Des vies en clair-obscur, ainsi pourrait-on résumer le destin des femmes de l’Antiquité grecque... more Des vies en clair-obscur, ainsi pourrait-on résumer le destin des femmes de l’Antiquité grecque. Hydna la plongeuse, Euthymia la magistrate, Phanostratè la pédiatre, Corinne la poétesse ou Nikarétè la vendeuse de rubans : ces femmes et leurs consoeurs participèrent chacune à leur manière à l’histoire des cités.
Les sources anciennes mettent en lumière le rôle des femmes dans des domaines aussi variés que la transmission de la citoyenneté, les transactions financières, le service des dieux, la pratique médicale, l’intendance des gymnases, la vente au détail, l’ascèse philosophique ou le sabotage de navires. Des pans entiers de leur vie ont été éclairés par les recherches récentes portant sur la petite enfance, le sport, le monde du travail, les honneurs publics, l’eugénisme ou le droit de la famille. Dix-huit récits de vie révèlent des destinées façonnées malgré l’ombre omniprésente des structures patriarcales. Des actrices, longtemps cantonnées au second plan, à qui cet ouvrage rend hommage.
Pour les faiseurs d’utopies, la cité spartiate antique fut le modèle historique de référence en m... more Pour les faiseurs d’utopies, la cité spartiate antique fut le modèle historique de référence en matière de pratiques eugéniques et communautaires. Les coutumes matrimoniales lacédémoniennes, faisant cohabiter monogamie et polyandrie à but nataliste et eugénique, ainsi que l’exercice de la paternité collective, ont dessiné une société à part dans le monde grec ancien, objet d’amusement pour le comique athénien Aristophane qui en déforme les traits dans son utopie de l’Assemblée des femmes. Dans la cité imaginaire de Platon, la Callipolis de la République, trois traits majeurs empruntés aux mœurs spartiates étayent la formation du groupe des gouvernants : l’encouragement copulatoire des meilleurs géniteurs, la sélection des nourrissons à la naissance et la mise en commun des enfants. Si Aristote rejette tout principe de communauté parentale dans les Politiques, il demeure un fervent défenseur des pratiques eugéniques prénatales et postnatales. Enfin, le voyage imaginaire d’Iambule, à l’époque hellénistique, mène les lecteurs sur les rivages de l’île du Soleil, où les habitants, testant les nouveau-nés lors d’un baptême de l’air insolite, vivant en communauté et partageant les mêmes occupations et le même régime, recréent dans un ailleurs fantasmé le cadre de vie spartiate.
For the makers of utopias, ancient Sparta provided an historical model for eugenics and communal customs. The Lacedaemonian matrimonial system, based on monogamy and polyandry for natalist and eugenic purposes, became a comical, distorted, subject in Aristophanes’s utopia, The Assembly Women. In his imaginary Republic, Plato uses three major customs of Sparta for his governing group: the promotion of eugenic unions between the best partners, the selection of children at birth, and the community of children. His disciple, Aristotle, rejects the principle of community but the Politics keeps prenatal and postnatal eugenic principles in order to produce the best citizens. In Hellenistic utopias, like the imaginary travel of Iambulus, neonatal infanticide and collective paternity are proofs of Spartan influence recreated in a fantasised elsewhere.
Dans son dernier dialogue, Platon définit la famille comme une communauté d’individus liés par de... more Dans son dernier dialogue, Platon définit la famille comme une communauté d’individus liés par deux types de relation : le sang et les rites religieux, l’un relevant de « l’être » et l’autre du « faire », pour reprendre la terminologie usitée par l’anthropologue américain David Schneider. Tels sont les mots de l’Étranger d’Athènes : « Quelqu’un qui honore et révère la famille (sungeneian) et la communauté de tous ceux qui ont les mêmes dieux et dans les veines de qui coule le même sang (aimatos) peut raisonnablement compter sur la bienveillance des dieux qui président à la famille pour la procréation de ses propres enfants » (PLATON, Lois, 729c). Cet extrait des Lois sera le point de départ d’une interrogation globale sur le rôle du sang, haima, dans les conceptions de la parenté que Platon et Aristote ont élaborées dans leurs différentes œuvres, autant médicales que philosophico-politiques. Platon n’a pas suivi une ligne théorique unique et la famille célèbre de la République est celle de la performativité des rôles parentaux, dépouillés de leur substrat biologique. En apparence seulement car Platon élabore, parallèlement à la communauté classificatoire des parents et des enfants, une politique foncièrement eugéniste, qui suppose l’acceptation de la transmission naturelle des caractères d’une génération à l’autre. Face au volet performatif de la refondation familiale et utopique de la République, Aristote a répondu à son maître par un pamphlet essentialiste qui, dans la Politique, réaffirme la primauté des liens du sang, connus des individus, pour assurer l’efficacité de la philia intrafamiliale et le respect entre parents. À la consanguinité nominale Aristote substitue la consanguinité biologique. La pensée aristotélicienne semble cohérente : l’analyse des positions du Stagirite sur l’embryogénèse montre son attachement à la théorie de l’hématogénèse, où le sang est le principe originel des semences, hypothèse que ne valide pas Platon. Et, dans les Éthiques à Nicomaque et à Eudème, Aristote confirme l’idée que le partage du sang est à la base d’une hiérarchie complexe de l’amour entre parents et enfants. Platon et Aristote posent ainsi des questions aux résonances très contemporaines, quand il s’agit de la famille déchirée entre nature et culture, du contrôle qualitatif des grossesses et de la détection de défaillance génétique, ou encore de la compréhension de l’inceste. Autant de sujets d’études qui interrogent le lien entre la famille et le sang.
