L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il... more L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il est : un lieu commun stéréotypé qui, s’il ne manque pas d’à-propos, semble surtout le fruit d’une tradition critique désireuse d’établir une spécificité littéraire distinguant la production belge francophone de celle de l’Hexagone. À titre d’exemple, il sera question de l’activité menée par les surréalistes du groupe de Bruxelles, plus particulièrement par Paul Nougé et René Magritte, dont la poétique s’est non seulement révélée stratégique pour exister en dehors du giron d’André Breton, mais a aussi contribué à pérenniser, en l’actualisant, la logique du décalage à l’œuvre dans un pays si souvent qualifié de « surréaliste ». This paper aims to question the common assumption of Belgian literature as “offbeat” (“décalée”) for what it is: a common stereotype which surely stems from some accurate observations but mostly from a critical desire to establish a literary identity able to distinguish Belgian productions from French ones. The analysis will focus on the production of the surrealist “groupe de Bruxelles”, more specifically the collaboration between Paul Nougé and René Magritte. Their poetics not only served as a strategic means to exist outside of André Breton’s influence, but also contributed to actualize and perpetuate the offbeat tradition of a country so often labelled as “surreal”.
Une analyse du caractère précurseur de la poétique déployée par Paul Nougé, au regard des travaux... more Une analyse du caractère précurseur de la poétique déployée par Paul Nougé, au regard des travaux de l'Oulipo et de la Remix Culture actuelle.
As an introduction to a thematical issue on methodology in literary studies, this article aims to... more As an introduction to a thematical issue on methodology in literary studies, this article aims to present a large span of methodological approaches that have filtered down in analytical practices as intuitions that reasearchers now tend to readapt or overcome.
En introduction d'un numéro thématique consacré à la créativité méthodologique qu'appelle les étu... more En introduction d'un numéro thématique consacré à la créativité méthodologique qu'appelle les études littéraires, en particuliers les versants de l'analyse et de l'interprétation, cet article propose de mener un tour d'horizon des principaux travaux méthodologiques ayant fait date, ainsi que de la manière dont ils constituent désormais une base souvent intuitive pour les chercheurs désireux de les adapter ou de les dépasser.
La postface explore une multiplicité de lectures envisageables pour appréhender un des romans les... more La postface explore une multiplicité de lectures envisageables pour appréhender un des romans les plus ambitieux de Dominique Rolin, le considérant tantôt comme un récit de soi (entre autofiction et roman familial), tantôt comme un texte à la double imprégnation : parisienne (eu égard à l'influence du Nouveau Roman) et belge (en le replaçant dans le giron du réalisme magique).
Partant du paradoxe qui veut qu’un texte donne à voir une image qu’il refuse pourtant de reprodui... more Partant du paradoxe qui veut qu’un texte donne à voir une image qu’il refuse pourtant de reproduire effectivement, ne la rendant par conséquent jamais visible, il s’agit de réfléchir aux processus textuels de figurabilité. La réflexion s’appuie sur un ensemble de textes à vocations théoriques et méthodologique qui se sont évertués à définir la complexité des rapports contemporains entre le textuel et le visuel, et aboutit sur l’idée d’une efficacité iconique à l’œuvre dans les textes narratifs.
L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il... more L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il est : un lieu commun stéréotypé qui, s’il ne manque pas d’à-propos, semble surtout le fruit d’une tradition critique désireuse d’établir une spécificité littéraire distinguant la production belge francophone de celle de l’Hexagone. À titre d’exemple, il sera question de l’activité menée par les surréalistes du groupe de Bruxelles, plus particulièrement par Paul Nougé et René Magritte, dont la poétique s’est non seulement révélée stratégique pour exister en dehors du giron d’André Breton, mais a aussi contribué à pérenniser, en l’actualisant, la logique du décalage à l’œuvre dans un pays si souvent qualifié de « surréaliste ».
This paper aims to question the common assumption of Belgian literature as “offbeat” (“décalée”) for what it is: a common stereotype which surely stems from some accurate observations but mostly from a critical desire to establish a literary identity able to distinguish Belgian productions from French ones. The analysis will focus on the production of the surrealist “groupe de Bruxelles”, more specifically the collaboration between Paul Nougé and René Magritte. Their poetics not only served as a strategic means to exist outside of André Breton’s influence, but also contributed to actualize and perpetuate the offbeat tradition of a country so often labelled as “surreal”.
L'article analyse comment le traumatisme du 11 septembre a été réintégré par le roman "Falling Ma... more L'article analyse comment le traumatisme du 11 septembre a été réintégré par le roman "Falling Man" de Don DeLillo, d'une façon interroge moins les répercussions géopolitiques de l'événement et de sa surmédiatisation que leur gestion individuelle et intime.
Réf. : Tomasz Swoboda et Jean-Louis Tilleuil, "Raconter, un acte culturellement marqué", Louvain-la-Neuve, Academia, 2023 (Coll. Texte-Image, 11), pp. 107-119.
L’imbrication de l’esthétique et du politique est une constante dans l’oeuvre protéiforme de l’éc... more L’imbrication de l’esthétique et du politique est une constante dans l’oeuvre protéiforme de l’écrivaine Véronique Bergen (née à Bruxelles en 1962). Elle éclate de façon exemplaire dans trois de ses plus récents romans, qui érigent la polyphonie en dispositif singulier, susceptible d’apporter une réponse esthétique aux questionnements politiques soulevés dans chacun d’eux. Le geste de Bergen s’écarte de la traditionnelle opposition entre fait et fiction, il devient un geste créateur qui touche notamment à la problématique du droit et de la légitimité capable d’adresser les crises écologique et démocratique. S’appuyant sur ces trois romans (Tous doivent être sauvés ou aucun, Onlit, 2018 ; Kaspar Hauser ou la phrase préférée du vent, publié en 2008 aux Éditions Denoël, réédité et remanié dans la collection Espace Nord en 2019 et Guérilla, Onlit, 2019), la présente contribution analysera la relation entre mémoire(s) et spectralité, entre corps et langage, afin de mettre en lumière la manière dont la littérature marque une forme de défiance à l’égard du langage, et l’interroge en tant que premier instrument de la domination.
