps. Il s’agit tout d’abord de dépasser les analogies entre humain et machine ou cerveau et ordinateur, qui sont au fondement des paradigmes cognitivistes et computationnalistes, réduisant les esprits à des opérations de calcul statistique ou de traitement de données numériques. Après avoir déconstruit les notions d’« intelligence artificielle » ou d’« apprentissage automatique », nous proposerons de considérer les technologies contemporaines comme la nouvelle phase d’un processus d’automatisation numérique, qui implique l’extériorisation de fonctions et de capacités psychiques et cognitives, déléguées à ce que nous proposerons d’appeler des « automates computationnels interactifs ». Nous questionnerons les enjeux sociaux et politiques de ces nouvelles machines d’écriture algorithmiques, bien souvent déployées à grande échelle par des acteurs hégémoniques. Nous montrerons que la mythologie de l’IA masque une exploitation industrielle des ressources symboliques, qui ouvre les risques d’une prolétarisation des activités de pensée, d’une élimination des singularités idiomatiques et d’une défiance généralisée.
Publié le 6 avril 2023 sur le site du Conseil National du Numérique : https://cnnumerique.fr/comm... more Publié le 6 avril 2023 sur le site du Conseil National du Numérique : https://cnnumerique.fr/comment-penser-chatgpt
Suite au lancement de ChatGPT depuis quelques mois, les prouesses des modèles de langage suscitent autant de fascinations que d'inquiétudes. Quels sont les enjeux de ces nouvelles technologies ? Loin du mythe de l'intelligence artificielle, ce sont nos capacités de penser qui semblent aujourd'hui menacer.
Le 14 mars 2023, OpenAI, en treprise américaine fondée entre autres p ar Elon Musk, Sam Altman et Peter Thiel, annonçait le lancement de son nouveau modèle de langage artificiel, GPT-4, faisant passer une étape supplémentaire aux technologies de génération automatique de textes. Cette nouvelle innovation poursuit la stratégie industrielle de l'entreprise américaine, qui ne cesse de faire parler d'elle depuis quatre mois. Derrière la fascination, il convient de mettre au jour les fantasmes et les dangers : ces technologies ne risquent-elles pas de réduire l'avenir du web à l'extractivisme de la donnée et les capacités expressives humaines à des calculs automatisés ?
Publié dans A. Callu (dir.), Images et architectures mathématiques de la séduction, Paris, Le bor... more Publié dans A. Callu (dir.), Images et architectures mathématiques de la séduction, Paris, Le bord de l’eau, 2023.
Cet article a pour but de mettre au jour les présupposés théoriques et les enjeux politiques sousjacents au fonctionnement des dispositifs numériques contemporains, fondés sur l'intelligence artificielle réticulée au service de l'économie de l'attention et des données. Nous montrons que ces « technologies persuasives » se basent sur un ensemble de recherches en informatique, en psychologie cognitive, en neurophysiologie et en sciences comportementales, qui ne sont pas neutres politiquement, mais qui s'articulent étroitement avec le développement de l'économie néolibérale et implique de nouveaux modes de gouvernement. Outre ses enjeux politiques, ce paradigme technoscientifique s'appuie sur des fondements épistémologiques problématiques, motivés par des analogies entre cerveau ou esprit et machines, qui réduit les conduites humaines à un ensemble de réflexes conditionnés. Nous tenterons de mettre en question ces analogies et ce réductionnisme, en proposant une perspective organologique, qui implique de s'interroger sur la manière dont les évolutions techniques transforment les cerveaux, les esprits et les sociétés. Par-delà le mythe de l'intelligence artificielle et des machines pensantes, il s'agira alors de se demander comment mettre les quantités massives de données et les puissances de calculs au service des activités de pensée, c'est-à-dire, des interprétations singulières et des débats argumentés.
Publié dans ELFe XX-XXI n°11, "Ruptures éco-critiques, à l'avant-garde", O. Penot-Lacassagne (dir... more Publié dans ELFe XX-XXI n°11, "Ruptures éco-critiques, à l'avant-garde", O. Penot-Lacassagne (dir.), 2022.
En décrivant l’ère Anthropocène comme une ère Entropocène, c’est-à-dire comme un processus d’augmentation massive de l’entropie sous toutes ses formes (physique, biologique et informationnelle), Bernard Stiegler produit un nouveau diagnostic de la situation contemporaine, qui ne repose plus sur une opposition entre une humanité technicienne et une nature originaire, mais qui suppose d’appréhender le lien intrinsèque entre la destruction des écosystèmes, des espèces, de la biodiversité et la destruction des savoirs, des cultures et de la « noodiversité ». Pour comprendre cette analyse, il est nécessaire de revenir sur la notion transversale d’entropie, ainsi que sur ces implications en termes d’écologie environnementale, mais aussi d’écologie mentale et d’écologie sociale. Nous nous demanderons alors comment bifurquer vers des sociétés anti-anthropiques pour sortir de l’Entropocène.
Published in Techné Logos and the (Neg) Anthropocene (Proceedings of the First Annual Conference ... more Published in Techné Logos and the (Neg) Anthropocene (Proceedings of the First Annual Conference of the European Culture and Technology Laboratory), N. Fitzpatrick and C. McGarrigle (eds.), 2022.
In his latest works, Bernard Stiegler describes the Anthropocene as an Entropocene, that is, as a process of increasing entropy at different levels (thermodynamic level, biological level and informational or psycho-social level). This proposition invites us to rethink the contemporary ecological crisis as a triple problem of environmental ecology, mental ecology and social ecology, as proposed by Félix Guattari at the end of the twentieth century. In order to answer to this entropic ecological crisis, a double energetic transition seems necessary, which requires the conservation, cultivation and care of physical, chemical and mineral resources, but also the conservation, cultivation and care of psychic, social and libidinal resources. In order to conceive such a transition towards an ‘anti-entropic growth’, this article attempts to articulate the works of Nicholas Georgescu-Roegen and Bernard Stiegler, who respectively insisted on the finite and fragile dimension of natural energies and libidinal energies, and who tried to rethink the role of nature and desire in the economic process, in order to intensify and value biodiversity and noodiversity.
Communication lors des Entretiens du Nouveau Monde Industriel
« Prendre soin de l'informatique e... more Communication lors des Entretiens du Nouveau Monde Industriel « Prendre soin de l'informatique et des générations » 22-23 décembre 2020
Ce texte est une version préparatoire du texte suivant : « Vers une organologie de l’esprit : peanser l’exosomatisation de la noèse à l’époque du screen new deal. » in A. Alombert, V. Chaix, M. Montévil, V. Puig (dir), Prendre soin de l’informatique et des générations, Paris, FYP, 2021.
"Déconstruction et transformation de la question du 'propre de l'homme'. Derrida et Simondon face... more "Déconstruction et transformation de la question du 'propre de l'homme'. Derrida et Simondon face au problème de la différence anthropologique."
in A. Alombert et C. Chamois (dir.), La notion d'humanité dans la pensée contemporaine, Paris, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2019.
Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ros... more Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ross), Open Humanity Press.
Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ros... more Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ross), Open Humanity Press.
Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ros... more Published in Bifurcate, Bernard Stiegler and the Internation collective (translated by Daniel Ross)
Intervention dans le cadre de l'Association La Marmite (avril 2021)
https://www.youtube.com/watch... more Intervention dans le cadre de l'Association La Marmite (avril 2021) https://www.youtube.com/watch?v=91qdpGaTExc
Résumé
Ce texte propose une réflexion sur le rôle des supports techniques dans la vie de l'esprit, à partir des travaux de André Leroi-Gourhan, Gilbert Simondon et Bernard Stiegler, qui impliquent tous de questionner les enjeux philosophiques de la notion d'intelligence artificielle et de déconstruire ses présupposés. Après un bref retour sur les évolutions technologiques des dernières années, nous tenterons de montrer qu'en dépit de son succès dans les discours scientifiques et idéologiques, la notion d'intelligence artificielle est hautement problématique du point de vue philosophique : non seulement elle empêche de saisir le fonctionnement réel des machines algorithmiques, mais elle empêche aussi de saisir les spécificités de l'intelligence « humaine », qui, loin de se réduire à un processus mental ou cérébral, constitue en fait une activité à la fois psychique et sociale, qui s'exerce toujours dans un milieu technique donné. A travers les notions d'extériorisation technique, d'individuation psychique et collective, ou de mémoire organologique, les travaux de Leroi-Gourhan, de Simondon et de Stiegler permettent de saisir cette dimension « extériorisée » de la vie de l'esprit. Dès lors, le problème n'est pas de savoir si les machines peuvent parler, apprendre ou raisonner, mais de se demander comment les technologies numériques affectent les capacités psychiques et les relations sociales. Loin du mythe de l' « intelligence artificielle » ou des « machines pensantes », nous nous demanderons ainsi à quelles conditions les dispositifs numériques pourraient devenir des supports d'intelligence et de projection collectives.
Intervention au colloque «Plus d'une discipline : actualité de La vie la mort», 7-8-9 octobre 202... more Intervention au colloque «Plus d'une discipline : actualité de La vie la mort», 7-8-9 octobre 2021.
Alombert, Anne. "Des industries culturelles aux technologies de l’esprit.", 23 mars 2021, Cahiers... more Alombert, Anne. "Des industries culturelles aux technologies de l’esprit.", 23 mars 2021, Cahiers COSTECH numéro 4.
Depuis la critique des « industries culturelles » formulée par Theodor Adorno et Max Horkheimer en 1944, le milieu technico-médiatique n’a cessé d’évoluer. La télévision a succédé à la radio et au cinéma, et les technologies audiovisuelles ont été peu à peu remplacées ou complétées par les technologies numériques, qui pénètrent aujourd’hui toutes les sphères de l’existence (à travers les ordinateurs personnels, les smartphones, les objets connectés, etc.). Dès ses premiers travaux, Bernard Stiegler avait anticipé la dimension intrinsèquement pharmacologique de ces nouvelles « technologies de l’esprit », susceptibles de capter les attentions et de programmer les désirs, mais aussi de transformer les audiences en publics en ouvrant de nouvelles modalités de contribution. A quelles conditions les technologies numériques pourraient-elles devenir des supports de savoirs partagés et d’individuation collective, et non des dispositifs addictifs détruisant les appareils psychiques ?
A. Alombert, M. Krzykawski, L. Maronneau (dir.), Bernard Stiegler. Panser le devenir des savoirs ... more A. Alombert, M. Krzykawski, L. Maronneau (dir.), Bernard Stiegler. Panser le devenir des savoirs dans le milieu numérique, Le Portique, n°48-49, 2024.
Bifurcating means: reconstituting a political economy that reconnects local knowledge and practic... more Bifurcating means: reconstituting a political economy that reconnects local knowledge and practices with macroeconomic circulation and rethinks territoriality at its different scales of locality; developing an economy of contribution on the basis of a contributory income no longer tied to employment and once again valuing work as a knowledge activity; overhauling law, and government and corporate accounting, via economic and social experiments, including in laboratory territories, and in relation to cooperative, local market economies formed into networks and linked to international trade; revaluing research from a long-term perspective, independent of the short-term interests of political and economic powers; reorienting digital technology in the service of territories and territorial cooperation. The collective work that produced this book is based on the claim that today’s destructive development model is reaching its ultimate limits, and that its toxicity, which is increasingly ...
Lorsque les technologies numériques sont mises au service de l’économie des données, leur design ... more Lorsque les technologies numériques sont mises au service de l’économie des données, leur design et leur fonctionnement exploitent les attentions, afin d’orienter, voire de contrôler, les comportements des utilisateurs. Réduits à un ensemble de processus cognitifs et de réactions réflexes, ils se voient dépossédés de leurs savoirs, alors même que, dans nos sociétés en situation de crise sanitaire, sociale, politique et écologique, le partage et la transmission des savoir-faire, des savoir-vivre et des savoir-penser sont plus que jamais nécessaires.
Comment concevoir et réaliser des plateformes numériques au service des relations sociales et intergénérationnelles, aujourd’hui menacées par les applications addictives et l’économie des données ? Comment intégrer dans les dispositifs computationnels des fonctions délibératives et interprétatives ? Comment transformer les technologies numériques en supports de mémoire et de savoirs ? Comment mettre les algorithmes au service de l’intelligence collective ? En un mot, comment prendre soin de l’informatique pour les générations actuelles et à venir ?
Ce livre interroge la manière dont les supports techniques configurent nos capacités psychiques et nos relations collectives, et propose des solutions pour concevoir de nouveaux dispositifs et de nouvelles pratiques, afin de mettre les technologies numériques au service de la production et de la transmission de savoirs, ainsi que des liens entre les générations.
Lettre de Jean-Marie Gustave Le Clézio à Bernard Stiegler
Lettre de Hans Ulrich Obrist et Berna... more Lettre de Jean-Marie Gustave Le Clézio à Bernard Stiegler
Lettre de Hans Ulrich Obrist et Bernard Stiegler à António Guterres
L’avertissement
Introduction. Décarbonation et déprolétarisation Bernard Stiegler avec Paolo Vignola et Mitra Azar
Chapitre premier. Anthropocène, exosomatisation et néguentropie Maël Montévil, Bernard Stiegler, Giuseppe Longo, Ana Soto, Carlos Sonnenschein
Chapitre deux. Localités, territoires et urbanité à l’âge des plateformes et confrontés aux défis de l’ère Anthropocène Giacomo Gilmozzi, Olivier Landau, Bernard Stiegler, David Berry, Sara Baranzoni, Pierre Clergue, Anne Alombert
Chapitre trois. Économie contributive, processus territoriaux de capacitation et nouvelles modalités comptables Clément Morlat, Olivier Landau, Théo Sentis, Franck Cormerais, Anne Alombert et Michał Krzykawski
Chapitre quatre. Recherche contributive et sculpture sociale de soi Noel Fitzpatrick, Anne Alombert, Colette Tron, Glenn Loughran, Yves Citton, Bernard Stiegler
Chapitre cinq. Internation et nations Michał Krzykawski, Edoardo Toffoletto et Bernard Stiegler
Chapitre six. Internation et institutions Michał Krzykawski, Edoardo Toffoletto et Bernard Stiegler
Chapitre sept. Design contributif et technologies numériques délibératives : vers une générativité sociale dans les sociétés automatiques Anne Alombert, Vincent Puig et Bernard Stiegler
Chapitre huit. Ethos et technologies Michał Krzykawski et Susanna Lindberg
Chapitre neuf. La désintoxication planétaire et la neurobiologie de l’effondrement écologique Gerald Moore, Nikolaos A. Mylonas, Marie-Claude Bossiere, Anne Alombert et Marco Pavanini
L’organisation contemporaine du savoir est telle que la notion d’humanité y joue une position rel... more L’organisation contemporaine du savoir est telle que la notion d’humanité y joue une position relativement ambiguë. D’un côté, le développement des sciences de l’homme depuis le milieu du xixe siècle, fait de l’humanité un domaine épistémologique de premier ordre. D’un autre côté, les notions de « nature humaine », d’« humanité » voire d’« humanisme » font régulièrement l’objet d’attaques frontales : en témoignent les différentes formes de morale ou de politique « antihumaniste », le constat philosophique de la « mort de l’homme » ou l’annonce d’une ère historique « post- ou transhumaniste ». Or, ces différentes acceptions de la notion d’humanité ne se superposent pas. Le groupe de recherche « L’humain impensé » cherche à clarifier la nature des débats contemporains autour de cette notion. Les différentes contributions présentées dans cet ouvrage participent à cet effort, en interrogeant l’humain aux prismes des questions de la philosophie, du langage, de l’art, et de la technologie.