Resumen Las fuentes jurídicas atenienses permiten circunscribir la figura materna como suje-to de... more Resumen Las fuentes jurídicas atenienses permiten circunscribir la figura materna como suje-to de derechos: ser madre significa disfrutar de la protección regulada por la ley y concedida a las viudas, epícleras y personas mayores. La madre también está en el corazón de la transmisión ciudadana desde la ley de Pericles y todas las docimasias atenienses le dan un lugar importante. En Atenas, la prohibición legal y cultural del incesto pone a la madre como el sujeto principal de las prohibiciones. Es, sin embargo, más difícil definir los deberes que corresponden al sujeto jurídico maternal, incluso en el ámbito de la trophê, a menudo presentada por los textos que se refieren al rol previsto en el caso de las progenitoras. Finalmente, encontramos casos documenta-dos de procesos en que la madre, especialmente la viuda, tiene un papel activo en el conflicto que se desarrolla. Résumés Les sources juridiques athéniennes permettent de saisir la figure maternelle comme un sujet de droits : être mère signifie profiter de la protection encadrée par la loi et accordée aux veuves, aux épiclères et aux personnes âgées. La mère est en outre au coeur de la transmission citoyenne depuis la loi de Périclès et toutes les docimasies athéniennes lui accordent une place importante. À Athènes, la prohibition légale et culturelle de l'inceste pose la mère comme sujet principal des interdits. Il est, en revan-che, plus difficile de définir les devoirs qui incombent au sujet juridique maternel, même dans le domaine de la trophê, souvent mise en avant par les textes évoquant le rôle attendu des génitrices. On trouvera enfin des cas avérés de procès où la mère, notamment veuve, a bien un rôle actif dans le déroulement des conflits.
Les sources juridiques athéniennes permettent de saisir la figure maternelle comme un sujet de dr... more Les sources juridiques athéniennes permettent de saisir la figure maternelle comme un sujet de droits : être mère signifie profiter de la protection encadrée par la loi et accordée aux veuves, aux épiclères et aux personnes âgées. La mère est en outre au cœur de la transmission citoyenne depuis la loi de Périclès et toutes les docimasies athéniennes lui accordent une place importante. À Athènes, la prohibition légale et culturelle de l’inceste pose la mère comme sujet principal des interdits. Il est, en revanche, plus difficile de définir les devoirs qui incombent au sujet juridique maternel, même dans le domaine de la trophê, souvent mise en avant par les textes évoquant le rôle attendu des génitrices. On trouvera enfin des cas avérés de procès où la mère, notamment veuve, a bien un rôle actif dans le déroulement des conflits.
Dans l’Athènes classique, la femme est le plus souvent caractérisée par sa discrète soumission, q... more Dans l’Athènes classique, la femme est le plus souvent caractérisée par sa discrète soumission, que les « silences de l’histoire » tendent à renforcer. Attachée éternellement à un tuteur (kyrios), la femme passe de la surveillance de son père ou de son frère à celle de son mari. Mais certaines sources permettent de déceler quelques failles, dès lors que la famille athénienne implose sous l’effet d’une tension interne. La tragédie attique permet ainsi de mettre en scène des femmes prenant en main leur destin à l’occasion d’une crise (Médée, Clytemnestre, Antigone), s’émancipant des modèles masculins de domination et s’appropriant même les symboles virils de puissance et de décision, jusqu’à la saisie de l’épée et au meurtre. Les procès d’héritage du IV e siècle av. J.-C. laissent aussi entrevoir des personnalités féminines qui modifient le premier constat d’une totale et irréversible dépendance des épouses-mères de l’Athènes classique.
"Résumé – Dans une cité grecque, l’exposition de l’enfant est une manifestation civique et politi... more "Résumé – Dans une cité grecque, l’exposition de l’enfant est une manifestation civique et politique de la non-reconnaissance d’un jeune futur citoyen, ce qui relève du pouvoir masculin et paternel d’intégrer ou non un nouveau-né à l’oikos mais aussi à la cité. Malgré le rôle nouveau de la mère dans la cité athénienne à partir de 451 a.v. J.-C., cette dernière reste étrangère au processus de reconnaissance. Il existe cependant des exemples d’abandon d’enfant par une femme (Creüse). Les raisons amenant à l’exposition des enfants, le plus souvent de petites filles, sont multiples. Le résultat des études démographiques divergent des cas mythologiques, les enfants abandonnés et héroïques étant plutôt des garçons. Lorsqu’on s’interroge sur les figures infanticides, de meurtres à proprement parler, là encore la question des genres apparaît. Là où les femmes cuisinent, les hommes mastiquent, à de très rares exceptions près. Se pose alors la question de la motivation d’un tel acte, la mise au chaudron de l’enfant et/ou sa mise en bouche. Il apparaît que les cas d’Atrée, de Cronos et du tyran décrit par Platon montrent que la consommation de chairs infantiles est liée au pouvoir, à sa conservation (Cronos), à son accession (Atrée) et au type même du pouvoir. Les motivations féminines sont autres: les femmes grecques n’ont pas le pouvoir, mais elles ont le pouvoir d’atteindre leur mari par la mise à mort de leur progéniture commune. Médée la Barbare, Procné, Philomèle, utilisent l’arme de l’homme, l’épée, pour faire couler le sang de leurs fils et meurtrir leur époux, privé alors de descendance civique. Somme toute, l’infanticide en tant que meurtre violent d’un enfant (et non l’exposition du nouveau-né, acte masculin et civique) est dans l’imaginaire grec un crime féminin. Nombreux sont les exemples qui montrent la propension grecque à séparer les genres dans l’acte affreux du meurtre de l’enfant. Mots-clés – citoyenneté, études de genre, exposition, polis, pouvoir, tecnophagie, tragédie.
