Faculté des Lettres

Pour Bouvier, le col est le début de tout voyage. C''est une frontière géographique et existentielle où se jouent des choix de vie. Pour illustrer ce propos, j''agence quelques franchissements remarquables en une dialectique. Elle culmine avec Le silence des cols (1996). Les cols franchis s''y révèlent comme une propédeutique du seuil de la mort. Bouvier s''appuie sur l''alliance du texte et de l''image pour nous faire imaginer le voyage au-delà de cette ultime passe.

For Bouvier, the pass is the beginning of any journey. It is a geographical and existential boundary where life choices are played out. As an illustration, I choose some remarkable crossings that I arrange in a dialectic. It culminates with The Silence of the Passes (1996). The passes reveal themselves as a propaedeutic to the last threshold of death. Bouvier relies on the alliance of text and image to make us imagine the journey beyond this ultimate pass.

Paracelse (1493-1541) developpe entre 1525, date ou il redige son premier commentaire biblique, et les annees 1530, qui representent sa grande periode redactionnelle tant medicale, philosophique que theologique, une conception de l'image qui ne manque pas de frapper par son originalite. S'amorcant dans l'effervescence des differents courants de la Reformation, la reflexion paracelsienne va passer d'une certaine mefiance a l'egard de l'image, a sa rehabilitation, grâce a une approche ou la pensee theologique se trouve originalement eclairee sous le jour de la philosophie de la Nature et de la pratique medicale.

Pour Bouvier, le col est le début de tout voyage. C''est une frontière géographique et existentielle où se jouent des choix de vie. Pour illustrer ce propos, j''agence quelques franchissements remarquables en une dialectique. Elle culmine avec Le silence des cols (1996). Les cols franchis s''y révèlent comme une propédeutique du seuil de la mort. Bouvier s''appuie sur l''alliance du texte et de l''image pour nous faire imaginer le voyage au-delà de cette ultime passe. For Bouvier, the pass is the beginning of any journey. It is a geographical and existential boundary where life choices are played out. As an illustration, I choose some remarkable crossings that I arrange in a dialectic. It culminates with The Silence of the Passes (1996). The passes reveal themselves as a propaedeutic to the last threshold of death. Bouvier relies on the alliance of text and image to make us imagine the journey beyond this ultimate pass.

Comment évoquer un pays ? Cet ouvrage collectif étudie le genre du portrait de pays illustré par la photographie dans les publications de langue française, depuis le XIXe jusqu'au XXIe siècle, en s'intéressant notamment à son histoire, à ses différents supports, ainsi qu'à sa valeur artistique et littéraire.

En 1964, Bouvier est engage pour etre l’auteur et le photographe d’un ouvrage consacre au Japon. S’interrogeant sur la legitimite de toute forme de guide de voyage, Japon se presente comme un guide paradoxal, multipliant les points de vue interrogatifs. Bouvier menage a la photographie une place primordiale : mieux que l’ecriture, elle parvient a rendre intact le mystere des visages d’acteurs No ou de paysans. Ces portraits permettent alors, par metonymie, d’imaginer le portrait de tout un pays.

Les Lecons de la riviere est un petit ouvrage de Nicolas Bouvier. Il a paru a titre posthume en 2006, et les photographies de Francis Hoffmann qui l’accompagnent sont le choix de l’editeur, Etienne Barilier1. Le lecteur de Bouvier, habitue aux grands espaces parcourus et racontes, ne manque pas d’etre etonne. Le periple est tres modeste, puisqu’il se limite a la Suisse natale de l’auteur, qui voyage dans le Tessin, le long de la riviere Verzasca. Les Lecons de la riviere se soucie sans doute moins de la narration d’un lointain ailleurs que de celle d’un temps autre. Ou serait-ce plutot un outre-temps ? Pour etudier cette temporalite differente, on se fondera d’abord sur le jeu des temps mis en lumiere dans l’ouvrage. Notre hypothese est celle-ci, qu’il s’agit la de l’expression de la profonde depression qui accable Bouvier – depression qui s’apparente a une forme de melancolie2. On suivra alors dans un premier temps Jean Starobinski, le maitre du jeune etudiant Nicolas Bouvier, lors...

Gustave Roud. Le bleu nouveau des suppliantes

« Que la poésie peut infléchir, fléchir un instant le fer du sort. Le reste, à laisser aux loquaces. », P. JACCOTTET, « Sur les degrés montants », Cahier de verdure, Œuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2014, p. 762.

Gustave Roud (1897-1976) est un écrivain suisse romand majeur . Fils de paysans, il conquiert sa notoriété en restant attaché à sa terre, sans pratiquement quitter sa ferme. La collection Poésie/Gallimard publie un florilège de ses œuvres  et on pourra lire dans des collections de poche parues en Suisse ses principaux ouvrages. Roud est également traducteur des grands auteurs du romantisme allemand.  Il travaille notamment avec Philippe Jaccottet à l’édition de Hölderlin dans la collection de la Pléiade.  Le lien entre les deux hommes est fort. Jaccottet considère que sa rencontre avec Roud, alors qu’il a dix-sept ans, est décisive pour lui. Il contribue à le faire connaître en France  et il édite Les fleurs et les saisons.  Illustrée de photographies de Roud lui-même, cette compilation posthume débute par un texte de cinq pages, « Le langage des fleurs » de 1935. L’auteur y aborde la problématique de la communication entre l’être humain et les fleurs. On a communément cru, selon le poète, qu’il était possible d’accéder à la parole des fleurs par voie métaphorique, par le truchement notamment du langage des couleurs. Or, il s’agit là de paresse poétique. Le langage des couleurs ne calque en vérité que des sentiments humains sur la fleur, étouffant par là-même sa voix propre. Car il s’avère que les fleurs nous parlent vraiment, d’une manière authentiquement poétique. Comment entendre ce langage ?
Pour répondre à la parole florale, Roud va se fonder sur l’exemple de la campanule et du myosotis. Ces deux fleurs reçoivent une valeur toute particulière en devenant, pourrait-on dire, des fleurs expérimentales. Elles deviennent la clé de voûte du dispositif poétique que Roud tente d’élaborer. Son ambition est d’accéder à leur parole sans qu’il soit fait mention de leur couleur bleue comme d’un langage. Dans cet esprit, il élabore, de manière singulière dans son œuvre, une pensée des « correspondances ». S’il montre, dans un premier temps, en quoi ces « correspondances » se démarquent d’un usage trivial de la couleur en poésie, il s’achemine ensuite vers une compréhension de la rencontre entre la fleur et l’humain dans le partage d’une Stimmung, d’un accord, d’un diapason désespéré. Le sens de la vue, traditionnellement affecté à la perception des couleurs, prend une nouvelle dimension. Il reçoit le soutien d’une oreille particulière. Sensible à la plainte du monde végétal toujours à la merci d’une mort rapide, le poète y entend l’écho de sa peine. Roud prend pour modèle Wilhelm Müller, l’auteur des poèmes de La belle meunière, que Franz Schubert mettra en musique.  Mais Müller, précisément, est celui dont la poétique ne peut se passer de la couleur bleue. Il faut alors voir, en convoquant des écrits contemporains de Roud, comment le bleu, en apparence seulement absent du « Langage des fleurs », « correspond » à des êtres et des sentiments qui sont autant de ses nuances. Il n’est, dès lors, plus nécessaire de le dire tant il est consubstantiel à ses « correspondances ».