Museums in Literature. Fictionalising Museums, World Exhibitions, and Private Collections, 2022
À ce jour, Jean-Philippe Toussaint s’est prêté au jeu de l’exposition muséale à de nombreuses rep... more À ce jour, Jean-Philippe Toussaint s’est prêté au jeu de l’exposition muséale à de nombreuses reprises, et avec plusieurs casquettes, dont principalement celle de photographe et celle d’écrivain. De Bruxelles à Kyoto, en passant par Toulouse, Pau ou encore Shanghai, Toussaint évolue au sein d’un monde global et globalisé. Parmi ses expositions les plus importantes, figurent sans aucun doute Images de Jean-Philippe Toussaint, qui passe à Canton en 2009, Livre/Louvre à Paris en 2012 et celle qui s’est déroulée durant l’été 2019 au Musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux : Jean-Philippe Toussaint décoratif. À l’occasion de cette dernière, qui fait se confondre l’objet livresque et l’objet décoratif, l’auteur publie un petit folio à faible tirage, qu’il intitule La Chaise. Il confirme dans ce texte une intuition que peut développer tout lecteur de son œuvre et tout public des expositions qui lui sont consacrées ou dont il prend la charge : que ce qui importe pour le créateur, c’est que l’objet qu’il crée, en l’occurrence une chaise, un objet textuel, un texte réifié, « exprime quelque chose de [lui], [qu’il] relève de l’autoportrait » (Toussaint, Chaise 16). Il n’est plus à démontrer que l’autoportrait, surtout en ce qu’il s’exécute en décalage avec les normes de la représentation mimétique, relève d’une forme d’obsession matricielle dans l’œuvre de Toussaint ; une obsession qui doit quelque chose aux musées qui l’habitent, aux musées qu’il habite.
Sorte de catalyseur, le personnage de Marie impose à la tétralogie de Toussaint une rythmique, ba... more Sorte de catalyseur, le personnage de Marie impose à la tétralogie de Toussaint une rythmique, battue à mesure que ses manifestations fascinent et subjuguent le narrateur. L’action ne saurait alors se réduire à une simple succession de péripéties. Bien au contraire, la matière littéraire s’étoffe plutôt au moyen de ce que Marie, par l’activation de son image, engendre, crée et cultive un réseau de références qui happent le lecteur et le narrateur, tout autant qu’elles permettent à l’auteur d’adresser ce qui, aujourd’hui, continue de faire oeuvre (d’art).
Faut-il lire Truffaut pour se convaincre de devenir écrivain plutôt que cinéaste ? C'est, semblet... more Faut-il lire Truffaut pour se convaincre de devenir écrivain plutôt que cinéaste ? C'est, semblet-il, le chemin qui a mené Jean-Philippe Toussaint à la littérature. S'il n'a pas pour autant totalement renoncé à passer derrière la caméra, se désignant « à la fois écrivain et cinéaste », comme en témoignent ses trois longs métrages et ses courts métrages, c'est au roman que l'écrivain a consacré la meilleure part de sa carrière. Jusqu’ici, les travaux sur cette question se sont cantonnés à l’analyse d’un dispositif, n’effleurant qu’à peine la question de la présence du cinéma dans ses romans, n’identifiant jamais vraiment dans quel type d’imaginaire filmique s’ancre l’œuvre de l’écrivain belge. Si celui-ci mentionne plus volontiers ses influences littéraires, une vaste culture cinématographique affleure dans ses textes. Chez lui, le cinéma ne saurait se réduire à une inspiration parmi d’autres. Il agit plutôt comme une impulsion susceptible à la fois de donner un ton au récit, ou de déployer une série de motifs et de techniques narratives à même de vivifier la narration romanesque. À considérer ensemble La Réticence (1991), la tétralogie M.M.M.M. (2002-2013) et La Clé USB (2019), il apparaît que ces trois œuvres, les plus romanesques au sein de sa production, sont aussi celles qui déploient le plus grand nombre de références au cinéma – en particulier aux codes du noir et, plus largement, du cinéma américain des Trente Glorieuses.
Résiliences et modernités dans les littératures francophones, 2021
Auteur d’une des productions littéraires les plus vastes et diversifiées du XXe siècle en Belgiqu... more Auteur d’une des productions littéraires les plus vastes et diversifiées du XXe siècle en Belgique, Paul Willems (1912-1997) s’est illustré aussi bien par sa prose que par son théâtre, tous deux exemplaires du réalisme magique qui se déploie en Belgique francophone. Marquant le retour de l’écrivain anversois à la fiction narrative, le recueil de nouvelles La Cathédrale de brume, paru en 1983, se présente à la fois comme la synthèse et le prolongement des interrogations qu’il a menées tout au long de sa carrière littéraire, par ailleurs envisagée comme le reflet d’une « mémoire perdue » à recouvrir. La succession de deux guerres ayant mis à mal le mythe fondateur de la Belgique, l’idée d’une mémoire trouée en son centre rejoint le phénomène de déshistoire, qui gangrène autant qu’il renouvelle un imaginaire belge francophone qui interroge de plus en plus son défaut d’identité linguistique et culturelle propre. Cela se traduit dans les textes de plusieurs auteur(e)s – dont Paul Willems, Dominique Rolin et Guy Vaes –, aux esthétiques partagées (celles du fragment, du manque, etc.), notamment en ce qui concerne leur rapport à l’image. À ce titre, le recueil de Willems propose une exploration résolument moderne de cette question, non seulement par une compréhension manifeste des évolutions en termes de représentabilité que connait la seconde moitié du XXe siècle , mais aussi par la manière dont celles-ci permettent de se situer et d’avancer dans un réel toujours plus trouble, rapide et indifférent à ce qui le précède.
Dominique Rolin chaussait-elle du 38 ? C'est ce que laisse supposer la boîte à chaussures conserv... more Dominique Rolin chaussait-elle du 38 ? C'est ce que laisse supposer la boîte à chaussures conservée dans la reconstitution de son bureau aux Archives & Musée de la Littérature… Évidemment, la valeur d'archive de cette boîte à chaussures dépasse de loin la simple indication des mensurations podales de l'écrivain, dans la mesure où elle abrite des objets dont les dimensions sont tout aussi adéquates pour y tenir, en l'occurrence une collection de cartes postales qui, pour la plupart, ont été adressées à Rolin. Fétichisime de l'image, fenêtre ouverte sur un ailleurs qu'ont envie de partager des êtres chers, sentimentalisme envers une pensée amicale à soi adressée, etc. : les raisons de collectionner des cartes postales sont aussi subjectives que nombreuses et combinables. L'écrivain ne fait pas exception à cet égard, au fil de ce XXe siècle où le commerce des vues postales n'avait pas encore laissé la place à la dématérialisation des supports iconographiques. Pourquoi un écrivain garde-t-il une série de cartes postales, à plus forte raison séparément du reste de sa correspondance littéraire ?
Dès 1924, l’entreprise surréaliste lancée à Bruxelles par Paul Nougé parvient à se distinguer de ... more Dès 1924, l’entreprise surréaliste lancée à Bruxelles par Paul Nougé parvient à se distinguer de celle ayant cours à Paris par une série de principes dont le plus paradoxalement programmatique consiste en le refus pur et simple de faire œuvre. Cela n’empêche pas Nougé de rapidement se distinguer, aussi bien à l’époque qu’aux yeux de l’histoire littéraire, comme un des principaux animateurs du groupe et théoricien du mouvement surréaliste. En recourant à l’appareillage de l’analyse discursive (les notions d’ethos et de posture, spécifiquement), l’article interroge la façon dont l’auteur nougéen s’est effacé derrière l’énoncé nougéen. En d’autres mots, comment Nougé s’est-il construit une autorité publique, une auctorialité dont les stratégies lui ont permis d’asseoir sa position de chef de file et de tête pensante du surréalisme de Bruxelles, sans pour autant renoncer à son désir d’abolir l’idée d’œuvre ?