Abstract – Exposure of children has political and civic consequences. In a Greek city, it belongs to the male power to refuse to a baby boy the integration into the oikos and the city. Athenian mothers had no role in the legal recognition of their children. Nonetheless,some tragic examples show the role of women (Creuse). It exists many reasons to explain the frequency of exposure in antic Athens. If the demographic studies show that baby girls were more often abandoned than baby boys, several myths are based on the exposure of male heroes (Oedipus, Ion). If we look precisely at the infanticide murder, men and women do not have the same role. When women are cooking, men are eating. Cannibalistic women are very rare in the mythology. But there are many cannibalistic men: Tereus, Kronos, Thyesthes... The fact of eating one’s child is often tied with power issues and fathers are often not aware of their acts. Women decide to kill their children for other reasons : infanticide is a way to hurt their husbands who had rejected or dishonoured them (Procne, Medea).The violent and deliberate murder of a child is a female act. Even Heracles, who kills his children, is compared to female monsters and to female murderers by the tragic chorus.
Stavroula Kefallonitis Le tyran et les enfants de la cité (p. 329-343)
Résumé – Le paradigme du pouvoir politique brutalisant les enfants de la cité trouve depuis l’Antiquité à s’incarner dans des personnages de tyrans. Deux exemples fameux, Périandre de Corinthe et Aristodème de Cumes, convoquent un corpus de récits qui traduisent la même tension politique que les mythes fondateurs d’Ouranos et de Cronos, à savoir l’espoir insensé de conserver le pouvoir à jamais et d’effacer toute perspective diachronique successorale. Dans un univers d’excès et de pulsions (Platon, République, IX), le tyran s’impose comme une figure à la fois réelle et fantasmatique aux confins du mythe et de l’histoire. La métaphore du pouvoir politique infanticide ressurgit au cours des siècles, une fois que les règnes ont basculé dans l’impopularité, révélant que le mythe peut rejoindre l’histoire a posteriori. Elle remet en question l’idée traditionnelle d’une chronologie narrative fermée où le mythe laisse place à l’histoire. Il devient possible de considérer que les récits relatifs aux tyrans évoluent entre un axe historique horizontal et un axe mythologique vertical qui se projette sur le premier.
Keywords – child-exposure, citizenship, Gender history, polis, power issues, tecnophagy, tragedy."
Des vies en clair-obscur, ainsi pourrait-on résumer le destin des femmes de l’Antiquité grecque... more Des vies en clair-obscur, ainsi pourrait-on résumer le destin des femmes de l’Antiquité grecque. Hydna la plongeuse, Euthymia la magistrate, Phanostratè la pédiatre, Corinne la poétesse ou Nikarétè la vendeuse de rubans : ces femmes et leurs consoeurs participèrent chacune à leur manière à l’histoire des cités.
Les sources anciennes mettent en lumière le rôle des femmes dans des domaines aussi variés que la transmission de la citoyenneté, les transactions financières, le service des dieux, la pratique médicale, l’intendance des gymnases, la vente au détail, l’ascèse philosophique ou le sabotage de navires. Des pans entiers de leur vie ont été éclairés par les recherches récentes portant sur la petite enfance, le sport, le monde du travail, les honneurs publics, l’eugénisme ou le droit de la famille. Dix-huit récits de vie révèlent des destinées façonnées malgré l’ombre omniprésente des structures patriarcales. Des actrices, longtemps cantonnées au second plan, à qui cet ouvrage rend hommage.
Pour les faiseurs d’utopies, la cité spartiate antique fut le modèle historique de référence en m... more Pour les faiseurs d’utopies, la cité spartiate antique fut le modèle historique de référence en matière de pratiques eugéniques et communautaires. Les coutumes matrimoniales lacédémoniennes, faisant cohabiter monogamie et polyandrie à but nataliste et eugénique, ainsi que l’exercice de la paternité collective, ont dessiné une société à part dans le monde grec ancien, objet d’amusement pour le comique athénien Aristophane qui en déforme les traits dans son utopie de l’Assemblée des femmes. Dans la cité imaginaire de Platon, la Callipolis de la République, trois traits majeurs empruntés aux mœurs spartiates étayent la formation du groupe des gouvernants : l’encouragement copulatoire des meilleurs géniteurs, la sélection des nourrissons à la naissance et la mise en commun des enfants. Si Aristote rejette tout principe de communauté parentale dans les Politiques, il demeure un fervent défenseur des pratiques eugéniques prénatales et postnatales. Enfin, le voyage imaginaire d’Iambule, à l’époque hellénistique, mène les lecteurs sur les rivages de l’île du Soleil, où les habitants, testant les nouveau-nés lors d’un baptême de l’air insolite, vivant en communauté et partageant les mêmes occupations et le même régime, recréent dans un ailleurs fantasmé le cadre de vie spartiate.