Sommaire
Introduction : expérience humaine et sciences de l’homme Camille Chamois Présentation de l’ouvrage et résumé des chapitres Anne Alombert et Camille Chamois Le statut de l’humain dans le discours philosophique L’humain et la philosophie Jean-Michel Salanskis Déconstruction et transformation de la question du « propre de l’homme ». Derrida et Simondon face au problème de la différence anthropologique Anne Alombert La réalité en perspective. Le réalisme comme critère de la différence anthropologique Camille Chamois Humain, trans-humain et post-humain Cybernétique et Transhumanisme chez Norbert Wiener Benjamin Norguet Compagnonnages trans-espèces et post-humanismes dans un monde sans gravité Ségolène Guinard La langue, le langage et l’humain Herméneutique et rationalités Christian Berner Langage, logique et rationalités Manuel Rebuschi Dé-marque et pro-nomination : pour une autre phénoménologie de la languécriture Katy Barasc Art, humanité et inhumanité Humanité et inhumanité de l’homme Anna Szyjkowska-Piotrowska My/is(t)ère de la sensibilité. Lyotard et la force de l’inhumain Monika Murawska Le jeu : entre art, humain, inhumain Alice Koubová
Reconsidering the Biosphere and the Technosphere in the Entropocene : Entropies, Economies, Ecolo... more Reconsidering the Biosphere and the Technosphere in the Entropocene : Entropies, Economies, Ecologies, Technologies
De la philosophie à l'organologie, et au-delà ?
Penser le devenir des savoirs dans l'exosomatis... more De la philosophie à l'organologie, et au-delà ?
Penser le devenir des savoirs dans l'exosomatisation numérique.
Argumentaire du colloque des Entretiens du Nouveau Monde Industriel des 22-23 décembre 2020 (http... more Argumentaire du colloque des Entretiens du Nouveau Monde Industriel des 22-23 décembre 2020 (https://enmi-conf.org/wp/enmi20/).
Depuis l’émergence de l’informatique et de la cybernétique à la fin des années 50, jusqu’aux smartphones et autres objets connectés qui caractérisent aujourd’hui nos sociétés, les technologies numériques ont désormais envahi toutes les sphères de l’existence.
Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure d’un tel bouleversement. À l’inverse, le modèle industriel de la Silicon Valley s’est imposé, à travers des dispositifs que leurs créateurs eux-mêmes ne semblent plus maîtriser. Alors que les discours transhumanistes ne jurent que par les progrès exponentiels des “machines intelligentes” ou de la “réalité virtuelle”, on ne compte plus les études scientifiques décrivant la nocivité des écrans ou les dangers des réseaux sociaux. Les dispositifs numériques fondés sur la collecte massive de données et la captation des attentions des usagers ont aujourd’hui donné lieu à toutes sortes de psychopathologies qui semblent menacer les facultés de pensée. Et si le mythe d’une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique servait tout simplement à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ?
S’il est aujourd’hui urgent d’abandonner la métaphysique transhumaniste qui identifie le cerveau à l’ordinateur et assimile l’esprit à un traitement de données, il ne peut s’agir pour autant de retomber dans une opposition classique entre l’humain et la machine. Bien au contraire : nos esprits ne sont pas dans nos têtes ou dans nos neurones, ils circulent entre les individus et les générations, à travers des milieux toujours à la fois techniques, symboliques et sociaux. D’où l’importance de prendre soin de nos milieux numériques et de ne pas laisser une poignée d’acteurs hégémoniques et privatisés s’en emparer. D’où la nécessité, autrement dit, de faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits.
A. Alombert et G. Giraud, Le capital que je ne suis pas ! Mettre l'économie et le numérique au se... more A. Alombert et G. Giraud, Le capital que je ne suis pas ! Mettre l'économie et le numérique au service de l'avenir., Paris, Fayard, 2024.
Non, l’intelligence artificielle n’a rien d’intelligent. En collectant les savoirs humains, elle ne peut produire que la moyennisation et le mimétisme. Qui plus est, cette collecte s’opère à des fins lucratives, transformant notre vie quotidienne en source de profits.
Formant un tandem inattendu, une philosophe et un économiste nous proposent une analyse croisée de ce grand mouvement de capitalisation des êtres. Ils démontrent que les logiques sous-jacentes au développement de l’IA sont loin de l’objectivité scientifique ou de la neutralité politique, et que les algorithmes engendrent le risque d’une disparition du corps et d’une automatisation des esprits.
Mais ce livre est surtout une invitation à la résistance et à l’invention de nouvelles manières de vivre, en renouant avec le paradigme des communs et de l’économie contributive.
Les pensées de Gilbert Simondon et de Jacques Derrida n'ont jamais été étudiées de manière conjointe, alors même que les deux auteurs partagent un contexte historique, un milieu théorique ainsi qu'un ensemble de problématiques communes qui anime leurs réflexions dans le champ philosophique des années 1960.
Ce livre propose de remédier à ce manque en confrontant les pensées des deux auteurs autour de trois grandes questions : celle de la métaphysique et des rapports entre philosophie et sciences, celle de l'humain et des rapports entre vie et conscience, et celle de la technique et des rapports entre mémoire et archives.
Autant d'interrogations qui ressurgissent aujourd'hui, face aux menaces de l'Anthropocène et du transhumanisme.
L'articulation des pensées de Simondon et de Derrida constitue ainsi une ressource fondamentale pour dépasser les oppositions entre animalité et humanité, nature et culture ou nature et technique. Elle permet de repenser les rapports entre vie, technique et esprit hors des schémas dualistes, ainsi que d'appréhender les enjeux anthropologiques des mutations technologiques contemporaines.
Depuis l’émergence de l’informatique et de la cybernétique à la fin des années 50, jusqu’aux smartphones et autres objets connectés qui caractérisent aujourd’hui nos sociétés, les technologies numériques ont désormais envahi toutes les sphères de l’existence.
Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure d’un tel bouleversement. À l’inverse, le modèle industriel de la Silicon Valley s’est imposé, à travers des dispositifs que leurs créateurs eux-mêmes ne semblent plus maîtriser. Alors que les discours transhumanistes ne jurent que par les progrès exponentiels des “machines intelligentes” ou de la “réalité virtuelle”, on ne compte plus les études scientifiques décrivant la nocivité des écrans ou les dangers des réseaux sociaux. Les dispositifs numériques fondés sur la collecte massive de données et la captation des attentions des usagers ont aujourd’hui donné lieu à toutes sortes de psychopathologies qui semblent menacer les facultés de pensée. Et si le mythe d’une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique servait tout simplement à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ?
S’il est aujourd’hui urgent d’abandonner la métaphysique transhumaniste qui identifie le cerveau à l’ordinateur et assimile l’esprit à un traitement de données, il ne peut s’agir pour autant de retomber dans une opposition classique entre l’humain et la machine. Bien au contraire : nos esprits ne sont pas dans nos têtes ou dans nos neurones, ils circulent entre les individus et les générations, à travers des milieux toujours à la fois techniques, symboliques et sociaux.