Francophonie vivante. Revue semestrielle de l'Association Charles Plisnier asbl, 2019
La question de la mémoire imbibe les textes de Willems, que ce soit sous la forme d’un imaginaire... more La question de la mémoire imbibe les textes de Willems, que ce soit sous la forme d’un imaginaire fondé dans l’enfance de l’auteur (notamment dans les jardins du domaine de Missembourg) et qu’il ne cesse de réinvestir au fil de ses textes ou sous celle d’une réflexion sur la valeur du souvenir et celle de la trace que laisse le temps après son passage. Elle permet d’articuler les nombreux motifs mobilisés tout au long de sa carrière et d’en révéler le mouvement singulier : celui d'une poétique de l'archive qui donne son impulsion à la création et accompagne la plume de celui qui avait pour dernière ambition de fonder un « musée des épaves », demeuré inachevé.
En août 2010, Jean-Philippe Toussaint publie dans le magazine allemand Monopol un bref texte qui ... more En août 2010, Jean-Philippe Toussaint publie dans le magazine allemand Monopol un bref texte qui met en scène sa rencontre avec Jeff Koons pendant les 24 Heures du Mans. Quelques jours plus tard, Michel Houellebecq publie La Carte et le territoire, qui s'ouvre sur la description d'un tableau fictif représentant Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l'art. Cette réappropriation soudaine du plasticien américain par la littérature de langue française est sans doute emblématique d'un phénomène qui touche à la façon dont l'évolution des arts plastiques pousse la littérature, art du verbe de plus en plus perdu dans une société de l'image et de l'immédiateté, à se réinventer.
Né dans un giron journalistique et multimédia pleinement assumé, « Le Mans » est emblématique de la production toussanctienne dans la mesure où il propose un support mutable, sans cadre générique fixe, qui lui permet d'être aussi bien le récit préfaciel d'un vaste Autoportrait (à l'étranger) qu'une anecdote, surgie telle une luciole qui brille aux yeux du lecteur, permettant de combler un trou dans la chronologie des grands championnats internationaux de football des quinze premières années du XXIe siècle.
Compte-rendu de l'exposition "Paul Willems : le ludique et le tragique", organisée par les Archiv... more Compte-rendu de l'exposition "Paul Willems : le ludique et le tragique", organisée par les Archives et Musée de la Littérature (Bruxelles), du 20 juin 2018 au 19 octobre 2018.
Commissaires d'exposition : Christophe Meurée et Saskia Bursens
L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il... more L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il est : un lieu commun stéréotypé qui, s’il ne manque pas d’à-propos, semble surtout le fruit d’une tradition critique désireuse d’établir une spécificité littéraire distinguant la production belge francophone de celle de l’Hexagone. À titre d’exemple, il sera question de l’activité menée par les surréalistes du groupe de Bruxelles, plus particulièrement par Paul Nougé et René Magritte, dont la poétique s’est non seulement révélée stratégique pour exister en dehors du giron d’André Breton, mais a aussi contribué à pérenniser, en l’actualisant, la logique du décalage à l’œuvre dans un pays si souvent qualifié de « surréaliste ». This paper aims to question the common assumption of Belgian literature as “offbeat” (“décalée”) for what it is: a common stereotype which surely stems from some accurate observations but mostly from a critical desire to establish a literary identity able to distinguish Belgian productions from French ones. The analysis will focus on the production of the surrealist “groupe de Bruxelles”, more specifically the collaboration between Paul Nougé and René Magritte. Their poetics not only served as a strategic means to exist outside of André Breton’s influence, but also contributed to actualize and perpetuate the offbeat tradition of a country so often labelled as “surreal”.
Une analyse du caractère précurseur de la poétique déployée par Paul Nougé, au regard des travaux... more Une analyse du caractère précurseur de la poétique déployée par Paul Nougé, au regard des travaux de l'Oulipo et de la Remix Culture actuelle.
As an introduction to a thematical issue on methodology in literary studies, this article aims to... more As an introduction to a thematical issue on methodology in literary studies, this article aims to present a large span of methodological approaches that have filtered down in analytical practices as intuitions that reasearchers now tend to readapt or overcome.
En introduction d'un numéro thématique consacré à la créativité méthodologique qu'appelle les étu... more En introduction d'un numéro thématique consacré à la créativité méthodologique qu'appelle les études littéraires, en particuliers les versants de l'analyse et de l'interprétation, cet article propose de mener un tour d'horizon des principaux travaux méthodologiques ayant fait date, ainsi que de la manière dont ils constituent désormais une base souvent intuitive pour les chercheurs désireux de les adapter ou de les dépasser.
La postface explore une multiplicité de lectures envisageables pour appréhender un des romans les... more La postface explore une multiplicité de lectures envisageables pour appréhender un des romans les plus ambitieux de Dominique Rolin, le considérant tantôt comme un récit de soi (entre autofiction et roman familial), tantôt comme un texte à la double imprégnation : parisienne (eu égard à l'influence du Nouveau Roman) et belge (en le replaçant dans le giron du réalisme magique).
Partant du paradoxe qui veut qu’un texte donne à voir une image qu’il refuse pourtant de reprodui... more Partant du paradoxe qui veut qu’un texte donne à voir une image qu’il refuse pourtant de reproduire effectivement, ne la rendant par conséquent jamais visible, il s’agit de réfléchir aux processus textuels de figurabilité. La réflexion s’appuie sur un ensemble de textes à vocations théoriques et méthodologique qui se sont évertués à définir la complexité des rapports contemporains entre le textuel et le visuel, et aboutit sur l’idée d’une efficacité iconique à l’œuvre dans les textes narratifs.
L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il... more L’article se propose d’envisager le lieu commun d’une littérature belge « décalée » pour ce qu’il est : un lieu commun stéréotypé qui, s’il ne manque pas d’à-propos, semble surtout le fruit d’une tradition critique désireuse d’établir une spécificité littéraire distinguant la production belge francophone de celle de l’Hexagone. À titre d’exemple, il sera question de l’activité menée par les surréalistes du groupe de Bruxelles, plus particulièrement par Paul Nougé et René Magritte, dont la poétique s’est non seulement révélée stratégique pour exister en dehors du giron d’André Breton, mais a aussi contribué à pérenniser, en l’actualisant, la logique du décalage à l’œuvre dans un pays si souvent qualifié de « surréaliste ».
This paper aims to question the common assumption of Belgian literature as “offbeat” (“décalée”) for what it is: a common stereotype which surely stems from some accurate observations but mostly from a critical desire to establish a literary identity able to distinguish Belgian productions from French ones. The analysis will focus on the production of the surrealist “groupe de Bruxelles”, more specifically the collaboration between Paul Nougé and René Magritte. Their poetics not only served as a strategic means to exist outside of André Breton’s influence, but also contributed to actualize and perpetuate the offbeat tradition of a country so often labelled as “surreal”.