For the makers of utopias, ancient Sparta provided an historical model for eugenics and communal customs. The Lacedaemonian matrimonial system, based on monogamy and polyandry for natalist and eugenic purposes, became a comical, distorted, subject in Aristophanes’s utopia, The Assembly Women. In his imaginary Republic, Plato uses three major customs of Sparta for his governing group: the promotion of eugenic unions between the best partners, the selection of children at birth, and the community of children. His disciple, Aristotle, rejects the principle of community but the Politics keeps prenatal and postnatal eugenic principles in order to produce the best citizens. In Hellenistic utopias, like the imaginary travel of Iambulus, neonatal infanticide and collective paternity are proofs of Spartan influence recreated in a fantasised elsewhere.
Dans son dernier dialogue, Platon définit la famille comme une communauté d’individus liés par de... more Dans son dernier dialogue, Platon définit la famille comme une communauté d’individus liés par deux types de relation : le sang et les rites religieux, l’un relevant de « l’être » et l’autre du « faire », pour reprendre la terminologie usitée par l’anthropologue américain David Schneider. Tels sont les mots de l’Étranger d’Athènes : « Quelqu’un qui honore et révère la famille (sungeneian) et la communauté de tous ceux qui ont les mêmes dieux et dans les veines de qui coule le même sang (aimatos) peut raisonnablement compter sur la bienveillance des dieux qui président à la famille pour la procréation de ses propres enfants » (PLATON, Lois, 729c). Cet extrait des Lois sera le point de départ d’une interrogation globale sur le rôle du sang, haima, dans les conceptions de la parenté que Platon et Aristote ont élaborées dans leurs différentes œuvres, autant médicales que philosophico-politiques. Platon n’a pas suivi une ligne théorique unique et la famille célèbre de la République est celle de la performativité des rôles parentaux, dépouillés de leur substrat biologique. En apparence seulement car Platon élabore, parallèlement à la communauté classificatoire des parents et des enfants, une politique foncièrement eugéniste, qui suppose l’acceptation de la transmission naturelle des caractères d’une génération à l’autre. Face au volet performatif de la refondation familiale et utopique de la République, Aristote a répondu à son maître par un pamphlet essentialiste qui, dans la Politique, réaffirme la primauté des liens du sang, connus des individus, pour assurer l’efficacité de la philia intrafamiliale et le respect entre parents. À la consanguinité nominale Aristote substitue la consanguinité biologique. La pensée aristotélicienne semble cohérente : l’analyse des positions du Stagirite sur l’embryogénèse montre son attachement à la théorie de l’hématogénèse, où le sang est le principe originel des semences, hypothèse que ne valide pas Platon. Et, dans les Éthiques à Nicomaque et à Eudème, Aristote confirme l’idée que le partage du sang est à la base d’une hiérarchie complexe de l’amour entre parents et enfants. Platon et Aristote posent ainsi des questions aux résonances très contemporaines, quand il s’agit de la famille déchirée entre nature et culture, du contrôle qualitatif des grossesses et de la détection de défaillance génétique, ou encore de la compréhension de l’inceste. Autant de sujets d’études qui interrogent le lien entre la famille et le sang.
Resumen Las fuentes jurídicas atenienses permiten circunscribir la figura materna como suje-to de... more Resumen Las fuentes jurídicas atenienses permiten circunscribir la figura materna como suje-to de derechos: ser madre significa disfrutar de la protección regulada por la ley y concedida a las viudas, epícleras y personas mayores. La madre también está en el corazón de la transmisión ciudadana desde la ley de Pericles y todas las docimasias atenienses le dan un lugar importante. En Atenas, la prohibición legal y cultural del incesto pone a la madre como el sujeto principal de las prohibiciones. Es, sin embargo, más difícil definir los deberes que corresponden al sujeto jurídico maternal, incluso en el ámbito de la trophê, a menudo presentada por los textos que se refieren al rol previsto en el caso de las progenitoras. Finalmente, encontramos casos documenta-dos de procesos en que la madre, especialmente la viuda, tiene un papel activo en el conflicto que se desarrolla. Résumés Les sources juridiques athéniennes permettent de saisir la figure maternelle comme un sujet de droits : être mère signifie profiter de la protection encadrée par la loi et accordée aux veuves, aux épiclères et aux personnes âgées. La mère est en outre au coeur de la transmission citoyenne depuis la loi de Périclès et toutes les docimasies athéniennes lui accordent une place importante. À Athènes, la prohibition légale et culturelle de l'inceste pose la mère comme sujet principal des interdits. Il est, en revan-che, plus difficile de définir les devoirs qui incombent au sujet juridique maternel, même dans le domaine de la trophê, souvent mise en avant par les textes évoquant le rôle attendu des génitrices. On trouvera enfin des cas avérés de procès où la mère, notamment veuve, a bien un rôle actif dans le déroulement des conflits.
Les sources juridiques athéniennes permettent de saisir la figure maternelle comme un sujet de dr... more Les sources juridiques athéniennes permettent de saisir la figure maternelle comme un sujet de droits : être mère signifie profiter de la protection encadrée par la loi et accordée aux veuves, aux épiclères et aux personnes âgées. La mère est en outre au cœur de la transmission citoyenne depuis la loi de Périclès et toutes les docimasies athéniennes lui accordent une place importante. À Athènes, la prohibition légale et culturelle de l’inceste pose la mère comme sujet principal des interdits. Il est, en revanche, plus difficile de définir les devoirs qui incombent au sujet juridique maternel, même dans le domaine de la trophê, souvent mise en avant par les textes évoquant le rôle attendu des génitrices. On trouvera enfin des cas avérés de procès où la mère, notamment veuve, a bien un rôle actif dans le déroulement des conflits.