D’où l’importance de prendre soin de nos milieux numériques et de ne pas laisser une poignée d’acteurs hégémoniques et privatisés s’en emparer. D’où la nécessité, autrement dit, de faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits.
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Complete Issues by Anne Alombert
Papers by Anne Alombert
https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=11380&menu=0
https://www.pdcnet.org/philtoday/content/philtoday_2024_0999_6_6_532
This article draws on Bernard Stiegler’s insights and articulates them alongside other contemporary reflections in order to understand the psychic, social, and political issues raised by our contemporary digital hypomnesic milieu. I will explore the theoretical presuppositions underlying the functioning of digital devices to try to show that this computationalist technoscientific paradigm is based on problematic epistemological foundations, which an organological approach implicitly deconstructs. I will thereafter attempt to develop a pharmacological analysis of “generative artificial intelligence,” showing that its massive proliferation risks a new kind of “symbolic misery,” a “proletarianization” of expression and a generalization of social “disbelief.” Finally, I will try to show that the project of a “hermeneutic web” suggested by Stiegler needs to be revived and transformed in this new organological context: I will suggest some proposals to fight against attention economy and expression economy and to put computational automata in the service of collective intelligence.
https://technophany.philosophyandtechnology.network/article/view/15390
In this article I will try to suggest a transdisciplinary conception of entropy in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Anthropocene era. According to French philosopher Bernard Stiegler, the Anthropocence can be understood as an Entropocene, because the current ecological crisis consists of a process of massive increases of entropy in all its forms: thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyse this situation, we need a transversal conception of entropy: from Bergson's philosophy of life to Stiegler's philosophy of technics, through Schrodinger's physics, Wiener's cybernetics, Lotka's biology and Levi-Strauss's anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies from a Stieglerian point of view and to explore its economic and political consequences in Stiegler's thought, in order to open new paths beyond the Entropocene era.
Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Félix Guattari s’interrogeait sur les évolutions des technologies médiatiques : la jonction entre la télévision, la télématique et l’informatique devait selon lui conduire à un renversement des pratiques, permettant aux récepteurs passifs de se réapproprier les « machines d’information, de communication, d’intelligence, d’art et de culture » et de renverser ainsi le « pouvoir mass-médiatique ». Trente ans plus tard, force est de constater que les « pratiques moléculaires alternatives » alors anticipées par Guattari n’ont pas suffi.
À « l’ère post-média » s’est en effet substituée « l’ère post-vérité » : si le « pouvoir mass-médiatique » des « industries culturelles » audiovisuelles a été perturbé par la révolution numérique, il semble néanmoins avoir laissé place à de nouvelles formes de captation de l’attention, par des « technologies persuasives » fondées sur la collecte des données et l’exploitation des pulsions, qui génèrent des phénomène de désinformation et exacerbent la polarisation des opinions. Dans un tel contexte, la question qui se pose est moins celle de savoir comment contrôler les contenus, que celle de savoir comment repenser le fonctionnement technique et les modèles économiques des médias numériques, afin de les mettre au service de la controverse et du débat argumenté, caractéristiques de l’activité scientifique comme de la vie politique des sociétés.
https://journals.openedition.org/appareil/7134
Introduction au n°26 de la revue Appareil : "Vers une organologie de l'esprit : appareils psychiques et appareils techniques au XXIème siècle"
https://journals.openedition.org/appareil/6979
Cet article a pour objectif d’appréhender les enjeux philosophiques sous-jacents au développement disruptif des « intelligences artificielles génératives », qui se déploient depuis quelques mois de manière fulgurante et promettent de reconfigurer en profondeur le milieu numérique, c’est-à-dire le milieu à la fois technique et symbolique. Pour ce faire, l’article procède en deux temps. Il s’agit tout d’abord de dépasser les analogies entre humain et machine ou cerveau et ordinateur, qui sont au fondement des paradigmes cognitivistes et computationnalistes, réduisant les esprits à des opérations de calcul statistique ou de traitement de données numériques. Après avoir déconstruit les notions d’« intelligence artificielle » ou d’« apprentissage automatique », nous proposerons de considérer les technologies contemporaines comme la nouvelle phase d’un processus d’automatisation numérique, qui implique l’extériorisation de fonctions et de capacités psychiques et cognitives, déléguées à ce que nous proposerons d’appeler des « automates computationnels interactifs ». Nous questionnerons les enjeux sociaux et politiques de ces nouvelles machines d’écriture algorithmiques, bien souvent déployées à grande échelle par des acteurs hégémoniques. Nous montrerons que la mythologie de l’IA masque une exploitation industrielle des ressources symboliques, qui ouvre les risques d’une prolétarisation des activités de pensée, d’une élimination des singularités idiomatiques et d’une défiance généralisée.
https://www.humanite.fr/en-debat/il-n-y-pas-d-intelligence-artificielle-parlons-d-automates-numeriques-pour-rompre-avec-les-ideologies-publicitaires-802627
Suite au lancement de ChatGPT depuis quelques mois, les prouesses des modèles de langage suscitent autant de fascinations que d'inquiétudes. Quels sont les enjeux de ces nouvelles technologies ? Loin du mythe de l'intelligence artificielle, ce sont nos capacités de penser qui semblent aujourd'hui menacer.
https://lvsl.fr/chatgpt-derriere-le-mythe-de-intelligence-artificielle-les-dangers-des-automates-computationnels/
Le 14 mars 2023, OpenAI, en treprise américaine fondée entre autres p ar Elon Musk, Sam Altman et Peter Thiel, annonçait le lancement de son nouveau modèle de langage artificiel, GPT-4, faisant passer une étape supplémentaire aux technologies de génération automatique de textes. Cette nouvelle innovation poursuit la stratégie industrielle de l'entreprise américaine, qui ne cesse de faire parler d'elle depuis quatre mois. Derrière la fascination, il convient de mettre au jour les fantasmes et les dangers : ces technologies ne risquent-elles pas de réduire l'avenir du web à l'extractivisme de la donnée et les capacités expressives humaines à des calculs automatisés ?
https://www.editionsbdl.com/produit/images-et-architectures-mathematiques-de-la-seduction/
Cet article a pour but de mettre au jour les présupposés théoriques et les enjeux politiques sousjacents au fonctionnement des dispositifs numériques contemporains, fondés sur l'intelligence artificielle réticulée au service de l'économie de l'attention et des données. Nous montrons que ces « technologies persuasives » se basent sur un ensemble de recherches en informatique, en psychologie cognitive, en neurophysiologie et en sciences comportementales, qui ne sont pas neutres politiquement, mais qui s'articulent étroitement avec le développement de l'économie néolibérale et implique de nouveaux modes de gouvernement. Outre ses enjeux politiques, ce paradigme technoscientifique s'appuie sur des fondements épistémologiques problématiques, motivés par des analogies entre cerveau ou esprit et machines, qui réduit les conduites humaines à un ensemble de réflexes conditionnés. Nous tenterons de mettre en question ces analogies et ce réductionnisme, en proposant une perspective organologique, qui implique de s'interroger sur la manière dont les évolutions techniques transforment les cerveaux, les esprits et les sociétés. Par-delà le mythe de l'intelligence artificielle et des machines pensantes, il s'agira alors de se demander comment mettre les quantités massives de données et les puissances de calculs au service des activités de pensée, c'est-à-dire, des interprétations singulières et des débats argumentés.