L'article analyse comment le traumatisme du 11 septembre a été réintégré par le roman "Falling Ma... more L'article analyse comment le traumatisme du 11 septembre a été réintégré par le roman "Falling Man" de Don DeLillo, d'une façon interroge moins les répercussions géopolitiques de l'événement et de sa surmédiatisation que leur gestion individuelle et intime.
Réf. : Tomasz Swoboda et Jean-Louis Tilleuil, "Raconter, un acte culturellement marqué", Louvain-la-Neuve, Academia, 2023 (Coll. Texte-Image, 11), pp. 107-119.
L’imbrication de l’esthétique et du politique est une constante dans l’oeuvre protéiforme de l’éc... more L’imbrication de l’esthétique et du politique est une constante dans l’oeuvre protéiforme de l’écrivaine Véronique Bergen (née à Bruxelles en 1962). Elle éclate de façon exemplaire dans trois de ses plus récents romans, qui érigent la polyphonie en dispositif singulier, susceptible d’apporter une réponse esthétique aux questionnements politiques soulevés dans chacun d’eux. Le geste de Bergen s’écarte de la traditionnelle opposition entre fait et fiction, il devient un geste créateur qui touche notamment à la problématique du droit et de la légitimité capable d’adresser les crises écologique et démocratique. S’appuyant sur ces trois romans (Tous doivent être sauvés ou aucun, Onlit, 2018 ; Kaspar Hauser ou la phrase préférée du vent, publié en 2008 aux Éditions Denoël, réédité et remanié dans la collection Espace Nord en 2019 et Guérilla, Onlit, 2019), la présente contribution analysera la relation entre mémoire(s) et spectralité, entre corps et langage, afin de mettre en lumière la manière dont la littérature marque une forme de défiance à l’égard du langage, et l’interroge en tant que premier instrument de la domination.
Museums in Literature. Fictionalising Museums, World Exhibitions, and Private Collections, 2022
À ce jour, Jean-Philippe Toussaint s’est prêté au jeu de l’exposition muséale à de nombreuses rep... more À ce jour, Jean-Philippe Toussaint s’est prêté au jeu de l’exposition muséale à de nombreuses reprises, et avec plusieurs casquettes, dont principalement celle de photographe et celle d’écrivain. De Bruxelles à Kyoto, en passant par Toulouse, Pau ou encore Shanghai, Toussaint évolue au sein d’un monde global et globalisé. Parmi ses expositions les plus importantes, figurent sans aucun doute Images de Jean-Philippe Toussaint, qui passe à Canton en 2009, Livre/Louvre à Paris en 2012 et celle qui s’est déroulée durant l’été 2019 au Musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux : Jean-Philippe Toussaint décoratif. À l’occasion de cette dernière, qui fait se confondre l’objet livresque et l’objet décoratif, l’auteur publie un petit folio à faible tirage, qu’il intitule La Chaise. Il confirme dans ce texte une intuition que peut développer tout lecteur de son œuvre et tout public des expositions qui lui sont consacrées ou dont il prend la charge : que ce qui importe pour le créateur, c’est que l’objet qu’il crée, en l’occurrence une chaise, un objet textuel, un texte réifié, « exprime quelque chose de [lui], [qu’il] relève de l’autoportrait » (Toussaint, Chaise 16). Il n’est plus à démontrer que l’autoportrait, surtout en ce qu’il s’exécute en décalage avec les normes de la représentation mimétique, relève d’une forme d’obsession matricielle dans l’œuvre de Toussaint ; une obsession qui doit quelque chose aux musées qui l’habitent, aux musées qu’il habite.
Sorte de catalyseur, le personnage de Marie impose à la tétralogie de Toussaint une rythmique, ba... more Sorte de catalyseur, le personnage de Marie impose à la tétralogie de Toussaint une rythmique, battue à mesure que ses manifestations fascinent et subjuguent le narrateur. L’action ne saurait alors se réduire à une simple succession de péripéties. Bien au contraire, la matière littéraire s’étoffe plutôt au moyen de ce que Marie, par l’activation de son image, engendre, crée et cultive un réseau de références qui happent le lecteur et le narrateur, tout autant qu’elles permettent à l’auteur d’adresser ce qui, aujourd’hui, continue de faire oeuvre (d’art).
Faut-il lire Truffaut pour se convaincre de devenir écrivain plutôt que cinéaste ? C'est, semblet... more Faut-il lire Truffaut pour se convaincre de devenir écrivain plutôt que cinéaste ? C'est, semblet-il, le chemin qui a mené Jean-Philippe Toussaint à la littérature. S'il n'a pas pour autant totalement renoncé à passer derrière la caméra, se désignant « à la fois écrivain et cinéaste », comme en témoignent ses trois longs métrages et ses courts métrages, c'est au roman que l'écrivain a consacré la meilleure part de sa carrière. Jusqu’ici, les travaux sur cette question se sont cantonnés à l’analyse d’un dispositif, n’effleurant qu’à peine la question de la présence du cinéma dans ses romans, n’identifiant jamais vraiment dans quel type d’imaginaire filmique s’ancre l’œuvre de l’écrivain belge. Si celui-ci mentionne plus volontiers ses influences littéraires, une vaste culture cinématographique affleure dans ses textes. Chez lui, le cinéma ne saurait se réduire à une inspiration parmi d’autres. Il agit plutôt comme une impulsion susceptible à la fois de donner un ton au récit, ou de déployer une série de motifs et de techniques narratives à même de vivifier la narration romanesque. À considérer ensemble La Réticence (1991), la tétralogie M.M.M.M. (2002-2013) et La Clé USB (2019), il apparaît que ces trois œuvres, les plus romanesques au sein de sa production, sont aussi celles qui déploient le plus grand nombre de références au cinéma – en particulier aux codes du noir et, plus largement, du cinéma américain des Trente Glorieuses.
Résiliences et modernités dans les littératures francophones, 2021
Auteur d’une des productions littéraires les plus vastes et diversifiées du XXe siècle en Belgiqu... more Auteur d’une des productions littéraires les plus vastes et diversifiées du XXe siècle en Belgique, Paul Willems (1912-1997) s’est illustré aussi bien par sa prose que par son théâtre, tous deux exemplaires du réalisme magique qui se déploie en Belgique francophone. Marquant le retour de l’écrivain anversois à la fiction narrative, le recueil de nouvelles La Cathédrale de brume, paru en 1983, se présente à la fois comme la synthèse et le prolongement des interrogations qu’il a menées tout au long de sa carrière littéraire, par ailleurs envisagée comme le reflet d’une « mémoire perdue » à recouvrir. La succession de deux guerres ayant mis à mal le mythe fondateur de la Belgique, l’idée d’une mémoire trouée en son centre rejoint le phénomène de déshistoire, qui gangrène autant qu’il renouvelle un imaginaire belge francophone qui interroge de plus en plus son défaut d’identité linguistique et culturelle propre. Cela se traduit dans les textes de plusieurs auteur(e)s – dont Paul Willems, Dominique Rolin et Guy Vaes –, aux esthétiques partagées (celles du fragment, du manque, etc.), notamment en ce qui concerne leur rapport à l’image. À ce titre, le recueil de Willems propose une exploration résolument moderne de cette question, non seulement par une compréhension manifeste des évolutions en termes de représentabilité que connait la seconde moitié du XXe siècle , mais aussi par la manière dont celles-ci permettent de se situer et d’avancer dans un réel toujours plus trouble, rapide et indifférent à ce qui le précède.