Dans l’Athènes classique, la femme est le plus souvent caractérisée par sa discrète soumission, q... more Dans l’Athènes classique, la femme est le plus souvent caractérisée par sa discrète soumission, que les « silences de l’histoire » tendent à renforcer. Attachée éternellement à un tuteur (kyrios), la femme passe de la surveillance de son père ou de son frère à celle de son mari. Mais certaines sources permettent de déceler quelques failles, dès lors que la famille athénienne implose sous l’effet d’une tension interne. La tragédie attique permet ainsi de mettre en scène des femmes prenant en main leur destin à l’occasion d’une crise (Médée, Clytemnestre, Antigone), s’émancipant des modèles masculins de domination et s’appropriant même les symboles virils de puissance et de décision, jusqu’à la saisie de l’épée et au meurtre. Les procès d’héritage du IV e siècle av. J.-C. laissent aussi entrevoir des personnalités féminines qui modifient le premier constat d’une totale et irréversible dépendance des épouses-mères de l’Athènes classique.
"Résumé – Dans une cité grecque, l’exposition de l’enfant est une manifestation civique et politi... more "Résumé – Dans une cité grecque, l’exposition de l’enfant est une manifestation civique et politique de la non-reconnaissance d’un jeune futur citoyen, ce qui relève du pouvoir masculin et paternel d’intégrer ou non un nouveau-né à l’oikos mais aussi à la cité. Malgré le rôle nouveau de la mère dans la cité athénienne à partir de 451 a.v. J.-C., cette dernière reste étrangère au processus de reconnaissance. Il existe cependant des exemples d’abandon d’enfant par une femme (Creüse). Les raisons amenant à l’exposition des enfants, le plus souvent de petites filles, sont multiples. Le résultat des études démographiques divergent des cas mythologiques, les enfants abandonnés et héroïques étant plutôt des garçons. Lorsqu’on s’interroge sur les figures infanticides, de meurtres à proprement parler, là encore la question des genres apparaît. Là où les femmes cuisinent, les hommes mastiquent, à de très rares exceptions près. Se pose alors la question de la motivation d’un tel acte, la mise au chaudron de l’enfant et/ou sa mise en bouche. Il apparaît que les cas d’Atrée, de Cronos et du tyran décrit par Platon montrent que la consommation de chairs infantiles est liée au pouvoir, à sa conservation (Cronos), à son accession (Atrée) et au type même du pouvoir. Les motivations féminines sont autres: les femmes grecques n’ont pas le pouvoir, mais elles ont le pouvoir d’atteindre leur mari par la mise à mort de leur progéniture commune. Médée la Barbare, Procné, Philomèle, utilisent l’arme de l’homme, l’épée, pour faire couler le sang de leurs fils et meurtrir leur époux, privé alors de descendance civique. Somme toute, l’infanticide en tant que meurtre violent d’un enfant (et non l’exposition du nouveau-né, acte masculin et civique) est dans l’imaginaire grec un crime féminin. Nombreux sont les exemples qui montrent la propension grecque à séparer les genres dans l’acte affreux du meurtre de l’enfant. Mots-clés – citoyenneté, études de genre, exposition, polis, pouvoir, tecnophagie, tragédie.
Abstract – Exposure of children has political and civic consequences. In a Greek city, it belongs to the male power to refuse to a baby boy the integration into the oikos and the city. Athenian mothers had no role in the legal recognition of their children. Nonetheless,some tragic examples show the role of women (Creuse). It exists many reasons to explain the frequency of exposure in antic Athens. If the demographic studies show that baby girls were more often abandoned than baby boys, several myths are based on the exposure of male heroes (Oedipus, Ion). If we look precisely at the infanticide murder, men and women do not have the same role. When women are cooking, men are eating. Cannibalistic women are very rare in the mythology. But there are many cannibalistic men: Tereus, Kronos, Thyesthes... The fact of eating one’s child is often tied with power issues and fathers are often not aware of their acts. Women decide to kill their children for other reasons : infanticide is a way to hurt their husbands who had rejected or dishonoured them (Procne, Medea).The violent and deliberate murder of a child is a female act. Even Heracles, who kills his children, is compared to female monsters and to female murderers by the tragic chorus.
Stavroula Kefallonitis Le tyran et les enfants de la cité (p. 329-343)
Résumé – Le paradigme du pouvoir politique brutalisant les enfants de la cité trouve depuis l’Antiquité à s’incarner dans des personnages de tyrans. Deux exemples fameux, Périandre de Corinthe et Aristodème de Cumes, convoquent un corpus de récits qui traduisent la même tension politique que les mythes fondateurs d’Ouranos et de Cronos, à savoir l’espoir insensé de conserver le pouvoir à jamais et d’effacer toute perspective diachronique successorale. Dans un univers d’excès et de pulsions (Platon, République, IX), le tyran s’impose comme une figure à la fois réelle et fantasmatique aux confins du mythe et de l’histoire. La métaphore du pouvoir politique infanticide ressurgit au cours des siècles, une fois que les règnes ont basculé dans l’impopularité, révélant que le mythe peut rejoindre l’histoire a posteriori. Elle remet en question l’idée traditionnelle d’une chronologie narrative fermée où le mythe laisse place à l’histoire. Il devient possible de considérer que les récits relatifs aux tyrans évoluent entre un axe historique horizontal et un axe mythologique vertical qui se projette sur le premier.
