Présentation « Au nom de Dieu tout de miséricorde, le Miséricordieux, Dis : Je cherche refuge auprès du Seigneur de l'aube contre le mal dans ses créatures, contre le mal de la nuit ténébreuse, contre le mal de celles qui soufflent sur...
morePrésentation « Au nom de Dieu tout de miséricorde, le Miséricordieux, Dis : Je cherche refuge auprès du Seigneur de l'aube contre le mal dans ses créatures, contre le mal de la nuit ténébreuse, contre le mal de celles qui soufflent sur les noeuds, contre l'envie des envieux » (Sourate 113, l'Aube). Durant plusieurs années, Kasra Vafadari, natif d'Iran, ancien étudiant en Angleterre et citoyen français, a enseigné à Paris X-Nanterre la langue anglaise. Passionné d'histoire, il avait aussi rejoint notre équipe, GEDEOM (Genèse des Etats et des Droits de l'Europe et de l'Orient Méditerranéen) à l'UFR de Sciences Juridiques pour faire étudier aux futurs juristes, parmi d'autres institutions du Proche-Orient, celles de l'Iran préislamique. La liberté d'étudier, de penser et de s'exprimer n'est pas partout et toujours appréciée et certains de nos contemporains préfèrent aux complexités et aux incertitudes du mouvement historique la trompeuse simplicité d'une pseudo-histoire. Peu après avoir pris la charge de son enseignement, Kasra avait animé une table-ronde sur l'histoire des minorités religieuses au Proche-Orient et il y avait dit, incidemment mais franchement, ce qu'il pensait de la situation en Iran ; l'été suivant, alors qu'il débarquait à l'aéroport de Téhéran, de zélés personnages le retinrent en sous-sol pour lui reprocher ses paroles. Pour son bien. A l'Université, cette même franchise et son intérêt pour l'Iran agaçaient un peu certains collègues, ils le lui disaient parfois. Pour son bien aussi. Le 17 mai 2005, notre collègue et ami tombait sous le couteau d'un soi-disant exilé iranien. Affaire privée, commentait aussitôt l'AFP. Un an a passé. Kasra a sa stèle au Père Lachaise où il a été incinéré. Malgré les scénarios fabriqués-avec les habituelle ficelles un peu grosses-, malgré les mensonges ou les silences, on commence à mieux comprendre pourquoi il est mort. Depuis longtemps, Kasra pratiquait une culture laïque des lumières et des libertés. Son père et sa mère s'y étaient déjà consacrés. Son père, gentleman farmer zoroastrien, avait souhaité donner la terre aux paysans pour qu'elle soit mieux cultivée ; sa mère, sage-femme, avait en ses jeunes années espéré un monde « où l'homme a pris grandeur nature sa voie par-dessus les forêts ». Cette mère, à Téhéran, avait des terrains qu'occupaient de peu scrupuleux squatters. Il y a quelques années, des promoteurs virent plus grand et n'hésitèrent pas à y bâtir. Au prix qu'atteint le m2 dans les villes, l'affaire était d'autant plus belle que le terrain n'avait rien coûté. Qui dirigeait alors la municipalité et qui accorda à ces entreprenants affairistes un permis de construire manifestement illicite, mieux vaut ne pas y insister. Il y a trois ans, après un long procès, une cour de justice iranienne, se montrant digne de ce nom, reconnut le bon droit des héritiers et leur accorda de très fortes sommes. Kasra décida de les employer à fonder deux centres culturels, l'un à Yazd, l'autre à Kirman. Un film tourné à cette occasion montre l'inauguration de la Maison de Yazd, au centre même de la ville, dans un palais restauré pour l'occasion. Il ne laisse aucun doute sur l'ampleur et le succès de son activité : on y voit les travaux entrepris, les discours des autorités locales, la musique, les chants et les danses, la joie des assistants. Quelques regards inquiets aussi. Car chanter et danser, est-ce bien légitime ?… Certains ne le pensent pas, parfois même ils n'y voient pas matière à débat mais à châtiment expéditif.