Dominique Rolin chaussait-elle du 38 ? C'est ce que laisse supposer la boîte à chaussures conserv... more Dominique Rolin chaussait-elle du 38 ? C'est ce que laisse supposer la boîte à chaussures conservée dans la reconstitution de son bureau aux Archives & Musée de la Littérature… Évidemment, la valeur d'archive de cette boîte à chaussures dépasse de loin la simple indication des mensurations podales de l'écrivain, dans la mesure où elle abrite des objets dont les dimensions sont tout aussi adéquates pour y tenir, en l'occurrence une collection de cartes postales qui, pour la plupart, ont été adressées à Rolin. Fétichisime de l'image, fenêtre ouverte sur un ailleurs qu'ont envie de partager des êtres chers, sentimentalisme envers une pensée amicale à soi adressée, etc. : les raisons de collectionner des cartes postales sont aussi subjectives que nombreuses et combinables. L'écrivain ne fait pas exception à cet égard, au fil de ce XXe siècle où le commerce des vues postales n'avait pas encore laissé la place à la dématérialisation des supports iconographiques. Pourquoi un écrivain garde-t-il une série de cartes postales, à plus forte raison séparément du reste de sa correspondance littéraire ?
Dès 1924, l’entreprise surréaliste lancée à Bruxelles par Paul Nougé parvient à se distinguer de ... more Dès 1924, l’entreprise surréaliste lancée à Bruxelles par Paul Nougé parvient à se distinguer de celle ayant cours à Paris par une série de principes dont le plus paradoxalement programmatique consiste en le refus pur et simple de faire œuvre. Cela n’empêche pas Nougé de rapidement se distinguer, aussi bien à l’époque qu’aux yeux de l’histoire littéraire, comme un des principaux animateurs du groupe et théoricien du mouvement surréaliste. En recourant à l’appareillage de l’analyse discursive (les notions d’ethos et de posture, spécifiquement), l’article interroge la façon dont l’auteur nougéen s’est effacé derrière l’énoncé nougéen. En d’autres mots, comment Nougé s’est-il construit une autorité publique, une auctorialité dont les stratégies lui ont permis d’asseoir sa position de chef de file et de tête pensante du surréalisme de Bruxelles, sans pour autant renoncer à son désir d’abolir l’idée d’œuvre ?
Francophonie vivante. Revue semestrielle de l'Association Charles Plisnier asbl, 2019
La question de la mémoire imbibe les textes de Willems, que ce soit sous la forme d’un imaginaire... more La question de la mémoire imbibe les textes de Willems, que ce soit sous la forme d’un imaginaire fondé dans l’enfance de l’auteur (notamment dans les jardins du domaine de Missembourg) et qu’il ne cesse de réinvestir au fil de ses textes ou sous celle d’une réflexion sur la valeur du souvenir et celle de la trace que laisse le temps après son passage. Elle permet d’articuler les nombreux motifs mobilisés tout au long de sa carrière et d’en révéler le mouvement singulier : celui d'une poétique de l'archive qui donne son impulsion à la création et accompagne la plume de celui qui avait pour dernière ambition de fonder un « musée des épaves », demeuré inachevé.
En août 2010, Jean-Philippe Toussaint publie dans le magazine allemand Monopol un bref texte qui ... more En août 2010, Jean-Philippe Toussaint publie dans le magazine allemand Monopol un bref texte qui met en scène sa rencontre avec Jeff Koons pendant les 24 Heures du Mans. Quelques jours plus tard, Michel Houellebecq publie La Carte et le territoire, qui s'ouvre sur la description d'un tableau fictif représentant Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l'art. Cette réappropriation soudaine du plasticien américain par la littérature de langue française est sans doute emblématique d'un phénomène qui touche à la façon dont l'évolution des arts plastiques pousse la littérature, art du verbe de plus en plus perdu dans une société de l'image et de l'immédiateté, à se réinventer.
Né dans un giron journalistique et multimédia pleinement assumé, « Le Mans » est emblématique de la production toussanctienne dans la mesure où il propose un support mutable, sans cadre générique fixe, qui lui permet d'être aussi bien le récit préfaciel d'un vaste Autoportrait (à l'étranger) qu'une anecdote, surgie telle une luciole qui brille aux yeux du lecteur, permettant de combler un trou dans la chronologie des grands championnats internationaux de football des quinze premières années du XXIe siècle.
Compte-rendu de l'exposition "Paul Willems : le ludique et le tragique", organisée par les Archiv... more Compte-rendu de l'exposition "Paul Willems : le ludique et le tragique", organisée par les Archives et Musée de la Littérature (Bruxelles), du 20 juin 2018 au 19 octobre 2018.
Commissaires d'exposition : Christophe Meurée et Saskia Bursens
Cycle de conférences "Out of the Shadows : Woman and Literary Heritage ", 2023
5e séance du cycle de conférences "Out of the Shadows : Woman and Literary Heritage" organisé par... more 5e séance du cycle de conférences "Out of the Shadows : Woman and Literary Heritage" organisé par le projet FEATHER, Université du Luxembourg, Belval, 2023.
La communication a dressé un panorama des positionnements adoptés par des écrivaines belges de langue française vis-à-vis du centre parisien en privilégiant une approche de leurs œuvres selon l'angle de l'imaginaire. La réflexion, couvrant près d'un siècle de l'historiographie littéraire de Belgique francophone, s'est attardée sur les cas de Marie Gevers, Suzanne Lilar, Dominique Rolin, Christine Aventin et Véronique Bergen.
Colloque international "L’Autobiographie, une affaire de géométrie", 2022
A l’ère des Big Data où tout semble pouvoir et devoir être quantifié et mesuré, la logique des do... more A l’ère des Big Data où tout semble pouvoir et devoir être quantifié et mesuré, la logique des données est-elle devenue plus parlante, pertinente, ou évocatrice que celles des mots ? C’est ce que se propose d’interroger l’écrivain et scénariste belge Charly Delwart à travers sa "Databiographie" (2019). Le livre se présente comme l’autobiographie chiffrée d’un homme, relayée à travers des datas (à comprendre comme des informations chiffrées), leur mise en graphique ainsi qu’une une série des textes qui interviennent en légende et commentaires de figures géométriques. L'ambition de cette communication était de démontrer en quoi ce recours aux formes géométriques court-circuite et renouvelle à la fois certaines catégories usuelles de l’autobiographie.