Keywords – child-exposure, citizenship, Gender history, polis, power issues, tecnophagy, tragedy."
Étudier l’essence et les manifestations de l’amour maternel dans la Grèce ancienne permet la mise... more Étudier l’essence et les manifestations de l’amour maternel dans la Grèce ancienne permet la mise en évidence de la complexité de la notion de philia. Les mères grecques éprouvent en effet pour leur progéniture des sentiments qui relèvent à la fois d’une nature instinctive et d’une élaboration conditionnelle qui repose sur des attitudes et des gestes. Le corps, le sang, le lait, sont autant d’éléments biologiques, « d’humeurs », qui nourrissent la part naturelle des affects maternels. Si Platon et Aristote se sont avant tout évertués à discuter le caractère inné ou acquis de l’affectation parentale, les poètes tragiques ont projeté sur la scène théâtrale un spectre large de sentiments familiaux, où la haine maternelle côtoie l’amour pourtant infanticide, et où le souci intéressé des hommes qui n’ont pas engendré d’enfant (apais) croise la détresse des pères violemment privés de leurs rejetons. En ce sens, les Grecs ont pensé avec autant de nuances l’existence et la formation des affects maternels et paternels.
The study of the meaning and manifestations of maternal love in Ancient Greece reveals the complexity of the notion of philia. Greek mothers expressed sentiments toward their children that were both instinctive and the product of conditioning that relied on attitudes and gestures. The body, blood, and milk were all biological elements or ‘humors’ that nourished the natural side of maternal affects. While Plato and Aristotle both debated the innate or learned quality of paternal affections, the tragic poets depicted in their theatrical representations a wide range of familial sentiments where maternal hatred is found alongside love capable of and where the self-interest of men without children (apais) juxtaposes the distress of men who have been violently bereft of their child. To this extent, the Greeks conceptualized the existence of a nuanced range of maternal and paternal affects.
Du Peri eugeneias d'Aristote aux Héliopolitains de Iamboulos, en passant par les élégies de Théog... more Du Peri eugeneias d'Aristote aux Héliopolitains de Iamboulos, en passant par les élégies de Théognis de Mégare, comment comprendre le motif politico-socio-médical de la "belle naissance" (eu-geneia) dans les sources grecques antiques ?
L'eugénisme, terme inventé au XIXe siècle par Francis Galton, en tant que volonté d'amélioration d'une race selon des critères normés, est-il présent dans les théories et les sociétés grecques ?
Il s'agira de revenir sur la question de l'infanticide spartiate, difficilement conciliable avec les politiques natalistes connues par ailleurs, ainsi que sur l'eugénisme platonicien développé dans la République et les prescriptions matrimoniales envisagées par Aristote, un des rares théoriciens de la cité à envisager sans euphémisme l'exposition des enfants "difformes" à la naissance. L'eugénisme, lié fréquemment à des théories raciales sur l'existence d'un "sang pur" et supérieur, peut-il aussi être une clé de lecture de la loi de Périclès de 451 ? Quel lien y a-t-il entre le mythe d'autochtonie athénien et l'eugénisme ?
L'élimination des êtres malingres et déficients, jeunes et moins jeunes, reste un leitmotiv des utopies hellénistiques.
Parmi les rares scènes d’allaitement et de dénuement de poitrine figurées entre 440 et 330, on re... more Parmi les rares scènes d’allaitement et de dénuement de poitrine figurées entre 440 et 330, on retiendra deux épisodes mythologiques au dénouement semblable, le matricide, et à la mise en scène iconographique très différente : si Eriphyle allaite un petit Alcméon dans le cadre d’un oikos faussement paisible, dans un jeu de références partagées entre artiste et utilisateur, Clytemnestre est figurée à l’orée de sa mort, empoignée par un Oreste insensible à l’exhibition du sein anciennement nourricier. Ces figurations permettent de reposer la question des diverses théories classiques sur les liens mère/enfants tissés par l’allaitement.
PERTE ET CHANGEMENT DE STATUT
DANS LE MONDE GRECO-ROMAIN
lundi 11 juin 2012
INHA, 2 rue Vivienne... more PERTE ET CHANGEMENT DE STATUT DANS LE MONDE GRECO-ROMAIN
lundi 11 juin 2012 INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris (salle Jean-Pierre Mariette)
Journée d'études organisée par Claudia Moatti (Paris 8), Aurélie Damet (Paris 1) et Paulin Ismard (Paris 1)
11h Françoise Ruzé (Caen) Le déclin de Sparte : l’auto-destruction par l'exclusion ?
11h30 Discussion
12h Alberto Maffi (Milan) Perte et changement de statut personnel dans le monde grec classique
12h30 Discussion
13h00 Déjeuner
Après-midi 14h30 Introduction
14h45 Robinson Baudry (Paris Ouest-Nanterre) La perte du statut patricien à la fin de la République romaine
15h15 Discussion
15h30 Christophe Badel (Rennes 2) La perte du statut matronal : la toge ou la mort ?
16h Discussion et pause
16h45 Pascal Naumowicz (Paris 2) Le lien contractuel à l'épreuve du changement de statut : les effets modulés de la kapitis deminutio sur les contrats de bonne foi d'après la jurisprudence romaine classique
17h15 Discussion
17h30 Igor Mineo (Palerme) Perte et changement de statut dans les villes italiennes au bas Moyen Age : quelques réflexions
Père et mère de la Grèce ancienne sont présentés dans les différentes sources de la tradition man... more Père et mère de la Grèce ancienne sont présentés dans les différentes sources de la tradition manuscrite comme devant nourrir leur progéniture. Allaitement maternel et paidotrophia paternelle sont les deux faces de cette fonction nourricière. Il arrive cependant que les enfants deviennent des objets de consommation : Lamia, Déméter, Thyeste, Térée, Cronos, Oedipe font partie des ces figures transgressives qui s’adonnent à la tecnophagie. Nous interrogerons la signification de ces instants mythologiques de dégustation paranomos.