https://journals.openedition.org/elfe/4361
En décrivant l’ère Anthropocène comme une ère Entropocène, c’est-à-dire comme un processus d’augmentation massive de l’entropie sous toutes ses formes (physique, biologique et informationnelle), Bernard Stiegler produit un nouveau diagnostic de la situation contemporaine, qui ne repose plus sur une opposition entre une humanité technicienne et une nature originaire, mais qui suppose d’appréhender le lien intrinsèque entre la destruction des écosystèmes, des espèces, de la biodiversité et la destruction des savoirs, des cultures et de la « noodiversité ». Pour comprendre cette analyse, il est nécessaire de revenir sur la notion transversale d’entropie, ainsi que sur ces implications en termes d’écologie environnementale, mais aussi d’écologie mentale et d’écologie sociale. Nous nous demanderons alors comment bifurquer vers des sociétés anti-anthropiques pour sortir de l’Entropocène.
https://arrow.tudublin.ie/eutpressbooks/4/
In his latest works, Bernard Stiegler describes the Anthropocene as an Entropocene, that is, as a process of increasing entropy at different levels (thermodynamic level, biological level and informational or psycho-social level). This proposition invites us to rethink the contemporary ecological crisis as a triple problem of environmental ecology, mental ecology and social ecology, as proposed by Félix Guattari at the end of the twentieth century. In order to answer to this entropic ecological crisis, a double energetic transition seems necessary, which requires the conservation, cultivation and care of physical, chemical and mineral resources, but also the conservation, cultivation and care of psychic, social and libidinal resources. In order to conceive such a transition towards an ‘anti-entropic growth’, this article attempts to articulate the works of Nicholas Georgescu-Roegen and Bernard Stiegler, who respectively insisted on the finite and fragile dimension of natural energies and libidinal energies, and who tried to rethink the role of nature and desire in the economic process, in order to intensify and value biodiversity and noodiversity.
« Prendre soin de l'informatique et des générations »
22-23 décembre 2020
Ce texte est une version préparatoire du texte suivant :
« Vers une organologie de l’esprit : peanser l’exosomatisation de la noèse à l’époque du screen new deal. » in A. Alombert, V. Chaix, M. Montévil, V. Puig (dir), Prendre soin de l’informatique et des générations, Paris, FYP, 2021.
in A. Alombert et C. Chamois (dir.), La notion d'humanité dans la pensée contemporaine, Paris, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2019.
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=11380&menu=0
https://www.pdcnet.org/philtoday/content/philtoday_2024_0999_6_6_532
This article draws on Bernard Stiegler’s insights and articulates them alongside other contemporary reflections in order to understand the psychic, social, and political issues raised by our contemporary digital hypomnesic milieu. I will explore the theoretical presuppositions underlying the functioning of digital devices to try to show that this computationalist technoscientific paradigm is based on problematic epistemological foundations, which an organological approach implicitly deconstructs. I will thereafter attempt to develop a pharmacological analysis of “generative artificial intelligence,” showing that its massive proliferation risks a new kind of “symbolic misery,” a “proletarianization” of expression and a generalization of social “disbelief.” Finally, I will try to show that the project of a “hermeneutic web” suggested by Stiegler needs to be revived and transformed in this new organological context: I will suggest some proposals to fight against attention economy and expression economy and to put computational automata in the service of collective intelligence.
https://technophany.philosophyandtechnology.network/article/view/15390
In this article I will try to suggest a transdisciplinary conception of entropy in order to analyse the contemporary ecological polycrisis which is usually described as the Anthropocene era. According to French philosopher Bernard Stiegler, the Anthropocence can be understood as an Entropocene, because the current ecological crisis consists of a process of massive increases of entropy in all its forms: thermodynamic entropy (that is, dissipation of physical or chemical energy), biological entropy (as the destruction of biodiversity), and psycho-social entropy (as the reduction of knowledge to data and calculations, through digital disruptive technologies). In order to analyse this situation, we need a transversal conception of entropy: from Bergson's philosophy of life to Stiegler's philosophy of technics, through Schrodinger's physics, Wiener's cybernetics, Lotka's biology and Levi-Strauss's anthropology, I will try to build a conceptual history of entropies from a Stieglerian point of view and to explore its economic and political consequences in Stiegler's thought, in order to open new paths beyond the Entropocene era.
Dans un texte de 1990 intitulé « Vers une ère post-média », Félix Guattari s’interrogeait sur les évolutions des technologies médiatiques : la jonction entre la télévision, la télématique et l’informatique devait selon lui conduire à un renversement des pratiques, permettant aux récepteurs passifs de se réapproprier les « machines d’information, de communication, d’intelligence, d’art et de culture » et de renverser ainsi le « pouvoir mass-médiatique ». Trente ans plus tard, force est de constater que les « pratiques moléculaires alternatives » alors anticipées par Guattari n’ont pas suffi.
À « l’ère post-média » s’est en effet substituée « l’ère post-vérité » : si le « pouvoir mass-médiatique » des « industries culturelles » audiovisuelles a été perturbé par la révolution numérique, il semble néanmoins avoir laissé place à de nouvelles formes de captation de l’attention, par des « technologies persuasives » fondées sur la collecte des données et l’exploitation des pulsions, qui génèrent des phénomène de désinformation et exacerbent la polarisation des opinions. Dans un tel contexte, la question qui se pose est moins celle de savoir comment contrôler les contenus, que celle de savoir comment repenser le fonctionnement technique et les modèles économiques des médias numériques, afin de les mettre au service de la controverse et du débat argumenté, caractéristiques de l’activité scientifique comme de la vie politique des sociétés.
https://journals.openedition.org/appareil/7134
Introduction au n°26 de la revue Appareil : "Vers une organologie de l'esprit : appareils psychiques et appareils techniques au XXIème siècle"
https://journals.openedition.org/appareil/6979
Cet article a pour objectif d’appréhender les enjeux philosophiques sous-jacents au développement disruptif des « intelligences artificielles génératives », qui se déploient depuis quelques mois de manière fulgurante et promettent de reconfigurer en profondeur le milieu numérique, c’est-à-dire le milieu à la fois technique et symbolique. Pour ce faire, l’article procède en deux temps. Il s’agit tout d’abord de dépasser les analogies entre humain et machine ou cerveau et ordinateur, qui sont au fondement des paradigmes cognitivistes et computationnalistes, réduisant les esprits à des opérations de calcul statistique ou de traitement de données numériques. Après avoir déconstruit les notions d’« intelligence artificielle » ou d’« apprentissage automatique », nous proposerons de considérer les technologies contemporaines comme la nouvelle phase d’un processus d’automatisation numérique, qui implique l’extériorisation de fonctions et de capacités psychiques et cognitives, déléguées à ce que nous proposerons d’appeler des « automates computationnels interactifs ». Nous questionnerons les enjeux sociaux et politiques de ces nouvelles machines d’écriture algorithmiques, bien souvent déployées à grande échelle par des acteurs hégémoniques. Nous montrerons que la mythologie de l’IA masque une exploitation industrielle des ressources symboliques, qui ouvre les risques d’une prolétarisation des activités de pensée, d’une élimination des singularités idiomatiques et d’une défiance généralisée.
https://www.humanite.fr/en-debat/il-n-y-pas-d-intelligence-artificielle-parlons-d-automates-numeriques-pour-rompre-avec-les-ideologies-publicitaires-802627
Suite au lancement de ChatGPT depuis quelques mois, les prouesses des modèles de langage suscitent autant de fascinations que d'inquiétudes. Quels sont les enjeux de ces nouvelles technologies ? Loin du mythe de l'intelligence artificielle, ce sont nos capacités de penser qui semblent aujourd'hui menacer.