Cours/conférence présenté(e) en tant qu'invité dans le cadre d’un échange entre l’Université Adam... more Cours/conférence présenté(e) en tant qu'invité dans le cadre d’un échange entre l’Université Adam Mickiewicz et les Archives et Musées de la Littérature (WBI), Poznan, 2022.
Il s'agissait de repérer les grandes tendances à l'oeuvre dans l'imaginaire de Belgique francophone aux tournants des XIXe et XXe siècles, en passant d'un angle d'approche historique à une attention analytique, portée essentiellement sur les productions de la période surréaliste.
Colloque "Re-présentation(s) dans le texte et l’image : transfert, influence, fracture", 2022
Présentée dans le cadre du colloque international "Re-présentation(s) dans le texte et l’image : ... more Présentée dans le cadre du colloque international "Re-présentation(s) dans le texte et l’image : transfert, influence, fracture", à l'Université de Bretagne occidentale, Brest, 2022.
Que le titre de ma communication annonce d’emblée que je m’arrêterai sur un décalage à la belge suggère que j’adopte la perspective d’une spécificité nationale, propre à l’expression littéraire du Plat Pays. Il n’en est rien ou, à tout le moins, si je m’en rapproche c’est davantage par contingence que par foi en l’idée même de spécificité nationale. Il me semble plutôt – et en cela, je rejoins ce que révèlent les études d’imagologie – que ce qui passe pour une spécificité nationale n’est en général que le résultat de représentations allogènes, souvent sous la forme de stéréotypes, qui peuvent ensuite être intégrées puis cultivées par la population qu’elles concernent, au point de devenir un moteur de l’imaginaire et un ancrage identitaire. En l’occurrence, ce décalage est à rapprocher de facteurs aussi bien institutionnels qu’esthétiques, observables sur le long terme, dans leur évolution et leurs interactions.
Présentation dans le cadre du séminaire de lectures théoriques organisé par le groupe de recherch... more Présentation dans le cadre du séminaire de lectures théoriques organisé par le groupe de recherche HANDLING (UCLouvain).
Présentation dans le cadre d'un séminaire inter-doctorants organisé au sein de l'Institut des Civ... more Présentation dans le cadre d'un séminaire inter-doctorants organisé au sein de l'Institut des Civilisations, Arts et Lettres (INCAL) de l'UCLouvain.
Dans le cadre d'une série de conférences sur la littérature francophone de Belgique données aux é... more Dans le cadre d'une série de conférences sur la littérature francophone de Belgique données aux étudiants de l'université de Poznan,cette communication avait pour objectif de présenter les réactions littéraires à la Première Guerre Mondiale (via le surréalisme), ainsi qu'à la seconde et aux différents bouleversements identitaire que connait le Plat Pays dans les années 1960 (notamment via le prolongement du réalisme magique, chez Dominique Rolin et Paul Willems).
Journée d'étude : Le Polémiste au miroir de la polémique (UCLouvain), 2019
Quelles stratégies discursives Paul nougé mobilise-t-il pour asseoir sa position de chef de fil e... more Quelles stratégies discursives Paul nougé mobilise-t-il pour asseoir sa position de chef de fil et de tête pensante du surréalisme en Belgique, dès 1924, sans pour autant renoncer à son projet de nier l'existence même de toute oeuvre ? La communication interroge l'auctorialité de Nougé, aux moyen des outils de l'ethos et de la posture.
Colloque international_Université Lyon 2 Lumières : "Les super-héros dans le cinéma hollywoodien contemporain. Innovations esthétiques et transmédialité", 2019
Après qu'une série de films a participé à élever la figure de Spider-Man au rang d'icône de la cu... more Après qu'une série de films a participé à élever la figure de Spider-Man au rang d'icône de la culture pop, il apparaît que les dernières productions à portée cinématographique (films et jeu-vidéo) consacrées au personnage s'attellent à subvertir ce statut. C'est-à-dire qu'il n'agit plus, au sein des oeuvres qui le portent, en tant que finalité, mais bien en tant que principe actif à leur fondement. Ce constat amène à poser la question de l'évolution d'un genre cinématographique principalement dédié à la représentation du personnage qu'il célèbre, ce qui suppose des enjeux esthétiques majeurs et la mutation d'un horizon d'attente global.
International Congress of Medieval Studies (Kalamazoo, Michigan), 2019
An analysis of the Belgian's comics series "Thorgal" and how it adapts the model of the Icelandic... more An analysis of the Belgian's comics series "Thorgal" and how it adapts the model of the Icelandic sagas to the pop and serial understanding of the term. Also, it appears the series reenacts one of Belgian's cultural cornerstone, the "mythe nordique", and proposes a resilient answer to its erosion during the second half of the XXth century.
Au travers d’un échantillon littéraire issu de la francophonie belge (Willems, Rolin, Toussaint, ... more Au travers d’un échantillon littéraire issu de la francophonie belge (Willems, Rolin, Toussaint, etc.) et au moyen d’un appareillage méthodologique emprunté aux travaux sur l’iconicité (Iconicity in Langage & Literature), la communication entend explorer la façon dont l’image, plutôt qu’apparaitre dans le texte, y prend corps. Il s’agira donc dans un premier temps de dégager ladite image de l’entrelacs définitoire qui la caractérise, ce qui permettra de mieux cibler non seulement l’objet d’étude, mais également les principaux modèles d’innutrition que cultivent les textes dans un contexte global (éclatement des références, mise en jeu de la mémoire du lecteur…). Dans un second temps, je proposerai une ébauche de la logique d’effets que déploient les images au sein des textes, et de la façon dont elle se rendent non pas visibles, mais bien visuelles (Didi-Huberman), en passant d’un régime figuratif à un régime figural (Vancheri, Bailly). Alludées plus qu’elles ne sont évoquées, ces images sont rendues diffuses par le travail du texte, qui les libère de leurs contours et en dissémine la matière. Ainsi inscrites dans la temporalité du texte, ces images se dotent de qualité haptiques, se chargent d’une teneur aussi bien sensorielle qu’émotionnelle. Il s’agit alors pour le lecteur d’en remonter la trace figurale (par essence spectrale, car se manifestant entre les éléments, sans résider en eux), plutôt que de les saisir dans leur totalité. En un mot, il ne s’agit plus de voir l’image, mais bien de l’entrevoir.