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Books by Aurélie Damet
Les sources anciennes mettent en lumière le rôle des femmes dans des domaines aussi variés que la transmission de la citoyenneté, les transactions financières, le service des dieux, la pratique médicale, l’intendance des gymnases, la vente au détail, l’ascèse philosophique ou le sabotage de navires. Des pans entiers de leur vie ont été éclairés par les recherches récentes portant sur la petite enfance, le sport, le monde du travail, les honneurs publics, l’eugénisme ou le droit de la famille. Dix-huit récits de vie révèlent des destinées façonnées malgré l’ombre omniprésente des structures patriarcales. Des actrices, longtemps cantonnées au second plan, à qui cet ouvrage rend hommage.
Papers by Aurélie Damet
For the makers of utopias, ancient Sparta provided an historical model for eugenics and communal customs. The Lacedaemonian matrimonial system, based on monogamy and polyandry for natalist and eugenic purposes, became a comical, distorted, subject in Aristophanes’s utopia, The Assembly Women. In his imaginary Republic, Plato uses three major customs of Sparta for his governing group: the promotion of eugenic unions between the best partners, the selection of children at birth, and the community of children. His disciple, Aristotle, rejects the principle of community but the Politics keeps prenatal and postnatal eugenic principles in order to produce the best citizens. In Hellenistic utopias, like the imaginary travel of Iambulus, neonatal infanticide and collective paternity are proofs of Spartan influence recreated in a fantasised elsewhere.
Abstract – Exposure of children has political and civic consequences. In a Greek city, it belongs to the male power to refuse to a baby boy the integration into the oikos and the city. Athenian mothers had no role in the legal recognition of their children. Nonetheless,some tragic examples show the role of women (Creuse). It exists many reasons to explain the frequency of exposure in antic Athens. If the demographic studies show that baby girls were more often abandoned than baby boys, several myths are based on the exposure of male heroes (Oedipus, Ion). If we look precisely at the infanticide murder, men and women do not have the same role. When women are cooking, men are eating. Cannibalistic women are very rare in the mythology. But there are many cannibalistic men: Tereus, Kronos, Thyesthes... The fact of eating one’s child is often tied with power issues and fathers are often not aware of their acts. Women decide to kill their children for other reasons : infanticide is a way to hurt their husbands who had rejected or dishonoured them (Procne, Medea).The violent and deliberate murder of a child is a female act. Even Heracles, who kills his children, is compared to female monsters and to female murderers by the tragic chorus.
Stavroula Kefallonitis Le tyran et les enfants de la cité (p. 329-343)
Résumé – Le paradigme du pouvoir politique brutalisant les enfants de la cité trouve depuis l’Antiquité à s’incarner dans des personnages de tyrans. Deux exemples fameux, Périandre de Corinthe et Aristodème de Cumes, convoquent un corpus de récits qui traduisent la même tension politique que les mythes fondateurs d’Ouranos et de Cronos, à savoir l’espoir insensé de conserver le pouvoir à jamais et d’effacer toute perspective diachronique successorale. Dans un univers d’excès et de pulsions (Platon, République, IX), le tyran s’impose comme une figure à la fois réelle et fantasmatique aux confins du mythe et de l’histoire. La métaphore du pouvoir politique infanticide ressurgit au cours des siècles, une fois que les règnes ont basculé dans l’impopularité, révélant que le mythe peut rejoindre l’histoire a posteriori. Elle remet en question l’idée traditionnelle d’une chronologie narrative fermée où le mythe laisse place à l’histoire. Il devient possible de considérer que les récits relatifs aux tyrans évoluent entre un axe historique horizontal et un axe mythologique vertical qui se projette sur le premier.
Keywords – child-exposure, citizenship, Gender history, polis, power issues, tecnophagy, tragedy."
Les sources anciennes mettent en lumière le rôle des femmes dans des domaines aussi variés que la transmission de la citoyenneté, les transactions financières, le service des dieux, la pratique médicale, l’intendance des gymnases, la vente au détail, l’ascèse philosophique ou le sabotage de navires. Des pans entiers de leur vie ont été éclairés par les recherches récentes portant sur la petite enfance, le sport, le monde du travail, les honneurs publics, l’eugénisme ou le droit de la famille. Dix-huit récits de vie révèlent des destinées façonnées malgré l’ombre omniprésente des structures patriarcales. Des actrices, longtemps cantonnées au second plan, à qui cet ouvrage rend hommage.
For the makers of utopias, ancient Sparta provided an historical model for eugenics and communal customs. The Lacedaemonian matrimonial system, based on monogamy and polyandry for natalist and eugenic purposes, became a comical, distorted, subject in Aristophanes’s utopia, The Assembly Women. In his imaginary Republic, Plato uses three major customs of Sparta for his governing group: the promotion of eugenic unions between the best partners, the selection of children at birth, and the community of children. His disciple, Aristotle, rejects the principle of community but the Politics keeps prenatal and postnatal eugenic principles in order to produce the best citizens. In Hellenistic utopias, like the imaginary travel of Iambulus, neonatal infanticide and collective paternity are proofs of Spartan influence recreated in a fantasised elsewhere.