https://lvsl.fr/chatgpt-derriere-le-mythe-de-intelligence-artificielle-les-dangers-des-automates-computationnels/
Le 14 mars 2023, OpenAI, en treprise américaine fondée entre autres p ar Elon Musk, Sam Altman et Peter Thiel, annonçait le lancement de son nouveau modèle de langage artificiel, GPT-4, faisant passer une étape supplémentaire aux technologies de génération automatique de textes. Cette nouvelle innovation poursuit la stratégie industrielle de l'entreprise américaine, qui ne cesse de faire parler d'elle depuis quatre mois. Derrière la fascination, il convient de mettre au jour les fantasmes et les dangers : ces technologies ne risquent-elles pas de réduire l'avenir du web à l'extractivisme de la donnée et les capacités expressives humaines à des calculs automatisés ?
https://www.editionsbdl.com/produit/images-et-architectures-mathematiques-de-la-seduction/
Cet article a pour but de mettre au jour les présupposés théoriques et les enjeux politiques sousjacents au fonctionnement des dispositifs numériques contemporains, fondés sur l'intelligence artificielle réticulée au service de l'économie de l'attention et des données. Nous montrons que ces « technologies persuasives » se basent sur un ensemble de recherches en informatique, en psychologie cognitive, en neurophysiologie et en sciences comportementales, qui ne sont pas neutres politiquement, mais qui s'articulent étroitement avec le développement de l'économie néolibérale et implique de nouveaux modes de gouvernement. Outre ses enjeux politiques, ce paradigme technoscientifique s'appuie sur des fondements épistémologiques problématiques, motivés par des analogies entre cerveau ou esprit et machines, qui réduit les conduites humaines à un ensemble de réflexes conditionnés. Nous tenterons de mettre en question ces analogies et ce réductionnisme, en proposant une perspective organologique, qui implique de s'interroger sur la manière dont les évolutions techniques transforment les cerveaux, les esprits et les sociétés. Par-delà le mythe de l'intelligence artificielle et des machines pensantes, il s'agira alors de se demander comment mettre les quantités massives de données et les puissances de calculs au service des activités de pensée, c'est-à-dire, des interprétations singulières et des débats argumentés.
https://journals.openedition.org/elfe/4361
En décrivant l’ère Anthropocène comme une ère Entropocène, c’est-à-dire comme un processus d’augmentation massive de l’entropie sous toutes ses formes (physique, biologique et informationnelle), Bernard Stiegler produit un nouveau diagnostic de la situation contemporaine, qui ne repose plus sur une opposition entre une humanité technicienne et une nature originaire, mais qui suppose d’appréhender le lien intrinsèque entre la destruction des écosystèmes, des espèces, de la biodiversité et la destruction des savoirs, des cultures et de la « noodiversité ». Pour comprendre cette analyse, il est nécessaire de revenir sur la notion transversale d’entropie, ainsi que sur ces implications en termes d’écologie environnementale, mais aussi d’écologie mentale et d’écologie sociale. Nous nous demanderons alors comment bifurquer vers des sociétés anti-anthropiques pour sortir de l’Entropocène.
https://arrow.tudublin.ie/eutpressbooks/4/
In his latest works, Bernard Stiegler describes the Anthropocene as an Entropocene, that is, as a process of increasing entropy at different levels (thermodynamic level, biological level and informational or psycho-social level). This proposition invites us to rethink the contemporary ecological crisis as a triple problem of environmental ecology, mental ecology and social ecology, as proposed by Félix Guattari at the end of the twentieth century. In order to answer to this entropic ecological crisis, a double energetic transition seems necessary, which requires the conservation, cultivation and care of physical, chemical and mineral resources, but also the conservation, cultivation and care of psychic, social and libidinal resources. In order to conceive such a transition towards an ‘anti-entropic growth’, this article attempts to articulate the works of Nicholas Georgescu-Roegen and Bernard Stiegler, who respectively insisted on the finite and fragile dimension of natural energies and libidinal energies, and who tried to rethink the role of nature and desire in the economic process, in order to intensify and value biodiversity and noodiversity.
« Prendre soin de l'informatique et des générations »
22-23 décembre 2020
Ce texte est une version préparatoire du texte suivant :
« Vers une organologie de l’esprit : peanser l’exosomatisation de la noèse à l’époque du screen new deal. » in A. Alombert, V. Chaix, M. Montévil, V. Puig (dir), Prendre soin de l’informatique et des générations, Paris, FYP, 2021.
in A. Alombert et C. Chamois (dir.), La notion d'humanité dans la pensée contemporaine, Paris, Presses Universitaires de Paris Nanterre, 2019.
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
https://journals.openedition.org/appareil/3752
Traduction anglaise par Daniel Ross dans Bifurcate, Open Humanity Press, 2021.
http://www.openhumanitiespress.org/books/titles/bifurcate/
https://www.youtube.com/watch?v=91qdpGaTExc
Résumé
Ce texte propose une réflexion sur le rôle des supports techniques dans la vie de l'esprit, à partir des travaux de André Leroi-Gourhan, Gilbert Simondon et Bernard Stiegler, qui impliquent tous de questionner les enjeux philosophiques de la notion d'intelligence artificielle et de déconstruire ses présupposés. Après un bref retour sur les évolutions technologiques des dernières années, nous tenterons de montrer qu'en dépit de son succès dans les discours scientifiques et idéologiques, la notion d'intelligence artificielle est hautement problématique du point de vue philosophique : non seulement elle empêche de saisir le fonctionnement réel des machines algorithmiques, mais elle empêche aussi de saisir les spécificités de l'intelligence « humaine », qui, loin de se réduire à un processus mental ou cérébral, constitue en fait une activité à la fois psychique et sociale, qui s'exerce toujours dans un milieu technique donné. A travers les notions d'extériorisation technique, d'individuation psychique et collective, ou de mémoire organologique, les travaux de Leroi-Gourhan, de Simondon et de Stiegler permettent de saisir cette dimension « extériorisée » de la vie de l'esprit. Dès lors, le problème n'est pas de savoir si les machines peuvent parler, apprendre ou raisonner, mais de se demander comment les technologies numériques affectent les capacités psychiques et les relations sociales. Loin du mythe de l' « intelligence artificielle » ou des « machines pensantes », nous nous demanderons ainsi à quelles conditions les dispositifs numériques pourraient devenir des supports d'intelligence et de projection collectives.
https://llcp.univ-paris8.fr/?colloque-plus-d-une-discipline-actualite-de-la-vie-la-mort-7-8-9-10-2021
http://www.costech.utc.fr/CahiersCOSTECH/spip.php?article110
Depuis la critique des « industries culturelles » formulée par Theodor Adorno et Max Horkheimer en 1944, le milieu technico-médiatique n’a cessé d’évoluer. La télévision a succédé à la radio et au cinéma, et les technologies audiovisuelles ont été peu à peu remplacées ou complétées par les technologies numériques, qui pénètrent aujourd’hui toutes les sphères de l’existence (à travers les ordinateurs personnels, les smartphones, les objets connectés, etc.). Dès ses premiers travaux, Bernard Stiegler avait anticipé la dimension intrinsèquement pharmacologique de ces nouvelles « technologies de l’esprit », susceptibles de capter les attentions et de programmer les désirs, mais aussi de transformer les audiences en publics en ouvrant de nouvelles modalités de contribution. A quelles conditions les technologies numériques pourraient-elles devenir des supports de savoirs partagés et d’individuation collective, et non des dispositifs addictifs détruisant les appareils psychiques ?