Partant de l’exemple d’American Horror Story (FX, 2011-), la communication vise à comprendre la ... more Partant de l’exemple d’American Horror Story (FX, 2011-), la communication vise à comprendre la façon dont le pacte fictionnel s’élabore avec le public dans le format anthologique. Perturbant le modèle traditionnel des séries , ce format construit un univers fictionnel indépendant d’autres productions : chaque volet (parler de saison n’a plus de sens) de l’œuvre se suffit à lui-même et, simultanément, répond aux autres par un jeu de référents transtextuels , voire transfictionnels , qui prennent le pas sur les références internes et externes à l’œuvre et dont l’activation déploie l’éventail des possibles non seulement diégétiques et narratifs, mais aussi significatifs, assurément. Dans American Horror Story, la réappropriation des thématiques, des récits et des codes du genre horrifique se confronte à l’histoire évènementielle américaine et installe les spectateurs dans un terrain (générique et référentiel) relativement connu, mais réapproprié par la culture mainstream contemporaine, articulée autour d’un paradigme pop. La tension narrative doit donc se manifester selon d’autres modalités, mais aussi se fonder dans la façon dont l’anthologie érige ses composantes en figures reconnaissables d’un volet à l’autre. La reconnaissance devient donc une condition de génération du sens et à cet égard, il convient de l’interroger aussi bien en amont : qu’est-ce qui, dans la production culturelle contemporaine (pop), autorise la reconnaissance (ou reconnais-sens) par un large pan du public ? ; qu’en aval : que permet-elle en retour vis-à-vis de l’activité fictionnelle ? quel rôle investit alors le lecteur ? [Enregistrement audio dans les liens URL]
Colloque AML-AEEF organisé au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles : "Résilience et modernité dans les littératures francophones", 2018
Si la question de la modernité a le plus souvent été posée, en Belgique francophone, sous l’angle... more Si la question de la modernité a le plus souvent été posée, en Belgique francophone, sous l’angle de la double relation qu’entretiennent les écrivains avec les esthétiques avant-gardistes et les institutions de légitimation du centre parisien, il apparaît qu’elle mérite également d’être pensée en terme de réaction aux grandes évolutions des modalités de représentation du réel. Ces dernières s’originent dans la démocratisation des procédés inhérents à la reproductibilité photographique, desquels sont issues les œuvres et réflexions en la matière les plus influentes du XXe siècle (de Benjamin à Warhol, en passant par Boehm, Mitchell, Nougé ou encore Magritte). Pareille approche, complémentaire des travaux à l’ambition davantage sociologique, permet d’envisager les esthétiques modernes à la fois comme une résistance littéraire et comme une adaptation résiliente aux nouveaux modèles de représentation, ouvrant ainsi une autre voie d’exploration de la « déshistoire » belge. Présentée comme un vide signifiant que peinent à combler les lettres chargées de fonder l’identité littéraire belge, cette « déshistoire » engendre un traumatisme que prennent en charge plusieurs auteurs de la seconde moitié du XXe siècle, que Quaghebeur rassemble dans ces Balises sous le chapitre « À la recherche de la mémoire perdue ». Partant des récents travaux sur l’iconicité, la communication rend compte de la réflexion poursuivie par Paul Willems au fil de son recueil de nouvelles : La Cathédrale de brume (1983). Bien que son œuvre narrative apparaisse d’emblée comme moins concernée par les interférences que provoque la donnée iconique lorsqu’intégrée au récit mémoriel (à l’inverse d’un Vaes ou d’une Rolin), elle déploie toutefois une subtile réflexion sur la mémoire en tant qu’elle est trouée et vaporeuse, figée, fixée et inaccessible… à l’instar de clichés photographiques qui actualisent autant qu’ils distancient la réalité qu’ils (re)composent.
Colloque "Interpréter la culture pop : entre herméneutique et épistémologie", organisé par l'UdAH, Mulhouse, 2017
S’il est possible de retracer la généalogie d’une culture populaire aussi loin qu’est attestée un... more S’il est possible de retracer la généalogie d’une culture populaire aussi loin qu’est attestée une conscience de peuple, la culture pop, dans sa conception majoritairement relayée par les médias, se révèle bien plus récente et se rattache davantage aux mouvements de masses que de peuples. Les masses, qui ont participé de l’avènement des nouveaux médias à l’ère du postmoderne, ont autorisé le déploiement d’une dialectique entre l’expression d’indénombrables voix individuelles et leur recouvrement par les communautés qu’elles façonnent, dans une dynamique que l’hypermédia a accélérée et radicalisée. Pareille logique trouve un témoin des plus significatifs dans la pratique du meme Internet. Ces objets découlent de phénomènes iconiques autogénérés par les internautes, qui les empruntent à la réalité évènementielle et/ou culturelle pour les détourner puis les partager sur des plateformes communautaires globalisées telles que YouTube, Facebook ou encore, et plus précisément, 9Gag. La communication se propose d’interroger la manière dont l’usage de memes dit quelque chose des paradigmes de création, de production et de réception consacrés par la culture pop. Comment se créent-ils ? Comment se partagent-ils ? Enfin, que révèlent-ils de l’activité en réseau de communautés interprétatives de plus en plus larges, véritable terreau fertile d’une culture pop en renouvèlement constant ? En tant que moteurs de l’imaginaire contemporain et du mouvement de désacralisation-sacralisation opéré par la culture pop, les memes renforcent le constat d’une iconisation généralisée, à laquelle se prête l’ensemble du domaine socioculturel qu’a engendré le postmodernisme.
À la suite de la progressive laïcisation des sociétés, le champ culturel assume de plus en plus u... more À la suite de la progressive laïcisation des sociétés, le champ culturel assume de plus en plus une charge rituelle, en particulier pour ce qui relève de l’inscription du deuil dans la mémoire et dans une expérience collective, communautaire, fondamentalement humaine. À ce titre, la littérature, art du langage aux propriétés esthétiques et pragmatiques, joue un rôle majeur auprès des personnes endeuillées, en témoigne la convocation accrue de textes littéraires lors d’offices funéraires. C’est de ce constat que part l’essai de Myriam Watthee-Delmotte, qui propose de lire et d’écouter avec elle ces nouvelles voix, celles d’écrivains, qui redonnent un caractère sacré au deuil et situent son travail dans un espace (poétique) ritualisé. « Je vous précède et je les suis » (p. 10) annonce-t-elle humblement en lectrice qui invite à la lecture. Chaque chapitre se clôt en effet sur la référence complète des textes travaillés tout en livrant des pistes aussi suffisantes que nécessaires pour mieux asseoir les qualités universelles de la littérature, pensée en termes de partage, d’apprentissage, de transmission et/ou de transition susceptibles d’aider à mieux apprivoiser la mort, à faire son deuil plus sereinement.
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Papers by Maxime Thiry
https://journals.openedition.org/textyles/6598
This paper aims to question the common assumption of Belgian literature as “offbeat” (“décalée”) for what it is: a common stereotype which surely stems from some accurate observations but mostly from a critical desire to establish a literary identity able to distinguish Belgian productions from French ones. The analysis will focus on the production of the surrealist “groupe de Bruxelles”, more specifically the collaboration between Paul Nougé and René Magritte. Their poetics not only served as a strategic means to exist outside of André Breton’s influence, but also contributed to actualize and perpetuate the offbeat tradition of a country so often labelled as “surreal”.
Réf. : Tomasz Swoboda et Jean-Louis Tilleuil, "Raconter, un acte culturellement marqué", Louvain-la-Neuve, Academia, 2023 (Coll. Texte-Image, 11), pp. 107-119.
À considérer ensemble La Réticence (1991), la tétralogie M.M.M.M. (2002-2013) et La Clé USB (2019), il apparaît que ces trois œuvres, les plus romanesques au sein de sa production, sont aussi celles qui déploient le plus grand nombre de références au cinéma – en particulier aux codes du noir et, plus largement, du cinéma américain des Trente Glorieuses.
Né dans un giron journalistique et multimédia pleinement assumé, « Le Mans » est emblématique de la production toussanctienne dans la mesure où il propose un support mutable, sans cadre générique fixe, qui lui permet d'être aussi bien le récit préfaciel d'un vaste Autoportrait (à l'étranger) qu'une anecdote, surgie telle une luciole qui brille aux yeux du lecteur, permettant de combler un trou dans la chronologie des grands championnats internationaux de football des quinze premières années du XXIe siècle.
Commissaires d'exposition : Christophe Meurée et Saskia Bursens
https://journals.openedition.org/textyles/6598
This paper aims to question the common assumption of Belgian literature as “offbeat” (“décalée”) for what it is: a common stereotype which surely stems from some accurate observations but mostly from a critical desire to establish a literary identity able to distinguish Belgian productions from French ones. The analysis will focus on the production of the surrealist “groupe de Bruxelles”, more specifically the collaboration between Paul Nougé and René Magritte. Their poetics not only served as a strategic means to exist outside of André Breton’s influence, but also contributed to actualize and perpetuate the offbeat tradition of a country so often labelled as “surreal”.
Réf. : Tomasz Swoboda et Jean-Louis Tilleuil, "Raconter, un acte culturellement marqué", Louvain-la-Neuve, Academia, 2023 (Coll. Texte-Image, 11), pp. 107-119.
À considérer ensemble La Réticence (1991), la tétralogie M.M.M.M. (2002-2013) et La Clé USB (2019), il apparaît que ces trois œuvres, les plus romanesques au sein de sa production, sont aussi celles qui déploient le plus grand nombre de références au cinéma – en particulier aux codes du noir et, plus largement, du cinéma américain des Trente Glorieuses.
Né dans un giron journalistique et multimédia pleinement assumé, « Le Mans » est emblématique de la production toussanctienne dans la mesure où il propose un support mutable, sans cadre générique fixe, qui lui permet d'être aussi bien le récit préfaciel d'un vaste Autoportrait (à l'étranger) qu'une anecdote, surgie telle une luciole qui brille aux yeux du lecteur, permettant de combler un trou dans la chronologie des grands championnats internationaux de football des quinze premières années du XXIe siècle.
Commissaires d'exposition : Christophe Meurée et Saskia Bursens
La communication a dressé un panorama des positionnements adoptés par des écrivaines belges de langue française vis-à-vis du centre parisien en privilégiant une approche de leurs œuvres selon l'angle de l'imaginaire. La réflexion, couvrant près d'un siècle de l'historiographie littéraire de Belgique francophone, s'est attardée sur les cas de Marie Gevers, Suzanne Lilar, Dominique Rolin, Christine Aventin et Véronique Bergen.
L'ambition de cette communication était de démontrer en quoi ce recours aux formes géométriques court-circuite et renouvelle à la fois certaines catégories usuelles de l’autobiographie.
Il s'agissait de repérer les grandes tendances à l'oeuvre dans l'imaginaire de Belgique francophone aux tournants des XIXe et XXe siècles, en passant d'un angle d'approche historique à une attention analytique, portée essentiellement sur les productions de la période surréaliste.
Que le titre de ma communication annonce d’emblée que je m’arrêterai sur un décalage à la belge suggère que j’adopte la perspective d’une spécificité nationale, propre à l’expression littéraire du Plat Pays. Il n’en est rien ou, à tout le moins, si je m’en rapproche c’est davantage par contingence que par foi en l’idée même de spécificité nationale. Il me semble plutôt – et en cela, je rejoins ce que révèlent les études d’imagologie – que ce qui passe pour une spécificité nationale n’est en général que le résultat de représentations allogènes, souvent sous la forme de stéréotypes, qui peuvent ensuite être intégrées puis cultivées par la population qu’elles concernent, au point de devenir un moteur de l’imaginaire et un ancrage identitaire. En l’occurrence, ce décalage est à rapprocher de facteurs aussi bien institutionnels qu’esthétiques, observables sur le long terme, dans leur évolution et leurs interactions.
Ce constat amène à poser la question de l'évolution d'un genre cinématographique principalement dédié à la représentation du personnage qu'il célèbre, ce qui suppose des enjeux esthétiques majeurs et la mutation d'un horizon d'attente global.
Dans American Horror Story, la réappropriation des thématiques, des récits et des codes du genre horrifique se confronte à l’histoire évènementielle américaine et installe les spectateurs dans un terrain (générique et référentiel) relativement connu, mais réapproprié par la culture mainstream contemporaine, articulée autour d’un paradigme pop. La tension narrative doit donc se manifester selon d’autres modalités, mais aussi se fonder dans la façon dont l’anthologie érige ses composantes en figures reconnaissables d’un volet à l’autre. La reconnaissance devient donc une condition de génération du sens et à cet égard, il convient de l’interroger aussi bien en amont : qu’est-ce qui, dans la production culturelle contemporaine (pop), autorise la reconnaissance (ou reconnais-sens) par un large pan du public ? ; qu’en aval : que permet-elle en retour vis-à-vis de l’activité fictionnelle ? quel rôle investit alors le lecteur ?
[Enregistrement audio dans les liens URL]
Pareille approche, complémentaire des travaux à l’ambition davantage sociologique, permet d’envisager les esthétiques modernes à la fois comme une résistance littéraire et comme une adaptation résiliente aux nouveaux modèles de représentation, ouvrant ainsi une autre voie d’exploration de la « déshistoire » belge. Présentée comme un vide signifiant que peinent à combler les lettres chargées de fonder l’identité littéraire belge, cette « déshistoire » engendre un traumatisme que prennent en charge plusieurs auteurs de la seconde moitié du XXe siècle, que Quaghebeur rassemble dans ces Balises sous le chapitre « À la recherche de la mémoire perdue ».
Partant des récents travaux sur l’iconicité, la communication rend compte de la réflexion poursuivie par Paul Willems au fil de son recueil de nouvelles : La Cathédrale de brume (1983). Bien que son œuvre narrative apparaisse d’emblée comme moins concernée par les interférences que provoque la donnée iconique lorsqu’intégrée au récit mémoriel (à l’inverse d’un Vaes ou d’une Rolin), elle déploie toutefois une subtile réflexion sur la mémoire en tant qu’elle est trouée et vaporeuse, figée, fixée et inaccessible… à l’instar de clichés photographiques qui actualisent autant qu’ils distancient la réalité qu’ils (re)composent.