Abstract – Exposure of children has political and civic consequences. In a Greek city, it belongs to the male power to refuse to a baby boy the integration into the oikos and the city. Athenian mothers had no role in the legal recognition of their children. Nonetheless,some tragic examples show the role of women (Creuse). It exists many reasons to explain the frequency of exposure in antic Athens. If the demographic studies show that baby girls were more often abandoned than baby boys, several myths are based on the exposure of male heroes (Oedipus, Ion). If we look precisely at the infanticide murder, men and women do not have the same role. When women are cooking, men are eating. Cannibalistic women are very rare in the mythology. But there are many cannibalistic men: Tereus, Kronos, Thyesthes... The fact of eating one’s child is often tied with power issues and fathers are often not aware of their acts. Women decide to kill their children for other reasons : infanticide is a way to hurt their husbands who had rejected or dishonoured them (Procne, Medea).The violent and deliberate murder of a child is a female act. Even Heracles, who kills his children, is compared to female monsters and to female murderers by the tragic chorus.
Stavroula Kefallonitis Le tyran et les enfants de la cité (p. 329-343)
Résumé – Le paradigme du pouvoir politique brutalisant les enfants de la cité trouve depuis l’Antiquité à s’incarner dans des personnages de tyrans. Deux exemples fameux, Périandre de Corinthe et Aristodème de Cumes, convoquent un corpus de récits qui traduisent la même tension politique que les mythes fondateurs d’Ouranos et de Cronos, à savoir l’espoir insensé de conserver le pouvoir à jamais et d’effacer toute perspective diachronique successorale. Dans un univers d’excès et de pulsions (Platon, République, IX), le tyran s’impose comme une figure à la fois réelle et fantasmatique aux confins du mythe et de l’histoire. La métaphore du pouvoir politique infanticide ressurgit au cours des siècles, une fois que les règnes ont basculé dans l’impopularité, révélant que le mythe peut rejoindre l’histoire a posteriori. Elle remet en question l’idée traditionnelle d’une chronologie narrative fermée où le mythe laisse place à l’histoire. Il devient possible de considérer que les récits relatifs aux tyrans évoluent entre un axe historique horizontal et un axe mythologique vertical qui se projette sur le premier.
Keywords – child-exposure, citizenship, Gender history, polis, power issues, tecnophagy, tragedy."
The study of the meaning and manifestations of maternal love in Ancient Greece reveals the complexity of the notion of philia. Greek mothers expressed sentiments toward their children that were both instinctive and the product of conditioning that relied on attitudes and gestures. The body, blood, and milk were all biological elements or ‘humors’ that nourished the natural side of maternal affects. While Plato and Aristotle both debated the innate or learned quality of paternal affections, the tragic poets depicted in their theatrical representations a wide range of familial sentiments where maternal hatred is found alongside love capable of and where the self-interest of men without children (apais) juxtaposes the distress of men who have been violently bereft of their child. To this extent, the Greeks conceptualized the existence of a nuanced range of maternal and paternal affects.
L'eugénisme, terme inventé au XIXe siècle par Francis Galton, en tant que volonté d'amélioration d'une race selon des critères normés, est-il présent dans les théories et les sociétés grecques ?
Il s'agira de revenir sur la question de l'infanticide spartiate, difficilement conciliable avec les politiques natalistes connues par ailleurs, ainsi que sur l'eugénisme platonicien développé dans la République et les prescriptions matrimoniales envisagées par Aristote, un des rares théoriciens de la cité à envisager sans euphémisme l'exposition des enfants "difformes" à la naissance. L'eugénisme, lié fréquemment à des théories raciales sur l'existence d'un "sang pur" et supérieur, peut-il aussi être une clé de lecture de la loi de Périclès de 451 ? Quel lien y a-t-il entre le mythe d'autochtonie athénien et l'eugénisme ?
L'élimination des êtres malingres et déficients, jeunes et moins jeunes, reste un leitmotiv des utopies hellénistiques.
DANS LE MONDE GRECO-ROMAIN
lundi 11 juin 2012
INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris (salle Jean-Pierre Mariette)
Journée d'études organisée par
Claudia Moatti (Paris 8), Aurélie Damet (Paris 1) et Paulin Ismard (Paris 1)
10h30 Aurélie Damet (Paris 1) et Paulin Ismard (Paris 1)
Introduction
11h Françoise Ruzé (Caen)
Le déclin de Sparte : l’auto-destruction par l'exclusion ?
11h30 Discussion
12h Alberto Maffi (Milan)
Perte et changement de statut personnel dans le monde grec classique
12h30 Discussion
13h00 Déjeuner
Après-midi
14h30 Introduction
14h45 Robinson Baudry (Paris Ouest-Nanterre)
La perte du statut patricien à la fin de la République romaine
15h15 Discussion
15h30 Christophe Badel (Rennes 2)
La perte du statut matronal : la toge ou la mort ?
16h Discussion et pause
16h45 Pascal Naumowicz (Paris 2)
Le lien contractuel à l'épreuve du changement de statut : les effets modulés de la kapitis deminutio sur les contrats de
bonne foi d'après la jurisprudence romaine classique
17h15 Discussion
17h30 Igor Mineo (Palerme)
Perte et changement de statut dans les villes italiennes au bas Moyen Age : quelques réflexions
18h Discussion finale