https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=11380&menu=0
Actes du colloque d'hommage à la pensée de Bernard Stiegler :
https://organoesis.org/recherches/de-la-philosophie-a-lorganologie-colloque-dhommage-a-la-pensee-de-bernard-stiegler
SOMMAIRE
Introduction. L'organologie générale de Bernard Stiegler, panser les savoirs dans le milieu numérique
PHILOSOPHIE ET ORGANOLOGIE : « PEANSER » PAR-DELÀ LE REFOULEMENT DE LA TECHNIQUE
Jean-Hugues Barthélémy
L'idée d'écologie de l'esprit
Paolo Vignola
Penser l'image de la pensée avec Bernard Stiegler
Michaël Crevoisier
La philosophie atranscendantale de Bernard Stiegler
Anne Alombert
Pour une pensée atranscendantale dans l'ère « post-vérité »
LES SCIENCES DE L'ESPRIT À L'ÉPREUVE DE L'ORGANOLOGIE : NOÈSE, PSYCHISMES, CERVEAUX ET TECHNIQUES
Michał Krzykawski
La condition corporelle de la noèse dans l'extrême-computationnel
David W. Bates
Organologie et décision : sur la politique du cerveau
Isabelle Alfandary
« Il faut sauver la psychanalyse » (Bernard Stiegler)
LES SCIENCES DU VIVANT À L'ÉPREUVE DE L'ORGANOLOGIE : ORGANISMES, EXOSOMATISATION ET ENTROPIE
Francesco Vitale
Le charme obscur de l'entropie
Giuseppe Longo
Le nez de Pangloss
Élise Lamy-Rested
Les limites de l'organologie générale pour une pensée de la technique
L'ORGANOLOGIE DU SENSIBLE : CONSCIENCES ET AFFECTS DANS LE MILIEU MÉDIATIQUE NUMÉRIQUE
Susanna Lindberg
Conscience et mimésis. Bernard Stiegler et la question du cinéma
Pierre Cassou-Noguès
Désynchronisation des consciences et travail zombie
Noel Fitzpatrick
La techno-esthétique et la question du glitch
ENJEUX POLITIQUES ET CULTURELS DE L'ORGANOLOGIE : VITESSE, COURTS-CIRCUITS, IDIOMATICITÉ ET IDIOTIE
Daniel Ross
Court-circuits et chocs anaphilactiques à l'ère du capitalisme computationnel
Pieter Lemmens
Étendre la noosphère et ré-élever l'anthropos.
Héctor G. Castaño
L'autre lettre : pharmacologie de la différence culturelle
Ludovic Duhem
L'oubli d'Icare. L'autre idiot.
MARGES ET CONTROVERSES
N'Dré Sam Beugré
Solidarité et communauté : penser aujourd'hui avec Jan Patočka
Loubna Abahani
Henri Bergson ou l'universel devenir dans La Pensée et le Mouvant
Rachid Boutayeb
Adorno interculturel. La langue comme idéologie dans la pensée arabe contemporaine
retour au descriptif
Comment concevoir et réaliser des plateformes numériques au service des relations sociales et intergénérationnelles, aujourd’hui menacées par les applications addictives et l’économie des données ? Comment intégrer dans les dispositifs computationnels des fonctions délibératives et interprétatives ? Comment transformer les technologies numériques en supports de mémoire et de savoirs ? Comment mettre les algorithmes au service de l’intelligence collective ? En un mot, comment prendre soin de l’informatique pour les générations actuelles et à venir ?
Ce livre interroge la manière dont les supports techniques configurent nos capacités psychiques et nos relations collectives, et propose des solutions pour concevoir de nouveaux dispositifs et de nouvelles pratiques, afin de mettre les technologies numériques au service de la production et de la transmission de savoirs, ainsi que des liens entre les générations.
https://www.fypeditions.com/prendre-soin-de-linformatique-et-des-generations-hommage-a-bernard-stiegler/
PARTIE 1 : REPENSER L’INFORMATIQUE THEORIQUE
Chapitre 1 — Vers une nouvelle informatique théorique : de l’information à l’exosomatisation, enjeux philosophiques, économiques et politiques
Anne Alombert — Vers une organologie de l’esprit : « peanser » l’exosomatisation de la noèse à l’époque du « screen new deal »
David Bates — La technologie et la culture de la raison, avant l’ordinateur numérique
Mathieu Triclot — Trouble dans la grammatisation : ontologie et politique de l’information dans la cybernétique américaine
Daniel Ross — Du marché de l’information à la pharmacologie du don
Chapitre 2 — Information et signification, de la vie endosomatique à la vie exosomatique : entre biologie et informatique
Maël Montévil — Il faut qu’il y ait en biologie théorique un symbole tel qu’il empêche de calculer
Giuseppe Longo — Entre information et sens
Chapitre 3 — Langues, langages, droit et technologies : des données calculables aux interprétations improbables
Jean Lassègue — Sur la construction collective des signes : l’Ancien Régime et la Révolution
Michał Krzykawski — De la langue à l’idiome. Un coup d’envoi pour une linguistique antientropique
Frédéric Kaplan — Les vingt premières années du capitalisme linguistique : enjeux globaux de la médiation algorithmique des langues
PARTIE 2 — RENOUER LES TECHNOLOGIES ET LES GENERATIONS
Chapitre 1 — L’individuation psychique et collective dans les milieux digitaux : images et désirs, attentions et addictions
Peter Szendy — De l’iconomie à l’écologie des images
Gerald Moore — Post-scriptum sur une société malade
Simon Woillet — Du capitalisme au confinalisme
Chapitre 2 — Éducations et capacitation dans l’ère post-véridique : technologies numériques, médias sociaux et savoirs transgénérationnels
Tyler Reigeluth — Instituer une technique à travers l’apprentissage scolaire
Franck Cormerais — Études digitales : interscience, hyperdocumentarité et intergénération
Victor Chaix — Quels savoirs numériques pour la génération Thunberg ?
Chapitre 3 — Recherche et design dans les milieux digitaux : des programmes aux bifurcations
Sébastien Massart — Par-delà calcul et design : habiter le virtuel
Samuel Huron et Tallulah Frappier — Pour une approche par le design des délibérations
Stéphane Crozat — Vers une ataraxie numérique : low-technicisation et convivialité
Vincent Puig — Prendre soin du numérique : l’enjeu d’un design de la contingence, de la rencontre et de la bienveillance
Lettre de Hans Ulrich Obrist et Bernard Stiegler à António Guterres
L’avertissement
Introduction. Décarbonation et déprolétarisation
Bernard Stiegler avec Paolo Vignola et Mitra Azar
Chapitre premier. Anthropocène, exosomatisation et néguentropie
Maël Montévil, Bernard Stiegler, Giuseppe Longo, Ana Soto, Carlos Sonnenschein
Chapitre deux. Localités, territoires et urbanité à l’âge des plateformes et confrontés aux défis de l’ère Anthropocène
Giacomo Gilmozzi, Olivier Landau, Bernard Stiegler, David Berry, Sara Baranzoni, Pierre Clergue, Anne Alombert
Chapitre trois. Économie contributive, processus territoriaux de capacitation et nouvelles modalités comptables
Clément Morlat, Olivier Landau, Théo Sentis, Franck Cormerais, Anne Alombert et Michał Krzykawski
Chapitre quatre. Recherche contributive et sculpture sociale de soi
Noel Fitzpatrick, Anne Alombert, Colette Tron, Glenn Loughran, Yves Citton, Bernard Stiegler
Chapitre cinq. Internation et nations
Michał Krzykawski, Edoardo Toffoletto et Bernard Stiegler
Chapitre six. Internation et institutions
Michał Krzykawski, Edoardo Toffoletto et Bernard Stiegler
Chapitre sept. Design contributif et technologies numériques délibératives : vers une générativité sociale dans les sociétés automatiques
Anne Alombert, Vincent Puig et Bernard Stiegler
Chapitre huit. Ethos et technologies
Michał Krzykawski et Susanna Lindberg
Chapitre neuf. La désintoxication planétaire et la neurobiologie de l’effondrement écologique
Gerald Moore, Nikolaos A. Mylonas, Marie-Claude Bossiere, Anne Alombert et Marco Pavanini
Chapitre dix. Carbone et silicium
Daniel Ross
Sommaire
Introduction : expérience humaine et sciences de l’homme
Camille Chamois
Présentation de l’ouvrage et résumé des chapitres
Anne Alombert et Camille Chamois
Le statut de l’humain dans le discours philosophique
L’humain et la philosophie
Jean-Michel Salanskis
Déconstruction et transformation de la question
du « propre de l’homme ». Derrida et Simondon
face au problème de la différence anthropologique
Anne Alombert
La réalité en perspective. Le réalisme comme critère
de la différence anthropologique
Camille Chamois
Humain, trans-humain et post-humain
Cybernétique et Transhumanisme chez Norbert Wiener
Benjamin Norguet
Compagnonnages trans-espèces et post-humanismes
dans un monde sans gravité
Ségolène Guinard
La langue, le langage et l’humain
Herméneutique et rationalités
Christian Berner
Langage, logique et rationalités
Manuel Rebuschi
Dé-marque et pro-nomination : pour une autre
phénoménologie de la languécriture
Katy Barasc
Art, humanité et inhumanité
Humanité et inhumanité de l’homme
Anna Szyjkowska-Piotrowska
My/is(t)ère de la sensibilité. Lyotard et la force
de l’inhumain
Monika Murawska
Le jeu : entre art, humain, inhumain
Alice Koubová
Penser le devenir des savoirs dans l'exosomatisation numérique.
Hommage à la pensée de Bernard Stiegler.
Enregistrements des séances :
https://organoesis.org/recherches/de-la-philosophie-a-lorganologie-colloque-dhommage-a-la-pensee-de-bernard-stiegler
https://www.editions-allia.com/fr/livre/961/schizophrenie-numerique
Depuis l’émergence de l’informatique et de la cybernétique à la fin des années 50, jusqu’aux smartphones et autres objets connectés qui caractérisent aujourd’hui nos sociétés, les technologies numériques ont désormais envahi toutes les sphères de l’existence.
Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure d’un tel bouleversement. À l’inverse, le modèle industriel de la Silicon Valley s’est imposé, à travers des dispositifs que leurs créateurs eux-mêmes ne semblent plus maîtriser. Alors que les discours transhumanistes ne jurent que par les progrès exponentiels des “machines intelligentes” ou de la “réalité virtuelle”, on ne compte plus les études scientifiques décrivant la nocivité des écrans ou les dangers des réseaux sociaux. Les dispositifs numériques fondés sur la collecte massive de données et la captation des attentions des usagers ont aujourd’hui donné lieu à toutes sortes de psychopathologies qui semblent menacer les facultés de pensée. Et si le mythe d’une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique servait tout simplement à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ?
S’il est aujourd’hui urgent d’abandonner la métaphysique transhumaniste qui identifie le cerveau à l’ordinateur et assimile l’esprit à un traitement de données, il ne peut s’agir pour autant de retomber dans une opposition classique entre l’humain et la machine. Bien au contraire : nos esprits ne sont pas dans nos têtes ou dans nos neurones, ils circulent entre les individus et les générations, à travers des milieux toujours à la fois techniques, symboliques et sociaux. D’où l’importance de prendre soin de nos milieux numériques et de ne pas laisser une poignée d’acteurs hégémoniques et privatisés s’en emparer. D’où la nécessité, autrement dit, de faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits.
https://www.fayard.fr/livre/le-capital-que-je-ne-suis-pas-9782213727240/
Non, l’intelligence artificielle n’a rien d’intelligent. En collectant les savoirs humains, elle ne peut produire que la moyennisation et le mimétisme. Qui plus est, cette collecte s’opère à des fins lucratives, transformant notre vie quotidienne en source de profits.
Formant un tandem inattendu, une philosophe et un économiste nous proposent une analyse croisée de ce grand mouvement de capitalisation des êtres. Ils démontrent que les logiques sous-jacentes au développement de l’IA sont loin de l’objectivité scientifique ou de la neutralité politique, et que les algorithmes engendrent le risque d’une disparition du corps et d’une automatisation des esprits.
Mais ce livre est surtout une invitation à la résistance et à l’invention de nouvelles manières de vivre, en renouant avec le paradigme des communs et de l’économie contributive.
http://catalogue-editions.ens-lyon.fr/fr/livre/?GCOI=29021100646930&fa=author&person_ID=7523
Résumé
Les pensées de Gilbert Simondon et de Jacques Derrida n'ont jamais été étudiées de manière conjointe, alors même que les deux auteurs partagent un contexte historique, un milieu théorique ainsi qu'un ensemble de problématiques communes qui anime leurs réflexions dans le champ philosophique des années 1960.
Ce livre propose de remédier à ce manque en confrontant les pensées des deux auteurs autour de trois grandes questions : celle de la métaphysique et des rapports entre philosophie et sciences, celle de l'humain et des rapports entre vie et conscience, et celle de la technique et des rapports entre mémoire et archives.
Autant d'interrogations qui ressurgissent aujourd'hui, face aux menaces de l'Anthropocène et du transhumanisme.
L'articulation des pensées de Simondon et de Derrida constitue ainsi une ressource fondamentale pour dépasser les oppositions entre animalité et humanité, nature et culture ou nature et technique. Elle permet de repenser les rapports entre vie, technique et esprit hors des schémas dualistes, ainsi que d'appréhender les enjeux anthropologiques des mutations technologiques contemporaines.
Depuis l’émergence de l’informatique et de la cybernétique à la fin des années 50, jusqu’aux smartphones et autres objets connectés qui caractérisent aujourd’hui nos sociétés, les technologies numériques ont désormais envahi toutes les sphères de l’existence.
Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure d’un tel bouleversement. À l’inverse, le modèle industriel de la Silicon Valley s’est imposé, à travers des dispositifs que leurs créateurs eux-mêmes ne semblent plus maîtriser. Alors que les discours transhumanistes ne jurent que par les progrès exponentiels des “machines intelligentes” ou de la “réalité virtuelle”, on ne compte plus les études scientifiques décrivant la nocivité des écrans ou les dangers des réseaux sociaux. Les dispositifs numériques fondés sur la collecte massive de données et la captation des attentions des usagers ont aujourd’hui donné lieu à toutes sortes de psychopathologies qui semblent menacer les facultés de pensée. Et si le mythe d’une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique servait tout simplement à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ?
S’il est aujourd’hui urgent d’abandonner la métaphysique transhumaniste qui identifie le cerveau à l’ordinateur et assimile l’esprit à un traitement de données, il ne peut s’agir pour autant de retomber dans une opposition classique entre l’humain et la machine. Bien au contraire : nos esprits ne sont pas dans nos têtes ou dans nos neurones, ils circulent entre les individus et les générations, à travers des milieux toujours à la fois techniques, symboliques et sociaux.
D’où l’importance de prendre soin de nos milieux numériques et de ne pas laisser une poignée d’acteurs hégémoniques et privatisés s’en emparer. D’où la nécessité, autrement dit, de faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits.